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(Dix heures seize minutes)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales se réunit pour
étudier les crédits du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur pour l'année 1985-1986. Sont membres de la
commission: M. Beaumier (Nicolet), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Blouin (Rousseau),
M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Desbiens (Dubuc), M. Gravel (Limoilou),
Mme Lachapelle (Dorion), M. Lafrenière (Ungava), M. Laplante (Bourassa),
M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc (Fabre), M.
Middlemiss (Pontiac), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Paré (Shefford),
M. Pratt (Marie-Victorin), M. 5irros (Laurier).
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire: Oui. M. Paradis (Brome-Missisquoi) est
remplacé par M. Polak (Sainte-Anne).
Habitation et Protection du consommateur
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci. Il nous fait
plaisir d'accueillir le nouveau ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur. Je pense que nous pouvons immédiatement passer aux
remarques préliminaires, s'il y en a, de la part du ministre et du
représentant de l'Opposition officielle.
Remarques préliminaires M. Jacques
Rochefort
M. Rochefort: Merci, Mme la Présidente. Je me
présente ici, ce matin, dans le cadre de l'étude des
crédits, avec beaucoup d'intérêt et de respect pour ce type
d'exercice qui, finalement, est la meilleure concrétisation d'un des
principaux fondements de notre système, de nos institutions politiques
qui est celui de la responsabilité ministérielle devant
l'Assemblée.
Au départ, je voudrais présenter les gens qui sont avec
moi. Évidemment, je ne les présenterai pas tous un à un,
mais je voudrais quand même souligner la présence du
sous-ministre, M. Claude Chapdelaine, qui est ici à ma droite, de M.
Lapointe, qui est sous-ministre adjoint et responsable de la Direction
générale de l'inspection, de M. Réal Martel, qui est le
surintendant du Service du courtage immobilier... Ils peuvent peut-être
se lever pour permettre aux membres de la commission... M. Lapointe est ici, M.
Martel est là. Il y a aussi le président de la
Société d'habitation du Québec, M. Bernard Angers, le
vice-président, M. Jean-Paul Beaulieu, qui est aussi le coordonnateur de
Corvée-habitation. Il y a le président de l'Office de la
protection du consommateur, M. Gilles Moreau, qui est accompagné de son
adjoint, M. Vignola. Il y a aussi le président de la Régie des
entreprises en construction du Québec, M. Dufour, qui est
accompagné de M. Genty, responsable de l'administration. Finalement,
vous avez le président de la Régie du logement, qui est
accompagné de la vice-présidente, Me Archambault. Ils sont,
évidemment, tous et chacun d'entre eux, accompagnés d'une
équipe de collaborateurs, qui sont des hommes et des femmes qui
travaillent avec compétence, efficacité et dévouement pour
nous permettre d'atteindre les objectifs fixés par le gouvernement en
matière d'habitation et pour chacun des différents organismes
qu'ils dirigent.
On me permettra de rappeler, au tout départ, que le
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur a, d'une
part, une responsabilité d'élaboration de politiques et de
programmes en matière d'habitation et de protection du consommateur, en
plus d'être directement responsable de la Direction
générale de l'inspection et du Service du courtage immobilier,
alors que quatre organismes sont sous la responsabilité du ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur: la Société
d'habitation du Québec, l'Office de la protection du consommateur, la
Régie des entreprises en construction et la Régie du logement.
Toute cette équipe mise ensemble renferme au-delà de 2000
personnes et totalise des budgets gouvernementaux dépassant les 390 000
000 $ pour l'année 1985-1986.
Dans un premier temps, je voudrais aborder les deux grands dossiers qui
ont retenu l'attention de façon prioritaire du
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur au
cours de l'année qui vient de s'écouler et qui risquent
d'être très importants pour l'année qui vient. On se
rappellera, dans un premier temps, que mon prédécesseur, l'actuel
ministre des Transports, a déposé, en novembre dernier, le livre
vert sur l'habitation "Se loger au Québec", un document de travail qui
se voulait l'aboutissement de nombreuses études et consultations et qui
avait pour objectif de tracer un bilan de la situation de l'habitation au
Québec et de permettre la discussion et la réflexion d'un bon
nombre d'hypothèses, de propositions et de scénarios d'action.
Donc, le livre vert se divise en deux parties: une première partie, le
portrait-bilan, et une deuxième partie qui renferme plus de 125
propositions ou scénarios d'intervention.
On se rappellera que, si nous avons préparé un. tel
document, c'est que nous croyions qu'après avoir connu une très
grande intensité d'action au cours des années 1978 à 1984
en matière d'habitation, années au cours desquelles nous avons
intensifié notre action, nous avons augmenté
considérablement les budgets, notamment parce que les besoins se
faisaient de plus en plus nombreux, de plus en plus différents et aussi
que nous étions conscients des retards importants que nous avions
accumulés au cours des années précédentes en
matière d'habitation... Cette intensification de notre action nous a
permis d'atteindre des résultats très importants, notamment de
faire en sorte que le Québec devienne un peuple de propriétaires,
que notre parc de logements soit dans une position de qualité assez
intéressante et, finalement, d'observer que, non pas unanimement, mais
globalement, les Québécois et les Québécoises sont
assez satisfaits de leurs conditions d'habitat.
Toujours è la suite à cette intensification de notre
action, il nous semblait très important de faire un peu
l'évaluation des différentes interventions, de faire le point
pour être bien certains que toute notre action était bien
ajustée en fonction des besoins de l'avenir, en fonction aussi des
nouvelles perspectives économiques et démographiques que nous
réservent les prochaines années et que l'ensemble des sommes
consacrées à l'habitation par le gouvernement du Québec
qui sont, évidemment, limitées comme toutes les autres, n'aient
pas nécessairement besoin de connaître une autre augmentation,
celle-ci ayant été considérable au cours des
dernières années, mais que ces différentes sommes soient
vraiment axées sur les bonnes clientèles en fonction des besoins
les plus pressants, compte tenu de l'évolution de notre
société dans son ensemble.
Or, ce livre vert a été l'objet d'une importante
tournée de consultation que j'ai menée dans toutes les
régions du Québec en mars et avril dernier. Si nous avons
mené une telle tournée de consultation, c'est que, dans un
premier temps, on reconnaît d'emblée - je pense que cela fait
l'unanimité que, par définition, par essence, l'habitation
concerne tout le monde, que le monde de l'habitation, le monde de la
construction au Québec renferme une multiplicité d'intervenants,
que les différentes questions sont souvent complexes et souvent
interreliées les unes aux autres et que nous voulions permettre à
tous ceux et toutes celles qui avaient l'intention ou qui avaient le goût
de participer à cette tournée de consultation de réagir
par rapport au livre vert, de proposer de nouvelles choses, de participer
à cet exercice d'élaboration des priorités en
matière d'habitation, d'être en mesure de le faire chez eux et, en
le faisant chez eux, de pouvoir aussi attirer l'attention du ministre et de
l'équipe qui m'entourait au cours de cette tournée de
consultation sur les particularités qu'on rencontre dans la plupart des
régions du Québec.
Compte tenu du temps, je crois que je n'aborderai pas les
différents éléments importants qui sont ressortis de cette
consultation. J'imagine que nous aurons l'occasion de le faire au cours de la
journée. Je veux simplement souligner rapidement que, sans faire un
bilan, on peut au moins commencer à tirer un certain nombre de constats
de la tournée de consultation que j'ai effectuée.
II y a un consensus très large dans la société
québécoise auprès des intervenants en matière
d'habitation pour que l'accent soit de plus en plus mis sur les ménages
qui souffrent d'un problème d'accessibilité financière
à un logement décent et convenable. Différentes questions
importantes ont été soulevées aussi au cours de cette
tournée: les propositions d'allocations de logement, la qualité
du parc de logements, les questions reliées à l'accès
à la propriété, notamment la conversion en
copropriété, les discussions entourant le secteur locatif,
entourant les différents types de logements sociaux, HLM,
coopératives, organismes sans but lucratif.
Deux points, en terminant: la nécessaire concertation de tous les
intervenants et, finalement, dans une éventuelle politique d'habitation,
pas plus que ce n'est le cas actuellement, il ne faudrait retenir une seule
formule. Une bonne politique d'habitation doit plutôt être le
regroupement d'une gamme très complète de types d'interventions,
de types de formules de soutien, de formules d'action en habitation, de
façon à faire en sorte que chaque citoyen puisse retrouver dans
l'éventuelle politique d'habitation ce dont il a besoin pour bien se
loger selon ses caractéristiques, ses priorités et ses
moyens.
Des suites importantes seront données à
cette consultation sur le livre vert qui a été
menée et, à cet effet, je veux aussi annoncer l'arrivée
d'un nouveau sous-ministre adjoint qui entrera en fonction lundi prochain, qui
est M. Luc Martin, qui sera particulièrement responsable de piloter
l'équipe de travail qui est déjà à l'oeuvre depuis
un certain temps et qui intensifiera son travail au cours des prochaines
semaines, des prochains mois quant aux suites à accorder à cette
tournée de consultation sur le livre vert. Évidemment, bon nombre
de questions devront être abordées, notamment la
nécessité de maintenir un processus de concertation entre les
intervenants, la nécessité de mieux situer le rôle de
l'État comme étant de plus en plus un État partenaire
plutôt qu'un État qui prime tous les autres intervenants et aussi,
l'importance de permettre de plus en plus, tel que l'ont exprimé les
différents intervenants en matière d'habitation au cours de la
tournée, d'assumer une responsabilité de plus en large, de plus
en plus grande dans l'action du Québec en matière
d'habitation.
Un deuxième bloc de réflexion tournera autour des
programmes qui existent déjà. On a recueilli un certain nombre de
commentaires, de remarques, de suggestions au cours de la tournée qui
pourront éventuellement faire l'objet de retouches, de corrections,
d'ajustements à différents programmes existants et, finalement,
un certain nombre de groupes de travail seront mis en place pour nous permettre
de progresser par rapport aux grandes questions pour lesquelles nous aimerions
être en mesure de procéder au cours des prochains mois à la
suite de cette tournée.
Un deuxième grand dossier qui a retenu l'attention à
l'interne au ministère de l'Habitation au cours de l'année et
même des deux dernières années et qui prendra une grande
importance au niveau externe au cours des prochaines semaines est le projet de
loi sur le bâtiment. Dans un premier temps, il faut rappeler qu'il s'agit
d'une suite très concrète du livre vert sur l'habitation, qu'il
s'agit d'une réforme importante qui représente une loi cadre
-comme on dit en jargon parlementaire - mais il est plus juste, me dit-on,
d'appeler cela une loi générale qui a fait l'objet de nombreuses
consultations avec l'ensemble des intervenants du milieu jusqu'à encore
tout récemment. Nous croyons, comme gouvernement, que nous nous sommes
rendus à la limite de ce que nous pouvions faire en matière de
travail interne au niveau de ce projet de loi et qu'il est temps de le rendre
public et de permettre au milieu de s'activer ensemble pour favoriser la
concrétisation, la mise en place des réformes qui y sont
contenues.
Les grands objectifs du projet de loi sont, dans un premier temps,
d'accroître la qualité et la sécurité des
constructions et des édifices publics au Québec, de simplifier de
façon importante le cadre de travail de l'ensemble des constructeurs du
Québec, des professionnels qui jouent un rôle en matière de
construction, de faire beaucoup plus confiance aux intervenants, de
responsabiliser beaucoup mieux l'ensemble des intervenants en matière de
construction et, finalement, d'étendre la Loi sur la protection du
consommateur à l'immobilier et de donner une meilleure protection
à l'ensemble des consommateurs du Québec quand vient le temps de
devenir propriétaires ou d'entreprendre des travaux de rénovation
importants à leurs maisons.
Évidemment, je n'aborderai pas plus longuement, à cette
étape-ci, le projet de loi puisque, normalement, le projet de loi
devrait être déposé la semaine prochaine à
l'Assemblée nationale. Il sera après la première lecture
l'objet d'une commission parlementaire à laquelle on invitera, en
concertation avec la présidente, le vice-président de la
commission et mon vis-à-vis de l'Opposition, les intervenants qui ont
manifesté un intérêt pour ce projet de loi jusqu'à
maintenant de façon qu'il puisse être l'objet d'une bonne
discussion avec l'ensemble des parlementaires au cours des prochaines
semaines.
Au niveau de la Direction générale de l'inspection, je
voudrais attirer l'attention rapidement des membres de la commission sur un
certain nombre de dossiers importants. D'une part, le dossier de
l'accessibilité des édifices existants aux personnes
handicapées. À la suite de la conférence "À part...
égale", il a été décidé de constituer un
groupe de travail auquel participent la Direction générale de
l'inspection du ministère, l'Office des personnes handicapées et
un certain nombre de groupes de promotion de personnes handicapées
autour de la mise en place de la réglementation prévue aux
articles 69 et 70 de la Loi sur l'Office des personnes handicapées pour
accorder une meilleure accessibilité, une plus grande
accessibilité des édifices existants aux personnes
handicapées. (10 h 30)
Le groupe de travail fonctionne efficacement et il rencontrera
l'ensemble des intervenants privés concernés par cette
réglementation au cours des prochaines semaines et normalement une table
de concertation publique entre les groupes de promotion des personnes
handicapées et les intervenants privés devrait être tenue
autour des conclusions auxquelles le groupe de travail en sera
arrivé.
Je rappelle aussi que la Direction générale de
l'inspection a mis un accent particulier sur les services à la
clientèle par l'ouverture de ses bureaux le midi, par la
régionalisation de ses différents bureaux et
aussi par des mesures de simplification notamment pour les
entrepreneurs-électriciens du Québec, ce qui est donc un
présage de l'ensemble des orientations qui ont été
retenues pour le projet de loi sur le bâtiment. Finalement, la Direction
générale de l'inspection a été associée
très étroitement aux travaux préparatoires au projet de
loi sur le bâtiment.
Quant au 5ervice du courtage immobilier, il a travaillé de
façon encore plus étroite avec le milieu à un tel point
que nous avons été en mesure d'accorder un rôle plus
important au milieu quant à la formation obligatoire et adéquate
des différents agents et courtiers en immeubles du Québec, dans
le sens de leur confier une plus grande responsabilisation de leur propre
activité professionnelle. Un certain nombre aussi de simplifications ont
été apportées pour l'ensemble des intervenants du milieu
et des augmentations ont aussi été apportées aux amendes
qui pouvaient être retenues pour permettre au surintendant du courtage
immobilier d'être mieux en mesure de faire appliquer la loi qui est de sa
responsabilité.
Quant à la Société d'habitation du Québec,
elle a été encore une fois marquée au cours de
l'année qui vient de s'écouler par une action très
intense, très diversifiée et très efficace quant à
un bon nombre de programmes d'habitation découlant ainsi des efforts
importants que nous avons consacrés jusqu'à maintenant à
la mise en place d'un nombre assez considérable de programmes en
matière d'habitation. On me permettra de rappeler un peu rapidement le
bilan de ces programmes jusqu'à maintenant et les objectifs
prévus pour l'année qui vient. Par exemple, si on prend le
supplément au loyer, qui est l'aide aux ménages qui vivent dans
des organismes sans but lucratif et qui finalement bénéficient
des mêmes conditions en ce qui a trait au taux d'effort que les
ménages qui vivent dans des habitations à loyer modique; le
programme a été mis en place en février 1978.
Jusqu'à ce jour, 4200 ménages québécois ont
profité de ce programme et, au cours de l'année qui vient, nous
prévoyons être en mesure d'ajouter 300 ménages au programme
de supplément au loyer.
Le programme Logirente, quant à lui, qui a été mis
en place en octobre 1980, est un programme d'allocations de logement pour les
ménages âgés de plus de 60 ans maintenant pour leur
permettre de consacrer une part moins considérable de leurs revenus
à se loger de façon à mieux faire face à leurs
besoins essentiels, comme ceux de se nourrir et de se vêtir.
Jusqu'à aujourd'hui, au-delà de 26 000 ménages
québécois ont profité du programme Logirente et ce nombre
devrait monter jusqu'à 30 000 au cours de l'année 1985-1986.
Quant au programme Loginove, mis en place en avril 1982, et qui est un
programme de rénovation majeure des logements qui sont dans un
état assez minable, jusqu'à maintenant, nous avons
été en mesure de restaurer de façon très importante
au-delà de 14 000 logements au Québec. Nous avons pu, avec ce
programme et avec la restauration de ces 14 000 unités d'habitation,
créer un impact économique direct de l'ordre de 260 000 000 $
tout en créant au-delà de 4500 emplois. Pour l'année qui
vient, 1985-1986, nous prévoyons réaliser la rénovation de
5100 unités de logement pour un budget de l'ordre de 34 000 000 $, ce
qui devrait générer une activité économique autour
de la rénovation domiciliaire d'au-delà de 85 000 000 $ et
soutenir et/ou créer au-delà de 1500 emplois.
Le programme Logipop de soutien à la formule coopérative
en matière d'habitation a été mis en place en mai 1977.
Jusqu'à maintenant, au-delà de 10 800 unités de logement
ont été soutenues dans le cadre du programme Logipop et, au cours
de l'année qui vient, normalement, 2300 unités de logement
profiteront du programme Logipop.
Le programme Équerre a été mis en place en
février 1984. On se rappellera que cela nous a permis de rénover
de façon intéressante au-delà de 30 000 unités de
logement au Québec. Cette activité nous a permis de
générer une activité économique d'au-delà de
160 000 000 $ et de créer et de soutenir au-delà de 2600 emplois
au cours de la phase I du programme. La phase II qui a été
lancée récemment prévoit la restauration de 20 000
unités de logement pour l'année 1985-1986 pour un budget de
l'ordre de 23 000 000 $ qui, à lui seul, devrait susciter une
activité économique d'au-delà de 100 000 000 $, et
créer ou soutenir près de 2000 emplois.
Quant à Corvée-habitation qui a connu son début en
août 1982, on évalue à plus ou moins 50 000 unités
résidentielles qui ont été construites dans le cadre de ce
programme sur au-delà de 100 000 mises en chantier effectuées au
Québec au cours de la même période. Cela a produit un
impact économique de plus de 2 000 000 000 $, une création et un
soutien d'emplois permettant à au-delà de 50 000 personnes de
travailler dans le cadre de ce programme.
Au sujet du programme d'accession à la propriété
pour les jeunes ménages, mis en place en décembre 1981, qui
visait à favoriser l'accession à la propriété pour
des jeunes familles québécoises, jusqu'à maintenant,
au-delà de 48 000 ménages en ont profité et, au cours de
l'année qui vient, normalement, 12 500 ménages additionnels
devraient profiter du programme.
Finalement, relativement au programme d'habitations à loyers
modiques, HLM, qui a été mis en place en juin 1967, nous en
sommes rendus aujourd'hui à plus de 55 000 unités dont 47
000 occupées et 8000 en voie de réalisation, ce qui, en dollars
de 1985, a entraîné des investissements de plus de 1 500 000 000 $
depuis 1976 et la création d'au-delà de 30 000 emplois au cours
des différentes années. On voit donc que les programmes
d'habitation de la société ont connu des succès assez
mirobolants au cours des dernières années et,
particulièrement, au cours de l'année 1984, et qu'ils connaissent
une vitesse et un rythme très satisfaisants.
On me permettra d'ajouter que Corvée-habitation étant
terminée, il faut voir que, au-delà des succès
considérables que nous avons connus pendant sa durée, le
programme nous a permis d'atteindre aussi, depuis sa fin, des succès
assez considérables, à un point tel qu'on s'aperçoit qu'il
a permis de créer un mouvement, de créer un élan en
matière de construction domiciliaire au Québec. Alors qu'au coeur
de Corvée-habitation, le Québec obtenait 31 % de toutes les mises
en chantier qui se sont effectuées au Canada en 1984, après la
fin de Corvée-habitation, au cours du premier trimestre de 1985, nous
avons atteint 40 % des mises en chantier qui se sont effectuées à
travers le Canada. Au cours du premier trimestre de 1985, nous avons aussi
connu une augmentation de 14 % des mises en chantier par rapport aux mises en
chantier que nous avions effectuées au cours du premier trimestre de
1984 au coeur de Corvée-habitation.
Nous avons obtenu hier les statistiques pour avril 1985. Or, encore une
fois par rapport à avril 1984, nous avons connu une augmentation de 20 %
des mises en chantier et nous avons obtenu 25 % de l'ensemble des mises en
chantier qui se sont effectuées au Canada au cours de la même
période. Ici, il faut expliquer que la raison pour laquelle nous avons
obtenu 25 % des mises en chantier qui se sont effectuées à
travers le Canada au cours du mois d'avril 1985, c'est que la reprise qui
était bien installée au Québec en matière de
construction domiciliaire est maintenant mieux installée dans l'ensemble
des provinces canadiennes et, particulièrement, en Ontario, ce qui
réduit la proportion relative de mises en chantier effectuées au
Québec par rapport au Canada.
Je terminerai pour la Société d'habitation du
Québec en soulignant que celle-ci a obtenu, pour souligner
l'efficacité et l'aspect très positif de son action au cours de
la dernière année, un trophée Habitas à l'occasion
du gala Habitas du dernier Salon national de l'habitation, ce qui reconnaissait
du même coup les nombreux services, l'efficacité et la
compétence de la Société d'habitation du Québec
relativement aux différents programmes qui ont été
confiés à sa responsabilité au cours des dernières
années.
Rapidement, quant à l'Office de la protection du consommateur, il
faut rappeler qu'au cours de l'année qui vient de s'écouler
l'accent a été mis de plus en plus autour de la
prévention, de l'éducation et de l'information des consommateurs
québécois. À ce titre, rappelons que Protégez-vous
a atteint, en février 1985, un tirage d'au-delà de 185 000
exemplaires, que Protect yourself, en ce qui le concerne, a atteint un tirage
de 21 600 exemplaires. Aussi une action très importante, de plus en plus
importante de l'Office de la protection du consommateur, est son programme de
subvention et de promotion du travail et du rôle des différentes
associations de consommateurs du Québec; en vertu de ce programme, 33
organismes ont été subventionnés au cours de
l'année 1984, pour un budget d'au-delà de 617 000 $. Là
aussi, les services à la clientèle ont été
intensifiés et diversifiés, notamment par des séances
d'information de plus en plus nombreuses, l'amélioration du
réseau téléphonique et, évidemment, l'ouverture des
bureaux régionaux le midi. Avec l'Office de la protection du
consommateur, nous avons évidemment maintenu notre action dans le
dossier du financement des causes types relatives à la MIUF.
Quant à la Régie du logement du Québec, je sais
qu'elle a été entendue par les membres de la commission des
affaires sociales le 27 novembre dernier. Je pense que vous avez eu l'occasion
d'avoir des échanges très constructifs avec son président,
M. Houde. Au cours de l'année qui vient de s'écouler, je pense
qu'il est important de rappeler que nous avons réussi, à la
Régie du logement, à diminuer de façon importante les
délais dans le traitement des causes et que nous avons mis l'accent,
avec efficacité et succès, sur la conciliation entre les
locateurs et les locataires. Nous avons aussi accordé une attention
particulière aux services à la clientèle et aux
différentes mesures permettant aux citoyens d'être mieux
informés des différents services qui existent à la
Régie du logement, à un point tel que le ministre responsable des
Relations avec les citoyens a souligné, dans son dernier rapport,
l'extraordinaire bilan de la régie quant à l'amélioration
de ses relations avec les citoyens.
Finalement, au sujet de la Régie des entreprises en construction
du Québec, il faut rappeler que celle-ci, qui est responsable de la
qualification des entrepreneurs en construction, a connu une activité
beaucoup plus importante au cours de l'année qui s'achève,
notamment en raison de l'activité de plus en plus grande dans le domaine
de la construction, à partir du programme Équerre et des
différents grands projets de construction publics et privés que
tout le monde connaît. Le nombre des
permis de travail, de licences d'entrepreneurs en construction, s'est
accru de 9 % au cours de l'année 1983-1984.
Il faut attirer l'attention des membres de la commission qu'alors qu'au
cours des quinze dernières années le nombre d'entrepreneurs en
construction qualifiés par la régie, à chacune des
années, était très fluctuant, il a eu tendance, au cours
de l'année qui vient de s'écouler, à se stabiliser de
façon assez significative. Là aussi, je veux indiquer que des
actions très concrètes ont été menées
à la Régie des entreprises en construction sur le plan de
l'amélioration des services à la clientèle et
qu'évidemment la régie a été intimement
associée aux travaux que nous menons en vue de l'élaboration du
projet de loi sur le bâtiment.
Voici, en larges traits, le portrait qu'on peut brosser de
l'activité du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur au cours de l'année qui vient de s'écouler et des
différents organismes qui relèvent du ministre de l'Habitation et
de la Protection du consommateur.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre. M.
le député de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente. Depuis le milieu
des années soixante, des transformations majeures ont marqué le
secteur de l'habitation au Québec. De la construction de petites maisons
unifamiliales, on est passé à des formes de plus en plus
variées de logements voués à la propriété, y
ajoutant des modes nouveaux tels que la copropriété et la
coopérative à but lucratif. De son côté, le logement
locatif a vu, au contraire, un resserrement de son éventail, rendant
ainsi la location de plus en plus difficile et insatisfaisante.
Ces changements sont certainement dus, en grande partie, aux
transformations qui ont affecté le type même de consommation
d'habitation. Encore davantage que pendant la période de 1970 à
1976, le Québec a vécu des changements profonds dans sa structure
démographique. Entre 1976 et 1981, tout d'abord, le nombre croissant des
jeunes adultes et de jeunes familles issus directement du "baby boom" des
années cinquante, associé à un nombre de naissances
décroissant et à la tendance à l'augmentation des
divorces, ont créé un besoin orienté davantage vers
l'achat de copropriétés en milieu urbain pour petites familles ou
gens seuls que vers la construction de résidences unifamiliales en
banlieue. La demande de mises en chantier a donc connu une diminution
importante après 1976.
D'autre part, la demande de logements locatifs à coûts
abordables et de logements sociaux s'est, pour sa part, considérablement
accrue. Tout d'abord, parce que le nombre de familles monoparentales est
passé de 158 900 en 1976 à 208 430 en 1981, connaissant ainsi une
hausse de 31, 2 %, comparativement à 17, 5 % entre 1971 et 1976. On
sait, de plus, que les chefs de familles monoparentale ont de plus en plus
tendance à former une famille principale, soit à vivre seuls et
les femmes chefs de famille dépensent en moyenne 48 % de leurs revenus
pour le logement, ce qui est 92 % au-dessus de la norme habituelle de 25 %. Le
nombre des personnes âgées a aussi considérablement
augmenté, passant de 481 360 en 1976 à 617 500 en 1984, soit une
variation de 28, 3 %. (10 h 45)
Tous ces facteurs font que la demande de logements à coût
modique s'est accrue depuis 1976 et que, par le fait même, il est
nécessaire pour le gouvernement d'assumer un rôle premier dans ce
soutien à l'accès à des logements convenables,
sécuritaires et peu dispendieux que la population peut se payer. Cela
nous permet de plus de replacer dans son contexte la hausse de 520 % du budget
en habitation entre 1976 et 1985 dont se vante sur tous les toits le ministre
de l'Habitation et de la Protection du consommateur. La simple logique nous
indique qu'il aurait été au contraire très aberrant que,
compte tenu des besoins croissants, les budgets disponibles ne soient pas un
tant soit peu proportionnels. On aura certainement l'occasion de discuter des
520 % d'augmentation tantôt. Même, malgré cette hausse du
budget, 35 000 personnes sont encore en attente d'un HLM ou d'une habitation
dont le loyer est plus modique.
Du côté de la construction et de la rénovation des
maisons, même si le gouvernement louange continuellement ses programmes
d'accès à la résidence et tente de ridiculiser l'effort
gouvernemental d'avant 1976 en invoquant qu'on y a fait de la surproduction, il
n'en reste pas moins que le Québec accuse dorénavant un recul de
neuf ans sur le reste du Canada dans la construction résidentielle.
N'oublions pas cette moyenne de 55 604 logements par année mis en
chantier entre 1970 et 1976, comparativement à une moyenne de 38 440
mises en chantier entre 1977 et 1984.
Le ministre invoquera sûrement le fait, indéniable, que,
grâce à Corvée-habitation, 26 000 logements ont
été construits. Malheureusement, certains experts nous
avertissent maintenant des contrecoups de ce programme d'intervention à
courte vue.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pou-vez-vous
répéter le chiffre...
M. Rochefort: 26 000 dans le cadre de
Corvée-habitation?
M. Middlemiss: Oui.
M. Rochefort: Ah bon, merci.
M. Middlemiss: Malheureusement, dis-je, certains experts nous
avertissent maintenant des contrecoups de ce programme d'intervention à
courte vue. II est d'abord illusoire de croire que ce genre de programme a
créé de nouveaux marchés. Certaines enquêtes nous
indiquent, au contraire, qu'environ 50 % des logements construits l'auraient
quand même été sans Corvée-habitation. Aurait-on
subventionné la mauvaise clientèle au détriment des
familles à revenus moyens? Dans le second rapport annuel de
Corvée-habitation, on indique d'ailleurs que l'acheteur de
Corvée-habitation gagnait en moyenne 35 000 $ et plus par année,
alors que le revenu familial moyen était au Québec de 30 000
$.
Pour démontrer cela, j'aimerais revenir à des tableaux
contenus dans le livre vert sur l'habitation, à la page 172, où
on démontre que le potentiel, basé sur l'année 1981, des
familles qui gagnaient plus de 35 000 $ représentait 26, 2 % des
ménages totaux du Québec et que, de ces 26, 2 %, 73, 8 %
étaient déjà propriétaires; les locataires
représentaient 23, 9 %. J'ai pris ces chiffres à partir du
tableau. Lorsqu'on regarde le tableau 60, à la page 174, on dit que, si
l'effort n'excède pas 30 %, qui pourrait devenir propriétaire?
Dans le cas des propriétaires existants, il y en avait 34 % qui auraient
pu accéder à une maison de 49 000 $, et cela prenait un salaire
de 31 670 $. Dans le groupe des locataires, pour une même maison de 49
000 $, à ce moment-là, ça prenait un revenu de 34 535 $,
et ça représentait 9 %. Donc, c'est un peu pour ça que je
dis: Est-ce que, réellement, on est allé chercher la population
qui en avait le plus besoin?
D'un autre côté, si on regarde les commentaires, on dit
que, comme les acheteurs de Corvée-habitation ont fourni en moyenne une
mise de fonds d'environ 30 %, on peut aisément imaginer qu'ils
n'auraient pas eu besoin d'une aide spécifique pour accéder
à la propriété dans une conjoncture normale. Je dois dire
toutefois que Corvée-habitation, au moment où on l'a
pensé, en 1982, avec les taux d'intérêt très
élevés, c'était certainement propice. L'erreur s'est
glissée quand on n'a pas su à quel moment arrêter le projet
Corvée-habitation. Corvée-habitation, les statistiques le
montrent bien, n'a réellement été efficace qu'à
compter de mai 1983, justement au moment où la baisse des taux
d'intérêt hypothécaires ne justifiait plus, au fond, la
survie du programme.
On remarque que, partout au Canada, c'est en mai 1983 que toutes les
autres provinces ont arrêté leurs programmes de subvention.
Qu'est-ce qui survient? Est-ce que réellement c'est la population qui en
avait le plus besoin? On peut se poser des questions. Ce sont des gens qui,
tôt ou tard, auraient acheté et il y en a qui ont eu un boni.
Donc, si le but du ministère de l'Habitation est de tenter de permettre
que plus de 53 % des gens deviennent propriétaires, ce ne sont
certainement pas des programmes de ce genre qui vont le permettre.
Qu'en est-il aussi au juste de l'investissement de 0, 125 $ par heure de
travail effectuée par chaque employé? Je trouve malheureux qu'on
n'ait pas mieux informé les employés sur les conséquences
de cet investissement. Les suites en auraient probablement été
beaucoup moins dommageables si le gouvernement avait agi de façon
beaucoup plus limpide à cet égard. Trop peu de travailleurs
avaient été informés que ce prélèvement
n'était pas un prélèvement comme les autres. En effet,
cette somme a plutôt été prélevée sur le
régime de retraite du travailleur plaçant ainsi tout l'impact du
prélèvement sur les années de retraite où les
revenus sont plus restreints plutôt que sur celles plus actives de
l'employé. De plus, peu de travailleurs savent que ces 0, 125 $ sont
aussi traduits en termes d'heures de travail relativement au nombre d'heures
cumulatives nécessaires pour toucher au fonds d'assurance-maladie. Tout
cela forme les dessous cachés de la part de Corvée-habitation
payée par les travailleurs.
J'aimerais probablement demander au ministre s'il pourrait nous donner
le montant de la rente de retraite. Quel va être l'effet négatif
sur la rente de retraite de ces travailleurs à cause des 0, 125 $ qu'ils
ont donnés à Corvée-habitation?
J'ai aussi mentionné un autre point l'an passé lors de
l'étude des crédits, mais je dois encore une fois absolument
l'aborder. C'est l'absence de garanties suffisantes qui fait que plusieurs
futurs propriétaires se sont retrouvés, ni plus ni moins, le bec
à l'eau en raison de la faillite de l'entreprise de construction qu'ils
avaient embauchée. Je me réfère à un cas de l'an
dernier et je dois dire, je pense, que celui-là a été
réglé ou presque réglé.
M. Rochefort: C'est réglé.
M. Middlemiss: Mais il faut prévenir que de tels cas se
présentent encore.
M. Rochefort: D'accord.
M. Middlemiss: II est malheureux qu'on ait sacrifié le
suivi au regard de la solvabilité et de la compétence des
entreprises au profit d'une construction "à tout prix". Tout ceci
entache un peu, à mon avis, le succès de Corvée-habitation
et il est dommage qu'on ne s'en soit pas plus
préoccupé.
On aimerait savoir combien de propriétaires, de bonne foi, sont
allés voir un entrepreneur qui avait la pancarte de
Corvée-habitation pour s'apercevoir, après avoir
été accepté par la Société d'habitation pour
le programme, que l'entrepreneur n'avait pas la garantie de maisons neuves qui
était une des prérogatives les plus importantes de ce
programme.
J'aimerais aussi rappeler au ministre qu'il ne faudrait pas qu'il
commette les mêmes erreurs avec son programme Équerre. Les
critères d'Êquerre devaient être rapidement
révisés pour que ce soient les propriétaires aux revenus
les moins élevés qui en profitent plutôt que ceux qui ont
l'argent nécessaire pour entreprendre des rénovations
importantes. Le petit propriétaire ne peut que se permettre de petits
travaux de rénovation chaque année, Avec une mise de fonds
minimum de 2000 $, il est possible qu'il ne puisse même pas ou
très peu se prévaloir du programme.
Les efforts du gouvernement en matière de rénovation, en
particulier dans Loginove, semblent être, de leur côté,
sujets aux aléas des relations fédérales-provinciales sans
que le gouvernement agisse vraiment pour changer le cours des choses.
Ainsi, le gouvernement fédéral a-t-il annoncé des
coupures respectivement de 13 000 000 $ et 5 000 000 $ dans ses programmes
PAREL rural et PAREL urbain. Ce qui signifie, d'une part, pour le
Québec, une diminution importante du nombre de rénovations en
milieu urbain car le gouvernement du Québec ne semble pas
empressé de combler cette perte. D'autre part, c'est une coupure
radicale du côté de toute la rénovation dans les
régions rurales. Le gouvernement ne semble pas réaliser l'impact
de cette coupure. J'ose espérer que les négociations avec le
gouvernement fédéral donneront autre chose que
I'"à-plat-ventrisme" constitutionnel qui caractérise le
gouvernement actuel depuis quelques mois. J'espère qu'il saura faire
valoir adéquatement les effets désastreux que ces coupures
entraînent.
On voit des annonces pour le programme Loginove. Cette année,
c'est quoi, 36 000 000 $?
M. Rochefort: C'est 34 000 000 $.
M. Middlemiss: C'est 34 000 000 $ comparativement à 40 000
000 $ l'an passé, 43 000 000 $ plutôt. Est-ce que la coupure de 43
000 000 $ à 34 000 000 $ reflète le manque du programme PAREL?
Est-ce qu'on l'a ajusté, est-ce que c'est pour cela qu'on...
M. Rochefort: Je le prends en note et on file; cela va?
M. Middlemiss: D'accord. Le ministre a également
mentionné la tournée de consultation sur le livre vert. Je trouve
malheureux - et j'ai eu l'occasion, hier, d'en discuter en Chambre avec le
ministre - que, même si le ministre ne l'a pas admis hier, la
crédibilité des groupes ait été attaquée.
Qu'on se présente là avec des ballons ou autre chose, pour moi...
Le ministre a dit qu'il était surpris de voir que des gens qui
étaient subventionnés agissaient de cette façon, mais que
leur cause était fort importante. C'est un peu cela que je trouve
triste, ce malentendu qui a pu exister. Je crois que les 11 groupes qui
représentaient au moins 60 organismes avaient avisé votre
ministère, deux jours avant, qu'ils voulaient se présenter
à cette consultation. Je crois que c'est un peu partout que le ministre
a dit que la consultation était très importante, qu'on voulait
avoir l'opinion de tous les gens impliqués dans le domaine de
l'habitation, que ce soit les constructeurs, les locataires, etc. Si on voulait
avoir réellement une concertation... 11 m'a assuré, hier, qu'il
aurait certainement l'occasion de rencontrer ces groupes de locataires pour les
laisser présenter leur point de vue.
Ce bref portrait des actions du gouvernement en matière
d'habitation nous démontre assez clairement que celles-ci ont
été, depuis 1976, davantage liées à la conjoncture
économique et sociale qu'à une véritable ligne directrice
en matière d'habitation. Les efforts ponctuels qu'on connaît n'ont
pas réussi en matière de construction à nous rapprocher de
la moyenne canadienne, et, en matière de logements sociaux, ils ont
été finalement peu innovateurs dans la préparation de
nouvelles formes d'habitation sociale. Qui peut, d'ailleurs, se réjouir
que ce ne soit qu'à la fin du mandat qu'on dépose enfin l'embryon
d'une politique d'ensemble? Faudrait-il donc attendre encore - je ne pense pas
qu'on soit obligé d'attendre neuf ans - avant qu'elle soit seulement
consolidée et mise en marche? Il y a bien longtemps, Mme la
Présidente, qu'on n'a plus de doute sur la rapidité et la
qualité simultanées des actions du gouvernement actuel. Ce n'est
pas encore aujourd'hui que cela va se modifier.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le
député. M. le ministre veut-il répondre
immédiatement à certaines questions qui lui ont été
adressées?
M. Rochefort: J'imagine que ce serait intéressant,
à moins que d'autres députés ne veuillent ajouter leur mot
et que je ne fasse un tour d'horizon général ensuite. A votre
convenance.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Rochefort: Évidemment, la seule réserve que je
mettrais, c'est que, si on veut aborder des dossiers concrets, je
préférerais être en mesure de commenter un certain nombre
de questions soulevées par le député de Pontiac et, par la
suite, aborder vraiment des dossiers particuliers.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. Est-ce qu'il y a
d'autres députés qui ont des remarques générales
à faire? Il y a le député de Pontiac qui voulait ajouter
quelque chose.
M. Middlemiss: Le ministre et moi, on s'est parlé au tout
début de la façon qu'on pourrait procéder,
c'est-à-dire une série de questions et accepter les programmes
à la fin. Il y a certains membres ici qui vont vouloir intervenir.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Écoutez, je trouve
difficile de ne pas pouvoir appeler au moins les programmes un par un...
M. Rochefort: Mme la Présidente, si vous me le permettez,
pour vous aider...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Moi, je veux dire
qu'à l'intérieur d'un programme tous les éléments
soient discutés...
M. Rochefort: Pour vous aider, j'imagine - mon petit doigt me le
dit - que les membres de la commission qui souhaitent intervenir ce matin
plutôt que cet après-midi, c'est surtout concernant des programmes
de la Société d'habitation du Québec. J'imagine qu'on
pourrait peut-être, à des fins de fonctionnement de la commission,
appeler ce programme... (11 heures)
La Présente (Mme Lavoie-Roux): C'est le programme 2.
M. Rochefort:... que j'aurai terminé mes réactions
aux remarques préliminaires du député de Pontiac.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord.
M. Rochefort: Je pense que cela permettra notamment au
député de Sainte-Anne de soulever des questions qui le
préoccupent particulièrement.
La Présente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que d'autres membres
de la commission avaient des remarques générales à faire
ou des questions d'ordre général à poser avant que le
ministre réplique? Vous préférez attendre à la
Société d'habitation du Québec.
Vous pouvez répondre maintenant aux questions auxquelles vous
jugez approprié d'apporter une réponse, M. le ministre.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, Mme la Présidente. Vous comprendrez
que je vais faire une sélection parce que beaucoup de choses ont
été dites dans l'intervention du député de Pontiac.
Je vais essayer de reprendre celles qui me semblent le plus nécessiter
un commentaire de ma part.
Dans un premier temps, je voudrais aborder la question qu'a
soulevée le député au début de son intervention
quant à l'augmentation considérable des budgets d'habitation du
gouvernement du Québec au cours des huit dernières années.
Le député nous dit qu'on ne devrait pas se vanter de cela, que,
finalement, on a été forcés de le faire. Je partage
totalement son opinion, nous avons été forcés d'augmenter
de façon considérable les sommes consacrées à
l'habitation depuis le 15 novembre 1976 parce que les retards accumulés
sous le gouvernement de Robert Bourassa de 1970 à 1976 - retards qui,
d'ailleurs, ont été exprimés, constatés par des
commissions d'étude qui ont notamment été mises en place
par ce gouvernement au cours des années 1970-1976: la commission
Legault, la commission Castonguay, pour ne citer que ces deux-là - nous
ont indiqué qu'il était absolument insuffisant qu'un
gouvernement, entre 1970 et 1976, se retrouve, après six ans de pouvoir,
avec un budget à la Société d'habitation aussi mince que
celui que nous avons trouvé en arrivant ici le 15 novembre 1976, ce
budget étant de 61 500 000 $, alors qu'aujourd'hui il est de l'ordre de
340 000 000 $.
Je partage effectivement le point de vue du député de
Pontiac. Nous étions forcés de le faire parce que, d'une part,
nous sommes préoccupés quant aux responsabilités qui nous
ont été confiées par les Québécois. Il faut
se rappeler que les questions d'habitation, au cours de la campagne
électorale de 1976, avaient été importantes dans les
débats qui ont eu lieu au cours de cette campagne électorale et
que nous considérions à l'époque - nous le
considérons toujours aujourd'hui - qu'il était de notre
responsabilité, par rapport à nos priorités, à nos
objectifs et aussi compte tenu du fait que nous succédions à un
gouvernement qui n'avait absolument pas pris ses responsabilités en
matière d'habitation, d'accroître de façon aussi
considérable les budgets du Québec en matière
d'habitation. D'autant plus, faut-il se le rappeler, que trois grandes
interventions ont été mises en place par le gouvernement de
Robert Bourassa en matière d'habitation sous son règne, de 1970
à 1976, la première étant de mettre fin au seul programme
d'accession à la propriété qui existait à
l'époque, qui était le programme de rabais d'intérêt
qui avait été mis en place par le gouvernement de M.
Duplessis. Le gouvernement de M. Bourassa, en 1974, a mis fin à
ce seul programme d'accession à la propriété pour les
familles québécoises.
Deuxièmement, le gouvernement libéral de Robert Bourassa
avait amorcé la mise en place d'habitations à loyer modique dans
les différentes municipalités du Québec, mais encore
là seulement 19 000 unités d'habitation ont été
réalisées sous le gouvernement de Robert Bourassa, de 1970
à 1976, alors que, sous le gouvernement du Parti
québécois, depuis le 15 novembre 1976 à aujourd'hui,
au-delà de 23 000 unités d'habitation ont été
réalisées, plus 5000 qui sont en voie de réalisation,
auxquelles on doit ajouter 10 800 unités de coopérative
d'habitation et 4200 ménages qui profitent du supplément au
loyer.
Là-dessus aussi il y avait nécessité d'effectuer un
travail considérable, d'autant plus que, par rapport à l'Ontario,
en matière de construction de HLM, le Québec connaissait des
retards d'environ 28 000 unités en 1971, que ces retards sont
montés à 37 000 unités au 15 novembre 1976, que nous les
avons ramenés aujourd'hui à environ 15 000 unités et que
nous avons convaincu le gouvernement fédéral de nous accorder un
peu pîus d'unités à chaque année pour nous permettre
de finir par rattraper le retard qui a été accumulé sous
le gouvernement de Robert Bourassa en matière de logement social.
Finalement, dernière grande intervention, le programme
SHQ-municipalités, qui est un programme de rénovation
domiciliaire, mais sans aucune préoccupation, sans aucune balise, quant
au maintien dans des lieux, quant à la protection des locataires et
quant aux augmentations que pouvaient entraîner les travaux de
rénovation qui étaient effectués dans le cadre ce ce
programme.
Quant à la construction résidentielle, sujet qui a
été abordé par le député de Pontiac qui,
finalement, nous dit: II est un peu normal que vous puissiez dire aujourd'hui
que vous avez fait beaucoup de mises en chantier, mais vous en avez fait bien
moins que nous pendant qu'on était là, bien, mon Dieu! je dirai
que j'ai effectivement fait des recherches là-dessus au cours des
dernières semaines parce que j'étais convaincu qu'on aurait
l'occasion, la chance et le privilège d'aborder une telle question. Je
rappellerai au député que, de 1970 à 1976, la moyenne
québécoise par rapport au nombre de mises en chantier faites dans
tout le Canada était d'environ 23 %, qu'à cette même
époque le Québec connaissait un accroissement du nombre annuel de
ses ménages d'environ 57 672 et que les taux d'intérêt
hypothécaire ont été en moyenne d'environ 10 % de 1970
à 1976, alors qu'aujourd'hui, avec une constitution de nouveaux
ménages d'environ 40 000 par année et des taux
hypothécaires qui ont monté jusqu'à 18 % et 19 % au cours
de 1982-1983, nous avons réussi à atteindre 31 % des mises en
chantier qui se sont effectuées dans tout le Canada. Là aussi, on
pense que, comparativement à l'absence d'action efficace du gouvernement
libéral de Robert Bourassa en matière de construction
résidentielle, d'accession à la propriété, les
programmes que nous avons mis en place ont profité grandement à
l'ensemble des Québécois.
Quant à la question que soulève le député,
à savoir si ces programmes ont profité aux
Québécois qui en avaient le plus besoin et aussi,
rattachée à cela, l'intervention du député qui dit
que, finalement, les gens qui ont profité de Corvée-habitation
n'avaient pas besoin de cela pour accéder à la
propriété quant à leur revenu et quant à leur
décision qui était, semble-t-il, de toute façon
arrêtée d'accéder à la propriété, je
rappellerai d'abord que, selon une évaluation très rigoureuse, 76
% des gens qui sont devenus propriétaires par Corvée-habitation
nous ont indiqué qu'ils n'auraient pas acheté de résidence
à ce moment-là si le programme n'avait pas existé.
