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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lafrenière): La commission des
affaires sociales se réunit à la suite de l'interpellation du
député de Brome-Missisquoi au ministre des Affaires sociales sur
le sujet suivant: La diminution de la qualité et de
l'accessibilité des soins de santé sous le gouvernement du Parti
québécois.
Les membres de cette commission sont M. Beaumier (Nicolet): Mme
Bélanger (Mégantic-Compton): M. Bissonnet (Jeanne-Mance): M.
Blouin (Rousseau): M. Boucher (Rivière-du-Loup): M. Desbiens (Dubuc): M.
Gravel (Limoilou): Mme Lachapelle (Dorian): M. Lafrenière (Ungava): M.
Laplante (Bourassa): M. Lavigne (Beauharnois): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie): M.
Leduc (Fabre): M. Middlemiss (Pontiac): M. Paradis (Brome-Missisquoi): M.
Paré (Shefford): M. Pratt (Marie-Victorin): M. Sirros (Laurier). Est-ce
qu'on a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. Bissonnet (Jeanne-Mance) est
remplacé par M. Leduc (Saint-Laurent).
Le Président (M. Lafrenière): Merci. Je pense qu'on
a eu une entente pour les règles entre le député de
Brome-Missisquoi et M. le ministre des Affaires sociales. M. le
député.
Exposé du sujet M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, le ministre se souviendra
sans doute de notre dernière interpellation de deux heures qui a eu lieu
le 17 décembre dernier et qui portait sur l'indifférence du
gouvernement péquiste et l'incohérence de ses politiques dans les
dossiers de la santé et des services sociaux.
À l'époque - et j'ai la transcription du Journal des
débats, M. le Président - le ministre venait d'accéder
à ses nouvelles fonctions de ministre des Affaires sociales et sa
première réaction a été de dénoncer
l'Opposition comme une opposition irresponsable, une opposition alarmiste, une
opposition qui ne faisait pas ses devoirs et qui exagérait tout dans le
réseau de la santé et des affaires sociales. C'était une
réaction compréhensible pour un ministre qui n'avait pas encore
eu le temps de faire le tour de ses dossiers à l'époque, M. le
Président.
Depuis ce temps, les travailleurs du secteur de la santé du
Syndicat canadien de la fonction publique ont publié un document qui
s'intitule "La santé est malade, dossier noir sur la qualité des
soins et des services de la santé au Québec", que le ministre
connaît bien maintenant pour en avoir pris connaissance. Depuis ce temps
également, un journaliste montréalais a publié un dossier
dans le supplément Plus de la Presse du samedi 4 mai 1985 qui
s'intitulait "Le drame des urgences". Il parlait d'"environnement lamentable",
de "vrai champ de bataille" et d'"injonction pour obtenir un lit", etc.
Depuis ce temps, le ministre a également eu accès à
ces dossiers à l'intérieur du ministère des Affaires
sociales et son attitude, je dois vous le dire, M. le Président, a
changé depuis décembre 1984. Il ne nous accuse que très
rarement maintenant d'en mettre trop et d'exagérer. II va même
plus loin que l'Opposition dans certains cas et c'est ce qu'il a fait à
l'occasion des commissions parlementaires des dernières semaines. Il
s'est lui-même transformé en un député de
l'Opposition et, à la veille de l'annonce de sa commission
d'étude - qui tarde encore à venir - sur le bilan et l'analyse
des services sociaux et services de santé, il a même
révélé qu'il connaissait des choses qui se rapprochaient
de cas de fraude dans le réseau, etc.
Je veux bien que le ministre ait changé d'état d'esprit et
qu'il joigne sa voix à celle des députés de l'Opposition
et que, à même les services de recherche extensifs qu'il
possède, il en ait davantage à ajouter pour critiquer ce qui ne
va pas dans le réseau des affaires sociales. Mais j'aimerais
également que le ministre, après avoir passé de celui qui
disait que ce n'était pas vrai à celui qui disait qu'on n'en met
pas assez, passe à son vrai rôle finalement, parce que cela fait
quand même six mois qu'il est là. J'aimerais qu'il passe au
rôle de celui qui va régler les problèmes qui ont
été causés par ses prédécesseurs, surtout
depuis Ies compressions budgétaires de 1980 à ce jour.
M. le Président, le débat d'aujourd'hui, en ce qui me
concerne, je vais personnellement tenter de le restreindre, à cause du
temps qui nous manque è un rapport qui vient d'être
acheminé il y a une semaine au bureau du ministre des Affaires sociales
et qui porte sur l'engorgement des
urgences à Montréal. Le titre complet du rapport est
"Analyse statistique, opérationnelle et clinique du
phénomène de l'engorgement des salles d'urgence des centres
hospitaliers de courte durée de la région montréalaise. "
Je vais éviter de le citer par son titre au long. M. le
Président, dans les heures qui vont suivre, on va l'appeler, pour fins
de compréhension, le rapport Spitzer.
Ce rapport Spitzer pose un diagnostic sur la situation qui
prévaut dans les urgences à Montréal. Ce rapport Spitzer
n'analyse pas la qualité comme telle des services parce que ce n'est pas
le mandat qui a été confié à ce chercheur, mais ce
rapport nous fait quand même des recommandations sur les actions qu'il
nous faudrait prendre comme société, dans l'immédiat, pas
après une autre commission d'étude, mais dans l'immédiat,
pour régler les problèmes les plus criants à
l'intérieur des urgences.
Le rapport spécifie que les problèmes peuvent être
divisés en deux catégories: la première catégorie
touche l'aspect dimensionnel dans le temps: le très long laps de temps
qu'un patient a à attendre dans une urgence montréalaise avant
d'être vu par le médecin qui pose le diagnostic. C'est la
première facette du problème de l'engorgement. Le Dr Spitzer, le
chercheur qui a fait cette étude, nous dit que cela peut se corriger
à l'interne de l'hôpital avec des changements de
mécanismes, etc.
Je voudrais savoir du ministre, ce matin, à la suite du rapport
Spitzer, quelles sont les directives que son ministère a
acheminées dans les hôpitaux pour donner suite aux recommandations
du Dr Spitzer qui touchent cette partie du problème qui est, soit dit en
passant, M. le Président, sur le plan budgétaire, la moins
coûteuse pour le ministère.
Il ne faudrait pas oublier non plus la partie du problème qui
touche le patient qui a été hospitalisé à la suite
d'une décision médicale et qui a à attendre encore
beaucoup trop longtemps dans les corridors et dans les unités
transitoires. Le Dr Spitzer effectue à ce chapitre des recommandations
qui, dans certains cas, sont très coûteuses pour le gouvernement
en place.
Il faudrait éviter - c'est une mise en garde qui ne vient pas
d'un politicien, mais d'un éditorialiste ce matin - de s'attaquer
à une partie du problème sans penser que cela ne créera
pas de problèmes sur l'autre partie du dossier. Jean Francoeur disait ce
matin dans le Devoir, traitant du rapport Spitzer: "À quoi servirait-il,
en effet, de réduire le temps de séjour à l'urgence "avant
la décision médicale" si cela n'avait pour effet, faute de
ressources disponibles, que d'augmenter la durée du séjour
"après" cette décision?" Le ministre aura compris qu'il faut
traiter les recommandations et le rapport Spitzer d'une façon globale et
d'apporter, à la suite de ces recommandations, des réponses
immédiates. (10 h 15)
J'aurais cru, M. le Président, que, dans les crédits
supplémentaires déposés cette semaine en Chambre par le
ministre des Finances, le ministre des Affaires sociales aurait pu convaincre
le Comité des priorités du gouvernement du Parti
québécois, le ministre des Affaires sociales aurait pu convaincre
le Conseil du trésor, le ministre des Affaires sociales aurait pu
convaincre son homologue le ministre des Finances que la santé devait
redevenir pour notre société québécoise une
priorité. J'aurais cru qu'on aurait retrouvé, dans les
crédits supplémentaires qui ont été
déposés, des sommes d'argent au moins pour répondre aux
recommandations du Dr Spitzer, des sommes d'argent qui nous auraient permis
d'appliquer les recommandations du rapport Spitzer. Ma question au ministre est
très simple. Quelles sont les recommandations du Dr Spitzer que le
ministre a l'intention d'appliquer pour réduire le temps de
séjour à l'urgence avant la décision médicale? Dans
quel délai a-t-il l'intention de les appliquer et par quels moyens
a-t-il l'intention de les appliquer? C'est la première partie. En
même temps, quelles sont les recommandations du rapport Spitzer que le
ministre a l'intention d'appliquer à propos de l'hospitalisation
après la décision médicale? Dans quel délai a-t-il
l'intention de les appliquer et par quels moyens a-t-il l'intention de les
appliquer?
Il va sans dire que nous entreprenons ce débat en souhaitant que
le ministre puisse obtenir, de la part du Comité des priorités du
gouvernement, de la part du Conseil du trésor et de la part du ministre
des Finances, les budgets nécessaires, peut-être de nouveaux
crédits, la prochaine fois, s'il y en a au cours de l'année, pour
appliquer les recommandations du Dr Spitzer afin que la population de la
région de Montréal puisse bénéficier de services
d'urgence auxquels elle a droit, c'est-à-dire des services d'urgence
universels, des services d'urgence accessibles et des services d'urgence de
qualité. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
Réponse du ministre M. Guy Chevrette
M. Chevrette; M. le Président, vous comprendrez que je
dois avoir le droit de répondre à certains préambules
avant d'arriver à un plancher beaucoup plus haut. Il y a eu toutes
sortes d'insinuations; donc, je vais me permettre d'en relever quelques-unes
moi aussi.
Je pense qu'on n'a jamais nié qu'il y avait des problèmes,
mais on a dit qu'ils ont été amplifiés. Oui, je l'ai dit
et je le maintiens. Ils ont été amplifiés parce
qu'affirmer grossièrement qu'on n'a pas fait d'efforts dans la
région de Montréal et même au Québec concernant les
soins de santé, c'est grossier. J'ai simplement fait sortir quelque peu,
pour ce matin, les efforts consentis depuis 1976 par rapport à la
période de 1970 à 1976. Ce n'est pas croyable de se faire accuser
de n'importe quoi avec le sourire aux lèvres quand on sait les efforts
qu'on a faits par rapport aux efforts que la formation politique que
représente le député de Brome-Missisquoi n'a absolument
pas faits ou è peu près pas, pour prévoir l'alourdissement
des clientèles, pour prévoir le vieillissement de la
population.
En 1977-1978, la première année budgétaire
complète, au Centre de santé 5aint-Henri, on a ajouté 30
lits. On a ajouté 36 lits à Father Dowd; au centre d'accueil
Edmond-Laurendeau, 225 lits. Deuxième année de notre
arrivée, 75 lits additionnels au centre Laurendeau. Au manoir
Cartierville, 100 lits; au centre d'accueil Côte-des-Neiges, 37 lits. En
1979-1980, à la résidence Jean-de-la-Lande, 312 lits d'un seul
coup. En 1980-1981, centres d'accueil LaSalle et Villeray, centres d'accueil de
la Visitation, Ovila-Légaré et Eloria-Lepage, résidence
Christophe-Colomb, centre Louis-Riel, centre d'accueil Idola-Saint-Jean, centre
d'accueil et centre hospitalier Dante, pour un total de 941 lits.
On continue: 804 lits, en 1981-1982. Denis-Benjamin-Viger,
Réal-Morel, Marie-Rollet, François-Seguenot, Alfred-Desrochers,
Jacques-Viger, Nazaire-Piché. En 1982-1983, 940 nouveaux lits, toujours
dans la région de Montréal puisqu'on parle surtout de
Montréal et on ne parle pas du reste du Québec, mais on va s'en
parler tantôt. À Montréal, le centre Delorimier,
Paul-Gouin, Routhier, Bradet, Dunant, Jasmin, Robert-Cliche, Paul-Lizotte. En
1983-1984, 466 nouveaux lits; à l'Institut canadien polonais: 34
nouveaux lits, Armand-Lavergne: 192 lits, La Pinière: 100, et
Maimonides: 140 ajouts.
M. le Président, ce sont là des efforts extraordinaires,
au-delà de 4000 lits dans la région de Montréal
exclusivement en centres d'accueil, sans compter les efforts qu'on a pu faire
avec les centres de jour qu'on a instaurés dans différents DSC ou
dans différents CLSC. Je pourrais les énumérer, mais ce
serait passablement long. Quand même, je ne peux accepter qu'on dise
qu'il n'y a pas eu d'efforts concrets de faits, et ce, en pleine période
économique, en pleine période budgétaire difficile au
niveau du Québec.
La formation de M. le député de Brome-Missisquoi, en
pleine croissance économique, en pleine inflation, au moment où
on n'avait aucune difficulté budgétaire, n'a même pas fait,
pour l'ensemble du Québec, la moitié de ce qu'on a fait
exclusivement pour Montréal. Donc, il n'y a pas de problème
là-dessus. À se regarder, on peut se désoler, mais,
à se comparer, on se console. Quand je vous regarde, je suis plus que
consolé, je souris.
Deuxièmement, on n'a pas seulement concentré nos efforts
sur le territoire même de l'île de Montréal puisqu'on sait
que Montréal a une affluence de l'extérieur, de la
périphérie. Nous l'avons compris et nous avons permis des
immobilisations, des ajouts de lits et de l'équipement en
périphérie et cela va continuer. Nous croyons qu'on est capables
de doter nos capitales régionales d'équipements et
d'immobilisations leur permettant de donner des soins beaucoup plus
adaptés et de faire en sorte que les bénéficiaires
puissent demeurer dans leur propre région. Cela a été le
cas pour Saint-Jérôme, cela a été le cas pour
Joliette, cela a été le cas pour Repentigny, cela a
été le cas pour Pierre-Boucher sur la rive sud; on vient
d'annoncer Châteauguay et cela a été le cas pour la
Cité de Laval cette année. Tout cela, pour permettre
précisément aux bénéficiaires de la
périphérie qui, par instinct, se lançaient à
Montréal de pouvoir avoir des soins minima dans leur propre
région. C'est un autre effort du présent gouvernement.
