Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 17 avril 2024
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Vol. 47 N° 18
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, volet Énergie
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, volet Énergie - Hydro-Québec
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14 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Énergie des crédits budgétaires du portefeuille Économie,
Innovation et Énergie pour l'exercice financier 2024-2025. Une enveloppe de 1 h 30
min a été allouée pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Zaga Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général, par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. Alors, je suis maintenant
prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. M. le député de Jacques-Cartier, la parole est à vous
pour un temps de 18 min 3 s.
M. Kelley : Merci beaucoup. M.
le Président. Bienvenue à mes chers collègues, M. le ministre, et à votre
équipe, merci pour tout le travail que vous avez fait pour préparer cette étude
des crédits.
Je veux commencer, M. le Président, avec
une question pour le ministre sur comment il a été pris du court par le manque
d'électricité au Québec, quand c'était bien connu, depuis 2016, qu'il faut
augmenter notre production d'énergies renouvelables. Et, quand même, quand le
gouvernement a pris le pouvoir en 2018, ils sont arrivés avec un plan pour
écouler nos surplus énergétiques et, en même temps, ils ont mis un frein sur
des projets d'énergies renouvelables au Québec, finalement, après réflexion, et
allés de l'avant avec le projet d'Apuiat, qui était pas mal avancé par le
gouvernement précédent. Puis, après ça, M. le Président, on voit que le
gouvernement a signé une entente avec New York pour accorder une grosse portion
de nos surplus pour fournir de l'électricité propre à New York. Puis, après ça,
on arrive avec pas mal le premier plan de Mme Brochu, d'Hydro-Québec, vers
comment on peut répondre à nos propres besoins pour la transition énergétique,
et, quand même, après ça, le plan d'action de M. Sabia, d'Hydro-Québec.
Mais, en ce temps-ci, le ministre a aussi
allé un petit peu partout pour vendre notre électricité propre, puis on arrive
avec une situation où il a dit, dans les médias, qu'il était pris de court par
le manque d'électricité quand même. C'était écrit dans le rapport de Dunsky, et
quand même indiqué par le gouvernement, qu'il faut avoir beaucoup d'énergies
pour notre transition énergétique. Alors, M. le ministre, peut-être vous pouvez
commencer en... juste clarifier vos propos sur comment vous avez été pris au
court par notre situation présente, sur un manque d'électricité qui... et un
surplus qui va évaporer en deux ans.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : Alors, merci.
Bonjour, M. le Président, bonjour à mes quatre collègues du gouvernement, et
bonjour aux députés. Heureux d'être ici pour 1 h 30 min ensemble.
Après ça, on aura Hydro-Québec, qui va suivre après, donc 3 h 30 min
sur l'énergie. Alors, écoutez, pour commencer, d'entrée de jeu, comme je disais,
hier, à votre collègue, je...
15 h (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...le ministre
de l'Économie qui a été le plus privilégié dans l'histoire du Québec parce que
nous avons plus de projets qui n'a jamais été même conçus.
Je rappelais au groupe qui était ici,
hier, dans une autre session, que, pendant que vous étiez au gouvernement,
pendant les 15 ans, il y a eu un projet en haut de 50 mégawatts. Donc,
forcément, la demande industrielle qui était planifiée sous votre gouvernement
et par Hydro-Québec ne tenait pas compte de projets ambitieux, de projets que
nous avons présentement.
Moi, j'étais ministre de l'Économie dans
le mandat précédent et je me rappelle les premières discussions que nous avions
eues avec Hydro-Québec pour montrer quels seraient les projets potentiels qu'on
pourrait avoir au niveau industriel. Le nombre de mégawatts requis était
clairement au deçà de ce qu'Hydro-Québec avait planifié comme demande
industrielle.
Donc, oui, je vous l'accorde, il y avait
une «disconnect» entre la prévision industrielle d'Hydro-Québec et celle du
ministre de l'Économie, qui est un ministre jovialiste, il faut l'entendre,
mais, quand même, qui a eu un... il a eu un certain succès de par le fait que
nous avons un bel environnement pour attirer des projets.
Donc, oui, on est de court aujourd'hui, et
oui, il manque des mégawatts. La raison pourquoi? M. Sabia est arrivé avec un
plan très ambitieux pour augmenter la puissance de 9 000 mégawatts et d'augmenter
l'énergie de 65 térawatts d'ici 2035, avec 200 térawattheures d'ici 2050 pour
décarboner, alors qu'à l'époque, chez Hydro-Québec, et sous votre gouvernement,
on parlait de 100 térawatts.
Donc, oui, il y a eu un changement
drastique depuis quatre ans, et on va adresser ces enjeux-là du mieux qu'on
peut avec Hydro-Québec pour pouvoir séquencer les projets porteurs pour l'économie
du Québec avec l'ajout d'énergie renouvelable d'ici ce temps-là.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Et je veux... reviens rapidement sur... Je sais que ce n'est pas
toujours... je ne sais pas si «facile», c'est le mot, M. le Président, mais il
y a une réalité que le gouvernement doit travailler avec Hydro-Québec. Puis on
a vu, autour de le projet de loi n° 2, cette question sur qui va accorder des
projets parce qu'il y a trop qui rentre. Puis Hydro-Québec a eu des craintes
puis ils ont demandé : Est-ce qu'on peut avoir le pouvoir de dire non?
Mais, finalement, c'est le gouvernement qui a pris ce pouvoir-là. Est-ce qu'Hydro-Québec,
M. le ministre, a demandé clairement qu'eux autres gardent le pouvoir de
décider des projets pour le Québec et ça ne quitte pas dans... leurs mains pour
aller dans les mains de le ministre de l'Économie et l'Énergie?
M. Fitzgibbon : M. le
Président, c'est l'inverse qui est arrivé. Dans les semaines qui ont suivi ma
nomination comme ministre de l'Énergie, j'ai reçu un appel de la directrice
générale d'Hydro-Québec, qui nous a demandé de préparer le projet de loi numéro
deux, projet de loi qui enlèverait l'obligation d'Hydro-Québec de connecter les
projets en haut de cinq mégawatts parce qu'ils réalisaient qu'il n'y avait pas
de mégawatt de disponible pour tous les projets. Donc, c'est à la demande d'Hydro-Québec
spécifiquement que le gouvernement a maintenant la responsabilité, avec
Hydro-Québec, évidemment, de dire oui ou non à des projets qui sont industriels
en haut de cinq mégawatts.
M. Kelley : Alors, encore, M.
le ministre, parce que le journaliste Thomas Gerbet de Radio-Canada a sorti un
tweet juste avant qu'on a rentré ici, où lui, il dit qu'Hydro-Québec a demandé
d'avoir le pouvoir eux-mêmes de décider, pas le gouvernement, puis, finalement,
le gouvernement s'est trouvé avec ce pouvoir-là. Alors, c'est vous qui a décidé
finalement que c'est mieux d'avoir le pouvoir de décider de qui va être
branché? Je veux juste avoir une réponse claire, parce que la citation d'Hydro-Québec
était pas mal claire, que ça a été une décision du gouvernement d'enlever ces
pouvoirs-là.
M. Fitzgibbon : Je vais être
cohérent, c'est faux. Je n'ai jamais demandé à Hydro-Québec d'avoir le pouvoir
de dire non. C'est Hydro-Québec qui a appelé le gouvernement... le ministère...
le ministre de l'Économie... le ministre de l'Énergie pour dire : Vous
devrez décider, nous n'avons pas les mégawatts. Hydro-Québec, de toute façon, n'a
pas l'information pour décider si c'est oui ou c'est non. Ils n'ont pas l'information,
Hydro-Québec... des gens techniques qui peuvent savoir si un projet peut être
connecté, oui ou non. C'est technique. Tous les bénéfices corollaires à un
projet, Hydro-Québec n'a pas cette information, donc ne pourrait jamais décider
d'eux-mêmes. Donc, forcément, Hydro-Québec a demandé au gouvernement de
décider.
M. Kelley : Alors,
présentement qu'il y a un projet qui arrive... les portes du Québec, est-ce que
c'est... C'est vous qui décide, et pas Hydro-Québec, si on va se connecter à ce
projet, c'est... c'est bien écrit dans le projet de loi. Alors, ce pouvoir-là
était... Selon vous, c'est Hydro-Québec qui a demandé que c'est le gouvernement
qui décide? Juste d'être encore très, très...
M. Kelley : ...là-dessus.
M. Fitzgibbon : Excusez, j'ai
mal compris.
M. Kelley : C'est vous qui...
c'est Hydro-Québec, selon vous, qui a demandé que c'est le gouvernement qui
décide quel projet doit aller de l'avant?
M. Fitzgibbon : Absolument.
M. Kelley : O.K. Je veux...
reviens, M. le ministre, sur notre débat au départ, qu'il y a présentement une
situation, on a un manque d'énergie. Puis on sait que, pour la suite des
choses, vous avez annoncé des projets, la filière de batterie, c'est fait,
c'est annoncé. Mais c'est quoi, la suite des choses? Puis on sait que, dans
l'est de Québec, on a deux industries, des producteurs d'aluminium puis aussi,
bien, tous des producteurs d'acier. Puis on veut que ces entreprises...
produire des produits verts. Mais ça va prendre beaucoup, beaucoup d'énergie.
Mais est-ce que c'est possible d'accomplir ces projets ambitieux de nos
entreprises du Québec sans avoir renouvelé l'entente avec Chirchill Falls?