Deuxièmement, 80 % des personnes qui ont accédé
à la propriété dans le cadre de Corvée-habitation
étaient des locataires. Alors, ils rendaient accessibles un nombre
considérable de logements en bon état pour des familles à
revenus moins considérables, mais qui pouvaient profiter d'un logement
un peu de meilleure qualité.
Finalement, je rappellerai au député que le programme
Corvée-habitation, en plus des valeurs inestimables en matière
d'habitation qu'il pouvait comporter, avait aussi un but qui était de
refinancer l'économie du Québec. Quand on regarde
l'investissement qu'il a provoqué de plus de 2 000 000 000 $ dans notre
économie, la création et le soutien de plus de 50 000 emplois, je
pense qu'il nous a permis de dépasser les objectifs que nous nous
étions fixés là aussi.
Je dirai finalement que, pour bien et mieux partager la richesse dans
une société, il faut commencer par être en mesure de la
créer. Nous croyons qu'en plus des avantages, des effets très
concrets en matière de logement que nous a permis d'obtenir
Corvée-habitation, ce programme nous a permis de créer la
richesse, donc d'être en mesure de mieux partager cette richesse par la
suite.
Quant aux conséquences pour les employés qui ont
participé à Corvée-habitation, il faudrait peut-être
dans un premier temps, Mme la Présidente, que le député
souligne que cela leur a permis de travailler, pour au moins 50 000 d'entre
eux.
Avant de voir quelques éléments que le
député juge négatifs, il faut quand même voir
qu'ils n'auraient pas eu à payer 0, 125 $ l'heure s'il n'y avait pas eu
Corvée-habitation; ils n'auraient pas travaillé du tout. Ils
auraient reçu des prestations d'assurance-chômage plutôt
qu'un salaire quand même intéressant quand on regarde ce qui est
payé dans la construction.
Vous me permettrez de rappeler aussi que, sur la question des
régimes de retraite et sur la décision d'utiliser cette
manière quant è la contribution des employés, ce sont les
partenaires syndicaux qui ont choisi de retenir ce mode de contribution.
Notamment, on se rappellera que c'est la Centrale des syndicats
démocratiques qui avait fait une consultation au cours de laquelle on
notait que 66 % des membres de la centrale étaient d'accord pour y aller
de cette façon quant à la formule de contribution retenue, que
plusieurs travailleurs ont compensé cette ponction sur le régime
de retraite par l'achat de REER qui leur permettra, donc, de ne pas être
pénalisés quant à leur éventuelle retraite.
Finalement, une étude a été demandée à
l'Office de la construction du Québec récemment pour
connaître quels moyens pourraient être pris par les travailleurs
pour compenser ce léger inconvénient. En dernier lieu, je
rappellerai que le conseil d'administration de Corvée-habitation ne
s'est pas penché sur cette question parce que personne ne lui a
demandé de le faire, en tout cas jusqu'à tout récemment.
Donc, je pense que si cela posait vraiment un problème comme celui que
semble vouloir créer le député de Pontiac, j'imagine que
les partenaires étant présents... Qu'est-ce que le
député me montre, Mme la Présidente?
M. Middlemiss: Vous l'avez eu, vous? M. Rochefort: Ah! Le texte
de l'AECQ. M. Middlemiss: Oui. M. Rochefort: Ah bon!
M. Laplante: C'est avec cela qu'il a fait son discours.
M. Rochefort: Est-ce que le député a aussi pris
connaissance des textes écrits par le même rédacteur dans
d'autres revues, qui étaient extrêmement positifs à
l'endroit du programme Corvée-habitation? Il serait peut-être
intéressant de le faire, j'imagine.
Quant aux garanties financières, mon Dieu! je suis heureux de
voir la préoccupation du député de Pontiac. D'abord, je
lui rappellerai que notre préoccupation là-dessus n'est pas
nouvelle, que nous nous sommes assurés que toutes les unités
d'habitation construites dans le cadre de Corvée-habitation
étaient assurées par des plans de garantie financière,
qu'effectivement il y a eu un certain nombre de problèmes et que nous
les avons réglés. Finalement, nous partageons cette
préoccupation à un point tel que le projet de loi sur le
bâtiment qui sera déposé à l'Assemblée
nationale la semaine prochaine rendra obligatoire l'offre de tels plans de
garantie financière à tout consommateur qui achète ou qui
décide de rénover sa résidence.
Sauf erreur, est-ce que le député a aussi indiqué
que, finalement, pour nous permettre d'évoluer rapidement, à un
bon rythme, pendant Corvée-habitation, on avait diminué la
qualité de la qualification des entrepreneurs? Est-ce que j'ai entendu
une phrase comme celle-là dans votre intervention?
M. Middlemiss: Non, pas la qualité. C'était la
surveillance, pour éviter les cas comme celui d'Amaric. Il n'y avait pas
de suivi. Vous avez établi qu'à Corvée-habitation il
fallait remplir un formulaire et que l'entrepreneur était obligé
de donner une garantie de maison neuve. Plusieurs consommateurs ont rempli le
formulaire...
M. Rochefort: C'était relié aux garanties, ce que
vous avez dit?
M. Middlemiss: Oui.
M. Rochefort: À ce sujet, la réponse est donc la
même que celle que j'ai faite tantôt. Toutes les unités ont
été protégés par des plans de garantie. Là
où des problèmes se sont posés, nous avons pris nos
responsabilités et nous les avons réglés. De façon
qu'on ne vive plus jamais de telles situations à l'avenir, nous
déposerons mardi un projet de loi à l'Assemblée nationale
qui aura pour effet de rendre obligatoire ce type de plan de garantie à
tout consommateur qui désirera s'en prévaloir.
Quant au programme Équerre, mon Dieu! Mme la Présidente,
nous avions estimé faire 20 000 unités d'habitation
rénovées en 1984-1985 et nous nous sommes rendus à
au-delà de 30 000. Je pense que c'est l'indication de la très
grande satisfaction de la mise en place d'un tel programme par les
consommateurs. Je rappellerai que les deux tiers des personnes, des
ménages qui ont profité du programme Équerre au cours de
la phase I avaient des revenus inférieurs à 40 000 $. Je veux
aussi rappeler au député que là aussi, évidemment,
on ne peut pas demander à quelqu'un qui n'est pas fortuné de
profiter d'un tel programme, d'autant plus que le programme a aussi pour but de
relancer l'économie du Québec, mais il faut noter que les
ménages moins fortunés peuvent profiter du programme Loginove
pour faire de la rénovation et qu'ils sont largement
subventionnés pour ce faire.
Finalement, dans le programme Loginove, 95 % des
bénéficiaires ont un revenu inférieur à 20 000 $ et
54 % ou 55 % de ce nombre...
M. Middlemiss:... le maximum.
M. Rochefort: Donc, je pense qu'il faut quand même
voir...
M. Middlemiss: Entre 23 000 $ et 35 000 $.
M. Rochefort:... qu'il y a un équilibre entre les deux
programmes et que, finalement, quand le propriétaire d'une
résidence de quatre ou cinq logements utilise le programme
Équerre pour rénover un certain nombre d'éléments
de son édifice résidentiel, cela profite aussi aux locataires qui
restent dans ces logements parce qu'ils profitent d'améliorations de la
qualité du bâtiment dans lequel ils vivent tout en occupant un
logement dont le loyer n'augmente pas de façon substantielle. (11 h
15)
Quant au programme PAREL, la diminution que nous a imposée le
gouvernement fédéral au cours de la dernière année,
effectivement, on a eu l'occasion d'en discuter tous les deux à
l'occasion d'une période de questions à l'Assemblée
nationale il y a quelques semaines, et je répéterai ce que
j'affirmais à l'époque, soit que le gouvernement du Québec
a fait des représentations, à quelques reprises, auprès du
gouvernement fédéral. Nous sommes toujours confiants d'être
en mesure de convaincre le gouvernement fédéral d'ajouter aux
unités de PAREL qui ont été attribuées au
Québec lors de cette programmation; nous sommes confiants d'obtenir de
nouvelles unités au cours des prochains mois.
Je soulignerai toutefois au député, quand il dit que le
gouvernement du Québec ne semble pas empressé de combler cet
écart, et je lui répéterai ce que j'ai dit à
l'Assemblée nationale à l'occasion des questions qu'il m'avait
adressées à ce sujet, c'est-à-dire que, sauf erreur, le
gouvernement du Québec n'est pas là pour suppléer à
l'absence de programmes gouvernementaux du gouvernement fédéral
dans les différentes matières d'activités
économiques, sociales ou culturelles qui existent. Le gouvernement du
Québec a ses priorités; il voit à subventionner et
à injecter des sommes par rapport aux priorités qu'il se
fixe.
Quant à la restauration domiciliaire, notamment dans les zones
fortement urbanisées et dans les résidences qui ont besoin de
réparations majeures, je pense que les programmes que nous avons mis en
place indiquent jusqu'à quel point, pour nous, cela constitue une
priorité importante, laquelle d'ailleurs a été reconnue
par le gouvernement fédéral aussi, parce qu'il nous a
accordé un plus grand nombre d'unités qu'à d'autres
provinces dans ce programme. Dans les différentes évaluations que
le gouvernement fédéral a menées, jusqu'à ce jour,
de son programme de rénovation domiciliaire et de l'ensemble des
programmes de rénovation domiciliaire qui existaient dans les
différentes provinces canadiennes, il a reconnu que la province qui
avait la meilleure performance, qui répondait le mieux aux
clientèles cibles et aux types de logement qui nécessitaient des
interventions importantes, c'était le Québec.
Finalement, je dirai qu'effectivement, quant au PAREL rural, il faut
quand même que le député prenne conscience que ce dernier
est un programme qui est livré directement par le gouvernement
fédéral sans implication du gouvernement du Québec et que
la position traditionnelle du Québec a toujours été de
demander au gouvernement fédéral d'étendre le programme
PAREL à toutes les municipalités du Québec pour que nous
soyons en mesure d'en faire profiter tout le monde. Je lui soulignerai que le
programme Équerre, qui est québécois à 100 %,
s'applique dans toutes les municipalités du Québec et peut donc,
en conséquence, être au moins une intervention qui permette au
gouvernement du Québec d'avoir aussi une action en matière de
rénovation domiciliaire dans les municipalités rurales du
Québec.
Quant à la consultation sur le livre vert, question
abordée hier à l'Assemblée nationale et que reprend le
député aujourd'hui, Mme la Présidente, je ne vous
demanderai pas d'appliquer le règlement et de demander au
député de le respecter, soit de prendre ma parole. Mais je
répète qu'il fait erreur lorsqu'il fait écho à des
fausetées et à des erreurs qui ont été
rapportées par des groupes dans des médias d'information. Je
pense qu'il est bien surprenant de voir un député affirmer des
choses, reprendre à son compte des affirmations faites par d'autres,
alors qu'il n'était absolument pas présent à l'occasion de
cette journée de consultation, même si je lui avais fait
parvenir... Effectivement, le député de Pontiac aurait pu
assister à la tournée de consultation, car j'avais bien pris soin
de lui faire parvenir le calendrier de ma tournée. Au moins, s'il avait
été là, il serait peut-être en mesure de savoir de
quoi il parle lorsqu'il se réfère à la réaction et
à la décision de ces différents groupes populaires de
refuser, de façon catégorique et collective, de se faire entendre
à la journée du 29, contrairement aux ententes qui avaient
été conclues avec eux.
Je dirai au député que, à moins qu'il ne trouve une
citation, je n'ai jamais affirmé que ces gens étaient
subventionnés et qu'il était surprenant qu'ils agissent de la
sorte.
Ce que j'ai plutôt dit, je le répète - je l'ai dit
à quelques reprises encore hier - c'est que je trouve décevant
que des groupes qui ont une responsabilité sociale par rapport aux
citoyens qu'ils affirment défendre refusent de participer à une
tournée de consultation à laquelle ils avaient été
invités et convoqués comme tout autre groupe et pour qui un temps
important avait été prévu, soit un après-midi et
une soirée complète de consultation. Ceci pour leur permettre non
pas de créer un événement-média ou de faire un
spectacle, donc de se lancer plutôt le vaudeville plutôt que de
s'occuper de questions d'habitation, mais de venir, effectivement,
échanger avec moi et l'équipe qui m'entourait sur des questions
pour lesquelles les citoyens qu'ils sont censés défendre sont en
entente. Je répète que bon nombre des revendications de ces
citoyens sont fondées et méritent une attention
particulière de notre part. Je pense que, s'ils avaient accepté
de faire comme tous les autres groupes, non seulement de déposer un
mémoire, mais de le défendre et d'échanger sur leurs
points de vue et sur les points de vue du ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur et de l'équipe qui m'entourait au cours de
cette tournée, nous aurions pu avoir un échange constructif.
Cela dit, j'ai pris connaissance de tous ces mémoires. Bon nombre
de ces groupes ont été rencontrés par moi-même au
cours des derniers mois, dans des rencontres particulières où les
positions qu'ils voulaient me présenter étaient les mêmes
que celles qui sont contenues dans les mémoires qu'ils ont
déposés. Finalement, bon nombre de ces revendications ont
été aussi discutées dans d'autres régions du
Québec, notamment dans l'Outaouais où le représentant du
FRAPRU, pour la journée du 29 mars, a été entendu pendant
plus d'une heure, essentiellement sur la base du même mémoire.
Cela a été la même chose dans l'Est du Québec.
Finalement, je répète que l'ensemble de ces
représentations ont été prises en considération et
sont comprises dans la somme des représentations qui sont actuellement
étudiées à la suite de la tournées sur le livre
vert. Je répète que je suis toujours disposé à
rencontrer tous les groupes du Québec qui, jusqu'à maintenant,
ont demandé à me rencontrer, que ce soient des groupes qui
évoluent en habitation ou en protection du consommateur, depuis mon
arrivée au ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur. Mais je ne suis pas membre de l'Union des artistes ni
intéressé à l'être au cours des prochaines semaines.
Si c'est pour faire du veaudeville ou de la comédie, bien mon Dieu! je
respecte leur choix quant à la méthode retenue pour
défendre leur position, mais moi, quand on voudra discuter d'habitation,
je suis prêt à un tel point que j'avais pris la peine de les
inviter comme tous les autres groupes et de leur accorder un traitement
particulier, à la suite de leur demande, quant à la façon
et au cadre qui devait entourer leur présentation.
Finalement, je dirai, quant aux remarques de conclusion du
député qui nous dit qu'il aura fallu attendre la fin du mandat
pour voir arriver le livre vert, qu'à trois ans du début d'un
mandat il me semble qu'on est plutôt à peu près à
mi-chemin qu'à la fin du mandat. Vous vous rappellerez la
déclaration du premier ministre, nos institutions nous permettraient de
nous rendre au printemps 1986. J'imagine que le député serait le
premier à se lever à l'Assemblée nationale pour me dire
que nous n'assumons pas nos responsabilités parce qu'il reste deux ans,
deux ans et demi, et que là, on arrête de travailler parce que,
paraît-il, il pourrait y avoir un jour une élection. Si on allait
à ce rythme, on ne travaillerait jamais. Les gouvernements
libéraux qui nous ont précédés tenaient des
élections aux deux et aux trois ans. Selon cette logique, le
gouvernement du Québec ne travaillerait jamais.
Je pense que le livre vert sur l'habitation était une
nécessité. Nous l'avons déposé, nous avons tenu une
tournée de consultation à travers le Québec
là-dessus, nous effectuerons le dépôt d'un projet de loi,
la semaine prochaine, ce qui est une suite concrète, tangible de cette
tournée de consultation sur le livre vert. Je dirai aussi au
député qu'effectivement, si nous avons dû attendre neuf
ans, compte tenu des nombreux retards qui avaient été
accumulés en matière d'habitation au Québec, il me
semblait plus prioritaire d'intervenir rapidement dans différents
domaines d'activité en matière d'habitation que d'y aller
plutôt par une politique d'habitation qui aurait stoppé l'ensemble
de notre action et qui aurait encore une fois eu pour effet de faire en sorte
que le Québec atteigne des retards considérables et
peut-être non rattrapables. Nous avons choisi d'agir rapidement,
efficacement, et je pense que le bilan que j'ai fait tantôt de l'ensemble
de nos programmes d'habitation nous a donné raison de procéder de
cette façon.
En conclusion, Mme la Présidente, je rappellerai que je suis pour
des grands programmes d'habitation au Québec; je suis pour la
nécessité d'un énoncé de politique, d'une politique
nationale d'habitation, à un tel point que nous avons
déposé un livre vert et effectué une tournée de
consultation. Je dois constater que, dans cette masse de plus de - on n'a pas
calculé les pages, en tout cas - quelques centaines de pages qui porte
le titre "Maîtriser l'avenir, Programme politique, Commission politique,
Parti libéral du Québec", l'habitation a une importance telle
qu'en deux lignes le Parti libéral nous décrit quelle est sa
politique en matière
d'habitation, ce qui se lit comme suit: "Procurer au plus grand nombre
possible de Québécois un gîte convenable à des
coûts abordables et leur favoriser l'accès à la
propriété immobilière. " Je pense que le livre vert, les
réalisations de la Société d'habitation du Québec
et l'accroissement de 520 % des budgets consacrés à l'habitation
au cours des dernières années par le gouvernement du Parti
québécois sont un gage d'assurance quant à l'avenir,
d'autant plus quand on compare cela à l'épaisseur du programme du
Parti libéral en matière d'habitation.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente; je vois que le
ministre a eu le temps de lire quelque chose qui va lui donner de bonnes
idées.
M. Rochefort: Pardon?
M. Middlemiss: En lisant notre programme, vous avez tenté
de vous instruire un peu,
M. Rochefort: M. le Président, cela prouve que je suis un
homme à l'esprit ouvert. Ce que j'ai découvert, c'est qu'il n'y
avait pas d'esprit dans votre programme.
M. Patrice Laplante
M. Middlemiss: C'est bien. En tout cas, on va revenir au domaine
des HLM. Je crois que c'est en 1974 que la Société d'habitation
du Québec est devenue responsable de la construction de HLM. De 1974
à 1976 ou à peu près, il y a eu à peu près
16 000 unités en deux ans qui ont été construites par le
Parti libéral en comparaison avec 25 000 en sept ans par le Parti
québécois. Si je fais la moyenne par année, il y en a 8000
par année qui ont été construites dans le temps du Parti
libéral, de 1974 à 1976, et 3500 par année de 1977
à 1983. D'accord? De l'autre côté, si l'on veut
parler...
M. Rochefort: Je ne suis pas d'accord, mais je vous
écoute.
M. Middlemiss: Bien. De l'autre côté, dans le
domaine du domiciliaire, on dit qu'aujourd'hui 53 % des Québécois
sont propriétaires. De 1976 à 1981, l'augmentation a
été de 2, 9 % et, de 1971 à 1976, elle a été
de 3 %. Donc, je crois que, lorsqu'on veut faire dire que rien n'a
été fait dans ce sens-là...
M. Rochefort: Quand vous dites: Rien n'a été
fait...
M. Middlemiss: Rien n'a été fait dans ce
sens-là et nous, on a accusé certains retards. On a maintenu, on
a donné la chance sans avoir des programmes qui vont coûter cher
et qui n'ont peut-être pas nécessairement servi ceux qui en
avaient le plus besoin.
Concernant le PAREL rural, lorsque je parle de Loginove, pour le rural,
vous dites qu'ils ont droit à Équerre, mais est-ce
qu'Équerre touche la même population? Si je ne me trompe pas,
Loginove plafonne le salaire, le revenu familial à 23 000 $ et le
pourcentage que paie le propriétaire combiné Loginove-PAREL,
c'est de l'ordre de 45 % avec 55 % payé par les deux gouvernements
supérieurs. Donc, c'est plus avantageux et cela touche aussi des
rénovations de plus grande envergure. Donc, cela veut dire que, dans les
régions, pour les municipalités de moins de 2 000 habitants, il y
a certainement un manque, et c'est un peu cela que, dans ma question, je
demandais au ministre, soit de combler le budget de PAREL urbain et de
prolonger un programme semblable à Loginove dans les régions.
Concernant la tournée du ministre, je lui posais hier une
question et le 29 avril, c'est rapporté dans le journal La Presse. Je
vais le citer: "De son côté, le ministre Rochefort,
également député de Gouin, confesse qu'il s'explique
difficilement l'attitude des associations de locataires. Il estime que les
regroupements font des actions spectaculaires, mais de peu de contenu, actions
qu'il qualifie d'événements médiocres. Je suis
déçu, a-t-il affirmé, que ces groupes soit-disant, en
passant, subventionnés choisiraient de faire entendre de cette
façon leurs revendications, par ailleurs fort légitimes. " Est-ce
que le ministre a dit ces paroles ou non?
M. Rochefort: Est-ce que c'est complété?
M. Middlemiss: Oui.
M. Rochefort: Oui, merci. Dans un premier temps, Mme la
Présidente, sauf erreur, même si la Société
d'habitation du Québec s'est vu confier le mandat de réaliser la
programmation de HLM au Québec à compter de 1974, le
Québec existait auparavant. Il y avait un gouvernement qui avait
élu le 29 avril 1970, qui était dirigé par M. Robert
Bourassa, qui était du Parti libéral du Québec et qui
avait des responsabilités à l'égard des
Québécois en matière d'habitation. Quand on regarde ce qui
a été fait durant la période 1970-1976, c'est 19 000
unités. Avant 1974, ces unités étaient
réalisées directement par les municipalités. Est-ce que
l'affirmation que le député vient de faire est un blâme
qu'il adresse au monde municipal qui était à la
tête des différentes municipalités du Québec
de 1970 à 1974?
M. Middlemiss: Ce n'est pas une... (11 h 30)
M. Rochefort: Ce que je sais, c'est qu'il y a aussi aujourd'hui
des programmes que le gouvernement du Québec confie aux
municipalités. Mais nous considérons que la façon dont
elles les réalisent est de notre responsabilité et, si nous
observions que les municipalités prenaient des retards par rapport
à des choses qui nous semblent prioritaires et importantes, nous
interviendrions bien avant la fin de notre mandat, parce que vous étiez
déjà à deux ans des élections et cela
commençait à ressembler à une fin de mandat. Je vous
rappellerai que, de 1977 à 1985, nous avons réussi à
monter à 43 000 le nombre d'unités de HLM, que nous avons
réussi à faire en sorte qu'avec ce qui est en programmation nous
atteindrons de 53 000 à 56 000 unités de logements HLM
construites au Québec et que les retards, je le répète,
par rapport à l'Ontario, étaient, en 1971, de 28 000
unités, en 1976, vous aviez réussi à atteindre le beau
plafond de 37 000 unités que nous avons ramené en 1983 à
15 000 unités.
Deuxièmement, quant au nombre de propriétaires, le
député nous livre des statistiques qui arrêtent à
1981. Je pense qu'il faudrait peut-être se rendre à aujourd'hui;
moi, je suis certain qu'aujourd'hui il y a même plus de 53 % des
Québécois qui sont propriétaires, notamment à cause
des effets importants de Corvée-habitation au cours des deux ou trois
dernières années et que cela se répercutera dans les
statistiques au cours des prochaines années. Évidemment, vous
nous dites qu'il y a eu une augmentation de 3 % du nombre de
propriétaires à votre époque. Vous-même, vous nous
avez cité qu'à votre époque il y avait une constitution de
nouveaux ménages plus grande. Je vous le rappelle, elle était de
57 672. Les taux hypothécaires d'intérêt étaient
d'environ 10 %, mais vous réussissiez quand même à nous
laisser traîner à 23 % du nombre de mises en chantier qui
s'effectuaient au Canada, alors que nous, avec simplement 40 000 nouveaux
ménages et des taux d'intérêt hypothécaires qui ont
atteint des plafonds jusqu'à 18 %, 19 %, nous avons réussi
à aller chercher 31 % des mises en chantier qui se sont
effectuées au Canada.
Quant au programme PAREL, effectivement le Québec a toujours
été très préoccupé par la rénovation,
très sensibilisé à l'importance d'agir en matière
de rénovation. C'est pour cette raison que nous avons multiplié
les efforts au cours des dernières années pour mettre en place
différents programmes. C'est pourquoi nous avons multiplié les
efforts au cours des dernières années pour convaincre le
gouvernement fédéral de prolonger le programme PAREL urbain
à toutes les municipalités, de façon que nous puissions
nous aussi nous y associer et faire en sorte qu'un plus grand nombre de
Québécois et de Québécoises dans un plus grand
nombre de municipalités puissent profiter d'un programme dont ils ont
vraiment besoin. Évidemment, nous ne prétendons pas
qu'Équerre soit une solution à tous les problèmes. Ce que
c'est, c'est un geste concret, qui permet quand même qu'une action soit
menée et que les Québécois, notamment des
municipalités rurales, puissent au moins eux aussi profiter d'un
programme de rénovation. Finalement, je vous rappelle que nous sommes
précisément en discussion avec le gouvernement
fédéral pour qu'ultimement et à court terme le
gouvernement du Québec devienne responsable de la livraison de tous les
programmes de rénovation dornicilaire, qu'ils soient du gouvernement du
Québec ou du gouvernement fédéral, de façon
à bâtir un programme intégré, complet et qui
s'appliquerait à toutes les municipalités du Québec.
Je pense qu'il faut prendre note de ces interventions du Québec,
de ces orientations du Québec et je dirai là-dessus que nous
souhaitons pouvoir compter sur l'appui de l'Opposition libérale à
l'Assemblée nationale du Québec dans les démarches et les
négociations que nous sommes à mener avec le gouvernement
fédéral puisque, là-dessus comme sur bien d'autres choses,
ce que nous défendons, ce sont des positions traditionnelles du
Québec, de façon à faire en sorte que les sommes des deux
gouvernements qui proviennent des impôts payés par les
Québécois et les Québécoises soient
consacrées directement à l'habitation et non pas à la
répétition de services et à la bureaucratie que
génèrent, par exemple, tous les contrôles administratifs
effectués par la Société canadienne d'hypothèques
et de logement sur les programmes que nous administrons à partir de
programmes mis en place par le gouvernement fédéral.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Bourassa,
M. Laplante: Merci. Depuis le matin, j'écoute
religieusement le ministre et aussi le porte-parole de l'Opposition. Je ne puis
faire autrement que de constater mon désappointement du peu de
préparation de l'Opposition à une telle commission d'étude
des crédits. Lorsqu'on est obligé de faire des remarques
préliminaires à l'ouverture de cette commission avec seulement du
copiage, du plagiat, une revue de l'AECQ, je commence à comprendre le
peu de sérieux que l'équipe libérale de 1970-1976 a eu
pour
l'habitation au Québec. Vous n'êtes sensibilisé
à aucun domaine, M. le porte-parole de l'Opposition. Vous n'êtes
pas sensibilisé aux villes, aux centres urbains, encore moins aux
milieux ruraux. On peut vous rappeler, pour vous rafraîchir la
mémoire, qu'au lieu de construire des logements dans une grande ville
comme Montréal, vous en avez détruit des centaines et des
centaines pour essayer de construire une route dans Montréal.
Une voix:...
M. Laplante: Je ne vous ai pas dérangé quand vous
avez parlé. Qu'est-ce que cela a eu comme effet dans une grande ville
comme Montréal? Cela a eu comme effet, dans une ville structurée
au coût de milliards de dollars d'infrastructures, l'exode d'une
population pour ouvrir et aménager d'autres villes dans la grande
région de Montréal. C'est ça l'effet que vous avez eu,
laisser les petits propriétaires de Montréal payer des
infrastructures qui étaient sous-utilisées. Ça, c'est
l'héritage du Parti libéral. Qu'est-ce que vous avez fait avec
une ville complète -pas une partie de ville - avec Mirabel? Vous avez
détruit au lieu de construire. C'est ça, l'héritage qu'on
a eu de vous dans l'habitation.
Je n'ai que des félicitations à faire à la
Société d'habitation du Québec, du moins depuis quelques
années. Elle a prouvé une efficacité qui peut servir
d'exemple partout au Canada. Vous, du Parti libéral vous avez
trouvé à dire trois lignes sur l'habitation dans un programme de
100 pages. Vous voulez encore, lors des prochaines élections, essayer,
sur un coin de table, comme vous le faites ce matin, M. le
député, de trouver quelque chose à dire et à faire
dans l'habitation. Quand on est rendu, comme gouvernement, en six ans, à
avoir fait un minimum de 38 000 logements, c'est quelque chose. Il fallait
faire ces choses-là. On ne les a pas faites par vos suggestions parce
qu'on a pris les coffres et les livres vides lorsqu'on a pris votre
relève.
Aujourd'hui, c'est beau de se gargariser à essayer de trouver des
défauts à tout le monde et à essayer de promettre des
choses, mais vous n'avez plus grand-chose à promettre actuellement,
quand une autre action que vous avez faite a été d'abolir un
programme déjà existant à l'encouragement de l'habitation
en 1974, programme institué par l'Union Nationale.
J'aurais aimé que cette commission, cet avant-midi, soit
télévisée pour qu'au moins 1 000 000 de personnes puissent
l'écouter. Elles se seraient aperçues du vide que le Parti
libéral peut avoir en matière d'habitation.
Après avoir fait ces remarques-là... Mme la
Présidente, j'aimerais que vous arrêtiez vos commentaires et que
vous présidiez la réunion. Je ne vous ai pas
dérangée tout le temps que vous avez présidé. C'est
votre rôle de présider, non pas de faire des commentaires pendant
qu'un autre interlocuteur parle. Je ne voudrais pas aller jusque-là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Bourassa, il y a quand même ici au moins 50
témoins dans la salle. Si j'ai bien compris votre dernière
remarque, je n'ai pas essayé de vous interrompre et je n'ai pas fait de
commentaires sur vos commentaires...
M. Laplante: Non, c'est le marmottage en arrière que je
n'aime pas.
M. Rochefort: Je voudrais dire au député de
Bourassa, par souci d'honnêteté à votre endroit, Mme la
Présidente, que ses remarques s'adressent plutôt à la
députée de Mégantic-Compton.
M. Bissonnet: Mme la Présidente, est-ce que le
député peut parler de l'habitation? On étudie les
crédits, ce serait peut-être plus profitable.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon! M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je continue dans le même sens, Mme la
Présidente. Ils auront l'occasion d'essayer de défendre et de
proposer des choses, de scruter le budget du ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
Les questions que j'aurais à poser à M. le ministre sont
les suivantes: l'autoroute Ville-Marie. Les libéraux ont chassé
les gens qui étaient là. Ce qui restera, on l'appellera le
boulevard Ville-Marie parce qu'on a rapetissé un peu l'étendue
des dommages du mieux qu'on a pu. Il reste des bandes de terrain en bordure. Je
voudrais savoir ce que le gouvernement envisage de faire avec ces bandes de
terrain qu'il restera aux abords du boulevard Ville-Marie. Deuxième
question: Si vous les utilisez au point de vue du logement, est-ce qu'il y aura
des coopératives qui pourront s'y établir? Comme troisième
question, M. le ministre, je voudrais savoir la répartition des
logements dans Angus et, selon vous, le nombre d'années requises pour
compléter l'Opération 2000 logements, je crois, qu'il y a
là-dedans, la part des coopératives, la part du logement social
qui pourra exister dans les constructions?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Bourassa, j'admets que je peux me tromper, mais j'ai
l'impression que les questions que vous posez par rapport à la
Société Angus relèvent du programme 2 et qu'elles
relèvent, j'imagine, des plans de la
Société d'habitation du Québec qui va revenir
là-dessus. Si vous avez d'autres questions d'ordre plus
général... Je pense que cela relève vraiment du programme
2 et on va y arriver tout à l'heure quand...
M. Laplante: Je pensais qu'il était entendu tout à
l'heure, après les remarques préliminaires du
député de Pontiac, qu'on aborderait la
généralité des programmes, que vous appelleriez le
programme 1 et qu'on les adopterait à la fin tout à fait.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non. Ce qui a
été convenu avec...
M. Laplante: D'accord. Moi, je le prends comme mes remarques
préliminaires que je n'ai pas eu la chance de faire et le ministre aura
le loisir d'y répondre.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce qui a
été convenu avec le ministre, à moins que je n'aie mal
compris, c'est qu'il y aurait des remarques d'ordre général de
part et d'autre pour les députés qui voulaient en faire et que,
par la suite, on passerait immédiatement au programme 2 qui touche la
Société d'habitation du Québec, pour éviter de
sauter d'un programme à l'autre. C'est pour cela que je vous
demanderais, en tout cas, de faire attention pour retenir...
M. Laplante: Oui, justement, Mme la Présidente. Je
comprends que c'est difficile pour vous.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Voulez-vous me laisser
terminer ma phrase?
M. Laplante: Oui, envoyez donc.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense que je peux au
moins exercer un droit de parole et vous demander de retenir les questions qui
ont trait au programme 2 au moment où nous arriverons à ce
programme, pour autant que vous puissiez le faire.
M. Laplante: D'accord. Dans les questions que je vous ai
posées, je voulais savoir jusqu'où la Société
d'habitation du Québec est impliquée dans ces constructions, dans
Angus et Ville-Marie. Est-ce que la Société d'habitation du
Québec est impliquée aussi dans l'Opération 20 000
logements à Montréal et jusqu'où? Ce sont les questions
que j'avais à vous poser dans une première tranche, M. le
ministre.
M. Rochefort: Mme la Présidente, je m'excuse. Je prenais
des notes tantôt, lors de votre dernier échange avec le
député de Bourassa. Donc, je réponds à ses
questions maintenant où au moment où...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense qu'on avait
convenu que ce qui touchait directement le programme de la
Société d'habitation du Québec, on y répondrait
à ce moment-là. Je pense que c'est la convention.
M. Rochefort: Je respecte vos directives, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
D'accord. Y a-t-il d'autres remarques?
M. Middlemiss: À la suite de l'intervention du
député de Bourassa, j'aimerais lui dire que ce que j'ai sorti du
livre "Chantier", il pourra le trouver à la page 72 du livre vert "Se
loger au Québec". Lorsque j'ai montré le livre concernant le
régime de retraite, c'est à la suite d'une question au ministre.
Je lui demandais s'il pouvait me dire quel était l'effet des 0, 125 $
sur la pension des gens plus tard. Donc, je l'invite à lire le livre
vert "Se loger au Québec". C'est de là que venaient les
commentaires. Je passe la parole au député de Sainte-Anne.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, Mme la Présidente.
M. Rochefort: Est-ce que ce sont des remarques
générales?
M. Laplante: Oui, générales.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce sont des remarques
générales.
M. Rochefort: Parfait!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Du moins, c'est ce qu'on
me dit. Je ne sais jamais ce qui va venir.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Remarques générales. Je vais
procéder de la même manière que le député de
Bourassa et les questions qui vont tomber dans le domaine de la
Société d'habitation du Québec, le ministre y
répondra plus tard- Je suis venu ici ce matin surtout pour le dossier du
logement social qui m'intéresse énormément. Je suis
très déçu de l'attitude du ministre et du
député de Bourassa qui ont parlé jusqu'à maintenant
pour le gouvernement, du ton partisan dans ce débat parce que vraiment
je pensais, en venant ici, qu'on essaierait d'améliorer le
système et qu'on trouverait des solutions. Au lieu de cela, on commence
à remonter dans l'histoire et à faire une critique du
gouvernement Bourassa, de 1970 à 1976. Je trouve cela
vraiment très faible et très décevant de votre
part. Je pensais, M. le ministre, que vous étiez capable de faire mieux
que cela et je suis très déçu. Du député de
Bourassa, cela ne me déçoit pas, parce que c'est son style
général. Arrêtons donc d'analyser le régime de 1970
à 1976, parce qu'on pourrait aussi analyser votre régime de 1976
à 1985. Je pense que notre temps ici est trop précieux et que,
vraiment, on devrait parler concrètement du dossier de votre
ministère. C'est pour cela que je suis venu et pour aucune autre raison.
Je voudrais faire une remarque préliminaire. Vous avez parlé tout
à l'heure de groupements que vous avez refusé de voir ou qui ont
refusé de vous voir. (11 h 45)
M. Rochefort: Mme la Présidente, question de
règlement. Est-ce que le député pourrait respecter notre
règlement et ne pas mettre en doute les propos que j'ai tenus hier
à l'Assemblée nationale et ici même ce matin?
M. Polak: J'ai donc dit, Mme la Présidente, des
groupements... Apparemment, il y aurait malentendu. Le ministre dit qu'ils
auraient refusé de le voir et eux disent que c'est le ministre qui
aurait refusé de les voir. Quoi qu'il en soit, ballons, trompettes,
spectacles de vaudeville... Je me fais un peu le porte-parole de leurs
idées. Hier, durant la période de questions, j'ai dit qu'il y
avait dans leurs suggestions des idées intéressantes. Je voudrais
parler un peu de ces idées. C'est malheureux que ces groupes n'aient pas
eu l'occasion, publiquement, un nombre de 200 personnes... Vous savez
très bien comment cela fonctionne dans ces groupes communautaires. Ils
viennent toujours en grand nombre et non pas avec quatre ou cinq
représentants, parce qu'ils sont énormément
intéressés à leurs dossiers. Ils voulaient vraiment
dialoguer avec vous et faire leurs représentations. Donc, pour ceux qui
ont manqué cette occasion, même si le ministre a dit qu'il a lu
leur mémoire, je voudrais citer quelques points d'ordre
général très importants.
Premièrement, il est urgent que les interventions
gouvernementales profitent d'abord à ceux et celles qui en ont le plus
besoin. C'est une déclaration de principe. Une autre dit: Le quartier
change, devrons-nous changer de quartier? C'est le problème qui est
très actuel à Montréal, pas seulement dans mon
comté, mais dans beaucoup d'autres comtés où il y a de
vieilles constructions. À un moment donné, il y a une
rénovation et ceux qui sont en place, qui ont des droits acquis de
rester dans la communauté sont forcés de déménager
parce que les prix augmentent. Il y a un grand problème à savoir
ce qu'on va faire pour aider ceux qui veulent rester et qui n'en ont pas les
moyens.
Autre principe. Et je cite un des mémoires qui vous a
été soumis du Regroupement information-logement,
présentation faite dans le cadre de la consultation sur le livre vert
"Se loger au Québec", parce qu'ils n'ont pas eu la chance de le faire;
ils vous en ont laissé une copie. À la page 9, on dit: II existe
un programme intégré - c'est le programme intégré
québécois - pour les coopératives d'habitation, mais les
fonctionnaires et le personnel politique du ministre reconnaissent qu'il est
inapplicable aux besoins de la population de notre quartier. Il en
résulte que le programme figure en bonne place dans le livre vert, mais
il n'y a aucun argent disponible pour aider les nouvelles coopératives
d'habitation. C'est un autre point qui a été soulevé, pas
seulement par un groupe, mais par plusieurs de ces associations de
coopératives.
Un autre point: depuis dix ans, les gouvernements ont surtout
contribué à la construction de HLM, mais, depuis plusieurs
années, le gouvernement insiste pour convaincre ces personnes de se
regrouper en coopératives d'habitation, question de se prendre en charge
- c'est ce que le gouvernement disait à ce groupe - parce que les HLM
coûtent trop cher, etc. Maintenant que ces groupes sont organisés
en coopératives, le gouvernement - c'est vous, votre gouvernement -
répond qu'il n'a pas d'argent. Il annonce du même souffle qu'il se
propose plutôt de construire des HLM. Au début, vous avez dit: II
faut s'écarter de la formule des HLM pour aller vers la formule des
coopératives. Ils en sont venus à la formule des
coopératives. Les gens ont investi leur argent, leur énergie et
leur travail et on commence à dire: Vous ne serez pas qualifiés
pour un programme de coopératives, il faut donc retourner à la
formule des HLM. Ils réclament une intervention concertée des
trois paliers de gouvernement.
Vous parliez tout à l'heure des années 1970 à 1976
avec M. Bourassa. Moi, je connais seulement les années 1981 à
1985 -depuis que je suis ici - et je dois vous dire que, quand je vois le
gouvernement agir, même dans ce domaine-ci, c'est très
étonnant ce qu'on voit, ce que vous avez fait avec ces gens. Vous aviez
une formule qui marchait très bien, la coopération entre le
fédéral et le provincial. A un moment donné, cela remonte
à deux ans, le fédéral était le grand ennemi de
tout le monde. Tout ce qui venait d'Ottawa, ce n'était pas acceptable,
on voulait avoir notre propre programme québécois fait ici.
Vous avez maintenant un programme québécois
intégré et je vais laisser tout à l'heure un petit
document que j'ai préparé avec des statistiques qui
démontrent clairement que votre programme intégré
coûte plus cher et que, deuxièmement, cela rend moins de
services à la population qui est dans le besoin. Ce n'est pas pour rien
que le député de Pontiac qui est le porte-parole dans le dossier
a fait la même remarque. Il vous a dit: Vous autres, vous avez fait un
virage au complet. D'abord, le fédéral était l'ennemi, on
ne pouvait rien accepter de lui. À un moment donné, on va avoir
notre programme québécois. Vous avez fait encore un autre virage
parce que maintenant vous dites: Le fédéral est tellement bon;
vous avez peur de demander quelque chose. Allez donc voir le ministre -je ne
sais pas son nom - McKnight, à Ottawa, pour réclamer que, dans le
PAREL, il arrête de faire des coupures dans les subventions qui viennent
d'Ottawa pour la province de Québec. Apparemment, on dit là-bas
que le Québec a déjà eu une bonne portion. Si vous avez
besoin d'appui pour faire cette demande, je vais vous rejoindre. Aucun
problème de notre côté de ce point de vue. On va faire des
demandes à Ottawa de revenir là-dessus, de nous donner l'argent
dont on a besoin et pas seulement celui dont on a besoin, mais qu'on
mérite d'avoir. Au lieu de critiquer le gouvernement libéral de
1970 à 1976, nous vivons en 1985. Arrêtez donc de parler comme des
fossiles. S'il vous plaît, parlons donc de 1985.
M. Rochefortï Des fossiles, c'est M. Bourassa, cela?
M. Poiak: Oui, f-o-s-s-i-l-e-s, c'est une expression.
M. Rochefort: C'est un fossile, ah bon!
M. Polak: Oui. Vous connaissez cela un fossile?
M. Rochefort: Oui, très bien. Mais je ne pensais pas que
c'était l'opinion que vous aviez de votre chef. J'en prends bonne
note.
M. Polak: C'est un reptile qui remonte à des
siècles.
M. Rochefort: Je lui transmettrai cela en allant dans
Bertrand.
M. Polak: Nous sommes en 1985 et on vous dît: Quand, tout
à l'heure, vous avez fait la remarque que le Parti libéral, tout
ce qu'il est capable d'offrir dans le domaine du logement, ce sont deux
paragraphes, je peux vous dire une chose: J'étais là quand on a
parlé de programme, j'étais là quand le
député de Jeanne-Mance présidait dans Montréal-Est
une assemblée de 9 heures à 17 heures sur la question des HLM et
des coopératives, où des centaines de personnes étaient
là, où des anciens péquistes étaient venus nous
écouter. On parlait justement de toute cette formule. On ne parlait
même pas de votre gouvernement, si vous étiez bons ou pas bons, on
s'en foutait. On parlait de la façon d'améliorer, de faire
quelque chose pour la population. Cela a été un grand
succès.
Quand vous citez le programme, ce que vous citez, ce sont quelques
principes de base. Il y a beaucoup de détails qui sont
déjà faits, le programme va être mis en place, on va le
défendre, on va le présenter au moment de l'élection
générale, je suis certain qu'on en parlera. Entre-temps, on est
ici pour parler justement d'une manière concrète. Arrêtez
donc de citer deux paragraphes dans un programme. Vous n'avez qu'à
envoyer un de vos hommes dans l'est de Montréal, dans le comté de
Bourassa - parce qu'on n'était pas loin de là - et je peux vous
assurer que beaucoup de personnes sont venues nous écouter, sont venues
écouter le député de Jeanne-Mance qui présidait
justement cette sous-section et c'était très intéressant.
Des personnes âgées, des locataires, des gens membres de
coopératives parlaient de leur expérience.
Maintenant, faisons la distinction entre les coopératives et la
formule des HLM. La formule des HLM, pour ces gens des coopératives,
cela est une formule de dépendance dont ils ne veulent pas. Je vais
complimenter les gens de la Société d'habitation du
Québec; on n'est pas au programme 2, mais je peux vous dire une chose:
Quand je corresponds avec eux, je reçois des réponses. On en
discute, on en parle, ils ne pratiquent pas la petite politique partisane
à mon égard. Je n'ai jamais eu aucun problème. Pas de
problème du tout ici. Ils donnent des réponses. Ils essaient. Je
ne mentionne pas de nom parce qu'il y en a peut-être toute une "gang" qui
est ici. Je sais comment vous êtes, je ne révèle pas de
nom. Ils m'ont dit: M. Polak, cela prend une volonté politique. Nous
sommes d'accord avec des demandes qu'ils veulent faire. Quand je fais des
demandes dans mon comté, pour d'autres quartiers, quand on a dit: Faites
donc une exception, c'est toujours possible. Vous l'avez fait
déjà. C'était dans le Milton Park à
Montréal. Au lieu d'appliquer rigidement, comme un bon péquiste,
la petite bible, essayez donc de voir s'il y a une situation exceptionnelle.
Vos fonctionnaires font tout pour plier un peu et pour essayer d'être
plus souples dans l'interprétation des règles, mais à un
moment donné, ils ne peuvent plus le faire parce que vous êtes en
arrière avec votre grande bible, votre document politique. On vous
demande tout simplement d'être un peu plus souples et de réaliser
cela d'une telle manière que vous aurez une volonté politique de
faire quelque chose. Un fonctionnaire ne peut jamais exercer une volonté
politique, c'est votre décision.
Ayant dit ceci, comme Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu le dit toujours, ceci étant dit...
Une voix: Effectivement,
M. Polak: M. le Président, votre député de
Bourassa parle de nous avec nos deux ou trois petites lignes. J'ai eu des
rencontres pendant des semaines avec ces groupements. On en rencontre le
samedi, on en rencontre le lundi. C'est le "fun" de les rencontrer et j'ai
préparé ici... Je vais demander à notre assistant,
recherchiste...
Une voix: Recherchiste.
M. Polak: C'est la première fois que je la vois; elle ne
travaille pas pour moi. Je lui demande poliment de vous laisser, aux membres de
la commission, à vous, M. le ministre...
M. Rochefort: Après les fossiles reliés à M.
Bourassa, je m'aperçois qu'il y a aussi un problème de
communication dans votre équipe.
M. Polak: Non. Consolez-vous! Ici, ce n'est pas mon domaine. Je
suis à la commission du budget avec M. Johnson.
M. Rochefort: M. le député, on s'en est
aperçu que ce n'était pas votre domaine.
