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(Dix heures douze minutes)
Note de l'éditeur
La commission permanente des affaires sociales s'est réunie
à 10 h 12, sous la présidence de Mme Thérèse
Lavoie-Roux, députée de L'Acadie, présidente de ladite
commission.
Après avoir rappelé le contenu de l'article 286 des
règles de procédure de l'Assemblée nationale, la
présidente a fait part aux membres présents qu'une demande lui
avait été faite de reporter l'audition de la Régie du
logement après la période des affaires courantes à
l'Assemblée nationale, en raison d'une réunion spéciale
des députés de l'aile parlementaire du parti ministériel.
La commission a donc suspendu ses travaux. Des difficultés techniques
indépendantes de notre volonté nous ont empêchés
d'enregistrer les propos tenus durant cette très courte réunion.
Nous nous en excusons.
(Suspension de la séance à 10 h 14)
(Reprise à 16 heures)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous nous réunissons de nouveau non pas pour continuer, mais
simplement pour commencer l'audition qui avait été prévue
de la Régie du logement. Avant de demander à nos invités
de faire leur présentation, je vais simplement constater le quorum qui
est abondant. Nous sommes sept si je sais bien compter. 0e vais nommer les
membres: M. Beaumier (Nicolet), Mme Bélanger (Mégantic-Compton),
MM. Bissonnet (Jeanne-Mance), Blouin (Rousseau), Boucher
(Rivière-du-Loup), Gravel (Limoilou), Lavigne (Beauharnois), Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Leduc (Fabre), Martel (Richelieu), Middlemiss
(Pontiac), Paradis (Brome-Missisquoi), Paré (Shefford), Pratt
(Marie-Victorin), Rochefort (Gouin) et Sirros (Laurier).
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. Blouin (Rousseau) est
remplacé par M. Laplante (Bourassa), M. Lavigne (Beauharnois) par M. Le
May (Gaspé) et M. Rochefort (Gouin) par Mme Lachapelle (Dorion).
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Parfait. Je vais simplement rappeler le mandat de la commission qui est
d'examiner les orientations, les activités et la gestion de la
Régie du logement. Nous allons immédiatement procéder
à l'audition de la Régie du logement. Bonjour, M. le
président; bonjour, mesdames et messieurs.
M. Houde (Jean-Guy): Bonjour, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vais vous nommer pour
l'enregistrement des débats, c'est plus simple. M. Jean-Guy Houde,
président; Me Nicole Archambault, vice-présidente; Me Esther
Malo, secrétaire de la régie; Mme Lucienne Desjardins, directrice
de la planification et de la recherche; M. Jacques Pelletier, responsable de la
conciliation; M. Pierre Veilleux, directeur des opérations
régionales, et M. Benoît de Margerie, directeur des
communications.
M. le président si vous voulez procéder
immédiatement à votre présentation et, après cela,
les membres poseront les questions qu'ils jugent nécessaires.
Régie du logement M. Jean-Guy Houde
M. Houde (Jean-Guy): Merci, Mme la Présidente.
J'ai remis à la secrétaire de la commission des copies de
la présentation que je compte faire, présumant que la
distribution en a été faite. Si vous me le permettez, même
si c'est un peu monotone pour la commission, je vais essayer de m'en tenir au
texte parce qu'on a essayé dans une certaine mesure d'y mettre des
éléments d'information qui pourraient être utiles, du moins
on le verra, pour la discussion.
Je vous remercie de nous écouter, Mme la Présidente, et
ces remerciements s'adressent aussi aux membres de la commission.
Comme chacun le sait, la régie a vu le jour en 1980 à la
suite d'un réaménagement en profondeur des lois concernant le
logement locatif. La Commission des loyers, qui la précédait,
possédait des pouvoirs dans des matières comme la fixation et la
diminution de loyer, la résiliation de bail,
l'éviction et la reprise de possession, ceci dans certains cas
concurremment avec la Cour provinciale, mais non celui de sanctionner les
droits et obligations découlant de liens entre locateurs et locataires,
ce qui est prévu par le Code civil, généralement parlant.
Ce dernier champ de compétence appartenait, dans les limites de sa
juridiction, à la Cour provinciale.
Le livre blanc sur les relations entre locateurs et locataires de 1977
proposait d'unifier les règles de droit régissant ces relations
en un ensemble de dispositions claires et cohérentes pour promouvoir une
plus grande harmonie entre les parties. 11 proposait aussi de créer un
organisme quasi judiciaire indépendant de la structure des tribunaux,
possédant une juridiction exclusive en matière de bail
résidentiel, habilité non seulement à trancher les
litiges, mais aussi à informer les citoyens sur leurs droits et à
concilier les parties. Cet organisme, devenu la Régie du logement, est
chargé également de veiller au respect d'un ensemble de mesures
visant à assurer la conservation des logements.
Qu'est-il advenu de la Régie du logement depuis? Comment
s'est-elle acquittée d'un mandat qui se voulait généreux
à l'égard des citoyens, de façon à leur procurer,
notamment, des recours simples, efficaces et rapides à l'aide d'un
tribunal facile d'accès? A-t-elle su, peut-on s'interroger à bon
droit, répondre aux attentes qui lui ont donné naissance? Qu'en
est-il de la qualité du service effectivement rendu aux citoyens?
À ces questions, se greffe celle de savoir si elle emploie ses
ressources au meilleur escient et si sa feuille de route, au plan de la
gestion, est satisfaisante.
Qu'est-il advenu? Pour répondre à ces questions, il n'est
sans doute pas opportun et probablement inutile, compte tenu de la connaissance
des membres de cette commission, de retracer en détail
l'évolution de la régie, encore récente. Chacun sait que,
dès le départ, elle a été saisie d'une
véritable avalanche de demandes, 125 000 en 1981 seulement, portant sur
la fixation de loyer, la gamme des recours civils prévus par la loi et
plus de 40 000 causes de réajustement de loyer logées en vertu de
l'article 573 de la Loi sur la fiscalité municipale. Alors qu'elle se
mettait à peine sur pied, la régie, il faut en convenir,
n'était pas encore en mesure de suffire à la tâche. Les
délais se sont allongés parfois dramatiquement et les causes en
attente ont atteint un sommet de 90 000 après 18 mois de fonctionnement.
Ses pouvoirs ont aussi été contestés devant les tribunaux
jusqu'à ce que la Cour suprême confirme leur validité en
1983.
La régie a, par conséquent, été
confrontée en quelques mois à des difficultés qui ne
pouvaient se résorber à court terme, d'autant plus qu'elle devait
composer avec les contraintes propres à un tribunal. Elle a,
néanmoins, réussi, pendant cette période difficile,
à mettre sur pied une organisation inspirée des objectifs de la
loi qui devait permettre de rétablir progressivement la situation.
Que la régie se soit ensuite montrée en mesure de le faire
ressort des constatations suivantes: d'avril à décembre 1982, les
causes en attente ont décliné de 90 000 à 33 000 et il
n'en reste plus que 20 000 présentement, ce qui représente une
accumulation normale pour ce temps de l'année; pour ce qui est plus
particulièrement des causes civiles, dont le non-paiement de loyer, le
volume en attente se maintient aux environs de 10 000 à 11 000, soit
deux à trois mois d'accumulation seulement, puisqu'elles n'entrent
à la régie qu'au rythme mensuel de 4500 à 5000; au plan du
recouvrement de loyer, la régie émet maintenant un avis
d'audition dès la demande pour éviter que les arrérages ne
fassent toujours obstacle à un règlement éventuel; alors
que moins du cinquième des demandes de fixation avaient pu être
traitées en octobre 1981, c'est aujourd'hui, en octobre 1984, les quatre
cinquièmes qui le sont; hormis un petit nombre de cas en litige devant
d'autres instances, la régie a disposé entièrement des
demandes relatives à la Loi sur la fiscalité municipale.
Ces résultats ont exigé que la régie traite 138 000
demandes en 1982 - on pourrait dire causes - et près de 100 000 en 1983,
et qu'elle tienne plus de 150 000 auditions pour y parvenir. Les demandes qui
ne se rendent pas à terme doivent, néanmoins, être
enregistrées, inscrites et le plus souvent consignées sur un
rôle. Au total, le redressement opéré explique sans doute
pourquoi une association de propriétaires -c'était CORPIQ -
révélait récemment que les trois quarts de ses membres
acceptaient maintenant la régie et que les délais
n'étaient plus en cause.
La régie a accompli cette tâche non seulement sans
ressources accrues, mais aussi en satisfaisant pleinement aux compressions
exigées d'elle et en réallouant des fonds importants pour
autofinancer des développements essentiels à son service. En
1980-1981, il en avait coûté 9 300 000 $, à la Commission
des loyers et à la régie qui lui avait succédé en
octobre, pour opérer. En 1984-1985, les dépenses se situeront
à peine entre 10 000 000 $ et 10 500 000 $. En dollars constants de
1980, il s'agit d'une diminution et, sur cette base, le coût d'une
demande est même provisoirement tombé de moitié (120 $
à 60 $) entre ces deux années 1980-1981 et 1982-1983, en raison
du volume massif traité sans nouvelles ressources. L'évolution
des effectifs est également
éloquente: d'environ 460 postes (ou équivalents)
autorisés en 1981, la régie n'en utilise guère plus que
330 présentement, réguliers et occasionnels. En termes de
coûts-bénéfices, le progrès est
appréciable.
Des améliorations prioritaires. Les économies
réalisées ont permis à la régie, d'une part, de
satisfaire à des compressions de 1 300 000 $ en trois ans et de
consacrer une somme équivalente pour améliorer son service et le
rendre efficace dont, notamment: la hausse de son enveloppe de régisseur
(24 à 39) présentement, il y en a 31 et huit régisseurs
dont le mandat se terminera bientôt qui sont en voie d'être
remplacés par ce que nous appelons des régisseurs permanents, ce
qui fait 39 d'une façon ou de l'autre - pour adapter sa capacité
d'audition au rythme des demandes, en plus de quelques régisseurs
à temps partiel pour satisfaire aux besoins de régions
éloignées: le coût supplémentaire absorbé est
de 700 000 $ par année.
La mise en place d'un système informatisé de traitement
des demandes à la fine pointe des développements de la
bureautique et de ce que font les services de l'État dans leur ensemble,
sans lequel aucun réaménagement n'aurait été
possible: 350 000 $ annuellement. Je crois que nous sommes les premiers, Mme la
Présidente, à implanter un véritable système de
bureautique au gouvernement, c'est-à-dire d'informatisation axée
vers le service. Il ne coûte en soi, pour l'équipement, que 250
000 $ annuellement et a l'avantage d'exiger très peu de ressources pour
le faire fonctionner, même si c'est un système, en temps
réel, qui possède une capacité énorme. Je crois
comprendre que le ministère de la Justice lui-même veut s'engager
dans cette voie maintenant. Nous avons quelques années d'avance sur ce
plan.
L'implantation dans la région de Montréal d'abord, puis
à Québec en décembre d'un service
téléphonique susceptible de répondre jusqu'à 2000
et, en période de pointe, jusqu'à 2500 appels par jour - à
raison de 90% du premier coup, ce qui est exceptionnel - ce qui double et
triple même parfois le volume des réponses antérieures.
Cela coûtera 250 000 $ par année.
Au rythme actuel, en plus de recevoir les demandes, c'est à 1 000
000 de demandes de renseignements que la régie pourrait être
appelée à répondre en 1985. L'usage de son service
téléphonique est déjà si intensif que le nombre
d'appels pourrait atteindre le demi-million, en plus de 250 000 visites dans
les bureaux et de 250 000 appels dans les autres régions. Cette
information individualisée, dont une aide pour rédiger les
demandes, tend à devenir la marque de commerce de la régie. En
plus, la régie a pu réussir à dégager un certain
nombre de postes pour étendre à ses principaux bureaux, à
compter de 1985, le service de conciliation qu'elle offre présentement
sur une base limitée. On peut, d'ailleurs, ajouter à
l'autofinancement réalisé par la régie les quelque 200 000
$ que cet effort représente.
Si on additionne tout ça, ça fait presque 3 000 000 $ en
trois ans sur un budget de 10 000 000 $ et presque le tiers de nos postes, tout
ça avec un volume massif de quelques centaines de milliers de demandes,
avec des demandes de renseignements qui approchent le million par année
et avec 33 bureaux déconcentrés, ce qui exige aussi des efforts
considérables.
Pour réaliser ces priorités, la régie a d'abord
réduit le poids de son siège social dans ses dépenses
administratives. Les effectifs de ce dernier sont passés de 82 à
63 entre 1982 et 1984, soit une baisse de 26%, alors que ceux des
régions n'ont diminué que de 10% en s'appuyant sur la
bureautique. Le recours au personnel occasionnel s'est aussi vu réduit
de 47% durant la même période. De fait, si on exclut
l'informatique qui, dans la réalité, fait partie des
opérations et est même au coeur de celles-ci, le siège
social de la régie ne compte plus que 47 personnes. Celles-ci assurent
la coordination d'ensemble, mais font aussi partie du dispositif visant un
meilleur service. Les avocats, par exemple, entendent maintenant des causes de
fixation à titre de greffiers spéciaux et la Direction des
communications déploie de plus en plus ses efforts sur le terrain
lui-même.
Parlons maintenant de la nature de la régie, qui n'est pas
souvent complètement comprise. Malgré ses acquis et, disons-le,
sa performance, il est sans doute illusoire de penser que la régie s'est
complètement départie de cette perception de lourdeur et
d'enlisement associée à son démarrage. Elle est
d'évidence mieux acceptée, mais les contraintes inhérentes
à son rôle ne semblent pas toujours comprises. On s'attend, en
effet, d'une régie, le plus souvent, qu'elle assume un mandat
d'intervention et de régulation dans un secteur délimité
ou encore qu'elle mette en oeuvre une politique ou une loi dans un contexte
précis, mais non pas à ce qu'elle tranche les litiges entre les
citoyens à la manière d'un tribunal. Or, en dépit de son
appellation, la régie joue d'abord cette fonction qui lui fait
nécessairement l'obligation, en tout temps, de préserver sa
neutralité sans laquelle elle ne saurait paraître rendre justice,
et non seulement la rendre.
La nature judiciaire de la régie, et ses exigences
inévitablement prédominantes - car on ne peut compromettre la
justice ou ce n'en est plus - ne sont donc pas sans impact sur les services
qu'elle rend. Si, par exemple, en informant ou en conciliant, elle laisse
entendre d'une voix ce qu'elle ne retient plus ensuite de l'autre lors d'un
arbitrage ou
d'une décision, sa compétence, bien sûr, mais, par
voie de contrecoup, son impartialité même peuvent être mises
en cause, sans parler de sa cohérence. Il lui faut aider des parties,
les deux le cas échéant, qui, tout en ne s'entendant pas, doivent
conserver le sentiment que la même régie tranchera leur
débat de façon juste le moment venu. Son mandat, dans un souci
d'accessibilité en même temps qu'une préoccupation de
justice, lui fait l'obligation de s'impliquer et de se réserver tout
à la fois, et la régie doit réaliser un équilibre
particulièrement délicat entre sa mission d'aide, sans
préjudice pour quiconque, et celle d'arbitre juste et impartial.
L'exercice d'un rôle judiciaire n'est pas, non plus, compatible
à tous égards avec la satisfaction des citoyens qui y font appel.
On peut diminuer les ennuis, réduire le formalisme, alléger les
frustrations, mais on ne peut garantir une décision favorable. Un litige
oppose deux parties dont le dénouement n'est, somme toute, satisfaisant
qu'à l'une d'elles et le simple fait de rendre près de 100 000
décisions, comme la régie l'a fait en 1982, peut signifier qu'un
nombre considérable de personnes s'estiment plus ou moins
lésées par la conclusion d'un débat, celui de
locateur-locataire, dont la vigueur témoigne souvent de la
fermeté des oppositions. Qu'il en résulte de l'insatisfaction
paraît une conclusion assez naturelle dans le cas d'un tribunal usuel,
mais ne le semble pas tout à fait autant pour la régie de la
façon dont on l'interpelle parfois en lui demandant des comptes sur ce
qu'elle décide. Ses contraintes n'en sont pas moindres et, sur le plan
judiciaire strict, le président lui-même ne peut qu'exercer une
autorité morale. (16 h 15)
Parlons maintenant de la préoccupation du service. La
régie ne peut pas échapper aux exigences qui lui sont propres,
comme tribunal, mais elle ne veut pas, non plus, se soustraire à son
obligation d'accessibilité. Non seulement la loi le lui demande-t-elle
sous diverses formes, mais cette idée-force est en quelque sorte
à l'origine même de sa constitution. Elle s'en acquitte donc,
particulièrement, par l'information qu'elle dispense à grande
échelle, par l'assistance concrète qu'elle donne aux citoyens qui
s'adressent à elle et par le secours équitable et impartial que
la loi demande aux régisseurs d'accorder aux parties. Les personnes qui
en doutent devraient suivre le cheminement d'une demande, même si
beaucoup reste à faire.
Le service, comme on l'a déjà dit du civisme, c'est une
foule de petites choses en plus, a priori, de l'efficacité. C'est
peut-être, avant tout, une question d'attitude, d'ouverture, de
réponse aux besoins tels qu'ils sont et non pas tels qu'on voudrait
qu'ils soient. La régie a placé cette préoccupation de
service au premier rang de ses priorités et a pris un ensemble de
mesures concrètes d'amélioration que l'on peut regrouper sous
trois objectifs: assurer un accès facile aux services offerts et bien
recevoir qui s'y rend; donner un service de qualité au plan du contenu,
dans sa pertinence comme dans l'exactitude des renseignements donnés;
donner un service de qualité dans sa forme ou, si l'on veut, la
façon de le rendre.
