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Étude des crédits du ministère
des Affaires sociales
(Dix heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des affaires sociales est réunie pour
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires sociales.
Les membres de la commission sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup),
M. Charron (Saint-Jacques), M. Clair (Drummond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel (Richelieu),
Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Nous en étions à l'étude du programme 8. Le
député de Saint-Laurent.
Réadaptation de l'enfance et des
adultes
M. Forget: M. le Président, toujours sur
l'élément 1 du programme 8, j'aimerais poser une série de
questions au ministre relativement au mandat qu'il a confié au
Comité de la santé mentale relativement à la question de
la mésadaptation sociale. D'abord, j'aimerais savoir si la composition
du Comité de la santé mentale est la même ou s'il y a eu
des modifications depuis quelques mois dans la composition du
comité.
M. Lazure: La question est posée?
M. Forget: Elle est posée. Je m'excuse de sa
brièveté. On peut vous donner quelque délai, si vous
voulez.
M. Lazure: Bien oui, je suis tout étonné; c'est
très laconique, très incisif comme question. Alors, M. le
sous-ministre.
Oui, la question, c'est le mandat donné au Comité de la
santé mentale concernant la mésadaptation sociale des jeunes.
M. Forget: La première question, c'était de savoir
si la composition de ce comité avait été
modifiée.
M. Lazure: Du Comité de la santé mentale?
Justement, c'est ce que nous sommes en train de faire.
M. Forget: C'est de la télépathie!
M. Lazure: Oui, c'est vraiment de la télépathie. Le
comité a été modifié, pas profondément, mais
pour renouveler les membres. Le président a été
changé; le Dr Yvon Gauthier, qui faisait partie du comité, a
accepté d'en assumer la présidence et la composition a
été renouvelée. Il y a plusieurs des personnes qui
étaient présentes qui ont accepté de continuer.
Voulez-vous avoir les noms des nouveaux membres? Enfin, il y a une
infirmière psychiatrique...
M. Forget: Non.
M. Lazure:... qui a été ajoutée au groupe,
Mlle Duchesne, suggérée par l'Ordre des infirmières.
Alors, c'est la composition habituelle: psychologues, psychoéducateurs,
psychiatres.
M. Forget: Des remplacements habituels d'individus, mais d'autres
prennent leur place avec les mêmes qualifications professionnelles.
M. Lazure: C'est cela. Les mandats que nous proposons, qui ont
été discutés avec le Dr Gauthier, à la
dernière rencontre que j'avais eue avec l'ancien comité de la
santé mentale qui terminait son mandat, c'est d'examiner le
problème de la mésadaptation dans les établissements et
les liens entre la psychiatrie et la mésadaptation, la
psychoéducation, psychiatrie, psychologie, et d'essayer de nous aider
à "opérationnaliser" ces relations.
Depuis aussi, on a pris la décision de leur demander
d'étudier un rapport préliminaire qu'on a reçu sur la
thérapie "behaviorale" qui présente des problèmes
difficiles au point de vue éthique et au point de vue surveillance. Dans
le cours de l'année qui vient, ce sera, à part des mandats qu'ils
peuvent se donner eux-mêmes, de notre part, les deux principaux domaines
de réflexion du comité.
M. Forget: Ne faut-il pas voir un lien entre ce mandat nouveau
donné au comité de la santé mentale et la décision
à peu près prise au même moment et dont nous avons
discuté hier, relativement au conseil d'agrément aux services
à l'enfance? C'était un des buts de développer des
standards, des normes. Évidemment, il faut absolument faire de
l'inspection, et on peut en faire seulement dans la mesure où on a des
normes et des standards. Est-ce qu'il y a un lien entre les deux?
M. Lazure: II n'y a pas de lien d'intention. Dans les faits, cela
constitue un lien.
M. Forget: C'est le même problème qu'on confie
à ce comité.
M. Lazure: C'est cela, mais ce n'était pas un lien dans le
sens de: On écarte cette formule parce qu'on va le faire faire par le
comité? Pas dans ce sens. L'idée de donner ce mandat
précis au comité découlait de préoccupations que le
Dr Brunet et moi avions depuis un bon bout de temps, et surtout à la
suite de visites d'institutions, de centres d'accueil très tôt au
cours du mandat.
II y a un phénomène très précis qui se
passe. Les centres de mésadaptation sociale, et surtout ceux qui
s'occupent des cas les plus profonds, voient les psychiatres uniquement comme
des thérapeutes. Ils ne les voient pas comme des partenaires dans la
préparation des programmes de traitement. C'est un peu la même
chose vis-à-vis des psychologues. On a l'impression que chacun
fonctionne dans son centre professionnel mais qu'ils ont beaucoup de
difficulté à s'asseoir ensemble et définir les
programmes.
M. Forget: Est-ce que ce comité de la santé mentale
a pour but de définir les programmes ou de faire l'évaluation
d'approches thérapeutiques ou de théorie
thérapeutique?
Tel que je le lis, la nature des programmes, mais pas
nécessairement de préparer des programmes. C'est laissé
à la programmation du ministère en collaboration avec les
établissements. Il semble que le comité devra préciser la
nature des programmes à utiliser comme moyens thérapeutiques et
évaluer les différentes philosophies de traitement. Ce qui est
essentiellement de donner une orientation générale et un peu
théorique, mais néanmoins une orientation générale
sur le genre d'approche thérapeutique à utiliser vis-à-vis
des mésadaptés sociaux.
M. Lazure: Ce n'est pas dans un objectif purement
d'évaluation. Ce n'est pas d'abord et avant tout de l'évaluation
qu'on veut demander de faire.
M. Forget: C'est suggérer l'élaboration de
standards qui pourraient servir éventuellement à
l'évaluation.
M. Lazure: Et une certaine dynamique. Comment faire pour que ces
gens s'assoient à la même table à toutes fins
pratiques.
M. Forget: N'est-ce pas un précédent assez
considérable que de confier cela au Comité de la santé
mentale, qui jusqu'à maintenant, sauf erreur, ne s'était
occupé que des activités en établissements psychiatriques
ou au moins des activités concernant la santé mentale dans le
sens traditionnel du mot? Il ne s'était jamais préoccupé
de ce qui se passait dans les établissements. N'est-ce pas un
précédent? Enfin c'est nouveau, c'est sûr que c'est un
précédent.
M. Lazure: Ce serait peut-être un précédent
qui m'apparaît très souhaitable que la santé mentale
déborde la psychiatrie.
La façon dont je comprends le mandat de ce comité, c'est
un mandat très large. C'est un comité consultatif auprès
du ministre et du ministère. Dans la mesure où au moins deux
ministres d'affilée se sont penchés sur les centres de
mésadaptation sociale, les techniques de traitement, les techniques de
diagnostics, le travail en équipe, il est normal de demander au
comité consultatif de regarder...
Ce comité est un comité multidisciplinaire. Il comprend
presque toutes les disciplines, y compris psychoéducation, qui se
préoccupent de la mésadaptation sociale. Cela me paraît
assez logique qu'on ait recours à ses lumières
là-dessus.
M. Forget: II reste que ce comité a toujours
fonctionné largement dans la périphérie de la psychiatrie
dans le sens traditionnel du mot. N'est-ce pas inévitable qu'un tel
comité, présidé par un psychiatre, avec des
infirmières spécialisées en psychiatrie, qui s'est
intéressé de tout temps aux problèmes de psychiatrie, ne
formulera pas des opinions sur l'évolution ou sur les programmes ou sur
la philosophie de traitement dans les établissements de
mésadaptation sociale. L'approche est essentiellement psychiatrique et
cela me semble une attitude assez curieuse.
M. Lazure: Écoutez! Je regarde la liste. Sur onze membres
de ce comité, il y en a trois qui sont psychiatres. Tous les autres
appartiennent à différentes disciplines, comme je vous le disais:
service social, psychologie, psychoéducation. Enfin, je ne sais pas
où vous voulez en venir.
M. Forget: Je veux en venir à ce que je disais pendant que
le ministre consultait son projet d'arrêté en conseil.
Essentiellement, vous avez là un groupe qui est très fortement
marqué par l'approche et les attitudes qu'on trouve en milieu
psychiatrique.
M. Lazure: Cela, c'est vous qui le dites.
M. Forget: Oui, certainement. Je le dis et je pense que c'est
assez difficile de contredire cette affirmation à moins que le ministre
m'indique qu'il n'est pas d'accord sur le fait que ces gens sont fortement
identifiés à une approche psychiatrique. Je pense que cela a
toujours été. Cela a été un but, d'ailleurs, de la
formation du comité de santé mentale. Si on fait un peu
d'histoire pendant deux minutes, on se souviendra que le comité de
santé mentale a été créé vers 1971,
largement à la suite de la réorganisation du ministère et
de la disparition de la Direction générale de la psychiatrie et
de la santé mentale. Ce comité était vu comme un moyen
pour les milieux psychiatriques de ne pas rompre leurs liens traditionnellement
étroits avec le ministère, et cela a été fait dans
une optique psychiatrique.
D'ailleurs, tous les problèmes qui ont été soumis
au comité de santé mentale depuis sa formation sont des
problèmes qui ont trait aux situations, à l'organisation, aux
problèmes éthiques et autres qui se posent en milieu
psychiatrique.
M. Lazure: Je peux citer au moins une exception. Le comité
de santé mentale a fait une étude, par exemple, du livre blanc
sur l'adoption. Ce n'est quand même pas une étude sur le milieu
psychiatrique.
M. Forget: Cela est récent et reflète la même
préoccupation parce que le livre blanc sur l'adoption a
été publié à l'automne.
M. Lazure: Non, c'était sous votre mandat, M.
le député de Saint-Laurent, une étude du livre
blanc sur l'adoption.
M. Forget: Quel livre blanc?
M. Lazure: Un livre blanc qui était écrit quand je
suis arrivé au ministère.
M. Forget: Mais le livre blanc, M. le ministre, il a
été publié à quelle date?
M. Lazure: La date exacte, octobre 1976.
M. Forget: Vers la fin d'octobre. Je ne vois pas comment, alors
que j'étais là, le comité de santé mentale a pu
étudier le livre blanc, il n'y en avait pas de livre blanc.
M. Lazure: II y a eu un mandat de donné au comité.
J'ai lu un rapport du comité de santé mentale qui faisait des
remarques sur le livre blanc de l'adoption.
M. Forget: S'ils ont voulu étudier le livre blanc sur
l'adoption, tant mieux pour eux.
M. Lazure: Sur la protection de la jeunesse aussi, il y a eu une
étude par le Comité de la santé mentale. Je me demande
s'il n'y en a pas eu une sur le projet de loi des handicapés, no 55
aussi, à l'époque. Cela a débordé largement, M. le
député de Saint-Laurent, sous votre règne.
M. Forget: Je me rends compte, effectivement, que, du
côté psychiatrique, ce n'est peut-être pas étonnant,
il y avait un certain désir de s'intéresser à ces
problèmes. Donc, je peux formuler ma question un peu
différemment. C'est la première fois, à ma connaissance,
qu'aussi formellement que le ministre l'a fait cela a été
annoncé, malgré tout, par des communiqués de presse comme
étant une décision du ministre un sujet comme celui de la
mésadaptation sociale soit confié globalement, à ce
comité au lieu de procéder par un projet de loi ou par un
document du ministre, etc., demandant une consultation, ce qui se fait
auprès de bien des milieux quant à cela, auprès des cours,
auprès des juges, auprès des travailleurs sociaux. La, on lui
confie un mandat d'élaborer une philosophie, une approche
thérapeutique dans le milieu des centres d'accueil. C'est très
différent. Je m'étonne qu'on le fasse de cette façon parce
qu'il me semble qu'on veut souligner, à ce moment, de façon
très nette, que le ministère, le ministre considère
essentiellement les problèmes de la mésadaptation sociale comme
une variété, si l'on veut, de problèmes
psychiatriques.
M. Lazure: Ce n'est pas du tout le cas. Encore une fois, c'est un
comité de onze personnes dont trois sont psychiatres; donc, il y en a
huit qui ne sont pas psychiatres. C'est un comité non pas de soins
psychiatriques, mais de santé mentale. Le diagnostic,
l'évaluation, le traitement ou la réadaptation, appelez cela
comme vous voudrez, des mésadaptés sociaux, c'est un
problème, entre autres, de santé mentale. Ce n'est pas le seul
aspect, si vous voulez, dans le tableau, mais la santé mentale des
jeunes mésadaptés sociaux me préoccupe comme ministre.
Donc, si je regarde autour de moi, dans le ministère, il y a un
comité consultatif pour la santé mentale. Il me paraît tout
à fait naturel de m'adresser à lui pour éclairer ma
lanterne.
M. Forget: Oui, c'est peut-être naturel, mais, à ce
titre, est-ce que le ministre proposerait, dans la même veine, de
confier, par exemple, l'orientation des services aux personnes
âgées au Comité de la santé mentale? C'est vrai que
la santé mentale intéresse tout le monde, mais il y a un peu plus
que cela. Quand on confie à un organisme qui...
M. Lazure: Ma réponse c'est; peut-être, parce
qu'effectivement, dans les phénomènes de vieillissement, on s'est
attardé, jusqu'ici, à la pathologie physique.
C'est important de s'attarder à la pathologie physique, mais chez
les personnes âgées, il y a des problèmes d'adaptation
sociale, donc il y a une espèce de fragilité au point de vue de
la santé mentale, chez la personne âgée, qu'on ne retrouve
pour ainsi dire pas à l'âge mûr. Peut-être qu'il
serait temps d'étudier, comme certains le font ailleurs; mais dans notre
milieu, il y a très peu de personnes qui s'intéressent à
la santé mentale des personnes âgées. Je n'exclus pas que
le comité de la santé mentale puisse étudier, à un
moment donné, les problèmes de santé mentale des personnes
âgées.
M. Forget: À ce moment, le mandat qui a été
donné doit être interprété comme étant
d'étudier les problèmes de santé mentale qui peuvent se
poser à certains enfants dans les établissements pour la
mésadaptation sociale, mais non pas d'étudier
nécessairement l'ensemble du problème.
M. Lazure: Je voudrais essayer de refléter l'esprit qui
est sous-jacent à cela. Par exemple, un des problèmes
vécus très concrètement à l'intérieur des
centres, c'est l'insécurité et la difficulté pour le
personnel actuel, à l'intérieur des centres de
mésadaptés sociaux, de faire face aux enfants qui sont en crise.
Très souvent, l'isolement ou la cellule sécuritaire est le seul
moyen de défense du personnel, et on sent une grande
insécurité chez les psychoéducateurs ou les autres
professionnels qui sont en contact avec ces enfants vis-à-vis de
l'enfant en crise. On a un peu l'impression qu'ils sont aussi presque
complètement démunis de moyens pour faire face à ces
crises.
Une des questions qu'on pose au comité de la santé
mentale, à ces gens qui sont des psychoéducateurs, des
psychiatres et autres, c'est de voir quelle méthodologie peut être
suivie pour permettre au personnel de faire face aux crises de façon
plus dynamique, plus positive et avec moins d'insécurité. Parce
qu'il y a une expérience vécue dans d'autres milieux, il y a
aussi une expertise multidisciplinaire qui est là, on demande au
comité de vraiment se pencher sur ce problème pour faire des
recommandations fort concrètes.
L'idée n'est pas de refaire un rapport Batshaw, c'est de
s'attaquer à des problèmes très concrets et très
particuliers et de nous faire des recommandations précises sur ces
sujets.
M. Forget: Vous ne trouvez pas qu'il y a là des
problèmes importants? Je m'étonne un peu qu'on cherche du
côté d'un organisme qui, malgré son nom, effectivement
quand on regarde au fait, est essentiellement d'orientation psychiatrique. On
se souvient combien les centres d'accueil qui ont cherché à faire
appel aux centres psychiatriques dans le passé, traditionnellement, en
particulier quand ils sont en face de problèmes de crise, etc., chez
certains adolescents, se sont souvent fait dire: Écoutez, ce n'est pas
un problème de santé mentale, c'est un problème
d'organisation de votre centre et on ne veut pas s'en occuper.
Je pense que selon que cela fait l'affaire ou pas, on a une attitude qui
est plus ou moins large dans la conception qu'on se fait de la santé
mentale. Quand il s'agit de s'occuper d'un cas difficile, ce n'est pas de la
santé mentale, mais quand il s'agit de placer sous le patronage d'un
groupe essentiellement psychiatrique l'étude des problèmes des
centres d'accueil, là, tout devient santé mentale.
M. Lazure: Je verrais deux faussetés dans cela.
Commençant par la dernière, je répète, pour la
troisième fois, que ce n'est pas un groupe essentiellement
psychiatrique, c'est un groupe multidisciplinaire. Je ne sais pas combien de
fois il faudra le répéter. Il y a trois psychiatres sur onze, ce
n'est pas un groupe essentiellement psychiatrique.
La deuxième fausseté est quand vous dites que, si un
centre d'accueil pour mésadaptés a des problèmes, le monde
psychiatrique s'en lave les mains. C'est absolument faux et je sais de quoi je
parle. Depuis plusieurs années, l'hôpital de
Rivière-des-Prairies, d'une part, l'hôpital Sacré-Coeur,
pavillon Prévost, d'autre part, ont offert des services psychiatriques
à Berthelet, d'une part, et à Notre-Dame-de-Laval, d'autre part;
cela peut être démontré.
M. Forget: Quand ils les appellent eux-mêmes des
problèmes psychiatriques. Tout le problème réside... Le
ministre dit que c'est une fausseté; il y a des
demi-vérités dans cela aussi. On a eu l'expérience
très réelle de cas extrêmement pénibles.
Évidemment, on disait: Ce ne sont pas des cas psychiatriques; donc, on
ne s'en occupait pas. C'était assez facile, on les réglait par la
sémantique.
M. Lazure: On peut dire que c'était réciproque pour
les centres d'accueil, si vous voulez jouer ce jeu-là; on peut dire
qu'ils refusent des cas en disant: Ce ne sont pas des cas de
délinquance, de mésadaptation sociale, ce sont des cas de
psychiatrie; donc, on les envoie à l'hôpital psychiatrique.
M. Forget: Absolument.
M. Lazure: Bon. Il y a une certaine mentalité des deux
côtés, j'en conviens.
M. Forget: C'est cela.
M. Lazure: C'est un phénomène qui dépasse
les cadres d'une profession.
M. Forget: J'ai toutes sortes de raisons d'être d'accord
avec le ministre là-dessus, sans aucun doute, cela dépasse les
cadres d'une profession. Les faits qu'il a allégués, dont je suis
conscient également, démontrent cependant qu'il est faux de
prétendre qu'il y a une solution de continuité parfaite entre le
milieu psychiatrique et le milieu des centres d'accueil. Au contraire, le grand
problème réside dans le fait qu'on perçoit la brisure des
deux côtés. De prétendre tout à coup qu'il n'y en a
pas et de confier cela au Comité de la santé mentale qui, je le
répète, malgré tout ce qu'on pourra dire sur sa
composition multidisciplinaire, est d'orientation psychiatrique et fortement
inspiré et moulé par une mentalité psychiatrique, c'est
porter un jugement sur l'orientation des centres d'accueil et des
activités thérapeutiques à l'intérieur des centres
d'accueil.
Sur un sujet connexe, on entend parler de certaines choses de la part de
gens qui sont dans le milieu des centres d'accueil.
Cette psychiatrisation de l'enfance mésadaptée aurait
déjà produit certaines indications que la médication de
type psychiatrique les neuroleptiques pourrait constituer une
solution, un des moyens, non pas peut-être une solution, mais un des
moyens qu'il était peut-être souhaitable de voir
généraliser ou utiliser plus communément dans le milieu
des centres d'accueil, comme alternative, par exemple, à l'isolement ou
à des méthodes qui agissent sur le comportement plutôt que
sur l'état psycho-affectif directement, tel que le font les
médicaments.
Est-ce que le ministre est au courant de ces notions qui circulent dans
le réseau? Quelle est sa position?
M. Lazure: D'abord, il est faux de prétendre qu'il y a une
psychiatrisation des centres d'accueil, c'est charrier pas mal fort. Ce n'est
pas parce que le comité de santé mentale va étudier
certains problèmes au sein d'une équipe multidisciplinaire qu'on
assiste à une psychiatrisation.
M. Forget: C'est une opinion personnelle?
M. Lazure: Je vous dis que vous venez d'exprimer une opinion
personnelle qui n'est pas conforme à nos intentions vis-à-vis des
centres d'accueil, c'est ce que je vous dis. Deuxièmement, à
savoir si certains psychiatres d'abord, il y en a très,
très peu qui sont consultants dans les centres d'accueil pour
mésadaptés si ces très peu nombreux psychiatres
vont prescrire des médicaments ou non, cela je ne le sais pas. Je ne
pense pas que ce soit le rôle du ministre d'aller voir de quelle
façon un psychiatre, un psychologue ou un travailleur social remplit ses
fonctions.