M. Polak: C'est parfait. J'ai donc préparé un
document et je vais le laisser parce que, Mme la Présidente, je vais
suivre évidemment la règle du jeu. Je parle d'une manière
concrète d'un projet qui s'appelle le projet Saint-Charles, un projet de
coopérative d'habitation où, avec Jes chiffres, je vous
démontre...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député, je pense que là...
M. Polak: Je ne vais pas en détail. M. Laplante: II est
pire que moi. M. Polak: Je veux simplement,..
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est une admission fort
honnête. M. le député de Sainte-Anne, je pense qu'on
pourrait revenir à votre projet ou à vos remarques sur vos
coopératives d'habitation de la pointe Saint-Charles au programme 2.
Est-ce que vous avez fini ce qui était d'ordre plus
général...
M. Polak: Oui, absolument.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... votre critique du
gouvernement?
M. Polak: C'est parfait.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
D'accord.
M. Polak: Ce que je veux vous dire, Mme la Présidente,
c'est que j'ai un problème pour revenir cet après-midi, On a une
réunion politique. Le monde veut nous voir à Montréal, cet
après-midi, après la période des questions. Donc, je
voudrais au moins discuter, s'il y a moyen, avant 12 h 30.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Messieurs et mesdames les
députés, si on terminait les remarques générales,
on pourrait immédiatement passer au programme 2. Est-ce qu'il y s
d'autres remarques générales? Le député de
Jeanne-Mance m'avait demandé la parole.
M. Rochefort: On parlait d'élections, lui et moi.
M. Bissonnet: Je vais revenir sur des questions très
précises à l'intérieur des programmes.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que tout le monde
est d'accord pour que nous passions maintenant au programme 2?
M. Rochefort: Oui, immédiatement après mes
réactions aux remarques du député de Sainte-Anne.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah bon!
M. Rochefort: Bien...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
D'accord, allez-y!
M. Rochefort: Vous ne croyez pas?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, allez-y!
Allez-y!
M. Rochefort: Quand même! Mon Dieu! il y a beaucoup de
choses dans tout cela.
M. Bissonnet: Qu'est-ce qu'il y a? Cela a l'air compliqué
pour vous. Vous pensez trop aux élections. Vous pensez trop aux
partielles, vous allez être très déçu.
M. Laplante: Vous avez un gros travail de recherche.
M. Jacques Rochefort (réplique)
M. Rochefort: J'aurais peut-être un commentaire sur une
remarque générale du député qui nous dit:
Décidez-vous! Vous dites
à des groupes populaires: La bonne façon de
répondre à vos besoins d'habitation, ce sont les HLM.
Après cela, vous leur dites: Écoutez, cela coûte trop cher,
on va vous envoyer dans des coopératives d'habitation. Après
cela, des projets de coopératives d'habitation se forment et vous leur
dites: Non, cela n'a pas de bon sens, ce sont des HLM qui correspondraient
à vos besoins.
Je m'aperçois qu'à la commission du budget on ne discute
pas beaucoup des programmes d'habitation. Ce qu'il faut bien voir - c'est comme
je le disais tantôt - dans les constats, dans les conclusions que je tire
en termes préliminaires de la tournée de consultations sur le
livre vert que j'ai effectuée en mars et avril dernier c'est que, les
programmes d'habitation d'un gouvernement responsable ne peuvent être une
ou deux formules, point à la ligne. Cela doit être une gamme
complète de formules bien intégrées les unes aux autres
qui permettent à chaque ménage québécois d'utiliser
le programme qui convient le mieux à ses moyens, à ses besoins et
à ses particularités. (12 heures)
Ce qu'il faut savoir, c'est que, quand on a mis en place - tant le
gouvernement fédéral que le gouvernement du Québec - des
programmes de coopératives d'habitation, ce n'était pas parce que
nous faisions un constat, que nous tirions la conclusion que les programmes
d'habitation à loyer modique coûtaient trop cher ou que ce
n'était pas bon. C'était pour répondre justement à
cette expression d'un besoin nouveau, différent par rapport à ce
qui existait dans le cadre des HLM où on se faisait dire: Vous
créez des ghettos de personnes défavorisées et,
deuxièmement, cela fait en sorte que les gens qui ont des revenus un peu
plus élevés que les clientèles qu'on loge dans des HLM
n'ont pas accès, d'aucune façon, à du logement social.
C'est de là qu'est venue l'idée de mettre en place des programmes
de coopératives d'habitation où l'essence même, la base
d'un programme de coopérative d'habitation, c'est de regrouper dans un
même ensemble immobilier des gens qui sont à faibles revenus et
des gens dont les revenus sont plutôt autour de 18 000 $, 20 000 $, 25
000 $, de façon qu'il n'y ait pas de ghetto et de façon aussi,
par la présence de gens qui sont à revenus plus
élevés, que nous puissions ouvrir un nombre un peu plus grand de
portes, donc de logements à des citoyens plus
défavorisés.
C'est évident que - concrètement, dans le cas du projet
Saint-Charles, et on y reviendra tantôt à l'occasion de
l'étude du programme 2 - quand un groupe vient nous rencontrer et qu'il
nous dit: Votre programme de coopérative d'habitation ne fonctionne pas
parce que nous, ce qu'on veut, c'est que tout le monde dans la coop paie 190 $
par mois ou même 160 $ par mois, sauf erreur, évidemment, on ne se
retrouve plus dans un programme de coopérative d'habitation où il
y a des ménages qui sont essentiellement et presque-exclusivement
subventionnés et d'autres qui gagnent 18 000 $, 20 000 $, 22 000 $ et 25
000 $ par année. On se retrouve plutôt dans une expression de
besoin de HLM parce que le coût moyen du logement dans une HLM est de 190
$ par mois.
Il est évident qu'on ne mettra pas en place un programme de
coopérative d'habitation qui a les mêmes caractérisques que
le programme de HLM. Ce qu'il faut, c'est de remettre en question l'ensemble
des politiques d'habitation et, là-dessus, tout en vous avouant que nous
faisons l'évaluation de nos différents programmes d'habitation,
notamment dans le cadre des suites du livre vert sur l'habitation "Se loger au
Québec", il est évident qu'à première vue je vous
affirmerai immédiatement qu'il n'est pas de mon intention de fusionner
les deux programmes en un seul. On retournerait là où on
était quand on a décidé de créer ce type de
programme.
D'autre part, sur la question du programme fédéral par
rapport au programme québécois donc au nouveau programme
intégré, c'est parce que les problèmes administratifs
étaient très nombreux, beaucoup de sommes étaient
consacrées plutôt aux structures administratives qu'à des
services en matière d'habitation pour les gens qui en faisaient la
demande. Nous croyions là aussi, préoccupée de cette gamme
complète d'interventions qui doivent exister en matière
d'habitation, qu'en mettant en place le programme Logipop intégré
qui, particulièrement, est axé dans te cas des
rénovations, de la restauration, cela nous permettait d'ajouter un
élément, une facette importante aux interventions du
Québec en matière d'habitation. Ce programme donne des
résultats extrêmement positifs à un point tel que, pas plus
tard que vendredi dernier, j'inaugurais les travaux de construction, en
compagnie du député de Fabre qui est adjoint parlementaire au
ministre des Relations internationales, de l'organisme sans but lucratif
Vincent-Massé. Le responsable qui pilote le dossier, M. McGregor,
président de la table de concertation des GRT de la région de
Montréal, avait pris soin de venir se faire entendre à l'occasion
de la tournée de consultations sur le livre vert. Il a justement
vanté les programmes et les interventions du gouvernement du
Québec en disant qu'ils étaient les meilleurs dans tout le Canada
en termes de programme de soutien au logement social par le biais des
coopératives et des organismes sans but lucratif. Ce ne sont pas des
propos du ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur, du
député de
Bourassa, d'un militant du Parti québécois. Ce sont des
propos du président de ia table des GRT de la grande région de
Montréal. J'imagine que sa parole doit bien en valoir d'autres, d'autant
plus qu'il fait cela à temps plein.
Quant aux relations fédérales-provinciales, notamment dans
le cadre du programme PAREL, le député nous dit: On va vous aider
à aller négocier cela. Je suis heureux de voir que le changement
de gouvernement tout à coup incite le député à
soutenir le gouvernement du Québec dans son action. L'an dernier, quand
le gouvernement libéral du Canada de M. Trudeau a décidé
de couper dans les programmes pour les coopératives d'habitation, sauf
erreur, le député de Sainte-Anne ne s'est jamais levé en
Chambre pour offrir son soutien au ministre de l'Habitation et de la Protection
du consommateur pour aller défendre la position du Québec alors
que le Québec souhaitait en avoir plus du gouvernement
fédéral. Je m'aperçois que, s'il y a des virages, ils sont
peut-être plus prononcés et plus marquants du côté de
nos amis d'en face. Nous, on a toujours eu une attitude de revendication. Cette
attitude existait avec l'ancien gouvernement qui refusait de nous entendre. La
différence, c'est qu'aujourd'hui il y a un gouvernement qui prête
plus l'oreille à nos revendications et qui a déjà
commencé à accepter des représentations du gouvernement du
Québec, notamment en matière d'habitation.
Quant à la remarque faite par le député de
Sainte-Anne sur l'absence de contenu dans le programme du Parti libéral
en matière d'habitation, il nous dit: Le député ne sait
pas de quoi il parle, on a tenu un grand colloque pendant une journée
complète dans l'est de Montréal où de nombreux
intervenants sont venus nous parler; on a adapté des résolutions
et on a discuté, etc. M. le député, êtes-vous en
train de nous dire que les députés montréalais du Parti
libéral du Québec n'ont aucun poids dans leur formation
politique? Si ce que vous dites est vrai - je suis prêt à croire
vos propos - et si vous avez adopté autant de résolutions au
cours de ce colloque, comment se fait-il que vous ayez été
incapable totalement d'en faire accepter quelques-unes dans le programme du
Parti libéral pour tout le Québec à l'occasion de votre
congrès national? Vous êtes en train de me dire que les
députés, les candidats, les militants et les militantes du Parti
libéral du Québec de l'est de Montréal n'ont aucun poids
dans le Parti libéral! Je suis très heureux d'entendre cela et
j'en prends bonne note; cela fera un élément additionnel pour
peut-être avoir une campagne électorale un peu plus
épicée dans l'est de Montréal, à laquelle je vous
convie d'ailleurs, M. le député. Ce sera peut-être
intéressant que vous veniez prêter main-forte à vos
candidats dans les comtés de l'est de Montréal, je crois qu'ils
en auront grandement besoin.
Finalement, mon Dieu, je suis heureux que vous reconnaissiez que la
Société d'habitation du Québec est une
société efficace qui regroupe des fonctionnaires
compétents et dévoués. Je vous soulignerai que c'est
effectivement le même jugement que je peux porter à chaque jour
depuis que je suis au ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, le jugement que je porte aussi sur les gens du ministère
et sur l'ensemble des organismes qui relèvent du ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur. Je vous dirai
qu'effectivement, lorsqu'on demande des programmes ad hoc, des programmes
discrétionnaires, des programmes faisant appel à des mesures
exceptionnelles, je serais plutôt surpris et déçu que mes
fonctionnaires vous disent: On va régler cela à notre niveau
parce qu'effectivement, quand cela sort des programmes, cela nécessite
d'en discuter au niveau politique. Je considère donc qu'ils font
très bien leur travail jusqu'au bout où ils doivent le faire et,
quand vient le temps d'adopter des programmes exceptionnels, des programmes ad
hoc, des programmes particuliers, cela se fait au niveau politique. Lorsque
nous avons dû le faire, nous l'avons fait. Je serai heureux, quand nous
en serons arrivés au programme 2, de discuter avec le
député de Sainte-Anne notamment du dossier qu'il a en tête
quant à ces demandes de programmes particuliers.
En conclusion, Mme la Présidente, quand on passera au programme
2, je serai prêt à répondre aux questions du
député de Bourassa - j'ai ses questions en note - et, par la
suite, aux autres questions qui pourraient m'être adressées.
La Présidente (Mme Lavoïe-Roux): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Mme la Présidente, juste une remarque. Tout de
même, le ministre vient de dire des choses dont il n'a aucune
connaissance. Je pense qu'en toute objectivité il faut rectifier cela.
Évidemment, je ne peux pas vous blâmer parce que vous
n'étiez pas là quand on a eu notre colloque. J'ai parlé
d'un colloque à l'est, on a eu des colloques... Oui, Mme la
Présidente, c'est important parce que je ne veux pas de faussetés
ou de mensonges. Vous êtes trop rapide avec vos conclusions.
M. Rochefort: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Polak: Tout ce que je dis, c'est que, premièrement,
nous avons eu des colloques partout dans la province.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Une question de
règlement. M. le ministre.
M. Rocheleau: Tu as assez parlé tout à l'heure,
laisse-le parler, voyons donc!
M. Rochefort: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II faut que j'entende sa
question de règlement.
M. Rochefort: Je m'excuse! Au-delà de cela, le
député pourrait peut-être s'adresser à la
présidente plutôt que de me tutoyer et de s'adresser directement
à moi. C'est quoi le problème ce matin?
M. Rocheleau: Je ne vous ai pas tutoyé, calmez-vous un
peu! Je vous écoutais d'en arrière tantôt.
M. Rochefort: Oui, c'était intéressant!
M. Rocheleau: Calmez-vous un peu. On a un programme à
étudier, qu'on s'en tienne à cela!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le ministre, votre
question de règlement pour qu'on continue!
M. Rocheleau: Pour se faire charrier ce matin, voyons donc!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Quelle est-elle votre
question de règlement?
M. Rocheleau: On serait bien mieux de s'allonger les ailes un
peu.
M. Rochefort: Mme la Présidente, excusez-moi, c'est parce
qu'avant d'exprimer ma question de règlement il faudrait peut-être
que les députés de la commission qui n'ont pas droit de parole
soient rappelés à l'ordre pour que je puisse m'exprimer.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je regrette, dans le
cadre de l'étude des crédits, tous les députés ont
le droit de parole.
M. Rochefort: Oui, mais non pas quand vous avez accordé la
parole à un autre membre de la commission qui demande à soulever
une question de règlement.
M. Rocheleau: C'est le député qui avait la
parole.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... vous avez
commencé à échanger... allez-y, M. le ministre.
M. Rochefort: Bon, merci. Je voudrais juste m'assurer: Est-ce que
le député m'accuse...
M. Polak: Quel est votre...
M. Rochefort: Ma question de règlement porte...
M. Polak: En droit criminel, cela est voie de fait.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Elle porte sur quoi votre
question de règlement?
M. Rochefort: Ma question de règlement - si vous me
laisser l'exprimer -porte sur les dispositions de notre règlement qui
font en sorte que chaque député doit prendre la parole du
député qui a prononcé des propos sans l'accuser de propos
mensongers ou faux. Dans son intervention, est-ce que le député
vient de dire que j'ai prononcé des faussetés ou des
mensonges?
M. Poiak: J'ai dit que vous avez prononcé des mots sans
aucune connaissance des faits. Je suis ici pour rectifier cela parce que,
autrement, cela serait mensonger. Il y a des personnes tout de même qui
lisent ce qu'on dit. Donc, rapidement, je ne veux pas prendre trop de temps
parce que nos travaux sont plus importants, mais il faut que je réponde
à cela. On a eu des colloques partout dans la province de Québec
et également dans votre domaine. Par hasard, j'ai été
invité au colloque dans l'est de Montréal présidé
par le député de Jeanne-Mance, mais j'ai été aussi
dans le sud-ouest de Montréal. Il y a eu des colloques partout sur
toutes sortes de sujets, y inclus cela. Donc ne parlez pas d'un petit colloque,
c'est un colloque qui s'est tenu partout, numéro 1, numéro 2...
Ce qui est ressorti de ces colloques, c'est une recommandation parce que nous
autres on écoute la population. Vous autres, vous allez écouter
la population lors d'une élection générale bien rapide. On
a reçu tous ces renseignements-là, on a écouté les
gens et ce qu'on trouve dans le livre que vous citez, ce n'est pas le programme
du parti politique, ce sont des énoncés de principe. Cela va
venir beaucoup plus tard en détail, vous pouvez être certains
qu'il y a un programme bien structuré qui va être
présenté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Jeanne-Mance a demandé la parole.
M. Bissonnet: J'ai des remarques très
générales sur l'attitude du ministre de l'Habitation. M. le
ministre, je tiens à vous dire que le Parti libéral du
Québec présentera à la prochaine élection un
programme très détaillé aux électeurs. Aux
colloques régionaux que nous avons eus à
travers le Québec, dans toutes les régions, nous avons
discuté d'habitation dans toutes les régions. Les discussions que
nous avons eues sont internes à notre parti et nous les rendrons
publiques en temps et lieu.
Quant à notre participation à l'habitation, ne soyez pas
ici pour faire de la petite politique ce matin; soyez ici pour parler
d'habitation, on est ici pour cela. En temps et lieu, on proposera à la
population un programme très précis et très
détaillé dans ce domaine-là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Nous passons au programme
2.
M. Rochefort: Oui, Mme la Présidente, j'ai simplement un
commentaire sur les deux interventions. Je soulignerai d'abord que, si le
député de Sainte-Anne nous dit qu'ils ont écouté la
population et que c'est le résultat que cela a donné, je trouve
cela décevant qu'on mette cela sur le dos de la population, l'absence de
dispositions importantes dans le programme du Parti libéral en
matière d'habitation. D'autre part, je dirais au député de
Jeanne-Mance que je suis déçu des propos qu'il vient de tenir
parce que, s'il avait été là dès le début de
nos travaux ce matin, il se serait aperçu que nous avons discuté
d'habitation sans arrêt depuis l'ouverture de nos travaux.
M. Bissonnet: Mme la Présidente, que je sois ici au
début ou à 11 heures, cela ne vous regarde pas, cela me regarde
personnellement.
M. Rochefort: Non, non, mais...
M. Bissonnet: D'accord?
M. Rochefort: Sauf que ne portez pas de jugement...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que je peux
proposer...
M. Bissonnet: Quand votre premier ministre n'est pas en Chambre
deux jours de suite, vous savez, on comprend bien plus que ça.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que je peux
proposer à cette honorable Assemblée que nous passions au
programme 2? Le programme 2 est appelé: Société
d'habitation du Québec. Il comprend deux éléments.
Société d'habitation du
Québec
M. Laplante: Est-ce que M. le ministre pourrait répondre
aux questions, s'il vous plait?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense qu'on pourrait
demander au porte-parole de l'Opposition dans ce dossier-là s'il a
d'abord des questions. Après cela, on fera l'alternance et le ministre
pourra revenir aux questions du député de Bourassa.
M. Middlemiss: Vu que le député de
Sainte-Anne doit partir cet après-midi, je vais le laisser poser
ses questions et je reviendrai après.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous reviendrez cet
après-midi, d'accord. M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais revenir
sur le document que j'ai laissé à la commission dans le cadre de
ce qu'on appelle le projet Saint-Charles, ce qu'on a fait et les chiffres que
j'ai obtenus d'un représentant de ce regroupement. Ils sont venus me
voir à mon bureau, on a eu de nombreuses réunions en
détail et, grosso modo, j'ai fait une comparaison des trois programmes.
J'ai appelé cela a, b et c. Le programme a, c'est ce qu'on appelle le
programme québécois intégré; b, c'est le programme
fédéral actuel et c - c'est moi qui ai donné les chiffres
a, b et c - c'est le programme combiné tel qu'il existait.
Vous allez voir rapidement parce que, évidemment, j'ai
préparé cela pour des gens qui ne connaissent pas tous les
détails techniques de fonctionnement de ce programme. Le programme a,
Programme québécois intégré qui donne une
subvention totale de 19 950 $ est détaillé comme suit: 13 950 $
de subvention de base, 3000 $ de subvention en capital, 3000 $ pour remplacer
Corvée-habitation; au total 19 500 $. Il est à noter que, dans ce
programme intégré, il n'y a aucune subvention ou contribution de
la part du fédéral. Si on prend le suivant, le programme
fédéral actuel, ce que j'appelle la catégorie b, il y a
une subvention de 5000 $ en vertu du programme PAREL et le
fédéral paie la différence d'intérêt entre le
minimum de 2 % et le taux du marché. À toutes fins utiles, c'est
évidemment sommaire ce que je donne ici, la coopérative paie 2 %.
Dans ce programme, il y a une subvention du provincial de 1000 $. J'ai
demandé à ce groupement-là, s'il y avait augmentation de
subvention, ce que cela représenterait. Ils m'ont dit que, dans son cas,
chaque tranche de 1000 $ de subvention additionnelle représente une
réduction de loyer moyen de 10 $ par mois. C'est le programme
combiné tel qu'il existait, c'est un programme
fédéral-provincial combiné. Le ministre a dit tout
à l'heure que la coopérative, vraiment, le progrès... On
ne doit pas laisser tomber ceux qui demeurent, par exemple, dans mon secteur,
à la pointe Saint-Charles, où plus de 50 % de la population vit
de prestations de
l'aide sociale. Ces gens ont droit également à une
habitation décente, à des prix abordables. (12 h 15)
Ces coopératives, auparavant, en vertu du programme
combiné, ont bénéficié de telles subventions et
cela a bien marché. Il y a des coopératives avec des gens
à très faible revenu, des gens qui demeurent à la pointe
Saint-Charles. Antérieurement, quand le programme combiné
fédéral-provincial marchait, les gens n'avaient pas besoin de
HLM. La formule coopérative marchait. La formule coopérative veut
dire l'initiative privée, une sorte d'idée de
propriété et de gérer soi-même, de prendre son
destin en main et tous ces arguments que vous connaissez bien qui donnent la
fierté à l'individu.
Ce programme qui existait, et que j'appelle combiné, avait une
subvention comme suit: contribution provinciale de base de Loginove, 13 950 $.
De cela, il faut déduire la contribution du programme
fédéral PAREL de 5000 $. Cela laisse une contribution provinciale
nette de base de 8950 $. Si on ajoute à la subvention provinciale un
capital de 3000 $, on a un total de 11 950 $. Mais, on avait évidemment
les subventions du fédéral qui payait les intérêts
au-dessus de 2 %.
Cette formule a été appliquée dans plusieurs
coopératives, peut-être pas des coopératives de centaines
de logements, peut-être cinq, six ou sept. J'étais là, j'ai
été invité avec Mme Harel que vous m'aviez envoyée
parce que vous aviez peur que le député de Sainte-Anne se fasse
trop d'amis parmi les péquistes dans le temps. Donc, je suis allé
là; j'ai été invité à. l'ouverture.
J'étais fier; c'est dans mon comté et cela marchait bien.
C'était un programme fédéral-provincial conjoint. Elle ne
l'aimait pas trop; moi, j'aimais bien ce programme.
Je vous demande: Faites donc tout votre possible pour qu'on ait à
nouveau ce programme; cela marchait bien. Là, j'ai fait le calcul de ces
trois programmes, toujours avec ce groupement qui est venu me voir. On voit
que, dans le cas, par exemple, de 136 unités qu'il y a dans le programme
Saint-Charles, parce qu'on parle de 136 familles pour 1985, M. le ministre, si
vous appliquez les règles de votre programme intégré
québécois, cela vous coûtera 2 700 000 $ de la poche des
contribuables québécois. Tandis qu'en vertu du programme c,
où on marchait bien avec le fédéral, cela aurait
coûté 1 600 000 $. Donc, vous êtes là pour 1 100 000
$ de moins; les chiffres parlent tout seuls.
J'ai donc dit qu'il est clair que le programme a coûté
beaucoup plus au gouvernement. C'est votre programme québécois,
il coûte beaucoup plus au gouvernement provincial et annule la
possibilité pour les personnes à faible revenu d'en
bénéficier. Votre réponse: Envoyez-les dans les HLM. Mais,
nous, on dit: Là-bas, dans le coin, on ne veut pas de ces HLM; on veut
cette formule de coopératives pour des raisons que vous connaissez
très bien.
Je voudrais faire une dernière remarque. Dans la ville de
Québec, j'ai demandé à ces gens: Qu'est-ce que vous
faites? Parce qu'il y a toujours une critique. À un moment donné,
cela coûte trop cher à la population pour payer cela. Est-ce qu'il
n'y a pas une autre manière, peut-être, de réduire les
frais de cette habitation? Ils m'ont expliqué que, dans la ville de
Québec, apparemment, et dans l'est de la province, il y a un programme
où le gouvernement demande la corvée. Par exemple, il y a des
membres de coopératives qui donnent de leur temps pour la
démolition et d'autres travaux pour économiser de la
main-d'oeuvre.
J'ai dit: Comment se fait-il qu'on ne peut pas faire cela à
Montréal? C'est intéressant. Mais, ils m'ont expliqué -
vos fonctionnaires peuvent mieux répondre à cela - que, par
exemple, à la pointe Saint-Charles, dans mon comté de
Sainte-Anne, les maisons sont dans un état tellement lamentable et
même dangereux... Parce que l'hiver, de temps en temps, s'il vente, la
neige entre à cinq, six ou sept pouces d'épaisseur dans la
maison. Si vous voulez le voir, visitez cela avec moi et je vais vous le
montrer. Elles sont encore là et le monde demeure encore
là-dedans. Elles sont dans un état tellement lamentable et sont
tellement détériorées que le système de
corvée ne peut pas s'appliquer; c'est trop dangereux. Vous ne pouvez pas
jouer avec les fils électriques; c'est dangereux en plus.
Malheureusement, cette formule de la corvée que je trouvais très
intéressante... Je trouvais intéressant qu'une coopérative
dise à ses membres: Voici, on va travailler samedi et dimanche et on va
faire quelque chose, soit une démolition ou niveler le terrain ou des
choses qui ne coûteront rien à la population "at large" et, comme
cela, on va réduire les frais.
On n'est pas venu ici comme des mendiants. On a regardé la
formule et je vous demande simplement une chose. Dans votre livre vert, il est
écrit: "Analyse de la réalité, un appel à
l'imagination". J'aime bien l'imagination. Et l'imagination est la suivante:
Faites donc de temps en temps une exception. Quand les raisons sont là,
prenez en considération tous ces arguments sur le plan
socio-économique. J'ai laissé mes documents et je vais rester ici
aussi longtemps que je peux, parce que le dossier m'excite et que je trouve
cela très intéressant, même durant l'après-midi, je
vais rester jusqu'à la dernière minute avec notre porte-parole
et, pour le reste, j'ai fait mon message.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le ministre.
M. Rochefort: Sans commentaire! Écoutez, j'ai eu
l'occasion de rencontrer les nombreux représentants du groupe du projet
Saint-Charles, il y a quelques mois - je ne me souviens plus à quel
moment - au cours d'une session de travail à mon bureau au cours de
laquelle ils m'ont présenté leur projet. Je reconnais
d'emblée avec le député de Sainte-Anne qu'effectivement la
population de la pointe Saint-Charles est une population qui a des besoins
nombreux, très grands et très particuliers au niveau social, y
compris en matière d'habitation. Nous sommes préoccupés
par le type de situation que vivent ces citoyens et ces citoyennes, ces
ménages, notamment quant à leur besoin de se loger dans un
logement convenable et à un prix quand même raisonnable.
Cela dit, je veux quand même attirer l'attention du
député sur un élément que je lui ai
déjà transmis. Cette situation, le gouvernement du Québec
l'a reconnue depuis quelques années à un point tel que 42 % des
logements qu'on retrouve dans le quartier de la pointe Saint-Charles à
Montréal ont bénéficié, sous une forme ou sous une
autre, d'une intervention d'un des programmes en matière d'habitation
pour permettre à cette population de se loger dans des logements de plus
grande qualité, plus convenables, plus adaptés à ses
besoins et aussi, évidemment, à ses revenus. Évidemment,
il faut aussi tenir compte du fait - c'est une donnée très
objective avec laquelle nous devons vivre -du nombre important de
démolitions qui ont été effectuées dans ce
quartier, notamment pour différents projets que le député
connaît tout aussi bien que moi.
D'autre part, je voudrais bien qu'on se comprenne, le document qu'il
nous a déposé, c'est la première fois que je le vois. J'en
prendrai connaissance au cours des prochaines journées, je l'analyserai
avec mes gens et j'essaierai d'en discuter avec lui, parce que je ne peux quand
même pas prendre le temps de l'analyser froidement, comme ça,
pendant que je dois noter des questions et préparer des réponses.
Je pense que le député le comprendra. Je veux quand même
souligner au député que les programmes qui existent actuellement
- je reviens à cette notion de programmes diversifiés qui sont
dans une gamme complète de programmes d'habitation - permettent quand
même d'atteindre des objectifs qui pourraient être ceux du groupe
du projet Saint-Charles selon qu'on décide de tirer profit au maximum
des différents programmes qui existent ou selon qu'on choisisse de ne
pas tirer profit au maximum des différents programmes qui existent et
qu'ils souhaitent vraiment une intervention particulière.
Par exemple, je répète que les demandes du groupe du
projet Saint-Charles font en sorte que le coût du loyer soit de l'ordre
de 160 $ par mois, une fois les travaux de remise en état
effectués. Je veux quand même indiquer au député,
comme je l'ai fait tantôt, que le coût moyen d'un HLM au
Québec, d'un logement HLM au Québec, qui n'est pas une
coopérative d'habitation, est de l'ordre de 190 $ par mois,
correspondant à un taux d'effort de 25 % pour quelqu'un qui n'a aucun
autre revenu que l'aide sociale, par exemple.
Je pense qu'il y aurait un problème d'équité que
des gens qui vivent en coopérative d'habitation, donc qui sont
collectivement propriétaires de leur habitation, qui voient au fil des
années leur taux d'effort réduit à partir de la gestion
qu'ils font et à partir du remboursement du prêt
hypothécaire et du capital, je pense que ce serait inéquitable
qu'on permette à des gens dans des coopératives d'habitation,
avec un programme particulier, avec un programme ad hoc, donc,
présentant des mesures exceptionnelles, qu'on fasse en sorte qu'il y ait
des gens qui se retrouvent dans le même quartier, qui habitent dans une
coopérative d'habitation et qui paient moins cher de logement, avec un
taux d'effort moins élevé, que ceux qui habitent dans un HLM. Je
pense qu'il y a quand même la nécessité d'une certaine
équité.
D'autre part, je veux aussi attirer l'attention du député
sur un élément important à considérer, je crois,
dans le dossier qu'il défend actuellement. C'est que les sommes
demandées pour rénover chaque unité de logement comprise
dans le projet Saint-Charles sont considérables. On parle de sommes
d'au-delà de 50 000 $ par unité de logement, alors qu'on
construit du HLM à 42 000 $ l'unité. Déjà,
là, c'est plus élevé que ce que l'entreprise privée
fait, notamment - je vois le député de Pontiac hocher de la
tête, avec raison - parce que ces habitations sont adaptées pour
les personnes handicapées, qu'elles offrent un certain nombre de
critères de qualité et de sécurité additionnels,
à ceux qu'on retrouve dans les édifices privés.
Je pense qu'il y a un problème d'équité et de
cohérence. Évidemment, je répète que je suis
très sensibilisé à la situation que vivent ces citoyens;
le gouvernement du Québec l'est depuis longtemps, à un point tel
que ces citoyens ont été en mesure de profiter largement des
différents programmes d'habitation du Québec. Je vous dirai
à titre d'exemple, que, si 42 % des logements du quartier de la pointe
Saint-Charles ont bénéficié d'une aide, sous une forme ou
sous une autre, d'un programme d'habitation, le quartier Hochelaga-Maisonneuve
qui, en termes de revenus, est un quartier très comparable, a connu la
démolition d'au-delà de 2000 logements dans le cadre du
projet
de l'autoroute Ville-Marie, chassant des familles entières,
défigurant un quartier complet, et ces gens n'ont obtenu de l'aide de
l'État que pour 11 % des unités de logement qu'on retrouve dans
le quartier. Alors, il y a une question d'équité. Je pense que,
effectivement, compte tenu du nombre considérable de démolitions
qui se sont faites dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à cause de
l'autoroute Ville-Marie, si, entre les deux quartiers, une intervention
particulière devait avoir lieu, en termes d'équité, il
faudrait peut-être que nous accordions une certaine priorité au
quartier Hochelaga-Maisonneuve pour compenser un peu !a démolition de
plus de 2000 de ses unités d'habitation.
Je conclus aussi en disant au député que le programme HLM,
qui ne semble pas être apprécié pour ce type de citoyens,
pour les citoyens qu'il défend, rallie quand même
l'adhésion massive du FRAPRU, qui est un des groupes qu'il
défendait tantôt.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre. Il
y a peut-être du temps pour une autre question ou une autre
réponse. En fait, il est 12 h 30, je suggérerais que nous
ajournions les travaux sine die. Il est 12 h 28.
M. Rochefort: Â quelle heure reprend-on?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Après la
période des questions, j'imagine, vers 15 h 15, selon la turbulence de
la période des questions.
M. Middlemiss: On établit qu'il reste encore deux heures
et quinze minutes, on en a fait deux heures et quinze minutes ce matin. On
avait une enveloppe de quatre heures et demie.
Une voix: On en a fait la moitié.
M. Rochefort: Deux heures ou deux heures et quart.
M. Middlemiss: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On a fait exactement deux
heures, ce matin.
M. Middlemiss: Et quinze?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Même pas.
M. Middlemiss: Non?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On a commencé
à 10 h 30.
M. Middlemiss: D'accord, c'est plus humainl
Une voix: On ne peut pas dépasser l'enveloppe.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 32)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La commission des
affaires sociales reprend ses travaux afin de poursuivre l'étude des
crédits du ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur pour l'année 1985-1986. Le député de Pontiac
a des questions à vous adresser.
M. Middlemiss: Avant de commencer, Mme la Présidente, vu
qu'il ne nous reste que deux heures et quart et qu'on a
énormément de questions à poser, j'allais demander au
ministre, cet après-midi, qu'on réponde aux questions et qu'on
arrête de retourner dans le passé, parce que, si on veut commencer
à retourner dans le passé, j'ai des dossiers relatifs à la
SHQ. On peut parler de la Grande Passe, on peut parler de Luc Cyr. Je suis
prêt à le faire, mais cela va être destructif; cela ne sera
pas constructif. Comme cela, j'espère qu'on pourra répondre aux
questions qu'on pose et que les deux heures et quart qu'il nous reste seront
constructives.
M. Rochefort: Mme la Présidente, comment dois-je
interpréter les propos du député de Pontiac? Des menaces,
de l'intimidation ou quoi?
M. Middlemiss: Ce ne sont pas des menaces.
M. Rochefort: Mme la Présidente, si le
député de Pontiac est agacé du fait qu'on soit allé
dans le passé, c'est peut-être parce qu'il est d'un parti qui vit
dans le passé.
M. Middlemiss: On retourne dans le présent.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il des
question?
M. Middlemiss: Oui, Mme la Présidente. Je pense que Mme la
députée de Chomedey a une question.
Projet de HLM refusé dans le comté de
Chomedey
Mme Bacon: Je vais parler du présent, Mme la
Présidente, si cela ne vous fait rien et peut-être que le ministre
ne voudra pas entendre parler de cela. J'attends encore une réponse du
ministre sur un dossier bien
précis qui concerne le comté de Chomedey. C'est pour cela
que je suis Ici cet après-midi. Je ne suis pas ici pour parler d'un
passé très lointain, c'est le passé peut-être de son
prédécesseur. Il n'aimera pas en entendre parler, mais cela
révèle exactement l'état d'esprit dans lequel on analyse
des demandes qui sont acheminées vers le ministère, par le
truchement de l'Office d'habitation du Québec.
L'Office d'habitation de Laval a fait des recommandations au
ministère pour des habitations à loyer modique pour des personnes
âgées en mentionnant des unités de logement qui auraient
été situées dans les cinq comtés de Laval. Comme
paravent, Mme la Présidente, il y a quatre comtés qui sont
occupés, en ce moment, par des députés péquistes et
un seul comté par un député libéral. Quatre projets
ont été acceptés; évidemment, tous les quatre sont
dans les comtés représentés par des membres du parti
ministériel, du Parti québécois. Un seul projet a
été refusé et c'est le projet qui aurait été
situé dans le comté de Chomedey, que je représente, pour
une communauté qui est vieillissante, qui a besoin de ces unités
de logement à prix modique, la communauté juive de Laval,
située dans le comté de Chomedey. Je ne citerai pas ce que m'a
dit son prédécesseur, à moins que le ministre ne m'y
oblige à un moment donné par son attitude mais les propos tout
à fait racistes de son prédécesseur concernant cette
décision m'ont fait demander au ministre actuel de réviser ses
décisions, en toute équité pour la population qui paie des
taxes, que ce soient des juifs, des anglophones ou des francophones, qu'ils
soient de Chomedey, de Vimont, de Fabre, de Laval-des-Rapides ou de
Mille-Îles. Je n'ai pas encore reçu la décision ou la
révision de dossier du ministre. Je n'ai pas eu de communication
à ce sujet du ministre ou de son ministère et j'aimerais
aujourd'hui lui renouveler cette demande et lui dire que, quand la ville de
Laval a fait sa demande, elle avait vraiment analysé la situation, elle
avait sûrement été mise au courant des besoins de la
population et était justifiée de demander aussi des services pour
le comté de Chomedey.
J'aimerais savoir ce que le ministre a fait jusqu'à maintenant
dans ce dossier et quelle décision il a prise.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le ministre.
M. Rochefort: Oui, Mme la Présidente, je veux remercier
Mme la députée de Chomedey de sa présence parmi nous et
des questions qu'elle me réitère à nouveau, d'autant plus
que, la semaine dernière, sauf erreur, j'ai conclu la révision
effective du dossier que j'ai faite et j'ai demandé la
préparation d'une lettre qui, me dit-on, devrait être prête
pour signature d'une journée à l'autre.
Effectivement j'ai fait sortir l'ensemble des éléments
contenus au dossier pour lequel elle m'a écrit à une, deux ou
trois reprises sûrement. Nous avons eu l'occasion de nous en parler sept
ou huit fois dans les corridors à l'Assemblée nationale et on a
été en mesure d'échanger là-dessus. On a même
eu l'occasion d'en discuter à l'occasion de l'inauguration d'un chantier
dans son comté à laquelle je participais il y a quelques
semaines.
II n'est pas de mon intention de remettre d'aucune façon en
question le bien-fondé de la demande de la ville de Laval quant aux
demandes qu'elle a transmises au ministre de l'Habitation du temps et quant aux
représentations faites par Mme la députée de Chomedey. Je
pense qu'on doit reconnaître qu'il y a un besoin sûrement
très réel de logement social dans ce quartier, dans cette
circonscription électorale de Laval comme dans beaucoup d'autres
quartiers du Québec. Ce besoin est à un point tel qu'il faut
quand même savoir qu'à l'occasion de la dernière
programmation de la Société d'habitation du Québec en
matière de HLM, qui date de huit ou neuf mois, juste avant mon
arrivée au ministère finalement, si on a réussi à
programmer 3600 unités d'habitation, nous avions quand même
reçu de différents conseils municipaux du Québec
au-delà de 7500 demandes d'unités additionnelles en habitation
à loyer modique. Il est évident qu'il n'est pas possible de
satisfaire totalement et pleinement toutes les demandes qui nous sont
formulées par l'ensemble des conseils municipaux du Québec.
D'autre part, je veux souligner à Mme la députée de
Chomedey, tel que je l'ai indiqué dans le projet de lettre que j'ai
rédigé avec les gens de mon cabinet et de la
société, qu'il est évident que cette demande, qui est
restée en suspens lors de la dernière programmation de la
Société d'habitation du Québec en matière de HLM
à Laval, sera prise en considération très
sérieusement lors de la prochaine programmation que nous avons
l'intention d'élaborer au cours de l'année 1985-1986. Dans la
mesure du possible, selon les besoins, selon les demandes des différents
arbitrages qui devront être réalisés, j'espère
être en mesure d'accorder les unités demandées par Laval et
réclamées par Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: Comment le ministre explique-t-il que, dans la
sélection des projets, des demandes qui lui ont été
acheminés par Laval, seul le comté de Chomedey a
été exclu?
M. Rochefort: Je crois qu'il s'agit là aussi d'une
question très pertinente. J'avoue
que cela faisait partie de mes préoccupations quand j'ai
amorcé la révision du dossier. Mme la député
comprendra très bien, et vous aussi.
Il faut quand même voir qu'un des éléments pris en
considération quand vient le moment de préparer une programmation
d'unités d'HLM pour les différentes municipalités du
Québec, c'est de faire en sorte qu'on s'assure qu'il y ait dans tous les
quartiers, dans toutes les municipalités, mais dans le cas qui nous
occupe ce sont des quartiers, des habitations à loyer modique dans
presque tous les quartiers où les besoins se font sentir. D'autant plus
qu'une des volontés mises en pratique par l'ensemble des offices
municipaux d'habitation du Québec, notamment dans les milieux fortement
urbanisés, est de faire en sorte qu'on déplace le moins possible
les populations de leur quartier quand vient le moment de les loger dans des
habitations à loyer modique.
Il est évident que, dans une municipalité de
l'étendue de Laval, notre préoccupation a été,
entre autres, de s'assurer que cette programmation équilibrait le mieux
possible ou un peu mieux, un peu plus, le nombre d'unités qu'on
retrouvait dans les différents quartiers de la municipalité de
Laval, à un point tel qu'il faut quand même voir que, par exemple,
dans le comté de Fabre, avant cette dernière programmation...
C'est cela? Un instant... De toute façon, dans la circonscription
électorale de Fabre, par exemple, nous avons un total de
réalisé ou en voie de réalisation de 100 unités,
pour 20 familles et 80 personnes retraitées; dans la circonscription de
Mille-Îles, nous avons 60 unités pour 10 familles et 50 personnes
retraitées; dans la circonscription électorale de Vimont, 111
unités pour 20 familles et 91 personnes retraitées; dans la
circonscription de Laval-des-Rapides, 20 unités pour familles, 119
unités pour personnes retraitées et quatre autres pour un total
de 143; dans la circonscription électorale de Chomedey, 259 logements
pour personnes retraitées et 14 autres pour un total de 273...
M. Leduc (Fabre):... 273?
M. Rochefort:... oui, M. le député ... auquel il
faut ajouter 524 unités de logements de familles qui sont les
unités de Val-Martin gérées par la Société
de gestion immobilière qui est un genre de filiale de la
5ociété d'habitation du Québec, dans lesquelles on
retrouve environ 15 % de ménages qui reçoivent le même
traitement que ceux et celles qui vivent dans des unités d'habitation
à loyer modique en termes de taux d'effort demandé quant à
la portion de revenu consacrée pour se loger. D'autre part, l'un des
éléments qui a toujours été pris en
considération, en tout cas de mémoire, quand vient le temps
d'analyser les différentes demandes qui nous sont faites dans les
différentes, municipalités du Québec quant à une
programmation d'habitations è loyer modique et, notamment, quand ce sont
des demandes pour personnes retraitées aussi, est d'aller voir s'il y a
la présence d'autres ressources d'hébergement pour personnes
âgées. Dans la circonscription électorale de Chomedey, on
retrouve la présence d'un centre d'accueil de 176 lits, alors qu'on ne
retrouve aucun autre établissement de cette nature dans aucune des
quatre autres circonscriptions électorales de la ville de Laval.
Donc, on voit que, malgré cette nouvelle programmation de 150
unités qui a été accordée à la
municipalité de Lavai, il demeure une différence nette, claire,
évidente entre le nombre d'unités de différentes natures
qu'on retrouve dans la circonscription électorale de Chomedey par
rapport au nombre d'unités, de différente nature toujours, qu'on
retrouve dans chacune des quatre autres circonscriptions
électorales.
J'imagine que ce sont là des éléments qui ont
dû être pris en considération, là comme ailleurs, par
le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur et la
société d'habitation au moment de préparer cette
programmation pour laquelle des représentations additionnelles
justifiées, je le comprends bien, nous sont faites par Mme la
députée de Chomedey. (15 h 45)
Je répète qu'un bon nombre d'autres députés
- je ne sais pas si on a la liste ici -des deux formations politiques nous ont
déjà transmis, depuis cette dernière programmation, des
lettres d'appui à des nouvelles demandes qui sont entrées de la
part de différentes municipalités du Québec. Et,
effectivement, dans la mesure du possible, lors de l'élaboration de la
prochaine programmation d'unités d'habitation à loyer modique,
nous souhaitons être en mesure de répondre le plus possible aux
différentes demandes qui nous auront été transmises, mais,
évidemment, à l'intérieur des contraintes
budgétaires que nous avons et aussi de l'enveloppe que le gouvernement
fédéral est prêt à mettre à notre disposition
pour la réalisation des habitations à loyer modique au
Québec.
Mme Bacon: J'étais au courant de tout cela, M. le
ministre; je connais mon comté et le nombre d'unités de
logement...
M. Rochefort: Je ne prétendrais pas vous apprendre des
choses. Je vous faisais part...
Mme Bacon: Non, vous faites sursauter le député de
Fabre qui va vous en demander davantage.
M. Rochefort:... des éléments pris en
considération.
M. Leduc (Fabre): Nous ne le savions pas.
Mme Bacon: Parce qu'il vient souvent dans le comté de
Chomedey, pour essayer de chercher de l'appui pour son parti.
J'aimerais quand même - cela va être le dernier point -
appuyer sur le fait que ces unités de logement, qui étaient
prévues ou qui étaient demandées par la ville de Laval, ne
l'étaient pas en vain. Je pense qu'elle a quand même fait une
étude des besoins. Ces besoins sont particuliers pour la
communauté juive, qui a connu des départs de jeunes, à
l'occasion de certains événements que je ne vous rappellerai pas
parce qu'on a dit qu'on ne retournait pas dans le passé, et où on
s'est retrouvé avec une population vieillissante qui n'est pas
déménagée du Québec, qui est restée au
Québec. Elle habite Chomedey. Ces gens auront besoin de logements.
Là, il faudra que je rentre dans des discussions que j'ai eues avec
votre prédécesseur; ce n'est pas parce qu'on appartient à
la communauté juive qu'on est riche. Je pense que ces gens ont besoin,
de plus en plus... Pour avoir fait la tournée de ces couples
âgés, qui sont là, qui ont besoin de logement, j'aime
appuyer, à nouveau, ma demande parce que c'est nécessaire.
Même s'il y a des logements qui existent déjà, surtout dans
la partie francophone - là, je tombe dans le même piège que
votre collègue cet après-midi - la partie où les gens
d'expression française habitent, c'est dans le quartier surtout
où les gens d'expression anglaise habitent et qui ne se mêlent
pas; ils vivent entre eux, c'est normal, je pense. Ils se sécurisent
davantage à vivre entre eux. Probablement qu'ils n'iraient pas habiter
les autres logements qui pourraient être disponibles.
Alors, je pense que si la ville de Laval a fait ces demandes... Encore
une fois, j'aime vous faire part de ma surprise, de voir que seul Chomedey a
été exclu, quand les quatre autres comtés ont
été accepté d'emblée.