M. Paradis: Avec l'autorisation du ministre, parce que vous
touchez ce sujet de la périphérie et c'est un des points qui est
touché dans le rapport Spitzer. Je voudrais juste avoir une information
avec votre autorisation - ce n'est pas une question - et je ne veux pas vous
interrompre. Dans la recommandation 6. 1 du rapport Spitzer il est dit: Nous
recommandons l'abandon de toute politique fondée sur les
prémisses que la demande de soins au sein des hôpitaux
périphériques est plus élevée que celle affectant
les hôpitaux du centre-ville et qui a servi jusqu'à maintenant de
principe de base dans la planification et l'allocation des ressources, etc.
Est-ce à dire que vous mettez de côté pour le moment cette
recommandation du Dr Spitzer?
M. Chevrette: Non. D'ailleurs, on nous le dit bien... Quand vous
vous servez de certains articles de journaux, vous prenez les petits bouts qui
font votre affaire.
M. Paradis: La recommandation...
M. Chevrette: Le rapport Spitzer c'est un tout et il faut
l'analyser comme un tout. C'est évident que cela conduit et que cela
débouche sur des actions concrètes à poser, y compris, par
exemple, sur les vocations mêmes des hôpitaux. On n'a pas les
moyens
financiers - vous le savez - de laisser chaque hôpital se
surspécialiser sur l'ensemble des spécialités. Il nous
faut regarder un peu comment on peut organiser, sur l'ensemble d'un même
territoire donné, la gamme des spécialités et la vocation
même de certains hôpitaux montréalais. Je ne veux pas faire
allusion à un certain procès mais je peux vous dire que cela fait
partie du décor aussi; on n'ira pas créer de l'immobilisation
quand on sait qu'on a suffisamment de ressources physiques pour être
capable de régler les problèmes de santé sans injecter et
injecter dans le béton.
M. Paradis: M. le ministre, une question bien précise sur
ces choses sans mentionner les hôpitaux qui sont devant les tribunaux,
etc., je m'en garderais bien. Spitzer, dans son rapport, mentionne que le
Québec affiche actuellement un des plus faibles ratios de lits de courte
durée par 100D habitants au Canada.
J'essaie de concilier cela. Est-ce que vous êtes d'accord avec cet
énoncé de fait de Spitzer ou est-ce que vous n'êtes pas
d'accord? Là, on parle des hôpitaux de courte durée comme
tels et on nous dit qu'on a un des plus faibles ratios par 1000 habitants au
Canada.
M. Chevrette: Oui, mais vous lirez comme il faut tout le rapport
Spitzer...
M. Paradis: C'est cela que j'ai fait.
M. Chevrette:... parce qu'il dit que ce n'est pas la cause de
l'engorgement des urgences. Il le dit bien.
M. Paradis: Non, non.
M. Chevrette: Donc, s'il dit que le fait d'avoir un faible ratio
de lits de courte durée n'est pas la cause de l'engorgement des
urgences, il y a autre chose. Des patients occupant des lits de courte
durée devraient être ailleurs, d'où l'importance de
définir très clairement, je crois, certains types de vocations
à partir de l'état, de la situation des immobilisations, des
capacités physiques que l'on a.
Ceci dit, je n'ai pas tout à fait fini, cependant...
M. Paradis: Cela va. Excusez! C'est votre droit de parole.
M. Chevrette:... parce que je voulais répondre aux
questions que vous avez soulevées, tout en faisant un petit peu le
portrait de ce qu'on avait fait comme effort.
Oui, je suis heureux qu'il y ait le rapport Spitzer - si vous voulez
avoir le fond de ma pensée - parce qu'il touche du doigt des choses sur
lesquelles on avait certaines appréhensions. On pensait que
c'était probablement telles et telles causes, et cela les confirme dans
bien des cas. Nous sommes d'ailleurs à faire une analyse très
détaillée de l'ensemble de ces recommandations, de ce qu'elles
impliquent financièrement, de ce que cela implique également avec
les gens du réseau comme type de discussion. Nous avons demandé
les avis du CRSSS de Montréal, en particulier, sur l'ensemble des
recommandations également. On sait qu'il est touché. Dans le
rapport, il a été visé, montré du doigt mais il se
dit quand même, si j'ai bien lu les coupures des journaux, satisfait du
rapport Spitzer en tout cas.
Donc, à partir de là, on pense qu'il nous faut
immédiatement baser nos études sur les politiques d'admission,
parce que Spitzer touche du doigt un problème à ce sujet. Il dit
bien que ce n'est pas nécessairement avec de l'argent qu'on règle
ces problèmes. J'écoutais le député de
Brome-Missisquoi tantôt; on dirait qu'avec une piastre, lui, il fait
tout. Mais la piastre, c'est le contribuable québécois qui la
paie. Si on est capable de régler un problème sans aller chercher
de l'argent dans la poche des contribuables et en rendant les services
efficaces, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas notre
responsabilité.
Le rapport Spitzer ne parle pas de 150 000 000 $ ou de 200 000 000 $
selon que ce soit le chef du Parti libéral ou le député de
Brome-Missisquoi qui parle. Le rapport 5pitzer dit: II y a des
degrés...
M. Paradis: Vous parlez de 153 000 000 $ vous-même. Je veux
bien que vous charriiez, mais l'annonce que j'ai ici... Cette annonce, c'est
celle de votre sous-ministre. Est-ce qu'il l'a faîte sans votre
autorisation ou est-ce qu'il l'a faite avec votre autorisation?
M. Chevrette: Vous vous promenez avec 150 000 000 $ pour
l'engorgement des urgences et, nous, on parle de sécurité et de
vétusté dans les 153 000 000 $. Vous essayez de mêler tout
le monde pour que la population qui nous écoute ne sache pas exactement
les chiffres dont on parle. Vous et votre très honorable chef du Parti
libéral, vous brandissez 200 000 000 $ et 150 000 000 $ pour
l'engorgement des urgences.
Le Dr Spitzer nous dit: C'est une question d'autorités, des
médecins; c'est une question de fonctionnement; c'est une question de
réaménagement administratif. Il y a des programmes, il y a des
listes d'attente dans les soins de courte durée, il faut y regarder et
chercher une politique là-dessus; une politique d'admission même
dans nos centres hospitaliers. On va passer à l'action, oui, mais on est
en train d'analyser la situation. Les 153 000 000 $ dont on a
parlé, c'est la vétusté et la
sécurité.
Cela avait été annoncé, d'ailleurs, en commission
parlementaire à plusieurs reprises. On vous disait: Oui, on a
parlé de millions nous aussi. On vous parle de 112 000 000 $ sur deux
ans seulement en vétusté et la sécurité; on parle
de quelque 40 000 000 $ en ajouts, d'une quarantaine de millions en
rénovation fonctionnelle. Il y a de l'argent pour contrer
l'alourdissement des clientèles, au moins 32 000 000 $. II y de l'argent
pour les services accrus à domicile, les CLSC, c'est 7 000 000 $. Je
suis à faire la consolidation et l'annonce de dix-sept nouveaux CLSC
également. (10 h 30)
Oui, on a des efforts concrets et dans un cadre où l'argent des
budgets... Vous savez très bien qu'on avait 106 000 000 $ comme marge de
manoeuvre pour du développement en 1985-1986, en plus des 6 300 000 $
qu'on avait mis dans les urgences et je pourrais continuer...
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Saint-Laurent.
Argumentation M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je voudrais
parler un peu de la région du nord de Montréal,
particulièrement de l'hôpital du Sacré-Coeur, d'autant plus
que le rapport 5pitzer n'en parle pas. Il faut dire d'abord que l'hôpital
du Sacré-Coeur, c'est un hôpital ultra-spécialisé de
714 lits dont 134 au pavillon psychiatrique, le pavillon Albert-Prévost,
ce qui fait qu'on a environ 580 lits pour les malades de courte durée et
les malades chroniques.
Évidemment, c'est un hôpital du nord; c'est un
hôpital en périphérie qui dessert un bassin énorme
de population, tout près de 600 000 Québécois. Il faut
comprendre que le Sacré-Coeur dessert des populations qui
résident aussi loin que LG 2. Bien sûr, étant un
hôpital ultra-spécialisé, vous avez à
l'hôpital du Sacré-Coeur tous les gros cas urgents. L'engorgement
est surtout dû au fait qu'il y a dans le secteur nord plusieurs centres,
des maisons d'hébergement pour les personnes âgées.
C'est évident que cette situation, M. le Président, ne
peut pas s'améliorer, c'est comme une manière de cercle vicieux.
Ceux qui partent sont nécessairement remplacés par d'autres
personnes âgées, vu le nombre imposant de maisons ou de centres
d'hébergement dans ce district et, bien sûr, dû au fait que
le bassin de population est énorme au nord de Montréal.
À Sacré-Coeur, on a un quota en hébergement de 58
lits. Actuellement, M. le Président, il faut reconnaître qu'il y
en a 111 d'occupés et il y en a déjà eu 180, soit
exactement le tiers des lits de l'hôpital. On va peut-être nous
dire que les soins à domicile pourront ou vont régler certains
problèmes. Moi, je dis qu'ils ne régleront nullement les
problèmes des lits occupés par les malades chroniques et qui sont
nécessaires pour les malades de courte durée.
Tant à l'hôpital du Sacré-Coeur qu'à
l'hôpital Saint-Laurent, qui est dans mon comté, on nous indique
que les 111 lits, soit environ le tiers des lits, occupés par des
malades chroniques le sont par des malades lourds et qu'il est impossible, dans
aucun cas, de renvoyer ces malades à domicile. C'est donc
reconnaître qu'une partie de l'hôpital ou de ces hopitaux doit
nécessairement être occupée par les malades chroniques qui
sont là actuellement; il faudrait déplacer ces malades
chroniques, et le seul endroit où on pourrait les déplacer, c'est
évidemment dans des centres d'accueil. Il est impensable, vu que ce sont
des cas lourds, de renvoyer ces malades à domicile. En fait, on dit,
chez les plus optimistes, qu'il manque, pour desservir le nord
adéquatement, 450 lits, que ce soient des lits de soins aigus, de courte
durée, ou que ce soient des lits pour les malades chroniques. Il y a un
manque absolu de 450 lits. A mon avis, c'est une situation absolument
inacceptable. C'est rendu au point où la salle d'urgence - je parle
surtout de l'hôpital du Sacré-Coeur - est une sorte de
dépotoir où on entasse les malades et ces malades ne sont
nullement certains d'avoir un lit pour se faire soigner.
Pourtant, quelqu'un qui a travaillé, M. le Président,
pendant 30 ans, pendant 40 ans, qui a payé des sommes énormes en
assurance-maladie et qui a le malheur de tomber malade devrait avoir, à
mon avis, le droit d'avoir un lit à l'hôpital.
Il y a le cas récent - on va dire qu'on charrie, on va dire que
c'est de la démagogie - depuis environ deux semaines, de deux personnes
qui ont passé exactement sept jours à l'urgence à la suite
de paralysie cérébrale et dans une chambre où il y avait
neuf malades entassés, dans une chambre sans fenêtre. Je me
demande, M. le ministre, si vous accepteriez cela pour vous ou vos proches. Il
ne s'agit nullement de démagogie, ce sont des faits. Est-ce que vous
êtes d'accord, M. le ministre, pour reconnaître qu'il manque des
lits? Ce sont des cas précis, deux personnes, sept jours à la
suite d'une attaque de paralysie cérébrale, deux personnes, sept
jours à l'urgence et neuf personnes entassées dans une chambre
sans fenêtre. Il y en a peut-être qui pourraient parler de
médecine de guerre. Je pense que c'est à peu près
cela.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je vais me retenir sur le
qualificatif que j'aurais à apposer aux propos du député
de Saint-Laurent, parce qu'utiliser des mots comme "dépotoir",
"médecine de guerre", c'est le de sa part un discours assez fasciste, et
je vais m'abstenir de tout commentaire. Mais, pour avoir un niveau un peu plus
haut de discussion, je dirai tout d'abord que le député de
Saint-Laurent a appris par coeur une leçon qu'il ne connaît pas,
parce que le plus haut taux d'hébergement per capita est
précisément dans le nord de Montréal. Cela ne veut pas
dire qu'il n'y a pas de problème, mais c'est le plus haut taux. Il
affirme n'importe quoi sans rien connaître. De toute évidence,
cela saute aux yeux.
De plus, il me dit qu'il y a deux personnes... Voyez-vous la
mentalité? On veut laisser planer que tout est pourri, que tout n'est
pas bon. D'ailleurs, cela va bien, parce qu'il utilise ces mots-là de
pourriture, de dépotoir, etc. Mais c'est essayer de faire croire
à la population du Québec que tout ne marche pas. Ce n'est pas
vrai, il donne l'exemple de deux patients. Pour son information, il y a plus de
1 250 000 personnes en urgence...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vais vous en donner d'autres.
M. Chevrette: M. le Président, pouvez-vous demander
à ce député, s'il a fini sa question, qu'il a apprise par
coeur, de se retirer, on va pouvoir continuer en paix!
M. le Président, il y a au-delà de 1 250 000 visites en
urgence par année. C'est bien évident qu'il peut arriver des cas
d'exception. Pourquoi sortir toujours l'exception pour essayer de diminuer la
qualité de nos services au Québec? C'est ce que vous cherchez:
rapetisser et diminuer la qualité des efforts faits par les
contribuables québécois qui paient tout cela. Je vous dirai que
je suis quand même conscient qu'il y en a des problèmes. Bien
sûr qu'il y a des problèmes, ce n'est pas pour rien qu'on a
demandé à M. Spitzer de faire une étude, de nous donner un
rapport. On est bien conscient qu'il y en a des problèmes. On est
conscient qu'il y a eu des chasses gardées, des gens qui se gardaient
des lits vides au moment où il y en avait des cas à l'urgence,
mais, plutôt que de critiquer le gouvernement et d'essayer de semer le
discrédit et de traiter ces genres d'hôpitaux de dépotoirs,
vous pourriez peut-être proposer des choses concrètes, qu'on
enlève des pouvoirs à certains groupes pour les transmettre
à d'autres qui pourraient effectuer des gestes concrets, comme
l'hospitalisation de cas urgents. Mais non, vous subissez le lobby et vous
êtes les premiers à nous descendre parce qu'on ne respecte pas le
lobby de ces grands messieurs qui ont trop de pouvoirs, qui ont des chasses
gardées, qui ont des privilèges à l'intérieur de
certains hôpitaux. Au moment où on se ramasse avec 20 personnes
sur les civières, il y a 22 lits de libres à certains
étages. On va s'en parler et on va agir, M. le Président. Ce
n'est pas le député de 5aint-Laurent qui s'ouvre la trappe une
fois par année en cette Chambre qui va nous dire comment agir. Il y a
toujours des limites.
