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(Douze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Forget): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 2, Loi modifiant la Loi
sur l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplaçants?
Le Secrétaire: oui, m. le président. mme bleau
(groulx) remplacera m. chagnon (saint-louis), m. macmillan (papineau)
remplacera m. farah (îles-de-la-madeleine), m. garon (lévis)
remplacera m. lazure (la prairie) et m. messier (saint-hyacinthe) remplacera m.
williams (nel-ligan).
Le Président (M. Forget): Alors, c'est complet des
remplaçants.
Le Secrétaire: C'est complet.
Le Président (M. Forget): M. le ministre, est-ce que vous
avez des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: Oui, je pense que ce projet de loi qui a
été adopté à l'unanimité à
l'Assemblée nationale, quant à l'adoption en principe, a
été l'occasion aussi d'un échange où on a
semblé mettre l'accent, du côté de l'Opposition, sur une
objection provenant de l'Union des municipalités. Je comprends que
l'Opposition ait fait part à la Chambre de cette prise de position de
l'Union des municipalités. J'avais dit, à ce moment-là,
que je n'avais pas d'objection à ce que l'on puisse essayer de
répondre d'une façon convenable aux objections, s'il y en avait,
de la part de cette importante instance. J'avais moi-même
évidemment reçu cette lettre qui m'était adressée.
J'ai reçu une autre lettre ce matin provenant de M. Rouillard et je
voudrais en faire part. Je pense bien qu'on voudrait en avoir une connaissance,
je m'imagine. Mais étant donné que l'Opposition avait reçu
la première lettre, je m'imaginais que l'Opposition avait reçu
copie de la deuxième.
M. Léonard: Peut-être dans le courrier de ce matin.
Au moment où je suis parti pour la Chambre je n'en avais pas pris
connaissance.
M. Levesque: Dans ce cas-là, il serait bon que je la lise
pour que l'Opposition en ait connaissance. Elle est datée de
Montréal, le 15 décembre 1989. Elle m'est adressée et
l'objet c'est: Amendement au projet de loi 2, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. "M. le ministre, suite aux échanges que l'Union des
municipalités du Québec a eus avec les représentants de
votre ministère quant au sujet en titre, nous sommes satisfaits des
amendements que le ministère des Finances entend apporter au projet de
loi 2. Ces amendements concernent l'article 5 du projet de loi et
réfèrent à l'article 69.6 de la Loi sur l'administration
financière. Le paragraphe 6, à la troisième ligne, est
amputé des mots "ou en partie" afin que la portée de l'article se
limite aux programmes subventionnés à 100 % par le gouvernement.
Et le paragraphe 7, à la deuxième ligne, se voit ajouter les mots
"à l'exception des municipalités et autres organismes municipaux"
après le mot "gouvernement" afin d'éviter toute
interprétation erronée quant à l'objectif et aux moyens
dont sera doté le fonds de financement. Le sens de ces amendements ne
vient que confirmer l'autonomie financière dont jouissent les
municipalités du Québec depuis la réforme de la
fiscalité municipale de 1979. Veuillez agréer, M. le ministre,
l'expression de mes sentiments les meilleurs à l'aube d'une nouvelle
année. Président et maire de Valcourt, Camille Rouillard." Et
copie à M. Yvon Picotte, ministre des Affaires municipales.
Maintenant, pour résumer... Oui, vous pouvez en avoir une copie,
je vais vous en faire parvenir une dans les meilleurs délais. En
résumé, l'Union des municipalités est d'accord avec les
dispositions de l'article 36, je crois, 36c, où on lit: "Le ministre
peut placer à court terme toute partie du fonds consolidé du
revenu qui n'est pas requise pour le paiement des dépenses: c dans des
titres émis par les municipalités du Québec." Alors, je
pense peut-être qu'il y a eu un moment d'interprétation
différente, mais ils sont maintenant d'accord. L'Union est d'accord pour
que ça demeure là-dedans et nous demande de le laisser
là.
Deuxièmement, l'Union demande également-est d'accord pour
être mise en cause lorsqu'il s'agit d'emprunts où il y a
subvention de la part du gouvernement mais dans le cas, non pas en partie, mais
en totalité. Alors, si le gouvernement est impliqué dans une
opération et qu'il subventionne, la partie subventionnée en
totalité, à ce moment-là, pourrait faire l'objet d'un
emprunt fait en vertu de ce projet de loi. Évidemment, toujours sur une
base volontaire, comme on l'a toujours dit.
Et troisièmement, cependant, les municipalités sont
exclues dans tous les autres cas dans l'article... Je pense qu'on y arrivera
tout à l'heure. C'est l'article 69.6, 7° paragraphe, c'est
là, les mots "organisme public" incluent les
municipalités. Or, on apporte un amendement qui exclut les
municipalités de l'application de cet article. C'est ça qui
faisait l'objet des objections que j'ai compris étaient celles sur
lesquelles insistait, en particulier, le député de Labelle.
En d'autres mots, l'Union des municipalités, qui était la
seule qui s'était objectée, à notre connaissance, à
ce projet de loi, la seule instance, est maintenant pleinement d'accord avec le
projet de loi, elle sollicite son adoption même avec les amendements sur
lesquels nous sommes tombés d'accord.
Je peux également faire part aux membres de cette commission des
amendements que j'ai l'Intention de soumettre au moment opportun. Il y en a
trois. On pourra peut-être en faire des copies.
Le Président (M. Forget): M. le député de
l'Opposition?
M. Léonard: M. le Président, nous abordons
aujourd'hui l'étude, article par article, du projet de loi qui touche
une réforme de la Loi sur l'administration financière. Je
voudrais quand même rappeler ici, en débutant, les remarques que
j'ai eu à faire au cours de la deuxième lecture.
Auparavant, avant de commencer ces remarques comme telles, je voudrais
m'étonner, il me semble que ce n'est pas tellement conforme à nos
règles que des corps intermédiaires ou, pardon, pas des corps
intermédiaires, mais des municipalités ou l'Union des
municipalités ait eu connaissance des amendements que le
député de Bonaventure ou le ministre des Finances a
présentés ou entendait présenter avant l'Opposition
officielle alors que ça devait normalement être
déposé ici, en commission, avant qu'on en discute. Si je
comprends la teneur de la lettre, et c'est pour ça que j'en ai
demandé une copie, si je comprends la teneur de la lettre du
président de l'UMQ, c'est qu'il a eu connaissance de ces amendements
avant que ça vienne en commission. J'aimerais ça avoir une
directive, M. le Président, auparavant, avant de commencer mes remarques
préliminaires, à l'effet de savoir... est-ce que c'est normal
qu'une telle chose se produise?
M. Levesque: M. le Président, vous me permettrez avant que
vous...
M. Léonard: Ma question s'adresse au président.
M. Levesque: Oui, oui, mais j'ai le droit, moi aussi,
d'intervenir là-dessus. Merci, M. le Président. Il est clair, M.
le Président, à moins de chercher quelque chose d'absolument
éthérique ou de nature absolument théorique, que nous nous
sommes entendus hier - et je l'ai dit d'ailleurs au député de
Labelle et à l'ensemble de l'Assemblée nationale -
qu'étant donné les objections formulées par le
président de l'Union des municipalités, j'allais communiquer avec
eux. Je l'ai dit publiquement ça, je l'ai dit à
l'Assemblée nationale, tout le monde a été au courant de
ça, et que j'essaierais de voir quelle était la nature des
objections afin de pouvoir trouver une solution conforme aux
intérêts de l'ensemble de notre société et
particulièrement du monde municipal. Je l'ai dit.
L'ancien ministre des Affaires municipales devrait être le premier
à concevoir qu'il a souvent lui-même eu à discuter avec
l'Union des municipalités dans l'exercice de ses fonctions. Ce que j'ai
fait, je n'ai pas décidé, je soumets ce matin des amendements en
pleine lumière, dans le plus grand sens démocratique et nous les
avons justement préparés en vue, justement, de répondre
aux objections de l'Opposition et en même temps, aux demandes de l'Union
des municipalités.
C'est à la suite de ces discussions que nous en sommes
arrivés... J'aurais pu attendre quand on arriverait à cet
article-là, article par article, pour soumettre les amendements. J'ai
préféré en faire part immédiatement pour
éviter justement que l'on perde du temps inutile à se chicaner
sur un sujet qui n'est plus au contentieux, qui n'est plus litigieux. C'est un
sujet sur lequel tout le monde s'entend maintenant. Ça répond au
voeu de l'Opposition, ça répond au voeu de l'Union des
municipalités et ça répond au voeu de la Chambre. Alors,
à ce moment-là, je dis: Je suis aussi bien de le dire au
début de mes remarques, pour être aussi transparent que possible,
et ne pas attendre de présenter ça au moment, article par
article, où j'arriverais tout simplement avec une petite
présentation puis un beau discours. Non! J'ai dit: Je pense que ces
gens-là ont le droit de savoir ce qui s'est passé. Je leur ai
dit, hier, que je les informerais en commission des résultats des
démarches qui auraient été faites à la demande
même de l'Opposition. Je suis surpris, M. le Président, de voir
que... Moi, je pensais que j'aurais eu immédiatement - je n'y tiens pas,
la, mais ça m'aurait fait plaisir pareil - je pensais d'avoir des
félicitations de l'efficacité et de la rapidité, la
diligence que nous avions apportée à répondre aux
objections de l'Opposition, aux objections de l'Union des municipalités,
mais ça ne doit pas être dans le jeu, tel que conçu par mes
honorables amis d'en face. Si on veut simplement faire durer le plaisir,
allez-y, allez-y! Nous sommes ici pour le temps que vous voudrez.
M. Léonard: M. le Président, c'est d'une question
de règlement qu'on parie. Ce ne sont pas mes remarques
préliminaires.
Le Président (M. Forget): Oui, oui, justement. Voici
concernant les règlements, il n'y a rien qui empêche, dans nos
règlements, un député de consulter qui il veut, qui il
prétend qu'il a le droit. Deuxième point, c'est tout
simplement... Disons qu'il y a un amendement seulement lorsque l'amendement est
déposé. À part ça, là, il n'y en a pas.
Alors, c'est pour cette raison... M. le ministre va déposer ses
amendements en temps et lieu. Il a décidé d'en parier
immédiatement, mais il aurait pu attendre, étape par
étape.
M. Léonard: M. le Président, je pense que vous ne
répondez pas exatement à la question que j'ai posée. Je
vais la reposer...
Le Président (M. Forget): On va s'entendre.
M. Léonard: Je vais vous la reposer plus clairement, si
c'est possible. Le projet de loi que nous avons devant nous n'est pas un projet
de loi privé, c'est un projet de loi public et il est dans les coutumes
de l'Assemblée nationale de ne jamais dévoiler un projet de loi
public avant qu'il soit déposé devant l'Assemblée
nationale. De la même façon, les amendements qui sont
apportés par le ministre sont déposés ici, en commission
parlementaire, et ne sont pas divulgués avant à d'autres
Intéressés, aux municipalités en l'occurrence, ou à
des corps Intermédiaires ou à qui que ce soit avant que les
parlementaires eux-mêmes en soient saisis. Et je trouve que, là,
il y a un processus qui est inadmissible en droit parlementaire ou en coutume
parlementaire, puis le ministre des Finances qui a été leader du
gouvernement et de l'Opposition assez longtemps sait très bien le point
que je soulève.
Le Président (M. Forget): Alors, M. le
député, je pense que...
M. Levesque: M. le Président, sur le même sujet.
M. Léonard: D'accord.
M. Levesque: Peut-être pour rassurer le
député de Labelle, je dois lui dire que l'Union des
municipalités n'a pas les amendements que j'ai déposés ce
matin. Et lorsque...
M. Léonard: II dit dans sa lettre qu'il les a.
M. Levesque: Oui, oui. Si on compare ce qu'il y a dans la lettre,
substantiellement, nous nous sommes entendus, comme il l'a dit, mais lorsque
vous lirez les amendements, vous ne trouverez pas le texte tel que
mentionné dans la lettre. Donc, on s'est entendus sur la chose, si vous
voulez, mais on n'a sûrement pas remis à l'Union des
municipalités les textes des amendements formels tel que nous l'avons
fait ce matin.
Merci.
M. Léonard: M. le...
M. Levesque: Vous êtes les premiers à en être
saisis.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que je peux
poser une question au ministre des Finances, en l'occurrence? Est-ce qu'il nous
affirme de son siège qu'il n'a pas lu le texte des amendements au
président de l'Union des municipalités du Québec?
M. Levesque: Non, je n'ai jamais lu le texte des amendements au
président de l'Union des municipalités du Québec, sauf
qu'on s'est entendus sur la substance.
M. Léonard: Prenons sa parole. (12 h 45)
Le Président (M. Forget): Je pense que, tout simplement,
il faut quand même être clair, l'amendement est reconnu seulement
lorsqu'il est déposé. Alors, vous savez, là, il faut
être bien clair là-dessus.
M. Léonard: Alors, aux remarques préliminaires.
Le Président (M. Forget): Oui.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Alors, M. le Président, nous avons le
projet de loi 2 devant nous qui crée un fonds de financement au
ministère des Finances qui aura la responsabilité de
négocier les prêts d'une foule d'organismes au Québec.