Ces mesures prises collectivement représentent le plan
d'humanisation des services déposé devant la commission, que la
régie s'est donné en 1983 en réponse à une
volonté gouvernementale clairement exprimée qui est en voie de se
réaliser. Les mesures prises vont de l'accessibilité physique et
téléphonique à une meilleure distribution des services, en
passant par l'aménagement des heures d'ouverture, les attitudes et la
mise à jour des connaissances et le contenu de l'information
diffusée par la régie.
Les moyens employés comprennent: la conclusion avec les services
concernés d'un protocole d'aménagement des espaces
destinés au public dans le but de les rendre confortables et de leur
donner une atmosphère agréable et accueillante; la
disponibilité d'un guide représentant pour les proposés
à la clientèle un instrument efficace de référence
sur l'information à dispenser dont la qualité et la diligence
à la transmettre en dépend (le guide comprend aussi des
références à d'autres services gouvernementaux de sorte
qu'un citoyen puisse se retrouver); la mise en place d'un programme continu
d'amélioration des connaissances juridiques, mais aussi humaines des
préposés de la régie pour développer, en faisant
appel à l'expérience du secteur privé, les attitudes et
les habiletés nécessaires à une bonne communication et
à des relations bénéfiques à la clientèle
tout en permettant de désamorcer l'agressivité et les conflits
qui se présentent; l'administration d'un programme de formation sur les
techniques de communication par téléphone d'une importance
particulière à la régie. L'emploi de ces techniques,
lié à la présence d'un guide et à celle d'un
accès immédiat au dossier de l'appelant (bureautique) est en voie
de transformer de fond en comble la disponibilité et l'efficacité
du service au téléphone. Mme la Présidente, le seul guide
a exigé des centaines et des centaines d'heures d'effort parce que cela
couvre, dans un volume très facilement accessible, mais très
considérable, l'ensemble des préoccupations que les gens peuvent
avoir. Cela peut être la présence d'animaux comme un
problème très sérieux d'expulsion. Il y a des centaines de
fiches qui couvrent des milliers de sujets, finalement. J'aurais aimé
l'avoir ici, je crois qu'on ne l'a pas. En tout
cas, on vous le montrera tout à l'heure.
La régie a, de plus, commencé à mettre en place ce
qui se veut un service de conciliation dont le but est d'offrir, en quelque
sorte, un terrain propice d'entente aux parties. Quand les parties acceptent la
conciliation et qu'elles se rencontrent en présence d'un
préposé de la régie, une telle entente survient,
effectivement, présentement dans 90% des cas, que ce soit
préliminaire. Le service de conciliation n'est, toutefois, que l'un des
moyens utilisés par la régie pour susciter des ententes.
L'information préventive, la médiation auprès d'une
partie, notamment pour l'inciter à reconnaître ses obligations, et
l'intervention du régisseur lui-même à l'audition en sont
d'autres.
Il est extrêmement difficile d'en évaluer le
résultat, mais il existe des signes prometteurs. Ainsi, la proportion du
nombre d'ententes par rapport à celui des demandes
présentées à la régie est passé de 8%
à près de 15% de 1983 à 1984. La proportion des demandes
logées par rapport au nombre de renseignements donnés (les
centaines de milliers dont on parlait) a décliné de 11% à
9% sur la même base, c'est-à-dire les mêmes dates. C'est
dire que la qualité du renseignement freinerait le volume des
demandes.
On ne peut, évidemment, établir de relation de cause
à effet précise entre ces tendances et l'activité
conciliatrice de la régie. On ne peut, non plus, évaluer avec
précision l'impact des mesures prises, d'autant plus qu'elles portent
sur l'appréciation tout autant subjective qu'objective d'un service. Les
indications qui suivent sont néanmoins encourageantes. 11 y a quelque
temps, la régie était au premier rang ou presque des
préoccupations de tous quant à la qualité de ses services.
Non seulement, peut-on dire, est-elle "rentrée dans le rang", mais on ne
voit ou n'entend presque plus de propos défavorables à son
endroit.
Le ministre délégué aux Relations avec les citoyens
notait, il y a quelques mois, que, n'eût été le service
téléphonique (réaménagé depuis), la
régie aurait été sans doute considérée comme
l'organisme dont le service s'est le plus amélioré. Le nombre des
plaintes qui parviennent à la connaissance de la direction de la
régie (chacune fait l'objet d'un examen) n'atteint plus 10 par mois et
la majorité témoigne de l'insatisfaction face à une
décision, le service étant rarement mis en cause. Les attitudes
des groupes de citoyens les plus concernés ont substantiellement
évoluées et l'hostilité première à l'endroit
de la régie s'est résorbée.
Ces indicateurs ne sont, évidemment, qu'indirects et il se peut,
certes, que la perception des membres de cette commission, qui sont en contact
étroit avec le public, vienne nuancer ces signes d'encouragement. Nous
écouterons leurs observations avec attention. La régie, pour sa
part, sera en mesure de faire appel assez prochainement à des
instruments d'appréciation plus précis (questionnnaires remplis
par les citoyens, sondage sur le service téléphonique, suivi
informatisé des demandes) surtout dans le but d'identifier les
difficultés qui se présentent et d'y remédier.
Le concept de service, dans le cas d'un tribunal, comprend le rôle
d'adjudication ou, si l'on veut, le service judiciaire. Il n'est pas
convenable, de toute évidence, qu'un organisme dans la situation de la
régie commente ses décisions, justifie de leur bien-fondé
ou s'en fasse l'interprète favorable. La sanction de ce qu'elle
décide appartient à l'instance devant qui en appeler et
uniquement à celle-ci.
Dans le cas ces causes civiles autres que les petites créances,
c'est la Cour provinciale qui entend l'appel à neuf. La Cour
supérieure peut aussi exercer un pouvoir de surveillance auquel de
nombreuses parties ont aussi fait appel. Compte tenu de l'obligation de retenue
qui m'incombe, il est légitime, je crois, de penser qu'un analyste
impartial estimerait qu'il y a concordance raisonnable entre les orientations
prises par la régie au plan du droit et les ohemins indiqués en
appel. Il ne m'est guère possible d'en dire plus à sujet. Nous
pourrions peut-être, tout à l'heure, donner quelques
précisions d'ensemble, Mme la Présidente, mais vous comprendrez
que c'est difficile pour moi d'en traiter plus longuement de façon
très formelle.
Qu'en est-il maintenant du formalisme devant la régie? Il se peut
que, pour un organisme judiciaire, le test considéré le plus
probant de son efficacité par de nombreux citoyens, hormis sa diligence,
réside dans la simplicité de ses procédures et l'absence
de tout formalisme indu. D'ailleurs, une accessibilité véritable
en dépend. La Régie du logement, à travers ses
difficultés, a été perçue, au moins initialement et
l'est sans doute encore, comme rigide, lourde et digne de la meilleure
bureaucratie. Le simple allongement des délais, il faut bien l'admettre,
rendait non crédible toute interprétation contraire. Mais une
fois le brouillard administratif dissipé et la machine en marche, il
importe, je pense, de faire une part plus juste entre les perceptions et la
réalité.
Disons, d'abord, que l'exercice d'une fonction judiciaire n'a rien
d'incompatible, a priori, avec un allégement de la procédure.
L'essence d'un tribunal est de trancher les litiges d'une façon
impartiale, en appliquant le droit établi et en respectant les
règles de justice naturelle, non d'insister sur les procédures.
Si déjudiciariser signifie mettre de côté le minimum de
formalisme
nécessaire à une audition juste et équitable, c'est
évidemment impossible. Si ce mot, au contraire, signifie une
procédure allégée, le moins de formalisme possible, bref,
un système ouvert, la régie a su, je crois, s'inspirer de cette
préoccupation. Il s'y est développé une tradition de
simplicité dont je vais tenter de démontrer la présence en
indiquant combien les formalités sont peu onéreuses.
Les causes civiles. Il existe un formulaire de demande à la
portée de tout citoyen - j'en avais une copie, vous l'avez ici, vous
voyez les noms des parties, l'identification, les objets et motifs de la
demande et rien d'autre - où il suffit d'en indiquer l'objet et les
motifs sans aucune forme rituelle. Ce formulaire n'est pas obligatoire et on
peut aussi formuler une demande (ce qui se fait effectivement) par simple
lettre ou exposé écrit, sous la forme que l'on veut,
acheminé à la régie même par courrier. Pour se faire
aider, on peut se rendre à la régie (le midi si l'on veut, dans
tous les principaux bureaux) ou l'appeler à frais virés, au
besoin. Aucune défense écrite n'est exigée.
Le jour de l'audition, l'appel des parties se fait à tour de
rôle et celles-ci exposent dans leurs mots (peu ont un avocat) leurs
prétentions à un régisseur qui doit apporter à
chacune un secours équitable et impartial. Il n'y a pas, non plus, de
formalisme dans la présentation de la preuve, le régisseur
pouvant toutefois intervenir pour qu'elle respecte les règles
établies. Après l'audition, le régisseur rend sa
décision sous une forme généralement simple, sans autre
formalité, d'habitude dans le mois qui suit. Ça, ce sont, pour
des causes dont l'intérêt peut aller jusqu'à 15 000 $, les
mêmes pouvoirs qu'effectivement la Cour provinciale exerçait
auparavant, avant que nous soyons en place.
La fixation de loyer attire souvent l'attention en raison de son
caractère qui, parfois, prête naturellement à controverse.
Elle n'est cependant pas davantage l'objet d'un formalisme excessif. On peut
résumer les diverses étapes qui doivent être franchies dans
la plupart des cas, c'est-à-dire pour les baux qui commencent le 1er
juillet, de la façon suivante: le locateur doit d'abord, avant le 31
mars, aviser par écrit le locataire des conditions (dont le loyer)
auxquelles il entend prolonger le bail. Le locataire, s'il refuse les nouvelles
conditions ou veut quitter, doit, à son tour, en aviser le locateur par
écrit et dans le mois qui suit; sinon, il est réputé avoir
accepté. Devant un refus, le locateur dispose du mois suivant pour
demander à la régie de fixer le loyer ou de statuer sur la
modification qu'il demande.
Les dispositions du Code civil semblent maintenant comprises et
appliquées sans difficulté trop grande, pour autant qu'on puisse
en juger. Ces trois-là qui précèdent sont des dispositions
du Code civil lui-même. Saisie du dossier, la régie n'exige
ensuite du locateur, pour fixer le loyer ou statuer, que de remplir une formule
dite RN (renseignements nécessaires à la fixation) que des
efforts de synthèse ont permis, pour l'essentiel, de réduire
à un seul feuillet recto verso et à quelques renseignements
sommaires pour chaque logement. Il y a quelques années seulement, ce
formulaire atteignait 16 pages. On l'a réduit à 6 et, en 1982, on
l'a réduit à un seul feuillet pour l'essentiel. Le cahier qui a
été mis à la disposition des membres de la commission en
avait, je pense, un exemplaire. Le jour de l'audition, le locateur n'a ensuite
qu'à se présenter avec ses pièces justificatives -j'ajoute
que le locataire, lui, n'a rien d'autre à faire qu'à simplement
refuser - sans avoir à le faire avant. À nouveau, la
décision suit, sans autre formalité.
Les avis et formulaires maintenant. La loi accorde à la
régie (les régisseurs à la majorité) le pouvoir
d'adopter des règlements de procédure et de déterminer la
forme et la teneur des avis et formules nécessaires à
l'application de la loi, et celui d'en rendre l'usage obligatoire, hormis
quelques cas, comme le nouveau locataire, réservés au
gouvernement. Le règlement de procédure adopté par les
régisseurs ne compte qu'une soixantaine d'articles, s'en tient à
l'essentiel, évite tout formalisme et tient lieu, finalement, avec une
grande économie de moyens, d'un code de procédure civile. Je
rappelle que les mêmes causes, pas dans le domaine du logement, mais dans
les autres domaines, devant la Cour provinciale, exigent, elles, le Code de
procédure civile. C'est l'équivalent. On s'en rend compte en le
lisant.
D'autre part, en quatre années, la régie n'a pas rendu un
seul avis obligatoire pour éviter toute contrainte dans l'expression au
plan de la forme et surtout ne pas avoir à pénaliser des citoyens
qui se seraient mépris. Dans le cas des formules, elle s'est
limitée à ne prévoir, par nécessité
évidente, que la forme applicable aux renseignements exigés pour
fixer le loyer et a rédigé un seul feuillet, comme je l'avais
dit. Rien d'autre n'a été ou n'est imposé. Le Code civil
prévoit quelques douzaines d'avis à travers les dispositions
multiples. Aucun de ces avis n'a été formalisé ou rendu
obligatoire.
Une trop grande souplesse, maintenant? Est-ce que cette absence relative
ou assez évidente de formalisme peut être dangereuse ou peut
présenter des dangers? Une absence assez grande de formalisme,
disons-nous, n'est toutefois pas sans danger, ni conséquence. J'ai
déjà souligné qu'un défendeur n'a pas à
indiquer, par exemple, s'il se présentera à l'audition, alors que
même la division des petites créances
l'exige. Ceci rend difficile la confection de rôles
équilibrés pouvant tenir compte de la durée
prévisible de chaque cause. Peut-être est-ce le prix administratif
qu'il faut payer, mais ce prix se répercute parfois sur les autres
causes en situation d'attente sur un même rôle. Parce
qu'évidemment, le matin, les causes procèdent une à une
et, si on ne connaît pas précisément la longueur des
causes, on peut en faire aussi subir les inconvénients aux parties qui
sont appelées sur le même rôle.
Dans le cas de la fixation de loyer, d'autres difficultés se
posent. Le locataire veut naturellement être en mesure à
l'audition de s'opposer à la preuve du locateur, mais il n'a pas toutes
les pièces en main. D'autre part, serait-il réaliste d'exiger
d'un locateur qu'il verse au dossier tout ce qui concerne l'année
écoulée, ce qui deviendrait d'ailleurs impossible dans le cas de
gros immeubles? Ce serait des caisses de documents. Même à
l'audition, jusqu'où peut-on exiger du locateur qu'il justifie
finalement de toute sa gestion pour l'année? S'il existe un
équilibre, il n'est pas facile à trouver.
Il arrive aussi qu'un locataire veuille faire valoir à l'audition
que le locateur a fait défaut de maintenir la qualité des
services ou celle de l'entretien et qu'en conséquence son loyer doit
être ajusté pour en tenir compte. Comme le locateur ne l'apprend -
évidemment, il peut le savoir avant - toutefois qu'à l'audition,
du moins judiciairement puisque le locataire n'est tenu à aucune
démarche préalable et je devrais dire à aucune
démarche devant la régie, la cause peut être remise (pour
permettre au locateur, dans ce cas, de se préparer) ou le locataire peut
être invité à formuler une demande distincte. Le locataire
est alors susceptible de se plaindre de rigidité et de formalisme. On
pourrait aussi voir taxer de même façon l'introduction d'une
exigence, sous forme de procédure, qui obligerait le locataire à
aviser le locateur à l'avance de ce qu'il entend faire valoir.
Ce type de situation montre que, passé un certain point, un
certain formalisme est de l'essence même d'un débat judiciaire et
qu'on ne peut en faire abstraction. Dans le cas du locataire qui veut faire
valoir un défaut d'entretien, on se rend compte, d'ailleurs, que c'est
plutôt l'absence de formalisme qui crée pour lui une forme
d'inaccessibilité à le faire puisqu'on peut s'attendre à
ce que toute personne en situation de juger se refusera, par justice naturelle,
à considérer une preuve à laquelle l'autre partie
n'était pas en mesure de répondre à ce moment. (16 h
30)
L'audition des causes de fixation fait aussi problème dans la
mesure où ces demandes sont concentrées dans une période
de pointe, de février à avril ou mai - par exemple, en 1982, on
en a reçu 40 000 durant cette période - et où les
auditions doivent l'être, par la force des choses, à
l'automne.
Pour ce qui est de l'administration, du personnel occasionnel peut alors
être utilisé. Mais en ce qui concerne les régisseurs,
toutefois, il n'est pas possible de traiter pareil volume sans risquer de
prolonger chaque fois l'attente des causes civiles. Ce qui se passe,
évidemment, c'est que, si on déplace la moitié des
régisseurs pour entendre la fixation, les causes comme le recouvrement
de loyer, elles, sont en attente. L'étalement des auditions sur
l'année, ce qui pourrait être une solution, se heurte à la
fois aux habitudes des locataires, qui doivent avoir le temps de compiler leurs
données au terme de l'année financière, et au fait qu'il
est souhaitable d'entendre toutes les causes d'un même immeuble en
même temps, que l'on ne connaît souvent qu'au terme de la
période de pointe puisque c'est la même preuve, finalement, en ce
qui concerne les revenus et les dépenses de l'immeuble, même si le
nombre des locataires peut être un ou peut être très
élevé. Ce problème très concret d'étalement
ou de non étalement a été partiellement résolu en
1984 par le déclin du nombre de causes, mais il demeure présent.
Peut-être faut-il simplement composer avec l'inévitable, d'autant
plus que l'approche actuelle est effectivement très souple, mais ce
n'est pas, non plus, satisfaisant à tous égards.