M. Roehefort: Mme la Présidente, à moins d'autres
questions ou interventions de Mme la députée de Chomedey, je
veux, par une dernière intervention, rappeler que je ne mets pas en
doute, d'aucune façon, la valeur, le sérieux et la rigueur des
études qui ont été faites par la municipalité de
Laval quant aux différentes demandes qui nous ont été
transmises, pas plus que, d'ailleurs, de façon équitable aussi,
je ne remets en question les demandes qui nous ont été faites par
toutes les autres municipalités du Québec, tant celles que nous
avons été en mesure d'accepter que celles que nous n'avons pas
été en mesure d'accepter à l'occasion de cette
programmation.
D'autre part, je souligne que, effectivement - Mme la
députée de Chomedey vient de l'indiquer - la préoccupation
de demeurer dans le même quartier est très présente pour
les HLM au Québec. C'est justement en fonction de cette
préoccupation que, dans toutes les grandes villes du Québec, on
essaie de faire en sorte que, dans les différents quartiers où
les besoins se font sentir, on bénéficie
précisément d'unités d'habitation, sinon il pourrait
arriver très bien, théoriquement, que des unités
d'habitation soient construites et ne soient pas occupées. Donc, je
pense qu'on se comprend, on partage le même point de vue
là-dessus.
D'autre part, je veux aussi vous indiquer que je suis heureux,
finalement, de voir que vous prenez soin de souligner que beaucoup de membres
de la communauté juive ne sont pas nécessairement des gens
très fortunés. Effectivement, j'ai un certain nombre d'amis dans
la communauté juive et j'ai été en mesure, à de
nombreuses reprises, d'observer de telles situations. D'ailleurs, je vous dirai
que, par le passé, nous avons été tellement
sensibilisés à cela, au ministère de l'Habitation et
à la Société d'habitation, qu'il y a des unités
d'habitation, HLM, dans le centre-ouest de l'île de Montréal, qui
sont dans des quartiers où la communauté juive est
présente, où un certain nombre de familles de cette
communauté sont dans des situations financières pas faciles et
ont pu profiter d'unités de logement à loyer modique.
Finalement, deux choses. Je veux quand même vous rappeler
qu'encore la semaine dernière - oui, j'imagine, la semaine
dernière... Je m'excuse si j'ai souvent l'air de chercher souvent dans
le temps, mais en six mois, j'ai tellement fait de visites, de rencontres
partout au Québec que j'ai un peu perdu la notion du temps quant au
moment précis - mais il me semble qu'il y a une semaine ou dix jours,
j'étais dans votre circonscription électorale pour inaugurer les
travaux de l'organisme sans but lucratif... Non, non, un autre...
Mme Bacon: Un autre.
M. Rochefort: Oh Non! Au contraire, un autre. On s'est
rencontré, la dernière fois...
Mme Bacon: C'est la fois où vous m'avez
invitée?
M. Rochefort: On s'est rencontré la dernière
fois...
Mme Bacon: Vous ne m'invitez pas toujours.
M. Rochefort: Pardon?
Mme Bacon: C'est la fois où vous m'avez
invitée?
M. Rochefort: Non, je vous dirai... Oui, la fois où je
vous ai invitée, vous étiez là. Mais, je vous dirai que,
la fois suivante, ce n'est pas moi qui ai fait les invitations, c'est
l'organisme sans but lucratif qui a organisé la cérémonie
d'inauguration des travaux et c'était le projet Vincent-Massey qui est
un organisme sans but lucratif, qui s'adresse à des familles
défavorisées où on a quand même ajouté 98
unités de logement pour des personnes qui sont
défavorisées. Je rappelle aussi qu'on utilise pleinement le
programme de supplément au loyer pour de tels types de demandes, y
compris pour des membres de la communauté juive dans des organismes sans
but lucratif aussi.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Un instant, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mise en chantier attendue dans
Hochelaga-Maisonneuve
Mme Harel: Enfin, il s'agit d'un tout autre dossier. Je ne veux
pas entonner...
M. Rochefort: On passe de Laval à Montréal.
Mme Harel:... la litanie du boulevard Ville-Marie. J'imagine que
si la Bolduc vivait encore, elle aurait pu composer une chanson. Vous
connaissez la litanie du boulevard Ville-Marie? Cela va faire presque treize
ans maintenant, je pense, qu'elle s'entonne, mais c'est plutôt une
complainte. C'était, en fin je dis souvent: Dans ma corbeille de
mariée de députée, c'était la plus grosse roche que
je pouvais trouver.
Je voudrais juste... Je m'excuse de ne pas avoir participé au
travaux de la commission. Ce n'est pas, comme vous le savez, M. le ministre,
parce que le dossier de l'habitation ne me passionne pas, bien au contraire,
j'en suis même un peu obsédée. J'aimerais avec vous, cet
après-midi, d'abord, tenter de savoir quand l'annonce du début
des travaux de construction sera faite. Mais, peut-être avant, je sais
que, pour vous en avoir parlé quelques fois, vous connaissez
l'état de la situation de ce quartier d'Hochelaga-Maisonneuve où
toujours 86 % des gens sont locataires de maisons qui, pour 48 % d'entre elles,
ont été construites avant 1920. Vous savez également que
presque le tiers des familles sont monoparentales et qu'actuellement, dans
toutes les écoles du quartier, on compte plus d'une majorité
d'enfants qui sont issus de familles monoparentales. D'autre part, on y trouve
le double de la moyenne du Québec de personnes âgées. Je
lisais encore hier, qu'au Québec, on compte 8, 9 % de personnes
âgées à peu près. Dans Hochelaga-Maisonneuve, on en
dénombre 16, 5 %. Vous connaissez également, enfin, c'est un tour
d'horizon rapide, mais vous savez également que le revenu des
ménages non familiaux, de mémoire - je ne citerai pas le revenu
des ménages familiaux parce que je n'en suis pas absolument certaine -
est de 12 000 $. En trois ans, on évalue à environ 40 %, de 1981
à 1984, le coût d'augmentation des loyers dans le secteur. Il y a
vraiment une pression. Le retour en ville crée la pression qu'on
connaît sur certains autres quartiers encore plus. Je pense au plateau
Mont-Royal en particulier. On n'est pas complètement
épargné malgré qu'on sente que ce que j'appelle souvent la
petite bourgeoisie décapante va assez rapidement venir à
descendre en bas de Sherbrooke.
Il y a eu une annonce dans ce dossier. Je le connais très bien
pour y avoir participé, mais l'annonce a été faite au mois
d'août dernier, une annonce qui a satisfait. Je fais juste une
parenthèse pour vous dire que je n'ai vraiment pas été
gâtée. Il n'y a pas eu construction, à ma connaissance,
d'aucune unité de logement depuis 1979. Donc, au cours des quatre
dernières années qui se terminent, je n'ai pas pu inaugurer ou
faire de pelletées de terre. Enfin, je pense que j'aurais
été invitée.
Une voix: Ah! On ne sait jamais.
Mme Harel: Je n'aurais peut-être pas eu le problème
d'invitation. Mon problème en est un d'inauguration. Évidemment,
j'ai hâte, pour toutes sortes de raisons - on peut les évaluer
légitimes ou moins légitimes - mais je pense que j'ai hâte
aussi pour la population du quartier que ce dossier trouve une solution de
façon définitive. 410 logements ont été
annoncés. Cela a eu un impact très positif parce que, ces
logements, on a assuré qu'ils seraient tous accessibles à des
familles à faible ou moyen revenu. Que je sache, à la suite des
représentations - je peux bien vous le dire - nombreuses faites
auprès de votre prédécesseur, on a maintenant acquis 180
logements de famille. Je veux savoir si c'est complètement
réglé, la négociation sur le coût de ces logements
de famille, parce que j'ai été fort inquiète quand on m'a
informée que les coûts estimés à la suite des appels
d'offres avaient pu démontrer que cela grevait les barèmes de la
SCHL et qu'il fallait reprendre, je pense, la négociation avec la SCHL,
justement sur les coûts de construction, les barèmes permis dans
les coûts de construction de HLM pour des familles, compte tenu qu'il
s'agit là, donc, non pas de résidences en hauteur, mais de duplex
en étages, je crois. Est-ce qu'on peut croire que la boucle est
bouclée sur ce
dossier des HLM pour familles?
D'autre part, les HLM pour personnes âgées qui sont
prévus - 80 HLM pour personnes âgées, toujours sur les
résidus de l'emprise du boulevard - est-ce qu'il est possible
d'envisager deux fois 40 unités plutôt qu'une seule
résidence de 80 unités? Est-ce que c'est possible d'envisager
cela parce qu'on me dit que ce serait plutôt 80 unités, compte
tenu évidemment de la proximité de ce qui deviendra le boulevard
Ville-Marie et de l'achalandage qu'on prévoit lorsque va vrombir la
circulation de Delorimier vers le bout de l'île, vers
Louis-Hippolyte-Lafontaine et le bout de l'île. Est-ce qu'il est possible
d'envisager deux fois 40, peut-être pas sur la même superficie? Je
vois que votre sous-ministre s'agite, mais...
M. Rochefort: II ne s'agite pas. Je lui ai demandé de se
rapprocher de moi.
Mme Harel: Sinon, vous savez que le mieux est l'ennemi du bien.
Quant à n'en avoir que 40, je préférerais 80, mais s'il
est possible d'envisager... Je pense que c'est bien souhaité par la
population que ce ne soit pas nécessairement à proximité
du boulevard, en hauteur, parce qu'on sait que le bruit monte.
J'aimerais par la suite vous interroger sur les programmes Loginove.
Vous avez certainement reçu une lettre du collectif sur
l'aménagement du boulevard Ville-Marie qui est un rassemblement
d'organismes communautaires très représentatifs de tout le
quartier, qui a tenu un colloque et qui m'a envoyé copie justement de la
lettre qu'il vous adressait en vous demandant de rendre publique le plus
rapidement possible la distribution spatiale sur cette bande linéaire.
Il faut voir que c'est comme un chapelet. Cela traverse sept paraisses. Alors,
de rendre publique le plus rapidement possible la programmation, la
distribution spatiale des habitations déjà rendues publiques,
mais dont on ne sait pas où elles seront localisées. Quand
pensez-vous signer le protocole d'entente avec la ville de Montréal et
quand pensez-vous m'inviter à l'inauguration des travaux?
M. Rochefort: Bon! Mme la Présidente, dans un premier
temps, je dois effectivement reconnaître que Mme la députée
de Maisonneuve est une députée très
préoccupée des questions d'habitation et que c'est sûrement
un des dossiers qui a retenu le plus de ses énergies et de son attention
depuis son élection le 13 avril 1981. Lorsqu'elle faisait des
représentations à mon prédécesseur, bien souvent,
on les faisait ensemble parce qu'on s'est échangé
consécutivement la responsabilité de la présidence du
caucus des députés de Montréal. Donc, ce sont toujours des
dossiers qui ont intéressé aussi l'ensemble des
députés de la région de Montréal que justement la
députée de Maisonneuve s'était assurée
d'intéresser au problème d'habitation dans le quartier
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Évidemment, il faut rappeler qu'il s'agît d'un dossier
extrêmement ardu, extrêmement difficile à solutionner
puisqu'il est peu fréquent qu'on se retrouve dans une situation
où finalement, 2000 unités de logement sont démolies dans
une même section, dans un même secteur d'un quartier au point
où le quartier est coupé en deux et que cela se fait dans un
très court laps de temps sans trop regarder ce dont on avait vraiment
besoin et les conséquences sociales, économiques et culturelles
qu'une telle décision de démolir autant d'unités dans un
même quartier pouvait comporter. (16 heures)
La situation actuelle dans le dossier du boulevard Ville-Marie est la
suivante. Dans un premier temps, comme l'a évoqué Mme la
députée de Maisonneuve, à l'occasion de l'annonce de la
proposition retenue quant à l'aménagement du terrain des usines
Angus sur le plan résidentiel, quant à la distribution du type de
logements, nous avons du même coup profité de l'occasion pour
annoncer le type d'intervention en matière d'habitation que le
gouvernement avait décidé de réaliser sur les
résidus des terrains expropriés en trop pour la
réalisation du boulevard urbain Ville-Marie. Donc, nous avons
annoncé, en août dernier, 410 unités d'habitation, toutes
considérées comme du logement social, s'adressant à des
ménages à faible et à moyen revenu, répartis comme
suit: 260 unités de HLM dont 180 pour familles et 80 pour personnes
retraitées, 50 unités dans un projet intégré d'un
organisme sans but lucratif pour personnes préretraitées et aussi
un objectif de 100 unités de coopératives d'habitation pour un
grand total de 410 unités.
Des discussions à la suite de cette décision ont
été entreprises et menées à de nombreuses reprises
avec les autorités de la ville de Montréal quant à la
distribution spatiale de ces 410 unités d'habitation. Par la suite, des
discussions ont dû avoir lieu quant au coût de réalisation
des unités d'habitation pour familles, parce qu'il y a une
volonté de plus en plus présente à la
Société d'habitation du Québec qui est aussi
partagée par les autorités de l'Office municipal d'habitation de
Montréal, de faire en sorte que, lorsque nous construisons des HLM pour
des familles, nous les construisions dans des ensembles beaucoup moins grands,
de façon à éviter qu'on retrouve de trop fortes
concentrations de logements pour familles dans un même
quadrilatère, ce qui amène, à l'occasion, comme on a
été malheureusement à même de l'observer, des
problèmes sociaux qui peuvent être résolus par une
meilleure distribution sur le
territoire des unités de logements pour familles. Compte tenu que
la distribution est plus grande, qu'on réalise des unités de 8,
10 ou 12 logements - à l'occasion, 6 - il est évident que les
économies d'échelle dans la construction de tels projets
d'habitation ne peuvent être réalisés comme c'est le cas
quand on réalise des unités pour personnes retraitées
où il n'y a pas de problèmes socio-économiques qui se
répercutent par la construction ou par le regroupement d'un nombre assez
élevé d'unités d'habitation pour personnes
retraitées.
La situation est la suivante en ce qui a trait à l'habitation -
ensuite, je parlerai du transport parce qu'il y a un aspect important sur le
transport - une entente est intervenue entre la ville de Montréal et le
ministère de l'Habitation du Québec, par le biais de la
Société d'habitation, quant à la distribution spatiale des
410 unités d'habitation, tant des HLM, des OSBL, que des
coopératives d'habitation. Deuxièmement, nous avons mené
des négociations avec le gouvernement fédéral, avec la
Société canadienne d'hypothèques et de logement pour que
celle-ci accepte d'augmenter les coûts permis pour la réalisation
d'unités de logement pour familles pour permettre de réaliser la
programmation prévue, mais selon une typologie, une distribution qui
avait été retenue sur de beaucoup plus petits ensembles que ce
que nous faisions habituellement. Il faut savoir, d'ailleurs, que la ville de
Montréal tenait absolument, comme la société et le
ministère, à ce que ces logements de familles soient bien
distribués sur le territoire pour éviter les situations que je
décrivais tantôt. Le président de la Société
d'habitation du Québec, M. Angers, a rencontré à de
nombreuses reprises les autorités de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement et nous avons réussi à
obtenir une entente avec cette dernière quant à l'augmentation de
ce qu'on appelle le PML -le prix maximum par logement - pour nous permettre de
réaliser cette programmation dans les délais voulus et à
l'intérieur des enveloppes budgétaires qui nous avaient
été accordées. Cette entente est donc conclue et nous
sommes convaincus que, avec cette entente, nous serons en mesure de
réaliser les 180 unités d'habitation à loyer modique pour
des familles, selon la ventilation, la localisation et la répartition
retenue dans nos discussions avec ta ville de Montréal, pour nous
permettre d'atteindre nos objectifs, en termes de construction de logements
sociaux, sans avoir les problèmes que cela a pu générer
dans d'autres projets où on avait recoupé peut-être un trop
grand nombre d'ensembles. Évidemment, là-dessus, je pense que la
pratique nous a permis de tirer un certain nombre de conclusions et de
rectifier un peu le tir.
Quant à la demande que vous formulez au chapitre de la
répartition des 80 logements pour personnes retraitées, je vous
dirai que, jusqu'à ce jour, nous avions retenu la recommandation de la
ville de Montréal qui était de réaliser un seul ensemble
d'habitation: un projet de 80 unités de HLM pour personnes
retraitées, comme c'est la pratique courante partout à
Montréal et dans la plupart des grandes villes du Québec qui,
évidemment, reçoivent autant d'unités pour un même
quartier, tenant pour acquis que cela fonctionne très bien. J'en ai un
certain nombre dans ma circonscription électorale, et on en retrouve
ailleurs, et il n'y a pas de problème et, les personnes
âgées sont même heureuses de se retrouver dans ces grands
ensembles parce que cela évite tout le problème de la solitude et
de la sécurité. Donc, ils sont plus nombreux pour partager leurs
moments de récréation, de loisir, etc.
Évidemment, il faut voir aussi que cela nous permet de nous
conformer au prix maximum par logement pour ce type d'habitation et que cela ne
nous oblige pas à faire à la Société canadienne
d'hypothèques et de logement des représentations additionnelles
qui ont souvent pour effet de prolonger les délais de construction et de
réalisation des projets qui ne sont pas nécessairement
assurés d'être acceptés dès le moment où on
amorce des discussions.
Si vous me faites une demande de scinder le projet en deux plutôt
et d'avoir deux regroupements de 40 unités pour personnes
retraitées, je suis prêt à la regarder d'abord avec la
ville de Montréal pour voir si elle serait d'accord que nous puissions
revoir le plan de localisation des différentes unités.
Evidemment, je ne peux aller plus loin en ce moment parce qu'il faut voir la
conséquence que cela pourrait avoir sur les règles qui nous sont
imposées par le gouvernement fédéral quant au prix maximum
par logement - comme me le dit M. Angers - plus aussi peut-être des
travaux qui auraient déjà été
réalisés sur les plans et devis du projet retenu. Je suis
prêt à regarder cela mais, à moins que la
députée m'indique te contraire, je le ferais à
l'intérieur d'une préoccupation qui est celle de faire en sorte
que le projet voie le jour le plus tôt possible. Si cela ajoute des
délais et que cela amène des coûts additionnels, j'imagine
que la députée acceptera qu'on réalise le projet tel que
prévu. Sinon, je m'engage à essayer de faire en sorte que cette
décision soit revue, auquel cas je reconsulterai la
députée quant à la localisation de ces ensembles.
Quant aux discussions qui ont cours entre le ministère des
Transports et la ville de Montréal...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je m'excuse, M. le
ministre, je comprends que
vous essayez de répondre le plus complètement possible,
mais je dois quand même, en toute équité, faire remarquer
que le porte-parole officiel de notre parti a bien aimablement voulu donner la
chance à tous ceux qui se présentent pour leurs petits
problèmes à eux - qui sont impartants, ce n'est pas cela que je
veux insinuer - et il faudrait que chacun essaie, d'être un peu plus
court. Il reste une heure et demie pour tout compléter et il n'a pas
encore commencé à poser ses questions.
M. Rochefort: Vous avez raison, je vais essayer de me ramasser un
peu sauf que je pense que, du même coup, on aura répondu au
député de Bourassa, qui avait posé des questions sur les
aménagements résidentiels du boulevard Ville-Marie. Je termine en
disant qu'il y a des discussions en cours actuellement entre le
ministère des Transports et la ville de Montréal quant au
protocole d'entente qui doit être signé entre les deux parties
pour la rétrocession de ce résidu d'expropriation qui doit
être confié à la ville de Montréal pour lui
permettre de réaliser le programme d'habitation qui a été
prévu pour le boulevard Ville-Marie. À de nombreuses reprises, le
ministre des Transports m'a indiqué que la ville avait demandé
d'apporter des corrections, des changements, des ajustements au projet de
protocole d'entente qui lui avait été soumis par le
ministère des Transports. C'est ça qui, actuellement, fait qu'on
ne peut procéder pour l'instant à l'inauguration du chantier.
J'ai fait des pressions encore récemment sur le ministre des Transports,
qui en a fait lui aussi de son côté auprès de la ville de
Montréal pour en arriver à une entente rapide, de façon
que ce grand projet puisse enfin devenir une réalité et que ce
soit un chantier qui bourdonnera d'activité avant longtemps et permettra
à 410 ménages de citoyens défavorisés du quartier
Hochelaga-Maisonneuve d'être mieux logés chez eux.
Mme Harel: Très rapidement. Je vous remercie, M. le
ministre. Au moment même où on se parle, cet après-midi, il
y a une rencontre qui se tient avec des représentants d'organismes de
personnes âgées, d'associations de services du troisième
âge du quartier. Je pense que c'est important que je procède
à une certaine consultation et les délais que vous mentionnez, je
pense qu'ils doivent aussi les prendre en considération. Je les leur
transmettrai, parce qu'ils auront à peser dans la balance, en fait,
d'une part, peut-être l'idéal d'un projet qui pourrait être
retardé ou la réalisation plus immédiate d'un projet. De
toute façon, je leur transmettrai les nouvelles en allant chercher
auprès de M. Angers de plus amples informations sur les coûts
additionnels à envisager lorsqu'il y a deux 40 logements plutôt
qu'un seul 80.
Loginove
Pour terminer, sur Loginove, peut-être que d'autres membres de la
commission interviendront sur Loginove, je voudrais juste insister
auprès de vous parce qu'à Montréal, à tort ou
à raison, on a l'impression que Loginove n'est pas un programme
très utilisé en termes de restauration. S'il l'est, du moins dans
le bas de la ville, car il l'est dans le bas de la ville, il l'est
peut-être aussi à l'extérieur des quartiers du bas de la
ville. Je demande à voir. Il reste que Loginove est le seul programme
qui assure les locataires de ne pas être déplacés de leur
logement. Il y a évidemment un objectif de restauration qui est
très légitime, mais quand cet objectif de restauration a comme
effet et conséquence le départ des gens qui, à l'origine,
ont habité le quartier et ce depuis des décennies, cela pose un
problème.
Il y a un cumul de programmes à Montréal. Il y a un
programme qui est financé directement par la ville de Montréal et
qui assure au locataire le retour à son logement une fois celui-ci
restauré, c'est le programme Loginove. Je veux simplement
vérifier auprès de vous si le programme Loginove reçoit,
dans le bas de la ville, toute la considération qu'il devrait avoir de
la ville de Montréal.
M. Rochefort: Écoutez, le programme Loginove, depuis qu'il
a été mis en place, il y a deux ans et demi, trois ans - il y
aura trois ans au mois d'août prochain - a permis de réaliser 3585
unités de logement qui ont été restaurées de
façon considérable ou en voie de l'être avec la
dernière programmation faites dans la ville de Montréal. Je pense
que le totale est de 14 000 dans tout le Québec. Cela nous indique
jusqu'à quel point ce programme a été bien octroyé
à la ville de Montréal en termes d'unités
proportionnellement au nombre total d'unités disponibles et
jusqu'à quel point ce programme a bénéficié
à un nombre assez important de ménages montréalais avec
effectivement les caractéristiques - je suis heureux de l'entendre de la
bouche de Mme la députée de Maisonneuve - que, finalement, c'est
un programme de rénovation qui évite les évictions et
protège quand même de façon très intéressante
les implications quant à l'augmentation du coût du loyer que
pourraient générer des travaux de rénovation.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Jeanne-Mance.
Autres HLM projetés
M. Bissonnet: Très rapidement, M. le ministre. Vous avez
mentionné tantôt que toutes les grandes villes avaient des HLM.
À Saint-Léonard, qui est la sixième grande ville au
Québec, il y a actuellement 202 logements pour personnes
âgées, mais, pour les familles, il n'y a aucun HLM. Plus
particulièrement, ceux qui sont habilités, qui sont admissibles
à un HLM ne peuvent pas aller à Montréal, ne peuvent pas
aller à Anjou, parce qu'ils sont limités à ce territoire.
C'est la même chose pour une personne qui déménage de
Montréal è Saint-Léonard, elle ne peut pas y postuler une
place dans un HLM puisqu'il n'y en a pas.
On m'a informé qu'il y aurait un projet de HLM de 100 logements.
Est-ce que vous seriez en mesure de nous informer quand allez-vous annoncer le
projet de ces HLM dans la municipalité de Saint-Léonard? (16 h
15)
M. Rochefort: Effectivement, Mme la Présidente, la
question soulevée par le député de Jeanne-Mance, quant aux
aspects contraignants de la division des municipalités pour les citoyens
qui voudraient profiter des HLM construits dans la municipalité
contiguë, que ce soit Montréal ou Anjou était une situation
réelle, mais il faut voir que la plupart des programmes d'habitations du
gouvernement du Québec, notamment le programme d'habitations à
loyers modiques est un programme qui est réalisé en relation
directe avec le monde municipal et qu'on doit tenir compte de ces
frontières.
On m'informe ici que dans la municipalité de
Saint-Léonard, il y a un total de 80 unités qui sont en
programmation pour familles, 50 pour un investissement de l'ordre de presque 2
500 000 $ est à l'étape du choix préliminaire du terrain
et un autre ensemble de 30 unités pour un investissement de 1 500 000 $
est à l'étape de la planification. J'imagine que...
M. Bissonnet: Cela veut dire combien de délai pour un des
deux projets? Parce qu'on a annoncé cela il y a environ sept ou huit
mois, mais les gens sont préoccupés. Si vous pouviez avoir une
date approximative ou si vous étiez en mesure d'annoncer qu'un des ces
deux programmes sera mis en réalisation?
M. Rochefort: Je pense que celui qui verra le jour le premier est
celui de l'ensemble de 50 unités pour lequel on est à
l'étape du choix préliminaire du terrain. Dès que le choix
aura été arrêté, que les transactions à
être effectuées l'auront été et que la ville aura
confirmé son acceptation du choix, il est évident qu'on sera en
mesure d'entreprendre les différentes étapes qui mènent
à la construction et à l'inauguration d'un tel projet. Par la
suite, quant à l'autre ensemble de 30 unités qui est à
l'étape de la planification, j'imagine que dès qu'on aura eu des
terrains qui nous aurons été soumis, que nous aurons
été en mesure d'étudier les différentes
propositions qui auront été faites, nous serons en mesure de
conclure une entente, une transaction avec le propriétaire du terrain
retenu et, là aussi, nous pourrons amorcer la construction.
Je veux vous assurer, M. le député, que nous prenons bonne
note de vos remarques et que dans la mesure du possible nous verrons à
ce que ces deux dossiers soient menés à bien rapidement. Il faut
comprendre qu'il se produit des situations où cela nous prend quelques
années, compte tenu de la multiplicité des intervenants dans ce
type de dossier, la nécessité à chaque fois qu'on a un
problème sur un terrain de revenir à la société et
à la municipalité et que, habituellement, ce type de situation
peut générer des délais très nombreux, c'est
effectivement l'étape la plus longue. Les indications que j'ai, dans
l'ensemble de 50 unités qui est prévu...
M. Bissonnet:... a été choisi.
M. Rochefort: C'est cela. Donc, j'imagine que rapidement on sera
en mesure d'aller de l'avant avec les étapes additionnelles et de faire
en sorte que ce projet devienne un chantier.
M. Bissonnet: Merci, M. le ministre. On attend cela avec
impatience.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
revenir sur la question des HLM à Laval. Je pense que c'est important
parce que Lava! c'est la deuxième ville du Québec donc, assez
populeuse. Aussi, parce que l'intervention de ma collègue de Chomedey
peut laisser croire qu'il y a eu des privilèges accordés au
comté où il y a des députés du Parti
québécois et ce, au détriment d'un comté, celui de
Chomedey qui est représenté par un député du Parti
libéral. Les chiffres que vous avez cités démontrent que
s'il y a des comtés privilégiés à Laval, c'est
plutôt celui de Chomedey. Je pense que les chiffres sont assez
éloquents. Il n'y a pas...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... mauvais
patronage...
M. Leduc (Fabre): Je ne sais pas, je n'oserais pas parler de
patronage...
M. Rochefort: Ou peut-être plutôt la preuve que la
programmation est faite de
façon équitable.
M. Leduc (Fabre): M. le ministre, j'accepte cette réponse
de votre part. Ce que je veux dire surtout, c'est qu'il n'y a pas, au moment
où on se parle, de HLM dans la partie ouest de Laval à
l'exception de Chomedey. La partie ouest de Laval comprend des quartiers aussi
importants que celui de Fabreville, Sainte-Dorothée, Laval-Ouest
où la population est vieillissante là aussi. Je prends un
quartier comme Laval-Ouest et Fabreville-Ouest; ce sont des quartiers qui sont
aussi âgés que celui de Chomedey et où la population est de
plus en plus vieillissante. Or, que votre ministère ait accordé
un projet de 100 logements pour cette population de Fabreville, Laval-Ouest et
Sainte-Dorothée, non pas exclusivement mais en particulier, je trouve
cela tout à fait équitable. Je pense que c'est important de le
dire.
Je voudrais également dire que la situation est la même
pour ce qui est du comté de Mille-Îles où, au moment
où on se parle, il n'y a pas non plus de HLM dans la partie est de Laval
et que là aussi il y a un projet d'une soixantaine d'unités qui
est prévu je crois. Je voudrais ajouter que pour ce qui est des
comtés de Vimont et de Laval-des-Rapides il y a un certain nombre de
projets qui sont acceptés mais c'est tout de même en
deçà de ce qui a été accordé dans le
passé au quartier de Chomedey.
C'est un commentaire surtout que je voulais faire à la suite des
propos tenus par Mme la députée de Chomedey pour ne pas que l'on
croie qu'il y a eu un privilège accordé parce qu'il y a quatre
députés du Parti québécois à Laval.
Par contre, je voudrais ajouter le commentaire suivant, Mme la
Présidente. C'est au sujet des longs délais qui existent entre le
moment où on annonce le projet et le moment où on voit
apparaître la construction des HLM. Les délais sont de l'ordre de
trois ou quatre années, ce qui me semble exagéré. S'il
fallait que l'entreprise privée fonctionne comme cela, on assisterait
à de nombreuses faillites. Je comprends qu'il y a plus d'un intervenant
dans le dossier, mais je vais quand même vous demander j'ai
déjà porté cette question à votre attention,
d'ailleurs - s'il y a des études et des analyses qui sont faites pour
voir s'il n'y a pas moyen d'améliorer l'efficacité entre le
moment où on annonce le projet et le moment où il surgit de
terre, pour que la population puisse en bénéficier le plus
tôt possible. C'est ma première question.
Je vais tout de suite enchaîner avec une deuxième question.
On a parlé de Loginove tout à l'heure. Vous êtes au
courant, M. le ministre, que Loginove existe à Laval et qu'il fonctionne
bien à mon sens, sauf qu'il y a eu un certain rapport produit par la
ville de Laval qui mettait en cause un peu le côté administratif
et dans lequel on se plaignait un peu des lenteurs administratives qui ont
trait au dossier Loginove. Peut-être que vous pourriez commenter
rapidement cette question qui préoccupe l'administration à Laval?
Ce sont donc mes deux questions.
M. Rochefort: Mme la Présidente, sur le commentaire
d'introduction du député de Fabre, je ferai simplement un
commentaire de mon côté pour souligner le très grand
intérêt qu'a manifesté jusqu'à maintenant le
député de Fabre dans des dossiers d'habitation à Laval,
puisqu'il est responsable des dossiers d'habitation pour toute la ville de
Laval pour le caucus des députés ministériels du Parti
québécois de la région de Laval. À chaque fois - et
cela arrive très fréquemment que je me présente à
Laval pour inaugurer des chantiers ou inaugurer des projets - je rencontre le
député de Fabre qui est présent et qui est très
bien accueilli par les différents intervenants, ce qui démontre
jusqu'à quel point son implication est souhaitée et bien
reçue par les différents intervenants en habitation dans la
région de Laval.
Quant à la première question qu'il soulève quant au
temps qui s'écoule entre le moment d'une annonce de programmation de HLM
et le moment de la réalisation dans certains cas, d'abord, j'ai le
goût de lui dire que c'est toujours, par définition, frustrant
pour un homme ou une femme politique entre le jour où il obtient quelque
chose et le jour où il voit le projet enfin réalisé,
à un point tel que souvent les pires frustrations qu'on a, comme homme
et femme politique, c'est qu'entre le jour où on a une bonne idée
et le jour où elle devient une décision gouvernementale, on
trouve qu'il y a une éternité. Cela dit, je veux quand même
souligner que les délais de réalisation de la programmation des
habitations à loyer modique entre le moment de l'annonce et le moment de
l'inauguration sont très courts quand on regarde ce qui se passe dans
d'autres secteurs d'activité ou dans d'autres provinces canadiennes.
Il faut bien voir qu'il y a une multiplicité d'intervenants quand
vient le moment de réaliser un projet de HLM dans une
municipalité. II faut que la municipalité, une fois qu'elle a
obtenu l'accord de la Société d'habitation du Québec dans
le cadre d'une programmation, fasse une sélection de différents
terrains qu'elle juge convenables pour ériger le HLM. Par la suite, la
municipalité fait parvenir cette liste à la Société
d'habitation du Québec. La Société d'habitation du
Québec doit envoyer ses chargés de projet pour faire le tour,
pour faire une bonne évaluation de tous les projets de terrains qui nous
sont soumis,
rencontrer le propriétaire, connaître l'évaluation,
la valeur du terrain, regarder exactement la qualité du sol, regarder
toutes les contraintes qui pourraient se poser une fois que la construction
serait amorcée. Une fois que la société a terminé
l'analyse des différents terrains, qu'elle prend une décision
quant au meilleur terrain, au meilleur coût et en termes de
qualité des conditions réunies requises, il faut qu'on retourne
devant le conseil municipal concerné et qu'on demande au conseil
municipal concerné son accord pour que le projet soit
réalisé sur ce terrain. C'est souvent à cette série
d'étapes que je viens de décrire qu'un temps considérable
est consacré. Souvent même, au niveau de la société,
nous sommes en attente pour procéder. Nous serions prêts à
procéder beaucoup plus rapidement que nous sommes en mesure de le faire
compte tenu des délais souvent qui sont générés par
tout le travail qui doit être fait par la municipalité et
l'interrelation qui doit par la suite s'établir entre la
société et la municipalité quant à une
décision finale et aussi avec les différents
propriétaires.
Comme me le dit le président de la Société
d'habitation du Québec, M. Angers, il ne faut pas oublier que ce sont
des équipements publics, des fonds publics, donc avec toutes les
préoccupations que cela peut amener quant à la
responsabilité, à l'imputabilité. Il ne faut pas oublier
que les citoyens ont le droit de savoir pourquoi telle décision a
été prise et pourquoi pas telle autre décision.
Quand vous me dites que vous avez l'impression que l'entreprise
privée ferait mieux, je vous dirai qu'au dernier gala Habitas
organisé par la Chambre de commerce du grand Montréal - cela
inclut sûrement Laval, j'imagine - dans le cadre du Salon national de
l'habitation, un prix a été décerné à la
Société d'habitation du Québec, justement, comme
entreprise de services de l'année en matière d'habitation. Elle
était considérée sur le même pied
d'égalité que toutes les autres entreprises privées
importantes qui évoluent dans le monde de l'habitation et c'est la
5ociété d'habitation du Québec qui a obtenu la palme par
un jury qui avait été nommé par les responsables du Salon
national de l'habitation. Je pense qu'il faut, d'ailleurs, saisir l'occasion
qui m'est offerte pour rendre hommage au président, au
vice-président, au conseil d'administration et à tous ceux et
celles qui travaillent à la Société d'habitation du
Québec parce que ce sont eux les premiers responsables de
l'efficacité qui a été remarquée, encore une fois,
par des intervenants en habitation.
D'autre part, quant au programme Loginove, je vous dirai - on pourrait
peut-être résumer cela en une phrase - que quand je suis
allé à Laval la semaine dernière et que j'ai
rencontré le conseiller municipal responsable des dossiers Loginove, il
m'a dit d'oublier cet article. Ils étaient très satisfaits de la
performance de Loginove à Laval, d'autant plus qu'on a
réalisé 294 unités Loginove pour 1 900 000 $ dans les
premières années du programme et que, pour 1986, il y a 118
unités prévues, ce qui fera un total de 412 unités
d'habitation rénovées dans le cadre du programme Loginove. Quand
on regarde la qualité du parc, l'âge du parc de logements à
Laval, je pense que ce sont des résultats très
intéressants. Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, Mme la Présidente.
M. Rochefort: M. le député de Deux-Montagnes me
permettra sûrement de souligner que simplement dans la circonscription
électorale de Fabre nous avons réalisé 148 unités
de logement qui ont été rénovées dans le cadre du
programme Équerre l'an dernier. Je pense que cela ne va pas si mal que
cela.
Je m'excuse, M. le député, de vous avoir interrompu. (16 h
30)
M. de Bellefeuille: Je vous en prie.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Deux-Montagnes.
Réduction des subsides du fédéral
à PAREL
M. de Bellefeuille: Je voudrais poser au ministre, Mme la
Présidente, une question très simple. C'est pour faire suite
à une question qui lui a été posée cet
après-midi à la Chambre, durant la période des questions,
par notre collègue, le député de Rosemont, à propos
de la taille exacte de la coupure qui a été faîte par le
gouvernement fédéral dans le cadre du programme PAREL, je crois
en ce qui concerne le Québec.
Vous comprendrez, Mme la Présidente, que les
députés indépendants s'intéressent à la
possibilité d'établir un bilan du coût du beau risque
fédéraliste que le gouvernement a pris. C'est là un
chiffre qui va entrer dans ce bilan et nous tenons à ce que les chiffres
que nous entrons dans ce bilan soient exacts. Du ministre, nous tenons un
chiffre de 17 000 000 $.
M. Rochefort: Quel ministre?
M. de Bellefeuille: Du ministre de l'Habitation, vous.
M. Rochefort: Non, je n'ai jamais affirmé une telle chose.
En tout cas, complétez votre question et je vais répondre.
M. de Bellefeuille: Ou, en tout cas, de sources que vous n'avez
pas contredites, que je sache, nous avons un chiffre de 17 000 000 $. D'autre
part, un de vos collègues, le ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes, a fait état, ce matin, dans
une autre commission, d'un document où on indiquait que cette coupure
est de 9 000 000 $. Et vous avez eu l'amabilité, M. le ministre - quand
un ministre est aimable, je pense que cela vaut la peine de le signaler; je ne
sais pas si c'est un engagement - d'indiquer l'intention de donner cet
après-midi ce chiffre au député de Rosemont à la
présente séance de la commission.
Le député de Rosemont est retenu ailleurs et je viens
è sa demande pour recueillir les renseignements que vous pouvez nous
donner là-dessus.
M. Rochefort: Effectivement, Mme la Présidente, un article
de journal de la fin de semaine mentionne, lui, une compression
budgétaire de l'ordre de 17 000 000 $ dans le programme PAREL pour le
Québec. Je n'ai pas confirmé, ni infirmé un tel chiffre;
j'ai dit que je vérifierais les chiffres et que je fournirais une
réponse, d'autant plus qu'effectivement on m'avait indiqué que ce
matin, lors de l'étude des crédits du ministère des
Affaires intergouvernementales canadiennes, le ministre responsable de ce
ministère avait déposé un document faisant le bilan. J'ai
pris connaissance, après la période des questions, du document
qui a été déposé ce matin et nous sommes en
contact, actuellement, avec le ministère des Finances et le
Secrétariat aux affaires intergouvemementales canadiennes pour tenter de
concilier les différents chiffres qui ne sont pas absolument les
mêmes. Mais je ne suis pas en train de vous dire que fais miens les
chiffres de la presse en fin de semaine. Je veux être très
précis à ce sujet.
J'imagine que probablement d'ici la fin de la journée, sinon
dès que ce sera complété, je transmettrai
l'évaluation définitive des chiffres concernés aux
députés de Rosemont et de Deux-Montagnes.
Mais, indépendamment de l'ordre de grandeur qui pourrait varier
de 1 000 000 $ ou 2 000 000 $ dans un sens ou dans l'autre, je veux
réitérer ici une réponse que j'ai faite cet
après-midi et que j'avais déjà eu l'occasion de faire au
député de Pontiac, il y a quelques semaines, j'imagine, comme
quoi nous sommes en discussion, actuellement, avec le gouvernement
fédéral. J'ai rencontré le ministre fédéral
de l'Habitation à deux ou trois reprises. À chacune de ces
rencontres, j'ai eu l'occasion, notamment, de discuter de cette décision
prise par le gouvernement fédéral de couper son programme PAREL
au Québec, comme dans d'autres provinces. Je lui ai indiqué que
nous n'étions pas satisfaits des décisions qui avaient
été prises et que nous comptions qu'il révise les sommes
accordées au Québec pour que le Québec continue de
réaliser un programme d'aussi grande envergure en matière de
restauration domiciliaire qu'il a été en mesure de le faire au
cours des dernières années, compte tenu que c'est pour nous une
priorité très importante et cela paraît dans nos
différents budgets.
Je voudrais simplement souligner au député, en conclusion,
que je crois que c'est plutôt la présence du Parti libéral
du Canada à la tête des affaires de l'État qui a pu
créer la situation que nous connaissons, puisqu'il a réussi
à creuser un trou budgétaire de 36 000 000 000 $ à 37 000
000 000 $ pour la présente année, ce qui pourrait coûter
très cher au Québec, que ce qu'il décrit comme
étant le beau risque. Je dirai, d'ailleurs, que la présence
à Ottawa d'un gouvernement qui accepte, au moins, d'entendre les points
de vue du Québec nous a permis, justement, d'obtenir des gains,
notamment en habitation, au cours des derniers mois, gains qui ont
profité à l'ensemble des Québécois.
Mais, indépendamment de tout cela, quand j'aurais concilié
les différents chiffres, je serai heureux de les transmettre. Je
réitère que nous sommes en discussion avec le gouvernement
fédéral et que nous souhaitons obtenir gain de cause
là-dessus. Je vous soulignerai, toutefois, à vous comme à
tous les membres de la commission, que j'ai un certain nombre
d'appréhensions quant à la date fatidique du 23 mai prochain,
parce que, notamment dans sa déclaration budgétaire de novembre
dernier, M. Wilson considère que l'habitation est un secteur où
le gouvernement fédéral pourrait couper ses dépenses pour
essayer de diminuer le déficit budgétaire auquel il fait face.
J'imagine qu'en conséquence j'aurai donc à faire un certain
nombre de visites à Ottawa et j'espère que je pourrai compter sur
l'appui du député de Deux-Montagnes, du député de
Rosemont et des députés des deux côtés de la Chambre
dans les démarches que le Québec effectuera pour tenter d'aller
chercher sa juste part des sommes fédérales consacrées
à l'habitation.
M. de Bellefeuille: Mme la Présidente, le ministre,
effectivement, peut compter sur notre appui. Je voudrais le remercier de
l'engagement qu'il a pris de nous livrer les données précises le
plus tôt possible. Je prends acte de sa volonté de faire des
représentations - est-ce que ce serait trop m'avancer de dire qu'elles
seront vigoureuses? - vigoureuses auprès du gouvernement
fédéral. Je ne voudrais pas ajouter un mot
désagréable.
M. Rochefort: Cela va bien, là.
M. de Bellefeuille: C'est seulement pour dire amicalement qu'il
ne faudrait quand même pas chercher des boucs émissaires. Le
gouvernement fédéral actuel a pris certains engagements envers le
Québec et envers le gouvernement du Québec qui s'était
montré très amical. Il ne faudrait pas revenir en arrière
et dire que ces engagements ne pourront pas être tenus parce qu'il y a
commodément un bouc émissaire, l'ancien gouvernement
fédéral libéral. Je n'insiste pas plus, je
répète mes remerciements et mes félicitations au
ministre.
M. Rochefort: Je remercie le député de
Deux-Montagnes pour ses bonnes paroles, j'en prends bonne note. Je veux quand
même lui dire qu'effectivement les représentations qui seront
faites et qui ont d'ailleurs déjà été faites par le
ministre québécois de l'Habitation et le gouvernement du
Québec vis-à-vis du gouvernement fédéral quant au
dossier dont nous discutons actuellement seront tout aussi vigoureuses et
énergiques que celles que nous avons développées au cours
des huit dernières années avec le gouvernement
fédéral. Notre objectif n'est pas de rechercher un bouc
émissaire, mais nous devons constater la situation à laquelle
fait face le gouvernement fédéral; nous serions de mauvaise foi
de ne pas constater qu'il y a un trou budgétaire de l'ordre de 36 000
000 000 $ auquel, comme citoyens, comme payeurs d'impôts, nous sommes
intimement associés.
Je lui dirai, toutefois, que ça n'a pas pour but de remettre en
question des engagements et des demandes qui ont été faites,
à un point tel que nous sommes actuellement en discussion avec le
gouvernement fédéral. Ces discussions connaîtront un
aboutissement à la conférence fédérale-provinciale
des ministres de l'Habitation les 3, 4 et 5 juillet prochain, à Calgary,
dans le cadre de la négociation d'une nouvelle entente entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec en
matière d'habitation pour, justement, que le Québec puisse avoir
une plus grande marge de manoeuvre quant à la livraison et à
l'administration des différents budgets fédéraux et
québécois en matière d'habitation de façon à
éliminer le plus possible les dédoublements, les
procédures administratives. On veut que les sommes consacrées en
matière d'habitation servent directement à l'habitation, non pas
è l'administration et nous permettent d'atteindre les objectifs que nous
nous sommes fixés et pour lesquels nous avons consacré beaucoup
d'argent et beaucoup d'énergie au cours des dernières
années.
M. de Bellefeuille: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que, M. le
député de Bourassa, vous avez eu réponse à vos
questions?
M. Laplante: Oui, à la plupart, sauf pour le secteur
Angus.
M. Rodrigue: Effectivement, je pense avoir répondu aux
questions du député de Bourassa dans le dossier du boulevard
urbain Ville-Marie. Dans le dossier Angus, je veux rappeler que nous nous
sommes engagés, au mois d'août dernier, à réaliser
2040 unités d'habitation sur les terrains Angus, que nous avons pris des
engagements quant à une majorité de logements sociaux pour des
familles à faible et à moyen revenu, que jusqu'à
maintenant tout ce qui a été réalisé et tout ce qui
est en voie de l'être rencontre pleinement les engagements et les
objectifs que nous nous étions fixés dans le dossier Angus.
J'imagine bien que nous serons en mesure d'y arriver au cours des quatre
prochaines années, puisque c'est le calendrier fixé pour la
réalisation du projet Angus.
Quant à l'implication de la Société d'habitation du
Québec, évidemment, c'est la Société d'habitation
du Québec qui suit le dossier quant à la livraison des
différents programmes d'habitation sur le terrain Angus en fonction des
annonces qui ont été faites et, évidemment, aussi au
niveau des déboursés gouvernementaux nécessaires pour la
réalisation de l'ensemble du projet de la SOTAN. Justement, la SOTAN est
une société paramunicipale où siègent trois
représentants du gouvernement du Québec.