Quand je dis organisme, c'est dans le sens du texte de loi, mais c'est une
foule d'organismes très importants. Ça comprend les
cégeps, ça comprend les universités, ça comprend
tous les organismes du réseau de la santé et des affaires
sociales, ça comprend les commissions scolaires et la commission
scolaire de Montréal, ça comprend une série d'organismes.
Le ministère des Finances, quant à lui, veut centraliser les
opérations de financement de ces organismes. Nous avons indiqué
qu'en ce qui concerne des prêts ou des emprunts d'organismes qui sont
faits par le ministère des Finances déjà, nous sommes
d'accord que le gouvernement peut regrouper certaines parties de ces emprunts
et pourrait constituer un fonds. C'est pour cette raison que nous avons
voté pour le principe de la deuxième lecture à
l'Assemblée nationale. Il fait déjà des opérations
de prêts. J'ai été au gouvernement, je sais qu'à
l'occasion... J'ai même eu à participer à des discussions
sur de telles opérations. Le ministère des Finances est au
c?ur du financement des organismes que je viens de
citer.
Maintenant, môme si l'objectif est intéressant et louable,
que nous avons voté, nous avons dit à l'Assemblée
nationale que nous avions toute une série d'interrogations par rapport
à cette loi. Le ministre a donné un certain nombre de
réponses. En particulier, il nous a indiqué qu'il y avait comme
ampleur, le fonds qui viendrait dans cette opération au fonds du
financement du ministère des Finances, des sommes pouvant aller
jusqu'à 10 000 000 000 $, 12 000 000 000 $ pour les emprunts
déjà faits auxquels il ajoutait, dans le cas des
municipalités, 9 000 000 000 $. Donc, il parlait d'une somme globale
d'environ 20 000 000 000 $, si j'ai bien compris, hier, ses additions...
M. Levesque: Je n'ai jamais dit ça.
M. Léonard: ...en comprenant les municipalités. Je
pense que ce n'est pas nécessairement dès le début que ces
sommes seront dans ces fonds ou que ces opérations y seront, mais que ce
sera au cours des années. Et, comme vitesse de croisière, on peut
penser qu'il y aura des fonds importants qui vont transiter à titre
d'emprunts, à titre de prêts et par toutes sortes
d'opérations financières dans un tel fonds.
Si les municipalités, comme il vient de l'indiquer, n'y vont pas,
on peut réduire l'ampleur de ces sommes à la moitié,
à peu près. En ce qui concerne les municipalités, on peut
imaginer que c'est de l'ordre de 9 000 000 000 $, parce que c'est ça, la
dette globale des municipalités, actuellement. Maintenant, compte tenu
de l'inflation, dans le temps, ça pourra monter. Il reste qu'il s'agit
d'une masse financière de 10 000 000 000 $ qui va transiter par ces
fonds, si je comprends.
On peut se poser la question: De quoi il s'agit, exactement? Et le
ministre pourra rectifier, corriger, faire les additions et nous les refaire
lui-môme au cours du débat. Je suppose qu'il sait
déjà l'ampleur des sommes qui vont transiter, l'ampleur des
opérations financières qui vont exister dans ce fonds. Je vais
lui poser une question en partant, il pourra y répondre tout à
l'heure ou à 15 heures. Est-ce que ce n'est pas là une
façon de faire ce qu'on a dit publiquement qu'on ne ferait pas, de
diviser la Caisse de dépôt et placement du Québec et
d'empêcher que la Caisse de dépôt et placement du
Québec ne touche à des opérations financières
qu'elle pourrait elle-même faire et qu'elle est habituée à
faire d'une autre façon et qu'elle pourrait faire sans qu'on transite
par des fonds et des créations de fonds comme celle-là?
Évidemment, il veut centraliser les opérations de
financement au ministère des Finances et, jusqu'à un certain
point, comme on l'a dit hier, il n'y a pas d'objection à ce qu'il y en
ait une certaine partie qui soit faite comme cela.
Mais il pourrait se poser la question si ces opérations ne
pourraient pas être faites par d'autres organismes d'État qui
existent déjà et qui pourraient utiliser des fonds de cette
nature dans le cadre d'objectifs qu'ils ont déjà et qu'ils
pourraient appliquer. Alors, c'est une première question, je voudrais
qu'il me rassure sur ce point, parce que la Caisse de dépôt et
placement est un organisme qui fait beaucoup de ces opérations. Alors,
je pense que c'est une question importante, sur laquelle il doit nous
renseigner.
Le ministre, hier, a parlé du pouvoir de négociation du
gouvernement par rapport à celui des organismes visés par le
projet de loi 2. Vous savez, le chef de l'Opposition lui-même est venu
à l'Assemblée nationale participer au débat pour parler
aussi, avec toute son expérience, de ce qui se passait au Québec
et de ce qui se passe encore au Québec sur la question des
marchés secondaires. Jusqu'ici, il existait un marché pour des
titres de tous les organismes dont on parie, un marché important qui
était de l'ordre du 1 000 000 000 $. Le ministre des Finances a
mentionné, hier, qu'il pouvait avoir diminué passablement,
jusqu'à 500 000 000 $, mais nous n'avons pas de garantie
là-dessus, nous ne savons pas exactement. J'aimerais bien qu'il nous
fournisse des statistiques sur cette question et peut-être des
explications, à savoir si la tendance que nous avions auparavant s'est
transformée ou a diminué. Parce qu'on pourrait se poser la
question: Est-ce que les gens, finalement, se sentent moins impliqués
dans leur communauté locale qu'ils ne l'étaient auparavant et
que, finalement, la tendance à la centralisation des opérations
financières qu'on est en train d'effectuer n'est pas une tendance qui
risque d'être dangereuse a terme? Finalement, il n'y aura que quelques
individus, au Québec, qui vont être au courant des
modalités de financement des opérations financières qui
concernent toute espèce d'organisme que nous avons, alors que, dans la
réalité actuelle, il y a plein de gens qui étaient
intéressés et qui participaient au financement de leurs
organismes.
Quand une commission scolaire, auparavant, empruntait, les gens
s'intéressaient à la question pour eux-mêmes, en fait,
participer à la gestion de leur commission scolaire. Même si les
obligations qui étaient émises étaient garanties par le
gouvernement, il reste quand même qu'ils participaient à cette
opération. On pourra faire toute la liste de ces organismes pour dire
que si l'on centralise toutes ces opérations mécaniquement, dans
un endroit très précis, les personnes qui, auparavant,
participaient à ces opérations n'y participeront plus et c'est
autant d'expérience qui leur est arrachée sans qu'il y ait
compensation.
Alors, les gens vont se désintéresser de plus en plus du
financement des immobilisations
de ces organismes; ils vont se désintéresser, ça va
être une autre chose. Et les conséquences de ça, c'est que
lorsque vous ne connaissez pas les coûts, les prix, vous ne connaissez
pas ce que ça implique, finalement, vous réclamez davantage,
toutes sortes d'immobilisations parce que le sentiment, le sens des
responsabilités risque de s'émousser. C'est d'ailleurs la
conséquence de tout mouvement de centralisation. C'est une
conséquence bien vérifiée partout. Lorsque les gens ne
prennent plus de décision, ne sont plus associés aux
décisions, ils s'en désintéressent et ils perdent
l'expérience qui y est associée.
Ces organismes mêmes trouvaient des conditions d'emprunt souvent
plus avantageuses dans leur milieu qu'ailleurs. Le député de
Mille-Îles a parlé des décalages qu'il y avait dans les
points de base, il aurait pu parier des cas où les décalages
étaient dans le sens inverse de ceux qu'il a mentionnés, parce
qu'il en existait. Alors, je crois que, là-dessus, il y a eu des
expériences considérables qui démontrent que les gens
étaient intéressés à leur milieu,
Intéressés à financer les institutions de leur milieu et
que ceci devrait continuer, on devrait vraiment les favoriser en ce
sens-là et, plutôt que de tout centraliser aux Finances, il y a
peut-être d'autres dispositifs qu'on pourrait adopter qui feraient que
les membres des conseils d'administration de ces organismes
s'intéresseraient davantage aux opérations
financières.
Alors, c'est peut-être difficile à expliquer, le mouvement
qui se passe. C'est peut-être associé à ces
phénomènes de centralisation des marchés financiers.
Peut-être bien. Mais peut-être bien que le fait qu'on les force, en
quelque sorte, à toujours passer par le gouvernement, fait que les gens
se désintéressent des décisions qu'ils ont à
prendre. Moi, ça m'inquiète. C'est un phénomène qui
m'inquiète qu'on centralise tout ça vers le gouvernement. Et
c'est le sens même de la réforme du ministre des Finances
actuellement, de centraliser, de centraliser sans impliquer les gens. Et, quand
il nous dit que c'est volontaire, je reviens à ce que j'ai
mentionné hier, le ministre peut, mais lorsque le ministre peut et qu'il
fait ce qu'il peut faire, ce qu'il a le droit de faire, de l'autre
côté, les organismes font ce que le ministre veut qu'ils fassent.
C'est ça qui se passe. Et la liberté ou le volontariat n'est pas
épais dans ce sens-là. Absolument pas. Et je voudrais qu'on
rectifie, parce que là-dessus, je crois qu'il est inexact, mais
absolument inexact, fondamentalement inexact, qu'on dise que cette
opération est volontaire de la part des organismes. Ce n'est pas
ça. Ce n'est même pas le sens de la loi. Le ministre peut le faire
et il va le faire. S'il se donne la peine de passer un projet de loi c'est
parce qu'il veut le faire et l'imposer.
Donc, la participation des organismes, conseils scolaires, conseils
d'université - parce que déjà c'est presque un automatisme
- alors avec une loi comme cela, ça va en être une absolument et
les gens ne sauront même pas où ont été
empruntés les fonds dont ils ont besoin. Ils ne le sauront même
pas. Alors, je pense que sur le plan de l'implication du milieu, le projet de
loi va impliquer une "désimplication" du milieu par rapport aux
opérations de financement, par rapport à l'administration de leur
commission scolaire, par rapport à l'administration de leur
hôpital. Ils vont s'impliquer de moins en moins.
L'autre point qui a été soulevé à
l'Assemblée nationale et particulièrement par le chef de
l'Opposition, c'est sur le pouvoir d'emprunt du gouvernement. Quand on
centralise des emprunts, très bien, on centralise. Le gouvernement
lui-même fait déjà des gestes d'emprunts importants, fait
des emprunts importants, des opérations qui se comptent par centaines de
millions. Mais lorsqu'il va arriver pour centraliser tous les emprunts qu'il a
à faire, qu'il va aller toucher tous les organismes, tous les organismes
d'État, les sociétés d'État, il vient de mettre
dans le paquet plusieurs centaines de millions, voire des milliards, qui vont
s'additionner, s'accumuler au cours des années. Il faut se reposer la
question sur la capacité d'emprunt du gouvernement comme telle. Parce
que lorsque le ministre des Finances dit que la dette accumulée du
Québec est de l'ordre de 28 000 000 000 $ qu'il a empruntés au
cours des années, en réalité, il va falloir ajouter
maintenant les dizaines de milliards qu'empruntent les réseaux des
affaires sociales, les hôpitaux, les commissions scolaires et tous les
organismes d'État. Et, quand la presse elle-même a fait le total
de tous ces emprunts qui se montent dans l'ensemble autour de 75 000 000 000 $,
est-ce que c'est tout ça que le ministre vise? En tenant compte de
l'implication plus ou moins des municipalités dans le sens où...
Alors, est-ce que le gouvernement est capable de prendre ça sous son
bras? Est-ce que le gouvernement, en plus, entend prendre sur lui les emprunts
d'Hydro-Québec? Parce que dans son discours de deuxième lecture,
le ministre a dit qu'Hydro-Québec était exclue. Or, je n'ai vu en
aucun endroit dans le projet de loi qu'Hydro-Québec était exclue.
Est-ce qu'Hydro-Québec est exclue ou pas ou est-elle incluse? C'est une
question.
Par ailleurs, si Hydro-Québec est exclue et qu'on suit la logique
du ministre, on se demande pourquoi, parce que regrouper les emprunts
d'Hydro-Québec avec ceux du gouvernement dans une logique de
centralisation de regroupement des emprunts, pourquoi ne le fait-il pas? Si sa
logique est bonne pour à peu près tout le monde, pourquoi
n'inclut-il pas Hydro-Québec? Et là, on volt l'ampleur de ce
fonds. Peut-être que ça va être un amendement ou une loi
additionnelle qui sera déposé dans six mois si jamais c'est vrai
qu'elle n'est pas incluse, mais jusqu'ici je vois
qu'Hydro-Québec n'est pas exclue et, donc, comme c'est un
organisme d'État, elle est incluse.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Labelle. Compte tenu de l'heure, les travaux de la
séance sont reportés à 15 heures. Je pense qu'il vous
reste cinq minutes encore, M. le député de Labelle. C'est
ça, quatre minutes? Oui. Alors, à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 12)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du budget et de l'administration reprend ses
travaux pour l'étude détaillée du projet de loi 2, Loi
modifiant la Loi sur l'administration financière et d'autres
dispositions législatives.
M. le secrétaire, vous m'informiez tout à l'heure qu'il
restait quatre minutes et quinze secondes sur le temps de parole, je pense, du
député de Labelle. M. le député de Labelle, vous
avez la parole au niveau des remarques préliminaires.