D'autres aspects avant de conclure. Les régisseurs ont
insisté parfois fortement sur le fait que leur statut leur assure
nécessairement moins de sécurité au fur et à mesure
que leur mandat s'abrège. Cette situation n'est pas unique à la
régie, car il existe un bon nombre de pouvoirs d'adjudication
exercés par des membres d'organismes dont le statut peut se comparer.
Diverses solutions, un corps d'adjudicateurs permanents, par exemple, peuvent
sans doute être considérées, mais dans un contexte plus
global. À cette préoccupation de sécurité s'en
ajoute une de mobilité de personnes qui, si elles étaient trop
longtemps consignées dans un champ d'activités
spécialisé, pourraient en craindre les effets sur leur dimension
professionnelle et, par voie de conséquence, sur leur
carrière.
Sur le plan de l'information, la régie éprouve aussi des
difficultés à rejoindre de façon significative pour eux
les groupes de citoyens dont elle entend se préoccuper en
priorité: les personnes âgées, les personnes
défavorisées, les chambreurs. Il faudra développer des
moyens d'accès adaptés au milieu, ainsi que des relais efficaces
d'information, malgré des ressources qui diminuent. Il n'est pas
aisé, non plus, de
traduire la présence de la conciliation dans des
réalisations substantielles qui font le poids. Dans ce domaine
particulièrement, le choix des moyens doit se faire avec discernement
pour que les bénéfices l'emportent sur les coûts. Il est
évident que les coûts unitaires d'une tentative de conciliation
peuvent devenir très élevés si on y met, par exemple, une
demi-journée, une journée ou une journée et demie.
Perspectives et conclusions. Comme ces propos en témoignent, le
plan d'action que la régie s'est donné de 1983 à 1985, est
en voie d'être atteint et la régie estime qu'elle est en mesure de
présenter un bilan positif. Ce plan d'action, d'ailleurs, Mme la
Présidente, je l'avais remis - celui qu'on s'était fait en 1983 -
à la secrétaire de la commission. Au cours de cette
période, son rôle a eu tendance à évoluer pendant
que se précisait celui du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. Ce ministère prend, en effet, de plus en
plus, comme il se doit, le rôle-conseil qui est sien au plan de
l'élaboration des politiques et de la détermination des
règles du jeu, alors que le mandat d'arbitrage de la régie
s'affine et est de plus en plus respecté. Je rappelle que le
ministère n'existait pas, d'ailleurs, au moment où la loi de la
régie a été adoptée. Cette évolution devait
venir et le livre vert "Se loger au Québec" que le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur vient de rendre public montre
bien comment le secteur du logement locatif s'insère dans le cadre d'une
politique d'ensemble au niveau de laquelle oeuvre le ministère.
Que laissent entrevoir dans ce contexte l'évolution de la
Régie du logement elle-même et son orientation? Après avoir
évoqué son maintien, le même livre vert propose, dans une
perspective de déjudiciarisation, que la régie devienne davantage
une instance de dernier recours, en cas d'échec seulement (le mot est de
moi) de l'entente à l'amiable et de la conciliation. Le livre vert
insiste donc sur la nécessité de rendre accessible à tous,
et particulièrement aux clientèles désavantagées,
l'information minimale nécessaire à une juste appréciation
des hausses demandées. 11 souligne également le besoin
d'intensifier et d'animer le dialogue entre propriétaires et locataires
au moment du renouvellement des baux, de façon qu'il porte sur les
éléments pertinents. Cela commence, d'ailleurs, à se
produire notamment dans la région de Québec.
Compte tenu de ces considérations et de cette optique, la
régie devra, pour sa part: stabiliser ses acquis au plan de la gestion
efficace et diligente des demandes et de leur audition; trouver le moyen de
réduire encore davantage, si c'est possible, le poids de ses
activités de support administratif et de coordination centrale pour
déplacer plus de ressources encore vers des tâches de service;
rejoindre de façon significative les citoyens le plus souvent
défavorisés et véhiculer à leur mesure - ces mots
sont importants, "à leur mesure" - une information susceptible de leur
venir en aide réellement (la complexité de l'information souvent
nous empêche de le faire); prendre, de concert avec le ministère,
des mesures aptes à susciter un dialogue intensif et significatif entre
locateurs et locataires lors du renouvellement des baux et rendre
aisément accessibles les données qui peuvent leur être
nécessaires; accroître et diversifier, selon que les ressources le
permettent, la gamme d'interventions visant à concilier les parties ou
à les amener à s'entendre par l'information, la
prévention, la médiation et la multiplication d'interventions de
conciliation spécifiques; poursuivre en profondeur le travail
d'humanisation en maintenant, notamment, la priorité accordée au
développement du personnel, notre ressource première, en vue d'en
rehausser la qualité, la disponibilité et l'accessibilité
aux citoyens de chaque jour - aux citoyens de chaque jour, c'est important -
accentuer, sous réserve de l'autonomie décisionnelle, par des
moyens adaptés à la situation de la régie, les divers
efforts visant à rendre son activité judiciaire,
c'est-à-dire ses décisions, la plus cohérente et la plus
crédible qu'il se peut.
Ces pistes ou voies à suivre prennent place dans la foulée
d'objectifs qui ont présidé à la naissance de la
régie. Elles sont loin de manquer de réalisme si on se fie au
chemin parcouru. Les ressources ne sont, toutefois, pas illimitées - je
devrais ajouter ni, non plus, ce qu'elles étaient - et se compriment
même dans une certaine mesure, de sorte qu'il faudra aussi veiller
à ne pas sacrifier l'essentiel, ni même ce qui s'en approche. Par
contre, dans la mesure surtout où il ne s'agit pas de déplacer
des ressources, mais de mieux utiliser celles en place, le défi que ces
objectifs présentent se doit d'être relevé. La mission de
la régie n'en exige pas moins.
Ces propos complètent, Mme la Présidente, la
présentation d'ouverture. Je pense que c'est particulièrement
opportun, au moment où on vient de m'apprendre que M. Tardif vient
d'être appelé à un autre ministère, de le remercier
du soutien qu'il nous a toujours donné et de l'autonomie d'action qu'il
a toujours reconnu à la régie. Sans ce soutien, et c'est
particulièrement vrai, le progrès dont j'ai fait état
n'aurait pas été le même. J'ajoute une phrase pour dire
qu'évidemment nous allons tous apporter la même collaboration
à son successeur qu'on m'a dit être M. Jacques Rochefort.
Je voudrais enfin remercier à nouveau cette commission et ses
membres de nous accueillir et de nous entendre - je m'adresse
autant aux membres du gouvernement qu'aux membres de l'Opposition - en
espérant que cette présentation sera utile à leurs
travaux. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie, M. le
président. Avant de céder la parole à mes
collègues, je voudrais simplement, pour leur information, leur dire que,
tel qu'il est prévu dans nos règles de fonctionnement, le
ministre avait été informé de la tenue de cette audition
et que, selon nos règles de procédure, s'il entend y être
présent ou se faire entendre, il doit adresser une demande à la
commission. Nous n'avons pas eu de nouvelles du ministre de l'Habitation, enfin
il n'est pas ici aujourd'hui. Il reste que je voulais dire aux membres que,
selon la façon de procéder de la commission, à moins de
raisons particulières, on invite toujours le ministre ou on lui fait
toujours part d'un sujet qui peut l'intéresser. Comme vous venez de le
dire, nous aussi, nous venons d'apprendre qu'on a confié un autre
ministère au ministre Tardif et que ce sera le député de
Gouin qui assumera maintenant les responsabilités du ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Alors, est-ce que quelqu'un veut s'adresser à la régie et
a des questions à poser? M. le député de
Pontiac-Témiscamingue.
Une voix: Pontiac.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pontiac. Ce n'est pas
Témiscamingue?
M. Middlemiss: Non, c'est Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah, c'est
Rouyn-Noranda.
Qualifications des régisseurs
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente. Je remercie M.
Houde, le président de la régie, d'avoir préparé ce
texte pour nous faire comprendre mieux le fonctionnement de la Régie du
logement. Ici, on mentionne que les régisseurs sont nommés pour
cinq ans par le gouvernement. Est-ce qu'il y a une formation spéciale ou
des qualifications spéciales que l'on cherche chez les
régisseurs? Pouvez-vous nous donner un peu ce que vous cherchez chez une
personne pour agir comme régisseur?
M. Houde (Jean-Guy): Si vous me le permettez, je vais demander
à la vice-présidente, qui est particulièrement
chargée de la gestion des régisseurs, de répondre.
Mme Archambault (Nicole): En fait, quand on engage un nouveau
régisseur, il y a des avis de sélection publiés dans les
journaux. Les conditions d'admissibilité, pour être
régisseur permanent à contrat de cinq ans, sont: être
membre du barreau depuis cinq ans et avoir acquis durant ces années une
expérience qui soit pertinente. Il faut également ne pas
être en situation de conflit d'intérêts, donc, ne pas
être propriétaire d'immeuble et ne pas avoir de locataires. Ce
sont les deux conditions. Évidemment, il y a des critères de
sélection qui sont établis après, compte tenu des
fonctions à exercer. Alors, on vérifie beaucoup plus les
connaissances du candidat en droit civil et il y a tout le droit des
obligations qu'ils peuvent avoir à appliquer aussi à certaines
occasions. On va aussi vérifier d'une façon plus précise
leurs connaissances spécialisées du domaine des relations
locataire-locateur. On souhaite également qu'ils aient des connaissances
du côté du droit administratif parce que les décisions
qu'ils rendent peuvent être sujettes à évocation.
Évidemment, au niveau de l'expérience, on regarde
l'expérience générale de travail qu'ils ont fait durant ce
minimum de cinq ans. Est-ce qu'ils ont plaidé devant les tribunaux,
devant les organismes quasi judiciaires? Est-ce qu'ils ont été
impliqués dans leur milieu social?
Au niveau des habiletés professionnelles, évidemment, les
critères qui sont retenus, c'est le jugement, la perspicacité,
l'esprit de décision, l'aptitude à la communication, l'esprit
d'analyse et de synthèse, la maîtrise de soi, le tact et,
évidemment, la motivation pour l'emploi. Cela aide à bien le
remplir quand on est motivé pour le faire.
Le processus de sélection, en fait, est à peu près
identique au processus de sélection des juges de la Cour
supérieure. Une fois que les avis de sélection sont
publiés dans les journaux, il y a un comité de sélection
qui est nommé par le ministre. Au comité de sélection
siègent au moins trois membres dont un représentant du barreau,
qui est nommé après consultation avec le barreau, un
représentant du public et un représentant de la fonction publique
ou d'un organisme public. C'est le processus de sélection des
régisseurs.
M. Middlemiss: Une fois que les régisseurs sont
nommés, pour assurer des décisions qui seraient
cohérentes, est-ce qu'il y a un genre de cours ou de "guide-lines" qui
est donné?
Mme Archambault: On est dans un processus de sélection
présentement. Il y a, évidemment, un cours de formation qui est
prévu lorsque de nouveaux régisseurs entrent en fonction. C'est
un cours qui s'échelonne sur une période de vingt jours
ouvrables, ce qui veut dire quatre semaines, où on reprend
d'une façon plus spécifique la Loi sur la Régie du
logement, les articles du Code civil en matière de logement, où
on discute avec eux de la jurisprudence. Il restera toujours des sujets
où la jurisprudence peut sembler être un peu incohérente,
mais c'est ce qui fait, à la longue, avancer le droit dans bien des
cas.
D'une façon générale, au niveau de la
cohérence, une fois que les régisseurs sont entrés en
fonction, une fois que le cours de formation est donné, il y a des
réunions régulières des régisseurs, il y a des
groupes de travail de régisseurs; ils travaillent avec des conseillers
juridiques de la régie, sur des problèmes qu'on a
identifiés. Évidemment, les problèmes juridiques qui ont
été identifiés, ce sont peut-être ceux où il
y a eu des décisions un peu plus contradictoires de rendues. On
présente à la réunion des régisseurs les
recommandations de ce groupe de travail. Mais il faut comprendre que,
finalement, la personne qui est la seule à pouvoir signer une
décision et qui a pleine autonomie pour le faire, à la fin, c'est
le régisseur lui-même.
M. Middlemiss: Vous avez parlé d'un cours de vingt jours.
Cela a toujours existé, depuis le début?
Mme Archambault: En 1980, je n'étais pas là, mais
je pense que ceux qui y étaient... Enfin, pour avoir travaillé
dans les dossiers, je sais qu'il y avait un cours qui était très
bien monté, de vingt jours, à ce moment-là, pour la
formation des régisseurs.
Une voix: Avec des spécialistes.
Mme Archambault: Avec des spécialistes, c'est ça,
et du domaine de l'habitation, et du domaine du droit.
M. Middlemiss: On fait référence dans le texte au
fait que le nombre de demandes pour l'année 1984 est de l'ordre, je
pense, de 36 000, au 30 du neuvième mois de 1984, si on regarde le
tableau.
M. Houde (Jean-Guy): Oui, vous avez raison.
M. Middlemiss: C'est 57 904. M. Houde (Jean-Guy): C'est
ça. La conciliation
M. Middlemiss: À quoi attribue-t-on cela? Est-ce en partie
à la conciliation dont on faisait mention qu'elle avait
été essayée, au cours de 1982, à huit endroits, je
pense? Est-ce que la conciliation a réduit le nombre de demandes?
M. Houde (Jean-Guy): D'abord, la remarque est très juste
et la question est pertinente. Cela nous a surpris nous-mêmes qu'il y ait
cette chute qui est, d'ailleurs tellement significative qu'on revient à
l'ancien volume de la Commission des loyers avant même que ne lui soient
transférées les causes de la Cour provinciale, ce qui est
très surprenant. Elle s'est d'abord manifestée en fixation
où on ne fait pas encore beaucoup de conciliation, Mme la
Présidente. La fixation, qui s'est historiquement située à
un rythme de 25 000 et, les deux années précédentes,
à 30 000 et plus de 40 000, est tombée à 20 000 cas cette
année. Cela, c'est le premier facteur. (16 h 45)
Mais même dans les causes civiles, en dépit d'un climat
économique qui demeure, quand même, difficile quand on pense au
chômage, le volume a chuté aussi, en moins grande proportion, mais
il va se situer entre 45 000 et 48 000 probablement. Et cela, on l'attribue, en
bonne partie, à la conciliation, mais peut-être à des
facteurs de climat social. J'hésiterais parce qu'en conciliation
formelle elle-même, on a quand même traité 1000, 1500 cas ou
quelque chose du genre. Il est vrai que l'on fait de plus en plus
-s'étant dégagé de tous ces délais d'attente et de
toutes ces causes en attente - de la conciliation que l'on pourrait qualifier
d'informelle, c'est-à-dire un assez grand nombre de cas où, par
exemple, sans concilier formellement les parties, nos gens vont intervenir
auprès de l'autre pour l'inciter à reconnaître sa
responsabilité dans un cas clair, ou de la conciliation
préventive au moment même où les gens se présentent
au comptoir. On met aussi de plus en plus l'accent sur la
nécessité de reparler à l'autre partie, notamment dans
notre service téléphonique, ce qui, si on regarde les
pourcentages de demandes par rapport aux renseignements, semble se
refléter. C'est un ensemble de facteurs et je ne saurais vraiment, pour
être franc, l'attribuer d'abord à la conciliation, mais cela peut
être plus significatif qu'on ne le sait à l'heure actuelle.
Hausses de loyer
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que vous pensez
que la situation économique difficile qu'on a connue a pu avoir une
influence dans le sens que, finalement, les augmentations de loyer ont
été moins considérables et que même, dans bien des
cas, les propriétaires ont pu, tout simplement, décider de ne pas
demander d'augmentation de loyer? Pensez-vous que ceci peut être un
facteur significatif dans la baisse des demandes qui vous ont été
faites? Avez-vous tenté d'évaluer cela?
M. Houde (Jean-Guy): Oui, c'est fort possible. Pour
vérifier la rationalité des résultats auxquels nous
amène notre méthode de fixation de loyer, on fait chaque
année, depuis trois ans, un sondage pour vérifier les attentes du
marché et voir si ce vers quoi on va est réaliste. On
s'aperçoit, selon ce sondage, que, pour les trois dernières
années, la régie fixe son loyer à peu près autour
des attentes du marché et que les attentes du marché sont - de
fait, autant des locateurs que des locataires - plus raisonnables que les
échos publics qu'on en a ne pourraient le laisser croire. On sait aussi
que, dans environ 20% des cas, les locateurs - du moins, dans le cas d'un ce
ces sondages - n'entendaient pas demander de hausse et on sait aussi que, par
exemple, dans une région comme Québec, l'an dernier, les
associations de propriétaires elles-mêmes n'ont pas
recommandé de hausse minimale à leurs membres parce que le taux
de vacance dans certains secteurs était tel que, finalement, ce qu'on
désirait d'abord, c'est conserver le locataire.
Le facteur que vous soulevez, Mme la Présidente, est
peut-être le premier facteur qui explique pourquoi les causes de fixation
de loyer ont baissé.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Merci.
M. Middlemiss: Maintenant, un peu dans le même sens, est-ce
que vous pouvez me donner, en pourcentage, la hausse des loyers pour les
années 1981, 1982 et 1983 comparativement à l'année 1984?
Y avait-il un écart assez grand?
M. Houde (Jean-Guy): En pourcentage comparativement
à...
M. Middlemiss: L'augmentation, chaque année, en 1981, 1982
et 1983 comparativement à...