M. Paradis: M. le Président, question de règlement.
Le ministre peut parler du fond du dossier s'il le connaît, mais le
député de Saint-Laurent est un des députés qui
participent le plus à nos commissions parlementaires et qui
interviennent le plus souvent ici. On peut relever le Journal des
débats. C'est affirmer des choses gratuites et attaquer la
réputation de quelqu'un. C'est complètement en dehors de notre
débat. Si le ministre connaît bien son dossier, qu'il
réponde au député sur les cas qu'il lui a soumis et qu'il
règle les cas. C'est sa "job" de ministre, ce n'est pas de nous dire
qu'il y a ceci et cela qui ne va pas. Il refait son petit député
de l'Opposition.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela le dérange.
Le Président (M. Lafrenière): Compte tenu du temps,
nous allons poursuivre.
M. Chevrette: Pardon?
Le Président (M. Lafrenière): Poursuivons.
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai jamais
attaqué la réputation de quelqu'un, je ne fais que juger ses
propres propos les seules fois qu'il ouvre la trappe. Que voulez-vous que je
dise?
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est de la démagogie.
M. Chevrette: Deuxièmement, - et encore là je vais
partir de ses propres mots - le député dit: C'est de la vraie
médecine de guerre. Encore là, s'il connaissait son dossier, il
verrait que la médecine de guerre, c'est tellement structuré et
que les canaux d'autorité sont tellement bien connus que c'est poum,
poum, poum, poum. La médecine désorganisée, où il
n'y a pas d'autorité, il ne comparerait sûrement pas cela à
la médecine de guerre. C'est parce qu'il ne connaît encore rien au
dossier qu'il s'essaie ainsi. Mais on va le laisser faire, j'aime autant passer
à d'autres questions plus intelligentes que celles de celui qui veut
diminuer continuellement la qualité de ce qui peut se
faire et des efforts qui se font.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: M. le Président, je veux surtout parler
d'une autre région, qui n'est pas le nord de Montréal. Tout le
monde va comprendre que c'est le sud de Montréal, la
Montérégie. C'est une région qui a
énormément de besoins, et cela se comprend, parce que c'est la
région qui croît le plus vite en termes de population et où
les besoins grossissent aussi. Je pense qu'une des façons de
décongestionner les grands hôpitaux de Montréal,
évidemment, c'est en donnant la chance aux gens en
périphérie, dans les villes de banlieue ou les villes satellites
de Montréal, d'avoir encore plus d'équipements, plus de services.
Ce faisant, on fait quoi? On aide aussi la population métropolitaine de
Montréal en lui permettant de profiter davantage de ses centres
hospitaliers et d'assurer aux gens en banlieue, en périphérie,
dans les villes satellites, d'avoir aussi des services localement. 11 s'en est
fait beaucoup dans la région de la Montérégie, même
si les besoins sont encore énormes. Je vais juste prendre quelques
grands dossiers qui méritent d'être mentionnés, je pense,
parce qu'on semble avoir oublié, en face, la construction du centre
hospitalier Pierre-Boucher, qui est bien situé, qui répondait
à un besoin; c'est un centre hospitalier moderne et qui peut accueillir
des centaines de patients. Donc, cela aide les gens de la rive sud, de la
Montérégie, et cela décongestionne les centres
hospitaliers de Montréal.
Il y a en construction, présentement, le centre hospitalier de
Châteauguay, il ne faudrait pas l'oublier aussi. Donc, qu'on ne vienne
pas dire qu'il ne se fait rien. Il s'en fait. Présentement, il se
bâtit encore un centre hospitalier dans la région où les
besoins sont les plus criants au Québec, la Montérégie. On
le reconnaît, sauf qu'on ne se contente pas de le dire, de le
reconnaître, on agit, justement, à Châteauguay, comme on l'a
fait à Boucherville.
Il y en a eu d'autres depuis 1976 et je pense que, si on fait le tour
des villes satellites de la Montérégie, on va s'apercevoir que
presque tous les centres hospitaliers ont connu des développements
depuis 1976. Je voudrais juste en rappeler un parce que cela me concerne, c'est
le centre hospitalier de Granby. C'est important pour une région qui est
située à l'extérieur de la banlieue de Montréal,
mais en périphérie quand même, parce que c'est une ville
satellite. Plus on va garder les gens à Granby comme on va les garder
à Saint-
Hyacinthe, comme on va les garder à Saint-Jean, à Sorel,
à Châteauguay bientôt, à Valleyfield, cela veut dire
qu'on va permettre aux gens de Montréal de profiter de leurs
équipements et de ne pas être obligés de céder la
place aux patients qui viennent des régions périphériques,
qui n'ont pas les services et la place nécessaires pour les accueillir.
Le centre hospitalier de Granby en est un auquel on a aussi rajouté un
centre d'accueil, le centre d'accueil Marie-Berthe-Couture, centre
affilié, donc administré aussi par le conseil d'administration du
centre hospitalier, d'où une autre économie qu'on a amenée
en faisant en sorte d'intégrer les administrations du centre d'accueil
et du centre hospitalier, et cela va très bien.
Donc, c'est un autre équipement qui se rajoute et qui permet, en
ayant un centre d'accueil pour personnes âgées - c'est
évident que c'est pour cela un centre d'accueil - de libérer au
centre hospitalier de Granby des lits de courte durée qui étaient
pris par des patients de longue durée. Donc, on vient encore
libérer des places pour permettre d'utiliser au maximum nos centres
hospitaliers spécialement pour les soins de courte durée.
Je vous ai mentionné de grands centres qui ont été
développés dans la région de la Montérégie.
J'ai pris seulement les plus grands, mais je vais aller un peu plus loin parce
que, depuis l'année 1981, qui nous concerne davantage et qui est encore
plus près de nous, il s'en est ajouté beaucoup et je vais prendre
l'exemple de chez nous. Je pense que mes collègues des autres
comtés voisins pourraient faire à peu près la même
chose. J'inviterais même le député de Brome-Missisquoi
à faire la même chose, à dire ce qui s'est fait dans son
comté depuis 1981 pour montrer à quel point on a
développé l'ensemble du territoire, au moins dans la
Montérégie, et je suis sûr que c'est la même chose
pour l'ensemble du territoire québécois, pour nous permettre de
décongestionner les grands centres comme Montréal, Sherbrooke et
Québec.
Vous me faites signe qu'il me reste juste une minute. Je vais être
obligé de revenir un peu plus tard, Mme la secrétaire, parce que
je n'ai pas pu aller encore - et je vais y revenir, c'est sûr - sur ce
qui s'est fait dernièrement et ce qui est en train de se faire dans le
sens où j'ai commencé mon intervention. C'est dans ce sens que va
le rapport, il faut utiliser les ressources au maximum et donner à
chaque institution sa vocation première. La façon de le faire,
c'est de décongestionner, de décentraliser, d'harmoniser ces
ressources avec les services bénévoles que nous aidons alors
qu'ils n'étaient pas aidés avant 1976, et d'utiliser des mesures
alternatives.
M. le Président, comme on me dit qu'il
reste 30 secondes, je dois donc être rendu à 10 secondes,
je vais revenir tantôt.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac. (10 h 45)
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: M. le Président, tout à l'heure le
ministre nous indiquait que des efforts ont été faits à
Montréal. Il nous a dit plus tard que des efforts ont été
faits dans l'est. J'aimerais lui parler du manque d'efforts dans l'ouest. Cela
existe aussi.
J'aimerais, en premier lieu, aborder un sujet auquel je suis convaincu
que le ministre est aussi sensibilisé. C'est un article où on
dit: Jusqu'à quel point le Québec finance-t-il l'Ontario? Ceci
touche les soins psychiatriques. On y dit: Bien que le Québec se soit
doté en 1965 d'un hôpital psychiatrique à Hull, le centre
hospitalier Pierre-Genest, le nombre de psychiatres qui y sont engagés
est trop restreint pour satisfaire à la demande des soins
psychiatriques. En effet, pour la région sanitaire 07, qui comprend les
comtés de Pontiac, Hull, Gatineau, Chapleau et Papineau, et compte une
population de 274 000 habitants, les soins psychiatriques sont assurés
par dix psychiatres, ce qui donne une moyenne de 21 076 personnes par
psychiatre dans cette région.
Heureusement, l'Ontario vient à la rescousse et, selon les
statistiques, l'une des raisons, d'abord, c'est qu'en Ontario il y a quatre ou
cinq scanners alors que, dans la région de l'Outaouais, il n'y en a
aucun. C'est pourquoi les malades sont hospitalisés et traités
à Ottawa. Deuxièmement, 35 % à 40 % des patients sont des
francophones à l'hôpital général, 15 % à 30 %
à l'hôpital Montfort et 10 % à l'hôpital Royal,
à Ottawa. Or, tous ces hôpitaux sont situés en Ontario. Il
y a aussi 30 lits pour malades psychiatriques qui sont occupés de
façon permanente par des Québécois à Ottawa,
précise le Dr Tessier, qui mentionne que, si les montants importants
déboursés pour les soins et l'hospitalisation de
Québécois en Ontario l'étaient au Québec, nous
pourrions rapatrier et attirer les grands chercheurs au centre hospitalier
Pierre-Genest et l'outiller d'appareils technologiques indispensables. Ce
centre hospitalier risquerait du même coup d'acquérir le statut
d'hôpital universitaire, que ne reconnaît plus pour l'instant
l'Université d'Ottawa. Au lieu d'être formés en Ontario,
les résidents le seraient au Québec et pourraient, par la suite,
travailler au Québec. Pour donner une idée de la disproportion,
il souligne qu'à Ottawa on compte 50 résidents en psychiatrie
alors qu'en Outaouais il n'y en a que 10. C'est pour ce qui concerne la
psychiatrie.
Il y a aussi, M. le Président, un problème exposé
par un autre médecin. Le Dr Pierre-Paul Allard, cardiologue au centre
hospitalier régional de l'Outaouais, nous révèle que les
patients cardiaques doivent se faire examiner à Ottawa, non pas par
carence de cardiologues à Hull, mais par carence d'équipement.
Depuis trois ans, on réclame du Québec, précise-t-il, 350
000 $ d'instruments pour l'hôpital. Il commence tout juste à nous
en donner une partie, mais, entre-temps, il dépense à peu
près 50 000 000 $ par année à l'hôpital Civic pour
le per diem. Si cet argent lui était donné, le centre hospitalier
régional de l'Outaouais pourrait être mieux équipé
et les médecins pourraient travailler chez eux.
Il y a un autre cas. M. le ministre m'a fait une promesse au mois de
février que, d'ici le 15 mai, il serait dans l'Outaouais pour visiter le
centre hospitalier communautaire du Pontiac. À mon départ de la
région lundi, on annonçait que le ministre était
censé être dans la région pour nous faire une annonce. Je
ne sais pas s'il y a eu du "bumping" en cours de route, mais le ministre ne
s'est pas montré dans la région. J'espère que son voyage
dans l'Outaouais, surtout dans le comté de Pontiac, ne sera pas trop
retardé.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je pense que le
député de Pontiac a touché du doigt certaines
observations, même qu'on a eu la chance d'en discuter à une
commission dont il ne faisait pas partie, mais qui a eu lieu il y a environ une
quinzaine de jours, je pense. Il y a une semaine également, on en a
parlé. En psychiatrie au Québec, vous avez tout à fait
raison, il y a deux problèmes. Il y a un problème de manque de
psychiatres qui est reconnu et, deuxièmement, c'est qu'avec ceux qu'on a
il y a en plus un problème de répartition géographique. Il
y a 575 psychiatres sur 634 qui sont cantonnés dans les deux grandes
villes, Montréal et Québec. Je peux vous dire qu'on le
reconnaît. Il y a même du recrutement qui se fait un peu partout
présentement et ce n'est pas chose facile. D'ailleurs, il y a
également décontingentement au niveau de l'université en
ce qui regarde l'anesthésie et la psychiatrie précisément
pour essayer de pallier ce manque de psychiatres. Sauf que je ne pense pas que
vous ayez voulu relier cela à l'équipement parce que je ne pense
pas que la psychiatrie et les scanners aient nécessairement un lien.
Vous pourriez peut-être dire que les bénéficiaires qui vont
en Ontario plutôt qu'au Québec sont précisément
attirés par un meilleur équipement du côté
de l'Ontario. Si c'est cela, je comprends plus le deuxième volet
de votre intervention.
Effectivement, je peux vous dire que, pour ce qui est de la psychiatrie,
on travaille présentement avec le CRSSS afin de revoir toute l'approche.
Pour ce qui est des soins, on a récupéré sur l'Ontario,
c'est 18 % je crois, 18 % maintenant de moins de volume de soins en Ontario par
rapport à la situation antérieure. Pourquoi? Parce qu'il y a un
hôpital neuf dans votre région et on est è l'équiper
graduellement.