M. Léonard: Oui, M. le Président, je rappelais donc
que ce projet de loi était à l'effet de créer un fonds de
financement dont les conséquences étaient de centraliser tous les
emprunts des organismes publics et parapublics. J'en avals fait la liste en
autant qu'on puisse la faire, puisqu'il y a des dispositions à l'article
36, paragraphes 5, 6 et 7 qui font qu'on ne peut pas dire exactement quels sont
les organismes qui sont visés. On ne peut pas les nommer à tout
le moins. Alors, c'est un projet de loi aussi qui va amener le fonds de
financement qui a été créé à manipuler ou
à transiger sur des milliards dans le temps - je ne dis pas que c'est
immédiatement, le 1er avril - mais où il va s'accumuler des
milliards d'emprunts. D'après les paroles du député de
Mille-Îles hier, on peut même penser qu'il s'agit là de 2
000 000 000 $ par année qui vont s'ajouter à ce fonds
jusqu'à ce qu'on atteigne une vitesse de croisière par laquelle
on va regrouper les emprunts de tous ces organismes publics et parapublics.
Alors, je pense qu'il s'agit d'un dispositif très important. J'ai
même soulevé l'hypothèse, et on confirmera ou on infirmera,
que face à des déclarations qui avaient été faites
par certains personnages, il faudrait diviser la Caisse de dépôt
et placement. Ce n'est pas Impossible que l'effet de la création de ce
fonds de financement soit finalement de diriger vers le fonds des milliards qui
autrement auraient pu aller à la Caisse de dépôt et
placement. Donc, dans les faits, dans la pratique, on divise la Caisse de
dépôt et placement. Alors, j'aimerais bien être
rassuré, mais de façon absolue, quant à cette
hypothèse qu'on est en droit de soulever quand on volt l'ampleur des
sommes dont il est question ici et l'ampleur des opérations d'un tel
fonds. Alors, je pense que c'est un élément très important
que je soulève.
Un autre point que nous voulons soulever et qui a été
abordé, hier, que j'ai abordé moi-même dans mon discours de
deuxième lecture, c'est le rôle du Contrôleur des finances.
On crée un fonds dans lequel il va y avoir des milliards, qui va
échapper au Contrôleur des finances. Ça va être un
fonds qui va exister à côté de l'administration
gouvernementale et on ne voit pas pourquoi, pour ce fonds en particulier, ou
comme pour d'autres qui pourraient exister - mais je pense que je pose la
question de principe - je ne vois pas pourquoi le Contrôleur des finances
n'assume pas ses fonctions quant à ce fonds, quant à d'autres
fonds. Je comprends qu'on va dire que ce n'est pas du même ressort,
ça peut être extra-budgétaire, mais quand même il
s'agit de questions très importantes. À la minute où une
administration publique commence à créer des fonds à
gauche et à droite, à diviser son système, il y a des
risques que nous voulons faire soulever, ici à la commission
parlementaire, et en termes de contrôle, en termes d'unicité de
l'administration publique, ça pose des problèmes, à notre
avis. Je voudrais qu'il y ait des justifications solides qui soient
amenées par le ministre pour maintenir de telles dispositions dans le
projet de loi.
Je pourrais soulever...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: D'autres de mes collègues vont soulever
d'autres points, M. le Président. Je voudrais simplement attirer votre
attention sur le fait que ce projet de loi a une très grande importance
et que nous vouions discuter de tous les aspects et que nous voulons consulter
des organismes à ce sujet. Je vois que mon temps est fini, M. le
Président, je vous remercie...
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez prendre le temps de
conclure, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Ça va. Nous avons dit en
deuxième lecture que nous étions d'accord avec l'idée de
regrouper des emprunts que faisait le gouvernement, mais quant aux
modalités, ici en commission parlementaire, nous entendons soulever tous
les points dont il s'agit, que nous voulons voir redresser et préciser.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député de
Mille-Îles, je crois que vous aviez demandé la parole? Ça
va. M. le ministre, oui.
M. Levesque: Combien de temps, selon les règlements...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que M. le ministre, dans
un premier temps était intervenu?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors le temps de M. le
ministre était épuisé?
M. Levesque: Je suis intervenu très rapidement, moi,
simplement pour dire que j'aurais des amendements. Je n'ai pas pris beaucoup de
temps.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement
pour que M. le ministre...
M. Léonard: Oui. Mais cela n'enlève pas le droit de
mes collègues de parler après? Ça va.
Le Président (M. Lemieux): non, non. est-ce qu'il y a
consentement? c'est parce qu'à ce stade-ci, ça se fait en une
seule intervention. je vois que votre conseiller fait signe que oui. alors,
s'il y a consentement, m. le ministre, vous pouvez prendre la parole.
M. Levesque: Non, j'attendrai...
Le Président (M. Lemieux): On sera quand même
généreux de part et d'autre.
M. Levesque: j'attendrai. si c'est article par article, si c'est
le règlement, je vais le suivre. je vais m'y conformer.
commençons article par article, dans ce cas-là.
M. Léonard: Non, non, ce n'est pas ça qu'on
dit.
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce qu'il y a d'autres
députés qui ont des déclarations d'ouverture à
faire?
M. Levesque: Autrement dit, la question que je pose, M. le
Président, c'est celle-ci: Est-ce qu'en vertu de nos règlements
chacun des membres de la commission a un temps pour des remarques
préliminaires..
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur... M.
Levesque: ...et de quel temps s'agit-il?
Le Président (M. Lemieux): C'est 20 minutes, c'est
l'article 209 qui s'applique. Ici, on m'avait indiqué que M. le
député de Mille-Îles avait des remarques
préliminaires, mais on me fait signe que non. Et ça se fart en
une seule intervention. Chacun des députés membres de cette
commission peut faire des remarques préliminaires ou des
déclarations d'ouverture.
M. Bélisle: La seule chose, M. le Président, que je
voulais tout simplement demander, par courtoisie pour l'ensemble des
collègues de cette commission, c'est qu'étant donné que M.
le ministre a déposé copie de la lettre qu'il a reçue de
l'Union des municipalités du Québec, j'aurais
apprécié que l'on ait aussi la première lettre qui a
été envoyée au député de Labelle hier, de
l'Union des municipalités.
M. Levesque: Non...
Une voix: Elle a été envoyée.
M. Bélisle: La lettre d'hier également?
M. Levesque: Oui, oui.
M. Bélisle: Est-ce que ce serait possible...
M. Léonard: M. le Président...
M. Bélisle: ...d'avoir une copie de la lettre, M. le
ministre, s'il vous plaît?
M. Levesque: Certainement. Les deux lettres m'ont
été adressées, la première avec copie à
l'Opposition et la deuxième, non. Alors, ce matin, ce que j'ai fait,
j'ai déposé celle dont l'Opposition n'avait pas reçu de
copie. Alors, il me fait plaisir, à la demande du député
de Mille-Îles, de déposer également copie de la
première lettre. En attendant, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): J'en autorise le
dépôt.
M. Levesque: ...ce serait peut-être mieux d'entendre les
autres avant, parce qu'à ce moment-là...
M. Léonard: Si vous avez le goût de parler,
on...
Le Président (M. Lemieux): Alors, il y a consentement pour
M. le député de Bonaventure?
M. Levesque: Après.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Alors, j'autorise le
dépôt des deux documents, suite à la demande du
député de Mille-Îles, déposés par M. le
ministre des Finances. M. le ministre des Finances, vous avez la parole sur
consentement.
M. Levesque: Oui, mais j'ai demandé de l'utiliser plus
tard...
Le Président (M. Lemieux): Plus tard?
M. Levesque: ...quand ces messieurs... Peut-être qu'il y a
des remarques qui seront faites auxquelles je voudrais
immédiatement...
Le Président (M. Lemieux): Alors, on va respecter...
M. Levesque: ...répondre.
Le Président (M. Lemieux): ...la règle de
l'alternance. Vu que M. le député Mille-Îles n'a pas pris
la parole, M. le député, vous avez la parole. Je pense que vous
êtes M. le député de Bertrand.
M. François Beaulne
M. Beaulne: C'est ça. Merci, M. le Président. Ce
projet de loi, même s'il est assez mince en termes de nombre d'articles,
soulève de notre part beaucoup plus d'interrogations que des projets sur
lesquels j'ai eu à me pencher jusqu'ici, surtout qui sont
rattachés au ministère du Revenu et qui comportent beaucoup plus
d'articles, d'ailleurs, projets de loi qu'on a expédiés assez
rapidement.
Vous comprendrez bien que certaines des remarques ou certaines des
interrogations qui ont été faites par mon collègue de
Labelle recoupent un peu les préoccupations que j'ai, ainsi que
probablement celles de mes autres collègues et du chef de
l'Opposition.
J'aimerais dire quelques mots sur certains aspects de ce projet, de
façon tout à fait générale, puisque c'est
l'objectif de notre intervention à ce stade-ci. D'abord, le principe de
regroupement des emprunts, qui est l'un des principes sous-jacents à ce
projet de loi. En soi, je ne vois rien qui soit reprochable à cette
tentative de regrouper certains emprunts du secteur public et parapublic du
gouvernement du Québec. Je dis ça sur la base d'une certaine
expérience dans le milieu bancaire où j'étais de l'autre
côté de la clôture, c'est-à-dire où l'avais
à effectuer des prêts, à autoriser des prêts à
des gouvernements. Ces prêts-là étaient effectués
principalement à des ministères et des agences gouvernementales
de pays européens et de pays latino-américains. A ce
niveau-là, même si c'était dans l'intérêt des
institutions bancaires internationales de consentir le plus grand nombre de
crédits possible aux emprunteurs du moment qu'ils étaient
solvables, ce qui était le cas à l'époque, en particulier
au niveau des pays latino-américains qui assuraient la clientèle
du marché des eurocrédits, il n'en demeure pas moins que l'on
constatait, de la part de certains emprunteurs gouvernementaux, un manque de
coordination flagrant entre leurs agences et entre leurs ministères qui,
même s'il était dans l'intérêt des prêteurs,
n'était pas tout à fait dans l'intérêt des
emprunteurs. D'ailleurs, les conséquences que nous avons vues dans le
milieu financier international des années 1982, 1983, 1984 en
témoignent.
Dans ce sens, je puis dire que les efforts non seulement du gouvernement
du Québec, mais de tout gouvernement quel qu'il soit, qui fait rouler
des crédits d'une certaine ampleur et qui a accès au
marché financier pour des volumes assez importants, sont de nature
à être avantageux dans le souci de contrôle du gouvernement
de la masse totale de l'endettement public, mais également du point de
vue des contribuables. Parce que même s'il est vrai que certains des
organismes qui sont mentionnés dans le projet de loi peuvent, jusqu'ici,
emprunter à leur propre nom, sans la garantie du gouvernement, alors que
d'autres bénéficient de la garantie du ministère des
Finances ou de la garantie du gouvernement, il demeure que, du point de vue du
contribuable, c'est quand même une source potentielle d'augmentation
d'impôt et d'augmentation de charges fiscales. Que les commissions
scolaires empruntent à leur propre nom, que d'autres organismes le
fassent, ça n'enlève pas le fardeau qui pèse à la
longue sur le dos du contribuable qui, tôt ou tard, doit assumer les
factures de ces différents organismes-là, quel que soit leur
niveau de coordination ou de contrôle. Alors, dans ce sens-là, et
surtout dans un contexte où on s'en va vers un ralentissement
économique, ralentissement économique qui, si on en juge
d'après la politique de la Banque du Canada et surtout de l'application
de la taxe de vente sur les produits et services du gouvernement
fédéral, pourrait limiter la marge de manoeuvre du ministre des
Finances et surtout du gouverneur de la Banque du Canada quant à la
réduction des taux d'intérêt et ce, en période de
ralentissement ou même peut-être de crise économique.
Ça m'apparait important. Dans ce sens, une approche coordonnée
des emprunts du secteur public et du secteur parapublic est un objectif
louable.
