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(Seize heures trente-six minutes)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
II m'est maintenant permis de déclarer ouverte la séance
de la commission des affaires sociales. Cette commission se réunit
aujourd'hui pour procéder à l'interpellation du
député de Brome-Missisquoi au ministre des Affaires sociales sur
le sujet suivant: "L'indifférence du gouvernement péquiste et
l'incohérence de ses politiques dans les dossiers de la santé et
des services sociaux. "
J'aimerais d'abord rappeler les règles de cette interpellation.
Le député qui a donné l'avis d'interpellation intervient
en premier lieu pendant dix minutes. Le ministre intervient ensuite pendant dix
minutes. Il y a ensuite alternance dans les interventions: soit un ou des
députés du groupe de l'Opposition, le ministre, un
député du groupe formant le gouvernement, un député
de l'Opposition, le ministre, un député du groupe formant le
gouvernement et un député de l'Opposition. Ce qui veut dire que
nous avons actuellement une heure vingt-cinq minutes. Le député
de l'Opposition et le ministre auront dix minutes au début. Â la
fin, à 17 h 40 le ministre aura dix minutes et le député
de l'Opposition qui a interpellé le ministre aura dix minutes pour
conclure.
Donc, dans la période de 45 minutes qui reste, il y aura un
député de l'Opposition, le ministre, un député
ministériel, un député de l'Opposition, le ministre, un
député ministériel, un député de
l'Opposition, le ministre et un député ministériel, ce qui
complètera l'heure et vingt-cinq minutes.
J'accorde la parole au député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis:
M. le Président, sur une question de
règlement. Étant donné que ce genre de débat est
habituellement prévu pour une durée de deux heures, je croyais
avoir décelé une entente entre les deux formations politiques
à savoir que le temps du milieu, sauf les 20 minutes du début et
les 20 minutes de la fin, sera partagé de façon égale
à cause du temps restreint qui nous reste et parce que c'est par
consentement.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a une
entente?
M. Chevrette: Je suis d'accord avec ça, M. le
Président, parce que je ne voudrais pas vous faire relire. II m'en a
échappé un bout: cinq minutes, cinq minutes...
Le Président (M. Bissonnet):
En fait, il y a cinq
minutes... Lorsque le député de l'Opposition vous interpelle,
dans les cinq minutes, une fois vous répondez, la fois suivante, c'est
un député ministériel qui va intervenir. Donc, si vous
changez le bloc, à ce moment-là, c'est un député de
l'Opposition et ce sera vous directement pour cinq minutes. Si vous ne
répondez pas, vos cinq minutes seront prises par un député
ministériel.
M. Chevrette: Ce que j'ai compris, c'est que c'était
dix-dix au début, dix-dix à la fin...
Le Président (M. Bissonnet): Et dix-dix à la
fin.
M. Chevrette: Le bloc, arrangez-vous pour le séparer
moitié moitié et on n'aura pas de problèmes.
Le Président (M. Bissonnet):
Avec le
consentement...
M. Paradis: Consentement.
Le Président (M. Bissonnet):... c'est un
député de l'Opposition, le ministre ou un député
ministériel et on revient à l'Opposition pour des périodes
de cinq minutes.
M. le député de Brome-Missisquoi, vous avez dix minutes
pour votre introduction.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): Je m'excuse, c'est la
première séance que je fais. Je vais demander à la
secrétaire de faire l'appel des membres présents de la
commission.
La Secrétaire:
MM. Paradis (Brome-Missisquoi),
Sirros (Laurier), Beaumier (Nicolet).
En remplacement de M. Gravel (Limoilou), M. Baril (Arthabaska): en
remplacement de M. Lavigne (Beauharnois), M. Dupré (Saint-Hyacinthe): en
remplacement
de Mme Bélanger (Mégantic-Compton): M. Scowen.
Le Président (M. Bissonnet): Très bien.
M. Paradis: II y aura également la présence, si on
veut le noter, du député de Marie-Victorin, M. Pratt, en
remplacement d'un membre.
Le Président (M. Bissonnet): M. Pratt en remplacement de
M. Saintonge (Laprairie).
M. Paradis: C'est ça.
Le Président (M. Bissonnet): Je déclare la
commission ouverte.
M. le député de Brome-Missisquoi, pour dix minutes.
Exposé du sujet M. Pierre Paradis
M. Paradis: Si l'Opposition officielle a choisi d'inscrire comme
motion, dès le mois de novembre, une interpellation au ministre -qui
devait durer deux heures - sur l'indifférence du gouvernement
péquiste et l'incohérence de ses politiques dans les dossiers de
la santé et des services sociaux, c'est tout simplement qu'on fait face,
dans le domaine de la santé et dans le domaine des services sociaux,
à des problèmes graves. On comprendra que ces problèmes
n'ont fait que s'aggraver au cours de la dernière année. Nous en
sommes à notre troisième ministre des Affaires sociales au
Québec, à peu près, au cours des douze derniers mois.
Le ministre actuel et son prédécesseur ont
été précédés eux-mêmes du
député d'Anjou - vous vous en souviendrez - qui est aujourd'hui
ministre de la Justice. Le député d'Anjou a été aux
Affaires sociales ce qu'il avait été au Travail, rempli de
promesses -on s'en souviendra - réforme du Code du travail, grande
réforme dans les Affaires sociales. Mais, au Travail comme aux Affaires
sociales, le député d'Anjou a été beaucoup plus
préoccupé, pour ne pas dire obnubilé, par sa propre image
et par une éventuelle course au leadership. Dans ces circonstances, il
n'a guère oeuvré au sein du ministère et a fui le dossier
au moment même où les problèmes créés par son
indifférence et son inaction se sont fait sentir.
Lui a succédé le député de Bourget dans les
circonstances dont vous vous rappelez, M. le Président, au lendemain de
l'abandon, par le Conseil des ministres, du projet de loi 40 sur la
réforme scolaire. Le député de Bourget est devenu ministre
des Affaires sociales. Tout au long de son mandat, il a travaillé fort
à éteindre les feux dans toutes les régions du
Québec, dans tous les centres hospitaliers, dans les centres d'accueil.
Il était devenu le pompier du ministère des Affaires
sociales.
Le ministre actuel est nouvellement arrivé et il arrive dans un
contexte - nous sommes sympathiques à sa cause - des plus difficiles, M.
le Président. On connaît la crise interne qui tiraille le
gouvernement. On sait que le gouvernement est en fin de mandat. On sait que
depuis le député d'Anjou et depuis le député de
Bourget, le ministère est dirigé, dans ses grandes orientations
comme dans le règlement des cas ponctuels des dossiers, par quelques
technocrates qui ont la mainmise sur le ministère depuis ce
temps-là. Le ministre, dès son arrivée, nous a promis
quelque chose de nouveau, quelque chose peut-être également
d'intéressant, quelque chose qui manquait sûrement au
ministère des Affaires sociales. Il nous a promis une approche humaine.
Nous l'en félicitons, nous l'en remercions, mais il va falloir voir de
quelle façon, au cours des prochains mois, il va réussir à
humaniser le ministère des Affaires sociales.
Nous avons sélectionné pour cette interpellation quelques
dossiers. Les députés qui m'accompagnent, le député
de Notre-Dame-de-Grâce et le député de Laurier, ont des
questions bien précises. Mme la députée de
Mégantic-Compton est retenue aujourd'hui à une conférence
socio-économique dans son comté, mais elle également, par
la voix du député de Laurier, a des questions à vous
soumettre. Nous voulons vous parler, M. le ministre, des dossiers qui, à
notre sens, sont les plus criants, les plus préoccupants pour cette
partie de la population qui doit avoir recours aux services de santé et
aux services du réseau des affaires sociales.
Nous voulons vous parler, vous vous en doutez bien, du dossier des
salles d'urgence. Nous voulons vous parler, vous vous en doutez bien, surtout
à la suite des événements de la fin de semaine, du domaine
ambulancier, à Montréal. Nous voulons parler au ministre des
Affaires sociales du plan d'urgence de la grande région de
Montréal. Nous voulons parler au ministre des Affaires sociales des
listes électives d'opérations qui s'allongent de plus en plus
dans les hôpitaux et, spécialement, pour ce qui concerne la liste
des enfants qui attendent des opérations. Nous voulons parler au
ministre du cadre de partage CLSC-CSS, cadre de partage qui risque, tel qu'il
est conçu, de priver ceux qui, dans la population, en ont le plus besoin
de services sociaux et qui menace également les institutions anglophones
au Québec. (16 h 45)
Nous voulons également parler au ministre, en commençant,
d'une question bien simple, bien pratique et qui traduit bien l'état du
réseau de santé et des services sociaux. Je veux parler
strictement des
immeubles et des équipements où les gens du réseau,
!es fonctionnaires qui y oeuvrent, rendent des services à la population.
L'ex-ministre des Finances, M. Jacques Parizeau, déclarait au
début de l'année 1984 - et je cite à partir d'un article
paru dans la Presse - "Le ministre Parizeau a en effet reconnu le
problème de la détérioration des hôpitaux et de
leurs équipements. Il a aussi affirmé sans trop de
précisions qu'un effort serait fait au prochain budget. Finalement, il a
demandé aux gestionnaires du réseau hospitalier de se montrer
patients et de se consoler à la pensée qu'un effort plus
considérable serait fait d'ici 18 mois ou deux ans dans ce domaine. "
Cette déclaration du ministre des Finances nous a
inquiétés. Elle illustre bien - parce qu'il est d'accord avec
l'Opposition - que le réseau est complètement
détérioré.
À une question que j'adressais à votre
prédécesseur, au moment de l'étude des crédits en
avril 1984, question reprise par ma collègue de L'Acadie, votre
sous-ministre en titre, lorsqu'on parlait de l'état des
équipements et des immeubles dans le réseau hospitalier et les
centres d'accueil, nous divulguait les statistiques alarmantes suivantes. Je
cite votre sous-ministre en titre, M. Deschênes: II faut rappeler que,
dans le cas des centres d'accueil et d'hébergement, 72% des centres
d'accueil et d'hébergement ont un certificat de conformité aux
normes de sécurité de la Direction de l'inspection du
bâtiment du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur. Dans le cas des centres hospitaliers, pour situer l'ensemble de
la perspective, 76, 6% des centres hospitaliers ont un certificat de
conformité. C'est donc concentré, en quelque sorte, dans les deux
cas dans quelque chose comme 25% des établissements.