Sur votre dernier point, je ne dirai pas qu'il y a eu du "bumping", il y
a eu de la préséance pour ce qui est de ma visite
anticipée qui devait avoir lieu lundi passé. Si cela peut vous
consoler, je peux vous dire aujourd'hui, concernant la vétusté et
la sécurité en ce qui a trait à Shawville, c'est officiel,
le projet est accepté.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je vais continuer
où j'en étais tantôt. Au niveau de la retenue des patients
dans leur région périphérique ou satellite au lieu de les
envoyer à Montréal, j'étais en train de dire que, si
chacun de nous - comme vient de le faire le député de Pontiac
d'ailleurs - est capable de montrer des résultats aussi positifs de
développement des équipements, des soins, des services sur place
dans chacune des municipalités satellites de Montréal, on va
faire en sorte de décongestionner les hôpitaux de Montréal
qui avaient à absorber et à prendre ces patients qui devaient
quitter leur municipalité pour s'en aller dans le grand centre de
Montréal.
Je dois dire, pour ma part, que, dans le comté de Shefford,
depuis 1981, il s'en est fait beaucoup pour s'assurer de garder chez nous les
patients et de les soigner sur place. Donc, voilà un avantage de
décongestion pour les centres hospitaliers de Montréal, mais
surtout et avant tout un avantage pour les patients du comté de Shefford
et de la grande région pour soigner chez nous les patients et qu'ils
n'aient pas à se déplacer et faire se déplacer leur
famille.
Donc, qu'est-ce qu'il y a eu entre autres? Il y a eu l'ajout, tout
dernièrement, de 45 lits au centre hospitalier de Granby. Quarante-cinq
lits, M. le Président, c'est un budget de fonctionnement annuel de 1 800
000 $ indexé chaque année; donc, on va bientôt atteindre
les 2 000 000 $. Je pense que c'est important, 45 lits de courte durée
de plus pour une municipalité comme Granby et les environs. Je pense que
c'est le genre d'actions qu'il faut poser dans chacune des régions du
Québec pour garder les patients chez nous, leur permettre un service
locale et décongestionner les grands centres.
Il y a eu aussi l'ajout de 24 lits pour soins de longue durée
à l'hôpital Notre-Dame de Granby. Qu'est-ce que cela a comme
effet, encore une fois, M. le Président? Cela a comme effet de
libérer, probablement, des lits pour soins de courte durée au
centre hospitalier de Granby. Cela fait un total de 69 lits ajoutés
seulement à Granby depuis trois ou quatre ans. Donc, c'est le genre de
gestes qui ont été posés par le gouvernement du Parti
québécois pour répondre à ces besoins dans le
domaine hospitalier.
Il y a aussi eu l'achat d'un édifice par le centre hospitalier de
Granby et son aménagement pour être capable de rationaliser, pour
être capable de donner plus de services, entre autres, en soins
psychiatriques externes. Donc, ajout de services et rationalisation au niveau
du financement pour le centre hospitalier de Granby.
Il y a eu l'ajout dernièrement - et cela entre directement dans
le sujet qui nous concerne ce matin - d'un centre d'hémodiatyse au
centre hospitalier de Granby. Cela veut dire que les patients qui devaient se
déplacer de façon quotidienne, soit à Montréal ou
à Sherbrooke pour des traitements obligatoires - c'est une question de
survie, ils devaient faire cela même en plein hiver - peuvent maintenant
recevoir ces services sur place. Je pense que cela va faire plaisir, non
seulement aux citoyens du comté de Shefford, mais aussi à ceux de
Brome-Missisquoi parce que cela répond à un besoin
régional.
Quand je parle de chez nous, c'est tout à fait normal, sauf que
je peux le dire aussi pour mon collègue de Saint-Hyacinthe, il y a eu,
au centre hospitalier de Saint-Hyacinthe, l'ajout du service
d'hémodialyse. Où allaient les patients de la région de
Saint-Hyacinthe et de la région du comté de Shefford, auparavant?
Ils allaient congestionner les centres hospitaliers de la grande région
de Montréal. Donc, c'est le genre de gestes qui sont posés pour
faire en sorte de libérer les urgences et les centres de traitement
spécialisés de Montréal vers les municipalités
locales, vers les villes satellites. Donc, c'est un autre geste qui a
été posé chez nous et qui pourrait se
répéter probablement par dizaines et par dizaines au
Québec, la création d'un centre de jour, le centre
Marie-Berthe-Couture, à Granby.
Les centres de jour, c'est important, ceux qui les utilisent le savent
et cela permet que les gens aient une mesure alternative ou compensatoire pour
qu'ils ne soient pas nécessairement envoyés soit dans un
hôpital pour soins de longue durée, soit dans un centre d'accueil.
Donc, cela permet aux gens de demeurer chez eux et de vivre dans leur milieu
comme ils l'ont toujours voulu. On apporte le supplément de soins,
de
traitements ou de services par le biais d'un centre de jour.
M. le Président, malheureusement, vous me dites que
j'achève et qu'il ne me reste plus une minute. Je vais conclure sur cela
en disant qu'en plus, dans les mesures alternatives, dans les
à-côtés qu'on a ajoutés, mais qui apportent quand
même une aide appréciable et qui libèrent les centres
d'accueil et surtout les centres hospitaliers, il y a l'aide aux organismes
bénévoles et aux organismes communautaires. Chez nous, cette
année, c'est au-delà de 250 000 $ et il y a un budget de 20 000
000 $ cette année, alors que cela n'existait pas avant. Cela permet
quoi, M. le Président? De garder les gens de plus en plus en
santé, de les garder chez eux et de libérer les centres
hospitaliers qui ont une vocation qui n'est pas préventive, mais surtout
curative. Je suis content de l'orientation qu'on se donne, c'est-à-dire
de la décentralisation vers les régions, de la
décongestion vers les CLSC et des mesures alternatives. Merci.
Le Président (M. Lafrenière): Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. J'aimerais
sensibiliser le ministre sur les carences en personnel dans les centres
d'accueil. A l'heure où les personnes âgées forment 8, 7 %
de la population totale et où leur importance au sein de cette
même population s'accroît de plus en plus, celles-ci constituent
malgré tout le groupe où les problèmes économiques,
de logement, de soins et d'intégration sont les plus sérieux.
Même si, depuis 1976, le nombre de centres d'accueil s'est accru et
même si les budgets concernant les personnes âgées ont
considérablement augmenté, ce développement s'est fait
avec beaucoup d'incohérence, démontrant ainsi l'absence flagrante
d'une politique intégrée de services aux personnes
âgées qui aiderait à rendre complémentaires les
ressources existantes. La construction de plusieurs centres d'accueil n'a pas
empêché la congestion de lits de soins de courte durée dans
les centres hospitaliers parce qu'ils étaient occupés par des
personnes âgées, ce qui a rendu plus évidents deux aspects
majeurs du problème des personnes de 65 ans et plus en perte
d'autonomie.
On constate d'abord que 34 % des bénéficiaires des centres
d'accueil et des centres hospitaliers de soins prolongés ne devraient
pas y être, à cause d'une politique de "parking" qui s'est
généralisée trop rapidement en raison, entre autres, d'une
carence en services domiciliaires. D'autre part, on a assisté à
un alourdissement de plus en plus généralisé et de plus en
plus rapide de la clientèle en centres d'accueil, d'où des
carences en personnel considérables sur lesquelles jusqu'à
l'année dernière le gouvernement ne s'était jamais
penché, et c'est particulièrement sur ce point que je
m'interroge. On constatait, dans une étude du ministère des
Affaires sociales, en 1982, qu'il existait dans les centres d'accueil une
carence de 23 % en personnel infirmier et, depuis cette date, la situation
s'est complètement détériorée. Les conditions de
vie pénibles vécues dans les centres d'accueil de Louiseville et
de Rouville en 1983, et les cris d'alarme lancés tout récemment
au foyer Lajemmerais, à Varennes, ne constituent que la pointe de
l'iceberg. De plus, les bénéficiaires dans les centres
d'hébergement ne peuvent pratiquement pas se déplacer, se nourrir
eux-mêmes, ni subvenir à leurs besoins primaires. Les services en
réadaption sont, de plus, à peu près inexistants, mais ce
qui rend l'alourdissement des clientèles encore plus pénible, ce
sont les coupures de personnel massives en 1982 qui sont venues s'ajouter
à la pénurie déjà existante en personnel. (11
heures)
J'aimerais demander au ministre si, à ce jour, tous les centres
d'accueil d'hébergement ont reçu le budget supplémentaire
concernant l'alourdissement des clientèles conformément aux
crédits prévus pour 1985-1986 et si les centres d'accueil peuvent
espérer que le gouvernement effectuera une addition suffisante de
crédits budgétaires pour contrer les carences en personnel
infirmier et en personnel de réadaptation. Est-ce que la politique sur
les personnes âgées rendue publique dernièrement par le
gouvernement n'apportera une fois de plus qu'une façade de sa part pour
tenter de faire croire, comme c'est son habitude, qu'il règle les
problèmes?
Une voix: Très bien, Mme la députée. M.
Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je suis surpris que Mme la
ministre finisse cela par une fléchette parce que... Mme la
députée de Mégantic-Compton. Je vous souhaite bonne chance
si jamais un jour...
Voici. Pour ce qui est des personnes âgées, vous avez
reconnu qu'il y avait eu de l'effort au niveau des centres d'accueil;
effectivement, il y en a eu, sauf qu'on est pris avec un problème. Quand
vous parlez de 34 %, on est pris avec le problème suivant, et Mme la
députée va le reconnaître: anciennement, pour entrer dans
un centre d'accueil, il fallait justement ne pas être malade. C'est
évident qu'il y en a qui ont 10 ans, 15 ans de longévité
dans le centre d'accueil et qu'on n'a pas osé sortir. C'est ce qui fait
que les pourcentages vont se
corriger d'eux-mêmes d'ici quelques années.
D'autre part, pour ce qui s'en vient, vous savez qu'on est à
faire l'opération Places réelles avec les CRSSS et je pense que
cela va contribuer véritablement à connaître les situations
plus exactement, à bâtir... D'ailleurs, on a un mécanisme
au plan régional pour l'admission qui tient compte
précisément de la situation psychosociale et médicale du
bénéficiaire pour l'acheminer à l'endroit le plus correct
possible pour ne pas qu'on se retrouve à l'intérieur avec des
clientèles vraiment diversifiées et des plaintes de personnes
âgées qui te rencontrent et qui te disent: Moi, je suis dans une
chambre de deux et l'état de santé de l'autre est de nature
à ne pas m'aider à rester en bonne santé moi-même.
Je l'ai vécu personnellement, encore la semaine passée, en me
promenant dans la région de Shawinigan. Je pense que, sur le plan
régional, il se fait un travail vraiment efficace.
La politique du troisième âge, en ajoutant la notion de
pavillonnement, d'urgence sociale, je pense, va correspondre encore plus
correctement aux besoins des clientèles par une évaluation. Je
peux vous dire que Québec a fait le travail. Il a fait une
expérience: on avait 1200 personnes âgées sur des listes
d'attente qui sont passées à 300 et à 250
dernièrement, parce que la durée de trois ans ou de deux ans sur
les listes d'attente est tombée à trois mois. C'est nettement
différent parce qu'il se fait un meilleur travail d'évaluation,
à la fois sur les plans psychosocial et de la santé.
Le budget pour l'alourdissement des clientèles, vous avez
posé une question là-dessus. Il n'est pas connu
entièrement, effectivement. Cela ne sera que dans quelques semaines,
deux ou trois au maximum, que l'ensemble des centres d'accueil auront leur
budget pour l'alourdissement.
Il y a les services à domicile aussi sur lesquels il y aura une
annonce de budget additionnel. Vous savez qu'on est rendu à tout
près de 83 000 000 $ cette année pour les services à
domicile; donc, c'est un effort assez gigantesque quand on regarde le cadre des
difficultés budgétaires dans lequel on a dû oeuvrer depuis
quelques années. On est rendu à 83 000 000 $ et je pense bien
pouvoir ajouter quelques millions en réaffectant des sommes ou en allant
au fonds de suppléance pour pouvoir correctement répondre
à cette facette parce qu'il y a beaucoup de personnes qui
désirent demeurer chez elles le plus longtemps possible. C'est
peut-être collectivement qu'on est responsable du fait que nos gens...
Quand je dis collectivement, ce sont les groupes intéressés, y
compris les médecins et tout. Si, collectivement, on est rendu à
avoir comme premier réflexe le besoin d'une institution au lieu que ce
soit le dernier réflexe... Effectivement, il se fait du travail dans ce
sens-là. La politique du troisième âge devrait contribuer
à cela parce qu'on veut que la personne âgée soit le plus
longtemps possible autonome et indépendante de sorte qu'il faut lui
donner des ressources légères et alternatives qui lui permettent
de le faire.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Marie-Victorin.
M. Guy Pratt
M. Pratt: M. le Président, je suis heureux d'entendre le
ministre nous dire qu'il compte injecter 83 000 000 $ dans le maintien des
personnes à domicile. Je pense que c'est là une des avenues
d'avenir. Car on a beau regarder le problème de tous les
côté, avec les centres d'accueil dans la région de chez
nous, dans le comté, mettons les deux comtés, vous en comptez six
ou sept qui peuvent loger au plus 100 ou 125 chacun. Cela fait quand même
une population assez limitée, si vous regardez le territoire total de la
région qu'on couvre.
Je suis heureux d'entendre dire qu'on va mettre 83 000 000 $ parce que,
dans le rapport Spitzer, on dit justement que le ministère des Affaires
sociales reconnaît la nécessité d'offrir un substitut
à l'hospitalisation et de développer un nouveau plan
d'organisation permettant le maintien à domicile, face à un
accroissement du nombre des personnes âgées. Ce qu'il dit aussi
c'est que, malgré ces intentions, le développement d'alternatives
à l'hospitalisation s'amorce à peine.
Sur vos 83 000 000 $, j'aimerais avoir des précisions et voir
décortiquer un peu ce montant. À quoi est-ce appliqué?
À des services de type médical, à de l'aide
financière directement aux gens qu'on héberge, à des
ressources infirmières? Ce qui m'intéresse, c'est non seulement
l'annonce des 83 000 000 $, mais ce qui s'est fait à ce jour. Je vais
attendre qu'il m'écoute.
