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(Dix heures seize minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements est réunie en séance. La commission a pour
mandat d'entendre les intéressés et de procéder à
l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé 301, Loi concernant ville d'Anjou; 303, Loi
concernant la ville de Saint-Hubert; 294, Loi modifiant la charte de la ville
de Québec, et 296, Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais au
parrain du projet de loi de bien vouloir faire les remarques
préliminaires.
M. Maltais: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant. Oui, M.
le député de Saguenay.
M. Maltais: Juste avant de commencer et non pas pour vouloir
enlever la parole au parrain... On a le privilège d'avoir sans doute
l'un des plus jeunes citoyens de la ville d'Anjou et je demanderais qu'il
vienne s'asseoir à la table avec nous autres. Il s'agit de Richard
Quirion junior, le fils de M. le maire. Qu'il vienne s'asseoir à la
table ici, au coin, avec nous autres pour qu'il puisse regarder les
procédures. Ce sera sans doute l'équivalent d'une leçon de
politique qui sera remplacée aujourd'hui. Bienvenue jeune homme.
La Présidente (Mme Bélanger): On te souhaite la bienvenue
et tu vas voir comment on travaille en commission parlementaire, ça va
être une belle leçon de politique.
Une voix: C'est en plus un joueur de hockey.
La Présidente (Mme Bélanger): En plus.
M. Maltais: Et il a une grande qualité, il prend pour les
Canadiens.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je demanderais au porte-parole de bien vouloir faire ses remarques
préliminaires. M. le député de Rimouski, s'il vous
plaît! M. le député de LaFontaine.
Projet de loi 301 Remarques préliminaires
M. Gobé: Merci, Mme la Présidente. Je vois que vous
avez de la difficulté avec le député de Rimouski ce matin
encore. Bonjour, Mme la Présidente; bonjour, M. le ministre. Il me fait
plaisir ce matin d'être parmi vous à cette commission afin de
parrainer le projet de loi 301, Loi concernant ville d'Anjou. Il me fait
plaisir de vous présenter les gens de ville d'Anjou qui sont ici
à cette table. Il y a d'abord le maire de ville d'Anjou, M. Richard
Quirion, qui est ici. Il y a Mme Josée Racicot, directrice du
contentieux, qui l'accompagne, à ma droite; M. Michel Delorme,
procureur, et, en terminant, M. Charles Martel, qui est président et
chef des opérations d'Anjou 80.
Le projet de loi qui va être présenté ce matin a
trait justement à la corporation Anjou 80 qui est une corporation
paramunicipale créée en 1979 et dont le but était de
procéder à du développement domiciliaire dans la
cité de ville d'Anjou.
Pour des raisons de charte et de projet de loi, la ville se trouve dans
l'obligation, aujourd'hui, d'apporter certaines précisions et certains
amendements à sa loi afin de pouvoir mieux rencontrer les exigences
financières de cette corporation qui, comme chacun le sait - ça a
pu faire l'objet d'une parution dans les médias dans les années
précédentes - connaît certains problèmes en termes
de financement. Sans plus attendre, je passerai maintenant la parole à
M. le maire qui est certainement la personne la plus apte ce matin à
vous faire cette présentation rapide des raisons qui amènent le
projet de loi 301. M. le maire, ça me fait plaisir, avec l'autorisation
de Mme la Présidente, de vous laisser la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de LaFontaine. Effectivement, c'est moi qui doit donner la
parole et non vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. Quirion, si vous voulez
bien nous soumettre votre point de vue.
Auditions Ville d'Anjou
M. Quirlon (Richard): Merci, Mme la Présidente. Tout
d'abord, je voudrais remercier les gens de recevoir ce projet de loi ce matin
et remercier également le député de LaFontaine, M.
Gobé, qui a bien voulu parrainer ce projet de loi là.
Effectivement, le projet de loi 301 a trait à Anjou 80,
corporation paramunicipale qui a été créée en vertu
d'une loi privée en 1979. Le but de cette loi-ci est pour
éclairclr une situation qui existe. En effet, il y a
ambiguïté, à l'effet de savoir si ville d'Anjou est, oui ou
non, responsable des dettes d'Anjou 80. On a deux écoles de
pensée, une qui dit: Oui, vous vous devez d'être responsables des
dettes d'Anjou 80; par contre, il y a d'autres juristes qui nous disent: Non,
ce n'est pas évident que vous êtes responsables des dettes d'Anjou
80.
Alors, pour édaircir cette situation-là et, une fois pour
toutes, savoir précisément si ville d'Anjou est responsable, nous
vous présentons ce projet de loi là qui est composé de
deux articles quand même assez simples. Lorsque l'on volt le premier
article, au dernier paragraphe, on mentionne que: "Le conseil peut autoriser le
versement des contributions afin de combler le déficit ou de financer
les activités de cette corporation. Il peut en outre garantir la dette".
C'est ce qu'on veut édaircir aujourd'hui, qu'effectivement on se doit de
faire ça. Ensuite, au niveau de l'article 2, ce sont plutôt les
balises pour permettre, évidemment, à Anjou 80 de pouvoir
réduire son déficit le plus rapidement possible.
Alors, c'est le but de ce projet de loi là. On espère, de
tout coeur, pouvoir recevoir l'assentiment des gens de l'Assemblée
nationale là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Quirion. M.
le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue à M. Quirion et aux collaborateurs qui
l'accompagnent, dont... Je pense qu'il y a le président d'Anjou 80, M.
Martel, le conseiller juridique de la ville d'Anjou et Mme Racicot, la
conseillère juridique aussi.
Comme l'a dit M. Quirion, qui est accompagné de son fils ce matin
- a qui on va souhaiter une bienvenue spéciale parce que ça a
l'air que le maire d'Anjou a le pouvoir de donner des congés scolaires
pendant l'année...
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Vous savez, c'est
l'ancien ministre de l'Éducation, c'est pour ça...
M. Quirion: Oui. Est-ce que je pourrais intervenir à ce
stade-ci, madame, pour dire qu'on commence?
M. Ryan: À qui on avait dit qu'il avait ce pouvoir, mais
qui ne l'a jamais exercé, trouvant que, déjà,
l'année scolaire était trop courte.
Alors, M. le maire, blague à part, il me fait grandement plaisir
de vous rencontrer ici. Ainsi que vous l'avez dit, justement, le projet de loi
301 a des objectifs très précis. Le premier objectif concerne la
responsabilité de la ville d'Anjou à l'endroit de la corporation
Anjou 80, qu'elle a créée il y a quelques années avec
l'assentiment de l'Assemblée nationale. Vous avez dit qu'un débat
s'était élevé au sujet de la mesure exacte des
responsabilités de la ville d'Anjou à l'endroit de cette
corporation.
Je pense bien qu'aux yeux du sens commun il ne devrait pas y avoir de
débat. C'est évident qu'une corporation créée par
une municipalité entraîne des responsabilités pour la
municipalité. Si vous voulez les clarifier, nous autres, nous sommes
tout à fait de cet avis-là. Nous sommes tout à fait de cet
avis. Il n'y a rien de plus malsain, à mon point de vue, pour une
municipalité de créer une corporation dont, après
ça, par des artifices légaux, elle n'aurait pas la
responsabilité en cas, surtout, de difficultés
financières. Je pense que le principe qui est Inscrit dans l'article
premier du projet de loi est tout à fait logique et cohérent.
Nous allons sûrement en faciliter l'approbation.
Vous voulez, en retour, que la corporation Anjou 80 soit tenue de
fournir, chaque année, un rapport de ses activités au conseil, un
rapport accompagné de tous les renseignements que le conseil voudra
prescrire. J'ai relu attentivement la loi qui autorisait la ville d'Anjou
à créer Anjou 80, ainsi que les lettres patentes. J'ai
été surpris de ne pas trouver cette disposition dans ces textes.
Si vous voulez l'ajouter par le projet de loi, nous allons le faire volontiers.
C'est une exigence élémentaire qui aurait dû être
inscrite dès le début, à mon point de vue.
Alors, il n'y aura pas de problème à ce sujet-ci, en ce
qui touche le gouvernement, encore une fois. Je sais que cette corporation,
Anjou 80, était, jusqu'à il y a un certain temps à tout le
moins, dans une situation financière plutôt difficile. Vous
pourrez nous expliquer cet élément-là. Je pense que c'est
un élément très important de la discussion que nous allons
avoir aujourd'hui. Il faut que nous sachions à quoi nous en tenir sur la
situation financière, qu'on voie exactement à quoi la ville
s'engage avec le projet de loi qu'elle nous propose aujourd'hui. Moi, j'ai des
renseignements qui datent de la dernière année; là-dessus,
il y avait un déficit assez substantiel, qui était de l'ordre
d'une
quinzaine de millions de dollars, si mes souvenirs sont exacts. Je pense
qu'il y aurait lieu que vous nous fournissiez tantôt, avant que nous
abordions peut-être même l'étude article par article, des
précisions à ce sujet.
Cela étant dit, je pense que nous pourrons ensuite envisager le
deuxième article en vertu duquel le conseil de la ville d'Anjou serait
habilité à autoriser Anjou 80 à aliéner un immeuble
dont cette corporation est propriétaire, à un prix
onéreux, un prix le plus proche possible de la valeur marchande.
Ici, on avait peut-être une disposition qui est un petit peu
élastique. Ça, je pense que vous saurez convenir avec nous quand
nous en viendrons là qu'il va falloir resserrer un petit peu cette
formulation qui est dans le projet de loi, mais on l'abordera tantôt.
Mais je vous dis juste que le gouvernement ne sera pas intéressé
à recommander à l'Assemblée nationale de donner un
blanc-seing absolu qui permettrait, par exemple, de vendre des immeubles
à un prix de un dollar ou des choses comme celle-là. Je pense
qu'il faut qu'on se donne des garanties sérieuses, de ce point de vue
là, que les choses seront faites suivant toutes les règles des
saines transactions.
Voilà, par conséquent, où nous en sommes quant
à nous, du gouvernement, au sujet de ce projet de loi. Je veux exprimer
mon appréciation à la ville d'Anjou pour la reprise en main
qu'elle fait complètement, y compris les responsabilités. Je
pense que c'est un geste responsable que vous faites. Nous allons
sûrement vous appuyer dans cette voie. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
M. Quirion: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, merci, Mme la Présidente. Je veux
m'associer au ministre des Affaires municipales, bien sûr, pour souhaiter
la bienvenue aux représentants de ville d'Anjou, spécialement
à M. le maire, au jeune joueur de hockey, la relève de demain.
Probablement que ce ne sera pas du hockey, mais que ce sera de la politique. Je
pense qu'il y a plus d'avenir que dans le hockey, d'après ce qu'on voit,
parce qu'avec la folie des montants, des sommes d'argent engagées
là-dedans j'ai comme l'impression que le sport national va devenir un
sport en danger.
Oui, c'est vrai que ce matin on a l'occasion d'étudier un projet
de loi qui me semble excessivement intéressant et qui permet de soulever
un peu le voile sur notre comportement, comme législateurs, dans les
dernières années. Il y a beaucoup de municipalités qui
nous demandent des pouvoirs nouveaux, qui ont le goût de s'impliquer,
d'embarquer dans des dossiers ou dans des domaines qui se veulent progressifs.
Si vous remarquez, dans les trois ou quatre der- nières années,
j'ai eu l'occasion de me prononcer à quelques reprises sur certaines
initiatives de municipalités qui s'en vont sur des terrains
périlleux, à mon point de vue, et qui mettent en cause les
raisons pour lesquelles les municipalités existent.
Les municipalités, en premier lieu, sont des dispensatrices de
services et il n'y a pas, dans la loi générale, des avenues qu'on
a ouvertes pour permettre aux municipalités d'aller dans toutes sortes
de champs nouveaux. Je ne vous cache pas qu'Anjou 80 est une corporation que
j'ai suivie de loin et de près. J'ai eu l'occasion de suivre... Et j'ai
interrogé souvent l'ex-maire de ville d'Anjou concernant la santé
financière, le fonctionnement et comment ça allait. Je voyais que
c'était une initiative intéressante, mais je pense bien
qu'aujourd'hui on a une réponse que, moi, je n'ai jamais
été capable d'avoir clairement.
La ville n'est pas en tort. Je pense que, quand, comme
législateurs ici, à Québec, on accorde des pouvoirs, on
les accorde et on fonctionne à l'intérieur de ça. Mais
est-ce que c'est la bonne façon ou est-ce qu'on ne s'interroge pas
suffisamment concernant ces initiatives nouvelles? Moi, je vois, par exemple,
certaines municipalités actuellement qui sont rendues dans
l'informatique. Elles sont rendues des vendeurs de systèmes
informatiques, de programmes informatiques. Moi, je ne pense pas que ce soit
dans la philosophie des municipalités. Il y en a d'autres qui font de la
promotion domiciliaire. Ça va, c'est le cas qu'on a aussi ce matin, mais
ça permet de faire de l'étalement urbain à la grandeur du
Québec. (10 h 30)
II y a des coûts sociaux, il y a des coûts
économiques à ça. C'est des questions de fond pour moi,
ces questions-là. Et encore, on aura à étudier dans ces
jours-ci, ou dans les heures prochaines, d'autres initiatives que les
municipalités veulent prendre. On parie même de capital de risque.
Il y a des municipalités qui sont prêtes à engager du
capital de risque pour promouvoir l'emploi. Il y a des questions de fond qu'il
faut soulever par rapport à ça. Est-ce que c'est la vocation
d'une municipalité? Est-ce qu'elle a suffisamment... Au moment où
on dit que les réformes monétaires ou la réforme
gouvernementale enlève des revenus, des municipalités trouvent le
moyen d'ajouter des revenus ou des dépenses nouvelles dans leur
fonctionnement. Il me semble qu'il y a un discours qu'il va falloir essayer
d'ajuster où on va être obligés d'essayer de voir sur quoi
on s'appuie pour aller plus loin.
Je comprends que c'est un message peut-être qu'on fait au
gouvernement pour dire: Vous avez failli à votre tâche de
protéger ou de créer des emplois. Ça, je pense que c'est
le message que je retiendrai de tout ça, mais ça ne veut pas dire
qu'il faudra permettre aux munici-
palités de s'engager aussi largement sans l'accord des citoyens.
Parce que, effectivement, si on allait consulter chaque citoyen, le message
qu'on a, il y a des mouvements un peu partout qui se soulèvent et qui
disent: On paie trop de taxes puis on veut en payer moins. Et, en même
temps, les municipalités veulent ouvrir d'autres portes. Je pense que,
de ce côté-là, il va falloir qu'on resserre puis que le
message gouvernemental soit beaucoup plus pointu vis-à-vis des
initiatives que les muncipalités veulent mettre en marche, à
moins qu'on remette en cause le fonctionnement des municipalités puis
qu'on leur donne non seulement les pouvoirs, mais les montants d'argent ou les
sommes disponibles pour pouvoir le faire.
Donc, c'est ça, ce matin, qu'on a à regarder et je pense
bien que c'est un geste responsable, bien sûr, de ville d'Anjou, de
vouloir se présenter et corriger ces situations-là.
Le deuxième sujet de mon propos est celui-là, je l'adresse
au ministre des Affaires municipales. Je pense que je peux le blâmer
quelque peu, puisqu'on est rendus à la fin de session, qu'il n'y a pas
eu beaucoup de législations concernant les affaires municipales et qu'on
arrive aux derniers jours de la session, aux dernières heures avec des
projets de loi contentieux puis des projets de loi importants. Il me semble
qu'on aurait pu se donner un peu plus de temps, d'abord, pour pouvoir les
étudier sans aucune pression. Je ne vois pas... Cette année, on
va finir la session au point de vue municipal de la même façon que
les autres années avec une pression supplémentaire, parce qu'il y
a des bills, des lois, des projets de loi privés qui demandent des
réponses. Il y en quatre qu'on a acceptés qu'ils viennent ici.
C'est parce que, je pense bien, le gouvernement et l'Opposition
considèrent que ce sont des lois importantes qui devraient normalement
être adoptées.
Mais pourquoi attendre aux derniers jours pour les amener? J'avais de la
disponibilité. Toute la session, j'ai eu beaucoup de
disponibilité pour pouvoir étudier les lois municipales.
Malheureusement, ça n'a pas été appelé. Ce n'est
pas le problème de l'Opposition d'appeler les lois. Mais je vous dis
que, personnellement, j'apprécierais beaucoup que les lois municipales,
les lois privées, entre autres, soient étudiées dans des
temps où on puisse les examiner correctement, avec tous les
égards que méritent les intervenants qui viennent se
présenter et aussi avec le respect des parlementaires qui, eux, ont un
travail a faire, qui pourrait s'exercer d'une façon normale, sans aucune
pression et avec l'objectif de mieux servir les intérêts des
collectivités locales et les citoyens de l'ensemble du
Québec.
C'est dans ce sens-là que je veux que ce soit bien senti. Moi, je
déplore qu'on arrive à la dernière minute avec des projets
de loi importants et je suis sûr que ça met aussi des pres- sions
supplémentaires, même sur les élus municipaux, parce que le
fait qu'ils passent en dernier, la question est de savoir quand ça va
passer ou si ça ne passera pas. Et ça donne un pouvoir aux
parlementaires, pour leur permettre, pour une raison ou pour une autre, de
fermer le dossier puis de dire: On ne le passe pas.
Moi, je déplore un peu cette situation-là. Ce n'est pas la
première fois que je la vis. Cette année, je pense qu'elle est
encore plus justifiée, la plainte que je fais, puisqu'on aurait pu
facilement les appeler voilà une semaine, voilà 15 jours. On
avait le temps de les faire. Il s'agissait d'avoir la volonté de le
faire appeler puis de pouvoir les étudier. Voilà, Mme la
Présidente, les quelques propos que j'avais à tenir et je suis
très disposé à examiner le projet de loi de ville d'Anjou.
J'espère qu'il va suivre les étapes normalement et
rapidement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je m'étonne un petit
peu des propos du député de Jonquière parce que nous
avons, comme il le sait très bien, innové en cette
matière. Nous avons disposé de plusieurs projets de loi
privé dans la période qui s'est écoulée entre les
sessions. Je pense que c'est la première fois que ça se faisait,
et c'est notre politique de le faire chaque fois que c'est possible. Et nous
allons continuer. Il y a des projets que nous essaierons de déposer
d'ici la fin de la session pour que nous puissions en faire l'examen avant la
reprise du mois de mars prochain.
Dans les cas qui nous occupent actuellement, il s'agit de cas
particuliers à propos desquels je comprends la réaction du
député de Jonquière pour l'avoir éprouvée
moi-même. Je ne peux pas être en désaccord avec lui.
J'insiste continuellement pour qu'on m'apporte les projets terminés,
pour qu'on en ait un examen final de manière à pouvoir les mettre
en circulation publique, comme c'est mon devoir de le faire. Mais il arrive une
chose, je l'ai constaté cette année... Ça me rappelle un
petit peu mon expérience quand j'étais dans une autre profession,
autrefois, que les meilleurs articles étaient ceux qui sortaient juste
à l'heure de tombée. Puis on se disait toujours: II faudrait
qu'ils soient prêts avant pour qu'on puisse les vérifier, puis
tout. Puis dans le genre de métier qu'on pratiquait, c'était
impossible parce qu'il y avait une heure de tombée puis le journal, il
fallait qu'il sorte le lendemain matin à telle heure.
Dans ce cas-ci, nos conseillers et ceux des municipalités
concernées ont travaillé jusqu'à presque les derniers
moments, dans certains cas, à mettre au point des perfectionnements dont
la nécessité est apparue à mesure qu'ils avançaient
dans l'approfondissement du sujet. Puis, il y a des consultations qui sont
requises avec de
nombreux ministères dans le cas de plusieurs dispositions de ces
projets de loi. l'ensemble des circonstances qui entourent la
préparation de la mise au monde nous crée des contraintes comme
celles auxquelles nous faisons face. puis il arriverait, si nous
différions davantage... on pourrait bien dire à la ville de
québec: bien là, on vous aime bien. on a bien travaillé
ensemble. si vous voulez, on va prendre congé pendant deux mois puis on
se retrouvera au mois de février. mais il arrive qu'il y a des besoins
pressants du côté de ces municipalités puis nous voulons
les servir le mieux possible. et je crois que m. quirion pourra
témoigner, dans ce cas-ci, que nos services ont fait montre de beaucoup
de diligence, mais des fois, quand même des technocrates ou des
politiciens placés au-dessus de l'appareil viendraient présenter
des commandes avec des échéanciers précis, ça ne
veut pas dire que les services vont avoir trouvé la solution parce que,
moi, j'ai marqué: 20 juin, dernière date. ça peut arriver
qu'ils m'arrivent le 23 du même mois en disant: là, on a
trouvé une solution formidable. tout le monde est d'accord. là,
on pourra marcher. je ne voudrais pas être lié avec un
échéancier trop arithmétique qui dirait: bien, au nom de
la technocratie, venez donc nous voir dans trois mois ou dans six mois. la
pensée première, c'est une pensée de service. on veut
être utile aux municipalités. je pense que là-dessus, on
s'entend très bien. puis, je sais que le député de
jonquière travaille à peu près toujours dans ce
sens-là. sauf quand ce sont des gros projets sur lesquels il
reçoit parfois mandat de faire de l'obstruction, je pense que son esprit
constructif est exemplaire dans cette chambre puis on s'entend très bien
dès qu'on entre dans l'examen des projets. moi, j'apprécie
énormément, je le lui ai dit souvent, son expérience et
son esprit constructif. c'est pour ça que, ces précisions
étant faites, c'est bon qu'on se le fasse rappeler quand même. on
est au gouvernement, je le prends en bonne part. et je veux assurer mes
collègues, autant du côté ministériel que du
côté de l'opposition, que mon désir très vif, c'est
d'être en mesure de présenter le plus possible les projets de loi
privé dans des contextes qui en permettent un examen aussi
détendu que possible.
J'ajoute juste une circonstance atténuante que le
député peut être porté à minimiser. Depuis le
début de la présente session, j'ai été responsable
de six ou sept projets de loi publics à l'Assemblée nationale:
trois à la Sécurité publique puis je pense que c'est trois
aux Affaires municipales. C'a l'air de rien. Ce n'étaient pas des
projets aussi fondamentaux, disons, que le projet de loi 145. Mais chaque
projet doit franchir toutes les étapes. Il faut qu'on se retrouve en
commission, il faut qu'on discute. Puis ça, c'a occupé beaucoup
le temps du ministre au cours des dernières semaines; presque la
moitié de mon temps a été consacrée à des
procédures parlementaires d'une sorte ou de l'autre. Et je pense que ce
n'est pas moi qui suis responsable des retards, cependant. C'est parce qu'on
n'était pas arrivés encore à des solutions puis qu'on
cherchait encore. Moi, j'aime bien, tant qu'on n'est pas assurés que
tout est bien harmonisé, que tous les fils sont bien attachés -
des fois, ça crée d'autres problèmes - que les choses ne
soient pas mises sur la place publique tant qu'on n'a pas tout attaché
comme il faut. Et inutile de vous dire que je n'en rougis point.
Alors, je pense que vous avez la preuve, dans les affaires municipales,
que, quand on marche dans une affaire, elle marche et, le lendemain, on n'a pas
de "comeback", comme on dit. Les choses sont claires et les gens peuvent
marcher en toute sécurité.
Alors, Mme la Présidente, cela étant dit, j'aimerais, si
vous me permettez de vous demander ça, que vous invitiez peut-être
le maire d'Anjou à nous donner des précisions sur la
société Anjou 80, ce qu'elle a fait jusqu'à ce jour, les
problèmes qui ont pu se poser de ce côté-là, la
situation financière, et à faire le joint entre ces
données et le projet de loi dont nous sommes saisis. Je pense que
ça va faciliter beaucoup l'examen des dispositions particulières
par la suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M.
Quirion.
M. Quirion: Avec plaisir, Mme la Présidente. Alors, je
vais essayer d'être quand même assez bref étant donné
que c'est un dossier qui date de 1979. Comme je le mentionnais
antérieurement, ça a été créé en
vertu d'une loi privée. Le but de la corporation Anjou 80 était
justement d'essayer d'éliminer complètement la spéculation
qui pouvait se faire sur le territoire angevin et, par le fait même, de
contrôler l'urbanisation du territoire.
Là où on a commencé à avoir des
problèmes importants, c'est lorsque la corporation Anjou 80 a
décidé de construire elle-même. En 1982-1983, la
corporation Anjou 80 a décidé de se - et vous me permettrez
l'expression - mettre un chapeau de constructeur et de commencer la
construction de maisons. Et c'est là que les déficits se sont
accumulés. On n'a qu'à penser à 1986 où on a connu
une année record au niveau du déficit, de l'ordre 6 000 000 $
uniquement pour cette année-là.
Effectivement, comme le disait le ministre des Affaires municipales, le
déficit d'Anjou 80, en 1990, était rendu à 15 000 000 $ et
c'était évidemment engendré énormément
à cause des frais financiers qui étaient encourus année
après année. Lorsque nous sommes arrivés, nous, en 1989,
le premier défi que nous avions était d'essayer d'enrayer les
hémorragies qui sortaient de part et d'autre de cette
corporation-là. On y
est arrivés à quelques endroits, mais on se rendait compte
quand même qu'il y avait beaucoup à faire au niveau de cette
corporation-là pour ce qui est de la vente de terrains, de maisons -
parce qu'il restait quand même des maisons à vendre - de
même que de l'actif principal de la corporation que sont les
Résidences Neuville: 9 immeubles contenant 551 logements, au moment
où on se parie, qui doivent valoir aux alentours de 15 000 000 $. Ce
qu'on a essayé de faire, c'est d'essayer de minimiser ce déficit
encouru avec les années, particulièrement à cause des
frais financiers, comme je vous mentionnais, en essayant autant que possible de
se départir ou de vendre ces résidences Neuville là tout
en maintenant la vocation de ces dites résidences. Par contre,
malheureusement, nous ne pouvons les vendre, étant donné le refus
de la Société canadienne d'hypothèques et de logement de
même que de la SHQ également.
Donc, c'est un dossier et un actif important de 15 000 000 $ que l'on
conserve. Si l'on regarde uniquement les Résidences Neuville, ça
s'autofinance, on n'a absolument aucun problème avec ça. La seule
et unique raison pour laquelle on voulait s'en départir, c'était
pour minimiser la dette, pour la baisser. Bon, on ne peut pas le faire, on est
pris avec une dette comme celle-là. Sauf que, lorsqu'on rencontre les
banquiers, on nous demande quand on va commencer à rembourser cette
dette-là. Et c'est là le but du projet de loi, parce que
certaines personnes nous disent: Vous vous devez absolument d'être
responsables des dettes encourues par Anjou 80. D'autres nous disent: Ce n'est
pas nécessairement le cas. Alors, c'est la raison pour laquelle on est
ici aujourd'hui.
Comme complément d'information également, je peux vous
dire qu'un des actifs les plus importants était la banque de terrains
que nous avions dans le nord-ouest de la municipalité, terrains que nous
appelons aujourd'hui Anjou-sur-le-lac. Ça a été vendu en
1987, au coût de 16 400 000 $, et, malgré ce fait, on se
retrouvait quand même avec un déficit de plus de 6 000 000 $,
malgré la disposition de cet actif, le plus important. C'est donc dire
qu'Anjou 80 était vraiment dans une pente descendante ou ascendante, si
on regarde le niveau de la dette, et qu'il fallait réagir rapidement. On
l'a fait dans certains cas, comme je vous le mentionnais. On continue à
essayer de vendre les terrains et les maisons qui nous restent. Par contre, on
se doit de commencer à rembourser cette dette-là parce que les
frais financiers sont énormes et plus on retarde, plus,
évidemment, la dette augmente. Et je pense que la seule solution
maintenant, c'est de dire qu'on va commencer à rembourser capital et
intérêts et, avec ce projet de loi là, on pourra
débuter en 1992. (10 h 45)
Si vous permettez, Mme la Présidente, je pourrais demander
à la personne qui m'accom- pagne, M. Charles Martel, qui est le
président et chef des opérations d'Anjou 80, de donner,
peut-être, des compléments d'information.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le maire.
M. Martel.
M. Martel (Charles): Comme M. le maire Quirion vous l'indiquait,
la situation financière, dès qu'on l'a reprise en 1989 et
actuellement, on peut la signifier de catastrophique. On a un déficit
accumulé de 15 000 000 $ en 1990. Mais il ne faut pas oublier aussi
qu'on a une dette globale. Ce que l'on doit à nos banquiers est de
l'ordre de 20 000 000 $ à 22 000 000 $. Lorsqu'on dit qu'il nous reste
un déficit de 15 000 000 $, c'est qu'on a des actifs en main dont on
peut disposer pour un coût qu'on évalue à 6 000 000 $ ou 7
000 000 $. Au point de vue de la dette, c'est catastrophique. À tout
bout de champ, nos banquiers nous demandent des garanties. On s'adresse
à la ville. Comme M. le maire le disait tout à l'heure, la
situation n'était pas claire, et je pense que c'est une des raisons de
notre visite ce matin ici.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Est-ce qu'il y
a des commentaires, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Est-ce que votre intention, c'est de mettre fin
à la corporation, à la vie légale de la corporation ou si
c'est juste pour combler les déficits?
M. Quirion: Évidemment, on se doit de maintenir la
corporation, au moment où on se parte, parce qu'il y a des garanties qui
ont été données sur des maisons, des garanties de 10 ans
sur le rachat de maisons. Alors, demain matin, on ne pourrait pas... Si vous me
posiez la question: "Est-ce que vous pouvez, à partir du 1er janvier,
mettre fin à la vie ou à l'existence de la corporation", on ne
pourrait pas faire ça Premièrement, on a encore des actifs.
Deuxièmement, on a également des garanties à supporter et
ce sont des garanties, comme je vous le mentionnais, de 10 ans.
Éventuellement, il est fort possible que l'on mette fin aux
opérations d'Anjou 80 à un moment donné, sauf qu'on doit
répondre à ces deux critères primordiaux.
M. Dufour: Qu'est-ce qui peut nous donner l'assurance que le fait
que vous puissiez payer ou rembourser toutes les dettes vous permet de dire...
Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir de déficit supplémentaire
qui pourrait être causé pour le futur? Même si vous payez
toutes vos dettes aujourd'hui, vous réalisez vos actifs de 7 000 000 $,
c'est zéro à partir... Mettons qu'après que le projet de
loi est adopté on peut dire que c'est zéro partout, ou à
peu près. Il n'y a pas de dettes, donc vous avez à opérer
nor-
malement. Quelle assurance peut-on avoir, nous, comme gouvernement ou
pour vos contribuables - surtout ceux-là, ce sont eux qui font les frais
de tout ça - qu'il n'y aura pas de déficit éventuel pour
le futur?
M. Quirion: Justement, avec ce projet de loi là, la
municipalité d'Anjou aura un contrôle dessus, contrôle qui
lui échappait totalement dans le passé. Là, on va avoir le
contrôle sur les actifs ou les initiatives éventuelles de la
corporation Anjou 80. Ça, c'est important, je pense, au départ.
Deuxièmement, il n'en demeure pas moins qu'Anjou 80 ne construit plus de
maisons depuis 1987. C'est terminé, il n'y a plus de construction de
maisons. Ce que l'on fait actuellement, à Anjou 80, c'est qu'on vend les
actifs que sont les terrains que nous possédons - quand je dis "nous",
je parle d'Anjou 80, évidemment - les terrains qu'Anjou 80
possède, les résidences unifamiliales ou les quadruplex qu'elle
possède et il y a les Résidences Neuville également que
nous administrons. Ce sont les actifs actuels d'Anjou 80. Donc, les
déficits qui sont accumulés, ce sont des déficits
d'opération engendrés par des frais financiers surtout. De la
façon dont ça va se dérouler dans le concret, c'est
qu'effectivement la corporation Anjou 80 va opérer durant une
année et, à la fin de l'année, elle va évidemment
réaliser un déficit, parce qu'à cause des frais financiers
elle ne pourra jamais avoir suffisamment de recettes pour éponger un
déficit annuel. Donc, ces déficits-là, la ville, à
ce moment-là, sera en mesure de pouvoir les éponger. Ce
contrôle sera toujours via le conseil municipal de la
municipalité.
M. Dufour: Actuellement, Anjou 80 ne construit plus de maisons.
Ce sont seulement des terrains. Je sais, par exemple, que, dans les ventes, il
y a une provision qui dit qu'au bout de 10 ans, si quelqu'un veut vendre sa
propriété et ne trouve pas acheteur, la corporation est
obligée de la reprendre, à ce moment-là. Ça fait 10
ans que ça fonctionne, cette corporation-là. Est-ce que ça
fait 10 ans? Est-ce que vous avez repris des propriétés?
M. Quirion: Oui, on a repris des propriétés. Si
vous permettez, je pourrais laisser M. Martel vous donner les informations
pertinentes.
M. Dufour: Oui, puis, là, je vais compléter. Si
vous les avez reprises, de quelle façon avez-vous fait les transactions
pour en disposer et est-ce que la provision de 10 ans continue de s'exercer?
Autrement dit, si je vous demandais, demain matin, à quel moment on
pourrait mettre fin à Anjou 80, de façon définitive, on
pourrait dire: Quand on aura vendu tous nos terrains, et ça, je
comprends ça; puis il n'y a pas besoin d'avoir un gros appareil pour
vendre des terrains. Ça peut se faire par soumissions, etc., et le
problème n'est pas là, à mon point de vue. C'est la
corporation, parce qu'un jour on va y mettre fin, j'imagine, quelque part dans
le temps. Comment on pourrait la fermer?
M. Quirion: Votre question est très claire.
M. Martel: Pour répondre à cette
question-là, les premières maisons ont été vendues
en 1986-1987. C'est à ce moment-là que la clause de rachat de 10
ans a été inscrite dans les actes de vente. De la façon
dont ça se produit, lorsqu'on rachète une maison, on augmente,
pendant 5 années, de 2 % par année. Or, la première
année, on achète à 92 %, 94 % et 98 %. Alors, de
façon assez régulière, des propriétaires demandent
d'exercer leur clause de rachat parce que le marché est moindre que le
prix qu'ils ont payé à l'époque. Alors, nous sommes
obligés de la reprendre. Ce que l'on fait, c'est que la corporation
examine le dossier, accepte et signe les transactions légales et, nous,
on supporte l'hypothèque de ces maisons-là. Actuellement, j'ai un
parc d'inventaire de 2 000 000 $ de maisons que j'ai reprises.
Maintenant, pour revendre ces maisons-là, naturellement, je n'ai
pas de service de vente. On fait affaire avec 10 ou 12 agents d'immeubles et
nous devons leur payer une commission. On a établi la commission
à un taux minimal qu'on peut leur payer; alors, on établit le
prix de vente, le prix qu'on l'achète plus la commission, mais, en
dépit de ça, on ne reçoit pas d'offre d'achat parce que la
valeur du marché - et ce qui nous guide, c'est la valeur du
marché - est moindre que le prix que je devrais vendre. Or, c'est
là... Et la corporation doit supporter les frais financiers de ce parc
d'inventaire de maisons. Encore hier soir, on avait une réunion au
conseil d'administration et on a repris une autre propriété parce
que la personne essaie de la vendre depuis 8 ou 9 mois et elle n'en est pas
capable. Elle nous la vend même à moindre du prix qu'elle l'a
payée.
M. Dufour: J'imagine que ça doit faire l'objet de beaucoup
de discussions ça, parmi la population. On parle de 20 000 000 $ de
déficit. Savez-vous qu'on parle de scandale des fols pour bien moins que
ça? Est-ce que vous calculez que c'est quelque chose... Moi, ça
me semble gros. C'est beaucoup d'argent, 22 000 000 $, pour une
municipalité.
M. Quirion: Si vous le permettez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Quirion: Je vous remercie. Inutile de vous dire que ça
fait l'objet de nos préoccupations. Je dirais même que ça
fait l'objet de notre préoccupation la plus importante. Depuis
au-delà
de cinq ans que je mentionne, moi, via les médias, et tout, la
situation d'Anjou 80, la situation catastrophique d'Anjou 80. Ce n'est donc pas
d'hier que nous sommes sensibilisés à ce
problème-là. On a informé la population à plusieurs
reprises et, lorsque les gens - en 1989, je pense qu'on a eu quand même
une réponse assez claire - en 1989, ont décidé de
m'envoyer à l'hôtel de ville, ils ont compris que, finalement,
depuis 1986, ce que je disais, c'était peut-être vrai et,
là, ils ont dit: Maintenant, Quirion va régler le
problème. Sauf que c'est ce qu'on est en train de faire, essayer de
régler le problème de cette situation-là que nous
dénoncions quand même depuis au-delà de cinq ans. C'est un
problème majeur. De quelle façon doit-on le régler? C'est
finalement en prenant nos responsabilités et en disant: Bon, on met fin
à tout ça et on commence à rembourser. On commence
à rembourser dette et capital.
L'article 2, ici, va nous permettre justement d'aliéner nos
actifs, et c'est le but de cet article-là, pour pouvoir justement, en
aliénant ces actifs, réduire, de plus, la dette ou le
déficit d'Anjou 80, parce que, chaque fols que nous aurons vendu un
actif, ce sera toujours pour réduire le déficit ou la dette.
Alors, c'est le but de ça. C'est exact de dire que ça fait partie
également des préoccupations de la population. C'est à
moi, par exemple, de prendre les responsabilités, comme dirigeant de
ville d'Anjou, et d'arriver avec des suggestions et des recommandations qui
vont faire en sorte que les gens n'auront pas à subir, ne serait-ce que
par leur compte de taxes ou autres, les problèmes engendrés par
une corporation comme celle-là. Ça fait partie de ma
responsabilité et c'est pour ça que je suis ici ce matin, pour
essayer d'éclaircir ça davantage et de pouvoir me permettre,
à partir du 1er janvier 1992, de commencer à rembourser
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le maire.
M. le ministre.
M. Ryan: Si M. le député de... Oui, si vous voulez
finir.
M. Dufour: Peut-être une autre question.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Ryan: Pas de problème, on ne compte pas les tours.
M. Dufour: D'une façon ou d'une autre, je pense qu'on
s'entend bien là-dessus.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Dufour: Actuellement, le projet de loi va vous permettre
d'aller emprunter ces 15 000 000 $ ou 22 000 000 $. Est-ce que vous soustrayez
vos actifs de la dette ou si vous empruntez l'ensemble du montant?
M. Quirion: Ce que l'on fait c'est que nous...
M. Dufour: Je vais compléter... M. Quirion: Oui, je
m'excuse.
M. Dufour: ...ma question aussi. J'aimerais aussi que vous me
disiez, parce que M. le ministre a des questions à poser aussi, quelle
est votre dette actuellement, pour la municipalité? Donc, je saurai
comment ça va l'augmenter.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Quirion: II est hors de question que ville d'Anjou emprunte,
Mme la Présidente. Pour répondre à votre dernière
question...
M. Dufour: Vous n'emprunterez pas?
M. Quirion: Ville d'Anjou n'empruntera pas, non.
M. Dufour: Pour les 15 000 000 $.
M. Quirion: Ce qu'on fait c'est qu'on transforme... Anjou 80
transforme ses dettes à court terme en dettes à long terme pour
pouvoir rembourser capital et intérêts.
M. Dufour: Oui, O.K., mais là je pense que, par exemple -
et là vous me rafraîchirez la mémoire, peut-être que
le ministre des Affaires municipales pourra me le dire - quand la
municipalité a une corporation ou quand la municipalité
prête ou emprunte en fonction d'un autre organisme, ça fait partie
des dettes, pareil, de la municipalité.
M. Quirion: Mais la municipalité n'a pas emprunté.
C'est Anjou 80 qui a emprunté. D'accord? Ce n'est pas la
municipalité. Je peux vous dire que la dette de la municipalité,
pour répondre à votre dernière question, est de l'ordre de
55 000 000 $.
M. Dufour: Mais vous allez couvrir les emprunts par la
municipalité. Le service de la dette va être couvert par la
municipalité?
M. Quirion: Ce qu'on va faire, c'est qu'à la fin de
chacune des années, le déficit d'opération d'Anjou 80,
comme je vous mentionnais, réalisé en fonction des frais
financiers énormes, ce déficit-là annuel sera la
responsabilité de la municipalité à ce moment-là et
ce ne sera pas un emprunt que la municipalité va faire.
M. Dufour: À mon point de vue ça fait partie de la
dette de la municipalité pareil.
M. Quirion: On garantit également les dettes d'Anjou
80.
M. Dufour: Le montant qui serait capitalisé à ce
moment-ci, votre intention c'est 20 000 000 $?
M. Quirion: Bien, justement la dette globale est de l'ordre
d'environ 20 000 000 $, effectivement, et nous avons à transformer nos
dettes à court terme, nos emprunts à court terme en emprunts
à long terme pour pouvoir nous permettre de ne pas payer uniquement les
intérêts mais également de commencer à payer le
capital. Parce que, actuellement, ce sont des billets de banque qu'on a. On a
des choses semblables. On a de la difficulté, à ce
moment-là, à pouvoir rembourser le capital. On ne fait que
rembourser des intérêts. Et, à ce moment-là, les
frais financiers annuels augmentent constamment. Ce qu'on veut faire, c'est de
mettre un frein à ça et de dire: Là, maintenant, à
partir du 1er janvier, on va payer non seulement les intérêts mais
on va payer également le capital pour baisser. C'est pour ça
qu'on transforme nos dettes à court terme en dettes à long terme.
Mais le déficit d'opération d'Anjou 80... et ça, c'est
toujours Anjou 80 qui fait ça, ce n'est pas la municipalité
d'Anjou. Anjou 80...
M. Dufour: Mais le résultat, c'est quoi?
M. Quirion: ...arrivera avec son état financier à
la fin de l'année, en disant: voici nos opérations. on a
réalisé un déficit ou une perte. la, la ville d'anjou
pourra être garante ou se porter garante de ces pertes-là.
M. Dufour: Et c'est quel montant? 22 000 000 $, 20 000 000 $?
M. Quirion: 20 000 000 $.
M. Dufour: 20 000 000 $. Et quelle est la dette de la
municipalité? 55 000 000 $.
M. Quirion: La dette de la municipalité est de 55 000 000
$. Alors, vous comprenez qu'on ne peut pas emprunter 20 000 000 $ comme
municipalité et réadditionner ça à la dette.
M. Dufour: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Ryan: le déficit de fonctionnement que vous anticipez,
une fois ce refinancement organisé, de quel ordre sera-t-ll selon vos
projections?
M. Quirion: Je m'excuse, je n'ai pas...
M. Ryan: Disons pour les cinq prochaines années, le
déficit de fonctionnement d'Anjou 80.
M. Quirion: Le déficit annuel? M. Ryan: Oui.
M. Quirion: On est de l'ordre de 1 500 000 $à2 000 000 $
par année.
M. Ryan: Une fois que vous aurez effectué le
refinancement, c'est ça que ça donnerait?
M. Quirion: C'est exact, M. le ministre.
M. Ryan: Ça, ça serait assumé par la ville
d'Anjou?
M. Quirion: Exactement, M. le ministre. Ce sont nos
responsabilités, finalement, et c'est à nous d'administrer en
conséquence.
M. Ryan: Pour le dernier exercice, c'est-à-dire l'exercice
1991 qui prendra fin bientôt, est-ce qu'on pourrait avoir une idée
de ce qu'a été le déficit de fonctionnement d'Anjou 90, le
déficit approximatif? Anjou 80, oui. Excusez. (11 heures)
M. Quirion: Anjou 80, oui, j'ai toujours compris.
M. Ryan: Ha, ha, ha! Je comprends que vous insistiez pour garder
80!
M. Quirion: Parce qu'on ne veut pas continuer Anjou 90, M. le
ministre. Tout près de 2 000 000 $, m. le ministre, le déficit de
1991, à cause, encore une fois, des intérêts sur les frais
financiers.
M. Ryan: Celui-là, comment est-ce qu'il va être
traité? Est-ce qu'il va être absorbé par la ville d'Anjou
après l'adoption du projet de loi?
M. Quirion: Effectivement, c'est notre intention.
M. Ryan: Combien est-ce qu'il y a d'unités d'habitation
qui sont encore possédées par Anjou 80?
M. Quirion: Ça serait à M. Martel, à ce
moment-là, de répondre.
M. Martel: Actuellement, dans les propriétés, nous
avons six quadruplex et deux maisons unifamiliales. Mais ce parc d'inventaire
varie de semaine en semaine, selon les demandes des contribuables qui exercent
la clause de rachat. Mais, actuellement, comme je vous le dis, j'ai six
quadruplex d'une valeur de 310 000 $ chacun, le
prix d'achat, et les deux untfamiliales, environ 130 000 $.
M. Ryan: C'est tout ce que vous avez, ça? M. Martel:
C'est tout, M. le ministre.
M. Ryan: Tout le reste, c'est de l'endettement. C'est
extraordinaire.
M. Martel: Bien, il nous reste des terrains comme inventaire.
M. Ryan: Ah! il vous reste des terrains.
M. Martel: Oui, oui, il nous reste des terrains comme
inventaire.
M. Ryan: Pour quelle valeur à peu près, quelle
valeur au rôle d'évaluation?
M. Martel: Pour une valeur d'environ 2 000 000 $.
M. Ryan: Pour 2 000 000 $. Ça veut dire que vous auriez
des actifs pour entre 4 000 000 $ et 5 000 000 $ au plus.
M. Martel: c'est ça, parce que nous avons vendu des
terrains. et il y a des comptes à recevoir parce qu'il y a eu une
balance de prix de vente...
M. Ryan: Puis vous avez payés les déficits avec
ça.
M. Martel: ...échelonnée sur deux ou trois ans.
M. Ryan: Vous avez payé des déficits des
années antérieures avec ça, avec le produit des
ventes.
M. Martel: Non, M. le ministre, il n'y a pas eu de déficit
de payé, c'est un déficit accumulé.
M. Ryan: Ah oui! Mais le produit de la vente, qu'est-ce qui en
est arrivé, lui?
M. Martel: Ah! le produit de la vente allait à
l'intérieur. Alors, ça veut dire que...
M. Ryan: Les coûts de fonctionnement.
M. Martel: C'est ça. Et ce qui nous occasionne des
dépenses, on était constructeur, donc on avait la garantie des
maisons neuves. Alors, pendant cinq ans, si on a vendu des maisons en 1989 ou
en 1990, je suis responsable de la garantie des maisons neuves.
M. Ryan: II paraît qu'il y avait des faiblesses dans les
maisons.
M. Martel: Quelques-unes.
M. Ryan: Le loyer de ces maisons-là, de quel ordre est-il?
Ce n'est pas des habitations à loyer modique, ça?
M. Martel: Non, non, non. C'est des constructions neuves. Alors,
nous, ce que nous faisons, lorsqu'on a un quadruplex de même, nous louons
les trois logements et nous laissons celui du propriétaire libre en cas
de vente. On a même tenté de louer celui du propriétaire,
avec des clauses de 30 ou 60 jours d'annulation de bail en cas de vente, mais
on ne trouve pas preneur, de locataire pour deux mois.
M. Ryan: Les quadruplex, là, pouvez-vous me donner une
idée du montant du loyer?
M. Martel: dans les loyers, ça varie de 400 $ à 500
$. nos unifamiliales, naturellement, on ne trouve pas preneur parmi les
locataires non plus.
M. Ryan: Très bien, merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Oubuc.
M. Morin: merci. dans les nouvelles obligations que le projet de
loi veut imposer à la corporation, vous n'avez pas pensé
d'assujettir la corporation à la vérification, au rapport annuel
du vérificateur?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Quirion: La corporation Anjou 80, évidemment, est une
corporation qui est vraiment à part de la municipalité, elle a
son vérificateur, et tout. Et une des obligations de la corporation
Anjou 80 est de soumettre non seulement son budget, mais également
toutes les ventes et les états financiers.
Ce que je peux vous dire, c'est que, dans les années 1986
à 1988, nous, malheureusement, on n'était pas toujours d'accord
avec les budgets qu'on nous présentait à la ville, les budgets
d'Anjou 80. Bon, on avait un contexte qui existait à l'époque et,
peu importe ce que l'on disait, les budgets étaient acceptés
quand même. Sauf que c'étaient des budgets qui n'étaient
pas réalistes. Et, d'ailleurs, lorsqu'on nous présentait des
états financiers, année après année, on se rendait
bien compte qu'il n'y avait pas de réalisme à l'intérieur
des budgets précédents. Les états financiers, de temps
à autre, on nous les présentait même au mois de septembre
ou octobre, plutôt que de nous présenter ça en mars ou
avril, avec les conséquences que tout était réglé,
tout était terminé et qu'on était à la fin d'une
année, alors qu'on aurait dû commencer à recevoir ces
états financiers là au début pour
pouvoir faire les correctifs nécessaires.
Bon, je vous fais grâce de toute la situation politique qui
existait à l'époque, et on arrive aujourd'hui avec une situation
comme celle-là. Mais, je peux vous dire qu'à chaque année
les vérificateurs étaient sur place, faisaient des
recommandations, je présume, à la corporation, au conseil
d'administration d'Anjou 80, qui devait probablement, je l'espère, en
tenir compte dans une certaine mesure. Avec les résultats qu'on voit
aujourd'hui, je me demande jusqu'à quel point ils en ont tenu compte.
Depuis 1989, je peux vous dire qu'il y a eu des consultations qui ont
été réalisées non seulement avec la
municipalité d'Anjou, mais également avec les gens, par exemple,
de la SHQ, la Société d'habitation du Québec, beaucoup
plus dans le cadre des Résidences Neuville, parce qu'on voulait vraiment
que les budgets, de même que les états financiers, ce soit le plus
transparent possible, le plus clair possible, pour que le gouvernement puisse
être au courant de ce qui se passe également.
M. Morin: Mme la Présidente, si je pose la question, c'est
parce que, dans l'article 1, on impose bien à la corporation de faire un
rapport au conseil sur ses activités pour toute son année
financière, mais ça n'exige pas nécessairement un rapport
financier vérifié. Peut-être que vous me direz que c'est
implicite, mais je parle de l'article. Je ne vous dis pas ce qui se fait en
pratique, je parle de l'article du projet de loi.
M. Quirion: On va avoir le rapport. Oui, lors du
dépôt des états financiers, on va avoir le rapport du
vérificateur.
M. Morin: Oui, mais ce n'est pas ce que l'article dit.
M. Quirion: En plus, l'article dit: Les activités de
l'année de la corporation. On va encore plus loin ici.
M. Morin: Ça va.
M. Dufour: Je veux juste compléter. À partir de
1991, ou à partir de 1992... On peut dire 1992, ils ne rembourseront pas
1991. J'imagine que ça va aller sur le marché des obligations. La
corporation Anjou 80, est-ce qu'elle va émettre des obligations ou si
c'est emprunt sur billet?
M. Quirion: Probablement qu'on va aller dans différentes
institutions financières. Ce n'est pas nécessairement des
obligations. Il y a aujourd'hui des services bancaires, comme Accès Plus
ou Crédiflex, où on peut placer pendant une année un
montant assez avantageux à un taux d'intérêt assez
avantageux. Alors, je ne pense pas que notre intention soit effectivement
d'émettre des obligations.
M. Dufour: Quand vous allez emprunter, ça prend des
garanties, en principe. Qui va fournir la garantie? Pas Anjou 80?
M. Quirion: La municipalité.
M. Dufour: Donc, c'est la municipalité. Donc, ça
augmente le service de la dette ou la dette de la municipalité,
effectivement, là. On peut jouer sur les mots en disant: C'est un et ce
n'est pas l'autre. Je vous dis honnêtement que, si je faisais un bilan de
la ville d'Anjou, je regarderais ses obligations. D'ailleurs, le
ministère des Affaires municipales, il y a quelques années, avait
décidé.. Par exemple, si la Commission de transport emprunte, ce
n'est pas le montant qu'on rembourse. Avant, on disait: C'est ça qu'on
rembourse. La dette de la Commission de transport est transférée
à la municipalité et ça rentre dans les obligations de la
ville.
À partir de 1992, quels montants vous prévoyez
subventionner à la corporation...
M. Quirion: Ce que je vous disais tantôt, c'est que les
déficits d'opération annuels...
M. Dufour: ...pour payer tout?
M. Quirion: ...on parle d'environ 2 000 000 $. Le déficit
annuel d'opération d'Anjou 80.
M. Dufour: Et le remboursement de la dette, ça a
l'air...
M. Quirion: C'est à l'intérieur du déficit
d'opération. Je vous explique.
M. Dufour: Ah! O.K. C'est ça que je veux savoir.
M. Quirion: Anjou 80 emprunte, par exemple, 20 000 000 $. Elle
fait des opérations. À la fin, le déficit
d'opération est de 2 000 000 $, incluant là-dedans,
évidemment, les intérêts et le capital remboursé sur
l'emprunt. Les 2 000 000 $, c'est la ville qui s'en porte garant, à ce
moment-là.
M. Dufour: Autrement dit, si on fermait demain matin, on vous
effacerait votre dette d'une autre façon. Le gouvernement dirait: On
paie la dette.
M. Quirion: Vous seriez d'une gentillesse extraordinaire!
M. Dufour: Ça veut dire que là vous feriez un
bénéfice de 2 000 000 $ sur les opérations.
M. Quirion: Si je ne faisais pas de bénéfice, je
ferais sûrement une conférence de presse, M. Dufour.
M. Dufour: Ça va. C'est parce que, effectivement, je pense
que... Ça a l'air d'être une boutade, mais je vous dis une chose:
Comme législateurs, quels que soient les législateurs qui font
des choses... Et, moi, je ne blâme pas la municipalité, je dis:
Comme législateurs, on a une part de responsabilité. Parce que,
quand on donne un pouvoir à quelqu'un, on ne le donne pas à
moitié. On l'a donné. Là, on s'est donné le bras,
on a tout donné et ça donne les résultats qu'on voit.
M. Quirion: C'est exact.
M. Dufour: C'est une bonne leçon. À mon point de
vue, ce sont des bonnes leçons qu'on doit retenir.
M. Quirion: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le maire.
M. Quirion: Juste pour terminer, si vous me le permettez, sur les
remarques de M. le député de Jonquière. Effectivement, on
a à faire face à cette situation, comme le disait M. Martel, qui
est catastrophique. Et puis vous savez très bien qu'on a, nous, face
à la population, une responsabilité énorme. Et je vois
très mal commencer à faire éponger ce déficit par
la population. On a assez de nos responsabilités financières au
niveau de la municipalité comme telle. Si on est capable maintenant de
faire face à ces responsabilités-là en plus
d'intégrer Anjou 80, au moins je pourrai dire qu'on a
réalisé un exploit - permettez-moi l'expression - parce qu'on
aura effectivement réalisé un exploit si on n'affecte pas la
population à ce moment-là. Et le but, justement, pour commencer
tout de suite à régler ce problème-là, une fois
pour toutes, c'est le projet de loi 301 et c'est la raison pour laquelle on est
ici. Puis, à partir de 1992, 1er janvier, on pourra dire: Là, on
commence à régler la dette d'Anjou 80, une fois pour toutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le maire.
M. le ministre.
M. Ryan: Oui. Je voudrais poser une autre question avant qu'on
passe à l'examen des articles. En mai 1990, M. le maire, vous aviez
écrit à mon prédécesseur, le député
de Maskinongé, qui est aujourd'hui ministre de l'Agriculture, des
Pêches et de l'Alimentation, avec qui nous avons tous des sujets
d'intérêt commun encore aujourd'hui. Vous lui avez écrit
pour lui faire part de la situation d'Anjou 80. Vous demandiez que le
gouvernement s'intéresse de près au problème. Vous
laissiez même entendre que vous seriez peut-être ouvert à
une enquête publique sur la gestion passée de l'entreprise. Vous
aviez mentionné ça dans votre lettre.
M. Quirion: Ce que j'avais mentionné dans la lettre, M. le
ministre...
M. Ryan: Oui.
M. Quirion: ...c'est que, si le gouvernement voulait faire une
enquête publique sur Anjou 80, il pouvait s'assurer de la collaboration
de la municipalité. Je n'avais pas demandé expressément
une enquête publique...
M. Ryan: Très bien.
M. Quirion: ...parce qu'on retardait indûment le
règlement, parce que, finalement, à la fin de tout, on serait
encore responsables de ça. Mais c'était que, si jamais
l'intention du gouvernement était d'en faire une, enquête, il
pouvait avoir l'appui de la municipalité.
M. Ryan: Je vais vous dire. Du côté du gouvernement,
pour que nous eussions été enclins à désirer une
enquête publique, il aurait fallu qu'il y ait des allégations de
malversation ou de corruption ou que des actes de cette nature aient
été portés à notre attention, ce qui n'a pas
été le cas.
M. Quirion: Non
M. Ryan: Ce qui n'a pas été le cas. S'il s'agit de
décisions qu'on peut contester d'un point de vue affaires, d'un point de
vue planification économique, et tout, ça, c'est votre
responsabilité. Il n'y a pas lieu, pour le gouvernement, d'instituer une
enquête là-dessus à mon avis. Je voudrais nettoyer cette
affaire-là comme il faut pour que ce soit clair pour tout le monde. Je
pense que vous êtes d'accord sur ce point-là.
M. Quirion: Pour ma part, je ne penserais pas, au moment
où on se parle, qu'il y ait eu d'irrégularité. Il y a
peut-être eu un petit peu d'immoralité, mais certainement pas
d'irrégularité. C'est la raison pour laquelle je ne vois pas la
tenue d'une enquête publique. Sauf que, si le gouvernement voulait en
faire une, on est prêts à collaborer.
M. Ryan: Je ne voudrais pas vous entraîner sur le terrain
de l'immoralité parce que, chaque fois que j'aborde ce sujet,
apparemment, ça fait trembler des personnes. Avant qu'on m'impute une
sévérité excessive... Alors, très bien. Non. Je
voulais clarifier ceci pour que tout le dossier soit net.