M. Fitzgibbon : Bon, il y a
plusieurs parties de votre question, on va essayer d'y aller par étapes, si
j'en manque, vous me reviendrez, je m'en excuse. La première, c'est que :
Est-ce que la filière batteries va impacter d'autres filières stratégiques? Je
pense que c'est ça qui est la question, et la... J'ai raison?
M. Kelley : Je veux préciser,
on sait que ça arrive. Puis l'énergie était... était accordée à ces projets-là,
c'est plus maintenant pour la suite des choses, pour les projets, dans la...
comme j'ai dit, que...
• (15 h 10) •
M. Fitzgibbon : Alors, ce que
je disais, c'est que... juste pour mettre en contexte, le projet de loi numéro
deux a été adopté. Il y a eu un lot d'accordé, 956 mégawatts, et
seulement... bien, seulement, 596 mégawatts ont été affectés pour la
filière batteries... le mettre dans le contexte, là, 596 mégawatts, il y a
45 000 mégawatts au
Québec de puissance. Ça fait qu'on parle... on parle relativement parlant,
relativement petit. Il y avait eu des projets accordés par Hydro-Québec à la
filière batterie avant le p.l. 2, qui avaient été décidés par Hydro-Québec,
parce qu'il était obligé de connecter les projets.
Maintenant, la question, c'est :
Est-ce que, dans le futur, on va faire d'autres projets que de la filière
batterie? La réponse, c'est oui. D'ailleurs, hier, on m'a posé la question,
puis j'ai dit : On est rendus à 16 milliards d'investissements dans
les batteries. J'aimerais me rendre à 20, 25 peut-être, mais on n'ira pas à 30,
40, 50, même si on pouvait le faire, parce que, si on allait trop dans les
batteries, il pourrait y avoir effectivement un problème de pénurie de
mégawatts pour d'autres projets qui seraient importants pour le Québec. Alors,
je suis d'accord qu'il faut diversifier. Je ne regrette pas ce qu'on a fait. Au
contraire, c'est une fierté d'avoir fait ça, parce que ça n'a jamais été fait
dans l'histoire du Québec.
Maintenant, il y a l'aluminium, il va y
avoir l'aérospatial, on ne parle pas beaucoup, il va y avoir peut-être l'acier
vert, qu'on ne fait pas présentement, qui serait nouveau. Il y a effectivement
des filières importantes. Et, dans les critères qu'on accorde... parce
qu'Hydro-Québec ne peut pas faire cette décision-là, les critères qu'Hydro...
que le ministère, mon collègue à ma gauche... et dirige cet effort-là. On
regarde si le projet va créer de la richesse pour le Québec, si le projet va
faire de la décarbonation. L'aluminium vert, évidemment, ça décarbone. On veut
ça. L'acier vert, si on en fait un jour, ça va être encore... comme Northvolt,
pour les cellules, ça va décarboner l'ensemble de la planète, donc. Et si c'est
socialement acceptable, et les régions, votre point sur les régions, il faut garder
en tête qu'on ne veut pas allouer tous les mégawatts dans une région
particulière. On veut diversifier.
M. Kelley : Puis je reviens.
Est-ce que l'entente... le renouvellement de l'entente avec Churchill Falls est
extrêmement important pour toutes ces industries que vous venez de mentionner?
Est-ce que de s'assurer un juste prix pour le Québec est primordial pour
s'assurer que… pour ces types des industries qui sont énergivores, on le sait.
Est-ce qu'on a besoin de cette énergie de Churchill Falls puis un
renouvellement de l'Entente, peut-être plus rapidement que l'échéancier devant
nous présentement?
M. Fitzgibbon : L'échéancier
devant nous nous est très... est très audacieux, parce que nous avons des
discussions avec Churchill Fals, des discussions qui vont rester pour des fins
ici très générales, évidemment. Churchill Falls, c'est... 5000 mégawatts
sur 45 000. Donc, on parle un peu plus de 10 %. C'est très important de
maintenir Churchill après 2041. Le plan B, il y a un plan B, hein, on peut
faire d'autres ouvrages hydroélectriques, on peut faire plus d'éoliennes. Mais
c'est clair que l'intention du gouvernement, si c'est raisonnable, nous voulons
étendre ou extensionner plutôt le contrat de Churchill et même peut-être
développer d'autres ouvrages à Terre-Neuve.
M. Kelley : Puis j'imagine,
si jamais Terre-Neuve décide qu'on va arrêter de vendre notre hydroélectricité
au Québec, c'est un risque pour notre économie, c'est clair et net. Je sais que
c'est... probablement, ça ne va pas arriver, mais quand même, c'est... c'est
une source d'énergie renouvelable hyperimportante pour nous.
M. Fitzgibbon : Absolument.
M. Kelley : Puis
présentement, les négociations, est-ce que vous... voulez... donnez-nous un
petit peu plus d'information? Sur le côté politique, est-ce que les choses
avancent? Je pense que le premier ministre est allé voir un match de hockey
avec le premier ministre de Terre-Neuve...
M. Kelley : Mais, à part des
discussions, on est où présentement dans nos négociations avec Terre-Neuve?
M. Fitzgibbon : Il y a
beaucoup de discussions qui vont très bien, autant au niveau politique qu'au
niveau administratif. À ce moment-ci, je vais rester à ces commentaires-là.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis une autre chose, M. le ministre. Je reviens encore un petit peu sur le
fait qu'on a écoulé nos surplus et sur l'entente, M. le Président, avec New
York. Oui, je sais que c'est une bonne entente, parce qu'il y a des retombées
économiques pour le Québec qui sont intéressantes pour les coffres de l'État.
Oui. Mais, en même temps, est-ce que c'était le meilleur planning, du côté du
gouvernement, de signer une entente, accorder une grosse partie de nos surplus,
quand nous n'avons pas nécessairement fait toute la planification nécessaire
pour s'assurer qu'on a toute l'énergie nécessaire pour décarboniser notre
économie et notre société?
M. Fitzgibbon : M. le
Président, c'est sûr que la réponse facile, c'est de dire : Non, on
n'aurait pas dû faire New York, parce qu'on aurait eu 10 térawatts de
plus. Je ne dirai pas ça, parce que je n'étais pas là à l'époque quand ça a été
fait, Hydro-Québec a fait le travail d'analyse. Je vous dirais que le bénéfice
d'avoir le contrat de New York, c'est d'avoir un réseau de transmission, de
transport d'électricité qui va être homogène entre nos voisins du Sud et
éventuellement peut-être les voisins de l'Est. Donc, je pense qu'il est
important, quand on regarde ce qui se passe en Europe... Un des problèmes de
l'Europe, justement, c'est qu'il n'y a pas d'interconnexion énergétique. Donc,
le réseau qu'on va bâtir avec New York et avec Boston éventuellement va
permettre d'avoir un échange d'électrons, parce qu'on sait que les pointes au
Québec ne sont pas les mêmes que les pointes à New York. Donc, sur cette
base-là, je pense que c'est un avantage pour le Québec. Par contre, il est vrai
de dire que les électrons verts pourraient être utilisés ici pour des projets, alors
les projets pourraient se faire aux États-Unis peut-être avec nos électrons.
C'est un peu paradoxal, mais le côté positif, c'est qu'on a un réseau homogène.
M. Kelley : Concernant ces
interconnexions, M. le ministre, est-ce qu'il y a un certain risque... Quand on
voit qu'est-ce qui se passe présentement dans l'est des États-Unis, des projets
des éoliennes en mer, c'est énorme, et eux autres ont des mégaplans aussi de
bâtir... plus en plus d'énergies renouvelables, puis nous sommes en train de
bâtir aussi notre propre réseau avec plus d'énergies renouvelables. Mais est-ce
qu'il y a quand même un risque, avec toutes ces interconnexions-là, que ça peut
affecter quand même le prix de nos tarifs? Est-ce que c'est quelque chose que
vous avez analysé, cette réalité qu'on a un système bien interconnecté et
comment ça peut avoir un impact sur notre économie et le développement, la
suite des choses, plutôt, au Québec?
M. Fitzgibbon : Bien...
Encore, il y a différents morceaux dans votre question, là. La question,
c'est : Est-ce que... Qu'est-ce qui va se passer aux États-Unis avec les
offshores? On a parlé des offshores, parce qu'il y a beaucoup de turbulences
sur le bénéfice économique des offshores, considérant le prix, qui est excessivement
élevé, quand je regarde ce qui se passe en Suède et en Norvège. Alors, je ne
peux pas répondre à cette question-là, parce que, nous, on n'a pas analysé
présentement les éoliens, puis tantôt M. Sabia va être ici, vous pourriez lui
poser la question. Les éoliens qu'on considère sont des éoliens onshore. On
connaît le prix relativement bien, hein. On a eu des appels d'offres, on a eu
les prix récents, qui sont entre 0,06 $ et 0,07 $, dépendant où on est, avec ou
sans transport. Donc, on est dans une norme qui est raisonnable par rapport à
nos coûts moyens.
Maintenant, l'interconnexion. Encore une
fois, l'avantage de l'interconnexion, c'est pour la puissance, parce qu'un des
problèmes qu'on a au Québec, c'est que la gestion de la demande à la puissance
devient problématique, et, si on fait un graphe facile, on alloue le mégawatt
par rapport à la puissance. Donc, quand on est en bas de la puissance, bien, on
a des mégawatts qui ne servent pas. Donc, la théorie, c'est-à-dire, si on peut
exporter quand on est dans le «trough», dans le bas, puis qu'on importe quand
on est en demande, bien, on peut neutraliser puis avoir plus de projets
électriques. Donc, je vais répondre indirectement en disant que l'homogénéité
des transports avec les États-Unis pourrait nous avantager un jour de recevoir
des électrons quand on va être en... de forte demande pour pouvoir allouer plus
de mégawatts.