M. Forget: Le ministre va être appelé à le
faire quand les recommandations du comité de santé mentale lui
seront faites, puisque cela va s'adresser à lui comme
recommandations.
M. Lazure: II faut distinguer ne jouons pas au fin fin
entre les actes de l'individu, médecin ou psychologue... Ce n'est
pas à un ministre d'aller évaluer cela. Un ministre doit
évaluer l'ensemble des opérations, l'ensemble des programmes d'un
établissement, d'accord, mais c'est aux corporations professionnelles
d'examiner le comportement de tel ou tel professionnel.
M. Forget: Est-ce que je dois comprendre que le ministre dit
qu'il n'a fait aucune intervention privée ou officielle relativement
à l'utilisation de la médication dans les centres d'accueil?
M. Lazure: C'est ce que vous devez comprendre, M. le
député.
M. Forget: Auprès de quelque organisme ou auprès de
quelque groupe de professionnels que ce soit?
M. Lazure: Quelque groupe que ce soit.
M. Forget: Personnellement, est-ce que malgré tout, tout
en n'ayant pas de vue officielle, n'ayant pas exprimé officiellement de
vue là-dessus, ce genre d'approche vous paraît acceptable ou
susceptible d'être encouragé, ou si c'est le contraire?
M. Lazure: Si vous me demandiez si c'est acceptable de prescrire
un antibiotique pour un patient qui a une infection, je dirais: parfois oui,
parfois non. Je ne peux pas vous répondre de façon plus
précise. C'est une question tellement théorique, tellement
hypothétique que je peux vous répondre simplement en disant:
Parfois oui, parfois non.
M. Forget: Donc, le fait que l'utilisation de la
médication serait constatée sur une échelle, disons, plus
qu'occasionnelle et exceptionnelle dans les centres d'accueil d'enfance
mésadaptée ne préoccuperait pas le ministre. Il dirait que
c'est probablement des décisions individuelles.
M. Lazure: C'est une conclusion complètement farfelue que
le député de Saint-Laurent fait là. Il n'y a pas à
tirer cette conclusion. C'est évident que s'il y avait une
surconsommation de médicaments psychotropiques en milieu de centre
d'accueil...
M. Forget: La surconsommation, c'est trop facile, tout le monde
est contre, mais la consommation?
M. Lazure: Ou la consommation, cela me préoccuperait si
cela devenait, si cela semblait excessif, mais je n'ai aucune indication que ce
soit le cas actuellement.
Ces centres d'accueil ont presque tous, depuis longtemps, les services
d'un médecin omnipraticien. Je ferai remarquer aussi que ces
médecins omnipraticiens ont la compétence ils l'ont fait
dans le passé et le font encore de prescrire des tranquillisants
et que ce n'est pas l'apanage exclusif d'un psychiatre. Je ne sais pas si
l'ex-ministre des Affaires sociales s'est préoccupé du nombre de
prescriptions de tranquillisants que les omnipraticiens faisaient, par exemple,
à Berthelet. Est-ce que vous vous en êtes occupé? Je sais
qu'il s'en prescrivait.
M. Forget: Quand même le ministre me retournerait la
question, après avoir plus ou moins refusé de répondre
à la mienne, ce n'est pas cela qui éclairera la commission.
M. Lazure: Je n'ai pas refusé de répondre.
M. Forget: Vous répondez d'une façon un peu
évasive.
M. Lazure: Vous posez des questions qui s'adresseraient à
une corporation professionnelle, à un ordre professionnel.
M. Forget: Je pense que, malgré tout, le ministre devra
reconnaître que cela soulève des questions s'il exprime une
opinion ou s'il indique des préférences dans certaines situations
où des choix se posent. En effet, il y a parfois des choix
thérapeutiques qui se posent. Tout n'est pas décidé par la
science en médecine et encore moins dans des situations où il y a
un problème de contrôler le comportement de jeunes dans un centre
d'accueil. Il y a plusieurs possibilités qui sont ouvertes au milieu
thérapeutique. Il y a plusieurs choix possibles. Différents
professionnels vont opter pour différentes solutions, placés
devant les mêmes circonstances. Donc, il ne faut pas trop facilement,
sous prétexte que la commission n'est pas constituée d'experts
médicaux, renvoyer tout le monde à ses préoccupations, en
disant: C'est un choix scientifique, un choix médical. Je suis loin
d'accepter cette proposition.
Dans la décision qui se prend en choisissant entre
différentes méthodes, le ministère, le ministre
lui-même a un rôle à jouer. Est-ce qu'on a encouragé
ou facilité la conclusion de contrats de service, depuis novembre, entre
des centres d'accueil et des centres psychiatriques, en favorisant
l'engagement, par des centres d'accueil et de mésadaptation sociale, de
psychiatres consultants? Est-ce qu'on a donné un appui à
cela?
M. Lazure: C'est une pratique qui existait depuis un bon nombre
d'années. On l'a encouragée et on l'encourage encore.
M. Forget: Est-ce qu'on lui a donné une impulsion
nouvelle?
M. Lazure: L'impulsion, c'est un bien gros mot. Dans le cas de
deux centres d'accueil, on leur a conseillé d'avoir, justement, une
articulation avec deux hôpitaux psychiatriques différents.
M. Forget: De quels centres d'accueil s'agit-il?
M. Lazure: Le centre d'accueil Berthelet avec l'hôpital
Rivière-des-Prairies, le centre d'accueil Laval avec l'hôpital
Sacré-Coeur, pavillon Prévost.
M. Forget: De quelle façon ces liaisons sont-elles
nouvelles? Est-ce que c'était pour améliorer la coordination?
Est-ce qu'il n'y avait pas des relations avant?
M. Lazure: II y en avait, ce que j'ai dit tantôt. Les deux
hôpitaux psychiatriques je sais de quoi je parle, puisque
j'étais à un de ces deux hôpitaux même s'ils
offraient des services de consultation à l'intérieur d'une
équipe multidisciplinaire, on recourait très peu souvent à
ces services. On voyait plutôt l'hôpital psychiatrique comme un
endroit où on pouvait envoyer un jeune qui était en
difficulté, qui causait des difficultés.
On a constaté qu'il n'y avait pas de consultation, de dialogue
véritable et valable entre Berthelet et Rivière-des-Prairies, si
on veut être plus précis. Depuis quelque temps, le sous-ministre
s'en est occupé personnellement et le dialogue s'est grandement
amélioré, autant entre ces deux établissements qu'entre
Albert-Prévost et Notre-Dame-de-Laval.
M. Forget: Vous faites entendre que ce n'est pas formalisé
sous forme de contrats de service. Les termes de ces contrats de service
impliquent non seulement un échange de bons procédés pour
accepter des jeunes en provenance de l'autre institution par chacune d'entre
elles, mais elles impliquent également la mise à la disposition
du personnel du centre Berthelet et de Rivière-des-Prairies des
consultants ou des thérapeutes.
M. Lazure: Ce sont des objectifs. Ces deux centres avaient, au
moins un, un genre de contrat de service. Par exemple, entre
Rivière-des-Prairies et Berthelet, il y avait un contrat de service,
mais qui consistait uniquement à des transferts ou à des
consultations de nature psychiatrique. Nous avons demandé à ces
centres c'est dans l'optique de ce que j'ai essayé d'expliquer
tout à l'heure d'examiner comment arriver à ce que,
à l'intérieur c'est un peu dans le sens du mandat du
comité de la santé mentale comment arriver à
essayer de rassurer le personnel et à donner des moyens au personnel
afin de faire face aux crises auxquelles il est exposé. Si vous visitez
ces centres, malgré le rapport Batshaw, malgré les efforts qui
ont été faits par le ministère, c'est assez frappant de
voir que l'isolement demeure une méthode qui est utilisée encore
assez souvent. On est complètement démuni vis-à-vis des
crises des jeunes.
Il y a aussi des méthodes d'isolement à l'arrivée
qui persistent dans certains de ces milieux. Elles sont d'une rigidité
assez extraordinaire sur la discipline, du type de celle qu'on retrouvait dans
nos bons collèges classiques d'il y a trente ans, mais qui sont
difficilement tolérables, même par des jeunes
non-délinquants, soit de marcher en li- gne droite d'un
côté du corridor de telle heure à telle heure, il y a des
affiches sur les murs, etc.
L'objectif poursuivi a été de demander aux psychiatres
d'établir des liens qui sont plus que des liens qui consistent
uniquement à dire que si un cas apparaît franchement
psychiatrique, on le transfère ou il a une thérapie, mais de
s'asseoir ensemble pour regarder les moyens à prendre pour
améliorer les programmes thérapeutiques. C'est dans cette optique
que cela a été fait. J'ai personnellement, à la demande du
ministre, rencontré les directeurs généraux des deux
établissements de Notre-Dame-de-Laval et de Berthelet. J'ai
rencontré les psychiatres concernés. Il n'a jamais
été dans l'intention, ni la mienne, ni celle du ministre, de
psychiatriser ces centres d'accueil, mais simplement d'apporter une aide plus
grande pour le bien-être des enfants.
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet, le
député de...
M. Forget: II n'a pas terminé.
M. Lazure: II y a une grande résistance vous le
savez, on pourrait s'étendre longtemps sur les difficuItés
d'asseoir ensemble les psychiatres et les psychoéducateurs. On en est
très conscient. Les résistances existent. Elles sont plus
marquées à Berthelet qu'à Notre-Dame-de-Laval. Pour ce qui
est de la médicalisation, il n'y a eu aucune indication ou orientation
du ministère ou de ces psychiatres, à ma connaissance, de
médicaliser ces gens qui sont dans ces centres d'accueil ou d'utiliser
de façon régulière des tranquillisants.
À ma connaissance, il n'y a eu aucune indication de fournie ni
par le ministère ni par les psychiatres consultants dans ce sens, que je
sache.
M. Forget: Ce n'est peut-être pas nécessaire. M. le
Président, je regrette, mais je n'ai pas terminé sur le
même sujet.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Sur la question des centres d'accueil. Je crois
qu'on isole un peu trop la discussion sur la question des soins internes et des
soins psychiatriques possibles.
M. Forget: On veut parler, si je comprends bien, M. le
député de Sherbrooke...
M. Gosselin: C'est-à-dire que j'ai une autre question
à poser là-dessus.
M. Forget: On veut faire un contraste avec les services externes,
j'imagine.
M. Gosselin: C'est-à-dire que je veux parler
fondamentalement de la part relative qui est apportée dans les
orientations du ministère, en dehors des centres d'accueil, sur
l'information du public.
M. Forget: M. le Président, point de règlement, ce
n'est pas le même sujet. Je n'ai aucune objection à ce que le
député de Sherbrooke passe deux heures sur le sujet, qui est
intéressant, mais il y a un point que j'aimerais clarifier avant de
passer à autre chose. Après, il me fera plaisir de céder
la parole à notre collègue de l'autre comté.
M. Lazure: M. le Président, sur le point de
règlement aussi. Je ferai remarquer que le député de
Saint-Laurent déborde des centres d'accueil puisqu'il parle des
hôpitaux psychiatriques depuis une demi-heure ou 20 minutes. Si le
député de Sherbrooke veut parler des centres d'accueil en
débordant vers le public, je pense que c'est tout à fait dans la
suite...
M. Forget: M. le Président, je ne parle pas des
hôpitaux psychiatriques, je cite une circulaire administrative du
ministère qui donne en quelque sorte sur un plateau d'argent, au
Comité de la santé mentale, le soin de déterminer les
politiques et les orientations thérapeutiques des centres d'accueil de
mésadaptation sociale.
M. Lazure: Un comité consultatif ne détermine pas
des politiques, un comité consultatif donne des avis au ministre.
M. Forget: II les suggère au ministre. Comme le ministre a
dit que ce n'était pas à lui de décider, qu'il prendrait
l'avis des experts, cela va devenir une politique officielle.
M. Lazure: Ou bien vous êtes de mauvaise foi ou bien vous
ne comprenez pas quand on parle. Vous êtes tellement
préoccupé de faire votre monologue que vous n'écoutez pas,
je pense, quand on vous répond.
M. Forget: J'ai très bien compris qu'on a confié
à un comité de santé mentale d'orientation psychiatrique
le soin de préparer des conseils que le ministre refusera
peut-être mais qu'il acceptera peut-être relativement à
l'orientation des centres d'accueil de mésadaptation sociale. C'est sur
ce point que j'aimerais encore poser quelques questions. Après quoi, je
n'ai pas d'objection à reporter à plus tard durant la
journée d'autres aspects du même élément de
programme.
M. Gosselin: Sur la question soulevée, mon intervention
s'inscrivait en plein dans le type de discussion qu'on avait. La question des
soins internes délivrés dans les centres d'accueil est justement
rattachée et c'est là-dessus que je voudrais amener le
ministre à certaines précisions aux modes de
contrôle démocratique qui sont apportés dans les
institutions actuellement par le biais de la participation du public. Je
voulais demander au ministre s'il lui paraissait que les modes de
contrôle démocratique étaient satisfaisants
j'entends les conseils d'administration et quant à l'information
du public...
M. Forget: M. le Président, je regrette, mais ce n'est pas
le même sujet. Le mode de contrôle démocratique et le
contrôle psychiatrique sur la thérapie c'est peut-être,
à l'occasion, des sujets qui peuvent se rapprocher mais, je ne voudrais
pas faire de mauvaises plaisanteries, il reste que...
M. Gosselin: Je voudrais faire remarquer... M. Lazure:
Vous en faites!
M. Forget: ...ce n'est pas le sujet dont nous discutions.
M. Gosselin: Je voudrais faire remarquer au député
de Saint-Laurent que la question s'y rattache drôlement.
Précisément, les cas que vous pouvez vouloir signaler sont
finalement rattachés au fait de savoir s'il existe des contrôles
au niveau de ces endroits, si, effectivement, le public est en mesure, par le
biais de ces conseils d'administration et autres, de suivre l'évolution
des soins. C'est dans ce sens que ma question s'y rattache très
bien.
M. Forget: Je ne vois pas ce que cela vient faire dans le
débat que nous avions. Je pense que c'est une idée importante que
le public sache ce qui se passe dans les établissements mais, qu'il le
sache ou non, l'orientation du ministère vis-à-vis de la
psychiatrisation ou la non-psychiatrisation des services à l'enfance
inadaptée, cela ne changera pas pour autant.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez soulevé une
question de règlement. On parlait des centres d'accueil. La question du
député de Sherbrooke touchait les centres d'accueil. Si le
ministre désire répondre, il peut répondre. S'il
considère que cela ne touche pas le programme ou le sujet abordé,
il n'a qu'à ne pas répondre, mais le député de
Sherbrooke a le droit de soulever sa question puisqu'on est en plein dans la
question des centres d'accueil.
M. Lazure: Les conseils d'administration des centres d'accueil
sont composés selon ce qui est prévu dans le chapitre 48, la Loi
sur les services de santé et les services sociaux. Il y a des
représentants des groupes socio-économiques, évidemment,
il y a des représentants des parents, aussi, des représentants du
personnel.
M. Gosselin: Cela vous apparaît-il satisfaisant à ce
moment-ci?
M. Lazure: Je pense qu'on...
M. Gosselin: Je sais qu'il y a une difficulté très
particulière à l'égard des centres d'accueil parce que les
usagers ou les bénéficiaires sont souvent des gens qui ne
participent pas directement. C'est un peu différent, par exemple, des
centres locaux de services communautaires. On a là un type de
participation beaucoup plus raccroché aux bénéficiaires ou
aux usagers.
M. Lazure: On pourrait améliorer la participation des
usagers, dans le cas qui nous concerne; il s'agirait de
mésadaptés sociaux, adolescents, en grande partie. Je pense qu'il
y aurait intérêt à ce que les conseils d'administration de
ces centres, par le biais d'un comité consultatif de pensionnaires du
centre, puissent avoir accès aux opinions de ceux qui utilisent les
services.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, nous étions donc
à écouter le sous-ministre qui, parlant au nom du ministre,
disait que cette entente de services entre, par exemple, Berthelet et
Rivière-des-Prairies avait pour but d'aider le centre Berthelet à
développer une approche plus dynamique, plus appropriée pour
l'organisation de ses programmes d'activités et de réadaptation.
Quelle est la position du directeur des services professionnels d'un centre
d'accueil dans le contexte où un contrat de services suppose qu'il
bénéficie d'une orientation d'un autre établissement quant
à, justement, ce qui fait l'essentiel de ses activités comme
directeur des services professionnels? Est-ce que c'est simplement à
titre de consultant que les professionnels de Rivière-des-Prairies
interviennent ou s'ils interviennent directement au niveau de la programmation,
si l'on veut, des activités du centre d'accueil?
M. Lazure: C'est vraiment à titre de consultant
auprès du directeur général et, évidemment, du
directeur des services professionnels. Il n'y a pas de contrat de signé;
à mon avis, il y a des approches, des discussions qui sont encore en
cours. C'est une approche où c'est un individu, ce n'est pas le
département de psychiatrie, ce n'est pas le centre... Je veux dire que
c'est un membre qui agirait comme consultant auprès du directeur
général et du directeur des services professionnels et qui
servirait beaucoup plus à discuter des problèmes, à
essayer de s'entendre sur des orientations. Il n'est pas du tout question
d'imposer ou de mettre en tutelle le directeur général ou le
directeur des services professionnels du centre.
M. Forget: Si, effectivement, un des impacts ou le sens des
conseils ainsi donnés par les professionnels de
Rivière-des-Prairies au centre d'accueil de Berthelet consistait
à suggérer une utilisation plus systématique de la
médication, par exemple, il est évident que le ministère
n'en serait pas, pour autant, informé et que cela n'irait à
l'encontre d'aucune directive, d'aucune condition ou d'aucune réserve de
la part du ministère quant au genre de services offerts.
M. Lazure: J'oserais dire que, selon toute probabilité, on
en serait informé parce qu'il y aurait sûrement de la
résistance à l'intérieur et on en serait sûrement
informé. Tout ce que je peux dire c'est que, personnellement, si cela
devenait une utilisation régulière ou qui apparaîtrait
exagérée, une médicalisation de la clientèle du
centre, le ministère en serait préoccupé
sérieusement.
M. Forget: Pourvu que quelqu'un, à l'intérieur du
centre, s'y objecte. Si on réussissait à leur faire accepter
cela, tout irait bien.
M. Lazure: II y a aussi qu'on a parlé, hier, un peu du
service d'agréments. Je veux dire qu'on a essayé surtout, dans ce
domaine, d'avoir des gens plus préoccupés des programmes et des
activités. Il est certain qu'on demandera d'accorder une attention
particulière à ce problème dans la révision des
dossiers et dans les inspections qui auront lieu dans ces centres. Ce n'est
sûrement pas notre objectif de médicaliser à outrance ces
milieux ou de les rendre médicalisés. L'objectif, c'est
d'atteindre un équilibre de la contention ou de l'isolement et de la
panique...
M. Forget: Le problème qui se pose, c'est de savoir
où, dans l'opinion du ministère se trouve l'équilibre en
question. Le ministère n'a pas caché, dans le passé, sa
position assez ferme quant aux circonstances et aux précautions qui
doivent entourer l'utilisation de la contention et même de
l'isolement.
M. Lazure: Avec des succès mitigés, parce que
justement les alternatives ne sont pas disponibles ou qu'il ne semble pas y
avoir d'alternatives.
M. Forget: Justement.
M. Lazure: C'est l'objectif poursuivi d'essayer de faire en sorte
que ces gens s'assoient ensemble pour trouver des alternatives valables. On
considère, à tort ou à raison, que la présence d'un
psychiatre n'est pas synonyme de médicalisation à outrance ou que
c'est la seule solution.
Je pourrais ajouter sur cette réponse, M. le Président,
que c'est très simpliste de faire l'équation psychiatre
égale médicalisation ou usage de médicaments. C'est
très simpliste, surtout dans le cas de psychiatres qui oeuvrent avec des
enfants ou avec des adolescents en équipe avec d'autres disciplines. Il
y a une tradition assez longuement établie qui fait que ces psychiatres
ont développé des techniques, avec les autres disciplines, pour
rendre un milieu plus thérapeutique sans utiliser de médicaments.
Je pense que c'est une vue simpliste de regarder cela de l'extérieur et
de dire: Si c'est un psychiatre qui oeuvre dans ce milieu, tout ce qu'il fait,
c'est utiliser des médicaments. Il y a des techniques de
thérapeutisation du milieu, si vous voulez, qui sont connues et qui sont
utilisées avec succès dans plusieurs milieux psychiatriques. Je
pense qu'il y a certains centres d'accueil pour mésadaptés
sociaux qui pourraient profiter d'une telle approche.
M. Forget: M. le Président, je suis peut-être
simpliste, mais effectivement, dans le contexte qui est celui des centres
d'accueil, le ministère donne des directives quant à
l'utilisation, par exemple, de la contention et de l'isolement, mais n'en a
aucune relativement à l'utilisation de la médication.