M. Dufour: M. le ministre, puisque vous avez soulevé la
question de l'enquête, quand vous dites qu'il n'y a pas eu de vraies
accusations, je pense que c'est fermer le couvert de la marmite rapidement.
Moi, je pense que, que ce soit la municipalité qui le fasse par le biais
de person-
nés responsables, en tout cas, pour l'intérêt
public, ça ne serait pas très mauvais - s'il n'y en a pas eu,
tant mieux! - qu'il y ait au moins une enquête administrative très
serrée et très sérieuse pour s'assurer que... Parce que,
dans le fond, le gouvernement, on a une responsabilité. On ne peut pas
se laver les mains aussi facilement. Je comprends que c'est la ville d'Anjou
qui avait tout ramassé les petits. Elle a peut-être eu des
bénéfices aussi, puis je ne mets pas ça en cause. Mais on
leur a donné un pouvoir, le pouvoir a été exercé.
Est-ce qu'il a été bien exercé?
Tout à l'heure, j'ai dit: Ça pourrait être une
leçon à retenir pour le présent et le futur. Si on veut la
retenir, il faut savoir ce qui n'a pas marché là-dedans. Parce
que, si, demain matin, quelqu'un arrive puis dit: Moi, je veux faire
Jonquière 1992 ou Jonquière 2000, moi, je ne le sais pas,
là, je veux dire il a peut-être le droit de s'essayer, il va
peut-être être bon, mais ça pourrait nous permettre de dire,
à l'avenir, quand on aura un projet de loi... Je ne dis pas que
l'expérience est fausse puis mauvaise comme telle. Probablement que les
gens, ils avaient une bonne foi quand ils l'ont fait, au début. Ils
devaient avoir un objectif très louable. Mais, s'il y a eu des erreurs
en cours de route, peut-être qu'on aurait pu les prévenir à
l'intérieur des lois ou des lettres patentes qu'on a données.
Dans ce sens-là, il faut toujours s'inspirer des actions qui se posent
par rapport à des objectifs qu'on pourrait avoir plus tard. C'est
possible que ce soit une mauvaise expérience mais qui aurait pu
être une bonne expérience si elle avait été mieux
serrée.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre. (11 h 15)
M. Ryan: Ce que j'essayais d'éclaircir, c'était la
volonté de la ville d'Anjou par rapport à l'idée d'une
enquête publique qui avait été esquissée dans une
lettre du maire Quirion au ministre des Affaires municipales, en mai 1990. Je
voulais éclaircir ceci. J'ai eu une réponse claire de la part de
M. Quirion. Moi-même, j'ai indiqué, de mon côté, en
ce qui touche le gouvernement, que je n'envisage pas une enquête publique
sur ce sujet-là. Je pense que c'est une responsabilité qui
incombe aux administrateurs municipaux de la ville d'Anjou. Les citoyens de la
ville d'Anjou peuvent demander tous les comptes qu'ils voudront. Je pense
qu'avec le projet de loi que nous allons adopter on va faciliter la reddition
de comptes qui était quand même sérieusement compromise par
le statut légal qui existait jusqu'à ce jour.
Quand on se rend compte que la société n'était
même pas tenue de fournir un rapport annuel au conseil municipal, il y
avait sûrement une lacune sérieuse de ce
côté-là. Alors, là, on va corriger ceci. On
rétablit le principe de l'imputabilité publique de cet
organisme-là. C'est ça qui résume le mieux l'affaire. Si
on avait porté à mon attention des éléments qui
suscitent des questions sérieuses au sujet de la légalité
ou même de l'éthique de certains gestes qui ont été
faits dans le passé, je serais obligé de m'inter-roger
sérieusement. Il faudrait que je me pose la question, comme je dois le
faire chaque fois que des faits de nature douteuse ou des comportements qui
posent des questions sont portés à mon attention. Je suis
obligé de procéder à des vérifications, c'est mon
devoir de le faire.
Alors, dans ce cas-ci, M. le maire, avec votre consentement que je
présume assez facilement disponible, nous verrons peut-être
à ce que quelqu'un du ministère aille vérifier avec vous
autres l'état des finances de la société, surtout
après qu'on aura adopté le projet de loi, pour être bien
sûr que les choses sont claires. Je pense que vous ne devriez pas avoir
d'objection à ça.
M. Quirion: Absolument aucune objection, M. le ministre.
M. Ryan: Très bien. Ça, on le fera et, au besoin,
si vous voulez m'interroger en Chambre, je vous donnerai les
éléments qu'on aura pu recueillir.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Moi, je vous écoute, mais... Au
point de vue des pouvoirs d'enquête qui vous sont dévolus par
votre fonction, ce n'est pas ce que le Vérificateur
général a dit cette année dans ses constatations. Il a
constaté qu'aux Affaires municipales il y a une espèce de
relâchement ou un manque, je pourrais dire, de rigueur. Ce n'est pas du
mot à mot, mais c'est bien marqué dans le livre qui a
été déposé.
M. Ryan: Ce n'est pas exactement ça.
M. Dufour: Ce n'est pas tout à fait ça, mais ce
qu'il dit, c'est qu'on pourrait aller plus loin, qu'on pourrait être un
peu plus structuré et scrutateur par rapport aux plaintes qu'on a.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre...
M. Ryan: on reprendra ce débat-là une autre fois.
si vous voulez m'interroger en chambre, on pourra en discuter, ça me
fera plaisir.
M. Dufour: Ah non! Moi, je ne veux pas que vous me
suggériez les questions que je vais vous poser?
M. Ryan: C'est parce que, des fois, vers la fin de la session,
l'Opposition paraît fatiguée.
M. Dufour: On n'est pas trop fatigués, ne
vous en faites pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Ceci étant
dit, est-ce que nous sommes prêts à passer à l'étude
du projet de loi article par article?
M. Dufour: Le gouvernement aussi. Surtout!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que nous sommes prêts à passer à l'étude
article par article?
M. Ryan: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, J'appelle
l'article 1. M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires sur
l'article 1?
Étude détaillée
M. Ryan: Juste une minute. Oui. Mme la Présidente,
l'article 1 va évidemment dans le sens des propos que nous avons
échangés depuis le début de la séance. Un article
donnerait à la corporation Anjou 80 l'obligation de faire, au conseil de
la ville d'Anjou, un rapport de ses activités pour chaque année
financière. Ce rapport devra contenir tous les renseignements que le
conseil voudra prescrire. On dit qu'en outre la corporation devra fournir en
tout temps au conseil tous les renseignements qu'il voudra requérir sur
ses opérations. Le conseil pourra enfin autoriser le versement de
contributions afin de combler le déficit ou de financer les
activités de cette corporation. Il pourra en outre garantir la dette
contractée par cette corporation.
Je pense que tout ceci, dont je viens de donner un résumé,
est très important. Chacun des points qui ont été
mentionnes confirme les propos tenus jusqu'à maintenant. Je pense qu'on
dit exactement, dans le texte de l'article 1, ce que M. le maire de la ville
d'Anjou nous a dit qu'il souhaitait pouvoir faire. Nous, du côté
gouvernemental, nous sommes d'accord avec ça pour que la ville d'Anjou
assume pleinement sa responsabilité à l'endroit de cette
société qui est sa créature, finalement, que les choses
soient claires et surtout que les créanciers soient bien
protégés. Je pense qu'on ajoute des protections importantes pour
les créanciers dans ceci. En même temps, on circonscrit les
obligations de la municipalité de façon convenable, à mon
point de vue. Par conséquent, moi, du côté du gouvernement,
je déclare que nous sommes d'accord sur cet article-là.
M. Dufour: Peut-être une question. Je ne sais pas si j'ai
bien compris, mais on dit: "Une corporation visée à l'article
[...] doit, au plus tard le 31 mars de chaque année, faire au conseil
rapport de ses activités pour son année financière
précédente". C'est "année financière
précédente". Moi, je ne le sais pas, mais ça me frappe un
peu. Il me semble que, si ça finit le 31 mars, c'est l'année qui
vient de finir. Pourquoi le remarquer, le marquer de nouveau?
M. Ryan: Non, mais c'est parce que l'année
financière...
M. Dufour: Est-ce que la phraséologie est correcte?
M. Ryan: L'année financière, dans son cas, c'est le
31 décembre qu'elle finit. Mais ça pourrait être autrement.
C'est son année financière. C'est aux administrateurs de
décider de ça.
M. Dufour: Oui, mais, quand on exige ou qu'on identifie
"précédente", est-ce que ça ne va pas de soi?
M. Ryan: ii pourrait arriver, pour toutes sortes de fins, qu'ils
décident... disons qu'ils sont dans une liquidation, l'année
financière va finir le 30 novembre. ça se peut, ça. si
c'est fait avec l'approbation de ceux qui sont habilités à le
faire, ça leur donne cette latitude-là. on m'a remis tantôt
le dernier rapport annuel, 1990, 31 décembre 1990.
M. Gobé: L'année financière de la ville
d'Anjou finit le 31 décembre.
M. Ryan: Oui, mais on parie d'Anjou 80, là. Il pourrait
arriver qu'Anjou 80 ait un autre exercice financier. Alors, c'est le 31
décembre dans ce cas-là aussi, mais il pourrait arriver qu'ils
fassent une modification et que ça se révèle très,
très utile. On ne sait pas pourquoi actuellement, mais je me souviens de
cas où c'est arrivé.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va pour l'article 1?
M. Dufour: Oui, même si j'ai de la misère à
suivre ça. Peut-être que le ministre a raison, je suis
peut-être fatigué. Peut-être aussi que le gouvernement est
plus fatigué que l'Opposition. Moi, je vous dis...
M. Ryan: Pas du tout!
M. Dufour: moi, je dis que le "rapport de ses activités
pour son année financière", ça m'aurait satisfait. je ne
vois pas ce que ça ajoute, parce que, si c'est l'année
financière, c'est l'année financière, point.
M. Ryan: Mais l'année financière de qui?
L'année financière de qui?
M. Dufour: Bien, de l'organisme! On dit: "...au plus tard le 31
mars de chaque année".
M. Ryan: C'est ça qu'on dit, là. Pour son
année financière précédente à lui, pas celle
du gouvernement, pas celle des compagnies privées.
M. Dufour: Oui, mais "faire [...] rapport de ses
activités", ce n'est pas les activités des autres. Je pense que,
là, on fait du français correct.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça va
pour l'article 1?
M. Dufour: En tout cas, je ne m'objecterai pas, mais je vous dis
bien honnêtement que le mot "précédente", pour moi, je ne
le voyais pas là. Ce n'est pas plus grave que ça.
M. Ryan: En somme, juste une chose. Vous avez le sens de la
continuité dans un gouvernement, Mme la Présidente. On a pris une
formulation qui est calquée sur celle qu'on a dans la charte de la ville
de Montréal pour des organismes semblables. Concordance. Si on mettait
"le" au lieu de "son", il y aurait peut-être toute une thèse de
doctorat qui se ferait sur les motifs qu'on aurait eus pour faire ça et
on ne le saurait pas nous autres mêmes.
M. Dufour: Moi, je voulais faire la remarque, mais je ne voulais
pas enregistrer une dissidence là-dessus. Vous comprenez ce que je veux
dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Alors, l'article
1 est adopté. J'appelle l'article 2 et, à l'article 2, il y a une
modification.
M. Dufour: Je vous ai donné mon point de vue.
M. Ryan: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 du projet
de loi 301 est modifié par l'insertion, dans la première ligne et
après le mot "loi,", de ce qui suit: "mais sous réserve du
sous-paragraphe 2.1° du paragraphe 1° de l'article 28 de la Loi sur les
cités et villes (L.R.Q., chapitre C-19) qui s'applique compte tenu des
adaptations nécessaires,".
Oui, M. le ministre, sur l'amendement.
M. Ryan: Regardez, cette modification vise à assurer que
la vente des immeubles d'Anjou 80 est faite selon les exigences prévues
à la loi...
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais un peu
d'ordre, s'il vous plaît, parce qu'on a de la difficulté à
entendre.
M. Ryan: Cette modification a pour but d'assurer que la vente des
immeubles d'Anjou 80 sera faite selon les exigences prévues à la
Loi sur les cités et villes concernant la vente des biens dont une ville
n'a plus besoin. Ainsi l'aliénation des immeubles devra être faite
à titre onéreux, sous peine de nullité, même si le
prix pourrait être inférieur à celui requis pour couvrir
toutes les dépenses relatives aux immeubles vendus. De plus, si la vente
ne se fait pas à l'enchère, ni par soumission publique, la
société devra faire un avis public mentionnant l'immeuble ou les
immeubles aliénés le mois précédent, en faveur de
qui la vente a eu lieu et à quel prix. Enfin, copie de cet avis devra
être transmise au ministre des Affaires municipales. Voilà l'objet
de cette modification qui est proposée à l'article 2.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Dufour: En fait, ce que vous faites, vous resserrez un peu
plus l'article pour dire que, même s'ils vendent...
M. Ryan: C'est ça. Finalement on introduit...
M. Dufour: ...il y a des comptes à rendre, autrement
dit.
M. Ryan: ...l'exigence de vendre à prix onéreux et
non pas simplement à un prix inférieur...
M. Dufour: Inférieur.
M. Ryan: ...à celui requis pour couvrir toutes les
dépenses. Ça crée une obligation d'effort plus grande de
la part de la ville et, éventuellement, une obligation même de
démonstration devant les tribunaux.
M. Dufour: La municipalité n'a pas d'objection?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire?
M. Dufour: Vous n'avez pas d'objection à cet
article-là?
M. Quirion: Non, non, pas du tout. Pas du tout, au contraire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de LaFontaine.
M. Gobé: Oui, Mme la Présidente. Juste un petit
détail technique. Après "cités et villes" vous voyez qu'il
y a une parenthèse. C'est marqué "L.R.Q., chapitre C-19".
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, c'est
corrigé.
M. Gobé: II n'y a pas de parenthèse par la
suite.
La Présidente (Mme Bélanger): On n'a pas
fermé la parenthèse; elle est fermée.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Gobé: Très
important.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
2, tel qu'amendé... M. le député de Dubuc.
M. Morin: L'article 2, justement. Quand on fait mention
"malgré l'article 2 de cette loi", je ne sais pas si c'est moi qui
comprends mal la formulation, je présume qu'on veut dire "malgré
l'article 2 de la Loi concernant ville d'Anjou"?
M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Morin: Mais le fart de marquer "de cette loi" ça me
paraît être une confusion, moi, là. Si on dit "de cette
loi", j'ai l'impression qu'on fait allusion à la loi 301, alors qu'on
fait allusion à la Loi concernant ville d'Anjou.
M. Ryan: Non, c'est la loi de 1979...
M. Morin: Oui, mais vous comprendrez que, tel que
formulé...
M. Ryan: ...concernant la ville d'Anjou et, dans cette
loi-là, la ville d'Anjou était autorisée à
créer cette corporation.
M. Morin: Ça, je comprends ça. M. Ryan:
Correct?
M. Morin: C'est uniquement au niveau de la formulation. Le fait
qu'on dise "malgré l'article 2 de cette loi".
M. Ryan: Ah! oui, oui. Vous comprenez... Ça pourrait
vouloir dire "cette loi", le projet de loi 301.
M. Morin: Oui, c'est ça.
M. Ryan: On me dit qu'on écrirait "la présente
loi", à ce moment-là. Ça va? Et on ne peut pas dire "la
présente loi" tant qu'on n'est pas rendus à la fin.
M. Morin: D'accord. Mais, en tout cas, disons que c'est
uniquement au niveau de la formulation, ce n'est pas sur le fond.
M. Ryan: Mais c'est vrai qu'il y a un point, quand même, au
point de vue de la bonne clarté de l'expression, M. le conseiller. Il y
a un problème.
M. Gobé: M. le ministre.
M. Ryan: M. le conseiller juridique n'aurait pas d'objection.
Moi, chaque fois qu'on peut vous donner satisfaction, vous le savez...
M. Gobé: Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Ryan: ...je ne demande pas mieux que de le faire.
M. Morin: Non, vous ne le faites pas pour me donner
satisfaction.
M. Ryan: Non, non, mais c'est ça. Ne m'enlevez pas mon
motif, au moins.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II a un bon motif, ce matin!
M. Morin: La générosité du temps des
fêtes.
M. Dufour: C'est douteux.
M. Morin: La générosité du temps des
fêtes.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! M. le député de LaFontalne.
M. Ryan: Regardez, je vais prendre la formulation de notre
conseiller.
M. Gobé: Oui, M. le ministre, c'est parce que M. le
procureur de la ville d'Anjou aurait une remarque à faire quant à
cette formulation-là. M. le procureur de la ville d'Anjou aurait une
remarque à faire.
M. Delorme (Michel): Mme la Présidente, on n'a pas
d'objection, quant à nous, à préciser que cette loi... A
notre avis, ça n'est pas requis. Maintenant, si, effectivement,
ça soulève une difficulté ou qu'on s'interroge sur cette
question-là, qu'on questionne, en fait, le fait de référer
à la loi de 1979, nous on n'a pas d'objection à l'inscrire. Je
vois deux façons de le faire. Soit qu'on dise: "Malgré l'article
2 de la Loi concernant ville d'Anjou (1979, chapitre 113)", ou encore qu'on
dise: "Malgré l'article 2 de la loi visée à l'article 1 de
la présente loi". Mais on est ouverts à l'une ou l'autre des
formules.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre. (11 h
30)
M. Ryan: On vient d'avoir deux suggestions de la part du
conseiller de la ville d'Anjou. Il y en a une: "Malgré l'article 2 de la
loi mentionnée à l'article 1", et l'autre c'est: "Malgré
l'article 2 de la Loi concernant ville d'Anjou (1979)". Il y a une chose qu'il
faut se dire. Vous savez, quand on rédige un texte de loi, je pense
qu'on doit viser deux objectifs: qu'il puisse être compris dans toute la
mesure du possible par le lecteur profane; deuxièmement, qu'il
réponde à toutes les exigences de rigueur, de cohérence
que sont en droit de formuler les meilleurs experts du droit et des autres
disciplines concernées, au besoin.
Dans ce cas-ci, il y a une difficulté qui surgit pour le lecteur
moyen qui lit ce texte-là. Lui, il ne le saura pas, parce qu'il n'est
pas là-dedans à la journée, que ça se
réfère à ceci; on est mieux de le dire dans ce
temps-là, selon moi. Alors, notre conseiller préférerait
la première formule: "Malgré l'article 2 de la loi
mentionnée à l'article 1". Est-ce que ça vous irait,
ça, l'Opposition? On va vous déposer le texte
immédiatement, Mme la Présidente.
M. Delorme: Ça nous convient, M. le ministre.
M. Ryan: Très bien, merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, pour les
besoins du Journal des débats, étant donné que la
modification à l'article 2 avait été adoptée, nous
la retirons, et la nouvelle modification se lit comme suit: L'article 2 du
projet de loi 301 est modifié par le remplacement, dans la
première ligne du premier alinéa, des mots "cette loi" par les
mots "la loi mentionnée à l'article 1", mais sous réserve
du sous-paragraphe 2.1° du paragraphe 1° de l'article 28 de la Loi sur
les cités et villes (L.R.Q., chapitre C-19) qui s'applique compte tenu
des adaptations nécessaires. Ça va?
Une voix: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté. Est-ce que l'article...
M. Dufour: à l'exception que, moi, je considère
qu'il y a deux places où on fait des choses supplémentaires. on a
le droit, mais, moi, ça n'éclaircit pas mieux ma lanterne.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté. M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 est
adopté. Est-ce que le titre du projet de loi 301, Loi concernant ville
d'Anjou, est adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'ensemble du projet
de foi est adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
Remarques finales
M. Ryan: En terminant, Mme la Présidente, je voudrais
remercier le maire de la ville d'Anjou, M. Quirion, le président de la
société Anjou 80, Me Charles Martel, le procureur de la ville
d'Anjou, Me François Delorme...
Une voix: Michel Delorme.
M. Ryan: ...Me Michel Delorme, je m'excuse, et la responsable du
contentieux de la ville d'Anjou, Mme Josée Racicot, pour leur
présence parmi nous ce matin. On va saluer, également, M. Quirion
fils, notre nouveau législateur souhaité! Alors, j'espère
que ce projet que nous allons adopter d'ici la fin de la session permettra
à la ville d'Anjou de faciliter le retour à la normale dans ce
secteur où des écarts ont été commis ces
dernières années au point de vue financier. Je pense qu'on doit
féliciter la ville d'Anjou d'assumer sa responsabilité en bout de
ligne, comme une municipalité doit le faire, je pense. Veuillez compter
sur le concours du gouvernement si des problèmes se posaient en cours de
route.
Comme vous y avez acquiescé tantôt, je verrai à ce
qu'un représentant du ministère passe chez vous au cours du mois
de janvier, probablement, pour faire un examen de l'état des finances de
la société pour que tout soit clair des deux côtés.
Je pense que vous avez tout ce qu'il faut. Vous nous ferez signe et il n'y aura
pas de problème. Je voudrais remercier le député de
LaFontaine d'avoir bien voulu accepter de parrainer le projet de loi et
l'assurer, lui aussi, de ma collaboration pour tout ce qui touche les
problèmes affectant l'est de Montréal, dont il est le
président du caucus régional. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. On vient de mettre fin, en tout cas à mon
point de vue, à une espèce de gouffre sans fond qui se creusait
ou à des écarts
extraordinaires qui devraient servir lorsqu'on aura à se
prononcer sur de nouvelles avenues de développement pour les
municipalités, pour qu'on retienne, de ce qu'on vient d'adopter, que le
législateur a peut-être la responsabilité de donner des
pouvoirs, mais qu'il a aussi la responsabilité de voir jusqu'où
peuvent aller ces pouvoirs-là et quels sont les désavantages
aussi que ça pourrait soulever. Je pense que, de ce
côté-là, bien sûr, on ne mettra pas le blâme
sur personne. Il y en a beaucoup qui pourraient être blâmés,
y compris ceux qui siègent à cette table. Mais seulement, ce
qu'on fait, on vient de le corriger. Je pense que c'est surtout au point de vue
des législateurs que je m'adresse. Quant à la ville d'Anjou,
c'est évident que, si ça peut lui permettre de mieux respirer et
de mieux voir l'avenir, on va s'en réjouir. J'espère que
ça va vous faire passer de meilleures fêtes, c'est le moins que je
puisse vous souhaiter, et vous dire, bien sûr, qu'on a été
heureux de concourir à l'adoption de ce projet de loi. Souhaitons-nous
bonne chance, la meilleure des chances!
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: Oui. Merci, Mme la Présidente. À
titre de parrain de ce projet de loi, d'abord, il me fait plaisir de remercier
les personnes qui ont participé à son adoption: M. le ministre
des Affaires municipales, ses collaborateurs, les membres de la commission du
côté gouvernemental, les gens de l'Opposition aussi. Je vais vous
dire pourquoi j'ai accepté de présider ce projet de loi,
n'étant pas le député de la ville d'Anjou. Non seulement
la grande amitié qui me lie avec M. le maire depuis de nombreuses
années a joué un rôle important dans mon acceptation, mais
je crois fermement, pour être dans l'est de Montréal depuis une
quinzaine d'années, que ce projet de loi était nécessaire
afin de mettre fin à une situation qui devenait de plus en plus
catastrophique pour les citoyens et les payeurs de taxes de la ville
d'Anjou.
En terminant, je tiens à féliciter non seulement M. le
maire, mais l'ensemble de son administration pour l'excellent travail qu'ils
font non seulement pour régler ce problème-là, mais aussi
comme maire de la ville qui est peut-être la locomotive du
développement de l'est de Montréal. On sait que la ville d'Anjou
est maintenant le vaisseau amiral des villes et des quartiers de l'est de
Montréal. Il est en plein développement et il attire beaucoup de
nouvelles industries, des bureaux, des tours de sièges sociaux, comme
Shell, Esso. Bientôt, M. le maire aura le grand plaisir, comme
coprésident d'un comité que je préside, d'assister
à l'arrivée de l'Hôtel-Dieu dans Anjou,
Rivière-des-Prairies. Merci, M. le maire, et merci mes chers
collègues.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Quirion: Oui, Mme la Présidente. Dans un premier temps,
je voudrais vous remercier et remercier infiniment les membres de cette
commission pour leur compréhension. Vous savez très bien qu'un
projet de loi comme celui-ci est absolument primordial pour la
municipalité d'Anjou. Je vous remercie infiniment. Je voudrais remercier
également M. Ryan pour sa collaboration dans ce dossier, que j'ai
appréciée énormément, et remercier aussi notre
parrain, M. Gobé, de même que tous les gens qui
m'accompagnent.
Laissez-moi vous dire également en terminant que la
présence de mon fils m'a sécurisé
énormément, Mme la Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Quirion: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous vous remercions,
M. le maire. Au nom du ministre, j'aimerais remercier et féliciter les
conseillers juridiques du ministère pour leur grande collaboration.
Avant de compléter et de suspendre pour quelques instants, j'aimerais
remettre à Richard Quirion junior une copie souvenir du projet de loi de
la ville d'Anjou, signée par la présidence.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprisée 11 h 53)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Alors, le mandat de la commission de l'aménagement et des
équipements est d'entendre les intéressés - s'il vous
plaît, à l'ordre! - et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
303, Loi concernant la ville de Saint-Hubert. Alors, je demanderais au parrain
de cette loi de bien vouloir faire ses remarques préliminaires, en
l'occurrence la députée de Vachon. Mme la députée
de Vachon.
Mme Pelchat: Si on est prêt à procéder, Mme
la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais
l'ordre, s'il vous plaît. Mme la députée Vachon.
Mme Pelchat: Merci, Mme la Présidente. J'ai des petites
notes explicatives et j'aimerais peut-être procéder à un
historique du projet de loi.
M. Dufour: Mme la Présidente, j'aimerais peut-être
soulever un point. On est en commission parlementaire puis j'aimerais que les
travaux se déroulent dans l'ordre et ne pas être
dérangé par les conversations.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai
demandé,
M. le député de Jonquière...
M. Dufour: II y a de la place en masse dans les passages pour
parler.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Je pense que les
gens qui sont ici sont ici parce qu'ils ont affaire au projet de loi 303.
Alors, je demanderais leur collaboration, s'il vous plaît. Mme la
députée de Vachon.
Projet de loi 303 Remarques
préliminaires
Mme Pelchat: Merci, Mme la Présidente. Je pense que le
brouhaha de la salle vous démontre bien l'importance du projet de loi
puisqu'on a le plaisir d'avoir avec nous plusieurs fonctionnaires
représentants plusieurs ministères: la Justice, le Revenu, les
Transports, qui sont en arrière et qui sont très soucieux de voir
à la bonne adoption de ce projet de loi.
Alors, Mme la Présidente, cette loi vise essentiellement à
donner à la ville de Saint-Hubert le pouvoir de remembrer les terrains
qui sont situés dans la zone agricole décrétée
comme telle en 1978, et ce, pour des fins de remise à l'agriculture. La
Loi sur la protection du territoire agricole, on se souviendra, a eu comme
conséquence de zoner vert 40 % du territoire de la ville de
Saint-Hubert. Le plus grave problème, Mme la Présidente, auquel
la ville de Saint-Hubert a eu à faire face suite au zonage, est qu'elle
s'est vue confrontée au morcellement de ses terrains. En effet, en 1978,
on comptait près de 10 000 propriétaires de lots,
c'est-à-dire 10 000 lots indivis, 3200 propriétaires
différents. Donc, vu l'impossibilité de revendre ces terrains
pour du développement urbain, la ville a dû, pour non-paiement de
taxes, reprendre la majeure partie de ces terrains. La ville, à l'heure
actuelle, est propriétaire de 46 % de la zone agricole.
Le gouvernement du Québec a eu, à plusieurs occasions,
à se pencher sur la problématique, je dirais, qui est assez
particulière à Saint-Hubert. On retrouve le même
problème dans d'autres municipalités mais sur une moins grande
échelle. Alors, depuis 1982, par le biais notamment du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation le gouvernement
s'est exprimé clairement surtout sur l'impossibilité de
soustraire les 2600 hectares à la loi sur le zonage agricole, a
livré le même message à la municipalité, a
insisté sur l'importance de travailler à la mise en valeur de ces
terres qui sont classées parmi les meilleures catégories de
terres cultivables. Il faut vous dire, Mme la Présidente, que ces terres
sont à peu près à 98 % classées sols 2 et 3, ce qui
constitue une valeur agricole importante.
Cette mise en valeur passe donc par le remembrement. Mais plus
important, Mme la Présidente, et je pense qu'il faut le souligner, cette
mise en valeur passe par un changement de mentalité des élus
municipaux quant au respect du principe de la conservation du patrimoine
agricole. Depuis 1985, depuis mon élection en décembre 1985, je
me suis attardée, avec la municipalité et les ministères
concernés à trouver une solution qui soit acceptable pour la
municipalité de Saint-Hubert, pour les différents
ministères, mais aussi pour l'Union des producteurs agricoles. Plusieurs
rencontres ont eu lieu depuis 1985 sur ce dossier et je ne vous cacherai pas ma
joie, aujourd'hui, d'en arriver à l'étude article par
article.
Mme la Présidente, je ne peux absolument pas passer sous silence
la compréhension et la grande volonté du ministre des Affaires
municipales, M. Ryan, face à la problématique de Saint-Hubert.
Dès son arrivée au poste de ministre des Affaires municipales, le
ministre a démontré une très grande ouverture d'esprit et,
je dirai, pour en faire parler quelques-uns, sa générosité
face au problème de Saint-Hubert et sa volonté rapide de
régler le problème. Je pense qu'il faut absolument le
souligner.
D'un projet de loi public présenté par un
député, nous en sommes maintenant à un projet de loi
privé qui a bénéficié de toute l'aide du ministre,
du ministère, des fonctionnaires des Affaires municipales et du cabinet
du ministre dans la personne d'Hélène Livernois. Là aussi,
je tiens à souligner son travail exceptionnel. Je tiens aussi à
souligner l'ouverture d'esprit du maire actuel de Saint-Hubert, Pierre D.
Girard, qui, dès son élection, a accepté de travailler sur
ce projet de loi en ayant en tête la mise en valeur des terres au niveau
agricole et, par le fait même, de cesser de demander au ministre de
l'Agriculture de soustraire la ville de Saint-Hubert à l'application de
la loi sur le zonage agricole et de rendre toutes ces terres-là vertes.
Alors, je pense que c'est un changement de mentalité de la part du maire
de Saint-Hubert qui vaut la peine d'être souligné.
Aussi, Mme la Présidente, il faut souligner la collaboration de
l'Union des producteurs agricoles de la région de Varennes qui est, sans
contredit, importante et essentielle dans l'adoption de cette loi, mais aussi
dans la mise en application de cette loi. Je fais miens les voeux de
Gaétan Bachand, président de la sous-région de Varennes,
à savoir que l'UPA de la région soit impliquée dans le
processus de mise en application de la loi, c'est-à-dire le remembrement
comme tel. Je pense que ça ne pose pas de problème au niveau de
la municipalité.
En terminant, Mme la Présidente, j'aimerais souligner la
présence de la députée de Marie-Victorin, Mme Vermette,
qui vient manifester sa solidarité "rive-sudoise", et je
l'apprécie grandement.
Alors, Mme la Présidente, en terminant, je vais vous
présenter les gens qui sont assis à la
table pour la ville de Saint-Hubert: d'abord, M. Pierre D. Girard, qui
est maire; M. Yvan Grenier, à sa gauche, directeur
général, et Me Delorme, qui, vraiment, n'a plus besoin de
présentation puisqu'il est ici presque à toutes les semaines pour
représenter les municipalités. Alors, voilà, Mme la
Présidente, c'étaient mes propos préliminaires. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, Mme la
députée de Vachon. Moi, j'aimerais faire un petit commentaire sur
la députée de Vachon. Je peux vous dire que c'est depuis 1985
qu'elle travaille ce dossier-là, je pense que c'est...
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente, ne rajoutez pas
aux compliments, là.
Une voix: Trop, c'est trop.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que Mme la
députée de Vachon mérite beaucoup de
félicitations.
Mme Vermette: C'est dommage, on ne peut pas applaudir.
La Présidente (Mme Bélanger): On devrait même
l'applaudir parce que moi, je...
Mme Vermette: J'ai dit que c'est dommage, on ne peut pas
applaudir.
Mme Pelchat: On va attendre qu'il soit adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Ceci étant
dit, M. le maire, vous avez la parole.
Auditions Ville de Saint-Hubert
M. Girard (Pierre D.): Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés
membres de la commission, il me fait extrêmement plaisir, au nom de la
ville de Saint-Hubert, de vous présenter aujourd'hui le projet de loi
303 concernant le remembrement de nos terres agricoles. J'aimerais
immédiatement, Mme la Présidente, si vous me le permettez,
déposer ou, du moins, remettre aux membres de la commission des
statistiques et une carte de la ville de Saint-Hubert pour qu'ils puissent
suivre une partie de mon exposé.
Dépôt de documents
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous allons
accepter le dépôt. M. le maire, à la demande du ministre,
étant donné que c'est assez complexe, l'explication sur le
dépôt des cartes, peut-être que pour laisser libre cours aux
discussions, si vous voulez, on pourrait suspendre pour que vous expliquiez les
cartes avant de faire votre exposé.
M. Girard: Comme vous voulez.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
va suspendre ses travaux. Je pense que les membres de la commission peuvent se
diriger vers la carte maltresse et entendre les explications de M. le maire,
pour la meilleure compréhension des membres.
M. Girard: rapidement, je peux peut-être le faire d'ici, si
vous avez... d'abord, il s'agit de prendre connaissance de la carte qui est
ici, à ma gauche...
Une voix: C'est suspendu.
M. Ryan: je pense que c'est mieux de suspendre quelques minutes;
on va s'approcher là-bas, vous allez nous expliquer ça puis
l'enregistrement ne sera pas obligatoire.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
(Reprise à 12 h 9)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Après vos
explications techniques, je vous demanderais de continuer, M. le maire.
M. Girard: Merci, Mme la Présidente. Comme l'a
mentionné Mme Pelchat, lorsque je suis devenu maire en 1988, à
Saint-Hubert, j'ai constaté l'importance du problème de nos
terres agricoles abandonnées. La plupart des citoyens pouvaient s'en
rendre compte parce que ça faisait déjà des dizaines
d'années que c'était abandonné. Mais je pense que, plus
loin que ça, nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un potentiel
important.
D'abord, la ville de Saint-Hubert, comme toute autre ville, n'avait pas
le pouvoir de louer ces terres-là. Il y avait aussi l'obstacle du
morcellement. Et, contrairement à mes prédécesseurs qui
ont toujours cherché à dézoner - ce qui aurait
amené une autre vague, éventuellement, de spéculation - ou
à quémander des sommes d'argent en retour, j'ai envisagé
la possibilité de revitaliser le secteur agricole.
Si, en 1988, le Québec a pu réussir, par la Loi sur la
protection du territoire agricole, à conserver les bonnes terres comme
celles de Saint-Hubert, je pense qu'il faut maintenant passer à une
étape suivante, soit le remembre-
ment de nos terres agricoles et leur revitalisation. La ville de
Saint-Hubert, qui a une population de 73 000 citoyens, est une ville en pleine
croissance économique et démographique. Nous sommes maintenant
rendus la dixième ville au Québec. Il y a trois ans, lorsque je
suis devenu maire, nous étions la treizième ville.
Cependant, suite aux études que nous avons fait effectuer depuis
deux ans, nous pouvons confirmer que la zone blanche actuelle est suffisante
pour un développement urbain planifié d'au moins 20 ans, incluant
la construction domiciliaire et aussi la création de parcs industriels
actuels ou futurs. La municipalité étant le principal
propriétaire de ces terres vous démontre aujourd'hui son
intérêt pour remettre à l'agriculture ces terres qui sont
classées, comme Mme Pelchat le disait, à 98 %, 2 et 3 et
même, je dirais, à 75 %, classe 2. Quant au reste des 2 %, c'est
un peu de terre organique et quelques terres classe 4.
Donc, nous avons fait préparer un plan d'aménagement. Vous
avez une carte, que je vous ai remise, qui démontre, par la couleur
jaune, qu'un territoire immense, des millions de pieds carrés sont
abandonnés, en friche et pourraient être remis à
l'agriculture, comme dans certains territoires où certains producteurs
ont continué à cultiver. Vous avez en particulier, entre le
chemin de Chambly et la ville de Saint-Bruno, des territoires colorés en
bleu qui permettent de voir que certains producteurs ont continué la
production de blé, de fruits, comme les fraises, de fleurs; certains
producteurs ont même des serres. Il est possible de ramener ces terres
à l'agriculture, mais en ayant des pouvoirs pour la municipalité,
de façon spécifique.
Donc, j'aimerais vous présenter certaines statistiques que je
vous ai remises. D'abord, la zone agricole de Saint-Hubert représente 40
% de notre territoire, soit 283 000 000 de pieds carrés. De cette
superficie, 52 % est en friche, soit 146 000 000 de pieds carrés. La
zone à l'est de l'autoroute 30, qui fait l'objet du plan que vous avez
entre les mains, quant à elle, est à 62 % en friche. Au point
3°, on voit la superficie, en pourcentage, de la zone agricole appartenant
à la ville. Pour l'ensemble de la zone agricole, nous avons 42 % du
territoire. Pour la partie à l'est de l'autoroute 30 qui est la partie
que nous désirons remettre à l'agriculture le plus rapidement
possible, nous avons la propriété de 53 % du territoire.
Je vous ai remis d'autres statistiques qui sont en pages 2 et 3, qui
vous donnent le nombre d'unités d'évaluation dans cette zone
agricole, soit 4106 unités d'évaluation - ce qui indique le
morcellement - et le pourcentage d'unités d'évaluation
appartenant à des propriétaires ne résidant pas au Canada,
soit 25 %.
Vous avez aussi la superficie et le pourcentage du territoire agricole
situé à l'est de l'autoroute 30, soit 68 % de la zone, et le
pourcentage des terres en classement, catégories 2 et 3. Je vous ai
remis aussi des statistiques concernant la superficie et le pourcentage de la
zone agricole appartenant à la ville après l'acquisition des rues
non cédées, ce qui fait l'objet de notre demande, soit 46 %.
Je pense que, par le projet de loi et par la demande que nous faisons,
on vous démontre l'intérêt d'un tel remembrement, soit de
nous permettre de revendre des terres qui ont été
abandonnées. C'est certain que c'est nouveau, c'est peut-être
même un peu révolutionnaire jusqu'à un certain point parce
qu'on va plus loin que d'autres demandes qui ont déjà
été faites, mais ça peut permettre à la
municipalité d'aller remettre dans le circuit ou du moins dans le
système économique des terres qui sont, je pense, indispensables
au Québec au niveau de l'agriculture.
J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier tous les gens qui ont
collaboré à ce projet; d'abord, Mme Pelchat qui, par son appui et
sa collaboration - quant à moi, depuis que je suis maire, mais pour la
ville, depuis qu'elle est députée - à cherché une
solution à ce problème, ainsi que tous les ministres successifs
aux ministères concernés de l'Agriculture et des Affaires
municipales et les fonctionnaires de ces ministères qui nous ont
aidés à élaborer ce projet. (12 h 15)
Je souligne aussi l'apport des membres de l'UPA, de l'Union des
producteurs agricoles, en particulier du président local, M. Bachand, et
aussi des représentants au niveau régional qui nous ont permis,
par leur compétence, leurs avis, de bonifier le projet mais surtout de
nous faire voir la dimension pratique du producteur agricole. Aussi, je rajoute
que nos rencontres avec les représentants de l'Opposition se sont
passées dans un climat, un esprit positif de concertation, ce qui nous a
beaucoup aidés. Je suis à votre disposition pour les questions,
les commentaires s'il y a lieu.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le maire.
M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je serai très bref. Je
veux d'abord exprimer mon appréciation à l'endroit de la
députée pour le leadership qu'elle a démontré dans
ce dossier. Nous en parlons depuis déjà le tout début de
mon mandat à la tête du ministère des Affaires municipales.
J'avais eu le plaisir de rencontrer M. le maire également pour en parler
il y a déjà plusieurs mois.
Nous étions bien résolus, après avoir
apporté une solution au problème qui se posait à
Saint-Basile, d'apporter également une solution au problème de
Saint-Hubert. La situation n'était pas du tout la même dans les
deux villes; on ne pouvait pas apporter exactement la même solu-
tion. Les députés se souviennent que, dans le cas de
Saint-Basile, nous avons apporté une solution qui était
appropriée, c'était une sorte de prise de possession par la ville
des terrains sur lesquels les taxes restaient impayées. On a
simplifié les procédures de manière que la ville puisse
procéder à la prise de possession des terrains et, ensuite,
à leur orientation vers de nouvelles vocations. Au bout d'un certain
temps, on a fixé des limites beaucoup plus brèves que celles qui
auraient été prévues dans le cours normal des choses pour
que les différentes phases d'une opération de cette nature
puissent être complétées. Les choses semblent marcher
très bien puisque j'en ai eu très peu d'échos depuis ce
temps-là.
Mais il est évident que la solution retenue dans le cas de
Saint-Basile ne pouvait pas valoir pour le cas de Saint-Hubert étant
donné le caractère très différent de la situation.
C'est pourquoi nous avons choisi, dans le cas de Saint-Hubert, une solution
dont nous pourrons examiner la nature en cours de route mais qui va permettre
d'atteindre les buts envisagés dans le respect des droits fondamentaux
des personnes physiques ou morales concernées.
En même temps, dans le souci du bien général bien
compris, c'est évident qu'avec la situation que nous avons, qui
dérive d'actions faites par le passé, qui remontent
jusqu'à 25 ans en arrière, la ville de Saint-Hubert est
paralysée. Nous avons eu l'exposé par le maire tantôt des
données géographiques du problème. On ne peut pas
condamner une ville à fonctionner indéfiniment dans des
conditions comme celles-là. C'est sûr que le bien
général de la ville prend le dessus, à ce
moment-là, sur certaines considérations individuelles.
Une chose m'avait frappé à l'examen du dossier, c'est que
chez ces propriétaires, que j'appellerais absents, de terrains, qui
constituent peut-être au-delà du quart des propriétaires
sur la superficie que nous allons examiner, il s'en trouve qui sont
répartis dans à peu près tous les continents. Ça
fait qu'obliger à procéder par les voies ordinaires de
l'expropriation pour rejoindre des gens qui, par centaines, sont
répartis en Amérique du Sud, en Europe, en Asie - il y en a
beaucoup en Asie également; ce n'est pas étonnant parce qu'ils
ont fait une pénétration très importante au cours du
dernier quart de siècle du côté de l'Amérique -
évidemment, c'est vraiment condamner une municipalité à
faire des dépenses illimitées avec des délais absolument
déraisonnables.
Lorsque le respect de droits particuliers entraîne des
conséquences abusives pour le bien général, il appartient
au législateur de chercher des moyens de régler le
problème. On s'était dit qu'on était pour le
régler, et, si nous arrivons aujourd'hui avec un projet de loi qui me
semble fort convenable, c'est d'abord dû à l'excellent travail
accompli par les services juridiques du ministère des Affaires
municipales, à l'excellente collaboration qu'ils ont trouvée du
côté des procureurs de la ville de Saint-Hubert, également,
et à la collaboration des nombreux ministères dont l'intervention
était également requise dans ce dossier. Je pense en particulier
au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
et au ministère de la Justice, aux ministères des Transports, de
l'Énergie et des Ressources et du Revenu. Alors, ça donne une
idée de l'ampleur de l'opération. Il y a seulement les
résultats qui vont paraître à la surface ici.
Je peux vous assurer que des consultations très exigeantes ont eu
lieu - je m'excuse de le dire encore une fois à l'intention du
député de Jonquière - jusqu'à la dernière
heure. On pensait que tout était ficelé il y a deux semaines;
tout semblait être raisonnablement correct. À un moment
donné, il y a un expert qui regarde ça; il n'aime pas tel terme.
Il y en a un autre qui dit: Si vous maintenez telle expression, ça
pourrait entraîner telle conséquence. Et on n'a pas encore entendu
le député de Dubuc.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: On est toujours ouverts. Tant que le coup de minuit
n'est pas arrivé, il y a toujours moyen d'améliorer un projet et
nous n'avons aucune espèce de scrupule à chercher à le
faire jusqu'à la toute dernière minute. Mais, comme je l'ai dit
très souvent à la Chambre et en commission, nous sommes là
pour agir et non pas pour délibérer indéfiniment. Il faut
délibérer avant d'agir, mais, une fois qu'on a
délibéré correctement et consciencieusement, il faut agir
puis il faut mettre fin aux excès de langage ou de paroles qui peuvent
parfois être notre tentation propre, a nous autres, les parlementaires.
Je pense que nous sommes arrivés dans ce dossier au stade des
conclusions pratiques et, ces conclusions étant définies dans le
projet de loi 303, je pense que nous pourrons en aborder l'examen très
bientôt.
Essentiellement, le projet de loi vise à donner à la ville
de Saint-Hubert le pouvoir de procéder par règlement au
remembrement des terrains dont a parlé tantôt, dans son
exposé liminaire, le maire de Saint-Hubert. Nous voulons qu'elle puisse
procéder à ce remembrement moyennant des procédures qui
respectent les droits fondamentaux des personnes mais qui, évidemment,
font exception à beaucoup de délais qui sont prescrits dans le
cours normal des choses. Ça, c'est l'objet même du projet de loi.
Par conséquent, il n'y a pas lieu de s'en formaliser. On ne serait pas
ici pour en discuter si on n'avait pas consenti à l'avance à ces
clauses qui sont de nature exceptionnelle étant donné la nature
exceptionnelle du problème.
La ville pourra, en plus de devenir propriétaire d'un terrain,
proposer en échange un autre terrain au propriétaire de ce
terrain-là ou encore
une compensation monétaire. En l'absence d'entente sur la
compensation monétaire, une juste compensation, il pourra y avoir
recours à la Chambre d'expropriation de la Cour du Québec, de
manière que les deux parties puissent soumettre leur point de vue
à ce tribunal. Ensuite, les effets d'un remembrement, évidemment,
seront ceux qu'on peut prévoir. Les obligations qui pesaient sur un
immeuble seront transférées - s'il y a un échange
d'immeubles - sur l'autre immeuble, de manière qu'elles n'aillent pas se
perdre dans la nuit des temps aux dépens des détenteurs de ces
créances. C'est tout à fait équitable d'agir ainsi. Je
pense que le contraire eût été assez renversant.
Ensuite, il y a des dispositions qui respectent et maintiennent
l'autorité du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation en tout ce qui touche la vocation agricole. Un grand nombre
d'immeubles feront l'objet de transactions. Je pense que le pouvoir que la loi
générale sur le zonage agricole accorde au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est
intégralement préservé dans les dispositions que contient
le projet de loi.
Voilà, pour l'essentiel, un projet de loi qui permettra de mettre
fin à cet échiquier extrêmement bigarré qui
empêche le développement de ce territoire, autant pour les fins
agricoles que pour d'autres fins. On respectera les grandes vocations qui
avaient été prévues dans le schéma
d'aménagement de la MRC et dans le plan de développement de la
ville de Saint-Hubert, mais la ville aura la liberté d'agir non
seulement pour se porter propriétaire de certains immeubles et en
disposer, mais aussi pour s'en porter propriétaire et les louer au
besoin. Si une transaction ne pouvait pas être faite
immédiatement, elle pourra procéder à la location de ces
immeubles aux conditions qu'elle déterminera, pour des fins,
évidemment, qui devront, là où c'est zone agricole,
recevoir l'approbation du ministre de l'Agriculture.
Voilà, Mme la Présidente, l'essentiel de ce projet de loi.
Nous sommes disposés à en aborder l'examen dès que
l'Opposition sera prête à le faire et, encore une fois, je me
réjouis de la collaboration, à laquelle a donné lieu la
préparation du projet de loi, entre la ville de Saint-Hubert et le
ministère des Affaires municipales, entre ces deux intervenants et les
nombreux autres intervenants publics qui étaient concernés par
certaines dispositions du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière. Je m'excuse.
M. Ryan: Je n'ai pas mentionné le ministère des
Affaires internationales tantôt. Je veux ajouter ce ministère
à la liste de ceux qu'intéresse le projet de loi, qui sont
représentés ici, je pense, ce matin. Étant donné
qu'au-delà de 25 % des propriétaires des immeubles dont nous
parlons sont des personnes qui résident à l'extérieur du
Québec, il faut bien s'assurer de la répercussion que peut avoir
une mesure comme celle-ci auprès des personnes qui vivent à
l'étranger, du pouvoir de diffusion que peut représenter la
réaction de ces gens au point de vue de l'image du Québec. Alors,
le ministère des Affaires internationales a été
associé également aux délibérations qui ont
entraîné la mise au point du projet.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, d'abord, des mots de bienvenue pour les
représentants de la ville de Saint-Hubert et principalement pour son
maire, et leur dire qu'effectivement ça fait quelques mois, sinon
quelques années, qu'on entend parler de ce projet de loi. C'est
évident que, quand un projet de loi arrive ici, surtout quand ce sont
des projets de loi privés, il faut qu'il y ait un certain cheminement
avant qu'on puisse en avoir les tenants et les aboutissants. C'est
évident que le problème qui nous est démontré ou
qu'on peut voir par les dessins ou par les cartes, c'est un problème
réel qui affecte des terres qui ont fait l'objet de spéculation
dans plusieurs municipalités au Québec. La ville de Saint-Hubert
est probablement une des villes qui a été le plus durement
touchée, et ça empêche certaines actions du conseil
municipal.
Mais, tout de même, je pense qu'il y a un élément
important que je veux souligner. Lorsque le gouvernement du Québec a
adopté la loi du zonage agricole, je me souviens de toutes les batailles
- puisque j'étais du côté des municipalités, des
villes, dans le temps - ou des discussions que ça avait suscité
entre le zonage agricole, l'UPA et les municipalités. On voulait bien
voir dans les municipalités les ogres, les mangeurs de terres, les gens
qui étaient presque en guerre ouverte avec les cultivateurs.
Je pense que ce qu'on peut retenir actuellement, c'est qu'il y a une
conciliation qui se fait certainement dans le temps; ou on a voulu parler de
l'apocalypse quand ce n'était pas vrai. Je pense que le maire de
Saint-Hubert nous démontre hors de tout doute que, même en
étant un maire de ville - en opposition à un maire de campagne,
au rural - il sent le besoin, tout de même, de conserver les terres. Je
pense que c'est très louable. J'espère que cet exemple qui nous
est donné par la ville de Saint-Hubert va faire boule de neige et va
démontrer, d'abord à l'UPA, qu'il y a des maires, même de
villes, qui ont aussi à coeur l'intérêt de l'agriculture;
ça me semble extrêmement important et intéressant. Si on
peut concilier ces mondes-là, c'est déjà quelque chose
parce qu'ils sont condamnés à vivre les uns à
côté des autres ou ensemble. Je me réjouis de ce
fait-là. Je suis sûr que le
président de la commission, qui est absent pour des raisons
professionnelles, bien sûr, serait réjoui d'entendre le discours
du maire de Saint-Hubert pour la protection du territoire agricole. Vous savez
comment ça lui tenait à coeur. Donc, je suis convaincu qu'il
aurait apprécié ce point de vue là.
Quant à la position... Là, je vais tomber un peu sur le
bord politique parce que le ministre en a fait quelque peu. De temps en temps
il faut se le rappeler, c'est notre raison d'être, d'un côté
comme de l'autre. C'est évident que ce qu'on voit par rapport à
ce projet de loi, c'est qu'on a apporté des amendements même
à la dernière minute. Moi, je considère qu'un projet de
loi n'est jamais suffisamment beau pour être présenté.
C'est comme quelqu'un qui dit: Moi, j'ai fait un enfant, et c'est l'oeuvre
parfaite. Il n'est pas parfait, il est perfectible. C'est pareil pour un projet
de loi. Si on avait décidé qu'on le présentait avant, je
suis convaincu que les fonctionnaires en auraient trouvé le moyen.
Même, on le présente et, malgré tous les
éléments, je n'ai pas encore l'assurance qu'il n'y aura pas
d'autres amendements en cours de route; ce qui veut dire que c'est toujours
possible de faire quelque chose. Je ne pense pas que le ministre devrait se
servir du fait qu'on a encore des amendements à la dernière
minute, qui sont possibles et qui se font, effectivement. C'est très
rare qu'un projet de loi n'ait pas de papillons ou de correctifs en cours de
route. À ce moment-là, je pense bien qu'on ne peut pas s'appuyer
là-dessus pour dire: Bien, voilà pourquoi on a attendu la
dernière minute pour présenter le projet de loi et l'appeler
devant la commission parlementaire.
Donc, pour moi, bien sûr qu'on peut s'appuyer là-dessus.
Mettons que je concéderais que c'était vrai pour la ville de
Saint-Hubert. Je suis loin d'accepter qu'on l'ait concédé pour la
ville de Montréal, la ville de Québec et la ville d'Anjou. On
aurait pu l'étudier bien avant. Je sais qu'il y a peut-être une
trentaine d'amendements pour ce projet de loi, peut-être plus. C'est
évident que, pour celui-là, on aurait peut-être pu le
concéder au ministre et dire: Bien, effectivement, on peut apporter des
amendements jusqu'à la fin. Mais, pour les autres, je ne suis pas
convaincu. Non seulement je ne suis pas convaincu, mais je donne
carrément l'assurance qu'on aurait pu le faire avant.
Ceci étant dit, c'est évident aussi qu'on va
étudier le projet de la ville de Saint-Hubert avec toute l'ouverture
d'esprit possible pour qu'on puisse passer à travers, mais, là,
il est midi et demi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, avec le
consentement, M. le ministre aimerait dire un mot et peut-être distribuer
les amendements parce que, effectivement, il y a des amendements.
M. Ryan: Mme la Présidente, je voudrais justement saisir
les députés des amendements qui seront présentés
à la commission pour examen. Je m'excuse de devoir mentionner qu'il y en
a 40, mais un grand nombre de ces amendements sont des amendements de forme. Il
ne faut pas s'énerver avec ça. Vous allez voir qu'à un
grand nombre d'endroits on remplace le mot "terrain" par le mot "immeuble", des
choses comme celle-là. Mais je vous dirai une chose en terminant, ces
amendements m'ont été remis, à mol-même, hier soir
à 11 h 45. Je n'adresse de reproche à personne, encore une fois.
Au contraire, je félicite les collaborateurs d'avoir travaillé
jusqu'à la fin au perfectionnement du produit. On peut toujours
souhaiter que ça ait été fait une semaine avant, mais ils
ont travaillé dans des conditions qui étaient exigeantes. Je
crois que le fait qu'on puisse arriver maintenant, si on peut s'entendre...
Vous allez avoir l'occasion de les examiner un petit peu avant notre
séance de cet après-midi. Nous autres, nous serons disponibles
pour toutes les explications nécessaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je vous
remercie, M. le ministre. La commission suspend ses travaux. On ne peut pas
donner d'horaire fixe. Ça va être suite a l'avis, après les
affaires courantes en Chambre et dépendamment du déroulement.
Alors, surveillez la télévision. Quand ils vont donner les avis,
ça va être l'heure qui va être indiquée après
les avis, à peu près vers 15 heures, peut-être 16 heures.
La commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 16 h 2)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est d'entendre les intéressés et de
procéder à l'étude détaillée de projets de
loi d'intérêt privé; le projet de loi 303, Loi concernant
la ville de Saint-Hubert. Alors, au moment de la suspension des travaux, je
pense que nous étions à appeler l'article 1.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous aviez
complété votre intervention.
Étude détaillée Règlement
portant remembrement
À l'article 1, il y a un amendement qui se lit comme suit:
L'article 1 du projet de loi est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne, du mot "terrains" par le mot "immeubles".
Est-ce que l'amendement est adopté? L'amendement est
adopté. M. le ministre, est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article
1? L'amendement est adopté.
M. Ryan: L'article 1 définit en termes assez
généraux encore l'objectif fondamental du projet de loi, qui est
d'habiliter la ville de Saint-Hubert à remembrer des terrains compris
dans le territoire qui nous a été décrit au début
de la séance de ce matin, qui est décrit en annexe au projet de
loi, et elle peut le faire par règlement. Je pense que c'est l'objet de
cet article qui est très clair et écrit dans une langue
qu'à peu près tout le monde peut comprendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez
des commentaires, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Juste une petite question. Les terrains décrits
en annexe, c'est bien ce qu'il y a dans le vert? Et ça comprend les
terrains qui sont cultivés aussi?
M. Girard: Oui. M. Dufour: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 1
est adopté. L'article 1, tel qu'amendé, est adopté.
J'appelle l'article 2. Il y a aussi un amendement.
L'article 2 du projet de loi est modifié par le remplacement,
dans la deuxième ligne, du mot 'terrains" par le mot "immeubles".
L'amendement est adopté?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 2,
M. le ministre.
M. Ryan: L'article 2 stipule que tout règlement
adopté sous l'empire de l'article 1 doit décrire les immeubles
compris dans le périmètre de remembrement et indiquer le nom du
propriétaire de chaque immeuble.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: est-ce que ça serait possible qu'il y ait des
terrains qui n'auraient pas de propriétaire ou dont on n'en
connaîtrait pas le nom? est-ce que c'est possible?
M. Girard: Non. Tous les terrains, nous en connaissons les
propriétaires.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 2,
tel qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 3. À
l'article 3, il y a une modification.
L'article 3 du projet de loi est remplacé par le suivant: "Le
règlement ne peut être adopté à moins que copie du
projet de règlement n'ait été expédiée par
la ville, depuis au moins 30 jours, par courrier certifié ou
recommandé, à chacun des propriétaires des immeubles qu'il
est proposé de remembrer."
Vous n'avez pas le même amendement?