M. Chevrette: Je vous demanderais 30 secondes.
M. Pratt: D'accord.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Chevrette: Les 83 000 000 $ se répartissent ainsi: les
deux tiers pour les personnes âgées; l'autre tiers, c'est pour les
handicapés et les familles en difficulté. Pour ce qui est des
personnes âgées, c'est soins infirmiers ou encore auxiliaires
familiaux qui vont rendre des services directement dans les familles ou
auprès de la personne âgée.
M. Pratt: Cela, c'est pour les 83 000 000 $...
M. Chevrette: À cela s'ajoutent tout près de 5 000
000 $ de subventions données à 450 organismes
bénévoles qui oeuvrent pour le maintien à domicile.
M. Pratt: Une chose devrait être faite: c'est de publiciser
cela. Car dans la population, si vous avez un malade, premier réflexe,
on appelle l'ambulance et on s'en va è l'hôpital. On ne tient pas
compte qu'il peut y avoir des ressources alternatives sur le terrain.
Alors, je pense qu'il y aura toute une éducation de la population
à faire, parce qu'il y a quand même un mouvement de panique qui
s'empare des gens quand arrive une situation d'urgence comme cela. Tout de
suite, on pense à l'hôpital. Je pense qu'on devra avoir recours
beaucoup plus soit à un CLSC, soit à des ressources alternatives
pour qu'on puisse garder les gens chez eux.
Je vois que nous avons chez nous -cela doit se faire en d'autres
régions aussi -des médecins, une équipe volante qui va
à domicile. Alors, cela règle beaucoup de problèmes. Vous
avez des gens qui auraient été transportés à
l'hôpital mais, comme on a eu la présence d'esprit d'appeler
Urgences-santé, vous avez un médecin qui s'est rendu sur place et
il a fait l'évaluation médicale, et c'est lui qui juge si on doit
acheminer le patient à l'hôpital ou le laisser à domicile
avec de l'aide.
Je pense que c'est toute cette approche qu'il faut développer,
publiciser et encourager, parce que, sans cela, on va continuer dans la
même veine. Les hôpitaux vont rester encore engorgés, les
centres d'accueil ne pourront jamais suffire à la demande. On est rendu
que dans nos centres d'accueil, quand on devient malade un jour, on est
classé. C'est A, A-l, A-2, A-3, A-4. On est des cas lourds ou
semi-lourds. En tout cas, on est étiqueté ainsi. Je pense que, du
train où on s'en va, nos centres d'accueil vont être remplis
à pleine capacité par des cas lourds, effectivement.
Alors, on ne sera pas capable, année après année,
de bâtir encore des centres d'accueil et d'aller dans cette ligne. Si on
voulait, dans mon comté de Marie-Victorin, bâtir un centre
d'accueil, on en serait incapable. Je n'ai pas un terrain vacant dans mon
comté pour bâtir un centre d'accueil. C'est aussi clair que cela,
à moins qu'on procède à des démolitions. Mais
à ce moment-là, il faut vraiment mettre le cap sur des
façons alternatives. Et je prône que le maintien à domicile
serait beaucoup moins coûteux et pourrait offrir aux gens des services de
qualité. Je me dis que c'est dans cette ligne qu'on doit aller. Alors,
qu'on fasse l'inventaire des ressources et qu'on réaménage les
budgets afin de favoriser davantage le maintien des personnes à
domicile.
M. Chevrette: M. le député de Marie-Victorin, je
pense qu'on est exactement sur la même longueur d'onde. Quand on regarde
l'évolution des coûts des services de santé et des services
sociaux depuis des années, il est évident qu'avec des besoins
croissants et des ressources financières moindres on n'a pas d'autre
choix que de penser à des solutions qui assurent une qualité qui
est moins dispendieuse et, de plus, qui répond au voeu de la population
j'en suis convaincu. Quand tu n'es pas insécure par nature et que tu
sais que tu peux avoir des services chez vous à un moindre coût,
tu aimes bien mieux cela que d'aller te faire enfermer dans un centre d'accueil
ou bien dans un centre de soins de longue durée. On regarde souvent...
À la télévision communautaire, il y a un certain nombre de
petits montages qui racontent l'histoire d'un couple - je le vois sans le
vouloir parce que bien souvent tu ouvres la télévision et cela
passe è toute heure du jour, sur commande, je ne sais pas si cela est
par téléphone. On vit très bien le drame d'un couple
âgé, par exemple, qui doit se séparer, alors que si la
femme... La femme affirme dans le film: Je n'en peux plus, je n'ai plus les
capacités physiques de soutenir mon mari, mais si j'avais de l'aide! Le
premier réflexe, c'est l'institution, alors qu'effectivement le
réseau des CLSC n'est pas complété. Mais dans votre milieu
il est au complet, sauf que vous n'êtes pas dans une des régions
les plus riches au point de vue ressources. Je pense que c'est la région
la moins favorisée, je le reconnais. Je pense bien qu'on va
rétablir les faits parce que les subventions qui iront aux
régions seront inversement proportionnelles, et non pas les plus
favorisées. Mais il faudra commencer aussi, parce qu'on a droit à
des services de qualité autant en Montérégie qu'à
Laurentides-Lanaudière et qu'ailleurs.
M. Pratt: Je retiens cela.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président, je suis content
à deux niveaux de passer après mes deux collègues, le
ministre et le député de Marie-Victorin. Premièrement,
pour ce qui est de l'engagement du ministre, je vais le prendre comme un
engagement qu'il vient de faire en fonction de la région de la
Montérégie. Comme je le disais tantôt, oui, c'est la
région qui, en population, croît le plus rapidement; donc, les
besoins croissent rapidement. Oui, on a fait beaucoup, mais il
reste beaucoup è faire parce que les besoins sont plus pressants
et plus grands chez nous en Montérégie que dans les autres
régions du Québec, sauf que cela me rassure d'entendre le
ministre des Affaires sociales venir dire qu'il va en tenir compte dans ses
budgets. On va juste travailler un peu plus pour avoir notre part.
J'étais heureux aussi d'entendre le député de
Marie-Victorin donner son appui à l'orientation du gouvernement, de
faire en sorte d'utiliser davantage des mesures alternatives, dont les soins
à domicile. On a dit le nombre de millions de dollars consacrés
sur le présent budget pour s'assurer que les gens vont vivre dans leur
milieu et vont avoir les services nécessaires dont ils ont besoin, comme
je disais tantôt, centres de jour, entre autres, pour pouvoir leur donner
des soins et aussi les occuper davantage. Donc, je suis content et
j'espère que si on suit sa suggestion de le publiciser de façon
que les gens puissent être mis au courant que ce service existe et qu'ils
puissent en profiter davantage, et ne pas penser tout de suite aux mesures
maximums qui sont ou centres d'accueil ou centres hospitaliers, on ne se fera
pas critiquer par les membres de sa formation politique pour avoir
utilisé de l'argent pour faire de la publicité. C'est un
obligation comme gouvernement, justement, de sensibiliser les gens à des
mesures comme celles-là qui existent.
Je voudrais ramener quand même certaines réalisations qui
ont été faites, non seulement qui ont été faites
mais qui se poursuivent, des créneaux qu'on a choisis depuis 1976 pour
donner un meilleur service au niveau des Affaires sociales. Il ne faudrait pas
oublier que, depuis 1976, il s'est rajouté 1628 lits en centres
hospitaliers de courte durée et 1015 en centres hospitaliers de longue
durée. Donc, même s'il y a des mesures alternatives, il y a aussi
beaucoup de construction parce que les besoins sont là et on doit y
répondre. Tous ces ajouts de lits ont été faits sur
l'ensemble du territoire québécois. (11 h 15)
II y a aussi le maintien durant l'été des lits ouverts
dans les centres hospitaliers qui nous coûtent 3 000 000 $ par
année. On a eu une question dernièrement là-dessus. On
s'inquiétait de cela, sauf qu'on prend les mesures nécessaires
pour que, durant toute l'année, y compris la période estivale,
les soins puissent continuer. Il y a aussi l'ajout qu'on a amené comme
mesure importante pour les gens qui sont touchés: la gratuité du
transport hospitalier, autant pour le transport entre les établissements
que pour les personnes âgées. Donc, c'est un autre service qui a
été apporté, qui est une économie pour les gens
touchés et qui est inclus dans les programmes gouvernementaux qui ont
été amenés et qui continuent. Les médicaments
gratuits qui ont coûté au gouvernement 750 000 000 $, cela aussi,
c'est important et cela fait partie des mesures à apporter pour
améliorer la condition de la santé des Québécois et
des Québécoises.
Il y a aussi, et je pense que c'est important de le rappeler, la
rationalisation des services pour accès accru aux services et, parmi ces
mesures apportées, il y a la rationalisation et la fusion des
établissements lorsque c'est possible. Quand on réussit à
fusionner des administrations de services complémentaires ou de services
semblables, cela veut dire des économies administratives. Donc, le
même argent peut être investi dans le service directement aux
bénéficiaires. De plus, il y a eu la coordination des urgences
dans les grands centres à Montréal en 1981 et à
Québec en 1984. On a commencé la discussion sur les urgences ce
matin. Il y a eu quelque chose de fait. La coordination des urgences, c'est
beaucoup mieux que c'était. Cela ne veut pas dire que tout est
réglé, encore une fois. De toute façon, les
problèmes évoluent, donc les solutions aussi doivent s'ajuster.
Il y a eu l'ajout de nouveaux programmes. Parmi ceux-là, la
médecine nucléaire, l'hémodialyse, c'est un nouveau
programme qui a été ajouté. Cela n'a pas été
fait seulement dans les grands centres, je le disais tantôt. Pour nous
cela a été fait à Granby; cela a été fait
à Saint-Hyacinthe dans notre région et cela a aussi
été fait ailleurs. Je ne pourrais pas vous donner toute la liste,
mais cela ne s'est pas fait seulement chez nous, j'en suis certain. La
transplantation rénale et deux urgences de soins pour grands
brûlés ont été annoncées dernièrement.
Donc, je pense que c'est complet dans les services que l'on donne et je suis
heureux de voir que la Montérégie va être favorisée
et qu'en plus le député de Marie-Victorin est d'accord avec
l'orientation que l'on donne. C'est surtout le maintien à domicile qui
est important.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je voudrais
revenir à la question que j'ai posée tantôt. Le ministre a
répondu à peu près n'importe quoi. J'ai eu droit à
du charriage. Je reviens à ma question. Je voudrais que le ministre
m'indique s'il trouve qu'il y a assez de lits pour le secteur nord de
Montréal. Que le ministre soit rassuré, si on n'a pas besoin de
ces lits, je vais être le premier à le reconnaître. Je ne
suis pas plus intéressé que lui à investir dans le
béton si ce n'est pas nécessaire, mais je voudrais que le
ministre me dise qu'il y a des lits en nombre suffisant. À ce
moment-là, il n'y a
pas lieu d'investir dans le béton et, s'il n'y a pas de lits
suffisants, il faudrait peut-être répondre à la demande de
la population.
Le Président (M. Lafrenière): M. le ministre.
M. Chevrette; M. le Président, dans le nord de Montréal -
cela a été longuement discuté en commission parlementaire
- il y a véritablement une concentration de personnes
âgées. Il peut y avoir au moment où l'on se parle le plus
haut taux existant d'hébergement par rapport à la population,
mais en manquer quand même. Ceci dit, cela peut être des HLM comme
ressource alternative. Vous irez voir le taux et cela a été
longuement décrié par Mme Lavoie-Roux, je pense, et le
député de Bourassa, M. Patrice Laplante, en commission
parlementaire la semaine dernière. Cette année, cela
dépend de quoi on parle. Parle-t-on de l'hébergement léger
du style HLM qui relève de l'habitation? Parle-t-on de personnes
vraiment en centre d'accueil et d'hébergement? Parle-t-on de soins de
longue durée, de malades chroniques ou de lits de soins de courte
durée? Je vous dis ce qu'il y a de prévu pour cette année
d'une façon et it y a une somme assez imposante à la Cité
de la santé de Laval qui dessert le nord aussi, de 15 000 000 $, puis on
va préciser le nombre de lits de façon subséquente. Je
vous dirai exactement le nombre de lits de telle nature et de telle nature.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, si vous me le
permettez... On nous indique que les lits actuellement occupés par les
malades chroniques ne peuvent pas être libérés pour la
simple raison que ces malades chroniques sont des cas lourds dans 99 % des cas.
Que va-t-on en faire?
M. Chevrette: Il va y avoir, pour Sacré-Coeur, exactement
le même processus qu'il y a eu pour les autres. Le plan qu'on a mis sur
pied, auquel réfère d'ailleurs le Dr Spitzer, qui a
prévalu pour six hôpitaux, l'année passée, va
s'appliquer exactement, également, à Sacré-Coeur, par
exemple. On va parler de la question d'urgence, on va penser aux ententes de
pavillons versus centres d'accueil, versus centres hospitaliers. Nous allons
suivre exactement la même procédure et c'est même
commencé. Avec Sacré-Coeur, on appliquera le même programme
qu'on a appliqué aux six autres l'an dernier. On est en train de le
faire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Les hôpitaux nous disent
constamment que, si le quota affecté aux malades chroniques était
respecté dans tous le cas, ils pourraient répondre aux besoins de
la population. Est-ce que c'est un principe auquel vous tenez, les fameux
quotas? Est-ce que vous entendez les faire respecter et les respecter
vous-même? Parce que, bien sûr, si vous ne les faîtes pas
respecter, vous ne les respectez pas vous-même. C'est un quota de 10 % et
c'est rendu à 30 %. Je veux savoir ce que vous pensez de ces fameux
quotas. Si, définitivement, cela doit être 20 % ou 30 %, bien
mettez-les à 20 % ou 30 %, c'est à 10 % et ce n'est jamais
respecté.