M. Boucher: M. le Président, une question de
règlement. Cela fait au-delà de trois quarts d'heure qu'on
discute le sujet. Cela fait trois fois au moins que le ministre reprend ses
explications sur le même sujet. Je me demande si on ne devrait pas passer
à un autre élément ou à un autre sujet.
M. Forget: M. le Président, je suis entièrement
libre des questions que je pose en commission parlementaire...
M. Boucher: On dit dans le règlement quand même que
c'est vingt minutes sur le même sujet.
M. Forget: ... et je ne tolérerai pas des
interférences. Je peux faire la louange du député de venir
au secours du ministre là-dessus, mais je crois que le ministre n'a pas
besoin du tout de cette assistance.
M. Boucher: Cela fait au-delà de trois quarts d'heure
qu'on vous écoute.
M. Forget: II se débrouille très bien et on peut
continuer sur ce sujet qui est un sujet important.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Rivière-du-Loup a soulevé une question de règlement sur
laquelle je vais me prononcer. Quant à l'interprétation que vous
en faites, vous avez raison; normalement, un député a le droit
d'intervenir vingt minutes sur un élément d'un programme. On
considère ici qu'un article constitue un élément au sens
des règles de l'Assemblée nationale. On l'a toujours
utilisé, lors de l'étude des crédits, d'une façon
très large. Mais, sur la question de règlement comme telle, le
député de Rivière-du-Loup a entièrement raison. Si
les membres de la commission désirent continuer à parler du
sujet, ils peuvent continuer à le faire. Mais, si on demande comme telle
l'application stricte du règlement, normalement le député
de Saint-Laurent a épuisé son droit de parole sur
l'élément 1.
M. Forget: M. le Président, sur cette question de
règlement. J'assiste, depuis des années, à des commissions
parlementaires et je n'ai jamais vu le règlement invoqué de cette
façon. Je comprends que ce sujet peut être
désagréable et délicat pour les députés
ministériels, mais...
M. Lazure: Je n'éprouve aucun sentiment
désagréable à parler...
M. Forget: Tant mieux.
M. Lazure: ... de mésadaptation sociale. C'est un domaine
que je connais bien.
M. Forget: J'en suis fort aise. Alors, il ne devrait pas y avoir
d'objection à ce qu'on poursuive.
M. Lazure: Mais je trouve qu'il est indécent de
monopoliser le temps de la commission, M. le député de
Saint-Laurent, comme vous le faites depuis plusieurs jours, dans vos monologues
à répétition. Je trouve cela indécent et c'est
antidémo- cratique pour les autres membres de la commission.
M. Shaw: M. le Président, peut-être que nous pouvons
demander au député de Saint-Laurent de résumer son point
de vue sur ce sujet, pour que nous puissions continuer sur un autre sujet.
M. Forget: Je n'ai aucun point de vue à résumer. Je
n'ai pas fait d'exposé; j'ai cherché à obtenir, de la part
du ministre et de ses collaborateurs, une vue claire de leurs intentions dans
un domaine extrêmement important. J'ai eu quelques informations, bribes
par bribes sur la façon dont cette question a été
abordée. C'était là ma question: II demeure qu'on a des
directives sur certains moyens de contrôle des jeunes dans les centres
d'accueil, comme la contention et l'isolement.
Donc, on s'insère très loin dans les jugements
professionnels des thérapeutes; par contre, on n'a aucune directive,
aucune réserve, aucune condition attachée à l'utilisation
des médicaments. On fait maintenant appel, dans ce contexte, à
une profession. On peut dire qu'elle n'entraîne pas toujours
l'utilisation de médicaments, mais dans le cas de contrôle du
comportement, on a à faire cette preuve. Je n'accepte pas l'affirmation
que les psychiatres utilisent couramment d'autres méthodes que la
médication quand il s'agit de contrôler un comportement
violent.
M. Lazure: C'est parce que vous ne connaissez pas le milieu,
c'est tout.
M. Forget: Oui, d'accord.
M. Lazure: La différence est que je le connais.
M. Forget: Oui, très bien. C'est une affirmation que le
ministre peut faire.
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Dans un contexte où on a des moyens
différents pour une même fin, que certains moyens sont
régis par des directives et que d'autres ne le sont pas, je dis que le
ministère, indirectement, implicitement, peut-être à son
insu souhaitons que ce soit à son insu favorise un de ces
moyens et, en particulier, la médication. J'aimerais que le ministre
nous indique s'il a l'intention d'avoir la même surveillance, le
même degré de souci, par une directive à cet effet, quant
à l'utilisation de la médication en milieu de centres d'accueil
pour l'enface mésadaptée comme il le fait pour d'autres moyens de
contrôler le comportement violent.
M. Lazure: Je n'ai pas du tout l'intention de m'immiscer dans la
pratique professionnelle soit d'un psychiatre, d'un médecin
omnipraticien ou d'un psychologue. Je répète encore une fois,
pour l'information du député de Saint-Laurent, et ex-ministre,
que dans le centre dont nous parlions tantôt, Berthelet, j'ai pu
constater moi-même, parce que sous un gouvernement antérieur j'ai
été
appelé à faire une étude de Berthelet, qu'un
médecin omnipraticien prescrivait, comme c'est son droit de le faire
et le député de Saint-Laurent ne peut pas mettre en doute
la compétence des médecins, qu'ils soient omnipraticiens ou
psychiatres prescrivait des médicaments tranquillisants. Alors, je
lui demande: Pourquoi me demandez-vous maintenant de réglementer les
prescriptions de médicaments? Pourquoi ne l'avez-vous pas fait
vous-même?
M. Forget: C'est une réponse...
M. Lazure: Tout le monde comprend, sauf vous.
M. Forget: C'est le ministre qui parlait de monologue. Je pense
que c'est un monologue qui n'est pas une réponse.
M. Lazure: C'est ce que vous dites.
M. Forget: On dit: Cela s'est déjà fait avant, cela
s'est déjà fait ailleurs. Ce n'est pas une réponse
à ma question.
M. Lazure: Non, je vous dis que ce n'est pas de ma juridiction
d'interdire ou de contrôler la prescription de médicaments dans un
centre d'accueil ou dans un hôpital. Ce n'est pas de ma juridiction.
M. Forget: Sous votre autorité, vous contrôlez
l'utilisation de la contention et de l'isolement.
M. Lazure: C'est-à-dire...
M. Forget: Où est la logique?
M. Lazure: ... que dans les centres d'accueil, que ce soit
Berthelet ou un autre, il y a des règles internes concernant la mise en
isolement d'un sujet. Moi, depuis que je suis ministre, je n'ai pas émis
de règles nouvelles sur ce sujet.
M. Forget: il en existe.
M. Lazure: Je ne le conteste pas et je trouve cela normal. Je ne
sais vraiment pas à quoi vous voulez en venir.
M. Forget: S'il y a des règles dans des domaines, pourquoi
n'y en a-t-il pas dans d'autres? C'est aussi simple que cela!
M. Lazure: Voulez-vous réglementer les prescriptions
d'antibiotiques dans les hôpitaux généraux aussi?
M. Forget: Encore des questions en guise de réponse. Pour
calmer les craintes que ce sujet soit poursuivi avec trop de
ténacité, je peux avertir nos collègues de la commission
que je n'ai pas l'intention de poursuivre. Je pense qu'on a eu suffisamment de
réponses pour nous indiquer dans quel esprit cette question est
abordée par le ministre.
J'aurai d'autres questions sur les autres éléments.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres questions sur
l'élément 1?
Le député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Je voudrais savoir si, au point de vue du
ministère, il y a assez de services disponibles pour ces gens, pour les
jeunes, les délinquants qui sont jugés par les cours et qui
doivent être placés dans un centre d'accueil. Prévoyez-vous
qu'il y aura une période d'attente avant de placer des jeunes dans des
centres d'accueil?
M. Lazure: Du côté francophone, que je connais
mieux, il semble effectivement qu'il y a suffisamment de places disponibles
dans l'ensemble du Québec, autant dans les grandes villes que dans les
régions. Il semble que ce soit à peu près suffisant.
D'autre part, il me paraît qu'il y a un problème du
côté anglophone dans la région de Montréal.
Si le ministre veut ajouter.
Oui, le nombre de places idéales dans ce domaine est
extrêmement difficile à déterminer selon qui s'adresse
à nous, et on a vécu l'expérience depuis longtemps. Il
semble que, selon un peu la philosophie de base, le nombre de places peut
presque être infini ou limité, dépendant du choix qu'on
fait des cas qui doivent être placés en institution comme
telle.
Du côté anglophone, il y a un nombre de places relativement
impressionnant avec un total de budget de fonctionnement pour donner une
idée pour le milieu anglophone à Montréal de $10,5
millions pour les centres anglophones en mésadaptation sociale. Il y a
des problèmes d'admission, de coordination entre ces divers centres. Le
ministère a mis beaucoup d'efforts pour asseoir chacun des centres
d'accueil les uns avec les autres pour assurer la complémentarité
de l'un par rapport à l'autre. Mais, la comme ailleurs, il y a beaucoup
de difficulté pour accepter par exemple de modifier les critères
d'admission des jeunes pour être complémentaires aux autres
centres. Le problème pour les anglophones de Montréal est encore
difficile.
La situation, comme on le disait hier, est encore difficile.
M. Shaw: Est-ce que vous prévoyez qu'il y a des places
peut-être pour le moment, pour les cas d'urgence? J'ai discuté
cela avec le juge Brown; dans beaucoup de cas, c'est impossible de placer des
jeunes dans les centres d'accueil au Québec. Est-ce que vous
prévoyez les envoyer en Ontario, pour le moment? Il y a deux choses ici,
la sécurité de la population et, deuxièmement, même
la sécurité de l'enfant lui-même.
M. Lazure: II y a un certain nombre de centres d'accueil pour
anglophones qui ont été fermés. J'en connais aussi qui
n'ont pas été fermés, mais qui ont failli être
fermés. Girls Cottage School, que
vous connaissez, devait être fermé, selon une
décision du ministère l'été dernier.
M. Shaw: Cette décision a été
renversée.
M. Lazure: La décision a été
renversée comme par hasard durant la campagne électorale, suite
à une proposition très forte de la population anglophone de la
région. À mon avis ce centre doit rester ouvert. C'est un
excellent centre que je connais depuis des années, qui a rendu
d'énormes services, qui en rend encore. C'est un exemple de
décision, sous l'ancien gouvernement, qui me laissait perplexe, qui me
laissait un peu inquiet. On avait décidé de fermer cette
institution pour jeunes délinquantes soi-disant pour la remplacer par
des foyers de groupe. Encore une fois, je pense qu'on en a parlé hier,
cette formule des foyers de groupe, tout en étant utile, n'est pas
magique. Elle ne peut pas remplacer les institutions. Je sais qu'on a
fermé aussi d'autres institutions pour anglophones à
Montréal. Je ne suis pas certain qu'on n'ait pas fait des erreurs en les
fermant, toujours dans cette optique d'avoir des alternatives genre foyers de
groupe ou des services extérieurs qui sont valables en soi. Mais je
pense qu'il ne faut pas aller trop loin dans cette tendance et pratiquement
vouloir dire qu'on n'aura plus besoin d'institution.
M. Shaw: Le rapport Batshaw a prévu trois sortes
d'institutions pour les juvéniles; une qui est fermée, une autre
semi-fermée comme Girls Cottage School, puis celles qui sont ouvertes
vraiment, des maisons privées. On voit à Montréal qu'on a
de la difficulté à trouver ces dernières. Est-ce que le
ministère a prévu un programme pour essayer d'augmenter le nombre
de places ouvertes pour des juvéniles, pour des crimes qui ne sont pas
si violents?
M. Lazure: Le ministère est d'accord pour les formules
plus ouvertes. On a donné notre accord. Le problème, vous pouvez
le voir par le budget, il n'y a pas de budget de développement dans les
crédits de cette année, dans ce domaine. On demande aux centres
d'accueil d'utiliser leurs ressources actuelles pour le développement de
ressources plus légères et d'éviter
l'institutionnalisation plus lourde. C'est ce qui a été
demandé aussi du côté francophone et ce qui se
réalise difficilement parce qu'il y a une période
intermédiaire où on a des problèmes de transfert.
Mais comme il n'y a pas de budget disponible pour de l'argent
additionnel ils doivent utiliser... Comme je le disais tout à l'heure,
les montants sont assez considérables; $10.5 millions pour la population
anglophone de Montréal dans ce secteur. Il nous apparaît qu'il
faut trouver de l'argent pour développer les ressources plus
légères à l'intérieur de ces sommes.
M. Shaw: Au Boys' Farm vous êtes en train de faire de
nouvelles constructions. Quand prévoyez-vous que cela sera prêt
pour de nouvelles admissions?
M. Lazure: Au Boys' Farm, c'est de la rénovation pour la
sécurité et pour l'adaptation. Cela progresse. La date
approximative serait au cours de l'été qui vient. Cela se
déroule très normalement.
M. Shaw: On a parlé du groupement des foyers qui sont
disponibles, peut-être que nous pourrions faire quelque chose là
en rencontrant les gens responsables. Pour le moment je n'ai pas d'autres
questions sur les "socially maladjusted children", sauf la question d'avoir
quelque chose de plus permanent que ce qu'on a maintenant dans la banlieue
ouest de Montréal avec la situation AMBCAL, où il y a seulement 6
lits qui sont presque tous les jours remplis à capacité avec un
programme qui est seulement marginal, au lieu d'un programme continuel. Est-ce
que vous prévoyez faire quelque chose dans ce domaine?
M. Lazure: C'est la sécurité avant la cour. Pour
les unités sécuritaires, pour la sécurité avant la
cour, il y a eu des rencontres dont la dernière date d'à peu
près 10 jours, quand M. Savard a rencontré tout le groupe
anglophone à Montréal pour essayer de trouver des solutions pour
la précomparution, le dépannage précomparution et aussi
pour des places sécuritaires. Actuellement, il y a une unité de
dépannage sécuritaire située à Cartier en milieu
francophone. Les gens responsables sont anglophones et cela pose des
difficultés. Les discussions se poursuivent avec les centres d'accueil
anglophones pour trouver une solution adéquate.
Je pense qu'au cours du prochain mois on devrait être capable
d'arriver à une solution. À la dernière rencontre avec
l'ensemble de ces groupes M. Savard peut peut-être donner des
détails on a dit qu'on devait faire une recommandation au
ministère au cours des prochaines semaines.
M. Shaw: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne voudrais pas
être déplaisant, mais j'aimerais tout de même revenir sur la
question des médicaments pour quelques minutes. Le ministère a
déjà émis des directives ou du moins conseillé
à certains centres de détention pour les jeunes ou du moins
à certaines maisons de ne pas prendre cette technique pour la protection
du personnel et souvent pour la protection du jeune lui-même, de ne pas
les interner ni les isoler. Je suppose qu'en donnant ces directives le
ministère était bien conscient du fait que ce n'était pas
une façon d'aider les jeunes délinquants à se
réadapter.
M. Lazure: À ma connaissance, il n'y a pas de directive
qui dit au personnel d'un centre de détention: Vous ne devez jamais
mettre un sujet en isolement. La directive est très claire. Elle est
vieille un peu. Je ne pourrais mettre un sujet en
isolement. La directive est très claire. Elle est vieille un peu.
Je ne pourrais vous en donner le texte intégral, mais elle dit qu'aucun
jeune ne doit être mis en isolement ou en détention sans
l'approbation du directeur des services professionnels ou du directeur
général. On a demandé, pendant un certain temps, cette
pratique ayant été abandonnée au cours des six ou huit
derniers mois, de nous faire rapport sur les cas d'isolement.
La directive n'était pas d'empêcher de façon totale
l'isolement, mais de s'assurer que cela ne devenait pas une routine de
l'établissement, comme c'était le cas dans certains
établissements, que d'isoler les enfants ou de menacer d'isolement les
enfants qui étaient dans une unité de vie et qui
présentaient des troubles légers de comportement.
Récemment, on a même eu des problèmes dans un des
établissements où à un certain moment, le chef
d'unité a décidé que les enfants étaient
malcommodes et d'en isoler cinq pendant trois jours sans raison et sans faire
rapport à ses supérieurs. Le directeur général est
intervenu dès qu'il l'a appris. Le but de la directive, c'est non pas
d'empêcher, dans les cas où cela est indiqué, un isolement,
mais d'éviter qu'il n'y en ait de façon inutile.
M. Saint-Germain: La réponse est bien claire. Pour
remplacer cette procédure d'isolement et de détention que vous
admettez simplement dans les cas extrêmes et que vous n'admettez pas
comme étant une façon régulière de procéder,
on pourrait aussi, du moins pour la protection immédiate des jeunes et
du personnel, droguer ces jeunes. En fait ce serait une autre façon.
M. Lazure: On peut tout faire. Ce sont des questions
hypothétiques.
M. Saint-Germain: Non, ce ne sont pas des questions
hypothétiques.
M. Lazure: Oui, mais vous posez la question: On pourrait droguer
ces jeunes?
M. Saint-Germain: C'est juste. M. Lazure: On pourrait,
oui.
M. Saint-Germain: Je suppose que, si on était au courant
au ministère qu'on prenait cette procédure, vous émettriez
des directives telles que celles que vous avez émises concernant
l'isolement et la détention. Est-ce clair?
M. Lazure: S'il y avait un abus excessif, comme vous l'illustrez
avec l'expression "droguer des jeunes", c'est bien sûr qu'il y aurait une
intervention du ministère auprès de la direction de
l'établissement. On enverrait probablement des représentants du
service de l'agrément du ministère pour évaluer la
situation.
M. Saint-Germain: II y a des doutes sérieux que cela
arrive actuellement. Je demanderais au ministre de bien vouloir, si je ne
m'abuse...
M. Lazure: Sur quoi sont fondés ces doutes
sérieux?
M. Saint-Germain: ... faire enquête. Faites donc une
enquête actuellement, envoyez quelqu'un
M. Lazure: Je pense que c'est grave. Vous lancez des accusations.
Faire des enquêtes à quel endroit?
M. Saint-Germain: Écoutez une minute. Pour commencer une
enquête, il faut du moins avoir des doutes.
M. Lazure: Je veux bien qu'on fasse des enquêtes, mais
à quel endroit?
M. Saint-Germain: Allez à Berthelet entre autres. Faites
donc cela.
M. Lazure: Berthelet a été enquêté
à peu près six fois depuis dix ans. On peut enquêter une
septième fois.
M. Saint-Germain: Je ne vous dis pas de faire une enquête
royale, mais au moins d'envoyer des représentants du
ministère.
M. Lazure: J'en prends note. Si vous avez des raisons
sérieuses...
M. Saint-Germain: Allez sur les lieux et faites donc une petite
enquête pour voir si cela ne se fait pas.
M. Lazure: D'accord.
M. Saint-Germain: Je souhaite que cela ne se fasse pas. Je
n'essaie pas de vous dire que vous êtes au courant et que vous le
cachez.
M. Lazure: Je l'espère.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas cela dans l'idée, mais
faites donc enquête. Peut-être que ce serait utile pour tout le
monde.
M. Lazure: On en prend note.
M. Shaw: Prévoyez-vous des problèmes avec la
nouvelle loi pour les jeunes? Prévoyez-vous des changements sur la
question des centres d'accueil?
M. Lazure: Des changements dans quel sens?
M. Shaw: Prévoyez-vous dans cette loi que vous allez avoir
plus de personnes qui vont se présenter aux centres d'accueil ou moins?
Les juges peuvent-ils demander au ministère de fournir des places
ouvertes ou semi-ouvertes pour détention de ces jeunes?
M. Lazure: Un des aspects nouveaux du projet de loi qui devrait
être déposé d'ici quelques semaines, c'est que l'ordonnance
d'un hébergement obligatoire sera limitée dans le temps. Il y
aura un mécanisme de révision pour s'assurer que
l'hébergement forcé n'est pas prolongé indûment.
Dans ce sens, cela peut peut-être diminuer le recours à
l'hébergement, à l'internement si vous voulez.
Deuxièmement, on veut soustraire, comme on l'a déjà
dit publiquement, les enfants de moins de quatorze ans à la comparution
devant le juge pour des infractions. Cela aussi, au départ, devrait
diminuer un peu le nombre de recours à l'hébergement.
M. Shaw: En même temps, vous allez avoir une augmentation
de demandes de vos "social workers", les travailleurs sociaux, pour surveiller
ceux qui ne sont pas internés.
M. Lazure: Oui. Le réseau actuel de services sociaux va
être plus impliqué dans la surveillance, comme vous le dites, ou
dans le soin ou le traitement de mésadaptés sociaux.
M. Shaw: Quant au nombre de clients par travailleur social, qui
surveille ces cas, est-ce que les normes de ce "work load" sont
acceptables?
Est-ce que c'est acceptable maintenant?
M. Lazure: Chez les délinquants, les
mésadaptés sociaux, à l'extérieur?