Au niveau du coût, comme je l'ai dit à
moult reprises, les coûts futurs de production additionnelle vont certainement
être plus élevés que les coûts passés, je pense que c'est assez clair. Donc,
éventuellement, il va y avoir un impact sur les tarifs qui est encore non
identifié, parce que le plan de M. Sabia de 185 milliards va s'étaler sur
le temps, puis, quand on va avoir l'étalement du temps, on pourra voir l'impact
sur les tarifs.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps qu'il reste.
Le Président (M. Ciccone) : Il
reste une minute, M. le député.
M. Kelley : Une minute. J'ai
une question d'une minute. Oh boy! Je surpasse, là. Je vais reporter... le
prochain bloc, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Parfait.
Merci beaucoup, M. le député. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre
du deuxième groupe d'opposition et je reconnais M. le député de
Maurice-Richard. À vous la parole pour un temps de 18 min 3 s
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Peut-être rapidement, pour conclure les conversations qu'on a eues,
M. le ministre, hier sur Northvolt...
M. Bouazzi : ...j'ai bien
compris que vous vous engagiez à nous partager un document qui nous
expliquerait les retours sur investissement sur les 10 prochaines années.
C'est bien ça?
M. Fitzgibbon : Oui, j'avais
dit, c'est qu'on va regarder, les... Ce qu'on a préparé, entre autres, sur le
directeur parlementaire au fédéral, on a copié ces analyses, là. On va... on va
vous... on va soumettre ça à la commission. Je ne sais pas si c'est... si ça
date d'hier, là... la commission, mais on va...
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
je comprends que vous allez déposer un document.
M. Fitzgibbon : On s'est
engagé hier...
Le Président (M. Ciccone) : Vous
vous êtes engagé hier à déposer un document.
M. Fitzgibbon : Oui, oui. On
va respecter...
Le Président (M. Ciccone) : C'est
la même commission. Parfait. Merci.
M. Bouazzi : Parfait. Merci
beaucoup, M. le Président. Vous avez... Vous avez dit à plusieurs reprises que
la connexion qu'on a avec New York va nous permettre d'avoir... parce qu'on n'a
pas la même... le même moment où on a besoin de plus d'électricité,
effectivement, les pics d'énergie. Donc, ça, ça veut dire que, dans les... on
peut inverser le sens de l'électricité sur ces... sur cette connexion-là
n'importe quand?
M. Fitzgibbon : Il y a des
contrats... Le contrat est compliqué. Le contrat a 50 pages. Vous pourrez
demander tantôt à M. Sabia les aboutissements du contrat si vous voulez aller
dans ce détail-là. J'ai lu une fois, mais ça fait longtemps, mais clairement
l'intention était d'exporter l'énergie à des bons taux mais aussi de pouvoir en
importer quand nous étions en demande accrue.
M. Bouazzi : O.K. Dans les
derniers mois, vous avez fait plusieurs annonces sur les différents blocs qui
ont été allumés. Donc, peut-être ma première question sur les blocs de
puissance pour les investissements industriels : À combien de mégawatts
êtes-vous rendu, incluant donc la première tranche de 960 mégawatts qui a
été rendue publique en automne 2023. Avec tout ce que vous avez déjà
approuvé, est-ce qu'on est à 2 000, 2 500 mégawatts?
• (15 h 20) •
M. Fitzgibbon : ...on a...
premièrement, ce qu'on a alloué... Il y a eu un bloc qu'on a alloué. Le p.l.
n° 2 est arrivé à printemps 2023. On a alloué le premier bloc au mois
de juin, juillet. On parle de 956 mégawatts pour... 11 projets.
Maintenant, ce qu'on a aujourd'hui, on a plus de 13 000 mégawatts pour à peu
près 150 projets, et on s'est entendu avec Hydro-Québec pour... Nous, on a
fait une priorisation de ces projets-là. Plusieurs projets vont... vont se
faire dans le temps, pas tous au même moment. Donc, on va regarder avec
Hydro-Québec comment est-ce qu'on peut séquencer ça. Aujourd'hui, on a
146 projets pour 13 600 mégawatts de projets...
M. Bouazzi : Vous voulez dire
de demandes ou de projets autorisés?
M. Fitzgibbon : Non, ça,
c'est la même... Présentement, là, les projets que nous avons, ça va... la
liste va être dynamique, elle change tous les jours, mais, aujourd'hui, là, ou
la semaine passée, là, à peu près 150 projets pour 13 000 mégawatts. Ça,
c'est...
M. Bouazzi : ...étaient
approuvés déjà?
M. Fitzgibbon : Non, non,
c'est sur la liste des projets...
M. Bouazzi : Mais combien? Je
comprends. Donc, dans l'édition du 19 février du Journal de Montréal,
l'article de Sylvain Larocque présentait une liste de projets totalisant de
1 528 mégawatts et... ayant reçu... en voie de recevoir des
approbations requises. Est-ce que c'est dans ces eaux-là que nous sommes ou
pas?
M. Fitzgibbon : Je ne sais
pas d'où ce qui vient... ces chiffres, là, mais il y a deux chiffres
importants. Le premier chiffre, c'est ce qu'on a approuvé dans le lot numéro
un, quand on a fait ça au mois de juin 2013... 2023, je m'excuse, et on avait
11 projets qui ont été acceptés pour 956 mégawatts. Ça, c'est le
premier bloc qui a été approuvé. Depuis, il n'y a eu aucun bloc d'approuvé
autre que les projets en bas de cinq mégawatts ou les projets en haut de cinq
mégawatts sont de nature services essentiels, genre, hôpital, école, et ainsi
de suite. Ce qu'on fait, c'est qu'en haut de cinq mégawatts, même si le
ministère décide, on a déterminé que des projets essentiels étaient prêts à
être approuvés. Donc, je répète, un projet, un lot approuvé de
956 mégawatts industriels. Depuis, il n'y en a eu aucun d'approuvé en haut
de cinq mégawatts. Sur ma liste, aujourd'hui il y en a 146 à
13 636 mégawatts de demandes qu'on doit décider c'est oui, c'est non
ou c'est oui, mais plus tard.
M. Bouazzi : Donc, à part le
900 et quelques mégawatts, à part le 900 et quelques mégawatts, il n'y a pas
des... des demandes qui ont reçu des approbations dont nous ne sommes pas au
courant?
M. Fitzgibbon : Bien, vous
n'êtes probablement pas au courant, bien, moi, je ne suis pas au courant parce
que... Ce qu'on a dit, c'est qu'il y a des côtés résidentiel, commercial puis
ça se fait automatiquement.
M. Bouazzi : Oui, ça, je
comprends.
M. Fitzgibbon : Mais, des projets
industriels, il n'y en a pas eu. En haut de cinq mégawatts, il n'y en a pas eu.
M. Bouazzi : O.K. Ça fait que
les informations de 2 500 mégawatts ne sont pas...
M. Fitzgibbon : Bien, je ne
sais pas, je ne sais pas d'où ça vient, ce n'est pas mes chiffres à moi, en
tout cas.
M. Bouazzi : O.K. Est-ce
que... Dans les projets qui ont été approuvés, est-ce qu'il y a des
approvisionnements additionnels dont Hydro-Québec doit... doit trouver pour
pouvoir y répondre ou on est capable d'y répondre avec tout ce qui existe déjà?
M. Fitzgibbon : Non.
L'entente qu'on a avec Québec, c'est... elle était très claire. Le processus...
M. Fitzgibbon : ...d'allocations.
La première... Le premier goulot d'étranglement, c'est Hydro-Québec. Ils
doivent regarder est-ce que le projet tel que demandé est connectable, oui ou
non, techniquement. Il y a des endroits où il y a le poste de transmission ne
permet pas d'avoir des mégawatts, ça va prendre 5 à 6 ans, donc on dit non
à ce moment-là. Si Hydro-Québec dit : oui, on peut le faire techniquement,
ils vont dire oui à tous les projets. Là, ils s'en viennent au ministère de
l'Économie. Le ministère de l'Économie, avec l'équipe qui est en arrière ici,
on regarde chacun des projets. Puis on a différents critères d'évaluation, on
en a déjà parlé, je pense, acceptabilité sociale, réduction de GES, création de
richesse économique et développement régional. Alors, on regarde tout ça, on
fait une grille d'analyse. Et d'ailleurs, la liste, elle est ici, elle est
prête et on est... on va... la prochaine étape, ça va être de s'asseoir avec
Hydro-Québec pour voir quels sont les projets qu'on doit faire. Jamais un
projet n'est alloué si on n'a pas d'électricité.
M. Bouazzi : O.K., c'est clair.
Actuellement, le projet de... Le plan qui a... qui a été mis sur la table par
Hydro-Québec parle de la création de, en gros, à terme, d'ici 2050, on va
doubler la taille d'Hydro-Québec, donc 200 térawattheures à peu près.