Ma première question, M. le ministre: Si on se retrouve
aujourd'hui, au Québec, avec 25% des centres d'accueil et 25% des
centres hospitaliers qui n'ont pas de certificat de conformité aux
normes de sécurité... Là, je ne parle pas de chrome, M. le
ministre. Je parle de normes de sécurité dans des bâtiments
où on héberge des gens qui sont très peu mobiles, des gens
qui, dans la plupart des cas, sont alités, des gens qui, en cas de
catastrophe, sont difficiles à déplacer. Vous, à titre de
ministre des Affaires sociales, quelles sont les propositions que vous apportez
dans ce dossier de façon à éliminer ces 25%? Quel est
votre échéancier afin que tous les immeubles, tous les centres
d'accueil et tous les centres hospitaliers répondent aux normes de
sécurité du Code du bâtiment? Quelles sont les sommes que
vous avez à votre disposition? Quand comptez-vous passer à
l'action?
Le Président (M. Bissonnet): Vous avez terminé, M.
le député de Brome-Missiquoi?
M. Paradis: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
Réponse du ministre M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, dans un premier temps, je
voudrais remercier l'Opposition d'avoir différé d'une couple de
semaines l'interpellation, parce qu'elle devait avoir lieu le lendemain de mon
assermentation. Je pense que cela se comprenait, mais je tiens quand même
à souligner que j'ai bien apprécié ce report d'une
quinzaine qui m'a permis de faire un peu le tour de l'ensemble des objets, des
sujets ou des juridictions de mon ministère. Cela me permettra sans
doute, au cours de cette heure et demie, de prouver qu'il n'y a absolument pas
d'indifférence ni d'incohérence, contrairement à
l'accusation portée formellement par le critique de l'Opposition.
Je ne dirais pas, cependant, qu'il n'y a pas de problème; il
faudrait être aveugle. Je pense que les problèmes existent. Mais
ce n'est pas non plus le Biafra, au Québec, dans le domaine des services
sociaux et de la santé. Il y a quand même des limites. Quand un
gouvernement y consacre environ 7 200 000 000 $, si on combine les
dépenses du ministère des Affaires sociales avec celles de la
RAMQ, quelque 30% du budget global consacré à la santé et
aux affaires sociales, cela me paraît quelque chose de très
important. Il y a passablement de pays qui ne se paient pas les services de
santé et les services sociaux qu'on a.
Cela dit, cela ne nous empêche pas, bien sûr, de travailler
à améliorer le système que nous avons, en "priorisant" et
en harmonisant nos dépenses de façon qu'on utilise plus
correctement les sommes mises à la disposition de nos réseaux.
C'est ce à quoi on s'est consacré depuis quelques années,
surtout dans le domaine hospitalier. Je pense qu'il y a eu des plans de
redressement depuis déjà quatre ou cinq ans. Il y a eu
énormément de travail de fait pour réaffecter des sommes
aux meilleurs endroits possible en "priorisant" certaines actions. Je pense que
profiter du fait qu'il y a eu deux ministres qui se sont succédé
et qui ont disparu pour se consacrer à d'autres tâches, c'est de
la politique que le public jugera.
Pour ce qui me concerne, je m'en tiendrai à répondre aux
questions sur les points que vous avez soulevés. Je le ferai lorsqu'on
abordera chacun des sujets. Que vous ayez tout d'abord dit que j'avais pris un
seul engagement, celui d'une approche
humaine, ce n'est pas si mal. Je pense que c'est un apport que je
pourrais contribuer, oui, à cause de mon expérience en relations
du travail. J'ai l'intention de pratiquer une politique de coopération,
de collaboration et non pas d'affrontement. Cela est clair. J'ai l'intention de
rencontrer tous ceux et celles que je pourrai rencontrer au cours des mois qui
suivront précisément pour me faire une idée encore plus
précise du ministère et pour contribuer à dénouer
certains problèmes car dans bien des cas - parce que j'ai
déjà été membre d'un conseil d'administration,
celui du CHRDL à Joliette, et d'un centre hospitalier - ce n'est pas
toujours l'argent qui règle les problèmes. Dans bien des cas,
c'est une question de fonctionnement, de réaménagement et il n'en
coûte pas un sou. Pour appliquer ces solutions, il faut
nécessairement que les intervenants se parlent au niveau du
réseau, que ce soit le syndicat avec les directions, le syndicat avec
les autorités ou les membres du conseil d'administration. Il faut que
les employés collaborent également. Il faut que les employeurs
respectent le fait qu'il y a des salariés à l'intérieur de
ces édifices, de ces complexes hospitaliers ou de ces centres
d'accueil.
C'est dans cette optique que je me suis engagé à
collaborer le plus étroitement possible avec l'ensemble des intervenants
du milieu. Déjà, j'ai rencontré passablement de gens. J'ai
rencontré la FAS, la Fédération des affaires sociales.
J'ai rencontré la table des CRSSS quelques minutes à peine, mais
nous avons d'autres séances de programmées. J'ai aussi
rencontré plusieurs députés qui avaient des points
précis à faire valoir. J'ai pris des engagements de rencontres
ultérieures également avec des groupes qui ont des points bien
précis à me faire valoir.
Donc, c'est dans cet esprit que j'aborde le travail de ministre des
Affaires sociales. Au cours des prochaines minutes, il me fera plaisir
d'aborder chacun des problèmes que vous avez soulignés en
démontrant, tout d'abord, ce que le ministère a fait
jusqu'à maintenant. Il y a des points sur lesquels on pourra vous donner
nos intentions également. Je m'arrête là pour laisser le
plus de temps pour répondre aux questions qui nous seront
soulevées sur les différents points que vous avez tenu à
me signaler au départ.
Le Président (M. Bissonnet): Vous avez terminé, M.
le ministre?
M. Paradis: Avec votre permission, je demanderais strictement au
ministre la réponse précise à la question que je lui ai
posée concernant les 25% des centres d'accueil et des centres
hospitaliers qui ne répondent pas aux normes de
sécurité.
M. Chevrette: Oui, je vais vous en donner une. Je croyais que
vous reprendriez chacun des sujets.
M. Paradis: J'ai lancé la première. D'accord.
M. Chevrette: En ce qui regarde les chiffres que vous avez
sortis, 72% et 76%, cela correspond à ce qu'on a. Le certificat de
conformité, cela existe ou cela n'existe pas. Vous me demandez ce qu'on
a concrètement cette année. Cette année, il y a un effort
spécial de fait en 1984, dans le cadre du plan de relance: sur 71 000
000 $ de nouvelles initiatives, on a 42 000 000 $ aux seuls fins de la
réfection et de l'entretien des différents édifices du
réseau. Je demanderais à mon sous-ministre de vous ajouter des
détails.
M. Deschênes (Jean-Claude): II faut rappeler, M. le
député, la signification d'un certificat de conformité
aussi. Un certificat de conformité peut ne pas être émis
pour des travaux qui peuvent monter à des millions de dollars; si,
à un moment donné, une clause, un article du règlement est
en train de se régler, le certificat n'est pas émis. La
signification n'est pas automatique, à savoir qu'il en reste 25%.
En complément à ce que le ministre signale, je voudrais
vous rappeler qu'en matière d'immobilisations, pour l'exercice financier
1984-1985 - je ne voudrais pas revenir sur les crédits il y a pour 186
000 000 $ de dépenses en santé et affaires sociales
intégrées. Ceci exclut les dépenses réelles de
l'entretien des établissements qui s'élèvent à
quelque 174 000 000 $ pour 1983-1984.
D'une part, il y a une nuance à faire quant à l'impact
d'une affirmation comme celle concernant la conformité au certificat et,
d'autre part, il y a l'effort gouvernemental qui est passé de 102 000
000 $ en matière d'immobilisations, en 1983-1984, à 186 000 000 $
au total cette année. Les nouvelles initiatives représentent
quelque 71 000 000 $, dont le ministre vient de faire état, et, sur
cela, 41 000 000 $ dans le secteur de la santé seulement sont justement
en matière de sécurité qui a, aux yeux du ministère
et du gouvernement, la priorité absolue en matière
d'immobilisations.
M. Paradis: De façon très précise -cela
rejoint peut-être l'échéancier - avec les budgets que vous
y consacrez présentement, de combien pensez-vous diminuer ce taux qui
est de 25%, en moyenne, autant pour les centres d'accueil que pour les centres
hospitaliers, à la fin de l'année en cours? Quel est votre
échéancier pour le ramener à zéro, parce qu'on ne
peut pas concevoir qu'un édifice public qui abrite les gens les
plus démunis de la société n'ait pas un certificat
de conformité sur le plan de la sécurité? Quel est votre
échéancier?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Chevrette: Pour cela, je dois vous avouer que je vais faire
faire les vérifications et je vais vous donner une réponse avant
la fin de la présente heure.
M. Paradis: Très bien.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, est-ce que
vous avez terminé vos dix minutes d'introduction?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Nous passons à tour de
rôle, par alternance, de cinq minutes en cinq minutes, et nous allons
suivre le temps à sa juste mesure. Je cède la parole au
député de Laurier.
Argumentation M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'avoir cette occasion de rencontrer et d'échanger avec le nouveau
titulaire du ministère des Affaires sociales.
Le sujet qu'a choisi mon collègue de Brome-Missisquoi pour
interpeller le ministre me paraît le cadre privilégié pour
soulever ce qui me paraît être une situation incohérente
quant à une décision que semble avoir prise le
prédécesseur du ministre, mais une décision qui n'est pas
encore allée au point où on ne peut pas retourner pour faire un
bon choix. J'aimerais soulever et soumettre à ce moment-ci au ministre
la situation en question - il s'agit du centre d'accueul Berri - pour qu'au
moins il soit saisi des détails de la situation et puisse prendre
l'engagement de l'examiner et de voir s'il n'y a pas possibilité de
revenir sur une décision qui, a mon point de vue et au point de vue de
plusieurs autres personnes, n'est pas nécessairement la meilleure.