M. Shaw: Oui, c'est cela.
M. Lazure: II y a deux mécanismes au moins, il y a les
officiers de probation et il y a les travailleurs sociaux. M. Savard, est-ce
que vous pouvez parler là-dessus?
Le nombre de cas par travailleur social, le ratio moyen...
M. Shaw: Est-ce que c'est satisfaisant, maintenant?
M. Lazure: C'est sûr que, dans un monde idéal, il y
aura toujours la perspective de baisser ce ratio. Mais compte tenu du
rôle qui s'exerce présentement à
l'accueil-évaluation, aux Cours de bien-être social, et à
l'usage des officiers de probation dans le suivi des cas, je dirais que c'est
satisfaisant, de façon générale.
M. Shaw: S'il arrivait un changement dans la loi, est-ce que vous
prévoyez, pour ceux qui sont éloignés de Montréal,
sans services sociaux disponibles dans leur région, que cela va
présenter une autre forme de surveillance, un autre centre
d'accueil?
M. Lazure: Là-dessus, on fait tous les efforts possibles
de deux façons: d'abord, que chaque région se suffise à
elle-même dans toute la mesure du possible en ce qui concerne les
mésadaptés sociaux, sauf pour les cas graves ou les cas ex-
ceptionnels où on prévoit des centres suprarégionaux
à Montréal et à Québec. Dans la majorité des
cas, notre objectif c'est qu'ils soient assumés dans la région
d'où ils viennent.
Le deuxième point: on veut aussi, dans toute la mesure du
possible, impliquer les centres d'accueil dans le processus de
réinsertion sociale des jeunes, favoriser l'implication des centres
d'accueil eux-mêmes dans cette réinsertion des jeunes.
Troisièmement, nous voulons mettre à contribution les
centres locaux, le personnel, les travailleurs sociaux à
l'intérieur des centres locaux qui peuvent aider au niveau local. Il y a
beaucoup de ces problèmes qui devraient être réglés,
si possible, au niveau du quartier et non pas sur une base provinciale ou
régionale à grande distance. Plus les contacts sont proches de la
communauté où est l'enfant, plus les chances de succès
sont grandes, et c'est pourquoi les services sociaux courants pourraient aider
les familles. On aimerait que les centres locaux, à mesure qu'ils
s'installent dans une communauté, assument cette partie et jouent un
rôle beaucoup plus actif de prévention.
Notre espoir, avec la nouvelle loi, c'est que le nombre d'enfants qui
étaient institutionnalisés diminue, que le nombre d'enfants qui
vont dans les ressources lourdes diminue, et qu'on puisse mettre l'accent sur
la thérapie pour les cas graves, et sur la prévention pour les
cas légers.
Pour répondre plus complètement à votre question,
on a distribué hier aux membres de la commission un tableau des centres
de services sociaux dans lequel il y avait une statistique qui donnait
l'effectif des centres de services sociaux pour les familles et pour les
enfants. À l'intérieur de ces données, il y a le personnel
affecté à la protection de la jeunesse plus
particulièrement, ce qui est l'objet de votre question. Au total, on
compte 1352 personnes qui portent leurs efforts sur la famille et l'enfance.
Vous avez d'ailleurs, dans ce tableau qu'on vous a remis, la proportion pour
chacun des centres de services sociaux.
Le Président (M. Marcoux): Programme 8,
élément 1, adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Dans le domaine de la déficience mentale, il y
a un établissement privé qui est particulièrement
important par le nombre d'enfants qu'il regroupe dans 6, 7 ou 8 je ne
sais pas établissements. Je sais que le ministre a
confirmé, récemment, son désir d'intégrer dans le
réseau public en particulier des centres d'accueil du
côté des centres hospitaliers, le problème ne se pose plus
tellement qui en manifesteraient le désir. Or, le
ministère a déjà officiellement une demande de la
corporation Anbar-Voyer, et j'aimerais savoir s'il y a eu, depuis six mois, une
évolution dans ce dossier, si on est sur le point de voir
l'intégration d'Anbar dans le réseau public.
M. Lazure: M. le Président, le réseau Anbar est en
fait un réseau important. C'est sept ou huit établissements qui
regroupent pas loin de 2000 sujets.
M. Forget: Cela a grossi? Il y en avait 1200, 1300.
M. Lazure: Aux alentours de 1300, si ma mémoire est
précise, 1285 si ma mémoire est bonne. C'est sept
établissements ou huit? Sept. Sept établissements, 1300 sujets,
c'est assez considérable. Il y a des pourparlers qui sont engagés
depuis plusieurs mois. Les propriétaires de ces établissements
Anbar ont fait une offre de vente au gouvernement et les négociations
sont en cours. Il y a une marge entre le montant demandé par les
institutions Anbar et le montant offert par le ministère, et c'est cette
négociation qui progresse, un peu lentement, mais qui progresse quand
même.
M. Forget: Est-ce qu'il y a d'autres difficultés dans
l'intégration au réseau public sur la question financière
à laquelle on vient de faire allusion? Est-ce que quant au reste on ne
prévoit pas de difficultés dès qu'on pourra régler
la question financière?
M. Lazure: C'est à peu près exact. Ce sont eux qui
avaient fait l'offre de vente. L'offre de vente, si on examine attentivement
les dossiers, de $9 millions, ce n'est pas vraiment pour les édifices ou
pour les bâtisses. Il y avait une vente du nom ou de la raison sociale,
de la réputation, etc., et les discussions se poursuivent sur ce sujet.
Il y a aussi le problème du trop grand nombre d'enfants dans un certain
nombre des établissements ou des parties d'établissements
d'Anbar.
On a imposé un gel des admissions dans ces institutions.
M. Forget: II faudrait rassurer, on ne sait jamais, les parents,
les familles de ces enfants, si jamais cela devient public comme cela le
risque; tout ce qui passe en commission, on ne sait jamais ce qu'il devient et
ce qu'il ne devient pas, c'est assez intéressant. Cela nous indique un
peu à quoi pensent les journalistes. C'est une question que sont
susceptibles de se poser ces familles. Je pense bien que le ministre est
disposé à indiquer que, quel que soit le statut juridique du
centre d'accueil en question, ce n'est pas cela, en soi, qui va remettre en
question la continuité des services et tout va continuer comme avant,
à moins que, pour d'autres raisons, il y ait des changements.
M. Lazure: Absolument pas. Continuer comme avant en
améliorant...
M. Forget: La demande, si je comprends bien, est de $9 millions
et on négocie à la baisse à partir de ce montant.
M. Lazure: Exactement.
M. Forget: Étant donné qu'il s'agissait
d'éta- blissements à but lucratif, est-ce que le ministre a une
estimation de l'économie qui va découler de l'appropriation par
le ministère de ces centres qui aiderait à compenser un peu pour
le déboursé, peut-être pas de $9 millions, mais cela peut
bien finir dans les alentours de quelques millions du moins? En contrepartie de
cet investissement, est-ce qu'il va y avoir une économie substantielle,
j'imagine, pour le ministère?
M. Lazure: Le but principal de l'intégration des
institutions à but lucratif, que ce soit en santé ou en services
sociaux, n'est pas de faire une économie. Ce n'est pas le but principal.
Le but principal, par l'inverse, si vous voulez, c'est de faire en sorte que
les gens ne fassent pas des profits en affaires aux dépens d'une
certaine qualité de services. Donc, le but principal, en d'autres
termes, c'est d'avoir un contrôle plus direct de qualité des
services en intégrant des institutions à but lucratif au
réseau public. Dans le cas des établissements Anbar, on l'a dit
tantôt, il y en a un certain nombre où il y a un surpeuplement. Il
y en a un certain nombre où il n'y a pas suffisamment de personnel.
L'avantage, encore une fois, au bout de la ligne, c'est de faire en sorte qu'on
ait une meilleure qualité de soins pour les déficients mentaux
qui sont là. Je ne pense pas qu'il y ait d'économie, surtout pas
à court terme, peut-être à long terme y a-t-il une
économie?
M. Forget: De quelle nature?
M. Lazure: Je vous avoue que je n'en connais pas le chiffre.
M. Forget: Pour revenir...
M. Lazure: Je vous dis, encore une fois, que ce n'est pas
l'économie matérielle qui est ma préoccupation principale,
c'est l'amélioration...
M. Forget: Je comprends que c'est l'amélioration de la
qualité. Étant donné cette préoccupation, et
étant donné qu'il se peut que la négociation dure un
certain temps, est-ce que le ministère n'a pas les moyens, par son
inspection, d'exiger de l'Institut Anbar qu'il améliore les services,
par exemple, qu'il ait un personnel plus nombreux, qu'il améliore ses
édifices...
M. Lazure: Justement, il n'y a pas si longtemps, il y a à
peine une semaine, on a envoyé des représentants du service de
l'agrément visiter, à l'improviste, un des établissements
Anbar.
M. Forget: Ce n'est d'ailleurs pas la première fois,
mais...
M. Lazure: Non, ce n'est pas la première fois.
M. Forget: ...est-ce qu'à la suite de cela, le ministre
envisage une amélioration des services, d'exiger l'accroissement des
services, du personnel?
M. Lazure: Exactement, on l'envisage, oui.
M. Forget: Disons que le problème de la qualité
comme telle, il voit des façons de la régler.
M. Lazure: II y a des façons mitigées de le
régler. C'est plus compliqué quand on a affaire à un
propriétaire d'une entreprise privée. C'est beaucoup plus
compliqué.
M. Forget: Ah, bon! J'aimerais poser quelques questions sur le
phénomène je m'excuse, je me suis couché tard hier
soir, et les mots me viennent difficilement de là, ce n'est pas
de la satellisation mais du pavillonnement de certaines familles d'accueil,
etc. Dans le cas de la déficience mentale, l'opération, comme on
sait on y reviendra probablement plus tard a été
faite dans le contexte des services aux personnes âgées.
Cependant, au cours de l'opération, il y a eu une question qui s'est
posée, parce que, parmi ces foyers privés qui faisaient l'objet
d'une satellisation, le mot m'échappe encore...
Une voix: De pavillonnement.
M. Forget: ...de pavillonnement, merci... on s'est rendu compte
qu'il y en avait plusieurs qui avaient une clientèle mixte de personnes
âgées et d'adultes déficients mentaux. Il s'est posé
le problème de faire le pavillonnement également autour de
centres d'accueil à vocation de déficience mentale ou
psychiatrique. Enfin, là, c'est une zone frontière entre les
deux. Est-ce qu'il y a eu un progrès qui a été
réalisé de ce côté du pavillonnement de ces
ressources et en prenant comme pôle de rattachement des centres d'accueil
à vocation psychiatrique ou de déficience mentale?
M. Lazure: Je pense que, comme vous le dites, le problème
du pavillonnement, on va y revenir probablement lorsqu'on atteindra le
programme des personnes âgées. L'opération s'est faite
conjointement au moment de l'analyse des clientèles, et il est exact
qu'un certain nombre d'adultes déficients mentaux ont été
dans des foyers, enfin des pavillons. Pour ces pavillons, les processus
d'intégration qui ont été utilisés ont
été les mêmes que pour l'opération pavillonnement,
avec les mêmes difficultés ou les mêmes succès
mitigés. Est-ce que vous voulez savoir le pourcentage de ceux qui ont
été pavillonnés?
M. Forget: Je pense qu'au point de vue du nombre, on a un certain
tableau de chasse en quelque sorte, si on peut employer l'expression.
M. Lazure: On a les données complètes sur le nombre
de bénéficiaires et le nombre de ressources pavillonnés,
et pavillonnables aussi, qui devaient être rattachés à des
centres d'accueil publics. Je ne les ai pas avec moi, parce que je m'attendais
que ce soit plutôt dans le programme 9.
M. Forget: Si vous préférez qu'on en parle plus
tard... Je pensais qu'on avait peut-être fait une catégorie
spéciale de pavillons pour déficients mentaux adultes à
l'occasion de l'opération. Cela n'a pas été
touché?
M. Lazure: On les a laissés tous ensemble, dans le fond,
on ne les a pas distingués, sinon par leur rattachement. Mais on n'a pas
fait de statistiques particulières.
M. Forget: Ah, bon! Mais il y a, malgré tout, des centres
psychiatriques auxquels on a rattaché ces pavillons à vocation de
déficience mentale.
M. Lazure: II n'y a pas de centres psychiatriques, actuellement,
il y a des centres d'accueil pour déficience mentale...
M. Forget: II y a des centres d'accueil pour déficience
mentale, comme le Foyer Savoie peut-être, c'est celui qui me vient
à l'esprit.
M. Lazure: C'est cela. Il y en a plusieurs. Je les ai en dossier
parce que je m'attendais que ce soit dans le programme 9 qu'on aborde ce
sujet.
M. Forget: D'accord, on va reporter cela à plus tard.
J'aimerais poser au ministre une question qui, à mon avis,
appartient peut-être à la deuxième étape, à
la deuxième phase de la collaboration entre les Affaires sociales et
l'Éducation.
C'est une remarque que j'ai déjà eu l'occasion de faire,
mais, encore une fois, comme le ministre l'a dit hier, la première phase
d'opération consistait surtout à établir des liens
contractuels entre les écoles et les centres d'accueil. La
deuxième phase va peut-être consister à s'interroger plus
profondément sur les programmes et sur la répartition des
rôles, etc., en vue d'une collaboration et d'une coordination.
Du côté de la déficience mentale, est-ce que le
ministre serait d'avis qu'il serait opportun que non seulement la
clientèle qui se trouve, à un moment donné, dans les
centres d'accueil fasse l'objet de cette collaboration entre les deux
ministères, mais également la clientèle qui ne quitte pas
le réseau d'éducation et qui se retrouve dans les classes
spéciales? À l'occasion des dernières négociations
dans la fonction publique et parapublique, j'ai pu constater la croissance
absolument fantastique de la clientèle des programmes pour l'enfance
inadaptée. Quand on regarde ces chiffres, on a un peu la même
impression que quand on regarde certaines statistiques de la Régie de
l'assurance-maladie, c'est-à-dire qu'on se rend compte, tout à
coup, que quelque chose est devenu payant. Comme c'est devenu payant, la
maladie sous-jacente à l'acte qu'on considère a, tout à
coup, une incidence plus forte que celle qu'on pourrait soupçonner.
L'analogie est tout à fait applicable. Je crois qu'on a une
enfance inadaptée ou en difficulté d'apprentissage qui a
crû à un rythme fantastique et qui, peut-être,
dépasse à l'heure actuelle ce qu'une évaluation absolument
objective pourrait révéler. Parce qu'on a un ratio plus
élevé, parce
que cela permet d'engager plus de monde, etc., c'est très tentant
pour les commissions scolaires. Cela permet une réduction des classes
aussi, dans certaines circonstances, etc. Il y a une expertise
indépendante qui devient nécessaire, à un moment
donné. Avant d'avoir vu ces chiffres, je n'étais pas porté
à le croire, mais les chiffres parlent par eux-mêmes. Quand on
parle à certains professionnels qui s'occupent de l'enfance
inadaptée, on se rend compte que placer un enfant qui n'est pas
inadapté dans une classe spéciale, c'est assez grave, c'est assez
sérieux.
Le ministère des Affaires sociales et son réseau non
seulement doivent se préoccuper d'avoir une éducation optimale
pour les enfants dans les centres d'accueil, mais devraient encourager le
ministère de l'Éducation à rechercher une expertise
extérieure au réseau scolaire pour peut-être évaluer
un peu cette vague, cette mode de la classe spéciale et de
l'inadaptation scolaire. Je ne sais pas si le ministre partage mon avis, mais
c'est un point qui mériterait d'être regardé et
d'être discuté entre les deux ministères. C'est la seule
raison pour laquelle j'en parle ici. Peut-être que déjà il
a précédé ma question par une intervention avec son
collègue de l'Éducation.
M. Lazure: C'est une chose qui me préoccupe à cause
de mes antécédents à différents postes de travail.
C'est une tendance qui mérite d'être surveillée. Il y a un
abus du recours à la classe spéciale, effectivement, non pas pour
le déficient mental moyen tellement, mais surtout pour le
déficient léger et pour le mésadapté social
léger aussi.
D'autre part, il y a des handicaps plus sérieux. Je pense aux
déficients mentaux moyens ou semi-éducables qui sont loin de tous
être intégrés dans le réseau scolaire; il y en a
encore un bon nombre qui ne sont pas intégrés et que le
réseau scolaire refuse d'intégrer, autant les structures
administratives que les structures pédagogiques. Je trouve cela
déplorable parce que ces enfants semi-éducables,
déficients mentaux, sont obligés de recourir à des
institutions psychiatriques bien souvent. Ce n'est pas déplorable parce
que c'est psychiatrique, mais parce qu'ils devraient être dans le milieu
scolaire comme les autres enfants ou ils pourraient recourir à des
écoles privées.
Donc, c'est paradoxal. Vous avez raison de dire que, pour certaines
entités, pour certains enfants, il y a un recours abusif à la
classe spéciale. Ces enfants, on devrait faire plus d'efforts pour les
intégrer dans des classes régulières, et par contre pour
d'autres entités, on les exclut même des classes
spéciales.
Le phénomène généralisé de la classe
spéciale pour des cas relativement légers de déficience ou
de mésadaptation est relativement nouveau dans le milieu, à peine
vingt ans, quinze ans, et déjà, dans d'autres milieux, on a
abandonné, dans une large mesure, ces classes spéciales. J'ai eu
l'occasion, avec un groupe, il y a quelques années, de faire une
étude un peu partout au pays et ailleurs, qui a résulté en
un rapport qui s'appelait: Un million d'enfants. Et déjà,
à l'époque, cela remonte à il y a dix ans, il y avait en
Ontario, par exemple, et en Colombie beaucoup de précédents
où on intégrait selon un dosage judicieux, environ 10%, si vous
voulez. Donc, trois enfants sur 30, dans une classe, pouvaient être soit
des déficients mentaux, soit des mésadaptés sociaux,
à la condition, cependant, que le personnel pédagogique soit
préparé à cette intégration.
Je finis là-dessus: une des pierres d'achoppement, un des
obstacles, c'est que le professeur, si vous voulez, général,
titulaire dans une classe du cours élémentaire ne se voit pas
comme étant habilité à intégrer un déficient
mental léger. Je pense que cela, c'est dommage, et cela résulte
d'une tendance excessive à la spécialisation.
M. Forget: Je pense que le ministre a tout à fait raison
de souligner que les classes spéciales sont un peu trop vues comme la
seule solution. Dans d'autres endroits, on a fait l'expérience d'autres
méthodes. Il ne faut pas aller si loin, même à
Montréal, à la Commission des écoles protestantes, on
utilise les mêmes crédits qui sont disponibles à toutes les
écoles mais de façon différente de ce que l'on fait dans
la plupart des écoles, des commissions scolaires catholiques, non pas
pour des classes spéciales mais pour ce qu'ils appellent des "free-flow
teachers". Ce sont des professeurs en surnombre, qui sont
spécialisés dans l'éducation spéciale, et qui
viennent aider le professeur régulier dans la classe
régulière. Pour ceux qui ont des difficultés
d'apprentissage sans être déficient mental ou pour ceux qui ont
une déficience très légère, c'est une solution qui
est beaucoup plus humaine, beaucoup plus normalisante, et peut-être aussi
moins lourde administrativement que la classe spéciale.
Mais encore là, il y a un problème d'évaluation. Un
problème d'évaluation, quand il est fait à
l'intérieur de l'école, les gens sont un peu juges et parties.
Étant donné la disponibilité des services de santé
et des services sociaux en milieu scolaire, c'est un peu les problèmes
de définition de rôle aussi qui se posent. Du côté
des services de santé, on est en train de définir des rôles
de prévention au point de vue de la vue, au point de vue de l'ouïe,
etc. pour ne mentionner que ces aspects, mais qui ont un impact direct sur la
capacité d'apprendre des enfants.
Je pense que du côté des services sociaux, il serait
probablement souhaitable de développer un peu la même approche de
dépistage et d'évaluation des problèmes d'apprentissage
dans un contexte où il y a une certaine distance entre le professeur et
celui qui fait l'évaluation. Tout le monde est humain, et il y a une
tendance très forte à ce qu'un professeur, peut-être
souvent et normalement, se dise: Bien mon Dieu, peut-être que cet enfant
est trop difficile. Et c'est à moitié pour se soulager et
à moitié pour ce qu'il croit, probablement sincèrement,
donner plus de chance à l'enfant dans une classe spéciale. Mais
là, la ligne de démarcation entre les deux motifs est bien
difficile à tracer. Et pour un même individu qui est juge et
partie, cela risque d'être un petit peu au détriment de
l'enfant.
Je vois que le ministre s'est senti visé. Je de-
mande, si, au niveau de l'évaluation, il n'y aurait pas vraiment
un rôle, pour les services sociaux en milieu scolaire,
d'évaluation dans le contexte des ententes de masse...