Donc, d'ici 2050, on est en 2024, c'est dans 26 ans. Pour donner un ordre
de grandeur, là, la Romaine, ça a pris 11 ans, c'est
8,5 térawattheures. Donc, en ordre de grandeur Romaine, là, je comprends
qu'il va y avoir d'autres choses, des éoliennes, des économies, toutes sortes
de choses, on parle de l'équivalent de 20 Romaine en ordre de grandeur
Romaine qui sont quatre barrages. Je rappelle, donc, en ordre de grandeur
Romaine, on est rendus dans les 80 barrages équivalents, qu'on a pris
11 ans à faire. Sur une... Sur un chiffre de 1 à 10, 10 étant oui, on va y
arriver, zéro étant on n'a aucune chance, vous le placez où, vous, M. le
ministre, ce plan-là?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, premièrement, je dois avouer, c'est une très bonne question. Parce que
j'ai voyagé pas mal dans le monde depuis un an que je suis ministre de
l'Énergie pour comprendre qu'est-ce qui se passe dans le monde. Je suis allé
à... j'ai fait deux COP, je suis allé en Suède, en Norvège, je suis allé en
France pour voir les gens qui ont fait le plan pluriannuel énergétique.
Première chose, considérant que c'est nouveau qu'on réalise qu'on est en
déséquilibre, ce qui est très important, c'est que le gouvernement présente,
pour la première fois dans l'histoire du gouvernement, un plan intégré des
ressources, on appelle ça le PGIR, plan de gestion intégrée de l'énergie, qui
va tenir en compte qu'est-ce qu'on a besoin pour décarboner, pour être net zéro
en 2050. Il n'y aura peut-être pas juste des barrages, Il va y avoir d'autres
sources énergétiques. Alors, la réponse à la question, c'est qu'on doit arriver
à 10. C'est l'objectif qu'on a tous. Il va y avoir d'autres sources que celles
qu'on connaît actuellement.
M. Bouazzi : Je comprends, M.
le ministre, ce n'est pas moi qui vais vous parler de gestion de risque, etc.
Je veux dire, concrètement, de 0 à 10, 10 étant je suis sûr qu'on va y arriver,
zéro, on n'a aucune chance... Je rappelle encore aux gens qui nous entendent,
c'est l'équivalent de plus de 20 Romaine. On a pris 11 ans à faire
les 8,5 térawattheures de la Romaine, on parle d'en créer
200 térawattheures. Je veux dire, c'est correct de dire : je ne pense
pas qu'on va arriver à 10, là. Vous pensez qu'on est où en termes de risque?
M. Fitzgibbon : Si vous
m'aviez écouté, j'ai dit que pour décarboner, il n'y a pas...
M. Bouazzi : ...10. Je
comprends. Mais aujourd'hui on est à combien?
M. Fitzgibbon : Est-ce que je
peux répondre à la question? Là, ça commence à être compliqué un peu.
M. Bouazzi : Oui, oui, oui.
Allez-y.
M. Fitzgibbon : Alors,
laissez-moi répondre puis je vais... après. Ce que j'ai dit, c'est que pour
décarboner, ce ne sera pas seulement l'hydroélectricité. Parce que, vous avez
raison, 200 térawattheures d'électricité, ça représente probablement 25,
30, 40 barrages. Ça n'arrivera pas. On est d'accord. Conséquemment, il
faut regarder différentes sources énergétiques. Je pense qu'on doit y arriver.
C'est une obligation que nous avons socialement. L'efficience énergétique, dans
le plan de M. Sabia, 2035, on parle de 2 000, 3 000 mégawatts,
2 000 mégawatts de... d'efficience énergétique. Bon. Le
lave-vaisselle à 2 h du matin, c'est un exemple farfelu, mais qui frappe
le point. Alors, il y a plusieurs choses qu'il faut faire pour changer le
comportement. On a parlé aussi des thermopompes dans les maisons avec votre
collègue, on a parlé... Il y a des technologies qui existent pour consommer
moins d'électricité. Il y a d'autres sources énergétiques et d'énergie
renouvelable, solaire, éolien, des barrages, oui. Puis, si on fait...
Churchill, d'autres ouvrages, alors la bioénergie, l'hydrogène. L'hydrogène, ce
n'est pas une source énergétique mais c'est une conversion. Parce qu'on ne peut
pas tout électrifier.
M. Bouazzi : M. le ministre,
hier, vous avez dit que vous aviez refusé, dans les projets qui vous avaient
été proposés, des projets qui demandaient de l'électricité d'industries locales
pour décarboner leurs processus. Et, par ailleurs, vous avez autorisé toutes
sortes de blocs d'électricité qui ont été dédiés à des multinationales qui
n'étaient pas déjà sur le territoire. Est-ce que vous pensez que ça augmente le
risque de réussir cette transition ou pas?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, premièrement, encore une fois, merci d'amener le sujet. La filière
batterie, je pense qu'on est privilégiés, comme Québécois, d'avoir cette
filière-là...
M. Fitzgibbon : ...penser
qu'on aurait pu faire nous-mêmes des capteurs, des anodes ou des cellules est
complètement farfelu et utopique. Donc, on avait besoin et on a encore besoin
d'étrangers qui vont nous aider, Rio Tinto, avec ce qu'ils font au Saguenay.
Alors, moi, je pense qu'un n'empêche pas l'autre, et, clairement, nous devons
supporter les entreprises locales qui vont se décarboner. Hier, on a eu la
question, puis on va tous les faire, en temps et lieu, mais pas demain matin.
M. Bouazzi : Si je comprends,
M. le ministre, vous avez dit vous-même, hier, que Northvolt n'allait pas
diminuer nos GES directement, donc on s'entend que ça ne va pas augmenter les
plans de réussite de décarbonation du Québec. Dans le plan d'Hydro-Québec, qui
a le mérite d'être sur la table, parce que c'est le seul plan, vraiment, que
nous avons, sur lequel on peut communiquer un certain nombre de risques associés
pour la réussite, vous avez parlé des thermopompes, par exemple. Est-ce que
vous pensez que... Depuis 2018, donc depuis que votre gouvernement est au
pouvoir, on continue à pouvoir construire toutes sortes de bâtiments sans,
justement, mettre de thermopompes, en mettant ce que vous avez qualifié de
grille-pain, probablement, à juste titre. Est-ce que vous pensez que ça aide,
ça aussi, à atteindre la carboneutralité et les objectifs d'Hydro-Québec?
M. Fitzgibbon : Oui, bien, je
pense que le plan présenté par Hydro-Québec, en décembre 2023, référait à
3 500 mégawatts d'efficience énergétique, qui vont venir de toutes sortes
de technologies, donc remplacer les grille-pains par les thermopompes. Ça peut
être les réseaux de chaleur, qu'on va regarder aussi avec Énergir. Alors, oui,
clairement, il y a beaucoup qui est disponible, et il va falloir le faire. En
2018, on ne parlait pas de ça. En 2018, il y avait un... enfin, il y avait...
de 2000 à 2020, il y a eu un projet en haut de 50 mégawatts, donc on ne parlait
même pas de problématique. Il y avait des surplus, il y avait de l'eau dans les
turbines, les piscines étaient pleines. Ce phénomène-là, c'est un phénomène qui
est récent, et phénomène qui frappe le monde entier.
• (15 h 30) •
M. Bouazzi : Je comprends, M.
le ministre, qu'en 2018 vous ne parliez pas de transition énergétique,
effectivement. Nous, malheureusement, on était les seuls à en parler. Et puis
ça fait quand même six ans qu'il serait temps de changer le code du bâtiment pour
interdire des passoires énergétiques et avoir de l'efficacité dans les systèmes
de chauffage. Est-ce que vous vous engagez, au moins, à faire ça dans les plus
brefs délais?
M. Fitzgibbon : Clairement,
mon collègue le ministre de l'Environnement est convaincu, comme nous, comme
vous, comme moi, qu'il va falloir donner des incitatifs, soit réglementaires,
soit financiers, pour que les comportements changent, absolument. Est-ce que ça
va être fait demain, après-demain? Je ne peux pas vous le dire. Thermopompes,
réseaux de chaleur, il y a un paquet de nouvelles technologies... bien,
thermopompes, ce n'est pas nouveau, là... il y a un paquet de technologies qui
sont disponibles, qui, jusqu'à récemment, n'étaient pas à l'agenda, parce qu'il
n'y avait pas de besoins réels. Là, on est forcés d'adopter ces nouvelles
solutions là.
M. Bouazzi : Nous, on est
persuadés qu'il fallait le faire il y a six ans, on s'entend, là, mais le plus
tôt est le mieux. Le... Parlons de TES Canada, M. le ministre. Vous avez
déclaré que TES Canada va être utilisé à 100 % pour décarboner le Québec,
qu'il y a toutes sortes de chiffres, que vous avez sortis. Il y a des
recherches qui sont sorties pour dire que le coût, justement, du gaz qui
sortirait de cette compagnie, il serait entre 40 $ et 90 $ par
gigajoule. Sachant qu'aujourd'hui, le gaz fossile est entre 3 $ et
7 $, et le renouvelable est entre 20 $ et 25 $, sur quelle base
économique vous avez pensé que c'était un bon projet économique?
M. Fitzgibbon : Premièrement,
je vous recommanderais de faire attention à ce que vous lisez, parce qu'il n'y
a personne... personne ne connaît la dynamique économique, parce que c'est un
projet privé, premièrement. Deuxièmement, ce projet-là, c'est un projet de
4 milliards de dollars, privé, aucun argent du gouvernement. Le
projet, ultimement, va produire 60 000 tonnes d'hydrogène. Le deux tiers
va servir avec du gaz de synthèse, parce qu'ils vont prendre du CO₂ biogénique,
d'une compagnie que je ne nommerai pas, qu'ils vont amalgamer ça avec
l'hydrogène pour faire du gaz de synthèse, qui va rentrer dans le réseau
d'Énergir. Donc, on permet à Énergir de respecter 20 % à 25 % de leur
ambition de 2030. Ça, c'est de la décarbonation... puis je n'ai pas fini...
décarbonation pure. Deuxièmement, ils vont prendre 20 000 tonnes
d'hydrogène pour alimenter du transport lourd, qui ne peut pas être électrifié,
mais qui va être avec de l'hydrogène. Alors, le projet au complet, au complet
est pour décarboner, puis, en plus, c'est de l'argent privé, sans argent du
gouvernement. Alors, merci d'amener le dossier, c'est un dossier extraordinaire
pour le Québec.