M. Houde (Jean-Guy): En fait, les augmentations demandées,
dans le cadre des demandes qu'on reçoit, nous, étaient de 17% en
1981, 25% en 1982 et 17, 5% en 1983. Ce que nous, on accorde
généralement, cela peut aller du tiers jusqu'à la
moitié de ce qui est demandé. Pour vous donner un exemple, en
1983, l'année la plus récente, 17, 5%, on a accordé 8, 5%.
En 1982, 25%, on a accordé 14%. En 1981, sur 17%, on a accordé
12% et en 1984, sur 14, 8%, les calculs sommaires que nous avons ici disent que
les augmentations demandées par les locateurs qui viennent en fixation
sont de 14, 8% et celles accordées sont d'environ 6, 1%. Alors,
voyez-vous, c'est moins de 50%, dans ce cas-là. Cela tourne autour de
40%, ce qu'on accorde.
Ces chiffres sont basés sur des causes, des demandes
réelles à la régie. Ce sont les chiffres de la
régie sur ses propres demandes.
M. Middlemiss: Pour revenir à la conciliation, vous
mentionnez dans le rapport 1982-1983, que vous avez fait un genre de projet
pilote.
M. Houde (Jean-Guy): Oui, en passant, M. le député,
on pourra vous donner ce tableau. Vous l'avez?
M. Middlemiss: Oui, on l'a.
M. Houde (Jean-Guy): Ah, vous l'avez, d'accord.
M. Middlemiss: Vous mentionnez dans le rapport le plus
récent, 1982-1983, que vous avez fait un essai pilote pour la
conciliation. Est-ce que vous avez tenté, en 1983-1984,
l'expérience à d'autres endroits?
M. Houde (Jean-Guy): Oui, mais les ressources se comprimant, on a
étendu à un certain nombre de bureaux à Montréal la
présence d'agents de conciliation qui en font spécifiquement, qui
ne font que ça. De janvier à octobre 1984, cette année, on
a fait des offres de conciliation dans 1710 cas. Les deux parties ont
accepté, dans 932 cas, l'offre de conciliation.
Le fait d'intervenir a provoqué des ententes avant la rencontre
ou la séance de conciliation dans 343 cas, soit 36%. Au terme de la
rencontre de conciliation, il y a 548 autres cas qui ont trouvé un
terrain d'entente, soit 59%. Ce qui veut dire que sur les cas où les
deux parties ont accepté, les ententes totales ont été de
891 sur les 932 cas où les gens avaient accepté de se soumettre
à la conciliation, c'est un taux de 95%.
Maintenant, il faut faire attention. Cela ne s'applique pas à la
fixation de loyers. C'est fait dans des circonstances un peu idéales,
parce que le volume n'est pas encore très élevé. On se
propose maintenant d'avoir dans tous nos principaux bureaux au moins un
technicien en conciliation et cela veut dire ceux de Montréal, Longueuil
et Québec. Un certain nombre de techniciens en conciliation viennent
d'être recrutés, si je ne m'abuse, ils doivent subir une formation
et, à compter de janvier, on offrira le service dans tous nos principaux
bureaux.
Mais il faut comprendre que c'est une personne par bureau. Alors, si on
avait huit à dix personnes, disons, qui en faisaient, peut-être
qu'on aurait quelques milliers de cas par année de conciliés.
Il faut faire attention, aussi. La conciliation, c'est à la
marge. C'est évident qu'on ne peut pas concilier tous les cas, parce que
ceux qui viennent à la régie, sur des millions de citoyens, c'est
quand même
un nombre, un pourcentage relativement faible; dans la fixation de
loyer, c'est 2% des cas. On peut présumer que ce sont les cas plus
difficiles. Si les gens se sont entendus dans 98% des cas par eux-mêmes,
les 2% qui demeurent sont peut-être un peu plus difficiles.
Mais, ceci dit, ces quelques milliers de cas, si on les additionne,
d'année en année, ont un effet cumulatif qui peut devenir
intéressant et c'est ce qu'on tente de faire.
Délais
M. Middlemiss: D'accord. À la page 3, vous dites: "au plan
du recouvrement de loyer, la régie émet maintenant un avis
d'audition dès la demande pour éviter que les arrérages ne
fassent toujours obstacle à un règlement éventuel. " Quels
sont les délais normaux pour régler de telles demandes?
M. Houde (Jean-Guy): Je pense que j'ai mis à la
disposition de la commission - je ne sais pas si vous l'avez reçu - un
tableau qui montre - je vais m'en servir, si vous le permettez, dans une
seconde, voilà - qu'en avril 1982, pour l'ensemble des causes civiles,
il y en avait 21 000 en attente. Cela faisait un délai moyen de cinq
mois, mais dans certains cas, cela pourrait vouloir dire jusqu'à un an.
Alors, on conçoit que dans le cas du recouvrement de loyer, par exemple,
si on attend un an, on attend toute la durée du bail.
Aujourd'hui, on est passé, en novembre 1984, à 2, 6 mois,
si on se base sur le volume en attente. Dans plusieurs régions, c'est 60
jours même, notamment, dans la région de Québec, je crois.
C'est généralement satisfaisant partout.
Le problème - on est même baissé un peu plus bas que
ce 2, 6 - c'est que le flot incessant des demandes qui ne cessent jamais, peut
nous amener, de temps à autre, à glisser un peu, mais on se
maintient constamment dans un délai - en tout cas, depuis un an, un an
et demi - de 60 à 90 jours qui est assez exceptionnel parce qu'on peut
difficilement aller plus bas. Si on pense que chaque cause exige qu'on
reçoive la personne, qu'on l'aide à formuler la demande, qu'on
enregistre la cause, qu'on la mette au rôle, qu'on fasse un avis
d'audition, qu'on donne aux parties le temps de se préparer, etc, qu'on
entende les parties, qu'on rende une décision, qu'on
délibère, tout cela dans 60 à 90 jours, on approche
probablement, à l'heure actuelle, du délai minimum possible pour
rendre une justice qui convient.
M. Middlemiss: Lorsqu'on regarde le tableau, la gestion des
demandes pour l'année 1984, les demandes reçues sont de 57 904;
le solde à traiter est de 21 902. Il me semble, si on compare avec les
autres années, que les demandes étaient pas mal plus
élevées et les soldes à traiter étaient aussi
presque du même ordre, disons, pour l'année 1983. Est-ce qu'il y a
une explication?
M. Houde (Jean-Guy): Oui. La question est encore une fois
pertinente. Si on regarde le volume, dans l'ensemble, on a les causes civiles
d'un côté, tout ce qui n'est pas, au fond, la fixation de loyer.
On a aussi ce qu'on appelle la conservation du stock de logements, mais c'est
un très faible nombre de causes, finalement, moins de 100 dans chaque
cas, je pense.
Les causes civiles: deux mois et demi, cela représente environ 11
000 à 12 000 causes. La fixation, au moment où on se parle, sur
les 20 000 originaires, je pense qu'il en reste à peu près 5000
à 8000, à peu près 10%. Il en restera 10% à la fin
de novembre et cela représente à peu près 2000 à
3000 cas, ce qui fait 13 000, 14 000. On a aussi des causes en évocation
des années antérieures, des causes 573 qui demeurent, qu'on ne
peut entendre, une espèce de fond de baril - je ne trouve pas de
meilleure expression - de quelque milliers. Ce qui fait qu'on se retrouvera,
probablement en décembre, aux 16 000 ou 17 000 qu'on avait en 1982-1983.
On ne peut pas tellement descendre plus bas par la force même des
choses.
Je l'ai dit dans ma réponse précédente, les
délais font que c'est presque un minimum. Mais, toutes proportions
gardées, la question est pertinente en ce sens qu'on devrait
peut-être à ce stade-ci, avoir 2500 causes de moins à
traiter. Il y a une question de roulement relatif et de productivité
relative de nature des causes qu'on ne peut pas identifier plus
précisément mais on pourrait être en deçà de
1000 à 2000 causes. Si on parlait de 100 000, 150 000 et 200 000, on a
quand même réussi, je pense à stabiliser pour
l'essentiel.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Bourassa.
Traitement des clients
M. Laplante: Merci, ce ne sera pas long. C'est la façon de
recevoir soit les locateurs ou les locataires lorsqu'ils ont à
comparaître chez vous. J'ai eu plusieurs expériences de citoyens
et, si ces choses sont exactes, je comprends leurs frustrations. Un locateur ou
un locataire, à un moment donné, arrive pour défendre sa
cause chez vous devant le régisseur. On l'empêche
systématiquement de parler et il a aussi l'impression que sa cause est
jugée d'avance par des "connections" qu'il peut y avoir à
l'intérieur du bureau où il se trouve parce qu'il a
été identifié comme un dur ou un insolvable, ce que vous
voudrez. Le régisseur
est informé avant du dossier - qu'on me dit - et
déjà une décision est prise avant même de
l'entendre. Si c'était le cas, je trouve cela énormément
dangereux dans une démocratie où les gens ne peuvent pas se faire
entendre. Il y a aussi une question de crédibilité. On me dit
qu'il y a des jeunes régisseurs d'une trentaine d'années qui
n'ont jamais connu ce que c'était d'avoir une propriété.
Ils sont dans le métier depuis très peu de temps et puis ils ont
de la difficulté à comprendre. Je vais vous donner un exemple
pour vous dire jusqu'où, à un moment donné, comme
député, nous autres, on a à se poser des questions. Un
locataire se plaint devant la régie que son logement est trop humide. Il
dit même qu'il y a deux pouces d'eau dans son sous-sol. Il dit même
aussi qu'il n'étend jamais de linge chez lui. C'est un exemple vrai que
je vous donne. La propriétaire, quand elle s'est fait entendre, lui a
demandé s'il pouvait amener des témoins, à ce
moment-là. Les témoins n'ont rien conté, même les
locataires qui ont été là plus de huit ans, au même
endroit, qui n'ont jamais eu ces difficultés. Le seuil de la salle de
bain, il est impossible qu'il y ait deux pouces d'eau, le seuil a seulement
trois quarts de pouce. Cela veut dire qu'il y aurait eu de l'eau partout. (17
heures)
II faudrait voir le jugement que le régisseur a donné dans
ce cas. Je ne comprends pas du tout le jugement que le régisseur peut
donner sur de telles affirmations. J'aimerais avoir des réponses
à donner sur tout cela aux citoyens qui viennent se plaindre à
nos bureaux.
M. Houde (Jean-Guy): Mme la Présidente, quand le
député dit ici que, si les citoyens ne peuvent pas se faire
entendre, c'est dangereux pour la démocratie, il a totalement raison.
J'ai insisté à plusieurs reprises sur les exigences d'un
tribunal, même si l'on s'appelle une régie. Dans ses mots, il a
défini ce que sont les exigences d'un tribunal. La question est de
savoir, si la régie répond.
Évidemment, on entre là dans le domaine judiciaire. Si
vous êtes en Cour provinciale, chaque partie est
représentée par un avocat. Il y a un formalisme qui s'instaure,
le déroulement de la preuve suit des règles très
précises et au bout de la ligne, on a l'impression par le formalisme que
la décision est juste et équitable.
À la régie, on a voulu faire un tribunal accessible. On a
dit: les gens vont parler dans leurs mots, vont s'exprimer eux-mêmes, on
n'exigera pas que les avocats soient là. On ne fera pas de formalisme.
Il est évident que la façon dont les gens se préparent,
sans préparation juridique, a aussi ses contraintes. Les règles
de preuve du droit civil continuent à s'appliquer parce qu'on n'en a pas
d'autres et le régisseur doit souvent intervenir pour... Si c'est une
preuve de ouï-dire, par exemple, souvent on va amener un témoin
à dire, non pas ce qu'il a vu ou entendu lui-même, cela n'est pas
acceptable même si aux yeux des gens et au sens commun, ils disent: Mon
témoin est crédible, pourquoi ne l'écoutez-vous pas? C'est
un exemple, il y en a beaucoup d'autres. Finalement, après un
débat qui est très informel et encore une fois, il faut assister
à des auditions pour le voir... J'ai assisté à une
audition récemment dans une visite en région, le locataire
arrive, le locateur c'était une reprise de possession, l'un l'explique
dans ses mots. Il n'y a pas d'ordre dans la présentation des documents.
On ne lui dira pas: Monsieur - vous savez, c'est un camionneur ou je ne sais
quoi - vous auriez dû présenter telle preuve avant telle autre.
Votre logique ne tient pas. Cela ne tient pas parce que l'autre document n'en
fait pas état.
Cela crée un climat de... Même si le régisseur veut
l'expliquer, c'est extrêmement difficile à expliquer et les
parties peuvent fort bien en sortir avec un sentiment d'insatisfaction. C'est
un peu le prix de l'absence de formalisme.
Je vais revenir sur deux points. Le premier, c'est quand vous dites: On
est prévenu à l'avance. Le régisseur est prévenu
à l'avance. Le régisseur peut être, entre guillemets,
"prévenu", dans le sens que c'est quelqu'un qui revient souvent. Il
connaît la personne. Elle plaide sans avocat, elle plaide
elle-même. Il y a des personnes qui se présentent à la
régie, nécessairement, plus souvent que d'autres. À ce
moment-là, le régisseur lui-même, comme toute personne
humaine, doit se mettre en garde lui-même contre le sentiment d'avoir
déjà entendu, pour l'avoir entendue plusieurs fois, et
l'idée qu'elle recommence encore et tout cela. Il doit faire attention
de toujours recommencer à neuf pour donner une chance à
l'audition.
Mais, quand vous me dites: - et je ne crois pas que vous l'ayez dit
d'ailleurs, je vous interprète peut-être mal - Est-ce que -point
d'interrogation il y a des communications qui se feraient entre des personnes
au niveau administratif et le régisseur sur ce plan? Cela serait
intolérable. Si jamais vous aviez un cas effectivement -on examine
toutes les plaintes de cette nature - je partagerais les inquiètudes et
les préoccupations du député.
Et je reviens aux plaintes. Évidemment, je le disais dans ma
présentation. C'est vrai que la régie est perçue comme
cela, on lui a fait des millions de dollars en publicité
négative. Mais, à côté de ce que le
député dit et qu'il entend sans doute dans son bureau, il y a
aussi toute l'évolution du climat général. On ne voit plus
dans les journaux de plaintes au lecteur, on n'en a
pratiquement pas vu une seule dans les journaux nationaux en tout cas
depuis un an, on n'en voit pratiquement pas dans les journaux, dans les lignes
ouvertes on n'en entend plus parler. La régie n'est plus un sujet de
préoccupation. Ce n'est pas une preuve mais cela doit être un
indicateur. Le Protecteur du citoyen, pour le citer - mais il pourra s'adresser
à l'Assemblée nationale lui-même - je pense qu'il serait le
premier à dire qu'il avait des cas autrefois, alors qu'aujourd'hui il
n'en a pratiquement plus lui non plus; l'Assemblée nationale a
l'occasion de recevoir directement son rapport. Nous, évidemment on se
fie à ce que, par exemple, le ministre responsable reçoit,
à ce que nous nous recevons et nous les enregistrons toutes, les
examinons toutes et cela devient un nombre très minime. Sur le volume
extrêmement considérable qu'on traite dans un domaine où
les gens peuvent devenir très agressifs vite, cela aussi est une autre
indication. Je souligne que jamais on n'a pu, à travers toutes ces
difficultés, démontrer le moindrement que la régie pouvait
être taxée de partialité ou de favoritisme. Jamais, il n'y
a eu une de ces plaintes qui s'est avérée vraiment fondée.
Il y a peut-être une chose dans ce que le député dit par
exemple, qui reste une de nos inquiétudes, c'est peut-être le
comportement en audition au sens humain. C'est aussi important de traiter les
gens en audition d'une façon accueillante - je ne parle pas du contenu
judiciaire qui ne m'appartient pas, qui n'appartient qu'à la personne
qui décide - que de le faire au comptoir. Là, évidemment,
le rythme très lourd, le flot très incessant des demandes peut
finir à l'occasion par affecter même des personnes patientes et
encore plus des personnes qui à l'occasion peuvent ressentir de
l'impatience. Il peut arriver à l'occasion -et je l'ai vu en Cour
supérieure, je l'ai vu en Cour provinciale - qu'un de vos concitoyens se
sente lésé par la réaction de la régie mais je dois
dire encore là que je n'ai pas le sentiment qu'on est aussi imparfait
que tout autre tribunal. Je n'ai pas dégagé de mes deux
années d'expérience le sentiment qu'on l'est plus. Mais chaque
plainte, chaque cas, on essaie de le regarder au mérite et avec un oeil
neuf chaque fois pour rester extrêmement sensible à ce genre de
préoccupation qui est tellement importante.
M. Laplante: Oui, on peut être d'accord en partie avec ce
que vous dites. Ce n'est pas parce qu'il n'y a plus d'article à ce sujet
dans les journaux, les gens sont peut-être gavés de cela et ils se
retournent aujourd'hui vers les bureaux de député concernant les
plaintes.
J'aurais aimé dans votre réponse que vous disiez: Oui, il
peut y en avoir - vous l'avez dit un petit peu - mais nous prenons des moyens
pour corriger ces choses dans la différence qu'il peut y avoir d'un
jugement à l'autre. Quand un locataire paie la moitié de son
loyer au début du mois, la balance dans le milieu du mois ou aux trois
quarts du mois, que cela fait 23 mois qu'il fait cela et que dans le jugement
il est dit que ce n'est pas une raison pour venir devant la régie et que
par vengeance, ce même locataire s'en va à la régie et
qu'il essaie de faire déclarer insolubre son logement, qu'il obtient une
baisse de loyer de 40 $ en plus, on se pose nous aussi des questions dans nos
bureaux sur le genre de jugement qu'il peut y avoir à la régie.