M. Lazure: Moi, je ne suis pas satisfait des relations entre le
ministère de l'Éducation et le ministère des Affaires
sociales concernant l'enfance inadaptée. Je trouve que les liens ne sont
pas assez étroits. Étant donné que cette espèce de
comité conjoint, qui s'appelle mission MAS-MEQ, achève son
travail, je pense que l'étape suivante serait de former, en prenant
peut-être une partie du comité, former un comité conjoint,
éducation-affaires sociales, vraiment axé sur les programmes
à l'enfance inadaptée dans le milieu scolaire. Je ne dis pas que
ce comité sera habilité à faire une évaluation,
mais on lui demanderait au moins de nous faire des suggestions, à
savoir: qui devrait faire une telle évaluation.
M. Forget: Sur la déficience mentale je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Plusieurs parents ont manifesté le désir
de garder chez eux des enfants déficients mentaux. Quelle est la
politique du ministère à ce sujet, compte tenu du fait qu'il en
coûte $12 000 pour garder ces enfants en institution et seulement $3000
pour les laisser dans un foyer? Je sais que cela démontre une situation
de surveillance, mais est-ce qu'un programme est prévu pour assister les
familles qui veulent garder ces enfants chez eux?
M. Lazure: C'est un problème complexe. Pour aider les
parents à garder leurs enfants handicapés mentaux et physiques il
y a de plus en plus de services de jour qui sont donnés, soit en classes
spéciales ou encore dans des centres de réadaptation physique ou
mentale. Mais la question plus générale que vous posez, au lieu
de donner $7 par jour à un foyer nourricier, à une famille
d'accueil qui garde un enfant déficient mental profond, mettons,
pourquoi ne pas les donner à ses parents naturels? C'est la question que
vous posez.
M. Shaw: Oui.
M. Lazure: On réfléchit à cette question. Il
y a de cela plusieurs années, quand j'étais fonctionnaire
à temps partiel au ministère, on avait fait accepter ce principe
par le ministre de la Santé à l'époque, le Dr
Couturier.
M. Forget: II n'est pas mort.
M. Lazure: Non, il vit toujours. Il est un peu
psychiatrisé. C'est un omnipraticien qui travaille à
Robert-Giffard, mais à part d'être psychiatrisé il va
très bien.
M. Forget: C'est une amélioration continuelle.
M. Lazure: Oui. Le Dr Couturier, le ministre de l'époque,
l'avait autorisée, et on l'avait fait dans la région de
Baie-Saint-Paul si je me rappelle, ceci pour vous dire que je crois à
cette formule. Elle a été abandonnée par le
ministère subséquemment. Une fois la loi pour les personnes
handicapées votée, si elle est votée et je
l'espère, cette loi prévoyant un office, on a l'intention de
confier à l'office des personnes handicapées ce mandat
d'établir des critères. C'est très complexe parce
qu'à quel moment un déficient mental profond devient-il une
charge additionnelle financière pour les parents?
Il y a des déficients mentaux qui ne sont pas vraiment une charge
financière additionnelle et il y en a d'autres qui le sont. On parle ici
des déficients mentaux, mais si on le faisait pour les déficients
mentaux pourquoi ne pas le faire pour les mésadaptés sociaux
graves ou pour un handicapé physique grave aussi? À quel moment
dit-on à la famille: Le fait de garder votre enfant handicapé
mérite une prime de l'État de $5 ou de $10 par jour? C'est un
problème extrêmement délicat, extrêmement
compliqué. On va l'étudier.
M. Shaw: Vous avez le même choix dans le cas
d'institutions. Si vous jugez qu'un enfant doit être placé en
institution vous avez besoin de normes pour établir...
M. Lazure: Je pense que c'est possible d'établir des
normes. Il faudrait que ce soit selon certains degrés de
sévérité et non pas ouvrir cela de façon
très large à tous les handicapés. Ce ne serait pas
possible.
M. Shaw: Dans la province, il y a sept centres pour les
déficients mentaux; on peut démontrer facilement qu'il y a
beaucoup de parents dans les régions éloignées de ces
centres qui aiment mieux garder ces enfants à la maison. La situation
à la maison demande toujours un surplus financier à la
famille.
M. Lazure: Je suis convaincu que c'est mieux que l'enfant
déficient demeure dans la famille. C'est pour cela qu'une formule d'aide
financière aux parents naturels est une chose qui m'attire. Comme j'ai
dit tantôt, j'y ai déjà cru et j'y crois encore. Il s'agit
d'établir les critères, à qui cela devrait
s'appliquer.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Je ne sais pas si c'est à cet
élément, mais il y a tout le problème du placement des
enfants mongols où on a établi une directive au niveau des
institutions de ne pas accepter de placement d'enfants mongols de zéro
à quatre ans.
M. Lazure: Une directive du ministère?
M. Boucher: Oui, cela avait été accepté
après étude ou recommandation...
M. Lazure: Cela m'étonnerait à première vue.
C'est peut-être plutôt une directive d'une institution ou d'un
centre de services sociaux. Il faudrait vérifier. Ce serait plutôt
un centre de services sociaux.
M. Boucher: Les institutions qui recevaient ces enfants
dès la naissance n'étaient plus autorisées de les recevoir
avant quatre ans.
M. Lazure: Ce n'est sûrement pas une directive du
ministère. Cela m'intéresserait d'avoir cette directive. Cela me
paraît un peu absolu. Encore une fois il faut faire la distinction entre
une tendance générale qui est souhaitable de ne pas placer un
enfant mongol en bas âge en institution, mais de là à dire
qu'il ne faut jamais placer un enfant mongol en bas âge en institution,
il y a une marge.
M. Boucher: Justement, c'était à ce point. De
zéro à quatre ans on n'acceptait pas dans l'institution les
enfants mongols.
M. Lazure: On en prend note et si vous la trouvez, vous nous
l'enverrez.
M. Boucher: Un enfant a été hospitalisé,
dans un cas que je connais, dans un hôpital général parce
que les parents refusaient absolument de le prendre. C'est l'Hôpital
général qui l'a gardé aussi longtemps qu'on ne l'a pas
accepté.
M. Lazure: Je trouve cela un peu absolu et vraiment abusif de la
part de ceux qui ont émis cette directive.
Le Président (M. Marcoux): Programme 8,
élément 2, adopté? Adopté. Élément
3?
M. Forget: M. le Président, dans la loi qui est devant
l'Assemblée pour la modification du chapitre 48 des lois de 1971, il y a
une nouvelle catégorie d'établissements qui est celle des centres
de réadaptation. J'imagine que les institutions pour les
handicapés sensoriels sont parmi les premières à se
qualifier pour cette catégorie de handicapés physiques ou
sensoriels pour les nouveaux centres de réadaptation. C'est cela qui est
perçu comme devant constituer une nouvelle catégorie.
M. Lazure: II y a un dilemme qu'on n'a pas complètement
résolu. Dans notre esprit, au départ, cela s'adressait
principalement aux handicapés physiques, les centres tels que
Cardinal-Villeneuve, le Centre de réadaptation de Québec,
quelques-uns de Montréal. Le problème nous a été
posé au sujet de l'Institut des sourds, au sujet des centres pour
aveugles. Je dois dire qu'on est en train de regarder cela. À l'origine,
cela ne visait pas ces centres. C'était vraiment pour les
handicapés moteurs.
M. Forget: Je vois.
M. Lazure: II est probable que cela devrait s'adresser aux deux
groupes.
M. Forget: Je n'ai pas d'opinion à exprimer sur le sujet,
mais je me demandais s'il y avait eu, justement, dans le cas de ces groupes de
handicapés sensoriels, une poursuite des discussions qui n'avaient
probablement pas été amorcées, mais... Au moment d'une
rencontre avec l'Institut des sourds, on avait au moins fait la mention de la
possibilité d'un rattachement de centres de l'ouïe et de la parole
dans le cadre de l'institution présumément, du moins c'est
ma perception d'un centre de réadaptation intégré
à la fois pour les bénéficiaires internes et externes, et
aussi pour toute la population de l'Est du Québec.
Je me demandais s'il y avait eu un développement de ce
côté; si, par exemple, le Centre de l'ouïe et de la parole
avait été impliqué dans une discussion devant mener
à un tel regroupement.
M. Lazure: Je dois vous avouer candidement et sincèrement
que nos efforts de persuasion, d'après des informations que je
possède qui ne viennent pas du ministère, mais qui sont
confirmées par M. Savard, ont été non suivis de
façon totale. J'ai eu l'occasion de rencontrer le directeur du Centre de
l'ouïe et de la parole, il n'y a pas longtemps, lors d'une rencontre
publique et de m'informer à savoir si ses relations avec l'Institut des
sourds s'étaient développées de façon importante.
Il me semble qu'on ne se soit pas parlé depuis un an.
M. Forget: Ni l'un ni l'autre n'a pris l'initiative de nouer des
contacts. Est-ce que le ministère considère encore que c'est une
chose intéressante et qu'il y a là un potentiel de
développement, de croissance et d'amélioration des services?
M. Lazure: Sur l'intégration de l'un et de l'autre, il n'y
a sûrement pas de décisions et d'orientations définitives
prises au ministère, mais il m'apparaît personnellement que le
rapprochement de l'un et de l'autre dans les traitements et dans la
complémentarité des rôles est essentiel. Là-dessus,
en raison du personnel qualifié au ministère dans ces dossiers,
on a fait porter les efforts, comme on l'a dit l'autre jour, sur les
handicapés visuels, au cours de l'année dernière, pour
s'assurer qu'au moins ce programme commencerait. On peut vous assurer qu'au
cours de l'année qui vient on va faire les mêmes efforts.
Même pour les handicapés visuels, pour atteindre un
résultat satisfaisant, il faut s'assurer de la
complémentarité et de la collaboration d'un centre hospitalier
avec une équipe très bien spécialisée en
ophtalmologie et le centre qui sera responsable des orthèses et des
prothèses. Il nous paraît essentiel que la même chose se
produise au niveau des sourds et qu'il faut faire les rapprochements.
Les rapprochements sont faits, par exemple, à Québec,
entre le CHUL et le centre pour les aveugles. Cela fonctionne très bien
et il y a une excellente collaboration. À Montréal, on a plus de
diffi-
cultés. On s'est adressé à divers
intermédiaires et on a un peu de difficulté à identifier
quel est le groupe spécialisé en ophtalmologie qui devra avoir
des liens privilégiés avec l'établissement. Pour les
sourds, le même type de problème se pose. Est-ce qu'il faut faire
une intégration? En fait, l'essentiel, c'est une
complémentarité et une collaboration entre les deux.
M. Forget: L'hôpital Notre-Dame, à Montréal,
a un centre important de l'ouïe et de la parole. Sur le même sujet,
la politique de scolarisation optimale des handicapés sensoriels semble,
à mon avis, poser un certain nombre de difficultés au moins
pratiques. Est-ce que les règles qui ont été
développées pour les centres de mésadaptation sociale et
les centres de déficience mentale ne sont pas sujettes à d'assez
fortes qualifications quand on cherche à les appliquer à ce
groupe? Est-ce que la politique d'intégration là-dessus on
cherche à les appliquer à ce groupe? Est-ce que la politique
d'intégration là-dessus est fermement arrêtée en
termes d'une intégration du personnel enseignant de façon
intégrale ou si la transformation dans des centres de
réadaptation ne permet pas d'élargir un peu les horizons?
M. Lazure: II y a eu, à la suite de discussions assez
orageuses sur ce sujet, un assouplissement important de la part du
ministère des Affaires sociales et de la part du ministère de
l'Éducation. Ce qui est finalement devenu l'objectif à la suite
de la mission MAS-MEQ, c'est de s'assurer que les programmes sont reconnus et
acceptés, que la surveillance des programmes est finalement en bout de
ligne, sous l'autorité du ministère de l'Éducation, mais
les modalités pratiques pouvaient être relativement souples et
qu'il ne s'agissait pas nécessairement de transférer tout le
monde. Il y a des endroits comme Berthelet où c'est la venue de
personnel du ministère de l'Éducation à l'intérieur
du centre qui va se faire. À d'autres endroits, à
Rivière-des-Prairies, par exemple, il y a un mélange des deux. Ce
qui nous a paru essentiel et que, finalement, le ministère de
l'Éducation et les gens impliqués chez nous ont accepté
avec les centres, c'est de garder l'unicité du centre dans toute la
mesure du possible, mais de s'assurer que le programme d'éducation comme
tel était véritablement approuvé, selon les normes, et que
les gens qui donnaient l'enseignement étaient qualifiés de par le
ministère de l'Éducation ou avaient des équivalences.
C'est la même orientation au niveau des sourds, parce qu'il est
irréaliste de s'imaginer que tous les sourds de l'Institut des sourds
vont être transférés à la régionale Chauveau,
mais je pense qu'il y a eu une intégration de tous ceux qui sont
intégrables. Il y en a tous les ans, qui s'intègrent mais il est
important de respecter les problèmes particuliers de groupes.
M. Forget: Les véritables spécialistes dans ces
domaines, il n'y a rien qui s'oppose à ce qu'ils continuent à
être à l'emploi des centres d'accueil
spécialisés.
M. Lazure: Là-dessus, je pense que le ministre nous a bien
poussés à respecter une attitude souple et nuancée dans ce
domaine.
Le Président (M. Marcoux): Élément 3,
adopté? Adopté. Élément 4, réadaptation des
adultes.
M. Shaw: Sur cette question, c'est une augmentation de deux fois
le budget. Est-ce que vous avez des circonstances? Excusez-moi. Sur
l'élément 4, on voit cette année $47 millions au lieu de
$18 millions, l'an passé. Est-ce qu'il y aurait...
M. Lazure: Les $18 millions...
M. Shaw: C'est augmenté presque du triple...
M. Lazure: Ce sont des transferts. C'est ce qu'on a
expliqué déjà, c'est que le $18 millions est un transfert
d'un programme à l'autre, c'est passé de CS
généraux du programme II, probablement en majorité
à ce programme-ci. Ce n'est pas une augmentation véritable des
budgets, malheureusement. C'est un transfert de programme. C'est tout
simplement une imputation différente.
M. Forget: Dans le domaine de la réadaptation pour les
adultes, il y a le problème je le mentionne avec beaucoup de
soulagement parce que le ministre et le sous-ministre ont indiqué leur
attitude souple vis-à-vis des centres de réadaptation pour
handicapés physiques dans le cadre de notre politique de scolarisation
optimale je crois que la même attitude de souplesse serait fort
valable et fort opportunément appliquée au problème de la
réadaptation des alcooliques et toxicomanes. Je pense que cela vient, si
ma mémoire est bonne, dans ce programme. Il y a eu, de ce
côté, un certain flottement, pendant quelque temps, à cause
de la réorientation, de l'intégration d'un réseau
spécifique, d'un réseau spécialisé. Mais cette
intégration impliquait le transfert des gens de l'OPTAT, en particulier,
à des centres de services sociaux ou le renforcement des ressources
humaines dans les centres de services spéciaux. Une espèce de
dispersion des ressources.
La question se pose, à savoir si les centres d'accueil qui ont
une vocation spécialisée dans le traitement de la toxicomanie ne
devraient pas être de véritables centres de réadaptation
comportant l'ensemble des ressources spécialisées pour ce genre
de traitement. Je pense, en particulier, à la région de
Montréal où il y a des difficultés de coordination de tous
les agents, dans le domaine de la toxicomanie. Je ne suis pas sûr
qu'elles soient encore surmontées, en tous les cas, quand j'ai
quitté le ministère, elles ne l'étaient pas,
c'était très visible et, depuis le mois de novembre, il m'a
été donné de prendre connaissance de correspondance et de
choses que l'Opposition reçoit, dans le cours normal des choses, qui
démontrent qu'il y a encore énormément de
tâtonnements et de divisions à l'intérieur de cela.
Est-ce qu'il y a des signes d'espoir de ce côté? Et
à mon avis, ce qui serait peut-être le principal signe d'espoir:
est-ce qu'il y a une orientation claire du ministère pour donner
à des établissements spécialisés dans ce domaine,
les centres d'accueil, qui existent, je pense à Domrémy, à
Montréal, etc., et dans d'autres régions, le rôle complet
de services internes pour la réadaptation, et aussi de "outreach" et de
"counselling", tout ce qu'on sait qui est dispersé, à l'heure
actuelle, dans un certain nombre d'agences de services sociaux?
M. Lazure: La seule chose qu'on essaie de distinguer dans cela,
c'est peut-être la phase aiguë, qu'on pourrait appeler
médicale, de désintoxication hospitalière. C'est cela
qu'on voudrait réserver à des institutions hospitalières.
On s'était efforcé, même, d'aller jusqu'à identifier
des lits, à l'intérieur de certains hôpitaux, à ces
fins là. Pour l'autre aspect...
M. Forget: Avant de venir à l'autre aspect, est-ce qu'on a
une idée du respect avec lequel on a traité ces réserves
ou ces vocations spécialisées dans certains hôpitaux?
M. Lazure: Cela varie beaucoup. Il y a des endroits où je
dirais que le succès est assez grand ou assez considérable.
Peut-être que la formule la plus intéressante c'est celle de
Saint-François-d'Assise, à Québec, où on a
accepté d'assumer, dans le fond, l'ensemble des fonctions à
l'Intérieur du centre hospitalier en créant une section centre
d'accueil de réadaptation pour alcooliques.
À ce moment, évidemment, faisant partie du même
établissement et physiquement rapproché, je pense que cela donne
des résultats fort intéressants. On avait le même programme
à Saint-Luc, pour vous donner un exemple, qui ne s'est pas
réalisé complètement, faute de budget, à toutes
fins pratiques. Ce n'est pas tellement une résistance du milieu, parce
qu'il y a une certaine ouverture à Saint-Luc. On a fait des
démarches à Haute-rive. Si on veut donner l'idée, je
pense, c'est de s'efforcer que le centre d'accueil de réadaptation pour
alcooliques assume l'ensemble des fonctions, à l'exclusion de la phase
aiguë médicale.
M. Forget: Eventuellement, même la référence
à l'hôpital, que ce soit une de ses responsabilités.
M. Lazure: Et que ce soient les mêmes personnes qui soient
responsables des deux. Un des problèmes qu'on voit c'est que, par
exemple, l'admission à l'hôpital relève d'un certain type
d'individus, de médecins. Et ceux qui sont responsables sur le plan
médical, par exemple, du centre de réadaptation, ce ne sont pas
les mêmes. C'est le problème qu'on a vu en allant à
Hauterive. On a vécu cela très clairement. Le médecin qui
s'occupe du centre de réadaptation, il n'y a pas de lien avec les
médecins qui s'occupent de la désintoxication. Cela cause des
problèmes presque insolubles.
C'est dans ce sens qu'à Domrémy Montréal on a
établi, actuellement, une sectorisation où les gens vont
être appelés à donner des services à
l'extérieur de l'institution Domrémy et devront,
systématiquement, couvrir les hôpitaux de ce secteur, afin de
favoriser la continuité entre la désintoxication et la
réadaptation au niveau d'une prise en charge, soit en externe ou soit
via l'interne de Domrémy Montréal.
M. Forget: Vous mentionnez Domrémy Montréal
je l'ai fait moi-même tantôt. La distinction entre l'aspect
médical, intensément médical de la désintoxication
et les autres phases de réadaptation qui ne sont pas exclusivement
médicales mais qui, selon les théories thérapeutiques,
peuvent être exclusivement non médicales ou partiellement
médicales, etc., il me semble que cette distinction n'est pas
très bien comprise, ni même, ce qui est le plus important, n'est
pas très bien acceptée, à l'heure actuelle, ou enfin
c'était peut-être la situation l'hiver dernier. Est-ce que des
efforts ont été faits pour replacer les choses, parce qu'il
semblait y avoir des déchirements internes assez substantiels?
M. Lazure: II y avait un problème précis fort
concret qui était à la fois de fonds et de syndicat, à
toutes fins pratiques. Cela touchait surtout les infirmières au niveau
de Domrémy Montréal. Dans le fond, il y a eu aussi des actions
administratives fort discutables et un compromis a été
trouvé; à ma connaissance, cela va mieux, actuellement. La crise
est passée. On trouvait, à l'intérieur du centre, que pour
les fonctions de réadaptation il y avait trop d'infirmières. Les
infirmières, par ailleurs, qui étaient là étaient
intéressées de continuer à oeuvrer dans ce milieu. Ce
qu'on a demandé, c'est qu'on continue à les payer comme des
infirmières, mais que, si leur rôle était surtout de faire
de la réadaptation, qu'on élargisse leur rôle et qu'on leur
donne l'ensemble des rôles et qu'on les garde. On avait
décidé de les mettre à la porte, parce qu'elles
étaient infirmières, même si elles voulaient faire de la
réadaptation, et la réadaptation, en théorie, n'est pas le
rôle de l'infirmière. Le compromis qui a été
trouvé c'est de faire accepter par les infirmières et par
l'administration qu'on les considère comme les deux, à toutes
fins utiles. À ma connaissance, cela fonctionne, depuis quatre mois.