M. Dufour: Non, lui, il ne l'a pas. Moi, je l'ai.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon!
M. Ryan: Ici, tout simplement, Mme la Présidente, c'est
pratiquement le même texte que nous avions dans le projet original, sauf
que nous enlevons les mots "indiquée au rôle d'évaluation
en regard du nom de". On enlève ces mots-là et ça sera
adressé par courrier certifié ou recommandé à
chacun des propriétaires d'immeubles qu'il est proposé de
remembrer. On remplace le mot "terrains" par le mot "immeubles" partout dans le
projet de loi. Il n'y a pas autre chose là-dedans, à ma
connaissance.
M. Dufour: Est-ce que les 30 jours commencent à partir de
la date d'expédition ou de la date de réception?
M. Ryan: C'est la date d'expédition, de toute
évidence.
M. Dufour: Comme il y a des gens qui sont susceptibles
d'être à l'extérieur du pays ou autrement...
M. Ryan: ii y aura une autre clause plus loin qui donnera
à une personne la faculté, le droit de réagir. on lui
donnait 60 jours puis on va l'étendre à 90 jours. vous verrez
ça plus loin. si vous voulez qu'on garde celui-ci en suspens, je n'ai
pas d'objection. ça viendra à l'article 11.
M. Dufour: Pas de chinoiseries, parce que même le premier
article fait référence à l'annexe puis l'annexe n'est pas
adoptée. Ça fait que...
M. Ryan: Très bien.
M. Dufour: ...on n'a pas l'habitude de se piler sur les pieds
pour ça.
M. Ryan: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on suspend
3?
M. Ryan: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Non? M. Ryan:
Je pense qu'on peut l'adopter.
La Présidente (Mme Bélanger): On peut
l'adopter.
M. Ryan: On peut l'adopter, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté. L'article 3, tel qu'amendé, est adopté.
J'appelle l'article 4. M. le ministre.
M. Dufour: Oups! Il n'y a pas d'amendement. Surprise!
M. Ryan: L'article 4 confirme ce que j'ai dit ce matin à
au moins une couple de reprises, c'est que le règlement adopté
par la ville de Saint-Hubert en vertu de l'article 1 doit être soumis
à l'approbation du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Je souligne, Mme la Présidente, la clarté de l'ensemble du
texte. Quand on pense qu'on traite d'un sujet extrêmement difficile,
qu'on soit arrivé à une clarté semblable qui est en
même temps porteuse d'une très grande précision, je pense
que c'est un témoignage aux juristes qui ont travaillé ce texte,
autant du côté de la ville de Saint-Hubert que du ministère
et de mon cabinet. Je pense qu'il y a une collaboration formidable qui a permis
de décrire en termes clairs, simples, relativement accessibles, ce qu'on
essaie de faire. Et je veux le souligner avec beaucoup de satisfaction.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière, est-ce qu'il y a des
questions?
M. Dufour: Pas de question.
La Présidente (Mme Bélanger): Pas de question.
Alors, l'article 4 est adopté. J'appelle l'article 5. Il y a un
amendement.
L'article 5 du projet de loi est modifié par le remplacement,
à la seconde ligne du troisième alinéa, du nombre "30" par
le nombre "60".
M. Ryan: Alors, cette modification, Mme la Présidente, a
pour objet justement de donner au propriétaire d'un immeuble visé
par un règlement une période un peu plus longue en ce qui touche
l'interdiction d'enregistrer un acte ou de déposer un plan au bureau
d'enregistrement. Ça lui donne un petit peu plus de latitude. Ça
donne une protection plus grande à tout le monde.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Mais, comme on dit que ça ne peut
excéder 60 jours, ça veut dire que ça peut être
moins long. Ça ne rallonge pas automatiquement la durée.
M. Ryan: Oui, mais justement...
M. Dufour: Ça permet à la ville d'allonger le
délai mais ça ne le circonscrit pas moins.
M. Ryan: Mais c'est seulement une interdiction d'enregistrer un
acte. Le danger serait que la ville étire ça indéfiniment
dans son règlement. Mais elle ne pourra pas le mettre au-delà de
60 jours.
M. Dufour: Oui, mais elle demandait 30 jours.
M. Ryan: Oui, mais justement...
M. Dufour: Puis, là, vous rajoutez 30 autres jours. 60
jours. Donc, la ville peut l'étirer plus.
M. Ryan: 60 jours, ça ne nous apparaît pas excessif.
Ces transactions-là, vous savez que ça ne se règle pas
dans deux, trois jours, hein?
M. Dufour: Oui, je comprends. Excepté que ça ne
raccourcit pas les délais, c'est de nature à les allonger.
Ça ne correspond pas nécessairement à ce que vous m'avez
dit.
M. Delorme: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le maire. Ah!
M. le procureur...
M. Delorme: Delorme.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Delorme.
M. Delorme: Pour répondre à la question qui est
soumise maintenant, c'est qu'effectivement la demande de reporter le
délai de 30 à 60 jours a été initiée par la
ville de Saint-Hubert. C'est que, pour permettre de mettre en place, en fait,
tous les titres de propriété qui concernent les plans, qui
concernent les échanges qui sont prévus par cette loi-là,
on a prévu, comme on le retrouve dans la loi, notamment, sur la
réforme cadastrale, qu'il doit y avoir une certaine période au
cours de laquelle il ne peut y avoir aucun enregistrement. Et ce qui a
été évoqué chez nous, c'est que le délai
initial de 30 jours ne serait pas suffisant et on a demandé, en
conséquence, d'examiner la possibilité de reporter à 60
jours. Et, après examen, il y a une recommandation favorable qui nous a
été faite par, notamment, le ministère de la Justice.
M. Dufour: Qu'est-ce qui pourrait se passer le temps que
l'interdiction dure? Qu'est-ce qu'on protège à travers
ça?
M. Delorme: Ce qu'on protège, c'est la mise en application
de la loi. Ce qui va se produire - et on le verra par la suite, parce qu'il y a
des dispositions relatives à la période d'interdiction - c'est
qu'à un moment donné il y a un transfert de titres qui va
s'opérer d'un immeuble à l'autre, un transfert de droit
réel qui va s'opérer d'un immeuble à l'autre. Donc,
l'immeuble va être offert en contrepartie par la ville versus le premier
immeuble qui, lui, est pris par la ville aux fins de remembrement. On doit
admettre qu'on n'est pas capable de dire: Est-ce qu'un délai de 60 jours
sera requis? On n'est pas capable de dire ça. On s'est rendu compte,
cependant, qu'il se pouvait fort bien que le délai de 30 jours soit
insuffisant pour accomplir ce qui doit être fait compte tenu du nombre
d'intervenants qui pourraient être au dossier.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va?
M. Dufour: Mais supposons qu'il y ait une transaction en cours.
Ça veut dire qu'au moment où la ville va faire son
règlement ou va faire son affichage ça vient de couper cette
transaction-là, potentiellement.
M. Deiorme: Elle ne peut pas être enregistrée, puis
elle va être enregistrée sur le nouvel immeuble.
M. Dufour: Ça la rend inopérante.
M. Girard: Ça n'arrête pas la transaction
possible.
Une voix: Non.
M. Girard: La transaction peut continuer à se faire sauf
que, pour les fins pratiques de l'application du règlement,
l'enregistrement ne se fera pas sur ce lot-là, mais,
éventuellement, quand le délai sera terminé, il pourra
être fait sur le lot suivant, le lot qui aura servi d'échange.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement à l'article 5 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 5, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Réalisation d'un remembrement
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article 6. Il y
a une modification à l'article 6. L'article 6 du projet de loi est
modifié: 1° par le remplacement, dans la deuxième ligne du
premier alinéa, du mot "terrain" par le mot "immeuble"; 2° par le
remplacement, dans les première et deuxième lignes du
deuxième alinéa, des mots "terrain ou un droit réel
immobilier qu'elle possède" par les mots "immeuble dont elle est
propriétaire"; 3° par le remplacement, dans la troisième
ligne du deuxième alinéa, des mots "du droit" par les mots "de
l'immeuble"; 4° par le remplacement, dans la troisième ligne du
troisième alinéa, des mots "terrain ou d'un droit réel
immobilier" par le mot "immeuble".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, à
l'article 6, M. le ministre, est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Ryan: Sur les amendements?
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté.
M. Ryan: L'amendement est adopté. Si nous en venons au
texte lui-même, ici, on a les deux possibilités qui sont ouvertes:
la possibilité d'acquisition à l'amiable par la voie d'une
transaction régulière et la possibilité d'une acquisition
par expropriation en vertu de modalités qui seront
précisées plus loin.
Il y a également la possibilité pour la
municipalité d'offrir au propriétaire, en échange, une
somme d'argent ou un immeuble; un immeuble dont la ville est
propriétaire. Ça fait partie du plan de remembrement. Il peut
arriver qu'elle veuille regrouper les terrains d'une partie de cette grande
zone pour favoriser l'exercice homogène de l'agriculture et qu'elle
dise: On achète ce terrain-ci, mais, vous autres, en retour, on vous
offre un terrain de valeur équivalente ou on paiera la différence
en argent dans une autre section de la zone. Je pense que ça fait partie
de la philosophie même du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Dufour: Ça va. Juste une petite remarque:
"l'échange pur et simple"...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 6
est adopté tel qu'amendé.
M. Dufour: ...je ne savais pas que c'était un terme
légal.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Je ne savais pas que c'était un terme
légal, "pur et simple".
M. Ryan: Ils n'ont pas coutume d'être purs et simples.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Un échange là, hein? Ça ne me
semble pas.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 6, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 7. Il y a aussi une
modification à l'article 7.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 7 du projet
de loi est remplacé par le suivant: "Un immeuble faisant l'objet d'un
remembrement s'évalue à la date de l'envoi de l'avis prévu
à l'article 10."
Est-ce qu'il y a des explications sur l'amendement, M. le ministre?
M. Ryan: C'est pour éviter toute spéculation
pouvant découler d'un retard ou toute plus-value artificielle.
Dès que l'avis est envoyé, c'est l'évaluation au jour de
l'avis qui compte et non pas au jour de la transaction qui pourrait venir, des
fois, six mois ou un an après, on ne sait pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 7, tel qu'amendé, est adopté?
(16 h 15)
M. Dufour: Adopté.
M. Ryan: II a été remplacé, purement et
simplement.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (mme
bélanger): non, mais
ça ne fait rien. c'est comme ça. c'est les termes de l'adoption
quand même. alors, j'appelle l'article l'article 8, m. le ministre.
M. Ryan: "La ville peut acquérir ou consentir toute
servitude nécessaire à la réalisation d'un remembrement,
même sur un immeuble situé en dehors d'un périmètre
de remembrement."
Je pense que ça se comprend assez bien.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, ça va?
M. Dufour: Oui. Le ministre comprend, il faut que je
comprenne.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'article...
M. Ryan: On peut vous faciliter les choses. Des voix: Ha,
ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 8 est
adopté. J'appelle l'article 9. Il y a une modification à
l'article 9.
L'article 9 du projet de loi est remplacé par le suivant: "Sauf
disposition contraire du présent chapitre, le titre II de la Loi sur
l'expropriation (L.R.Q., chapitre E-24) ne s'applique pas à une
expropriation dont la contrepartie consiste pour tout ou partie en un
immeuble."
M. Ryan: Je demanderais peut-être, Mme la
Présidente, avec votre consentement, à notre conseiller juridique
d'expliquer cette disposition-ci.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes
monsieur...?
M. Turmel (Pierre): Pierre Turmel. La référence,
dans le texte imprimé dans le projet de loi, au cas de l'expropriation
prévu au deuxième alinéa de l'article 6 - ça, c'est
le libellé actuel de l'article 9 - est jugée inappropriée
dans les circonstances parce que le deuxième alinéa, finalement,
traite plutôt de ce que la ville peut offrir en contrepartie lorsqu'elle
acquiert un Immeuble à des fins de remembrement. Alors, ça serait
une correction pour tenir compte du texte même du deuxième
alinéa proposé à l'article 6.
M. Dufour: J'essaie de comprendre comme il faut. Quand il y a un
échange, ça veut dire que la Loi sur l'expropriation ne
s'appliquerait pas pour une partie de ça? C'est parce qu'il y a un
échange, là.
M. Turmel: La Loi sur l'expropriation va s'appliquer dans le cas
d'une expropriation en vertu du premier alinéa de l'article 6.
M. Dufour: Pure et simple; une vraie expropriation.
M. Turmel: Normale, suivant les règles normales. Et, dans
le cas où il y a contrepartie, à ce moment-là il y aura
certaines dispositions du titre II de la Loi sur l'expropriation qui ne
s'appliqueront pas, pour faciliter le déroulement de la procédure
d'échange.
M. Dufour: Comme, par exemple?
M. Turmel: Je sais qu'il y a une série de règles
particulières de la présente loi qui ont pour but de raccourcir
et de prévoir des mécanismes particuliers pour rendre plus facile
la procédure d'échange. Je vais demander au procureur.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: Oui. Peut-être à titre de
complément, notamment la contestation du droit à l'expropriation
parce que, effectivement, comme Me Turmel vient de l'exposer, à
l'article 6 on prévoit que la ville, lorsqu'elle procède à
un remembrement ou à la mise en application d'un remembrement, pourra
acquérir des immeubles à l'amiable, dans un premier temps, donc
de gré à gré. Dans un deuxième temps, elle pourra
les acquérir par les expropriations, auquel cas l'ensemble de la Loi sur
l'expropriation s'appliquera. Cependant, lorsqu'elle désirera
procéder par échange forcé, si on peut utiliser cette
expression-ià, évidemment on ne pourra pas s'en remettre à
la Loi sur l'expropriation qui ne prévoit pas cette procédure qui
est plus expédi-tive. À ce moment-là, on s en remettra aux
dispositions de la loi qui est présentement sous étude.
M. Dufour: Est-ce que vous voulez dire par là qu'il
pourrait y avoir des échanges sans qu'il y ait consentement mutuel?
M. Delorme: C'est-à-dire que oui. Le but du projet de loi,
c'est de faire en sorte qu'un propriétaire qui est propriétaire
d'un certain terrain pourra se retrouver propriétaire d'un terrain d'une
égale valeur ou d'une valeur comparable - et c'est le tribunal
d'expropriation qui, à ce moment-là, tranchera la question; ce
sera le tribunal compétent - mais situé à un autre endroit
dans le territoire de la municipalité. C'est ça, la
procédure d'échange qui est prévue dans cette
loi-là.
M. Dufour: Et si la personne ne veut pas faire
d'échange?
M. Delorme: Elle n'aura pas le choix. Elle pourra contester le
montant ou la valeur de la contrepartie ou de l'immeuble offert en
contrepartie, ce qui est différent, on se comprend, si la ville
décide d'acquérir des immeubles purement et simplement, à
ce moment-là par voie d'expropriation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: II est prévu plus loin dans le projet de loi,
quand on arrivera aux articles 21 et suivants, que, pour l'évaluation de
l'immeuble offert en contrepartie, si les parties ne s'entendent pas, ça
va à la Chambre de l'expropriation qui, elle, va pouvoir porter un
jugement. Elle pourrait décider que le terrain donné en
échange ou l'immeuble donné en échange vaut 5000 $ de
moins et, là, exiger le paiement de ce solde-là par
l'acquéreur.
M. Dufour: C'est ça que je voulais. C'était
ça, le sens de ma question.
M. Ryan: l'arbitrage est sauf, mais, si on ne donnait pas ce
droit-là à la municipalité, le remembrement serait
singulièrement limité. il serait à sens unique.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement à l'article 9 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 9, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 10. Il y a une
modification.
L'article 10 du projet de loi est remplacé par le suivant:
"L'échange commence par la signfication au propriétaire d'un avis
à cette fin. L'article 40.1 de la Loi sur l'expropriation s'applique
à la signification de cet avis. "Cet avis doit aussi être
publié dans un journal circulant sur le territoire de la ville et
à la Gazette officielle du Québec, au moins 10 jours avant
son envoi au propriétaire. "L'avis doit contenir, notamment, les
renseignements suivants: "1° le nom du propriétaire; "2° la
désignation cadastrale de l'immeuble exproprié; "3° la
désignation cadastrale de l'immeuble offert en contrepartie; "4° les
délais pour présenter une opposition à la ville et pour
soumettre une demande à la Chambre de l'expropriation
conformément à la présente loi. "Dans les cas
prévus au troisième alinéa de l'article 6, l'avis doit
mentionner le montant que la ville offre en contrepartie."
M. le ministre, sur l'amendement.
M. Ryan: Mme la Présidente, le nouveau texte
proposé pour l'article 10 a pour objet de renforcer les garanties ou
mécanismes de protection conférés au propriétaire
qui pourrait être l'objet d'une procédure de remembrement. Tout
d'abord, on précise que l'avis devra être signifié en
conformité avec l'article 40.1 de la Loi sur l'expropriation, lequel
prescrit qu'un tel avis doit être fait conformément aux articles
120 à 146 du Code de procédure civile. Je demanderai
peut-être, si vous voulez, à M. Turmel de donner un
résumé tantôt.
Ensuite, on prévolt que l'avis devra être publié
dans la Gazette officielle du Québec, ce qui est nouveau.
Ça donne une garantie de plus. Ça garantit une double
publication. Et on enlève l'adresse indiquée au rôle
d'évaluation. On l'a fait tantôt parce qu'il n'y a pas de
référence législative, il n'y a pas de poigne
législative pour cette expression-là. Ça serait faire du
droit nouveau et l'application pourrait donner lieu à toutes sortes de
complications qu'on n'entend pas imposer à la ville de Saint-Hubert.
Elle en a eu assez comme c'est là. C'est pour ça qu'on essaie de
simplifier au maximum.
Voilà les principales modifications que nous proposons dans le
nouveau texte de l'article 10. Peut-être que M. Turmel pourra
préciser.
M. Turmel: Bien, essentiellement...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Turmel.
M. Turmel: ...les règles qu'on retrouve ici, dans la loi
spéciale, nous renvoient effectivement au régime
général de la Loi sur l'expropriation elle-même, Loi sur
l'expropriation qui tient compte des dispositions générales en
matière de procédure. Les règles de signification du Code
de procédure civile s'appliquent aux instances, à la
signification en matière judiciaire. Alors, c'est essentiellement le
retour à ces règles générales là qu'on
opère ici par la modification. Maintenant, sur la signification en vertu
du Code de procédure civile, enfin, il y a toute une série de
dispositions. Il y a au-delà de 20 articles qui concernent cette
matière-là et c'est applicable généralement aux
instances devant les tribunaux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Turmel: C'est exactement, finalement, la mention... Si je vous
lis l'article 40.1 de la Loi sur l'expropriation actuellement, il dit ceci: "La
signification de l'avis d'expropriation doit être faite
conformément aux articles 120 à 146 du Code de procédure
civile." Alors, c'est la règle de base et, dans le projet de loi, on
tient compte de cette règle.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté?
M. Dufour: Quand il y a entente entre les propriétaires,
comment ça fonctionne, à ce moment-là, s'il y a des
échanges? Il n'y a pas de publication, il n'y a rien?
M. Turmel: Ici, on est au niveau de...
M. Dufour: Dans l'expropriation. Quand il n'y a pas
expropriation?
M. Turmel: On est en matière, ici, pour débuter le
processus d'échange. Alors, on prévoit une signification, une
signification conformément aux règles habituelles, au Code de
procédure civile. Or, il peut se présenter différents cas.
Me Delorme pourra intervenir pour illustrer - parce qu'il est praticien - de
quelle façon, dans différentes hypothèses, il peut y avoir
mode de signification. Moi, particulièrement, je n'ai pas d'exemple en
tête, mais il y a toute une série de mécanismes. Je ne sais
pas si Me Delorme peut compléter un peu la réponse.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: La signification va se faire par huissier, suivant
les méthodes ordinaires. Et, dans le cas où c'est impossible de
signifier, bien, on appliquera les dispositions dans le cas où les gens
seraient situés à l'étranger. Les dispositions du Code de
procédure civile s'appliquent en la matière, dans le cas
où c'est Impossible de retracer une personne; il pourra y avoir
signification par voie de journaux ou des façons qui pourront être
déterminées par le tribunal.
En définitive, ce qu'on dit dans le projet de loi, c'est que la
signification se fera de la même façon que n'Importe quel autre
avis d'expropriation qui devrait être signifié par une corporation
municipale.
Enfin, 40.1 de la Loi sur l'expropriation, c'est un article qui ne fait
que renvoyer aux dispositions habituelles applicables, avec le seul
tempérament qu'on dit que c'est le tribunal de l'expropriation, la
Chambre de l'expropriation de la Cour du Québec qui décidera des
requêtes ou de la forme que devra prendre une signification dans le cas
où on ne peut pas rencontrer les règles habituelles qui
s'appliquent et qu'on trouve au Code de procédure civile.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Alors, l'amendement à l'article 10 est adopté. Si
l'article 10, tel qu'amendé, est adopté, j'appelle l'article 11.
Il y a une modification à l'article 11.
L'article 11 du projet de loi et modifié: 1° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du premier alinéa, du mot
"terrain" par le mot "immeuble"; 2° par le remplacement, dans cette
deuxième ligne, du nombre "60" par le nombre "90"; 3° par le
remplacement, dans la troisième ligne du premier alinéa, des mots
"livraison de l'avis" par les mots "la signification de l'avis au
propriétaire"; 4° par le remplacement, dans la première ligne
du deuxième alinéa, du mot "terrain" par le mot "immeuble";
5° par le remplacement, dans la quatrième ligne du deuxième
alinéa, des mots "ce terrain" par les mots "cet immeuble"; 6° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du troisième alinéa,
du mot "terrains" par le mot "immeubles".
Alors, est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement?
M. Ryan: II y a trois sortes d'amendements. Là où
on remplace le mot "terrain" par le mot "Immeuble", je pense que ça se
passe de commentaires. Nous en avons traité déjà. Un point
très important, c'est que, pour signifier son opposition à un
avis qui lui aurait été transmis en provenance de la ville, un
propriétaire ou toute personne intéressée disposera d'un
délai de 90 jours au lieu de 60 jours, ce qui améliore les choses
sensiblement. Et, en plus, on dit "livraison de l'avis" au lieu de
"signification". Ça se réfère à ce que nous
discutions tantôt. Les délais comptent à compter du moment
où l'avis est expédié. C'est pour ça qu'on parle de
signification plutôt que de livraison.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Ryan: d'ailleurs, ça nous rappelle les débats
que nous avons eus à propos de la loi 145. le député de
jonquière s'en souviendra, on choisissait toujours la date.
M. Dufour: J'ai tout oublié ça; les contribuables
vont s'en rappeler. Moi, je ne veux plus rien savoir. Je ne me rappelle plus de
rien de ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: On voit bien des municipalités où les
hausses sont beaucoup moins élevées que ne l'avait annoncé
le député de Jonquière.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, pas mal. M.
Dufour: On verra bien, on verra bien!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 11 est adopté? L'article 11, tel
qu'amendé, est adopté. j'appelle l'article 12.il y a une
modification.
M. Dufour: II ne faut pas aller trop vite. C'est des articles,
tout de même, qui ont assez de matériel, là.
M. Ryan: Étiez-vous toujours à l'article 11, Mme la
Présidente?
M. Dufour: Ça va, adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, j'ai dit
qu'il était adopté. Mais ça va.
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K. Alors, à
l'article 12, il y a une modification.
L'article 12 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du premier alinéa, des mots
"le terrain" par les mots "l'immeuble"; 2° par la suppression, dans la
quatrième ligne du premier alinéa, des mots "en évalue les
motifs et"; 3° par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: "Si une entente a lieu, elle doit être constatée par
écrit signé par la ville et toute personne qui s'est
prévalue du premier alinéa."
M. le ministre?
M. Ryan: Regardez, pour simplifier les choses, je serais
porté à parler de cet article-ci par anticipation de l'article
suivant. C'est que, là, il y a un délai de 90 jours qui est
accordé pour qu'une personne intéressée puisse signifier
son opposition, et à plus forte raison si elle est propriétaire.
Si, dans cette période-là, elle exprime son opposition, la ville
va évaluer les motifs de cette opposition et tenter d'en venir à
une entente avec cette personne. Et, si une entente ne peut pas être
conclue avec la personne, là, dans les 60 jours de l'expiration du
délai pour transmettre l'avis de procédure, dans les 60 jours qui
suivent les 90 jours de tantôt, le propriétaire ou la personne
intéressée peut, par requête signifiée à la
ville, demander à la Chambre de l'expropriation de fixer le montant de
la juste contrepartie découlant de l'expropriation. (16 h 30)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député...
M. Ryan: Après ça, si à l'expiration de ce
délai, aucune requête n'a été faite à la
Chambre de l'expropriation, la ville peut procéder à
l'échange, tel que proposé à l'exproprié. On a ces
étapes-là, le 90 jours, le 60 jours, et, après ça,
la ville peut procéder en l'absence d'une démarche auprès
de la Chambre de l'expropriation par le propriétaire
intéressé. À 12, c'est seulement l'obligation pour la
ville de chercher une entente lorsqu'il y a manifestation d'opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: C'est une question, je ne sais pas si elle est naive
ou autrement, mais on dit: II y a une opposition écrite et
motivée; la ville en évalue les motifs et tente d'en venir
à un accord. Quels que soient les motifs que la personne va argumenter;
pourquoi est-ce qu'on marque que "la ville en évalue les motifs"?
Forcément, si quelqu'un s'oppose par écrit, s'il dit: Je
m'oppose, quels que soient les motifs que la personne présente, la ville
n'a pas à considérer ça, il faut qu'elle aille voir la
personne pour savoir si ça a du bon sens ou pas. En tout cas, moi, je
comprends ça comme ça. Je ne sais
pas comment expliquer ça. Pour moi, c'est vraiment un
supplémentaire. Quels que soient les motifs, elle n'a pas à
juger; la ville va être prise avec ça. Elle va être
obligée d'aller rencontrer la personne, elle va essayer de s'entendre
à l'amiable ou non.
M. Delorme: C'est peut-être que...
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: Je m'excuse, madame. À mon point de vue, c'est
que l'article, à ce moment-là, est tout à fait dans le
sens des décisions qui ont été rendues par les tribunaux
au cours des dernières années. Elles semblent clairement
établir que ce n'est pas pour des motifs farfelus, non fondés que
la ville pourrait décider d'écarter une demande qui pourrait lui
être faite, enfin des motifs qui sont indiqués dans un avis
d'opposition. En d'autres termes, quand la ville reçoit un avis
d'opposition, elle ne doit pas le mettre de côté. Elle devra
l'analyser et elle ne devra pas analyser n'importe quoi. Elle devra
évaluer les motifs qui sont indiqués dans l'avis d'opposition.
C'est ça, je pense, qui est le bienfait de cet article-là ou de
cette disposition-là.
M. Dufour: Je continue. Supposons que les motifs sont futiles,
vous faites quoi?
M. Delorme: Bien, la ville va les considérer. Il faut
croire que, s'ils étaient...
M. Dufour: Quels que soient les motifs, elle va les
évaluer.
M. Delorme: II est évident que la ville va
décider... Si la ville en venait à la conclusion que les motifs
étaient justifiés au point qu'il n'y a pas lieu de
procéder à l'échange, elle va abandonner son
échange. Mais il faudra, pour la ville, se satisfaire que des motifs
auront été déposés, sans quoi le recours, comme le
ministre le disait tout à l'heure, va être de demander à la
Chambre de l'expropriation de trancher la valeur de la contrepartie. En fait,
c'est une étape préliminaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va?
M. Dufour: Non, pas tout à fait. Si je vous disais que la
ville tente d'en venir à une entente avec ce propriétaire ou
cette personne, est-ce que ça veut dire la même chose? J'ai comme
l'impression qu'on met un article, qu'on considère que la ville ne peut
pas être sérieuse. Quels que soient les motifs qu'il
présente, la ville n'a pas le choix. Il faut qu'elle évalue, il
faut qu'elle tente d'en venir à une entente. Même si vous ne
l'évaluez pas, vous allez voir que vous allez être obligé
d'en venir à une entente. Veux veux pas, vous êtes pris pareil.
Ça fait que... Pourquoi évaluer les motifs? Supposons que vous en
évaluez les motifs, vous dites que ça n'a pas de bon sens,
ça change quoi? Vous n'avez pas le droit pareil. Il a le droit
d'écrire son opposition et c'est prévu, vous êtes
obligé d'aller en expropriation.
M. Delorme: Non, non, non. La ville en évalue les motifs
et tente d'en venir à une entente. Alors, c'est que, pour en venir
à une entente... La ville a une obligation de tenter d'en venir à
une entente. C'est l'interprétation, c'est la lecture que je fais de
l'article 12. Il y a une obligation pour la ville, dès qu'elle
reçoit un avis d'opposition, de tenter de s'entendre. Donc, à cet
effet, non pas de le faire d'une façon non fondée, elle doit
examiner les motifs qui lui sont soumis.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: C'est une question bien simple, mais je sympathise un
petit peu avec le député de Jonquière dans ceci. Qu'est-ce
qu'on perd si ces mots-là n'étaient pas là?
M. Delorme: Absolument rien. Moi, j'ai l'impression que ça
ne fait que protéger un opposant éventuel.
Une voix: Je ne sais pas.
M. Ryan: Vous seriez prêt à l'enlever, vous. Je ne
voudrais pas le faire...
M. Dufour: J'essaie d'évaluer ce que ça
protège et, moi, je dis que ce sont vraiment des... Pour moi,
ça...
M. Ryan: Quand vous tentez d'en venir à une entente, vous
êtes nécessairement obligés d'évaluer la position de
l'adversaire.
M. Dufour: je vous ferais remarquer... autrement dit, c'est comme
si on disait: quand vous vous levez le matin, si vous voulez marcher, vous
êtes obligés de vous envoyer les pieds en bas du lit. pour moi,
c'est aussi clair que... c'est l'évidence. vous ne pouvez pas aller plus
loin que ça.
M. Delorme: Moi, je n'ai pas d'objection. Nous, on ne fait pas
d'objection à l'enlever.
M. Dufour: Oui.
M. Girard: On est conscients, comme M. Dufour le mentionne, qu'on
pourrait recevoir des oppositions écrites avec aucun motif. À ce
moment-là, on pourrait la rejeter légalement en lisant le texte
actuel, alors que, d'une autre
part, on peut avoir une opposition écrite mais motivée de
façon, disons, irraisonnable ou futile. À ce moment-là, on
aurait plus d'obligations.
M. Dufour: Oui...
M. Girard: Le fait d'enlever le "motivée", ça ne
nous dérange pas. Si on reçoit une opposition écrite de
quelque personne que ce soit, on va s'asseoir pour la regarder parce que
ça veut dire que la personne aura pris le temps de nous écrire
pour faire cette opposition-là. Pour nous, ça ne nous
dérange pas si cette partie-là est enlevée, mais il n'y a
qu'une chose, c'est qu'il faut une opposition écrite. Ça, c'est
certain.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Peut-être pourrions-nous garder cet article-ci en
suspens. Je vais demander à nos conseillers de tenter de rédiger
le texte sans ces mots-là. On pourra examiner la proposition
d'amendement un peu plus tard.
Une voix: Ça nous va.
M. Dufour: C'est ça. Je pense avoir dit que j'avais la
réponse...
M. Ryan: Toute contribution de l'Opposition à une plus
grande concision des lois est vivement appréciée parce que,
généralement, les suggestions de l'Opposition vont en sens
contraire.
M. Dufour: Même dans mon cas?
M. Ryan: Non. Non, non. Je dois faire une exception pour
vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mme la Présidente, on m'informe qu'on pourrait
vous soumettre ceci à l'instant. Plus on examine la question, plus
l'Opposition a raison.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 12 est adopté? Alors, il y a une
modification à l'amendement qui se lit comme suit: L'article 12 du
projet de loi est modifié: 1° par le remplacement, dans la
deuxième ligne du premier alinéa, des mots "le terrain" par les
mots "l'immeuble"; 2° par la suppression, dans la quatrième ligne du
premier alinéa, des mots "en évalue les motifs et"; 3° par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Si une entente a
lieu, elle doit être constatée par écrit signé par
la ville et toute personne qui s'est prévalue du premier
alinéa."
Est-ce que ça va? L'amendement est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
12, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
l'article 13. Il y a une modification.
L'article 13 du projet de loi est modifié: 1° par
l'insertion, dans la troisième ligne du premier alinéa,
après le mot "peut", de ce qui suit: "dans les 15 jours suivant
l'expiration de ces 60 jours"; 2° par l'insertion, dans la quatrième
ligne du premier alinéa, après les mots "l'expropriation", des
mots "de la Cour du Québec"; 3° par le remplacement, dans la
première ligne du deuxième alinéa, du nombre "60" par le
nombre "15"; 4e par le remplacement, dans la quatrième ligne
du deuxième alinéa, des mots "ce terrain" par les mots "cet
immeuble".
M. le ministre.
M. Ryan: La principale modification que nous proposons ici vise
le délai qui va intervenir après l'expiration de la
période de 60 jours donnée pour en venir à une entente.
À l'expiration de cette période-là, le propriétaire
ou la personne intéressée a un autre 15 jours pour signifier une
demande à la Chambre de l'expropriation de la Cour du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Moi, je n'ai pas d'objection majeure. Si ça
rallonge le délai, ça donne une protection plus grande aux
individus. La ville, est-ce qu'elle a des objections envers ça?
M. Girard: Aucune objection.
M. Dufour: Aucune objection? Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a pas
d'objection. Alors, l'amendement est adopté?
M. Ryan: Peut-être qu'après ça, Mme la
Présidente, on pourra demander que soit modifiée la Loi sur
l'expropriation pour que ce soit plus accessible à tout le monde, pour
faire un très bon précédent.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 13, tel qu'amendé, est
adopté? L'article 13, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 14. Il y a une modification.
L'article 14 du projet de loi est remplacé par le suivant: "14.
Le transfert de propriété des immeubles faisant l'objet d'un avis
visé à l'article 10 s'opère par l'enregistrement de cet
avis. "Si, dans l'année qui suit la date à laquelle la ville
acquiert le droit de procéder à l'échange en vertu du
deuxième alinéa de l'article 13, l'avis visé au premier
alinéa du présent article ou un autre acte transférant
à la ville la propriété de l'immeuble concerné
n'est pas enregistré, la ville est réputée s'être
désistée. "Il en est de même si, dans l'année qui
suit la date à laquelle une décision rendue en vertu des articles
21 et 22 acquiert l'autorité de la chose jugée, l'avis
visé au premier alinéa ou un autre acte transférant
à la ville la propriété de l'immeuble concerné
n'est pas enregistré. "Le cinquième alinéa de l'article
2131 du Code civil du Bas-Canada ne s'applique pas à l'avis visé
au premier alinéa."
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement?
M. Dufour: Sûrement.
M. Ryan: Peut-être qu'on pourrait demander à Me
Delorme de nous fournir quelques explications là-dessus. Je pense qu'il
a eu l'occasion de discuter de ce sujet avec le ministère de la Justice,
en particulier.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: À l'origine, on n'avait que le premier
paragraphe, le premier alinéa de cet article. On s'est rendu compte
qu'il fallait que la ville ait un certain délai pour enregistrer cet
avis puisque l'avis d'échange, l'avis visé à l'article 10,
qui est l'avis d'échange, une fois qu'il est signifié, autorise
la ville, une fois que les délais auxquels on vient de faire
référence sont expirés, notamment le délai de
l'article 13, à acquérir la propriété et elle le
fait en vertu de l'article 14. On aurait risqué de se retrouver dans une
situation où la ville, pendant une période de plusieurs
années, n'aurait pas enregistré l'avis de l'article 10 en vertu
de l'article 14, Donc, à ce moment-là, on se serait
trouvés dans une certaine incertitude pendant plusieurs
années.
Donc, à la suggestion des discussions qu'on a eues à cet
effet-là, il a été convenu d'amender l'article 14 afin de
lui imposer des balises pour s'assurer qu'on ne reste pas dans l'incertitude et
que les personnes qui pourraient être visées par un avis
visé à l'article 10, donc sujettes à échange, ne
restent pas dans l'incertitude pendant des périodes qui pourraient
être con- sidérées comme étant exorbitantes.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Bergeron, du
ministère de la Justice, va ajouter quelques compléments
d'information.
M. Bergeron (André): C'est ça. Merci, madame.
Disons que Me Delorme a bien expliqué le sujet. Vous avez les
deuxième et troisième alinéas qui prévoient deux
éventualités. La première éventualité est
celle où le propriétaire n'a pas réagi. Donc, la ville
acquiert le droit de devenir propriétaire dans les délais qu'on
vient d'étudier tout à l'heure. Le troisième alinéa
concerne le cas où le propriétaire s'est adressé à
la Chambre de l'expropriation et où la Chambre de l'expropriation a
rendu une décision. Cette décision-là a acquis la force de
chose jugée, c'est-à-dire que les délais d'appel sont
expirés ou c'est la Cour d'appel qui a rendu la décision.
Dans ce cas-là, vous avez le même délai. Une fois la
décision ayant acquis la force de chose jugée, vous avez le
même délai d'un an que la ville a pour prendre une
décision.
M. Dufour: À partir du jugement?
M. Bergeron (André): Si c'est le jugement de la Chambre de
l'expropriation, il y a un appel. Vous avez 30 jours pour appeler. C'est
à l'expiration de ce délai d'appel que le délai d'un an
commence, oui.
M. Dufour: II n'a pas besoin d'enregistrement à ce
moment-là?
M. Bergeron (André): Non, il n'a pas besoin
d'enregistrement puisque c'est le statu quo qui va rester. Étant
donné que la ville s'est désistée, s'il y a lieu, elle va
pouvoir reprendre son dépôt. En tout cas, on va voir ça
tout à l'heure. Mais l'avis de l'article 10 va perdre son effet puisque
la ville s'est désistée. Alors, le type qui était
propriétaire, qui avait reçu un avis comme quoi il risquait de ne
plus être propriétaire, la ville s'étant
désistée, son droit va être intact. On retourne dans la
situation où on était avant l'envoi de l'avis.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme, vous avez
quelque chose à ajouter?
M. Delorme: non, si la réponse de me bergeron satisfait m.
dufour, je n'ai rien à ajouter. (16 h 45)
M. Dufour: un, deux, trois, quatre. le quatrième
alinéa, le code civil du bas-canada, c'est quoi, cet
article-là?
M. Bergeron (André): Disons que la plupart des documents
enregistrés sont des documents notariés, donc ils ont la force de
l'acte authen-
tique. Quand un document n'est pas un document notarié, le
cinquième alinéa de l'article 2131 vous dit qu'il doit être
appuyé par la signature de deux témoins dont l'un est sous
serment. On a estimé qu'étant donné que l'avis visé
à l'article 10 émane d'une ville cette formalité
n'était pas nécessaire parce que... Disons que j'ai
participé aux discussions avec la direction des bureaux
d'enregistrement. On s'est même demandé si le greffier de la ville
ou le directeur général de la ville, en tout cas la personne qui
va donner l'avis, si sa signature ne suffisait pas à en faire un avis
authentique. On n'était pas certain, alors c'est pour ça qu'on a
mis la disposition que vous trouvez à la fin.
M. Dufour: Admettons que la ville acquiert le droit de
procéder, qu'elle procède, mais qu'elle n'enregistre pas, c'est
quoi...
M. Bergeron (André): dans ce cas-là, vous avez...
ce sont les deuxième et troisième alinéas qu'on vient de
voir. c'est que, s'il s'écoule un délai d'un an durant
lequel...
M. Dufour: Oui, mais elle a procédé. Elle a fait un
échange. Ça arrive ça, dans des municipalités.
Ça arrive, par exemple, que la municipalité acquiert un bien, un
immeuble puisqu'il y a un oubli, quelque part, d'enregistrement. Là, la
personne revient, elle l'accroche, elle reprend son bien. Elle a le droit.
C'est arrivé dans quelques cas, même si... Bon. Dans un cas comme
ça - puis il va y avoir plusieurs transactions d'après ce que je
vois - probablement qu'ils ne feront pas d'erreur, mais, en supposant que -
l'erreur est humaine - quelqu'un demanderait l'avis, qu'il suivrait tout, qu'il
y aurait un échange, mais qu'il ne serait pas enregistré, ce
serait quoi? Comment est-ce que ça...
M. Bergeron (André): Là, ce qui risquerait
d'arriver, c'est que, si la ville n'a pas pris garde de faire signer un
document au propriétaire comme quoi le propriétaire est d'accord
pour l'indemnité offerte, étant donné qu'on verra à
l'article 46 qu'une fois qu'elle a enregistré l'avis visé
à l'article 10 elle ne peut plus se désister, donc elle est
obligé de payer le prix déterminé par le tribunal de
l'expropriation. Là, ce serait un petit peu dangereux pour la ville. Il
va falloir qu'elle fasse bien attention à ça parce que, si elle
enregistre l'avis, comment dire, sans avoir obtenu d'entente avec le
propriétaire sur un prix, elle est liée par la décision du
tribunal de l'expropriation. Moi, j'ai l'impression que la ville va faire bien
attention.
Une voix: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: On sait qu'il y a beaucoup de...
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme, avez-vous
quelque chose à ajouter? M. le maire?
M. Delorme: Mme la Présidente, je ne manquerai pas de
suggérer à la ville de Saint-Hubert de surveiller les
délais qui sont prévus à l'article 14, c'est
évident.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire, est-ce
que vous avez quelque chose à ajouter?
M. Girard: Non, rien. Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Non? Alors, est-ce
que l'amendement à l'article 14 est adopté? Est-ce que l'article
14, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 15. Il y a une modification.
L'article 15 du projet de loi est modifié par l'addition,
à la fin du deuxième alinéa, de la phrase suivante: "Cette
somme ne peut être retirée ou distribuée tant que la ville
conserve la faculté de se désister."
M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, c'est un amendement qui est
tout à fait raisonnable parce qu'on oblige la ville à
déposer une indemnité provisionnelle d'au moins 70 % de la somme
avant l'enregistrement. Si l'enregistrement ne se réalisait pas,
évidemment, la ville aurait droit au remboursement de ce
montant-là. Elle ne peut pas le retirer avant et il ne peut pas
être utilisé non plus avant.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a des commentaires?
M. Dufour: Mais les 70 %, c'est dans la Loi sur l'expropriation,
si je ne me trompe pas?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est-il adopté?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 15, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
16. M. le ministre.
M. Ryan: Alors, l'article 16 prévoit ce que devra contenir
l'avis d'échange présenté pour enregistrement. Cet avis
devra comprendre...
Attendez un petit peu. Pouvez-vous attendre un petit peu?
M. Delorme: Mme la Présidente, je pense que l'article 16
est maintenant retranché en raison du contenu de l'article 10. En fait,
ce qui s'est produit, c'est qu'on s'est rendu compte que ça faisait
double emploi avec l'article 10. Alors, nous demandons de retirer l'article
16.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 16
est retiré.
M. Ryan: S'il y en a d'autres, ne vous gênez pas!
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): II a dit: S'il y en a
d'autres, ne vous gênez pas!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Delorme: Malheureusement, il n'y en a pas plusieurs
autres.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 17. Il y a une modification à l'article 17.
L'article 17 du projet de loi est modifié par le remplacement,
dans la troisième ligne du deuxième alinéa, du mot
"terrain" par le mot "immeuble".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'article
17, M. le ministre, est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Ryan: Lorsque la ville émet un avis d'interdiction
conformément à l'article 5, elle doit en transmettre une copie au
registrateur de la division d'enregistrement et au ministre de l'Énergie
et des Ressources. Le registrateur doit afficher cet avis à son bureau
pendant la période d'interdiction et ne peut, dans cet intervalle,
accepter pour enregistrement un acte comportant l'aliénation d'un
immeuble visé par l'avis. De son côté, le ministre de
l'Énergie et des Ressources ne pourra pas, durant la même
période, accepter le dépôt d'un plan modifiant un lot
visé par l'avis. Ce sont des dispositions de garantie
supplémentaire qui découlent logiquement de ce qui a
été dit auparavant.
M. Dufour: Si la transaction se faisait avant la période
d'affichage, à ce moment-là... C'est pas mal une question de
légalité. Est-ce que le temps d'affichage va continuer pareil? Le
temps prévu? J'ai l'impression que non. Est-ce que les temps
dévolus s'appliquent pareil, quels que soient les modalités et
les arrangements qui pourraient avoir lieu? Il y a une période
d'affichage de tant de jours, mais, s'il y a une transaction, qu'elle se fait
de gré à gré et que ça va plus vite... Ça
peut arriver aussi que la municipalité commence des négociations
avant de donner tous les avis.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: L'article 15 répond partiellement en disant:
"Cet enregistrement". Mais, on parie du transfert de propriété en
vertu de l'article 14, l'enregistrement de l'avis d'échange. On dit que
ça va mettre fin à la période d'interdiction avant, peu
importe le délai qui sera fixé dans le règlement. Mais il
est exact que, si le transfert de propriété se faisait autrement
qu'en vertu de l'enregistrement de l'avis d'échange, dans un cas comme
celui-là, l'interdiction pourrait durer durant la période
prévue dans...
M. Dufour: Le règlement.
M. Delorme: ...la réglementation. Mais il faut
prévoir qu'ici c'est l'enregistrement...
M. Dufour: Oui.
M. Delorme: ...de l'article 10, 14, c'est-à-dire...
M. Dufour: Ça va.
M. Delorme: ...l'enregistrement prévu à 14.
M. Dufour: Ça va. O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'article 17, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
18. M. le ministre.
M. Ryan: Tout enregistrement fait en contravention des articles 5
et 17 est sans effet à l'égard de la ville." Je pense bien que
c'est normal. Ça veut dire que, si on voulait faire un enregistrement
dans une période où il est interdit, il ne pourrait pas avoir
d'effet.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Dufour: II n'y a pas personne qui pourrait être
lésé par rapport à ça? Tout enregistrement fait en
contravention..." S'il y avait une contravention aux articles 5 et 17, qui sont
amendés... Si ça se faisait, il n'y a pas personne qui pourrait
être lésé par rapport à ça, cet
article-là? Ça protège la ville, mais est-ce que ça
protège l'autre monde?
M. Ryan: On m'informe qu'il y a des dispositions exactement
semblables dans la Loi sur la réforme du cadastre.
M. Dufour: Là, ça dépasse pas mal mes
compétences.
M. Ryan: Moi non plus. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Là, on tombe dans le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Si vous me dites que ça ne pose pas
ces problèmes-là, ça va.
M. Ryan: Oui. En fait, c'est une disposition qui est
harmonisée avec d'autres dispositions législatives.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 18
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
19. Il y a une modification à l'article 19.
L'article 19 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans la première ligne du premier alinéa, du mot
"d" par les mots "visé à l'article 10 relatif à un";
2° par le remplacement, dans la première ligne du deuxième
alinéa, des mots "d'échange" par les mots "visé à
l'article 10".
Des commentaires sur l'amendement?
M. Ryan: Les amendements sont des amendements de concordance,
purement et simplement. Je n'entends pas les commenter davantage.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 19, est-ce
qu'il est adopté tel qu'amendé ou s'il y a des commentaires sur
l'article 19?
M. Ryan: II n'y a pas de commentaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Pas de commentaires?
Alors, l'article 19 est adopté tel qu'amendé?
M. Dufour: C'est après que le temps soit
écoulé. C'est ça que ça veut dire. La personne -
ça peut être l'une ou l'autre - pourra s'enregistrer, pourra faire
l'enregistrement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Girard: Ça répond un peu à ce que M.
Dufour demandait tout à l'heure, à savoir ce qui arrive d'un
acte.
M. Dufour: Oui.
M. Girard: C'est justement la réponse. C'est qu'il y a une
période pendant laquelle il n'y a aucun acte qui est enregistré.
Dès que le délai est terminé, celui qui a fait une
transaction durant la période d'interdiction dépose son acte.
L'un ou l'autre, l'acheteur ou le vendeur, par exemple, ou le créancier
hypothécaire peut déposer son acte avec un avis disant: J'avais
un acte enregistré sous tel numéro. Maintenant que l'avis est
enregistré et que la période d'interdiction est terminée,
je l'enregistre sous le nouveau numéro de cadastre.
M. Dufour: Ça régularise, en fait. M. Girard: C'est
ça. M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 19
est adopté tel qu'amendé?
M. Dufour: Oui, ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
20.
L'article 20 du projet de loi est modifié: 1° par
l'insertion, dans la deuxième ligne, après le mot
"certifié" du mot "conforme"; 2° par le remplacement, dans la
deuxième ligne, des mots "d'échange" par les mots "visé
à l'article 10".
M. le ministre.
M. Ryan: Alors, ce sont des dispositions qui... Le 1°, le
"certifié conforme", on ajoute le mot "conforme" pour que ce soit
complet. L'autre partie de l'amendement, c'est un amendement de
concordance.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 20 est
adopté?
M. Dufour: Bien, on peut poser la question. Avant de dire des
copies certifiées, on disait des copies vidimées.
M. Turmel: Ça, c'est dans le projet de loi 145.
M. Dufour: Ce n'est plus... Non?
M. Turmel: c'est "certifié conforme", l'expression
consacrée. c'est très utile pour les fins de la présente
loi. l'expression "vidimé" existe aussi, par ailleurs.
M. Dufour: L'une ou l'autre, c'est l'équivalent, c'est
synonyme.
M. Ryan: Ça dépend des rédacteurs. Ils ont
leur petit particularisme. On leur laisse beaucoup de marge dans le choix de
ces termes-là.
M. Turmel: Disons que le mot "vidimé" n'est pas...
M. Dufour: C'est parce que, quand ça se présente...
Ça nous semble être la parole de l'Évangile quand c'est
donné...
M. Ryan: Quand c'est vidimé.
M. Dufour: ...et, un peu plus tard, ce n'est plus ça. Plus
ça change, plus c'est pareil.
M. Ryan: Mais "certifié conforme" est plus courant.
Là, on a visé un texte pur et simple, selon votre voeu.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 20
est adopté tel qu'amendé?
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 20 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 21. M. le ministre.
M. Ryan: Je pense bien que l'article 21 parle par lui-même:
"Lorsqu'une personne lui en fait la demande conformément à
l'article 13, la Chambre de l'expropriation - de la Cour du Québec -
entend les parties et fixe la contrepartie due à l'exproprié
suivant l'article 6."
M. Dufour: II a 15 jours, par exemple, pour le demander.
M. Ryan: Oui. oui. Ça, c'est tous les délais qu'on
a déjà mentionnés et qui doivent être
respectés. Ça va de soi.
M. Dufour: Ça va. M. Ryan: Ça va?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 21
est adopté. J'appelle l'article 22.
M. Ryan: "Elle - la Chambre de l'expropriation - peut, à
titre de contrepartie, ordonner le versement d'une somme d'argent seulement ou
le versement d'une soulte." "Une somme d'argent seulement". Il peut arriver que
la partie se soit plainte. Si elle dit: Moi, je n'en veux pas de cet
échange-là qu'ils me proposent, la Chambre de l'expropriation
peut décider que ça va être telle somme d'argent et la
ville va payer ça. Elle peut décider que ça va être
un terrain ou un immeuble, plus un solde en argent.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va, pour
l'article 22?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 22
est adopté. J'appelle l'article 23. Il y a une modification.
L'article 23 du projet de loi est modifié par l'insertion, dans
la première ligne, après le mot "articles", du nombre "40 1" et,
après le nombre "52.1", du nombre "58".
M. Ryan: Ces modifications, Mme la Présidente, visent
à indiquer un renvoi précis aux articles de la Loi sur
l'expropriation qui s'applique en l'occurrence. On ajoute les articles 40.1 et
58 à ceux qui étaient déjà là pour que
ça complète. On a vu l'article 40.1, tantôt, qui parlait de
la signification de l'avis. L'article 58, pourriez-vous nous indiquer de quoi
il traite, monsieur?
M. Turmel: Alors, voici. L'article 58 de la Loi sur
l'expropriation: "L'indemnité fixée d'après la valeur du
bien exproprié est le montant des dommages qui résultent
directement de l'expropriation." Alors, ça fait en sorte d'appliquer les
mêmes règles pour ce qui est du projet de loi spécial, ici,
que celles que l'on trouve dans la loi générale, la Loi sur
l'expropriation.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
L'amendement est adopté?
M. Dufour: quand il y a une expropriation, est-ce que c'est
final, quand ils donnent leur montant, ou si ça peut être
recontesté à une autre cour?
M. Turmel: II y a appel possible. Il y a des règles en
vertu de la Loi sur l'expropriation.
M. Dufour: On ne recourt pas souvent à ça. C'est
juste une information, ça va. (17 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté? L'article 23, tel qu'amendé, est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté, oui.
Effet du remembrement
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
24. Il y a une modification à l'article 24.
L'article 24 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du premier alinéa, du mot
"terrains" par le mot "immeubles"; 2° par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: "Les droits réels, autres
que les servitudes d'utilité publique, affectant les immeubles
faisant
l'objet d'un échange s'exercent de plein droit sur ceux offerts
en contrepartie dans l'avis visé à l'article 10 sujet aux
formalités de l'article 26." Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Dufour: J'aurais aimé avoir un petit peu
d'explications.
M. Ryan: Sur l'amendement?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, sur
l'amendement.
M. Dufour: Oui, sur l'amendement. "Les droits réels,
autres que les servitudes d'utilité publique..." J'essaie de
l'appliquer.
La Présidente (Mme Bélanger): 'Terrains" et
"immeubles".
M. Dufour: Qu'est-ce que ça dit? Il y a des droits...
M. Turmel: par exemple, si vous avez une nouvelle
hypothèque, à ce moment-là, ça va s'exercer sur
l'immeuble qui va être donné en échange par la ville.
M. Ryan: Ça va être transféré sur
l'autre immeuble, évidemment.
M. Turmel: C'est reporté. Il y a un effort de report.
M. Dufour: Mais, si elle est reportée, celui qui a
l'hypothèque, s'il veut exercer son droit, est-ce qu'il peut le
faire?
M. Turmei: Oui, oui. C'est reporté sur le nouvel
immeuble.
M. Dufour: II pourrait? Mais, si la personne qui prête dit:
Ça ne fait pas mon affaire?
M. Turmel: On n'a absolument pas le choix. C'est la loi qui le
détermine.
M. Dufour: II n'aurait pas le choix. Mais est-ce que ça
pourrait être de nature à diminuer la qualité du placement
de cette personne-là?
M. Ryan: Ça, ça va aller avec le jugement de la
Chambre de l'expropriation. Il y a un recours de ce point de vue là.
Pardon?
M. Bergeron (André): Cette personne a reçu un avis.
Un avis est prévu. Quand on a parlé des avis tout à
l'heure, on a dit qu'un avis était envoyé au titulaire de
l'hypothèque. Alors, cette personne-là a pu, si elle l'a
jugé nécessaire, exercer un recours devant la Chambre de
l'expropriation pour faire augmenter l'indemnité. Si elle ne l'a pas
fait, c'est qu'elle trouvait que l'hypothèque sur le nouveau terrain
était d'une valeur équivalente à celle sur l'ancien.
M. Dufour: Ce qui veut dire que, lorsque l'avis va être
donné à la personne qui est propriétaire du terrain,
comment on s'assure que celui ou celle qui a une hypothèque soit averti?
Il faut qu'il soit averti aussi? Est-ce que c'est prévu comme il faut
ça?
La Présidente (Mme Bélanger): Me Bergeron.
M. Bergeron (André): C'est que la plupart des gens qui ont
des hypothèques sont comme des banques ou des sociétés
prêteuses. Ces gens-là regardent les avis publics dans la
Gazette ou dans les journaux locaux. On a prévu qu'il y avait un
avis dans la Gazette et dans les journaux locaux. Alors, ces
personnes-là auront vu les avis en question et, si elles le jugent
utile, auront intenté un recours devant la Chambre de l'expropriation,
le recours prévu dans cette loi-là.
M. Dufour: La Gazette officielle du Québec, vous
êtes en train de me confirmer qu'il y a du monde qui lit ça?
M. Bergeron (André): oui, oui, oui. dans les grands
bureaux d'avocats, je pense qu'il y a un stagiaire ou un technicien qui lit
ça fréquemment.
M. Dufour: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme, est-ce
que vous avez quelque chose à ajouter?
M. Delorme: Non. Effectivement, le but de l'avis qui a
été introduit à l'article 10, à l'article 11
également, était justement de permettre que tout
intéressé, y compris des créanciers hypothécaires,
le cas échéant, soit informé de ses droits. Le recours
à la Chambre de l'expropriation de la Cour du Québec vise
précisément non seulement la partie expropriée, mais
également toute personne intéressée. Ça inclut
justement un créancier hypothécaire qui pourrait faire valoir ses
droits devant la Chambre de l'expropriation.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 24 est adopté?
Mme Pelchat: Mme la Présidente, M. le maire aimerait
ajouter quelque chose.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Girard: Je voulais juste ajouter qu'une partie de la
réponse se retrouve plus loin à l'article 27. Lorsqu'il y a
dépôt ou enregistrement de l'avis d'échange, le
registrateur expédie un avis aux créanciers hypothécaires
comme il
arrive actuellement dans les avis de 60 jours ou dans les
enregistrements de privilèges.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Ça ne s'applique pas au moment du premier avis.
Le premier avis n'est pas envoyé au détenteur d'un droit
réel immobilier. Ce n'est pas tous les détenteurs
d'hypothèques qui lisent la Gazette officielle du Québec,
même les avis dans les journaux. Il faut être réaliste
aussi. Je crois que c'est une protection suffisante quand même parce que
son droit va être transféré. Puis, c'est évident que
le propriétaire, avant de consentir au transfert, va devoir
vérifier toutes ces choses-là et s'assurer, à supposer
qu'il ait une hypothèque d'un montant très élevé,
que ce qu'il va retirer en retour, comme immeuble, n'aurait pas la même
valeur et qu'il y aurait une différence en argent. Là, il va
falloir que ce soit vérifié, ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va?
M. Ryan: Est-ce qu'on a les garanties suffisantes dans le texte,
M. Bergeron?
M. Bergeron (André): Oui.
M. Ryan: Oui? Voulez-vous expliquer, je n'en suis pas
sûr.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Bergeron.