M. Bouazzi : À part que vous
privatisez les gisements éoliens, parce que vous leur donnez le droit
d'exploiter du... des gisements éoliens, qui ne seront pas, donc, exploités
pour la collectivité. M. le ministre, vous dites que personne n'est au courant.
J'imagine que vous, vous l'êtes, si vous avez débloqué...
M. Fitzgibbon : Nous...
15 h 30 (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...on ne met
pas d'argent là-dedans.
M. Bouazzi : Donc...
M. Fitzgibbon : Alors par
curiosité, j'ai posé des questions puis je connais la dynamique économique.
M. Bouazzi : ...vous ne
mettez pas d'argent, M. le ministre, mais vous avez débloqué des blocs d'énergie.
Est-ce que vous débloquez des plans d'énergie sans avoir vu le «business case»
associé?
M. Fitzgibbon : Non. Parce
que si le projet ne fonctionne pas comme vous l'espérez, bien, les... vont
redevenir disponibles. Alors, c'est un projet magique parce que nous permettons
à 4 milliards d'investissements de générer 60 000 tonnes d'hydrogène
qui vont être utilisées pour décarboner. Des projets de même, j'en prendrais un
par semaine. Et si jamais le projet n'est pas finançable, parce que, selon vos
dires économiques... parce que vous dites qu'il n'est pas finançable parce qu'il
n'est pas économique, bien, il ne le sera pas, auquel cas, l'énergie est
disponible.
M. Bouazzi : ...effectivement
magique, M. le ministre. Actuellement, le GNR, qui coûte quatre fois moins, ne
trouve pas d'acheteur. On est en train de nous dire que c'est un bon projet, et
nous avons quand même décidé de privatiser les gisements éoliens sans avoir
fait aucun appel d'offres. Vous savez, tous les problèmes que ça pose de mettre
des éoliennes dans le coin là-bas, il y a toutes sortes de... de problèmes
associés à ça. Est-ce que vous considérez, la dernière fois, je vous ai posé la
question, qu'avec le projet de loi actuel, avec... étant donné que c'est de l'autoproduction
qu'un territoire de 200 kilomètres à la ronde n'est pas adjacent à la
compagnie? Est-ce que vous pouvez nous dire aujourd'hui que vous allez, en
fait, changer le mot «adjacent» pour un autre dans le projet de loi pour rendre
ce projet-là légal.
M. Fitzgibbon : ...de dire qu'on
va privatiser le puits éolien, c'est de la démagogie. Le vent, là, il passe,
là, à l'éolienne... de l'autre bord. Le vent, on ne l'approprie pas à ça.
Alors, ce que vous dites, mes excuses, ça n'a pas de sens. Alors, c'est un
projet qui ne privatise pas les puits éoliens.
Deuxièmement, c'est un projet où les
mâts... Il va y avoir de 100 à 144 mâts, dépendant du nombre de mégawatts
par mât, parce qu'on sait qu'il y a différentes technologies, entre cinq et
sept mégawatts. C'est des terrains privés qui donc testent, travaillent avec
des propriétaires terriens, agriculteurs ou non, signent des contrats pour
utiliser une parcelle du terrain. Et il y aura un BAPE qui va être fait, c'est
une bonne nouvelle. La CPTAQ va devoir aussi autoriser l'utilisation sur ses
terres agricoles de ça. Alors, il y a tout un processus qui va faire en sorte
que si la compagnie conclut, ça va être un excellent projet.
M. Bouazzi : Oui, effectivement.
C'est comme... Vous me... C'est comme si on disait : Si on bloque de l'eau,
ne vous inquiétez pas, il y a de l'eau qui passe. Les gisements éoliens, ils ne
sont pas infinis. Et là où on met du privé, il n'y aura pas de public. M. le
ministre, je suis vraiment inquiet, je devrais dire, de vouloir... de devoir
vous informer que les gisements... ne sont pas infinis. Il y a toutes sortes de
cartes d'éoliennes où il y a des gisements. Et effectivement quand on met du
privé, on ne met pas de public derrière une éolienne privée.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant.
M. Bouazzi : J'ai du mal à
croire que vous ayez affirmé une affirmation comme celle-là, M. le ministre.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je retourne maintenant la parole à un membre de l'opposition
officielle. M. le député de Jacques-Cartier, vous avez 18 minutes, 32 secondes.
On a... votre temps.
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le Président. M. le ministre, je veux poursuivre la discussion que vous avez
eue avec mon collègue concernant les projets qui ont été approuvés et des
projets qui n'étaient pas approuvés. Je comprends qu'il y ait des limites. On n'a
pas l'énergie pour tout le monde. Vous avez reçu beaucoup de demandes, et ça
change chaque jour. Mais une question : Est-ce que vous avez une idée...
Est-ce qu'il y a une région où plus de demandes ont été refusées ou est-ce que
c'est un petit peu égal partout... égaux partout que chaque région a eu
plusieurs projets refusés? Est-ce que vous avez une idée?
M. Fitzgibbon : C'est une
très bonne question, parce qu'on n'a pas encore toutes les réponses
malheureusement, et on travaille très fort avec Hydro-Québec pour avoir cette
transparence-là. Parce qu'effectivement, comme j'ai dit tantôt à votre
collègue, le premier élément, c'est qu'on regarde au niveau énergie, au niveau
technique... au niveau technique, si on peut connecter ou non. Alors, dans bien
des cas, dans un poste particulier, on va se faire dire : Il n'y a plus rien
qui passe, on en a pour cinq ans. Alors, dans ce cas-là, on va dire à quelqu'un
dans le territoire «non» pendant cinq ans. On ne connaît pas encore la
granularité du réseau au complet, parce qu'il y a... il y a deux enjeux. Il y
a... Bien, trois enjeux. Il y a enjeu de puissance. Il y a des places où il y a
trop de puissance en hiver. Alors, à moins qu'il y ait de l'intermittence ou à
moins qu'il y ait du solaire, ceux qui veulent beaucoup de solaire, ou des
batteries, on ne peut pas le faire, mais ça, ça peut se régler.
L'autre enjeu, c'est le poste de
transmission. Il y a des postes qui sont complets, puis un poste aujourd'hui,
au Québec, ça prend plusieurs années... ligne de transmission. Il y a des
places où... en Gaspésie, par exemple, beaucoup de vent, hein? Il y a des
gisements de vent intéressants qu'on pourrait utiliser. On ne peut pas le faire
pour l'instant. Il faut qu'il y ait une ligne qui soit construite. On a vu l'article
dans La Presse il y a quelques semaines. Donc, c'est complexe parce qu'effectivement...
Alors, c'est pour ça qu'avec mon... mon sous-ministre ici, la liste que nous
avons des 13 000 mégawatts, on les a priorisés et on va voir... au
Québec lesquels peuvent être faits. Peut-être que le projet numéro un en termes
de retombées économiques...
M. Fitzgibbon : ...GES ne peut
pas être faite parce qu'il est techniquement impossible, mais il va être fait
dans quatre ans, parfait, on va le dire, ou d'autres projets, le numéro six, on
peut le faire aujourd'hui, on va le faire. Alors, c'est complexe et je pense
que la pression qu'on va avoir, et Hydro-Québec, très prochainement, va
requérir qu'on explique, de façon transparence, à la population, quels sont les
endroits où on peut le faire et, sinon, combien de temps ça prend? Je pense
qu'il va falloir aller là.
M. Kelley : Parfait. Bien, je
pense qu'on a une question pour Hydro-Québec un petit peu plus tard, mais,
quand même, merci, M. le ministre, pour les réponses. Parce que, quand même, si
on prend l'exemple de la Gaspésie, comme... quand même, mais je sais qu'aussi,
dans l'Abitibi, il y a des problèmes présentement parce qu'il y a un manque...
un manque d'énergie, entre guillemets, que beaucoup de monde peuvent
dire : Bien, ça, c'est surprenant parce que la Baie James, c'est juste à
côté, mais c'est une question de réseau. Alors, quand même, dans la grille
d'analyse aussi, c'est... qu'est-ce qu'on dit aux entrepreneurs de l'Abitibi?
Comment on va s'assurer que le développement de le... réseau, pas nécessairement
les grosses lignes de transmission, mais aussi des réseaux plus local qui sont
aussi priorisés à un même rythme, un petit peu... On ne veut pas qu'une région
est délaissée à l'autre. Et je sais que c'est tout un défi, mais c'est quoi vos
pensées concernant ça? Parce que, pour la suite des choses, des projets de
l'avenir, c'est sûr qu'on ne peut pas mettre tout dans le coin de la Bécancour,
il faut regarder ailleurs aussi pour les autres projets.
• (15 h 40) •
M. Fitzgibbon : On va
regarder Terrebonne, entre autres, là. Non, mais, farce à part, j'ai eu une
discussion avec un maire récemment qui va faire le point que vous mentionnez.