M. Forget: À la satisfaction des infirmières,
j'imagine. Est-ce que cela fonctionne à la satisfaction de ceux qui
considèrent les objectifs du programme?
M. Lazure: En fait, si je reprends avec cette distinction de
désintoxication et réadaptation, le personnel de Domrémy
Montréal ils ont un personnel médical a
diminué en nombre. À un moment donné, lorsqu'on a fait
cette distinction, les médecins ont intégré les
hôpitaux, mais il demeure une certaine partie du personnel qui, lui, est
médical, entre autres le nursing. Mais on va utiliser ces gens au niveau
de la sectorisation en les identifiant à un centre hospitalier en
particulier, au niveau de la prise en charge de l'alcoolique ou du
toxicomane, lors de cette période de désintoxication. Ces
infirmières vont couvrir systématiquement les hôpitaux du
secteur dans lequel elles travaillent.
M. Forget: Est-ce que vous avez l'impression que ces
infirmières ont reçu la formation nécessaire pour jouer le
rôle comme celui-là auprès de toxicomanes? Est-ce qu'on
leur a offert un recyclage quelconque?
M. Lazure: II y a des cours d'été qui se donnent
à l'Université de Sherbrooke. Je pense que l'ensemble des
infirmières...
M. Forget: Elles vont s'inscrire là.
M. Lazure: L'ensemble des infirmières vont suivre des
cours. Mais ce sont des infirmières, pour la plupart, qui ont dix
à quinze ans d'expérience dans ce domaine.
Je pense que l'apprentissage, au boulot, y est pour beaucoup.
D'ailleurs, pour ces mêmes cours, on a fait un effort, l'an dernier, pour
s'assurer qu'au niveau du personnel des CLSC il y ait une sensibilisation
on leur a envoyé de la documentation des effectifs
professionnels pour justement pouvoir également exercer un rôle
préventif en matière de toxicomanie.
M. Forget: Maintenant, il y a un certain personnel qui travaille
au sein du CSSMM, en particulier. Est-ce que ce module du CSSMM, il a
été envisagé qu'on le transfère à un centre
d'accueil spécialisé, de manière à pouvoir mieux
coordonner les efforts de tous ceux qui travaillent dans le secteur? J'imagine
que les travailleurs sociaux, par exemple, qui s'occupent de la
réintégration sociale d'ex-alcooliques auraient un point
d'attache privilégié s'ils étaient dans le centre
d'accueil où on a fait leur réadaptation et peut-être leur
désintoxication et où on les suit après avec des
travailleurs sociaux. Là, ils sont dans une espèce de "no man's
land", de l'autre côté de la ville, et il semble qu'ils ont
trouvé très difficile de se parler dans le passé. Le
ministère envisagerait-il de prendre ce module et de le
transférer au centre Domrémy?
M. Lazure: On a, dans certaines régions, je pense en
particulier à la région de Hull, des travailleurs sociaux du CSS
qui pratiquent en milieu de réadaptation dans le centre d'accueil
lui-même, au pavillon Jellinek, entre autres. On en a un certain
nombre.
M. Forget: Administrativement, ils sont rattachés aux CSS,
mais ils travaillent dans le milieu de la réadaptation.
M. Lazure: Oui. Je dois dire, cependant, que d'une région
à l'autre c'est variable au niveau du lieu de pratique du travailleur
social. Dans le cas de Hull, nous avons déjà des travailleurs
sociaux, rattachés aux CSS, qui pratiquent au pavillon Jellinek
lui-même.
M. Forget: Dans la région de Montréal, cette
relation n'est pas faite?
M. Lazure: On a seulement deux CSS qui ont des praticiens en
alcoolisme. C'est le CSSMM et le CSS Richelieu. Ce sont les deux seuls CSS qui
ont des praticiens directement aux CSS.
M. Forget: Ce que je disais tantôt valait pour le CSS
Richelieu dont les travailleurs sociaux travaillent en milieu de
réadaptation alors que pour le CSSMM ce n'est pas le cas.
M. Lazure: Ce n'est pas le cas.
M. Forget: Des démarches ont-elles été
entreprises pour les rapprocher au moins physiquement?
M. Lazure: Pas à ma connaissance. Je pense que c'est une
question sur laquelle il faudra continuer la démarche que nous avons
déjà entreprise dans la région de l'Outaouais. On me dit
que cela a été également dans le cas du CSS Richelieu et
auprès du CSSMM.
M. Forget: J'ai vu des procès-verbaux de réunions
à 40 personnes où tout le monde était censé
s'occuper des alcooliques et des toxicomanes et où il y avait autant
d'organismes que de personnes alentour de la table. Dans la région de
Montréal, à mon avis, il y a des choses à faire. Si la
nouvelle loi, par la notion d'un centre de réadaptation qui permet plus
de souplesse au niveau des structures, était adoptée pour
Domrémy, par exemple, je crois qu'on aurait là un moyen
d'améliorer l'efficacité de ces ressources. Dans le moment,
malgré les efforts extraordinaires de certains individus
là-dedans, auxquels on doit rendre hommage, il reste que tout le monde
est un peu handicapé par la complication, la division des tâches
et que personne ne comprend très bien. D'autant plus qu'il n'y a pas
seulement Domrémy. Dans la région de Montréal, il y a un
certain nombre de groupes extrêmement innovateurs et très
dynamiques qui ont des rôles complémentaires. Il y a
peut-être une façon de les faire travailler ensemble beaucoup plus
étroitement.
M. Lazure: Une réaction aux remarques du
député de Saint-Laurent. Moi aussi, je constate que dans la
région de Montréal, en particulier, les alcooliques ne
reçoivent pas les traitements qu'ils devraient recevoir. Il y a beaucoup
de raisons à cela. Je dirais même que dans une certaine mesure le
traitement est peut-être moins adéquat qu'il l'était il y a
quelques années. Au temps où l'OPTAT, l'Office de la
prévention et du traitement de l'alcoolisme et des autres toxicomanies,
existait, au temps où il y avait un réseau de maisons
Domrémy qui existait, c'était un traitement plus
intégré. Les maisons Domrémy faisaient à la fois la
désintoxication et la prise en charge de la réadaptation.
Dans cette espèce de foulée qu'on a connue au
ministère des Affaires sociales, entre 1970 et
1976, où la tendance était de tout intégrer au
courant régulier, si je puis dire, on a jugé bon d'abolir
certaines structures telles que l'OPTAT et on a changé la vocation de
Domrémy. Sur un plan théorique, cela se maintient, cela se
soutient, ces choses-là, mais le moins qu'on puisse dire est que pour
une période de transition, la population écope un peu.
Je ne suis pas sûr, en rétrospective, que l'abolition de
certaines directions dans le ministère, telles que l'OPTAT a
été un geste judicieux. Alors, moi, je pense qu'il va falloir
réévaluer, surtout pour une grande région comme
Montréal, s'il n'y a pas lieu de procéder à des services
plus intégrés.
Dans une région telle que Hauterive, par exemple, où la
population est restreinte, il y a un hôpital général, il y
a un centre Domrémy. Si les médecins se parlent le moindrement,
le médecin du centre d'accueil pouvant faire partie du conseil des
médecins de l'hôpital, il est possible d'avoir cette
séparation de la désintoxication hospitalière pendant
quelques jours, puis ensuite la prise en charge par l'institution. Mais, dans
une région comme Montréal, je me pose des questions.
Moi, je demeure convaincu, que la formule de
Saint-François-d'Assise ou de Saint-Luc où vraiment on
développe une ressource avec des liens étroits avec un centre
hospitalier est probablement celle qui a le plus d'avenir. Il reste que les
centres Domrémy antérieurs étaient très
isolés et avaient des services qui laissaient à désirer
sur le plan professionnel. Je veux dire qu'il y avait des problèmes
sérieux à ce niveau. Même si on n'a pas encore
trouvé les solutions idéales et satisfaisantes, à
Québec, par exemple, la formule pour Saint-François-d'Assise
fonctionne très bien. Si on veut la réaliser à deux ou
trois endroits à Montréal, je pense qu'on peut le faire.
C'est une formule intégrée,
Saint-François-d'Assise.
M. Forget: Dans la région de Montréal en
particulier, il y a une chose qui m'a toujours dérangé
énormément, mais le temps n'est jamais venu d'y remédier
à cause de l'incapacité de former assez rapidement un noyau fort
au niveau de l'alcoolisme et des toxicomanies. Mais, dans le fond, le
ministère des Affaires sociales a, sans le savoir, un de ses plus gros
centres d'accueil à Montréal, qui se trouve sur la rue Craig et
qui officiellement s'appelle une prison. C'est l'espèce de centre de
détention qui est dans une ancienne caserne de l'armée et qui
sert à la détention presque pas sécuritaire de tous les
alcooliques de Montréal qui sont arrêtés pour vagabondage.
Ils passent en moyenne une période d'un mois à six semaines en
prison pour des offenses mineures. Ils sont condamnés en Cour municipale
ou ailleurs. Vous en avez des centaines qui sont des hommes en haut de 50 ans,
de 55 ans. C'est une véritable tragédie, sur le plan humain,
d'abord pour ces gens, parce qu'on les traite comme des criminels, alors qu'ils
sont des malades, dans le fond, bien plus que des criminels. Ils sont
arrêtés pour des choses sans conséquence, telles que
traîner dans les rues et être en état d'ivresse, des choses
comme cela.
Ce sont des gens totalement dépourvus, tellement que certains
demandent de prolonger leur séjour en prison quand leur peine finit
durant le milieu de l'hiver, parce qu'ils n'ont ni feu ni lieu.
Pour la société, c'est une autre tragédie, parce
que finalement on sait que, malgré le coût des centres d'accueil,
les prisons sont encore plus coûteuses très souvent, avec le
système de garde à 24 heures par jour, etc. Dans le fond, la
société dépense, à l'heure actuelle, pour un
problème essentiellement d'alcoolisme, vis-à-vis d'une population
flottante de peut-être 400 ou 500 personnes à Montréal, des
sommes énormes qui seraient, à mon avis, beaucoup mieux
dépensées si on retrouvait, dans la région de
Montréal, une institution dynamique et forte qui pourrait assumer ses
responsabilités. Je pense que le séjour en prison de ces gens,
c'est un symptôme que la société ne s'est pas
organisée de façon décente. À mon avis, c'est
intolérable qu'on utilise le processus judiciaire pour ne pas
régler ce problème. De toute façon, tout le monde le sait,
à la fois les gardiens de la prison qui ont fait cette prison juste pour
cela. Il n'y a pas de voleurs, il n'y a pas de meurtriers, il n'y a pas de
voleurs d'autos là-dedans, il n'y a rien; il n'y a que des gens qui sont
arrêtés pour avoir été en état d'ivresse sur
la rue. Ce n'est quand même pas possible, puis il y en a quelques
centaines. Je pense qu'on a là des défis à relever et je
pense que cela peut se faire avec le temps.
M. Lazure: Même si ce n'est pas de notre juridiction
directe, maintenant qu'on a à peu près réussi à
éliminer des prisons communes ceux qui étaient sous notre
juridiction directe, c'est-à-dire les adolescents, je pense
effectivement qu'on va entrer en contact avec le ministère de la Justice
pour regarder cette clientèle.
Je suis de l'avis du député de Saint-Laurent. C'est une
clientèle qui devrait relever des Affaires sociales plutôt que de
la Justice.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: M. le Président, je voudrais savoir si le
ministère entend poursuivre le développement des centres de jour
qui sont quand même, au niveau des centres d'accueil, des instruments de
réadaptation pour adultes qui peuvent être utilisés
à des coûts assez peu élevés par rapport à
des centres spécialisés.
M. Lazure: La réponse c'est oui, compte tenu de nos
budgets. Notre problème c'est toujours une question de
disponibilité budgétaire. Comme vous le voyez, les budgets dans
ces articles et dans la plupart des articles, à part des articles qui
ont été identifiés comme tels, ce sont des budgets
gelés, qui augmentent avec l'augmentation des conventions collectives,
mais où il n'y a pas d'augmentation des ressources disponibles.
M. Boucher: II n'y a pas de développement des centres de
jour actuellement dans les montants qui sont indiqués ici?
M. Lazure: Malheureusement pas. On y est favorable, et si on peut
trouver de l'argent, soit par substitution ou autres façons, on est bien
prêt à le faire. C'est sûrement la façon la plus
douloureuse de le faire.
M. Boucher: Est-ce que vous pouvez demander aux centres d'accueil
d'essayer, à l'intérieur de leur budget, de
développer...
M. Lazure: Dans la mesure du possible, mais c'est
extrêmement difficile pour eux aussi.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 8,
élément 4, adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. À la
demande des membres de la commission nous ajournons sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 17 h 3
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires sociales. Les membres de la commission sont M. Boucher
(Rivière-du-Loup) remplacé par M. Rancourt
(Saint-François); M. Charron (Saint-Jacques) ; M. Clair (Drummond)
remplacé par M. Baril (Arthabaska); M. Forget (Saint-Laurent), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Marois (Laporte), M. Martel (Richelieu),
Mme Ouellette (Hull), M. Paquette (Rosemont), M. Saindon (Argenteuil), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Shaw (Pointe-Claire).
Nous avions complété l'étude du programme 8. Nous
sommes au programme 9. M. le ministre.
Protection et hébergement
M. Lazure: Essentiellement, c'est le programme des
dépenses de fonctionnement pour les familles d'accueil, les garderies et
les centres d'accueil publics et privés d'hébergement. Il y a
deux éléments: la protection de l'enfance, $42 millions par
rapport à $41,6 millions l'an dernier, et l'élément 2,
hébergement des adultes et des personnes âgées, $216 256
000 par rapport à $186 390 000. On note, évidemment, que
l'augmentation se fait chez les personnes âgées surtout et je n'ai
pas plus de préambule à faire. Je vais attendre les questions des
membres de la commission.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais, de façon
générale en abordant ces crédits de fonctionnement du
réseau, demander aux gens du ministère s'il serait possible
qu'ils nous donnent certaines explications. Je fais la demande pas
nécessairement pour qu'ils y donnent suite immédiatement, mais
pour que, peut-être à notre prochaine séance, la semaine
prochaine, ils puissent nous donner ces renseignements. Nous avons
observé, je crois que c'était hier, que les crédits
actuels qui sont devant nous prévoient une certaine augmentation au
titre des salaires pour tenir compte de l'augmentation des salaires
prévue dans les conventions collectives, mais que cette augmentation
n'est pas nécessairement suffisante pour combler l'ensemble des besoins
financiers jusqu'à la fin de l'année, compte tenu de l'indexation
qui devrait être intégrée dans les échelles
salariales à partir du 1er juillet de cette année. Je pense que
ce sont les éléments principaux, encore qu'il serait
peut-être utile aussi qu'on rende plus explicites les différentes
hypothèses qui ont été faites quant aux glissements dans
les échelles, qui font que, cha-
que année, en plus de l'augmentation des échelles de
salaires, il y a une année de séniorité additionnelle pour
les membres du personnel du fait qu'ils ont une augmentation.
J'aimerais connaître les estimations qu'a faites le
ministère relativement à ce glissement, cette estimation de
coût, de même que les estimations de coût de l'indexation, le
tout comparé aux sommes disponibles pour les crédits, de
manière à avoir une idée du manque à gagner, en
quelque sorte, qui est représenté aux différents
éléments du fonctionnement du réseau. Cela s'applique au
programme 4, aussi dans le fond, aux programmes 7, 8, 9, 11 et 12. Si on
pouvait avoir cela sous forme d'un tableau, la semaine prochaine, cela nous
aiderait à comprendre le sens des crédits. Je n'insiste pas plus
sur cet élément.
J'aimerais demander, relativement à l'élément no 1
où on observe un accroissement très modeste de $41,5 millions
à $42,2 millions, comment peut-on concilier la modestie de cet
accroissement avec deux éléments que ces crédits
comportent: le premier, ce sont les taux de paiement qui sont versés aux
familles d'accueil. On s'attendrait à ce que ce taux de paiement aux
familles d'accueil subisse une augmentation substantielle. Je sais qu'à
partir du 1er avril, le ministère des Affaires sociales a fait un
accroissement et on est frappé de constater que l'accroissement en
question, en termes de pourcentage, est inférieur, même, au taux
d'indexation à l'indice des rentes, etc., qui a servi, de façon
générale, à indexer les banques de l'aide sociale, les
allocations familiales et les rentes payées par la Régie des
rentes du Québec. La différence n'est peut-être pas
très substantielle, malgré tout, si on tient compte des
représentations très fortes qui ont été faites par
différentes associations de familles d'accueil, représentations
auxquelles le gouvernement, le parti qui est maintenant au pouvoir, avait
donné son appui le plus total, avait même surenchéri, dans
certains cas. Je me demande ce que cela veut dire que cette retenue, dans les
accroissements accordés.
On constate, par exemple, M. le Président, que pour les
âges de 0 à 4 ans et de 5 à 11 ans, l'accroissement est de
7% seulement. Les taux étant passés respectivement de $3.35
à $3.60 et de $3.80 à $4.10, de même que le régime
supplémentaire pour les enfants qui sont particulièrement
handicapés, etc. a lui-même aussi été
augmenté de 7% seulement, on se serait attendu à 8,2% pour toutes
les catégories.
On a un taux inférieur à celui-là, alors je
voudrais savoir quelle est la "rationnelle" de ces chiffres.
M. Lazure: M. le Président, en attendant que le
fonctionnaire trouve les chiffres, je voudrais faire remarquer à la
commission que la plupart des prévisions étaient assez
complétées au moment où le nouveau gouvernement est
arrivé au pouvoir. On a eu une marge de manoeuvre assez mince, comme
tout le monde le sait. J'ai dit à plusieurs reprises que les taux des
familles d'accueil me paraissaient trop bas. Il est évident qu'il va
fal- loir les hausser de façon appréciable, l'an prochain. On a
utilisé des crédits qui ont été trouvés
finalement, une somme d'environ $175 millions pour l'ensemble des
ministères. La part qui est revenue au ministère des Affaires
sociales a été utilisée pour des champs qui nous
paraissaient prioritaires. On en voit un exemple dans ce programme-ci, les
garderies, où on a réservé une somme de $2 millions. Mais
si on veut dire que les taux sont insuffisants, quant aux familles d'accueil,
je suis parfaitement d'accord avec le député de
Saint-Laurent.
Maintenant la conciliation des chiffres. Le premier facteur dont on doit
tenir compte c'est la contribution des parents qui a été aussi
elle-même indexée et qui est soustraite des revenus, ce qui
explique une partie de la différence.
M. Forget: De quelle différence parle-t-on?
M. Lazure: Vous parlez de la différence entre les $42
millions de cette année par rapport aux $41 millions de l'an
dernier?
M. Forget: À ce point de vue, oui, d'accord. Il ne semble
pas y avoir d'accroissement proportionnel à l'accroissement des
tarifs.
M. Lazure: Et une partie de cela s'explique par ce facteur.
M. Forget: Est-ce qu'on pourrait élaborer? J'essaie de
suivre, mais je ne suis pas sûr de comprendre. Dans le fond, il y a deux
choses, les familles d'accueil reçoivent un paiement des deux sources.
Elles reçoivent un paiement, dans le fond, d'une seule source, soit du
centre de services sociaux, mais le centre de services sociaux, à son
tour, reçoit le paiement, d'une part, du ministère et, d'autre
part, des parents eux-mêmes.
Si la somme que le centre de services sociaux doit verser aux parents
s'accroît de 7% ou de 8%, comme les barèmes publiés le
révèlent, pour que la proportion entre la contribution des
parents et la contribution gouvernementale ne soit pas modifiée, il
faudrait aussi que la contribution gouvernementale s'accroisse de 7%. Si la
contribution gouvernementale s'accroît de moins de 7% ou 8%, cela veut
dire que non seulement la contribution des parents a été
indexée, mais qu'elle a été indexée plus que n'ont
été indexées les sommes reçues par les familles
d'accueil elles-mêmes.
Donc, cette année, les familles d'accueil sont financées
plus par les familles naturelles, les parents naturels que c'était le
cas dans le passé. Cela n'était pas apparent quand on lisait les
communiqués du ministère. Ce sont des hypothèses assez
vraisemblables puisque les crédits totaux ne croissent pas.
M. Lazure: Sur la croissance des crédits, je voudrais
rectifier quelque chose. Dans les crédits de 1976/77, on avait inclus
des montants par erreur pour les conventions collectives. On a fait une
correction, une imputation par la suite; c'est ce
qui explique qu'on n'a pas de phénomène de croissance,
mais...
M. Forget: Vous avez des dépenses probables qui sont
inférieures, donc, des dépenses totales prévues, à
ce moment-ci, parce que les comptes publics ne sont pas sortis...