M. Chevrette: Les quotas, d'abord, ont été
introduits par votre formation politique et je pense que cela avait un certain
bon sens; d'accord? Parce que, si on laissait aller n'importe quel pourcentage
è la va-comme-je-te-pousse dans n'importe quel centre hospitalier, on se
ramasserait comment en bout de course? On se ramasserait avec des ensembles
hospitaliers qui changeraient leur propre vocation eux-mêmes. C'est
beaucoup plus la rationalisation régionale qu'il faut faire. Je suis
d'accord qu'il faudra peut-être changer des quotas dans certains
établissements en leur demandant, précisément, de changer
de vocation à ce moment, si on le fait. Mais, si on pense que dans
chacun des hôpitaux on enlève tout cela, vous verrez ce qui
arrivera à court terme. Cela n'aurait pas de bon sens. Il y a des
spécialités qu'on a mises sur pied et il y a des vocations
spécifiques qu'on a confiées à certains centres
hospitaliers. Il faut aussi traiter ces patients. Donc, je pense qu'il faut
maintenir cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis parfaitement d'accord, je vous
suis. Il faut les respecter, mais pourquoi ce n'est pas respecté? Je
suis parfaitement d'accord avec vous. C'était une bonne mesure
introduite par le Parti libéral; je suis d'accord.
M. Chevrette; Si vous êtes d'accord avec moi, vous
êtes d'accord, à ce moment, avec le processus que le
ministère a employé pour essayer de changer des types de
vocation, précisément, de certains centres hospitaliers. On est
toujours pris avec le sub judice, mais on voyait suffisamment clair pour dire:
II faut traiter ce type de patients, cette clientèle. Il nous faut donc
trouver le nombre de lits nécessaires et cela nous amène à
proposer des changements de vocation sur le plan régional en conservant
les spécialités dans les autres, etc. On suit la
procédure, mais est-ce que je vais agir par législation pour
enlever de l'autonomie face au changement de vocation? Je ne pense pas que ce
soit la méthode. Je pense que la méthode, c'est d'en arriver par
la persuasion et la concertation régionale à se réorienter
en fonction des clientèles que nous avons, tout en maintenant les
qualités de base dans d'autres, en disant: Oui, il nous
faut trouver le nombre de lits suffisants pour nos personnes
âgées. Si vous avez des tuyaux à nous passer pour
régler cela hors cour, passez-les-nous. On aurait plusieurs lits
disponibles demain matin.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Marie-Victorin.
M. Guy Pratt
M. Pratt: Je reviens encore aux soins à domicile. Je
retrouve dans le rapport Spitzer une suggestion intéressante au
paragraphe 3. 3. On dit: "Nous suggérons qu'il existe un besoin tout
aussi grand de médecins participant au transport des patients afin de
les ramener de la salle d'urgence à la maison autant qu'il en existe un
pour les amener de la maison à la salle d'urgence. " Nous ne pouvons
éliminer la possibilité qu'il existe beaucoup
d'hésitations - et cela, c'est un fait - à retourner le patient
à domicile. Alors, il reste à l'urgence et, lorsque le
médecin appelle la famille pour dire de venir le chercher, qu'il est
temps qu'il s'en aille parce qu'on va avoir besoin de son lit, là c'est
le drame. On reçoit des appels au bureau de comté et on dit: Ils
sont inhumains, ils le mettent dehors, ils ne sont pas capables de s'en
occuper. C'est sûr qu'il n'est pas rétabli, on va l'avoir sur les
bras, ainsi de suite. C'est le drame. Alors, cette suggestion qu'il y ait des
médecins accompagnateurs qui vont faire non seulement l'accompagnement,
mais, après coup, le suivi des visites à domicile... On indique
ici qu'un tel service pourrait être rémunéré de
façon que les omnipraticiens soient encouragés à donner de
meilleurs services à domicile plutôt que de s'en éloigner.
De plus, la formule de remboursement des médecins qui effectueraient des
visites de suivi chez des personnes récemment vues en salle d'urgence
devrait inciter les médecins de façon que nous amorçions
un changement graduel des soins pour des cas non urgents à
l'hôpital vers des services assurés de ces cas à domicile.
Je trouve que c'est une avenue intéressante là aussi et, si on
pouvait s'assurer que le médecin irait à domicile après
coup, la famille accepterait beaucoup plus facilement qu'on lui retourne un
malade qui occupe effectivement un lit et qui contribue
précisément à engorger les urgences. Je trouve que c'est
une avenue intéressante. On nous disait en commission parlementaire, la
semaine dernière, qu'on a un surplus de médecins au
Québec. On pourrait peut-être en affecter quelques-uns dans les
hôpitaux, qui feraient précisément -je ne vais pas vous
dire du "curb service", mais, enfin, vous comprenez l'expression -qui
pourraient aller à domicile. Je pense que ce serait une des
façons de décongestionner; sans cela, je pense qu'on va continuer
à parler, année après année, des congestions dans
nos salles d'urgence. Il faut vraiment qu'on mette de l'avant des
méthodes, des façons de faire, qu'on expérimente et qu'on
ait recours à toutes les façons possibles pour que les gens
demeurent chez eux dans des conditions acceptables. Il faut qu'ils aient de
l'aide de médecins et d'infirmières, et d'autres soins pourraient
leur être donnés.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je suis content que vous ajoutiez aussi les
infirmiers ou les infirmières parce que la nature des soins n'est pas
nécessairement reliée au statut. Cela pourrait être aussi
bien du personnel de soutien infirmier qui serait suffisant dans les
circonstances...
M. Pratt: Absolument.
M. Chevrette:... et qui serait de nature à rassurer.
C'est d'ailleurs une proposition qu'il va nous falloir scruter à
la loupe ainsi qu'examiner les conséquences, les impacts, comment les
organiser, de qui cela devrait relever, etc. La pratique médicale
elle-même a changé. Anciennement, on ne traitait pas autant dans
les CH, les centres hospitaliers. Aujourd'hui, on regarde la progression des
actes posés en établissement et son impact budgétaire dans
les centres hospitaliers. L'inverse maintenant. Est-ce que cela devrait relever
des équipes multidisciplinaires d'une certaine façon? Il pourrait
y avoir des équipes reliées à des CLSC qui sont
directement branchés sur les urgences et qui pourraient agir en
complémentarité. Effectivement, quand le réseau des CLSC
sera complété dans certaines régions, c'est souvent par
des ressources relativement légères qu'on pourrait
améliorer cette qualité des soins. Soyez assurés que ces
recommandations du rapport Spitzer seront étudiées. Je suis
heureux, d'ailleurs, que vous considériez qu'il y a un rapport
extrêmement intéressant qui n'axe pas exclusivement le
débat au niveau de la finance, mais qui l'axe au niveau de
l'organisation, au niveau du souci de la qualité. Je pense que c'est
important. Il y a un aspect financier, je ne le nie pas. Au moins, le premier
réflexe du rapport Spitzer n'est pas axé exclusivement dans le
sens de: Mettez tant d'argent et vous allez régler votre
problème. Ce n'est pas cela. Si vous voulez améliorer, commencez
par regarder votre fonctionnement administratif. Après, on constate les
lacunes.
Le Président (M. Lafrenière): Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: M. le ministre, concernant les services de
maintien à domicile, bien que la population regroupant les personnes du
troisième âge est très minoritaire, elle occasionne tout de
même 37, 4 % des dépenses publiques de santé. Une des
raisons majeures qui explique ce fait, c'est l'utilisation massive des
ressources institutionnelles qui est pratiquée pour les personnes de cet
âge. Ce qu'il y a de plus grave, c'est que, malgré les bonnes
intentions de tous les ministres des Affaires sociales qui se sont
succédé le nombre de personnes âgées en
établissement ne diminue pas. Il ne fait, au contraire, qu'augmenter. En
1977, 6 % de la population de 65 ans et plus était
hébergée en centres d'accueil ou en centres hospitaliers, soit 27
463 personnes, tandis qu'en 1983 ce pourcentage a grimpé à 7, 3 %
pour presque doubler le nombre de bénéficiaires. (11 h 30)
En 1985, qu'en est-il? Le gouvernement proclame, depuis quelques
années, que l'ère du maintien à domicile est
arrivée et, livre vert après livre vert, les chiffres
démontrent la situation contraire. Pour l'année 1983-1984, la
hausse nette du budget consacré aux services de maintien à
domicile a été nulle. On répondra que pour 1984-1985 le
gouvernement a ajouté 10 000 000 $ à ce budget. Mais, lorsqu'on
considère le nombre des personnes âgées qui sont
laissées sans services et qui s'empressent, pour plus de
sécurité, de faire une demande de placement, on ne peut que
croire que ces 10 000 000 $ constituent un bien faible effort dans la mise sur
pied d'une politique intégrée de maintien à domicile.
L'implantation du réseau de CLSC pourrait nous laisser penser une
fois de plus qu'on développera d'autant les services en milieu naturel.
Pourtant, il n'est pas assuré qu'on ajoutera beaucoup plus de personnel
dans ce genre d'activité. La tendance laisse plutôt croire qu'on
n'effectuera qu'un transfert de personnel des centres de services sociaux vers
les centres locaux de services communautaires sans ajout d'effectifs
supplémentaires.
Le problème des personnes âgées est très
actuel et c'est maintenant que doit s'effectuer la transition. Le gouvernement
devrait démontrer une véritable volonté politique pour en
arriver à réduire les listes d'attente de placement en centre
d'accueil qui sont au même niveau depuis trois ans dans certaines
régions.
J'aimerais savoir, de la part du ministre, s'il remédiera enfin
à l'incohérence de ses mesures à l'égard du
troisième âge et s'il consent un effort financier beaucoup plus
grand en ce qui concerne les services de maintien à domicile,
étant donné que ce serait beaucoup moins dispendieux de maintenir
les personnes de troisième âge à domicile qu'en
institution.
M. Chevrette: Mme la députée, vous avez
affirmé qu'il n'y avait pas d'argent dans les CLSC, est-ce que j'ai bien
compris?
Mme Bélanger: J'ai dit que pour les effectifs,
l'implantation du réseau de CLSC pourrait nous laisser penser qu'on
développerait plus les services de maintien à domicile, mais on
constate qu'on transfère les effectifs d'un centre à l'autre.
M. Chevrette: Je m'excuse. Il y a le transfert des CSS aux CLSC
qui est effectivement un transfert pur et simple de juridiction. Mais j'ai
aussi annoncé 7 000 000 $, plus une deuxième tranche de 2 000 000
$ qui m'est arrivée tout dernièrement, que j'ai gagnée, ce
qui fait 9 000 000 $. C'est-à-dire qu'on va y aller autrement. Dans les
7 000 000 $, il y a 4 200 000 $ au niveau de la consolidation,
c'est-à-dire de l'argent qu'on remet à des CLSC existants, en
plus de ce qu'ils ont présentement, pour des effectifs additionnels.
Cela peut être en périnatalité, cela peut être en
soins à domicile. Il y a une partie qui va aux différentes
vocations des CLSC.
Il y a aussi le reste, ce qui veut dire 2 800 000 $ pour l'implantation
d'un nouveau CLSC qui aura quelques effectifs de services à domicile
aussi. Et il y a, en plus de tout cela, 2 000 000 $ additionnels
spécifiquement pour des services à domicile, de sorte qu'il y a
des nouvelles sommes véritablement. Il y en a pour une partie des 2 800
000 $, une partie des 4 200 000 $ et il y a les 2 000 000 $, de sorte que cela
peut faire 3 500 000 $, 4 000 000 $ pour les services à domicile. Ce
sont des sommes nouvelles, cette partie, pour 1985-1986.
Mme Bélanger: Mais qu'en est-il pour 1985-1986...
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, on parle
beaucoup de soins à domicile. Je ne pense pas qu'on puisse régler
tous les problèmes avec les soins à domicile, mais je pense que
ce serait une amélioration. Il y a peut-être une chose qu'il va
falloir reconnaître, c'est qu'on n'améliorera pas beaucoup les
soins à domicile si on ne paie pas adéquatement les
médecins. Est-ce qu'il est acceptable, est-ce qu'il est raisonnable
qu'on paie un médecin, pour une visite de jour, 25 $ ou 27 $ et, pour
une visite de nuit, 30 $, alors que, si vous faites venir un réparateur
de réfrigérateurs, de cuisinières,
cela va vous en coûter 75 $? Je ne veux pas dilapider les deniers
de l'État, mais je pense que, si on veut structurer, si on veut
organiser les soins à domicile, il va falloir commencer par payer
décemment les médecins.
M. Chevrette: Est-ce que c'est une question ou si...
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, c'est une question, est-ce que
vous entendez réviser la tarification pour les médecins pour les
visites à domicile?
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Tout d'abord, vous comprendrez que je ne
commencerai pas à négocier à l'Assemblée nationale
la rémunération des médecins ou même les modes de
rémunération des médecins. Ce serait irresponsable de ma
part de commencer à vouloir échanger au moment même
où on sait qu'on prépare des mandats de négociation au
ministère pour aller au Conseil du trésor pour voir s'il y a une
possibilité de conclure des ententes ou pas.
M. le député de Saint-Laurent, je reconnais que, si l'on
fait des comparaisons strictes avec d'autres provinces ou d'autres endroits,
les médecins au Québec peuvent être payés en
deçà de certaines moyennes, je reconnais cela. Mais je reconnais
du même souffle qu'il y a d'autres groupes de travailleurs au
Québec qui ont dû, dans le cadre de la crise économique, de
la crise budgétaire, subir des ponctions assez sévères, ce
qui a conduit le gouvernement à établir une politique salariale.
Je pense qu'il nous faut, en gens responsables, être cohérents
dans notre politique salariale envers l'ensemble des groupes qui ont à
négocier et à transiger avec le gouvernement. On ne peut
permettre à des groupes de rattraper tout le retard dû à
cette crise économique alors que d'autres ont dû subir même
les foudres de l'Assemblée nationale pour lesquelles tout le monde a
voté. Il faut être cohérents, il nous faut absolument
négocier de bonne foi, reconnaître des choses mais, de là
à aller établir des patterns qui seraient au détriment
même des autres groupes qui ont dû subir les contraintes, je crois
que je manquerais le bateau. Je vais négocier de bonne foi avec eux -
mais pas à l'Assemblée nationale - via les tables de
négociation et mes porte-parole qui sont nommés.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas ce que je veux. Je demande
simplement si vous reconnaissez que cette tarification est inadéquate si
vous voulez organiser les soins à domicile d'une façon
adéquate.