Si c'était seulement un cas, je ne pense pas que je vous en aurais
parlé, mais les cas se multiplient. J'ai un comté à 70% de
locataires, d'ouvriers propriétaires - ce ne sont pas des gros - et
aussi d'ouvriers locataires, un comté qui compte environ 6000
assistés sociaux aussi. Imaginez-vous tous les problèmes que cela
engendre, cette relation entre propriétaire et locataire. Après
cela, vous avez les personnes âgées qui demandent peut-être
une attention encore plus spéciale. Peut-être qu'elles demandent
plus que d'autres, mais on se plaint aussi beaucoup dans le milieu des
personnes âgées de la façon cavalière dont elles
sont reçues au téléphone - vous en faites même la
remarque dans un document que vous nous déposez - et aussi de la
réception qu'elles ont à la régie pour débattre
leur cas. Souventefois, elles ont une certaine gêne et ont peu de
facilité à vouloir dire ce qu'elles veulent dire dans leurs
termes. Cela se fait d'une façon gênante pour eux. Il n'y a pas de
compréhension au bout de la ligne. Ce n'est pas nécessairement
gagner qu'elles veulent, mais au moins être entendues et si cela prend
une heure, de prendre l'heure. En arrivant là, elles se sentent
bousculées et lorsqu'elles veulent parler, on leur dit
cavalièrement de se taire. C'est toujours le même qui parle. Quand
arrive leur temps de parler, la réponse est: On en sait assez; attendez
le jugement. Plusieurs expériences ont été vécues
de cette façon-là. Je n'aimerais pas que la commission essaie de
chercher des excuses sur l'ouvrage que vous faites. J'aimerais que ce soit plus
positif et que vous puissiez dire: Oui, il y a une amélioration à
apporter; oui, de tels cas peuvent se produire; oui, nous prenons tel et tel
moyen pour donner une certaine crédibilité à la
régie.
Je termine là-dessus. Je m'excuse d'avoir été aussi
direct, mais je pense que je suis connu pour cela et cela n'a pas
arrêté non plus.
M. Houde (Jean-Guy): Ah non, cela nous aide, d'ailleurs.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez
été à la hauteur de votre réputation.
M. Houde (Jean-Guy): Non, non, cela va. Dans la
présentation, Mme la Présidente, j'ai beaucoup insisté sur
les améliorations. J'ai même parlé d'humaniser en
profondeur. Cela rejoint les dernières préoccupations du
député. Lorsqu'il dit: II faut être positif, je suis
d'accord avec lui. Il faut aussi comprendre qu'on subit des compressions assez
significatives et qu'il faut le faire avec les ressources qu'on a. Il
était particulièrement vrai que la régie était un
organisme qui n'avait pas la meilleure réputation en ce qui concernait
son service téléphonique. On a fait un effort très
considérable pour l'améliorer. Il y a ce guide du
préposé pour donner des renseignements qui, comme vous le
laissiez entendre, doivent être équitables et uniformes. Il y a
l'informatique en direct qui permet maintenant d'informer un citoyen
directement sur l'état de son dossier. Il y a aussi la courtoisie
au téléphone. Je pense que la meilleure invitation que je
pourrais faire c'est de venir avec moi au service téléphonique.
Pratiquement tous les vendredis, le président de la régie va
s'asseoir un peu avec les gens au téléphone pour les encourager
parce que c'est harassant de répondre à 100 appels
téléphoniques. Vous verriez que ces gens-là dont certains
représentent quatre et même six langues, parce qu'on a voulu des
groupes ethniques, on a voulu répondre aux citoyens, vous verriez avec
quel ton ils répondent au téléphone. Simplement vous
asseoir là - et ils ne pourraient pas se préoccuper de vous, le
volume est incessant - simplement les écouter. Ce n'est pas encore
étendu à Québec, mais quand on l'aura fait, c'est 80% ou
90% du volume. Je ne sais pas, Mme la Présidente, et je ne dis pas cela
du tout par moindre défi, nous restons surpris nous-mêmes chaque
fois que nous allons dans ce service.
Je ne sais pas si on retirerait la même impression d'absence de
service. Je dois dire qu'on a fait un sondage sur le service au comptoir aussi
il y a environ un an ou un an et demi. Avant qu'on fasse des
réaménagements, on était très bas dans la
satisfaction, mais toute l'information dispensée, la documentation, la
qualité du service au comptoir - et c'est un sondage d'une façon
reconnue - dans un échantillon au hasard, on était aux environs
de 80% ou 85%, ce qui ne donne peut-être pas du tout la même...
Mais même là on s'en est préoccupé parce qu'il y
avait un problème majeur. Les gens venaient au comptoir à tour de
rôle, côte à côte. Les uns entendaient les
problèmes des autres. Depuis un an, on s'est préoccupé
d'aménager des zones d'accueil individualisées pour les clients.
Cela prend un peu plus de temps mais on les reçoit un peu mieux, surtout
dans un climat de confidentialité. On s'aperçoit que cela
désamorce beaucoup l'agressivité. Les résultats de
conciliation le disent d'ailleurs.
Pour ce qui est de l'audition elle-même, j'ai souligné tout
à l'heure qu'on était finalement un tribunal avec les mêmes
pouvoirs que la Cour provinciale. C'est évident que le président
de la Régie du logement, quels que soient les pouvoirs que la loi lui
confère, pourrait difficilement, quel qu'il soit, donner des
instructions aux régisseurs sur la façon de se comporter en
audition. On peut le faire par des moyens indirects; on peut en parler; on peut
essayer de s'interroger en groupes; on peut même penser à une
formation spécifique des régisseurs. Leur formation était
d'ailleurs le domaine psychosocial. Ce sont de véritables juges et qui
dit juge dit autonomie décisionnelle et dit que le président,
à moins de raisons majeures qui mettraient en cause
l'intégrité du processus, peut difficilement intervenir. Si vous
vous présentez devant la régie, M. le député, c'est
évident que vous devez avoir la garantie que celui qui vous entend est
le seul à vous entendre. Ce serait vicier beaucoup plus fondamentalement
encore le processus de justice si vous saviez qu'à l'avance il y a des
formules prévues en encadrement strict.
(17 h 15)
Est-ce que, dans l'absence de formalisme qu'on a, on pourrait faire un
encadrement très formel? C'est douteux. D'ailleurs, l'administration de
la preuve est de l'essence même de la tâche judiciaire. La
façon dont le régisseur conduit son audition dans tout tribunal,
à l'intérieur des règles de pratique, c'est vraiment
là que joue sa pleine autonomie, parce que c'est là, après
tout, l'essentiel de son rôle. Est-ce qu'on peut aller beaucoup plus
loin? Je ne le sais pas. On peut aller plus loin, je vous l'ai dit, en
courtoisie, en accueil.
Je vais vous donner un dernier élément de réponse.
Si les gens sont insatisfaits de notre décision, ils peuvent en appeler
à la Cour provinciale. Ce n'est pas à nous, évidement, de
juger la façon dont la Cour provinciale, comme tribunal d'appel, exerce
son mandat. Mais le nombre d'appels en Cour provinciale est significativement
bas; deuxièmement, ceux qui y vont ont des avocats et la loi
prévoit que le procès recommence à neuf. Donc, c'est un
bon test de ce que la régie fait puisqu'on ne se prononce pas que sur
des questions de droit, on refait le procès à neuf, y compris les
témoignages, les pièces, les témoins, tout ça.
Dans à peine 20% des cas, on modifie la décision de la
régie. Souvenez-vous que, très souvent, on a
présenté une preuve bien différemment si c'est l'avocat
qui la présente que la partie elle-même. Dans très peu de
cas, sinon aucun, on a vu un juge de la Cour provinciale relever le fait qu'il
y
avait eu, comme vous entendiez, des décisions qui pouvaient
vraiment poser des doutes du type de ceux que vous semblez avoir entendus et
que vous avez effectivement entendus, je le crois parce qu'on les entend,
effectivement.
Si vous étiez le président de la régie, qu'est-ce
que vous feriez? Je ne sais pas trop si je dois m'adresser au
député ou à vous, Mme la Présidente, vous me
donnerez un conseil. On dit qu'il faudrait être plus positif. C'est un
rappel à l'ordre qui est souvent vrai pour des fonctionnaires. On est
souvent portés, effectivement, comme vous dites, à vouloir se
défendre. Mais il faut aussi voir les avenues de solution, il faut aussi
voir l'attitude qu'on doit prendre. Je vous avoue qu'au moment où je
vous parle, je suis relativement, personnellement comme président,
satisfait de la façon dont, non pas le climat, mais les auditions se
déroulent. Quant au climat d'accueil, on pourrait aller plus loin dans
tous les cas.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Gaspé.
M. Le May: C'est moi qui parle?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est chacun notre
tour.
M. Le May: La liste n'est pas longue.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
J'aurais pu parler avant, je vous ai laissé la place.
Listes noires des locataires
M. Le May: J'aimerais simplement savoir quelle est votre
intervention au niveau de ce qu'on a appelé le scandale des listes
noires. Est-ce que vous avez des pouvoirs là-dedans? Qu'est-ce que vous
pouvez faire dans ça?
M. Houde (Jean-Guy): Je vais laisser répondre la
vice-présidente.
M. Le May: C'est la vice-présidente qui a le dossier
noir.
M. Houde (Jean-Guy): C'est exact, c'est pour ça qu'elle
est tout habillée en noir, aussi.
Mme Archambault: Ce qui est arrivé, je pense que tout le
monde l'a vu dans les journaux - je vais faire un peu l'historique -en avril
1983, il y avait eu des protestations de la ligue des droits concernant les
fameuses listes noires dans lesquelles on accusait même la régie
de vendre nos listes. Quand on a mis notre système informatisé
sur pied, en fait, les gens ont pris peur, ils ont pensé qu'à
partir de ce système, les propriétaires y ayant accès
pourraient établir, à partir de notre propre système, leur
liste noire. On avait même dit, dans le communiqué de la ligue des
droits, qu'on vendait nos listes noires. On n'avait pas pensé à
ça comme source de financement!
Ce qui est arrivé à ce moment-là, c'est que la
régie a publié un communiqué de presse, évidemment,
pour démentir cela. Il n'a jamais été question qu'on vende
nos listes noires, il n'est même pas question que les
propriétaires puissent y avoir accès parce que tout le
mécanisme, le langage d'entrée à l'informateur, ce n'est
pas le nom de la personne, mais l'adresse du logement, de sorte que par un nom,
on ne peut pas savoir l'histoire du locataire à la régie,
d'aucune façon, il faudrait connaître toutes ses adresses depuis
qu'il a des relations avec un locateur. C'est clair qu'on n'a pas
favorisé l'installation des listes noires des propriétaires, au
contraire.
Il a été fait encore plus que ça, finalement, pour
régler ce problème. En juin 1983, quelques mois plus tard, il y a
eu un amendement au Code civil dans lequel on dit que si un
propriétaire, par exemple, refusait de louer un logement à un
locataire et que celui-ci peut prouver que, si on lui refuse la location du
logement, c'est parce que le propriétaire avait pris son nom sur une
liste noire ou parce que le locataire avait exercé un droit que la loi
lui confère en vertu de la Loi sur la Régie du logement, c'est
une infraction pénale et à ce moment c'est le Procureur
général qui a des pouvoirs de poursuite. Je dois dire que depuis
l'entrée en vigueur de cet article, au mois de juin 1983, selon mes
informations, on n'a eu aucune plainte, aucune demande de poursuite à la
régie. Évidemment, c'est le Procureur général qui a
les pouvoirs de poursuite dans ces cas, ce n'est pas la régie. Mais
à la régie même, cela semble être éteint les
listes noires, de toute façon on n'en entend plus parler depuis cette
période d'avril, mai et juin 1983, ou en tout cas, semble-t-il, le
problème est réglé pour autant que la régie est
concernée.
M. Houde (Jean-Guy): II reste sans doute un problème plus
général des listes noires. Si on prend le problème d'une
façon plus générale, c'est tout le droit du
commerçant à se prémunir par des informations, cela
dépasse le strict cadre de la Régie du logement qui était
où on pouvait identifier des discriminations parce que des personnes
exerçaient des recours. En d'autres mots, le locataire qui allait
à la régie pouvait être considéré comme un
mauvais locataire, c'est ce genre de problèmes qu'on a voulu
régler et là on pourrait en faire un cas spécifique. Mais
il y a le problème plus général de ces listes qui ont des
informations
sur les personnes. J'en avais vu moi-même quand j'étais
à l'aide sociale, on avait fait des vérifications avec des
agences. C'est extrêmement difficile à réglementer parce
que c'est toute la question des droits du commerce versus les droits
individuels. Mais là on est dans un autre ordre de questions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le président,
je veux vous remercier pour votre mémoire. Si vous êtes d'accord,
nous allons le déposer à la commission, alors il deviendra partie
des archives.
J'ai une série de questions pas très longues quand
même à vous poser. Me référant d'abord à
votre document, je n'ai pas noté la page mais vous allez sûrement
vous en souvenir. Vous dites à un moment donné que le fait que le
mandat des régisseurs soit limité à cinq ans crée
vers la fin de leur mandat - et je cite de mémoire - une certaine
insécurité. Je me demandais pourquoi vous avez mis cela dans
votre mémoire? Est-ce dans le sens d'une modification? Quel est
exactement le but que vous visiez en introduisant ce problème dans le
mémoire? C'est vers la fin, si je ne m'abuse.
M. Houde (Jean-Guy): Vous avez raison, c'est à la page
16.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah bon!
M. Houde (Jean-Guy): C'est effectivement trois pages avant la
fin.
C'était par ouverture envers la commission et aussi parce que
-j'avais le sentiment très net que les régisseurs collectivement
de la régie souhaitaient que je le mentionne puisque c'est ce genre de
problème qui mérite d'être souligné dans ce genre
d'échange. Comme je le dis, en faire une recommandation, le
ministère de la Justice lui-même dans les travaux
préliminaires à la constitution possible d'une cour du
Québec avait publié des documents de travail où on
évoquait tous ces problèmes pour tous les membres d'organisme. On
parlait de la question de sécurité, de la question
d'éthique, de la question d'un corps d'adjudicateurs et on
évoquait toutes les difficultés que cela entraînerait.
C'est peut-être un peu plus vrai encore à la Régie du
logement parce que de tous les corps d'adjudicateurs, c'est vraiment un
véritable tribunal en ce sens qu'il n'entend pas la révision
d'une décision que l'État a pu rendre mais deux parties
privées comme la Cour provinciale le faisait. Et insistant sur cet
aspect, les régisseurs, tout en reconnaissant que personne n'a jamais
mis en cause le fait qu'en pratique ils ont exercé leur fonction avec
autonomie - ceux nommés en 1980 par exemple voient leur mandat se
terminer dans moins d'un an - se posent naturellement des questions sur la
corrélation entre la fonction qu'ils exercent et le genre de statut
qu'ils ont. Je ne voulais pas en faire une recommandation formelle, à la
fois parce que le problème est ou a ou a été sous
étude et parce que c'est vraiment une question qui rejoint un ensemble
de préoccupations quant aux organismes et à leurs membres ou du
moins ce type d'organisme. Il y en a d'autres: Les différences dans le
traitement, les conditions particulières, etc. C'est pour cela que je
voulais éviter d'aller plus loin que de le signaler au passage, n'ayant
pas du tout approfondi la question.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On peut
l'interpréter - c'est la façon dont je l'interprétais -
comme une invitation à ce que les règlements soient
modifiés. Je ne sais pas si c'est inclus dans la loi. Est-ce qu'il y a
possibilité de renouvellement de mandat?
M. Houde (Jean-Guy): Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II y a possibilité
de renouvellement de mandat.
M. Houde (Jean-Guy): La loi prévoit un renouvellement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, bien,
écoutez, à ce moment-là, c'est un peu comme un
député. Nous autres, ce n'est même pas la loi qui le
prévoit, c'est l'électorat. Je pense que ça fait partie de
ce genre de responsabilité.
M. Houde (Jean-Guy): D'un contexte, de membres d'organismes.
Économies réalisées
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): En tous les cas, je ne
savais pas au juste comment l'interpréter. Vous avez, tout à
l'heure, mentionné que - d'ailleurs, c'est contenu dans votre rapport -
vous aviez fait des économies, encore une fois, de mémoire, de
l'ordre de 1 300 000 $. C'est cela? Vous ajoutiez, en réponse à
une question qui vous était posée: on a quand même eu
à faire face à des compressions budgétaires. Je pense que
c'est ça que vous avez dit.
Est-ce que le 1 300 000 $ que vous avez économisé est le
résultat de modifications dans le mode d'administration qui a
été de votre propre initiative ou si c'est dû au fait que
des compressions budgétaires de cet ordre vous aient été
imposées?
M. Houde (Jean-Guy): Je dis non. C'est oui et non. Ce sont les
deux à la fois, Mme la Présidente. D'un côté, cette
année, on a des compressions de l'ordre de 200 000 $ ou
300 000 $, l'an dernier, de 400 000 $ et l'année
précédente, 700 000 $, ce qui fait le 1 300 000 $ et les nouveaux
développements dont j'ai fait part, l'autre 1 300 000 $. Pour les
réaliser, essentiellement, comme nos ressources sont pour l'essentiel
des effectifs, on a économisé quelques centaines de milliers de
dollars dans les frais d'opération, mais on a surtout
économisé dans les postes.