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: ...qui sont largement inférieures à
$41,6 millions.
M. Lazure: Oui, il y avait à peu près $3 millions
de crédits qui avaient été imputés à cet
élément de programme et qui, en définitive...
M. Forget: Qui ont été périmés
à la fin de l'année.
M. Lazure: Ils n'ont pas été nécessairement
périmés, ils ont peut-être été
transférés au programme 2, par exemple, ou à d'autres
programmes.
M. Forget: Je vois. Donc, il n'y a pas de problème de
comptabilité, c'est simplement une illusion d'optique.
M. Lazure: C'est une illusion d'optique. M. Forget:
Bon.
M. Lazure: Si on enlève cela, évidemment, il y a
effectivement croissance des coûts.
M. Forget: Bon. Il y a une croissance des coûts pour le
ministère. On peut présumer que la croissance des coûts,
pour ce programme, est égale à l'accroissement moyen des taux
payés aux familles d'accueil, ou s'il y a eu une augmentation plus que
proportionnelle de la part des parents?
M. Lazure: L'augmentation pour les parents est à peu
près de même nature, elle est proportionnelle. Il n'y a pas eu de
prévision d'augmentation de clientèle non plus.
M. Forget: Je vois. C'est le premier écart, je pense que
c'est très clair, je vous remercie. La deuxième question
dans le fond, c'était la première que j'avais posée, mais
il fallait peut-être clarifier celle-là en premier est:
Comment se fait-il qu'on ait utilisé une majoration de 7% et 8% dans ce
programme alors que, selon mon expérience, il est coutumier d'utiliser
l'indice des rentes pour toutes les indexations? Il me semble que c'est la
première fois qu'on utilise moins que l'indice des rentes.
M. Lazure: Sur la façon dont l'augmentation est
établie, évidemment je n'ai pas le détail ici du calcul.
Je vais en prendre note pour la prochaine séance.
M. Forget: Enfin, ce n'est sûrement pas une raison
technique; on n'a certainement pas oublié qu'il y avait un indice des
rentes. On est parti du montant disponible, puis on a essayé de
déterminer combien on pouvait accorder aux familles d'accueil à
partir de cela; peut-être?
M. Lazure: Je ne comprends pas pourquoi c'est comme cela. Je vais
vérifier et on pourra peut-être même vous le dire d'ici
à la fin de la séance, parce qu'à ma connaissance c'est
censé être le même indice qu'on utilise pour nous
autres.
M. Forget: Alors, si on passe la deuxième composante de
l'élément 1, qui est constituée par les paiements aux
garderies, plutôt que de regarder les crédits parce qu'on vient de
se rendre compte que les crédits, évidemment, c'est une
indication, mais pas nécessairement la plus fiable, est-ce que vous
pourriez nous donner le montant, sujet à vérification par le
Vérificateur général, des dépenses réelles
effectuées en 1976/77 au titre des garderies?
M. Lazure: On a des chiffres. Est-ce qu'on n'a pas
distribué le document?
M. Forget: II y en a un juste devant moi.
M. Lazure: Bon, on est en train de faire faire les copies; vous
allez l'avoir tantôt. En 1976/77, on a accordé 54 subventions
d'aménagement, pour un total de $145 000, puis 64 subventions
d'équipement, pour un total de $254 000 et un grand total de $400 000,
soit le budget qui avait été alloué.
M. Forget: Pour les subventions d'aménagement?
M. Lazure: C'est cela. Pour l'aide financière aux
familles, la somme totale accordée a été de $3 580 000,
sur un budget prévu de $4,2 millions. Alors, environ 2500 familles ayant
3000 enfants en garderie ont profité de ce programme d'aide
financière.
M. Forget: À quoi peut-on attribuer l'écart entre
les crédits alloués et la somme dépensée? Est-ce
qu'on a une analyse de cela?
M. Lazure: Oui, on a fait une analyse; il y a eu divers facteurs.
Il y a eu les délais à obtenir, par exemple, les permis
d'exploitation. Pour exploiter une garderie, on exige un permis du
ministère qui exige en contrepartie un permis du ministère du
Travail et souvent des municipalités, ce qui entraîne souvent des
délais dans la mise en marche et dans l'opérationnalisation des
garderies.
Il y a aussi un phénomène par lequel les personnes qui ont
un revenu sur la marge ou la limite pour bénéficier d'une
subvention souvent n'y font pas appel si le montant est minime ou
représente moins de 25%. Les derniers 25%, les gens ne les
réclament pas.
Il y a un facteur de nombre d'enfants, de mise en place de garderies,
des gens qui ne réclament pas, et il y a eu le phénomène,
aussi, au début de
l'année, de la disparition d'un certain nombre de garderies qui
ont été remplacées par des garderies sans but lucratif,
mais avec ce délai. La croissance des garderies s'est
accélérée de façon significative. On a
accéléré les processus au niveau du ministère, et
aussi, la mécanique est mieux connue des gens qui sont
intéressés à mettre en place des garderies. On peut voir,
par les projets en cours ou en discussion, que la machine est lancée,
à toutes fins pratiques.
M. Forget: Ce qui me frappe, dans les réponses qui me sont
données là-dessus, c'est qu'on cite plusieurs raisons: les
délais dans l'approbation, les problèmes de fermeture et
d'ouverture etc., mais on n'a pas cité les problèmes de
limitation dus aux critères d'attribution comme tels.
M. Lazure: J'allais y venir. À mon avis, l'échelle
n'était pas assez longue. C'est un document public maintenant. Dans les
nouvelles règles du jeu qui viennent tout juste d'être
publiées et qui seront en vigueur le 15 juin, je crois, oui, c'est cela
le 15 juin, d'une part l'aide financière aux familles est
augmentée de $2 par jour, ce qui porte l'aide de $6 à $8 plus le
$1 que chaque parent paie obligatoirement.
Ce qui est pertinent ici à la discussion, c'est que le niveau de
revenu à partir duquel le montant d'aide financière commence
à diminuer est augmenté de 20%, donc on allonge l'échelle.
Dans l'ancienne échelle, deux parents recevant le salaire minimum
seulement n'avaient pas droit aux subventions accordées aux parents.
C'est dans ce sens que l'échelle était trop courte. Alors nous
l'allongeons et, de cette façon, on va rejoindre un plus grand nombre de
personnes.
Je pense que c'était un défaut important de l'ancienne
échelle. C'est une des raisons pour lesquelles tous les crédits
n'ont pas été touchés par les
bénéficiaires.
M. Forget: Sauf que les crédits étaient
basés sur un calcul de la clientèle possible, étant
donné les critères.
M. Lazure: Oui, mais dans un domaine aussi nouveau que celui des
garderies quasi publiques, je pense que c'est assez normal qu'il y ait un
écart entre la prévision et la dépense réelle.
L'écart est d'environ $600 000.
M. Forget: À quelle date les critères
antérieurs avaient-ils été rendus effectifs? De
mémoire je ne peux pas me souvenir.
M. Lazure: Environ un an et demi.
M. Forget: Environ 18 mois. Il me semble que c'était en
juin 1975. il me semble que c'était l'ordre de grandeur. Ils n'avaient
pas été changés durant 1976.
M. Lazure: Non. Les nouveaux commencent le 6 juin. Il y a une
correction parce que j'avais dit le 15 tantôt. C'est le 6 juin.
M. Forget: Le 6 juin. Ce qui veut dire qu'on fait un ajustement
après une période de deux ans. Fait-on un ajustement d'environ
20% à la hausse dans les critères de revenus?
M. Lazure: Oui, dans les critères de revenus. On augmente
le montant versé aux familles de $2.
M. Forget: Je vois. Au niveau de l'admissibilité, une des
choses qu'on peut dire sans être très loin de la
vérité, c'est que cet ajustement de 20% à la hausse sur
une période de 24 mois, étant donné l'inflation que nous
avons connue, est essentiellement une indexation qui replace le programme au
point de vue de l'admissibilité dans une situation où il se
trouvait en juin 1975, au point de vue du pourcentage des familles au
Québec qui y ont accès. C'est à peu près de l'ordre
de 12%, l'augmentation des salaires par année. C'est peut-être un
peu supérieur à 20% comme augmentation cumulative sur deux
ans.
Pour ce qui est de l'augmentation de $2, c'est un peu supérieur.
Pour ceux qui sont déjà ou qui étaient déjà
admissibles il y a deux ans, ils continuent de l'être, mais ils
bénéficient d'une aide accrue. C'est probablement le sens qu'il
faudrait donner à ces modifications.
M. Lazure: II y a aussi des augmentations dans les frais
d'aménagement.
M. Forget: Quel était le montant moyen de la subvention
d'aménagement? Cela pourrait se calculer rapidement si on avait une
calculatrice. 54 subventions pour $145 000, ce qui me donne grosso modo
à peu près $2700 en moyenne par subvention d'aménagement.
Quel était le maximum permis pour les subventions
d'aménagement?
M. Lazure: C'était $3000.
M. Lazure: Et l'équipement $5000, pour un total de $8000.
C'est ce total qui passe à $12 000 le 6 juin.
M. Forget: La raison pour laquelle je fais cette remarque, c'est
qu'il ne semble pas à première vue, étant donné que
la moyenne se situe à quelques centaines de dollars en dessous des
maximums permis, que le plafond ait été très contraignant
pour un grand nombre de garderies.
M. Lazure: Si la capacité était inférieure
au chiffre 30, elles n'avaient pas droit au maximum d'allocation.
M. Forget: Elles y auront droit maintenant, quelle que soit la
capacité?
M. Lazure: La capacité a toujours été un
facteur déterminant vers le bas mais pas vers le haut. Lorsqu'on a
indexé, c'était vers le haut. Maintenant, au lieu de bloquer
à 30 comme étant la limite à partir de laquelle la
subvention est la même pour tout le monde, on l'a portée à
65.
M. Forget: La subvention est d'autant plus grande que la
capacité est grande.
M. Lazure: Oui, jusqu'à un maximum de 65 places où
cela plafonne.
M. Forget: Par exemple, une garderie qui a une capacité de
25 n'est toujours pas admissible pour une subvention d'équipement.
M. Lazure: C'est 25/30 de la subvention.
M. Forget: Et la même chose, les 30/60, si c'est 30 par
rapport au maximum de 60.
M. Lazure: C'est-à-dire qu'à 30 places, on reste
avec la même subvention.
M. Forget: Le même maximum possible de 30 places est
acquis.
M. Lazure: C'est cela. À mesure qu'on augmente cette
capacité par tranche de cinq places, on ajoute un montant qui varie
selon qu'on parle d'aménagement ou d'équipement.
M. Forget: Bon.
M. Lazure: II faudrait peut-être noter comme
élément nouveau dans le programme d'aide aux garderies, dans le
but d'intégrer les enfants handicapés on parlait un peu de
l'enfance inadaptée ce matin d'âge préscolaire,
qu'on accorde, pour chaque place autorisée au permis, $250 par
année si la garderie inclut 10% à 15% d'enfants
handicapés. Si elle inclut jusqu'à 25% de handicapés, on
accorde $500 par place autorisée au permis. En d'autres termes, si vous
avez une garderie de 40 sujets, 25%, cela ferait 10 sujets, et pour ces 10
sujets handicapés, vous auriez droit à $500 multipliés par
40 pour permettre d'engager du personne) additionnel.
M. Forget: Je constate que le mécanisme de financement est
sujet à certaines modifications. D'ailleurs, ce ne sont pas les
premières, il y en a eu à deux ou trois reprises, je pense. Le
mécanisme fondamental de financement via les parents plutôt qu'un
financement institutionnel est conservé par le ministre. Est-ce qu'il
voit cela comme une mesure transitoire ou comme pour l'avenir
prévisible, le mécanisme qu'il retient?
M. Lazure: Non, c'est temporaire, c'est transitoire. Le temps ne
nous permettait pas d'arrêter vraiment une politique globale, si on peut
dire, de la petite enfance, de zéro à six ans. Nous mettons sur
pied un comité interministériel de l'Éducation, des
Affaires sociales et du Conseil du statut de la femme, avec un mandat de nous
produire pour l'automne prochain une politique, si vous voulez, de cette
clientèle de zéro à six ans. Cela va inclure un mode de
financement d'un réseau de garderies. Pour nous, c'est une
amélioration assez importante du mode de financement qui existait, mais
ce mode de financement en tout cas pour moi, n'est pas satisfaisant, à
moyen terme ou à long terme. Il faut penser à un autre.
M. Forget: II n'est pas satisfaisant à quel
égard?
M. Lazure: II est difficile de compréhension de la part du
public d'abord, surtout dans les quartiers défavorisés. Je pense
que dans un futur mode de financement, il devrait y avoir une somme, qu'il
resterait à déterminer, par place est-ce que ce serait $1,
$2, $3? qui irait directement à la garderie pour assurer une
stabilité financière surtout aux nouvelles garderies, et surtout
en regard des fluctuations qu'on retrouve à certaines saisons ou
à certaines périodes de l'année.
M. Forget: Je voudrais demander au ministre comment il voit la
coordination d'un régime d'aide pour la garde des enfants avec les
mesures de sécurité de revenu. Est-ce qu'il y voit un
problème ou si, à son avis, ce sont des choses qui doivent
être considérées dans des comportements assez
distincts?
M. Lazure: À première vue, je les
considérerais distincts. Cela se rejoint sûrement à un
moment, mais je pense qu'on va attendre l'étude de ce comité
interministériel, l'automne prochain, et qu'on va lui demander de tenir
compte de cet élément du revenu annuel garanti
hypothétique.
M. Forget: Le problème qui se pose, c'est le suivant. Vous
avez des familles qui ont le même revenu. Dans le cas où ce revenu
est produit par un seul des deux conjoints, les règles actuelles
d'admissibilité en garderie et la limitation quant au nombre de places
peuvent rendre impossible l'accès à une garderie, certainement le
financement public. Une autre famille qui a le même revenu où les
deux conjoints travaillent va, évidemment, à ce moment,
bénéficier, sous forme de subvention pour la garderie, d'une
subvention totale qui va probablement très rapidement dépasser le
montant total payé en impôts par ce ménage. Il y a un
problème de redistribution assez considérable.
D'autre part, certains ménages à différents niveaux
de revenus, dans certains cas, ne feront pas usage des garderies et vont
s'occuper de leurs enfants d'une autre façon, alors que des
ménages avec un revenu qui peut être le double, mais
bénéficiant d'un régime de garderie, vont retirer un
avantage monétaire direct qui, en somme, fait une redistribution en
faveur, par exemple, de ménages à revenus modestes qui se
trouvent à ne pas utiliser la garderie et en faveur de ménages
à revenus élevés où les deux conjoints travaillent
et utilisent la garderie. Ce genre de problème d'équité
verticale et horizontale est probablement ce qu'il y a de plus difficile
à faire comprendre aux gens qui n'utilisent pas la garderie en premier
lieu, parce qu'ils se disent: Comment expliquer ce phénomène,
étant donné surtout l'absence d'unanimité
dans la population quant au caractère désirable ou non du
recours à la garderie pendant le jeune âge des enfants. Parce
qu'il y a des éléments économiques qui, évidemment,
dictent l'appartenance au marché du travail pour les deux conjoints,
mais il y a aussi des échelles de valeurs, des priorités que les
gens placent dans l'organisation de leur existence. Étant donné
que l'opinion est très divisée là-dessus, les
problèmes d'équité prennent un relief très
particulier. Les gens sont spontanément amenés à se poser
ces questions. C'est la raison pour laquelle je le soulève et je crois
que le grand problème de la garderie, ce n'est pas le principe,
évidemment, ni l'idée de favoriser la participation au
marché du travail pour les deux conjoints, mais ces problèmes
d'équité horizontale et verticale qui sont presque insolubles en
dehors d'un régime de sécurité du revenu beaucoup plus
cohérent et étendu que celui que nous connaissons dans le moment.
Enfin, ce n'est qu'une observation, en passant, M. le Président.
M. Lazure: Je pense qu'elle est pertinente, l'observation.
J'ajouterais, cependant, que quand on va écrire le mandat pour ce
comité interministériel, il est bien clair qu'il ne s'agit pas
simplement d'un mandat sur les garderies, c'est sur toutes les formes de soins
de garde. Cela peut inclure aussi la garde d'un enfant entre zéro et six
ans à un domicile chez une famille du voisinage, pas
nécessairement dans une garderie de 30 enfants. Il y a diverses
modalités qu'il faudrait étudier.
M. Forget: Ces remarques que le ministre a faites, ce matin,
relativement aux foyers de groupes auxquels on pourra revenir dans deux
minutes, peut-être relativement à une tendance à la
professionnalisation excessive, sont également appropriées dans
le contexte.
M. Lazure: Absolument, oui.
M. Forget: On veut très souvent, dans certains milieux, en
faire des établissements d'éducation préscolaire...
M. Lazure: Exactement.
M. Forget: ...ce qui tend à pousser les coûts
au-delà de $10 par jour par enfant, ce qui, évidemment quand on a
un million d'enfants d'âge scolaire, et peut-être quelques
centaines de milliers en bas de six ans, devient une gageure impossible
à tenir.
Toujours sur l'élément 1 et ce sera ma
dernière question là-dessus on a parlé, ce matin,
des foyers de groupes comme alternative à l'institutionnalisation. Il y
a évidemment une autre façon de considérer le foyer de
groupes, c'est comme alternative à la famille d'accueil. On sait que,
depuis quelques années, le recrutement des familles d'accueil est
très difficile, particulièrement pour les enfants de 14 ans et
plus, et particulièrement pour ceux qui ont un passé un peu
chargé, même sans en faire des êtres déviant
complètement, malgré tout, ceux qui ont eu quelques
séjours successifs soit en établissement, soit dans des familles
d'accueil, qui ont parfois été des échecs, pour toutes
sortes de raisons. L'enfant n'est pas souvent à blâmer, mais il
reste que ce sont des échecs et on se retrouve devant des situations
où il est très difficile de recruter des familles d'accueil.
Il avait été question, au cours de l'année
dernière, d'encourager l'utilisation de foyers de groupes non pas
à même les crédits des institutions, le crédit 8,
mais des foyers d'hébergement, dans le fond, pas des foyers de groupes
de réadaptation, des foyers de groupes d'hébergement je me
corrige à même les crédits des familles d'accueil,
à cause précisément de la grande difficulté qu'ont
certains centres de services sociaux de recruter les familles d'accueil pour
cette clientèle, des adolescents, des "tough" ou ceux qui sont
perçus comme tels dans leur collectivité. Je me demande si cela a
pu démarrer avec le Centre de services sociaux du Montréal
métropolitain en particulier?
M. Lazure: En fait, on a été relativement prudent
vis-à-vis de ce projet. On l'a fait sur une base de projet pilote avec
le Centre de services sociaux du Montréal métropolitain et avec
celui de Québec où on a autorisé la mise en place
je pense que c'est trois ou quatre à Montréal, deux ou trois
à Québec de foyers de groupes pour jeunes adultes,
mésadaptés sociaux ou autres, pour répondre à des
besoins pressants des centres de services sociaux, soit comme attente ou soit
comme solution définitive. Ces expériences sont en cours et
doivent être réévaluées en cours d'année.
M. Forget: Vous n'avez pas d'impressions préliminaires, si
ce sont des succès, de la part des centres de services sociaux?
M. Lazure: Les centres de services sociaux sont très
heureux de cette expérience, à ce jour, à ma connaissance.
Ils semblent très satisfaits. Il n'y a pas eu d'évaluation du
ministère ou d'évaluation externe de la chose.
M. Forget: La fameuse question des enfants ping-pong, dont on se
souvient, était basée sur une tentative peut-être un peu
maladroite des centres de services sociaux d'utiliser la famille d'accueil ou
quelque chose d'équivalent pour régler les problèmes qui
ne pouvaient pas l'être dans ce cadre, effectivement. Je suis heureux
d'apprendre qu'il y a eu ces expériences pilotes. C'est probablement la
seule réponse, qu'on connaît dans le moment, qui peut apporter une
solution de cette question.
M. Lazure: Pour ce qui est des taux des familles d'accueil, votre
question préalable, c'est bien 8,2% qui ont été
appliqués, arrondis au plus proche chiffre. Maintenant, j'ai
l'arrêté en conseil; je ne sais pas si les chiffres que vous avez
correspondent à l'arrêté en conseil.
M. Forget: Au taux par jour?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Est-ce que, pour de 0 à 4 ans, c'est bien
$3.60?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Et $4.10 pour de 5 à 11 ans?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: Dans le cas du premier, c'était $3.35,
antérieurement, ce qui fait $0.25 d'accroissement, divisé par
$3.35. Cela devrait être $3.72.
M. Lazure: Cela ferait $3.62, cela a été arrondi,
oui.
M. Forget: Oui, en tout cas.
M. Lazure: Cela fait $3.62, on l'a calculé tout à
l'heure à 8,2%. C'est le chiffre de 8% qui a été
appliqué.