Finalement, quant à l'implication du gouvernement du
Québec dans le dossier de l'opération 20 000 logements, à
ma connaissance, l'opération 20 000 logements a profité de tous
nos programmes d'accession à la propriété, dont
Corvée-habitation, le programme d'accès à la
propriété pour les jeunes ménages. Les indications qui
m'ont été récemment fournies nous ont permis de conclure
qu'ils en ont profité pleinement et que nous ne sommes pas
étrangers, loin de là, au succès obtenu par
l'opération 20 000 logements à Montréal jusqu'à
maintenant.
Lourdeur administrative de Loginove
M. Laplante: D'accord. Juste une courte question, Mme la
Présidente. Peut-être que vous y avez répondu lorsque je me
suis absenté tout à l'heure, elle concerne Loginove. On a
actuellement des plaintes contre Loginove, si je prends notre
municipalité, et je fais abstraction d'un dossier spécial
là-dedans, car ce n'est pas la place ici pour discuter de ces dossiers.
En général, on dit que Loginove, c'est très lourd comme
machine avant d'arriver à des réponses pour l'acceptation de
projets. On trouve que c'est bien trop cloisonné que
c'est lent à donner des réponses, que les dossiers
prennent du temps à sortir. S'il n'y avait que ma municipalité
à se plaindre de cela, j'aurais dit: C'est parce que c'est nouveau, cela
commence, il faut que la roue se mette en marche. Je ne sais pas ce que vous
avez à me répondre là-dessus, mais s'il y a une
possibilité d'enlever tout ce qui accroche comme "bebelles", à un
moment donné, pour activer ces programmes, j'en serais fort heureux.
M. Rochefort: Mme la Présidente, je vais demander au
président de la Société d'habitation du Québec, M.
Angers, de répandre à cette question. Peut-être,
effectivement, a-t-il des problèmes comme il y en a dans tous les
programmes, mais on a quand même réussi à réaliser
14 000 unités de logement qui ont été
rénovées dans le cadre du programme Loginove depuis deux ans et
demi. La réaction des municipalités est plutôt de nous
dire: Donnez-nous-en plus, on souhaite en faire plus et on pense être
capables d'en faire plus. Sur les aspects administratifs, peut-être que
M. Angers pourrait ajouter quelque chose.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M.
Angers.
M. Angers (Bernard): Le programme Loginove, comme le disait M. le
ministre, est relativement populaire, c'est le moins qu'on puisse dire. II y a,
selon notre information, des dossiers vraiment bien "initiés" dans
chacune des municipalités. Il y en a 13 000 qui sont
déposés dans les municipalités. Or, le budget va tourner
autour de 5000 unités. Autrement dit, qu'il y ait des attentes, des gens
qui font des demandes et qui n'ont pas de réponse, c'est évident.
Notre volume d'affaires est tel qu'on fait de 5000 à 5500 unités
par année. Donc, il y a un certain nombre de demandes qui sont en
attente, c'est le cas de le dire. D'un autre côté, il y a
Équerre qui a levé Ja pression un peu de ce côté.
L'autre dimension importante là-dedans: c'est vrai que le programme
Loginove comporte certaines lourdeurs. Il y a trois types d'intervenants: il y
a la municipalité qui est vraiment au front, il y a les institutions
financières, particulièrement le Mouvement Desjardins, mais
d'autres institutions aussi, et il y a la Société d'habitation du
Québec. Cette lourdeur fait sans doute suite à une prudence qui a
peut-être été exagérée, compte tenu de
certaines tribulations que notre organisme a pu connaître au cours des
quinze années de son existence. Cela peut expliquer en partie cette
prudence, mais nous avons l'intention, par les ajustements que nous envisageons
de faire dans ce programme - on a procédé à une
évaluation il y a trois ans, il est de coutume, après trois ans,
que les gens regardent un peu ce qu'ils font -une certaine simplification pour
laisser d'abord entendre aux gens qui viennent voir les municipalités,
mon Dieu, que leur chance, ce ne sera pas cette année, mais leur donner
quand même une réponse quelconque, plutôt que de les laisser
dans l'attente.
Il y a des municipalités qui le font. Je leur dis:
Écoutez, si vous pouvez trouver d'autres moyens de réaliser vos
travaux, faites-le; autrement, compte tenu des budgets, des priorités,
cela va prendre un certain temps. Mais, effectivement, il y a certaines
lourdeurs dans le programme, on le reconnaît et on va essayer d'ajuster
notre tir.
M. Laplante: J'aurais seulement une suggestion pour finir. Les
citoyens ne comprennent pas PAREL, avec Loginove. PAREL accepte presque
automatiquement. Ils ont des réponses tout de suite au bout d'une
semaine, disant: Nous, on est d'accord, c'est accepté. C'est cela que
j'aimerais que vous expliquiez aussi aux municipalités parce que ceux
qui ont affaire à ces programmes-là se demandent: Pourquoi PAREL
accepte-t-il tout de suite et que les réponses ne viennent pas de notre
programme Loginove? (16 h 45)
M. Angers: Une simple réponse qui est peut-être
caricaturale. C'est peut-être que la Société canadienne
d'hypothèques... D'abord, vous savez que c'est un programme
jumelé. Le fédéral donne à peu près la
moitié de ce que le gouvernement du Québec donne
là-dedans. D'une certaine manière, la SCHL fait confiance
à la 5ociété d'habitation en se disant: On va donner un O.
K. préliminaire et la société va s'assurer que l'affaire
n'est pas trop mal faite. C'est peut-être un début, comme le
disait M. Rochefort tout à l'heure, d'une certaine présence de la
société dans certains programmes d'une autre juridiction.
M. Rochefort: C'est aussi une belle illustration de la
nécessité d'en venir à un programme unique.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député d'Ungava.
M. Lafrenière: C'est au sujet des villages nordiques. On
sait que, depuis quelques années, il y a un programme intensif de
construction dans les villages nordiques. Cette année, entre autres, on
parle de 185 habitations pour les Inuit du Nord du Québec. La question
que je me pose - c'est une chose qui se passe déjà dans les
Territoires du Nord-Ouest - Est-ce qu'il est envisagé par la
Société d'habitation du Québec de vendre un jour ces
habitations aux personnes qui les habitent?
M. Rochefort: M. Angers.
M. Angers: Vous savez que, dans le Nord québécois,
tous les immeubles sont propriété du gouvernement du
Québec, propriété de la société. Le
gouvernement s'est donné un programme assez clair, un programme
quinquennal couplé avec une addition du ministère des Affaires
indiennes pour accélérer le processus. Le programme est dans sa
quatrième année. C'est extrêmement dispendieux de
construire dans le Nord et, malgré tout, le programme va fort bien. Le
plan quinquennal no 1 devrait être terminé l'an prochain.
Vraisemblablement - je ne voudrais pas parler pour les autorités
gouvernementales -il y a tout lieu de croire que l'ensemble des bâtiments
sera touché qu'il s'agisse de rénovation ou de construction
nouvelle. Compte tenu des prix, des coûts de réalisation qui sont
de 105 000 $ et de 115 000 $ par unité de logement, selon qu'il s'agisse
d'une rénovation ou d'une construction nouvelle, compte tenu aussi des
revenus des citoyens de ces collectivités, il apparaît peu
vraisemblable que nous puissions escompter qu'un jour, d'après ce qu'on
peut voir, ils puissent se porter acquéreurs de ces immeubles autrement
que sur une base symbolique n'ayant rien à voir avec les coûts de
réalisation.
Cependant, les différentes collectivités sont
impliquées dans la programmation, la localisation des restaurations et
des constructions nouvelles, dans la formation des citoyens de ces
collectivités pour l'entretien de leur demeure, pour maintenir cela,
c'est le cas de le dire, en bon état.
Je vais y aller avec une anecdote. Nous avons reçu une demande
d'un citoyen d'une de ces collectivités qui voulait se prévaloir
du programme d'accession à la propriété ici dans le Sud,
qui prévoit des bénéfices extrêmement
intéressants, mais qui, de toute évidence, ne permet pas de se
porter acquéreur de ces bâtiments.
En fait, il n'y a pas eu de demande formelle formulée
auprès de la société par les collectivités en
question pour se porter acquéreurs de leurs bâtiments. En
pratique, les habitants sont chez eux, en famille et, mon Dieu, cela semble
aller relativement bien. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
M. Lafrenière: Oui, cela y répond en partie. Juste
une autre petite question. Avez-vous regardé le programme qu'il y a pour
les Territoires du Nord-Ouest?
M. Angers: Oui. Au niveau de la réalisation ou pour
essayer de développer des bâtiments qui soient efficaces au plan
énergétique et au plan de la résistance au cours des
années, les gens de la société, des gens du Nord qui nous
avisaient, sont effectivement allés se promener dans les
Territoires du Nord-Ouest pour essayer de dégager ce que
l'enseignement de plusieurs années de construction dans ces territoires
pouvait nous apporter ici. Cela a été fait. On croit comprendre
que la performance de nos bâtiments là-bas, les bâtiments du
gouvernement du Québec, dans la partie québécoise du Nord,
se compare plus qu'avantageusement avec l'expérience des autres
territoires à un point tel que les gens qui travaillent dans ce secteur
nous ont indiqué qu'ils commencent à recevoir de la visite,
c'est-à-dire que le phénomène inverse est en train de se
reproduire. Donc, l'expérience des Territoires du Nord-Ouest a servi au
chapitre de la conception des bâtiments, du design et de la
réalisation.
En plus, ici, il y a une expérience de formation de main-d'oeuvre
qui a cours; quand on peut le faire, on donne certaines parties des contrats de
réalisation à des entrepreneurs et à des
collectivités de type coopératif surtout. On leur donne la
possibilité de réaliser eux-mêmes certaines parties et
parfois même certaines constructions.
M. Lafrenière: Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avant de vous poser
quelques questions, je veux remercier le député de Pontiac qui a
une tolérance vraiment admirable.
Une voix: Vraiment unique.
M. Rochefort: II a un bon caractère.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Après tous les
compliments que le ministre a faits à ses collègues
ministériels, quand bien même on en ferait un à un
collègue du côté de l'Opposition, je pense qu'on ferait
juste...
M. Rochefort: J'en ai fait aussi à Mme la
députée de Chomedey, tantôt.
Manque de HLM
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon. Dans les
informations additionnelles que vous avez envoyées à
l'Opposition, vous avez, à la page 13, la liste des programmes offerts
et les offices municipaux d'habitation. Vous prévoyez, pour les
crédits 1985-1986, 140 879 000 $. Est-ce que vous pouvez me dire ce que
comprennent ces crédits? Est-ce que ce sont des crédits pour les
déficits d'exploitation des HLM ou pour la construction, ou en partie
l'un, en partie l'autre? Je voudrais savoir exactement ce que c'est.
M. Rochefort: M. Angers,
M. Angers: Je n'ai pas la page 13 pour
le moment, mais l'ordre de grandeur auquel vous faites
référence indique qu'il s'agit de la contribution du gouvernement
du Québec dans le financement des déficits d'exploitation des
HLM. En 1985, c'était de 144 000 000 $ auxquels s'ajoute une
contribution municipale qui représente...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Quelle serait la moyenne
par logement, par HLM, des déficits d'exploitation?
M. Angers: On va vous dire cela avec plaisir, Mme la
Présidente. Ce déficit a été stabilisé. Il
est inférieur à 290 $ par mois, présentement. Il
était de 312 $ il y a trois ans et, par différentes mesures, il a
été stabilisé au cours des années.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II a probablement
été stabilisé à partir de l'augmentation à
25 % du revenu des gens, etc.
M. Angers: Cela a été un facteur important. II y en
a eu d'autres aussi.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Tant mieux si c'est 290 $
au lieu de 315 $, on s'en réjouit tous. On a beaucoup parlé de
HLM. On sait qu'à Montréal il y a 7000 à a000 personnes au
moins qui sont sur des listes d'attente pour des HLM, soit des personnes
âgées, des personnes qui retirent de l'aide sociale ou des
personnes à revenu extrêmement limité. Dans votre livre
vert, apparemment, vous proposez comme hypothèse de penser à des
mesures de supplément de frais de logis, en opposition à l'ajout
de HLM. Je me sens toujours mal à l'aise vis-à-vis des trois qui
réussisent à entrer dans un HLM et des cinq autres qui sont aussi
misérables et qui ne peuvent jamais entrer dans un HLM parce qu'ils sont
remis d'année en année. Vous savez que les nuances sont
très ténues quand les décisions se prennent avec des gens
à revenu modeste ou, enfin, à revenu limité.
Je me dis: Si vous maintenez la formule des HLM comme elle est, il
faudrait accélérer parce que je pense qu'il y a une injustice,
à mon point de vue. Est-ce que vous prévoyez prendre une
décision dans un sens ou dans l'autre? Je comprends que vous êtes
en consultation mais vous devez quand même avoir des orientations.
Pouvez-vous me dire brièvement si vous allez prendre une décision
à brève échéance?
M. Rochefort: Déjà, on a mis en place, je pense,
depuis 1980, un programme d'allocation-logement pour les personnes
âgées qui est Logirente...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous auriez pu prendre
les autres.
M. Rochefort: Oui,... qui nous a permis effectivement de diminuer
la pression quant à la demande de HLM, jusqu'à un certain point,
pour les personnes retraitées. L'un des éléments
importants contenus au livre vert est une proposition de mise en place d'une
allocation-logement qui s'adresserait éventuellement aux ménages
les plus démunis, donc à ceux pour qui se loger constitue un
problème d'ordre financier considérable au point qu'ils doivent
souvent diminuer les budgets familiaux prévus pour se nourrir ou se
vêtir, donc pour des besoins très essentiels. Il est donc
envisagé dans le livre vert la mise en place d'une formule
d'allocation-logement qui se réaliserait non pas en opposition, mais
beaucoup plus en complémentarité avec le programme de
construction d'habitations à loyer modique. Cela fait partie des
réflexions que nous menons actuellement dans les suites de la
consultation sur le livre vert. J'espère qu'au cours des prochains mois
on sera en mesure de déboucher sur une proposition qui pourrait
être mise en place progressivement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Y a- t-il des calculs qui
ont été faits par le ministère? Par exemple, vous parlez
de 290 $ comme subvention moyenne par mois, mettons 300 $, c'est plus facile
à calculer, c'est une allocation de 3600 $ ou 3400 $, si on veut, par
famille qui habite les HLM. A-t-on fait des calculs pour savoir ce qui
arriverait si c'était appliqué différemment, par exemple
en allocation-logement? Prenant en considération vos projections de
construction de HLM pour trois, quatre ou cinq ans à venir - vous devez
en avoir, des projections, j'imagine, une espèce de plan triennal -
comment est-ce que cela s'équilibre? Finalement, qu'on aime cela ou pas,
on perpétue un type d'injustice, qu'est-ce que vous voulez, pour tous
ceux qui restent sur le carreau dans le moment.
M. Rochefort: Oui, effectivement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Même votre
allocation-logement, là où vous en avez, je ne crois pas que
ça corresponde à 3400 $ par année.
M. Rochefort: Non, effectivement, mais il faut quand même
voir que, s'il n'y avait pas cette allocation-logement pour les personnes
âgées, s'il n'y avait pas d'habitations à loyer modique
pour les personnes retraitées et les familles à faible revenu,
l'injustice serait encore plus grande et toucherait plus de gens. Là, ce
serait plutôt une injustice sociale qu'une injustice entre ceux qui
réussissent à en avoir et ceux qui ne réussissent pas
à en avoir. La mise en place de ces différents programmes
correspond à un besoin, répond à des
attentes réelles dans la population.
Dans notre réflexion jusqu'à maintenant, dans la mesure
où on mettrait en place un programme d'allocation-logement, il est
évident qu'il faudra qu'il y ait une certaine équité, en
termes de taux d'effort, c'est-à-dire de la portion du revenu
consacrée pour se loger pour les citoyens et les ménages qu'on
retrouve dans les HLM avec ceux et celles qui choisiront plutôt de
profiter du programme d'allocation-logement. On ne pourra sûrement pas
retrouver deux types de taux d'effort, j'imagine. Il va falloir mettre de la
cohérence entre les deux. Cela fait partie des réflexions que
nous menons actuellement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez dit
espérer prendre cette décision le plus rapidement possible.
Pouvez-vous donner un échéancier de, je ne sais pas, trois mois,
six mois?
M. Rochefort: J'ai dit au cours des prochains mois.
Évidemment, il faut voir que cela implique beaucoup de choses. Il faut
que cette réflexion se fasse aussi en fonction d'une révision
d'un certain nombre de programmes existants, qu'elle se fasse aussi pour une
réflexion qui concernera la réallocation des budgets du
gouvernement du Québec en matière d'habitation. L'une des
affirmations que nous avons faites autour du livre vert sur l'habitation, c'est
que nous considérons que, compte tenu de nos contraintes
budgétaires, nous ne prévoyons pas augmenter les budgets du
gouvernement du Québec en matière d'habitation, mais
peut-être essayer de les réallouer de façon qu'ils nous
permettent d'atteindre de manière plus précise encore les...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est le sens de ma
question. Au fur et à mesure qu'on augmente les HLM, si on joue toujours
à l'intérieur des mêmes sommes, on diminue la marge de
manoeuvre pour les subventions ou les allocations-logement. Ce sont des
nouvelles obligations qui s'ajoutent chaque année de financement de 3400
$ en moyenne par logis. À un moment donné, si on ne peut pas
ajouter à la masse, on se trouve à rétrécir la
marge de manoeuvre à l'intérieur pour établir soit un
effort égal ou une certaine équité entre des gens qui se
trouvent dans des conditions économiques analogues et qui n'ont pas
droit aux mêmes avantages.
M. Rochefort: Vous abordez une question très importante,
mais en même temps très complexe. Il faut voir, d'abord, que le
programme Logirente qui est administré actuellement par le gouvernement
du Québec est défrayé en totalité par le
gouvernement du Québec, alors que le programme d'habitations à
loyer modique est un programme partagé avec le gouvernement
fédéral. (17 heures)
Dans les démarches que nous menons, chaque année, avec le
gouvernement fédérai quant à la programmation de HLM, il y
a cette préoccupation et cette volonté du Québec d'aller
chercher le rattrapage qui est à effectuer, compte tenu des retards
accumulés en ce qui concerne le nombre d'unités d'habitations
à loyer modique sur le territoire du Québec. C'est ce qu'on
réussit à faire un peu chaque année.
Il faut voir aussi que, malgré le nombre important de
constructions nouvelles au cours des dernières années dans une
situation économique particulière, alors que les coûts
étaient très élevés par unité, nous avons
réussi à diminuer les déficits d'exploitation qu'on
retrouve dans les HLM. Donc, c'est pour cela que je vous disais tantôt
que ce programme d'allocation-logement ne doit pas être conçu en
opposition avec le programme d'habitations à loyer modique, mais
beaucoup plus en complémentarité avec ce programme, comme aussi
en complémentarité avec ce qu'on pourra faire en ce qui concerne
les organismes sans but lucratif et les coopératives d'habitation. ,
II faut vraiment bien intégrer toutes nos actions, de
façon que l'on soit équitable et qu'on réussisse à
faire plus avec peut-être le même budget.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je suis d'accord avec
vous. Quand j'ai placé en opposition les habitations à loyer
modique et les allocations-logement, ce que je voulais, c'était
davantage mettre en opposition deux clientèles semblables, finalement,
qui n'ont pas les mêmes ressources.
Cela étant dit, j'aurais une question précise touchant -
je ne sais pas si c'est à ce programme, en tout cas, mon collègue
m'a dit que je pouvais la poser - les condominiums.
M. Rochefort: Le moratoire sur la conversion des immeubles
locatifs en copropriété.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, non, du tout.
M. Rochefort: Non?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce n'est même pas
cela.
M. Rochefort: Excusez-moi. Je brûlais de discuter de
cela.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est l'administration
par les propriétaires ou les copropriétaires des immeubles...
M. Rochefort: En copropriété, actuellement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... en
copropriété, actuellement. Je sais que dans le projet de loi 20,
c'est-à-dire dans la révision du Code civil, il y a certains
articles qui touchent cette question de l'administration de ces immeubles ou de
ces propriétés. Il y a beaucoup d'insatisfaction,
présentement. J'ai beaucoup de représentations qui m'ont
été faites et qui me semblaient justifiées. Je vais juste
vous en citer quelques-unes au hasard. Par exemple... Oui?
M. Rochefort: Juste pour bien comprendre. Des
représentations quant à la situation actuelle ou quant au contenu
des dispositions du projet de loi 20?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Aux deux.
M. Rochefort: Ah bon!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est que le projet de
loi 20 ne viendrait pas corriger les lacunes actuelles. Par exemple: le droit
de vote des propriétaires, les prérogatives du conseil
d'administration, la nomination du Vérificateur général.
Je pourrais envoyer au ministre, s'il le veut, un dossier de remarques
précises, mais je ne voudrais pas qu'en cours de route ce soit
oublié.
J'ai regardé le projet de loi 20 et cela m'apparaît aussi
très vague. Peut-être qu'à certains égards il y a
des améliorations, mais cela me paraît très vague quant
à une modification des règles du jeu qui ferait qu'on pourrait
fonctionner un peu plus facilement. Je vais vous donner un exemple: quand
arrivent les votes, les procurations que les gens peuvent apporter aux
assemblées; j'ai eu un exemple dans un cas de 206 unités
où il y avait 80 procurations. Je ne sais pas combien de personnes
étaient présentes, je n'ai pas les détails devant moi. Sur
ces 80 procurations, 50 étaient détenues par trois personnes qui
étaient des membres du conseil d'administration. Je pense que, à
ce moment-là, c'est fort risqué qu'on arrive à un point
où tout est contrôlé par un petit groupe. Si je n'en avais
eu que d'un groupe, j'aurais dit: Ils ne s'entendent pas. Cela arrive partout
que des gens ne s'entendent pas. Alors, on est porté un peu à le
traiter en exception, mais ce n'est pas le cas. Ce sont de gros immeubles dont
il est question, des 200 et 150 logis. Cela m'apparaît important.
Enfin, ma question précise au ministre: Dans quelle mesure
s'intéresse-t-il à ce problème? Ses fonctionnaires
l'ont-ils examiné vraiment sous toutes ses coutures pour que cette
tâche d'administration en coopération, si on peut dire, soit la
plus efficace possible et ne décourage pas les gens d'essayer de vivre
ce nouveau mode communautaire, dans un certain sens?
M. Rochefort: Effectivement, notre préoccupation est celle
que vous évoquez en conclusion. Nous croyons que le mode d'accession
à la propriété par le biais du condominium est un mode de
vie qu'on doit encourager, qu'on doit faciliter, simplifier, mais, en
même temps, qu'on doit accorder une meilleure protection pour les
différents copropriétaires, les assurer aussi d'une meilleure
protection quant à leurs relations commerciales quand vient le temps de
devenir propriétaires.
Je serais très ouvert à l'offre que vous me faites de me
faire parvenir les différentes représentations qui vous ont
été faites. J'en discuterai avec mon collègue de la
Justice. Je pense, d'ailleurs, que le projet de loi 20 est à
l'étude article par article, ou sur le point de l'être en
commission parlementaire. S'il y a lieu, on y fera des retouches.
Déjà, ce que nous avions observé par rapport, justement,
aux représentations qui nous avaient été faites
jusqu'à maintenant, c'était que le projet de loi 20 correspondait
pour l'essentiel à l'ensemble des préoccupations que nous avions,
fondées sur les problèmes que nous avions éprouvés
et qui, justement, constituaient d'une certaine façon un frein quant
à l'accession à la propriété par ce mode
d'occupation. Je suis prêt à prendre connaissance, dès que
vous me les ferez parvenir, de vos remarques et à en discuter avec mon
collègue de la Justice. Ce que nous souhaitons, c'est que, justement,
par ce projet de loi, nous puissons être en mesure de conclure que nous
sommes maintenant dotés d'un régime de vie en
copropriété qui est moderne, qui est actualisé et qui
permet à tout le monde d'y trouver son profit, finalement.
Il faut aussi voir qu'il y a peut-être des choses qui
interviendront dans la loi d'application du nouveau Code civil et qui
pourraient peut-être préciser ou aller un peu plus loin qu'un
certain nombre de demandes. Au-delà de cela, j'accepte votre offre.
Faites moi parvenir vos remarques et on les regardera, quitte à ce qu'on
se revoie par la suite et qu'on puisse en discuter avec le ministre de la
Justice.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce qu'il y aurait
quelqu'un dans votre ministère qui serait prêt à rencontrer
ces gens?
M. Rochefort: Sûrement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Parce que, vous
savez...
M. Rochefort: 11 n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... à un moment
donné, il y a tellement de détails.
M. Rochefort: Ce sont des gens de Montréal?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, ce sont des gens de
Montréal.
M. Rochefort: Oui, je les ferai rencontrer par quelqu'un de
Montréal, il n'y a pas de problème, avec, évidemment,
quelqu'un du ministère de la Justice puisque ce sont eux qui assument la
responsabilité ultime de la révision du Code civil à cet
égard.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Une dernière
question, mon collègue, qui est très courte. On m'a fait part de
retards dans les remboursements de Corvée-habitation. Ma deuxième
question. Si la ville de Montréal acceptait de rembourser 1000 $ parce
qu'il y avait des subventions de la ville, est-ce que cela veut dire, que
Québec accepte nécessairement de verser les 3000 $ ou 2000 $,
puisqu'elle le remboursait dans le contexte de Corvée-habitation?
M. Rochefort: Cela dépend de la phase de
Corvée-habitation. Il y a eu cinq phases. Mais peut-être que M.
Jean-Paul Beaulieu, qui est vice-président de la société
et coordonnateur de Corvée-habitation, pourrait répondre à
vos questions.
M. Beaulieu (Jean-Paul): Mme la Présidente, il y a les
phases 3 et 4 qui avaient des subventions de 3000 $ en plus des subventions de
1000 $ dans la phase 4.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est une maison qui a
démarré en 1983 et qui a été terminée en
novembre 1983.
M. Rochefort: Mme la Présidente, je
préférerais, si c'est un cas particulier, que vous me fassiez
parvenir la situation précise de la personne. On fera sortir le dossier
à Corvée-habitation et on sera en mesure vraiment de vous fournir
une réponse qui correspond vraiment à la situation du
ménage concerné plutôt qu'une réponse qui pourrait
être un peu théorique et s'appliquer plus ou moins à cette
situation.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): De façon
générale, il n'y avait pas de retards indus qui, s'ils y avaient
droit, survenaient.
M. Beaulieu: Mme la Présidente, évidemment, on a
été un peu enterré vers la fin des phases 3 et 4 à
cause du succès du programme. On a eu, à un moment donné,
un "backlog" - excusez l'expression, - un retard qui s'est accumulé
durant une période, mais, qui actuellement, est en retrait
définitif. Il y a quelques dossiers qui sont restés
accrochés pour des détails techniques: ou bien il y a eu des
signatures oubliées ou bien des particularités légales qui
n'ont pas été définies. Pour votre cas, on va faire une
vérification et vous donner une réponse assez rapidement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie. Alors,
M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente. On va commencer
avec...
M. Rochefort: Frais et dispos.
M. Middlemiss:... les HLM. L'an passé, au moment des
crédits, on avait tenté d'établir, dans la programmation
1984-1985 le nombre d'unités avec la Société canadienne
d'hypothèques et de logement. Je pense qu'on parlait de 2700 dans le
domaine des HLM et de 2000 pour les organismes à but non lucratif.
Est-ce que c'est le nombre d'unités qu'on a eues cette année ou
si c'était plus?
M. Rochefort: Cette année, ce sont 2700 unités.
M. Angers: Comprenant HLM, suppléments au loyer et
Sociétés municipales.
M. Middlemiss: L'année qui vient de passer. Dans la
nouvelle programmation?
M. Rochefort: Non, celle sur laquelle nous sommes à
travailler.
M. Middlemiss: D'accord. L'an passé, donc, lorsqu'on
parlait de 2700 dans le domaine des HLM, non pas pour le privé...
M. Angers: Simplement pour clarifier certaines choses, c'est que,
bon an ma! an, le fédéral donne un certain nombre maximal
d'unités à l'intérieur duquel il va accepter les projets.
La même chose se produit au niveau du gouvernement du Québec: bon
an mal an, il nous donne une enveloppe et généralement cela se
concilie fort bien. En sus de cela, ce qu'on appelle la programmation comporte
généralement un nombre supérieur à cela parce que
cela s'étale sur deux ou trois ans. Mais les engagements
budgétaires, tant du gouvernement du Québec que du gouvernement
fédéral, se concilient année après année.
Ils sont cette année de l'ordre de 2700 unités, tout compris.
M. Middlemiss: Ce qui est la même chose qu'au moment du
dernier exercice financier. D'accord.
J'ai vu - et je crois que vous en avez été informé
- un changement de politique pour les gens qui demeurent dans des HLM au sujet
des frigos et des cuisinières. J'aimerais demander au ministre, qui
connaît la question, si quelque chose a été fait dans ces
dossiers et quelle a été la conclusion.
M. Rochefort: Mme la Présidente, effectivement, j'ai
été sensibilisé aux différents dossiers qui sont
arrivés soit à mon bureau ou à la Société
d'habitation du Québec quant à des problèmes qu'auraient
pu vivre des citoyens, sauf qu'ils sont différents les uns des autres.
J'aimerais que le député nous soumette un cas précis ou
qu'il me le soumette è l'extérieur de la Chambre et je lui dirai
concrètement, par rapport à cette situation, à cette
demande, quel suivi a été fait. Il n'y a pas de problème.
Il me fera plaisir de lui donner copie de ta correspondance
échangée. Compte tenu du fait que j'ai dû avoir dix ou
douze cas qui m'ont été soumis qui étaient tous
différents les uns des autres, je ne voudrais pas vous fournir une
réponse qui ne serait peut-être pas celle qui s'applique au cas
que vous avez en tête. Mais si vous voulez «n'indiquer à
quel cas vous faites allusion, je vous fournirai copie de la correspondance. Il
n'y a pas de problème.
M. Middlemiss: C'est le cas où dorénavant les
locataires vont être obligés d'acheter le frigo et la
cuisinière. On va leur donner 1, 50 $ ou 3 $ par mois pour compenser. La
plupart sont des gens âgés qui ne veulent pas
nécessairement acheter. Â cet âge-là, ils ne veulent
pas investir dans un frigo et dans une cuisinière.
M. Rochefort: En termes d'orientation générale, on
tient pour acquis que les citoyens qui habitent un logement qui n'est pas un
HLM ont un frigo et un poêle, une cuisinière, que normalement ils
sont encore en bon état et qu'ils pourraient les utiliser en les amenant
dans l'habitation à loyer modique qu'ils se sont vu octroyer. C'est
notre orientation générale et cela ne semble pas poser de
problème majeur.
M. Middlemiss: Est-ce que normalement, dans un HLM, on ne fournit
pas le frigo et la cuisinière?
M. Rochefort: Oui, mais, comme M. Angers me le souligne, la
situation antécédente créait des problèmes
où des gens, des ménages nous reprochaient de les forcer à
vendre leur cuisinière et leur réfrigérateur pour prendre
ceux et celles qu'on leur fournissait dans les unités d'habitation, les
HLM.
M. Middlemiss: Je vais vous soumettre les cas
individuellement.
M. Rochefort: C'est cela. Fournissez-les moi et cela me fera
plaisir de vous transmettre la correspondance en tout temps, M. le
député.
M. Middlemiss: D'accord. Maintenant, peut-être qu'on peut
passer à Logirente. On a fait des changements. En 1981, le gouvernement
avait promis d'étendre Logirente aux gens de 55 è 60 ans. Est-ce
que vous prévoyez - je pense que maintenant, on est rendu à 60
ans - aller à 55 ans et, si oui, quand?
M. Rochefort: C'est toujours notre intention de respecter notre
engagement électoral; c'est la marque de commerce du gouvernement auquel
j'appartiens et nous espérons être en mesure de le faire dans des
délais raisonnables. Déjà, il faut reconnaître que
les citoyens de 60 ans et plus, donc les citoyens de 60, 61, 62, 63 et 64 ans
bénéficient pour la première fois cette année du
programme Logirente, de la même façon que ceux de 65 ans et plus
en bénéficiaient depuis 1980, je pense, ce qui, d'ailleurs, fait
monter le nombre de bénéficiaires prévus pour
l'année 1985-1986 à plus de 30 000 ménages. Effectivement,
nous n'avons pas oublié cet engagement électoral, M. le
député, et dans la mesure du possible, nous y donnerons suite.
(17 h 15)
M. Middlemiss: Aussi, dans Logirente, est-ce que le ministre
envisage de réduire à 25 % du revenu comme dans les cas des HLM
le critère d'accessibilité?
M. Rochefort: Non, pas pour l'instant par une décision ad
hoc, mais, comme je l'ai exprimé tantôt à Mme la
Présidente, Mme la députée de L'Acadie, il est
évident que, dans les réflexions que nous menons actuellement
dans le cadre du livre vert "Se loger au Québec", une de nos
préoccupations sera d'arrêter un certain nombre d'orientations
quant au taux d'effort demandé aux ménages, quelle que soit la
formule d'aide dont ils bénéficient, et j'imagine que nous ferons
les ajustements nécessaires à ce moment. On ne veut pas quand
même y aller à la pièce. Je pense qu'il faut regarder cela
dans son ensemble.
M. Middlemiss: C'est bien. Maintenant, au programme
Équerre, est-ce qu'on pourrait nous donner le coût des inspections
du programme pour l'an passé? Qui a fait les inspections? Si cela a
été donné par contrats, comment les a-t-on octroyés
et à qui?
M. Rochefort: M. Angers va répondre à ces
questions.
M. Angers: Concernant la question générale de
l'inspection, je n'ai pas les données du coût unitaire, mais on
pourra vous les fournir, à moins qu'on ne les donne tout de suite. Quant
à celui qui à fait les inspections, il y a un certain nombre
d'années que je travaille au gouvernement et je dois vous avouer que
j'ai rarement vu une chance donnée à autant de coureurs. Les
inspections ont été faites en majorité par les inspecteurs
du ministère de l'Habitation pour plus de 50 %, 55 % ou 60 %.
M. Rochefort: Quand on dit du ministère, on parle de la
Direction générale de l'inspection.
M. Angers: C'est cela, sous l'habile direction ou la houlette de
mon supérieur ici. L'autre partie a été effectuée
par des inspecteurs accrédités qui ont suivi des cours, qui ont
été reconnus comme capables d'exercer leur métier dans le
cadre du programme Loginove. Cela veut dire qu'automatiquement on a reconnu
intégralement tous les inspecteurs des municipalités qui
bénéficient de Loginove et qui ont leur réseau
d'inspection. En plus de cela, on a ouvert un concours pour tous ceux qui
voulaient se qualifier dans le cadre du programme Loginove, les GRT, les
groupes de ressources techniques - il y en a qui se sont qualifiés - et
certaines firmes privées. Cela a été vraiment une
distribution en fonction de la localisation des inspections à faire en
donnant priorité aux inspecteurs qui étaient déjà
à l'emploi du gouvernement et qui avaient des disponibilités. On
pourra vous donner la liste.
M. Rochefort: À titre indicatif, à la Direction
générale de l'inspection, il y a 28 personnes occasionnelles et 2
employés permanents qui ont réalisé au-delà de 28
373 inspections. Cela a généré des coûts de 175 000
$ en frais de voyage et de 550 000 $ en traitements pour la phase 1. C'est pour
la portion qui a été effectuée par la Direction
générale de l'inspection.
M. Middlemiss: C'est trop compliqué pour me donner cela.
Je pourrais attendre que vous me le fassiez parvenir.
M. Angers: On va vous donner tout cela. On a la liste de tous les
gens, de toutes les institutions qui sont accrédités à des
fins d'inspection et le nombre de personnes qui peut être affecté
à ce type d'inspection.
M. Middlemiss: Ce qui a été octroyé, disons,
à l'extérieur du ministère, dans les municipalités,
cela a été donné à des entreprises
privées?
M. Angers: Ou à des groupes de ressources techniques. Par
exemple, les Habitations populaires, à Trois-Rivières, l'Atelier
de logements communautaires des Bois-Francs, etc., et certaines firmes qui
étaient accréditées ou qui se sont
accréditées dans le cadre de Loginove. Ici, j'ai quelques firmes.
Cela a été l'équivalent d'un appel d'offres ouvert
à tout le monde dans le cadre des exigences du programme Loginove.
M. Middlemiss: Avez-vous une idée du coût total?
M. Angers: J'aime mieux attendre. Si on peut vous le donner, on
va le faire; sinon, on vous transmettra l'information.
M. Middlemiss: Très bien. Est-ce qu'on peut passer
à une autre question?
M. Angers: C'est 1 500 000 $, m'indique-t-on, environ 50 $ par
inspection.
M. Middlemiss: Je sais que, sur le formulaire de
Corvée-habitation, vous ne demandiez pas aux candidats quel était
leur revenu. Mais, dans vos statistiques, quel était le revenu moyen
d'un participant au programme Équerre?
M. Rochefort: Pour la phase I du programme Équerre, sauf
erreur, les deux tiers des ménages qui ont profité de ce
programme avaient des revenus inférieurs à 40 000 $.
M. Middlemiss: Autour de 35 000 $?
M. Rochefort: Dans la phase I. Je parle du programme
Équerre. Pardon? C'est cela. 11 y a 46 % des revenus familiaux bruts
inférieurs à 30 000 $; deux tiers de moins de 40 000 $; la valeur
moyenne des propriétés est de 36 000 $; deux tiers des
bâtiments ont une valeur inférieure à 40 000 $.
M. Middlemiss: On va revenir au programme Loginove. J'aimerais
poser des questions sur les coupures de PAREL, etc. Ce qui m'étonne, et
cela a paru dans le Devoir du 6 mars, c'est que M. Lasnier dit que le
ministère fédéral s'apprête à
réaffecter ces fonds, soit 2 900 000 $ dans le cas du Québec,
à des projets de constructions neuves. Est-ce que ceci n'est pas un peu
dans une direction opposée à ce que le Québec veut et
à ce dont le Québec a besoin? Je pense qu'on met l'accent sur la
rénovation parce qu'on en a énormément besoin. Est-ce que
vous avez eu l'occasion
d'en discuter avec votre homologue fédérai, lui expliquant
que chez nous, ici au Québec, peut-être que c'est plus important
de continuer notre rénovation que de mettre d'autres fonds dans de
nouvelles constructions?
M. Rochefort: S'il y a une chose que le ministre
fédéral de l'Habitation sait, je pense que c'est bien
celle-là, que, pour le Québec, la priorité doit être
accordée à la rénovation. On l'a manifesté par deux
programmes québécois de la Société d'habitation du
Québec. Lorsque nous nous sommes rencontrés, il a reconnu que,
s'il y a une province qui a bien assumé ses responsabilités, bien
indiqué ses priorités et atteint ses objectifs en matière
d'habitation, eu égard à la rénovation domiciliaire, c'est
bien le Québec. Le fédéral est bien conscient de cela.
Quant au texte auquel vous faites allusion, c'est une déclaration d'un
fonctionnaire ou d'un attaché politique du ministre
fédéral, et moi, je n'ai pas eu de contact avec l'attaché
politique.
M. Middlemiss: D'accord. Il est du bureau de M. McKnight.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Middlemiss: D'accord. Il semble que c'est l'adjoint
spécial du ministre du Travail.
M. Rochefort: Ce que je pourrais vous dire là-dessus,
c'est qu'il existe une entente entre M. McKnight et moi, à savoir qu'il
ne touchera pas aux orientations des différents programmes
fédéraux d'habitation qui impliquent le Québec sans que
nous ayons été consultés. Alors, n'ayant pas
été consulté à nouveau, je prends acte qu'il
s'agissait probablement de réflexions à haute voix.
M. Middlemiss: D'accord. Dans le programme PAREL, le gouvernement
canadien semble indiquer qu'il y aurait de l'argent pour 4100 logements
comparativement à l'an passé où le nombre était de
5300. Le gouvernement du Québec prévoit 5100 logements. Il y a
donc un écart de 1000. Est-ce que le gouvernement du Québec, par
le truchement de la Société d'habitation du Québec, va
remplacer la part du gouvernement fédéral qui est de l'ordre de
20 %? En d'autres mots, est-ce qu'il y a des gens qui vont
bénéficier seulement de PAREL ou bien...
M. Rochefort: Pas seulement de PAREL, seulement de Loginove,
là.
M. Middlemiss: II va certainement y avoir des cas... Oui, qui
vont bénéficier seulement de Loginove et qui n'auront pas droit
à PAREL.
M. Rochefort: D'abord, il faut bien savoir que le gouvernement
fédéral ne nous accorde pas des unités, mais des budgets
et, selon le taux moyen de subvention, cela nous permet d'avoir une idée
du nombre d'unités. Ce qui explique, pour l'essentiel, l'écart
entre les deux nombres d'unités, ce sont les années
financières. La programmation de la SHQ est fondée sur
l'année financière du gouvernement du Québec, donc du 1er
avril au 31 mars, alors que la programmation de la SCHL est fondée sur
l'année civile. C'est ce qui explique l'écart.
Non, ce n'est pas notre intention de suppléer à des
décisions de compressions budgétaires du gouvernement
fédéral. On pense que le gouvernement fédéral a une
responsabilité importante en matière d'habitation qu'il a
assumée d'une façon X, Y, Z au cours des dernières
années et qu'il doit continuer à assumer. Ce serait beaucoup trop
facile, une incitation beaucoup trop grande à faire des compressions
budgétaires au Québec sachant que le gouvernement du
Québec remplirait les engagements ou répondrait aux
appétits créés par les programmes fédéraux
dans les années précédentes. Je pense que ce serait
attirer le diable chez nous et telle n'est pas notre intention.
M. Middlemiss: Dans le domaine du PAREL rural, où ce n'est
pas complété par Loginove, il y a une coupure de 13 000 000 $. On
peut dire qu'il y a le programme Équerre, mais celui-ci ne touche
réellement pas la même couche de la société. On ne
peut pas faire des rénovations au même prix. Je pense que, pour
Loginove et PAREL, c'était de l'ordre de 19 000 $ au total et, dans le
programme Êquerre, c'était pas mal plus bas que cela.
Est-ce que le ministre a pensé que, dans les régions, dans
les municipalités de moins de 2000 habitants, ces gens-là
devraient avoir la même chance de faire des rénovations et de
bénéficier de Loginove?
M. Rochefort: La décision du gouvernement du
Québec, que nous avons reconfirmée chaque année depuis la
mise en place du programme Loginove, est d'arrimer les deux programmes pour -
je ne m'en cache pas - d'abord nous assurer d'avoir un programme qui soit
efficace, qui nous permette vraiment de réaliser des rénovations
importantes selon les besoins. D'autre part, nous voulons absolument nous
assurer que le gouvernement fédéral assumera pleinement ses
responsabilités et que nous ne nous mettrons pas dans une situation
où nous serions forcés d'assumer des responsabilités du
gouvernement fédéral parce que le gouvernement
fédéral déciderait de ne pas prolonger son programme.
La revendication traditionnelle du
Québec dans ce programme est de faire en sorte que le
gouvernement fédéral étende PAREL à l'ensemble des
municipalités de façon qu'on puisse élargir le programme
Loginove, nous aussi.
Deuxièmement, l'objectif que nous visons dans les discussions que
nous avons actuellement avec le gouvernement fédéral, c'est
d'arriver à une nouvelle formule d'entente qui prévoirait une
enveloppe globale qui nous permettrait d'être partie prenante à la
livraison de tous les programmes d'habitation sur notre territoire - ce qui
n'est pas le cas du programme PAREL rural, dois-je vous le rappeler - et qui
nous permettrait éventuellement par la suite aussi de réorienter
peut-être un certain nombre de sommes en fonction des priorités
définies par le Québec en matière d'habitation.
Il est évident que dans la situation actuelle je pense que le
gouvernement fédéral doit assumer les responsabilités
qu'il s'est lui-même créées en mettant en place un
gouvernement à côté des interventions du Québec et
par-dessus la tête du Québec dans la rénovation rurale.
Quant à nous, nous voulons nous assurer que le gouvernement
fédéral ira dans le sens de nos demandes pour que nous puissions
par la suite intervenir, nous aussi, en milieu rural.
M. Middlemiss: Ma question est surtout dans le sens de
l'équité afin que les gens dans les régions aient aussi
l'occasion de bénéficier d'un programme comme Loginove.
M. Rochefort: II faut quand même rappeler qu'il n'y a que
107 municipalités urbaines du Québec qui
bénéficient du PAREL urbain, donc du programme Loginove. Je pense
que le problème d'équité est beaucoup plus grand, plus
large que celui que vous décrivez. Notre préoccupation est de
régler tout le problème d'équité.
Corvée-habitation
M. Middlemiss: Quant à Corvée-habitation, je pense
qu'on a touché ce matin les 0, 125 $ l'heure que les travailleurs
donnaient. Je ne sais pas si le ministre est d'accord que ceci va affecter la
rente des travailleurs.
M. Rochefort: Comme je l'ai dit ce matin, des discussions ont
lieu actuellement autour de cette question, notamment à l'Office de la
construction du Québec qui, j'imagine, par la suite, aboutiront au
conseil d'administration de Corvée-habitation, II y a bon nombre de
travailleurs qui ont déjà réglé ce qui pourrait
être un problème à leurs yeux en achetant des REER
additionnels. C'est une décision, je vous le rappelle, qui a
été prise par les centrales syndicales et qui a été
entérinée par leurs membres pour les centrales qui ont
spécifiquement consulté leurs membres. Je pense qu'il faut voir
que, si un jour leur régime de retraite devait être affecté
par leur contribution, il aurait été beaucoup plus affecté
par l'unique réception de prestations d'assurance-chômage ou
d'aide sociale que par un salaire à peu près complet dans la
construction. (17 h 30)
M. Middlemiss: En d'autres mots, vous dites que le...
M. Rochefort: Ce que je dis, c'est que les travailleurs qui ont
profité de Corvée-habitation ont réussi à voir leur
emploi soutenu ou créé. Cela leur a donc donné un revenu
beaucoup plus important que celui qu'ils auraient eu par des prestations
d'assurance-chômage ou d'aide sociale, ce qui aurait une
conséquence beaucoup plus considérable sur leur fonds de
retraite, si la ponction de 0, 125 $ devait avoir un jour une
conséquence sur leur fonds de retraite.
M. Middlemiss: Vous présumez que, de mai 1983 à la
fin du programme de Corvée-habitation, sans ce programme, il n'y aurait
pas eu autant de construction au Québec.
M. Rochefort: Oui. C'est évident, oui. M. Middlemiss:
D'accord, merci.
M. Rochefort: J'imagine que vous partagez notre
évaluation, M. le député.