Un autre avantage qui est afférent à cette coordination et
à ce regroupement - et je parle toujours ici au niveau des principes -
c'est la réduction des irais de courtage qui peut en résulter
pour les différents organismes concernés et pour l'ensemble du
gouvernement lui-même. C'est un principe de base fondamental, non
seulement dans le milieu financier, mais également dans tous les
secteurs économiques, que plus la demande est grande, plus le volume de
transactions est élevé, plus on peut négocier un
coût de services avantageux. Et, dans ce sens, le regroupement des
emprunts peut se traduire - et je parie ici essentiellement au niveau des frais
de courtage - par des réductions intéressantes.
un autre élément qui, théoriquement, peut
également représenter un certain avantage de ce regroupement,
c'est l'accès à des marchés financiers beaucoup plus
diversifiés, beaucoup plus importants et beaucoup plus
sophistiqués auxquels peut avoir accès le ministère des
finances du québec, le gouvernement du québec, comme d'ailleurs
hydro-québec, par rapport aux organismes publics comme les
cégeps, les commissions scolaires, les universités ou d'autres
organismes du secteur social ou du secteur universitaire qui sont
énumérés dans le projet de loi. et ceci n'est pas un
avantage à dédaigner quand on connaît l'orientation qu'ont
suivie, au cours des cinq ou six dernières années, les grands
marchés financiers internationaux, d'abord en termes d'orientation de
leur clientèle. comme vous le savez, jusqu'au début des
années quatre-vingt, c'étaient essentiellement les cinq grands
emprunteurs qui font partie des pays nouvellement industrialisés qui
faisaient rouler l'activité bancaire internationale. depuis que ces
pays, à toutes fins pratiques, se sont retirés des marchés
financiers, non pas de leur propre gré, mais parce que les institutions
financières leur ont fermé le robinet, à toutes fins
pratiques, les institutions qui disposent de liquidités
énormes... je vous rappellerai tout simplement que la première
banque internationale, la banque japonaise dai-lchi kangyo compte à son
actif au-delà de 386 000 000 000 $. si l'on prend en
considération que les liquidités totales du secteur bancaire
international sont actuellement de l'ordre d'environ 2 500 000 000 $ par
rapport à environ 200 000 000 000 $ pour le ponds monétaire
international, il demeure que les institutions bancaires internationales sont
là pour faire de l'argent, elles sont donc intéressées
à prêter, mais elles sont intéressées à
prêter à des emprunteurs solvables et à des emprunteurs qui
ont une cote d'une certaine respectabilité dont le gouvernement du
québec. a ce niveau-là, il peut être intéressant
pour le ministère des finances d'utiliser son accès à ces
marchés financiers internationaux pour bénéficier de taux
qui pourraient s'avérer intéressants compte tenu du fait que ce
marché est un marché non contrôlé par rapport aux
marchés domestiques qui sont assujettis, aussi bien aux
états-unis qu'au canada, au taux d'escompte de la banque du canada et
à la politique monétaire de la banque du canada. (15 h 30)
Ces avantages d'accès aux marchés financiers
internationaux, évidemment, doivent être considérés
avec une certaine prudence puisque l'avantage qu'on peut y retirer au niveau du
coût de l'emprunt, c'est-à-dire au niveau des taux
d'intérêt qui sont chargés aux emprunts, doit être
quand môme modéré et doit être quand même
modulé au risque de change qui est afférent aux opérations
qui se transigent dans plusieurs devises.
La question que l'on peut se poser ici-Comme je viens de le souligner,
il y a des avantages énormes à pouvoir avoir accès aux
marchés financiers internationaux et seul le gouvernement du
Québec et les grands organismes du gouvernement du Québec, comme
HydroQuébec, peuvent le faire alors qu'il est bien évident que
des organismes comme les commissions scolaires n'ont pas accès, à
toutes fins pratiques, à ces marchés. Les commissions scolaires
vont chercher à emprunter auprès des grandes banques
internationales, par exemple, les sommes d'argent ou les autres organismes du
secteur public ou parapublic... La réponse qu'elles vont trouver dans
les comités de crédits des banques internationales sera:
Qu'est-ce que c'est que les commissions scolaires de tel endroit, de tel
endroit ou tel endroit? D'autant plus que les caisses populaires
elles-mêmes, le Mouvement Desjardins, lorsqu'il a commencé
à se lancer sur les marchés de capitaux internationaux, a eu
à faire face à toute une question, un problème de
crédibilité auprès des grandes banques internationales qui
savaient très peu ce que c'était, des caisses populaires. Quand
on prête à une caisse populaire ou au Mouvement Desjardins,
à qui est-ce qu'on prête exactement? Ce n'est pas évident
sur le plan des marchés financiers internationaux. Ce l'est moins
maintenant, compte tenu de la taille du Mouvement Desjardins, mais ce
l'était beaucoup moins il y a quelques années.
Cela étant dit, la question qu'on peut se poser, c'est la
question, d'ailleurs, à laquelle a référé, hier, le
chef de l'Opposition et à laquelle le député de Labelle et
moi-même avons référé, c'est cette
présomption du ministre des Finances que les marchés financiers
secondaires auxquels faisaient traditionnellement appel ces
organismes-là, ont sensiblement diminué, sont en voie de
disparition, ou enfin, constituent des sources d'approvisionnement de fonds
beaucoup moins intéressantes. C'est une question que l'on peut se poser
et d'ailleurs, parmi les interrogations que j'ai et sur lesquelles
éventuellement peut-être le ministre des Finances pourrait
apporter certains éclaircissements, c'est justement sur la perception
qu'il a de ces marchés secondaires où les organismes en question
allaient traditionnellement il y a peut-être 15 ou 20 ans puiser leurs
fonds.
Jusqu'à quel point ces marchés se sont
rétrécis au point où le ministre sent le besoin de prendre
à charge les emprunts et les transactions financières de ces
organismes-là? C'est une question peut-être à laquelle vous
pourrez répondre. Un deuxième point sur lequel je voulais
élaborer un peu, c'est le point qu'a touché brièvement mon
collègue de Labelle, c'est-à-dire que représente et que va
représenter à moyen et à long terme, dans la structure
financière du Québec, l'émergence de ce fonds qui, de par
sa nature, si on en juge d'après le projet de loi,
est appelé évidemment à manipuler des
sommes considérables d'argent? Comme vous le savez, il y a un
débat qui a commencé à émerger sur la place
publique quant au rôle de la Caisse de dépôt et placement du
Québec. Il y a eu des allusions qui ont été faites ou des
propositions qui ont été avancées par certaines personnes
et certains groupes sur la croissance ou l'ampleur disproportionnée de
la Caisse de dépôt et placement du Québec, propos que le
premier ministre s'est empressé de réfuter et sur lesquels il est
intervenu pour nous assurer qu'il n'était pas question de
démembrer, de diviser ou de sectionner la Caisse de dépôt.
Bien sûr, c'est une question qui n'est pas directement touchée par
le projet de loi en question ici, mais c'est quand môme une interrogation
que l'on peut se poser parce que, compte tenu de l'ampleur des fonds qui vont
être manipulés par ce fonds du ministère des Finances,
où va se positionner ce fonds sur les marchés financiers et quels
vont être le rôle et l'ampleur de ce fonds sur les marchés
financiers, son impact sur la structure financière du Québec par
rapport au rôle que joue présentement la Caisse de
dépôt?
Je suis de ceux qui croient que non seulement la Caisse de
dépôt ne devrait pas être fractionnée, mais qu'elle
est loin d'avoir atteint, à mon avis, un actif dangereux ou un actif
susceptible d'entraîner des complications pour le secteur industriel ou
pour le secteur financier québécois ou canadien. Quand on songe,
par exemple, que la première des six grandes banques à charte
canadienne, la Banque royale, a un actif de l'ordre d'un peu plus de 60 000 000
000 $ et que la Caisse de dépôt est à environ 30 000 000
000 $ d'actifs, je pense que ceux qui s'énervent et qui montent en
épingle la taille de la Caisse de dépôt, feraient mieux de
se pencher sur les actifs des grandes banques torontoises qui ont un impact sur
les marchés financiers, un pouvoir de négociation et un pouvoir
d'influencer l'activité économique aussi grand, sinon plus que la
Caisse de dépôt. Dans ce sens, j'aimerais également que le
ministre des Finances nous apporte certaines précisions sur la vision
qu'il a de ce fonds à moyen et à long terme et les
modalités qui régiront les activités de ce fonds par
rapport aux activités actuelles de la Caisse de dépôt et
placement du Québec.
Un élément qui nous a surpris et, d ailleurs,
nous l'avons tous relevé également, c'est cette
préoccupation du ministre des Finances de soustraire le fonds à
l'examen du Contrôleur des finances. Cette décision
m'apparaît d'autant plus bizarre que, comme parlementaires - nous sommes
tous des parlementaires, et je parle ici indépendamment des lignes de
partis politiques - vous êtes sans doute conscients, pour avoir lu les
journaux et pour avoir vu les différents sondages, que la
crédibilité des hommes politiques est à la baisse dans
l'opinion publique, non seulement au Québec, mais dans le reste du
Canada. Les scandales qui viennent présentement ternir certains
députés du Parti conservateur au niveau fédéral,
les allusions qui sont portées contre certains agissements de certains
membres du gouvernement du Québec, qu'ils soient prouvés vrais ou
faux, ne sont pas tout à fait de nature à rassurer l'opinion
publique quant à la crédibilité des politiciens. Je voyais
un sondage il n'y a pas tellement longtemps, il y a quelques jours même,
où on plaçait le politicien, parmi une enumeration de
professions, au dernier rang de la crédibilité de l'opinion
publique.
Je pense que, dans un contexte comme celui-là, la
décision de soustraire le fonds au contrôle du Contrôleur
des finances m'apparaît un peu bizarre. Je pense qu'au contraire et ce,
comme je l'ai dit tout à l'heure, indépendamment des lignes de
partisanerie politique, il est de notre devoir et je pense qu'il est même
jusqu'à un certain point de notre survie collective comme profession de
redorer notre blason auprès de l'opinion publique. Et la meilleure
façon de le faire, c'est de montrer une certaine transparence dans
l'administration des finances publiques de façon à ce que
l'opinion publique puisse dire que les gouvernements n'échappent pas aux
vérifications les plus transparentes.
Un autre élément ici que j'aimerais rattacher
à l'aspect du Contrôleur des finances, c'est que, à un
moment où les différents paliers, les différents ordres de
gouvernements, que ce soit les gouvernements municipaux, les gouvernements
provinciaux ou le gouvernement fédéral, cherchent toutes sortes
de façons les plus ingénieuses les unes que les autres pour aller
chercher davantage de fonds dans les goussets des contribuables, la balle va
nous être renvoyée comme elle l'est présentement au niveau
fédéral en disant: Serrez-vous d'abord la ceinture.
Vérifiez votre propre comportement. Enlevez le gras là où
il faut l'enlever. Ça, je le dis sans partisanerie politique, je le dis
d'un point de vue strictement de l'administration et de la gestion des finances
publiques, pour apporter à l'opinion publique québécoise
un certain réconfort et, également, une certaine assurance quant
à la transparence de la gestion des finances publiques. Je sais que,
dans sa réplique, le ministre des Finances, lorsqu'on a discuté
de ce projet en Chambre hier, nous a expliqué certaines des
mécaniques qui pouvaient expliquer qu'il avait soustrait ce projet de
loi au contrôle du Contrôleur des finances, mais, je pense que ce
n'est pas suffisant pour rassurer l'opinion publique. Il est de notre
intérêt, il me semble, comme parlementaires, de trouver tous les
moyens possibles et imaginables pour convaincre l'opinion publique que nous
assurons une saine gestion des finances publiques.
Un autre point sur lequel j'aimerais revenir,
je l'a! un peu soulevé hier dans mes remarques en première
lecture, mais j'aimerais quand même y revenir parce que nous ne nous y
sommes pas assez attardés, c'est la question de l'inclusion ou de
l'exclusion de l'union des municipalités. dans ce sens, je ne veux pas
encore revenir sur la fameuse lettre que nous avons reçue ou sur les
démarches qui ont été faites par l'union des
municipalités du québec, mais j'aimerais simplement insister sur
un autre aspect qui est la cohérence entre les projets de loi que nous
soumet le gouvernement dans cette première session. j'ai eu à
intervenir et à discuter du projet de loi 5 modifiant la
fiscalité municipale. un des objectifs de base de ce projet de loi
était d'assurer aux municipalités une indépendance, une
autonomie politique et, par voie de conséquence, une autonomie
financière et, par conséquent, une autonomie politique et pour ce
faire, le projet de loi prévoyait resserrer les modalités...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Bertrand, s'il vous plaît.
M. Beaulne: ...de taxation qui permettraient aux
municipalités d'avoir accès à leur propre champ de
taxation. Dans ce sens, j'aimerais avoir des précisions quant à
l'Inclusion ou à la non-inclusion des municipalités dans les
organismes visés dans ce projet de loi de façon à assurer
une certaine cohérence avec ce que nous avons étudié dans
le contexte du projet de loi 5. Pour le moment, M. le Président, je
limiterai mes remarques préliminaires à ces
considérations.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. Est-ce qu'il y a d'autres interventions ou
d'autres remarques préliminaires?
M. Boisclair: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, vous avez la parole.
M. André Boisclair
M. Boisclair: II me fait plaisir d'intervenir au moment des
remarques préliminaires à l'étude du projet de loi 2. On
sait que ce projet de loi poursuit quand même trois objectifs. D'une
part, d'instituer un fonds de financement au ministère des Finances. On
sait que le ministère pourra faire un certain nombre de prêts
à des organismes qui sont indiqués dans la loi. On élargit
aussi l'éventail des titres éiigibles au placement temporaire des
surplus du fonds consolidé du revenu et, troisièmement, on
modifie certaines dispositions concernant les institutions
précitées afin de rendre applicables les contributions relatives
au fonds d'amortissement.
Essentiellement, M. le Président, ce que fait le ministre c'est
de créer un fonds de financement au ministère des Finances qui se
trouve, par la même occasion, à centraliser les opérations
de financement de ces organismes, volonté motivée apparemment par
un objectif d'économie. Le ministre a la prétention qu'il est en
mesure de négocier à de meilleurs taux, c'est ce qu'il nous
rappelait au moment de la présentation de la loi.
Si on regarde quelle est la situation actuelle pour ces organismes qui
ont à faire des opérations, d'une part, on s'aperçoit que
le financement des réseaux des sociétés d'Etat, à
l'exclusion, si je ne me trompe pas, d'Hydro-Québec, des emprunts
à long ternie sont négociés et réalisés par
le ministère des Finances. Cependant, chaque emprunt est
réalisé sous le nom de l'établissement emprunteur,
même si le gouvernement et le ministère des Finances prennent la
responsabilité du service de la dette.