En d'autres mots, nos effectifs autorisés sont supérieurs
à ce qu'on a pu finalement combler et, d'année en année,
nos postes ont diminué. Ils ont diminué où? Ils ont
diminué d'abord dans les services centraux de 20 ou 30 personnes.
Déjà là, vous avez quelque chose comme n'importe où
entre 500 000 $ et 1 000 000 $.
L'intégration de l'informatique aux opérations - dans un
seul bureau, ça aurait fait, je pense, 1 000 000 de cartes manuelles,
sept fichiers tenus manuellement remplacés par un terminal - a permis de
supprimer un certain nombre de postes dans les bureaux aussi.
Une autre mesure qui a été prise, c'est d'agir au niveau
de l'encadrement. Nous avions dans chaque bureau, un gestionnaire qui
était utile au moment de l'organisation de la régie, mais qui
l'est peut-être moins, une fois qu'elle est en marche, et un conseiller
juridique qui est là dans les bureaux de Montréal. Maintenant,
c'est le conseiller juridique qui assume la gestion, ce qui se comprend aussi.
Alors, on a économisé des postes sur ce plan-là aussi, sur
le plan de certains agents de maîtrise.
Finalement, dans des bureaux en région, il a fallu, tout en
gardant chaque bureau ouvert à peut-être une ou deux exceptions
près, aussi aller prélever certains postes pour compenser.
Ce sont l'ensemble de ces postes économisés en ne comblant
pas des départs et puis certaines économies administratives et en
faissant porter d'abord le poids sur le siège social, qui ont permis de
faire ce que vous avez mentionné.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous parliez tout
à l'heure - je ne veux pas vous en enlever le mérite - vous
dites: On est peut-être le seul ou le premier service public à
avoir fait l'effort d'introduire un système informatisé, à
la mesure où on le fait, et vous en avez montré les bons
côtés. Est-ce que la Régie de l'assurance-maladie ne vous a
pas précédé dans cette démarche-là parce
qu'elle a réalisé aussi des coupures budgétaires
considérables?
M. Houde (Jean-Guy): Vous savez peut-être, Mme la
Présidente, j'ai été aux Affaires sociales avant. J'ai eu
l'occasion de travailler de près avec un vos collègues
d'autrefois, l'ancien ministre des Affaires sociales et le président de
la régie. Je le connais bien. Je signale ça simplement, parce
qu'à ce moment-là, j'ai été amené à
voir de très près le système de la Régie de
l'assurance-maladie. C'est un système d'une très grande
complexité et vous avez raison de dire qu'ils ont fait des choses assez
exceptionnelles.
Ce que j'ai voulu souligner, c'est que, nous, c'est de la bureautique
qu'on a fait, c'est-à-dire, la conception nouvelle, ce ne sont pas des
salles de machines avec des -je simplifie à outrance - gros ordinateurs,
ce qu'on appelle en langage technique, des "main-frames", mais la
capacité des petits ordinateurs d'aujourd'hui équivaut à
celle des gros ordinateurs.
D'ailleurs, moi-même, j'avais établi un système
à la fine pointe de l'informatique aux Affaires sociales en 1973,
à l'aide sociale, qui est déjà dépassé.
Nous, on commençait à neuf. C'était ça, notre
avantage. On ne mettait pas de côté des systèmes existants
et on a profité de ce qui s'appelle la bureautique, c'est-à-dire,
l'informatique appliquée aux opérations, pour introduire un
système connu et je pense qu'on est les premiers à le faire au
gouvernement. L'avantage énorme de cela, c'est un système
extrêmement flexible, tout en étant compact, tout en exigeant peu
d'opérations, qui ne coûte pas cher et qui donne finalement des
résultats qu'il n'y a que quelques années, aurait
nécessité un gros système pour donner ces
résultats. (17 h 30)
Personnel de la régie
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Une dernière
question dans ce domaine qui touche vraiment plus le personnel ou autre. C'est
une question que je pose habituellement à tous les offices régis
au même ministère qui se présentent devant nous. Je vois
dans le tableau 5 du rapport annuel des activités de 1982-1983, le
nombre de postes qui est de 330, non 315 en 1983. Pourriez-vous me dire, parmi
les régisseurs et les cadres supérieurs, les professionnels et le
personnel de maîtrise, combien sont des femmes et combien sont des
hommes? Évidemment, c'est très édifiant de vous voir.
C'est rare qu'on voit un président encadré de deux femmes...
Une voix: C'est un chanceux.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bien, peut-être pas
nécessairement. Je ne sais pas ce que le premier ministre dirait cet
après-midi.
M. Houde (Jean-Guy): Je pense qu'on l'a ici. Le Soleil publiait
récemment un article où on était... Je voudrais en prendre
le crédit mais il ne m'appartient pas
complètement, Mme la Présidente. La régie a depuis
le début une tradition "féminine" -entre guillemets - qui est
très accentuée. Il y a un très grand nombre de
régisseurs qui sont des femmes et cela donnait pour les membres de
l'organisme, je pense, quelque chose de l'ordre de 30%.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pour les membres de
l'organisme, si vous avez remarqué, j'ai à dessein laissé
de côté...
M. Houde (Jean-Guy): Laissé de côté.
Maintenant dans les professionnels...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... le personnel technique
et le personnel de bureau.
M. Houde (Jean-Guy):... on a aussi un bon pourcentage. Si je
retrouvais...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... en
général, c'est vrai.
M. Houde (Jean-Guy): Si je retrouvais ce tableau, je pourrais
vous donner des chiffres précis.
M. Pelletier (Jacques): Me permettez-vous de les citer de
mémoire?
M. Houde (Jean-Guy): Oui, de mémoire, si vous le
permettiez, M. Pelletier.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On va vous croire sur
parole.
M. Pelletier: D'accord.
Une voix: Oui, mais au niveau professionnel, c'est
intéressant.
M. Pelletier: Pour le personnel d'encadrement supérieur,
le pourcentage pour la Régie du logement s'établit de
mémoire à 10% alors qu'on sait que pour l'ensemble de la fonction
publique, il est de 5%. Chez le personnel professionnel de la régie, le
pourcentage s'établit à 36% de femmes.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est aussi ce qu'on voit
dans la fonction publique.
M. Pelletier: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Chez les
régisseurs?
M. Pelletier: Chez les régisseurs, inclus avec le
personnel hors cadre, le personnel membre de l'organisme, il est de 35%. Ce
sont les chiffres qui ont été cités dans le journal Le
Soleil tout dernièrement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Et le personnel de
maîtrise?
M. Pelletier: Pour le personnel de maîtrise, les
proportions sont égales: 50%.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): 50%.
M. Pelletier: Donc à l'époque, je pense qu'on
citait 15 ou 16, le nombre total d'agents de maîtrise et on retrouvait
autant d'hommes que de femmes à la Régie du logement.
M. Houde (Jean-Guy): J'ai des chiffres très précis
ici, Mme la Présidente. Vous les avez d'ailleurs, je pense. Oui. Veux-tu
les citer?
M. Pelletier: Effectivement, il y avait un dossier de
préparé à cet effet. Donc, je vous parle de la situation
pour 1984, hors cadre effectivement, on retrouve à la Régie du
logement 35, 29% de femmes.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Voulez-vous séparer vos hors cadre de vos cadres
supérieurs?
M. Pelletier: Les cadres, c'est 10% tel que je vous l'avais
donné. Hors cadre, ce sont le personnel régisseur et le personnel
membre d'organismes, donc présidentes, vice-présidentes
d'organismes. Chez les professionnels à la Régie du logement en
1984, je vous ai donné par erreur 36%. C'était 33, 33%. Le
personnel de maîtrise, il était l'an passé de 66%, dû
à des départs cette année, il est tombé à
33, 33%.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): De 66% à 33%.
M. Pelletier: Oui. Ce sont des départs.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cela veut dire qu'il y a
33% de femmes qui sont parties.
M. Pelletier: Appliqué de cette façon-là,
oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): 50%.
M. Pelletier: 50%. Il y a du personnel de maîtrise de
réduit. Chez le personnel technicien, puisqu'il nous apparaît
important quand on parle du personnel fonctionnaire de distinguer les
techniciens des autres corps d'emploi...
M. Houde (Jean-Guy): Ça, c'est intéressant.
M. Pelletier:... on retrouve 60% de femmes à la
Régie du logement à l'heure actuelle. Donc, c'est ça. On
parlait tantôt
d'agents de conciliation, ce sont donc des femmes dans une proportion de
60% qui agissent à titre de...
M. Houde (Jean-Guy): Qu'on vient de recruter d'ailleurs.
M. Pelletier: Chez le personnel de bureau, bien évidemment
c'est des proportions identiques à celles de la fonction publique. C'est
75% de femmes.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On s'en doutait. Alors,
il vous reste à faire des progrès dans les cadres
supérieurs.
M. Houde (Jean-Guy): Pas tellement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): 10%!
M. Houde (Jean-Guy): C'est quand même 5% de plus...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II ne faut pas prendre
comme modèle la fonction publique parce que...
Une voix: Embarquez-vous pas trop vite.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On va passer maintenant
à d'autres points. Évidemment, je suis de la région de
Montréal, comme mon collègue de Bourassa, et quand on regarde les
statistiques, c'est évident que les problèmes de la Régie
du logement se trouvent concentrés dans la région de
Montréal et à Québec aussi, mais je pense que,
proportionnellement, c'est peut-être moindre, je n'ai pas fait les
chiffres, mais de toute façon. Alors, inutile de vous dire que nous
aussi on a des plaintes. C'est exact quand vous dites que les choses vont plus
rapidement qu'elles allaient, il s'agit de savoir pourquoi on n'est pas tout
à fait sûr, vous allez continuer d'en faire
l'évaluation.
Maintenant, est-ce que tous vos bureaux ont accompli le même
progrès ou fonctionnent à un rythme aussi
accéléré les uns que les autres ou s'il y a des
différences à l'intérieur de vos bureaux? Est-ce que les
délais d'attente sont les mêmes ou à peu près les
mêmes d'un endroit à l'autre?
M. Houde (Jean-Guy): Pour vous donner un exemple, Mme la
Présidente, dans les causes civiles, en novembre 1984: Hull, 2, 2% mois,
Jonquière 1, 3% - je dois dire que le volume est très faible -
Longueuil 2, 9% -c'est là où on a peut-être le volume le
plus serré - Montréal 2, 8%, Québec 1, 4%, Rimouski 2, 3%
et Trois-Rivières 2, 6%. À Montréal, je serais enclin
à dire que cela se répartit assez également entre les cinq
ou six bureaux de la région de Montréal.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est partagé
également.
M. Houde (Jean-Guy): Oui, assez.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Maintenant, pourriez-vous me dire, quand quelqu'un vient et que sa cause
est entendue, que ce soit le locataire, le locateur ou les deux, s'il y a des
notes sténographiques qui sont prises? Est-ce qu'il y a
enregistrement? Je sais que faire de l'enregistrement, cela implique des
coûts, etc. Les notes sténographiques, la réflexion qui m'a
été faite - est-elle fondée ou pas - c'est qu'étant
donné qu'il y a quand même un certain délai entre le temps
des auditions et le temps où le jugement est rendu, parfois les gens ont
l'impression que les arguments utilisés - encore une fois, je vous
transmets ce qui nous est dit, ce n'est pas une chose que... - il peut y avoir
un certain décalage -décalage n'est pas le bon terme - entre ce
que les gens prétendent avoir dit et ce qui...
M. Houde (Jean-Guy): Ce qui est reflété.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... est
reflété dans le jugement. Est-ce que ce n'est pas un point qui
devrait être corrigé? Peut-être que c'est à tort
qu'on peut se sentir frustré par cette chose, mais est-ce que des notes
sténographiques seraient extrêmement coûteuses? Ou, enfin,
est-ce que vous avez réfléchi sur ce problème?
Mme Archambault: Présentement, il n'y a pas
d'enregistrement mécanique et il n'y a pas de notes
sténographiques non plus qui sont prises. Évidemment, au nombre
d'auditions qu'on tient, pour toute la province, par exemple, en causes civiles
c'est entre 4000 à 5000 auditions par mois qui sont tenues, si on
pensait au coût d'une opération comme celle-là. C'est
arrivé - cela fait deux ans que je suis là - à deux
occasions qu'on a demandé si c'était possible de prendre des
notes sténographiques - mais si quelqu'un le demande, il n'y a rien qui
l'empêche - comme devant les tribunaux civils où les causes ne
sont pas susceptibles d'appel, d'amener son propre sténographe, mais
à ce moment, c'est à ses frais. Jusqu'à maintenant, la
régie n'a jamais payé pour des frais de sténographie.
Il faut dire aussi, je suis d'accord, que c'est possible qu'il y ait un
décalage entre la décision et que la personne n'ait pas
l'impression que cela reflète exactement ce qui s'est passé
à l'audition, mais d'une façon générale, les
décisions sont rendues à l'intérieur d'un délai de
30 jours de l'audition, c'est la norme. Il y a des cas, évidemment, qui
dépassent la norme, mais une très grande majorité de
décisions sont
rendues à l'intérieur d'un délai de 30 jours. Le
coût de la mise sur pied d'un service... et ce serait, à part de
cela, dans tous les bureaux parce qu'on est régionalisé; on n'est
pas à un seul endroit comme, par exemple, au palais de justice où
il y a un système central qui permet d'enregistrer dans toutes les
salles. Seulement à Montréal, dans six bureaux différents
où il faudrait installer cela, ce serait vraiment un coût
énorme.
M. Houde (Jean-Guy): Aussi, par la suite, la transcription serait
différente.
Mme Archambault: Après, la transcription de cela.
M. Houde (Jean-Guy): II y a peut-être un second volet
à votre préoccupation, Mme la Présidente, et là
j'avoue que je partage peut-être un peu votre préoccupation. Il y
a le décalage qui peut se produire, quoique les délais,
maintenant, comme vous l'avez mentionné vous-même, le font moins
se produire, mais il y a aussi le reflet qu'on trouve de ce que les gens ont
dit dans la décision, ce qu'on appelle la motivation. Même si le
régisseur ou quiconque préside l'audition - en l'occurrence, des
fois cela peut être un greffier spécial - se le rappelle,
évidemment, le soin qu'on peut mettre à refléter ce que
les parties ont allégué dans une décision peut
conditionner, en grande partie, la satisfaction qu'on a à la lire. Je
dois dire que, dans certains cas, le volume était tel qu'à la
lecture de décisions qui, en droit, ne prêtaient pas à
cause, je me demandais, moi-même, si, à l'occasion, elles
reflétaient les explications données et surtout le poids qu'on
donnait aux arguments avancés par les gens. J'ai même vu des
décisions... Je ne voudrais pas aller trop loin parce que, comme
président, je suis dans une situation extrêmement délicate,
mais quand vous dites simplement: "Vu les motifs décide que... ", c'est
évident que les gens ne s'y retrouveront pas.
On a fait un effort considérable. Il y a eu des groupes de
travail qui ont siégé là-dessus. Cela rejoint l'autonomie
judiciaire dont je parlais, mais je dirais qu'à un certain égard
la préoccupation demeure pertinente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Maintenant, est-ce que des sanctions sont prises contre les
témoins, eu égard à certaines inexactitudes qu'on pourrait
apporter dans son témoignage?
Mme Archambault: En fait, des sanctions comme telles, c'est que
nous... S'il y a des inexactitudes, s'il y a eu des parjures, à ma
connaissance, c'est arrivé que le locateur ou le locataire - je ne me
souviens plus de qui était la personne qui avait constaté qu'il
avait pu y avoir parjure - est allé voir un procureur de la couronne
pour déposer une plainte privée. En fait, on est un tribunal et
on exerce une juridiction jusqu'à 15 000 $, la même qui est
exercée par la Cour provinciale. Si un parjure se passe devant la Cour
provinciale, en fait, c'est une offense criminelle et les gens vont chez le
procureur de la couronne s'ils veulent déposer une poursuite contre la
personne.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À ce moment, ce
serait l'une des deux parties, soit le locateur ou le locataire.
Mme Archambault: C'est cela.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous autres, comme
tribunal, vous...
Mme Archambault: Non, non.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que les gens sont
assermentés?
Mme Archambault: Les gens sont assermentés. C'est une
obligation en vertu de la loi; il faut que les témoins soient
assermentés. Il y a, d'ailleurs un article de loi...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Encore une fois, cela
oblige le témoin, quel qu'il soit, locateur ou locataire, à
prendre les poursuites qui s'imposent.
Mme Archambault: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Et, à ce moment,
à encourir des frais judiciaires.
Mme Archambault: Oui. Si la situation se présentait qu'un
locataire ou un locateur constate que l'autre partie ou que le témoin
fait un faux témoignage et qu'il veut prendre des poursuites et qu'il
veut que ce faux témoignage soit sanctionné, il doit aller chez
le procureur de la couronne. En fait, il va au palais de justice. Je comprends,
évidemment, que ce n'est pas agréable parce que c'est une
démarche supplémentaire qu'il doit faire.
M. Houde (Jean-Guy): On a un pouvoir, nous-mêmes, à
l'article 114: "Quiconque fait une déclaration qu'il sait être
fausse", mais cela ne s'applique que dans le cas d'une formule ou d'un
écrit dont l'usage est obligatoire en vertu de la loi. Pour le reste,
c'est le pouvoir général en vertu du Code criminel qui se fait
par les modes usuels d'administration de la justice, mais qui n'est pas celui
de la régie, dans le cas que je viens de mentionner.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-
ce que vous procéderiez à une seconde audition si, par
exemple, une des deux parties pouvait, preuves à l'appui,
démontrer que l'autre partie a fait une déclaration inexacte?