M. Middlemiss: On verra. M. Rochefort: Mon Dieu!
M. Middlemiss: Le temps le dira. Ce matin, j'ai dit que
l'acheteur moyen qui se prévalait du programme Corvée-habitation
faisait un salaire de l'ordre de 35 000 $ et plus. Est-ce que ces statistiques
sont exactes?
M. Rochefort: Effectivement, la moyenne de salaire des acheteurs
qui ont bénéficié de Corvée-habitation est de 35
000 $. Je veux quand même attirer l'attention des membres de la
commission sur le fait que 31 % des ménages avaient des revenus
inférieurs au revenu familial annuel moyen de 1982, que près de
80 % des bénéficiaires étaient des locataires auparavant,
que 76 % d'entre eux ont affirmé qu'ils n'auraient pas acheté
à ce moment-là s'ils n'avaient pu bénéficier du
programme Corvée-habitation. Je veux aussi rappeler au
député que Corvée-habitation n'était pas un
programme qui permettait d'accéder à la propriété
dite de luxe, mais bien à des propriétés limitées
à 60 000 $ pour une maison unifamiliale. À un tel point,
d'ailleurs, que je vous dirai que j'ai rencontré récemment
des constructeurs qui oeuvrent dans le domaine de la construction un peu plus
dispendieuse qui nous ont dit que, pendant Corvée-habitation, il y avait
eu peu d'activité mais que, tout à coup, leurs activités,
pour le type de résidences qu'ils construisent, soit d'à peu
près 100 000 $ en moyenne, avaient pris un nouvel élan. Cela
indique jusqu'à quel point les limites fixées par
Corvée-habitation quant au coût de la résidence
correspondaient à des ménages à revenu moyen.
M. Middlemiss: Est-ce que, oui ou non, vous dites que la moyenne
de salaire des gens qui ont bénéficié de
Corvée-habitation était de 35 000 $?
M. Rochefort: La moyenne était de 35 000 $, oui.
M. Middlemiss: D'accord. Êtes-vous également
d'accord pour dire que 50 % des gens qui ont acheté en vertu du
programme Corvée-habitation auraient acheté quand même?
M. Rochefort: Non.
M. Middlemiss: Est-ce que ce ne sont pas les résultats que
vous avez eus dans votre...
M. Rochefort: Non, absolument pas. Dans l'évaluation qui a
été faite, 76 % des ménages québécois qui
ont profité de Corvée-habitation nous affirment d'emblée
qu'ils n'auraient pas procédé à l'achat d'une
propriété s'ils n'avaient pu bénéficier du
programme Corvée-habitation.
M. Middlemiss: Est-ce que c'était à ce
moment-là ou si, éventuellement, ils seraient devenus
propriétaires d'une maison?
M. Rochefort: Je ne peux répondre pour l'avenir. Eux non
plus, j'imagine, compte tenu du fait qu'ils ne connaissaient pas les taux
d'intérêt hypothécaire que leur réservaient les
prochaines années, pas plus que moi, je ne peux vous dire ce qu'ils
seront l'an prochain. Ce que je sais, c'est qu'ils n'auraient pas
acheté. D'ailleurs, le nombre de mises en chantier des années
1981 et 1982 particulièrement, avant la mise en place du programme
Corvée-habitation, nous donne une bonne idée du type de
décision que prenaient les ménages québécois qui
souhaitaient accéder à la propriété à cette
période.
M. Middlemiss: Je pense qu'il faut réaliser aussi
qu'à partir de 1983 les taux d'intérêt fluctuaient entre 11
% et 13 %. Est-ce que le climat de confiance n'était pas revenu
aussi?
M. Rochefort: Exactement. Mme la Présidente, le
député met le doigt sur la question. Au-delà du niveau du
taux hypothécaire du moment, qui n'est pas une question de peu
d'importance, au contraire, il y a justement une question de confiance dans une
période économique. Et, à l'époque, non, il n'y
avait aucune confiance de la part des consommateurs québécois,
comme des consommateurs de l'ensemble du monde occidental, quant à la
stabilisation des taux d'intérêt et, donc, aussi, du taux
d'intérêt hypothécaire. Cette absence de confiance, cette
psychose des taux d'intérêt hypothécaire - je pense qu'on
doit l'appeler de cette façon - faisait en sorte que, même si les
taux avaient diminué pendant un mois ou deux à 9 % ou à 10
%, les gens n'auraient quand même pas accédé à la
propriété, ne sachant pas ce que leur réservaient les mois
et les semaines qui allaient suivre. Actuellement, les résultats que
nous obtenons quant aux mises en chantier nous indiquent non seulement que
Corvée-habitation a créé un élan, un mouvement
favorisant l'accession à la propriété même s'il n'y
a pas de programme actuellement, mais que là le climat de confiance
quant à la stabilité des taux d'intérêt
hypothécaire semble s'être installé chez les consommateurs
québécois. Cela demeure quelque chose de très fragile. Je
vous rappellerai qu'il y a encore quelques mois, quand les taux
d'intérêt ont commencé à sembler vouloir aller en
croissant continuellement, on a senti qu'on n'était pas loin de
recréer une psychose si cela avait duré un mois ou deux de plus.
Au contraire, cela s'est résorbé et la confiance s'est
maintenue.
Je pense qu'il faut aussi souligner que, justement, les consommateurs
québécois ont manifesté une bien plus grande confiance
dans la situation économique, dans la relance économique du
Québec puisqu'ils ont procédé à l'achat de
nouvelles résidences au cours des derniers mois en l'absence totale de
programme, en tout cas en nombre beaucoup plus grand proportionnellement
à l'ensemble des autres provinces canadiennes.
M. Middlemiss: Sauf l'Ontario qui maintient... Le dernier
mois.
M. Rochefort: Non, non, non, non. En avril dernier, mais, en
janvier, février et mars 1985, nous sommes passés de 31 %
à 40 % des mises en chantier qui se sont faites au Canada.
M. Middlemiss: Normalement, l'hiver, c'est une période
où il n'y en a pas assez. C'est peut-être un résultat de la
fin de Corvée-habitation.
M. Rochefort: Mais non. M. le député, vous me
dites: C'est une période où il n'y en a pas. On a connu une
augmentation de 20 % en avril par rapport à avril 1984 et de 14 % par
rapport à janvier, février et mars 1984. C'était l'hiver
aussi en 1984, ça l'est aussi en 1985, tout aussi rigoureux, j'imagine,
avec ce que cela implique. Or, on a augmenté notre nombre de mises en
chantier contrairement aux autres provinces qui vivent, évidemment,
elles aussi, l'hiver.
M. Middlemiss: Combien d'unités de HLM? Est-ce qu'il y a
eu des HLM qui ont été mis en chantier en janvier et
février cette année? Quel nombre?
M. Rochefort: Oui, on me dit oui. Ce ne sont pas les HLM qui ont
influencé les statistiques, si c'était votre
préoccupation.
M. Middlemiss: Je vais lire une lettre -c'est un cas
spécial auquel j'ai fait référence ce matin, de personnes
qui ont acheté en pensant être qualifiées pour
Corvée-habitation pour s'apercevoir un peu plus tard que l'entrepreneur
qui avait construit n'était pas accrédité. C'est une
lettre qui venait du cabinet du ministre - ce n'était pas vous, M. le
ministre, mais votre prédécesseur - en date du 24 juillet,
adressée à M. Samy Doss. La lettre était envoyée
par Mme Monique Prince. M. Doss avait tenté de sensibiliser le ministre,
lors d'une rencontre, à un problème qu'il avait. Le ministre
semblait lui dire: Ce n'est pas possible, si tu es qualifié pour
Corvée-habitation, il faut que ton entrepreneur soit
accrédité par un organisme tel que l'APCHQ ou la PCQ.
Je vais vous lire la lettre: "Monsieur, permettez-moi d'abord de vous
remercier d'avoir porté à l'attention du ministre, M. Guy Tardif,
les problèmes que vous avez rencontrés à l'achat de votre
condominium subventionné dans le cadre de Corvée-habitation.
"À la suite de nos conversations téléphoniques et
après que les responsables du programme Corvée-habitation eurent
communiqué avec votre épouse, voici comment se présente la
situation. Il est vrai que la municipalité a accordé à
l'entrepreneur les permis de construction afférents à la mise en
chantier d'immeubles multifamiliaux de type duplex. Au moment de la mise en
vente, les immeubles ont été subdivisés en condos
après qu'une telle subdivision cadastrale eut été
acceptée par les services concernés au ministère de
l'Énergie, des Mines et des Ressources. "Ville LaSalle a donc
été placée devant un fait accompli puisque le plan de
cadastre proposé respectait les réglementations afférentes
aux lois sur les biens culturels, sur le zonage agricole et sur
l'aménagement. "Par ailleurs, le programme Corvée- habitation
prévoyait que chaque unité devait être couverte par un plan
de garantie de l'une ou de l'autre des associations d'entrepreneurs, soit
l'APCHQ et la FCQ. "A l'époque où a été
complétée la section 2 du formulaire d'admissibilité
à Corvée-habitation en novembre 1982, l'entrepreneur a
déclaré que l'immeuble était enregistré au
programme de certification des maisons neuves de l'APCHQ. Cependant, ce n'est
que plus d'un an après le parachèvement des travaux, soit en
avril dernier, qu'il a acheminé sa demande d'accréditation
à l'APCHQ, laquelle est actuellement à l'étude. "Advenant
le cas où l'APCHQ accepte la demande de l'entrepreneur, celui-ci
pourrait alors servir d'arbitre pour les points en litige entre les acheteurs
et l'entrepreneur sur la base des normes du Code national du bâtiment.
Dès qu'une décision sera rendue sur ce cas, je m'empresserai de
vous la faire connaître. "D'un autre côté, même si
Corvée-habitation a déjà rendu une décision
d'admissibilité quant à l'immeuble concerné et ce, sur la
base d'une couverture par un plan de garantie, les administrateurs pourraient
éventuellement poursuivre l'entrepreneur pour fausse déclaration,
tel que le prévoit la loi. "Compte tenu de ce qui précède,
je vous encourage à poursuivre vos démarches auprès de
l'entrepreneur en ayant à l'esprit que la situation de celui-ci semble
jusqu'à maintenant tout à fait légale. Prenez, toutefois,
la précaution, si ce n'est pas déjà fait, de lui
transmettre vos revendications par écrit de sorte que, si l'APCHQ
accepte de garantir les unités, vous ayez en main les documents
nécessaires à présenter au conciliateur. "Espérant
que nos démarches seront, etc. "
C'est un cas. Est-ce qu'il y a eu d'autres cas semblables où il y
a eu des entrepreneurs qui n'étaient pas accrédités et,
malheureusement, le consommateur l'a su seulement après l'acceptation?
Si oui, quel a été le résultat? Est-ce que tous les gens
ont été aussi chanceux que M. Doss - il n'y a pas eu de
pénalité dans ce sens - ou est-ce qu'il y en a qui,
malheureusement, à cause de cela, n'ont pas pu bénéficier
du programme? Dans des cas semblables, est-ce que le ministère a pris
des poursuites contre les gens qui donnaient l'impression... En passant, je
dois vous dire que la formule de l'APCHQ a été transmise à
M. Doss un an après, lui demandant de la signer et de la retourner le
plus tôt possible.
Ce qui m'étonne, c'est que dans une faillite à Hull, dans
le projet Reemark, les représentants de l'APCHQ disaient: "Au sujet du
Château Riel, M. Nantel a expliqué que
ce projet comportait des condominiums et qu'un programme
différent s'appliquait dans ces cas. L'APCHQ n'a pas reçu de
Reemark les plans pour ce projet, ce qui entraîne automatiquement le
rejet de son accréditation. "
M. Laplante: Une question de règlement, parce qu'on avait
des engagements de pris, vers 17 h 45, pour une réunion.
M. Middlemiss: II reste six minutes. On n'a pas encore
terminé.
M. Laplante: Une minute, là! Les travaux devaient terminer
à 17 h 30 et il est 17 h 45.
Mme la Présidente (Mme Lavoie-Roux): 17 h 15.
M. Laplante: 17 h 30.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, non, je
m'excuse.
M. Laplante: II est 17 h 45.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À17 h 46.
M. Laplante: 17 h 46.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À17 h 48.
M. Middlemiss: 17 h 48.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): 17 h 48.
M. Middlemiss: II reste six minutes. M. Lapîante: Je
m'excuse.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Boni Continuez donc, M.
le député.
M. Middlemiss: Non, j'ai terminé. C'est juste pour savoir
si...
M. Rochefort: Mme la Présidente, vous comprendrez que je
n'ai pas pris connaissance de la nombreuse correspondance, qui existait au
ministère quand je suis arrivé. J'ai eu assez de prendre
connaissance et de donner suite à la correspondance que j'ai
reçue depuis que je suis arrivé au ministère. Mais je
connais quelqu'un qui connaît très bien le dossier qui
préoccupe le député de Pontiac et qui se fera
sûrement un grand plaisir de lui fournir une réponse
complète et détaillée. Je demanderais à M.
Beaulieu, vice-président de la Société d'habitation du
Québec et coordonnateur de Corvée- habitation d'y
répondre.
M. Beaulieu: Mme la Présidente, le dossier Samy Doss,
quand vous l'avez mentionné, m'a fait un peu sourire parce que cela fait
peut-être 50 fois que j'en entends parler. Je vais essayer d'être
court. M. Samy Doss a appelé à plusieurs reprises nos officiers
à la Société d'habitation du Québec pour faire des
plaintes avec plusieurs allégations, parfois sur des tons difficiles et
j'ai demandé à mes gens d'être patients et tout. M. Samy
Doss a fait toute l'échelle des officiers. C'est venu jusqu'à mon
bureau. J'ai même offert à M. Samy Doss, par
l'intermédiaire de mes officiers, de le rencontrer seul ou avec des
avocats à Montréal sur ce dossier. Il a refusé. J'ai fait
une offre spéciale de me déplacer pour régler son dossier
personnellement et on a même écrit à M. Samy Doss pour lui
demander de nous confirmer par écrit, de sa main, les
allégations. On a eu un refus catégorique. M. Samy Doss a fait
aussi le chemin et a parlé à plusieurs journalistes. J'ai eu des
appels des plusieurs journalistes là-dessus. Tout ce que je peux vous
dire, c'est que le dossier d'accréditation de M. Samy Doss a
été réglé.
J'aimerais peut-être préciser que, dans l'industrie de la
construction, règle générale, il y a plusieurs choses qui
se passent en parallèle. II y a plusieurs entrepreneurs qui, lorsqu'ils
avaient trop de travail, ne se préoccupaient pas de ce qu'on pourrait
appeler la bureaucratie, la paperasse. Cela allait bien, leurs choses. Donc,
ils cheminaient peut-être leur demande d'accréditation en retard.
Ils oubliaient cela. Â l'APCHQ, il y avait des choses aussi qui prenaient
un peu temps et chez nous aussi. Donc, c'est normal que, dans plusieurs cas, il
y ait eu des documents qui ont été préparés
après ou juste en même temps. (17 h 45)
Dans ce cas bien précis, lorsque cela a été
réglé, évidemment, pour nous, c'était un dossier
correct, on l'a rendu admissible. Je soulignerai à la commission que,
dans tous les cas de citoyens qui sont pris avec des cas similaires où
l'entrepreneur fait une fausse déclaration, que ce soit uniquement pour
un certificat d'accréditation, que ce soit pour une faillite, on soumet
la demande au Conseil du trésor pour approbation pour que les
bénéfices de Corvée-habitation soient reconnus à
tous ces citoyens et même au-delà des dates d'admissibilité
qui sont prévues pour les autres citoyens.
Je ne voudrais pas m'attarder trop sur le cas Samy Doss. C'est un cas,
évidemment, qui fait sourire les gens dans mon entourage. J'attends
toujours de rencontrer ce monsieur. Je suis encore disponible.
Évidemment, avec 45 000 dossiers, 50 000 logements, on peut bouger
lorsque le citoyen se déplace. Même,
on s'est offert à se déplacer, à aller le
rencontrer chez lui ou dans un endroit et il y a un refus. Je ne sais pas ce
qui se passe dans ce dossier.
M. Middlemiss: Que M. 5amy Doss n'ait pas coopéré
ou donné les renseignements nécessaires, ce que j'ai dit, est-ce
la vérité?
M. Beaulieu: Lorsqu'il y a des accréditations qui sont en
retard et qu'on fait des vérifications et que ce n'est pas fait, on fait
des pressions parce que, vous savez, il s'est construit tellement de logements
au cours des deux dernières années, c'est normal qu'un peu
partout les gens aient été dépassés. Même
chez nous, on a eu un peu de retard. On a rattrapé ce retard. C'est vrai
aussi pour nos mandataires, que ce soient les institutions financières
ou les entrepreneurs. Dans ces cas, lorsqu'ils sont régularisés,
on considère que ces dossiers sont réglés. Dans les cas
qui ne sont pas régularisés, pour protéger le citoyen, on
donne l'admissibilité et ensuite on poursuit les entrepreneurs. On fait
une plainte au Procureur général qui fait enquête et cela
va se traduire par des procédures devant les tribunaux. On a des
dossiers comme ceux-là.
Je vous souligne que dans le cas de Reemark et d'autres faillites
similaires, tous les bénéfices de Corvée-habitation pour
tous les citoyens qui se sont engagés de bonne foi dans le processus
sont protégés.
M. Middlemiss: Incluant les gens dans un condominium?
M. Beaulieu: Les gens dans un condominium qui ont une demande
à Corvée-habitation - le bénéfice de
Corvée-habitation, c'est le taux de Corvée-habitation pour trois
ans - s'ils ont été lésés dans le processus, font
une demande. Nous, on l'envoie au Conseil du trésor et, dans la plupart
des cas jusqu'à maintenant, on n'a pas eu de refus: le Conseil du
trésor accepte de prolonger le bénéfice pour cet individu
ailleurs. Je m'excuse d'avoir pris trop de temps.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, je pense que vous
avez été assez bref compte tenu de la complexité.
M. Middlemiss: J'aurais aimé, toutefois...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II reste trois minutes.
Il faut aussi adopter les programmes. Est-ce qu'on accepte de continuer
jusqu'à 18 heures pour permettre au député de Pontiac de
terminer ses questions, tout en se réservant quelques minutes pour
l'adoption des programmes, peut-être trois ou quatre minutes?
Une voix: Consentement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Consentement?
M. Middlemiss: Merci.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Allez-y, M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Question courte. Je peux présumer que les
gens de Reemark, même s'ils n'ont pas soumis leurs plans au
préalable, sont couverts par la garantie de maison neuve. Non?
M. Beaulieu: Le bénéfice de
Corvée-habitation, oui. La garantie de maison neuve, c'est un lien
contractuel entre l'individu et son entrepreneur, et cela devrait être
traité autrement. Mais l'individu est assuré d'avoir le
bénéfice de Corvée-habitation, évidemment, sous
réserve de l'approbation du Conseil du trésor.
M. Middlemiss: Est-ce que vous avez plusieurs cas d'entrepreneurs
qui ont agi consciemment ou inconsciemment dans des dossiers semblables? Si
oui, combien y en a-t-il qui ont été poursuivis?
M. Beaulieu: C'est totalement marginal. C'est à peine
environ 100 ou 200 dossiers actuellement sur 50 000 logements. Je parle de ce
qu'on a dans l'appareil et qui nous a été communiqué.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il y a des procédures qui ont
été prises jusqu'à ce jour?
M. Beaulieu: Les dossiers ont été soumis au
procureur pour enquête.
M. Middlemiss: J'avais mentionné, ce matin, que, dans le
livre vert - je ne le sais pas, peut-être que vous ne pourrez pas me
donner les réponses immédiatement - il y a un tableau qui
démontre 520 % d'augmentation.
Une voix: Page 575.
M. Middlemiss: C'est ça, oui. On indique, pour les
années 1982 et 1983, dans la partie A, accroissement du parc en
propriété et on a une petite note 1, en bas, qui dît:
"Comprend les engagements répartis sur cinq ans du PAAPR et trois ans
sur Corvée-habitation. " Est-ce que vous pourriez nous donner la
ventilation des 38 700 000 $ et des 102 600 000 $? Quelle est la partie qui va
pour Corvée-habitation?
M. Rochefort: Je ferai sortir une ventilation des chiffres qui
intéressent particulièrement le député de Pontiac
et je
la lui transmettrai. Je veux souligner que, pour 1983, on m'indique que
Corvée-habitation, c'était seulement 4 000 000 $. Par la suite,
cela a été 20 000 000 $ et 27 000 000 $.
M. Beaulieu: 20 000 000 $ en 1984 et 37 000 000 $ en 1985 par la
contribution gouvernementale au processus.
M. Rochefort: Quant à PAAPR, il faudrait que je fasse
sortir les chiffres - je ne les ai pas avec moi - pour les concilier avec ces
tableaux.
M. Middlemiss: II semblerait qu'il y ait eu seulement 54 000 000
$ qui aient été mis dans l'autre programme, le programme
d'accès à la propriété résidentielle.
M. Rochefort: Les jeunes ménages! On est rendu à 75
000 000 $ dans PAAPR.
M. Middlemiss: En 1982-1983?
M. Rochefort: Jusqu'à maintenant. Vous me demandez
jusqu'à maintenant.
M. Middlemiss: Si vous ne l'avez pas, faites-le-moi parvenir.
M. Rochefort: Je vais le faire sortir et je vous le transmettrai
dès qu'il aura été ventilé par les gens du
ministère et de la Société d'habitation.
M. Middlemiss: C'est tout ce que j'ai pour le programme 2. Je
pense que mon collègue de Wesmount aurait une question. Cela va
être dans le volet 1 et cela touche un peu le livre vert.
M. French: Je n'aurai pas le temps.
M. Middlemiss: On a jusqu'à 18 heures, mais je pense que
tu pourrais le faire. On va aller au volet 1 et je pense que le ministre va
apprécier ta question.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Wesmount.
M. French: Le ministre sait comment je défends les
intérêts de mes commettants qui sont hautement
préoccupés par la possibilité de l'enlèvement du
moratoire sur la conversion des condominiums. Je sais qu'il a reçu une
correspondance volumineuse là-dessus. Moi aussi, je l'ai reçue.
Elle est répartie au point de vue géographique. Est-ce que le
ministre est en mesure de nous entretenir quelque peu sur la
problématique évoquée par le livre vert et les
consultations qui ont suivi en ce qui a trait à cette question?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Avant que le ministre nous entretienne, je lui ferai remarquer qu'il a
deux minutes pour l'entretien. Il reste trois minutes pour adopter les
programmes.
M. Rochefort: Je peux faire cela plus simplement et dire que,
pour l'instant, aucune décision n'a été prise. Il n'est
pas de mon intention de procéder à une levée du moratoire
si on ne réussit pas à arriver à une formule de protection
des locataires qui soit satisfaisante. J'ai eu le plaisir de remarquer au cours
de ma tournée de consultation, notamment à Montréal, que,
autant, dès le départ, beaucoup d'organismes et d'intervenants
semblent braqués - et je ne dis pas cela péjorativement - autant,
quand on en discute avec eux, ils sont d'accord pour qu'on s'assoie et qu'on
tente de trouver des formules de protection des locataires de façon
à nous assurer qu'on puisse, peut-être éventuellement,
lever le moratoire sur la conversion en copropriété des immeubles
locatifs qui pourrait être une façon intéressante de
pouvoir accéder à la propriété pour bon nombre de
ménages québécois, mais avec un certain nombre de
préoccupations quant à la protection des locataires qui habitent
actuellement ces logements.
Nous avons déjà trouvé un certain nombre
d'éléments qui pourraient être contenus dans une formule de
protection des droits des locataires. Nous sommes à y travailler et j'ai
bon espoir qu'on arrive à une solution satisfaisante pour l'ensemble des
citoyens et des citoyennes du Québec, donc, ceux qui sont
préoccupés et qui ont des appréhensions, mais ceux aussi
qui souhaiteraient pouvoir accéder à la propriété
par le biais de la levée du moratoire sur la conversion des immeubles
locatifs en copropriété. Tout ce que je demande aux gens qui
participent à la réflexion et au débat actuellement, c'est
d'y réfléchir, d'en discuter et, ce faisant, on va arriver
à une solution, j'en suis certain.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Merci, M. le
ministre. J'aimerais demander aux membres de la commission si le programme 2
est adopté.
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Est-ce que
le programme 1 est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que le programme 3
est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Le programme 4 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Le
programme 5 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Le
programme 6 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Vous vous
réjouissez, M. le ministre?
M. Rochefort: Je ferai mes commentaires.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): L'ensemble des
crédits est-i! adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie. La
commission suspend...
M. Rochefort: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, pardonl
M. Rochefort:... avant de suspendre nos travaux, je voudrais
remercier les membres de la commission qui ont participé activement
à l'étude des crédits du ministère de l'Habitation
et de la Protection du consommateur et des organismes qui relèvent du
ministre. Je voudrais remercier l'Opposition officielle d'avoir
participé à l'adoption unanime des crédits du
ministère et des différents organismes; nous en sommes bien
fiers.
Je voudrais aussi remercier toute l'équipe qui s'est
déplacée et qui a participé à cette journée
d'étude des crédits, y compris ceux et celles qui
s'étaient longuement préparés et qui n'ont pas eu de
questions concernant leur secteur d'activité. Je veux les assurer que ce
n'est sûrement pas un manque d'intérêt des membres de
l'Assemblée nationale à l'endroit du travail qu'ils font, mais
peut-être une grande marque de confiance et une assurance que le travail
qui s'effectue est satisfaisant. Quant à la Société
d'habitation, évidemment, ce n'est pas parce que c'est le contraire
qu'on l'a interrogée un peu; c'est peut-être parce que ce sont les
dossiers qui préoccupent le plus les membres de l'Assemblée
nationale.
Je veux remercier tout le monde pour la préparation et le travail
consacré à l'étude des crédits. Je pense que c'est
une manifestation du respect qu'ils ont à l'endroit du rôle qu'ils
jouent et à l'endroit de l'institution qu'est l'Assemblée
nationale. Je veux les remercier pour le travail qu'ils ont effectué en
1984-1985 et pour le travail qu'ils effectueront avec compétence et
efficacité en 1985-1986.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): De notre
côté, on remercie le ministre et ses fonctionnaires pour leur
disponibilité. Je dois vous dire que j'ai l'impression que le climat de
la commission a suivi l'évolution du climat extérieur; c'est
devenu très ensoleillé en fin d'après-midi alors que
c'était un peu brumeux ce matin. Â la suite des remarques de
ministre, je pense - cela relève peut-être davantage du mon
collègue, mais, comme il est occupé, je vais prendre la
relève - qu'il faudrait peut-être prévoir un peu plus
d'heures pour un programme qui, quand même, est important et qui
intéresse beaucoup les députés, dans leurs comtés
respectifs. Je pense que cela les touche tous.
M. Rochefart: On m'avait demandé quatre heures et demie,
on en a fait probablement un peu plus.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oh, non! Cinq
minutes.
M. Rochefort: On a demandé un consentement, tantôt.
Quant à moi, les questions d'habitation et de protection du consommateur
m'intéressent tellement qu'on pourrait passer d'autres heures
là-dessus. À une prochaine étude des crédits, on
demandera plus de temps; ce sera intéressant, je n'en doute pas.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Nous suspendons nos
travaux jusqu'à ce soir, à 20 heures précises, à la
salle du Conseil législatif pour l'étude des crédits sur
la condition féminine. Tous ces messieurs sont invités.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 12)
Condition féminine
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre! La
commission des affaires sociales reprend ses travaux et aborde l'étude
des crédits du Conseil exécutif en ce qui a trait à la
condition féminine pour 1985-1986. Il nous fait particulièrement
plaisir d'accueillir la ministre déléguée à la
Condition féminine. Nous savons qu'elle a dû s'absenter d'autres
obligations pour venir nous rencontrer, mais cela fait partie du métier.
Vous allez voir
cela. Pour ne pas perdre de temps, compte tenu qu'on a maintenant deux
heures en tout et partout, au tout début, tant la ministre
elle-même que la porte-parole - le mot au féminin devient
laborieux parfois - de la condition féminine pour l'Opposition
officielle ont droit, elles ne sont pas obligées de les utiliser
complètement, à 20 minutes chacune pour faire leurs remarques
préliminaires, compte tenu du nombre d'intervenants qui sont ici pour
que chacun ait quand même le temps de poser les questions qui
l'intéresse.
Je vois autour de la table le fidèle député de
Deux-Montagnes et le député de Shefford aussi. Je vois que la
représentation masculine augmente d'année en année. Cela
augure bien. Ces commentaires très brefs étant faits, je vous
laisse la parole, Mme la ministre.
Remarques préliminaires Mme Francine
Lalonde
Mme Lalonde (Francine): Merci. Je vais demander à vous et
à toute la commission indulgence, sinon aide, en vous assurant de ma
volonté ainsi que de celle de mes collaboratrices immédiates de
répondre dans toute la mesure de nos connaissances à vos
questions. Je vais essayer de faire vite, mais avant je tiens à
présenter aux membres de la commission Mme Stella Guy, qui est
présidente de l'Office des services de garde, Mme McKenzie,
présidente du C5F, et Mme Diane Wilhelmy, secrétaire
associée.
Madame et les membres de cette commission, si je n'ai que 20 minutes, je
vais devoir couper court dans ce texte et essayer d'aller à l'essentiel.
Vous savez sans doute que je suis responsable, en tant que ministre
déléguée à la Condition féminine, du
secrétariat, de l'Office des services de garde et du Conseil du statut
de la femme. Je suis aussi présidente du Comité
ministériel permanent de la condition féminine. Je vais essayer
rapidement de dresser un tableau des réalisations de chacun de ces
organismes.
Le secrétariat a comme mandat de voir à l'application
d'une politique d'ensemble sur l'égalité et l'indépendance
des femmes au Québec en plus de fournir des avis et des mémoires
sur les politiques, lois et règlements en provenance des divers
ministères et organismes. Cette année, l'activité
principale menée par le Secrétariat à la condition
féminine fut celle de Décisions 85. En fait, vous le savez,
Décisions 85 marque l'aboutissement de la décennie des femmes.
C'est donc la volonté du gouvernement qui s'est manifestée ainsi
de marquer d'une façon toute spéciale cette décennie des
femmes.
Il y a eu une conférence mondiale réunissant les femmes de
tous les continents à Nairobi, au Kenya. C'était donc l'occasion
pour le Québec de faire le point. Afin d'établir ce bilan et
également de prévoir un plan d'action pour les trois
années è venir, le Conseil des ministres a donné mandat au
secrétariat de procéder è l'organisation de
Décisions 85. Ainsi, je vous rappelle les principales étapes. Il
y a eu d'abord consultation de femmes dans les régions: 980 ont
participé et plus de 850 se sont prévalues de leur droit de
vote.
Les rencontres de travail ont permis la préparation de cahiers de
propositions portant sur différents thèmes qu'on reverra au cours
de la procédure.
A partir de ces thèmes, les participantes aux rencontres
régionales avaient à établir des priorités parmi
toutes les mesures proposées depuis quelques années par des
groupes de femmes pour l'amélioration de la situation économique
des Québécoises. On avait dû ramasser en un thème
principal l'ensemble des revendications et choisir; alors, on a choisi la
situation économique des femmes.
Ces priorités, que je ne vous ai pas dites: législation du
travail, organisation du travail, accès à
l'égalité, rémunération et avantages sociaux,
congé de maternité, congé parental et retrait
préventif, accès au crédit, formation des filles, partage
de la richesse familiale, partage des responsabilités liées aux
enfants, soutien économique à des groupes particuliers, ont
été acheminées à une rencontre, nationale cette
fois, où étaient convoquées et les représentantes
des régions et les représentantes des associations nationales de
femmes. Celles-ci, à leur tour, ont dégagé leurs
priorités. Celles qui ont été retenues ont
été les suivantes: le statut des travailleuses au foyer, des
femmes collaboratrices et des femmes en agriculture, la formation des filles,
l'accès des femmes au marché de l'emploi, le congé de
maternité, le service de garde, le programme d'accès à
l'égalité, la syndicalisation, l'aide aux femmes victimes de
violence, l'accès au crédit, les services aux immigrantes. Donc,
vous remarquez que certains thèmes se rejoignent, d'autres sont
complétés.
Les participantes à la rencontre nationale ont également
choisi 25 femmes qui vont représenter, au sommet
socio-économique, les femmes qui devront occuper sept sièges et
se relayer à tour de rôle sur les différents sujets. La
table de concertation, comme vous le savez, réunit les mêmes
partenaires que d'habitude. Je note, au passage, que c'est, à ma
connaissance, une idée neuve qu'un sommet socio-économique sur la
condition économique des femmes. Je pense qu'aucun pays n'a encore pris
le risque de mettre dans un forum, ensemble, les représentantes des
femmes, sur les demandes maintes fois répétées de la part
des femmes, et l'ensemble des partenaires sociaux pour les
forcer, à un moment donné, de se prononcer par rapport
à cette question.
Je vous dis au passage que j'ai tenu à présenter, au point
de départ, que ce forum, ce sommet devait être le moins partisan
possible et je le répète dans la situation dans laquelle je suis
aujourd'hui. Les femmes qui y sont proviennent de diverses origines sociales,
ont divers âges et, parfois, même des intérêts
contradictoires, mais ont fait un processus de préparation qui, je
pense, va donner un résultat fort intéressant lors du sommet de
mai.
Il y aura donc un premier sommet en mai et un deuxième en
décembre, attendu que la teneur des sujets et leur importance
étaient trop grandes, trop lourdes. Si bien que nous retrouverons, les
16 et 17 mai, les sujets suivants: maisons d'hébergement, accès
au crédit, formation des filles et des femmes, accès à
l'égalité pour les femmes, accessibilité à des
services de garde, femmes collaboratrices et femmes en agriculture;
forcément, en décembre, les autres sujets.
Sur Décisions 1985, vous aurez peut-être des questions,
mais j'arrête là.
Le Secrétariat à la condition féminine, dans le
cadre des conférences provinciales-fédérales, a de plus
participé à un comité fédéral-provincial sur
la révision des modes de financement du RAPC en matière de
services de garde. Y participaient les Afinter, l'OSGE, les Finances, en plus
du Secrétariat à la condition féminine. Le
secrétariat a, également, participé au comité
interministériel sur l'assurance-invalidité, de même
qu'à plusieurs autres comités de travail, notamment sur les
aménagements au temps de travail dans le secteur public, le remplacement
du revenu de la travailleuse enceinte, la prévention de l'alcoolisme en
milieu de travail, les barèmes de remboursement des coûts des
prothèses mammaires. De plus, le secrétariat a
étudié et commenté différentes versions du livre
blanc sur la fiscalité, de la politique québécoise de
sécurité du revenu à la retraite, du livre vert sur la
politique familiale, de la politique de l'habitation et de la politique sur les
femmes violentées. Il a également analysé et
commenté les projets de loi 106 et 107 sur la réforme du droit
des personnes et celle du droit des successions. Le secrétariat a aussi
émis plusieurs avis relativement à des mémoires, projets
de loi ou autres documents émanant des ministères et plus
particulièrement des ministères de l'Industrie et du Commerce, de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, de l'Agriculture,
des Affaires sociales, de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie. Je vous rappelle que
l'effectif du secrétariat corrigé est de 18 employés
auxquels s'ajoutent sept personnes pour 1985.
L'Office des services de garde. À l'Office des services de garde
à l'enfance, l'année 1984-1985 a été marquée
au signe d'un travail soutenu pour améliorer la qualité des
services de garde autorisés de même que leur quantité. Ces
efforts, doublés d'une recherche concrète de concertation et de
coopération avec d'autres organismes, permettent de mieux situer le
dossier de la garde des enfants et, ce faisant, d'identifier l'action
gouvernementale qui s'impose afin d'assurer un avenir aux services de
garde.
Pour accroître la qualité des services de garde, au plan de
la qualité, une vaste opération visant le renouvellement de tous
les permis de service de garde en garderie a été
complétée en 1984. Administrativement, tous les dossiers des
garderies existantes ont donc été mis à jour - une
opération considérable - et l'office s'est assuré du
respect par celles-ci des exigences relatives aux qualifications du personnel,
au contenu du programme d'activité, à l'hygiène, la
salubrité et la sécurité, è l'équipement et
à l'ameublement, à la tenue des fiches d'inscription et
d'assiduité des enfants et le reste. L'office a pu vérifier du
même coup la conformité de la composition des conseils
d'administration relativement à l'admissibilité aux subventions.
À l'automne 1984 s'appliquait pour les garderies existantes avant le 19
octobre 1983 la réglementation concernant le nombre d'enfants
présents à la garderie par membre de personnel de garde. Cette
question dite du ratio est un élément déterminant de la
qualité des services dispensés aux enfants. L'office a donc
fourni aux services de garde en garderie des informations tant sur le
bien-fondé du contenu du règlement à ce titre que sur les
modalités de sa mise en application.
Toujours dans le domaine de la réglementation, la dernière
étape à franchir est celle de la mise en vigueur à
l'automne 1985 pour les garderies existantes avant le 19 octobre 1983 de la
section IV précisant les conditions d'aménagement des locaux.
L'office, dans son rôle de soutien aux services de garde, a
effectué un important travail en conseillant les garderies aux prises
avec des difficultés afin de les aider à rendre leurs locaux
adéquats et conformes. En plus d'aider financièrement les
garderies sans but lucratif pour leur permettre de rendre leurs locaux
conformes au règlement, l'office a préparé un programme de
financement pour les garderies à but lucratif et un programme de
subvention avec le ministère des Affaires municipales pour les garderies
sans but lucratif qui doivent se relocaliser. Ces deux programmes sont
entrés en vigueur le 1er avril 1985.
Simultanément aux actions visant à consolider les services
existants et à en améliorer la qualité, l'office a atteint
ses objectifs de développement. Ainsi, au 31 mars 1985, l'office
enregistrait-il sa
meilleure performance depuis 1980-1981 en matière de
développement de nouvelles places de garde dans les services
autorisés. Ce sont 3264 nouvelles places en garderie et en milieu
familial qui ont été créées, tantôt dans des
services déjà existants et désireux d'augmenter leur
capacité d'accueil, tantôt dans des services nouvellement
implantés. De plus, comme soutien au développement, un travail
était effectué auprès de nombreux groupes promoteurs.
Parmi eux, plusieurs étaient suffisamment avancés dans leur
démarche d'implantation pour que l'office leur accorde une subvention
d'implantation de leurs garderies ou réserve des places en milieu
familial pour leur agence. Au total, 1843 places étaient
comptabilisées en implantation au 31 mars 1985. On peut donc, de
façon réaliste, s'attendre que ces places soient ouvertes d'ici
septembre prochain.
Il faut souligner que l'office s'est doté cette année de
nouveaux outils lui permettant de rationaliser davantage les choix de lieux
d'implantation de nouvelles garderies. Un modèle type d'étude de
marché a été élaboré et
expérimenté dans deux villes. De même, une étude sur
l'utilisation des services de garde en garderie dans les municipalités
de moins de 5000 habitants a été complétée. Aussi,
l'indice de développement de chacune des régions administratives
du Québec a été revu et corrigé à la
lumière d'une nouvelle réflexion et des informations recueillies
grâce au travail sur le terrain. Les indications fournies par ces travaux
de recherche servent donc à baliser un plan de développement
annuel.
Avec l'application bientôt complète du règlement sur
les services de garde en garderie et l'amélioration dans le
développement de nouvelles places autorisées, l'office n'en a pas
moins besoin du concours de nombreux organismes, à la fois pour
accélérer la progression du dossier et pour harmoniser sa
politique à celle des autres ministères concernés.
En 1984-1985, diverses actions ont été menées en ce
sens. Sur le plan législatif, l'office a travaillé de concert
avec le ministère de l'Éducation afin de s'assurer que la
nouvelle loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public,
prévoie des dispositions concernant les services de garde en milieu
scolaire et les conditions de garde des enfants. Par exemple, à la
demande des parents, la commission scolaire devra fournir des services de garde
et ces derniers pourront être offerts tous les jours de l'année -
donc devra fournir des services de garde. Vous savez que c'était un
empêchement important à la multiplication de ces services de garde
en milieu scolaire, qui semblent un besoin de plus en plus grand.
Le ministère des Affaires municipales a, quant à lui,
été pressenti dans le but de faciliter la relocalisation des
services de garde. Depuis peu, ce ministère gère un programme de
subventions à l'intention des municipalités du Québec
désireuses de mettre leurs locaux à la disposition des garderies
qui doivent se relocaliser. Ce partenariat de l'office et du ministère
des Affaires municipales en matière de financement a été
appuyé par un programme de communication à l'endroit de toutes
les municipalités du Québec. Celles-ci - en tout cas, nous
l'espérons - ont été sensibilisées à
l'importance des services de garde de qualité comme équipement
à fournir à une collectivité. Nous savons que le rapport
Hudson, par exemple, va dans ce sens. Pour ce faire, divers moyens ont
été employés: publicité, campagne d'information,
présence active aux événements rejoignant le monde
municipal, relations publiques et le reste.
En plus des ministères de l'Éducation et des Affaires
municipales, l'office collabore également avec le ministère des
Affaires sociales. Tous ces ministères sont des partenaires
privilégiés dans le dossier de la garde des enfants. Des
représentants de ces trois ministères ont donc été
invités à se joindre aux représentants de l'office pour
effectuer une mission dans les pays Scandinaves, laquelle a permis entre autres
un travail conjoint de mise en place d'une véritable politique
québécoise des services de garde à l'enfance. En juillet
1984, un groupe de travail interministériel était donc
constitué à cet effet et ses travaux étaient
amorcés à l'automne en vue de compléter un projet de
politique d'ici juin 1985. Cet appel à la collaboration lancé par
l'office a également son corollaire puisque l'office est à son
tour sollicité pour apporter sa contribution lorsque d'autres
ministères ou organismes préparent des projets de politique.
Ainsi l'office a-t-il fourni avis et commentaires lors de la préparation
du livre vert sur la politique familiale au Québec, sur le livre blanc
de la fiscalité. Il faut souligner également que 225 enfants
handicapés ont été intégrés dans nos
services de garde.
L'avenir des services de garde est étroitement relié au
taux de travail de la main-d'oeuvre féminine. Les femmes exigent des
services fiables et des services collectifs qui permettent la socialisation de
l'enfant. 11 est clair que les changements sociaux qui ont amené les
femmes sur le marché du travail sont là pour durer. II ne faut
pas oublier, d'autre part, qu'il faut compter avec, entre guillemets,
"l'industrie des services de garde" comme industrie à forte
concentration de main-d'oeuvre féminine et génératrice
d'emplois durables. On évalue à environ 500 le nombre d'emplois
qui seront créés en 1985-1986 par le développement des
2500 nouvelles places. Actuellement, le réseau se compose de plus de 600
services, créant plus de 5500 emplois et rendant des services
à
30 000 enfants.
Pour 1985-1986, le budget de l'Office des services de garde à
l'enfance connaît une hausse de 23 % par rapport à 1984-1985
permettant entre autres l'amélioration du programme d'exonération
financière, la hausse de 0, 50 $ par jour de la subvention de
fonctionnement et l'ajout de 2500 nouvelles places. L'office prévoit, en
1985-1986, en concertation avec les intervenants concernés,
compléter son projet de politique des services de garde. Un des volets
majeurs de ce projet traitera de l'accessibilité physique et
financière aux services de garde à l'enfance. 11 y aura
vraisemblablement des questions, parce que nous savons également que les
garderies ont des problèmes même si des ajustements ont
été apportés. (20 h 30)
Passons enfin au Conseil du statut de la femme. Avant de souligner les
réalisations du Conseil du statut de la femme durant l'année
1984-1985, permettez-moi de mentionner les nominations effectuées durant
cette année au conseil. L'arrivée de la nouvelle
présidente, que je salue, Mme Francine McKenzie a été
suivie de la nomination de deux nouvelles membres, Mme Solange Fernet-Gervais,
directrice du Centre de bénévoles de Normandie, et de Mme Claire
McNicoll, vice-rectrice à l'Université du Québec à
Montréal, et par l'entrée en fonction également de la
secrétaire générale, Mme Jocelyne Olivier.
Je vous rappelle que le CSF a tenu cette année neuf
réunions. Par la loi, il est tenu à six et il a associé
les sous-ministres de plusieurs ministères à ses travaux, soit la
Justice, l'Éducation, les Affaires sociales, le MMSR, le Travail, le
Conseil du trésor, les Affaires culturelles et celui de l'Industrie et
du Commerce.
Au cours de l'exercice financier 1984-1985, n'étant pas entre
deux plans triennaux, la programmation du CSF a été
établie en fonction de plusieurs thèmes principaux, soit la
condition économique des femmes, le travail, la santé et
l'intégrité physique, les femmes des communautés
culturelles, les adolescentes et les nouvelles technologies de la reproduction,
auxquelles s'intéresse particulièrement Mme McKenzie.
Parmi les principales activités exercées par le CSF, on se
souviendra du lancement du livre "Les femmes ça compte", document
édité à 2000 exemplaires et disponible chez
l'Éditeur officiel du Québec, qui relate le profil
socio-économique des Québécoises, de la production du
bilan de la politique d'ensemble sur la condition féminine, dont la
version originale de 500 pages a été réalisée en
1984 et a été mise à la disposition du Secrétariat
à la condition féminine dans le cadre de la préparation de
Décisions 1985, et de la conférence nationale sur la
sécurité économique des Québécoises. Une
version vulgarisée sera disponible en mai 1985.
Le conseil a lancé un guide sur les carrières non
traditionnelles des filles intitulé "Explorons de nouveaux espaces. "
J'espère que vous l'avez vu. Nous aurions pu en apporter un exemplaire,
il est remarquable. Ce document a été réalisé
conjointement par le CSF et les ministères de l'Éducation et de
la Science et de la Technologie. Ce guide s'adresse au personnel d'orientation
et de formation scolaire et professionnelle des écoles secondaires; 50
000 exemplaires ont été distribués gratuitement.
Je tiens à souligner également la parution d'un
dépliant intitulé "Y a-t-il encore de la publicité
sexiste?", dépliant produit à 10 000 exemplaires et qui a
été distribué le 8 février 1985 auprès des
groupes de femmes, des entreprises et des médias.
Le CSF a participé à des salons et expositions, soucieux
de répondre à un objectif de diffusion plus large et de
vulgarisation de son information. En fait, il a participé à huit
salons ou expositions. Il y présente les services offerts en plus
d'informer la population sur différentes questions relatives aux droits
et au statut des femmes.
On pourrait souligner au passage le Salon de l'épargne-placement,
le Salon international de la jeunesse. Il arrive fréquemment que le
Secrétariat à la condition féminine et le conseil
coordonnent leur participation et partagent même certains frais.