Je commencerai peut-être en lui faisant un petit rappel
historique, si j'en ai l'occasion. En effet, il y a à peu près
trois ans maintenant, le gouvernement avait voté les crédits pour
un centre d'accueil qui allait être nommé Centre d'accueil Berri.
Il avait adopté un emplacement dans un édifice sur l'avenue des
Pins, si je ne m'abuse. Après cela, il a été
découvert que l'édifice en question ne pouvait recevoir le centre
d'accueil étant donné que la structure ne pouvait être
réaménagée pour un centre d'accueil. Pendant une
année au moins, il y a eu des crédits qui flottaient quelque
part, c'est-à-dire des crédits qui avaient été
adoptés pour, un centre d'accueil, mais pour lequel on cherchait un site
ou un édifice à réaménager.
J'avais, dès ce moment, écrit au titulaire de
l'époque, le député d'Anjou, pour lui soumettre le fait
que le CLSC Parc Extension avait soumis des propositions avec des
possibilités de terrains pour la construction d'un centre d'accueil.
J'ai attendu en vain pendant au-delà d'un an avant d'avoir une
réponse et j'ai finalement eu une réponse il y a à peu
près un mois de la part du député de Bourget qui, à
l'époque, était titulaire du ministère des Affaires
sociales. Il m'expliquait que le centre d'accueil en question - il ne me disait
pas où il serait situé, on l'a appris par après, dans les
journaux: Soit dit en passant, il s'agit d'une décision qui a fait
couler pas mal d'encre dans le quartier et dans les journaux nationaux et qui a
soulevé aussi beaucoup de résistance de la part des
résidants du quartier.
Le point qui a vraiment piqué mon intérêt, quant
à une explication rationnelle de la décision, c'est quand
l'ancien ministre des Affaires sociales me disait que la raison pour laquelle
le site qui existait dans le quartier Parc Extension n'avait pas
été choisi, c'était parce que, même s'il y avait
l'espace nécessaire, il se trouvait derrière des maisons et, soit
dit en passant, un peu à l'écart de l'endroit. Entre autres, il
disait -et je le cite - "En effet, le seul terrain qui offrait la surface
requise se trouvait enclavé entre une voie ferrée, un viaduc et
les arrières des maisons des rues voisines. Vous conviendrez facilement
que la qualité de vie des bénéficiaires en aurait
été sérieusement diminuée. (17 heures)
Soit, sauf que la décision qui a été prise,
effectivement, pour l'emplacement de ce centre d'accueil, cela a
été de le mettre en plein centre commercial, en arrière de
la rue Saint-Hubert, au-dessus d'un garage de stationnement de quatre
étages qui va desservir la Plaza Saint-Hubert, donnant sur
l'arrière des commerces. Dans cette situation, la députée
du comté de Dorion -parce qu'il s'agit du comté de Dorion - a,
elle aussi, déploré le fait qu'elle n'avait pas été
consultée quant au site qui a été choisi, que ce
n'était pas son premier choix. Il existe, actuellement, au moins trois
autres sites possibles.
Les résidants du quartier ont protesté, ont
manifesté parce qu'il s'agira d'une tour de sept étages,
au-dessus de trois étages de stationnement, dans un quartier où
il s'agit strictement de duplex et de triplex. La construction ayant
commencé sur la partie stationnement, il est encore temps, je crois,
pour le ministre des Affaires sociales de prendre au moins l'engagement
d'examiner le
dossier et de reconfirmer, s'il le décide ainsi, ou de revenir
sur sa décision, ce qui serait souhaitable, à mon point de vue et
au point de vue des résidants du quartier et de plusieurs autres
personnes.
Je lui souligne ce cas et j'aimerais avoir une explication. Comment cela
se fait-il que les arrières des commerces se trouvent à
être un milieu de vie plus intéressant que les arrières des
maisons pour des personnes qui seront, finalement, alitées, ni plus ni
moins, puisqu'il s'agira des cas lourds, étant donné qu'il s'agit
d'un centre d'accueil offrant des soins prolongés? J'aimerais avoir une
réaction, à tout le moins.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Tout d'abord, quand vous parlez du centre Berri,
parlez-vous de celui qui devait être situé dans l'institut des
sourds et muets?
Une voix: À l'origine.
M. Chevrette: À l'origine. Si c'est cela, vous vous
rappellerez que le refus vient purement et simplement du conseil de ville de
Montréal qui ne pouvait accepter que cette infrastructure
réponde, en tout cas, à des normes de sécurité
minimales. Donc, cela explique le refus initial.
Deuxièmement, l'entente qu'il y a eue. Est-ce qu'il y a eu des
pourparlers entre M. Laurin, mon prédécesseur, et le conseil de
ville de Montréal pour trouver l'endroit spécifique dont vous
nous signalez l'identification présentement? Je ne saurais vous dire. '
Ce que je peux prendre comme engagement, c'est de regarder le dossier à
la lumière des explications que vous donnez et de regarder, aussi, avec
les spécialistes en construction de mon ministère, des
possibilités à l'intérieur du terrain institutionnel,
parce qu'il est possible que... Il y a beaucoup de ministères qui
détiennent des espaces à Montréal et je le regarderai
à la lumière de cela.
Vous vous rappellerez, quand on a fait le projet Archipel, qu'on a
réussi à faire un inventaire de toutes les disponibilités
foncières pour l'ensemble du gouvernement: Hydro-Québec, le
ministère des Transports, le ministère de l'Éducation, le
ministère des Affaires sociales. Il y a une foule de ministères
à l'intérieur du gouvernement qui ont déjà des
résidus de terrain fort importants et je le regarderai à la
lumière de cela, également, avant de vous fournir une
réponse plus spécifique sur le pourquoi de la localisation. Si
cette décision était prise, était formelle et s'il y avait
eu des démarches d'enclenchées, je vous le dirais
également. Si la décision n'est pas prise formellement ou
définitivement, je regarderai si je peux, à la lumière des
faits que vous me rapportez, prendre une décision autre.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Chevrette: Oui.
M. Sirros: Je pourrai revenir après.
M. Chevrette: Vous pouvez y aller à l'intérieur de
mes cinq minutes, je n'ai pas d'objection. Je ne suis pas formel.
M. Sirros: Non, j'aimerais qu'on se comprenne.
Le Président (M. Bissonnet): Avec consentement, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Je ne réclame pas que, nécessairement,
le centre d'accueil soit construit dans le comté. Je ne prêche pas
nécessairement pour ma paroisse, à ce moment-ci. Je vous souligne
une situation où un centre d'accueil sera construit au-dessus d'un
terrain de stationnement de trois étages, en arrière des
commerces. Les résidants protestent vigoureusement. Le conseiller
municipal du district proteste vigoureusement, disant que ce n'est pas
nécessairement le meilleur site pour les personnes en question.
La construction est commencée, mais c'est un projet conjoint,
semble-t-il, avec la ville et le ministère des Affaires sociales qui
verse une subvention de l'ordre de 500 000 $, je crois, pour permettre au
terrain de stationnement d'être enfoncé dans la terre plutôt
que d'être en surface. L'engagement que j'aimerais avoir, c'est de savoir
si vous êtes prêt à réexaminer le site et la
possibilité de changer le site pour le centre d'accueil parce que le
terrain de stationnement, lui, peut se tenir tout seul dans le sens que cela va
desservir quand même la Plaza Saint-Hubert. Il y a un site, qui est une
vieille école désaffectée, qui n'est pas loin. Il y a le
Parc Extension dont je vous parlais. Il y a au moins trois autres
possibilités qui, à mon point de vue, seraient mieux que cela.
Est-ce que vous êtes prêt à réexaminer cette
décision, même si elle a été prise, parce que je
crois qu'elle a été prise, à un moment donné...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Chevrette: Oui...
M. Sirros:... mais elle n'est pas rendue au point
irrévocable. C'est cela que je
veux... La construction n'est pas encore commencée, du centre
d'accueil.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Chevrette: Non, mais il y a de ces décisions qui sont
prises, bien souvent, après discussion avec les autorités
municipales et de longs échanges ont... Cela dépend des cas. Dans
ce cas précis, je ne saurais vous répondre. Donc, je vais le
vérifier et s'il y a lieu, à la lumière de faits nouveaux
que vous pourriez même m'apporter - je ne suis pas gelé dans le
béton... C'est clair, mais je suis heureux de voir que ce n'est pas une
question de circonscription électorale, parce qu'à
Montréal je pense que vous avez cet esprit de
collégialité. Pour autant que vous ayez les
établissements, je suis convaincu que c'est ce qui prime.
Donc, à partir de cette conviction que j'ai, je vais analyser le
dossier à partir des pourparlers qui ont eu lieu. Si c'est le grand
débat qui a eu lieu à l'hôtel de ville et que j'ai suivi un
peu de loin, je vais même me permettre de rencontrer le maire Drapeau, si
vous me le permettez bien, parce qu'il y a parfois des échanges formels
qui ont lieu qui tiennent compte d'une foule de considérations. Il n'y a
pas que le terrain comme tel. Cela peut être l'objet d'un échange
de terrains qui aurait eu lieu entre la ville et le ministère. Dans bien
des cas, c'est ce qui arrive et cela tient compte du plan d'aménagement,
du plan d'urbanisme. Il y a une foule de choses qu'il nous faut regarder, mais
je vous dis tout de suite que, oui, je vais le regarder de A à Z.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Pierre Paradis
M. Paradis: Oui, M. le Président. Même dans les
régions rurales, on peut avoir cet esprit de collégialité.
Je sais que le ministre pourrait en témoigner.