M. Bergeron (André): Donc, vous étiez en train de
dire: Qu'est-ce qui arrive si un créancier hypothécaire n'a pas
lu la Gazette? Disons qu'en pratique il y a très peu, à
notre avis... Nous pensons que la plupart des hypothèques sont
détenues par le ministre du Revenu, et c'est des hypothèques de
nature fiscale parce que ce sont des terrains de peu de valeur. Ça
m'éton-nerait énormément qu'il y ait beaucoup d'autres
hypothèques que celles-là. C'est ça. Disons qu'on prend
une chance en quelque sorte.
M. Dufour: En tout cas, vous prenez une chance raisonnable.
M. Bergeron (André): Oui. M. Dufour: Pas une
chance...
M. Ryan: Faisons une hypothèse, Mme la Présidente.
L'immeuble sur lequel la ville a les yeux vaut 100 000 $. Il y a une
hypothèque de 75 000 $ dessus, la ville offre en échange un
immeuble de 50 000 $ et il y a une somme liquide de 50 000 $. Si on
transfère l'hypothèque sur l'autre, l'hypothèque, si le
terrain vaut 50 000 $, quand bien même il y aurait 75 000 $ dessus, il y
a un problème, là. Il n'y a plus de garantie. Qu'est-ce qui
arrive dans ce cas-là?
M. Bergeron (André): II y a des dispositions dans la Loi
sur l'expropriation sur le transfert des sommes d'argent. C'est que les sommes
d'argent sont remises au protonotaire et distribuées au créancier
hypothécaire.
M. Ryan: À supposer que cela a été fait de
gré à gré, que le propriétaire de l'immeuble dit:
Là, j'ai une chance de faire de l'argent, le créancier
hypothécaire s'arrangera avec ce qui va rester. Je prends la
moitié en liquide et l'autre moitié là-dessus, je
transfère l'hypothèque automatiquement. Toi, tu te
présenteras à l'acte d'enregistrement. Tu chialeras si tu veux,
mais il sera trop tard.
M. Bergeron (André): Non, je ne pense pas que ça
puisse se faire parce que... En tout cas, je n'ai peut-être pas
étudié cet aspect-là. Peut-être que M.
Delorme...
M. Delorme: Non, et, à mon point de vue, il faut
peut-être examiner cette question-là. On pourrait peut-être
prendre quelques minutes pour s'assurer que ce cas-là est bien couvert
parce qu'il y a différents avis qui sont donnés par le
registrateur. Mais, suivant cet exemple-là qui nous a été
donné, je ne retrouve pas comment cette protection-là est
assurée. On pourra préparer une modification additionnelle
là-dessus ou, en tout cas, en discuter.
La Présidente (Mme Bélanger): on suspend l'article
24 et l'amendement. alors, j'appelle l'article 25. il y a une modification
à l'article 25. l'article 25 du projet de loi est remplacé par le
suivant: "25. les mesures d'exécution prises avant le transfert de
propriété sont reportées sur les immeubles offerts en
contrepartie dans l'avis visé à l'article 10."
M. Ryan: Je pense qu'il s'agit d'une modification de concordance,
Mme la Présidente. Si le député de Jonquière veut
en convenir.
La Présidente (Mme Bélanger): alors, l'amendement
est adopté. l'article 25. est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 25? il est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Tel qu'amendé?
Alors, j'appelle l'article 26. Il y a une modification.
L'article 26 du projet de loi est remplacé par le suivant: "26.
Tout droit réel affectant un immeuble pour lequel un avis visé
à l'article 10 a été
déposé pour enregistrement doit, pour conserver son effet,
être renouvelé sur le nouvel immeuble offert en contrepartie, dans
un délai de six mois en la manière prescrite par les articles
2172 et 2172a du Code civil du Bas-Canada. "Le présent article n'affecte
pas le rang des privilèges et hypothèques qui grevaient
l'immeuble offert en contrepartie immédiatement avant l'enregistrement
de l'avis visé à l'article 14."
M. Ryan: M. Bergeron est-il encore dans les alentours? Il
prépare le papillon.
La Présidente (Mme Bélanger): II est sorti.
M. Ryan: Peut-être qu'on pourrait garder celui-ci en
suspens et l'aborder... À moins que M. Delorme voudrait l'expliquer tout
de suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme, est-ce
que vous avez des explications à donner sur cet amendement?
M. Delorme: Sur 26, oui. Je pensais qu'on se
référait à l'autre article, l'article 24. En fait, les
droits réels qui existent sur l'immeuble qui est acquis par la ville
sont transférés sur l'immeuble qui est cédé en
contrepartie. Cependant, ces droits réels là, pour pouvoir
exister, doivent faire l'objet d'un nouvel enregistrement, et c'est ça
qui est prévu à l'article 26. Maintenant, l'amendement n'est pas
substantiellement...
En fait, ce qui est nouveau par rapport au texte original de 303, c'est
qu'on a prévu un deuxième alinéa relativement à la
créance des privilèges, au rang des privilèges et
hypothèques en trop. On s'est dit: Si, à un moment donné,
une personne arrivait en deuxième sur le premier immeuble et qu'elle
enregistrait son droit avant, sur l'autre immeuble, est-ce qu'elle passerait en
avant du premier créancier ou du premier détenteur de droit
réel? Pour s'assurer que telle ne serait pas la situation, on a
prévu, après discussion, le deuxième alinéa qui dit
qu'on va préserver le rang des créanciers entre eux sur le
deuxième immeuble. C'est ça qui est le but, en fait, de
l'amendement, par rapport au texte original de l'article 26.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va, les explications?
M. Dufour: quand on dit que, pour conserver son effet, il doit
être renouvelé sur le nouvel immeuble offert en contrepartie, ce
droit-là, il faut qu'il soit fait en... ils ont six mois pour le faire.
ce n'est pas nécessairement le propriétaire qui l'a, c'est
quelqu'un d'autre. comment il va être averti, ce quelqu'un d'autre
là?
M. Delorme: II va avoir été avisé. C'est
l'article 27, je pense, qui règle la question, qui prévoit qu'il
y a un avis qui est donné par le registrateur. On me corrigera si ce
n'est pas exact. On dit: "Dès le dépôt d'un avis
d'échange...
M. Dufour: O.K.
M. Delorme: ...le registrateur expédie, par lettre
recommandée..." Alors, c'est là qu'est la protection.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 26 est
adopté...
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): ...tel
qu'amendé? Il y a une modification encore. On ajoute l'article 26.1.
Le projet de loi est modifié par l'insertion, après
l'article 26, du suivant: "26.1 Malgré l'article 1598 du Code civil du
Bas-Canada, la personne qui est évincée d'un immeuble que la
ville lui a cédé en contrepartie ne peut réclamer que des
dommages-intérêts."
M. Ryan: Je pense que ça va de soi, ici. Ce n'est pas sous
prétexte qu'il y aurait eu un manque dans la manière de
procéder qu'on devra être habilité à remettre en
question la transaction elle-même. Je pense qu'il pourrait y avoir un
recours en dommages, c'est normal. Alors, la personne évincée
d'un immeuble que la ville lui a cédé en contrepartie ne peut
réclamer que des dommages-intérêts. Autrement, on
remettrait en cause tout le principe même du projet de loi.
M. Delorme: C'est exactement ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 26.1 est
adopté. J'appelle l'article 27. Il y a une modification.
M. Dufour: Ce n'est pas modifié, c'est
remplacé.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 27 du
projet de loi est remplacé par le suivant: "27. Dès le
dépôt d'un avis visé à l'article 10, le registrateur
expédie, par lettre recommandée ou certifiée, à
chaque créancier hypothécaire ou privilégié qui a
donné avis de son adresse ou de son domicile élu, un avis le
notifiant de renouveler sur l'immeuble offert en contrepartie dans l'avis
visé à l'article 10 l'enregistrement du droit réel dont il
apparaît être titulaire. "Mention de la présente loi est
faite à l'index des immeubles en regard de l'immeuble
anciennement affecté par un droit réel et de celui offert
en contrepartie dans l'avis visé à l'article 10. "Cette mention
opère radiation des inscriptions portées en regard de l'immeuble
anciennement affecté par un droit réel et prend effet lors du
renouvellement fait conformément à l'article 26 ou, à
défaut, à l'expiration du délai qui y est
prévu."
M. Ryan: Ici, il s'agit essentiellement de modifications de
concordance pour faire le rattachement avec l'article 10 où on a fait
des modifications significatives quant à l'avis qui doit être
donné au propriétaire d'un immeuble. Par conséquent, tout
le reste demeure comme c'était dans le texte antérieur, sauf ces
modifications-là. Il renvoie à l'article 10. On a refait tout le
texte pour simplification. Ça, c'est en ce qui touche les modifications.
Sur le fond, on voit que ce sont des garanties qui sont données. Le
registrateur doit expédier a chaque créancier hypothécaire
ou privilégié un avis le notifiant de renouveler son droit sur
l'immeuble qui est offert en contrepartie. Il est avisé de ça
pour être bien sûr qu'il n'y aura pas de mélange. Mention de
la présente loi est faite à l'index des immeubles en regard de
l'immeuble anciennement affecté par un droit réel et de celui qui
a été offert en contrepartie.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va?
M. Ryan: Je pense que ce sont des dispositions mécaniques
qui doivent trouver application si on veut que la loi prenne tout son sens en
ce qui touche la protection des créanciers hypothécaires.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté?
M. Dufour: Le seul danger... C'est évident qu'il peut
toujours y avoir un vice de procédure quelque part en cours de route. Ce
serait quoi le recours, à ce moment-là? La loi enlève ces
possibilités-là. S'il y avait un vice de procédure ou une
procédure mécanique, une lettre enregistrée, etc., s'il y
avait quelque chose qui manquait en cours de route, ça serait quoi?
Ça serait des dommages-intérêts. Il pourrait revenir
à la charge.
M. Bergeron (André): Quel type de manquement pourrait
survenir? Avez-vous un exemple?
M. Dufour: Des fois, on envoie des avis. Il y a un changement
d'adresse et, pour une raison ou pour une autre, la personne concernée
ne l'a pas. S'il y avait une erreur quelque part en chemin... Il peut arriver
n'importe quoi. (17 h 15)
M. Bergeron (André): Pour une question possible de recours
en responsabilité, c'est dépendamment de la nature de la faute.
Autrement, on a prévu des modes de signification du Code de
procédure civile, ce sont les règles ordinaires qui s'appliquent.
Ça se peut qu'il arrive des accrocs, mais, dépendamment de la
nature et du dommage et, finalement, des liens de responsabilité,
à ce moment-là, il pourrait y avoir effectivement des recours en
dommages-intérêts dans certaines circonstances. Je ne sais pas si
Me Delorme veut ajouter quelque chose à cet égard-là.
Ça se peut que ça se produise.
M. Delorme: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Delorme: Mme la Présidente, la ville va demeurer
sujette au droit commun. S'il y a des erreurs, la procédure pourra
être mise de côté. Il y a des recours en dommages qui
pourront être intentés, mais ça, je pense que ce n'est pas
possible de mettre la ville de Saint-Hubert ou quelque justiciable que ce soit
à l'abri de poursuites en vertu des dispositions du droit commun.
M. Girard: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Girard: ...c'est comme on a actuellement dans le droit commun
en général. Le deuxième créancier
hypothécaire qui reçoit ou qui devrait recevoir un avis du bureau
d'enregistrement quand le premier créancier hypothécaire envoie
un avis de 60 jours, c'est le même principe qui s'applique.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 27 est adopté?
M. Dufour: Je veux juste me rassurer. Les six mois dont on a
parlé, ça commence à partir de la date de l'avis?
M. Ryan: La date de signification.
M. Dufour: La date de signification, O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va.
L'article 27 est adopté tel qu'amendé? J'appelle l'article
28. Il y a une modification.
L'article 28 du projet de loi est modifié par le remplacement,
dans la deuxième ligne, des mots "de terrains" par les mots
"d'immeubles".
L'amendement est adopté? L'article 28, M. le ministre.
M. Ryan: Là, il y a une obligation pour la ville de
déposer, auprès du ministère de l'Énergie et des
Ressources, un plan comportant l'annula-
tlon et le remplacement de numéros de lots dont elle est
propriétaire, conformément aux dispositions du Code civil.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. L'article 28, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
29. Il y a un amendement.
L'article 29 du projet de loi est modifié par le remplacement,
dans la quatrième ligne, du mot "terrain" par le mot "immeuble". Est-ce
que l'amendement est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 29. M. le
ministre.
M. Ryan: L'article 29 confère à la ville le pouvoir
de procéder à toute l'opération cadastrale..:
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant.
M. Delorme: Non, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: ...l'article 29 est retiré.
M. Ryan: Retiré.
Des voix: Ah!
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
retiré et l'article 29 est retiré.
M. Dufour: Et son amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Et son amendement,
c'est ça que je dis. J'appelle l'article 30. Il n'y a pas de
modification. M. le ministre.
M. Dufour: Oui, il y aurait une modification.
M. Ryan: À l'article 30, il n'y a pas de modification.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a pas de
modification.
M. Dufour: Bien oui. "En vertu des articles 28 et 29"; on vient
de retirer l'article 29.
Une voix: Oui, c'est vrai. Une voix: Très bien,
très bien.
Une voix: II suit bien son projet. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Dufour: II faudrait amender "des articles 28".
Une voix: Par la suppression des mots...
M. Dufour: Non, non, mais corriger "des articles" pour "de
l'article 28".
La Présidente (Mme Bélanger): "Des articles 28 et
29". Par la suppression, à la première ligne... Alors, on a une
modification à l'article 30 due à la vigilance de M. le
député de Jonquière. On est en train de le
rédiger.
M. Ryan: Le député de Jonquière, s'il
continue d'être aussi construct, il va finir par se retrouver du
côté gouvernemental avec nous!
M. Dufour: Ça, ce serait quelque chose de bien difficile!
Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha! Là, nous sommes à
l'article...
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 30. On est
après faire l'amendement à l'article 30 parce que c'est en vertu
des articles 28 et 29 puis l'article 29 est retiré. Je demanderais
à Me Turmel de se lire lui-même parce que c'est illisible pour
moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Turmel: L'article 30 du projet de loi est modifié par
le remplacement, dans la première ligne, des mots "des articles 28 et
29" par les mots "de l'article 28". Ça va?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Me Turmel.
L'amendement est adopté?
M. Dufour: Adopté.
M. Ryan: Et l'article aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 30,
tel qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 31.
L'article 31 du projet de loi est modifié: 1° par la
suppression, à la première ligne du premier alinéa, des
mots - Me Turmel, il faut dire: Ouvrir les guillemets? - "le deuxième
alinéa de"; 2° par la suppression, dans les deuxième et
troisième lignes du premier alinéa, des mots "la possession ou";
3° par le remplacement, dans la troisième
ligne du premier alinéa, du mot "terrain" par le mot "immeuble";
4° par le remplacement, dans la sixième ligne du premier
alinéa, des mots "ce terrain" par les mots "cet immeuble"; 5° par le
remplacement... Ce n'est pas nécessaire?
M. Turmel: Vous pouvez laisser faire, c'est parce que, moi, je
l'ai dit comme ça, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): 5° par le
remplacement, dans la première ligne du troisième alinéa,
du mot "du" par le mot "de".
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement, M. le ministre?
M. Ryan: Je n'ai pas de commentaires. M. Dufour: Ça
va sur l'amendement.
La Présidente
(Mme Bélanger): pas de
commentaires. alors, l'amendement est adopté. est-ce que l'article 31,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 31, tel
qu'amendé, est adopté, M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Attendez un peu, par exemple. Ça fait des
changements pas mal. On a deux secondes.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce qu'il y a des commentaires sur l'article 31? Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 31, suite à l'adoption de... Ça
va?
M. Dufour: Ça va, c'est parce que je voulais le lire
tranquillement. Il y a des changements. Je voulais voir si c'était
conforme aussi, la façon que c'est rédigé.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K.
M. Dufour: on dit une "partie de lot", mais il y a un autre
endroit où on dit le "résidu du lot". c'était une
façon d'essayer de tout voir ça. mais, ça va, c'est clair
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 31, tel
qu'amendé, est adopté? J'appelle l'article 32. M. le
ministre.
M. Delorme: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: L'article 32 est retiré.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! l'article 32 est
retiré.
M. Delorme: C'est ça.
M. Ryan: Attendez un petit peu, vous allez m'expliquer 32. Moi,
j'étais disposé à l'accepter parce que je trouvais que,
dans des cas difficiles, ça pouvait favoriser des cas
d'absentéisme du propriétaire. Ça pouvait favoriser
l'exercice de ses volontés légitimes par la ville. Voulez-vous me
dire pourquoi vous le retirez?
M. Delorme: À la suite de représentations... La
Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: ...qui ont été faites par les
légistes du gouvernement et après discussion de la question avec
les gens de Saint-Hubert qui seraient susceptibles de mettre ça en
application, on s'est rendu compte que ça ne faisait que soulever des
problèmes extrêmement sérieux, en ce sens qu'on pourrait
simplement établir le droit à la propriété par le
simple serment d'une personne.
On s'est dit: Si, à un moment donné, dans le futur,
quelqu'un venait nous démontrer que cette personne qui a fait ce
serment-là n'était pas crédible, etc., ça aurait
quoi comme effet? On a dit: C'est sûr que ça assouplit
l'application de la loi; ça la facilite. Cependant, - c'était la
recommandation des gens du gouvernement - on s'est dit: Oui, c'est vrai, on va
se retrouver dans des situations où on pourra devoir corriger des
erreurs qui auraient pu être commises dans l'application de 32 parce
qu'on pourra nous reprocher de ne pas avoir suffisamment vérifié
que "l'affiant" était une personne qui était sérieuse,
etc.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça va,
Me Delorme. L'article 32 est retiré.
M. Girard: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Girard: ...c'est pour rajouter, pour M. le ministre, qu'on a
déjà l'expérience à Saint-Hubert d'expropriations
impliquant des étrangers. On doit savoir que, dans ce genre
d'expropriations là, il y a des gens qui se spécialisent d'aller
voir les étrangers, de faire le tour, admettons en Belgique, de certains
propriétaires, d'aller faire signer des affidavits devant notaire ou un
officier de justice, etc. On est habitué. On fait des transactions. On a
même repris des terrains appartenant à des abbayes en Belgique,
à des Suisses. Même en Afrique du Sud, dans l'État du
Transvaal, on a réussi à reprendre des terrains par
expropriation, tout en suivant ce que la loi nous demande de faire.
M. Ryan: Alors, j'accepte volontiers qu'il y ait chez vous des
personnes plus averties que nous en matière de transactions
immobilières.
M. Girard: Je ne sais pas, peut-être!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 32
est retiré. J'appelle l'article 32.1.
Dispositions diverses
Le projet de loi est modifié par l'insertion, au début du
chapitre IV, de l'article suivant: "32.1. Un avis visé à
l'article 10 lie une personne qui acquiert l'immeuble exproprié avant
l'enregistrement prévu à l'article 14. "Toutefois, si le
propriétaire à qui a été signifié l'avis
visé à l'article 10 cède l'immeuble concerné
après s'être adressé à la Chambre de
l'expropriation, l'article 43 de la Loi sur l'expropriation s'applique."
Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Ryan: Dans la mesure du possible, surtout lorsque la justice
peut être impliquée, avec un petit "j", on essaie de suivre les
règles qui sont dans la Loi sur l'expropriation. On y fait exception
quand ça apparaît vraiment nécessaire pour la
réalisation des objets du projet de loi. L'article 43 auquel
réfère celui-ci, l'article 43 de la Loi sur l'expropriation, dit
ceci: "Lorsque l'avis d'expropriation est déposé auprès de
la Chambre, l'instance se poursuit contre l'exproprié à moins que
celui qui devient titulaire d'un droit sur le bien faisant l'objet de
l'expropriation ne reprenne l'instance ou n'intervienne."
La Présidente (Mme Bélanger): ça va, pour
l'amendement à l'article 32.1? alors, l'article 32.1 est adopté.
j'appelle l'article 33. il y a une modification.
L'article 33 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans les deuxième et troisième lignes du premier
alinéa, des mots "de la reconstitution d'un lot ou de son remembrement"
par les mots "du remembrement d'un lot"; 2° par l'addition de
l'alinéa suivant: "La ville doit offrir ce lot en vente, à sa
valeur réelle, dans l'année qui suit son remembrement, afin qu'il
soit exploité à des fins agricoles."
Une voix: C'est fort, hein! M. Ryan: Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? M. le
ministre.
M. Ryan: ...je pense qu'avec l'amendement nous précisons
l'obligation qui est faite à la ville, dans les cas où elle
procède à l'acquisition d'un terrain à vocation agricole,
de l'offrir en vente à sa valeur réelle dans l'année qui
suit son remembrement afin qu'il puisse être exploité à des
fins agricoles. C'est dit clairement.
On ajoutera, à l'article suivant, que la ville peut
également, avec l'approbation préalable du ministre de
l'Agriculture, louer ce lot pour des fins agricoles. La vocation des immeubles
est bien clairement définie. Le rôle du ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, contrairement à ce qu'on peut
lire dans les journaux ces jours-ci, est clairement protégé. (17
h 30)
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté?
M. Dufour: Bien, j'aurais aimé avoir un petit peu plus
d'explications. Ça me semble clair.
Une voix: Sur quoi?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Sur l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce qu'il y a des...
M. Dufour: Mais, quand on dit que "la ville doit offrir ce lot en
vente, à sa valeur réelle, dans l'année qui suit son
remembrement", ça pourrait dire que le lot est acheté, il y a un
an, pour que la possession réelle se fasse, et que son remembrement peut
prendre du temps. Il peut y avoir des parties de ces lots-là qui se
font. Comment... Parce qu'on fait une obligation à la ville.
M. Delorme: Qu'est-ce que c'est?
M. Dufour: Je veux bien que la ville aussi...
M. Delorme: Sur l'aspect technique, je vais répondre, Mme
la Présidente. Je vais ensuite laisser M. le maire vous faire part des
discussions qu'il y a eu avec les représentants de l'Union des
producteurs agricoles. Le but de la loi, c'est d'opérer des
remembrements. Mais, une fois le remembrement existant créé,
à ce moment-là, ces lots-là doivent être remis en
agriculture, donc être transférés à des gens qui
sont susceptibles de les exploiter à des fins agricoles. Alors
ça, c'est ça l'article 33. Il vise essentiellement, donc,
à remettre entre les mains d'agriculteurs des lots qui auront
été remembrés.
Pourquoi un an? C'est par souci d'uniformité avec certaines
autres lois qu'on a examinées et, plus particulièrement, avec les
dispositions applicables en matière de vente pour taxes, les articles
530 quelque chose et suivants de la Loi sur les cités et villes
où on dit: La ville... Parce
qu'à l'origine on avait étudié un texte dans lequel
on disait: "...doit immédiatement offrir en vente". Bien,
immédiatement, c'est quand ça? Ça ne peut pas être
instantané, ça ne peut pas... Bien, alors, on a dit: II faudrait
quand même que ça se fasse à l'intérieur d'un
certain délai, que ce soit raisonnable. Alors, on a emprunté le
délai d'un an que l'on retrouve à la Loi sur les cités et
villes en matière d'acquisition par la ville d'immeubles lors de vente
pour taxes.
Une voix: J'ajoute à ça...
M. Ryan: La constitution d'un lot et son remembrement.
M. Delorme: Bon, là, au cours d'une discussion, hier
après-midi, on s'est rendu compte qu'on retrouvait à l'article 33
le terme "reconstitution". On s'est dit assez curieusement que c'est le seul
endroit où, dans la loi, on utilise le terme "reconstitution" et on
s'est interrogé sur l'opportunité de conserver ce
terme-là. On s'est dit: Ça ne peut qu'être une
possibilité ou un élément qui pourrait soulever des
difficultés. Parce qu'on a dit: Finalement, on ne devrait pas faire de
distinction entre ces deux termes-là. SI on les emploie, c'est donc que,
puisque le législateur n'étant pas censé parler pour ne
rien dire, il faudrait en venir à la conclusion qu'il y a une
différence entre "reconstitution" et "remembrement", et nous n'avons pas
retrouvé de telle distinction, d'où le fait qu'on a dit: Enlevons
"reconstitution". C'est le seul endroit, à l'article 33, où on le
retrouvait.
M. Girard: J'ajouterais, au niveau du principe de la vente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Girard: ...que c'est suite à nos rencontres avec les
représentants du ministère de l'Agriculture et aussi les gens de
l'Union des producteurs agricoles qui nous ont, pour ainsi dire, convaincus de
la nécessité qu'on parle d'abord du principe de la vente. Si on
ne réussit pas à vendre, là, on pourra parler de location,
mais pas le contraire. Nous, on était intéressés à
conserver, à un moment donné, les terres, quitte à faire
des baux qui pourraient être de plusieurs dizaines d'années s'il
le faut, mais, si on est prêt à remettre ces terres à
l'agriculture, pourquoi ne pas les vendre tout simplement et permettre à
des producteurs agricoles de s'installer définitivement sur ces
terres-là qui seront, une par une, reconstituées ou du moins
remembrées?
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, au point de vue pratique, quand
considérez-vous qu'un lot est remembré? Est-ce que c'est à
partir de la division originale?
M. Girard: Oui, ça pourrait...
M. Dufour: Ou si ça pourrait être une partie d'un
lot qui pourrait être reconsidéré comme remembré ou
pas?
M. Girard: D'après moi, c'est lorsqu'on peut reconstituer
une terre complète au lot original. Je pourrais donner des exemples.
M. Dufour: Vous êtes d'accord là-dessus, les
avocats?
M. Girard: J'ai une carte qu'on... Je pourrais vous montrer de
quelle façon on entend procéder. Puis si on a l'occasion...
M. Dufour: Non, non, je pense que je peux le visualiser si vous
me donnez l'information, en autant que vous êtes d'accord, le procureur,
là...
M. Delorme: Non, non, j'allais... D'un point de vue strictement
technique, je pense qu'il faut s'en remettre au chapitre I qui est le
règlement portant remembrement. Je suis d'avis qu'il y a remembrement
lorsque le règlement portant remembrement a été
réalisé. Ce qu'on a vu à la suite du chapitre I, avec le
chapitre II, ce sont des moyens de mettre en application, de réaliser le
remembrement, soit par acquisition de gré à gré ou par
voie d'expropriation avec échange, comme on vient de le voir.
Mais le but ultime de la loi, c'est de reconstituer des lots, des
planches de terrain qui peuvent être remises en agriculture. Alors,
dès qu'il y a un lot qui est maintenant susceptible d'être
exploité à des fins agricoles et vraisemblablement avec une
nouvelle référence cadastrale, à ce moment-là, on
pourrait dire, oui, que cet immeuble-là a été maintenant
remembré.
M. Dufour: L'opération de ce remembrement-là va se
faire, j'imagine, sur quelques années.
M. Delorme: Non. M. Dufour: Non.
M. Delorme: Bien, on espère que non. Bien, écoutez,
on a fait des...
M. Dufour: Bon, O.K. Mais là je fais une supposition.
Supposons que ça serait quelques années...
M. Delorme: Mais la réponse, c'est que ça se
pourrait, oui, que ça prenne des années.
M. Dufour: Moi, je comprends l'esprit avec
lequel le projet de loi est fait. Le maire a cette
volonté-là. Mais j'émets comme hypothèse que ce
n'est pas complété. Il y a une élection, il y a d'autre
chose qui peut arriver. Il y a toutes sortes de choses qui peuvent arriver dans
la vie d'une municipalité. Quelqu'un, au conseil municipal, pourrait
garder ces terres-là non remembrées sous le prétexte que
toute l'opération n'est pas complétée, et il empêche
une opération de se faire sur un lot donné et ce n'est pas
remembré. Qu'est-ce qui pourrait arriver dans un cas comme ça? Y
a-t-il quelqu'un qui pourrait...
M. Girard: Oui, je pense que je pourrais... M. Dufour:
Oui.
M. Girard: II se fait battre aux élections suivantes en
partant, parce que je pense que l'opération, si elle est
déjà commencée, un conseil de ville qui arrêterait
l'opération, qui, d'après moi, sera un succès avec le
temps, un maire ou un conseil de ville qui arrêterait ça en chemin
n'aurait pas l'air vraiment d'une personne ou de personnes qui continueraient
à avoir une suite logique avec un projet de loi aussi
intéressant.
Puis nous, ce qu'on veut faire, c'est simple. On commence avec le
secteur à gauche, où il y a déjà des terres
agricoles. On va chercher terre par terre. On ramène les lots
originaires, là, à ce qu'ils étaient auparavant. On les
ramène doucement à des lots complets pour nous. Par les cartes
qu'on a, le secteur du chemin de Chambly, c'est le secteur où on est le
plus propriétaire. À mesure qu'on vend des terres, l'argent des
terres va servir à acheter les autres terrains suivants. Si, par
exemple, dans les deux ou trois premières années, on
réussit à remembrer ces terres-là, on vient de
créer une nouvelle zone agricole. On sait très bien qu'il y a des
propriétaires qui pourront peut-être, d'eux-mêmes, faire du
remembrement à un certain moment donné. On va créer une
opération peut-être au niveau du privé aussi qui va
chercher à faire du remembrement. On sait que ça peut prendre
peut-être 10 ans, mais peut-être que ça peut prendre 5 ans
aussi.
Je comprends qu'il peut y avoir des inquiétudes à savoir
si, à un moment donné, on arrête en chemin, mais je me dis
que, si c'est mis en marche, le projet qui est actuellement à
l'étude, il n'y a personne qui pourra arrêter ça. Ça
va se faire. Puis, s'il y a quelqu'un qui arrête ça, ça va
revenir une journée parce que ça ne peut pas ne pas
fonctionner.
M. Delorme: Je peux ajouter que les amendements qui ont
été apportés à l'article 14 visaient justement
à éviter qu'on demeure dans une période d'incertitude
prolongée parce que la ville déciderait par voie
réglementaire d'une opération de remembrement. Elle doit la
réaliser en transmettant des avis de remembrement, et c'est là la
véritable mise en application de sa réglementation. Qu'il y ait
un règlement tablette, à mon point de vue, il n'y a personne qui
ne subit de préjudice. Cependant, s'il y a des avis d'échange qui
ont été transmis, des avis visés à l'article 10,
à ce moment-là, c'est là que débute la
période d'incertitude pour des personnes visées par cet
avis-là.
On dit que cet avis-là vise une chose, c'est que, si la ville
continue dans le sens de sa réglementation et veut réaliser son
remembrement, à ce moment-là, elle doit enregistrer son avis,
l'avis de 10, en vertu de l'article 14. C'est pourquoi, tout à l'heure,
on a discuté d'amendements pour dire: La ville devra, à un moment
donné, enregistrer l'avis de l'article 10 en vertu de l'article 14 du
projet de loi. C'est très technique, ce que je dis là, mais c'est
ça qui est la mécanique. Parce qu'on le verra tout à
l'heure, la ville conservera la faculté de se désister de sa
procédure de remembrement. Mais il y a des balises, il y a du temps qui
a été prévu à l'intérieur du projet de loi
à cet effet-là.
M. Dufour: Quand on parle que "la ville doit offrir ce lot en
vente, à sa valeur réelle", de quelle façon vous obtenez
cette valeur?
M. Delorme: Bon, là-dessus, je réponds. M. le maire
pourra donner des explications additionnelles quant aux entretiens qu'il a eus
avec les représentants de l'Union des producteurs agricoles. On s'est
longuement interrogés sur la question de savoir comment
déterminer la valeur des immeubles. On a dit: Est-ce qu'on ne parle pas
de valeur, ce qui effrayait un peu les membres de l'Union des producteurs
agricoles? Alors, on a dit: Quelle est la valeur à laquelle on peut
faire référence? On a dit: II ne peut exister, à notre
avis, qu'une valeur réelle, le concept de la valeur réelle
étant en droit municipal un concept qui est admis. On le retrouve dans
la Loi sur la fiscalité municipale. Mais on a fait exprès pour ne
pas non plus référer ou renvoyer à la Loi sur la
fiscalité municipale parce que ça aurait pu, en quelque sorte,
baliser trop ce qui était visé par la loi.
Alors, on a dit: Est-ce qu'on parle de valeur agricole? On a dit: II n'y
a aucun moyen de déterminer ce qui est une valeur agricole. Alors, on a
dit: On va parler de valeur réelle. On dit: La valeur réelle,
c'est nécessairement la valeur, si on réfère au concept
généralement admis et celui que l'on retrouve dans la Loi sur la
fiscalité municipale, d'un bien qui est mis en vente et qui est acquis
par une personne qui n'est pas obligée d'acheter. Alors, qui est mis en
vente par une personne qui n'est pas tenue de vendre et qui est acquis par une
personne qui n'est pas tenue d'acheter.
Alors, on a dit: Oui, mais comment rejoi-
gnez-vous... Et c'a été... M. le maire en parlera
davantage tout à l'heure. Comment est-ce que ceci pouvait rejoindre les
préoccupations des agriculteurs? On a dit: Définitivement, si je
veux évaluer la valeur réelle d'un immeuble situé en zone
agricole, je devrai nécessairement tenir compte de la valeur, du fait
que cet immeuble-là est situé en zone agricole, notamment zone
agricole prévue par la Loi sur la protection du territoire agricole. On
a dit: Est-ce qu'il y a suffisamment de garanties? C'est l'article qui suit qui
va donner la garantie parce que, si la ville ne trouve pas d'acheteur à
sa valeur réelle, à ce moment-là, elle pourra le
conserver, mais avec l'autorisation du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Alors, je vais maintenant demander à M. le maire qu'il
complète pour ce qui est des aspects qui ont fait l'objet de discussions
avec les gens de l'Union des producteurs agricoles. Mais c'est ça qui
est la mécanique et qui reflète en sorte... L'Union nous a
confirmé son accord et l'a même fait par écrit en date
d'hier. J'ai une lettre Ici qui confirme que l'Union des producteurs agricoles
est d'accord avec cette mécanique.
M. Girard: C'est certain qu'on a eu beaucoup de discussions avec
les gens de l'Union des producteurs agricoles concernant la valeur parce que,
pour eux, c'est quand même important de savoir à quel prix nous
pourrions revendre les terres lorsqu'on aura refait le remembrement. Mais on
est conscients que, dans ce dossier-là, il y a beaucoup de
problèmes au niveau de l'évaluation du coût parce qu'il y a
toute la question de la remise en valeur. Il faut quand même, à
certains endroits, défricher. Il va falloir nettoyer les terres parce
que, quand même, à certains endroits, les arbres ont eu le temps
de repousser jusqu'à un certain point au niveau d'arbustes. Et aussi, il
y a toute la question du drainage qui est très importante.
M. Ryan: Alors, Mme la Présidente, est-ce que je peux
demander-La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: ...à Me Delorme s'il faisait allusion à
une note qui lui aurait été adressée en date du 12
décembre?
M. Delorme: Oui, monsieur. Bien... M. Ryan: Par l'UPA.
M. Delorme: ...je pense que j'ai une lettre ici en date du 12
décembre qui m'est adressée en date du 12 décembre 1991,
qui faisait suite d'ailleurs à un premier courrier qui nous avait
été transmis par l'Union des producteurs agricoles à M. le
maire et à moi-même et, j'imagine, à vous-même...
M. Ryan: Alors...
M. Delorme: ...et où on communiquait, en fait, les
commentaires...
M. Ryan: ...auriez-vous objection à ce que...
M. Delorme: ...où l'Union des producteurs agricoles
confirmait ses commentaires.
M. Ryan: Auriez-vous objection à ce que cette lettre soit
inscrite dans le compte rendu de nos délibérations?
La Présidente (Mme Bélanger): Absolument pas. Vous
la déposez, M. le ministre?
M. Delorme: À ce titre, madame-La Présidente
(Mme Bélanger): Vous allez nous la déposer.
M. Delorme: ...la Présidente, si on parle de la lettre du
12 décembre, je pense cependant que... Est-ce qu'on réfère
à des articles en particulier? Oui. On parle des articles 31...
M. Ryan: Non, 31 et suivants. M. Delorme: ...32, 33,
34... M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Delorme: ...mais on se comprend que ce n'est pas
nécessairement les mêmes articles qu'on a ici, puisqu'ils avaient
une version modifiée avec des numéros d'articles qui avaient
été corrigés. mais on réfère - je l'atteste,
là - aux mêmes dispositions que ce qui fait l'objet de la
discussion présentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça
va.
M. Dufour: J'aurais une autre question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Dans les lois qu'on rencontre
généralement pour les municipalités, les
municipalités ne peuvent pas vendre en bas du prix que ça leur
coûte. Est-ce que la notion de valeur réelle inclut aussi la
notion, dans le prix de vente, que la municipalité doit avoir au moins
un prix minimum? Dans le sens qu'il y a des coûts qui vont dans les
achats de terrain, et il pourrait arriver qu'il y ait des coûts
supérieurs à ce que la personne offre pour le terrain. Est-ce
qu'il y a une protection à quelque part? (17 h 45)
M. Delorme: Initialement, il avait été prévu
que des dispositions qui seraient incluses dans le projet de loi privé
devraient comporter que la ville devrait retrouver son prix de revient, un peu
de la même façon que ce que l'on retrouvait à l'article 2
du projet de loi d'Anjou ce matin. Cependant, il serait quasi impossible de
remettre ces terres en culture si la ville espérait
récupérer son prix de revient. Ces immeubles étaient
affectés par des taxes sur la superficie qui étaient importantes.
La ville a repris ces immeubles-là, a repris des immeubles dans certains
cas. La ville a donc, si on tient compte de l'ensemble de son territoire, perdu
des sommes d'argent et, donc, c'était une préoccupation qu'avait
l'Union des producteurs agricoles lorsqu'elle a rencontré M. le maire
à une réunion à laquelle je participais, c'est qu'on a
dit: Surtout, ville de Saint-Hubert, vous devrez mettre ces immeubles en vente,
non pas en espérant récupérer toutes les sommes d'argent
que vous pourriez avoir perdues en raison du fait que ces immeubles-là
ont été, pendant une certaine période de temps,
propriété de la ville, etc.
M. Girard: Parce que la crainte principale des gens de l'Union,
c'était ça.
M. Ryan: Mais je pense qu'on est mieux de ne pas rouvrir ce
débat-là. Je pense qu'on est mieux de ne pas rouvrir le
débat des taxes passées. Il y a eu toutes sortes de controverses
là-dessus.
M. Dufour: Moi, je n'ai pas ouvert ce débat-là.
M. Ryan: Correct, très bien. C'est parce que M. Delorme
vient de l'ouvrir. Je n'ai pas d'objection, mais c'est parce que ça va
nous conduire loin et on n'arrivera pas nécessairement aux mêmes
conclusions sur tous les détails.
M. Girard: Si vous permettez, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. Girard: ...c'est qu'on a justement réglé
définitivement le problème avec les gens de l'Union des
producteurs agricoles qui craignaient qu'on essaie d'aller rechercher par en
arrière les taxes impayées et perdues. J'ai confirmé
verbalement aux représentants locaux et régionaux de l'UPA qu'il
n'était pas question d'aller chercher des taxes et de s'en servir pour
faire l'évaluation. On a parlé d'évaluation réelle
du marché. Il n'est pas question de taxes perdues ou
impayées.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce
que...
M. Dufour: Mme la Présidente, j'ai encore une autre
question. Je pense qu'on n'a pas abusé, là, mais je pense aussi
qu'il faut faire attention. Je veux bien protéger l'UPA et je veux bien
accepter leur point de vue, mais je pense qu'au point de vue des contribuables
de Saint-Hubert je vais me mettre à leur place. Moi, bon, je dis qu'ils
vont vendre leurs terrains. Comme ce sont des terrains qui sont des terres
agricoles, ils ne sont pas plus fous qu'il faut, les gens qui veulent cultiver.
Ils peuvent s'organiser pour fixer des prix qui sont un peu plus bas que la
moyenne et, à ce moment-là, la ville pourrait écoper parce
que la valeur réelle, c'est la valeur du marché. Ça fait
que la valeur du marché, ce serait facile pour eux de s'entendre, et je
ne sais pas comment on peut contrer ça, là.
Les gens qui peuvent, comment je dirais, mettre un prix
là-dessus, ce sont des gens qui ont une idée de l'agriculture.
Ils pourraient faire des mises plus basses que la moyenne. Ça fait que
comment on peut protéger ça? Parce que, moi, j'ai de la
misère à comprendre que ça n'irait pas rencontrer les
coûts, parce que c'est en ville, ça. Ce n'est pas n'importe
où. C'est en pleine région de Montréal, des terres 2 et 3.
Mme la députée de Vachon en a parlé ce matin. Ce sont des
bonnes terres.
M. Ryan: Maintenant, la valeur réelle, là, ce n'est
pas nécessairement la valeur du marché aujourd'hui.
M. Dufour: Non, je comprends ça.
M. Ryan: C'est la valeur réelle estimée par
l'offrant, par celui qui veut vendre son terrain. Il dit: J'estime la valeur
réelle à tel prix. S'il n'y a personne pour l'acheter, il va
pouvoir le mettre en location. Il n'est pas obligé de le vendre. Il peut
arriver que la valeur réelle soit atteinte par le marché dans un
an, deux ans ou trois ans. Il peut arriver qu'il y ait un "slump" à un
moment donné, un mouvement de stagnation et même de recul du
marché, mais que la valeur réelle de la propriété
soit plus élevée pour celui qui sait attendre. La ville va avoir
toute la latitude voulue pour ne pas prendre de décision tout de suite
là-dedans.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Mme Pelchat: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Alors, est-ce
que l'amendement à l'article 33 est adopté?
M. Dufour: Mais je reste avec une petite réticence pareil.
Il y a un marché qui se passe et je pose la question au ministre,
à ce moment-ci: Pourquoi cette vente-là ne serait pas soumise...
La ville peut le faire, mais s'assurer que tout est correct? Là, je
prends une protection contre la ville puis contre tout le monde. Ça
arrive des fois qu'on remet des transactions comme ça dans les mains de
quelqu'un. Ça passe à quelqu'un avant que... Par exemple, on dit:
À l'approbation du ministre. Ça peut être à
l'approbation du ministre de l'Agriculture, ça peut être à
l'approbation... Je ne le sais pas. Est-ce que ce serait une garantie
meilleure?
M. Ryan: Je comprends la crainte du député de
Jonquière. Il peut arriver, disons, que quelques cultivateurs
déjà installés là se disent: Nous autres, on veut
agrandir notre domaine. Là, on va se vendre des choses entre nous
autres, après ça on va établir un prix du marché
puis on va en acheter d'autres de la ville, là.
M. Dufour: C'est ça. Voilà.
M. Ryan: Mais ça, à ce moment-là, moi, je
pense que ça ne rentre pas dans le concept de valeur réelle.
C'est parce que la ville établira à sa satisfaction à elle
qu'il y a eu manipulation du marché pour des fins lucratives,
intéressées. Elle dira: Nous autres, notre valeur réelle,
ce n'est pas celle-là qu'ont fixée les deux, trois petits
spéculateurs; c'est ceci, tenant compte de ce que ça nous a
coûté, de ce que ça vaut, dans l'ensemble des
considérations de la ville. C'est elle qui va rester maltresse de
ça. Elle n'est pas obligée de le vendre à un prix de
rabais.
M. Dufour: Est-ce que vous pensez, par l'amendement, que "la
ville doit offrir en vente, à sa valeur réelle, dans
l'année qui suit son remembrement"... Est-ce que la ville qui a fait
ça dans l'année qui suit, après ça, elle est
obligée de l'offir à chaque année ou bien si ça
finit cette année-là?
M. Ryan: Elle peut revenir tant qu'elle veut, à mon point
de vue, mais elle peut le mettre en location.
M. Dufour: Mais si elle ne le fait pas, est-ce qu'elle satisfait
à la loi?
M. Ryan: D'abord... Pardon?
M. Dufour: Est-ce qu'elle satisfait à la loi? Si elle l'a
fait une fois, qu'elle ne l'a pas vendu - ça peut arriver - personne ne
veut aller même cultiver, la ville est prise pour le garder. Qu'est-ce
qu'on fait avec ça?
M. Ryan: Mais, dans le texte qu'on a, je pense qu'il n'y aura pas
d'autre obligation pour l'avenir.
M. Delorme: C'est l'article qui suit, hein? M. Ryan: Oui,
c'est ça.
M. Girard: Mais, si vous permettez... Oui. C'est l'article qui
suit, mais, si vous me permettez, je voudrais rassurer M. Dufour et les gens de
la commission. Soyez assurés que, de notre part, nous prendrons toutes
les précautions nécessaires pour que la ville puisse avoir un
taux selon la valeur réelle, comme on le fait actuellement au niveau de
nos terrains industriels. Pas seulement le montant d'argent qu'on va recevoir
de la vente, mais aussi la nature des activités qui vont être
créées sur les lieux, comme on le fait actuellement dans le
domaine industriel. On met des normes, on choisit des industries à qui
on veut bien vendre.
La même chose au niveau agricole. On va prendre le temps de
choisir les activités qui vont créer des emplois ou créer
des activités agricoles intéressantes pour nous. Comme, par
exemple, on n'est pas intéressés à se retrouver avec des
porcheries si c'est proche d'une zone urbaine. Bon, bien, ça peut
être intéressant, ça crée des emplois, mais c'a
aussi d'autres choses, des inconvénients. Bien, dans le plan d'ensemble
qu'on a préparé, vous en avez des copies, on a quand même
essayé de chercher ce qu'on pourrait établir là, ce qui
pourrait amener des emplois ou créer une harmonisation avec le milieu
urbain.
Mais la même chose pour les prix. On va prendre le temps qu'il
faut pour vendre, s'il le faut, et j'imagine que, dans l'article 34 qui suit,
s'il n'y a pas d'acquéreur, le ministre nous donnera un accord de ne pas
vendre et de louer, mais peut-être qu'il pourra nous dire: Vous pouvez
louer pour 3 ans, vous pouvez louer pour 5 ans, en attendant que le
marché revienne ou que vous ayez trouvé quelqu'un qui va
l'acheter selon vos critères, pour les mettre en valeur et selon la
valeur réelle
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça va
pour l'article 33?
M. Dufour: Oui, mais je pense que j'ai soulevé les
objections ou les hypothèses.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Dufour: Si le ministre n'a pas l'intention de changer ou si je
ne l'ai pas convaincu, on va l'accepter tel quel.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 33, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté. Alors,
j'appelle l'article 34. L'article 34, il y a une modification.
L'article 34 du projet de loi est remplacé par le suivant:
"À défaut pour la ville de trouver un acquéreur pour un
lot à sa valeur réelle, la ville peut, avec l'approbation
préalable du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, le louer à des fins agricoles, le retenir ou l'utiliser
à toute fin autorisée par la Commission de protection du
territoire agricole du Québec s'il s'agit d'une fin municipale."
M. le ministre.
M. Ryan: Oui, je pense que voilà une disposition qui est
bien balisée, Mme la présidente. Ça veut dire que, si la
ville ne trouve pas un acquéreur à la valeur réelle du
lot, elle peut le louer à des fins agricoles avec l'autorisation du
ministre de l'Agriculture. Elle peut également le retenir ou l'utiliser
à toutes fins autorisées par la Commission de protection du
territoire agricole du Québec, à condition qu'il s'agisse d'une
fin municipale. Ça veut dire qu'elle ne peut pas s'en servir pour toutes
sortes d'activités, commerciales ou autres. Ça peut être
des fins de stationnement, des fins de garer des équipements ou ce
qu'elle voudra, des fins municipales et sujettes à l'autorisation de la
Commission de protection du territoire agricole. Ça veut dire que c'est
très fortement balisé.
M. Dufour: Oui, ça ne répond pas
nécessairement à mes questions quant à l'article 33, mais
c'est une balise supplémentaire.
M. Ryan: Ce qui est important, c'est que la ville n'est jamais
obligée de le vendre à un prix réduit. Elle sera
peut-être tentée de le faire, par exemple, dans certains cas. On
va voir. On ne le sait pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement à l'article 34 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté.
L'article 34, tel qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article
34.1. C'est-à-dire qu'il y a une modification; il y a un article 34.1
qui est ajouté.
Le projet de loi est modifié par l'insertion, après
l'article 34, du suivant: "34.1 Un acte de vente ou un bail conclu en vertu des
articles 33 ou 34 peut comporter toute condition propre à assurer
l'exploitation à des fins agricoles de l'immeuble qui en est
l'objet."
Alors, Mme la députée de Vachon, qui est le parrain de ce
projet de loi...
M. Dufour: La marraine.
La Présidente (Mme Bélanger): Le parrain. Elle doit
quitter. Oui?
Mme Pelchat: Oui, malheureusement, M. Dufour, selon l'Office de
la langue française - et Mme Reny pourra le confirmer; on l'a
vérifié plusieurs fois puisque, plusieurs fois, on a
essayé de déposer ce projet de loi - je suis parrain, mais je
marraine le projet de loi. Je suis marraine, mais je... Mme Reny... C'est
ça. Je suis parrain et je marraine le projet de loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, étant
donné qu'elle doit quitter pour des obligations professionnelles, elle
voudrait dire un mot avant.
Mme Pelchat: Mme la Présidente, je voudrais juste saluer
le travail de tout le monde et je souhaite que ce projet de loi en commission
soit adopté d'ici 18 h 30, sinon je serai de retour avec vous pour 20
heures. J'aimerais remercier l'Opposition de sa collaboration. Je ne l'ai pas
fait tout à l'heure parce que je ne l'avais pas constaté de visu;
je l'ai constaté et je l'apprécie beaucoup. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Vachon. Alors, nous étions à l'article
34.1. Est-ce qu'il est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 34.1 est
adopté. J'appelle l'article 35. Il y a une modification à
l'article 35.
M. Ryan: Si vous ne finissez pas à 18 h 30, on retire le
compliment à 20 heures.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Trop fort casse pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il y a une
modification à l'article 35. L'article 35 du projet de loi est
modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne, du mot
"terrain" par le mot "immeuble".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Ryan: Adopté. M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a des commentaires sur l'article 35?
M. Ryan: c'est un pouvoir normal, dans ce contexte où nous
sommes, qui est donné à la ville de résilier un bail autre
que celui consenti en vertu de l'article 34. c'est une location pour
des fins strictement agricoles, sans aucune autre indemnité que
celle découlant des travaux ou améliorations apportés par
le locataire et ça, c'est moyennant tout lot, tout immeuble dont la
ville acquiert la propriété en vertu de la loi. Elle peut dire
à quelqu'un qui était locataire là: Tu as trois mois, ton
bail est fini.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 35,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: C'était une obligation assez forte,
ça.
Une voix: Oui.
M. Dufour: Avez-vous examiné toutes les hypothèses
que ça pourrait...
M. Girard: Actuellement, on n'a pas connaissance qu'il y aurait
des terrains qu'on reprendrait et qu'il y aurait des baux actuellement en
vigueur, vu le morcellement, à part peut-être les terrains du coin
de l'aéroport, mais ce n'est pas intéressant pour nous d'aller
les remembrer tout de suite et même c'est plutôt le contraire; ils
pourraient nous servir au remembrement et à l'échange. Dans les
coins où on veut remembrer, comme le secteur de l'autoroute 30, les
terres sont abandonnées; c'est des terres, c'est des arbustes,
même, à des places, c'est des boisés. Donc, il n'y a
personne qui devrait avoir de bail là-dessus parce qu'il n'y a personne
qui les exploite. Ça serait peut-être très, très
limité comme application en pratique, cet article-là.
M. Ryan: Mme la Présidente, je voudrais juste poser une
question à M. le maire. Supposé que ce serait six mois, est-ce
que ça vous créerait des inconvénients sérieux,
vous autres?
M. Girard: Aucun inconvénient.
M. Ryan: Alors, on peut mettre six mois. Je pense que ce serait
mieux. Trois mois, c'est un petit peu court pour résilier un bail.
M. Girard: Aucun inconvénient quant à moi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
vous en faites un amendement?
M. Ryan: On va déposer un amendement pour six mois.
M. Dufour: ha, ha, ha! il y a quelqu'un qui me souffle à
l'oreille - c'est un malicieux, probablement - que, quant à la loi 145,
on a permis l'ouverture des baux de locataires sans préavis. vous vous
souvenez de ça dans la loi 145.
M. Ryan: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on va
suspendre pour faire l'amendement. La commission suspend ses travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 1)
La Présidente (Mme Bélanger): Vous aviez besoin de
suspendre quelques instants. On a adopté l'amendement, mais nous
suspendons l'article 35. J'appelle l'article 36. Il y a une modification
à l'article 36.
L'article 36 du projet de loi est modifié par la suppression,
dans les troisième, quatrième et cinquième lignes, de "ou
des sections V à VII de la Loi sur le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation (L.R.Q., chapitre M-14)11.
M. Ryan: Mme la Présidente, d'après ce que je crois
comprendre, on empiétait peut-être un petit peu sur le domaine du
ministre de l'Agriculture et on replace les choses. Ça sera des ententes
portant strictement sur l'application de la présente loi et non pas sur
l'application de deux sections entières de la loi du ministère de
l'Agriculture.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme. M.
Delorme: Joint au fait... M. Ryan: Pardon?
M. Delorme: ...que les articles en question étaient
susceptibles d'application suivant la volonté du ministre, sans qu'il y
ait de convention à cet effet-là.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 36, tel
qu'amendé, est adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
37, M. le ministre.
M. Ryan: L'article 37. Est-ce qu'il demeure là, 37?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, mais c'est s'il
le retire, la question.
M. Delorme: Non, il n'est pas retiré, 37.
M. Ryan: Je posais la question tout simplement parce que
j'étais un petit peu étonné de voir une volonté de
délégation au ministre d'un pouvoir municipal, l'évolution
historique étant dans le sens contraire. Pardon?
M. Delorme: II s'agit d'un projet de loi spécial. En fait,
c'est qu'il a toujours été convenu qu'il y aurait des
échanges, notamment avec le ministère de l'Agriculture,
relativement à l'application de cette loi-là. On s'est dit que
peut-être il pourrait y avoir intérêt de
délégation, tel que prévu à l'article 37, dans la
mise en application de la loi.
M. Ryan: ici, comme vous le comprenez, mme la présidente,
quand on parle d'un pouvoir qui peut être délégué
"au ministre ou à l'organisme que désigne le gouvernement",
évidemment, il y a le ministre de l'agriculture. ça peut
être un autre ministre également, hein? très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça va
pour 37?
M. Dufour: De quelle façon que ça pourrait
s'exercer? Je comprends ça, mais ça me semble quelque
chose...
M. Ryan: C'est un peu large.
M. Dufour: Parce que, dans le fond, ce qu'on dit, c'est que les
municipalités ont un pouvoir délégué. À
quelque moment que ce soit, la municipalité pourrait être mise en
tutelle s'il y a un problème. Le gouvernement peut intervenir de toutes
sortes de façons. Et, là, vous ouvrez la porte tellement grande
que vous êtes en tutelle par le fait même, d'après moi.
Supposons qu'il y ait quelque chose qui ne fonctionne pas. Quelqu'un va dire:
C'est marqué dans la loi. Ramassez-le donc!
M. Ryan: II y a quelque chose ici qui nous fatigue, le
député de Jonquière et moi-même. Parce que,
là, on donne un pouvoir...
M. Dufour: Oui.
M. Delorme: Mme la Présidente, nous sommes disposés
à le retirer.
M. Ryan: Oui. Très bien.
M. Delorme: Si c'est le voeu du gouvernement, si c'est le voeu
des membres de la commission, nous sommes disposés.
M. Dufour: On veut vous protéger contre-Bien oui!
M. Ryan: Regardez, c'est parce qu'on veut protéger la
ville. On a fait tout cet exercice pour donner des pouvoirs à la ville.
Il pourrait arriver un ministre antimunicipal - ça ne doit pas
être le cas du présent, évidemment - qui dirait: Moi, je
délègue tout ça à l'UPA. Je donne un contrat
à l'UPA qui va s'arranger avec ça en vertu d'un mécanisme
de dévolution régional. C'est un peu fort.
M. Delorme: II n'y a aucun problème à le
retirer.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 37
est retiré.
M. Ryan: Merci.
M. Dufour: C'est très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
38.
M. Ryan: Ce n'est pas nous qui le retirons. C'est la ville de
Saint-Hubert. Je ne veux pas que vous nous prêtiez une mauvaise
intention.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 38, M. le
ministre.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait revenir? L'amendement est-il
prêt à 35? Est-ce qu'on pourrait vous déposer l'amendement
à l'article 35? Il y a une petite nuance additionnelle qui est
ajoutée à la demande des conseillers du ministère des
Transports qui nous accompagnent. Ça fait que si vous voulez porter une
attention particulière à l'amendement de 35, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le nouvel
amendement à l'article 35: L'article 35 est modifié par le
remplacement des deux premières lignes par ce qui suit: "35. La ville
peut, moyennant un préavis de six mois adressé au locataire ou
à l'occupant de bonne foi d'un immeuble dont elle a acquis la
propriété, résilier tout".
M. Girard: Oui.
M. Delorme: II n'y a pas de problème avec ça. Les
occupants de bonne foi.
M. Girard: Aucun problème. Ça va pour nous.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté?
M. Dufour: J'aurais aimé, par exemple, en avoir une copie
pour que je le relise comme il faut, parce qu'on a rajouté des choses.
Il n'y a
pas juste... Tout à l'heure, on parlait juste du locataire. Puis,
là, on parle...
La Présidente (Mme Bélanger): On va vous le faire
lire, M. le député de Jonquière. Il faut monter au
troisième pour la photocopie.
M. Dufour: Si on ne l'a pas en main, on ne prendra pas de
chances.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Vous êtes
visuel, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 35 est adopté?
M. Dufour: Ça a un avantage.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
35, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 37
est retiré. Nous sommes rendus à l'article 38. M. le
ministre.