Les emprunts sont aussi garantis par des promesses de subvention. Le
ministre, dans la présentation du projet de loi, invoque un certain
nombre d'arguments louables, à notre avis, quant aux motivations qui
l'ont amené à présenter ce projet de loi. D'une part, le
ministre invoque la problématique de la garantie en soulignant, je
crois, à juste titre, que la garantie de subvention est moins attrayante
qu'une garantie inconditionnelle sur le fonds consolidé du revenu.
De plus, le ministre, c'est moins évident cependant, souligne la
décroissance du marché. Il souligne que les investisseurs,
détenteurs de l'épargne, confieraient leurs épargnes
à des gestionnaires de portefeuilles qui, souvent, dit-il, adoptent des
stratégies de placement différentes afin de réaliser un
rendement plus élevé.
Troisièmement, bien sûr, il y a la taille des
émissions qui est aussi soulevée. On souligne la faible
liquidité de ces titres sur les marchés, on souligne le
coût de financement substantiel plus élevé et on invoque,
avec raison je crois, une certaine économie d'échelle.
Cependant, si on analyse la situation, je crois que nous sommes
justifiés de nous demander pourquoi, depuis 25 ans, nos
différents gouvernements respectifs ont refusé de procéder
à l'adoption d'un tel projet de loi. On sait fort bien que dans d'autres
pays, prenons l'exemple des États-Unis ou en Europe, les corps locaux
continuent d'emprunter sur les différents marchés. Il n'est pas
toujours évident non plus que les gens qui achètent des titres,
on parle particulièrement de titres de municipalités,
d'hôpitaux ou de commissions scolaires, sur les marchés locaux,
vont préférer acheter des titres émis par le gouvernement
du Québec. Ce n'est pas évident non plus qu'ils vont maintenant
acheter ces titres si ce projet de loi se concrétisait rapidement. (15 h
45)
Le chef de l'Opposition soulignait d'ailleurs à juste titre et
donnait l'exemple de la ville de Saint-Hyacinthe qui réussissait
à se financer à meilleur taux que ceux que le gouvernement du
Québec était en mesure d'obtenir sur les marchés,
invoquant aussi un certain principe, qui, je crois, économiquement, est
louable et se retrouve dans la réalité, celui de la
loyauté. On sait fort bien que plusieurs caisses populaires ou
différentes institutions financières se sentent souvent
obligées, par loyauté, d'intervenir sur ces marchés et
d'acheter des titres des différents organismes qui sont
mentionnés dans la loi.
Il y a aussi un autre élément et je pense que c'est un
facteur clé de la critique et du questionnement qu'on aura à
faire au ministre. Ce n'est pas évident, non plus, que si on
déplace une somme importante d'argent d'organismes locaux vers le
gouvernement du Québec, le gouvernement du Québec va pouvoir
emprunter et répondre à toute la demande qui sera faite
conséquemment à l'adoption de ce projet de loi et à la
mise sur pied du fonds. Si les conditions sont si avantageuses que le ministre
pourrait le prétendre, on pourrait anticiper un tel mouvement dans le
marché. Et il n'est pas évident que le ministre des Finances sera
capable de répondre à toutes les demandes. Conséquemment,
II aura donc à faire un certain nombre de choix en fonction de
critères dont on n'a pas connaissance et qui ne sont pas
mentionnés dans la loi. Nous ne savons pas sur quoi ces choix seront
basés. Est-ce que ce seront ceux qui seront plus méritants ou
moins méritants? Nous n'en avons aucune indication dans le projet de loi
et j'aimerais avoir un certain nombre de réponses du ministre à
cet égard-là.
Aussi, le ministre invoque, comme je le disais tout à l'heure, la
décroissance du marché. A cet égard, il dit: En effet, les
particuliers qui achètent ce genre de titres ont de plus en plus
tendance à confier leurs épargnes à des gestionnaires de
portefeuilles qui adoptent évidemment - il dit bien "évidemment"
- des stratégies de placement différentes afin de réaliser
des rendements plus élevés. On conviendra tous ici, autour de la
table, que les investisseurs recherchent bien évidemment des rendements
élevés. Mais la démonstration, quant à moi, n'est
pas faite que la demande, à l'heure actuelle, sur les marchés
locaux, est en train de s'effriter. Et la démonstration est fort simple
à faire. Puisqu'à l'heure actuelle on retrouve sur le
marché, à la fois des titres qui viennent des
municipalités, des commissions scolaires et des hôpitaux ou
d'autres institutions et qu'il existe, à la fois aussi des titres, sur
le marché, qui viennent du gouvernement du Québec et que des gens
possédant toute l'Information nécessaire choisissent à bon
escient des titres qui viennent des organismes mentionnés dans la loi,
la démonstration, quant à moi, n'est pas faite que la demande
pour ces titres-là est en baisse, à moins que le ministre puisse
nous fournir un certain nombre de préoccupations ou de chiffres à
cet égard-là. il y a aussi, et le député de labelle
l'a souligné à juste titre, je crois, les conséquences de
l'implication du gouvernement du québec dans ce marché. il y a un
risque évident, à mon avis, de créer un certain vide sur
les marchés locaux. jusqu'à quel point ce geste qu'on poserait
n'aurait pas comme conséquence de déresponsabiliser un certain
nombre d'intervenants qui, auparavant, intervenaient et transigeaient dans les
marchés. l'opposition a soulevé aussi à plusieurs reprises
le fait que ce soit le ministre des finances et non pas le contrôleur
général qui ait la responsabilité de la
comptabilité et de l'enregistrement des engagements financiers. et le
ministre, dans sa réplique à notre questionnement, nous disait:
ii s'agit justement d'un fonds qui n'est pas dans un fonds consolidé du
revenu, qui est un fonds spécial. or, chaque fois qu'il y a eu
création d'un fonds spécial, on a eu cette disposition. la
disposition est conforme à celle applicable aux autres fonds
constitués dans les différents ministères qui confient la
gestion du fonds au ministère des finances et leur comptabilité
et l'enregistrement des engagements financiers au ministre responsable qui est,
en l'occurrence, le ministre des finances.
Il est quand même intéressant de consulter le rapport remis
à l'Assemblée nationale du Vérificateur
général qui, dans son mandat, a la responsabilité
d'étudier la gestion des fonds spéciaux, des fonds renouvelables
qui sont administrés par le gouvernement. Le Vérificateur
général a étudié deux fonds dans son rapport,
à savoir le Fonds renouvelable des publications gouvernementales et le
Fonds renouvelable du service aérien gouvernemental. Je conviendrai avec
vous que ces fonds ne sont pas de l'ampleur du fonds qui est proposé ici
aujourd'hui, mais cependant, il y a un certain nombre d'interrogations qui ont
été faites au niveau de la gestion et de l'efficacité du
contrôle au niveau de ces fonds-là. Vous me permettrez de
souligner les deux commentaires que le Vérificateur
général fait. Il dit, d'une part: "Des mesures devraient
être prises afin de compléter l'implantation de logiciels. Le
fonds devrait mettre en place des contrôles comptables plus
adéquats. " Donc, dès le départ, il y a quand même
un certain doute quant à la rigueur de la gestion qui est faite pour ce
fonds-là.
Un autre fonds, je vous parlais du Fonds renouvelable du service
aérien gouvernemental, le Vérificateur général
fait, comme recommandation: "Le fonds devrait exercer un contrôle plus
rigoureux sur ses stocks. " Donc, il y a un certain nombre d'Interrogations. Je
pense que nous sommes en droit, à titre de représentants de nos
électeurs, de voir, justement, à ce qu'il y ait une bonne rigueur
dans la gestion et dans le contrôle
des fonds que le gouvernement du Québec a à
gérer.
Donc, pour un certain nombre de considérations, M. le
Président, je pense que, de notre côté, on peut se
questionner, à juste titre, sur la façon dont ce projet de loi a
été amené. On avait copie de la correspondance de l'Union
des municipalités du Québec qui, d'une part, manifestait son
opposition à ce projet de loi et, deuxièmement, on reçoit,
en date d'aujourd'hui, une lettre nous disant que, soudainement, ayant pris
sans doute connaissance des amendements que le ministre avait l'intention
d'apporter à la loi, d'un certain nombre de préoccupations, elle
serait maintenant favorable, à la suite de l'inclusion des amendements
qui étaient proposés, à ce projet de loi-là. Il
serait intéressant, je crois, que les membres de cette commission
puissent entendre les représentants de l'Union des municipalités
du Québec, pour voir justement quelle était leur motivation. Ils
soulignaient, à juste titre, dans leur lettre, la problématique
de l'autonomie municipale, qu'est-ce qui les a amenés à changer
de cap et qu'est-ce qui les a amenés, d'abord et avant tout, à
manifester leur opposition à ce projet de loi?
Il y a d'autres intervenants qui n'ont pas eu l'occasion de se prononcer
sur ce projet de loi. Prenons, par exemple, le mouvement Desjardins et les
caisses populaires qui, on le sait fort bien, auparavant, ont souvent
acheté des titres des commissions scolaires et des hôpitaux, des
titres qui maintenant seraient de la responsabilité du gouvernement du
Québec. Donc, il y a un certain nombre de questions qu'on peut se poser
quant à la façon dont le projet de loi a été
amené. Je crois qu'à juste titre, en tout cas, il y a un certain
nombre d'interrogations qu'on peut se poser. J'espère, en tout cas, que
le ministre sera à même de répondre à nos questions
sur ce sujet-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. Oui, Mme la députée de Groulx, je
crois; c'est bien ça.
Mme Bleau: C'est Groulx, oui. Seulement quelques remarques
à la suite de l'intervention de notre jeune collègue de l'autre
côté. C'est que lorsqu'il parle des caisses populaires et du fait
qu'on peut leur enlever un certain marché, par contre, l'année
dernière, je pense qu'on leur en a donné un bon en leur
permettant de vendre des assurances sur les maisons, les autos, etc. Je pense
bien que ce n'est pas le but du projet de loi, d'enlever quelque chose aux
caisses populaires et je pense qu'il faudrait bien en faire la remarque. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Groulx. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Léonard: bien, je pense qu'on avait convenu que m. le
chef de l'opposition échangerait avec le ministre des finances, mais en
son absence, est-ce qu'on peut demander une suspension de séance, s'il
vous plaît? parce que la, il n'y a personne. justement, l'objectif,
c'était de...
Le Président (M. Lemieux): Actuellement, on me dit qu'il
est en discussion avec son homologue fédéral.
M. Léonard: Mais c'est justement.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Labelle, moi, je n'ai pas d'objection. On pourrait
peut-être suspendre cinq minutes.
M. Léonard: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je pense qu'il ne faut pas
être rigide.
M. Léonard: O.K., merci.
Le Président (M. Lemieux): On pourrait suspendre cinq
minutes.
M. Léonard: Très bien. (Suspension de la
séance à 15 h 54)
(Reprise à 16 h 2)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à l'étude du projet de loi 2, Loi modifiant la Loi
sur l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. M. le chef de l'Opposition officielle, M. le
député de l'Assomption, a demandé la parole. Est-ce qu'il
y a consentement pour que le chef de l'Opposition officielle puisse participer
aux travaux et que le ministre des Finances puisse intervenir à nouveau
à ce stade-ci de nos travaux au niveau des remarques
préliminaires? Il y a consentement. M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier les membres de cette commission de me permettre de faire quelques
observations préliminaires à la discussion du projet de loi
2.
Ce qui nous est proposé dans ce projet de loi peut être un
changement important dans la structure des marchés financiers publics au
Québec. Pour s'en rendre compte, je crois
cependant qu'il faut partir des chiffres eux-mêmes, décrire
ces marchés financiers pour les organismes publics tels qu'ils existent
à l'heure actuelle.
Le ministre des Finances, hier, indiquait en réplique, en
deuxième lecture, le contraste qu'il y aurait entre ces emprunts
importants, considérables à l'époque du
précédent gouvernement, par rapport à des besoins
d'emprunts beaucoup plus faibles maintenant. Donc, il disait: II y a de la
place. Il y a de la place pour transformer des emprunts de commissions
scolaires, d'organismes publics locaux, en emprunts gouvernementaux. Comme le
gouvernement du Québec emprunte moins qu'il a déjà
emprunté, eh bien, il y a de la place pour amener, pour transformer en
emprunts gouvernementaux des emprunts qui se font, à l'heure actuelle,
localement ou par des organismes isolés. Je pense que cette
perspective-là n'est pas la bonne. Et pour essayer de le
démontrer, je partirais simplement de l'annexe C du discours sur le
budget.
Oui, M. le Président, le gouvernement du Québec en 1983,
au sortir de la récession, empruntait... Là je parle des emprunts
bruts. C'est important le concept d'emprunts bruts. C'est la quantité
d'argent qu'on a au total à emprunter dans une année. Le
gouvernement du Québec empruntait 2 400 000 000 $. En 1988, là je
parle de l'année civile, le gouvernement du Québec a
emprunté 3 542 000 000 $, donc, 40 % de plus qu'en 1983. Vous me direz:
II y a des remboursements là-dessus. Je le sais bien qu'il y a des
remboursements, mais là, il s'agit de savoir qu'est-ce qu'il
emprunte.