Je vais aborder un autre dossier avec le ministre, s'il le veut bien,
mais un dossier qui est présentement chaud, qui l'a été,
malheureusement, depuis trop longtemps et qui risque encore une fois de mettre
en péril la vie et la sécurité des gens qui ont à
se prévaloir des services ambulanciers mis à la disposition de la
population de la région de l'agglomération de Montréal par
Urgences-santé.
Le ministre est sans doute au courant de ce qui est arrivé en fin
de semaine dans ce dossier. Les négociations ont achoppé et les
syndiqués menacent de reprendre les moyens de pression qualifiés
d'administratifs. Je rappellerais au ministre quels ont été ces
moyens de pression dans le passé et je le référerais
à un article de Lysiane Gagnon paru dans la Presse du 8 novembre 1984:
Des régulateurs d'oxygène ont été sabotés,
des salles d'urgence déjà engorgées reçoivent des
malades qui auraient dû être dirigés ailleurs. Tantôt,
c'est une rnanif d'ambulances - eh oui! on en est là - qui bloque
l'entrée de l'urgence d'un hôpital. Tantôt, les ambulanciers
refusent d'obéir aux directives médicales et aux
répartiteurs de la centrale. Le vandalisme a mis hors d'usage 16 des 79
véhicules de la flotte, etc.
On sait qu'à la suite de ces premières mesures le calme
est revenu et des négociations ont eu lieu entre les parties. Toutefois,
en fin de semaine, on nous apprend que ces négociations sont rompues et,
ce matin, on pouvait lire dans le Devoir un article de Renée Rowan que
je cite: Certaines salles d'urgence ont été assez
encombrées pendant la fin de semaine, indique Mme Chantai Larouche,
coordon-natrice à Urgences-santé. Il s'agit cependant d'une
situation chronique. Il est fort possible, toutefois, que la situation
s'aggrave aujourd'hui, une des journées de là semaine où
les salies d'urgence sont les plus occupées.
Je connais les antécédents du ministre dans le monde des
relations du travail. Est-ce que le ministre peut nous indiquer si, oui ou non,
la partie patronale - c'est là une partie du problème - soit les
entrepreneurs privés et le gouvernement, a déjà
déposé des offres finales? Dans le cas où ces offres
finales auraient été refusées par la partie syndicale,
dans une circonstance où le conflit traîne et que ce sont les
usagers qui en font les frais, qu'entend faire le ministre pour apporter une
solution finale à ce conflit qui met en danger la vie et la
sécurité des usagers des services ambulanciers de
l'agglomération de Montréal?
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au ministre des
Affaires sociales.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, vous avez raison de dire qu'au début de
novembre les moyens de pression ont été passablement forts; je me
souviens même des articles, à l'époque. Je vous dirai que
j'avais personnellement bon espoir que les négociations non seulement...
c'est-à-dire que je ne prétendais même pas que les
négociations devaient se rompre en fin de semaine puisque, vendredi
matin, nous avions eu la chance de débloquer un mandat additionnel de
sorte qu'on avait toutes les raisons de croire que cela négocierait
d'une façon intensive en fin de semaine. À notre grande surprise,
il y a eu un dépôt et un refus de ces mêmes offres dans
l'espace de quelques minutes, me raconte-t-on.
À partir de là, j'ai tenté, en fin de
semaine, d'établir certains contacts. Effectivement, j'ai
parlé à une couple de reprises avec le président de la CSN
et, dans la matinée de samedi, également au président de
la Fédération des affaires sociales. Au moment où je vous
parle, les deux parties sont en chemin vers Québec et je dois les
rencontrer vers 19 h 30. Donc, on fait les efforts nécessaires, tout
d'abord, pour bien connaître les motifs d'un refus aussi
catégorique à une contreproposition qui faisait l'objet d'un
nouveau mandat. C'est assez surprenant que, dans l'espace de quelques minutes
à peine, quand on débloque un mandat que, moi, je qualifie
d'important, on ne discute pas toute la fin de semaine de ces nouvelles offres.
Je verrai à analyser.
Je ne peux lancer la pierre ni à l'un ni à l'autre; est-ce
au niveau des formes? Bien souvent, en négociation, vous savez que c'est
souvent sur la forme que cela accroche et non sur le fond, dans bien des cas,
ou on n'a pas suffisamment eu d'explications sur le plan de l'enlignement, par
exemple, avec le réseau des affaires sociales. Le gouvernement ne peut
pas débloquer des mandats non plus pour se trouver à créer
une percée qui serait plus forte que l'enlignement du réseau des
affaires sociales. Vous savez très bien que les offres que nous faisons,
ordinairement, s'alignent toujours sur des comparaisons. C'est exactement dans
ce sens que le mandat a été dégagé.
Le nouveau mandat était l'amélioration substantielle des
offres qui avaient déjà été déposées
et qui corrigeaient une question d'horaire de travail impayé pour le
travailleur comme tel. Je profite de l'occasion, par exemple, pour lancer un
appel à ces travailleurs afin de ne pas utiliser des moyens de pression
qui jouent avec la santé du monde. Je ne pense pas que cela fasse
évoluer les dossiers. Je suis prêt à y mettre le temps et
les énergies, et toute mon équipe également, au
ministère, que ce soit mon sous-ministre aux relations du travail, M.
Brazeau, ou que ce soit M. Matteau, qui est l'observateur du ministère
à la table de négociation. Je pense bien qu'on pourrait, dans un
court laps de temps, réexpliquer les choses clairement afin que ce
nouveau mandat puisse vraiment accrocher les deux parties.
Entre-temps, je rappelle aux travailleurs qu'ils devraient cesser tout
moyen de pression qui risque de mettre en péril la vie des gens. Quand
c'est du sabotage, par exemple, du système d'oxygénation ou
d'autres choses, c'est grave en maudit parce que l'on peut se ramasser
carrément avec des gens qui arrivent à l'urgence
décédés, alors qu'on a saboté le système le
matin même. Je pense qu'on ne devrait pas jouer avec cela. On ne joue pas
avec la vie des gens. Ce n'est pas comme cela qu'on s'attire la sympathie du
public non plus dans des négociations.
J'ai dit, je vous le rappelle, la volonté de mon ministère
de tout mettre en oeuvre. D'ailleurs, on n'a pas attendu d'être
interpellé, on n'a pas attendu l'interpellation d'aujourd'hui car,
dès vendredi dernier, je rencontrais les membres du Conseil du
trésor pour dégager un nouveau mandat. C'est avec
stupéfaction que tu apprends que, dix minutes plus tard, tout est
refusé et que plus rien ne fonctionne. Il y a quelque chose qui ne va
pas et je le saurai ce soir.
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Quelques précisions additionnelles, M. le
Président, dans cet échange sur le conflit des services
ambulanciers. Est-ce que le ministre est satisfait du statut mi-chair
mi-poisson, du statut un peu hybride auquel les travailleurs ont à faire
face ou à peu près n'importe laquelle des parties
impliquées, où le syndicat est accrédité face
à un employeur privé et où l'enveloppe budgétaire,
finalement, cette marge de manoeuvre et cette marge de négociation,
vient justement du ministère des Affaires sociales qui, lui, doit
l'obtenir du Conseil du trésor, etc. ? Ne croyez-vous pas que, sur le
fond du problème, il y a une certaine responsabilité
ministérielle de clarifier ces statuts? Lorsqu'on s'embarque dans une
négociation et que les statuts sont flous, qu'on ne sait pas vraiment
à quel interlocuteur demander quoi, finalement, ou qui est en
autorité de le donner, est-ce que ce n'est pas ça qui occasionne
un conflit qui perdure? C'est ma première question. (17 h 15)
Deuxièmement, en négociation, vous en avez fait
suffisamment pour savoir qu'il y a également une question de
crédibilité des négociateurs. Vous avez mentionné
le nom de Me Matteau qui était présent lorsque les offres que
vous aviez dégagées vendredi ont été mises sur la
table. Est-ce qu'il s'agissait, pour les employeurs privés, est-ce qu'il
s'agissait pour vous, par l'entremise de votre représentant, Me Matteau,
qui y siégeait, d'offres finales à ce moment-là? Et, s'il
ne s'agissait pas d'offres finales, pourquoi ont-elles été
présentées comme telles?
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au ministre des
Affaires sociales.
M. Chevrette: Tout d'abord, sur la juridiction, vous avez sans
doute raison de dire que c'est une structure qui, au premier coup d'oeil, est
pour le moins complexe dans le sens suivant: le ministère, à
toutes fins utiles, est observateur à la table. Les deux vrais
employeurs, ce sont les syndicats vis-à-vis de la table des
propriétaires privés.
Si on voulait le clarifier et dire que le ministère a pleine et
entière responsabilité, vous savez comment il faudrait
procéder. Il faudrait procéder par un projet de loi qui
étatiserait l'ensemble des corporations privées et, que je sache,
ce n'est pas l'orientation que le Parti libéral a dans ses poches, ni la
gauche ni la droite. C'est le respect de l'entreprise privée. On est
là, nous, parce qu'on collabore financièrement à
l'entreprise privée pour les soins ambulanciers dans la grande
région de Montréal. On n'est pas là pour se substituer aux
responsabilités de n'importe quel employeur vis-à-vis de ses
salariés.
Il est évident que le montant de la subvention que l'on verse
influence, bien sûr, les négociations. Si on subventionne à
raison de 30 $ - je donne un chiffre théorique -l'heure pour les
services ambulanciers et que les employés demandent 32 $, il est
évident que l'employeur n'aura pas la même
spontanéité. Les offres que nous faisons sont toujours
pensées en fonction de l'équivalent de ce qu'on paie pour des
emplois comparables dans d'autres secteurs. C'est ce qu'on appelle l'alignement
dans le réseau. On a fait ça en fonction de ça.
Deuxièmement, M. Matteau n'est pas négociateur. Il n'est
pas là pour argumenter, il a été un observateur. Un chef
négociateur, un avocat dont j'ignore le nom, discute pour et au nom des
propriétaires. Il y a le vis-à-vis syndical et M. Matteau est
l'observateur du ministère à cette table. Il est là, bien
sûr, pour renseigner si jamais il y avait des mauvaises
interprétations des mandats que nous transmettons. II ne peut pas se
substituer aux deux porte-parole officiels, c'est clair, et il est là
pour nous conseiller. D'ailleurs, il sera là ce soir avec les
autres.