M. Ryan: L'article 38 est une obligation courante
prévoyant qu'une entente conclue suivant le présent chapitre doit
être publiée de la même manière qu'un
règlement municipal. Je pense bien que l'obligation va de soi dans le
contexte que nous créons par cette loi. J'en propose l'adoption.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 38
est adopté. J'appelle l'article 39. Il y a une modification.
L'article 39 du projet de loi est remplacé par le suivant: "39.
Pour pourvoir aux dépenses occasionnées par une opération
faite en vertu de la présente loi, la ville peut, notamment, imposer une
taxe spéciale qui peut être imposée conformément
à l'article 487 de la Loi sur les cités et villes. "
M. Dufour: Ça veut dire qu'elles peuvent imposer une taxe
à l'ensemble des contribuables? Est-ce que ça voudrait dire aussi
qu'elles pourraient le faire par secteur?
M. Bergeron (André): Exact. M. Dufour: Aussi?
M. Bergeron (André): Oui, c'est la règle
générale d'imposition prévue dans la Loi sur les
cités et villes. Alors, ça peut être à un secteur,
ça peut être, finalement, à l'ensemble de la
municipalité.
M. Dufour: Mais de quelle façon on pourrait imposer une
taxe par secteur dans une opération qui concerne l'ensemble des citoyens
de la ville?
M. Bergeron (André): À ce moment-là, il
s'agit de définir un périmètre, un périmètre
qui correspondrait à une partie des lots en question, puis de
déterminer, à ce moment-là, comme base probablement la
superficie, qui serait un critère approprié.
M. Dufour: Mais, là, n'oublions pas qu'on parle
d'opération cadastrale. C'est une opération de remembrement de
terrains. La ville y trouve tout son compte. C'est l'ensemble des contribuables
qui sont partie prenante de tout ça. Le jour où on impose
à un secteur, ça veut dire qu'on considère qu'un secteur
particulier a plus d'avantages. Donc, il faut le justifier quand on fait une
taxe par secteur. J'aimerais ça que vous m'expliquiez ça.
M. Bergeron (André): Ça sera une question de
discrétion du conseil municipal de choisir le mode approprié,
à ce moment-là.
M. Dufour: oui, mais là, moi, je trouve, en tout cas, que
c'est une opération de ville. ce n'est pas une opération d'un
point, à moins que vous me convainquiez de la différence.
M. Girard: Bien, ce qui arrive, en pratique, ça pourrait
être par section du zonage agricole. Lorsqu'on prend le territoire que
vous avez sur le plan qui a été déposé, vous avez
des bassins hydrographiques différents. Vous avez, par exemple, ici
à droite, ce qui est en haut sur la carte. Ça se trouve à
être le bassin du ruisseau Massé qui s'écoule vers
Saint-Bruno et Saint-Basile pour tomber dans le Richelieu. Quand vous allez
dans la zone centrale, c'est la zone du ruisseau Robert qui s'écoule
vers le Richelieu, mais en passant par la rivière Montréal qui
tombe dans le bassin de Chambly. De même, à gauche, vous le voyez
dans la section SH-9. Vous avez une petite ligne qui se promène dans le
milieu. Ça, c'est le ruisseau Roy. Et, à ce moment-là,
ça devient encore comme un autre bassin de drainage. Ça fait que,
sachant qu'on aura à faire des travaux d'importance au niveau du
drainage pluvial, soit par drainage souterrain, soit par drainage de surface,
nécessairement, on va tenir compte de tout ça lorsqu'on fera le
remembrement.
On vous parlait tout à l'heure du remembrement à partir du
secteur du chemin de Chambly allant vers Saint-Bruno. C'est le ruisseau
Massé qui est là, qui a deux ou trois branches qui se
promènent.
M. Dufour: Sans que vous ajoutiez quoi que ce soit, je vais vous
poser la question directement. Ça, je comprends, par exemple que, si
c'est des travaux qui sont directement dans un secteur donné,
ça peut se faire. Mais, moi, ce que je comprenais - puis peut-être
que, là, je n'étais pas correct - "pour pourvoir aux
dépenses occasionnées par une opération faite en vertu",
l'opération, moi, je voyais l'opération de remembrement. Ce qu'on
vous donne, c'est le droit de remembrer. En tout cas, moi, je comprends
ça comme ça. Donc, quand vous me dites une opération, puis
là vous me parlez des versants nord, nord-sud, est ou ouest, ça
ne me dérange pas.
M. Girard: O. K.
M. Dufour: Je sais que, si vous faites des travaux particuliers
dans un secteur donné, ces gens-là doivent payer. Là, on
peut mettre une taxe par secteur. Moi, je pensais que la loi qu'on est en train
de faire, c'était surtout la loi qui permettait du remembrement.
Donc, le remembrement comme tel, il n'est pas question de faire du
drainage et puis tout ça. Ce n'est pas par cette loi-là. La loi
générale des cités et villes dit que, si vous êtes
propriétaire des terrains ou a la demande de, vous pouvez faire ces
opérations-là. Et, là, vous avez ces pouvoirs-là.
Vous n'avez pas besoin de cette loi-là pour avoir ces
pouvoirs-là.
M. Girard: O. K.
M. Dufour: Parce que, du coup, vous les avez, vous les avez
déjà. Ce que, moi, je considère, c'est l'opération
remembrement. Pour moi, la loi, cette loi-là, c'était surtout, en
pratique et en principe, du remembrement. Donc, c'est pour ça que je
voyais mal la notion de taxe de secteur pour le remembrement comme tel. Mais
c'est évident qu'un coup que vous l'avez, là, vous allez pouvoir
faire des choses dessus. J'espère qu'on va le faire aussi. Ce n'est pas
pour laisser en friche, ce n'est pas pour laisser comme ça.
M. Ryan: Le raisonnement du député de
Jonquière ne manque pas de justesse, mais, en l'occurrence, je pense
qu'on devrait faire confiance à la ville du soin de décider si la
taxe spéciale qu'elle pourra imposer sera générale ou
applicable à un secteur donné. On ne sait pas dans quel contexte
va se prêter, va se réaliser l'opération remembrement. On
ne sait pas combien de temps ça va durer. Je pense qu'on est mieux de
leur donner une certaine souplesse, en sachant qu'ils devront agir en
matière de taxe spéciale sous la surveillance du corps
électoral, des contribuables. Et je n'irais pas jusqu'à leur dire
que ça devrait être une taxe spéciale applicable à
tous les contribuables de la municipalité, parce qu'il y a bien des
aspects des opérations qui pourront peut-être se déployer
sous des aspects qu'on n'aurait pas soupçonnés.
M. Dufour: En tout cas, la loi...
M. Ryan: Mais la remarque est juste quand même. En
général, je pense que vous aurez raison, mais je n'irais pas
l'écrire dans le texte de manière arithmétique, toujours
en vertu du principe de confiance envers les élus municipaux qui a
toujours inspiré les actions du gouvernement.
M. Dufour: À ce moment-là, si vous faites confiance
à la ville, je fais moins confiance au minis...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Dufour:... tère des Affaires municipales, parce que
ça arrive des fois qu'il se produit des choses.
Une voix: C'est un manque de confiance. M. Dufour: C'est
de la prudence.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté? L'amendement est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 39, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 40. Il y a une
modification à l'article 40.
L'article 40 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans les première et deuxième lignes du premier
alinéa, des mots "de terrains" par les mots "d'immeubles"; 2° par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant:
"L'excédent de ces deniers peut être réservé
à des fins prévues par la présente loi ou porté au
fonds général de la ville. "
M. Ryan: Je pense qu'il y d'abord les amendements de
terminologie. Le premier, le remplacement du mot "terrains" par "immeubles", on
l'a vu assez de fois depuis le début de l'examen du projet de loi que
ça nous dispense de tout commentaire.
Ce qu'il y a d'important ici, c'est que les sommes que la ville va
retirer d'une opération faite en vertu de la présente loi devront
être employées à l'extinction des engagements
contractés par la ville en vertu de la loi. S'il se dégageait un
surplus, à ce moment-là, il doit être porté au fonds
général de la ville. On prévoyait plus loin, là,
dans un autre article, la création d'un fonds spécial. Cet
article-là tombera tantôt en faveur du transfert au fonds
général de la ville qui est beaucoup plus simple.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Alors, l'amendement est adopté.
M. Dufour: Ça précise, mais, pour moi,
ça
ne change pas grand-chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté. L'article 40, tel qu'amendé, est adopté.
J'appelle l'article 41. Il y a une modification à l'article 41.
L'article 41 du projet de loi est modifié par le remplacement,
dans la deuxième ligne du deuxième alinéa, du mot
"terrain" par le mot "immeuble".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 41, M. le
ministre, est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Ryan: II n'y a pas de commentaires particuliers.
M. Dufour: C'est "en vertu de l'article 536". Est-ce que
ça veut dire que ce sont des terrains qui ont été acquis
pour les taxes, quelque chose de même, là? C'est ça que
ça veut dire?
M. Delorme: Oui. Un immeuble acquis lors d'une vente pour
taxes.
M. Dufour: O. K.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 41
est adopté, tel qu'amendé. J'appelle l'article 42.
L'article 42 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement du premier alinéa par le suivant: "Le cessionnaire d'un
immeuble cédé par la ville en contrepartie d'un immeuble acquis
par celle-ci est exonéré du paiement du droit de mutation
prévu à la Loi concernant les droits sur les mutations
immobilières (L. R. Q., chapitre M-39)"; 2° par le remplacement,
dans la première ligne du deuxième alinéa, des mots
"l'acte" par les mots "l'avis visé à l'article 10"; 3° par la
suppression du troisième alinéa.
Des commentaires sur les amendements, M. le ministre?
M. Ryan: Je pense qu'essentiellement on dit la même chose.
Ce que nous voulons dire, c'est que les transactions découlant de
l'exercice des prérogatives données à la ville de
Saint-Hubert par la loi que nous examinons seront exemptes de la Loi concernant
les droits sur les mutations immobilières. Je pense qu'on comprendra
tous la signification de ceci à la lumière des modifications
apportées à la loi sur les droits de mutation par la loi 145.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est bon? (18 h
15)
M. Dufour: Au prix qu'elle est, c'est bon de l'enlever.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté. Est-ce que l'article 42, tel qu'amendé, est
adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
43. Il y a une modification à l'article 43.
L'article 43 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du premier alinéa, du mot
"terrain" par le mot "immeuble"; 2° par le remplacement, dans la
première ligne du deuxième alinéa, du mot "acte" par les
mots "avis visé à l'article 10".
M. Ryan: Pourriez-vous nous résumer, M. le conseiller
juridique?
M. Dufour: Bon, on va faire l'amendement.
M. Ryan: Est-ce qu'on a quelqu'un du ministère de
l'Agriculture ici?
M. Lajoie (Marc): Non, du Revenu.
M. Ryan: Du Revenu, ici. On a quelqu'un qui pourrait
peut-être nous expliquer en deux mots ce que prévoit la Loi sur
l'acquisition de terres agricoles par des non-résidents.
M. Lajoie: Ce n'est pas une loi qui est une loi fiscale, mais,
quand même, je peux vous expliquer un peu son fonctionnement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pourriez vous identifier, monsieur, s'il vous plaît.
M. Lajoie: Marc Lajoie, du ministère du Revenu du
Québec. La Loi sur l'acquisition de terres agricoles par des
non-résidents, c'est une loi qui, finalement, vise le contrôle de
l'acquisition des terres par des non-résidents. Elle interdit, à
moins d'autorisation expresse de la Commission de protection du territoire
agricole, l'acquisition de la terre par des non-résidents. Donc,
finalement, cette loi-là ne s'applique pas...
M. Ryan: C'est une législation qui est en vigueur dans
plusieurs provinces canadiennes.
M. Dufour: Quand on va parler des non-résidents, est-ce
juste des gens du Québec dont on parle? Tous les autres, c'est des
non-résidents, ou si...
M. Lajoie: Les non-résidents, c'est les gens qui ne sont
pas résidents au Québec.
M. Dufour: Qui sont à l'extérieur du
Québec.
M. La joie: À l'extérieur du Canada. C'est des
étrangers, là.
M. Dufour: O.K. Je pensais que ça s'appliquait à
partir des limites du Québec.
M. Ryan: II y a des problèmes de... spéciaux de la
part du député de Jonquière.
M. Dufour: C'est important.
M. Ryan: II y a des choses qu'il ne comprend pas à la
première mention. Il y a certaines déformations politiques.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article...
M. Ryan: Mais il y a plusieurs provinces canadiennes, M. le
député de Jonquière, qui ont une loi semblable; protection
contre la monopolisation des terres agricoles par des étrangers.
M. Dufour: Ça ne dépossède pas ceux qui en
possèdent.
M. Ryan: Au contraire. Ici, on dit que ça ne s'appliquera
pas dans le cas d'un immeuble qui fait l'objet d'un échange, hein!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'amendement...
M. Ryan: C'est-à-dire que, s'il y avait un étranger
qui était propriétaire d'un immeuble puis qu'on lui disait: Bien,
on va t'offrir celui-ci en échange, il pourrait avoir
accès à l'autre.
M. Dufour: Mais, si c'est un non-résident, lui, il ne
pourra pas y avoir d'échange par la ville d'un autre terrain qui
pourrait...
M. Ryan: II ne pourra pas l'acheter... M. Dufour: C'est
ça qu'on dit.
M. Ryan: ...de la ville, à moins d'avoir l'autorisation de
la Commission de protection du territoire agricole.
M. Dufour: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 43 est adopté. L'article 43, tel qu'amendé,
est adopté. j'appelle l'article 44.il y a une modification.
L'article 44 du projet de loi est remplacé par les suivants: "44.
L'avis visé à l'article 10 est réputé être un
avis d'expropriation aux fins de l'appli- cation de l'article 16 de la Loi
concernant les droits sur les transferts de terrains (L.R.Q., chapitre D-17).
"44.1 La présente loi ne s'applique pas à un droit réel
immobilier que peut détenir le ministre du Revenu sur un immeuble
faisant l'objet d'un remembrement. Elle n'a pas non plus pour effet de limiter
ou d'empêcher l'application en tout ou en partie des dispositions d'une
loi fiscale, au sens de l'article 1 de la Loi sur le ministère du Revenu
(L.R.Q., chapitre M-31)."
M. Dufour: Là, il va nous expliquer ça parce
que...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me Lajoie.
M. Lajoie: Au niveau de l'article 44, c'est simplement une
disposition pour assurer l'arrimage de la loi concernant les droits sur les
transferts de terrains avec la présente loi. Étant donné
que, théoriquement, on aurait dû procéder par
expropriation, on a des pouvoirs dans notre loi, on a des allégements
fiscaux qui sont prévus pour les non-résidents lorsqu'ils
acquièrent, en remplacement d'un terrain exproprié, un autre
terrain qui leur est donné en échange, pour s'assurer que, dans
ce cas-là, le non-résident ne paiera pas deux fols, finalement,
les droits sur les terrains. Or, l'article 44 vise justement à
s'assurer, dans un cas comme ça, que le non-résident va pouvoir
bénéficier du même allégement fiscal lorsqu'un avis
d'échange, lorsqu'une opération de remembrement vont être
effectués sur un lot, d'avoir les mêmes avantages qu'il avait au
niveau de la Loi sur l'expropriation.
M. Dufour: Ça, c'est pour l'article 44. M. Lajoie:
Ça, c'est pour l'article 44.
M. Dufour: Parce que c'est deux articles qu'on a. Ce n'est pas
juste l'article 44. Il y a l'article 44.1.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a l'article
44.1.
M. Dufour: Et l'article 44.1, c'est le deuxième,
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
que oui. C'est un amendement, et on ajoute un 44.1.
M. Dufour: C'est parce que ce n'est pas nécessairement les
mêmes explications.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a des explications, Me Lajoie, à 44.1?
M. Lajoie: Mon collègue Pierre Robitaille,
du ministère du Revenu, va vous...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me
Robitaille.
M. Robitaille (Pierre): L'article 44.1 a donc pour but de
protéger les créances ou les hypothèques légales
que le ministère du Revenu peut, de temps à autre, enregistrer
sur des terrains. Cet article-là aura pour effet de ne pas modifier les
droits que le ministère du Revenu a sur un lot en particulier,
même s'il fait l'objet d'un transfert. C'est ce qu'on dit. Et, aussi, la
deuxième partie de l'article a pour effet de ne pas interférer
avec la loi de l'impôt sur le revenu et des dispositions fiscales en
général, parce qu'on ne sait pas s'il va y avoir en particulier,
concernant certaines règles fiscales, de l'interférence avec les
terrains, des choses comme ça, et ça a pour effet de ne pas
créer deux systèmes différents ou avoir des conflits entre
ces lois-là.
M. Dufour: Mais comment ils peuvent s'exercer, ces
droits-là? Ça ne les éteint pas, mais de quelle
façon vous allez les appliquer, vous autres?
M. Robitaille: Dans l'éventualité où une
hypothèque légale est enregistrée sur un lot qui fait
l'objet d'un transfert ou du remembrement, cette hypothèque va demeurer
sur le lot. La municipalité va devenir, si je ne me trompe pas,
propriétaire du lot et avec le droit d'hypothèque légale.
Ça a pour effet de ne pas modifier. Parce que ce qu'on comprend en
matière d'hypothèque légale, ce qui fait foi, c'est la
date de l'enregistrement, et, dans ce cas-là, le ministère du
Revenu aurait pu être désavantagé à certains
égards concernant les dates d'enregistrement et les pouvoirs qu'il
a.
M. Dufour: Mais vous ne pouvez pas vous enregistrer en vertu de
l'article où on dit que vous avez six mois pour le faire?
M. Robitaille: II y a un fait aussi: on ne sait pas combien il
peut y avoir d'hypothèques légales, considérant le nombre
et la gestion de tout ça. Aussi, j'ai l'impression que c'est un facteur
qui a porté dans cette décision-là.
M. Dufour: C'est une clause grand-père un peu. Vous n'avez
pas d'études de ce secteur-là; vous ne savez pas si vous en avez
ou si vous n'en avez pas. Vous ne prenez pas de chances.
M. Robitaille: Je pense que c'est important, en matière de
perception ou de deniers publics, de ne pas prendre de chances à cet
égard-là.
M. Dufour: Ça veut dire que vous êtes plus prudents
que le ministre des Affaires municipales.
M. Robitaille: Je ne sais pas si... Bon.
M. Dufour: Je ne vous demande pas de réponse.
La Présidente (Mme Bélanger): Ne faites pas
confirmer des choses qu'ils n'ont pas envie de confirmer.
M. Dufour: Je ne vous demande pas de réponse
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce
que...
M. Dufour: Ça n'empêche pas la transaction.
Ça fait juste un transfert, ça conserve les droits.
M. Robitaille: C'est ça.
M. Dufour: Et, si vous avez des recours, vous les exercez.
M. Robitaille: On peut les exercer. M. Dufour: Sur le
nouveau.
M. Robitaille: on peut les exercer sur le nouveau ou les
différents recours prévus dans la loi sur le ministère du
revenu pour la perception.
M. Dufour: Et ça pourrait être aussi sur la
municipalité.
M. Robitaille: Ça pourrait intéresser la
municipalité, à ce moment-là, sauf qu'il y a de... ou
à l'égard d'une contrepartie. On a différentes
dispositions qui peuvent s'appliquer à cet égard-là.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 44 est adopté.
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 44, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 45. Il y a un
amendement à l'article 45.
L'article 45 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans le première ligne du premier alinéa, du mot
"terrain" par le mot "immeuble"; 2° par le remplacement dans la
cinquième ligne du premier alinéa, des mots "ce terrain" par les
mots "cet immeuble"; 3° par le remplacement, au deuxième
alinéa, des mots "ce terrain" par les mots "cet immeuble"; 4° par
l'insertion, après le troisième alinéa, du suivant:
Te greffier de la ville fait publier, une fois à la Gazette
officielle du Québec et dans un journal circulant sur le territoire
de la ville, un avis contenant: "1° le texte du présent article;
"2° une description sommaire, par croquis, des voies de circulation
visées au premier alinéa."; 5° par le remplacement, dans la
troisième ligne du quatrième alinéa, des mots
"l'entrée en vigueur de la présente loi" par les mots "la
dernière publication de l'avis visé au quatrième
alinéa".
Est-ce qu'il y a des commentaires? Non? Pas de commentaires, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Oui. Comment ça représente de
superficie, tous ces terrains-là, le parc, la ruelle, la rue, le passage
pour piétons puis les voies de circulation?
M. Girard: Dans le document que nous vous avons remis ce matin
où on parle de superficie, de pourcentage des rues n'appartenant pas
à la ville dans la zone agricole, exception faite de l'autoroute 30,
etc., c'est 4,6 %, soit 13 000 000 de pieds carrés, 123 hectares. Puis
il faut comprendre le principe. C'est simple. On a eu une expérience
malheureuse, il y a quelques années, où on a vendu pour taxes des
terrains. Des spéculateurs ont repris ou des personnes ont
profité de l'occasion pour reprendre des lots qui étaient
conçus comme rues, ruelles ou parcs et, lorsque la municipalité a
voulu faire l'expropriation de ces lots-là, pas juste de ces
lots-là, mais d'une partie d'un territoire pour un parc industriel, on a
eu de la difficulté avec des gens qui avaient acquis, dans le
passé, des lots pour taxes, mais particulièrement les rues, ce
qui a fait monter le prix de façon appréciable lors de
l'expropriation. ,
De même, vu que c'est déjà, depuis quelque temps,
connu du public qu'il y a un projet de loi qui s'en vient, si, par hasard, on
doit vendre pour taxes... On a fait au mois de septembre une vente pour taxes.
Ces lots-là sont venus pour vente pour taxes et, lorsqu'on a
demandé, au début de la vente, s'il y a des gens qui
étaient intéressés à acheter des lots, rues,
ruelles ou parcs, il y a des gens qui ont dit oui. On les a retirés pour
être certain qu'il n'y aurait pas d'acquisition par des gens qui,
éventuellement, s'en serviraient pour obtenir des lots dans la zone
blanche ou ailleurs par échange. C'est fait exprès pour
empêcher une spéculation et le retour à des gens qui ont
des intérêts pécuniaires ou particuliers. Ça permet
à la ville de les reprendre, tout simplement, parce que les taxes n'ont
pas été payées, sans avoir à les amener dans une
vente pour taxes officielle.
M. Dufour: Comme ce sont des terrains qui sont cadastrés
comme chemin public, rue, ruelle, parc ou terrain de jeu, mais qui n'ont jamais
été... Effectivement, il n'y a jamais eu de travaux faits
là-dessus. Ça n'a jamais paru comme tel. Ce que vous avez, moi,
je comprends ça. Mais supposons, par exemple, que quelqu'un
possède un terrain assez grand... Je ne connais pas ça, je peux
le dire à peu près, mais j'essaie d'imaginer exactement ce que
ça représente. Si quelqu'un a un lot actuellement où il y
a une rue de prévue, il est intéressé comme tel, mais il
est encore propriétaire des deux côtés du chemin, en
supposant que ça passe dans le milieu de sa terre, ça veut dire
que, par cet article-là, vous lui enlevez ça. Ça,
ça ne lui appartient plus.
M. Girard: S'il n'a pas payé les taxes de la rue, et je ne
verrais pas pourquoi il paierait les taxes des deux côtés de la
rue puis ne paierait pas la rue. Ça, il reste propriétaire et il
va faire l'objet d'échange. C'est pour nous permettre que, pour ceux qui
n'ont pas payé leurs taxes pendant un certain temps, on puisse les
reprendre.
M. Dufour: Ce que vous essayez de me dire, c'est que les terrains
que vous avez repris pour taxes, tous ces terrains-là où tout
était cadastré pour des rues, des parcs, etc., vous voulez
reprendre la propriété sans... Ça, je comprends ça,
ce bout-là.
M. Girard: C'est en autant, comme on voit dans le texte,
qu'aucune taxe foncière n'est acquittée pour ce terrain depuis au
moins trois ans. La personne qui est propriétaire de lots, chaque
côté d'un terrain qui sert de rue, mais qui paie les taxes, elle
va avoir sa compensation en terrain ou en argent pour la rue. La rue dont les
taxes ont été payées, c'est un lot pour nous. Cette
rue-là, le propriétaire va recevoir une compensation. C'est la
rue, la ruelle ou le parc qui a été cadastré comme
ça, mais qui appartient à un privé, qui n'a jamais servi
comme rue, mais pour lequel aucune taxe n'a été payée
depuis trois ans. C'est là qu'on demande d'en être
déclaré propriétaire immédiatement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 45 est adopté. L'article 45, tel qu'amendé,
est adopté. Alors, étant donné qu'on est rendus à
l'article 46 et qu'il reste trois articles à adopter...
M. Dufour: Même avec celui qui est en suspens.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. S'il y a
consentement des membres de la commission, on pourrait poursuivre pour donner
la chance à la ville de Saint-Hubert de quitter. Si vous voulez
conserver...
Une voix: ...donner la possibilité. (18 h 30)
M. Dufour: Oui. On ne veut pas les envoyer.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez
conserver les félicitations de Mme la députée de
Vachon...
M. Dufour: Ça va entrer dans mon curriculum vitae.
La Présidente (Mme Bélanger): Sûrement. M.
Dufour: On va continuer.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a
consentement?
M. Dufour: À moins qu'on ne trouve des problèmes
majeurs.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
46. L'article 46 du projet de loi est modifié: 1° par l'insertion,
dans la première ligne, après le mot "Malgré", des mots
"le premier alinéa de"; 2° par le remplacement, dans la
quatrième ligne, des mots "le paiement de la contrepartie exigible" par
les mots "l'enregistrement de l'avis visé à l'article 14"; 3°
par l'addition de l'alinéa suivant: "Les dommages qui peuvent être
accordés en vertu du deuxième alinéa de cet article 52.1
ne peuvent excéder la valeur de l'immeuble portée au rôle
d'évaluation en vigueur à la date de l'envoi de l'avis
visé à l'article 10."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Dufour: En fait, on calcule qu'il pourrait y avoir des
dommages causés par cet avis d'expropriation. Si la ville laisse tomber,
on dit: Ça ne peut jamais dépasser le coût de l'immeuble
considéré. Pour fixer le coût, sur quoi on se base? Le
coût des dommages, comment on fait pour dire: Ça ne doit pas
dépasser l'immeuble visé? Comme il n'y a pas eu de prix
fixé, comment on peut le...
M. Ryan: Ça, ça va être arbitrable à
la Chambre de l'expropriation.
M. Delorme: Exactement.
M. Dufour: Ça pourrait être arbitrable, ça
aussi?
M. Delorme: C'est justement ça. C'est que l'article 52.1
prévoit qu'il puisse y avoir un désistement. Mais on dit que
c'est le tribunal de l'expropriation qui décide... Attendez, ce n'est
pas le bon article. Je vous donne ça. Deuxième alinéa de
52.1... Oui, je m'excuse. C'est effectivement le bon article. Ce que nous dit
l'article 52.1, c'est: "Sur requête de l'exproprié, du locataire
ou de l'occupant de bonne foi, signifiée dans les 90 jours de la
réception de l'envoi l'avisant du désistement, la Chambre
accorde, s'il y a lieu, les dommages résultant de ce
désistement."
Donc, l'article 52.1 étant susceptible d'application, c'est la
Chambre de l'expropriation de la Cour du Québec qui fixerait les
dommages. Mais on a voulu limiter ces dommages-là à la valeur du
terrain.
M. Dufour: Je comprends ça. Mais comment on fait pour dire
- parce qu'on le dit dans l'article: "Les dommages [...] ne peuvent
excéder la valeur de l'immeuble portée au rôle
d'évaluation en vigueur". La valeur de l'immeuble, elle est
fixée... C'est le rôle d'évaluation qui en fait foi ou si
c'est la valeur réelle?
M. Delorme: Non, la valeur... Les immeubles devraient être
au rôle d'évaluation suivant leur valeur réelle.
Maintenant, la réponse, c'est oui. C'est la valeur au rôle
d'évaluation et non pas une valeur...
M. Dufour: On dit ça. Est-ce qu'on dit que c'est
normalisé avec la médiane ou sans médiane? Dans le
rôle d'évaluation, il y a... Je vous comprends, mais je connais
des rôles d'évaluation qui sont à 65 % ou 70 % de la
valeur.
M. Delorme: Je ne ferais pas d'objection à ce qu'on puisse
dire: Multipliée par le facteur comparatif, ou faire une
référence à la valeur normalisée. Le but de la
limitation des dommages, c'est de permettre à la ville de
connaître à l'avance les paramètres de son implication
monétaire, lorsqu'elle s'engage dans une procédure de
remembrement.
M. Dufour: C'est couvert, ce qu'on dit là.
M. Ryan: C'est une bonne question quand même. On va
vérifier.
M. Dufour: J'ai vu des rôles d'évaluation qui
ont...
M. Ryan: Si on pouvait mettre...
M. Dufour: En cinq ou six ans, ils ont
déprécié. Ils ont été obligés de
multiplier par 101.40. C'est quelque chose! Ça veut dire que le
rôle ne vaut plus que 62 %, 63 % de la valeur réelle.
M. Ryan: On va vérifier s'il y a une
possibilité.
M. Delorme: Oui.
M. Dufour: On peut le suspendre et con-
tinuer.
M. Ryan: On peut suspendre celui-ci pendant que nos conseillers
l'examinent.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est suspendu. Oui, Me Delorme.
M. Delorme: Si je peux suggérer à ceux qui
étudient actuellement l'amendement possible, peut-être de se
référer à 116 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme pour avoir... On a l'expression "multiplié par le facteur
comparatif1, dans cette loi-là.
La Présidente (Mme Bélanger): II y en a un ici qui
suggère 115. Est-ce que...
M. Delorme: 115.8... M. Dufour: Ce n'est pas si mal.
Une voix: On n'est pas loin. Des voix: Ha, ha, hal
La Présidente (Mme Bélanger): S'ils font de la
lecture rapide, ils vont voir les deux en même temps.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 46
est suspendu. J'appelle l'article 47. Il n'y a pas d'amendement à 47. M.
le ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas de commentaires à faire sur 47.
M. Dufour: Je n'en ai pas non plus.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 47
est adopté?
M. Ryan: Oui.
M. Delorme: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Non?
Retiré?
M. Delorme: Non, l'article 47 est retiré en raison de
l'amendement déjà apporté concernant le fait de
déposer dans un fonds.
M. Ryan: Oui. 47, c'est correct. Oui. La Présidente
(Mme Bélanger): O.K. M. Delorme: Retiré, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 47 est
retiré. J'appelle l'article 48. Il y a un amendement à l'article
48.
L'article 48 du projet de loi est modifié: 1° par la
suppression, dans les sixième, septième et huitième lignes
du premier alinéa, des mots "et qui constitue une servitude
conventionnelle grevant ces immeubles ou partie de ceux-ci"; 2° par le
remplacement, dans la dernière ligne du cinquième alinéa,
de "Servitude annulée par la loi enregistrée sous le
numéro..." par "Voir la loi enregistrée sous le
numéro..."
M. Delorme: Peut-être qu'une explication s'impose...
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: ...concernant l'article 48. Il s'agit d'une
matière qui ne concerne en rien les pouvoirs de remembrement qui sont
demandés dans la loi. il s'agit, en définitive, d'une clause de
non-concurrence qui affecte certains immeubles qui servent actuellement ou qui
ont comme vocation la réalisation de ce qu'on appelle un
mégaprojet et dont M. le maire pourra vous entretenir.
Ce qui se produit, c'est que, la ville étant propriétaire
de l'immeuble qui est visé, des terrains qui sont visés par le
mégaprojet, elle s'est fait demander de communiquer un titre clair. Or,
en raison de clauses de non-concurrence, pour certaines fins commerciales, il
appert que la ville aurait beaucoup de difficultés, sinon qu'elle se
trouverait dans l'impossibilité de fournir un titre qui soit clair
à l'acquéreur ou de répondre, en fait, à la demande
de l'acquéreur de ce terrain-là. Elle s'est donc engagée a
son endroit à prendre toute mesure requise pour clarifier cette
situation.
Bref, il s'agit d'une servitude qui avait été
accordée sur un terrain voisin en faveur, c'est-à-dire d'un
terrain voisin... non pas d'une servitude, mais d'une clause de non-concurrence
en faveur d'un terrain voisin qui, aujourd'hui, est à peu près
totalement construit et qui a été construit notamment à
des fins résidentielles. Ce n'est pas une clause de non-concurrence
à toutes fins commerciales, mais à certaines fins
commerciales.
Donc, dans les circonstances, l'obtention d'une mainlevée de
cette servitude, puisque le lot a été morcelé,
divisé, vendu et qu'il y a un très grand nombre
d'acquéreurs, l'obtention d'une telle clause s'avérerait
pratiquement impossible. Comme nous nous sommes engagés, comme la ville
de Saint-Hubert s'est engagée à l'égard de
l'acquéreur à prendre toutes les mesures requises, il nous est
apparu que la seule mesure efficace pour atteindre cette fin-là,
c'était de demander à l'Assemblée nationale de rayer, de
faire disparaître cette clause-là au moyen d'un projet de loi
privé. C'est d'ailleurs ce qui a été fait tout
récemment, au mois d'août, dans une affaire semblable qui
impliquait la ville de Châteauguay.
M. Girard: Pour ajouter, Mme la Présidente, cette clause
de non-concurrence affecte des lots qui, aujourd'hui, sont zones presque
exclusivement lots pour résidence. Lorsqu'on parie du mégaprojet,
c'est ce que je vous ai expliqué ce matin, c'est au centre-ville. Il
s'agit d'un développement au coeur de la ville, avec 2000 logements, sur
une période de 10 ans. Cette clause affectant maintenant des lots qui
vont servir à des résidences, peut-être une petite partie
commerciale, alors que le but visé par la clause de non-concurrence
était la création d'un... En regardant la date du 4 juin 1974,
ça peut rappeler à certaines gens de la rive sud qu'on a voulu
protéger un territoire en faveur des terrains qui, aujourd'hui, sont les
Promenades Saint-Bruno. Les Promenades Saint-Bruno étant un projet
développé par certaines personnes ou par certaines entreprises,
on a voulu s'assurer qu'il n'y aurait pas de concurrence très proche
dans un territoire qui était aussi intéressant dans le temps que
le territoire où on a bâti les Promenades Saint-Bruno.
Aujourd'hui, il n'est plus question de bâtir un centre d'achats à
cet endroit-là parce que, premièrement, notre zonage est
déjà adopté. On est déjà en construction de
maisons. C'est résidentiel. Ça ne sera jamais commercial. La
partie qui sera commerciale est limitée. Il n'y aura jamais de centre
d'achats.
M. Dufour: Vous avez fait allusion à Châteauguay.
Châteauguay, c'était pour un centre commercial. C'était
clair puis ils empêchaient. C'était Ivanhoe qui était...
Rendu où vous êtes, on le donne ou on ne le donne pas. Ce que vous
demandez, ça doit être accordé ou non. Vous nous dites que
ça concerne les Promenades Saint-Bruno?
M. Girard: Non, ça ne concerne pas les Promenades.
M. Dufour: Le projet que vous avez, est-ce qu'il est confidentiel
au moment où je parle? Est-ce que vous pouvez l'identifier? C'est
quoi?
M. Girard: Le projet qui est en marche actuellement dans la ville
de Saint-Hubert, c'est un projet résidentiel, sur lequel ces lots... Il
y a certains lots qui sont affectés par cette clause de non-concurrence
au niveau commercial. Cette clause de non-concurrence visait à
empêcher l'implantation d'un super grand centre d'achats. Or, on peut
vous dire... Moi, je vous dis qu'au niveau de la ville c'est maintenant zone
résidentiel. Une petite partie est zonée commerciale, mais pas
pour un centre d'achats. Il n'y aura jamais de centre d'achats qui va se
construire là parce que, déjà, on construit des maisons
dans le cadre du projet actuel où il y a un zonage
résidentiel.
Dans le temps, en 1974, c'était pour empêcher qu'un grand
territoire de Saint-Hubert puisse faire l'objet d'un autre centre d'achats
semblable à celui de Saint-Bruno qui s'en venait.
M. Dufour: La clause restrictive était au profit...
M. Girard: Au profit d'un autre territoire qui, maintenant, est
bâti résidentiel et commercial.
M. Dufour: Non, mais c'étaient les Promenades Saint-Bruno
qui étaient protégées à ce moment-là?
M. Girard: Non. C'était en faveur d'un autre terrain
situé en face de ces terrains-là qui, aujourd'hui, sont tous
construits. Ils sont construits au niveau résidentiel et au niveau
commercial. Je peux le montrer sur le plan si les gens veulent le voir.
M. Delorme: Deux points, Mme la Présidente. Tout d'abord,
à la suggestion du ministère de la Justice, nous avons transmis
par courrier à tous les intéressés du fonds dominant - ils
étaient quelques centaines, je pense - un avis leur disant de se
manifester s'ils n'étaient pas d'accord. Nous nous sommes entendus avec
le ministère de la Justice sur le contenu de cet avis. Nous avons inclus
dans cet avis une description, un schéma de ce que sont le fonds
dominant et le fonds servant. On a fait une description des droits qui
étaient en cause et nous avons demandé à tous ceux qui
pouvaient être affectés par cette demande qui est faite
aujourd'hui de communiquer avec la ville de Saint-Hubert. Je conviens que
l'avis a été transmis récemment. Au moment où je
vous parle et à 17 heures cet après-midi, Mme Hosson, qui est
directrice des communications et qui est ici avec nous, nous a confirmé
qu'il n'y avait eu aucune objection de signifiée à la ville.
J'avais les réponses en date d'hier après-midi, au moment
où je suis arrivé au bureau du ministère, et qui m'avaient
été communiquées ici, à mon hôtel. À
ma connaissance, aucune opposition n'avait été communiquée
par le greffier hier après-midi. Par ailleurs, aujourd'hui, nous avons
continué d'effectuer une surveillance de ce qui pouvait entrer au bureau
du greffier de la ville suite à la transmission porte à porte par
Postes Canada de ces avis. Il n'y a pas eu de plainte à cet
effet-là. Par mesure de précaution et, encore ici, à la
suggestion du ministère de la Justice, nous avons transmis à
Cadillac Fairview un avis lui faisant part du contenu de notre demande. Tout
ça faisait suite à des avis quand même de
présentation du projet de loi dans lesquels il était
spécifiquement fait mention de cette demande qui allait être faite
à l'Assemblée nationale d'annuler cette clause de
non-concurrence. (18 h 45)
On s'est longuement posé la question - quand je dis "on",
ça inclut surtout le ministère de la Justice - de savoir s'il
était même requis d'aviser les principaux intéressés
ou ceux qui avaient constitué la servitude à l'origine. On a dit:
On va signifier quand même. Et voici pourquoi on s'interrogeait. C'est
que ceux en faveur desquels la servitude a été
créée, ces personnes-là, enfin Cadillac Fairview, de
Fair-view Corporation Ltd, n'étaient plus en aucune façon
intéressées dans ces lots-là et avaient vendu tous leurs
intérêts à une autre entreprise qui, elle-même, a
vendu ses intérêts à différentes personnes. Cela
fait que, aujourd'hui, vouloir annuler une servitude semblable pose des
problèmes sérieux. Finalement, j'ai avec moi un plan qui indique,
en fait qui est l'agrandissement du croquis qui a été
signifié porte à porte, qui a été transmis à
Fairview Corporation à Toronto, par télécopieur, et vous
pourriez visualiser, en fait, le problème tel qu'il se pose. Si
ça pouvait vous être utile, j'ai donc apporté ces
plans-là avec moi. Mais c'est...
En définitive, résumons en disant que Fairview...
M. Ryan: C'est assez expliqué. Je pense que l'explication
est abondamment suffisante, surtout à la lumière des
consultations que vous avez faites auprès des intéressés
et des renseignements que vous apportez, en ce qui me touche, moi.
M. Dufour: Quand l'avis a-t-il été envoyé
aux gens?
M. Delorme: La lettre d'avis a été envoyée
cette semaine.
Une voix: Mardi.
M. Delorme: Mardi de cette semaine. C'est pourquoi j'ai dit qu'il
nous importait de vérifier jusqu'à maintenant. Maintenant, dans
quelle mesure est-ce que... Nous pouvons nous engager cependant à
communiquer, le cas échéant, à une personne qui pourrait
nous être désignée, les résultats de cette
communication au fur et à mesure, tant qu'il n'y aura pas sanction de
cette loi, le cas échéant.
M. Dufour: II ne nous reste pas grand temps. Un avis que vous
vous sentez obligés, légalement, comment ça prend de
temps? Lorsque vous êtes obligés d'avertir? En principe, un
avis... Parce qu'on a sauté des étapes quelque part. Cet
avis-là aurait dû parvenir quand aux gens?
M. Delorme: Ah! non, non, il n'y a aucun avis qui est
prévu. Il n'y a aucun avis qui est prévu.
M. Dufour: Au point de vue logique, du bon sens, qu'est-ce qui
aurait été raisonnable?
M. Delorme: Au point de vue logique, moi, je pense, Mme la
Présidente, qu'à partir du moment où on donne un avis...
Il y a eu d'abord les avis qui ont été donnés relativement
à la présentation du projet de loi d'intérêt
privé et il n'y a eu aucune opposition, à ma connaissance, qui a
été transmise ici. Bon. S'il y en avait eu, on l'aurait su.
Deuxièmement, c'est par mesure de précaution et par souci
d'équité qu'on a dit: Transmettons des avis additionnels et
personnels aux intéressés. Je pense que les gens qui sont
susceptibles de se manifester, à mon point de vue, se manifestent dans
les heures qui suivent, d'autant plus qu'on avait à la disposition de
ces gens-là le service du greffe qui était là pour
communiquer tous les renseignements requis. Je ne pense pas que, si, en date
d'aujourd'hui, il n'y a pas eu d'opposition ou de représentations de
faites et si on dit: On peut attendre à lundi... Si,
définitivement, il n'y a personne qui s'est manifesté, je ne
crois pas qu'on puisse s'attendre que, dans les 15 jours ou dans 10 jours
à compter de la réception d'un avis, quelqu'un dise: Je vais
aller m'informer à la ville pour savoir qu'est-ce qu'est cette
servitude-là, d'autant plus que ces gens-là n'ont pas
d'intérêt, à toutes fins utiles. Sauf que je ne parle pas
pour eux, mais il faut prévoir que ces gens-là n'ont pas
d'intérêt, des gens qui ont des condominiums et des choses
semblables, résidentielles.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Pour être franc avec vous, la
brièveté de l'avis qui a été envoyé me
laisse un petit peu songeur. Vous n'étiez pas tenus d'envoyer l'avis,
c'est vrai. Mais la question que je me pose, vu que la contrainte portait sur
le développement à des fins concurrentielles pouvant porter
ombrage à d'autres intérêts, que les buts poursuivis par la
ville sont d'une toute autre nature: Est-ce que c'est vraiment absolument
nécessaire d'éliminer maintenant ces contraintes-là?
M. Delorme: Mme la Présidente, pour répondre au
ministre, la réponse c'est oui, parce que le promoteur immobilier nous
le demande. J'ai des documents qui l'attestent ici. C'est le promoteur
immobilier qui dit: Moi, je ne veux pas de servitude, de non-usage à des
fins commerciales. Je veux être capable de transférer des titres
qui sont à l'abri de toute discussion. Qu'est-ce qu'on fait?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire,
qu'est-ce qu'on fait?
M. Girard: Je voudrais ajouter, si vous le permettez, le fait
qu'il y avait une entreprise, qui était Fairview, qui avait la servitude
en sa faveur, qui a vendu à une ou à plusieurs autres
entreprises, et on se retrouve aujourd'hui avec 196 propriétaires.
Pourquoi? C'est simple. C'est qu'il y a eu un petit centre d'achats qui a
été construit et, tout en arrière, c'est du
développement immobilier, en particulier du condominium. C'est pour
ça qu'il y a tant de demandes.
Or, je ne verrais pas un propriétaire d'un condominium venir
s'objecter au fait que, de l'autre côté de la rue, il y a une
servitude qui est en sa faveur à lui, parce qu'il est
propriétaire du condominium, mais pour des fins commerciales de l'autre
côté. Il n'a aucun intérêt à s'objecter
à une telle demande. C'est ça qui est arrivé. C'est que la
partie en faveur de qui on avait donné une servitude sur la partie de
l'autre côté de la rue, contre laquelle de l'autre
côté de la rue, ce sont des gens qui, en majorité, sont des
propriétaires de condominium ou de triplex ou de duplex et une partie
commerciale.
M. Ryan: Regardez, je vais juste...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: ...émettre une idée, on la classera
à l'endroit approprié par la suite. Si je comprends les motifs
que vous avez énoncés - et je vais essayer d'en tenir compte - on
pourrait peut-être prévoir l'article suivant, tantôt,
disant: La présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction, sauf
l'article 48 qui entrera en vigueur sur décret du gouvernement,
moyennant une recommandation du ministre.
Une voix: Ah oui!
M. Ryan: Par exemple, une affaire comme ça, donner une
protection minimum.
M. Delorme: Moi, je suis d'accord qu'on utilise cette
méthode-là parce que, je l'ai dit, l'avis a été
relativement court et au cas où quelqu'un voudrait se manifester...
Bon!
M. Girard: II y a eu un avis public, quand même, dans le
journal, il y a un mois. Je dois ajouter ça. Il y a eu un avis public
qui a été publié.
M. Ryan: Si vous êtes disposé à accepter un
amendement qui irait dans ce sens-là... Aviez-vous quelque chose?
M. Gauvin: Non, non, non. C'est parce que M. le maire a
ajouté un complément d'information important. Il parlait de
l'avis public...
M. Girard: II y a eu un avis public de publié dans le
journal. Mais ça, c'est quand même il y a un mois.
M. Delorme: II y a plus d'un mois, d'ailleurs. C'était
l'avis de présentation du projet de loi d'intérêt
privé.
M. Dufour: Ils sont à Toronto.
M. Ryan: Est-ce que, dans l'avis, vous mentionniez cet
article-ci...
M. Delorme: Oui.
M. Ryan: ...en particulier?
M. Girard: Oui.
M. Dufour: Ils sont à Toronto.
M. Delorme: Ah oui! L'avis mentionnait... Je n'ai pas l'avis
devant moi, mais la réponse, c'est oui. Il a été
publié à la fin de septembre, début d'octobre. Je n'ai
malheureusement pas les dates devant moi, mais j'ai rédigé
moi-même cet avis-là et il en tenait compte.
M. Ryan: O.K. Quoi qu'il en soit, si vous êtes d'accord
pour que nous ajoutions un amendement à l'article suivant, je pense que
ça donnerait une double clé de protection. Il peut compter que le
gouvernement va regarder ça dans l'esprit de collaboration qui a
inspiré toute la discussion du projet de loi.
M. Delorme: Ce qui implique des délais qui ne sont quand
même pas considérables.
M. Ryan: Pardon?
M. Delorme: Simplement à titre d'information...
M. Ryan: Ah non! Je pense bien... M. Delorme: ...on parle
de délais...
M. Ryan: Regardez, je vais vous dire que, dans mon ordre de
grandeur à moi, je pense bien que, dans une période d'une
soixantaine de jours, tout ça devrait pouvoir se régler.
M. Delorme: O.K. Ça va très bien, Mme la
Présidente.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Vous pourriez même inscrire dans la loi la date
où ça devient effectif. C'est votre choix, mais vous pourriez
l'inscrire dans la loi.
M. Ryan: Moi, j'aimerais mieux ne pas me
lier à une date.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, nous
avons ici l'avis publié dans la Gazette officielle.
M. Dufour: On le savait.
M. Delorme: Et dans les journaux, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Et dans les
journaux.
M. Ryan: C'est bien clair, c'est bien clair. Ça a
été publié très clairement dès le mois
d'octobre. Dans l'avis, c'était contenu en toutes lettres, on disait: Un
projet de loi privé aux fins suivantes: 2° annuler toute clause
restrictive concernant une partie des lots 126, 127 et 128 du cadastre officiel
de la paroisse de Saint-Hubert.
Maintenant, vous autres, si vous avez envoyé un avis
écrit, c'est parce que vous aviez eu des suggestions du ministère
de la Justice, je crois.
M. Delorme: Oui.
M. Ryan: Étant donné ce contexte-là,
j'insisterais peut-être pour faire adopter l'amendement dont nous avons
parlé et qui va donner une protection maximale à tout le monde, y
compris à la ville, contre tout recours éventuel.
M. Girard: On est d'accord.
M. Delorme: Nous consentons, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Alors, l'amendement à l'article 48 est adopté. L'article
48, tel qu'amendé, est adopté. Nous revenons à
l'article...
M. Dufour: II y aurait un article 48.1, c'est ça que vous
nous dites?
M. Ryan: Ce serait l'article 49 qui ferait l'objet d'un
amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. M. Ryan:
On est en train de le préparer.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous revenons
à l'amendement à l'article 46 où il y a eu une
modification: 3° par l'addition de l'alinéa suivant: "Les dommages
qui peuvent être accordés en vertu du deuxième
alinéa de cet article 52.1 ne peuvent excéder la valeur de
l'immeuble portée au rôle d'évaluation en vigueur à
la date de l'envoi de l'avis visé à l'article 10,
mutipliée par le facteur établi pour le rôle en vertu de la
Loi sur la fiscalité municipale (L.R.Q., chapitre F-2.1)."
M. Dufour: II y a quelque chose qui ne marche pas dans votre...
Il y a quelque chose qui ne marche pas. Si on voulait lire comme il faut, ce
serait: "Les dommages qui peuvent être accordés en vertu du
deuxième alinéa de cet article 52.1 ne peuvent excéder la
valeur de l'immeuble portée au rôle d'évaluation en
vigueur". Le "rôle d'évaluation en vigueur... multipliée",
il doit représenter cette valeur-là. En fait, si ce n'est pas
prêt, quand on aura fini, on pourrait les libérer...
La Présidente (Mme Bélanger): Comme vous êtes
visuel, M. le député de Jonquière, "multipliée" est
au féminin parce qu'il ne peut s'accorder qu'avec "valeur" et non pas
avec "rôle".
M. Dufour: O.K. Pour que ça...
M. Ryan: C'est ça.
M. Dufour: Donnez-le moi.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Dufour: Ça va aller.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, cet amendement
est adopté.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 46,
tel qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 49. Il y a un
amendement à l'article 49.
L'article 49 du projet de loi est modifié par l'Insertion, avant
le point final, de ce qui suit: ", sauf l'article 48, qui entrera en vigueur
à la date fixée par le gouvernement".
Ça va? L'amendement est adopté?
M. Dufour: Ça va. Je voulais enlever de l'ouvrage au
gouvernement, mais ils veulent le garder. Moi, j'aurais fixé la date
immédiatement, parce qu'il dit que c'est à peu près deux
mois. On aurait pu dire au bout de deux mois.
M. Ryan: mais, moi, quant à le faire entrer en vigueur au
bout de deux mois, sans autre considération, je garderais la date
d'adoption du projet de loi.
M. Dufour: Ah oui! O.K., c'est correct. Ça vous garde...
Oui, ça va. O.K. Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 49 est
adopté. À la demande du procureur de la ville, nous allons
suspendre quelques instants pour qu'il vérifie, à tête
reposée, l'amendement à l'article 24. Alors, les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 58)
(Reprise à 19 h 4)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît. À l'ordre, s'il vous plaît. M. le ministre.
À l'ordre, s'il vous plaît. Alors, la commission reprend ses
travaux. Suite à des consultations, il y a un amendement à
l'article 24.
M. Ryan: Madame, je vous en remets une copie tout de suite. Il
semble qu'il y ait accord de la ville de Saint-Hubert et de nos conseillers
là-dessus. C'est bien difficile, nous autres, de vous contredire
à cette heure tardive.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article
24.1. Le projet de loi 303 est modifié par l'insertion, après
l'article 24, du suivant: "24.1 Une somme d'argent versée par la ville
après la signification d'un avis visé à l'article 10
relativement à un immeuble doit être déposée au
greffe de la Cour supérieure. "Une fois la propriété de
l'immeuble transférée, la somme est distribuée par le
protonotaire conformément aux règles du Code de procédure
civile (L.R.Q., chapitre C-25) en matière de saisie-exécution
immobilière."
Ça va?
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 24, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Non, ce n'est pas ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, un instant.
M. Dufour: Ça, c'est 24.1.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça, c'est
24.1. L'article 24 n'était pas adopté.
M. Dufour: Non. L'amendement non plus. Il faut adopter
l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): II faut adopter
l'amendement de 24. Alors, je relis l'amendement à l'article 24.
L'article 24 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, dans la deuxième ligne du premier alinéa, du mot
"terrains" par le mot "immeubles"; 2° par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: "Les droits réels, autres
que les servitudes d'utilité publique, affectant les immeubles faisant
l'objet d'un échange s'exercent de plein droit sur ceux offerts en
contrepartie dans l'avis visé à l'article 10 sujet aux
formalités de l'article 26."
M. Dufour: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Dufour: II n'y a pas de redondance là-dedans?
M. Girard: C'est 24.1 qui...
M. Dufour: Parce que, moi, j'avais quelque chose. Je les ai
barrés, ça doit être pour...
M. Delorme: Mme la Présidente, ce qu'on visait...
La Présidente (Mme Bélanger): Me Delorme.
M. Delorme: ...la crainte qui avait été
exprimée fort justement, c'était celle de savoir ce qui allait
arriver des droits d'un créancier si, dans le cas du transfert de ses
droits réels ou de sa garantie sur un nouvel immeuble, ce nouvel
immeuble avait une valeur moindre et qu'une somme d'argent était
déposée entre les mains du débiteur de ce
créancier. C'est avec 24.1 qu'on a corrigé cette situation, en
faisant en sorte qu'en aucune circonstance la ville ne dépose ou ne
remette à une personne autre que le protonotaire de la Cour
supérieure des sommes d'argent.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il n'y a pas
de problématique a l'amendement 24.
M. Dufour: J'aurais souhaité... Je n'avais pas
l'amendement...
La Présidente (Mme Bélanger): O.K.
M. Dufour: ...dans les mains, donc je regardais puis, là,
je l'avais barré. Il fallait que j'aille voir à l'autre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 24 est adopté. L'article 24, tel qu'amendé,
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 24.1 est
adopté. Est-ce que l'annexe est adoptée?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'étude du préambule...
M. Dufour: L'annexe?
La Présidente (Mme Bélanger): L'annexe, oui.
M. Dufour: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
préambule du projet de loi est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que les
intitulés sont adoptés?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le titre
du projet de loi, Loi concernant la ville de Saint-Hubert, est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
du projet de loi 303 est adopté?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Tel
qu'amendé?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous voulez faire une motion de renumérotation?
M. Ryan: Oui, je la fais. M. Dufour: C'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion de
renumérotation est faite. Alors, M. le ministre, pour les remarques
finales.
Remarques finales
M. Ryan: Mme la Présidente, je voudrais tout d'abord
remercier le maire de la ville de Saint-Hubert et les conseillers qui
l'accompagnaient de l'excellente atmosphère dans laquelle a pu se
dérouler l'examen du projet de loi. Je pense que cette atmosphère
qui a régné pendant toutes nos délibérations a
été rendue possible, également, par la participation
assidue des députés ministériels et par la collaboration
active et constructive, suivant son habitude générale, qu'on
aimerait sans aucune espèce d'exception, du député de
Jonquière. On apprécie toujours beaucoup l'apport de son
expérience et de sa connaissance des affaires municipales qui permet de
bonifier les projets de loi dont nous sommes saisis. Je pense que nous avons
fait ce travail dans un esprit particulièrement propice à de bons
résultants, parce qu'il y avait eu une excellente
préparation.
Je veux souligner le travail de concertation, non seulement entre la
ville de Saint-Hubert et des conseillers juridiques du ministère des
Affaires municipales, mais aussi des autres ministères concernés
qui ont été présents avec nous pendant toute la
durée de l'examen du projet de loi: le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le ministère de
la Justice, le ministère des Transports, le ministère du Revenu,
le ministère des Affaires internationales également. Je ne pense
pas en oublier. Je remercie tous ces représentants des ministères
pour l'excellent esprit de coopération qui nous a permis de venir
à bout de ce problème extrêmement complexe qui se posait
à la ville de Saint-Hubert depuis de nombreuses années, au point
de gêner coûteusement son développement. Nous avons pu faire
tout ce travail, je pense que nous devons nous en féliciter. Il est
très heureux qu'il y ait d'assez nombreuses occasions où on peut
se rendre compte qu'à l'Assemblée nationale il s'accomplit un
travail très sérieux et très important également.
Souvent on a des images coupées de l'ensemble du portrait qui peuvent
donner une autre impression, mais je pense que la journée que nous avons
vécue avec les représentants de la ville de Saint-Hubert est un
exemple du processus parlementaire sous son jour le plus intéressant,
à la fois pour ceux qui nous visitent et pour ceux qui oeuvrent de
l'intérieur.
Alors, merci à tout le monde, à nos collaborateurs du
ministère, aux collaborateurs de mon cabinet, aux collaboratrices,
à vous-même, Mme la Présidente, et à ceux qui vous
assistent dans votre tâche, aux représentants de l'Opposition,
à mes collègues du côté ministériel et
à vous-mêmes, surtout, de la ville de Saint-Hubert.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Il est évident que ce qu'on recherche
à travers cette législation, c'est surtout de
l'équité et de la justice par rapport à des actes qui sont
excessivement complexes et exigeants, puisque se soumettre à cet
exercice-là, qui est de nature à régler un certain nombre
de problèmes qui perdurent depuis trop longtemps et qui, en même
temps, touchent des droits fondamentaux de beaucoup d'individus, ça veut
dire de l'attention. Je ne suis pas surpris que tous les ministères
aient pu y participer. Il faut que ce
soit fait comme ça parce que, sans ça, on pourrait
s'exposer à causer des préjudices assez importants à des
personnes ou à des corporations, à des contribuables. Je pense
qu'on touche à peu près à tous les problèmes ou
à toutes les couches sociales d'individus. Donc, à ce
moment-là, ça demande plus d'attention, c'est évident,
mais ça démontre pareil, tout de même, qu'il y a un
cheminement à faire. L'Assemblée nationale, pour moi, est
là pour régler des problèmes de cette nature, non pas
nécessairement des problèmes de malversation et de distribution
des revenus n'importe comment, mais c'est surtout pour régler des
problèmes de nature ponctuelle et des problèmes qui ne peuvent
être réglés autrement. Je pense que c'est ça qu'on a
démontré. Moi, je m'en réjouis.