Le maire me disait... je ne dirai pas quelle ville, mais me disait : Voici
les projets industriels que j'ai, on aime celui-là, celui-là, celui-là. Alors,
j'ai dit au maire : Après avoir bâti les écoles, après avoir bâti les
hôpitaux.... dans ce cas-là, on va servir la population, on va servir le
commercial essentiel. Le reste, on va vous dire combien de mégawatts qui vous
reste. Et vous savez quoi? Vous allez nous dire lequel projet vous privilégiez
et sur la base que la liste qu'on a, on a le même genre de priorisation, on va
accepter et on va travailler avec les maires pour dire : O.K., vous avez
10 mégawatts, vous voulez ce projet-là, on vous le donne, mais l'autre va
attendre quatre-cinq ans. Dans le monde idéal, on fait ça partout parce qu'on
veut que les régions en bénéficient. On veut que les maires, les élus, les gens
de développement économique puissent contribuer à la sélection.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Dans le même sens, parce que des maires présentent des enjeux souvent avec nous
aussi dans l'opposition, mais une chose que j'ai trouvé intéressante dans les
questions que nous avons posées, dans le même tableau, on a la liste des
projets acceptés et refusés, mais il y a aussi une section qu'on parle des
projets de consultation, comme de l'intérêt public. Puis il y a 27 qui ont été
autorisés, mais 15 qui sont en analyse, puis dans l'intérêt du public, c'est
des hôpitaux, des développements résidentiels puis le transport collectif.
Est-ce que vous avez au minimum une liste où, quand même, combien dans les 15
qui sont en analyse sont des hôpitaux ou des développements résidentiels? Ou
est-ce que vous n'avez pas cette information pour nous?
M. Fitzgibbon : Je n'ai pas
cette liste-là. Puis je regarde David puis je pense qu'on ne l'a pas. Mais je
peux vous rassurer, là, si Hydro-Québec... En bas de 5000 watts, ils sont
obligés de raccorder l'électricité. En haut 50 mégawatts, quand on parle
d'hôpital, d'écoles, ils prennent la décision tous seuls, là. Ils ne viennent
pas nous voir. Donc, ils vont l'accorder. Est-ce qu'ils ont donné des refus à
des projets? Je ne suis pas au courant. Le résidentiel, des fois, des tours à
bureaux, des tours de résidences, peut-être qu'il va y avoir des délais, mais
je pourrais faire un suivi sur votre liste. Je ne l'ai pas avec moi.
M. Kelley : Parfait. Parce
que je pense qu'un projet qui a eu des craintes, c'était l'hôpital de
Vaudreuil, qui n'a pas encore reçu l'approbation d'Hydro-Québec pour l'énergie
nécessaire. C'est possible que ça ait changé depuis la dernière fois que j'ai
parlé avec les citoyens, mais ça, c'est un exemple comme combien de temps ça prend
pour brancher un hôpital? Est-ce que la question, ce n'est pas juste les petits
centres de puissance dans les coins, mais... ou est-ce que c'est une question
des lignes de transmission? Alors, ça, c'est un exemple, c'est... Dans le
4-5-0, on a beaucoup d'enjeux, pas nécessairement sur l'île de Montréal, mais
une question précise sur l'hôpital de Vaudreuil.
M. Fitzgibbon : O.K., bien,
peut-être juste à haut niveau, là, j'ai la liste ici, là, les lots, qu'on a
où... Il y a 48 projets en haut de 50 mégawatts qui ne sont pas des
projets industriels, les résidences commerciales. Et sur les 48, il y en a 20
en analyse, un que le promoteur a refusé, 27 acceptés, puis nous, au ministère,
zéro qui a été refusé. Ça fait qu'on...
M. Kelley : Est-ce que c'est
possible de déposer la liste, M. le ministre?
M. Fitzgibbon : La liste
des... Le tableau, oui, on peut déposer ce tableau-là.
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
je comprends que vous allez déposer le document.
M. Fitzgibbon : Pas au
complet, on ne peut pas... On va vous donner le... Les chiffres que je viens de
dire, on va vous les déposer.
Le Président (M. Ciccone) : Parfait.
Merci.
M. Kelley
:
Maintenant, M. le ministre, je veux parler un petit peu de la... le côté...
M. Kelley : ...adhésion
sociale. Et je veux commencer avec le développement des projets éoliens sur les
terres agricoles. Je sais que dans la consultation que vous avez faite, l'UPA a
déposé un mémoire. Ils ont levé le drapeau qu'il faut être très prudents. On
n'a pas beaucoup de terres qui sont des terres agricoles qu'on peut utiliser.
C'est... Il faut toujours penser à ce côté, ça, de la souveraineté alimentaire
aussi. C'est très important pour le Québec. Alors, vous pensez, sur cette
position que votre collègue a prise, qu'on ne veut pas de développement éolien
sur les terres agricoles. Est-ce que vous pouvez répondu à tout ça? C'est quoi,
votre plan pour s'assurer qu'on peut avoir le «buy-in» de nos agriculteurs,
mais quand même des citoyens en général? C'est sûr qu'il y a des craintes
qui... de plusieurs projets. On voit dans les médias qu'il y a un petit peu de
«pas dans ma cour», mais il faut continuer d'avancer avec ces projets aussi.
Alors, c'est quoi votre approche pour assurer qu'il y a l'acceptabilité sociale
puis une adhésion sociale pour vos projets?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je pense que le premier ministre a été très clair que tout projet
d'énergie renouvelable, peu importe lequel, doit passer un test d'acceptabilité
sociale. Je pense qu'on n'a pas le choix, il faut aller là. Clairement, au
niveau des terres agricoles, le garde-manger du Québec, il faut faire
attention.
Mais je vais parler de TES, parce que TES,
c'est un bon exemple. Il y a beaucoup de bruit sur la ligne présentement. Je
vais parler un peu de ce qui se passe avec TES. TES regarde et discute avec des
promoteurs... ou pas «des promoteurs», de... des propriétaires de terrains
privés. Ils ont besoin, je l'ai dit tantôt, de 100 à 140 emplacements pour
ériger leurs mâts et ultimement l'éolien. Et ils sont rendus avec un nombre
supérieur au nombre minimum parce qu'il va y avoir un BAPE à un moment donné.
Puis durant le BAPE, il pourrait y avoir des éléments qui vont faire en sorte
qu'on pourrait décider que ce n'est pas la bonne place. Mais à date, plus que
ce qui est requis, il y a des promoteurs privés qui signent, qui veulent
participer à ça, les agriculteurs aussi, qui sont à l'aise. Et, en fait, ils
veulent ça parce que ça permet d'avoir une pérennité d'agriculture. Mais à ça,
il faut faire attention aux règlements municipaux. Il y a des maires qui
décident que 40 décibels, là, le chiffre magique, une éolienne ne peut pas
être... Assis sur ton perron avec ton café le matin, si tu entends plus que
40 décibels, ça ne marche pas. Donc, TES a réalisé que ça prend
800 mètres, 600 à 800 mètres où l'éolien doit être plus loin que les
résidences. Alors, TES fait tout en son possible pour avoir des gens qui
veulent offrir leurs terrains, on respecte les enjeux municipaux et il y aura
un BAPE. Et, en fait, je vais plus loin que ça : au niveau de
l'agriculture, comme vous savez probablement, la CPTAQ doit accepter
l'utilisation d'une particule d'un terrain agricole pour pouvoir avoir une
éolienne. Donc, je pense qu'il va... il y a plusieurs mécanismes qui vont faire
en sorte que ce n'est pas le ministre de l'Énergie qui va décider on fait une
éolienne là où là parce qu'effectivement, «pas dans ma cour», c'est important.
Puis il faut trouver une façon que l'adhésion sociale soit la plus... la plus
grande possible.
M. Kelley : Est-ce que, de
temps en temps, M. le ministre, vous êtes un petit peu surpris par la réaction,
des fois, des citoyens? Je prends comme exemple les lignes de transport vers la
Gaspésie. Est-ce que, pour vous, quelqu'un qui veut mettre en place ou aider
Hydro-Québec à mettre en place ce plan ambitieux se dit : Bien, ça prend
plus d'énergie, mais les réactions des citoyens, c'est...
M. Fitzgibbon : ...je le
comprends. Moi, je suis un grand pêcheur, alors je n'aimerais pas ça voir sur
ma rivière, une éolienne à deux pas de mon... ma fosse de saumon, là. Non, je
fais des farces, mais je ne fais pas de farce. Non, je pense qu'il faut
accepter que les gens soient soucieux des lignes de transmission, soient
soucieux de l'éolienne dans sa cour. Je suis parfaitement à l'aise avec ça. Et
je pense que ça demande beaucoup de pédagogie. Mais je pense qu'Hydro-Québec
s'est engagée dans ce sens-là avec les communautés autochtones, avec les
municipalités. Il faut faire du travail. TES Canada fait du travail aussi pour
que les gens soient confortables, qu'ultimement l'énergie qui va être produite
va servir à des fins de... sociales, socialement responsables. Alors, il y a un
travail de pédagogie important. Alors, non, je ne suis pas surpris.
M. Kelley : Et est-ce que
vous avez un rôle dans ce travail de pédagogie envers la population, de mieux
expliquer vos intentions et les intentions d'Hydro-Québec et du gouvernement?
M. Fitzgibbon : Je ne suis
pas la meilleure personne pour convaincre des gens qui sont socialement
soucieux. Et alors il y a des experts qui sont plus crédibles que moi qui vont
le faire. Mais je vais travailler avec eux autres pour donner un peu de munitions
pour avoir le bon discours. Parce qu'en bout de piste, c'est un discours
économique, puis on n'aime pas ça, les gens qui font de l'argent, mais, tu
sais, on veut créer de la richesse collective pour les Québécois. Alors, moi,
je pense que je suis à l'aise avec ça, mais on va laisser à d'autres le soin de
convaincre la population.