Troisièmement, vous me dites: Est-ce une offre finale? Pour avoir
négocié pendant 17 ans, je ne vous dirai jamais qu'une offre est
finale parce que, bien souvent, si tu te figes avec le mot "finale", ça
peut être un réaménagement d'horaire qui ne coûte
rien et qui peut contribuer à dénouer le problème alors
que, si tu es braqué sur une offre finale, sans appel, non
équivoque... Je l'ai vu trop souvent en 1970 et 1971, ce genre de
mot-là, ayant été de l'autre côté de la
clôture, pour être assez sage pour ne pas l'utiliser
moi-même.
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je tiens pour acquis que le ministre me dit qu'il ne
s'agissait pas, à ce moment-là, d'une offre finale. Donc, son
porte-parole, Me Matteau, n'aurait pas présenté ça sous la
forme d'une offre finale, la semaine dernière. Est-ce qu'il aurait
l'obligeance de vérifier ça à sa réunion de ce soir
parce que, d'après les informations que j'ai reçues aujourd'hui -
je pense que ce sont des informations de bonne foi contrairement à ce
que le ministre affirme, ça ressemblait à une présentation
sous forme d'offre finale.
M. Chevrette: Est-ce que je peux me permettre?
M. Paradis: Oui, oui, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bissonnet): Avec le consentement. M. le
ministre.
M. Chevrette: Offre finale, en termes de masse salariale, c'est
possible, mais offre finale dans les textes, dans les libellés, dans le
réaménagement, je suis sûr que non.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Le prochain dossier va intéresser sans doute
une des sous-ministres adjointes: transfert des effectifs CLSC-CSS. Je vous ai
adressé une question à la période des questions en cette
Chambre, M. le ministre, concernant cet important dossier et vous m'avez
répondu, comme tout bon ministre des Affaires sociales aurait
probablement répondu, fort globalement en me disant: Le fait de prendre
du personnel dans les CSS et de les déplacer vers les CLSC, tout ce que
cela fait, c'est que cela rapproche le service de la population. C'est,
j'imagine, cette réponse-là qui vous avait été
soufflée par vos fonctionnaires responsables dudit dossier.
Si on analyse maintenant un peu plus attentivement, au-delà du
grand principe de rapprocher celui qui dispense les services du
bénéficiaire de ces services, si on étudie attentivement
le cadre d'application qui est proposé par vos technocrates, je vais
prendre simplement un des secteurs visés, c'est-à-dire l'enfance
et la famille. Cela comprend la protection de la jeunesse, la Loi sur les
jeunes contrevenants, les familles et les centres d'accueil, et cela comprend
strictement une région. On pourra en prendre d'autres pour l'information
du ministre, mais je vais reprendre la région que je vous ai
suggérée, pour ne pas vous prendre par surprise, à la
période des questions d'il y a environ une semaine et demie: le CSS de
la région 01, la région
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
Avant le transfert, il y avait 986 bénéficiaires en
enfance-famille; l'effectif clinique est de 22, 58; le ratio, 1 praticien pour
44 enfants bénéficiaires. Après le transfert
proposé par vos technocrates, 789 bénéficiaires; effectif
clinique, 3, 5; le ratio, 1 fonctionnaire dispensateur de services pour 225
enfants. Je comprends qu'on peut
prétendre que, pour la différence entre 986 et 789, cela
va rapprocher le praticien dans ces cas-là. Mais, dans les autres cas,
est-ce qu'un praticien qui s'occupe de 225 enfants peut faire autre chose que
de "parquer" - si vous me passez l'expression - les enfants et ne plus s'en
occuper, s'en débarrasser?Autrement dit, on les place
quelque part et on les oublie. Est-ce que vous pensez qu'un tel ratio est
logique, M. le ministre?
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au ministre des
Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, on ne parle vraiment pas
avec les mêmes chiffres.
M. Paradis: Donnez vos chiffres.
M. Chevrette: Je vais vous dire carrément, d'après
la grille qui a été fournie aux CS5 et aux CLSC pour fins
d'analyse, que les ratios sont les suivants. Dans les CLSC, ce serait 1 pour 61
et, dans les CSS, ce serait 1 pour 30 bénéficiaires. Donc, on ne
parle vraiment pas avec les mêmes chiffres de base.
M. Paradis: Je m'excuse, M. le ministre.
Le Président (M. Bissonnet): Avec le consentement, M. le
député...
M. Paradis: Avec la permission du ministre, simplement une
précision.
Une voix: Parlez-vous de la même région?
M. Paradis: II faudrait qu'on s'entende, M. le ministre, sur deux
choses: les chiffres et la région.
M. Chevrette: Je vais vous parler...
M. Paradis: Je pense que c'est important, si on est pour avoir un
dialogue où on va se comprendre.
M. Chevrette: Vous parlez du Bas-du-Fleuve.
M. Paradis: Gaspésie-Îles-de-la-Madelei-ne,
région 01.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, vous avez
toujours la parole.
M. Chevrette: Je vais vous les donner. Pour le Bas-du-Fleuve, en
tout cas, vous avez les chiffres: 1-61 et 1-30.
M. Paradis: Mes chiffres vous avantagent, M. le ministre.
M. Chevrette: Gaspésie-îles-de-la-
Madeleine, c'est 1-110, au niveau du CLSC, et 1-46 au niveau du CSS.
Mme Vaillant va vous préciser cela.
Le Président (M. Bissonnet): La parole est à Mme
Jeanne-D'Arc Vaillant.
Mme Vaillant (Jeanne-D'Arc): Concernant le CSS
Gaspésie-île-de-la-Madeleine et les données concernant le
secteur enfance-famille, nous sommes en train de les valider, parce
qu'effectivement il y avait un problème de données. On a les
données pour les personnes âgées et on a envoyé une
équipe au CSS vérifier les données. Il s'agit d'un CSS
où on a un problème de données actuellement pour le
secteur enfance-famille.
M. Paradis: Je pense que les données que vous avez...
Le Président (M. Bissonnet): Avec le consentement, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Oui. Je pense que les données que vous avez
demandé au ministre de me lire, effectivement, s'adressent aux personnes
âgées, parce que le ratio avant transfert, toujours pour ce qui
concerne la même région de
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, pour les personnes
âgées, est de 1-60 avant transfert et il devient de 1-69
après transfert. Je pense qu'on ne peut pas faire un scandale ou un plat
dans ce cas avec un tel ratio, mais ce sont les autres ratios aberrants qu'on
retrouve autant au niveau des personnes âgées, autant au niveau
des adultes mésadaptés et handicapés qu'au niveau du
secteur enfance-famille.
Je pense que je pourrais donner d'autres cas à titre d'exemple.
Je vais demeurer avec les enfants, non pas parce que les autres ne sont pas
fragiles, mais parce que ce sont peut-être les éléments les
plus fragiles dans la société, ces enfants-là. Dans le
Bas-du-Fleuve, dans la région dont vous vouliez parler, au niveau de
l'enfance, lorsque le ratio passe de 1-32 - le prestataire de services par
rapport au nombre d'enfants dont il doit prendre soin -à 1-55, on
retrouve quand même une augmentation qui met vraiment en danger
l'accessibilité et la qualité du service donné dans ces
régions.
Ce n'est pas simplement dans les régions
périphériques qu'on retrouve de telles aberrations. C'est
également dans la région de Québec et dans les grandes
régions. Est-ce qu'on est vraiment prêt - c'est ma question au
ministre - est-ce que lui, à titre de ministre responsable, se sent
vraiment
prêt à effectuer ces transferts face à de telles
données? Tantôt, le ministre s'est montré très
ouvert à des rencontres, à des réunions - je comprends
que, lorsque tu arrives en poste, qui que tu sois, comme ministre, tu as besoin
de cela - mais est-ce qu'on va laisser procéder ainsi, alors que des
informations très crédibles qui nous parviennent du champ, qui
nous parviennent de l'ensemble des régions du Québec,
démontrent que des enfants qui ont besoin de protection, les jeunes
contrevenants, les enfants en famille d'accueil, vont être laissés
pour compte?
On a des chiffres aberrants au niveau des adultes. Le nombre de
praticiens est passé, entre autres, dans la région du centre du
Québec, pour les adultes mésadaptés et handicapés,
avant le transfert, de 1 praticien pour 166 personnes - ce n'est
déjà pas de l'abus - à 1 praticien pour 402 après
le transfert. Est-ce qu'on va faire autre chose que les parquer - si vous me
passez, encore une fois, l'expression - les placer là et les oublier?
Est-ce que, lorsqu'on parle des personnes âgées et qu'on prend une
région... On peut prendre la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean:
1-82, c'est-à-dire 1 praticien pour 82 bénéficiaires avant
le transfert; après le transfert proposé par vos technocrates, 1
praticien pour 158 bénéficiaires. On double le ratio. Est-ce
qu'on peut vraiment continuer dans cette méthode de transfert ou s'il ne
faudrait pas dire: On s'arrête, on regarde cela très attentivement
entre personnes responsables - parce que je ne pense pas que vous vouliez
parquer des enfants, M. le ministre; je ne pense pas que vous vouliez parquer
des adultes mésadaptés ou handicapés; je ne pense pas que
vous vouliez parquer des personnes âgées - et on reprend
peut-être un peu plus attentivement les recommandations d'une commission
parlementaire apolitique qui s'est penchée sur le problème et qui
a adressé des recommandations? On a pris les recommandations de la
commission parlementaire, on les a mises sur la tablette et on a choisi les
recommandations des technocrates. Est-ce qu'on peut vraiment geler le processus
présentement aussi longtemps qu'on n'aura pas la garantie, M. le
ministre, qu'il n'y aura personne de pénalisé, de parqué,
surtout pas les gens les plus démunis de la société, par
un transfert qui a l'air abstrait mais qui risque d'avoir des
conséquences vraiment dramatiques pour ceux et celles qui sont les
bénéficiaires de ces services?