Hydro-Québec, deuxième grand titre, titre que l'on va
normalement vendre, pour l'essentiel, dans des portefeuilles institutionnels et
qui, à bien des égards, sont des substituts pour des titres du
gouvernement du Québec. C'est vendu avec la garantie du gouvernement du
Québec, ça a une cote, à cause de ça, qui est du
même ordre. Et il y a souvent des tentations de donner à
Hydro-Québec une cote meilleure encore que celle du gouvernement. C'est
le même type de titres que les obligations du gouvernement du
Québec. C'est tellement vrai d'ailleurs, qu'à certains moments,
le gouvernement du Québec et Hydro-Québec se partagent les
marchés internationaux, le gouvernement du Québec disant à
Hydro: Allez sur le marché américain à notre place,
pendant un certain temps et nous allons utliser tel autre type de
marché. Ce sont des titres, au fond, tout à fait voisins.
Hydro-Québec qui, en 1983, avait émis pour à peu
près 1 800 000 000 $ de titres, qu'est-ce qu'elle a émis l'an
dernier pour 1988? 1 800 000 000 $, c'est pareil. Sauf que, dans le cas
d'Hydro, il faut évoquer une perspective d'avenir relativement
immédiat. À cause de la remontée des travaux,
Hydro-Québec va emprunter d'ici quelques années pas mal plus que
le 1 800 000 000 $ qu'elle emprunte depuis quelque temps. Là, il faut
prévoir, dans ces marchés financiers, une augmentation tout
à fait normale, d'ailleurs ce n'est pas une critique que je fais, tout
à fait normale, une augmentation des emprunts d'Hydro. Ce qui veut donc
dire qu'au bas mot, dans les marchés actuels, Québec direct et
Hydro ont 5 500 000 000 $ à émettre chaque année et que
ça va monter à cause des besoins d'emprunts d'Hydro. Donc, la
place qu'on pourrait s'imaginer qu'il y a par rapport à il y a quatre ou
cinq ans, elle n'est pas là. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a
peut-être pas de place, mais il faut faire attention de ne pas se dire:
II y a une sorte de trou d'emprunt qui s'est créé. Il n'y a pas
de trou d'emprunt qui s'est créé, du tout.
Nous avons toujours dans ces emprunts du secteur public des emprunts des
organismes municipaux. Là encore, ne nous faisons aucune espèce
d'illusion, ne pensons pas que les municipalités empruntaient
énormément à cause d'un gouvernement bête et
méchant en 1983 et qu'aujourd'hui, elles empruntent beaucoup moins parce
que la générosité du système aurait
été telle. Pas du tout. Les organismes municipaux empruntaient
900 000 000 $ en 1983; ils empruntaient en 1988, 1 700 000 000 $. C'est presque
le double.
J'ai été surpris de voir que, dans le plan du
gouvernement, devant l'opposition de l'Union des municipalités du
Québec, le virage a été fait en 24 heures et on a
décidé d'exclure, par rapport aux définitions
générales qu'il y avait dans le projet de loi, les emprunts
municipaux. On ne les a pas touchés. Mais, par exemple, l'amendement
dont on fait état et qui aurait été approuvé, qui a
été approuvé, compte tenu de la lettre qu'on nous a
distribuée, par l'Union des municipalités du Québec, cet
amendement, à toutes fins pratiques, évite d'ouvrir le fonds
à des emprunts municipaux qui ne sont subventionnés qu'en partie.
Il faut voir ce qu'on vient de faire. On vient d'éliminer la
possibilité pour le fonds au ministère des Finances de
subventionner les emprunts municipaux destinés à
l'épuration des eaux parce que ça, c'est du 66 2/3 % du 85 %,
etc., comme subvention. Là, on vient de le sortir, mais on n'a pas sorti
les emprunts pour le transport en commun. Le transport en commun, c'est
subventionné à 100 %, ça. Ça, c'est encore couvert
par le projet de loi.
M. Rouillard qui n'a pas grand-chose à voir - je le comprends
d'ailleurs - avec le transport en commun, a laissé passer ça.
Mais il reste que tout ce qui concerne le transport en commun, normalement,
tôt ou tard, irait au fonds des finances. C'est assez important dans les
emprunts municipaux, soit dit en passant, ou des organismes municipaux, le
transport en commun, surtout quand on dérouille un peu les programmes de
métro à Montréal, ça ouvre la chan-tepleure pas mal
ça, pas mal. Venons-en cepen-
dant à ce qui semblerait, au point où nous en sommes,
être les secteurs spécifiquement visés par le projet de
loi. Les institutions d'enseignement, il y en a eu l'an dernier pour à
peu près 700 000 000 $. Les institutions de santé et de
bien-être - toujours emprunts bruts - pas loin de 400 000 000 $, 389 000
000 $, 1 100 000 000 $ Hydro-Québec. Je comprends pour quelle raison
Hydro-Québec n'est pas incorporée au projet de loi, mais autres
sociétés d'État, il y en a eu pour 700 000 000 $. Mais
attention, dans les autres sociétés d'État, l'an dernier,
en 1988, il y en avait seulement pour 700 000 000 $, mais il n'y a pas
longtemps il y en avait pour pas mal plus que ça. Il y avait 1 100 000
000 $ en 1986, 1 400 000 000 $ en 1985. les sociétés
d'état, leurs besoins financiers sont très très variables.
et puis il y a une part des organismes municipaux qui a trait au transport en
commun.
Alors, en gros, M. le Président, probablement que les 2 000 000
000 $ qui étaient mentionnés hier comme marché potentiel
pour le fonds finance n'est pas si mal que ça. Là, on voit depuis
les amendements qui ont été proposés pour les
municipalités, que ce ne sera pas 2 500 000 000 $ ou 3 000 000 000 $
mais ça va être au bas mot, 2 000 000 000 $ comme marché
potentiel. c'est un gros virage dans l'organisation de nos marchés
financiers. pour résumer tout ce que je viens de dire, en 1988, les
emprunts bruts de l'ensemble du secteur public québécois, donc
gouvernement, hydro, sociétés d'état, institutions
d'enseignement, santé et bien-être, organismes municipaux, tout
ça ensemble c'est 9 000 000 000 $. il y a eu 9 000 000 000 $ d'emprunts,
et on suggère de changer les conditions dans lesquelles sont émis
2 000 000 000 $ d'emprunts sur 9 000 000 000 $. ce n'est pas secondaire.
là, on ne peut pas, à première vue, dire c'est un petit
"fling flang". je ne sais pas comment on transcrira "fling flang" dans les
gaiées, mais enfin, je verrai!
Une voix: Si vous voulez avoir un téléphone...
M. Parizeau: Ha, ha, ha! Voilà! Une des raisons, je ne dis
pas que c'est la seule raison, pour laquelle, pendant des années on a
amené des organismes comme les institutions de santé et les
institutions d'enseignement, les municipalités aussi, bien sûr,
à fonctionner sur des marchés locaux, c'est que c'étaient
de vrais marchés locaux. L'argent qui était disponible pour ces
titres-là, très souvent ne l'aurait pas été pour
des titres du gouvernement du Québec ou des titres d'Hydro ou, à
plus forte raison, des titres du gouvernement du Canada. Ce que je veux dire
par là, c'est que quelqu'un qui achetait de l'hôpital Notre-Dame
ou bien qui achetait de l'Hôtel-Dieu ou bien qui achetait du
cégep, l'un ou l'autre des cégeps, ou bien qui achetait, à
plus forte raison, du Saint-Elzéar, ville, ou du Saint-Elzéar,
paroisse, n'aurait pas acheté d'autres titres.
Je voyais l'argument qui était utilisé, il y a quelque
temps, je pense que c'était par le ministre des Finances disant: Mais
maintenant, les gens font administrer davantage leur portefeuille à
l'insitutionnel et donc, ce facteur local joue moins. Mais là, je ne
sais pas si le facteur local joue moins. Ce serait à démontrer,
ça. Le fait est que si les "spread", les écarts de taux de
rendement entre ces titres locaux et les titres du gouvernement du
Québec sont importants, il est évident que n'importe lequel
conseiller financier va suggérer à quelqu'un qui habite
Montréal, de prendre du Notre-Dame ou de l'Hôtel-Dieu si ça
rapporte vraiment davantage. Il ne faut pas s'imaginer que parce que ça
tombe dans les mains des professionnels, les professionnels crachent
nécessairement sur une différence d'écart. Mais
l'écart existe-t-il et quelle est son ampleur, cet écart de taux
de rendement? (16 h 15)
Là, M. le Président, moi, je ne peux pas éviter de
- comment dire - vivre en un certain sens un peu sur mon passé.
Ça fait 25 ans que je vois des propositions de fonds comme
celui-là apparaître au ministère des Finances. Quand
j'étais fonctionnaire chez le premier ministre Lesage, on avait
reçu un projet comme ça. Et puis ensuite, sous M. Johnson, on en
avait reçu un. Puis ensuite, moi, comme ministre des Finances, j'en ai
reçu deux. Tout le monde disait toujours non. Pourquoi? Justement pour
la raison que je viens de dire: il y avait des marchés locaux efficaces
rapportant un peu plus, évidemment, que les obligations du gouvernement
du Québec. Invariablement, on nous disait: S'il n'y avait pas des titres
locaux comme ça, si le gouvernement du Québec empruntait pour
tout le monde, on sauverait de l'argent. Bien, on sauverait de l'argent, oui et
non. On se rendait compte, par exemple, que, à cause des loyautés
locales, les écarts par rapport à des titres comme ceux du
gouvernement du Québec existaient, mais n'étaient pas
nécessairement très élevés. J'ai vu des
écarts négatifs pour des raisons de loyautés locales
importantes.
Vous me direz: Tout ça, c'est de l'émotionnel. Oui, en un
certain sens, bien sûr que c'était de l'émotionnel. Il n'y
avait rien de plus drôle, il y a quelques années, à
l'époque où il y avait des grèves dans les cégeps,
que de voir que, quand il y avait des grèves, il n'y avait pas moyen de
vendre des obligations dans le public et, quand les grèves cessaient, on
pouvait recommencer à en vendre. C'est évident qu'il y avait
quelque chose d'irrationnel, quand on pense à ce qui est arrivé
aux hôpitaux du Québec, de voir que les hôpitaux qui avaient
appartenu à des bonnes soeurs arrivaient à avoir de meilleurs
taux de
rendement que les hôpitaux qui n'avaient pas appartenu aux bonnes
soeurs. Évidemment que c'est de l'irrationnel. Mais ça existait,
ces marchés-là. La raison pour laquelle on ne voulait pas fermer
ces marchés locaux, c'est qu'on se disait: Diable, si on renvoie 2 000
000 000 $ d'emprunt dans ce qui est, à toutes fins pratiques, la dette
directe et garantie du gouvernement du Québec, d'abord le gouvernement
du Québec va peut-être payer plus cher ses emprunts; 2 000 000 000
$ de plus, ce n'est pas de la tarte. D'autre part, s'il y a des titres locaux
qui, souvent, rapportent plus que des titres du gouvernement du Québec,
ce n'est pas vrai dans tous les cas. Alors on continuait de s'appuyer sur
l'existence de ces marchés locaux.
Mais je reconnais, M. le Président, que des marchés
financiers, ça change et que les écarts aujourd'hui, les
"spreads", moi, je ne les ai pas suivis; je ne sais pas ce qu'ils sont par
rapport à ce qu'ils étaient il y a quatre ou cinq ans. J'aimerais
voir ça, moi. J'aimerais savoir quelle est la situation, qu'est-ce qui
reste de ces marchés locaux. J'entendais le ministre des Finances dire:
Ils ont beaucoup baissé. Peut-être, mais j'aimerais quand
même le savoir s'ils ont beaucoup baissé, s'ils sont beaucoup plus
restreints qu'ils l'étaient. Encore une fois, ce ne sont pas de petits
changements qu'on opère. Avant de déplacer 2 000 000 000 $ de
dette d'un type de marché à un autre type de marché, la
moindre des choses, c'est que je veux savoir à peu près comment
ça se présente. il y a certains emprunteurs locaux qui sont
très fiers de leur performance et qui, d'ailleurs, luttent chaque fois
qu'on cherche à leur enlever leur droit d'emprunt. je vais vous donner
l'exemple du conseil scolaire de montréal. le conseil scolaire de
montréal a fait, sur le plan des emprunts, un travail admirable pour le
compte de toutes les commissions scolaires de ihe de montréal et,
évidemment, il y a des tentatives autonomistes de certaines commissions
scolaires par rapport au conseil scolaire, des fois, et le conseil scolaire
rétablit son autorité. on connaît bien ça depuis des
années, ça fluctue. mais le fait est que le conseil scolaire de
montréal semble avoir, sur le plan des négociations de ses
conditions d'emprunt, des réalisations assez remarquables et une
performance qui n'est pas négligeable.