Est-ce qu'à ce moment elle pourrait revenir devant vous pour redemander
l'audition de la cause?
M. Houde (Jean-Guy): J'en doute, Mme la Présidente. Notre
pouvoir de rétractation d'une décision est très
limité. Je vais vous le lire: "Si une décision a
été rendue contre une partie qui a été
empêchée de se présenter ou de fournir une preuve par
surprise, fraude ou autre cause suffisante - il faut qu'elle ait
été empêchée de se présenter - cette partie
peut en demander la rétractation. " Si nous ne sommes pas dans le cadre
strict qui est celui-là, c'est l'appel qui devient...
Mme Archambault: À la Cour provinciale.
M. Houde (Jean-Guy):... le remède.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Parce qu'il y a des
gens...
M. Houde (Jean-Guy): En d'autres mots, c'est la règle de
justice naturelle que la partie doit pouvoir se défendre, mais une fois
qu'elle s'est défendue, le jugement devient chose jugée, mais
sujet, évidemment, à la sanction d'un tribunal supérieur.
(17 h 45)
Les personnes âgées
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mon collègue de
Bourassa, tout à l'heure, a fait allusion au problème des
personnes âgées. D'ailleurs, vous en parlez dans votre
mémoire également, en disant qu'elles ne sont peut-être pas
suffisamment informées. Je ne veux pas déformer ce que vous avez
dit, mais je pense que c'était l'esprit. Ce qui nous frappe - je pense
que c'est le cas du député de Bourassa et c'est le cas dans mon
comté - c'est qu'il existe des résidences privées. On les
appelle résidences. Ce n'est peut-être pas un terme très
juste; en fait, ce sont des maisons à logements multiples. Il peut y
avoir 200 ou 250 logements. Les personnes âgées sont locataires
dans ces maisons, au même titre qu'elles le seraient dans n'importe quel
immeuble à logements, dans n'importe quelle conciergerie. Sauf que sont
regroupées là des personnes âgées qui -souvent, j'ai
eu des représentations de ces personnes et peut-être que leurs
plaintes sont non fondées - disent: Écoutez, mon loyer a
augmenté de tant cette année, il augmente encore de tant l'an
prochain. Quand on regarde cela dans la perspective de l'indexation de leur
revenu, on se dit: Cela doit devenir très difficile pour ces gens. Ils
vivent, eux aussi, dans l'insécurité, je vous l'assure, de dire:
Est-ce qu'il va falloir que je quitte l'an prochain?
Je ne sais pas dans quelle mesure ces gens peuvent faire appel à
la régie. D'abord, je voudrais savoir s'il y en a un grand nombre qui
font appel à la régie. Deuxièmement, ce qui les
préoccupe, ce sont vraiment les représailles auxquelles ils ont
à faire face dans leur maison. Évidemment, on ne peut pas les
mettre dehors, mais il y a toutes sortes de moyens plus ou moins directs de
leur rendre la vie intenable, au point où ils sont obligés de
quitter. Là, je ne parle pas sur des qu'en-dira-t-on; je parle des
réalités qui existent. Je ne sais pas quel rôle la
régie a eu à jouer dans des situations comme cela ou si,
finalement, c'est strictement toujours votre rôle judiciaire et rien
d'autre ou si vous pouvez faire des recommandations que ce soit au
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur, ou je ne
sais trop.
M. Houde (Jean-Guy): Est-ce que vous auriez objection, sur la
première partie, la proportion, à ce qu'un agent de recherche
ici, Mme Lyse Frenette, réponde?
La Présidente (Mme. Lavoie-Roux): D'accord.
Mme Frenette (Lyse): Dans un sondage mené sur les usagers,
ceux qui ont déposé une demande à la régie en 1982,
soit la partie déposante ou l'autre partie, on a constaté qu'on a
une plus grande proportion de personnes âgées que dans la
population locataire en général. Donc, au niveau d'une partie
associée à une demande, on n'est pas en défaut. Il y a
plus de personnes âgées qui s'adressent à la régie
ou qui sont parties à une demande que dans la population en
général. Donc, au niveau de l'utilisation de ces services, elles
ne sont pas en manque, au contraire. Cela est sur la fréquence
d'utilisation des services par les personnes âgées; c'était
pour cette partie-là.
M. Houde (Jean-Guy): En ce qui concerne l'autre partie,
Mme la Présidente, j'avoue que: Non, je ne voudrais pas que, en
quelque sorte entre guillemets, on "se réfugie" derrière le
rôle d'un tribunal. Ce n'est pas incompatible avec la justice naturelle
que d'aider les personnes âgées. Je pense qu'il faut plaider un
peu faiblesse. Vous me disiez tantôt: Comment avions-nous réussi
à nous financer? Notre service de communications, par exemple, est
passé de 17 ou 18 personnes à quelques-unes, à 2 ou 3.
C'était normal dans la mesure où, au lancement de la loi, on
avait besoin de rédacteurs. Mais maintenant il faut trouver -parce qu'on
n'a, de toute façon, pas les
moyens de faire autrement et parce que c'est logique qu'on le fasse -
une approche communautaire où nos avocats dans les bureaux, qui ont
maintenant le temps de le faire, vont trouver ces groupes, se rendent sur
place. Par exemple, dans Montréal-Est, il y a visiblement une population
de personnes âgées dans des résidences privées. On
devrait avoir des programmes. On le fait dans une certaine mesure. Par exemple,
si vous lisez ce qu'on vous a dit: rencontres avec des aveugles de Ville-Marie,
rencontres avec le Forum des citoyens âgés de
Montréal-centre. Mais cela ne reste que des cas ponctuels et
isolés plutôt qu'un programme d'ensemble. Dans les
priorités que j'évoquais dans notre programme d'action, je pense
que vous avez mis le doigt sur un élément qu'il faudra
développer, mais qu'on n'a pas vraiment développé encore,
quoiqu'on fait des actions ponctuelles.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Une autre question...
M. Laplante: Sur le même sujet, s'il vous plaît!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, d'accord,
allez-y.
M. Laplante: D'abord, je vais vous poser le problème. Les
personnes âgées, lorsqu'elles quittent un appartement, il est
loué à une autre personne âgée. De là les
augmentations de 50 $ à 60 $ avec des menaces au bout: Si tu vas
à la régie, c'est ci et c'est cela. Seriez-vous prête
à suggérer au ministre que, chaque fois que. se libère un
logis d'une personne âgée, le locateur en avise du changement la
régie dans les 30 jours, avec le prix que l'autre payait et le prix que
le nouveau locataire peut payer? Une suggestion semblable éviterait
peut-être l'abus de ce propriétaire, parce que ces pauvres
personnes âgées - j'en vois de 80 ou 85 ans; la
longévité aujourd'hui n'est plus ce qu'elle était avant -
se font exploiter d'une façon épouvantable.
Une deuxième question sur les personnes âgées
encore. Seriez-vous prête à suggérer au ministre un avis de
30 jours lorsqu'une personne de 75 ans ou de 80 ans, dans une édifice
à logements multiples pour les personnes âgées, est
obligée de quitter parce qu'elle n'est plus capable de payer
réellement? Ces personnes ne se nourrissent même plus pour payer
le logement. Un avis de 30 jours au lieu de 90 jours, au lieu du respect du
bail complet?
M. Houde (Jean-Guy): Si vous le permettez, je vais laisser Me
Malo, la secrétaire de la régie, répondre à ces
questions. Elle traite les plaintes et connaît bien le
problème.
Mme Malo (Esther): La loi prévoit déjà
l'obligation pour le propriétaire, lorsqu'il y a conclusion d'un nouveau
bail, de fournir un avis qui indique l'ancien loyer payé par le
locataire, mais cela s'applique à chaque propriétaire et à
chaque logement soumis à la loi.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): De fait, cette
question-là en amène une autre. Encore une fois, je ne sais pas
si c'est justifié ou pas. Évidemment, on sait que maintenant le
prix de la location antérieure doit être signalé au nouveau
locataire, mais ce que j'ai souvent entendu, c'est que le locateur dit: J'ai
fait des modifications. Cela se peut qu'il ait peinturé le logis et
qu'il ait remplacé les boutons d'armoires qui fermaient mal et ainsi de
suite. Ma question principale est celle-ci: Quels sont les critères que
vous utilisez pour autoriser l'augmentation de tel ou tel pourcentage? Vous
allez me dire que vous nous l'avez transmis; je l'ai regardé. C'est dans
votre document no 3. Vous faites des différences pour les
régions. Il y a des questions de localités ou de
municipalités qui modifient le taux d'inflation. 11 y a aussi d'une
façon générale la question de l'énergie qui peut
être aussi assez identique à la grandeur de la province. Il y a un
autre facteur que vous utilisez qui peut aussi être un facteur
général.
Là où je ne suis pas certaine, c'est comment vous
évaluez, en fonction du taux d'augmentation à appliquer, ce qu'on
appelle des réparations générales, enfin, de
l'amélioration apportée par le locateur. J'ai l'impression qu'on
joue beaucoup avec ceci et que les locataires se disent: II a fait des
réparations; alors, vous dites c'est 8%. Là-dessus, j'ai
l'impression qu'on flotte beaucoup dans l'incertitude. Comme les gens le
disent, on y va au pif un peu, excusez l'expression, mais vu de
l'extérieur, c'est le sentiment qu'on a. On a l'impression que les
critères sont beaucoup moins serrés parce que beaucoup plus
difficiles à évaluer que dans le cas de la hausse des coûts
de l'énergie, la hausse des taxes ou tel autre facteur facilement
"objectivable". Dans le reste, on a l'impression que c'est assez flou.
M. Houde (Jean-Guy): 11 y a deux types de réparations. Il
y a les réparations locatives: l'entretien normal, et puis il y a les
réparations majeures. Dans le cas des réparations majeures,
présumément, cela s'identifie mieux, c'est gros et on donne un
taux de rendement, que vous connaissez peut-être, basé sur le
rendement des certificats à terme.
Dans le cas des frais d'entretien ou de l'entretien ou des
réparations qu'on dirait courantes, les indices sont précis.
C'est basé, par exemple, sur le salaire moyen et sur
l'indice des réparations locatives de Statistique Canada, etc.
Les indices eux-mêmes sont précis.
Ce qui est imprécis - vous avez tout à fait raison de le
souligner - c'est la preuve qu'on fait parce que les indices s'appliquent aux
dépenses de l'année qui est considérée. La
détermination de ces dépenses, évidemment, peut
créer toutes sortes de difficultés et c'est probablement
là que les locataires, quand ils se présentent, sont enclins
parfois à contester davantage ce que le locateur dit avoir fait.
Je soulignais dans mon document le locataire qui veut contester,
jusqu'à quel point oblige-t-on le locateur à se justifier?
Là, il y a probablement des difficultés très pratiques,
très concrètes qui se présentent dans une audition parce
que, d'une part, le locataire n'avait pas vu les pièces à
l'avance. D'autre part, le locateur affirme l'avoir fait et, chaque fois,
ça prend une preuve contraire.
Je me souviens d'avoir entendu le témoignage très
saisissant d'une personne âgée qui me paraissait dynamique
à la commission parlementaire au moment de l'adoption de la loi, pas de
l'avoir entendu, mais de l'avoir lu, et c'est encore plus convaincant. Elle
montrait comment, parfois, dans certaines auditions, à la longue, avec
le harassement de tous les types de preuves qui surviennent, ça devenait
difficile, en pratique, même pour quelqu'un d'averti -parce qu'elle
l'était à la longue - de remettre en cause la preuve d'un
locateur qui s'était préparé, qui connaît la
régie dans son fonctionnement, qui souvent, quand ce sont de gros
immeubles, a des comptables, des administrateurs, des avocats avec lui.
Le problème est entier, Mme la Présidente. Je dois dire
qu'on a des guides, mais on n'a pas de règles du jeu très
précises, si ce n'est qu'en principe chaque élément
devrait faire l'objet d'un examen serré, mais en pratique, ce n'est pas
le cas, je ne pense pas que ce soit le cas.. C'est l'élément que
je mentionnais tout à l'heure dans mon mémoire. Jusqu'où
ça devrait être le cas? Est-ce qu'on devrait alourdir? C'est
ça la question que je pose. On pourrait faire des cadres plus
contraignants, des modalités d'examen, s'entendre là-dessus, mais
on alourdirait dans 90% des cas le processus de fixation et d'audition des
causes, et là on aurait une réaction inverse de la part des
propriétaires, instantanément, pas comme propriétaires -
ils sont soumis à la justice comme tout le monde - mais comme une
partie. On dirait que c'est trop lourd.
Ce que vous soulignez, d'un autre côté, qui peut être
très réel, est-ce que ça justifie ce type d'intervention?
C'est un équilibre. Je conclus en disant que ce n'est pas un
équilibre facile à trouver. Je sais que, des fois, des
régisseurs vont vraiment au fond des choses quand ils ont le sentiment
qu'une partie peut être fautive; je ne veux pas employer de mot plus
expressif. Mais il reste un nombre de cas où ce que vous craignez peut
effectivement se passer.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'aimerais demander
à mes collègues si on peut continuer quinze ou vingt minutes pour
finir avant le souper. Je demande le consentement étant donné
qu'il est 18 heures. C'est parce que ce serait fini après le souper.
M. Laplante: D'accord.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II me reste deux
questions à poser. Remarquez que j'en aurais bien d'autres, mais
ça va déjà nous éclairer et on vous invitera une
autre année.
M. Houde (Jean-Guy): On n'est pas bon pour cinq ans, dans le plan
quinquennal de la commission!
Services en d'autres langues
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez fait allusion
tout à l'heure au fait que vous aviez dans votre service
téléphonique des gens de langues autres que le français et
l'anglais. Cela, c'est pour répondre au téléphone. Mais
est-ce que parmi les régisseurs il y a des gens qui peuvent s'exprimer
dans une autre langue que le français et l'anglais? Sinon, est-ce que
vous avez un système de traduction? Nous, on en reçoit beaucoup
et, dans mon comté, j'ai beaucoup de personnes de groupes ethniques.
Dernièrement - ce n'était pas au sujet de la régie - il
s'agissait de gens de langue italienne, et la confusion s'était
produite. C'était un cas d'accident du travail; ils attendaient pour
être entendus par le Bureau de révision de la Commission des
accidents du travail, alors qu'ils avaient été entendus et que,
dans le fond, c'était à la Commission des affaires sociales
où, déjà, leur demande avait été
acheminée. C'était une véritable confusion en dépit
du fait qu'ils étaient venus avec leur fils qui parlait le
français, je pense. Dans quelle mesure répondez-vous aux besoins
de ces groupes dont un très grand nombre sont des locataires, du moins
dans les dix premières années où ils sont au pays? (18
heures)
Mme Archambault: Au niveau de la langue des auditions, c'est
français et anglais, il n'y a pas de problème. Si les deux
parties sont anglophones, l'audition va se tenir en anglais. Si les deux
parties sont francophones, l'audition va se tenir en français.
Un problème survient s'il y a une des
parties qui est francophone et l'autre anglophone. Comme devant les
tribunaux civils, on ne peut pas se payer le luxe d'un service
d'interprète sur place. A ce moment, ce qui arrive, c'est que le
régisseur, en vertu de la loi, doit prêter un secours
équitable et impartial aux deux parties. En pratique, dans la grande
majorité des cas -cela semble satisfaire une bonne partie de la
clientèle; évidemment, cela ne satisfait pas toute la
clientèle - le régisseur sert de lien entre les parties, il fait
lui-même la traduction. Il écoute ce qu'on lui dit dans une langue
- parlons français, anglais, parce que c'est la grande majorité -
et il le retraduit à l'autre., Une partie qui ne voudrait pas se fier
à la traduction du régisseur ou qui aime mieux avoir son propre
traducteur avec elle, ce n'est pas nécessaire qu'elle s'amène un
traducteur professionnel et qu'elle encoure des coûts pour cela. Elle
peut amener quelqu'un de sa famille, un ami ou quelqu'un qui va lui servir
d'interprète pour les fins de l'audition.
A ma connaissance, là où la population italienne est plus
localisée, au bureau du Village olympique, il y a un régisseur
qui est italien et qui, quand les parties sont italiennes, tient les auditions
en italien. Mais parmi les régisseurs, je pense que c'est...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez, quand
même, des grosses communautés. Vous avez la communauté
grecque.
Mme Archambault: On n'a pas de régisseur qui peut tenir
des auditions en grec. A ce moment, ce qui arrive, c'est que la personne peut
s'amener un ami, un parent, une connaissance, quelqu'un de son entourage.
Souvent, ce sont des gens d'une association ou de l'autre, soit un
représentant de l'association des propriétaires ou le
représentant de l'association des locataires qui vient et qui fait la
traduction. Ils peuvent toujours amener quelqu'un de leur famille pour les
aider. Évidemment, ce n'est pas...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II reste que chez les
régisseurs il y a une certaine rotation, puisqu'on en a discutée
tout à l'heure. Il semblerait qu'il y en a eu un dans le cas du Village
olympique, mais dans le cas d'autres communautés suffisamment
importantes - je ne voudrais pas identifier des communautés pour
lesquelles on ne devrait pas en avoir, mais il y en a qui me viennent à
l'esprit parce qu'elles sont tellement un petit nombre -est-ce qu'il y a un
effort de fait dans le recrutement pour qu'on tienne compte de cette dimension?