M. Chevrette: Je pourrais vous dire que la tarification est
inadéquate et du même souffle vous dire que c'est le mode de
paiement et de rémunération lui-même qui est
inadéquat et j'arriverais peut-être à des conclusions
complètement différentes des vôtres. Si vous jugez un acte
payé à l'urgence, on peut faire le constat que tel acte est tout
à fait insuffisant par rapport au problème qui nous confronte et
regarder que d'autres actes sont vraiment aberrants. D'autant plus que vous
savez pertinemment, M. le député, qu'il y a dans ces
négociations des types d'actes qui sont payés X dollars. On se
rend compte que d'une négociation à l'autre il y a
évolution dans la pratique médicale. Il y avait des examens
partiels qui valaient tant, des examens complets qui valaient tant et des
examens généraux ou complets majeurs qui valaient tant. D'une
convention à une autre, on voit l'évolution en pourcentage du
type d'examen réclamé. Quand on a la responsabilité des
paiements, on est obligés de regarder ces constats et, quand on vient
pour négocier, on dit: Bien, écoutez! cela devient un peu
aberrant, les pourcentages ont changé un peu fort. Ce sont des
rémunérations à l'acte, il ne faut pas l'oublier. Il y a
quelques expériences qui se font à la vacation et au salariat
dans les centres d'accueil. Cela fait partie du portrait global de la
négociation qu'on doit conduire avec la FMOQ et la FMSQ dans les
semaines qui viendront.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, le ministre répondait qu'on a construit l'hôpital de
Gatineau. Le Dr Tessier disait que c'est bien beau d'avoir des hôpitaux
mais que, si on n'a pas le personnel et si une personne part, le château
de cartes disparaît. Premièrement, est-ce que le ministre a
l'intention de faire quelque chose pour la formation du personnel dans
l'Outaouais? Deuxièmement, dans mon intervention j'ai dit que le Dr
Allard mentionnait qu'il manquait 350 000 $ d'instruments pour l'hôpital,
le centre hospitalier régional de l'Outaouais. Est-ce que le ministre a
l'intention d'accéder à cette demande et si oui quand?
M. Chevrette: En ce qui regarde le budget d'équipement, il
est sous examen. Pour ce qui est de la formation du personnel, cela m'intrigue
beaucoup plus parce que, normalement, chaque centre a son programme de
formation et son programme de recrutement en fonction des besoins en
ressources. Est-ce que c'est parce qu'il manque de ressources dans le bassin
régional? Je ne comprends pas le sens de la
question, j'aimerais cela qu'on...
M. Middlemiss: Dans le moment, je pense que le centre hospitalier
de Gatineau n'est affilié à aucune université et le
problème... Ce qu'ils disent c'est qu'on peut recruter des membres mais,
s'ils ne viennent pas de la région, c'est un peu un problème. Ils
sont là pour un certain temps et ils repartent. Mais, s'il y avait une
formation dans la région, les chances seraient qu'on pourrait les garder
là.
M. Chevrette: Ça, je le comprends. C'est le
phénomène de rétention de la main-d'oeuvre dont vous
parlez. Donc, premièrement je peux vous dire qu'il y a 41 hôpitaux
universitaires, je pense, au Québec sur 200 à 250; en tout cas,
mettons que c'est 225. Il y en a 41. Vous êtes donc, si j'ai bien compris
vos propos, à la fois à la recherche d'un statut de centre
hospitalier universitaire mais en parlant d'autres... Non?
M. Middlemiss: II est affilié.
M. Chevrette: Ah, il est affilié, cela peut être une
question de...
M. Middlemiss: Parce que déjà, si l'on prend le
centre hospitalier Pierre-Genest dans la psychiatrie, ils sont affiliés
à l'Université d'Ottawa...
M. Chevrette: C'est un centre...
M. Middlemiss:... mais l'hôpital de Gatineau ne l'est pas.
Vous avez dit: On a construit un hôpital, on vous donne une
bâtisse. Vous nous donnez une bâtisse mais il n'y a pas
suffisamment de personnel pour donner tous les soins nécessaires. Vous
savez sans doute qu'il y a une partie de l'hôpital qui ne fonctionne pas
présentement.
M. Chevrette: Je comprends mais, dès que vous voulez vous
affilier à un centre universitaire, cela devient un centre universitaire
pour nous; pour les fins de la discussion, c'est ce que je veux dire. Oublions
que vous puissiez pour le moment être affilié à une
université. Le phénomène de rétention de la
main-d'oeuvre spécialisée n'est pas unique à l'Outaouais.
Mme la députée de Mégantic-Compton pourrait vous en dire
quelque chose. On est obligé de prendre des décisions assez... Ce
n'est pas encore réglé mais cela va se régler, madame.
Pour votre information, c'est rendu, les lettres sont signées. Donc,
pour contrer votre allégation de tantôt que je ne réglais
pas, c'est signé, c'est rendu à la RAMQ.
Mme Bélanger: Là, c'est le manque
d'anesthésistes. Ils ne sont pas capables d'en avoir. Depuis encore
quatre jours qu'ils n'ont pas d'anesthésiste, ils sont obligés de
faire des transferts.
M. Chevrette: Au niveau des anesthésistes, je l'ai dit
tantôt, en anesthésîe et en psychiatrie, on a
décontingenté. Oui, on a des problèmes au Québec,
il manque d'anesthésistes au moment où il y a d'autres
spécialités qui en ont de trop.
Je peux vous dire une chose c'est qu'on a des équipes
d'itinérance et on peut avec une section spéciale du
ministère répondre aux besoins urgents, ce qu'on appelle une
équipe de dépannage. On pourrait parler longuement
là-dessus mais je peux vous dire une chose. À moins qu'il y ait
concertation délibérée pour empêcher que cela
fonctionne, je vous dis qu'il y a possibilité d'organiser de
l'itinérance, du dépannage. Ça, c'est clair. Si on ne
réussit pas à régler des problèmes au niveau de la
négociation, il y a des articles qui vont permettre de procéder
et, dans le cas de Mégantic, cela a été
réglé la semaine dernière. Je crois que cela a
été signé jeudi dernier, madame.
Pour revenir à la question de M. le député de
Pontiac, je comprends que vous croyez que l'affiliation universitaire serait le
remède au phénomène de rétention. Possiblement.
C'est bien sûr que, si on s'affilie à une université, nos
résidents et nos internes y vont massivement, cela aide à avoir
une main-d'oeuvre minimale. L'objectif du ministère, c'est d'avoir une
main-d'oeuvre minimale dans l'ensemble du Québec, pas seulement dans des
centres universitaires, c'est cela le problème. On a quatorze
incitatifs, présentement, à négocier pour pouvoir attirer
des personnels compétents. Cela va de la rémunération
majorée à la prime d'établissement, à la bourse
d'études, le ressourcement médical. Je pense qu'on a fait preuve
de passablement d'imagination dans ces mesures incitatives qui ne portent pas
encore fruit pour l'ensemble, mais qui vont commencer à en porter plus
concrètement à compter du 1er juillet, parce qu'il y en a
d'autres dont l'effet va être concrétisé au 1er
juillet.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Saint-Laurent. (11 h 45)
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, un des
problèmes de l'engorgement des urgences serait dû au nombre
insuffisant de médecins. Si nous regardons le rapport Spitzer, on nous
dit, à la page 79, que "le mode de rémunération à
l'acte assure un revenu qui est fonction du volume de la clientèle qui
se présente à l'urgence. Nous pensons que ce système
favorise une planification du nombre des médecins présents
à l'urgence à partir du niveau requis pendant les périodes
tranquilles. Ainsi, cette situation incitera à la réduction du
nombre
de médecins présents à l'urgence. Une approche qui
serait fondée sur la rémunération à la vacation
pourrait empêcher ce phénomène de réduction des
effectifs. " Alors, est-ce que vous envisagez de modifier ce mode de
rémunération qui est une cause directe du manque de
médecins, d'omnipraticiens et de spécialistes sur le plan de
l'urgence?
M. Chevrette: C'est un sujet qui touche carrément la
négociation, si vous parlez de rémunération à la
vacation, et qui touche également les pouvoirs de décision dans
les salles d'urgence. Oui, nous allons l'étudier très
sérieusement; on doit l'étudier très prochainement
à part cela, parce qu'on risque d'entamer les négociations d'ici
quelques semaines à peine.
Deuxièmement, quand vous parlez de manque de médecins, si
j'ai bien compris, c'est le manque de médecins avec pouvoirs de
décision à l'urgence et non pas nécessairement "manque" de
médecins.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce sont les spécialistes et,
dans certains cas, les omnipraticiens.
M. Chevrette: II y a des omnipraticiens, également,
à l'urgence. Cela, si on se comprend bien, c'est le manque de pouvoirs
d'individus. Ce que j'ai décelé du rapport Spitzer, à
moins que je l'aie mal interprété, c'est vraiment une question de
pouvoirs, d'abord de ceux qui y sont, et c'est peut-être cela la
clé. Avec des équipes souples, là où on a
été capables de créer et de mettre sur pied des
équipes souples dans certains hôpitaux, en quantité, et de
demander aux médecins de l'institution de partager le boulot à
l'urgence, on a beaucoup moins de problèmes qu'on en avait. Mais je vais
regarder cela d'une façon très spécifique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, parce que vous me parlez
constamment des négociations, mais, moi, je parle également des
patients. Un instantl Je veux bien qu'on parle des négociations, mais il
faudrait également s'occuper des bénéficiaires, des
patients, des gens qui vont là pour recevoir des soins. Je pense que ce
sont vraiment eux, les clients. C'est la personne, je pense, qui est la plus
importante dans les circonstances.
M. Chevrette: Vous me dites qu'il n'y a pas de
négociations. Je m'excuse, mais il y a de la négociation dans
cela. La preuve, c'est que dans les urgences à faible débit
où on n'était pas capables d'avoir de médecins, cela a
fait l'objet d'une entente spécifique avec la FMOQ, la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
à vacation ou acte. Cela va être la même chose lorsqu'on
s'adressera à la FMOQ ou à la FMOQ, cela fait l'objet du
présent cadre de négociation. C'est un objet de
négociation. Je n'aime pas utiliser le mot, mais cela s'appelle
négociation. Ils sont reconnus en vertu de la loi de la RAMQ comme ayant
le pouvoir de négocier. Je ne peux pas décider
unilatéralement, pour un acte à poser, le prix unique, c'est
prévu qu'ils ont le pouvoir de négocier. Donc, cela joue un
rôle, évidemment.
Le Président (M. Lafrenière): Je constate qu'il
nous reste vingt minutes. M. le ministre, vous avez les dix premières
minutes.
M. Chevrette: Je constatais qu'il en restait dix, M. le
Président. C'est pour cela que...
Le Président (M. Lafrenière): On a commencé
à 10 h 9.
Conclusions M. Guy Chevrette
M. Chevrette: D'accord, cela n'est pas grave. Je
m'aperçois qu'on a apporté beaucoup d'attention au rapport
5pitzer, ce matin. Je suis très heureux et je peux vous dire qu'il fait
l'objet présentement d'études spécifiques à mon
ministère, dans nos directions. On a demandé également
l'avis du CRSSS de Montréal sur ce rapport. Déjà, il
touche du doigt certaines observations que nous avions faites au
ministère et qui nous avaient permis de mettre de l'avant un
système en vue d'améliorer la situation à Montréal,
système qui est d'ailleurs en application, qui porte ses fruits, mais
où il reste plusieurs phases à améliorer parce qu'on se
rend compte que, là où on avait permis l'ajout de lits, ce n'est
pas encore fait ou cela se fera en juin, en juillet. Au moins, il y a des
étapes de franchies, il y a un effort de fait, il y a une
volonté, je pense, au niveau du réseau, de régler cette
situation, non pas nécessairement par l'arrivée massive d'argent
qu'on n'a pas, mais par la réorganisation administrative du jumelage.
Même si on dit qu'il n'y a pas eu d'argent, il y a quand même eu 6
300 000 $ d'ajoutés spécifiquement pour le problème des
urgences de Montréal.
Je voudrais aussi dire que ce rapport nous servira sans doute au cours
des prochains mois. Il servira même à alimenter les
réflexions non seulement du ministère mais aussi de la commission
d'enquête qui sera annoncée très prochainement, ce qui nous
permettra de faire des recommandations concrètes et
détaillées - peut-être des manières de fonctionner -
qui iront plus dans le détail même que les orientations qui se
dégagent du rapport Spitzer.
Je suis persuadé aussi que nous devons continuer, comme
ministère des Affaires sociales, à vous préoccuper des
soins de qualité en périphérie de Montréal comme on
a commencé à le faire d'une façon très
énergique dans Laurentides-Lanaudière, sur la rive sud, à
Le Gardeur, Châteauguay, Pierre-Boucher. Je pense qu'il y a un effort,
précisément à ce niveau, pour donner des soins de
qualité et permettre la rétention des bénéficiaires
dans leur propre milieu, dans leur propre région.
Il y a une question d'équipement aussi, bien sûr. Plus on
dotera nos régions, nos capitales régionales d'un
équipement de qualité, plus cela contribuera au mécanisme
de rétention des bénéficiaires en région et on
épargnera, à ce moment-là, sur les soins ambulanciers,
parce qu'on sait qu'il y a tout un phénomène qui se produit. Je
regardais uniquement la médecine nucléaire installée
à Juliette, par exemple. On peut épargner une très large
portion des frais de fonctionnement par l'économie qu'on fera sur les
services ambulanciers. Il va de soi que, lorsqu'on veut équiper nos
capitales régionales d'une façon décente et permettre
d'avoir dans chacune de nos régions du Québec un minimum de
spécialités, un minimum d'équipements
spécialisés, cela contribue également au
phénomène de rétention dont les villes écopaient
des factures antérieurement.