M. Kelley : Et j'ai une idée,
M. le Président. Une commission itinérante, tous les députés de toutes les
formations politiques, peut aller sur le terrain consulter avec la population.
C'est quelque chose qu'on réclame depuis des mois. Alors, on peut vous aider,
M. le...
M. Kelley : ...le ministre, si
vous êtes trop occupé, envoyez-nous pour aller parler avec nos citoyens sur
l'avenir énergétique du Québec. Parce que je sais que votre projet de loi
arrive dans les prochaines semaines, mois, mais on est toujours disponibles, M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : ...vous
utiliser pour promouvoir le solaire. Il fait beau aujourd'hui, là. Je suis
surpris qu'il n'y ait pas eu de question de solaire encore. On va vous utiliser
pour ça.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Mais juste de... reviens rapidement sur la question des terres agricoles.
Est-ce que c'est quelque chose qu'on va étudier dans votre projet de loi qui
s'en vient?
M. Fitzgibbon : Excusez-moi,
j'ai manqué le début. Je m'excuse.
M. Kelley : Ce n'est pas...
Les terres agricoles...
M. Fitzgibbon : Mon
sous-ministre me parlait.
M. Kelley : Ce n'est pas
grave. Des terres agricoles, est-ce que c'est quelque chose on va étudier dans
votre projet de loi?
M. Fitzgibbon : Terres
agricoles... Non, pas spécifiquement, mais je pense que, de facto, à cause de
la CPTAQ... Hydro-Québec, «by the way», en passant, c'est ça que M. Bahan me
faisait part, bien, Hydro-Québec fait des consultations présentement avec
différents groupes. Alors, je pense qu'il y a un désir de la part du
gouvernement, de la part d'Hydro-Québec de s'assurer que les projets soient
acceptés, parce qu'en bout de piste c'est pour le bienfait de tout le monde.
Mais, non, il n'y aura rien de spécifique à ma connaissance sur les terres
agricoles, mais, de facto, on va devoir consulter la CPTAQ, l'UPA et les
agriculteurs aussi.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Encore, ça va être intéressant. Puis j'espère qu'on a une approche ouverte,
parce que d'avoir le... d'avoir l'adhésion sociale de nos citoyens, c'est
hyperimportant pour la suite des choses, parce que c'est... c'est énorme, le
plan de M. Sabia, c'est ambitieux. Et je comprends que lui fait une
consultation, mais, encore, je reviens sur le fait que quelque chose qui n'est
pas partisan peut-être peut aider dans le processus, aussi un petit peu le
modèle qui a été fait pour les accommodations raisonnables, Bélanger... ou,
quand même, Bélanger et Campeau, si on parle beaucoup des enjeux, la
souveraineté puis le fédéralisme, là, mais il y a des approches qu'on a prises
dans le passé pour discuter des enjeux importants, où on n'est pas 100 %
d'accord, que peut-être on peut regarder, M. le Président, pour assister le
ministre dans ses... dans la pédagogie puis les devoirs de consulter la
population. Et je sais que le projet de loi va être une autre occasion pour en
discuter, tout ça.
• (15 h 50) •
Je vais passer maintenant, M. le ministre,
à une question... encore, c'est avec d'accorder des projets... puis des défis
que, j'imagine, vous avez vus dans les autres juridictions avec l'arrivée de
l'intelligence artificielle. Ça demande beaucoup, beaucoup d'énergie. Et
plusieurs États présentement, la raison pourquoi il y a un «crunch»
énergétique, c'est parce qu'ils n'ont pas assez d'énergie pour une croissance
d'une industrie qui a besoin beaucoup, beaucoup d'énergie. Je sais qu'on ne
parle pas souvent de ça, de centre des données, oui, mais, en même temps, on va
voir le même «phenomenon» ici, au Québec, que ça va prendre beaucoup d'énergie
pour... l'intelligence artificielle. Alors, qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Fitzgibbon : Bon, c'est
complexe. Alors... le plus rapide possible. Premièrement, vous vous rappelez
qu'on a décidé d'oublier la cryptomonnaie. Ça, on ne parle pas de la même
chose, mais, quand même, c'est relié à ça. Plus de crypto, clairement, ce
n'était pas adéquat. Les centres de données, Hydro-Québec a accordé beaucoup de
mégawatts avant le p.l. deux pour les centres de données, pour des raisons
qu'on comprenait à l'époque, parce que c'était stable comme... comme puissance,
ça se gérait bien dans les surplus hydroélectriques, donc faire des centres de
données, ça avait de l'allure.
Maintenant, on est très parcimonieux. On a
des projets de centres de données sur notre liste de
13 000 mégawatts. Et ce qu'on... ce qu'on détermine, c'est qu'on va
seulement faire ceux qui vont augmenter les puissances de calcul, les
ordinateurs qu'on aura... on a besoin sur le territoire, pour, eux, alimenter
l'IA applicative dans les entreprises. Donc, par exemple, un centre de données
pour aller... pour aller sur le «cloud», faire de la transaction «on line», la
réponse, c'est non. On n'en a pas assez, de mégawatts. Par contre, un centre de
données qui veut avoir un ordinateur de haute puissance sur le site, qui va
approvisionner des compagnies québécoises dans leur application de nouveaux
outils technologiques, on va être très favorables à ça.
M. Kelley : Mais j'imagine, à
ce stade-ci, on n'a pas nécessairement fait une évaluation sur combien
d'énergie ça va prendre parce que ça peut changer. Et, quand même, c'est vrai
avec les «supercomputers», et tout ça, je sais, dans les Cantons-de-l'Est, il y
a des projets intéressants, mais, encore, ça va prendre... ça va prendre de
l'ampleur aussi. Je ne sais pas si nous... si vous avez fait, comme j'ai dit,
des évaluations du... plus spécifiquement, est-ce que ça peut exploser, par
exemple, que soudainement on a besoin beaucoup plus d'énergie pour s'assurer
que toutes les entreprises aient l'accès à l'intelligence artificielle.
M. Fitzgibbon : Je vais
répondre par un exemple. Vous avez entendu le fédéral, la semaine passée,
annoncer le 2 milliards, 3 milliards d'intelligence artificielle. Ma
première réaction quand j'ai entendu ça : Aïe! je veux ça au Québec.
Alors, j'aimerais ça que tout l'investissement soit fait au Québec. Ça, ça va
être impossible, parce que les besoins énergétiques pour le projet du
fédéral... combien de mégawatts? Des milliers de mégawatts. On n'en a pas.
Alors, c'est clair que je n'ai pas la...
M. Fitzgibbon : ...réponse
spécifique des besoins. Mais ce qu'on fait par contre, c'est que, quand on va
allouer les mégawatts, il faut être très parcimonieux et il faut, dans le plan
de production additionnelle d'Hydro-Québec, qui va faire le 9 000 mégawatts et le
100 térawattheures additionnel, ou 200 térawattheures, il va falloir,
à un moment donné, faire des allocations. Je pense qu'il va falloir, on n'aura
pas le choix. Mais à ce moment-ci, on est dans une situation plus de 9-1-1, où
on doit refuser la plupart des centres de données, autres que ceux qui font des
choses ici.
M. Kelley : Parfait. Question
rapide, parce que... minutes qui restent, est-ce que, pour TES Canada... est-ce
qu'un jour... est-ce qu'on va exporter l'hydrogène vert envers Allemagne?
M. Fitzgibbon : Jamais.
M. Kelley : Jamais, ça ne va
jamais arriver?
M. Fitzgibbon : Jamais, c'est
fort. Non, on ne veut pas. Quand j'ai vu le chancelier allemand en août 2022,
qui nous demandait d'exporter l'hydrogène, je lui ai répondu : Non, on va
faire vos Mercedes vertes au Québec, par contre.
M. Kelley : Parfait, on ne
dit jamais en politique, M. le Président, jamais, jamais. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Il
reste 30 secondes.
M. Kelley : Ah! il reste
30 secondes...
Le Président (M. Ciccone) : On
va le reporter, parfait. Merci beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier. Je
suis maintenant prêt à entendre un intervenant du troisième groupe
d'opposition. M. le député de Jean-Talon, vous avez cinq minutes,
52 secondes.
M. Paradis : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour à toutes et à tous. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire combien de projets de production d'électricité privés sont
actuellement considérés par le gouvernement?
M. Fitzgibbon : Non, parce
qu'à ce moment-ci tous les projets, les 13 600 mégawatts, des gens nous
parlent, M. Bahan, moi, au cabinet, on écoute les gens, on leur dit : Bien
là, est-ce que vous pouvez faire du privé sur votre territoire? Parce qu'on ne
peut pas accepter 13 000 mégawatts.
On a accepté 20, 30, 40. Donc, automatiquement, les gens qui veulent travailler
au Québec analysent si c'est possible de faire l'autoproduction sur leur
terrain. Ils le regardent tous, mais, à ce moment-ci, on n'a aucune idée
précise parce qu'on n'a pas encore... on ne s'est pas encore engagés avec ces
compagnies-là pour leur dire : Non, vous n'avez pas vos mégawatts, mais
peut-être... alors.
M. Paradis : Est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il y a des projets privés de production
d'électricité qui visent à revendre ou qui permettraient de revendre de
l'électricité d'une entreprise à une autre entreprise? Et, si oui, combien de
tels projets?