Dans le cadre de ses activités quotidiennes, le CSF, par son
service d'information, met à la disposition des groupes ou des individus
une trentaine de documents audiovisuels. Soulignons le vidéo "Filles ou
Femmes" qui a été produit par le CSF sur la problématique
des adolescentes et sur la relation entre les mères et les filles.
Rappelons également la parution de six numéros de la revue La
Gazette des femmes dont le tirage a varié de 38 000 à 60 000
selon l'édition.
En plus de répondre aux besoins de documentation du CSF et du
gouvernement, le centre de documentation répond aux demandes
émanant des groupes de femmes, des chercheurs de divers milieux, des
universitaires. Pour améliorer ses services, le centre a investi des
efforts substantiels au cours de la dernière année dans
l'indexation des périodiques et dans le démarrage du processus
d'informatisation.
Au cours de l'année 1984-1985, un accent particulier a
été mis sur les activités du service Action-Femmes, soit
le programme de renseignements téléphoniques. Il faut le noter,
le service a cherché à accroître la qualité et la
quantité des services offerts au public particulièrement par
l'élargissement de ses heures d'écoute
afin d'assurer une permanence tout au long de la journée, de 8 h
30 à 17 heures. Ceci lui a permis de répondre, au cours de
l'année, à plus de 6000 demandes et de traiter 277 demandes par
courrier. Je pense bien qu'il faut le noter.
Par ailleurs, le service a traité 482 plaintes qui se
répartissent dans trois secteurs principaux: discrimination au travail,
publicité sexiste et affaires juridiques. Le service a analysé
ces plaintes, expliqué aux plaignantes leurs droits et les recours
existants et, dans de nombreux cas, est intervenu pour les appuyer dans leurs
démarches. Je me permettrai d'ajouter que pour compléter le
service à l'information une ligne téléphonique 800 permet
à toute la population québécoise de se prévaloir
sans frais d'interurbain des services offerts par le conseil.
Le conseil offre également par Consult-Action un autre service
d'importance aux groupes de femmes. Durant l'année 1984-1985,
Consult-Action a élaboré des outils de réflexion ainsi que
des procédures destinées à soutenir les démarches
des groupes de femmes sur différentes questions, notamment la
pornographie, la politique familiale, le financement des groupes, l'orientation
des filles. Il a également apporté un support aux groupes de
femmes à l'occasion d'événements publics telle la
commission consultative sur le travail ou lors de consultations
gouvernementales.
Relativement à ces activités de recherche, mentionnons que
le conseil a réalisé un résumé critique du rapport
Abella sur l'égalité en matière d'emploi. Il a
préparé des commentaires et des suggestions sur divers programmes
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu. Il est intervenu auprès du gouvernement afin d'appuyer la
requête des ex-religieux et religieuses sécularisés. Une
réflexion sur les politiques de population, le vieillissement de la
population et les femmes a été menée.
Le conseil a évidemment préparé et diffusé
des avis sur divers sujets. Comme le temps me presse, je ne les citerai pas,
vous les connaissez. Je veux cependant vous souligner la séance
importante du conseil à une rencontre interprovinciale des
présidentes des conseils consultatifs sur la situation de la femme qui
s'est tenue à Québec les 5 et 6 novembre 1984. À cette
occasion, un bilan des activités réalisées depuis un an et
une réflexion sur ce thème de la problématique des
adolescentes ont été présentés. Cet exercice a
permis, encore une fois, de réaliser que le Québec a une bonne
longueur d'avance sur les autres provinces canadiennes.
Perspectives. J'ai mentionné précédemment - je
termine avec cela - que l'exercice financier de 1984-1985 avait
constitué pour le CSF une année tampon entre deux plans
triennaux. Je vous signale que, lors de sa réunion de février, le
conseil adoptait le plan triennal 1985-1988. Il entend concentrer ses efforts
dans l'atteinte de l'autonomie par les femmes. Une large place sera
accordée à l'autonomie économique, bien sûr. Les
objectifs spécifiques sont les suivants: favoriser l'accès
à l'emploi, revaloriser le travail des femmes sur le marché du
travail et au foyer, associer les adolescentes è la poursuite de
l'objectif d'autonomie et favoriser une prise de conscience, améliorer
la condition économique des femmes de plus de 50 ans, s'assurer que
l'information émanant du conseil soit accessible à toutes les
catégories de la population et favoriser l'autonomie des femmes au plan
de leur santé, de leur fécondité et de leur
intégrité physique, ce qui amène, entre autres, le conseil
à considérer les questions complexes que soulève le
diagnostic prénatal de même que la biotechnologie liée
à la reproduction; enfin, veiller au maintien et au développement
des supports collectifs en matière d'éducation et de
santé. La programmation 1985-1986 s'inscrit évidemment dans ce
plan. Avant de me livrer à vos questions, je voudrais remercier Mme Guy,
Mme McKenzie et Mme Wilhelmy du travail considérable qu'elles ont
accompli.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, Mme la ministre.
Mme la députée de Jonquière.
Mme Aline Saint-Amand
Mme Saint-Amand: Merci, Mme la Présidente. Il y avait,
bien sûr, énormément de matière dans le discours que
vient de nous faire entendre Mme la présidente de la condition
féminine. Il y a maintenant un an, je faisais ma première
intervention au cours de l'étude des crédits sur la condition
féminine. Concernant la vie des femmes, j'avais abordé des sujets
tels que la santé des femmes, la question du temps partiel et des
nouvelles technologies, les maisons d'hébergement pour femmes
violentées, la pauvreté chez les femmes, etc. Il me semble,
malheureusement, que je vais devoir ce soir aborder encore une fois les
mêmes dossiers, sauf peut-être le nouveau, Décisions 1985,
qui est è peu près la seule nouveauté que nous avons cette
année.
La ministre aura sûrement raison de mentionner que les dossiers
concernant spécifiquement les problèmes des femmes sont des
dossiers à très long terme qui évoluent toujours
très lentement. Il y a par contre un certain nombre de domaines
où cette lenteur n'est plus acceptable surtout quand cela fait deux ans,
et même trois ou quatre dans certains cas, que le gouvernement est
supposé avoir agi.
Il y a d'abord tout le dossier de la
mise en vigueur des programmes d'accès à
l'égalité. Comme on le sait, seule l'adoption de la
réglementation relative à la Charte des droits et libertés
de la personne permettrait la mise en application des articles prônant
l'égalité des chances sur le marché du travail. Cela fait
deux ans que les amendements à la charte ont été
adoptés. Cela fait donc deux ans que la réglementation aurait
dû également être déposée. Il n'en est encore
rien. Les déclarations ministérielles à cet effet ne font
que rendre l'adoption de ces règlements encore plus hypothétique.
On nous les promet pour ce printemps, à moins que ce ne soit pour
l'automne prochain ou le printemps 1986. Le gouvernement devrait cesser de
tergiverser et nous exposer publiquement et clairement ses orientations dans ce
domaine.
En ce qui concerne les maisons d'hébergement pour les femmes
victimes de violence, j'ai l'impression que, lorsque le gouvernement bouge dans
ce dossier, c'est vraiment parce que le nombre de télégrammes qui
affluent sur les bureaux de ministres est si volumineux qu'on daigne enfin
fouiller les fonds de tiroirs pour y découvrir 1 000 000 $ ou 2 000 000
$, quand ce n'est pas puisé dans les subventions de l'année
suivante pour combler certains besoins urgents. Réalise-t-on au
gouvernement que cela fait bien plus de deux ans que les ministres qui se sont
succédé, soit aux Affaires sociales, soit à la Condition
féminine, se sont engagés à déposer une politique
de financement des maisons d'hébergement qui tienne compte des besoins
financiers réels de la maison, de son ancienneté et de son besoin
de stabilité quant à l'octroi de subventions? Actuellement, les
maisons consacrent sûrement les deux tiers de leurs activités
à trouver le financement nécessaire pour survivre.
C'est même le numéro de septembre-octobre 1984 de la
Gazette des femmes qui fournissait un excellent portrait de la situation
vécue par ces groupes. Le problème des femmes victimes de
violence au Québec est tellement majeur que le gouvernement doit
absolument augmenter ses actions dans ce domaine et donner au dossier des
orientations fermes et effectives. 250 000 femmes au Québec seraient
violentées et c'est beaucoup. Beaucoup trop, surtout. Qui d'entre nous,
en effet, ne connaît pas au moins une femme aux prises avec ce genre de
problème? Je ne peux imaginer qu'on passera encore un an, Mme la
Présidente, sans qu'au moins une politique acceptable de financement
soit mise en application.
Sur la santé des femmes, en 1978, le Conseil du statut de la
femme rendait public son document "Égalité et
indépendance" dans lequel on trouvait une série de
recommandations touchant divers aspects de la santé des femmes. Je
reprendrai simplement les termes d'un document préparé par le
service de recherche du Conseil du statut de la femme qui fait le bilan de la
politique d'ensemble cinq ans après. On y dit, au sujet de !a
santé des femmes: "... les femmes n'ont toujours pas les moyens
d'assurer la prise en charge de leur santé (... ) que toutes les mesures
suggérées s'adressant à la profession médicale (...
) sont restées lettre morte. " Les derniers chiffres fournis par la
Régie de l'assurance-maladie confirment que le nombre de
césariennes est toujours aussi élevé, sinon plus, et que
toujours deux fois plus de femmes que d'hommes reçoivent des traitements
psychiatriques ou subissent des actes chirurgicaux, ou encore que les femmes
consomment deux fois plus de médicaments que les hommes.
Il est fondamental que les médecins en soient conscients et le
rôle du gouvernement dans cette prise de conscience l'est encore
davantage. J'admire la candeur du ministre des Affaires sociales qui
déclarait tout bonnement, à l'étude des crédits de
son ministère, qu'on a écrit une lettre aux médecins, aux
psychologues, aux psychiatres et travailleurs sociaux pour les sensibiliser
à la condition féminine, ou encore qu'il subventionne des
études sur la consommation de médicaments ou sur
l'évaluation de pratiques chirurgicales. À ce rythme, il faudra
bien encore 20 ans avant que des gestes concrets et sérieux ne soient
posés.
Sur un autre sujet maintenant, les suites de l'adoption des articles du
Code civil concernant la résidence familiale et la prestation
compensatoire commencent à susciter la production d'un nombre de plus en
plus grand d'analyses de l'échec de ces mesures. On se rend davantage
compte que ces articles sont peu souvent appliqués et trop facilement
contournés. Lorsqu'on implante quelque chose, on a habituellement
intérêt à ce que cela fonctionne. Pourquoi le gouvernement
n'apporte-t-il pas de correctifs à cette situation? Le
réalise-t-il seulement?
Nous ne pouvons que nous interroger sur le sujet lorsque l'on constate
que la même erreur est en train de se répéter dans le
projet de loi 20 amendant le droit des successions. On propose dans ce projet
de loi l'établissement d'une créance alimentaire dévolue,
sur sa demande, au conjoint survivant. Cela me fait un peu penser au partage
des crédits de retraite au moment du divorce qui sont encore à ce
jour sur demande, si l'épouse y pense. Tant que ce n'est pas
obligatoire, il n'y a rien qui marche dans ce domaine. Est-ce que c'est ce qui
se passera encore une fois? L'avenir nous le dira. Les femmes devront-elles
traîner les descendants du défunt en cour encore une fois
dès qu'il n'y a pas entente? Cela arrive très souvent sur ces
questions de testament.
Je le dis encore une fois: qu'on ne sacrifie pas l'efficacité
à "l'aspect trouvaille" de ces mesures. Ce n'est pas cela dont les
femmes ont besoin.
J'aimerais aussi, Mme la Présidente, parler de la situation des
femmes sur le marché du travail. L'acquisition par les travailleuses
à temps partiel des mêmes avantages sociaux que les travailleuses
à temps plein, au prorata, bien sûr, des heures
travaillées, fait partie du programme du Parti québécois
depuis au moins 1976. Ce fut même l'un des engagements électoraux
qu'il prit en 1981. Comme on le constate, les promesses n'ont toujours pas
donné grand-chose, car rien n'a encore été fait dans le
dossier et les travailleuses à temps partiel attendent toujours. (20 h
45)
Au cours de la dernière année» on n'a pas non plus
beaucoup entendu dire que le gouvernement se penchait sérieusement sur
l'impact des changements technologiques sur le travail des femmes. J'aimerais
bien que Mme la ministre nous indique ce qui a été produit dans
ce dossier au cours de la dernière année, car il est primordial
qu'on agisse, et dès maintenant. De 20 % à 40 % des femmes
travaillant dans le secteur des services pourraient perdre leur emploi, selon
certaines études.
Maintenant, du côté des garderies, il n'y a pas tant que
cela, devrais-je dire, matière à réjouissance. Même
si les municipalités s'impliqueront dorénavant dans
l'implantation et la relocalisation des garderies, ce que je trouve excellent,
d'ailleurs, il reste que les budgets mis à la disposition des garderies
sont loin de répondre aux besoins qui sont devenus encore plus criants
et dramatiques avec l'application des normes de qualité. Celles
concernant le ratio espace-enfants, la fenestration et bien d'autres choses
causent particulièrement des problèmes aux garderies. On nous dit
que 300 garderies sans but lucratif auraient des réparations majeures
à effectuer dont le coût pourrait tourner autour de 90 000 $ pour
chaque garderie. Si c'était vrai, les garderies ont donc davantage
raison, cette année, d'exiger un meilleur financement de leurs services.
Si on se reporte aux hausses du budget des garderies des années
passées, on s'apercevra que la hausse de cette année, 9 000 000
$, n'est pas plus élevée en pourcentage que celle de l'an
dernier. En 1983-1984, c'est de 10 000 000 $ qu'on augmentait le budget, alors
que, cette année, c'est seulement de 9 000 000 $, ce qui est
insuffisant. La hausse de 0, 50 $ de la subvention de fonctionnement aux
garderies représente, en tout et pour tout, 25 $ par jour pour une
garderie qui compterait 50 places.
Comment la ministre peut-elle justifier par le fait même que le
budget accordé à l'administration de l'Office des services de
garde à l'enfance soit augmenté pour sa part de 92 % et qu'il y
ait un ajout de 22 employés? Je m'explique mal la logique du
gouvernement dans ce domaine. Cela m'est complètement
incompréhensible et j'aurais beaucoup de mal à le justifier
auprès des garderies, si j'étais à la place de la
ministre. Cela complète le rapide tour d'horizon que je voulais faire,
Mme la Présidente, sur le dossier de la condition de vie des femmes. Je
reviendrai un peu plus tard avec les questions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que Mme la
ministre voudrait répliquer quelques minutes? Après cela, on
passera aux questions des différents membres de la commission.
Mme Lalonde: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, Mme la
députée de Jonquière. Mme la ministre.
Mme Francine Lalonde (réplique)
Mme Lalonde: Je voudrais souligner que plusieurs des questions ou
des remarques de Mme Saint-Amand vont être discutées lors du
sommet des 16 et 17 mai. Je souligne que c'est le cas pour les programmes
d'accès à l'égalité, pour les maisons
d'hébergement où il y a deux demandes des femmes relativement au
financement et au fait que les femmes bénéficiaires de l'aide
sociale ne perdent pas cette aide sociale quand elles sont en maison
d'hébergement. D'une façon indirecte, la question du statut des
femmes collaboratrices se trouve, Mme Saint-Amand, à toucher la
prestation compensatoire et la créance alimentaire, parce que la
difficulté, c'est toujours d'évaluer le travail et la part
réelle de la femme dans l'entreprise ou dans la richesse commune. J'y
reviendrai. Cette question, de même que celle des avantages sociaux, qui
sera traitée en décembre, les garderies... Alors, ces questions
seront donc toutes traitées les 16 et 17 mai. Je commence par vous dire,
de façon liminaire, que depuis trois mois que je suis là j'ai
travaillé de façon ardue, je pense, à faire que nous
apportions des réponses importantes, dans la mesure, bien sûr, des
contraintes, mais des réponses suffisantes à ces questions. Si
bien que je ne fais que vous dire qu'il y aura des choses de faites et des
réponses d'annoncées à ce moment-là, mais je me
permets de dire quand même, sur la question de l'accès à
l'égalité, que déjà, dans la fonction publique, il
y a eu des choses de faites... Le rapport qu'on a ici, est-ce qu'il a
été publié?
Une voix: En partie par l'Office des
ressources humaines.
Mme Lalonde: Oui. Si vous voulez que je vous en parle davantage,
je le pourrai, il y a une progression lente, mais une progression.
Sur les maisons d'hébergement, il faut quand même souligner
qu'en 1977 il y avait une seule maison d'hébergement
subventionnée à 100 000 $ et que le dernier budget - celui de
l'année dernière - était de 4 500 000 $; c'est maintenant
un réseau alternatif et, là aussi, le ministère des
Affaires sociales va présenter une politique à l'endroit des
maisons d'hébergement. J'espère qu'il satisfera sinon totalement
du moins dans une large partie les demandes de ces femmes admirables qui
travaillent dans les maisons d'hébergement tout en préservant
-quant à moi, j'y tiens - leur caractère de réseau
alternatif parce que ce sont, comme l'Office des services de garde, d'ailleurs,
à un degré plus important, des milieux d'expérimentation
de cette organisation à partir des quartiers, des groupes de services
avec l'appui, et c'est la question, un appui suffisant des gouvernements
à ces personnes qui se prennent en main et veulent procurer des services
que, d'ailleurs, je pense, les réseaux ne pourraient pas rendre de la
même manière.
Sur la santé des femmes, je vous dirai seulement qu'il nous
semble que, dans votre remarque, il y a quelque chose concernant le long terme,
parce que vous faites appel à une approche de prévention. Pas
récemment, mais le seul fait, par exemple, d'étendre le
réseau des CLSC, dont la vocation est d'avoir une telle approche, est de
nature à travailler tranquillement à faire que les femmes
s'assument et ne puisent pas seulement dans le valium la solution à
leurs problèmes. Pour ce qui est des césariennes, il y a toute
une approche liée à la médecine douce ou aux sages-femmes
qui a été, en tout cas, encouragée. J'ai participé
la semaine dernière à un symposium international sur les
sages-femmes et je pense que le mouvement, là aussi, de ces femmes pour
assurer l'autonomie de leur corps et le contrôle de leurs naissances est
encouragé, même s'il peut susciter à certains égards
les tiraillements que vous savez.
J'en ai une autre. Sur les garderies, je voudrais souligner que
l'augmentation du budget cette année n'est pas de 9 000 000 $. C'est 9
000 000 $ qu'on est allé chercher au comité des priorités,
mais il y avait déjà l'augmentation prévue du budget.
C'est donc de 13 400 000 $ que le budget des garderies sera augmenté.
Cependant, je conviens qu'il y a des problèmes et, là aussi, je
vais chercher à discuter de cette question les 16 et 17 mai.
Je m'excuse. Sur les règlements, il y a sûrement Stella qui
voudrait ajouter quelque chose.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mme
Guy.
Mme Guy (Stella): Sur deux points peut-être, la question du
règlement et la question de l'augmentation de l'effectif de l'office. Ce
qui avait été prévu lors de l'implantation de l'Office des
services de garde, c'est qu'on arriverait à 72 employés en
1983-1984. Nous y arrivons en 1984-1985. Nous avons eu 22 postes. C'est ce qui
fait cette augmentation du budget. Il ne faut pas oublier que nous couvrons la
province avec 72 employés pour l'administration d'un budget de 72 000
000 $ et il y a beaucoup de frais de déplacement. Nous n'avons pas de
bureaux régionaux. Le compte de frais de déplacement en
région, parce qu'on veut vraiment être le plus présent
possible, y est pour quelque chose et c'est quand même encore
considéré comme une très petite équipe, compte tenu
de tous les besoins de soutien technique et professionnel dont ont besoin les
garderies.
Pour ce qui est des coûts de rénovation, je ne sais pas
d'où vous tenez vos chiffres, Mme Saint-Amand, à savoir que la
moyenne est de 90 000 $, mais vous êtes probablement près de la
réalité pour certaines garderies. Il faut bien comprendre que ces
garderies avaient deux ans - cela fait deux ans que le règlement est en
vigueur - pour s'y soumettre. Il y en a pour qui c'est déjà
terminé et l'ordre de grandeur varie aussi d'une garderie à
l'autre. Il y en a où c'étaient des réparations de 5000 $;
d'autres, de 10 000 $ ou 15 000 $; d'autres de 100 000 $. Je suis d'accord avec
vous. Et 300 garderies, moi non plus, ce ne sont pas les chiffres que j'ai en
main. Cela dépend où on les prend. Mais il ne faut pas oublier
non plus que l'office donne des subventions. Cette année, les
mêmes subventions pour la rénovation et le
réaménagement seront accordées autant aux garderies
à but lucratif qu'aux garderies sans but lucratif. C'est sûr que
cela ne paiera pas tout, je suis d'accord avec vous. Il y aura probablement des
corporations sans but lucratif qui devront soit augmenter leur
hypothèque, soit assumer une dette pour compléter les travaux. Je
suis d'accord avec vous qu'il y a un élément de problème.
Nous essayons de les passer pièce par pièce. C'est pour cela que
nous sommes allés chercher l'aide des municipalités aussi.
Période de questions
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie et je
remercie Mme la ministre. Je vais passer immédiatement à quelques
questions, laissant évidemment la très grande partie des
questions à ma collègue et à d'autres membres. Ce sont des
questions assez précises sur lesquelles je
voudrais surtout sensibiliser la ministre. Je pense que des
représentations lui ont été faites au sujet du centre
d'accueil Préfontaine pour les femmes itinérantes; alors qu'on
demande une subvention pour pouvoir servir les femmes, on n'en accorde que pour
les hommes, mais les hommes ont déjà de nombreux centres
d'hébergement alors que les femmes itinérantes n'en ont pas.
Est-ce que la ministre a pris une décision à cet
égard?
Mme Lalonde: Vous savez fort bien que je ne peux pas prendre une
décision, mais j'ai fait et je continue à faire - et j'ai eu une
bonne écoute - des représentations relatives à ce
problème. Je suis en effet soucieuse de faire en sorte qu'il y ait une
suite, parce que cela me paraît également inadmissible que, pour
toutes les femmes itinérantes, il n'y ait pas une seule place à
Montréal.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'apprécie que la
ministre... Je suis convaincue qu'elle a fait des démarches. Mais vous
comprendrez que c'est quelque chose... Je pense que vous considérez que
ce problème est important - nous aussi - mais n'avez-vous rien d'un peu
plus précis? Est-ce que c'est rendu au Conseil du trésor?
Mme Lalonde: Cette représentation m'a été
faite récemment...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
Mme Lalonde:... et je suis en voie de... Je vous tiendrai au
courant.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon. En tout cas, vous
avez tout nôtre appui là-dessus. Si vous voulez qu'on se
fâche un peu plus, cela nous fera plaisir.
La deuxième question sur laquelle je voudrais que vous vous
penchiez, au cas où ce ne serait pas venu à vos oreilles - mais,
si vous n'avez pas de réponse ce soir, je ne vous en voudrai pas, c'est
vraiment pour vous sensibiliser - concerne les projets de modification aux
cliniques Domrémy à Montréal. Vous savez que ce sont les
cliniques externes. Il est fortement question qu'on les ferme. Elles seraient
remplacées par deux centres. Je ne veux pas entrer dans les
détails, mais ce sur quoi je veux attirer votre attention, c'est qu'il y
a là-dedans 30 % de femmes. Évidemment, je ne veux pas non plus
faire le débat de la bataille entre la formule AA et la formule
psychosociale. Personnellement, je pense qu'il y a place pour les deux. Mais,
chose certaine, avant de fermer ces cliniques pour des femmes qui peuvent
difficilement s'absenter de chez elles pour des laps de temps d'une semaine, de
quinze jours, etc., les cliniques externes devraient être maintenues - je
mets de côté la question de l'approche, mais ce serait
peut-être une question très importante qu'on laisse à leur
disposition des cliniques où elles peuvent aller sur une base externe.
Je ne sais pas si la ministre est au courant. Si elle ne l'est pas, j'aimerais
qu'elle examine la question. Est-ce que vous en avez entendu parler?
Mme Lalonde: J'ai lu les journaux comme tout le monde, mais je
n'ai pas été sensibilisée de façon spéciale
à cette question. Je vous promets de m'y intéresser.
Les services de garde
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, d'accord.
J'ai deux autres questions à poser, peut-être à Mme
Guy. Incidemment, je tiens à le dire, parce que, trop souvent, on entend
seulement des sons de cloche négatifs, mais, à l'intérieur
des ressources qui sont les siennes, j'ai entendu beaucoup - comment dirais-je?
je n'aime pas le mot "compliments" - de commentaires favorables sur les
services rendus par l'Office des services de garde et les pourparlers que
certaines gens avaient pu avoir avec la directrice ou la présidente - je
ne sais pas - de l'Office des services de garde, en tout cas. Cela dit, j'ai
une question précise à vous poser. Quel est le coût de la
création d'une place en garderie à but non lucratif? (21
heures)
Mme Guy: D'abord, je vous remercie pour votre
appréciation, Mme Lavoie-Roux. Le coût n'est pas le même la
première année et la deuxième année. Je
vérifie avec le secrétaire général pour ne pas me
tromper. La première année, c'est 2800 $ par année,
puisque vous avez 1200 $ pour l'implantation. À l'ouverture, chaque
garderie reçoit cette année, à compter d'avril, 1200 $
pour l'achat d'équipement, l'investissement, s'il y a achat d'un
immeuble. Si vous avez 50 places, vous multipliez par 50î c'est pour cela
que, la première année, c'est 2800 $. La deuxième
année, donc, le coût baisse à 1600 $ par année. Vous
calculez aussi maintenant globalement là-dessus l'aide financière
aux parents. Il y a 50 % des parents utilisateurs des services de garde qui
reçoivent une aide financière. On la répartît
à ce moment-là sur l'ensemble des places, quand je vous donne ces
coûts.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Alors, dans les 1200 $ qui sont pour...
Mme Guy:... le démarrage...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, pas les 1200 $, la
différence entre 1200 $ et 2800 $, les 1600 $...
Mme Guy:... les 1600 $.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):... qui
représentent le coût permanent, cela comprend l'aide aux
parents.
Mme Guy: Oui, dans les 2800 $.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pour l'ensemble.
Mme Guy: Pour l'année, pour l'ensemble de l'année.
Cela comprend 4 $ par jour, cela comprend la proportion du logement, la
subvention pour pouponnière, les handicapés, tout est au
prorata.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Et l'allocation aux
parents.
Mme Guy: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, parfait. Â la
deuxième question, je suis sûre, du moins je ne crois pas que vous
ayez la réponse, mais si vous pouviez me la faire parvenir... Compte
tenu qu'il y a beaucoup de plaintes, que je juge fondées - je voudrais
quand même avoir des points de comparaison - quant aux salaires qui sont
payés aux travailleuses en garderie, est-ce que vous avez des chiffres
qui vous permettent de comparer ce qui est payé au Québec par
rapport à ce qui est payé en Ontario ou dans d'autres provinces?
Également, quel est le niveau de formation requis? Je connais celui du
Québec, mais qu'en est-il comparativement aux exigences quant à
la formation des travailleuses en garderie, tant les travailleuses que les
directrices, en Ontario? En fait, si vous aviez un tableau comme cela que vous
pouviez me faire parvenir, je l'apprécierais beaucoup.
Mme Guy: Je vais vous le faire parvenir. Il est incomplet. Celui
du Québec est beaucoup plus complet, vous comprendrez que je m'y suis
davantage intéressée. Je ne sais pas, Mme la Présidente,
si vous avez eu l'occasion... Parfois, je vous envoie la documentation et
parfois vous ne l'avez pas. L'office a commandé au Centre de recherche
en développement économique de l'Université de
Montréal, en collaboration avec les syndicats de la CSN, parce que nous
avons cent garderies syndiquées, une étude sur les conditions de
travail dans les garderies au Québec. C'est publié, cela date de
l'an passé.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, c'est cela.
Mme Guy: C'est très récent, j'en ai des copies. Je
peux vous en laisser une ce soir pour celles du Québec.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'aimerais bien, oui.
Mme Guy: Pour ce qui est des comparaisons avec les autres
provinces, les chiffres que j'ai sont assez semblables. Ce sont des
travailleurs et des travailleuses qui sont payés entre 7 $ et 8 $ au
maximum dans les garderies subventionnées. Au Québec, c'est 7, 30
$ l'heure; par contre, dans les garderies à but lucratif, on voit que
c'est beaucoup plus près du salaire minimum, entre 4 $, 5 $ et 6 $.
C'est ce qui explique que les garderies è but lucratif puissent
continuer d'exister tout en étant concurrentielles, en chargeant un peu
moins cher.
J'aurai une meilleure information, Mme la Présidente à la
fin de juin parce que, cette année, le gouvernement du Québec a
accepté dans le cadre des échanges entre le fédéral
et le provincial que la rencontre annuelle des répondantes des services
de garde de toutes les provinces du Canada ait lieu au Québec,
c'est-à-dire à Montréal, le 20 ou le 21 juin, fin juin, je
ne l'ai plus en mémoire. C'est un des points à l'ordre du jour,
chacune des provinces doit apporter des données afin qu'on essaie de
comparer entre les provinces. Je pourrai alors vous faire parvenir cette
information, ce qui veut dire au début de juillet.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, je vous remercie.
Une dernière question. En fait, c'est relatif aux exigences pour
l'ouverture de garderies, des exigences qui proviennent tant du milieu
municipal que du ministère de l'Habitation et de l'office des garderies,
ce qui fait que, pour quelqu'un qui a un projet de garderie, cela devient
extrêmement compliqué parce que, évidemment, les choses ne
concordent pas toujours. C'est-à-dire qu'on peut obtenir son permis de
la municipalité, de l'Office des services de garde et se le voir refuser
par le ministère de l'Habitation, et vous pouvez inverser ça ou
tricoter ça comme vous voulez, le résultat final, c'est que
ça devient très difficile dans bien des circonstances de
finalement satisfaire à toutes les exigences.
Quelqu'un faisait la suggestion que peut-être on pourrait enlever
une de ces étapes, par exemple que l'Office des services de garde ait la
compétence pour établir aussi les normes physiques ou de
sécurité. Il faudrait évidemment modifier des
règlements, mais vous avez dû examiner ce
problème-là dans son ensemble. Vous avez sûrement
reçu une lettre, parce que je vois qu'elle a été
adressée à la ministre déléguée à la
Condition féminine et à la présidente de l'Office des
services de garde par quelqu'un qui essaie depuis deux ans d'ouvrir une
pouponnière pour les bébés des femmes qui retournent sur
le marché du travail et qui
sont toujours en butte à cette espèce de cercle vicieux.
Je voulais juste savoir si vous vous étiez penchée sur ce
problème-là.
Mme Guy: Je suis assez sensible à cela, Mme la
députée de L'Acadie. On a au moins gagné une chose avec le
MHPC. Nous avons vraiment amélioré les délais de presque
quatre mois pour ce qui est des émissions des certificats de
conformité.
Là-dessus je vous dirai que l'Office des services de garde est
assez tenace au point de vue de ces exigences, parce que c'est la
sécurité des enfants. Je frémis chaque fois, en tant que
présidente de l'Office des service de garde, quand je lis les journaux,
que j'entends les nouvelles, qu'il y a eu un feu et que des gens sont morts,
que ce soit dans un foyer de vieillards ou un autre, à l'idée
que, si on n'avait pas appliqué la Loi sur la sécurité
dans les édifices publics dans une garderie, il arriverait un tel
malheur.
C'est vrai que c'est long, la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics. Le MHPC est responsable de l'application de cette loi.
C'est pour ça qu'on travaille en collaboration avec lui. Je pense qu'on
ne doit jamais prendre de risque là-dessus au point de vue de la
sécurité des enfants. Nous avons des garderies; ça varie
de 20 à 200 enfants. S'il arrive quelque chose, il faut être
assuré que tout est vraiment conforme, les sorties de secours, les murs
coupe-feu et tout. Je vais continuer quand même auprès des villes
et aussi des ministères à faire avancer les délais
d'inspection. Des fois il y a un inspecteur qui passe aux six mois sur la
Côte-Nord ou des choses comme ça. On a essayé
d'améliorer les choses et vous pouvez compter sur l'appui de l'office
pour encore les simplifier mais pas pour céder sur les exigences de base
en ce qui concerne la sécurité des enfants. Je suis sûre
que vous m'appuyez là-dessus, Mme la députée.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie.
M. le député de Deux-Montagnes.
Le budget et la condition féminine
M. de Bellefeuille: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
remercier mes collègues du côté ministériel de me
permettre de passer tout de suite, contrairement à la règle de
l'alternance; c'est parce que, comme vous, Mme la Présidente, je dois
prendre un avion. Je me permettrai d'expliquer à Mme la ministre que
c'est parce que, comme elle, je suis en campagne électorale. Mes
échéances sont peut-être moins immédiates que les
siennes parce que moi, c'est pour les générales, qui sont
peut-être loin mais peut-être aussi très proches. On ne sait
pas, alors, je suis en campagne et j'ai demain des choses à faire dans
ma circonscription et je dois m'en aller.
M. Blouin: M. le député de Deux-Montagnes, si c'est
là votre argument, vous pouvez retarder votre départ, les
élections, ce n'est pas pour bientôt.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le député. Je me
souviens que Mme Payette avait dit une fois à l'Assemblée
nationale, il y a environ sept ans, à peu près ceci: Vos jeux de
petits garçons ne m'amusent pas. Je comprends ce point de vue. Je suis
le premier à reconnaître que le fonctionnement du Parlement,
très souvent, ce sont des jeux de petits garçons qui ne sont pas
amusants. Pourtant, je m'y amuse beaucoup. Mes collègues d'en face
savent qu'il m'arrive de participer très activement à ces jeux de
petits garçons, mais cela a quelque chose d'artificiel.
Je voudrais ce soir, Mme la ministre, vous parler d'une façon
tout à fait différente de ce qui est habituel, en tout cas
habituel pour moi, et dire que si Mme la présidente a signalé que
je suis un habitué de cette étude des crédits de la
condition féminine, si effectivement je suis un habitué, c'est
parce que je considère que la condition féminine est un des
grands problèmes politiques de notre époque. Ce n'est pas parce
que je suis moins macho que d'autres hommes. Je suppose que je le suis autant.
Ce n'est pas parce que j'ai une perception particulière de ces
problèmes. Non, je n'ai pas ce don, ce sixième sens qui ferait
que je verrais avec des yeux de femme ce que seulement des femmes peuvent voir.
C'est parce qu'il me semble que la politique, c'est essentiellement deux
choses: c'est la liberté et la justice. En politique, si on n'est pas
conscient qu'on est là pour élargir constamment, éloigner
constamment les frontières de la liberté et les frontières
de la justice, on perd son temps. On peut peut-être briller comme
administrateur, on peut peut-être briller dans les petits jeux
parlementaires, mais on n'a rien fait si on n'a pas fait avancer la
liberté et la justice.
La condition de la femme, c'est une question politique qui pose, de
façon très, très claire, ces problèmes de
liberté et de justice. On parle de la libération de la femme
à bon droit. On doit aussi constater que la condition féminine
est une condition marquée, à beaucoup d'égards, par
l'injustice.
Je vous vois là, devant nous, Mme la ministre, accompagnée
de collaboratrices éminentes et je me demande dans quelle mesure les
femmes ne seront pas récupérées par le système. Je
constate, par exemple, qu'à propos du dernier budget du gouvernement Mme
McKenzie, qui est à votre gauche, vous a fait parvenir un texte dans
lequel elle fait de ce budget une critique à laquelle je ne
retrancherais pas un mot sous
l'aspect de la justice. Vous, vous avez été amenée
à commenter la chose et je n'ai pas eu l'occasion de voir dans le
détail ce que vous avez dit. Je l'ai entendu deux fois à la
radio. Je vous ai entendue, Mme la ministre, dire à peu près
ceci, que malgré tout, même si certaines de ces critiques vous
paraissent fondées, il y a un certain nombre de femmes qui tirent
avantage du budget du gouvernement.
Permettez-moi, Mme la ministre, d'exprimer l'avis que cette situation
où vous êtes divisée illustre un phénomène de
récupération parce que ce qui compte - j'ai écouté
avec beaucoup d'attention les questions qui ont été
soulevées jusqu'ici en commission - ce n'est pas seulement tel et tel
aspect précis du dossier de la condition féminine, c'est la
condition féminine dans son ensemble. Comment évolue-t-elle?
Est-ce qu'elle évolue en particulier dans le sens d'une plus grande
justice?
Le budget. Il y a la critique de Mme McKenzie, il y a la défense
que vous en avez faite, Mme la ministre. Mais qu'est-ce que c'est qu'un budget?
Cela en fait un certain nombre que je vois, un certain nombre de discours sur
le budget que j'entends en ce Parlement depuis 1976. 11 ne faut pas être
grand clerc pour constater que l'art du budget est l'art de changer le mal de
place. Ce n'est rien d'autre que cela. Le gouvernement actuel, par exemple, a
changé le mal de place il y a quelques années en supprimant la
taxe de vente sur les meubles, sur les vêtements, sur les chaussures, sur
les choses considérées comme essentielles. C'était
excellent. Mesures sociales, mesures de justice, c'est parfait.
Maintenant, le gouvernement, ayant besoin d'argent, change le mal de
place. Il inflige un nouveau mal qui est la taxe sur les assurances. Le budget,
ce n'est pas sorcier. C'est une question de savoir où on va faire mal
parce que, fatalement, on va faire mal, fatalement, on va aller chercher de
l'argent.
M. Blouin: Les exemptions, vous n'en parlez pas. (21 h 15)
M. de Bellefeuille: Alors, dans cette critique que Mme McKenzie a
faite, je ne veux pas du tout relever des choses qui pourraient paraître
techniques. Je voudrais, au contraire, relever une ligne de force, une
constante. C'est que le budget n'améliore pas la condition de la femme.
S'il est vrai, et je n'en sais rien, que le budget est avantageux pour
certaines femmes, il est sûrement vrai qu'il est, en
général, désavantageux pour les femmes déjà
désavantagées. Je trouve cela déplorable et grave et
j'aimerais, Mme la ministre, vous dire en toute simplicité mon avis.
Vous devriez vous-même le dire. Plutôt que de prendre la
défense d'un budget qui, dans ses grandes lignes, à ce point de
vue, n'est pas défendable, vous devriez prendre la défense des
femmes, surtout des femmes les plus désavantagées, et dire au
gouvernement et à la population: Ce budget n'est pas juste; ce budget
aggrave la condition des femmes les plus désavantagées, en plus
d'accroître l'asservissement de la femme dans sa relation avec son
conjoint. C'est le volet liberté de la chose.
M. le président de l'Assemblée nationale ne nous permet
pas de montrer des graphiques pendant la période des questions, mais il
ne peut pas m'interdire de le faire en commission. J'ai fait préparer ce
petit tableau à votre intention, Mme la ministre, pour vous signaler une
chose qui me paraît plus importante que tout le reste de ce qu'on peut
dire. Quel est le principal indice de la santé d'une
société? Quelle est la principale mesure de la justice dans une
société? Il me semble que c'est la répartition des
revenus, la répartition des richesses et, donc, le
phénomène de la pauvreté. Ce tableau illustre les taux de
pauvreté chez les familles et les personnes seules, selon les sexes, de
1980 à 1983. Qu'est-ce que ce tableau montre? Ce tableau montre qu'il y
a, de 1980 à 1981, une chute légère de la pauvreté
et, depuis 1981, une augmentation, une aggravation en 1982 et en 1983. Quand le
gouvernement, quand vos collègues que je connais, tous ces beaux
messieurs, vous parlent de relance, vous pourrez leur dire cela. Qu'est-ce que
cela veut dire, une relance, alors que les pauvres sont plus pauvres qu'avant?
Si on est en politique pour la justice, qu'est-ce que cela veut dire, une
relance qui fait que les pauvres sont plus pauvres qu'avant?
Parmi ces pauvres, je vous signale, Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine -
êtes-vous déléguée ou ministre de, je ne me souviens
pas...
Mme Lalonde: C'est déléguée, je crois.
M. de Bellefeuille: Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine, je vous signale ce que vous savez
déjà, mais je pense qu'il n'est jamais inutile de le rappeler,
que les femmes sont plus pauvres que les nommes. Regardez ces colonnes. Lorsque
c'est la femme qui est chef de famille, c'est ça ici, le jaune plein. Ce
sont les femmes chefs de famille. Comparez cela au vert plein. Ce sont les
hommes chefs de famille. La pauvreté est immensément plus grave
chez les femmes chefs de famille que chez les hommes chefs de famille. La
pauvreté est considérablement plus grave chez les femmes seules
que chez les hommes seuls. La tendance est à une augmentation de la
pauvreté qui atteint maintenant le niveau de 1980 et qui même,
dans la plupart des catégories, est plus élevée que
les
niveaux de 1980.
Discutons garderies, discutons toutes ces questions importantes et qui
sont graves, mais n'oublions pas que nous vivons dans une société
où les pauvres s'appauvrissent et, parmi les pauvres, les femmes sont
les plus pauvres et elles s'appauvrissent plus que les hommes. Les femmes
pauvres s'appauvrissent plus que les hommes pauvres. Je pense, Mme la ministre,
que c'est une chose que vous avez mission de dire à la population et de
dire au gouvernement, et ne pas entreprendre la défense d'un budget qui
va aggraver cette situation. Fatalement, le budget...
Je vous réfère, M. le député de Rousseau,
à la critique que Mme McKenzie, ici présente, a faite de ce
budget. Elle explique très clairement comment et pourquoi le budget va
aggraver cette situation.
Si on veut me faire observer que les données dont je viens de
faire état sont des données canadiennes et non pas des
données québécoises, j'ai un autre petit tableau ici qui
montre que c'est la même chose au Québec que dans l'ensemble du
Canada, mais en pire. Tous les phénomènes qu'on observe dans
l'ensemble du Canada. Pour 1979-1983, les personnes seules au Québec,
c'est cette ligne-là et les personnes seules au Canada, c'est cette
ligne-là, les deux lignes sont parallèles, sauf que c'est plus
grave au Québec que dans l'ensemble du Canada. Ici, ce sont les
familles, c'est le même phénomène, augmentation de la
pauvreté chez les familles au Québec et augmentation de la
pauvreté chez les familles au Canada. C'est parallèle, c'est le
même problème, mais il est plus grave au Québec qu'au
Canada. Autrement dit, ces colonnes, si on avait les statistiques voulues pour
les faire pour le Québec, ce serait encore plus grave.
Mme la ministre, je vous encourage à continuer le bon travail que
vous avez commencé, dont vous avez fait état, mais j'aimerais
bien vous entendre dénoncer le scandale que constitue la pauvreté
grandissante des femmes au Québec. J'aimerais bien vous entendre
dénoncer un budget qui ne peut qu'aggraver ce problème, qui ne
peut que desservir la cause de la condition féminine à tous les
égards qui ont été signalés non seulement par Mme
McKenzie, mais par plusieurs intervenants à l'Assemblée nationale
et par plusieurs intervenants en dehors de l'Assemblée nationale. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Middlemiss): Excusez. M. Blouin: M. le
Président...
Le Président (M. Middlemiss): Un moment, s'il vous
plaît! Je pense que la parole est à Mme la ministre.
M. Blouin: Juste une question de règlement, M. le
Président. Je serais d'accord qu'on donne deux minutes au
député pour qu'il nous explique pourquoi le budget aggrave les
choses. Il ne nous a rien dit. Il a passé ses tableaux, mais il ne nous
a rien dit.
Le Président (M. Middlemiss): M. le député
de Rousseau, excusez. Je crois que la question a été posée
à Mme la ministre et c'est à elle de répondre.
Mme Lalonde: D'abord, M. de Bellefeuille, s'il vous
plaît...
M. de Bellefeuille:... de renvoyer M. le député de
Rousseau au document de Mme McKenzie qui a été publié dans
tous les journaux et qui est sûrement dans le dossier. Demandez-le
à votre secrétaire si vous ne l'avez pas. Merci.
Mme Lalonde: M. de Bellefeuille, je peux n'importe quand
dénoncer la pauvreté et le fait que ce soient les femmes qui
s'appauvrissent davantage. Cependant, ce faisant je ne dénonce pas de ce
fait le budget, et vous devriez, vous, le savoir.
J'ai été habituée, au fil de ma vie, à
essayer de penser et de comprendre par moi-même et d'appeler un chat un
chat, justement dans la perspective d'avancer. Il est important de se
comprendre sur des données - d'ailleurs, en négociation, c'est
comme cela, il n'y a jamais moyen d'avancer si on ne commence pas par
s'entendre sur certains faits et savoir ce sur quoi on ne s'entend pas ou ce
sur quoi il y a du travail à faire. Ce que j'ai seulement voulu dire ce
matin, mais c'est très important, c'est que le budget, quand on le
regarde dans son entier, va permettre aux femmes - puisqu'on parle de la
question des femmes - qui travaillent et qui ont des enfants de payer moins
d'impôt, donc d'être mieux. Ce budget va permettre aux femmes qui
restent à la maison, qui sont mères de famille et qui, comme le
reconnaît Mme McKenzie, gèrent souvent le budget familial de se
retrouver aussi, à partir de janvier, avec un chèque de paie
où il y aura moins d'impôt de prélevé. Je pensais
important de rappeler ces faits.
Ceci dit, ce que le budget ne fait pas, et c'est vrai, c'est de
transformer les exemptions pour enfants à charge en allocations, dont
quelqu'un disait aujourd'hui qu'il faudrait de toute façon les abolir -
ce sur quoi je suis en parfait désaccord - ou en crédits. Je me
permets de rappeler qu'au Québec, contrairement à ce qui se fait,
je crois, dans l'ensemble du Canada, il y a déjà les allocations
de disponibilité pour les enfants de 0 à 6 ans qui donnent soit
500 $, soit 300 $ en crédits d'impôt, déjà, en
allocations de disponibilité. Il y a les
allocations familiales qui sont restées également au
choix. Quand on augmente, en plus, les déductions pour frais de garde de
2000 $ à 3510 $ pour les enfants de 0 à 6 ans, quand on baisse
légèrement seulement les allocations pour les enfants de 6
à 12 ans, quand ces déductions vont pouvoir être
prélevées à la source, ce qui n'a jamais été
fait et qui mettait souvent les parents dans des situations plus difficiles, je
ne peux pas dire que cela soit mauvais pour les femmes, en particulier pour
celles qui vont au travail. Cependant, je le répète, ce que le
budget ne fait pas, c'est de transformer ces exemptions.