La deuxième chose que je disais, au début, à
l'ouverture de la commission parlementaire ou de l'étude de ce projet de
loi, c'est que je pense qu'on démontre clairement que les
appréhensions que les cultivateurs ou les agriculteurs avaient par
rapport à la loi 90, qui s'appelle la Loi sur la protection du
territoire agricole, on sent bien qu'il y a eu un cheminement et que ces
appréhensions-là sont non fondées, puisqu'on constate que
même des maires de villes acceptent que l'agriculture soit
pratiquée à l'intérieur de leurs limites. Il faut s'en
réjouir et je pense qu'il faut que cet exemple-là non seulement
ait été démontré, mais il faut qu'il soit
donné aussi, comme un exemple frappant de la volonté des maires
de vouloir utiliser leur territoire de la meilleure façon possible, mais
aussi en ayant dans l'esprit qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre des
ruraux et des urbains, si ce n'est quelques différences. Il n'y a pas
d'incompatibilité et il n'y a pas de questions inconciliables.
Là-dessus, moi, je me réjouis et je veux féliciter la
ville de Saint-Hubert et ses citoyens pour cette ouverture d'esprit.
Je voudrais, en terminant bien sûr, vous dire que j'ai
apprécié travailler sur ce projet de loi et je voudrais aussi
vous souhaiter de joyeuses fêtes - ça s'en vient - et un bon
retour.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le maire.
M. Girard: Oui, Mme la Présidente. J'aimerais profiter de
l'occasion pour remercier tous les membres de la commission, M. Ryan, M.
Dufour, les membres de l'Assemblée nationale qui sont venus se joindre
à nous pour travailler sur ce projet. J'aimerais souligner l'importance
du projet pour la ville de Saint-Hubert et pour ses citoyens, mais aussi je
pense que, par la philosophie différente qu'on a énoncée
dans ce projet-là, nous pourrons créer quelque chose de nouveau.
Cette contribution-là ne sera pas seulement pour Saint-Hubert, ce sera
aussi pour toute la région de la rive sud, peut-être la
région métropolitaine, et servira sûrement d'exemple
à d'autres villes. Je pense qu'on doit souligner le travail de tous nos
collaborateurs, autant au niveau de la ville de Saint-Hubert, mais aussi de
tous les ministères qui ont été impliqués: le
ministère des Affaires municipales, le ministère de la Justice,
le ministère de l'Agriculture et tous les autres ministères qui
ont contribué à ajouter des items, qui ont permis une loi qui va
être praticable, efficace, pour arriver au but que nous nous sommes
fixé. Je profite de l'occasion pour souhaiter de bonnes fêtes
à tout le monde.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le maire.
En tant que présidente de la commission, je vous souhaite un bon retour
et de joyeuses fêtes à tous vos citoyens et citoyennes de
Saint-Hubert La commission suspend ses travaux à 20 h 30.
(Suspension de la séance à 19 h 16)
(Reprise à 20 h 37)
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît. La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux. Le mandat de la commission est d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
294, Loi modifiant la charte de la ville de Québec. Nous avons comme
proposeur le député de Taschereau, la requérante est la
ville de Québec et nous aurons des intervenants, soit l'Association de
la construction du Québec, la Chambre des huissiers de justice du
Québec ainsi que le Progrès civique. Alors, M. le
député de Taschereau, en tant que parrain du projet de loi,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires à faire?
Projet de loi 294 Remarques
préliminaires
M. Leclerc: Bien sûr, Mme la Présidente. Je
voudrais, dans un premier temps, souhaiter la bienvenue au maire de
Québec, M. L'Allier, à M. Fiset, conseiller exécutif, avec
qui j'ai souvent le bonheur de travailler puisqu'il représente la basse
ville de Québec, et, évidemment, à M. Boutin et à
madame, du contentieux, qui sont des vétérans de ce genre
d'exercice législatif.
En effet, Mme la Présidente, il est assez fréquent que la
ville de Québec se retrouve devant nous pour demander des modifications
à sa charte. Jusqu'à il y a quelques années, les gens du
Progrès civique l'avaient fait auparavant et j'en profite pour souligner
leur présence parmi nous. La ville de Québec est une
municipalité pas comme les autres, et ce, pour bien des raisons: c'est
la capitale du Québec, c'est une ville patrimoniale, c'est une
ville-centre et c'est une ville qui, pour toutes sortes de raisons, a
des problèmes particuliers. Il est heureux que Québec
puisse se servir de la charte qu'elle possède pour régler un
certain nombre de problèmes. Elle se présente
régulièrement devant l'Assemblée nationale - monsieur le
critique de l'Opposition en sait également quelque chose - pour demander
au gouvernement du Québec, à l'Assemblée nationale de
nouveaux pouvoirs. Évidemment, je n'entrerai pas dans le détail
du projet de loi puisque je suis persuadé que M. le maire et ses
acolytes le feront mieux que moi. Ce qu'il est important de souligner, c'est
l'importance du genre d'exercice que nous effectuons.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi ce que nous avons fait depuis un
certain nombre d'années avec des projets de loi privés pour la
ville de Québec, je vous rappellerai simplement que c'est en vertu de
modifications à la charte de la ville de Québec qu'on a
réussi à régler un des vieux problèmes de la ville
de Québec. Tout le monde se rappellera de toute l'histoire de
Joli-Corps, des établissements erotiques, et tout ça. Donc,
l'exercice que nous entreprenons est important parce qu'il permettra à
la ville de Québec, grâce à de nouveaux pouvoirs,
d'améliorer la vie quotidienne des citoyens et des citoyennes de la
ville de Québec. On peut parler de l'application du code de
procédure pénale que la ville de Québec demande dans le
projet de loi, on peut parier de pouvoir accru en matière de
subventions, donc d'une foule d'outils nouveaux que la ville de Québec
demande au gouvernement pour exercer quotidiennement une meilleure gestion et
ainsi procurer aux citoyennes et aux citoyens de meilleurs services et une
meilleure qualité de vie. Alors, Mme la Présidente, je suis bien
heureux de parrainer, une fois de plus, le projet de loi privé de la
ville de Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Taschereau. M. le maire de la ville de Québec,
est-ce que vous avez des commentaires?
M. L'Allier (Jean-Paul): Non, Mme la Présidente. Les
modifications que l'on demande à la charte de Québec ont
évidemment pour but d'améliorer nos outils de gestion des
affaires publiques au niveau municipal, dans certains cas, de mieux nous
ajuster avec les lois provinciales qui existent ou la réglementation
provinciale et, dans tous les cas, d'essayer, je pense, d'alléger
l'administration, les technicalités administratives par rapport au poids
qui porte sûr les citoyens, tout en gardant le maximum de transparence
possible. Ça fait partie de nos objectifs comme parti. Une autre des
caractéristiques des demandes que nous faisons vise à nous donner
les moyens de mieux gérer les fonds publics, notamment en faisant un
certain nombre de nuances par rapport aux subventions brutes qui sont
données et qui ne peuvent pas être
récupérées, alors que notre objectif, c'est de faire en
sorte qu'avec un dollar de taxe on fasse le plus d'actions possible.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire, je vous
demanderai de présenter les personnes qui vous accompagnent, si vous le
voulez bien.
M. L'Allier: Oui, Mme la Présidente. M. Jacques Fiset, qui
est conseiller exécutif à la ville de Québec; M. Denis
Boutin, qui est conseiller juridique à la ville de Québec, qui va
lui-même vous présenter ses collaborateurs et collaboratrices.
M. Boutin (Denis): Je suis accompagné de Me Lucie
Fontaine, également du contentieux de la ville de Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous allez
nous présenter les arguments pour la motivation de la
présentation de votre projet de loi immédiatement ou si on doit
entendre les intervenants avant?
M. L'Allier: Je vous suggérerais, Mme la
Présidente, à moins qu'il n'y ait d'autres points de vue,
d'entendre peut-être les intervenants, quitte à ce qu'ensuite on
discute article par article.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le ministre
aimerait peut-être entendre les intervenants avant de faire ses propres
commentaires, si c'était possible. Alors, je demanderais à
l'Association de la construction du Québec, s'ils sont présents,
de bien vouloir s'approcher peut-être au bout de la table. Alors,
l'Association de la construction du Québec n'est pas là. La
Chambre des huissiers de justice du Québec. Pardon?
M. Dufour: Est-ce qu'ils ont été avertis?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, ils ont
été convoqués.
M. Boutin: Mme la Présidente, j'ai communiqué avec
les gens de l'Association de la construction et, suite aux explications que je
leur ai données sur les articles qui les inquiétaient, ils m'ont
avisé qu'ils ne se présenteraient pas.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Leclerc: J'ai pris également contact avec cet
organisme-là qui semblait, en fin de course, ne plus avoir l'intention
de se présenter devant nous.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Leclerc: Mais ils étaient au courant de
la date.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
président de la Chambre des huissiers de justice du Québec est
présent, et les personnes qui l'accompagnent? Si vous voulez bien
prendre place à la table, de l'autre côté. M. Ronald
Dubé, secrétaire général, est-ce qu'il est
présent?
Une voix: Oui, il est présent.
La Présidente (Mme Bélanger): Le secrétaire
général, c'est M. Dubé.
M. Dubé (Ronald): On recommence. Ronald Dubé,
secrétaire général de la Chambre.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Dubé: M. Bourdages est absent, ainsi que les membres de
la délégation. Pour l'instant, la Chambre ne souhaite pas
intervenir. Simplement au besoin, en cours de réunion, si jamais nous
avons à le faire, nous pourrons vous demander la permission de le
faire.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Alors, vous
désirez intervenir sur les articles qui vous concernent. Très
bien. Vous pouvez rester là. Le Progrès civique: M. André
Forgues, conseiller et chef de l'Opposition, M. Jacques Jobin, conseiller, et
M. François Marchand, procureur. Alors, si vous voulez bien prendre
place. Peut-être que M. Dubé pourrait retourner dans l'assistance
pour laisser la place au Progrès civique.
M. Forgues (André): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je suppose que
c'est M. André Forgues...
M. Forgues: C'est bien ça.
La Présidente (Mme Bélanger):... chef de
l'Opposition, qui va être le porte-parole. Nous vous écoutons, M.
Forgues.
Auditions Progrès civique
M. Forgues: je voudrais vous présenter, à ma
droite, me françois marchand, qui a contribué aux commentaires
que nous allons vous faire connaître et, à ma gauche, mme claire
vaillancourt, qui est notre attachée politique. m. jacques jobin ne
pouvait malheureusement assister, pour raison majeure.
La Présidente (Mme Bélanger): Claire
Vaillancourt.
M. Forgues: Mme Claire Vaillancourt.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous vous
écoutons, M. Forgues.
M. Forgues: Mme la Présidente, membres de la commission,
je voudrais d'abord vous remercier de nous permettre de nous faire entendre
pour vous exposer notre point de vue sur certaines modifications pour
lesquelles nous ne sommes pas d'accord. Nous avisons la commission
parlementaire que le Progrès civique de Québec est en accord avec
la majorité des demandes de modifications à la charte,
présentées par la ville de Québec. Cependant, à
notre avis, certaines de ces modifications ne sont pas justifiées et
nous vous communiquons nos commentaires dans le présent document. Comme
nous n'avions que quelques commentaires à formuler et dans le but de
faciliter la compréhension de notre texte, nous avons reproduit les
pages du cahier de présentation en y conservant la numérotation
et en y ajoutant nos commentaires.
Concernant le projet de la page 3, nous sommes en désaccord avec
l'addition proposée parce que nous trouvons que c'est bureaucratique,
complexe et que chaque municipalité pourrait demander la même
chose. De plus, cette modification va contre la notion de
l'égalité des soumissions. On sait que la ville, dans ce projet,
voudrait donner une chance aux contribuables de Québec qui
soumissionnent, leur donner des points ou leur permettre d'avoir de l'avance,
même si les soumissions sont plus chères à cause du compte
de taxes plus élevé.
M. Marchand (François): Si vous permettez, Mme la
Présidente, on pense qu'on doit préserver l'égalité
des soumissionnaires. Québec comme ville centre, on est convaincu que
beaucoup de nos commerçants et gens d'affaires
bénéficient, soumissionnent à l'extérieur de notre
municipalité et obtiennent de nombreux contrats. On ne voudrait pas, par
une modification qu'on estime tatillonne, créer un irritant qui ferait
en sorte que le plus bas soumissionnaire serait écarté parce que
le taux de taxes à Québec est plus élevé. On pense
que c'est un critère qui ne devrait pas être retenu et qui
pourrait pénaliser l'ensemble de nos gens d'affaires, parce qu'on est
convaincu que, si un tel pouvoir est accordé, les municipalités
qui auront éventuellement des taux de taxes plus élevés
que Québec demanderont les mêmes pouvoirs ou demanderont des
exemptions pour leurs propres commerçants. Alors, ça va
créer des frontières tout à fait artificielles. En un mot,
nous pensons qu'il s'agit d'une modification qui devrait être
rejetée, qui ne devrait pas faire partie de ce projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. Forgues.
M. Forgues: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous pouvez
poursuivre.
M. Forgues: On continue. Le prochain commentaire est à la
page 13, concernant la suppression du paragraphe 20. On voudrait enlever
l'exigence faite au comité exécutif d'autoriser le paiement de
toutes les sommes dues par la ville. Alors, nous sommes en désaccord
parce que nous considérons qu'il était très important que
les comptes soient autorisés au niveau politique.
M. Marchand: On comprend mal cette modification, Mme la
Présidente. À moins qu'on n'ait mal lu le projet d'amendement, ce
qu'on semble dire dans cet amendement-là, c'est qu'il y a des
dépenses qui ne pourront être autorisées ni par le conseil
ni par le comité exécutif. On se demande quel contrôle
pourront avoir les conseillers et le chef de l'Opposition si ces
dépenses-là ne passent pas par le filtre du comité
exécutif et par celui du conseil.
Si vous me permettez, à la même page aussi, Mme la
Présidente, on semble faire disparaître l'obligation pour la ville
de présenter son budget avant le 1er décembre. Il nous semble
qu'un budget doit être présenté assez tôt, avant le
1er décembre, pour que... Un budget, ça le dit: on planifie
l'année qui s'en vient. Si on fait disparaître cette obligation
qu'a le conseil municipal de voter ou de déposer le budget avant le 1er
décembre, il nous semble que ça peut donner lieu à des
situations pour le moins incorrectes, c'est-à-dire qu'un budget pourrait
être présenté en janvier et en février. Sauf erreur,
il existe déjà des dispositions d'exception qui font qu'une
municipalité peut présenter son budget au-delà du 1er
décembre - et, là, qu'on me corrige si je me trompe - avec une
autorisation du ministre. Alors, ça existe déjà. On ne
voit pas pourquoi on ferait tomber cette obligation de présenter le
budget au 1er décembre. Il nous semble que c'est une rigueur qui
appartient à l'équipe qui administre la ville, de
présenter son budget à temps. Si elle n'en est pas capable,
qu'elle demande la permission et le ministre, lui, pourra
décréter que les raisons sont bonnes ou ne le sont pas.
Si vous me permettez un autre commentaire dans la même page, dans
le cas d'une demande de modification au règlement de zonage, on voit
ça à la page 6, le comité exécutif peut prescrire
l'affichage, selon des modalités qu'il détermine, d'avis
indiquant la nature de la demande de modification. Ce critère nous
apparaît quand même très discrétionnaire. Il nous
semble que le comité exécutif pourrait, dans un cas, exiger
l'affichage, dans un cas, ne pas l'exiger, dans un cas, exiger trois ou quatre
affiches. Alors, il nous semble que ce pouvoir devrait être balisé
davantage pour avoir quand même une politique qui soit uniforme dans la
charte de la ville et non pas une décision au cas par cas par le
comité exécutif.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Forgues.
M. Forgues: Ensuite, il y a une autre raison concernant le fait
que nous soyons en désaccord avec l'addition du deuxième
alinéa du paragraphe 30 qui exigerait que, comme on vient de le dire, il
y ait un affichage sur le site d'un avis de la demande de modification au
règlement de zonage; il y a une raison d'esthétique qui va causer
une pollution visuelle, en plus d'augmenter les frais et les tracas des
contribuables et des promoteurs. On croit que le permis qui est
déjà affiché peut permettre à tout citoyen
d'obtenir des informations pertinentes. Il ne faut pas oublier que la ville a
déjà demandé des pouvoirs pour réglementer
l'affichage.
On irait maintenant à la page 17. Nous sommes d'accord, mais on
voulait faire un commentaire. Je profite de l'occasion pour suggérer que
cet amendement devrait être uniforme et s'appliquer à toutes les
municipalités. À la page 19, on est en désaccord avec les
modifications proposées. On voudrait supprimer la contrainte relative
à l'établissement du montant devant être prévu au
budget comme fonds de contingent et une réserve pour les mauvaises
créances dans les revenus de taxation. Nous sommes en désaccord,
Mme la Présidente, parce qu'elle fausse, à notre avis, la lecture
du budget et la réalité puisqu'elle permet de réduire
artificiellement celui-ci. Un fonds de contingent est, à notre avis,
réservé pour sécuriser la population advenant des
imprévus.
M. Marchand: Le fonds de contingent, madame, si vous me
permettez, comme le texte actuel le dit, c'est que, dans le budget, il y a 1 %
qui est réservé pour des imprévus. On pense, nous, que 1
%, c'est largement suffisant et que, si on fait sauter ce 1 %, il pourrait
arriver qu'une administration arrive avec un budget de tant, en disant: Voici,
on va faire ci, on va faire ça. Mais, là, on se réserve 5
% ou 10 % du budget pour des imprévus. Nous, on ne comprend pas qu'on
puisse demander une telle chose, à moins d'être vraiment
incapables de budgéter et de prévoir. Le budget, c'est un
exercice qui consiste à dire aux citoyens et au conseil municipal: Voici
ce qu'on va faire cette année. Voici là où on va
dépenser l'argent. Là, on demande, en fait, au gouvernement:
Écoutez, si on n'est pas capables de budgéter, laissez-nous
suffisamment d'espace puis on va dépenser ça, nous, au fur et
à mesure, selon les besoins. Il me semble que c'est la première
fois qu'un tel pouvoir est demandé. Encore une fois, je pense que le
citoyen, lui, doit avoir au moins un minimum de certitude avec un budget. 1 %,
ça
correspond quand même à quelques millions de dollars pour
les imprévus. Je rappellerai aussi qu'un budget, il peut y avoir
réaffectation de postes en cas de nécessité. Il y a quand
même des mécanismes qui sont prévus dans la loi pour
ça. Alors, ces mécanismes-là fonctionnent très
bien. Nous, on vous soumet qu'on devrait maintenir ce poste de contingent
à un maximum de 1 % du budget.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Forgues.
M. Forgues: À la page 23, Mme la Présidente, la
ville demande que le conseil ait le pouvoir d'autoriser, par résolution,
le versement de subventions, moyennant certaines conditions qu'il
détermine, pour la construction et l'aménagement de
stationnements. Nous sommes d'accord avec l'addition proposée, mais
à la condition qu'il y soit rattaché l'obligation de maintenir le
stationnement en opération en tout temps afin de permettre aux
résidents du voisinage de l'utiliser, si c'était possible.
À la page 25, on voudrait que le conseil ait le pouvoir de
subventionner l'acquisition d'un immeuble dans le cadre d'un programme d'aide
à l'accession à la propriété résidentielle.
Mme la Présidente, nous sommes en désaccord avec I'addttion
proposée parce qu'on croit que c'est de juridiction provinciale. Il
existe déjà à la ville des programmes, il existe des
programmes provinciaux et je pense qu'on n'a pas les moyens de les doubler. Ce
n'est pas à la ville de partager la richesse alors qu'elle a de la
difficulté à offrir des services essentiels à la
population.
M. Marchand: J'ajoute un commentaire là-dessus, Mme la
Présidente. Il nous semble qu'une administration municipale ne doit pas
dédoubler une administration gouvernementale, qu'elle soit du
gouvernement du Québec ou du gouvernement fédéral. Et
ça, c'est un défaut qu'on voit généralement dans ce
projet de modifications à la charte. On semble vouloir créer des
catégories d'aide différentes selon la condition des citoyens,
selon la formule d'habitation. Ça peut apparaître très
intéressant et on peut dire que l'intention est bonne, mais, encore une
fois, il n'appartient pas au palier de gouvernement municipal de faire de la
redistribution de revenus. On doit laisser ce pouvoir aux autres paliers de
gouvernement.
La municipalité est un palier de gouvernement qui donne des
services et on ne doit pas se lancer dans l'action sociale, aussi
intéressante, aussi généreuse puisse-t-elle être. Je
pense qu'on n'a pas les moyens. Ça ne nous revient pas et ça ne
fait que créer de la confusion entre les paliers de gouvernement. Alors,
nous, on s'objecte à ce pouvoir-là pour les raisons que M.
Forgues a mentionnées et sur lesquelles je viens de faire le
commentaire, et ce commentaire est vrai pour la prochaine page. Je laisse M.
Forgues continuer là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Forgues.
M. Forgues: À la page 31, Mme la Présidente, la
ville voudrait avoir le pouvoir de fixer des taux de subventions ou de
crédit de taxes à des niveaux différents à
l'intérieur d'une même catégorie de personnes ou
d'organismes, en prenant en considération des critères comme le
revenu du ménage, les droits de propriété ou tout autre
critère déterminé par règlement. Nous sommes en
désaccord avec cette demande parce que nous croyons que la
redistribution des revenus appartient au gouvernement du Québec et que,
de plus, on alourdirait la procédure. Ces subventions pourraient devenir
discrétionnaires.
De toute façon, tout crédit de taxes devrait être
rattaché à l'immeuble et non à l'individu.
M. Marchand: Je pense que c'est assez clair. On trouve
qu'accorder un tel pouvoir, c'est dangereux, accorder un tel pouvoir aux
municipalités, parce que c'est sans limites, c'est sans fin, ces
pouvoirs-là, et ça ne nous appartient pas, ces
pouvoirs-là.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Forgues.
M. Forgues: À la page 45, Mme la Présidente, la
ville voudrait aussi avoir le pouvoir de procéder à la plantation
et à l'entretien d'arbres, d'arbustes et d'autres végétaux
sur les propriétés privées et d'élaborer un
programme de subvention pour offrir une aide financière aux
propriétaires, afin de favoriser la plantation d'arbres et de
végétaux dans la ville. Nous sommes partiellement d'accord. Par
contre, nous trouvons dangereux que la ville obtienne ce pouvoir sans limites.
Elle pourrait être tentée de dépenser pour des programmes
autres que celui de la plantation d'arbres. Nous demandons que ce pouvoir, s'il
lui est accordé, soit limité aux programmes de plantation
d'arbres. De plus, on devrait établir clairement qui pourrait être
responsable et qui serait responsable de l'entretien.
À la page 55, on se souviendra que, l'an passé, la ville
s'était vue refuser la permission d'exiger 20 % d'un promoteur pour fins
de parcs. Cette année, on revient avec une autre façon d'obtenir
un montant plus élevé comme compensation pour fins de parcs. On
est en désaccord parce que cette modification, tant et aussi longtemps
qu'elle ne sera pas appliquée à toutes les municipalités
du Québec, si ce pouvoir-là est accordé à la ville
et qu'elle l'applique, ça entraînera une conséquence
négative sur le développement résidentiel et industriel
à Québec au profit des villes de banlieue et encouragera
davantage l'étalement urbain. Nous souhaitons que la ville obtienne ce
pouvoir lorsqu'il sera appliqué à la grandeur de la province.
M. Marchand: Un commentaire supplémentaire, Mme la
Présidente. Il s'agit des 10 % pour
fins de parcs, c'est-à-dire que, quand un promoteur subdivise
pour fins de développement, il doit payer à la
municipalité 10 % en valeur ou 10 % en terrain. C'est selon le choix de
la municipalité. Nous, on s'étonne beaucoup d'avoir trois pages
là-dessus, alors que vous avez le pouvoir équivalent dans la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, à l'article 115, paragraphe
8e qui, lui, a peut-être une vingtaine de lignes. Le projet,
tel que rédigé, nous apparaît éminemment complexe,
tellement complexe qu'on semble avoir créé un droit d'appel
devant la Chambre de l'expropriation. (21 heures)
Alors, si les gens ne sont pas capables de calculer 10 % du terrain ou
de la valeur en fonction de ce texte-là, c'est peut-être qu'il y a
un problème de rédaction. Alors, nous, on vous soumet que ce
pouvoir-là, il nous semble qu'il devrait être uniformisé
à toutes les municipalités et on a déjà
l'équivalent en trois fois moins long, sinon quatre fois moins long dans
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Alors, non pas qu'on veuille
ramener Québec au même niveau que les autres municipalités,
mais il nous apparaît intéressant, pour les gens qui veulent faire
de la construction, du développement, qu'ils puissent
bénéficier des mêmes conditions, qu'on soit à
Québec ou ailleurs. Et, si les conditions sont les mêmes,
c'est-à-dire 10 % pour fins de parcs en valeur ou en terrain, pourquoi
ne pas avoir une rédaction uniforme? Et on a déjà un
pouvoir dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme qui est
équivalent. Alors, nous, on soumet que la ville devrait tout simplement
utiliser le texte qui sert déjà pour les 1500 autres
municipalités qui ne s'en portent pas plus mal pour ça.
M. Forgues: À la page 67, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Forgues.
M. Forgues: On voudrait aussi avoir le pouvoir de réduire
de deux à un le nombre de publications des avis relatifs à
l'adoption des règlements et aussi on voudrait modifier, réduire
l'ampleur du contenu obligatoire de l'avis en limitant la description de la
nature et de l'effet du projet de règlement. Nous sommes en
désaccord, Mme la Présidente, avec la modification
proposée parce qu'on croit que c'est un manque de transparence et
d'information aux citoyens. De plus, c'est en contradiction avec la demande de
pouvoir obliger le contribuable à afficher la nature de sa
construction.
À la page 81, la ville voudrait avoir le pouvoir, Mme la
Présidente, de participer à tout fonds d'investissement de
capital de risque créé pour la poursuite de ces objectifs. Elle
voudrait s'associer à toute entreprise ou initiative poursuivant ces
objectifs ou accorder une assistance financière à toute
entreprise ou initiative poursuivant ces objectifs. Mme la Présidente,
nous sommes en désaccord avec ces modifications parce que, selon nous,
le développement de l'emploi est du ressort des gouvernements
fédéral et provincial. De plus, la ville de Québec a
déjà des programmes de développement de l'habitation, du
logement coopératif et bien d'autres programmes qui répondent
bien aux besoins. Dans le contexte actuel, la ville ne peut se permettre
d'investir dans du capital de risque.
M. Marchand: Commentaires supplémentaires. On pense,
encore une fois, que le projet de loi fait en sorte que la municipalité
déborde largement de sa juridiction traditionnelle et qu'elle prend,
avec l'argent des citoyens, des risques qu'elle ne devrait pas prendre, qui
appartiennent à l'entreprise privée. Encore une fois, il existe,
pour les entrepreneurs qui veulent investir du capital de risque, des
programmes autres à d'autres paliers de gouvernement. Encore une fois,
il existe, au palier municipal, des programmes de rabattement de taxes ou de
subventions mais qui sont toujours liés aux services,
c'est-à-dire en fonction de la rénovation, en fonction
d'aménagement de trottoirs, de rues, d'embellissement, et on ne voit pas
qu'est-ce que la ville de Québec viendrait faire dans du capital de
risque. Écoutez, elle n'arrive même pas a chauffer et à
entretenir ses propres bâtiments. Alors, on pense qu'elle devrait se
concentrer sur ce que... Elle a beaucoup de travail à faire. Elle a les
moyens suffisants pour le faire, qu'elle le fasse et, après ça,
on verra. Mais on pense que le captial de risque, les municipalités ne
doivent pas s'embarquer là-dedans, tout simplement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Forgues.
M. Forgues: mme la présidente, pour terminer, nous avons
les mêmes commentaires que les précédents, parce que c'est
un article pour faire la concordance si le projet de loi
précédent était accepté, la modification
était acceptée. ça termine, mme la présidente,
notre présentation. nous vous remercions de votre bonne attention.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, voulez-vous faire des commentaires immédiatement?
M. Ryan: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
Remarques préliminaires (suite)
M. Ryan: Tout d'abord, il me fait grandement plaisir de souhaiter
la bienvenue à M. le
maire L'Allier de Québec ainsi qu'aux personnes qui
l'accompagnent, en particulier M. Boutin, M. Fiset et Mme Fontaine. Alors, je
signale l'excellente collaboration qui a permis de mettre au point le projet de
loi qui est présenté ce soir sous la responsabilité,
évidemment, de la ville de Québec, mais après moult
consultations avec les services juridiques du ministère en particulier.
J'ai eu moi-même l'occasion de faire le point hier avec M. L'Allier et
ses conseillers sur certains aspects du projet de loi qui requéraient
des ajustements ou des explications, à tout le moins. Nous pourrons
être saisis tantôt des ajustements que la ville de Québec
voudra proposer ou de ceux que l'Opposition ou le gouvernement voudront
suggérer également. Nous irons à cet exercice dans
l'esprit d'ouverture et de collaboration qui caractérise
généralement les travaux de la commission parlementaire.
Je salue les représentants de l'Opposition, du Progrès
civique, qui sont ici ce soir. Je vous félicite de
l'intérêt que vous avez porté au projet et du soin que vous
avez mis à présenter une critique qui permettra au
législateur de mieux saisir, dans plusieurs cas, les deux
côtés de l'argumentation, afin de retenir ce qui pourrait
être le meilleur pour le bien public.
Je pense que nous serons en mesure, Mme la Présidente, d'aborder
l'étude du projet de loi article par article. Je réserverai mes
commentaires pour les articles à mesure qu'ils se présenteront.
Nous allons procéder avec toute l'attention et le soin voulu en disant
à la ville de Québec, encore une fois, que nous sommes toujours
très heureux de l'accueillir dans ce parlement qui est situé sur
son territoire, où, par conséquent, elle a une place
spéciale parce qu'elle peut dire qu'elle est chez elle à plus
d'un titre. M. L'Allier, en particulier, ayant fait partie, pendant plusieurs
années, de l'Assemblée nationale et même du gouvernement,
est chez lui ici, également à plus d'un titre. Nous sommes
très heureux de le retrouver. J'ai l'occasion de causer avec M. Fiset,
de temps à autre, en matière d'habitation. Nous avons plusieurs
sujets d'intérêt commun. Je salue également M. Leclerc, le
député de Taschereau, qui s'est fait le parrain du projet de loi,
dont nous connaissons tous le dévouement au service de la population de
Québec.
Alors, ceci étant dit, nous sommes prêts à
procéder, Mme la Présidente, après que nous aurons
entendu, évidemment, le porte-parole de l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Alors, M. le
député de Jonquière, pour les remarques
préliminaires.
M. Dufour: Oui. Bienvenue aux représentants de la ville de
Québec. Quand je parle de représentants, c'est autant ceux qui
sont en position que l'Opposition, parce que je pense que, dans une
municipalité aussi importante, et c'est vrai pour l'ensemble des
municipalités, il y a toujours des gens qui peuvent prétendre,
souvent, des fois à juste titre, que la raison du plus fort n'est pas
nécessairement toujours la meilleure, comme la raison du pouvoir n'est
pas toujours non plus celle qui doit primer toute décision. Je pense que
c'est bon en démocratie et je pense aussi que ça nous rappelle
que les villes appartiennent, en fait, à leurs citoyens. Et ça,
je pense que c'est heureux que ça se fasse comme ça.
C'est évident que, que ce soit Québec ou Montréal,
on a toujours des cas particuliers. Le député de Taschereau nous
le rappelait. Je pense bien qu'on ne peut pas l'oublier, nous, comme capitale,
surtout qu'on a défendu tellement longtemps la notion de capitale et
d'une subvention spéciale. Je pense qu'il faut se rappeler que
l'Opposition a fait une bataille assez forte là-dessus. On a
nommé un secrétaire à la capitale, mais on ne sait pas
où il est rendu dans le paysage. Il n'y a pas beaucoup de monde alentour
de la table qui peut se rappeler de son nom. On ne sait pas si ça a
donné quelque chose, mais, en tout cas, on a quelqu'un! On a quelqu'un
qui représente la ville de Québec à l'exécutif du
gouvernement, mais on ne sait pas si ça donne quelque chose pour la
ville de Québec, en tout cas on ne le sent pas. On ne sent pas trop fort
ses affaires. Donc, pour nous, l'importance de la capitale, bien sûr,
surtout pour nous qui voulons que le Québec devienne un pays, ça
devient encore plus important. Il n'y a pas de pays qui néglige sa
capitale.
Ce qui ne veut pas dire, d'autre part, qu'on peut permettre n'importe
quoi. Mais il faut être conscients qu'il y a, effectivement, dans les
grosses municipalités ou dans les municipalités d'une certaine
importance, certains problèmes qui sont difficiles à contourner.
Ça prend des lois. D'ailleurs, chaque année, à peu
près à cette époque-ci, on reçoit les gens de
Québec et de Montréal pour leur accorder ou leur refuser certains
pouvoirs, mais je pense qu'on le fait de la façon la plus
équitable possible. En tout cas, moi, j'espère qu'on le fait
toujours dans cet esprit-là, non pas dans le but de brimer, mais surtout
d'améliorer, en s'assurant qu'il y a des pouvoirs qui sont donnés
à des municipalités, mais des pouvoirs, ça doit être
balisés en quelque part. Québec étant une ville
patrimoniale, ça lui amène des difficultés
supplémentaires, ce qui fait qu'on aura, à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi, à questionner sur plusieurs articles
parce qu'il y a des questions de fond là-dedans.
Ce n'est pas un projet de loi aussi anodin qu'il pourrait en avoir
l'air. Il y a des questions de principe. Je pense que le ministère va
être obligé de nous donner la couleur du temps. Il va falloir
qu'il nous dise si, oui ou non, il veut accorder des pouvoirs. C'est des
pouvoirs supplémentaires, des pouvoirs importants et qui n'ont pas,
jusqu'à ce jour, été donnés ou, à
quelques places, je pourrais dire que oui, ils ont été
donnés ou accordés, mais c'a amené d'autres sortes de
problèmes. Donc, je pense qu'on doit s'inpirer du passé, du
présent puis regarder vers l'avenir. Mais il faudra bien un jour qu'on
accepte de s'asseoir avec les municipalités pour leur demander quelle
est la fonction qu'elles veulent occuper. Puis qu'est-ce que, nous, comme
législateurs, on est prêts à leur accorder? Parce que, moi,
je ne pense pas qu'on puisse toujours légiférer à la
pièce en pensant que ça n'a pas d'impact. Moi, je pense que,
depuis quelques années, on n'a pas été clairs avec les
municipalités, ce qui fait que les municipalités veulent toujours
aller plus loin, mais on ne leur accorde pas les montants d'argent non plus qui
vont avec. Si on leur donne des pouvoirs puis des revenus en
conséquence, ça va. Mais, si on leur donne des pouvoirs sans
donner les revenus, bien là, c'est un constat d'Incapacité que le
gouvernement fait puisqu'il remet à d'autres les responsabilités
qu'il devrait exercer.
Donc, il y a un certain nombre d'éléments là-dedans
qui me semblent excessivement importants, et je crois que le projet de loi -
parce que c'est un projet de loi qui, à mon sens, est gros, pas dans sa
forme ni dans le nombre de ses articles, mais dans les nouveaux pouvoirs qu'il
demande - on devra certainement le regarder avec tous les égards que
ça comporte et aussi avec la vision la plus large possible pour
permettre à Québec, bien sûr, d'exercer sa fonction de
capitale puis sa fonction comme conseil municipal, purement et simplement.
Parce que, même si elle n'était pas une capitale, il y a des
éléments dans des villes comme ici et il faut qu'elles obtiennent
certains pouvoirs pour pouvoir opérer. Voilà, en quelques mots,
ce que j'avais à exprimer, quitte à revenir sur le fond avec
certains articles. Je peux au moins vous assurer que je vais vous
écouter avec beaucoup d'attention et que, si je peux apporter des
bonifications ou autres, je le ferai avec beaucoup de plaisir.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le maire,
avant d'appeler l'article 1, est-ce que vous avez des commentaires suite aux
commentaires?
M. L'Allier: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Alors, les
remarques préliminaires étant terminées, j'appelle
l'article 1. M. le ministre.
Étude détaillée De la
constitution de la ville
M. Ryan: On va adopter une procédure un petit peu
différente de celle qu'on suit le plus fréquemment.
Peut-être que les représentants de la ville de Québec
pourraient expliquer les articles brièvement. Ensuite, nous
commenterons, s'il y a lieu. S'il n'y a pas lieu, bien ça fera autant de
pris. Et si vous pouviez faire ça de manière concise. On sait
que...
M. L'Allier: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. L'Allier: ...on va faire ça d'une façon concise.
Je voudrais simplement indiquer que la façon dont on a
préparé ce document est la suivante. Les demandes de
modifications à la charte sont de deux sources: certaines modifications
sont suggérées avant tout par l'administration de la ville, donc
au niveau de la fonction publique municipale; d'autres modifications sont
à l'initiative politique, et, au total, les modifications qui sont
présentées ici sont un mélange des deux. Pour faciliter le
travail, si vous permettez, Mme la Présidente, je vais demander à
M. Denis Boutin, dans chaque cas, de présenter la demande de
modification. Si elle est acceptée, ça va. S'il y a des
discussions, ensuite on pourra faire la discussion. Ça va éviter
beaucoup de mots inutiles, de ma part en tout cas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me Boutin.
M. Boutin: Alors, je vais y aller. Je vais tenter d'y aller de
façon concise pour présenter l'objectif et les buts poursuivis
par la ville dans chaque cas. À l'article 1, la ville désire
obtenir le pouvoir de prescrire par règlement ou d'adopter par
règlement un système qui permettrait de viser un cercle vicieux
qui existe présentement et qui permettrait de rééquilibrer
les soumissionnaires qui s'adressent à la ville pour offrir des biens et
des services.
Vous n'êtes pas sans ignorer que notre système fait en
sorte que la ville doit accorder un contrat au plus bas soumissionnaire. Vous
n'êtes pas sans ignorer non plus que la ville de Québec, en sa
raison de capitale et de ville centre, a un fardeau fiscal important. Il y a
présentement des histoires d'horreur dans la ville de Québec qui
font en sorte que certains soumissionnaires de la ville de Québec, qui
doivent donc soutenir, dans leurs coûts d'opération, les frais
fiscaux requis pour demeurer dans la ville centre, perdent certains contrats de
leur propre ville au profit et à l'avantage de municipalités de
la banlieue et de municipalités de l'environnement. C'est un autre effet
vicieux ou pernicieux de l'étalement urbain, à tel point que
certains des gens qui font affaire dans la ville de Québec sont rendus
à nous demander: Faut-il déménager en banlieue pour
pouvoir être concurrentiels et soumissionner des prix avantageux dans la
ville de Québec, pour obtenir des contrats de la ville de Québec?
(21 h 15)
Ce qu'on propose, ce n'est pas du "acheter chez soi" à tous
crins, c'est de mettre en place un système qui permettrait de
pondérer les soumissions. Et, après être passé
à travers le système de pondération, il y aurait quand
même un plus bas soumissionnaire et la ville attribuerait le contrat au
plus bas soumissionnaire, une fois passé à travers ce
système de pondération là, qui tiendrait compte,
naturellement, du montant des taxes payées à la ville de
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, après avoir
étudié cet article, j'en viens à la conclusion qu'il
soulève des difficultés, lesquelles m'apparaissent insurmontables
dans le contexte immédiat où nous sommes. C'est peut-être
une idée qu'il y aurait lieu d'approfondir, mais les
inconvénients qu'elles entraînent m'apparaissent plus lourds de
conséquences que les avantages que voudrait en retirer la ville de
Québec. Si on adopte une chose comme celle-ci, ça veut dire que
d'autres municipalités peuvent décider de faire la même
chose, disons dans la grande région de Québec. Ça va faire
une drôle de cacophonie, j'ai l'impression, et on aura des demandes. Moi,
je n'ai pas peur des demandes qui peuvent venir d'ailleurs - je vous le dis
franchement, si ne je les trouve pas bonnes, je suis capable de le dire-- mais
je ne voudrais pas faire exprès pour les provoquer, et là je n'ai
pas la conviction que les avantages seraient tellement significatifs que
ça vaille la peine d'ouvrir la porte à ces complications
politiques, administratives et même peut-être à des
conséquences susceptibles d'avoir un effet nocif sur la libre
concurrence aussi. On a regardé ça sur tous les
côtés et nous ne sommes pas prêts à accepter une
disposition comme celle-là, toujours ouverts à persuasion,
évidemment. Mais, pour le moment, c'est ma première
réaction.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. L'Allier: Oui, Mme la Présidente, en fait, nous
voulions ici poser le problème, tout en étant conscients que la
solution que l'on proposait pouvait ne pas avoir autant d'avantages que
d'inconvénients par rapport à l'ensemble. Le problème qui
se pose, Mme la Présidente, est le suivant. C'est que - le ministre des
Affaires municipales en est conscient - les villes-centres, dans le contexte de
la concurrence fiscale qui est encouragée par le système, se
trouvent souvent dans une position non concurrentielle par rapport aux
industries fragiles qu'elles ont dans leur centre.
Par exemple, et je pense que le député de Taschereau va
très bien saisir de quoi je parle à ce moment-ci, je vous donne
un exemple d'une entreprise qui fabrique, au centre de la ville de
Québec, des uniformes, qui a fait faillite depuis, qui a
soumissionné pour 300 ou 400 uniformes de pompier et qui s'est
retrouvée à moins de 100 $ de différence avec une
entreprise qui, elle, était à Québec et a
déménagé à Saint-Romuald, avec un fardeau fiscal
beaucoup plus léger. On a dû donner le contrat à
l'entreprise extérieure, ce qui a motivé l'entreprise qui fait
des efforts pour rester au centre-ville de nous dire: S'il faut
déménager pour être concurrentielles, on va foutre le camp,
et ensuite vous mettrez les millions qu'il faut pour relancer vos
centres-villes.
Alors, on s'est dit: Est-ce qu'il ne faut pas trouver une façon
pour aider les entreprises qui oeuvrent déjà dans des zones
centrales défavorisées sur le plan économique, de pouvoir
continuer à oeuvrer ou si on doit, par le système, les laisser
partir, les foutre à la porte pour qu'elles puissent survivre et ensuite
pomper des millions dans les centres-villes en espérant les relancer? Le
problème est posé et, le problème étant
posé, Mme la Présidente, je souhaiterais que le gouvernement
l'aborde, comme l'a suggéré le ministre des Affaires municipales,
globalement, comme un problème de centre-ville. Et, dans cette
optique-là, je serais tout à fait d'accord pour retirer la
demande d'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, bien sûr que, quand je vois la tournure de
la discussion, je pourrais bien dire: Oui, moi, je ne parlerai pas et je vais
laisser aller les choses, mais je pense, tout de même, qu'on a un
rôle à jouer. Je pense que, de ce côté-là,
d'après mon expérience, pour avoir été maire
pendant quelques années, pour ne pas dire de nombreuses années,
c'est évident qu'il y a une espèce de réaction assez
profonde vis-à-vis des fournisseurs ou des gens qui font des soumissions
dans notre municipalité et qui partent avec les contrats
intéressants assez souvent.
Je pense que ce qui nous est proposé me semble complexe. Mol, je
pensais, dans le temps, peut-être pas ce soir mais ça pourrait
être approfondi dans une période un peu plus longue, qu'il
pourrait y avoir des normes. Par exemple, pour un contrat de 100 000 $, 1 %
pourrait jouer en faveur des citoyens de la municipalité, et ça,
on devrait peut-être le faire par loi plutôt qu'à la
pièce; 1 % sur 100 000 $, c'est 1000 $. Ça pourrait jouer en
faveur... Parce que l'exemple qui nous est donné, c'est 100 $ puis
peut-être que, s'ils avaient monté, au ministère, vous
auriez dit oui. Ça, je ne le sais pas, là, mais il y avait 100 $
de différence. Vous avez écouté l'exemple que M. le maire
a donné d'une entreprise qui fabriquait des uniformes puis il y avait
100 $ de différence. Elle a perdu quelques piastres, j'imagine.
Ça doit être un contrat d'une
couple de 100 000 $, peut-être plus que ça.
M. L'Allier: II y a eu une faillite, au bout du compte, mais ce
n'est pas nécessairement dû à ça uniquement.
M. Dufour: Une faillite pour 100 $. Ça, ça n'aide
pas. Donc, il pourrait peut-être y avoir des marges de manoeuvre
d'étudiées dans ce sens-là, qui permettraient de donner
une certaine préférence à ces entreprises locales, mais
pas que ça soit débridé, ou que ça soit d'une
façon arbitraire, ou de façon où les municipalités
peuvent décider selon leurs besoins: Ça pourrait être 5 %
dans ce cas-là, 10 % dans l'autre puis 1 % de cette
façon-là. Donc, là, à ce moment-là, je pense
qu'on baliserait et ça ôterait certainement un peu de
mécontentement parce que ce n'est pas juste pour le conseil municipal
que c'est choquant; c'est froissant aussi pour les contribuables. Les
contribuables, je l'ai su, on s'est battu pour... On avait donné un
contrat à une entreprise. Elle était à côté
de la bâtisse mais il n'y avait pas grand... Il y avait, je pense, 1000
$. Des fois, on perd des amis pour pas beaucoup d'argent. On savait que
c'étaient des gens de la place, puis l'autre contracteur, bien, il
arrivait avec des gens de l'extérieur pour venir faire la même
affaire. Donc, dans ce sens-là, tout en étant d'accord et en
acceptant que l'article soit retiré, je trouve que, si on veut faire une
analyse dans le sens, peut-être, de balises, là, de petits
pourcentages de différence au lieu de laisser ça à
l'arbitraire, ça serait peut-être acceptable puis ça serait
peut-être une façon de répondre au voeu de la ville de
Québec puis à l'ensemble des municipalités du
Québec. J'ai l'impression que les municipalités du Québec
accepteraient ça avec beaucoup de plaisir.
M. Ryan: Nous envisageons sérieusement de hausser...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre...
M. Ryan: ...le seuil en deçà duquel il ne sera pas
obligatoire de faire des appels d'offres publics. Là, le seuil est
à 5000 $, actuellement. Franchement, en fonction des conditions
d'aujourd'hui, c'est trop bas, tu sais...
M. Dufour: 25 000 $?
M. Ryan: ...5000 $ pour les petites municipalités. Au
Québec, combien c'est?
Une voix: 25 000 $.
M. Ryan: 25 000 $, au Québec?
M. Dufour: C'est 25 000 $. Et il y a des places que c'est 50 000
$.
M. Ryan: Y a-t-il quelqu'un, ici, qui peut me dire ça?
M. Dufour: En tout cas, de mémoire, c'est 25 000 $ pour
les municipalités, sans soumission. Ce sont des appels d'offres,
des...
Une voix: 25 000 $.
M. Ryan: C'est 25 000 $. Très bien.
M. Dufour: C'est ça?
M. Ryan: Dans certains cas, ça oblige à aller
chercher des fois à 100 milles de distance des biens
élémentaires qu'on pourrait se procurer beaucoup plus proche.
Donc, il y a une certaine souplesse à mettre là-dedans.
Vous avez parlé, par exemple, de la possibilité d'une
petite marge d'écart. J'ai été saisi, il y a quelques
mois, d'un dossier qui m'a beaucoup embarrassé: une municipalité
rurale qui avait demandé ses soumissions pour l'enlèvement de la
neige, puis il y avait trois soumissions avec des différences d'à
peu près 200 $ chacune pour un contrat d'une valeur d'à peu
près 110 000 $. Puis celui qui était le plus bas, c'était
celui qui était le plus loin, qu'on n'avait jamais vu dans la place. Le
deuxième avait d'autres limites puis celui qui était le plus
loin, mais qui était tout de même exactement dans le même
champ, était celui de la place qui aurait donné une bonne partie
des revenus qu'il serait allé chercher aux oeuvres puis à toutes
sortes d'entreprises locales et communautaires; c'était un
véritable pilier dans la communauté. Là, il se fait dire:
Bonjour, puis nous autres, on va chercher celui qui est plus loin. Moi, je ne
peux pas être satisfait de la norme purement arithmétique
là-dedans. Et je l'ai regardé, ce cas-là, pendant un bon
bout de temps sous toutes les coutures et je me disais: II faut qu'on ait un
certain élément de souplesse. C'est pour ça que j'ai
écouté avec intérêt ce qu'a dit le
député de Jonquière. Sans débrider tout ce
système-là, il y a moyen de faire qu'il n'obéisse pas
à des lois exclusivement puis rigidement arithmétiques, avec
toute l'étroitesse que ça comporte parfois. Mais c'est une
question sur laquelle, pour l'instant, je m'interroge. On n'a pas de solution,
mais je suis content de voir que le député de Jonquière
s'interroge avec moi. On est ouverts. On va discuter de ces choses-là au
cours des mois à venir de manière plus approfondie puis je pense
qu'on pourra trouver des choses qui introduiront une certaine souplesse, tout
en respectant le principe de concurrence.
Mais, si on prend le principe de concurrence dans sa forme pure,
l'expérience des siècles enseigne que ça aboutit à
l'écrasement des petits par les gros, parce qu'il y en a qui, avec
l'effet de la concurrence, finissent par se donner une position tellement forte
par rapport aux autres que les autres n'ont presque plus de
chances. C'est pour ça que l'État est obligé de
venir à la charge, de dire, dans certaines situations, soit qu'on va
introduire la puissance publique elle-même dans un secteur
d'activité, soit qu'on va mettre des réserves ou des contraintes
pour empêcher que ce soit la loi, pure et simple, de la jungle qui
s'applique. C'est pour ça qu'on n'a pas de vérité absolue,
aveugle, là-dedans. Notre choix à nous autres, comme
gouvernement, est pour la liberté d'entreprise et la liberté de
concurrence, évidemment, mais les conditions dans lesquelles ces
libertés doivent s'exercer sont toujours sujettes à ajustements
ou à précisions par l'autorité publique. Mais, dans ce
cas-ci, je pense que nous convenons que la modification proposée,
ça sera difficile de l'accepter maintenant. M. le maire L'Allier a dit
tantôt qu'il était prêt à retirer cet article. Moi,
je suis volontiers disposé à accepter sa proposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le maire,
vous retirez l'article 4L.
M. Boutin: L'article 1 du projet de loi est retiré.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 du
projet. Alors, cet article est retiré. J'appelle l'article 2.
M. Boutin: À l'article 2, Mme la Présidente, il
s'agit d'une correction d'ordre très technique à l'article 16 de
la charte de la ville de Québec où il subsiste une
référence à l'article 15 de ladite loi. Or, cet article 15
a été abrogé déjà depuis 1986. Alors, il
s'agit tout simplement d'une correction technique pour abroger une
référence à une disposition désuète et
disparue.
La Présidente (Mme Bélanger): Cet article est
adopté? Pas de commentaires à faire là-dessus? M. le
ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas de commentaires sur l'article 2. Nous sommes
favorables à cet article.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
adopté. À l'article 3, il y a un amendement.
Pouvoirs et attributions du conseil
L'article 3 du projet de loi est modifié par l'addition,
après le paragraphe 2°, du suivant: "2. 1 par l'addition,
après le paragraphe j du premier alinéa, du suivant: "k) conclure
une entente relative à des services en matière de santé,
sécurité publique et protection contre l'incendie avec le
gouvernement, l'un de ses ministères, mandataires ou agents, avec la
Communauté urbaine de Québec, avec un établissement
public, un conseil régional de la santé et des services sociaux,
un centre local de services communautaires, un centre de services sociaux au
sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux (L. R.
Q., chapitre S-5) ou avec une corporation sans but lucratif; "I) les ententes
visées aux paragraphes i, j et k ne sont pas assujetties aux articles
573 à 573. 3 de la Loi sur les cités et villes (L. R. Q.,
chapitre C-19) si elles sont conclues avec un organisme public mentionné
au paragraphe k ou, lorsqu'elles sont relatives aux loisirs ou à la vie
communautaire, si elles sont conclues avec des corporations sans but lucratif
à qui la ville est autorisée à verser des subventions en
vertu des articles 303 et 312a. "
Est-ce que vous avez des commentaires à faire sur l'amendement?
Oui, M. Boutin.
M. Boutin: Je ne sais pas s'il serait opportun de procéder
immédiatement avec l'amendement qui arrive après le paragraphe
2°. Je vous proposerais, Mme la Présidente, de passer les
paragraphes les uns après les autres, parce qu'ils traitent d'objets
distincts et différents.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous pouvez,
paragraphe par paragraphe, Me Boutin.
M. Boutin: Alors, si on commence avec le paragraphe 1° de
l'article 3 du projet de loi, cette modification a pour but d'intervenir au
paragraphe e de l'article 159a de notre charte pour le réécrire,
pour qu'il se lise maintenant comme suit: "Le conseil a autorité pour
créer par règlement les différents services de la ville,
établir ou modifier le champ de leurs activités, les fusionner et
les abolir".
Cette modification a pour but de donner entière liberté
à la ville d'agir au gré de son conseil, dans la structure
administrative de sa fonction publique et de son administration. Vous allez
voir un peu plus loin, on en parlera au paragraphe 3°, que certaines
contraintes qui existaient dans la charte disparaissent à cet
égard.
Alors, l'objectif visé par la ville de Québec au
paragraphe 1° de l'article 3 est de donner entière liberté au
conseil d'organiser sa fonction publique comme il l'entend. (21 h 30)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que c'est un assouplissement qui est tout
à fait justifié.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je ne sais pas si... Il me semble que j'ai vu
ça quelque part, mais ce n'est pas la ville de Québec... Est-ce
que vous êtes déjà venus avec un amendement qui ressemblait
à ça?
M. Boutin: II y a quelques années, on est intervenu au
dernier alinéa de ce même article là. Si vous lisez, dans
la page de gauche de votre cahier vert, le dernier alinéa de l'article
159, petit a, on dit: Le conseil doit notamment créer par
règlement les services suivants: contentieux, police, protection contre
l'incendie, urbanisme et personnel. On était intervenu dans cette
énumération-là. On revient à nouveau cette
année, par l'effet du paragraphe 3° de l'article 3, pour
carrément supprimer cette obligation d'avoir certains services
particuliers. Il n'y a pas de raison, à notre avis, que la charte de la
ville prescrive que certains services ont une existence de par l'effet de la
loi et que d'autres services n'ont pas d'existence de par l'effet de la loi. On
prétend que le conseil devrait avoir entière liberté,
à cet égard, de diviser la fonction publique en autant
d'unités administratives qu'il le souhaite.
M. Dufour: Voulez-vous me rafraîchir la mémoire?
Pourquoi avait-on refusé? Il me semble que... C'est frais et c'est loin
dans ma mémoire. Je sais qu'on a touché à ce
point-là précis, mais je ne me souviens pas pourquoi le
gouvernement avait refusé.
M. Boutin: II n'y avait pas eu de refus à cette
époque-là.
M. Dufour: Non?
M. Boutin: On a joué dans l'énumération. Je
ne pourrais pas vous dire si on a ajouté ou si on a retranché un
des services à existence obligatoire, appelons-les comme ça,
là. C'est l'intervention qu'on a faite il y a quelques années. Et
il n'y avait pas eu de refus de la part du ministre là-dessus parce que,
traditionnellement, le ministre des Affaires municipales a toujours
été très - employons l'expression - libéral quant
aux pouvoirs conférés aux municipalités pour gérer
leurs propres affaires administratives. Alors, il subsiste quelques contraintes
encore dans notre charte, à cet égard, et on souhaite maintenant
les faire disparaître.
M. Dufour: II me semblait que c'était un office du
personnel et... Mon recherchiste me souligne que ça pourrait être
la 254...
M. Boutin: Ça, c'est autre chose, M. Dufour. De
mémoire, je peux vous dire qu'on est intervenu - c'est au
pèlerinage de 1990, si mon souvenir est exact - pour conférer des
pouvoirs additionnels à l'office du personnel, des pouvoirs qui
étaient exercés jusqu'à ce moment par le conseil et le
comité exécutif, encore une fois, là, pour descendre les
problèmes administratifs au niveau de l'administration et ne pas les
laisser au niveau des élus.
M. Dufour: Et on l'avait accepté, ça? M. Boutin:
Oui. Sans problème.
M. Dufour: Quand vous parlez - et ça existe
déjà - de "créer par règlement les
différents services de la ville, établir ou modifier le champ de
leurs activités, les fusionner ou les abolir", vous avez le pouvoir de
créer... En principe, à moins que quelqu'un me dise le contraire,
quand on a le droit de créer, on a le droit de "décréer".
Si vous avez le droit de le faire, vous avez le droit de le défaire.
M. Boutin: Oui.
M. Dufour: Peut-être que vous voulez un peu plus... C'est
plus pointu en disant... Vous le dites tout. On ne prend pas de chances.
Personne ne peut contester ça.
M. Boutin: Oui, cet amendement-là, M. le
député de Jonquière, doit se lire essentiellement avec la
disparition du dernier alinéa. Je vais parler contre ma paroisse. Je
suis le directeur du Service du contentieux. Or, dans la charte de la ville de
Québec, il doit y avoir un service du contentieux, c'est la loi qui
l'exige. Avec la modification qu'on propose, il n'y aurait plus d'obligation
pour avoir un service du contentieux. Alors, si, demain matin, la ville de
Québec juge plus opportun de faire affaire avec des bureaux de
l'extérieur ou de gérer ses affaires d'une autre façon,
bien, elle aura le loisir de le faire. C'est de l'administration interne qui ne
doit pas nécessairement se trouver dans un texte législatif.