M. Fitzgibbon : C'est illégal
de faire ça présentement.
M. Paradis : Le ministre
confirme qu'il n'y en a aucun sous étude, actuellement?
M. Fitzgibbon : Bien, ça...
moi, je ne suis pas au courant, parce que c'est illégal, je ne regarde pas ce
qui est illégal.
M. Paradis : Très bien.
Est-ce que le ministre peut nous confirmer qu'actuellement... sous étude ou
considéré, s'il y a des projets de production privés d'électricité, où
l'électricité transiterait par des lignes d'Hydro, pour être vendue d'une
entreprise à l'autre?
M. Fitzgibbon : C'est
illégal.
M. Paradis : Très bien.
Est-ce que, dans les projets d'autoproduction, actuellement considérés par le
gouvernement, il y a des projets qui prévoient ou qui permettraient la revente
à Hydro-Québec de surplus de production d'électricité privée?
M. Fitzgibbon : Au désir
d'Hydro-Québec, oui. Par exemple, par exemple, TES Canada, on a accepté de
donner 150 mégawatts de location, intermittents, donc, en janvier, ils
s'effacent. Et on a dit : Hydro-Québec ne vous achètera pas le surplus. Et
guess what? Hydro-Québec est en négociation pour acheter le surplus. Alors, si
Hydro-Québec le décide, ils pourront le faire, sinon, ce n'est pas possible.
M. Paradis : Est-ce que le
gouvernement dispose d'études ou d'analyses qui permet de calculer les coûts-bénéfice
de ces éventuels rachats d'électricité par Hydro-Québec des surplus de
production privée?
M. Fitzgibbon : Parce
qu'Hydro-Québec... d'Hydro-Québec, pas du gouvernement.
M. Paradis : Donc, il n'y a
pas de plan là-dessus.
M. Fitzgibbon : Hydro-Québec
a un plan, Hydro-Québec a des experts qui vont déterminer si c'est avantageux
d'acheter ou pas acheter. On va laisser Hydro-Québec décider.
M. Paradis : Très bien.
Est-ce que... Est-ce que le gouvernement ou Hydro-Québec dispose d'études ou
d'analyses qui démontrent l'impact de l'arrivée de producteurs privés
d'électricité, comme ceux dont on vient de parler, sur le prix que paient les
consommateurs, les clients d'Hydro-Québec? Donc, des études qui démontrent que
ça, ça a un bénéfice pour les clients, généralement, d'Hydro-Québec.
M. Fitzgibbon : Bien, il y a
un bénéfice induit, parce qu'un projet qui n'aurait pas lieu autrement va créer
de la richesse pour les Québécois, donc, oui. Par défaut, si on permet l'autoproduction
sur un terrain privé, forcément les Québécois vont en bénéficier, sinon il n'y
aura pas de projet.
M. Paradis : Est-ce que le
gouvernement dispose d'études ou de données qui permettent de comparer... En
fait, le privé vient dans le secteur de la production d'électricité pour faire
de l'argent. On pourrait dire que cet argent-là, c'est de l'argent aussi, ce
sont des profits, des revenus qu'Hydro-Québec pourrait elle-même collecter, ou
le... qui arriverait donc au gouvernement. Est-ce que le gouvernement...
M. Paradis : ...le
gouvernement dispose globalement d'une étude qui démontre, donc, les
coûts-bénéfices de l'arrivée de tous ces producteurs privés?
M. Fitzgibbon : Non, mais
c'est... ce qui se passe le démontre. Pensez-vous qu'Hydro-Québec bâtit ses
propres éoliennes? Non. Qui les fait? Le privé. C'est le même privé qui va le
faire sur les terrains privés. Alors, de facto... Hydro-Québec a conclu jadis,
on verra le nouveau plan, qu'Hydro-Québec ne peut pas faire d'éolien aussi
efficacement que les compagnies privées. Alors, je pense que la réponse est
dans la question.
M. Paradis : Est-ce que...
Très bien. Ça, c'est le ministre qui nous le dit. Est-ce que le gouvernement ou
Hydro-Québec dispose d'une analyse actuellement d'où est-ce qu'on est rendu
dans la place du privé en production, peut-être en transmission, j'espère que
le ministre va me répondre non, ou dans d'autres secteurs, distribution, donc
la place du privé globalement, de ses coûts et de ses bénéfices, d'où est-ce
qu'on en est aujourd'hui et de ce qu'on veut gagner en élargissant
éventuellement la place du privé? Est-ce qu'il a ça? Est-ce que ça existe?
M. Fitzgibbon : Non, pas
besoin, la réponse est dans la question. Premièrement... Je l'ai dit à
plusieurs reprises, le débat que vous amenez est un faux débat. Premièrement,
au niveau de la distribution hydroélectrique, c'est un monopole par la loi.
Donc, à moins qu'on change la loi, ça va rester un monopole. Deuxièmement, pour
la distribution, c'est un monopole de facto parce qu'il n'y a aucune ligne de
transmission au Québec qui est privée, il n'y en aura pas non plus. La
production existe depuis René Lévesque, même avant ça. René Lévesque est celui
qui a permis l'autoproduction. Votre gouvernement, vous n'étiez pas là, en
1994, a permis de l'autoproduction. Alors, vous avez... vous avez vous-mêmes, à
l'époque... pas vous personnellement, votre gouvernement l'a fait. C'est la
logique même. Hydro-Québec n'a jamais fait d'éolien lui-même parce qu'il se fie
au privé. Boralex ne fait que ça, Energex ne fait que ça. Alors, de facto, vous
posez la question, si c'était si intéressant pour Hydro-Québec, ils l'auraient
fait, l'éolien, ils n'en font pas.
• (16 heures) •
Le Président (M. Ciccone) : Il
vous reste 15 secondes, M. le député.
M. Paradis : Est-ce que j'ai
bien compris que le ministre dit qu'il n'y aurait pas de ligne de transmission
privée?
M. Fitzgibbon : Absolument.
M. Paradis : Donc...
M. Fitzgibbon : J'ai toujours
dit ça, en passant.
M. Paradis : ...est-ce que ça
signifie qu'il n'y aura jamais de projet d'autoproduction où la facilité de
production n'est pas immédiatement adjacente à l'industrie qu'elle vise à...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci...
M. Fitzgibbon : À moins
qu'Hydro-Québec veuille autrement.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Merci, messieurs. Merci beaucoup, M. le député de Jean-Talon. Je retourne
maintenant la parole à... au député de Jacques-Cartier pour un temps alloué de
18 minutes 57 secondes.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Je sais, M. le ministre, dans le dernier budget, le ministre des
Finances a demandé à toutes les sociétés d'État de faire des efforts, d'être
plus efficaces. Je pense qu'hier vous avez discuté un petit peu avec mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys. Mais, selon vous, est-ce que vous avez des
idées de... spécifiques pour Hydro-Québec sur comment eux autres peut être plus
efficaces puis sauver de l'argent pour assister à nos efforts budgétaires pour
se retourner à un équilibre budgétaire?
M. Fitzgibbon : Bien, il y a
eu... il y a eu des discussions entre le ministre des Finances et Hydro-Québec,
M. Sabia, qui comprend très bien l'environnement, étant lui-même un ancien
sous-ministre des Finances au fédéral. Et il faut trouver une façon de donner à
notre ministre des Finances ce qu'il a besoin pour le retour à l'équilibre, en
considérant néanmoins que M. Sabia a un plan de 185 milliards de
déploiement d'ici 2035. Donc, il y a une espèce de... pas un paradoxe, je
dirais, mais il faut faire attention. Oui, il faut être plus efficient, mais,
en même temps, il faut livrer... Je pense, c'est plus important livrer le
9 000 mégawatts de puissance en 2035 que de couper
1 000 personnes pour sauver «whatever». Alors, je pense que... Mais
la réponse, c'est oui. Hydro-Québec est sensible, comme Investissement Québec,
comme... On est au Québec, je pense, tout le monde est sensible et tout le
monde réalise qu'il faut faire un effort.
M. Kelley : Et je sais que
tout le monde doit faire des efforts, mais est-ce que c'est le bon moment de
demander à Hydro-Québec de faire des efforts comme ça quand ils sont en train
de déployer un plan ambitieux comme... qui a été déposé par M. Sabia? C'est
comme... Je pense, des fois, c'est comme : on regarde... Je comprends que
ça doit être fait par tout le monde, mais, en même temps, est-ce que c'est juste
de demander à Hydro-Québec de faire ça?
M. Fitzgibbon : Non, bien,
premièrement, je pense, vous devriez demander la question à M. Sabia tantôt, il
va être ici. Mais, connaissant M. Sabia, vous le connaissez probablement vous
aussi... M. Sabia a présenté son plan ambitieux 2035. S'il a présenté ça puis
on lui a dit : Va plus vite, parce que c'est important de faire ça...
D'autre part, si on lui dit de couper dans le personnel puis il ne peut pas
livrer son plan, je pense qu'il va lever la main, puis il y a des gens qui vont
recevoir un appel. Alors, je pense qu'on est conscients qu'il ne faut pas
mettre en péril l'exécution du plan d'Hydro-Québec, clairement.
M. Kelley : Merci. Et
peut-être j'ai manqué votre réaction, mais on a vu dans le journal, ce matin ou
hier, la question des bonus pour certaines mesures qui sont prises par des gens
qui travaillent à Hydro-Québec. Est-ce que vous étiez à l'aise avec qu'est-ce
que vous avez lu ou est-ce que ça, c'est un exemple où des efficacités peut être
faites par Hydro-Québec...