Je me suis préoccupée, comme Mme McKenzie et comme vous,
de la pauvreté et du fait que les gens à faible revenu ne paient
pas d'impôt à un niveau X et en paient moins que les gens à
haut revenu. J'ai reçu l'assurance chiffrée et sur graphique, que
je pourrai vous transmettre aussi, que le régime fiscal du Québec
est encore le plus progressif en Amérique du Nord. Le présent
budget, en augmentant l'exemption ou le seuil où il n'y a aucun
impôt, fait qu'au Québec, par rapport à l'ensemble du
Canada, une famille à bas revenu paie encore moins d'impôt et
qu'une famille à haut revenu - le point est autour de 28 000 $ - paie
davantage d'impôt, quand on tient compte de tout. Il faut souligner que
l'impôt minimal, c'est une mesure, il me semble, que tout le monde, y
compris vous, doit accueillir avec satisfaction, attendu que les gens qui ont
des hauts revenus ne pourront plus profiter d'évasions fiscales; ils
devront payer de l'impôt sur 60 % de leurs revenus.
Alors, ce que le budget fait à l'endroit des femmes quand elles
sont au travail ou quand elles sont mères de famille, je l'ai dit; ce
qu'il ne fait pas, c'est de transformer les exemptions en allocations, ce qui
aurait eu pour effet de rendre cela encore plus progressif. Je dis, dans ma
lettre, qu'il faut continuer le débat sur cette question, sur la
question de l'autonomie financière des femmes qui travaillent à
la maison.
Je veux ajouter que, pour ce qui est des familles monoparentales, je
suis très sensible à cette question, j'ai trois enfants que je
fais vivre. Ce sur quoi le budget s'appuie... Là, l'État aurait
pu décider d'être plus favorable à l'endroit des familles
monoparentales, je ne m'en serais pas plainte, plutôt que de lui donner
un traitement équivalent, d'après les études. Mme Marois
m'a dit que c'étaient des études fines et renouvelées qui
avaient été faites au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu pour évaluer quels étaient
les besoins de base d'une famille avec un adulte, un enfant, deux.. C'est
à partir de cela que le budget aurait été fait. Encore une
fois, il me semble qu'il faudra redébattre cette question des familles
monoparentales. Mais, ce dont on m'a assurée, c'était qu'elles
étaient traitées sur un pied d'égalité.
Vous voyez, je ne pense pas que Mme McKenzie et moi soyons, du fait
d'être ici, en difficulté. Mme McKenzie, de par le rôle du
CSF, doit s'inquiéter que l'orientation des politiques du gouvernement
aille dans le sens de l'autonomie financière des femmes. J'ai dit qu'il
y a un bout que le budget fait, un autre bout que le budget ne fait pas. Je
tenais juste, parce qu'il me semblait que les propos de Mme McKenzie pouvaient
peut-être porter à ambiguïté, à préciser
ce que le budget fait et être d'accord avec elle sur ce qu'il ne fait pas
et dire, quant à moi, que le débat sur ces questions doit se
poursuivre.
Ce n'est pas de la récupération, M. de Bellefeuille.
Comment dire? J'ai 44 ans. J'ai fait, depuis de longues années, de
l'action politique à un autre palier. Je sais que c'est long.
J'ajouterais à vos deux mots, liberté et justice,
vérité. C'est celle pour laquelle j'opte, même si, parfois,
cela m'a coûté. Je pense qu'au total et rapidement, c'est plus
important, pour justement faire avancer la cause dont vous parlez.
La question de la pauvreté, ce n'est pas par le biais du budget
qu'on la traite, mais par le biais des différents programmes, lesquels
permettent d'aider les personnes et, en particulier, les femmes à cesser
d'être dépendantes de l'aide sociale. J'ai rencontré
plusieurs groupes qui travaillent dans cette direction. C'est,
également, par un ensemble de programmes de transfert, quand les gens ne
pourront jamais être autonomes et indépendants. C'est
l'utilisation que le budget fait des sommes d'argent qu'il va chercher. C'est
finalement dans les crédits qu'on dispose de cela. C'est pour cela que,
oui, je vais dénoncer la pauvreté et la paupérisation des
femmes. Cependant, je tenais à dire ce que le budget fait et ce qu'il ne
fait pas. (21 h 30)
Le Président (M. Middlemiss): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, très
brièvement. Mme la ministre signale un certain nombre de choses que le
budget fait. Pour reprendre son expression, on doit à la
vérité de reconnaître que, parmi ces choses que le budget
fait, on constate une constante. Les avantages qu'il apporte s'appliquent
d'autant mieux qu'on a un fort revenu et, dans ce sens-là, ce budget va
à l'encontre des objectifs de justice que j'ai postulés. C'est
nettement un budget qui n'est pas social-démocrate. C'est nettement un
budget de droite. Je ne dis pas que tout dans ce budget est mauvais.
L'abolition de l'impôt sur les droits de succession, c'est excellent.
L'augmentation des taxes sur les cigarettes, c'est excellent. Il y a un certain
nombre de mesures de ce genre qui sont excellentes, mais l'idée de
choisir sans
consultation - je ne veux pas m'étendre là-dessus, mais
enfin... - des mécanismes fiscaux qui avantagent surtout les personnes
les plus favorisées dans la société, c'est une idée
régressive que je condamne et j'estime que cela devrait être votre
rôle aussi, Mme la ministre, de les condamner plus clairement que vous ne
le faites puisque les principales victimes de cette tendance qui n'est pas une
tendance à la justice, ce sont les femmes.
M. Blouin: Aviez-vous compris le message sur la
vérité des choses?
Le Président (M. Middlemiss): M. le député
de Rousseau, s'il vous ptaît!
M. Blouin: Cela vous a échappé.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Lalonde: M. de Bellefeuille, quand on a une table
d'impôt progressive et qu'on réduit les impôts pour tout le
monde, il est évident que les réductions sont progressives. Je
vous souligne qu'en France M. Mitterrand ne fait pas différemment. Il
fait la même chose. Ce qui est important au total, c'est que dans le
budget, avec l'impôt minimal et le seuil d'exemptions haussé - et
vous la regarderez, la courbe, je vais vous l'apporter et je vous la ferai en
couleur juste pour vous - le régime fiscal au total est encore
très progressif. Je vais vous dire que, si cela n'avait pas
été le cas, non seulement je le dirais, mais je ne serais pas
ici.
M. de Bellefeuille: Comme les socialistes en France sont à
peu près aussi indépendantistes que le gouvernement du Parti
québécois, madame, cela ne me convainc guère. Merci.
M. Blouin: Les socialistes sont indépendantistes en
France"? C'est quoi, la... Salut, Pierre! Bonne fin de semaine.
Reposez-vous.
Le Président (M. Middlemtss): La parole est à Mme
la députée de Dorion.
Mme Lachapelle: Je continue de faire confiance è Mme la
ministre, qui est toute nouvelle dans notre équipe, concernant la
situation des femmes et, surtout, la situation économique des femmes et
aussi à Mme McKenzie qui, elle, continue à pousser. C'est
bien.
Ma question est d'un tout autre ordre. Depuis quelques années,
les agences de garde en milieu familial font valoir que les coûts de
garde sont comparables à ceux des garderies et que les parents qui
utilisent les services d'une agence doivent payer plus cher parce que celles-ci
sont moin3 subventionnées que les garderies. Quand comptez-vous
-peut-être avez-vous eu le temps de voir à ce dossier - modifier
les barèmes d'aide pour les utilisateurs de services de garde d'agences
reconnues et est-ce que vous avez l'intention de maintenir la proportion 1-10
dans le développement des places en agence par rapport à celle en
garderie?
Mme Lalonde: Pour la toute première, je peux
répondre. Cela me fait plaisir. Depuis les derniers crédits et
à partir du mois de juin, la situation des subventions pour la garde en
milieu familial sera la même que pour les enfants en garderie. Pour les
autres questions, Mme Guy.
Mme Guy: Oui. C'est bien pour l'aide aux parents?
Une voix: Oui, l'aide aux parents.
Mme Guy: Oui. Cela va être effectif à compter de
juin, mais pas la subvention de fonctionnement. Je pense que ce n'est pas la
parité qu'on doit financer quand les services sont différents.
Dans une garderie, il y a des frais qui sont inhérents, à
comparer à une agence. Je pense qu'on va le reconnaître
très vite.
Quant à l'autre partie, la proportion 1-10, dans les nouvelles
places de développement, cette année, nous avons eu des
crédits pour 2500 nouvelles places. 11 y en aura 500 pour la garde en
milieu familial reconnu et 2000 pour les garderies. Alors, vous voyez que la
proportion change. Je pense que cela va aussi selon la demande et le rattrapage
qu'il y a à faire quant aux demandes de garderie. Et, bientôt,
comme Mme Lalonde vous l'a annoncé, elle présentera lors du
sommet économique des orientations en développement, comparant
l'évolution de la garde en milieu familial à la garderie.
Mme Lachapelle: Toujours concernant ces agences de garderie, on
sait qu'en grande partie les femmes qui vont garder en milieu familial - les
jeunes filles aussi - gagnent souvent 2 $ l'heure. Il y a des agences de
garderie. Je ne sais pas si on parle des mêmes agences. On les appelle
des agences de garderie. Cela existe à Montréal.
Mme Guy: Non. Ce sont des agences de garde en milieu familial,
pour les femmes qui gardent les enfants à domicile. Cela ne peut pas
être des agences de garderie.
Mme Lachapelle: Bon. Les fameuses agences de garderie qui ne sont
subventionnées d'aucune façon et qui permettent à des
femmes de garder en milieu familial à 2 $ l'heure, est-ce qu'il y aurait
possibilité de permettre à des femmes
qui reçoivent de l'aide sociale de garder dans ces agences,
d'offrir leurs services à ces agences mais peut-être sans
être payées 2 $ l'heure? Est-ce qu'il y aurait moyen de venir au
secours de ces agences qui fonctionnent assez difficilement?
Mme Guy: Si je comprends bien, ces agences ne relèvent pas
de l'office, ne sont pas des services de garde reconnus. Ce qui a
été fait, c'est une évaluation, avec le MMSR, pour
l'intégration de certaines femmes dans des agences reconnues ou non
reconnues. Le groupe de travail en est arrivé à la conclusion que
ce n'était pas très positif, parce que ce sont des femmes
qui ont besoin d'un revenu beaucoup plus stable que celui apporté par la
garde des enfants à domicile. Si vous gardez trois ou quatre enfants
à domicile, cela ne rapporte pas suffisamment pour permettre à
quelqu'un d'en vivre. Souvent, c'est possible lorsque le mari a un salaire.
Avec deux salaires, c'est passible. Les femmes à qui cela a
été proposé trouvaient que ce n'était pas
suffisamment rentable. Elles pouvaient avoir un meilleur salaire en se
recyclant ailleurs. 11 est certain que vous avez la reconnaissance sociale
d'une tâche, qui est la garde des enfants, qu'on évalue à
un coût moindre. Mais cela me surprend que vous disiez 2 $ l'heure, parce
que je ne vois pas pourquoi elles seraient payées en dessous du salaire
minimum dans ces agences.
Mme Lachapelle: Comme vous le dites, ce n'est pas une agence qui
est reconnue par l'Office des services de garde à l'enfance. Mais ce
sont des agences qui existent. II y en a une dans mon comté et on
m'avait fait la demande suivante: plutôt que de les payer 2 $ l'heure...
Elles font cela de toute façon, faute de se trouver un emploi, parce
qu'elles ont le goût aussi. Elles reçoivent quand même une
formation...
Mme Guy: C'est un genre de placement de gardiennes. C'est cela,
des gardiennes à 2 $. Quelquefois, elles engagent des étudiantes.
Oui. Cela...
Mme Lachapelle: Alors, cette agence était prête
à fournir à ces jeunes femmes une garantie de tant d'heures par
semaine, mais elle n'était pas capable de les payer 4 $ l'heure. Je me
demandais si vous étiez au courant de l'existence des agences de ce
genre.
Mme Guy: On les connaît. Actuellement, la loi ne nous
permet pas d'intervenir dans ces cas. C'est sûr que nous sommes
très sensibles à tous les autres modes de garde quand on veut
s'assurer de la qualité des services offerts à ces enfants. Ce
que j'espère, c'est un effet d'entraînement et que la population
soit consciente qu'il va falloir mettre de la qualité dans les services
de garde et que c'est dangereux pour leur éducation et, parfois, leur
sécurité de laisser garder des enfants n'importe comment et
n'importe où.
Mme Lachapelle: Cela mériterait d'être
amélioré. Merci.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Dorion?
Mme Lachapelle: Non, je vais laisser la chance à d'autres
collègues.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: Merci, M. le Président. Je voudrais
revenir encore quelques minutes sur le budget Duhaime qui vient d'être
adopté, particulièrement à la suite des propos que la
ministre a échangés avec le député de
Deux-Montagnes. Le député de Deux-Montagnes a fait
référence à la lettre de critique qui a été
déposée par le Conseil du statut de la femme à l'endroit
du budget Duhaime. II y a également un autre groupe de femmes qui ont
aussi été très sévères à l'endroit du
budget Duhaime, ce sont 25 femmes qui composent le groupe de Décisions
85, groupe sur lequel Mme la ministre compte pour éclaircir certains
problèmes que le gouvernement actuel n'a pas réussi à
éclaircir quant à la condition de vie des femmes.
Le groupe des 25 femmes va jusqu'à mettre en doute - je cite ici
le texte - la crédibilité du gouvernement. Le fait que ce dernier
veuille mettre en vigueur des mesures d'une telle envergure sans aucune
consultation auprès de la société québécoise
les laisse perplexes quant à l'importance qu'il accorde aux
différentes consultations menées auprès des groupes de
femmes. La ministre est-elle d'accord avec la déclaration du groupe des
25?
Une autre question: La ministre est-elle également d'accord avec
le fait que dans le budget Duhaime on ne permette plus à une femme
mariée de gagner la somme minime de 1400 $ par année sans que son
mari en soit affecté sur son impôt quand on sait que pour ces
femmes, pour une grande partie de ces femmes, c'était le seul lien
direct qu'elles avaient avec le monde du travail? C'était le pied dans
la porte, espérant qu'un jour elles seraient en mesure d'avoir un autre
emploi que celui-là. C'était un emploi à temps partiel,
quelques heures par semaines, quelques heures par mois, mais qui leur
permettait d'avoir un contact direct avec le monde du travail, qu'elles ne
pourront plus avoir sans que leur mari en soit pénalisé.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre,
Mme Lalonde: Ce sont deux questions tout à fait
distinctes, je vais les traiter séparément. La première.
J'ai lu le communiqué des 25 femmes qui seront au sommet. Il est
évident que dans la lettre que j'ai envoyée à Mme
McKenzie, d'une certaine manière, ce que j'appelle les faits, qui sont
le résultat de l'analyse du budget, ces mêmes propos contredisent
dans certains cas, bien sûr, les propos des femmes. Mais je vais dire la
même chose que ce que je disais à propos du Conseil du statut de
la femme: Que les femmes soient inquiètes et préoccupées
de l'autonomie financière, j'en suis; cependant, cette
préoccupation ne doit pas occulter ce que fait véritablement le
budget Duhaime. Ce qu'il ne fait pas, c'est autre chose, mais je suis certaine
que les femmes qui tiennent compte des besoins de nombreuses mères de
famille qui travaillent à la maison ou qui travaillent en emploi seront
d'accord avec moi pour dire que ce n'est pas pareil suivant qu'une mère
qui travaille, si elle a deux enfants, à la fin de l'année, aura
à payer 500 $ ou 600 $ d'impôt de moins. Ce sera la même
chose pour la mère à la maison qui administre le budget; elle a,
pour gérer le budget de la maison, 500 $ ou 600 $ de plus à sa
disposition. Je suis certaine que les femmes ne souhaiteraient pas que M.
Duhaime n'ait touché à rien et, donc, n'ait pas permis
d'exemptions pour les enfants de même que les autres mesures parce que,
finalement, dans le cas de la femme au travail, il y a des mesures qui la
favorisent; dans le cas de la femme au foyer, c'est aussi pour elle
directement, mais sans que - je le répète -l'allocation lui
revienne à elle, ce qui est une question, il me semble, qu'il faut
continuer à débattre et à pousser dans le sens de
l'autonomie.
Cependant, je vais me permettre de vous souligner que je me pose une
question, à savoir quelle doit être l'attitude de l'État
è l'endroit de toutes les femmes? Autrement dit, comment peut-on traiter
sur un pied d'égalité, le plus possible en tout cas, les femmes
qui choisissent de travailler à la maison une partie de ou toute leur
vie et celles qui choisissent, avec des enfants dans les deux cas, d'aller ou
de continuer à être sur le marché du travail? La question
des 1420 $, on peut ia prendre de deux façons et ce que le budget fait,
on peut le prendre de deux façons. Ou bien on dit que la femme qui
était au foyer avant pouvait gagner 1420 $ sans que son mari ne soit
obligé de payer de l'impôt. C'est une façon de voir. On
peut dire, à partir de maintenant, que la femme qui choisit de rester
à la maison sans qu'elle ne travaille, son mari pourra avoir une
exemption d'impôt qui ne serait pas de 3960 $ mais de 4560 $ et,
l'année prochaine, de 5280 $, ce qui voudra dire ceci: que la femme
choisisse de travailler ou qu'elle choisisse de rester à la maison, ses
besoins essentiels sont comptabilisés de la même manière.
(21 h 45)
II est vrai qu'une femme qui veut travailler un peu va se retrouver dans
la situation où son mari devra payer de l'impôt sur, au maximum,
800 $ et ce, pour une année parce que ça ne sera pas vrai
l'année prochaine.
On aurait pu effectivement penser à des mesures
d'étalement pour appliquer cette mesure et ne pas le faire d'un coup
mais ces 800 $, si la femme a des enfants, se traduiront non pas par de
l'impôt de plus à payer pour le mari mais, de toute façon,
de l'impôt de moins même si elle travaille et gagne le même
montant que l'année dernière.
Le seul cas précis où le mari devra payer davantage
d'impôt, c'est dans le cas où cette femme qui reste à la
maison n'a pas d'enfant. C'est vrai et je ne peux pas dire que ce n'est pas
vrai. Est-ce qu'on peut déduire de là que toute la politique
budgétaire va dans le sens de la dépendance des femmes? Il me
semble que non.
Encore une fois, c'est autre chose que de transformer les exemptions en
allocations mais, là-dessus, je pense qu'il faut continuer le
débat, d'autant plus que le fait de l'avoir fait cette fois-ci se serait
traduit par un manque à gagner au total pour le provincial compte tenu
des programmes de transfert.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: Mme la ministre l'admettra avec moi, je suis
convaincue qu'elle n'ignore pas que, sur les 50 % de femmes qui sont au foyer,
ce n'est pas nécessairement des femmes qui ont choisi de rester au
foyer. Elles n'ont pas toutes le choix d'y être ou de ne pas y
être. Toutes les femmes ne sont pas prêtes à assumer une
fonction, à occuper un poste à l'extérieur de leur
foyer.
Mme Lalonde: C'est vrai.
Mme Saint-Amand: Pour d'autres raisons, elles sont
obligées de rester au foyer. Pour ces personnes-là, les 1420 $
étaient extrêmement importants. C'était plus que symbolique
d'avoir le privilège - parce que pour elles c'était un
privilège - d'avoir 1420 $ à leur nom sans même avoir
à toucher au salaire de leur mari. Pour elles, c'était
énorme. Ce sont elles, les femmes sans voix, et ce sont peut-être
celles-là qu'on a trop oubliées pendant trop longtemps et qu'on
semble vouloir continuer d'oublier.
Mme Lalonde: Si vous me permettez, je ne pense pas que ce soit
exact parce que ces femmes vont pouvoir... Je l'ai dit. J'ai dit dans quels cas
ces femmes vont continuer à travailler sans que leur mari n'ait un cent
de plus à payer à chaque fois que telle femme a des enfants. Plus
que cela, quand elle a des enfants... Écoutez, c'est
mathématique. Oui, c'est vrai. Bon, je dis comme vous qu'il aurait pu y
avoir des mesures d'étalement, effectivement.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: Je vais revenir aux programmes d'accès
à l'égalité parce qu'on sait que tout récemment,
d'ailleurs, le ministre Johnson a déclaré qu'il y avait certains
articles qui ne seraient probablement jamais promulgués et ce sont ces
articles qui retardent la mise en application des programmes d'accès
à l'égalité. Est-ce que la ministre a pris connaissance
des propos du ministre de la Justice? Est-ce qu'elle est d'accord?
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Saint-Amand: C'était à l'étude des
crédits du ministère de la Justice.
Mme Lalonde: Oui, j'ai pris connaissance de ces propos.
Mme Saint-Amand: Est-ce que vous êtes d'accord avec
cela?
Mme Lalonde: Quand je suis arrivée à la condition
féminine, une de mes priorités a été de pouvoir
mettre en oeuvre effectivement les dispositions de la charte sur l'accès
à l'égalité. Alors, j'ai essayé de faire le tour de
la question, discuté avec beaucoup de monde de cette question et
recherché la meilleure façon de faire, parce que c'est mon
objectif, qu'il y ait des programmes d'accès à
l'égalité. Je ne vous dis pas qu'il y a une position
d'arrêtée. Je vous dis que j'ai recherché la meilleure
manière de faire qu'il y ait des programmes d'accès à
l'égalité et que l'article 86. 2, si vous permettez, pouvait
représenter pour moi une difficulté à cet
égard.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: Lorsque M. le ministre de la Justice nous dit,
par exemple: Je ne suis pas sûr qu'il faille tous les promulguer - en
parlant des fameux articles - c'est un fait, je ne suis pas sûr que ce
soit le meilleur instrument pour faire progresser la condition féminine
au Québec en ce moment, dans le contexte actuel, vous partagez son
opinion?
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Lalonde: Ce dont je suis certaine, je me répète
et je vais continuer, c'est qu'il faut qu'il y ait des programmes
d'accès à l'égalité. Il faut que les institutions,
le gouvernement, les entreprises se donnent tel programme et il faut donc
mettre toutes les chances du côté des femmes. C'est ce à
quoi je me suis employée, à cette recherche.
C'est parce que je ne peux pas vous dire... II n'y a pas de position de
prise. Alors, si je vais plus loin... Là, ce n'est pas parce que je
peux... Je vous dis ce que je peux vous répondre, c'est ce que moi je
pense. Je ne peux pas vous dire ce que, à ce moment-ci, le gouvernement
pense mais très bientôt, au sommet, très certainement.
Mme Saint-Amand: C'est toujours Décisions 85 qui nous dira
ce que le gouvernement entend faire?
Mme Lalonde: C'est ça. Cela fait ça de pris.
Mme Saint-Amand: Bien sûr.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: En ce qui concerne le travail à temps
partiel, maintenant, est-ce qu'il y aura bientôt des amendements
apportés au Code du travail pour que les travailleuses à temps
partiel puissent bénéficier des mêmes avantages sociaux que
les autres au prorata des heures travaillées?
Mme Lalonde: Vous savez certainement...
Mme Saint-Amand: Décisions 85 aussi?
Mme Lalonde: Non. C'est une question qui me préoccupe.
Vous savez cependant qu'il y a la commission Beaudry qui doit faire des
recommandations sur l'ensemble et du Code du travail et des normes minimales.
Ce serait par le biais des normes minimales qu'on pourrait promulguer telle
chose. Je peux vous dire, Mme Saint-Amand, qu'au point de départ c'est
un des sujets qui devaient être abordés effectivement à
Décisions 85, mais, comme le gouvernement cette fois-ci ne pouvait pas
prendre d'engagement sur cette question à cause de la commission
Beaudry, le sujet a été reporté au mois de
décembre, ce qui permettra aux femmes d'exiger, de pousser, de faire
valoir leur point sur ou bien ce que recommande la commission Beaudry ou
autre
chose à cet égard si ce n'est déjà fait.
Par ailleurs, vous savez qu'il y a au MMSR une étude en cours
pour améliorer les conditions de travail prévues par la loi
actuelle sur cette question. Dans le secteur public, cette disposition existe
déjà. Il y a au ministère du Travail aussi une
étude qui se fait également et qui a été faite
parallèlement à la commission Beaudry.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: En ce qui concerne les maisons
d'hébergement, j'aurais quelques précisions à demander
à Mme la ministre. J'aimerais savoir quand on rendra publique la
politique de financement des maisons d'hébergement. À quel moment
précis la politique sera-t-elle rendue publique?
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Lalonde: À Décisions 85.
Mme Saint-Amand: On aurait dû retarder l'étude des
crédits d'une semaine ou deux, alors.
Mme Lalonde: Bien, je...
Mme Saint-Amand: Est-ce qu'on prévoit un plan de
développement...
M. Blouin: La loi de l'Assemblée ne le permet pas, Mme la
députée.
Le Président (M. Middlemiss): M. le député
de Rousseau, s'il vous plaît! M. le député de Rousseau,
s'il vous plaît! La parole est à la députée de
Jonquière.
Mme Saint-Amand:... ou on aurait dû avancer
Décisions 85.
M. Blouin: Là, écoutez, vous en demandez pas
mal.
Mme Saint-Amand: Ah oui! Prévoit-on un plan de
développement pour le nombre de places en garderies? Pardon, pour les
maisons d'hébergement?
Mme Lalonde: Pour les maisons d'hébergement, dans la
politique, on me répond oui. C'est une réponse que je ne savais
pas moi-même. Mais, dans la politique, oui, il y a un plan de
développement. Je sais que j'ai rencontré les
représentantes des maisons d'hébergement, les problèmes
qu'elles posaient pour Décisions 85... Vous voyez que cela a une
utilité certaine, cela permet de forcer qu'il y ait des réponses
à un moment donné. Je remarque - je n'y étais pas - que,
dans l'ensemble de la machine gouvernementale, c'est important d'avoir des
moments, des "momentums". La question qui était importante,
c'était aussi bien le financement que l'espèce de
récurrence des budgets. On étudiera cette question tout en
conservant le fait que ce sont des institutions d'un réseau alternatif
et non pas du réseau. Cela ne peut pas être la même sorte de
politique, forcément.
Il y a aussi la question des rapports entre les maisons
d'hébergement et le réseau au plan de la formation. Ce sont les
questions précises à Décisions 85, mais il y a une
politique qui sera rendue publique à ce moment-là.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: À la fin de mai, on devrait avoir des
réponses à toutes les questions concernant les femmes qu'on se
pose depuis l'an dernier; les questions auxquelles on n'a pas eu de
réponse, les sujets sur lesquels il n'y a pas eu de progrès de
fait, c'est Décisions 85 qui va nous donner tout cela.
Mme Lalonde: On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu de
progrès de fait, mais il y a eu cette conférence et des questions
précises ont été posées; il y aura des
réponses précises, effectivement.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Décisions 85
Mme Saint-Amand: J'aimerais, M. le Président, me faire
confirmer le nombre de personnes qui travaillent justement pour le projet
Décisions 85. On va en parler, il n'y a que cela, de toute
façon.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Lalonde: Je l'ai dit tantôt, il y a sept...
Mme Saint-Amand: C'est bien sept?
Mme Lalonde:... occasionnelles qui sont spécifiquement
à Décisions 85 et qui ont servi d'appui aux femmes parce qu'on
leur a donné les ressources qu'elles demandaient pour faire une
démarche autonome.
Mme Saint-Amand: J'aimerais connaître les sommes exactes
qui y sont consacrées.
Mme Lalonde: Oui. Les dépenses, c'est cela que vous
voulez?
Mme Saint-Amand: Oui, les sommes
exactes qui sont engagées pour Décisions 85.
Mme Lalonde: D'accord, pour la technique.
Mme Saint-Amand: Pour l'ensemble de la démarche de
Décisions 85.
Mme Lalonde: C'est cela. Production écrite, audiovisuelle,
publicité: 77 920 $.
Mme Saint-Amand: 77 000 $?
Mme Lalonde: 77 920 $, c'est cela. Mme Saint-Amand: Cela
va.
Mme Lalonde: Je m'excuse. Les rencontres régionales: 237
384 $ au total, ce qui comprend 110 000 $ en salaires, 20 000 $ en frais
d'organisation et 77 641 $ qui ont été versés aux femmes
pour les déplacements et autres. Les rencontres nationales: 18 000
$.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: Une autre question sur Décisions 85, une
question qui intrigue beaucoup de femmes, aussi, qui ont travaillé
à l'élaboration de cette démarche à la base, en
tout cas, certaines qui en ont parlé: Comment se fait-il qu'il a
été décidé de scinder la dernière
démarche en deux?
Mme Lalonde: Pour quelques raisons; l'ensemble des questions
était lourd, il y avait beaucoup de choses. Et, dans certains cas, le
laps de temps était tel qu'on avait de la difficulté à
imaginer de faire un travail sérieux si on voulait apporter des
réponses sérieuses aux femmes. Il y a un autre
élément qui était très important, c'est la
commission Beaudry parce que plusieurs des questions avaient trait aux
facilités de syndicalisation, aux normes, au temps partiel; donc, une
série de questions qui sont relatives à la commission Beaudry.
Alors, on se disait: Le gouvernement, même si on en traite, ne pourra pas
prendre d'engagement, attendu qu'il a demandé à la commission
Beaudry de lui faire des recommandations. Cela a pesé beaucoup dans la
balance. Donc, on a essayé de diviser les sujets de la façon la
plus équilibrée possible.
Le Préaident (M. Middlemiss): Excusez, il est maintenant
22 heures. On aurait besoin d'un consentement unanime pour continuer. Il reste
douze minutes pour compléter l'enveloppe de temps pour l'étude
des crédits. Est-ce qu'on a le consentement unanime?
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Middlemiss): Merci. Mme la
députée de Jonquière.
Mme Saint-Amand: J'aimerais savoir de quelle façon on a
fait la division des thèmes et quels sont ceux qu'on entendra dans la
deuxième partie seulement. (22 heures)
Mme Lalonde: Au moment où la division... La division a
été faite avec les femmes réunies. Je vais vous les
donner. Ce ne sera pas long. Je les avais tantôt. Les sujets qui seront
traités en décembre -j'aurais dû le dire tantôt, mais
j'ai voulu épargner du temps - Il y a les congés de
maternité et parentaux, les services de garde - on les a
séparés en deux - accessibilité et financement en
décembre, donc, des suites en décembre; le travail à temps
partiel, la syndicalisation, les avantages sociaux, dont le Régime de
rentes du Québec, les acquis d'expérience et la
fiscalité.
Mme Saint-Amand: C'est en décembre?
Mme Lalonde: Oui. Et en particulier, la reconnaissance - pas en
particulier, mais en général - à travers ces
questions-là du travail au foyer. Voulez-vous que je
répète ceux qui seront traités en mai?
Mme Saint-Amand: Oui, s'il vous plaît.
Mme Lalonde: II y a les maisons d'hébergement,
l'accès au crédit, les femmes collaboratrices et les femmes en
agriculture, l'accessibilité à des services de garde, la
formation des filles et des femmes, l'accès à
l'égalité, la spécificité pour les femmes,
évidemment.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière, avez-vous d'autres questions?
Mme Saint-Amand: Oui. En ce qui a trait aux garderies, j'aimerais
savoir quelles ont été les conclusions de l'étude qui a
été entreprise l'an dernier sur les besoins des services de garde
en milieu familial.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Lalonde: Je vais demander à Mme Guy, si vous me
permettez.
Mme Guy: À quelle étude référez-vous,
madame?
Mme Saint-Amand: C'est une étude qui a été
entreprise l'an dernier sur les besoins des services de garde en milieu
familial.
Mme Guy: Par qui? Je m'excuse. Je n'ai pas la
référence.
Mme Saint-Amand: Cela a été commandé par
l'office. Cela avait été mentionné lors de l'étude
des crédits l'an dernier.
Mme Guy: Sur les besoins... C'est cela. Il y a eu une
étude de la situation, mais pas nécessairement une étude
des besoins. Je ne sais pas, là...
Mme Saint-Amand: Le résultat de l'étude est-il
connu?
Mme Guy: II y en a eu deux. Il y a eu une étude - elle est
connue depuis plus d'un an, elle est publique - sur les caractéristiques
des femmes qui gardent ces enfants, leurs besoins en formation, leurs besoins
en soutien technique et professionnel. C'est déjà publié
dans les cahiers de recherche de l'office. C'est disponible. L'Office des
services de garde à l'enfance travaille actuellement à un projet
pour réviser le mode de financement des agences de garde en milieu
familial.
Mme Saint-Amand: Ah bon! C'est cette deuxième partie dont
il s'agissait?
Mme Guy: C'est en train d'être fait. C'est
commencé.
Tandis que j'ai la parole, Mme Saint-Amand, j'ai fait une erreur tout
à l'heure quand j'ai répondu à Mme Lavoie-Roux - je l'ai
corrigée avant qu'elle parte - quand j'ai donné les coûts
pour la première année: j'ai dit 2800 $, mais c'est 3100 $.
J'avais mes vieux chiffres en tête. Je pourrai envoyer les détails
à Mme Lavoie-Roux, si vous voulez...
Mme Saint-Amand: D'accord.
Mme Guy:... de la division de ces chiffres. Je tenais à
les corriger devant tout le monde.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière.
Mme Saint-Amand: Oui, c'est vrai. Quels sont les coûts
moyens de réaménagement pour les garderies sans but lucratif,
à la suite du règlement?
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme Guy: Je n'ai pas les coûts moyens, d'abord parce que
toutes les garderies ne nous ont pas encore fait parvenir l'ensemble de leurs
travaux. Il y en a plusieurs qui ne nous ont pas fait parvenir une
évaluation de leurs coûts. Alors, je n'ai vraiment pas le
coût moyen.
Mme Saint-Amand: Mme la ministre disait tout à l'heure que
les chiffres que je possédais n'étaient pas les mêmes que
les siens. Alors, j'aimerais savoir quels sont vos chiffres sur le nombre de
garderies qui nécessiteraient un réaménagement majeur?
Mme Guy: Ce qu'on a comme première évaluation, et
ce n'est pas terminé parce que nous sommes dans cette grande
opération... D'abord, ce qu'il faut comprendre c'est que toutes les
garderies ouvertes depuis 1983, ce qui veut dire plus d'une centaine, sont
complètement conformes. Elles n'avaient pas le choix, il fallait que Ja
section 4 s'applique. Donc, nous en avons 600 et il nous en reste 500. Parmi
les 500, nous en avons déjà plus de 100 dont nous sommes
assurés qu'il n'y a pas de problème. S'il en reste 400, au
complet, il y en a au moins 200 qui ne nous ont pas encore fait parvenir leur
coût moyen. Cela va rentrer. Elles attendaient de voir les nouvelles
subventions qu'on donnerait en avril 1985, en espérant que les
subventions au réaménagement et à la relocalisation
seraient augmentées. On pourra mieux vous répondre... Si cela
vous intéresse, vous pourrez communiquer avec moi d'ici à un mois
et demi. J'aurai des chiffres très précis.
Mme Saint-Amand: D'accord, merci. Dernier point sur les
garderies, un sujet qui me préoccupe beaucoup, les normes de
sécurité sur l'ameublement.
Mme Lalonde: Oui, surtout avec ce qui est arrivé dans
votre région.
Mme Saint-Amand: C'est un accident que je n'aime pas relater, que
je préférerais ne pas citer ici, qui a été
extrêmement pénible. Est-ce que l'Office des services de garde
s'est penché sur ce grave accident qui est survenu?
Mme Lalonde: Oui.
Mme Saint-Amand: Avez-vous l'intention de resserrer les mesures
de sécurité pour l'ameublement dans les garderies?
Mme Lalonde: Oui, nous sommes à réviser à
l'heure actuelle des parties de ce règlement. J'ai demandé aux
architectes de nous faire une proposition pour voir la possibilité de
rendre fixes les armoires à partir d'une certaine hauteur.
Mme Saint-Amand: Que l'ameublement soit fixé au plancher
ou au mur.
Mme Lalonde: Cela a aussi des avantages et des
inconvénients.
Mme Saint-Amand: Sûrement, mais les inconvénients
sont à coup sûr moins graves
que ce qui est arrivé, de toute façon.
Mme Lalonde: Oui. Malheureusement, l'accident qui est
arrivé n'était pas dans une garderie, c'était dans un
jardin, une halte qui n'avait pas de permis, puisqu'ils ne sont pas
obligés d'avoir un permis. Je vous assure que ce mois-ci, quand j'ai vu
cela, cela m'a fait réfléchir. Nous allons voir si, pour les
garderies, nous ne devrons pas, comme vous le dites, resserrer les
critères et exiger, par exemple, que les armoires soient fixes.
Mme Saint-Amand: D'accord.
Le Président (M. Middlemiss): Mme la députée
de Jonquière...
Mme Saint-Amand: Est-ce que je peux poser une dernière
question?
Le Président (M. Middlemiss): Je ne voudrais pas vous
couper votre temps, mais il y a le député de Shefford qui m'a
demandé la parole pour poser une courte question ainsi que le
député de Brome-Missisquoi. Je m'excuse.
Mme Saint-Amand: Je reviendrai s'il reste du temps.
Le Président (M. Middlemiss): D'accord. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Juste une précision, pour commencer. Mme
Guy, vous avez dit que le montant que vous avez donné tantôt
à Mme la présidente était de 3100 $ au lieu de 2800 $.
Cela veut dire quoi comme coût d'implantation, et ensuite comme
coût de fonctionnement? Les 1600 $ sont-ils toujours bons?
Mme Lalonde: Oui, après. Comme je vous l'ai dit, c'est la
première année que cela coûte 3100 $; l'année
suivante, en 1984-1985, la place coûte 1900 $. Je rappelle que cela
comprend la subvention de fonctionnement, 4 $ par jour, l'aide
financière aux parents, une proportion au logement et l'ensemble des
autres subventions comme la relocalisation, les handicapés, tout
l'ensemble des autres subventions qui font 60 $ par année pour
l'ensemble des places. Une fois qu'elle est ouverte, cela coûte 1900
$.
M. Paré: D'accord. Mme la ministre, avez-vous toujours
l'intention de maintenir une proportion de 1 à 10 dans le
développement des places en agence par rapport à celles en
garderie?
Mme Lalonde: C'est déjà une proportion qui est
changée. Il me semble que c'est 500 à 2000; donc, c'est 1
à 4.
M. Paré: Une dernière question que vous avez
à peine effleurée dans votre exposé - vous alliez vite
parce que vous vouliez prendre 20 minutes, c'est la condition des femmes
incarcérées. Je me rappelle qu'on en avait parlé
l'année dernière aussi avec la ministre à ce
moment-là. On parlait des conditions qui se vivaient à ce
moment-là. Est-ce que des gestes ou des actions ont été
posés depuis l'année dernière?
Mme Lalonde: II y a un comité interministériel qui
a été mis sur pied récemment sur la condition des femmes
détenues, auquel participent la Justice, bien sûr, la
Main-d'Oeuvre, la Condition féminine et les Affaires sociales. Le mandat
consiste à déterminer, à partir du profil de la
délinquante, les besoins ainsi que les services à offrir, en
tenant compte des contraintes budgétaires bien sûr.
Il y a cependant pas mal d'autres choses qui ont été
entreprises, comme un programme de travaux rémunérés en
milieu carcéral. Je ne sais pas si je vais énumérer tout
ça. Il y a une série de programmes de travaux, des programmes
d'information relativement aux services auxquels les détenus peuvent
recourir. La documentation à cet effet est dorénavant accessible
dans la majorité des bureaux. Il y a un processus de dépistage
des femmes détenues aux prises avec des difficultés,
références ou ressources appropriées.
Il y a des services de santé physique et mentale pour
détenus. Les recommandations du rapport du groupe de travail MAS-MJQ
quant aux soins du malade mental dans le processus judiciaire et correctionnel
allaient, en 1982, dans le sens que l'on hospitalise les détenues
malades plutôt que de les garder incarcérées. Des
démarches se poursuivent en ce sens auprès des autorités
de ces ministères et des autorités hospitalières afin
qu'il puisse y être réservée une aile pour les
détenues malades.
Ensuite, un projet de ressources d'hébergement psychiatrique
mixte - je m'excuse, je suis fatiguée aussi - pour détenus s'est
concrétisé par la signature, en mars 1984, d'un contrat
quadripartite Pinel-Trieste CSSMM-MJQ.
Mise sur pied de services et de ressources communautaires; accord de
services intervenu en mai 1982 avec la maison Hélène-Lacroix,
centre d'hébergement pour femmes en difficultés à
Sainte-Foy. À Montréal, la maison Thérèse-Casgrain
peut dorénavant recevoir quinze, au lieu de dix, ex-détenues de
Tanguay.
Enfin, il y a une politique préliminaire de santé pour les
détenues.
Le Président (M. Middlemiss): Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Paré: Oui, ça répond à ma
question.
Le Président (M. Middlemiss): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Blouin: M. le Président, il est déjà 22 h
12, comme vous pouvez le constater. Nous avons déjà
complété le temps qui était prévu selon les
ententes entre les partis. Nous avons excédé en plus de douze
minutes l'horaire. Alors...
Le Président (M. Middlemiss): Non, non. Pas du tout. M. le
député de Rousseau, c'est que les douze minutes étaient
pour compléter l'enveloppe de deux heures. Donc, on n'a pas
dépassé l'enveloppe. On a tenté de... J'ai même
coupé la parole à Mme la députée de
Jonquière pour donner une chance au député de Shefford de
poser sa question. Il y avait aussi le député de Brome-Missisquoi
qui avait demandé la parole.
M. Paradis: Une question sur...
Le Président (M. Middlemiss}: Une courte question.
Recommandations au
sujet de la santé des femmes
M. Paradis: Pour ne pas que Mme la ministre, pour
compléter peut-être l'enveloppe... Mme la ministre, en 1978, le
Conseil du statut de la femme faisait une série de recommandations au
ministère des Affaires sociales qui touchaient à des aspects
santé qui s'appliquaient spécialement aux femmes et à des
aspects sociaux qui s'appliquaient strictement aux femmes.
Au moment de l'étude des crédits du ministère des
Affaires sociales - je connais beaucoup de parlementaires qui étaient
présents à cette commission - on a interrogé l'actuel
ministre qui vient d'entrer en fonctions quant à ses recommandations et
quant à l'évolution des dossiers sur lesquels le Conseil du
statut de la femme s'était penché. Est-ce que, dans votre
évaluation, l'ensemble de ces recommandations a été suivi,
adopté et a connu un cheminement positif pour l'évolution des
demandes du Conseil du statut de la femme de 1978 ou si ce qui a
été accompli au moment où on se parle de, 1978 à
1985, laisse encore à désirer? Sur quels points
spécifiques désiriez-vous insister?
Le Président (M. Middlemiss): Mme la ministre.
Mme McKenzie: Le bilan n'était pas pour vous
impressionner. C'est simplement pour rappeler qu'effectivement cette politique
d'ensemble de 1978 contenait une masse de recommandations dont plusieurs
touchaient le domaine de la santé effectivement. Le Conseil du statut de
la femme a, comme Mme la ministre l'a mentionné au tout début de
son exposé, mis à la disposition du Secrétariat à
la condition féminine, en vue de !a préparation de
Décisions 1985, un bilan exhaustif de cette politique qui nous permet de
constater qu'il y a eu quand même des acquis d'importance au cours de ces
dix années qui viennent de s'écouler. C'est un bilan qu'on n'a
pas fait pour les dix années. Je dois dire qu'on l'a fait depuis 1978,
c'est-à-dire depuis le moment où on avait terminé cette
politique d'ensemble.
À la rubrique santé, il y avait des recommandations de
toutes sortes. Étant donné que le temps presse, je crois que je
vous ferai grâce d'en faire la nomenclature. Je rappellerai qu'il y avait
des éléments -puisque là, on rejoint l'actualité
pour voir où en sont les préoccupations - touchant la
santé mentale. Or, il se trouve que le Conseil du statut de la femme qui
associe les sous-ministres qui sont d'office membres du conseil, recevait
justement, jeudi et vendredi derniers, le sous-ministre des Affaires sociales
et, à ce moment, demandait au sous-ministre des Affaires sociales de
faire état de tous les dossiers concernant les femmes qui étaient
traités - dans son ministère, et de nous dire où en
était la question.
M. Deschênes, le sous-ministre des Affaires sociales, nous
rappelait que le ministère est quand même bien engagé dans
une politique touchant la santé mentale, et il convenait qu'il
était normal et prévu d'en saisir le Conseil du statut de la
femme de façon qu'on puisse faire à temps les recommandations qui
s'imposent dans le domaine. Là je reviens à la santé
physique, si vous voulez.
M. Paradis: Si je pouvais, faute de temps, interrompre... Est-ce
que vous pourriez reprendre les recommandations qui ont été
formulées en 1978 dans le domaine de la santé et dans le domaine
des affaires sociales? Et à partir des recommandations qui
étaient contenues dans le rapport, pourriez-vous nous dresser, pour les
parlementaires, un bilan.
M. Blouin: Question de règlement.
M. Paradis: Excusez...
M. Blouin: Question de règlement.
M. Paradis: La question peut être embarrassante. Dresser un
bilan des réalisations à partir des recommandations...
M. Blouin: Cela va faire.
Le Président (M. Middlemiss): Un
moment s'il vous plaît! Une minute, s'il vous plaît! Vous
voulez cela pour ce soir, M. le député de Brome-Missisquoi?
M. Paradis: Non, nous l'envoyer, nous le faire parvenir. Si c'est
possible. Écoutez, il faut être raisonnable.
Le Président (M. Middlemiss): C'est pour cela, M. le
député de Rousseau que je vous demandais d'attendre. Continuez,
madame.
Mme Mckenzie: Je vous demande un chèque en blanc. Quand
vous lirez le bilan que le conseil a établi, il admettait que beaucoup
de choses avaient été faites. C'est ce pourquoi d'ailleurs je
viens de vous parler de la santé mentale, parce que là on
reconnaissait qu'il y avait vraiment des choses à faire et les membres
du conseil étaient quand même heureuses d'apprendre la semaine
dernière que c'était là une préoccupation
sérieusement partagée par les gens en place au ministère
des Affaires sociales.
Cela étant dit, je crois qu'on pourra vous laisser un exemplaire
du bilan, M. Paradis. Il est fait et vous retrouverez... ce qui pourrait
être fait, oui, toujours à partir des recommandations; même,
dans la conclusion, vous retrouverez dans la rubrique santé ce qui a
été fait et ce qui reste à faire.
Par ailleurs, on a, comme on l'a mentionné, préparé
un bilan vulgarisé, qui pourrait être è la disposition de
toutes les femmes, bilan beaucoup plus manipulable qu'une brique semblable,
mais qui permet d'avoir une idée assez précise de ce qui a
été fait et de ce qui reste à faire.
M. Paradis: Je vous remercie beaucoup.
Mme Saint-Amand; Est-ce que je pourrais également en
obtenir une copie?
Mme McKenzie: On va vous la faire parvenir.
Mme Saint-Amand: Merci.
Le Président (M. Middlemiss): Maintenant, il nous reste
une chose. Est-ce que le programme 3 du Conseil exécutif concernant la
promotion des droits des femmes est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Middlemiss): Maintenant, j'aimerais
remercier Mme la ministre et son équipe pour s'être
présentées devant les parlementaires pour l'étude des
crédits. Sur cela, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 18)