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au ministre des
Affaires sociales.
M. Chevrette: Je n'ai pas l'intention de parquer, mais j'ai
l'intention de démystifier tout cela. C'est vrai qu'on ne parle pas des
mêmes chiffres et, dans bien des cas, on compte des
bénéficiaires potentiels ou éventuels à qui on n'a
jamais rendu service pour pouvoir "booster" des chiffres. On va
démystifier tout cela et on va dégonfler cela. J'ai l'intention
de le faire immédiatement après les fêtes. Cela, c'est
clair. (17 h 30)
Je vais d'abord rencontrer les gens des CR5SS qui ont vraiment
tenté dans leur milieu d'harmoniser ce partage. Dans bien des cas, on en
est venu à quelques employés près de s'entendre. Dans
d'autres cas, cela a été impossible. Dans d'autres cas, il y a
des CSS qui ne voulaient absolument rien savoir. Je vais sans doute aller voir
exactement ce qui se passe. Je les ai convoqués, pour votre information,
pour le 7 janvier, dans l'après-midi. Je rencontrerai également
les CRSSS. Je n'ai pas l'intention de décréter un moratoire
risquant purement et simplement de paralyser l'ensemble de l'opération
qui peut aller bon train dans certains milieux.
Il y a des chiffres qui ne concordent pas du tout. Vous venez de me
donner ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean; cela ne concorde pas du tout avec ce
qu'on a, ni sur l'enfance ni sur les personnes handicapées ou les
adultes. Il faut absolument les vérifier avec les personnes qui ont
oeuvré dans le milieu et avec les personnes directement
impliquées. L'opération elle-même, la fusion
elle-même du partage de juridiction entre CSS et CLSC, cela me semble
acquis comme principe parce que l'objectif fondamental, je l'ai dit et je le
répète, c'est de rapprocher les travailleurs des
clientèles comme telles. Je ne vois pas en quoi cet objectif ne peut pas
être poursuivi.
C'est bien sûr que, là où il y a des manques,
qu'est-ce qu'ils font comme partage? Ils se partagent la pauvreté. S'il
en manquait 40 dans le milieu pour que des ratios soient normaux, il en manque
toujours 40 même si on fait un partage. S'il y en avait eu 25 de plus,
ils se seraient partagés les 25 de plus. C'est évident que, dans
certains milieux... Je prends deux milieux en particulier qui sont très
pénalisés au Québec en termes d'effectif et les
statistiques parlent par elles-mêmes: c'est la Montérégie
et Lanaudière. Eux-mêmes vont vous le dire. Les CRSSS sont
d'accord. La table des CRSSS est d'accord avec cela. Ils vont tout vous dire.
Ils se partagent donc des effectifs. Ils aimeraient bien en avoir plus, mais
ils sont obligés de se partager le potentiel qu'ils ont entre les
mains.
Le fait de scinder des juridictions ne crée pas pour autant de la
main-d'oeuvre. Cela ne crée pas pour autant non plus plus de
bénéficiaires. Cela dépend du rôle que chacun veut
bien se donner vis-à-vis de certaines clientèles, s'attribuer
vis-à-vis de certaines clientèles, des rôles réels
qu'ils
doivent jouer vis-à-vis de certaines clientèles. Je vous
le dis très honnêtement, je verrai exactement l'envers de la
médaille. Je vais consulter les gens des CRSS5 qui ont vraiment fait de
bonne foi des tentatives. Je vais également consulter les CSS pour
qu'ils me disent ce qu'ils ont face à cela. Pourquoi ça
bloque-t-il?
Quant à la partie syndicale, c'est déjà fait, pour
votre information. J'en ai déjà rencontré. J'ai
rencontré la FAS, samedi matin, pendant au moins trois heures ou quatre
heures. On en a discuté. Ils demandent certaines garanties. C'est normal
dans le cas d'un transfert ou d'une fusion. De toute façon, vous savez
que l'article 45 du Code du travail prévoit déjà des
modalités de transfert d'un patron à un autre patron. Ce n'est
pas insurmontable comme approche. Il s'agit de voir et de bien comprendre
où cela accroche fondamentalement. Comment, du jour au lendemain? Est-ce
que l'intention c'est de surcharger un travailleur social ou un praticien ou si
l'intention n'est pas d'amener ce travailleur social ou ce praticien plus
près de ses clients? Il me semble que les CLSC sont faits exactement
pour cela. On est à consolider le réseau de CLSC. Mon
prédécesseur en a annoncé douze. Il y avait
déjà des annonces dans l'air pour d'autres mois. J'espère
que je serai l'heureux annonceur, à part cela, des suivants.
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au
député de Notre-Dame-de-Grâce. M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la parole.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci. M. le ministre, je veux soulever une question
aujourd'hui un peu particulière: celle des minorités anglophones
et juive sur l'île de Montréal. Je veux d'abord vous dire que je
n'ai pas l'intention de vous critiquer, rien de cela. Je vous félicite
de l'ouverture d'esprit que vous avez manifestée dans ce dossier
jusqu'à maintenant. Je pense que c'est important de faire le point
aujourd'hui, parce que c'est une affaire qui risque de devenir très
chaude et à laquelle les groupes en question tiennent
énormément.
Pour résumer très brièvement la
problématique, je vous rappelle qu'avant que le gouvernement se soit
impliqué dans le dossier des affaires sociales d'une façon
active, le développement des institutions de santé et de services
sociaux à Montréal s'est fait - avec des exceptions, bien
sûr - trois groupes parallèles: les institutions francophones, les
institutions juives et les institutions anglophones ou non juives, si vous
voulez.
Ces trois groupes existaient avant que le gouvernement arrive dans le
portrait et à l'époque des grandes réformes sociales, ici
au Québec, la responsabilité territoriale à
Montréal était conçue un peu en fonction de ces trois
divisions, avec trois centres de services sociaux. La loi donnait
essentiellement à ces institutions un mandat qui était
territorial plutôt qu'un mandat pour respecter ou pour servir les
personnes de leur propre groupe socioculturel. Le problème est devenu de
plus en plus important et, aujourd'hui, on se trouve devant une minicrise qui
peut devenir une maxi-crise, sur la question du nouveau partage et la
création des CLSC.
Quant à moi, il y a quatre aspects de ce problème. Il y a
deux questions de principe et il y a deux questions d'ordre administratif.
Premièrement, quand je parle des deux questions de principe, il y a la
question des services pour les membres de la communauté anglophone dans
leur langue. Par principe, est-ce qu'on doit offrir cette garantie? Il y a un
deuxième principe qui est celui à savoir si les
communautés anglophone et juive doivent avoir leurs propres institutions
qu'elles peuvent diriger et administrer elles-mêmes?
Par la suite, il y a deux questions d'ordre administratif qui
découlent de ces deux questions de principe. Je veux m'adresser, cet
après-midi, seulement à une de ces questions parce que le temps
est très limité. Il s'agit de la question du principe du droit
des anglophones et des Juifs, autrement dit les non-francophones au
Québec en général - il faut apporter des nuances à
cela aussi - d'avoir leurs institutions à eux. Je crois que c'est une
question profonde que n'importe lequel francophone peut comprendre parce que
c'est effectivement la lutte que les francophones du Québec et du Canada
ont faite depuis des années, ici et ailleurs, dans notre pays. Pour vous
donner un exemple très clair, si vous êtes francophone et que vous
vous trouvez malade à Winnipeg, si vous avez le choix, par exemple,
d'aller dans une institution qui offre un service bilingue ou dans une
institution francophone, vous allez choisir instinctivement l'institution
francophone. Même quand on est en santé, il y a des aspects du
service, il y a des aspects de l'entourage qui dépassent simplement la
capacité de parler la langue et il y a d'autres questions d'ordre
administratif aussi.
Alors, ce que les anglophones demandent - et c'est un geste politique,
le geste dont je vais vous parler pendant une minute et demie qu'il me reste
ici; c'est un geste qui ne relève pas des CRSSS, qui ne relève
pas du ministère, c'est un geste politique devant lequel on se trouve
aujourd'hui. Pour vous donner un exemple de ce que nous cherchons pour cette
communauté, je vais vous lire le programme
du Parti québécois de 1982. Je constate que j'ai trente
secondes; cela va peut-être me prendre une minute et trente secondes, si
vous me le permettez.
Le Président (M. Bissonnet): C'est très restreint.
Il y a des interventions de dix minutes de chaque côté. Si vous
voulez conclure le plus rapidement possible pour permettre au ministre de vous
donner une réponse.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Pour terminer, je veux citer le premier objectif
général de votre programme de 1982 et les mesures
particulières. Là, vous avez, dans le propre programme du Parti
québécois, essentiellement la solution qu'on vise. Le premier
objectif général dans le domaine des communautés
anglo-québécoises, qui sont reconnues dans une partie à
part dans le programme, c'est "d'établir une politique favorisant
l'intégration de la minorité anglophone à la
société québécoise dans le respect de sa
spécificité. "
La première mesure particulière proposée...
Le Président (M. Bissonnet): Pour conclure, s'il vous
plaît!
M. Scowen:... c'est d'assurer dans un Québec souverain -
là, je vais mettre de côté cet aspect - à la
communauté culturelle anglo-québécoise le maintien des
établissements culturels, scolaires et de santé. Est-ce que vous
mettez un terme...
M. Chevrette: Consentement.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
c'est parce que... Consentement, non c'est cinq minutes. Si vous voulez
conclure le plus rapidement possible, vous avez déjà
dépassé le temps.
M. Scowen: Je vais terminer en trente secondes. Je veux
simplement lire le premier article de ce programme parce que c'est
essentiellement cette décision politique devant laquelle nous nous
trouvons aujourd'hui. C'est un engagement d'assurer à la
communauté culturelle anglo-québécoise le maintien de ses
établissements culturels, scolaires et de santé, d'assurer que
les normes et la qualité de ses services soient adaptées
proportionnellement aux besoins de cette communauté, d'assurer que les
services offerts à la population par ces établissements
fonctionnent aussi bien en français qu'en anglais sans modifier le
caractère culturel original.