M. Forget: J'avais un tableau, ici, avec des pourcentages
différents. Je n'ai pas pris sur moi de refaire les calculs.
M. Lazure: On ne les a pas tous recalculés non plus. On va
vérifier. Peut-être qu'il serait bon... Ce sont les mêmes
chiffres que vous avez: $5.35, $5.80...
M. Forget: $5.05, $4.10 et $3.60.
M. Lazure: On va les recalculer, juste pour être
sûr.
M. Forget: Moi, j'avais 7% pour les deux premiers groupes
d'âge et 8% pour les autres. Et 7% pour l'allocation de $2.20 par jour
pour les cas spéciaux. Maintenant, j'avoue ne pas avoir recalculé
les pourcentages. Je me suis fié à la source où je les ai
trouvés et ce sont des pourcentages inférieurs à 8,2%.
M. Lazure: La décision politique en était une de
8,2%, en tout cas.
M. Forget: Le ministre sera en mesure de vérifier qu'entre
la volonté politique et l'exécution il y a parfois des erreurs et
des...
M. Lazure: II peut y avoir des décimales d'écart,
oui.
M. Forget: ...décimales d'écart, oui. Quand ce ne
sont que des décimales d'écart, on peut quand même se
montrer satisfait.
M. Lazure: Personne n'avait pour objectif de diminuer leur
indexation. Il y a peut-être eu une erreur, on va vérifier.
M. Forget: Pour l'élément 1, la protection de
l'enfance, on a parlé des foyers nourriciers et des garderies. Je crois
que ce sont les deux composantes de ces crédits. Je n'ai pas d'autres
questions sur l'élément 1.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: J'aurais seulement une question qui se rapporte aux
sommes dépensées par ceux qui n'ont pas accès aux
garderies. Le ministre va-t-il faire des pressions auprès de son
collègue du ministère des Finances pour aider ces gens?
M. Lazure: Ceux dont les revenus sont trop élevés
pour qu'ils soient admissibles aux subventions?
M. Shaw: Non, non, ceux qui n'ont pas de garderie disponible chez
eux.
M. Lazure: Ah! Dans la nouvelle politique, il y a des subventions
de démarrage pour les garderies, des subventions spéciales. On a
parlé, tout à l'heure, des subventions pour l'équipement
et l'aménagement qui sont de $12 000, mais il y aura aussi un certain
nombre de subventions de $6000 par année. Combien, M. Angers?
Pour les garderies en milieu défavorisé, il est difficile
de citer un chiffre, mais il y a environ une dizaine de garderies en milieu
défavorisé pour lesquelles on a prévu un montant de $60
000 environ, à raison de $6000 chacune pour le démarrage. Mais en
plus de ces garderies en milieu défavorisé, il est bien entendu
qu'on poursuit l'implantation de garderies dans les autres villes, dans les
autres quartiers. On prévoit que pour l'année le chiffre qu'on va
atteindre serait d'environ 45 à 50 garderies nouvelles qui vont
s'ouvrir. C'est peut-être le sens de votre question?
M. Shaw: Un deuxième sens. Est-ce que le ministère
donne des directives dans certains endroits où il n'y a pas de gens qui
peuvent répondre à ce besoin?
M. Lazure: On fait une incitation aux établissements du
réseau, certainement du réseau des Affaires sociales, et on
demande aux autres ministères de faire la même chose, pour
faciliter la mise sur pied de garderies en milieu de travail, là
où cela n'existe pas, en louant à un prix nominal des locaux.
Cela peut être dans un hôpital, dans un centre d'accueil, et on
espère que les autres ministères, en particulier le
ministère de l'Éducation, le feront pour des locaux qui seraient
libres actuellement.
M. Shaw: Est-ce que vous pensez dans le même sens appliquer
ce module dans les industries aussi?
M. Lazure: Oui, on n'a pas encore commencé les
démarches, mais il est certain qu'on va inciter les entreprises
privées de la même façon, et les subventions
d'aménagement seront disponibles
de la même façon que pour des entreprises du secteur
parapublic ou public.
M. Shaw: Est-ce que vous voyez une augmentation du nombre, un
accroissement du nombre de parents qui cherchent des garderies pour les
enfants? Est-ce que vous avez des pressions de la population?
M. Lazure: Oui, le directeur du service peut en parler. M.
Angers.
En fait, à chaque jour pratiquement on examine de nouveaux
projets qui résultent souvent d'une demande de la population locale.
C'est d'abord la population qui ressent son besoin de services de garde et qui
prend sur elle-même de l'organiser. Les garderies ne sont pas des
garderies établies par le ministère, mais elles répondent
à un besoin qu'une collectivité ressent et auquel on veut
apporter une solution. Il ne faut pas non plus penser qu'on est tout à
fait dépourvu en ressources. Bien sûr, à mesure qu'on rend
la garderie plus facile d'accès du point de vue financier, on
accroît la demande pour le nombre de places dont on aurait besoin, mais
je pense qu'à l'heure actuelle on a quand même un embryon de
réseau qui est passablement ramifié, qui s'étend dans
toutes les villes d'importance à peu d'exceptions près.
J'entends, par villes d'importance, les villes qui ont plus de 10 000
habitants, parce qu'en deçà de 10000 il est assez difficile
d'assurer la survie de la garderie. Je ne crois pas non plus qu'il faille
exagérer la demande et penser que, compte tenu du coût que
représente la garde, quand même, pour les familles qui ne sont pas
éligibles à l'aide du ministère, on est entièrement
dépourvu ou qu'on ne parvient pas à répondre
raisonnablement aux besoins.
Je ne dis pas que dans certains quartiers ou dans certains endroits on
ne puisse pas trouver facilement une garderie, mais il reste que je pense qu'il
y a quand même un point de départ.
Au 31 mars 1977, on a 11 030 places de garderie distribuées dans
258 garderies. Vous l'avez sur votre tableau. Il est à noter que 4000 de
ces 11 000 places sont dans les garderies à but lucratif; donc, 7000
à but non lucratif. Durant l'année qui vient de finir, on a
reçu 166 projets de garderies; 44 ont reçu leur permis et 80 sont
encore à l'étude, mais 32 ont été acceptés
en principe.
Il y a une arrivée assez impressionnante de demandes, mais on
espère que cela va augmenter, parce qu'au fond 11 000 places, c'est
à peu près 10% du nombre d'enfants dont la mère est au
travail.
M. Shaw: Sur la question des maternelles, le ministère a
changé la politique des maternelles l'année passée et cela
a été changé après encore une fois. Est-ce que vous
prévoyez un autre changement de la politique des maternelles?
M. Lazure: C'est un des points épineux où on
espère que le comité interministériel Éducation,
Affaires sociales et Conseil du statut de la femme va trouver une solution
permanente. On va de so- lution temporaire en solution temporaire. Le
ministère des Affaires sociales conserve un droit de délivrance
de permis pour ces institutions; on ne leur donne pas d'argent.
M. Shaw: II n'y a pas de coûts pour le gouvernement.
M. Lazure: On n'a pas prévu de coûts. Ce n'est pas
financé d'ailleurs. C'est la tradition de ne pas les financer. Ce sont
les prématernelles qui, d'après nous, devraient relever du
ministère de l'Éducation. Devant les difficultés de faire
accepter à court terme cette responsabilité au ministère
de l'Éducation qui n'est pas jusqu'à maintenant impliqué,
le ministère, comme vous le dites, a changé sa façon de
voir et a décidé de maintenir le statu quo tant que le
comité interministériel n'aurait pas statué.
Tout ce que nous faisons, c'est émettre un permis pour assurer la
protection des enfants. On pourrait souhaiter que le ministère de
l'Éducation accorde autant d'intérêt à la population
préscolaire qu'il en accorde depuis quelques années à la
population collégiale ou universitaire. Il y a une disproportion entre
l'intérêt très restreint vis-à-vis de la population
préscolaire.
M. Shaw: Est-ce que vous prévoyez, si cette
responsabilité est assumée par le ministère de
l'Éducation, que l'implication des coûts va peut-être causer
un gros changement dans la politique des maternelles maintenant? Nous avons un
surplus d'enseignants. Ceux qui s'occupent des maternelles ont une formation
spéciale. Ils ont un peu peur s'il y a des pressions vers le
ministère de l'Éducation, de perdre leur place dans ces
maternelles.
M. Lazure: Je ne le sais vraiment pas. On ne peut pas
présumer des recommandations de ce comité
interministériel.
M. Shaw: Presque toutes les autres provinces qui s'occupent des
maternelles le font par le ministère des Affaires sociales pour presque
la même raison.
M. Lazure: II reste qu'au Québec il y a tout un programme
de prématernelle qui est intégré aux activités du
ministère de l'Éducation dans les milieux
défavorisés. C'est là qu'on retrouve la
difficulté.
C'est important que la discussion se fasse avec le ministère de
l'Éducation pour déterminer qui est responsable. Ce sont des
prématernelles pour enfants de quatre ou cinq ans et même trois
ans en milieu défavorisé. C'est un programme du ministère
de l'Éducation, II faut absolument assurer la cohérence entre les
deux programmes et les programmes de garderies. Malgré tout, nos
programmes de garderies ont des objectifs différents de ceux des
prématernelles.
M. Shaw: Est-ce que cela peut marcher à l'avantage de ces
maternelles qui sont déjà en
place et qui ne sont pas un coût du gouvernement?
M. Lazure: Je n'ai pas de réponse. Comme je vous l'ai dit
tout à l'heure, nous avons décidé de maintenir tout
simplement l'émission de permis. C'est autant à leur demande
qu'à notre demande. Quand le comité interministériel fera
son rapport, on pourra en discuter à nouveau.
Nous pensons que ces prématernelles sont valables. C'est pour
cela qu'on a demandé l'extension du permis. C'est pour cela qu'on a
accepté de couvrir, avec notre juridiction, leur existence. On pense que
c'est valable. Je ne dis pas que cela doit nécessairement être
assumé par l'Éducation. Ce n'est pas cela.
M. Shaw: C'est tout pour moi.
Le Président (M. Marcoux): Programme 9,
élément 1 adopté? Adopté. Élément
2.
Hébergement des adultes et des personnes
âgées
M. Forget: M. le Président, dans les crédits pour
l'année en cours, il y a une somme de $5 millions qui est prévue
pour l'ouverture de 1600 lits d'hébergement. J'imagine qu'il s'agit du
résultat de l'impact sur les dépenses de fonctionnement, de
l'exécution des premières phases, de la dernière
année du programme triennal de 1973/76 et de la première phase du
programme quinquennal de 1976/81 dans le domaine des centres
d'hébergement. Serait-il possible d'avoir une ventilation, par centre
d'accueil, de cette somme additionnelle de $5 millions pour les 1600 lits
nouveaux?
M. Lazure: II s'agit d'un nombre maximum, 1600 lits pour une
somme de $5 043 000. Il y a une série de nouveaux centres d'accueil qui
doivent ouvrir, au cours de l'année financière. Cela totalise 938
lits. Il y a ensuite une deuxième série, 119 lits qui sont des
lits ajoutés à des centres existants. Le troisième groupe,
c'est l'intégration de ressources privées existantes qui
s'intègrent au réseau public. Ceci nous donne un total de 1385
lits. Le reste de l'argent, à l'intérieur de ces $5 millions,
sera utilisé pour embaucher plus de personnel dans les centres d'accueil
existants parce qu'on leur demande de plus en plus de prendre des cas lourds,
A-3, A-4, des cas difficiles. Je n'ai pas d'objection à distribuer ce
tableau.
Il peut y avoir, je pense, le nombre de lits et la date d'ouverture qui
est indiquée à côté de chaque centre d'accueil
nouveau, cela reste sujet, évidemment, à certaines modifications
mineures selon les travaux des entrepreneurs ou des professionnels.
M. Forget: Est-ce que cela est en termes annualisés, ces
crédits?
M. Lazure: Non. On m'a dit que ce sont $7 millions
annualisés.
M. Forget: II y a des choses que je ne m'explique pas dans
l'évolution extrêmement rapide à la baisse des
prévisions de développement dans ce secteur. Comme le ministre a
tantôt fait allusion aux prévisions du gouvernement
précédent quant au budget 1977/78, ce que je n'avais pas fait
jusqu'à maintenant, mais comme il a lui-même fait allusion
à ces projets, je pense qu'il n'a pas d'objections à ce qu'on en
parle.
Effectivement, en septembre dernier, le gouvernement
précédent, sur la base des estimations faites par le
ministère à l'époque, prévoyait avoir besoin pour
l'exercice 1977/78 d'une somme, pour l'hébergement toujours pour
la réadaptation, on n'en a pas parlé mais on prévoyait
aussi $5 millions, et on a vu ce matin qu'il n'y aurait rien du tout
mais pour l'hébergement on prévoyait avoir besoin de $13 650
000.
M. Lazure: Vous aviez prévu un tas de choses mais vous ne
nous avez rien laissé dans les caisses, c'est le problème.
M. Forget: Sauf le surplus de l'assurance-maladie que vous avez
transmis à votre collègue des Finances. Évidemment, avec
cela, vous auriez pu faire fonctionner les centres d'hébergement.
M. Lazure: Vous aviez commencé à vous en
servir.
M. Forget: Bien non! Ce sont les crédits de cette
année.
M. Lazure: La Caisse de dépôt, par exemple. L'argent
de la régie à la Caisse de dépôt, cela fait quelques
années que ça dure.
M. Forget: On n'a pas pu se servir des sommes que vous utilisez
cette année. À moins d'être un magicien, vous ne pouvez
certainement pas utiliser deux fois les mêmes sommes. Il reste qu'il y
avait $13 650 000 et même une liste de projets. J'aimerais avoir la liste
des projets qui sont désormais envisagés avec ces crédits
réduits de manière à voir où le ministre a
établi des coupures.
M. Lazure: Elle s'en vient la liste. Je dois dire, aussi, que le
ministre n'a pas pu réaliser beaucoup des coupures dans ce domaine parce
que c'est le processus budgétaire normal qui s'est poursuivi, à
toutes fins pratiques.
M. Forget: II comporte, comme on sait, des coupures. Il consiste
à couper les estimations initiales.
M. Lazure: Cela a été surtout réalisé
en fonction de deux facteurs, la réalisation ou le stade de
réalisation des projets en cours où il y a souvent des retards,
des projets qui devaient démarrer, mais qui n'ont pas
démarré. Je veux dire que les sommes finales accordées par
le Conseil du trésor l'ont été sur une base de ce qui
semblait réaliste, compte tenu de l'état de réalisation
des travaux.
Deuxièmement, il y a encore dans nos alloca-
tions des ressources, actuellement, un certain nombre de lits qui seront
prêts à ouvrir en fin d'année financière et qui
seront retardés pour faire face à la pression de l'alourdissement
de la clientèle qui est très sérieux dans plusieurs
centres d'accueil. Des projets n'ont été modifiés ou
retardés d'aucune façon et il n'est pas prévu que des
projets demeurent non ouverts de façon volontaire.
M. Forget: On avait prévu, en octobre 1976, l'ouverture de
2100 lits d'hébergement. Je vois qu'on prévoit maintenant
l'ouverture de 1600 lits. C'est une différence de 500, et une
différence de 500 pour des projets qui, nécessairement, puisqu'on
les prévoyait en dedans d'un court délai, devraient
déjà être commencés. Parce que si un projet
n'était pas commencé en octobre 1976, il est, comme on sait,
physiquement impossible qu'il commence à fonctionner avant le 1er avril
1978, qui est la limite qu'on considère dans les crédits de cette
année. Évidemment, il y a bien des choses qu'on peut faire. Je
n'apprends rien à personne en disant que c'est une technique
budgétaire qui a été utilisée souvent, dans le
passé, que de ralentir la réalisation des projets ou de
différer l'ouverture des projets. Je pense qu'on pourrait utilement
passer un certain temps pour identifier les cas de ralentissement ou
d'ouvertures différées. Dès qu'on aura les documents
comparatifs, il me fera plaisir...
M. Lazure: De quelle époque parlez-vous, pour les projets
dont l'ouverture a été différée? Avant le 15
novembre 1976 ou après?
M. Forget: Je vais recommencer mon explication, M. le ministre.
Il y avait 2100 lits qui étaient prévus.
M. Lazure: J'ai compris l'explication. M. Forget: Vous
avez la réponse?
M. Lazure: Non, parce que vous dites... Tout le monde sait que
c'est un jeu d'enfants de différer des ouvertures de projets. Je vous
pose la question, à travers la présidence de la commission:
Est-ce que vous faites allusion à l'époque postérieure au
nouveau gouvernement?
M. Forget: Le problème ne s'est pas posé avant.
M. Lazure: C'est parce qu'on peut en parler dans les deux
hypothèses, vous savez. Il y a quand même plusieurs projets dont
l'ouverture a été différée sous le gouvernement
antérieur.
M. Forget: C'est sûr, c'est pour cela que je vous en parle.
Je sais que cela existe. Je veux que vous identifiez ceux que vous avez
différés. Je ne dis pas que cela n'existe pas, je ne dis pas que
d'autres ne l'ont pas fait dans le passé.
M. Lazure: Ensuite, on va identifier ceux que vous avez
différés.
M. Forget: J'espère que vous n'avez pas d'objection.
M. Lazure: On en a différé pour étude plus
approfondie.
M. Forget: Alors, là, vous n'avez pas compris ma question.
Ceux qui ont été différés et qui ont un impact sur
l'année budgétaire en cours, ce ne sont pas des projets que l'on
peut étudier, parce que ces projets, comme on en prévoyait
l'ouverture dans la période qui va du 1er avril 1977 au 31 mars 1978,
ils n'étaient plus nécessairement à l'état de
projets.
M. Lazure: J'ai bien compris ce que vous venez de dire.
M. Forget: Ils étaient à l'étape de
réalisation.
M. Lazure: Je vous fais remarquer simplement que, si vous
voulez...
M. Forget: Donc, on ne peut pas étudier des choses qui
sont en train de se réaliser.
M. Lazure: ...aborder cette étude...
M. Forget: On ne peut que retarder leur réalisation.
M. Lazure: ...on pourra faire la contrepartie aussi.
M. Forget: Malheureusement, M. le ministre, on ne regarde pas
actuellement les crédits des années antérieures, on
regarde les crédits de l'année en cours. Comme vous avez fait
allusion à des prévisions, je me permets de vous demander...
M. Lazure: Cela touche les crédits en cours.
M. Forget: ...les raisons qui font que les prévisions, qui
envisageaient l'ouverture de 2100 lits au 1er octobre ou à la fin de
septembre, sont devenues des prévisions de 1600 rendu au mois de mai,
puis même plus tôt que le mois de mai, parce que ces chiffres ont
été préparés, j'imagine, dans les semaines qui ont
précédé leur dépôt à
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire en janvier. C'est
ordinairement la date où on finalise les budgets.
M. Lazure: Tout ce que je peux répondre on pourra
essayer de faire la conciliation précise, M. Forget c'est qu'il
n'y a eu aucun arrêt volontaire ou retard volontaire ou involontaire de
projets qui avaient été amorcés ou de réalisation
de centres d'accueil d'hébergement. Il y a deux opérations de
diminution. Il y a eu une diminution des crédits accordés par
rapport à ce qui avait été demandé à
l'origine pour tenir compte de la réalité à ce mo-
ment. Là, il y en a une deuxième pour tenir compte de la
réalité actuelle.
M. Forget: Et qui est encore inférieure à
celle-ci.
M. Lazure: Qui est celle que je vous ai donnée tout
à l'heure, mais qui est, en fait, un peu inférieure aux 1600.
C'est rendu à 1300, à toutes fins pratiques, avec un report de
802 lits qui seront ouverts dès le début de l'année
suivante.
M. Forget: Là, je vois qu'il est six heures. On vient de
nous distribuer les nouveaux lits d'hébergement. Si je comprends bien le
sens de ce document, ce sont les ouvertures prévues pour cette
année.
M. Lazure: Si tout va bien dans les travaux.
M. Forget: Les débuts de fonctionnement, d'accord. S'il
n'y a pas de grève de la construction, etc.
M. Lazure: C'est cela.
M. Forget: Alors, je vais comparer et je pense que je pourrai
poser des questions plus spécifiques à la reprise de nos
travaux.
M. Lazure: Excellente idée.
M. Gagnon: Est-ce qu'on va en finir de poser les mêmes
questions, à un moment donné?
M. Forget: Je suggérerais aux membres de la commission qui
se croient lésés dans leur droit de parole d'arriver à
l'heure, de façon que la commission soit présente, et
d'être présents en nombre suffisant pour qu'on ait le caucus
à tout moment. À ce moment-là, tout le monde va avoir le
droit de parole. Mais, comme on a été ici à attendre
pendant une demi-heure que se présentent suffisamment de
députés ministériels pour pouvoir commencer nos travaux,
je pense que vraiment personne n'a le droit de se plaindre.
Le Président (M. Marcoux): La commission des affaires
sociales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1 )