M. L'Allier: J'ajouterais un élément, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le maire.
M. L'Allier: Si on regarde le dernier alinéa, dans la loi
actuelle, on dit: Le conseil doit notamment créer par règlement
les services suivants: police, protection contre l'incendie. Or, s'il arrivait
qu'on veuille fusionner les deux pour avoir un service de protection publique,
on ne pourrait pas sans venir demander l'autorisation du Parlement.
M. Dufour: J'espère...
M. L'Allier: Donc, ça veut dire que c'est une forme de
tutelle sur l'organigramme, dans le fond. Je pense qu'on est rendu plus loin
que ça.
M. Dufour: J'ai l'impression que, si vous faisiez ça, vous
auriez quelques petits problèmes. Je ne vous souhaite pas de mal...
M. L'Allier: Peut-être, mais on est élu pour
ça, M. le député.
M. Dufour: Oui, mais vous allez avoir des gros problèmes.
Pas juste de la part des fonctionnaires. J'ai comme l'impression que ça
pourrait prendre même le champ, aller un petit peu plus loin, surtout la
police et les pompiers, la protection contre l'incendie, quand on sait comment
ils fonctionnent, vous avez été des exemples, et avec aussi ce
que vous avez à protéger un peu partout. En tout cas, moi, je
n'ai pas de conseil à vous donner là-dessus et ce n'est pas un
conseil que je veux vous donner. Je fais juste discuter. C'est évident
que c'est beaucoup plus souple, excepté que c'est un nouveau pouvoir
très différent de ce qui... Le ministre est d'accord
là-dessus; moi, je ne peux pas m'opposer. Je ne peux pas être pour
la tarte aux pommes et tout. Je n'ai pas d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 3 est adopté?
M. Boutin: On parle du paragraphe 1°, Mme la
Présidente.
M. Dufour: Paragraphe 1°, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Le paragraphe 1°,
oui, je m'excuse. Ça allait un peu vite.
M. Boutin: En ce qui concerne le paragraphe 2°, Mme la
Présidente, il s'agit d'ajouter un paragraphe i, toujours à notre
article 159a, qui a pour but de permettre au conseil de conclure des ententes
pour confier l'administration, l'exploitation et la gestion, en son nom, au nom
de la ville, des immeubles et bâtiments de la ville, de même que
certains programmes et services de la ville, à l'exclusion d'un certain
nombre de choses énumérées, tout ce qui touche
circulation, paix, ordre public, décence et bonnes moeurs.
L'objectif poursuivi est de conclure des ententes avec certains
organismes avec lesquels on est en relation constante, je pense, entre autres,
notamment, aux organismes de loisir ou aux organismes impliqués en
matière de vie communautaire. On saisira fort bien par certains exemples
que je peux vous citer immédiatement. La ville de Québec
souhaite, par exemple, confier la gestion ou l'entretien de ses terrains de
soccer ou de ses gymnases à... Prenons l'exemple du terrain de soccer:
confier son entretien à l'association régionale de soccer ou
à l'association de soccer de la paroisse une telle. Ce sont,
premièrement, des gens impliqués dans le milieu;
deuxièmement, des gens qui sont intéressés à
s'impliquer dans la gestion de leurs équipements et dans la gestion des
équipements que la ville met à leur disposition et c'est,
croyons-nous, une excellente façon, également, à travers
ces ententes-là, de financer ces organismes-là qui, par ailleurs,
peuvent recevoir de la ville des deniers au moyen de subventions. Nous
préférons de beaucoup leur donner des deniers en contrepartie
d'un service d'entretien de terrain, d'animation de programmes de loisir que de
leur donner de façon gracieuse et gratuite. Ça permet d'impliquer
ces gens-là dans le milieu, et c'est ce que ces gens-là
souhaitent.
D'autres types de programmes que l'on souhaite. Récemment, nous
avons eu des offres de la part d'organismes impliqués dans le milieu, et
qu'on était tout prêts à accepter, parce qu'on pense que
ça aurait été le meilleur outil pour atteindre notre
objectif, des offres pour gérer des programmes de subvention à la
rénovation, l'amélioration des façades dans les quartiers.
Ce qui est nécessaire, ce qui est la clé du succès pour ce
genre de programmes là, c'est que ce soit des gens impliqués dans
le milieu qui aillent cogner à la porte des commerçants, qui les
connaissent bien, qui réussissent a toucher ces gens-là et
à leur faire naître un sentiment d'appartenance et un sentiment de
quartier, pour dire: C'est chez nous, c'est chez nous qu'il faut se renipper.
Il y a des programmes qui existent à la ville, vous pouvez en
bénéficier. On voulait faire travailler sur le terrain des gens
du quartier. Il nous était impossible de conclure ce genre d'ententes
là avec des gens du milieu. Nous préférons de beaucoup
avoir recours à ces gens-là que d'avoir recours à des
fonctionnaires de la ville qui, tout en étant aussi compétents,
n'ont pas le pouls du terrain qui assure la clé du succès de ce
genre d'opération. Je pourrais vous citer un certain nombre d'autres
exemples là-dessus, mais je vais réduire la présentation
pour tout de suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Ryan: Nous autres, nous sommes favorables à cette
disposition. Je pense que c'est normal que la ville de Québec soit
autorisée à conclure des ententes dans les domaines
mentionnés ici: le domaine de la santé, de la
sécurité publique, de la protection contre l'incendie, avec le
gouvernement, un ministère, un mandataire de ministère, avec la
Communauté urbaine de Québec, un établissement public, un
CRSS, un CLSC. Excusez.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'était
l'article 1, ça. C'était le premier paragraphe. Là, on
était sur le deuxième paragraphe.
M. Ryan: Ça, il n'y a pas de problème non plus
à celui-là. C'est déjà une disposition que nous
pouvons appliquer en vertu des lois municipales.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça.
M. Ryan: II y a très souvent des ententes
qui sont conclues d'une municipalité à l'autre. Ici, on
précise l'objet pour les fins de la ville de Québec. Je pense
qu'il n'y a absolument pas de difficultés en ce qui me touche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je comprends que les ententes pour confier, ce ne
sont pas des ententes nécessairement intermunicipales. C'est des
ententes avec des groupes, des individus, des organismes. Je comprends que la
ville de Québec fait ça, je comprends vos arguments, qui sont
très louables, de dire: Ils connaissent mieux ça, ils vont donner
un meilleur service. Mais, dans le fin fond de tout ça, moi, je regarde
ça d'un oeil bien critique, en tout cas positif, mais tout de même
en sachant que, si la ville le fait, c'est parce qu'elle pense qu'elle peut
sauver quelques cents aussi. Ça pourrait arriver, par hasard. Si vous le
faites, moi, je vous pose la question: Vous n'avez pas de convention
collective? Vous pensez que, même si on vous donne ce pouvoir-là,
vous pouvez passer à... Est-ce que les conventions collectives ne
couvrent pas ça? Je veux dire, par exemple, qu'il y a des gens qui
travaillent dans des parcs, ils ont des conventions collectives. Si vous avez
le pouvoir, vous pouvez le faire, en dehors de la convention collective, ou si
vous allez être obligés de négocier ça?
La Présidente (Mme Bélanger): Me Boutin.
M. Boutin: Nous serons obligés de négocier
ça ou de gérer ça de la même façon que
présentement. Je vais vous faire le parallèle.
Présentement, on gère tout notre déneigement à la
ville de Québec. À la ville de Québec, on a du
déneigement qui est fait par contrats, par soumissions par des gens de
l'extérieur puis on a des morceaux qui sont faits en régie par
des gens de l'intérieur. Et, depuis de très nombreuses
années, la ville de Québec adopte cette position parce qu'elle
considère que c'est un très sain équilibre. Mettre tous
ses oeufs dans le même panier avec des contrats à
l'extérieur, bien, on se met peut-être à la merci
d'ententes entre fournisseurs de services. Et, à l'inverse, mettre tous
nos oeufs dans le même panier avec nos employés, pour faire tout
en régie, bien, on se met peut-être à la merci du syndicat.
Alors, il y a un délicat équilibre à faire là puis
il y a matière à négociation, vous avez raison. Mais on a
réussi, pardonnez-moi l'expression, à le gérer dans
certains domaines puis je pense qu'à la ville de Québec on est
capable de le gérer dans les autres domaines également. Ça
ne veut pas dire que c'est du gâteau là, mais je pense que l'enjeu
en vaut la chandelle.
M. Dufour: Vous dites: "...qui relèvent de sa
compétence, à l'exception de ceux relatifs à la
circulation". La circulation, est-ce que vous parlez juste des rues ou bien si
ça comprend les règlements sur le stationnement? Tout ce qui est
relatif à la circulation, ce n'est pas juste...
M. Boutin: Circulation et stationnement, c'est deux choses
distinctes, et il est hors de...
M. Dufour: C'est distinct pour vous autres. C'est la circulation
des automobiles.
M. Boutin: oui, et il est hors de question, pour la ville de
québec - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on a mis ces
exceptions-là - de faire de la police à contrat, ou de faire de
la gestion de la circulation à contrat, ou de toucher tout ce qui
s'appelle paix, ordre public, et...
M. Dufour: La protection contre les incendies, c'est de l'ordre
public ça, ou...
M. Boutin: Oui, oui, oui.
M. Dufour: J'essaie de savoir ce que c'est. J'essaie...
M. Boutin: II existe certaines municipalités qui font
effectivement de la protection contre l'incendie à contrat.
M. Dufour: La protection contre l'incendie, pour vous autres,
est-ce que c'est couvert là-dedans ou bien si c'est en dehors?
M. Boutin: Je ne pense pas que ça soit couvert. Il serait
possible de donner la protection contre l'incendie à contrat, comme
ça existe dans certaines municipalités, mais, là, je dois
vous souligner, à cet égard, que ça se fait via des
soumissions publiques. Mais je peux vous dire qu'à court terme il n'est
pas du tout de l'intention de la ville de Québec d'embarquer
là-dedans.
M. Dufour: Mais les mots qui sont employés là,
est-ce qu'il y a une définition légale ou bien si c'est
l'interprétation que vous en donnez?
M. Boutin: De quels mots?
M. Dufour: par exemple "circulation". les lois de circulation
là, quand on fait des lois, nous autres, de transport, etc., ça
touche pas mal d'affaires.
M. Boutin: En principe, "circulation", c'est tout ce qui circule
là, puis ce n'est pas ce qui est stationné.
M. Dufour: Oui, puis, en même temps, le poids, puis... On
en fait beaucoup là. En tout cas, on a quelques lois ici. La paix, c'est
tout ce qui...
M. Boutin: C'est la police.
M. Dufour: ...nous semble correct là, mais quand est-ce
que ça dépasse? Je ne le sais pas. L'ordre public, la
décence et les bonnes moeurs. On sait que la décence, ce n'est
pas si facile que ça à déterminer, les bonnes moeurs non
plus. Donc, quand vous demandez ça, vous le faites, vous dites:
Ça, on veut le garder absolument, c'est de notre compétence.
Mais, quand vous tombez ailleurs, tout ce qui n'est pas là, vous dites:
Bien, là, on peut le donner à contrat.
Ce que vous demandez là, est-ce que les municipalités en
général ont des pouvoirs qui ressemblent à ça? Par
exemple, si je vous parle de Montréal, est-ce que Montréal a ces
pouvoirs-là?
M. Boutin: À certains égards, oui, et à
d'autres, non. Réponse facile, me direz-vous. Ce qui distingue
l'ensemble de ces demandes-la - parce qu'il faut regarder les trois ensemble,
i, k et I - c'est, ne nous le cachons pas, le I qui permet de déroger au
régime des soumissions publiques, à l'égard de certaines
ententes. Lesquelles? Celles relatives aux loisirs et à la vie
communautaire. Et avec qui? Avec les corporations sans but lucratif que nous
avons déjà le droit de subventionner. C'est ce qui distingue ce
genre de choses. Les autres municipalités de la province ont
déjà le pouvoir de donner leurs contrats de déneigement de
rues à contrat ou de décider de le faire par régie. On l'a
déjà, ce pouvoir-là. (21 h 45)
Là où les municipalités sont moins bien
outillées en termes de pouvoirs, c'est lorsqu'on cherche à faire
administrer nos propres programmes et nos propres bâtiments. À
l'égard de nos propres programmes, on est pris avec nous-mêmes et
nous devons le faire nous-mêmes, administrer nos programmes de
subventions. Je ne peux pas engager une compagnie pour régler mes
problèmes de subventions. Ça, on est déjà
lié avec ça. Et, pour gérer nos bâtiments, si je
veux donner un contrat d'entretien du terrain de soccer, par exemple, je dois
demander des soumissions publiques et offrir un contrat de services. Ce que
nous souhaitons, c'est conclure des ententes à cet
égard-là, ce qui existe déjà, mais, pour certaines
de ces ententes, en matière de loisir, vie communautaire, avec des
organismes subventionnables, pouvoir conclure des ententes avec eux. Et
pourquoi? Vous aviez entièrement raison de le dire, parce que, pour la
ville de Québec, il y a une cent à faire avec ça.
Ça va nous coûter moins cher. On prétend qu'il serait plus
utile pour tout le monde, et pour l'organisme de loisir et pour la ville de
Québec, quand on regarde son portefeuille, de donner un contrat
d'entretien du terrain de soccer pour 1200 $ à l'association de loisir
Machin Chouette que d'aller par soumissions publiques et de donner le contrat
au plus bas soumissionnaire à 1000 $, mais de devoir en même temps
subventionner l'organisme de loisir de soccer pour 500 $, pour ses
activités. Alors, c'est: Aide-toi et le ciel t'aidera. On va essayer de
mettre tous nos efforts ensemble pour travailler dans le meilleur
intérêt de tout le monde.
M. Dufour: En fait, quand on regarde ça globalement, je
regarde ça de votre point de vue, ça va. L'effort est louable,
sauf que plus ça va aller, plus on va avoir une société
qui est à temps partiel. On va travailler un petit peu ici, puis
là. Une petite "jobine" puis, bon... C'est là qu'on s'en va. Moi,
je ne m'en cache pas, je le vois de cet angle-là, parce qu'on
gère la décroissance actuellement. Aux municipalités, on
dit: C'est bien correct. Mais on paiera un prix à quelque part, un jour.
C'est évident qu'actuellement la grande mode: qualité totale,
puis la décroissance, puis zéro, on ne peut plus rien faire.
Serrons tout. Mais, il y a un prix qu'on va payer à quelque part parce
que c'est une société qui est en frais de se désarticuler,
puis on ne l'aide pas. Je ne blâme pas les autorités. Elles sont
poignées dans un étau. Ces efforts qu'on fait pour essayer de
faire des choses, ça va nous amener sur d'autres pentes, c'est
évident. Quand vous demandez de conclure des ententes puis que vous
dites: Ça, on ne veut pas, on pourrait vous donner tout le pouvoir. Moi,
savez-vous que j'aurais le goût de tout vous donner, de ne même pas
exclure rien, quoi que ce soit. Autonome, autonome. Parce que les
municipalités ont le droit de conclure des ententes avec la
Sûreté du Québec pour donner leur contrat pour le service
de police dans leur municipalité. M. le ministre des Affaires
municipales est l'instigateur de ça. Il a aussi le chapeau de la
Sécurité publique. Le chef de police du Québec, il
pourrait. Pour l'ordre public et la décence, il s'agirait de former puis
de le donner, de le faire faire. C'est évident que, pour moi, ce n'est
pas une question de principe que je débats, c'est juste une question
d'angle, comment on aborde des problèmes. Moi, je ne peux être
l'artisan d'une chose en disant... Quelqu'un va regarder plus tard, il va dire:
Les jeunes qui étaient en commission parlementaire qui ont vu ça,
ils ont tout écouté ça puis ils ont tout pris ça
comme de l'argent "cash".
Moi, j'ai 28 ans d'expérience dans le domaine municipal - ce
n'est pas un record mais c'est une bonne moyenne, par exemple - et je peux vous
dire que je vois venir des choses, je les vois aller puis je suis citoyen aussi
de la ville de Québec. Je serais presque en conflit
d'intérêts pour étudier le projet de loi. Mais je vous dis
que, par rapport à ça, on a une pente où on est en frais
de s'en aller et tout le monde se creuse en même temps, parce qu'on part
toujours avec un paquet d'objectifs. Tout le monde a l'air de penser que c'est
comme ça qu'il
faut aller. Allons à gauche ou bien allons à droite, ou
dans le milieu, mais il n'y a pas de solution globale. Tout ce qu'on voit, puis
tout ce que je constate depuis quelques années, c'est de plus en plus de
désengagement de l'État, désengagement aussi...
L'État, les municipalités en font partie. Et, bien sûr,
pour une politique rapide, oui, vous avez raison. Mais, sur une longue
période, je ne suis pas prêt à dire que vous avez raison,
loin de là. Parce qu'il s'agit de regarder ce qui se passe dans tous les
milieux, et Québec ne fait pas exception, Jonquière ne fait pas
exception. Tout le monde cherche le moins cher possible; beau, bon, pas cher.
Bien, vous savez, il y a des gens qui se ramassent avec des petites autos puis,
au moindre accident, ça devient un sandwich. Personne ne peut s'en
sauver. Avant, il y avait des grosses autos, mais, de temps en temps, on
sauvait quelqu'un. Aujourd'hui, quand il y a un accident, on les tue raide, ce
qui fait qu'on s'en débarrasse. C'est un peu le phénomène
vers lequel on s'en va: beau, bon, pas cher. Oui, temporairement, non, pour
tout le temps. Et ça, c'est mon point de vue.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Boutin.
M. Boutin: Je veux juste terminer là-dessus. C'est un
outil additionnel qu'on demande, la ville de Québec. Je donnais l'image
du déneigement tantôt. À la ville de Québec, on
n'apprécie pas de mettre tous nos oeufs dans le même panier. Dans
certains cas, on confiera des mandats et, dans d'autres, on continuera. Je
pense qu'il y a lieu de chercher un juste équilibre pour essayer de
ménager la chèvre et le chou pour tout le monde.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires?
M. Ryan: J'allais en faire, mais je pense que ce n'est pas
nécessaire. Je pense qu'on a dit pas mai tout ce qu'il y avait à
dire sur cet article, ici. Et, moi, je maintiens que c'est un pouvoir qu'il est
bon, pour une ville de l'importance de Québec, d'avoir, parce que,
aujourd'hui, les formes d'interventions sont de plus en plus diversifées
et nous assistons, aujourd'hui, à la réaction contraire.
Après avoir eu pendant une longue période un mouvement de
"corporatisation" excessif, en particulier dans le secteur public, là
nous assistons au phénomène contraire. C'est un
éloignement par rapport à ça, parce qu'on
s'aperçoit qu'une "corporatisation" trop forte atteint gravement la
capacité concurrentielle d'une société. À un moment
donné, elle se réveille la plus avancée du continent, et
celle qui est la plus endettée et la moins capable de faire face
à ses obligations. On n'est pas plus avancés dans ce
temps-là. Je sais qu'il y a des dangers dans cette tendance-là,
et il faut la contenir. Il y a quand même des facteurs qui peuvent nous
réconforter. Je pense que, si on demande le nombre de salaries qui sont
à l'emploi de la ville de Québec aujourd'hui et le nombre de ceux
qu'elle avait il y a 10 ans, il y a sans doute eu une légère
progression. Si vous regardez à Hydro-Québec, je me rappelle
encore, il n'y a pas tellement d'années, c'étaient des campagnes
de 12 012.
M. Dufour: Ils ne les comptaient pas à tous les jours, par
exemple.
M. Ryan: J'ai été surpris de constater que la
population n'a pratiquement pas augmenté et qu'ils sont rendus
au-delà de 20 000. Je ne sais pas ce qui est arrivé, ça
m'a échappé, mais je me suis aperçu de ça ces
dernières années. Ce qui fait qu'on est encore assez peu
avancés dans la voie dont vous parlez. Il y avait un
rééquilibrage à faire. Quand on arrive aux
frontières avec nos produits, ils ne nous demandent pas si on a les plus
belles conventions au monde, ils nous demandent combien ils coûtent et
qu'est-ce qu'ils valent. Ça c'est le défi terrible qui nous est
proposé par le développement phénoménal des
communications et la mondialisation des marchés. C'est terrible d'un
côté et c'est très dangereux, je l'ai dit tantôt.
Ça peut conduire au règne du plus fort d'une manière
extrêmement rapide. C'est pour ça que les avertissements que donne
le député de Jonquière sont de bon aloi. Je crois que les
dangers pour la ville de Québec sont quand même assez bien
circonscrits, surtout par son voisinage avec le gouvernement.
M. Dufour: Oh bateau! M. Ryan: Oui.
M. Dufour: On va prendre une grande respiration.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, pendant que
vous respirez, est-ce que l'amendement à l'article 3 est
adopté?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II m'en a passé une, là.
M. Ryan: Regardez, rien qu'en matière de congés
familiaux, comparez le secteur public avec le secteur privé, vous allez
avoir une belle idée.
M. Dufour: Non, mais même quand les gouvernements changent,
c'est bien possible.
M. Ryan: Et les régimes de vacances, c'est la même
chose. Dans le secteur privé, des quatres semaines de vacances, il n'y
en a pas beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Exactement.
M. Dufour: Ah, je n'avais pas parlé... On n'était
pas rendus là.
M. Ryan: Non, mais c'est parce que, ici, c'est toutes ces
considérations-là qui jouent quand il est question de donner un
contrat à l'extérieur.
M. Dufour: Ça, c'est correct, ce n'est pas...
M. Ryan: Ça va? On est d'accord?
M. Dufour: De ce côté-là, le k et le I ne me
dérangeaient pas. La discussion, je l'ai faite. Le reste, c'est une
autre affaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Le paragraphe 2°
de la modification à l'article 3 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'article 3, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 4.
M. Boutin: Mme la Présidente on a passé le
paragraphe 3°, qui concernait la progression des services obligatoires.
Ça va?
M. Ryan: Oui. C'était juste une question de
cohérence, ça. Comme on a adopté le principe de souplesse
plus haut, on enlève l'obligation à l'article 3. Je pense que
nous sommes d'accord là-dessus. N'est-ce pas, Mme la Présidente?
Le député de Jonquière est-il d'accord...
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Ryan: ...de laisser tomber le troisième alinéa
du texte actuel?
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement dit:
"Par la suppression du deuxième alinéa."
M. Ryan: celui qui crée pour la ville de québec
l'obligation de créer, notamment par règlement, les services
suivants. c'est un corollaire de ce qu'on a adopté tantôt.
M. Dufour: Oui, oui, c'est correct.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'article...
M. Boutin: Je veux juste m'assurer qu'on ne laisse pas des petits
sur la table, là.
M. Ryan: C'est juste.
M. Dufour: Je pensais qu'on avait passé l'article au
complet.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 3,
tel qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 4.
M. Dufour: Moi, j'étais rendu à 4.
M. L'Allier: Mme la Présidente, sur l'article 4, nous
allons retirer cet article, tout en maintenant l'énoncé du
problème qu'il cherche à régler. Alors, c'est la
quatrième fois, je pense, qu'il est présenté et aussi
longtemps qu'il n'y aura pas de solution globale de trouvée au niveau du
gouvernement, à chaque fois qu'on aura l'occasion et le privilège
de venir devant nous, on va ramener une proposition d'article comme celui-ci,
ne serait-ce que pour indiquer qu'on ne change pas d'idée sur le
problème qui existe et qu'il n'y a pas de solution à ce
moment-ci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 4
est retiré.
M. Ryan: Alors, on constate que c'est un pèlerinage
à caractère éducatif.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Mais, même si l'article est retiré, moi,
je veux juste me faire un peu l'interprète de l'ensemble des
municipalités au Québec. On a vécu avec ces
articles-là sur les relations du travail. Ça cause un
problème. Il y a eu une commission parlementaire, II y a eu même
un projet de loi qui a été adopté, l'an dernier, où
on a fait valoir notre point de vue concernant cette question-là. Et,
moi, je pense que le gouvernement... C'est rapide mais il me semble qu'il y a
des éléments sur lesquels on devrait se prononcer de temps en
temps. Il y a deux lois de travail qui ne sont pas adoptées. Je ne sais
pas si on pourrait les marquer là-dedans, là? Mais il me semble
qu'on pourrait régler un problème une fois pour toutes. Pas
seulement en prendre note mais que le ministre s'engage à s'en faire le
propagandiste.
On donne des moyens puis le ministre nous dit: Ce n'est pas tellement
grave. On n'est pas rendus loin dans cette pente-là. Mais
peut-être que, si on donnait des outils aux municipalités, elles
pourraient se défendre mieux, elles pourraient mieux s'organiser. Vous
savez, la ville de Québec, je suis sûr qu'elle a des peintres, des
ouvriers. Puis si elle veut faire un petit peu de construction, elle va payer
l'amende, si elle ne passe pas par l'Office de la construction. Ça n'a
pas d'allure! Ils ont une convention signée, ils ont des gens qui ont
accepté, avec un tel
salaire, de faire tel travail. Puis, quand ils vont aller dans un
domaine, s'ils prennent des gens de l'extérieur, il faut qu'ils paient
les mêmes prix puis les mêmes avantages que sur la construction.
Moi, je trouve que ce côté-là, il est onéreux pour
les municipalités. Je ne vois pas, je ne comprends pas encore que, l'an
passé, on ait refusé de l'examiner puis de corriger cette
question-là. On avait des monteurs de ligne, chez nous. On faisait un
peu de construction puis, à la minute qu'on en faisait un petit peu
plus, là, on était obligé d'aller courir a
l'extérieur. Bien, nos gars qui travaillaient sur la construction,
à la fin de l'été, ils prenaient une poursuite contre la
ville, puis on payait l'amende, puis on payait les salaires en plus, ce qui
fait que, moi, je trouve... Bien oui, tout à l'heure, on a
accepté, le ministre est d'accord avec ça, que vous diminuiez vos
coûts. Ça en est une façon, ça. Là, quand
ça ne coûte rien puis qu'il n'est pas engagé, ce n'est pas
grave, il vous le donne. Mais, là, on lui demande un effort, d'aller
demander à son gouvernement puis d'aller faire le travail... Moi, je
vous le dis, puis, là, je fais ça très sincèrement,
je crois, moi, cette chose-là, qu'on devrait la corriger.
On l'a fait, nous autres, notre lit. On dit: Cette question-là
devrait se régler une fois pour toutes. Ce n'est pas juste pour
Québec, c'est pour l'ensemble des municipalités; elles ont toutes
le même problème. Il faut se cacher, puis dire: Bien, là,
on fait du travail au noir. On ne veut pas de travail au noir, mais on
s'organise pour en faire faire. Dans les grosses municipalités... Vous
n'avez pas la chance de le faire à Québec, mais je sais qu'il y a
beaucoup de petites municipalités qui le font, sans les accuser, mais je
sais que ça se fait. Elles font du travail par en dessous; elles sont
moins surveillées, un peu, par les offices de la construction. Mais,
moi, je trouve que ce côté-là, oui, la ville de
Québec a raison de le demander, oui, probablement qu'elle est correcte
de le retirer, mais, non, le ministre n'a pas le droit de dire: On va arranger
ça comme ça puis, après ça, c'est fini. À la
prochaine fois. Ça fait que le côté pédagogique, il
faudrait qu'il y ait des fruits, de temps en temps. Voilà!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 4
est retiré. J'appelle l'article 5.
M. Ryan: je signale, juste pour l'information du
député de jonquière, qu'il y a un projet de loi
présentement à l'étude à l'assemblée
nationale, la loi sur le bâtiment.
La Présidente (Mme Bélanger): Le projet de loi
186.
M. Ryan: Puis, dans ce projet de loi, nous avons vu à ce
que la situation particulière des municipalités soit tenue en
compte. Il y a des contraintes qui ne s'appliqueront pas pour les
municipalités, justement.
M. Dufour: Mais pas ça. M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Mais pas ce qui touche cet article-là. Le
Décret de la construction, il ne sera pas touché.
M. Ryan: Non, mais il y a des clauses... On imposait des
contraintes nouvelles pour donner suite au rapport Picard-Sexton. On voulait
créer des obligations pour les municipalités qui auraient
peut-être été un peu loin puis le gouvernement a vu
à ce que ces choses-là soient situées dans un contexte
tempéré.
M. Dufour: Mais seulement, la question de l'obligation...
M. Ryan: Oui. Mais, là, c'est parce que les lois en
matière de travail doivent s'appliquer à tous les employeurs. Il
y a peut-être lieu de changer l'organisation des métiers du
travail, surtout dans la construction. C'est sûr qu'il y a une
"corporatisation" très poussée dans ce secteur. Et
peut-être qu'au lieu de faire des exceptions pour un pan aussi important
que les municipalités, il y aurait lieu de décloisonner quelque
peu la pratique des métiers là-dedans. Ça, c'est un point
que je vais soumettre à l'attention du ministre du Travail. Je l'ai
déjà fait, d'ailleurs.
M. Dufour: Mais je pense que le gouvernement n'est pas astreint,
lui, à ça, la loi de la construction. Je pense qu'il y a un
désengagement en quelque part.
Une voix: Je ne pense pas.
M. Ryan: Je pense que vous avez raison.
M. Dufour: Bon, un autre motif.
M. Ryan: Très bien. On en prend note, on va pousser
l'examen plus loin et on se retrouvera ensemble là-dessus.
M. Dufour: Parfait.
M. Ryan: On vous donnera des précisions, volontiers.
Le Président (M. Gauvin): Ce qu'on retient, M. le
ministre, c'est que l'article 4 est retiré.
M. Ryan: il serait bon si le Parti québécois
était prêt à adopter cet article dans son programme,
ça pourrait nous aider. (22 heures)
M. Dufour: Vous savez bien, M. le ministre...
M. Ryan: Vous avez un conseil en fin de semaine.
M. Dufour: Moi, je trouve que vous faites une offre très
généreuse, mais on n'est pas au pouvoir. On a pris nos
responsabilités, et vous nous reprochez de les avoir prises assez
souvent. Moi, je vous reprocherais de ne pas les prendre. Je vous dis, par
exemple, que cet article a fait l'objet de discussions en commission
parlementaire. Je vous invite à relire ce qui s'est discuté. On
était favorables à ce que les municipalités puissent jouir
de cette exemption-là, mais pas "at large", sans vision. Mais il y a des
cas pratiques où il y a vraiment des contraintes qui n'existait pas,
où ça a été corrigé, où on pourrait
corriger un problème.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on doit retenir que
l'article 4 est retiré?
M. Dufour: II est retiré, c'est ça.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article 5. Et nous
avons un amendement.
M. Boutin: À l'article 5, d'abord pour présenter
l'amendement. C'est un amendement de nature purement cosmétique, si vous
me permettez l'expression, pour remplacer, à l'avant-dernière
ligne du premier alinéa proposé, le mot "créant" par le
mot "contenant". Alors, on va traiter d'un règlement qui "contient des
infractions" plutôt que "qui crée des infractions". Ça va
pour la modification. Quant à la substance de notre article, M. le
Président, il s'agit uniquement d'une correction à notre charte,
à la charte de la ville de Québec, relativement ou
essentiellement technique, visant à combler un vacuum juridique qui
existait dans le processus d'approbation des règlements et contrats par
le maire.
Je vous rappelle que la charte stipule qu'une fois les règlements
et contrats approuvés par le conseil ils doivent être
signés par le maire, le maire ayant la discrétion de refuser
d'apposer sa signature, le tout étant à ce moment soumis une
deuxième fois au conseil qui ratifie ou infirme la décision du
maire. Alors, l'objectif de l'amendement est de combler le vide juridique et de
venir dire qu'est-ce qui se passe à l'égard de la validité
des contrats pendant cette période où le contrat a
été, d'une part, approuvé une première fois et
où il y a eu un exercice de droit de veto avant que le conseil ne se
prononce la deuxième fois.
Alors, la solution proposée, c'est, si le conseil, lorsque le
document lui est soumis pour la deuxième fois, ratifie sa
première décision, le geste est réputé avoir
toujours existé. Et, dans le cas contraire, si le conseil change
d'idée et révise sa décision, le geste est
réputé n'avoir jamais existé.
Le Président (M. Gauvin): À ce moment-ci, je vais
inviter les membres de la commission à disposer de l'amendement.
L'amendement, tel que présenté, est-ce qu'il est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): adopté, m. le ministre,
oui. maintenant, est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est
adopté? l'explication a été donnée par me
boutin.
M. Dufour: C'est correct. M. Ryan: Ça va.
Le Président (M. Gauvin): L'article 5, tel
qu'amendé, adopté. J'appelle l'article 6.
Pouvoirs et attributions du comité
exécutif
M. Boutin: L'article 6, M. le Président. Je vous propose
de procéder paragraphe par paragraphe encore une fois. Au paragraphe
1° de l'article 6...
Le Président (M. Gauvin): Voulez-vous m'excuser? On a un
amendement justement. O. K. Bien, si on y va par paragraphe...
M. Boutin: C'est ça.
Le Président (M. Gauvin): O. K. Excusez-moi.
M. Boutin: On pourra peut-être l'aborder lorsque nous
arriverons au paragraphe 3°.
Le Président (M. Gauvin): Vous avez raison.
M. Boutin: Au paragraphe 1°, l'objectif visé est
d'intervenir au paragraphe 7, sous-paragraphe b de l'article 185 de la charte.
Cette disposition impose au comité exécutif de la ville un
délai pour préparer le budget et les documents qui vont avec. Ce
délai est dans notre charte et il est au 1er décembre de
l'année. Or, l'on sait que le délai imposé à la
ville pour préparer son budget n'est pas dans la charte mais bien dans
la Loi sur les cités et villes. Et la Loi sur les cités et villes
permet au ministre des Affaires municipales de reporter ce délai, ce qui
arrive régulièrement, et ce qui est arrivé encore cette
année.
Alors, on se retrouve devant la situation suivante, où le
ministre des Affaires municipales peut, par hypothèse, reporter
l'obligation de la ville d'adopter son budget au 1er février de
l'année, en vertu des pouvoirs qui lui sont
conférés par la Loi sur les cités et villes et du
délai qui apparaît dans la Loi sur les cités et villes. Par
ailleurs, l'obligation pour le comité exécutif de préparer
tout ce qu'il faut pour le budget au 1er décembre subsiste. Alors,
là, on a une incompatibilité de deux lois. Ce qu'on propose,
c'est de faire disparaître ce délai-là et cette
obligation-là pour le comité exécutif qui devra faire son
travail en temps utile pour que le conseil, lui, puisse rencontrer les
obligations qui lui sont imposées par la loi générale.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Pas de problème de notre côté.
M. Dufour: Autrement dit, si j'ai bien compris, vous dites que
vous voulez vous soumettre à la loi générale.
M. Boutin: Nous sommes déjà soumis à la loi
générale en ce qui concerne l'obligation pour le conseil
d'adopter le règlement. Mais, il y a une espèce d'obligation
préliminaire qui appartient au comité exécutif, qui n'est
pas dans la loi générale. Le délai est dans notre charte.
Alors, le report d'un délai n'entraîne pas le report de
l'autre.
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Gauvin): Ça va? Est-ce que le
paragraphe 1° de l'article 6 est adopté? Le paragraphe 2° est-il
adopté?
M. Boutin: Voulez-vous que je présente le paragraphe
2°?
Le Président (M. Gauvin): O.K.
M. Boutin: Le paragraphe 2°, c'est une intervention au
paragraphe 20 de l'article 185 de la charte. L'article 185 de la charte impose
au comité exécutif l'obligation d'approuver le paiement de toutes
les sommes dues par la ville. J'Insiste sur le mot "paiement" et non pas sur le
mot "dépenses". Le comité exécutif et le conseil. Il y a
tout un mécanisme prévu dans la charte pour autoriser des
dépenses dépendant des montants, avec ou sans soumissions
publiques. On ne touche pas du tout à ça. Ce qui existe et ce qui
subsiste comme obligation au comité exécutif, une fois que la
dépense a été autorisée et qu'elle a
été faite, le comité exécutif a encore l'obligation
d'autoriser l'émission du chèque pour payer le fournisseur. Or,
dans bien des cas, le service est rendu, la marchandise est livrée et
souven-tefois consommée.
Un examen des lois municipales nous démontre que,
premièrement, dans la Loi sur les cités et villes, cette
obligation-là n'existe pas. La seule trace qu'on a retrouvée,
c'est Montréal qui avait, dans sa charte, une disposition similaire qui,
quant à elle, est disparue depuis 1986 également. Alors, nous
sommes la seule municipalité où subsiste cette espèce
d'obligation d'approuver le paiement d'un chèque, qui est un
contrôle administratif à toutes fins pratiques inutile, et on
demande d'être soustrait de ce contrôle additionnel.
Le Président (M. Gauvin): Avec l'explication
donnée, est-ce que le paragraphe 2° est adopté?
M. Dufour: Moi, je n'ai pas de problème avec
ça.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui.
M. Ryan: Je pense que ça va de soi dans une administration
le moindrement élaborée. Il ne faut pas que le comité
exécutif se mette à vérifier avant tous les chèques
qui vont être émis, tous les paiements qui vont être faits.
C'est de la gestion courante, ça, qui doit être
déléguée, à mon point de vue, quitte à ce
qu'une vérification soit faite a posteriori. Je pense bien que ce
régime-là, s'il existe encore à la ville de Québec,
c'est bon qu'il soit modifié.
M. Dufour: Dans les municipalités, on approuve, on
autorise des dépenses et, à la fin de chaque mois, on ratifie
tous les montants qui ont été accordés. Après.
M. Boutin: Après.
M. Dufour: C'est de même que vous allez fonctionner.
M. Boulin: Ce qu'on a présentement, c'est que le
paiement...
M. Dufour: Ça pourrait peut-être être à
tous les 15 jours, à Québec; ça pourrait fonctionner.
M. Boutin: ...ne peut pas être fait tant et aussi lonstemps
que le comité exécutif ne l'a pas approuvé.
M. L'Allier: D'avance.
M. Boutin: Alors que le service est livré et que la
marchandise est souventefois consommée.
M. Dufour: Oui, mais, règle générale, dans
l'administration, c'est ça qui se passe: On autorise des
dépenses; le trésorier émet le chèque, ou le
directeur des finances, et, après, il nous soumet, à tous les 15
jours ou à tous les mois, dépendant de l'ampleur et du nombre de
chèques qui sont émis...
M. L'Allier: Les bordereaux de paiement.
M. Dufour: À chaque mois, on regarde si ça a
été bien payé, si ça a été
émis.
M. Boutin: II va subsister un contrôle administratif...
M. Dufour: C'est ça.
M. Boutin: ...mais ce ne sera pas un contrôle
exécutif.
M. Dufour: O.K. Ça va.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'article 2° est
adopté. Bon, à l'article 3...
M. Boutin: Quant au paragraphe 3°...
Le Président (M. Gauvin): Paragraphe 3° de l'article
6, excusez-moi, il y a un amendement.
M. Boulin: II y a un amendement. Le seul objectif de
l'amendement, M. le Président, par rapport au texte original, est de
numéroter les deux alinéas comme étant des
sous-paragraphes 30 et 31, plutôt que d'avoir deux alinéas du
même paragraphe, parce qu'on traite de deux objets distincts. Alors, si
je prends le paragraphe 30, on dit: "Le comité exécutif est
autorisé à fixer le prix de vente ou de location des biens ou des
services fournis par la ville." Ce n'est que la relocalisation d'une
disposition déjà existante dans la charte de la ville de
Québec qui était tout simplement mal localisée. On
rapatrie cette disposition-là dans la série des pouvoirs du
comité exécutif. Ce n'est pas du neuf. C'est un
déplacement de pouvoirs déjà existants.
En ce qui concerne le paragraphe 31, ça dit: "Dans le cas d'une
demande de modification au règlement de zonage, le comité
exécutif peut prescrire l'affichage, selon les modalités qu'il
détermine, d'avis indiquant la nature de la demande de modification." La
ville de Québec croit que c'est un renseignement qu'il peut être
fort opportun de fournir à la population, dans certains cas qui seront
déterminés par le comité exécutif, d'aviser la
population qu'un site particulier fait l'objet d'une demande de modification au
zonage. Et cette discrétion doit être donnée au
comité exécutif parce que ça peut varier dans chaque cas,
la nature de l'affichage et la nature du projet, dépendant,
naturellement, de la nature du projet de modification au zonage
envisagé. C'est un mécanisme de publicité du processus de
modification du règlement de zonage qui est envisagé.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai remarqué que le
Progrès civique n'est pas en faveur de cette modification qui est
comprise dans le dernier alinéa dont on vient de parler à propos
de l'affichage dans les projets de changement au règlement de zonage. Le
Progrès civique nous disait qu'il considérait qu'il s'agirait
d'une tracasserie pour les contribuables et les promoteurs. Ce serait aussi une
pratique qui risquerait d'avoir des effets esthétiques
négatifs.
Je ne suis pas porté à être de cet avis-là.
Je pense qu'il peut se présenter certains projets de modification au
règlement de zonage qui requièrent une publication assez forte et
je pense que laisser une certaine marge pour les modalités que devrait
revêtir l'affichage en tels cas entre les mains de l'exécutif est
une mesure fort acceptable. Je pense que ce serait bon qu'il soit appelé
à prendre ses responsabilités là-dessus, que les membres
expriment leur opinion, qu'une décision soit prise. Je ne partage pas
l'opinion du Progrès civique sur ce point-ci. Maintenant, je ne sais pas
s'il aurait des précisions à apporter, M. le Président. Je
ne sais pas ce que vous en pensez.
Le Président (M. Gauvin): Au niveau des membres du
Progrès civique?
M. Ryan: Oui. Je pense que ce ne serait pas mauvais qu'on...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre invite les
représentants du Progrès civique s'ils ont des précisions
à apporter à l'objection qu'ils lui ont
présentée.
M. Marchand: Rapidement, M. le Président. Le
Président (M. Gauvin): M. Marchand.
M. Marchand: Le commentaire qu'on ferait à ce stade-ci,
c'est que la majorité des projets, des demandes sont des demandes de
simples citoyens pour des choses extrêmement simples. Je ne sais pas si
je lis bien aussi. Il me semble qu'il y a peut-être une discrétion
qui devrait être mieux encadrée à ce nlveau-là,
plutôt que de laisser... On aurait aimé qu'il y ait des
critères, des balises ou... Enfin, on n'est pas sûrs que ce
soit... On aimerait qu'il y ait peut-être davantage d'uniformité
à ce niveau-là. Ce serait le commentaire qu'on ferait à M.
le ministre Ryan là-dessus.
M. Ryan: Mais, là, je pense qu'on pourrait difficilement
peut-être, à ce moment-ci, trouver une autre formulation qui
répondrait au voeu que vous émettez. On peut noter le voeu que
vous émettez. Je pense qu'il n'y aurait pas d'inconvénient
à l'adopter dans la forme où il est ce soir, quitte à y
revenir une prochaine fois. Si on trouve des améliorations, je n'aurais
pas d'objection, à moins que vous ayez quelque chose de
lumineux.
M. Marchand: Oui, rapidement, M. le ministre. Je lis le projet.
"Dans le cas d'une demande de modification au règlement de zonage, le
comité exécutif peut prescrire l'affichage, selon les
modalités qu'il détermine". Là, ça peut donner lieu
à des écarts. Le comité exécutif, à une
séance, peut adopter des modalités; à une séance
suivante, ne plus se rappeler les modalités qu'il avait adoptées
il y a six mois, un an ou l'année dernière, et c'est les
distorsions que ça peut entraîner, les traitements
différents selon les gens. C'est ça qui nous tracasse un peu. Si
ça faisait l'objet d'un pouvoir réglementaire qui s'appliquerait
uniformément à tout le monde, nous on préférerait
cette formule-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. Oui, M. le
maire.
M. L'Allier: M. le Président, le point de vue qui vient
d'être exprimé peut se défendre dans une certaine optique.
Mais à vouloir tout prévoir à l'avance, réglementer
à l'avance, à trop vouloir le bien, on se met à tomber
dans les trappes. Or, on vit dans un contexte - l'Opposition l'a même
indiqué à l'Hôtel de ville tout à l'heure -
où il y a trop de réglementation, trop toutes sortes de choses.
Ici, on demande l'autorisation pour le comité exécutif, qui sont
des élus, selon les circonstances, selon les lieux, selon l'ampleur de
la demande de zonage - et rien ne nous empêchera de nous donner, à
nous, un règlement qui puisse baliser tout ça, ce ne sera pas de
l'arbitraire à chaque fois - d'afficher sur les sites pour que les gens
qui habitent un quartier puissent avoir une information adéquate sur les
propositions de changements qui sont faites dans le cadre de vie de ce
quartier, ce qui n'a jamais été le cas. Mais des villes comme
Vancouver, Toronto ou Paris font ça obligatoirement. Qu'il s'agisse de ,
modifications au zonage... On ira même plus loin, à un moment
donné: démolition, construction, modification de gabarit. On veut
que les gens qui habitent un quartier puissent voir qu'est-ce qu'on propose de
faire dans ce quartier, comment est-ce qu'on propose de changer les
règles du jeu. Et, dans certains cas, c'est vrai que
l'esthétique, si on le fait d'une façon brutale, méchante
et niaiseuse, peut être affectée. C'est pour ça qu'on a
besoin d'une certaine souplesse. (22 h 15)
Le Président (M. Gauvin): M. Marchand.
M. Marchand: Rapidement. Je prends note des bonnes intentions de
M. L'Allier. Mais, encore une fois, si l'intention, qui est bonne, est
d'afficher sur le lieu où un projet ou une démolition sera faite,
ça peut très bien se faire à travers un pouvoir
réglementaire et ça n'a pas besoin, à notre avis, de faire
l'objet de modalités au cas par cas, à chaque fois qu'une demande
se présente. Nous, on souhaiterait que ce soit réglementé.
Ça garantit l'uniformité de la mesure, M. le ministre.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense qu'il faut se rappeler qu'il y a
déjà des exigences de publication en ce qui touche une
modification au règlement de zonage. Le conseil est déjà
astreint à une exigence de publication dont nous parlerons plus tard
dans le projet de loi. Qu'on lui donne, en outre cette obligation à
laquelle il doit s'astreindre, la faculté de pouvoir, dans un cas
particulier, déterminer les modalités de l'affichage pour
indiquer en quoi consisterait le changement au règlement de zonage, je
pense que c'est un enrichissement plutôt qu'une contrainte additionnelle.
La contrainte est définie ailleurs, en ce qui regarde le changement. Il
faut de la publication; même c'est prévu deux avis de publication.
On en parlera plus tard. Mais qu'on lui donne la faculté de
procéder à une publication d'un type particulier pour ce genre de
cas là, moi, je pense que c'est bon.
M. Marchand: L'intention est bonne, M. le ministre.
M. Ryan: Puis je ne pense pas que ce serait bon de l'encadrer
dans un règlement non plus.
M. Marchand: L'intention est bonne, mais, en conclusion, on vous
soumet, M. le Président, qu'il s'agit d'écrire un
règlement où on dit: Voilà, pour tel type de projet, on
doit l'afficher sur le site. Et ça se fait dans un règlement, et
tout le monde a un traitement équitable. Enfin, je vous soumets le tout,
M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Oui, c'est parce qu'on ne peut pas prévoir toutes
les demandes qui vont venir. Si on procède à un règlement,
vous le savez comme moi, il faut formuler toutes les choses d'une
manière presque quantifiable. On le sait, nous autres, on en fait, des
règlements, à l'année puis on a toujours des
problèmes avec nos services juridiques, parce qu'ils exigent, avec
raison, beaucoup de précision, allant jusque dans les détails.
C'est pour ça qu'ici on laisse une certaine marge. Je serais enclin
à l'accorder.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que M. le
député de Jonquière a des commentaires?
M. Dufour: Non, pas de commentaires.
Le Président (M. Gauvin): Donc, est-ce que l'amendement
présenté au paragraphe 3° est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. Est-ce que le
paragraphe 3°, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: Oui, adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 6, dans son
ensemble, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article 7.
M. Boutin: Avant l'article 7, M. le Président, il y a un
article 6.1...
Le Président (M. Gauvin): Ah! excusez-moi. M.
Boutin:... qui s'insérerait.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi. On m'avait
informé, ça m'a échappé. Justement, il y a un
amendement. Un nouvel article est introduit, l'article 6.1, vous avez
raison.
Finances de la ville
M. Boutin: Est-ce que vous souhaitez le lire avant ou je le
présente?
Le Président (M. Gauvin): C'est souhaitable qu'il soit lu
étant donné que c'est un nouvel article. M. le ministre, je vais
en faire la présentation.
Le projet de loi est modifié par l'addition, après
l'article 6, du suivant: "6.1 Cette charte est modifiée par l'addition,
après l'article 242, du suivant: "242a. Aux fins de l'article 486 de la
Loi sur les cités et villes (L.R.Q., chapitre C-19), le conseil peut
imposer et prélever une surtaxe sur un terrain vague, desservi ou pas.
Le montant de la surtaxe est déterminé par le conseil et peut
atteindre un maximum de 100 % du total des taxes foncières municipales
Imposées la même année sur ce terrain et auxquelles taxes
est assujetti l'ensemble des immeubles imposables situés dans la ville.
Le conseil peut fixer un montant différent à l'égard des
terrains vagues desservis et à l'égard des terrains vagues non
desservis; le montant fixé à l'égard des premiers doit
alors être supérieur à celui fixé à
l'égard des seconds."
M. Boutin: M. le Président, la Loi sur les cités et
villes, à son article 486, permet déjà à la ville
de Québec d'Imposer une surtaxe sur les terrains vagues desservis et une
surtaxe de 50 %. C'est une surtaxe d'un montant fixe de 50 %. Ce que nous
souhaitons, à la ville de Québec - et on souhaite exercer ce
pouvoir-là dès maintenant dans le budget 1992, c'est d'ailleurs
la raison pour laquelle vous allez voir un article d'entrée en vigueur
dès le 16 décembre prochain - c'est imposer une taxe sur les
terrains vagues desservis, mais non pas d'un montant de 50 %, mais, pour cette
année, d'un montant inférieur à ce montant-là.
Il y a une circonstance particulière à la ville de
Québec qui fait en sorte qu'on est à la fin d'un rôle
triennal. Les terrains vacants dans la ville de Québec ont subi une
augmentation de leur valeur passablement importante et nous considérons
qu'il ne serait pas opportun de leur imposer une surtaxe, je crois, de plus de
22 % ou 24 % cette année. Alors, comment faire pour solutionner le
problème? Nous avons lu un petit peu plus loin dans la même Loi
sur les cités et villes pour tomber à la fin de l'article 486
où il y a déjà un régime, et c'est le même
régime qu'on veut importer à la ville de Québec, un
régime accordé à l'ensemble des municipalités de la
Communauté urbaine de Montréal, où, d'une part, le montant
de la surtaxe pouvant être imposé est flexible - il peut aller de
1 % jusqu'à 100 %, par gradation - et, deuxièmement, il peut
s'appliquer distinctement aux terrains vagues desservis et aux terrains vagues
non desservis.
Le Président (M. Gauvin): M. Marchand souhaitait
intervenir.
M. Marchand: Parce que ça vient d'arriver, on n'a
évidemment pas formulé de commentaires, on vient de l'avoir comme
tout le monde. Ce que je comprends, M. Boutin, c'est que la Loi sur les
cités et villes n'autorise pas la surtaxe sur les terrains non
desservis. C'est ça?
M. Boutin: Bien oui!
M. Marchand: La Loi sur les cités et villes autorise aussi
sur les terrains...
M. Boutin: Non desservis. Présentement, elle le permet
uniquement pour les municipalités de la Communauté urbaine de
Montréal. Pour Québec, présentement, elle ne nous le
permet pas.
M. Marchand: Le commentaire que J'aurais, M. le ministre et M. le
Président, c'est le suivant. Cette possibilité de surtaxer a
été, II me semble, adoptée en vue de favoriser la
construction sur les terrains où il y a déjà des services,
en disant: Bon, bien, on va rentabiliser notre territoire, les services sont
là. C'est ridicule. On perçoit peu de taxes et les services ont
coûté souvent très cher à la municipalité.
Alors, l'objectif, souvent, c'est de densifier et de faire en sorte que ces
terrains-là soient construits. Mais là où je me pose la
question, c'est sur les terrains non desservis; c'est l'Immense
majorité
des terrains d'une municipalité.
Imaginez la situation suivante: un propriétaire de terrains non
desservis qui ne peut pas les développer parce qu'il est en dehors du
périmètre urbain, parce qu'il est en zone agricole. Est-ce qu'il
n'est pas pris en otage par un article comme ça? Dans un sens, on lui
impose une surtaxe en lui disant: Développe ton terrain parce qu'on va
te surtaxer. D'un autre côté, lui, parce qu'il est en
périphérie, il ne peut pas à cause des règlements,
des schémas, des plans d'urbanisme. Autrement dit, M. le ministre,
encore une fois, sur un territoire municipal - Montréal est un cas
différent - où l'immense majorité des terrains sont non
desservis parce qu'ils sont en périphérie, qu'ils sont en zone
agricole et qu'ils sont en banlieue, est-ce qu'on n'encourage pas
l'étalement urbain? Il me semble que la mesure ne devrait s'appliquer
qu'aux terrains desservis. Elle a une logique quand on parle des terrains
desservis, mais elle la perd, cette logique-là, lorsqu'on tombe en
périphérie. Encore une fois, ça peut donner lieu à
des abus pour une municipalité qui a beaucoup de terrains. On surtaxe au
coton les terrains non desservis - ça ne vote pas, des terrains non
desservis - mais on soulage évidemment le compte de taxes de ceux qui
votent. Il me semble qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas
là-dedans.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, j'aimerais demander aux représentants
de la ville de Québec s'il y a encore une grande zone agricole dans le
territoire de la ville de Québec. M. Marchand vient de parler de
ça. Est-ce que vous avez une zone agricole significative?
M. Boutin: II y a une zone agricole mais, quant à sa
superficie, elle est relativement de peu d'importance. Je ne saurais vous la
quantifier en termes d'hectares. Peut-être que M. Belgue pourrait vous
donner cette information-là. Mais elle est d'une relativement petite
superficie. Il y a les terrains en bordure de la route
Sainte-Geneviève.
Une voix: Valcartier?
M. Boutin: Non, Valcartier n'est pas en territoire agricole.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: II y a une chose qu'il faut se dire, c'est que le
terrain en zone urbaine est une commodité extrêmement
précieuse qui entraîne évidemment des coûts de toutes
sortes pour la communauté. Il est normal que ces coûts soient
répartis entre tous. Si quelqu'un est un propriétaire paresseux
et qu'il est assis sur son terrain pendant 10, 15 ou 20 ans, il n'est
peut-être pas mauvais qu'il reçoive un certain stimulant en vue de
participer au développement général de la
communauté. Il ne faut pas qu'on ait d'îlots de paresse ou de
passivité. C'est incompatible avec le concept de modernité,
à mon point de vue. Alors, que ce pouvoir soit donné... La
Communauté urbaine de Montréal en dispose déjà.
À moins qu'il n'y ait de différences vraiment fondamentales, je
pense bien qu'on devrait donner le même pouvoir à la ville de
Québec. D'ailleurs, là, nous n'avons pas encore pris de
décision là-dessus, mais nos services me recommandent que nous
envisagions le plus tôt possible l'application de cette norme à
tout le Québec. Alors, là, nous étudierons très
sérieusement les facteurs dont vous avez parlé. Mol-même,
Je représente une circonscription qui est largement rurale et je
voudrais examiner soigneusement la portée d'une disposition comme
celle-ci sur les municipalités de mon comté avant d'y souscrire.
Mais, pour la ville de Québec, je pense que ce serait contribuer
à son développement que de consentir à lui accorder cette
faculté. Même si elle ne devra pas nécessairement
être utilisée à plein, je ne sais pas, il me semble que
ça fait partie des instruments d'action qu'on doit donner à une
ville moderne qui est la capitale du Québec.
Le Président (M. Gauvin): M. Marchand.
M. Marchand: Je pense qu'il n'y a pas de contradiction, M. le
ministre. Pour les terrains desservis, je suis tout à fait d'accord. Je
pense que les tuyaux sont là, et il faut avoir des incitatifs à
ce que ces terrains-là soient construits et participent au
développement. Mais, à une époque, M. le ministre,
où on veut restreindre l'étalement urbain, est-ce qu'on doit
donner un incitatif à la construction pour les terrains non desservis?
Est-ce qu'on ne va pas encourager l'installation de services en
périphérie, de nouvelles constructions et est-ce qu'on ne va pas
retomber dans le même cercle vicieux? Alors, en conclusion, M. le
ministre, pour les terrains desservis, ça nous apparaît tout
à fait louable et souhaitable, mais, pour les terrains non desservis, on
vous émet des restrictions, quand même, qui sont importantes.
Le Président (M. Gauvin): M. le maire?
M. L'Allier: J'ajouterais, M. le Président, que c'est une
décision d'opportunité. Comme l'a dit M. le ministre des Affaires
municipales, c'est un outil à la disposition des municipalités.
Il n'y a pas grand monde qui est assez suicidaire pour,
systématiquement, taxer des terrains non desservis avec comme objectif
de chasser les gens et de les faire quitter le territoire. Il faut,
contrairement à ce que fait M. Marchand, donner un certain crédit
d'intelligence aux autorités
municipales quelles qu'elles soient, dans un cas comme ça. C'est
un outil dont on a besoin. On n'est pas des débiles légers en
état permanent.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que, M. le ministre, vous
voulez...
M. Ryan: M. Marchand n'a pas l'air empressé de souscrire
à vos propos.
M. L'Allier: Je peux le comprendre, il n'est pas à ma
place.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Article 486. Je suis en train de me rafraîchir
la mémoire là-dessus.