M. le Président, si le ministre peut poser un tel geste politique
qui va impliquer de la législation dans les prochains mois, il peut
faire quelque chose qui ne va aucunement menacer la grande majorité
francophone au Québec, mais il peut faire beaucoup aussi pour une
communauté qui a beaucoup contribué au Québec et qui a
toujours beaucoup à contribuer dans l'avenir.
Le Président (M. Bissonnet): En vertu de l'article 294 de
nos règlements, il reste 20 minutes de débat. Les prochaines 10
minutes sont votre temps de parole, M. le ministre, votre dernier temps de
parole. Si vous voulez en profiter pendant dix minutes, c'est le temps. M. le
ministre des Affaires sociales.
Conclusions M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je vais tout d'abord
répondre, pendant quelques minutes, au député de
Notre-Dame-de-Grâce qui parlait de grands principes. C'est vrai qu'il y a
le grand principe que les services soient donnés dans la langue du
bénéficiaire. Je pense que cela est acquis. D'ailleurs, la loi y
pourvoit déjà en disant qu'il ne peut y avoir aucune
discrimination pour l'accessibilité à des services, quelle que
soit la race, ou la langue ou la religion. Donc, de ce côté, je
pense qu'il n'y a pas de problème.
Au niveau des institutions, le député de
Notre-Dame-de-Grâce fait appel, d'une certaine façon, à des
ententes qui existent entre les CSS. Effectivement, il y a une entente qui
existe entre les trois CSS de la région de Montréal qui fait en
sorte que la communauté juive de Montréal, par exemple,
c'est-à-dire le CSS de ta communauté juive puisse desservir les
bénéficiaires de la communauté juive de la ville de Laval,
etc. C'est dans l'entente et le cadre de partage des juridictions CLSC-CSS ne
défait pas cette entente au niveau des trois CSS.
Peut-être que, l'autre jour, il y a eu méprise au niveau de
la réponse. De toute façon, c'était la première que
je donnais en Chambre, mais je peux vous dire qu'il n'est pas de notre
intention de défaire ces ententes officielles entre les structures. Le
cadre de partage peut, bien sûr, venir atténuer. Quand vous dites
que certaines juridictions passent du CSS au CLSC, et au niveau des CLSC il n'y
a pas nécessairement ce type d'entente. Cela pourrait diluer l'entente,
sur une partie, mais cela ne vient pas rendre caduque l'entente au niveau des
CRSSS. Je voulais préciser cela.
Maintenant, M. le Président, n'ayant que quelques minutes
à ma disposition, nous aurions aimé touché d'autres
sujets, sans doute, c'est bien évident, mais le temps nous manque. On
pourra se reprendre sûrement plus longuement après les
fêtes, d'autant plus
que je serai encore plus aguerri. Cela nous permettra d'aller plus dans
le détail. Je voudrais dire que cela me fera énormément
plaisir de fournir aussi de l'information à l'Opposition, de ne pas
toujours essayer d'attendre l'interprétation, peut-être, pour se
donner certaines formes de renseignements. Cela peut éviter
énormément d'erreurs de parcours dans certaines questions, comme
ce fut le cas pour votre collègue de Maskinongé, par exemple,
aujourd'hui, dans ses dates. Je pense que l'objectif, c'est d'essayer de
travailler dans un même sens à l'Assemblée nationale avec
les capacités, bien sûr, de payer les contribuables
québécois, d'améliorer le plus possible, d'utiliser au
maximum les ressources qui sont mises à notre disposition pour
améliorer, soit les services sociaux ou les services de
santé.
Je rappelle qu'avec un budget qui dépasse maintenant les 7 000
000 000 $, c'est gros, la part des contribuables québécois
à leurs services de santé et leurs services sociaux. Il est
évident qu'on ne réglera pas tous les problèmes. Je n'ai
pas cette prétention, mais je voudrais dire, par exemple, qu'avec la
collaboration des intervenants, ce n'est pas une politique de confrontation,
mais une politique de collaboration. C'est à se parler qu'on se comprend
et j'ai l'intention, bien sûr, de le faire avec tous les groupes
d'intervenants, que ce soit au niveau du partage des juridictions entre les CSS
et les CLSC, que ce soit au niveau des discussions entre même les cinq
centres hospitaliers. (17 h 45)
II y a un sujet, cependant, dont on n'a pas traité et qui aurait
pu être fort intéressant, c'est la
désinstitutionnalisation, par exemple, de la psychiatrie. On sait qu'il
y aura une politique qui viendra très bientôt sur la santé
mentale, au mois de février prochain. On pourrait parler de la politique
sur le vieillissement au Québec. On pourrait parler de la politique sur
toute la question de l'enfance inadaptée comme telle au Québec.
Il faut s'en parler de cela, des principes fondamentaux qui sont à
l'origine, mais avec la capacité de payer qu'on peut avoir aussi, dans
quelle direction, qu'est-ce qu'on "priorise"? Sur quoi met-on l'accent? Il va
falloir se dire ces choses-là et je pense qu'on aura l'occasion, soit en
commission parlementaire, soit dans d'autres forums, d'échanger
davantage sur les grands problèmes de l'heure, bien sûr, mais il
me semble qu'on est capable, à court terme, avec la collaboration des
différents conseils d'administration, avec les différentes
structures que nous retrouvons dans le réseau des affaires sociales et
au niveau de la santé, de trouver des solutions à certains
problèmes.
Je pense qu'il nous faut responsabiliser davantage nos CRSSS. Je suis
convaincu que ces gens-là, en région, sont encore plus
près des problèmes régionaux qu'on ne peut l'être au
ministère. On n'a pas la prétention d'avoir la science infuse et
la vérité absolue au niveau national. On a des structures en
région qu'il nous faudra consulter et qu'à moyenne
échéance il nous faudra responsabiliser davantage. Elles devront,
bien sûr, à mon avis - et c'est un de mes objectifs - jouer un
rôle accru dans la répartition des ressources-santé sur le
plan régional. Quand je dis "ressources-santé", cela peut aller
jusqu'aux budgets ($}.
Je pense qu'il faut viser vraiment vers cela si on veut que nos
structures régionales assument leur rôle et leurs
responsabilités dans leur propre région. Il est trop facile de
s'en remettre à la grosse machine, en parlant de technocrates au niveau
national. Je pense qu'il nous faut comprendre que les structures existantes
doivent être responsabilisées et c'est là un de mes
objectifs principaux. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je n'en ai pas
la prétention, mais j'ose espérer avoir le temps, par exemple,
d'y jeter les bases pour qu'on puisse vraiment réaliser à moyen
terme cette responsabilisation qui fera en sorte que les gens du milieu devront
se parler, et ne pas se fier sur le ministère des Affaires sociales pour
faire les arbitrages qui doivent se faire normalement en région pour
l'amélioration des soins de la santé et des services sociaux.
C'est un des objectifs que j'ai, qui me tient à coeur et j'ose
espérer qu'on pourra l'atteindre très facilement.
De toute façon, je ferai d'une façon statutaire des
rencontres avec nos CRSSS, pas seulement pour parler de la pluie et du beau
temps, pas pour faire déplacer des directeurs généraux ou
des présidents, mais pour toucher du doigt les vrais problèmes et
aussi avoir leurs hypothèses de solution aux problèmes qu'ils
vivent, et ne pas attendre exclusivement que ce soit une liste
d'épicerie ou une liste de directives émanant du ministère
des Affaires sociales. On nous reproche tellement facilement, derrière
un bureau, de ne pas avoir d'idée. Ceux qui en ont, qui crient qu'ils en
ont et qui attendent seulement qu'on leur demande, il va falloir qu'ils les
fournissent aussi. Il ne faudrait pas qu'ils soient démunis le jour
où on leur demandera carrément: Qu'est-ce que vous pensez de tel
problème? Quelles sont vos hypothèses de solution pour votre
région et dans un cadre financier X? Je pense que c'est ainsi qu'on va
responsabiliser les gens, qu'on va les habituer à se parler, entre
intervenants d'un même milieu. On sera peut-être moins tenté
de toujours lancer la pierre au gros méchant MAS, au méchant
ministère des Affaires sociales du Québec auquel le gouvernement,
l'Assemblée nationale, le peuple québécois verse
au-delà de 30% de tous les impôts que l'on retire.
C'est dans ce sens que je veux travailler. J'invite à la fois le
monde à salaire, les salariés du Québec oeuvrant dans le
domaine de la santé et des affaires sociales, les membres des conseils
d'administration de différents organismes de la santé ou des
affaires sociales, à collaborer pleinement. Je pense qu'on peut
humaniser cette grosse machine pour autant qu'on se parle et qu'on
échange franchement et qu'on ne joue pas de basses petites "games"
politiques. Merci.
Le Président (M. Bissonnet): C'est maintenant le droit de
réplique de l'interpellant. Je cède la parole, pour dix minutes,
au député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre Paradis
M. Paradis: Merci, M. le Président. Le ministre l'a
indiqué, 7 000 000 000 $ sur le plan budgétaire, c'est gros et
c'est important. C'est ce qu'il y a de plus gros et de plus important dans les
budgets de dépenses du gouvernement. Ce n'est pas facile pour un
ministre qui arrive en fonction de saisir l'ensemble des dossiers parce que le
ministère des Affaires sociales, on le dit souvent, ce n'est pas un
ministère, c'est quasiment un gouvernement. Là-dessus, je
comprends que le ministre ait besoin de temps.