Parce qu'il n'y a pas, d'une façon attitrée, de service de
traducteurs, je le comprends. C'est vrai qu'il y a toujours l'ami, le voisin,
le cousin ou la cousine qui, de bonne volonté, vont venir, mais est-ce
qu'il n'y aurait pas aussi un effort dans ce sens pour le milieu
montréalais? C'est une autre réalité et il faut en tenir
compte.
M. Houde (Jean-Guy): En fait, les concours de régisseur
s'adressent à tous les avocats sans distinction. Chacun reçoit
une lettre personnelle à travers le barreau, on publie des avis. Vous
m'y faites penser: de fait, pour ce qui est du concours qui est en marche, sur
86 candidatures, je ne crois pas qu'il y en ait une de langue
étrangère. Est-ce qu'on devrait faire un cheminement
spécifique? Les normes s'appliquent, de façon
générale. Pour être franc, ce serait dangereux de le faire,
à moins d'avoir des raisons très sûres, on s'adresse
toujours de façon très neutre au milieu juridique.
Si on avait des candidatures de langues étrangères,
c'est-à-dire un avocat grec ou un avocat italien, j'ai le sentiment que
ce serait une très bonne raison de le considérer de façon
privilégiée. N'en ayant pas, est-ce qu'on devrait en avoir - vous
posez une bonne question - d'office, finalement pour desservir un besoin qui
est très précis et très réel, comme vous le dites?
Je le prends en considération.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ma dernière
question. Je voulais vous demander si vous avez des recommandations que vous
aimeriez faire à la commission dans le sens de modifications à la
loi ou au règlement, qui permettraient de faciliter ou
d'améliorer le fonctionnement de la régie. Parce que la
commission est quand même dans une position où elle peut faire des
recommandations. Si elle se met d'accord et qu'elle est unanime, parfois
peut-être des choses que vous avez demandées peuvent aller plus
vite. Il ne s'agit pas, à ce moment-ci, de faire des recommandations,
dans le cas qui nous occupe, qui vont favoriser une partie ou l'autre, mais
vraiment de faire des recommandations qui amélioreraient les services
à la population.
Je vais vous donner un exemple., Je ne suis pas familière avec
votre réglementation et avec la loi; vous l'êtes bien davantage
que nous et vous l'appliquez tous les jours.
Par exemple, on sait que - vous me corrigerez si j'ai tort - les
propriétaires ont de trois à six mois avant la fin d'un bail pour
envoyer un avis de renouvellement de bail. J'ai l'impression que j'ai
déjà fait une erreur en partant. Est-ce que c'est ça?
C'est ça, bon.
M. Houde (Jean-Guy): Non, je m'excuse, ça n'avait rien
à voir.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ceci signifie que,
lorsqu'un bail, par exemple, se termine le 1er juillet, il peut envoyer son
avis au mois de janvier. Le locataire, pour sa part, lui, est
obligé d'y répondre en l'espace d'un mois. Plusieurs se plaignent
que six mois, c'est trop tôt. C'est-à-dire que le proprio, lui,
peut faire la demande au mois de janvier pour qu'on laisse son logement libre,
plutôt pour connaître les intentions d'une façon
définitive du locataire en l'espace d'un mois. Il y a des gens qui
trouvent difficile qu'on leur fasse cette demande-là au mois de janvier.
Si on prend une question très pratique: un des conjoints peut être
transféré dans une autre ville, mais ce n'est pas
finalisé. Enfin, leurs plans ne sont pas arrêtés avant.
Est-ce que ça ne devrait pas être un peu la même
règle qui s'applique dans les deux cas quant aux délais qui sont
prévus?
M. Houde (Jean-Guy): Je ne le sais pas, Mme la Présidente.
Je regarde la loi fonctionner. Je ne la connaissais pas, moi. Comme les membres
de la commission le savent sans doute, je suis là seulement depuis le
milieu de 19B2. L'équilibre général de la loi semble non
seulement bon, mais ses modalités spécifiques sont
appliquées avec une certaine facilité. Or, quand on sait, par les
parties, par les citoyens - ce qui est le vrai test - les difficultés
qu'une loi comme ça évoque quand on lui touche dans des
éléments qui sont autres que purement techniques - on en a
modifié certains encore récemment, on est en voie de modifier des
choses techniques sur le plan de la rétractation - dès que vous
parlez même des délais, vous commencez à parler aussi un
peu de contenu et cela devient une question d'opportunité et de jugement
politique.
Vu sur le plan de l'administration de la loi, il n'y a pas de doute que
ce que vous dites est vrai dans une certaine mesure. Les délais peuvent
être trop lointains, dans certains cas. Mais, il faut le voir des deux
bouts. Si on veut que ce soit terminé - trois mois - pour que les gens
aient un délai suffisant pour réagir avant la fin du bail,
ça nous mène de trois à six. Cela pourrait être de
cinq à trois, je suppose, ou de quatre à trois. Est-ce que ce
serait suffisant, finalement, et est-ce qu'on ne se créerait pas
d'autres problèmes?
On n'a pas, comme Régie du logement, à travers notre
connaissance de la situation, les moyens vraiment de déterminer
ça; c'est par d'autres sources d'information, je pense, qu'il faut le
faire. Le ministère, par exemple, pourrait le faire par des
consultations avec les associations, par des sondages auprès des gens.
C'est ce type de moyens qu'il faudra employer pour mettre la main sur des
éléments précis de réponses.
Au niveau de l'application judiciaire elle-même, ce n'est pas ce
qui semble soulever des difficultés. Mais ça ne répond pas
complètement à la question que vous posez.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): En tout cas, je trouve
que six mois, c'est un petit peu... Peut-être que trois mois, ce serait
raisonnable.
M. Houde (Jean-Guy): Vous trouvez ça lointain?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bien, je trouve ça
long pour le locataire qui, lui, doit répondre à
l'intérieur d'un mois, à savoir s'il va garder le logis ou
pas.
M. Houde (Jean-Guy): Par contre, cela l'avantage...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense qu'un mois est
peut-être trop court, je suis d'accord avec vous. Mais je trouve
que...
M. Houde (Jean-Guy): Cela a l'avantage d'étaler, d'un
autre côté. Cet étalement-là a une...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cela ne l'étale
pas pour le locataire.
M. Houde (Jean-Guy): Bien, dépendant du moment où
il reçoit l'avis du locateur.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): S'il le reçoit en
janvier pour...
M. Houde (Jean-Guy): Non, cela ne l'étale pas. Non, je
parlais globalement, quand on regarde socialement...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, ça
l'étale pour le propriétaire et je comprends peut-être
qu'un mois, ce n'est pas suffisant pour le propriétaire, mais six mois
pour le locataire - en fait, c'est cinq mois; puisqu'il y a un mois, il reste
cinq autres mois - ça me semblait un peu disproportionné. Mais,
il ne semble pas que ça vous crée de problème.
M. Houde (Jean-Guy): À nous, oui. Mais, j'ai bien fait la
distinction, là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, nous autres,
ça nous a été signalé. Alors, c'est pour ça
que je pose la question. Moi, ce sont les seules questions que j'avais à
vous poser aujourd'hui. Je ne sais pas si le député de Pontiac
veut revenir.
M. Middlemiss: On a parlé tout à l'heure de la
langue. Concernant la langue de l'avis et du bail, la langue du bail doit
être en français, sauf s'il y a eu une entente entre les parties,
le propriétaire et le locataire. De son côté, l'avis doit
être dans
la langue du bail et il y a illégalité de l'avis si
celui-ci n'est pas dans cette langue. Mais, un phénomène qui peut
se produire et qui se produit, il semblerait, effectivement, c'est qu'une
entente peut être intervenue après la signature du bail, si bien
que vous pouvez vous retrouver avec des avis illégaux, même s'il y
a eu entente, puisque le bail était dans une autre langue.
On doit arriver à ce que le règlement ou la loi soient
clarifiés dans ce sens-là; quand le locataire ne répond
pas dans la langue du bail, que ce ne soit pas fatal et la même chose
pour le propriétaire qui écrit un avis selon la langue de
l'entente et non pas celle du bail. En fait, toutes les technicalités
entourant cet aspect devraient être clairement précisées
dans la loi ou dans le règlement. Il me semble que j'ai
déjà lu des articles qui démontraient que des cas
semblables s'étaient produits. Est-ce que vous pouvez nous dire: Oui, il
y a plusieurs cas et est-ce qu'on est en train de travailler dans ce
sens-là?
Mme Archambault: II y a présentement, en fait c'est clair,
au niveau de la jurisprudence, exactement le problème que vous soulevez
sur l'interprétation donnée à cet article-là. Il y
a, disons, un certain groupe de gens, des avocats, des régisseurs, qui
disent: Cet article-là existe. L'avis doit être dans la même
langue que celle du bail. Il y a un autre article de la loi qui dit que la loi
est d'ordre public et que le défaut d'avoir un avis dans la même
langue que celle du bail, cela fait que l'avis est nul. Il y a une autre
tendance, il y a une autre partie des régisseurs qui, eux, disent:
Malgré l'article 564 qui dit que c'est d'ordre public, il faut
considérer le préjudice subi et la bonne foi des parties. C'est
un des problèmes dont on est conscient et qu'on discute
présentement par le biais de groupes de travail chez les
régisseurs. Il y a une beaucoup plus grande tendance présentement
au niveau de l'interprétation de la jurisprudence à être un
peu plus large sur la définition d'ordre public. D'ailleurs, dans des
causes qui sont allées en appel devant la Cour provinciale, celle-ci
à deux ou trois occasions, a dit qu'il ne fallait pas simplement
regarder l'équation: avis et ordre public, nul ou pas nul, mais qu'il
fallait voir si un préjudice avait été subi par la partie.
Évidemment, si quelqu'un envoie un avis en anglais à quelqu'un
qui ne parle pas l'anglais, il va y avoir un préjudice et là ils
vont pouvoir appliquer l'article, mais on regarde aussi de plus en plus s'il y
a un préjudice qui est subi par la partie.
M. Middlemiss: Dans la même chose aussi, c'est que les
décisions de la régie se font seulement en français.
Est-ce que j'ai raison de dire cela?
Mme Archambault: Sauf qu'en matière de fixation je dois
dire qu'on a même des décisions mécanisées qui sont
en anglais et là le régisseur, si l'audition s'est faite en
anglais, peut utiliser la décision mécanisée anglaise au
niveau de la fixation de loyers. Dans les autres cas, nos décisions sont
toutes en français. De toute façon, en fait, le juge est libre de
rendre la décision dans la langue de son choix. Elles sont faites en
français. On n'a pas de service de traduction des décisions, mais
on a un autre service. Une personne, par exemple, qui recevrait une
décision qu'elle ne comprendrait pas peut se présenter dans un de
nos bureaux avec sa décision et sur place nos préposés
à l'information vont lui faire une traduction. Si on le faisait par
téléphone, on ne pourrait pas s'assurer que la personne a bien
compris ou pas, tandis que, lorsqu'on est sur place, on s'assure que la
personne a bien compris ce qu'on lui traduit. Si il y a des problèmes
bien complexes qui sont dans la décision, les avocats du contentieux
assurent le même service à la personne.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il y a un coût attaché
à cette traduction? Est-ce qu'on se fait payer?
Mme Archambault: Elle n'est pas faite par écrit. C'est une
traduction verbale.
M. Middlemiss: Verbale.
Mme Archambault: Cela ne se fait que verbalement.
M. Middlemiss: II semblerait qu'il y a des propriétaires
qui ont reçu, disons, une décision en français et qui ont
été obligés de la faire traduire. Eux, ils le font faire
par des associations de propriétaires à un coût.
Mme Archambault: II faut dire qu'en pratique, même au
ministère de la Justice présentement, ils ne font pas de
traduction de décisions, non plus, à moins qu'il n'y ait un
intérêt collectif qui soit en jeu. Si quelqu'un voulait le faire
traduire, je ne sais pas quel est le coût à la page d'une
traduction. Nos décisions - cela arrive, à l'occasion, qu'il y en
ait une d'une dizaine de pages - généralement ont, deux, trois,
quatre pages au maximum. Mais nous, on ne fait pas nous-mêmes la
traduction écrite.
M. Middlemiss: Concernant la décision, est-ce que vous
avez considéré que la régie sur demande pourrait la donner
dans une autre langue? Oui.
Mme Archambault: La décision, c'est difficile
présentement parce qu'il faudrait avoir tout un service
d'interprètes. On peut toujours imaginer que c'est pensable, mais,
compte tenu du personnel qu'on a, il faudrait avoir des gens qui parlent
toutes les langues. Il faudrait aussi s'assurer que la décision qui est
traduite dit vraiment ce qu'elle dit dans la lanque que nous autres, on
connaît, que tout le monde connaît. Parce qu'on peut faire des
traductions, après cela, si on ne le sait pas, nous autres, est-ce que
le jugement est exécutoire et est-ce qu'on le condamne vraiment à
la même chose que ce à quoi il était condamné dans
l'autre langue? C'est difficile de le mettre par écrit, parce que cela
nous prendrait des traducteurs diplômés pour le faire.
Listes noires des locataires (suite)
M. Middlemiss: Pour revenir à la liste noire dont on
parlait tout à l'heure, il y a une lettre qui était
adressée au ministre et qui a paru dans le Devoir du jeudi, 22 mars
1984, et je vais la lire textuellement. Peut-être que vous pourrez nous
donner des réponses, si vous voulez, si vous vous sentez prêts
à le faire.
Dans la lettre, on dit: "Pourriez-vous m'indiquer, M. le ministre,
comment je dois procéder pour vérifier si j'apparais sur ces
listes et quel moyen j'ai pour corriger ou rayer des renseignements? Je sais
que les articles 260. 1 à 260. 4 de la Loi sur la protection du
consommateur, ainsi que l'article 1665 du Code civil, tel qu'amendé par
la loi 24, me garantissent certains droits. Cependant, j'attends des
précisions de votre part à savoir comment je peux
concrétiser les voeux de cette législation. "
Est-ce qu'on vous a consulté pour donner une réponse
à cette personne ou est-ce que vous avez répondu?
Mme Archambault: En fait, c'est la Loi sur la protection du
consommateur qui est impliquée. Le ministre est en même temps
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur. En fait, la
personne elle-même avait trouvé une bonne partie de sa
réponse par le biais des articles de la Loi sur la protection du
consommateur, elle pouvait obtenir les informations nécessaires et
même faire les corrections s'il y avait des choses qui ne correspondaient
pas à la réalité.
M. Middlemiss: D'accord. La personne qui écrivait semblait
dire: Voici, je sais que cela existe, est-ce que vous pouvez me dire,
concrètement, de quelle façon cela me protège?
Mme Archambault: C'est un autre secteur d'activités qui
n'est pas de la Régie du logement. En fait, ce sont exactement les
mêmes articles. Je le sais parce que j'étais à l'Office de
la protection du consommateur avant d'être à la régie.
C'est autre chose.
Disons que ce sont les mêmes articles qui s'appliquent aux listes
noires, qui s'appliquent aux bureaux de crédit, par exemple, où
on peut exiger de consulter son dossier de crédit.
Une voix: Si c'est rémunéré.
Mme Archambault: C'est cela, si c'est
rémunéré. Les listes noires sont considérées
comme des dossiers de crédit, finalement. Un crédit, ce n'est pas
uniquement le crédit financier. À partir du moment où les
gens se présentent là, on peut exiger de voir son dossier et
ensuite on peut faire des commentaires sur son dossier lorsque le dossier ne
correspond pas à la réalité. À ma connaissance, il
n'y a rien eu de plus depuis qu'il a été fait dans ce sens.
M. Middlemiss: Dans ce même article -je vais continuer; il
voulait juste avoir l'assurance des gens - il dit: "De plus, avec
l'informatisation des dossiers de la Régie du logement, il me semble
dangereux que des propriétaires constituent leurs listes noires ou
fichiers à partir des décisions de la régie. " Ces listes
informatisées sont bien protégées? Qui a accès
à ces listes?
Mme Archambault: Les listes? On n'a pas de listes.
M. Houde (Jean-Guy): D'abord, on ne fait pas de listes
informatisées. On a un système très strict de codes pour
accès à l'informatique cas par cas. Ce qui est publié, ce
sont nos rôles. On a fait en sorte aussi, après réflexion,
qu'on supprime toute possibilité d'accès à nos fichiers
à l'aide du nom de la personne. On ne peut qu'accéder à
une propriété même si administrativement c'est beaucoup
plus lourd parce que des fois ce serait utile d'avoir le nom d'une partie. On
ne peut accéder aux renseignements de notre ordinateur avec des noms et
seulement l'adresse d'un immeuble, ce qui fait qu'il n'y a pas de listes qui se
produisent. On sait, par contre, que dans certains cas on s'est servi de nos
rôles pour noter le nom de personnes qui venaient à la
régie, mais on ne peut rien y faire, les rôles d'un tribunal sont
publics et affichés. C'est la seule chose qui est disponible et rien
d'autre; non seulement rien d'autre, mais ce n'est pas possible que cela le
soit.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'autres questions? Il ne
me reste qu'à vous remercier et on s'excuse pour le dérangement
de ce matin. Il reste, quand même, que vous allez avoir votre
soirée un peu libre.
M. Houde (Jean-Guy): On ne revient pas à 20 heures?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non.
M. Houde (Jean-Guy): Ah, bon!
Une voix: Vous avez un nouveau ministre qui prend
congé.
Une voix: J'ai assez hâte de connaître le
nouveau!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Les travaux de la
commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 18 h 20)