Une dernière question. Et dans ce sens-là, M. le
Président, c'est important de savoir donc comment ces marchés
fonctionnent et comment fonctionnent les gens qui sont dans ces marchés,
qui opèrent dans ces marchés. Je pense que ce n'est que
raisonnable de se dire: On va les faire venir. On va voir comment ils
opèrent. On va voir dans quel cadre ils fonctionnent. On va voir ce
qu'ils pensent de ça. Après tout, si ces gens, au bout d'un
certain temps, sont placés dans des marchés qui se seraient
détériorés simplement à cause de l'existence du
fonds et que le fonds n'ait pas tout l'argent qu'il faut pour eux, voyez-vous,
M. le Président, dans quelle situation on serait placés?
Là, on aurait accru les écarts de taux de rendement. Il y aurait
ceux qui peuvent passer par le fonds et qui ont des conditions relativement
raisonnables, enfin excellentes, et puis ceux qui cherchent à aller
directement sur le marché parce que le fonds n'a pas assez d'argent et
où le marché se pose la question de savoir: Dites donc, pourquoi
n'êtes-vous pas passés par le fonds? Est-ce que c'est parce que
vous êtes des pas bons? Est-ce que c'est parce que votre crédit
n'est pas correct?
On parle de 2 000 000 000 $ de déplacement et ça touche
à peu près tous les grands services publics qu'il y a dans notre
société. Ça touche aussi un certain nombre de
sociétés d'État, soit dit en passant. Et puis ça
touche le crédit, les garanties du gouvernement du Québec.
N'oublions pas une chose, M. le Président. Un emprunt municipal, ce
n'est pas garanti par le gouvernement du Québec. Un emprunt de
commission scolaire, ce n'est pas garanti par le gouvernement du Québec.
Ça n'entre pas dans de telles garanties. Un emprunt d'hôpital, de
cégep, ce n'est pas garanti par le gouvernement du Québec. Ce
qu'il y a de garanti, c'est le paiement chaque année des
intérêts à payer du service de la dette, enfin, des
remboursements de capital, mais la dette elle-même n'est pas garantie.
Alors, au moment où on veut nous changer complètement le
système, vous comprenez que ça vient s'ajouter à la dette
garantie du Québec, non, c'est-à-dire à la dette directe
puisque c'est le gouvernement du Québec qui emprunterait.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député, s'il vous plaît.
M. Parizeau: Je termine tout de suite. Pour les
sociétés d'État, c'est la même chose. Beaucoup de
nos sociétés d'État enprurrtent sur leur propre
crédit. Est-ce qu'on veut absolument donner ia garantie du gouvernement
du Québec à des emprunts de sociétés, de toutes les
sociétés d'État? Hydro, c'est déjà fait.
Bien, je n'en suis pas certain. Vous voyez que, dans ces conditions, M. le
Président, je pense qu'il y a des tas de questions à se poser sur
ce projet de loi. Il y a des consultations à y avoir. Il y a, je pense,
des présentations importantes à obtenir du ministère des
Finances toujours en se disant: Peut-être, peut-être, mais il va
falloir nous faire la preuve que c'est une bonne chose. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de L'Assomption. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
Une voix: Est-ce que vous voulez échanger
avec le ministre des Finances?
M. Levesque: Est-ce que le chef de l'Opposition demeure ici ou
s'il doit quitter?
M. Parizeau: Moi, je devrai quitter dans quelques moments.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il y a consentement, M.
le ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, je suis très heureux
que le chef de l'Opposition ait jugé à propos de venir se joindre
à nous en commission parlementaire, surtout sur un sujet qui doit le
passionner étant donné sa propre expérience dans le
domaine. Je suis heureux de voir qu'il nous a apporté certaines
interrogations qui constituent un peu ce qu'on dit dans la langue de
Shakespeare: "Food for though".
En effet, le chef de l'Opposition n'a pas indiqué une fin de
non-recevoir pour ce projet de loi qui a d'ailleurs été
adopté à l'unanimité, quant à son principe, par
l'Assemblée nationale, mais il se demande un peu, premièrement,
s'il y a de la place pour que nous puissions procéder ainsi. Disons,
premièrement, que si on considère les emprunts envisagés,
le regroupement envisagé, on ne change pas - il l'admettra volontiers -
le total des emprunts effectués du côté du secteur public
dans son ensemble. Il s'agit de se demander cependant, comme il le fait, si
nous avons cette capacité d'accepter d'emprunter au nom du Québec
des sommes qui étaient empruntées un peu moins directement, si
l'on veut, bien qu'elles le fussent généralement avec la garantie
du gouvernement du Québec et dans le cas que vient de citer le chef de
l'Opposition, au moins quant au remboursement des Intérêts du
service de la dette et même, me signale-t-on, non pas seulement du
service de la dette, mais également du capital lui-même. Il y a
ici une nuance que j'apporte aux propos tenus par le chef de l'Opposition. On
pourra vérifier ça d'une façon un peu plus complète
un peu plus tard, mais on me signale, à mesure que le chef de
l'Opposition en parlait, que ça inclut le capital parce que les
versements annuels ou semi-annuels se font capital et intérêts
mais, enfin, on pourra regarder ce côté.
M. Parizeau: Le remboursement de capital, oui, bien sûr,
annuel.
M. Levesque: Alors, ceci étant dit, je voudrais rassurer
un peu le chef de l'Opposition en reprenant ses chiffres. Je ne sais pas si
c'est exactement les mêmes parce qu'on peut prendre une année
civile ou une année... Voici ce que j'ai ici comme... 1988-1989, les
institutions d'ensei- gnement, 4 019 000 000 $, les institutions de
santé. 1 417 000 000 $ pour la dette. Je commence par la dette et,
après ça, je parierai des emprunts. Commençant par la
dette elle-même, 4 019 000 000 $ pour les institutions d'enseignement et
les institutions de santé et de bien-être, 1 417 000 000 $, les
sociétés d'état, 5 244 000 000 $. je passe par-dessus
hydroquébec pour les mêmes raisons, je pense, que le chef de
l'opposition a répondu au député de labelle qui
s'inquiétait pour hydro-québec, mais c'est clair que, comme l'a
indiqué le chef de l'opposition justement qui a vécu ça,
c'est exactement la même cote, ce sont les mêmes écarts avec
le produit canadien. c'est toujours la même chose. je ne vois pas quel
intérêt hydroquébec aurait de venir nous voir avec... ils
viennent de foute façon nous voir, mais leur titre hydro-québec
est bien connu internationalement. ils n'ont pas besoin de nous pour appuyer la
vente de leurs produits.
Donc, je m'en tiens aux autres sociétés d'État qui
sont des emprunts de l'ordre de 5 244 000 000 $ et les organismes municipaux,
mais je pense qu'à ce moment-ci, on n'a pas à les inclure,
simplement parce qu'ils sont exclus, sauf pour certains organismes
subventionnés et ça, c'est très, très peu par
rapport à l'ensemble. Je donnerai des chiffres dans un instant.
De fait, quand je regarde les emprunts du côté des
organismes municipaux, pour 1988-1989, le total est de 1 634 000 000 $ et la
partie subventionnée, c'est, à toutes fins pratiques, les
commissions de transport, 66 000 000 $. C'est presque infime par rapport
à l'ensemble qui est mis de côté, du moins ce sont les
chiffres que j'ai devant moi. Est-ce que le chef de l'Opposition semble avoir
une-Municipalités et institutions similaires, 1 568 000 000 $,
commissions de transport, 66 000 000 $, offices municipaux, zéro, total:
1 634 000 000 $. Est-ce qu'on parle de la même chose?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
L'Assomption.
M. Parizeau: Pour les emprunts de 1988... M. Levesque:
1988-1989, oui.
M. Parizeau: Bien, j'utilisais les années civiles de
l'annexe C, page 19 du discours sur le budget. On peut fonctionner sur une
année civile ou fiscale, mais j'imagine que ça ne changera pas
grand-chose.
M. Levesque: Pas substantiellement. (16 h 30)
M. Parizeau: Non, non. Ça ne changera pas grand-chose.
Ce que je voulais dire ici c'est que oui, il
s'est fait en 1988 relativement peu d'emprunts aux fins du métro,
de commissions de transport. Ça, c'est 100 %, attention. Dans le reste
du 1 600 000 000 $ environ, il faut faire attention qu'il se trouve
actuellement les emprunts qui sont faits pour l'épuration des eaux par
les municipalités et qui sont subventionnés, mais pas à
100 %.
M. Levesque: Oui, j'y arrive parce que ça, c'est du
côté de ce qu'on appelle la SQAE, pour Société
québécoise d'assainissement des eaux, et je retrouve ça
dans les sociétés d'État. Cette somme est de 235 000 000
$, à môme le total de 685 000 000 $ pour les
sociétés d'État. Du côté des institutions
d'enseignement, les emprunts ont été de 638 000 000 $ en
1988-1989, les institutions de santé, de 273 000 000 $. Alors, si je
fais un total assez rapidement, quelque 900 000 000 $, quelque 700 000 000 $,
ça voudrait dire à peu près 1 700 000 000 $ que nous
avons. Vous avez parlé de 2 000 000 000 $. Enfin, on n'est pas pour se
chicaner pour cette petite différence-là qui se retrouve
peut-être quelque part dans certaines grenailles, je ne le sais pas.
M. Parizeau: Non, je pense que... Est-ce que...
M. Levesque: Oui, oui, allez-y.
M. Parizeau: ...le ministre me permet? Je pense que ça
viendra simplement quand il sortira les chiffres du discours sur le budget, du
fait que le discours sur le budget, c'est l'année 1988 civile.
M. Levesque: Civile.
M. Parizeau: Et là, on voit qu'il y a 200 000 000 $, 300
000 000 $ de différence dans les chiffres.
M. Levesque: En 1988-1989. Alors, nous sommes substantiellement
d'accord pour le chiffre dont on parie. On ne parle pas, comme on a voulu le
laisser entendre à certains moments, dans certains discours, de 11 000
000 000 $ et de 12 000 000 000 $. Ce que nous avons annuellement peut se situer
entre 1 700 000 000 $ et 1 900 000 000 $ ou quelque chose dans ce
genre-là. Je tiens à faire remarquer à l'honorable chef de
l'Opposition que, lorsque l'on regarde la situation actuelle, nous ne pensons
pas... Ça reste dans le secteur public. Nous pensons que nous pouvons le
faire sans affecter négativement la position, disons, concurrentielle,
si vous voulez, sur les marchés du Québec. De fait, aujourd'hui,
nous nous occupons de ces choses-là, les sociétés
d'État, c'est clair, les institutions de santé et les
institutions d'enseignement, il y a tout le môme processus. Nous ne
changeons pas grand-chose dans ce projet de loi au processus. La demande est
faite de toute façon, provenant de ces institutions-là. Elles
sont ensuite acheminées vers leur conseil d'administration, etc. Tout
est autorisé. Présentement, elles viennent nous voir pour faire
en sorte de faire le nécessaire pour qu'elles puissent alter sur les
marchés. Mais au lieu d'aller avec le nom qui est "province de
Québec", elles vont avec le nom de leur institution. Il faut bien
comprendre que c'est ça, le changement.
Et pourquoi le faisons-nous? Nous le faisons sûrement pour la
réduction des coûts. J'ai fait part, je pense, en Chambre de la
réduction moyenne des coûts qui sont les écarts
observés. Dans les réseaux, c'est 35 à 40 points
d'écart. Dans les sociétés d'État, la moyenne est
de 15 à 20 points. Non seulement il y a cela, mais il y a
également certaines sociétés d'État, on le
comprendra, qui ne font pas fureur sur les marchés. Il faut admettre
qu'elles ont une expérience quelquefois difficile. Vous savez, vous
arrivez sur certains marchés et vous avez certains noms qui nous sont
devenus familiers, à nous, dans le jargon, mais qui, arrivés
à destination, on ne se bat pas pour les acheter. Même ceux qui
sont dans nos syndicats trouvent ça un peu difficile tandis que le nom
"province de Québec", "Hydro-Québec", c'est clair. Je dirai un
peu comme le chef de l'Opposition disait, ça se vend de la main gauche.
Je ne sais pas comment il nous a exprimé ça, mais je ne pense pas
qu'il le dirait pour certaines sociétés d'État que je n'ai
pas a nommer, non plus, à ce moment-ci. Alors, je pense qu'il y a de la
place.
Je pense aussi au marché local parce que c'est revenu souvent,
ça: Pourquoi ne laissez-vous pas ça au marche local? Parce que
vous enlevez les 1 500 000 000 $ à 2 000 000 000 $ et vous les emportez
dans un autre circuit. Mais je dis: Les chiffres qu'on me donne
présentement, qui indiquent justement que le marché local s'est
effondré au cours des années, ce n'est plus 1 000 000 000 $ ou 1
500 000 000 $ sur le marché local, c'est moins de 500 000 000 $,
présentement. Donc, pour la balance entre 500 000 000 $ et les 2 000 000
000 $, si vous voulez, on retourne dans les mêmes circuits. On est au
même endroit. Ce n'est pas le marché local qui va prendre les
trois quarts de cela parce que le marché local ne le prend pas,
présentement. Alors, il faut bien comprendre que lorsqu'on parie de
marché local, on parie d'une fraction relativement petite de ce
transfert. Alors, s'il y a transfert, il y a transfert vis-à-vis des
mêmes marchés. Ce sont les mêmes personnes, les mêmes
institutions auxquelles on s'adresse et le marché local demeure infime
par rapport à cela. Et étant donné, maintenant, qu'on
extrait, que l'on enlève les municipalités, les
municipalités vont pouvoir prendre ces
500 000 000 $ ou à peu près qu'il reste sur le
marché local, elles pourront facilement l'utiliser. Alors, à tout
prendre, je ne crois pas qu'il y ait là des objections majeures. On peut
discuter, je suis prêt à en discuter avec vous, mais je pense
qu'il est important de le souligner.