M. Ryan: Ça fait longtemps que vous n'êtes plus
là-dedans. Ça paraît.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: À Montréal, c'est "desservis ou non" et,
ailleurs, c'est seulement les terrains desservis.
M. Dufour: C'est ça. C'est vraiment une
particularité pour Montréal. Si, demain, la ville de Laval...
Ça voudrait dire que les villes d'une certaine importance, vous leur
donneriez ce pouvoir-là? Vous seriez assez ouvert là-dedans?
Excepté que, pour les autres, vous voulez voir ça autrement.
M. Ryan: Pas nécessairement. M. Dufour: Non?
M. Ryan: j'ai dit tantôt que nos services recommandaient
d'étendre ce régime-là à tout le québec.
mais nous n'avons pas pris de décision là-dessus. je dois en
discuter avec eux.
M. Dufour: Je peux peut-être poser une question au maire de
Québec. Quand vous demandez le même pouvoir que la ville de
Montréal - moi, je ne veux pas m'immiscer dans les questions politiques,
entre le Progrès civique et vous autres - pourquoi vous cherchez la
surtaxe sur des terrains non viabilisés?
M. L'Allier: M. le Président, c'est essentiellement parce
qu'on est une ville-centre et qu'on veut favoriser le développement au
centre. Comme l'a dit M. le ministre, on ne veut pas appliquer
systématiquement et d'une façon toujours de plus en plus grande
cette taxe-là. Notre objectif, ce n'est pas de faire fuir les gens,
c'est de les amener dans la ville. Et, pour ça, il faut les amener
à occuper les espaces qui sont disponibles. Et, comme le dit le ministre
des Affaires municipales, il y a des gens, dans des villes, qui ont tendance,
surtout lorsque la zone est plus ou moins spéculative, à
s'asseoir sur les terrains et à ne pas bouger. Donc, c'est un pouvoir,
je pense, qu'on peut, avec discrétion et discernement, utiliser. Je
pense qu'il n'est pas exagéré qu'une ville puisse, au niveau de
son conseil municipal, en disposer. (22 h 30)
M. Dufour: Mais, supposons qu'il y a un conseil qui a moins
d'ouverture d'esprit que vous n'en manifestez et qu'il décide
d'augmenter la taxe... En fait, c'était ça l'intention du
législateur au départ: favoriser le noyau urbain. C'était
ça l'idée de surtaxer, c'était comme ça qu'on
l'avait vu. On pouvait taxer parce qu'il y avait des services dessus. S'il n'y
en a pas et que quelqu'un décide de viabiliser, mais qu'il s'adonne dans
une zone... Parce qu'il faut qu'il le demande pour développer des
terrains. Ça ne se fait pas tout seul. Ce n'est pas le
propriétaire qui décide ça, iI faut qu'il passe par le
conseil municipal. Le conseil municipal dit: Écoutez un peu, vous
n'entrez pas dans notre optique, on n'est pas prêts à vous donner
les services.
En tout cas, je ne sais pas si on l'a donné. Je ne me rappelais
pas que Montréal avait ce pouvoir-là. Je mets juste une
espèce de bémol par rapport à ça. Si la ville avait
le pouvoir de développer quand elle veut, comme elle veut, de venir sur
un terrain et de dire: Écoutez un peu, on va le faire; si vous ne le
faites pas, correct, on va vous mettre une surtaxe, moi, j'accepte ça.
Mais supposons qu'il y a 15 propriétaires dans une zone, qu'il y en a 5
qui veulent développer et que les 10 autres ne le veulent pas, mais que
les 5 sont un peu plus loin, comment on procède, là? Ça
veut dire que les 5 qui voudraient vont être pénalisés par
rapport aux autres. Mais la ville de Montréal l'a. Ça ne veut pas
dire nécessairement que tout le monde veut l'avoir, mais ça peut
être un argument.
M. L'Allier: M. le Président, le député de
Jonquière a une longue expérience municipale. Il sait très
bien que, s'il y a un niveau politique qui a le sens de la survie, c'est bien
celui du municipal. Encore une fois, il faut permettre à un conseil
municipal d'avoir un minimum de souplesse et d'outils et d'être
jugé par son opposition, précisément, et par la
population. C'est un outil, quand on est une ville-centre, je pense, dont on
peut avoir besoin, et il est important qu'on puisse en disposer.
M. Ryan: II y a de ces contradictions, parfois, chez le
député de Jonquière, M. le maire de Québec.
M. Dufour: On n'acceptera pas, M. le ministre, que...
M. Ryan: À certaines saisons, il défend le principe
de la responsabilité municipale avec beaucoup de force; pas toujours de
cohérence, mais beaucoup de force. À d'autres saisons, il
voudrait les garder en tutelle.
M. Dufour: Non, moi, je n'accepte pas le jugement du ministre par
rapport à ça. Je pense que j'essaie d'être cohérent
et je pense aussi que j'essaie de protéger les intérêts des
contribuables. Mon incohérence est probablement pas mal plus
cohérente que ce que vous faites, parce que, moi, je n'ai pas encore
déshabillé les municipalités pour essayer de les rhabiller
de l'autre bord. Ça, c'est une affaire que, moi, je n'accepterai pas. Et
je vous dis bien honnêtement, par rapport à ça, que le
moins qu'on puisse dire, c'est qu'on peut bien laisser du jugement, mais, ce
matin, on a assisté à quelque chose, et vous devez vous en
rappeler. Il y a une municipalité qui est de 22 000 000 $ dans le trou
et on est obligé d'emprunter, pour un organisme. Ça s'est fait
sur de bons principes, de bonnes idées. Je suis sûr que les gens
qui ont commencé ça étaient bien corrects. Ça
coûte 22 000 000 $ aux contribuables. On appelait ça un scandale,
anciennement, des affaires de même. Aujourd'hui, ça passe en douce
et c'est correct, on va enterrer ça. Nous autres, on est là pour
approuver ça. Mais faisons attention! moi, je veux bien qu'on respecte
l'autonomie municipale, je veux bien leur donner des pouvoirs, mais je veux
examiner ça d'une façon objective. pour moi, c'est objectif,
ça. je dis: coudon! si quelqu'un a des terrains, c'est correct. il faut
prendre tout ce que les gens nous disent. ça a peut-être bien du
bon sens. mais on est là aussi pour corriger l'abus. n'oublions pas
qu'à québec et à montréal il n'y a pas de
référendum; les gens n'ont pas ce pouvoir-là. dans
d'autres municipalités, les gens ont des référendums, ils
peuvent venir s'exprimer. on peut leur donner des pouvoirs et ils sont
contrôlés et balisés. à québec, il n'y a pas
de . référendum, donc les gens ne viennent pas... ils peuvent
s'exprimer, mais le conseil a toute l'autorité pour les décisions
qu'il veut. par rapport à ça, regardons ça bien comme il
faut. si vous me dites: ça a bien de l'allure et ça a bien du bon
sens, je veux bien croire que votre jugement est excellent et que les gens de
québec ont aussi un excellent jugement, mais, moi, je ne peux pas
m'exprimer autrement que par ce que, moi, je crois fondamentalement, que par
rapport à des objectifs... je crois ça, moi, que
l'étalement urbain... mais, quand on n'est pas pour l'étalement
urbain et qu'on renforce des noyaux, on doit être aussi pour le transport
en commun. il me semble que ça aussi, ça va de soi.
Si on veut aller sur cet article-là, je suis bien prêt
à ce qu'on en discute. On va en discuter pas mal longtemps. Vous allez
voir, je ne suis pas sûr que je vais être perdant sur toute la
ligne. Je suis pas mal certain que je vais avoir raison sur pas mal de choses.
Et je suis contre ça, l'étalement urbain, c'est clair. C'est
clair que ce qui est bon pour Québec n'est pas nécessairement bon
pour les municipalités limitrophes, mais il faudrait aussi qu'on
l'applique de temps en temps. Sur cette question-là, c'est un
élément différent, complètement différent de
ce qui s'applique dans toutes les municipalités, à l'exception de
Montréal.
M. Ryan: Oui, c'est pour ça que...
M. Dufour: C'est juste ça que je pose comme question.
M. Ryan: ...j'émets moi-même des réserves. Le
député, je l'ai taquiné tantôt. Il n'y avait aucune
malice là-dedans. Il m'a cru à la lettre, peut-être par
fatigue. Ce n'était pas du tout l'esprit de mon intervention; une
taquinerie amicale, sans plus. Je sais bien qu'il avait raison, le printemps
dernier.
Ici, on donne une faculté à la ville de Québec sur
son territoire. J'ai mentionné que nos services me recommandent
d'envisager des mesures plus générales à l'échelle
du Québec. Avant d'acquiescer à une telle proposition, je vais
l'étudier très attentivement et je ne suis pas sûr que je
pourrai y souscrire. Je pense que les autres considérations relatives
à l'étalement urbain, la nature du territoire qui varie
énormément, le potentiel de développement qui n'est pas du
tout le même à mesure qu'on s'en va du côté des
régions excentriques, c'est évident qu'on doit regarder ça
comme il faut.
Pour Québec, je pense qu'on peut leur donner ce pouvoir-là
en comptant que la critique politique qui doit s'exercer autour de la gestion
courante des affaires pourra exercer l'effet de frein qui peut être
nécessaire pour empêcher les abus. C'est tout.
Le Président (M. Gauvin): Brièvement, M. Marchand.
J'aimerais préciser une chose. C'est que ça me prendrait
normalement le consentement des membres de la commission. Vous êtes
à la disposition des membres de la commission pour un certain
questionnement. L'échange doit se faire avec les représentants de
la ville et les membres de la commission. Un bref commentaire, si vous voulez.
À moins que M. le ministre ou les membres aimeraient vous
questionner.
M. Marchand: Je vous rappelle qu'il s'agit d'un papillon qu'on a
eu quand même à la dernière minute, cet
amendement-là. Très brièvement, c'est que le
problème de Québec, c'est en son centre-ville, ramener les gens
en son centre-ville, et tous les terrains sont desservis au centre-ville. Le
pouvoir, il est bon pour les terrains desservis pour Québec. C'est notre
commentaire.
Le Président (M. Gauvin): merci. maintenant, est-ce qu'on
est prêts à adopter ce nouvel article introduit, 6.1?
l'introduction de l'article 6.1 est adoptée?
M. Ryan: Adopté.
M. Dufour: Je voudrais juste exprimer la réticence...
Le Président (M. Gauvin): Excusez.
M. Dufour: ...que, comme c'est un amendement qui a
été apporté à la dernière minute, on ne peut
pas dire que les citoyens ont été informés. Donc, il y a
peut-être des gens qui auraient pu venir s'exprimer, en prenant pour
acquis que ça ait été publicise. Ils auraient pu venir
s'exprimer. Là, ils vont l'apprendre quand la loi va leur tomber dans la
face, comme on dit.
M. Ryan: Là, il faut qu'ils prennent une décision
maintenant sur le montant de la taxe. Ça, c'est une autre chose, vous
savez. Je ne sais pas quelles sont leurs intentions.
M. Dufour: non, mais vous admettrez que c'est un amendement assez
important, qui arrive à la dernière minute. on va l'adopter sur
division, m. le président.
Le Président (M. Gauvin): L'article 6.1 est adopté
sur division. J'appelle l'article 7.
M. Boutin: L'article 7, M. le Président, a pour but
d'abroger l'article 244 de la charte. Vous vous souvenez, il y a quelques
minutes, je vous ai parlé d'un article qui était
relocalisé à l'article 185. L'article relocalisé, c'est
celui-ci qu'on abroge maintenant.
M. Ryan: C'est adopté.
M. Dufour: Oui, c'est adopté.
Le Président (M. Gauvin): L'article 7 étant
adopté, j'appelle l'article 8.
M. Boutin: L'article 8 est le premier d'un grand nombre
d'articles qu'on va voir, qui sont d'une facture identique et qui ont tous le
même objectif - nous avons fait l'inventaire des dispositions de notre
charte et il y en a un grand nombre qui permettent à la ville d'Imposer
des amendes pour infraction à ses règlements -porter le montant
maximal des amendes que pourra imposer la ville de Québec de 500 $
à 1000 $ dans chaque cas.
Le Président (M. Gauvin): Je m'excuse. Je me dois de vous
interrompre. La commission doit suspendre ses travaux pour quelques minutes.
Nous sommes tous appelés en Chambre. C'est-à- dire que les
membres de la commission sont appelés en Chambre.
Nous suspendons pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 39)
(Reprise à 23 h 1)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Au moment de la
suspension, nous en étions aux explications de Me Boutin sur l'article
8, je crois.
M. Boutin: Cet article-là est le premier d'une longue
série d'articles qui avaient tous le même objectif,
c'est-à-dire de permettre à la ville d'augmenter le montant
maximum des amendes que la ville peut imposer pour des infractions à ses
règlements. Je vous souligne que le plafond à 1000 $ est en voie
de devenir universel dans la province, en ce sens qu'il existe
déjà dans la charte de la ville de Montréal depuis
décembre 1990 et qu'il est contenu dans le projet de loi 119 qui est
prévu pour modifier la Loi sur les cités et villes, mais qui est
en attente d'adoption pour l'instant. Alors, je pense que c'est un montant
maximum, c'est un pouvoir qu'on demande, qui va devenir la norme à
très court terme.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des commentaires? Pas de commentaires. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais juste poser une question. J'ai
remarqué, dans je ne sais pas quel article exactement, qu'il y a une
place où le maximum était de 50 $. Là, vous allez le
remontera 1000 $.
M. L'Allier: C'est ça. M. Dufour: Vingt fois.
M. Boutin: C'est un vieil article qui avait été
oublié dans notre charte et qui avait surtout été
oublié par des craintes constitutionnelles. Je crois même qu'il
s'agit d'un article préconfédéra-tif. Pour toutes sortes
de raisons, au fil des ans, il n'y a personne qui avait osé y toucher et
on s'est satisfait de la constitutionnalité dudit article; on le remet
au même niveau que tout le monde, à ce moment-là.
M. Dufour: O.K. Moi, je veux juste donner comme remarque
qu'effectivement, en principe, je n'ai pas d'objection, mais il faut être
conscient, par exemple, que ça va reposer beaucoup plus dans les mains
des juges. Autrement dit, il n'y a pas beaucoup de juges qui vont imposer 1000
$ d'amende. Il va falloir qu'ils y pensent bien, bien
des fois, ce qui veut dire que les amendes qu'on connaissait, qui
étaient fixes anciennement et dont le maximum pouvait s'appliquer
souvent, là, ça va faire une espèce de courbe, un peu, de
toutes sortes de façons. Les juges vont hésiter à mettre
1000 $ d'une "shot". Ça veut dire que ça pourrait être 200
$, ça pourrait être 300 $, ça pourrait être 150 $,
mais ça veut dire que la société, à mon point de
vue, devient plus judi-ciarisée qu'auparavant. Ceci étant dit, je
n'ai pas d'objection de principe, c'est une opinion.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 8
est adopté.
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
9. Me Boutin.
M. Boutin: L'article 9 a pour but d'intervenir de deux
façons dans l'article 286 de la charte. Les deux endroits où on
intervient, on intervient de la même façon. L'article 286 de la
charte prévoit, si vous voulez, le contenu obligatoire de certains
aspects du budget de la ville. Le paragraphe c prévoit que la ville doit
inclure dans son budget un fonds de contingent qui ne doit pas être
inférieur à 1 % du revenu total anticipé. Il peut
être de 20 %, de 10 %, de 5 %, mais jamais inférieur à 1 %.
Il y a quelques années, on était venus vous voir. On avait un
plancher à 2 %, on vous avait demandé de le passer de 2 %
à 1 %. Nos budgets augmentant, le pourcentage du budget, si le budget
augmente, le montant réel suit. Ce que l'on demande, c'est de conserver
l'obligation de prévoir un montant de contingent dans notre budget, au
même titre que de conserver l'obligation de prévoir un montant
pour mauvaises créances dans notre budget, mais de ne pas avoir
l'obligation d'y prévoir un pourcentage
prédéterminé. On va laisser le trésorier et les
fonctionnaires de la ville juger de l'opportunité d'avoir un fonds pour
mauvaises créances de 0,5 %, de 0,25 %, de 0,75 %, dépendant des
situations conjoncturelles, année après année.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Actuellement, vous avez deux fonds: il y a un fonds de
contingence pour faire face à des imprévus et il y a une
réserve pour pertes sur la perception des impôts.
M. Boutin: Oui.
M. Ryan: Vous avez ces deux fonds-là. La réserve
pour les pertes sur les impôts demeure. Vous n'y touchez pas.
M. Boutin: Les deux réserves...
M. Ryan: Laissez-moi finir. Mais vous les laissez à moins
de 0,5 %. Vous ne touchez pas à ce pourcentage-là.
M. Boutin: Non, nous le supprimons également.
M. Ryan: Pardon?
M. Boutin: Nous désirons supprimer ce
pourcentage-là également. C'est l'objet visé par le
paragraphe 2° de l'article 9.
M. Ryan: Je vais vous poser une question: Au cours des cinq
dernières années, est-ce qu'il est arrivé que ces
fonds-là se sont avérés insuffisants?
M. Boutin: À ma connaissance, non, M. le ministre.
Au-delà de l'obligation de le prévoir dans le budget, je peux
vous dire que, dans le processus administratif de la ville, il y a - je cherche
le terme français de "monitoring" - une surveillance de nos
procès, de nos contestations devant le Bureau de révision de
l'évaluation foncière et on voit venir les coûts. On est en
mesure de savoir qu'on a pour 15 000 000 $ ou 20 000 000 $ de contestés
une année et, l'année d'après, qu'on a juste pour 3 000
000 $ de contestés. Malgré et au-delà des obligations
purement mathématiques prévues dans le budget, le
trésorier, bon an mal an, en fonction des prévisions et des
contestations en cours de route, met des sommes de côté en
réserve pour prévenir les coûts.
M. Ryan: Avec ce que vous demandez, vous pourriez décider
de vous donner un fonds de contingence, disons de 10 %.
M. Boutin: On peut déjà. On peut
déjà. C'est le plancher qui existe.
M. Ryan: Là, vous voulez supprimer ça, vous
autres.
M. Boutin: On veut supprimer le plancher pour l'ajuster à
la réalité et non pas à un pourcentage mathématique
du budget. Tout simplement.
M. Ryan: À ce moment-là, ça pourrait
être 0,10 %, "moins de 1 %". Si on le supprime, ça veut dire que
le fonds de contingence, il pourrait arriver qu'il n'y ait presque plus rien
dedans.
M. Boutin: Théoriquement, vous avez raison, M. le
ministre. Je ne pense pas que ce soit une saine administration de le faire et
de le mettre à zéro, et ce n'est pas de l'intention de la ville
non plus.
M. Ryan: Pour être franc avec vous, j'ai de
la misère à comprendre l'objet de cette modification-ci,
en y pensant comme il faut. Parce que, là, on nous dit: Un fonds de
contingence de pas moins de 1 %. Ce n'est pas gros ça, "pas moins de 1
%", c'est le minimum.
M. Boutin: Avec ce chiffre-là, présentement, on a
l'obligation d'avoir un fonds de contingent de 3 100 000 $ avec le budget de
1992. Notre trésorier nous dit qu'on est capable de budgéter
assez serré pour avoir un fonds de contingent d'un montant
inférieur à ça. Sauf qu'on est obligés de
prévoir dans nos revenus, des revenus non affectés d'un montant
présentement de 3 000 000 $.
M. Ryan: Regardez, si vous me disiez: On veut changer le
pourcentage, mettre "pas moins de 0,5 %", je comprendrais. Mais, là, il
peut arriver qu'on élimine le fonds de contingence. On n'a rien
qu'à mettre un fonds de contingence de 1 $
M. Boutin: Théoriquement, vous avez raison, on pourrait
examiner et même consentir à 0,5 %, mais je vous souligne qu'on
ferait, en 1991, la même démarche qu'on a faite en 1988 ou en
1989, alors qu'on est passé de 2 % à 1 % pour les mêmes
raisons.
M. Ryan: Ce n'est pas un casus belli.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: À ce que je sache, les municipalités en
général n'ont pas cette obligation-là.
M. Boutin: Peut-être que les gens du ministère
pourraient vous le confirmer mais, à ma connaissance, non plus.
M. Dufour: A ma connaissance, elles ne l'ont pas. La seule
obligation est de présenter un budget équilibré. C'est
évident que les municipalités qui veulent se garder des marges de
manoeuvre, par exemple dans les conventions collectives, etc., mettent un peu
d'argent un peu partout. Ça peut causer un problème. S'il y a un
fonds de contingence, ça peut représenter une difficulté
pour la municipalité, parce qu'il y en a qui voient qu'il y a 3 000 000
$ là. Il faut bien aller les chercher quelque part.
Dans le fond, Québec a cette obligation-là, mais, moi, je
ne connais pas de municipalité qui l'ont. Peut-être
Montréal, mais j'ai des doutes, parce que, en principe, les
municipalités sont obligées de présenter un budget
équilibré. Ça fait qu'elles doivent voir à leur
affaire. Le trésorier ne peut pas autoriser de dépenses pour
lesquelles il n'a pas d'argent. Il y a des possibilités aussi dans la
loi qui disent que la municipalité peut présenter des budgets
supplémentaires. Je com- prends que c'est une belle
sécurité d'avoir un fonds de contingence, mais, d'un autre
côté, ça a un désavantage parce qu'ils peuvent
identifier où il y a de l'argent. Donc, pour les gens qui
négocient avec la ville, ils peuvent se servir de ça comme
monnaie en disant: Bien oui! La ville a de l'argent et on peut le faire. Moi,
ça ne me causerait pas d'inconvénient, individuellement,
là.
M. Ryan: D'enlever le plancher. M. Dufour: Ah oui! C'est
ça.
M. Ryan: Moi, ça marche. Je suis prêt à
accepter ça. Ma préférence est autre, mais...
M. Dufour: Oui?
M. Ryan: ...pas assez imperative pour que je m'y oppose.
M. Dufour: Mais vis-à-vis de l'argumentation que je donne,
ça... Parce que la municipalité va être obligée de
surveiller ses affaires. Elle ne peut pas...
M. Ryan: Oui, oui. C'est sûr. Elle le peut
déjà. Dans le sens que vous dites, elle le peut
déjà, le texte ne l'en empêche pas. Excepté que le
texte l'oblige à avoir un fonds de contingence réel.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Au moins 1 % des dépenses, oui, des revenus
totaux anticipés. Et, là, avec ça, on leur donne le
pouvoir de ne plus en avoir.
M. Dufour: Oui. Mais les municipalités, en
général, peuvent avoir des montants d'argent, des surplus. Elles
appellent ça des fonds réservés. On le voit
régulièrement dans les municipalités. Elles vont piger
là-dedans et disent: Bien là, vous faites telle dépense,
on va chercher l'argent là. Elles font le règlement, elles font
l'ajustement et elles fonctionnent.
M. Ryan: Regardez, nos services d'administration
financière m'ont indiqué qu'eux n'ont point d'objection. À
regarder la manière dont les municipalités sont
gérées à travers tout le Québec, ils n'ont pas
d'objection à ceci. J'ai consulté les textes qui concernent la
ville de Montréal. Il n'y a pas de fonds de contingence obligatoire
à la ville de Montréal. Il y a un fonds de réserve pour
les manques à gagner du côté des taxes, mais il n'y a pas
de limite qui est imposée ni en haut ni en bas.
Par conséquent, je pense que, dans ce contexte-là, c'est
une demande qui peut être accueillie, même si on peut avoir
certaines réserves. Mais ça fait partie des choses que, si vous
pensez que c'est bon, c'est juste que vous
obteniez.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
maire?
M. L'Allier: Très brièvement. Les réserves
exprimées par M. le ministre des Affaires municipales peuvent se
comprendre dans un sens, mais, à partir du moment où il y a une
obligation de contingent - par exemple, dans le budget de la ville de
Québec cette année, ça ferait 3 000 000 $ - ça veut
dire qu'il faut taxer pour 3 000 000 $ sans affecter cet argent. Donc, si le
fonds de contingent est plus bas, plus il est bas, plus l'argent doit
être affecté d'avance et il y a plus de transparence. Qu'est-ce
qui arrive dans les faits? C'est que les gens disent: On est obligés
à 3 000 000 $, on taxe pour, mais on ne dit pas où on va les
dépenser. L'année commence et il est déjà à
moitié affecté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 9
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
10.
M. Boutin: l'article 10 est un autre des articles qui a pour but
d'augmenter le montant des amendes. c'est les mêmes explications que
tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 10
est adopté. J'appelle l'article 11.
M. Boutin: L'article 11 a pour but d'introduire dans la charte le
pouvoir pour la ville de décider, par résolution de son conseil,
de verser des subventions ad hoc pour favoriser la construction et
l'aménagement de stationnements. L'ensemble des pouvoirs permettant de
subventionner qui existe dans la charte de la ville lui permet
d'établir des programmes universels par règlement. Donc,
toutes les personnes qui sont admissibles auxdits programmes ont droit auxdites
subventions.
Il existe, par ailleurs, une disposition qui permet au conseil, par
résolution, de façon ponctuelle, de verser des subventions pour
la construction ou la restauration d'immeubles totalement ou partiellement
incendiés, délabrés, abandonnés ou vacants. Donc,
c'est une décision ponctuelle et ad hoc. Ce qu'on souhaite avoir, c'est
le même pouvoir, mais à l'égard de la construction de
stationnements.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection à ceci. J'ai
remarqué que le Progrès civique voudrait qu'on attache à
cette clause l'obligation pour la ville de Québec de maintenir le
stationnement en opération en tout temps afin de permettre aux
résidents du voisinage de l'utiliser, si possible.
J'aurais une réserve quant à l'insertion de cette
modalité dans la loi. Je pense que ça, ça pourrait faire
partie des décisions que prendrait le conseil municipal, mais je ne
pense pas que je serais porté à mettre ça dans la loi. Si
vous êtes d'accord au sujet du principe, je pense que, moi, je vais
inscrire mon accord également. (23 h 15)
M. Dufour: Vous me dites que vous aviez déjà ce
pouvoir-là, de subventionner, mais que c'était à la
grandeur de la ville?
M. Boutin: Non. Ce que nous avons déjà, c'est le
pouvoir de décider ad hoc, de verser une subvention à M. Untel
pour la construction et la restauration d'immeubles totalement
incendiés, délabrés, abandonnés ou vacants. Pour
subventionner la construction de stationnements, ce que nous pouvons faire
présentement, ce sont des programmes universels. Or, nous souhaitons
faire autre chose que ça pour pouvoir intervenir de façon
chirurgicale, à tel endroit, pour favoriser l'implantation d'un
stationnement à telle place.
M. Dufour: Le stationnement que vous subventionnez, ça ne
peut pas être un stationnement à caractère privé,
mais public. Par exemple, quelqu'un dit: Moi, je veux faire un stationnement
à tel endroit, mais c'est pour location. J'en ai un pas loin d'où
je demeure. Là, il y a de la location. Avec ce pouvoir-là que
vous demandez, est-ce que vous pourriez subventionner?
M. Boutin: Théoriquement, oui. M. Dufour: Oui.
M. Boutin: Cependant, si je regarde l'ensemble des autres
pouvoirs et la façon dont on exerce ce genre de pouvoir là, les
préoccupations véhiculées par les gens du Progrès
civique, je les connais fort bien parce qu'elles sont entrées dans nos
moeurs, dans l'administration, c'est-à-dire qu'on consent à
verser ce genre de subvention dans la mesure où il y a une plus-value
pour la collectivité, c'est-à-dire dans la mesure où on
s'assure que les stationnements soient disponibles au public, soient ouverts
à certaines heures.
M. Dufour: Mais "ouverts au public", ça veut dire qu'ils
pourraient être à titre onéreux.
M. Boutin: Ouverts au public et payants? Oui.
M. Dufour: Et payants. M. Boutin: Oui.
M. Dufour: Et ça, vous n'avez pas, par vos subventions ou
par les programmes que vous avez déjà appliqués, le
pouvoir, à travers cette subvention-là que vous accorderiez ou
que vous accordez, la possibilité de vous assurer, par exemple, qu'il
n'y a pas un abus. Je suppose, par exemple, que le stationnement qui est
subventionne - je ne sais pas, moi, à la grandeur de Québec, je
pense que c'est 8 $ par nuit, qu'on charge, si c'est à
l'extérieur, etc. - quelqu'un que vous subventionnez, il va charger 8 $
aussi. Ça veut dire qu'il peut profiter d'un revenu
supplémentaire en prenant en considération les montants que la
ville lui accorde quand d'autres ne les lui ont pas donnés. Moi, je pose
des questions. Je ne connais pas ça, je veux m'in-former.
M. Boutin: On contrôle ce problème-là avec un
pouvoir qu'on a déjà obtenu et qu'on vous demande de polir un peu
plus tard, comme on va le voir à l'article 14, c'est-à-dire le
retour de la subvention si on change la destination ou le mode d'occupation
d'un immeuble. Alors, on consent à verser une subvention dans un certain
cadre, avec un certain modus operand!, avec la possibilité d'un retour
de la subvention si le modus operand! change. C'est comme ça qu'on
réussit à attacher ce genre de problématique.
M. Dufour: Quand vous dites que le montant maximum ne peut
dépasser le coût réel des travaux, c'est beaucoup d'argent.
Dans quel cas pourriez-vous aller jusqu'au coût des travaux?
M. Boutin: À ce jour, je n'ai pas souvenir que nous sommes
allés ou que nous avons utilisé...
M. Dufour: Mais est-ce que vous pensez que ça pourrait
venir et de quelle façon pourriez-vous arriver à ça? Vous
l'avez marqué, vous avez imaginé certainement une situation
quelconque.
M. Boutin: Nous l'avons marqué par souci
d'uniformité avec l'ensemble de nos pouvoirs de programmes qui ont la
même limite. Si vous regardez l'ensemble des articles 304, 305, 306 et
307 de notre charte - ce sont des articles dont on retrouve l'équivalent
dans la Loi sur les cités et villes également - le montant
maximal subven-tionnable est le montant maximal des travaux.
M. Dufour: Bien. Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12.
M. Boutin: à l'article 12, on intervient encore une fois
dans la section de la charte de la ville de québec qui traite des
subventions pour permettre à la ville, dans le cadre d'un programme de
subventions, de mettre en place un programme visant à subventionner non
pas la construction ou la réparation de bâtiment, mais bien afin
de favoriser l'acquisition d'une propriété résidentielle.
Vous n'êtes pas sans ignorer qu'on est une vieille ville, on est un
centre-ville, il ne s'agit pas seulement, si on veut lutter de façon
efficace contre l'étalement urbain, de subventionner la
rénovation de notre vieux tissu urbain, mais il faut également
faciliter l'acquisition de ces vieilles bâtisses une fois
rénovées. La triste concurrence dans le domaine de
l'étalement urbain, c'est que les programmes de construction
subventionnés en banlieue mettent le citoyen, non pas en otage, mais
devant un choix à faire: Est-ce que j'achète une
propriété déjà construite dans le centre-ville sans
subvention ou est-ce que j'achète une propriété neuve qui
vient d'être construite en banlieue avec subvention? Si on veut remplir
nos centres-villes, on croit que c'est un outil indispensable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Une inquiétude qui a été
formulée par le Progrès civique, au sujet de la
possibilité d'accorder ces subventions aux conditions que le conseil
détermine, c'est que ça, ça pourrait ouvrir la porte
à des subventions fondées, par exemple, sur le revenu des
ménages. Peut-être que M. Fiset peut nous donner des
explications.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Fiset.
M. Fiset (Jacques): Pour compléter dans le sens de ce que
M. le ministre est en train de dire, effectivement, les conditions qui
pourraient être posées au "subventionnement" de l'acquisition
pourraient être liées à la question des revenus, d'une
part, et aussi à des conditions familiales; par exemple, le fait d'avoir
des enfants à charge. Donc, l'idée est de pouvoir se donner des
outils pour ramener des jeunes familles au centre-ville qui est la grande
question et la grande problématique finalement de l'équilibre
démographique des quartiers centraux.
M. Ryan: C'est sûr que l'habitation a deux fonctions
évidemment: une fonction de stimulation de l'économie puis, la
fonction première, c'est de fournir un gîte à des
ménages. La première fonction, fournir un gîte à des
ménages, là, on doit tenir compte de la capacité
financière des gens. On doit au moins avoir la possibilité d'en
tenir compte, parce que ce n'est justement pas le rôle des pouvoirs
publics de subventionner de manière universelle l'habitation. Le
principe de base d'une société libérale, à tout le
moins, c'est qu'un ménage est censé être capable de se
débrouiller lui-même pour se trouver un gîte, mais il faut
aider ceux qui en ont le plus besoin. On ne peut pas
généraliser
ça. Et, de ce point de vue, je pense bien que la
responsabilité première à cet égard incombe, comme
l'a dit le Progrès civique, au gouvernement québécois ou
fédérai, dans une certaine mesure. Il y a un rôle du
gouvernement fédéral dans l'habitation depuis toujours, depuis la
fin de la dernière guerre mondiale en tout cas.
La fonction de stimulation économique est très importante
pour l'habitation aussi; on l'a vu avec le programme Mon taux, mon toit cette
année. Si ça n'avait été du programme Mon taux, mon
toit, l'industrie de la construction de l'habitation serait joliment mal en
point. Elle n'est pas très en santé, mais, au moins, elle a
passé une année un peu convenable à cause de ça, ce
qui a permis au Québec d'avoir un taux de diminution de la construction
résidentielle qui est le plus bas de tout le Canada, de toutes les
provinces. Ce n'est pas glorieux. Il n'y a pas eu d'augmentation,
c'était impensable. Aux États-Unis, j'ai remarqué que la
construction d'habitations a fait Une chute considérable cette
année également. C'est un phénomène
continental.
Mais il faut que les municipalités aient la faculté de
participer à ces efforts pour à la fois procurer un gîte
à ceux qui en ont besoin et, deuxièmement, stimuler l'industrie
de la construction. Je pense qu'il y a quelque chose... Puis, il y a beaucoup
de municipalités dans la région de Québec qui ont
déjà des mesures comme celles-là. Sur la rive sud, j'en ai
vu plusieurs; c'est annoncé qu'on donne un rabais de taxes pour les
foyers qui vont s'établir là, et tout.
On l'a donné légisiativement à la ville de
Montréal, à la ville de Laval, l'an dernier, à la ville de
Longueuil, cette année. Je pense bien que c'est normal qu'on le donne
à la ville de Québec également. Surtout pour vous autres
qui avez une responsabilité considérable dans le sens du
renforcement du centre-ville, je pense qu'une mesure comme celle-ci pourrait
vous permettre à la fois de contribuer a l'acquisition d'un logement
neuf ou d'un logement existant et de participer à des programmes de
restauration aussi, de joindre vos efforts à ceux d'un programme comme
le programme PRIL, qui permet de mettre davantage d'habitations saines à
la disposition des ménages dans les zones stratégiques de
Québec au point de vue développement urbain.
Alors, moi, je suis enclin à favoriser cette disposition parce
qu'elle a grandement aidé au développement d'autres
municipalités qui bénéficient de mesures semblables. C'est
mon point de vue. Je pense que c'est vrai, d'autre part, que le pouvoir
municipal ne doit pas s'engager trop avant dans des mesures redistributrices,
parce que ce n'est pas sa fonction première, et vous l'avez dit à
maintes reprises au cours de la dernière année encore, les
porte-parole municipaux, mais je pense que le secteur de l'habitation est un
secteur charnière à propos duquel il faut être pratique et
ne pas se laisser trop emporter par l'idéologie. C'est comme ministre
responsable de l'Habitation que je dis ces choses.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je voudrais juste ajouter que, effectivement, si
on parle de renforcer le centre-ville, de resserrer le tissu urbain, ce sont
des mesures qui sont de nature à favoriser ces actions-là. Par
contre, quand on regarde l'ensemble du territoire du Québec,
déjà, il y a beaucoup de municipalités qui, par le moyen
des crédits de taxes et par des incitations, font qu'elles attirent de
nouvelles populations sans qu'il y ait de raisons évidentes que ce soit
fait. Donc, ça brise le tissu urbain. Ça fait aussi de
l'étalement urbain et ça amène une concurrence qui,
à mon sens, devient déloyale si on le permet à toutes.
Moi, je pense que, de ce côté-là, il y a une
réflexion qu'il faut engager. Il ne faut pas avoir peur de
réfléchir là-dessus. Il y a un phénomène: ce
qui est bon pour Montréal, ce qui est bon pour Québec, ce qui est
bon pour ça, ce n'est pas obligatoirement et nécessairement bon
pour tout le monde. Il y a des effets que le gouvernement... En fait, on dit
des choses et on fait autre chose. Il y a un coût social énorme
à ça. Je comprends et je veux bien qu'on s'entende, mais il y a
certaines mesures qu'on doit appliquer à des gros ensembles ou à
des grands ensembles. Mais, sur ces mesures-là, il faut se
questionner.
Quand on voit des municipalités qui n'ont pas d'autre vocation
que d'être résidentielles, d'être des
municipalités-dortoirs ou des villes-dortoirs, qui grossissent comme des
champignons, après ça elles sont obligées de se doter de
services, elles sont obligées de se doter de transport. Il y a des
endroits où ça existe. Des écoles ferment dans les villes
et, là, on multiplie ailleurs. Il y a un coût social et on ne peut
fermer les yeux là-dessus. On ne peut être naïfs à un
point tel et dire: Ça ne nous dérange pas. Je pense que ce ne
sont pas juste les municipalités qui paient le prix, c'est aussi le
gouvernement qui paie le prix. Et ça veut dire des routes nouvelles...
Regardez les débats qui se font dans la région de Québec
et vous allez voir qu'il y a des exigences de routes, d'autoroutes. Moi, je me
questionne sérieusement sur l'à-propos de la construction.
C'est évident que, si le gouvernement ne bouge pas plus que
ça, s'il laisse tout faire ça et favorise ces prises de position
par tout le monde, ces actions-là, on va en payer le prix
collectivement. Et, là, on est en frais de briser tout le tissu social
du Québec. Moi, je dis que, par rapport à cette demande de la
ville de Québec, je suis tenté, moi aussi, de dire: Oui,
ça marche. Quand je sais, par exemple, que ça se fait partout,
dans le fond, c'est un cataplasme sur
une jambe de bois. Je ne règle pas le problème. On ne le
règle pas, le problème, parce qu'il y a la concurrence.
Québec est en concurrence avec ses voisines. Ça fait que, si elle
veut tirer sur le tissu urbain, les autres, elles veulent avoir de nouveaux
arrivants. Ça fait que ça va plus loin, puis ça va plus
gros. Et puis, tantôt, le Québec, on l'affaiblit. D'un
côté, on dit: On voudrait le renforcer puis, en même temps,
on l'affaiblit. Ça fait qu'il y a une contradiction; il y a une
contradiction certaine.
Je n'ai pas à faire de mea culpa, je le vois tous les jours. Je
le vois chez nous, je le vois ici puis je le vois à Montréal. Et
je pense que, collectivement, on aurait quelque chose à faire
là-dedans, puis on a une responsabilité réelle dans ce
dossier-là. Ça, c'est une mesure qu'on peut prendre. Quand je
regarde toutes les mesures qu'on a faites pour favoriser l'habitation et la
concentration, en même temps qu'on a fait ça, si c'est bon pour
Montréal, c'est bon pour le voisin! Puis, là, ça fait
l'effet de dominos. Ça fait que, tantôt, c'était Laval qui
était en compétition avec Montréal. Ça allait bien.
Là, Laval est en compétition avec les autres plus loin. Regardez
comment ça s'étend dans la région de Montréal, on
est rendu au nord. Je comprends qu'on peut dire "honore ton père et ta
mère", mais pas de cette façon-là. Il faudrait
peut-être un peu examiner qu'est-ce que ça coûte comme
coût social. Il y a des villes... On a fermé 17 écoles chez
nous. En 10 ans: 5000 enfants de moins. Toute la structure est existante. On
fait quoi avec ces écoles-là? Quelqu'un a payé pour
ça. Qui a payé? Pas la municipalité, c'est le gouvernement
du Québec. C'est le gouvernement qui a payé pour les
écoles puis c'est le gouvernement qui nous aide à les fermer.
Le retour à la terre, c'a un prix. Moi, j'ai toujours dit: Si les
gens veulent aller à la campagne puis jouir de la campagne, tant qu'ils
veulent faire ça, ça ne me dérange pas. Mais le jour
où ils viennent demander une subvention pour se payer de l'eau, qu'ils
viennent demander une subvention pour se payer des égouts puis se payer
du transport, là, je me dis: Wo! Un instant! La liberté,
ça commence quelque part puis ça finit quelque part. Ça
finit quand ça commence à affecter mes droits à moi. Et il
y a toute cette infrastructure qu'on défait en même temps qu'on
veut la faire. Ça fait qu'il faudrait, à un moment donné,
qu'on fasse un acte de foi puis un acte de courage politique pour dire: C'est
comme ça que ça va marcher. Puis je ne pense pas que c'est brimer
les droits des gens. Au contraire, c'est de protéger les droits de
l'ensemble des citoyens. C'est collectivement qu'on paie.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Oui. Je pense qu'il faut affirmer comme premier principe
la liberté de déplacement des personnes. Ça, c'est bien
important. Maintenant, une fols ce choix exercé, qu'une
responsabilité mieux définie soit établie concernant les
coûts additionnels que l'exercice du droit peut entraîner,
là c'est une question qu'on a l'obligation d'examiner. En Ontario, par
exemple, comme vous le savez, on oblige maintenant ceux qui font des
développements à participer de manière beaucoup plus forte
qu'au Québec à l'implantation des services de base et on parle
beaucoup d'étendre ça aux écoles également.
Ça, c'est une méthode que nous sommes en train d'étudier.
Nous avons commencé à l'examiner, à voir comment ça
pourrait être étendu à d'autres services. Vous voulez,
comme vous le dites justement, avoir plus d'espace, avoir un meilleur air, et
tout, il y a peut-être un prix que vous devrez être invités
à payer. Vous pensiez que ça coûtait meilleur marché
et on ne vous avait pas dit que ça coûtait cher à d'autres.
Ça fait que vous avez un point là qu'on a commencé
à appliquer en ce qui touche le transport en commun avec la loi 145. Ha,
ha, ha!
M. Dufour: Vous administrez un remède de cheval, vous ne
corrigez pas les causes.
M. Ryan: Non, mais regardez, ce qu'on a fait pour la contribution
de 30 $ au fonds de contribution des automobilistes au financement du transport
en commun, c'est exactement ça. On a dit aux gens de Saint-Eustache, de
Boisbriand, de Sainte-Thérèse, de Mascouche, de Repentigny, de
Charlemagne: Vous autres, vous venez à Montréal
régulièrement. La plupart d'entre vous venez travailler à
Montréal. On va vous demander une légère participation au
coût du transport en commun dont vous bénéficiez, soit
directement, à titre d'usager, soit indirectement, à titre
d'automobiliste qui jouissez de la liberté de circulation que vous
procure le transport en commun. C'a été l'argument qui a
sous-tendu cette mesure. C'est un modeste début. Il y a des discussions
qui se poursuivent sur le choix des municipalités dont les
résidents propriétaires de véhicules de promenade sont
invités à participer. Mais, fondamentalement, c'est ce
principe-là que nous avons commencé à mettre en
oeuvre.
M. Dufour: Mais il y a juste un point où je vous
arrête, c'est que ça s'applique et pour les gens autour et pour
les gens à l'intérieur. Donc, à ce moment-là,
ça ne favorise pas...
M. Ryan: C'est vrai.
M. Dufour: En tout cas, il y a des pénalités. Moi,
je suis heureux d'entendre que vous êtes en frais de l'examiner, parce
que je vous dis honnêtement...
M. Ryan: Oui, oui. Puis d'ailleurs...
M. Dufour: ...que ça fait longtemps que je décrie
ça et que je trouve que ce n'est pas correct.
M. Ryan: Encore là, évidemment, il faut
s'interroger quant à l'impact qu'aura une telle mesure sur l'industrie
de la construction aussi. Vous avez remarqué qu'à son dernier
congrès l'association des constructeurs d'habitations...
M. Dufour: Ah oui! Il faut aller voter.
M. Ryan: Oui, mais vous allez perdre quand même le vote. Il
n'y a pas de presse.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 23 h 33)
(Reprise à 23 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Au moment de la suspension, nous étions à l'article
12. Alors, qui avait la parole? Je pense que c'était adopté.
M. Dufour: Mme la Présidente, je veux juste confirmer que
le ministre avait raison, on a encore perdu le vote. Mais ça
achève!
La Présidente (Mme Bélanger): À reprendre
lundi. L'article 12 est adopté. J'appelle l'article 13. Me Boutin.
M. Boutin: L'article 13, Mme la Présidente, est
relativement technique. Tout le monde connaît l'article 1 de la Loi sur
l'interdiction de subventions municipales qui interdit aux municipalités
de venir en aide directement ou indirectement aux établissements
industriels ou commerciaux. Par ailleurs, un certain nombre d'articles dans
notre charte permettent à la ville de verser des subventions, notamment
tous les programmes de construction, d'aide à la construction,
malgré la Loi sur l'interdiction de subventions municipales. On s'est
rendu compte à l'usage qu'un certain nombre d'articles de notre charte,
permettant de verser des subventions, ne prévoyaient pas cette exemption
de l'application de la Loi sur l'interdiction de subventions municipales. Je
vous cite, à titre d'exemple, des articles qui permettent, par exemple,
à la ville de verser des subventions pour l'acquisition de
détecteurs de fumée, pour l'installation de systèmes de
giclage, pour la plantation d'arbres, etc. Ce qui fait que, dans le quotidien
des opérations, on adopte un règlement pour subventionner
l'installation de détecteurs de fumée. Dans un quartier
domiciliaire, on peut pour M. X, Mme Y et M. Z et, lorsqu'on arrive à la
tabagie Machin Chouette ou au nettoyeur Untel, on est obligés, quant
à eux, de ne pas leur subventionner de détecteurs de fumée
ou de gicleurs et de choses du genre.
L'exercice qu'on a fait, c'est l'inventaire des pouvoirs dans notre
charte, qui existent déjà, de verser des subventions, qui ne
contiennent pas cette réserve, pour ajouter cette réserve et
faire en sorte que l'on puisse verser ce genre de subventions même
à des établissements commerciaux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas de commentaires particuliers
là-dessus. Je pense qu'il n'y a pas de difficultés.
M. Dufour: J'aurais une couple de questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Allez-y, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: L'établissement et l'entretien de
bibliothèques publiques. Comment pouvez-vous donner des subventions
à des bibliothèques publiques autres que celles qui appartiennent
à la ville ou celles qui pourraient appartenir au gouvernement?
M. Boutin: On a une situation très particulière
à la ville de Québec qui fait que le réseau de
bibliothèques de la ville de Québec est administré par une
corporation qui s'appelle l'Institut canadien de Québec. C'est un
partenaire dans la gestion des bibliothèques. Les bibliothèques
sont gérées par ce partenaire. Certaines appartiennent
physiquement à la ville, quant à leurs succursales, d'autres sont
proprieties ou louées par l'Institut canadien de Québec. On a une
espèce de partenariat où il y a toutes sortes de formules qui se
retrouvent. Mais les bibliothèques ne sont pas des "bibliothèques
ville de Québec". Il n'y a rien qui interdit de penser également
que, comme ville, on subventionne des bibliothèques institutionnelles
d'éducation, universitaires ou autres, ou de groupes linguistiques,
comme le suggère M. le maire.
M. Dufour: L'institut public, vous appelez ça comment?
M. Boutin: L'Institut canadien de Québec.
M. Dufour: L'Institut canadien de Québec. Par exemple, la
bibliothèque Gabrielle-Roy...
M. L'Allier: C'est ça.
M. Boutin: La bibliothèque Gabrielle-Roy...
M. Dufour: ...ce n'est pas administré par la ville comme
telle?
M. Boutin: Non. Il y a un contrat de gestion où la ville
de Québec - c'est assez compliqué comme système - est
locataire de l'espace physique.
M. Dufour: D'abord que vous me dites que...
M. Boutin: Elle en confie la gestion à l'Institut canadien
de Québec pour qu'il y opère une bibliothèque
municipale.
M. Dufour: O.K. Quand vous pariez de travaux de pavage et
d'aménagement paysager de stationnements, est-ce que vous ne les avez
pas obtenus dans un article précédent?
M. Boutin: Tous ces pouvoirs de subventions existent
déjà. Ce n'est pas des pouvoirs additionnels de subventions qu'on
demande. On demande tout simplement, dans l'administration de ces programmes,
de ne pas exclure quelqu'un de la subvention parce que c'est une entreprise
commerciale ou une entreprise industrielle.
M. Dufour: Mais vous dites, dans votre explication, "a pour but
d'élargir l'éventail des subventions qui peuvent être
versées". Donc, vous me dites que vous les versez toutes?
M. Boutin: Non, j'ai le pouvoir... Prenons un exemple, là,
du plus simple: les subventions pour l'installation de détecteurs de
fumée. D'accord?
M. Dufour: Oui.
M. Boutin: La ville possède déjà le pouvoir
de subventionner l'installation de détecteurs de fumée, ce qui
fait que, vous, vous pourriez personnellement bénéficier d'un
programme qui vous permettrait d'avoir 10 $, 15 $, 20 $ - je ne sais pas
combien de dollars - pour installer votre détecteur de fumée.
Mais votre voisin, la tabagie Machin Chouette, ou le nettoyeur Untel, qui est
sur la même rue, qui pourrait bénéficier du même
programme de subvention, je ne peux pas la lui verser à cause de la Loi
sur l'interdiction de subventions municipales qui interdit de venir en aide,
directement ou indirectement, à une entreprise commerciale. Alors, c'est
cet irritant qu'on va enlever dans l'administration de nos programmes de
subventions.
M. Dufour: Est-ce que c'est nouveau, ça, comme
approche?
M. Boutin: Si je regarde énormément d'autres
pouvoirs de subventions qui existent déjà dans notre charte,
comme la subvention à la construction, il y a plein de dispositions qui
existent déjà et qui peuvent s'appliquer malgré la
Loi sur l'interdiction de subventions municipales.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Ils ont parié de plantation d'arbres, arbustes
et autres végétaux. J'imagine que c'est la plantation d'autres
végétaux. C'est aussi la même chose?
M. Boutin: Oui.
M. Dufour: Dans quelles conditions? Est-ce que ce n'est que la
question des stationnements ou si c'est ailleurs?
M. Boutin: Non, c'est encore une fois dans la mesure où
nous avons un programme de subvention à la plantation des
végétaux. Si, vous, citoyen, voulez vous en prévaloir,
j'ai le droit de vous subventionner pour planter un érable de
Norvège devant votre maison. Mais je n'ai pas du tout le droit de
subventionner la tabagie ou le nettoyeur pour planter le même
érable de Norvège sur le terrain d'à
côté.
M. Dufour: Je pose la question: Qu'est-ce qui n'est pas couvert
là-dedans? Ça serait peut-être plus facile. Quand vous
pariez de subvention, c'est quoi qui ne serait pas couvert d'après vous?
Est-ce que ça veut dire que l'ouverture est tellement grande que vous
pourriez couvrir par des subventions a peu près n'importe quoi,
n'importe qui?
M. Boutin: Non. M. Dufour: Non?
M. Boutin: Les matières sur lesquelles les subventions
peuvent être versées, ça, ça ne change pas. C'est le
récipiendaire de la subvention où je pourrai, à travers
les matières pour lesquelles j'ai déjà le pouvoir de
verser, aller chercher un récipiendaire qui pourrait être une
entreprise commerciale ou industrielle.
M. Dufour: Bon. Vous lavez regardé comme il faut. J'ai
posé les questions.
M. Ryan: II y a une clause semblable dans la législation
générale qui dit: "Nonobstant les interdictions formulées
dans la Loi sur l'interdiction de subventions municipales, divers articles
s'appliquent". C'est une sécurité qu'on va donner à la
ville de Québec. Ça ne change peut-être pas grand-chose en
fait, mais ça peut être une mesure de prudence pour des
contestations éventuelles. Pas plus que ça.
M. Dufour: Je sais que la plupart des municipalités
peuvent donner des subventions pour à peu près n'importe
quoi.
M. Ryan: Sauf pour des organismes à but lucratif. C'est
plus difficile.
M. Dufour: C'est un peu plus délicat.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: C'est un peu plus délicat.
M. Ryan: Un peu plus difficile.
M. Dufour: Mais ça se passe pareil.
M. Ryan: Dans certains cas, c'est vrai.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
l'article 13?
M. Dufour: En tout cas, vous l'avez analysé plus que moi.
Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 14. À l'article 14, il y a un amendement aux paragraphes
2° et 3e.
L'article 14 du projet de loi est modifié par le remplacement des
paragraphes 2° et 3° par les suivants: «2° par le
remplacement du paragraphe 1° du premier alinéa par le suivant:
«1° stipuler que le changement de la destination ou du mode
d'occupation de cet immeuble, son aliénation totale ou partielle ou
l'aliénation du contrôle de la corporation propriétaire de
l'immeuble, dans un délai qu'il fixe d'au plus 10 ans, entraîne la
remise à la ville, dans une proportion qu'il détermine en
fonction de la période écoulée, de la subvention
versée par elle à l'égard de cet immeuble, ou le refus de
tout permis requis en vue d'un changement de destination ou d'occupation tant
que cette remise n'est pas effectuée; «3° par l'insertion,
après le paragraphe 2° du premier alinéa, du suivant:
«2.1 prévoir que la remise de la subvention est exigible de toute
personne qui est propriétaire de l'immeuble à l'époque de
son aliénation ou de l'aliénation de la corporation
propriétaire de l'immeuble ou de tout acquéreur
subséquent; «4° par le remplacement, dans la deuxième
ligne du paragraphe 3° du premier alinéa, de "et 26" par
",2° et 2.1"; «5° par le remplacement, dans la deuxième
ligne du deuxième alinéa, de "ou 3°" par ", 2.1 ou
3".»
Me Boutin.
M. Boutin: L'objectif visé par l'article 14, c'est le
suivant. Je dois vous dire que la ville de Québec possède
déjà le pouvoir d'exiger le remboursement d'une subvention
versée, s'il y a changement dans la destination ou l'occupation du
bâtiment. Ça fait directement allusion à ce dont le
député de Jonquière faisait état récem- ment
à l'égard des modalités d'occupation des stationnements.
Si on change la modalité d'opération, le modus operandi, il y a
possibilité pour la ville de Québec de récupérer le
montant versé en subvention.
L'objectif visé par la présente demande est d'obtenir ce
pouvoir de rappeler une subvention ou d'obtenir un remboursement de subvention
dans un autre cas, c'est-à-dire dans le cas de l'aliénation de
l'immeuble. L'objectif visé est de faire en sorte que les deniers
publics, qui ont été mis à la disposition d'un
requérant pour l'aider à mettre sur pied un projet de
construction ou de rénovation, ne doivent pas, à notre avis,
être distraits au seul profit et à l'acquis de ce
requérant-là s'il désire aliéner son immeuble.
Prenons un exemple très simple. Un requérant désire
construire un bâtiment d'une valeur de 1 000 000 $. Il investit de ses
propres fonds une somme de 500 000 $ et, à même les deniers
publics, la ville de Québec ajoute 500 000 $ pour permettre la
construction dudit édifice. Dans la situation actuelle, une fois
l'édifice construit, qui vaut 1 000 000 $, il peut être vendu le
lendemain matin. Et le requérant, qui a mis 500 000 $ de ses poches,
empoche la plus-value qui a été mise sur cet immeuble à
même les deniers publics. L'objectif, c'est d'éviter cette
distraction des deniers publics à des fins privées en mettant sur
pied un système qui ferait en sorte qu'il y aurait remboursement de la
subvention échelonnée dans le temps, avec un montant qui diminue
dans le temps, année après année, une période qui
n'excéderait pas 10 ans. La période est déjà celle
qui est visée dans le pouvoir que nous avons déjà.
M. Dufour: Juste une petite question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Pourquoi 10 ans? Dans tous les programmes qu'on
connaît, et même pour le ministère, pour les programmes
gouvernementaux, c'est 5 ans. Là, vous parlez de 10 ans.
La deuxième question. Vous faites ça par règlement,
ces changements-là. S'il y avait un changement de destination autre que
la volonté de la personne, par exemple, sur un élément,
que ça passe au feu, qu'il y ait un bris, j'imagine que les 10 ans, par
la force des choses, c'est exclu.
M. Boutin: Je vous souligne que le changement de destination,
c'est ce qui existe déjà. Ce que nous demandons, c'est
l'aliénation de la vente de l'immeuble. C'est de préserver les
deniers publics en cas de vente. C'est ça, l'objet de la
modification.
M. Dufour: Les 10 ans, est-ce qu'ils existent actuellement?
M. Boutin: Les 10 ans existent actuellement pour le changement de
destination. Ce que nous souhaitons avoir, c'est 10 ans, la même
durée, mais en cas d'aliénation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Fiset,
brièvement.
M. Fiset: Simplement, Mme la Présidente, pour faire
remarquer que dans les programmes qui existaient déjà au niveau
de la SHQ et de la SCHL, dans le Loginove en particulier, pour un exemple que
vous connaissez probablement bien, c'était 10 ans. La remise gracieuse,
c'était 10 ans. Et la remise gracieuse était perdue s'il y avait
aliénation de l'immeuble. Il fallait que ce soit remboursé par le
vendeur.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
ça va?
M. Dufour: Oui, ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 14 est adopté.
M. Dufour: Le "boss" regarde l'heure. Ha, ha, ha! Il regarde
l'heure.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
14, tel qu'amendé, est adopté?
M. Dufour: C'est fini.
La Présidente (Mme Bélanger): Étant
donné l'heure, la commission de l'aménagement et des
équipements ajourne ses travaux à lundi, après les
affaires courantes.
(Fin de la séance à 23 h 59)