Il y aurait eu d'autres dossiers, le ministre en a mentionné
quelques-uns, mais j'aimerais lui en souligner quelques-uns également
auxquels il faudra s'attaquer immédiatement. Récemment, une
lettre m'était communiquée à propos d'un échange
entre des médecins présidents d'association qui relataient le cas
d'un enfant parmi tant d'autres. Ce sont les statistiques, à
l'intérieur de cette lettre, qui m'ont fait me demander: Est-ce que les
parents de cet enfant en ont pour leur argent? 7 000 000 000 $, c'est
important:
La lettre est datée du 4 octobre 1984. M. le ministre, je vous en
remettrai une copie, si vous le voulez, après mon intervention. Elle se
lit comme suit: L'enfant Patrick X vient me consulter à Québec,
il réside à Montréal - la lettre est signée par un
oto-rhino-laryngologiste - le 13 mars 1984 pour otite bilatérale
à répétition. Son chirurgien oto-rhino-laryngologiste
de
Montréal a fait une indication de myringotomie et intubation dans
le but d'éliminer ces otites à répétition. Le
délai d'intervention - dans un système où on
dépense 7 000 000 000 $, comme vous le dites - est de deux mois et demi
à trois mois. Or, ce patient est aux antibiotiques depuis deux mois sans
arrêt et pleure toutes les nuits. Son oto-rhino, le Dr. X, m'assure qu'il
ne peut opérer ce patient avant deux mois et demi ou trois mois à
cause des retards qui sont imputés aux interventions non urgentes et
même aux interventions urgentes dans la plupart des hôpitaux de
Montréal. Le patient étant aux antibiotiques depuis deux mois, le
16 mars, je pratique une myringotomie et intubation à l'Hôtel-Dieu
de Québec en imposant aux parents un autre voyage
Montréal-Québec.
Devant ce fait et après enquête-maison auprès des
docteurs X, Y et Z de Montréal, il est vrai que le délai doit
être de deux à trois mois et, parfois, beaucoup plus long. Le Dr.
X m'informe d'ailleurs qu'il n'opère que ceux qui insistent à
plusieurs reprises, puisque sa liste d'attente pour myringotomie et intubation
est trop longue. Pour aller plus avant dans la lettre, il y a d'autres
indications. Le médecin continue: Je sais pertinemment qu'un
médecin a déjà 300 noms sur sa liste d'attente, un autre,
70, et la liste d'attente en oto-rhino est d'environ 900 noms. Ces faits
énumérés font ainsi réfléchir sur la
politique déjà énoncée par un CRSSS. C'est
inquiétant, M. le ministre, lorsqu'on dépense 7 000 000 000 $ et
qu'on se rend compte que ça n'atteint pas ceux et celles qui en ont le
plus besoin dans la société.
On aurait pu parler, je vous préviens tout de suite, M. le
ministre, du plan d'urgence à Montréal. À la suite des
événements de la gare centrale, un comité de
médecins spécialisés a déploré le manque de
plan d'urgence. Où en sont les travaux quant à ce plan
d'urgence?
On aurait pu parler des salles d'urgence. On en parle depuis toujours,
on en parle davantage depuis quelques années. On sait que c'est
engorgé. On sait que les solutions préconisées non pas par
les CRSSS dans les régions, comme vous l'avez mentionné, mais par
la haute direction au MAS à Québec, ça continue et
ça n'apporte rien. Ce sont des cataplasmes sur des jambes de bois. C'est
d'autant plus inquiétant, je vous le dis, vous aurez même des
problèmes politiques - s'il ne faut pas faire de politique avec le
dossier des affaires sociales - parce que dans votre programme "Je vote Parti
québécois", vous vous en souvenez, vous aviez des engagements
fermes. Parmi les engagements fermes - c'est ça qui a attiré ma
curiosité, c'est peut-être votre première intervention, je
ne sais pas si vous en étiez le rédacteur - ça
s'intitulait: Humaniser les services publics. Règlement définitif
de l'urgence dans les hôpitaux. C'était en 1981.
M. le ministre, c'est un autre problème qui traîne. Je sais
que vous venez d'arriver, mais vous avez quand même eu des
prédécesseurs et on ne peut pas laisser ça sous
silence.
Je reviens immédiatement au dossier dont on a traité trop
brièvement à cause des cadres de temps qui nous sont impartis
d'un côté comme de l'autre et je sais que vous le regrettez autant
que moi. Lorsque j'ai parlé
d'immeubles et d'équipements, vous avez mentionné qu'il y
avait des choses qui se faisaient là-dedans, mais je n'ai pas eu votre
réponse et on arrive à la fin du débat. Vous aviez
parlé d'une réponse sur les, 25% des centres d'accueil et les 25%
des centres hospitaliers qui ne répondent pas aux normes de
sécurité du Code du bâtiment.
Je ne veux pas vous dire de ciromerça, de
mettre des tapis, mais il s'agit des normes de sécurité où
sont logées des personnes à peu près les plus
démunies de la société ou, en tout cas, les gens qui sont
alités et qui, en cas de catastrophe, ne peuvent pas sortir. Quel est le
plan du gouvernement? Ce n'est pas la première fois qu'on soulève
la question. La dernière fois qu'on l'a soulevée, votre
prédécesseur nous a dit que c'était important, qu'il
fallait faire en sorte que ce soit réglé. On était
à 10%, il y a quatre ans, quant_au nombre d'établissements qui
n'avaient pas ce certificat de sécurité; on est à 25%
aujourd'hui. Est-ce qu'on va aller en augmentant sous un gouvernement
péquiste ou est-ce qu'on va aller en diminuant?
Il y a le conflit des ambulances dont on a traité. Vous avez
admis et je pense que tous les intervenants à qui j'ai parlé de
ce dossier-là ont admis que la question du statut qui est un peu hybride
pose des problèmes. Vous avez dit: Le parti libéral n'a sans
doute pas dans sa poche de droite ni dans sa poche de gauche, l'esprit,
d'étatiser l'ensemble du système. Vous avez probablement raison,
mais ce n'est pas parce qu'on a cela dans la tête qu'il faut continuer
dans un état hybride. Il faut trouver une formule qui fasse en sorte
que, lorsque les conflits sont appréhendés - et il y en a
à appréhender, des conflits en Relations dit travail - jamais la
santé et la sécuirité des patients ne soient mises en
danger, Je pente que, là-dessus, comme législateur, on peut
s'entendre, si on est d'accord sur ce principe de base.
Concernant le cadre de partage CLSC-CSS, M. le ministre, les chiffres
que j'ai à ma disposition, je les ai vérifiés
revérifiés. Justement, vous parliez de faire confiance aux
CRSSS. J'ai vérifié les chiffres dans lesCRSSS en
question. Les chiffres que j'ai ne concordent pas avec les chiffres qui vous
sont soumis par vos technocrates à partir de Québec. Eh bien, si
vous faites confiance eux CRSSS - je pense que vous avez un peu parlé
dans ce sens-là, d'aller dans les régions - allez-y, les
vérifier. Vous n'avez pas promis ou vous ne vous êtes pas
engagé à décréter un moratoire jusqu'à ce
que ces vérifications-là soient effectuées. C'est ce qui
m'inquiète. Je ne m'inquièteras pour les fonctionnaires ou les
technocrates qui vont être déplacés, ou les praticiens,
d'un endroit à l'autre, parce que, le service, on ne l'approche pas de
la population s'il s'en va du CSS au, CLSC. Les soins se donnent toujours en
famille, chez la personne. Ils se déplacent chez les gens. Qu'ils
partent du
CSS le matin ou qu'ils partent du CLSC, je ne pense pas que cela
traumatise le bénéficiaire;. Savoir d'où vient son
fonctionnaire le matin, quel est son point de fonctionnaire et qui est son
patron réel - est-ce que c'est un conseil d'administration de CSS ou un
conseil d'administration de CLSC - mais ne le dérange pas. L'important,
c'est qu'il reçoive le service. Ce qui m'inquiète, c'est que, -
lorsque vous déplacez les praticiens et que la clientèle, qui est
déjà lourde, qu'ils ont à subir ou à qui ils ont
à dernier des soins... Vous ne déplacez pas la clientèle
avec le praticien. Vous conviendrez aisément ayec moi que cela
crée des situations totalement aberrantes et qu'il flaque., d'y avoir
des enfants, des personnes âgées et des adultes
mésadaptés qui fassent les frais de cette politique.
J'ai confiance que, si vous descendez au niveau des CRSSS, si vous allez
dans les régions, si rencontrez les CLSC et les CSS, vous allez en
trouver, des formules satisfaisantes. Mais, en attendant, ne laissez pat un
plan qui a été conçu justement dans les officines de votre
prédécesseur, à Québec, ce que vous
dénonciez tantôt dans notre politique, recevoir une
application.
Quant aux institutions anglophones, encore une fois, la question du
départage CLSC-CSS, je vais vous référer - si vous
étiez d'accord avec un de vos collègues du Conseil des ministres
là-dessus, je pense qu'on serait satisfaits de ce côté-ci
de la Chambre à une déclaration en anglais qu'a faite le ministre
délégué aux affaires linguistiques sur les ondes d'une
station radiophonique; à Montréal. On serait d'accord je pense,
de ce côté-ci de la Chambre, si vous alliez dans le même
sens.
La question par l'animateur au ministre: "Do yu feel personally that the
English language gripe on this subject, that we have fear in the English
community for good reasons sometimes - particularly when Dr. Laurin is around,
I might add... There is a fear in the English community that, as these services
are spread out into smaller communities - which is all right in itself -they
might not spread in English to our areas. Are we justified in that fear, in
your Opinion?" La "reply" du ministre: "I do not think so. I think that the
tradition in Québec has always been that Anglo-Quebeckers have a right
to, their own institutions in the field of health and social services and that
will be maintained. " L'animateur: "But, it does not seem to be written into
the plan at the moment in the Social Affairs Department. " La réponse du
ministre: "Well, I think it should be. " Écrivez-le dans le plan, M. le
ministre.
Pou l'ensemble des autres dossiers,
l'Opposition demeure à votre disposition, surtout dans
l'orientation que vous semblez prendre, celle de faire confiance de plus en
plus aux institutions locales et régionales. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Bissonnet): La commission ayant rempli
son mandat, la commission des affaires sociales est ajournée sine die.
Bonsoir.
(Fin de la séance à 17 h 59)