Je voudrais réitérer à la fin de cette commission
que je suis content du bilan du ministère des Affaires sociales depuis
quand même huit ans. Il y a eu injections massives en pleine
période de difficultés financières. Je pense que le
gouvernement y a mis du sien au niveau des centres d'accueil par l'ajout de
lits: 12 000 lits dans une période difficile, comparativement à
2000 quand on nageait dans le trèfle aux genoux, comme on dit par chez
nous.
Les soins à domicile: 7 000 000 $ en 1973; 84 000 000 $ en
1985-1986; les organismes bénévoles: 450 qui oeuvrent au niveau
des services à domicile présentement, 5 000 000 $. Il n'y avait
rien avant. II y a eu un effort soutenu; il y a eu un effort d'imagination pour
trouver les ressources alternatives: le pavillonnement, l'urgence sociale, les
centres de jour. On a essayé de développer dans le réseau
des affaires sociales cette force imaginative pour améliorer les soins
et les services sans toujours penser au standard et au traditionnel qui
coûtent des fortunes et que les Québécois ont de la
difficulté à se payer.
Je suis persuadé que la commission d'enquête que nous
allons mettre sur pied nous apportera des propositions très
concrètes qui tiendront compte des réalités face aux
besoins et également aux limites financières qui nous confrontent
quotidiennement. Cela nous permettra de "prioriser" nos actions afin
d'améliorer la qualité des services directs que les personnes,
quel que soit leur âge, sont en droit d'obtenir.
Dans les circonstances, je regardais cette année l'effort
gouvernemental consenti qui n'apparaît pas comme tel aux crédits,
parce que le député de Brome-Missisquoi pourrait très bien
dire... C'est vrai, il l'a reconnu, à cause du changement de la RAAQ,
les 90 000 000 $, etc. L'effort consenti n'apparaît pas au budget pour
celui qui ne le gratte pas. Il y a eu un effort consenti et je peux vous dire
que déjà j'ai obtenu des sommes additionnelles. Cela nous permet
d'augmenter encore les efforts. J'espère qu'on va continuer, même
au budget supplémentaire traditionnel de l'automne, à aller en
chercher encore davantage pour pouvoir précisément
améliorer nos secteurs les plus névralgiques, mais sans pour
autant garrocher nos sommes d'argent dans quelque chose qui serait plus ou
moins important, urgent ou crucial dans les circonstances. Donc, à se
regarder, on se désole et à se comparer, on se console.
Le Président (M. Lafrenière): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Le ministre est peut-être le seul, dans la
société québécoise, à se consoler. Il est
peut-être le seul, avec ceux et celles qui viennent l'encenser, à
être fier de ce qui s'est passé depuis 1976.
Je vais partager la période, M. le ministre; de 1976 à
1980 et de 1980 à 1985. Vous avez peut-être raison d'être
fier de ce qui s'est passé de 1976 à 1980 dans la
continuité de ce qui avait été amorcé avant 1976.
Je ne veux rien enlever à cette fierté parce que jusqu'en 1980,
au Québec, les services de santé étaient encore
considérés non seulement par les usagers québécois,
mais par nos voisins des autres provinces et par les intervenants des autres
pays comme des services de qualité, accessibles et universels.
Mais, depuis 1980, ce n'est pas le cas, M. le ministre, et ce n'est pas
simplement l'Opposition officielle qui le dénonce. Quand les
travailleurs et les travailleuses du secteur viennent vous dire qu'on manque de
ressources humaines, des gens qui donnent des soins aux
bénéficiaires, quand ces gens vous disent également qu'on
manque de ressources en immobilisation et qu'on manque de ressources pour ce
qui est de l'équipement, il ne faudrait quand même pas rejeter
cela du revers de la main et dire que ce n'est pas vrai. Quand le dossier des
salles d'urgence fait réapparition dans cette Chambre, semaine
après semaine, mois après
mois, et qu'il n'est pas encore réglé, je ne suis pas
fier, au nom des bénéficiaires, de ce service.
J'aimerais, dans le peu de temps qui m'est alloué,
répliquer au député de Shefford qui est venu encenser son
ministre des Affaires sociales ce matin et qui a peut-être appris au
cours de cette période de discussions qu'il représentait une
circonscription électorale qui fait partie de la
Montérégie, qui est la région, sur le plan des ressources,
la plus handicapée, si je peux dire, la plus démunie. Le
député de Shefford aurait peut-être avantage à aller
vérifier ce qui passe à la salle d'urgence de son centre
hospitalier à Granby, parce que ma secrétaire de comté
s'est présentée à la salle d'urgence de l'hôpital
Brome-Missisquoi-Perkins, il y a à peu près un mois, et elle a
été obligée d'attendre plus de huit heures.
Découragée, elle est allée à Granby où elle
a attendu plus de dix heures. Lorsque vous ne trouvez pas de réponse
à vos besoins à Granby, vous allez à Saint-Jean, quand la
salle d'urgence n'est pas fermée, parce qu'il manque de ressources. Si
vous ne trouvez pas, vous allez plus loin de Montréal. Vous allez
à Charles-Lemoyne où vous avez en moyenne, depuis plus de huit
mois, 20 patients alités dans les corridors. Vous seriez peut-être
un petit peu moins fier si vous viviez vraiment près de vos gens,
près de votre milieu et que vous vous renseigniez sur ce qui se passe
dans notre région, qui est la plus défavorisée.
Pour revenir au rapport Spitzer, je suis un peu découragé,
ce matin, d'entendre le ministre des Affaires sociales me dire que le
ministère l'étudié, qu'il a demandé au CRSSS du
Montréal métropolitain de l'étudier alors qu'en ce qui
concerne le CRSSS il y a des recommandations qui sont contenues dans ce rapport
qui s'adressent au CRSSS du Montréal métropolitain et
spécifiquement sur le mandat qui a été confié
à Urgences-santé de façon qu'on s'occupe des gens à
domicile et qu'on les retourne du centre hospitalier à domicile. Quand
le ministre ajoute que c'est la commission d'enquête - pour utiliser ses
propos, mais qu'on appelle plutôt une commission d'étude, qu'il
nous a annoncée et qu'il nous réannoncera bientôt - qui va
analyser le rapport Spitzer, qui va l'étudier, je me dis: Qu'est-ce
qu'il y a à court terme pour résoudre l'engorgement des
hôpitaux?
M. le ministre, il y a des recommandations dans le rapport.
J'espère que vous n'avez pas fait une étude pour le faire
analyser par le ministère, pour le faire réétudier par le
CRSSS du Montréal métropolitain, pour le faire
ré-réétudier par la commission d'étude sur la
santé que vous avez annoncée parce que, là, les patients
sont à bout de nerf, la population est insecure face à ce qui se
passe. Les administrations hospitalières sont placées dans des
situations où elles violent les exigences de la loi qui les oblige
à rendre des services de santé, où elles violent vos
directives ministérielles qui disent qu'un patient ne doit pas passer
plus de 48 heures dans un centre hospitalier.
Le rapport Spitzer nous dit que la moyenne observée dans les
unités d'urgence est de 22, 2 heures. Dans le cas de certains
hôpitaux... Maisonneuve-Rosemont n'est pas le seul. Le
député de Saint-Laurent a parlé de Sacré-Coeur et
on pourrait vous parler de Laval. 35, 4 heures à l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont en salle d'urgence, est-ce que cela a du sens? On parle de
ramener la norme à 9 heures - c'est ce que Spitzer recommande - ce qui
serait une norme acceptable, suivant ce spécialiste. Mais je n'ai
entendu parler d'aucun geste gouvernemental ce matin dans le but de ramener
cette norme à 9 heures. Je n'ai entendu le ministre se prononcer sur
aucune des recommandations du document qu'il a en main depuis plus d'une
semaine. Cela m'inquiète et je me demande si le gouvernement ne tente
pas d'éluder le problème et de s'en débarrasser. Les seuls
commentaires ministériels que j'ai entendus sur le rapport Spitzer sont
ceux concernant la première partie du problème qui relève
de l'administration hospitalière. J'ai entendu cela: le blâme est
sur l'administration hospitalière, les médecins, etc. Mais, la
partie du problème qui concerne les autorités gouvernementales,
le manque de ressources, etc., je ne l'ai pas entendue.
Je vais lui répéter, mais ce n'est pas le
député de Brome-Missisquoi qui le lui dit c'est Jean Francoeur,
ce matin: "D'où l'on voit que le rapport Spitzer, en dépit du
fait qu'il jette une lumière assez peu flatteuse sur la pratique
médicale en milieu hospitalier, doit être lu comme un tout.
 quoi servirait-il, en effet, de réduire le temps de
séjour à l'urgence avant la décision médicale si
cela n'avait pour effet, faute de ressources disponibles, que d'augmenter la
durée du séjour après cette décision?" Tout ce dont
j'ai entendu le ministre nous parler ce matin, c'est de la partie qui relevait
du fonctionnement interne de l'hôpital. Il a oublié l'autre
partie. Si le ministre s'en va dans cette direction-là, il va
réussir à raccourcir le temps avant la décision
médicale. Avec quel constat? Avec le constat qu'il aura rallongé
l'hospitalisation dans les corridors après la décision
médicale.
Au député de Saint-Laurent qui lui disait qu'il y a des
quotas pour chroniques -et selon les recommandations de Spitzer il faut que ces
quotas soient respectés dans les centres hospitaliers de courte
durée - le ministre n'a apporté aucune réponse. Il nous a
dit: Le Parti libéral avait eu une bonne idée à
l'époque, mais là Spitzer dit: Respectez cette
idée-là. Le ministre n'a rien à annoncer, rien à
dire sur cet aspect du
rapport Spitzer.
M. le Président, c'est de comités d'étude à
commissions d'enquête, à rapports, à évaluations,
à sous-évaluations, à une pseudo-planification que l'on
va. Ce qui m'inquiète, et cela n'inquiète pas seulement le
député de Brome-Missisquoi, c'est devenu de
notoriété publique... Une journaliste dans la Presse de ce matin
écrivait, face à vos planifications et à vos
évaluations: "De toute façon, pourquoi donc se fier aux
évaluations d'un ministère qui n'a même pas pu
prévoir, quand il était parfaitement prévisible, le
phénomène de vieillissement de la population?" Alors que
c'était parfaitement prévisible, vous n'étiez même
pas capables de le prévoir au ministère des Affaires sociales.
Vous n'êtes même pas capables d'appliquer des recommandations d'une
étude que vous avez commandée.
Je conclurai en citant la journaliste Lysiane Gagnon qui s'adresse au
ministre, qui s'adresse au député de Shefford, qui s'adresse
à ceux et à celles qui occupent les banquettes
ministérielles comme suit: "Mais avant de solliciter du public un
verdict de non-culpabilité - avant de vous déclarer non coupables
ou innocents, si vous préférez - le gouvernement devra commencer
par analyser ses propres responsabilités. C'est lui qui établit
ses propres priorités d'où il ressort que le toit du stade a plus
d'importance que la santé publique. Qui donc, sinon le gouvernement,
tolère que le réseau des CLSC, censé soulager les
urgences, fonctionne comme des bureaux de poste? On ferme à 5 heures et
le week-end. À quoi doit-on qu'il n'y ait pas de médecin la nuit
dans les hôpitaux? Si vous avez un accident à 2 heures du matin,
c'est un interne qui vous traitera, une des raisons étant que le
système de rémunération à l'acte n'est pas
adapté aux services de l'urgence. "
Lorsque mon collègue intervient et demande au ministre: Etes-vous
prêt à réexaminer cela? Le ministre nous répond: Je
suis en négociation et je ne négocie pas sur la place publique.
Vous n'avez pas le droit non plus de négocier sur le dos des patients.
Vous n'avez pas le droit non plus de négocier sur le dos des
bénéficiaires. Vous avez en main un rapport qui vous dit comment
agir. Je fais une constatation et on est peut-être d'accord. Une des
recommandations du Dr Spitzer... Je vous dis, M. le ministre, qu'on pourrait
questionner... Lorsque le Dr Spitzer nous parle des hôpitaux en
région périphérique, vous ne semblez pas accepter ce
verdict du Dr Spitzer. Les propos que vous avez tenus, que le
député de Shefford a tenus vont à l'encontre d'une des
recommandations de Spitzer.
Je ne conteste pas votre droit de choisir d'aller à l'encontre
mais, si vous choisissez d'aller à l'encontre, est-ce qu'il y aurait
moyen d'entendre le Dr Spitzer sur son rapport? Parce que si vous maintenez
cette décision d'aller à l'encontre de la recommandation qui dit
qu'on ne doit plus "prioriser" les investissements en fonction des
périphéries. Je ne suis pas sûr que je partage l'avis du Dr
Spitzer, mais j'aimerais l'entendre là-dessus parce que, si on est pour
en adopter et en rejeter des recommandations, il faudrait le faire en toute
connaissance de cause, mais pas après que le ministère des
Affaires sociales, qui n'a même pas pu planifier les vieillissement aura
encore étudié le rapport Spitzer, pas après que le CRSSS
du Montréal métropolitain aura étudié le rapport
Spitzer, pas après que la commission d'étude aura
étudié le rapport Spitzer. Le rapport Spitzer parle d'actions
à court terme. La commission d'étude ne peut viser que des
problèmes ou des solutions à moyen et à long termes.
M. le ministre, je vous invite à relire, entre autres, si vous
n'avez pas le temps de tout lire, je sais que vous avez eu la grippe cette
semaine - oui, vous m'indiquez qu'il reste 30 secondes - au moins une à
une les conclusions du Dr Spitzer, à dire aux parlementaires avec
lesquelles vous êtes en accord et lesquelles vous allez mettre de Pavant,
dans quel délai, de quelle façon et avec quels moyens. Si vous
n'êtes pas capable de répondre à ces questions, je
comprendrai que vous avez, au ministère, "tablette" le rapport
Spitzer.
Le Président (M. Lafrenière): Merci. La commission,
ayant rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 6)