Une autre facette de ce qui a été mis de l'avant, c'est:
Pourquoi un regroupement? Je pense que le chef de l'Opposition nous a
parlé, à un moment donné, hier, dans son discours en
Chambre, il a mentionné: Oui, mais pourquoi est-ce qu'on doit être
complètement différent d'ailleurs? Je crois qu'il sait
lui-même, étant donné qu'il a dirigé une commission
d'enquête importante du côté municipal, il doit être
au courant qu'il y a des organismes de regroupement à travers le pays,
pas nécessairement exactement sur le même modèle, mais qui
ont souvent les mêmes fins: Essayer de regrouper les emprunts plus
petits, qui ont beaucoup plus de difficultés sur le marché, et
faire en sorte d'avoir, par le regroupement, une force qu'individuellement
chacune des parties n'a pas. Ainsi: Municipal Finance Authority of British
Columbia, Nova Scotia Finance Corporation, Municipal Finance incorporation of
Saskatchewan, la Corporation de financement municipal du Nouveau-Brunswick,
Alberta Municipal Finance Incorporation, Newfoundland Municipal Finance
Incorporation, British Columbia Educational Institutions Capital Financing
Authority, British Columbia Regional Hospital District Financing Authority,
Alberta Provincial Corporation Loan Fund, Manitoba Hospital Capital Financing
Authority, Ontario Education Capital Aid Corporation, Ontario Universities
Capital Aid Corporation, Prince Edward Island Landing Authority, British
Columbia School District Capital Financing Authority. Alors, plusieurs ont
pensé à ça.
Je pense bien que ces regroupements-là, qui se sont faits dans
les mêmes domaines - parce qu'on parle de quoi? On parle des commissions
scolaires, on parle des cégeps, des universités et des
sociétés d'État. On parle, en quelque sorte, de la
même famille. On ne parle pas de choses extérieures. Même
lorsqu'on décide d'exclure les municipalités, lorsqu'il n'y a pas
de subvention, ça veut dire qu'on reste complètement dans notre
territoire avec des gens que l'on assiste présentement. On fait
pratiquement tout le travail de préparation, à la demande de ces
institutions, et nous allons encore être là, sur une base
volontaire, à la demande des mêmes institutions. Nous croyons que
nous pourrons ainsi réduire les coûts, faciliter le
marché.
Il ne faut pas oublier qu'il y a un facteur important pour les courtiers
et puis les prêteurs, c'est la liquidité des titres. Ce n'est pas
pour rien qu'il y a des titres qui se vendent bien, comme les obligations
d'épargne des gouvernements, à cause de la liquidité.
Souvent, on va en acheter à des taux inférieurs à cause de
la liquidité. Mais il y a certaines obligations, présentement,
dont je vous assure que la liquidité n'est pas forte. Pas parce que le
titre n'est pas bon, mais c'est parce qu'il n'est pas connu ou moins connu. Et
les gens... Il n'y a pas suffisamment de volume non plus. Alors la
liquidité n'est pas là.
Pour toutes ces raisons, je pense qu'il est important d'appuyer cet
exercice de regroupement, quitte a bonifier le projet de loi. Peut-être y
a-t-il lieu de circonscrire, baliser, identifier mieux, préciser? Et
c'est à la suite de ce travail de la commission, j'espère, que
nous retournerons en Chambre avec un projet qui pourra être
amélioré. Mais je pense que dans l'ensemble, si je comprends bien
les interventions qui ont eu lieu d'un côté comme de l'autre de la
Chambre, il y a cette volonté de procéder à ce
regroupement, mais dans les meilleures circonstances possible après
avoir épluché un peu, comme l'a dit le chef de l'Opposition tout
à l'heure, voir s'il n'y a pas lieu d'apporter certaines
précisions, certaines améliorations, ce que je souhaite - je vous
le dis un peu candidement - mais je le souhaite sûrement. Parce que dans
cet exercice-ci, ce qui nous guide, comme ce qui doit guider chacun des membres
de cette commission, c'est simplement de faire en sorte d'améliorer la
situation, de faciliter, par le regroupement, l'accès au marché
et de faire en sorte que les coûts soient les moins élevés
possible et, en même temps, que nous puissions ajouter aux
possibilités d'emprunt qui sont nécessaires pour ces
institutions. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a un remplacement? Parce que je pense que M. le
député de Lévis n'est pas membre. Il y avait un
remplacement ce matin. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, non seulement, j'ai lu le
projet de loi, mais j'ai étudié cette question-là, j'ai
déjà eu à me prononcer sur cette question-là
également. Parce que quand on est arrivés au gouvernement en
1976, dans le domaine du crédit agricole, c'étaient des emprunts
centralisés. L'Office du crédit agricole empruntait du ministre
des Finances qui, lui-même, avait emprunté et les prêts
étaient faits directement par l'Office du crédit agricole. On a
changé par une législation, en 1978, justement pour faire le
contraire de ce que veut faire aujourd'hui le ministre des Finances, pour faire
en sorte que l'Office du crédit agricole fasse l'expertise mais que les
prêts soient faits par le secteur privé, localement ou
régionalement. Ça a eu des effets considérables dans le
domaine des marchés locaux, des marchés régionaux. Et je
vous dirai même qu'aujourd'hui, c'est pour ça que moi, je suis un
de ceux qui ne croient pas que
ce projet de loi-là va être bon en dehors de
Montréal et de Québec. Pourquoi? Parce qu'on va centraliser les
prêts alors que dans l'exemple du crédit agricole, les gens qui
avaient leur certificat de prêt allaient emprunter auprès des
caisses populaires, des succursales de banques régionales qui faisaient
un volume régional. Mais en plus, ça a donné une expertise
dans le domaine du prêt d'affaires à des entreprises qui,
jusque-là, n'avaient pas fait de prêts d'affaires à toutes
fins pratiques. Et aujourd'hui, à cause du crédit agricole, on
peut dire qu'à peu près toutes les caisses populaires, toutes les
caisses populaires du Québec ont fait du prêt d'affaires, ont fait
un suivi de bilans financiers d'entreprises locales qui étaient des
entreprises agricoles et ont développé une expertise d'analyse de
budgets d'entreprises. Ce qui n'était pas le cas auparavant puisque les
caisses populaires auparavant se concentraient dans le domaine du prêt
à la consommation et du prêt hypothécaire. Et je pense que
ça a été une bonne initiative qui a fait que dans le
domaine local et régional maintenant, on a développé une
expertise de prêts d'affaires. (16 h 45)
Je connais la philosophie des bureaucrates ou encore de l'adjoint au
ministre des Finances, M. Fortier, qui nous parlait des banques japonaises.
Aujourd'hui, dans les dix plus grandes banques dans le monde, il y a sept
banques japonaises alors qu'il y a dix ans, il n'y en avait pas. Sauf que
ça, c'est un niveau d'opération. Mais je suis
étonné que M. le ministre des Finances qui vient de la
Gaspésie, qui vient de Bonaventure, ait oublié son milieu local,
ait oublié ses marchés locaux et souhaite aujourd'hui que tout
soit centralisé. Je vais vous dire que je pense que c'est mauvais sur le
plan des affaires parce qu'il y a des choses... Il y a un portefeuille
diversifié, une orientation diversifiée dans le domaine du
financement qui doit faire en sorte qu'au niveau local, il y ait certaines
opérations aussi qui sont bonnes, qu'il n'y ait pas seulement les
affaires... que le marché soit écrémé par le
ministère des Finances et qu'après on laisse les affaires
à risque au niveau local.
Moi, je pense qu'on a fait des erreurs fondamentales en faisant
ça au Québec dans toutes sortes de domaines où on a
centralisé à outrance. Matapédia avait le plus haut
taux... On parie du développement régional. Est-ce qu'on va
parier du développement régional d'un côté et on va
centraliser a mort avec les Finances de l'autre côté? On avait la
vallée de la Matapédia qui avait un des plus hauts taux de
natalité au Québec, on a réussi à les
déposséder de leurs enfants de sorte que leurs enfants,
après le secondaire, devaient aller étudier à Rimouski ou
à Matane. Ils n'avaient même pas l'avantage d'avoir les
écoles de leurs enfants dans leur région. On les a
dépossédés, on centralisait, dans le temps où on
faisait les grosses polyvalentes, les grosses affaires.
Aujourd'hui, les gens sont contre ça. Les gens veulent revenir
à un niveau plus humain. Je comprends que ça ne va pas avec les
gens qui ont le doctorat global au ministère des Finances. J'en ai connu
de ces gens-là qui avaient le doctorat global, ces bureaucrates
patentés qui examinent la beauté des colonnes de chiffres, mais
en arrière de tout ça, II y a des gens qui vivent, il y a des
gens qui fonctionnent et il y a des gens qui ont des besoins et II y a des
institutions locales ou régionales qui ont besoin aussi de ce genre de
prêt-là pour fonctionner parce qu'autrement, on va leur laisser
quoi? On va laisser quoi à ces institutions? Quand on les aura
écrémées, elles diront: II nous reste ce genre d'affaire
dans nos régions, allons-nous-en, ce n'est pas assez. On se
retrouvera... N'oublions pas, il y a combien de municipalités au
Québec où II y a rien qu'une caisse populaire, où les
autres institutions financières sont parties? Pourquoi veut-on, par le
ministère des Finances, écrémer le marché local ou
régional, pourquoi? Je ne comprends pas. Je pense qu'il est très
important d'avoir des institutions locales qui peuvent participer au
financement de... Ça crée des solidarités
également.
Je vois ici, dans les différents groupes que le ministre veut
regrouper sous sa coupole: les cégeps, les commissions scolaires, les
universités, les CRSSS, les organismes dont la loi constituante
prévolt la possibilité pour le gouvernement de garantir les
emprunts. On ajoute même un fonds spécial. Au fond, pourquoi
briser toutes les solidarités? Pourquoi vider les organismes
régionaux de leur fonctionnement? Ce n'est pas parce qu'il y a des
grandes entreprises qu'il ne peut pas y en avoir des petites ou des moyennes.
Pourquoi cette philosophie du gouvernement qui est le principal, au fond,
videur du développement régional actuellement? Je suppose qu'il
va falloir faire comme dans la vallée de la Matapédia ou à
Amqui, par exemple, où on a fermé la fromagerie, on fait remonter
le lait jusqu'à Québec. On a agrandi la fromagerie de
Québec avec une subvention du gouvernement pour fermer celle d'Amqui
parce que le transport du lait, lui, jusqu'à Québec va être
payé par les cultivateurs parce que le fromage, lui, était
payé par l'entreprise. Est-ce que c'est comme ça qu'on veut faire
du développement régional?
Je suis estomaqué qu'un tel projet de loi vienne d'un ministre
dont la principale préoccupation devrait être le
développement régional, devrait être de penser aux
régions, de penser aux institutions régionales et qui est en
train de devenir le plus grand centralisateur qu'il y aura. On a l'impression
que le ministère des Finances est rendu sur le pilote automatique, le
pilote automatique de la bureaucratisation. On remarque que ça a
été le même cas avec les affaires
municipales. De plus en plus, ce n'est pas "small is beautiful", "big is
beautiful".
Moi, je ne comprends pas. Je ne comprends pas vraiment cette
mentalité qui se développe. Je ne suis pas capable de comprendre
les avantages que le ministre peut voir dans un tel projet de loi qui va faire
en sorte d'affaiblir des institutions régionales ou locales. Je vais
vous dire où le ministre des Finances, M. le Président, dans la
période économique qu'on est en train d'amorcer, qui va
ressembler... Et on le voit, le Québec, sur le plan économique,
est en récession, le taux de chômage augmente. Le ministre qui
accompagne le ministre des Finances, le ministre de l'Agriculture doit le
savoir, c'est un des secteurs qui a le plus périclité au cours
des trois dernières années. Pas un des, c'est le secteur qui a le
plus périclité parce qu'il s'est perdu 28 000 emplois dans le
domaine agricole depuis 1985; 2900, en 1986; 5900 en 1987; 7000 en 1988 et 12
900 dans les premiers onze mois de l'année. Et on va dire aux
institutions financières locales: On va vous écrémer le
marché, vous vous garderez, je suppose, l'agriculture, vous garderez les
pêches qui opèrent maintenant moins de dix semaines par
année. Il faut payer des cours aux gens des usines pour pouvoir les
qualifier pour l'assurance-chômage. Et tantôt, ce n'est plus le
fédéral qui va compenser pour l'assurance-chômage, ce sera
les gens des autres secteurs qui devront payer des primes plus fortes pour
compenser pour d'autres secteurs.
Aujourd'hui, sans consultation, un peu comme Mandraque qui sort des
mouchoirs de son chapeau haut-de-forme, le ministre des Finances nous appporte
un projet. M. le Président, moi, je pense qu'il devrait y avoir des
consultations et de vastes consultations. L'Union des municipalités qui
est plus organisée a pu réagir rapidement en disant: On veut
être exemptée. Je serais curieux de voir, après une
consultation, combien d'organismes, combien de gens voudraient rester dans le
cadre de ce projet de loi. Je serais curieux de le voir. Un projet de loi,
c'est un projet pour l'organisation de la vie d'une société. Ce
n'est pas pour la beauté des colonnes de chiffres des fonctionnaires du
ministère des Finances.
C'est pourquoi, moi, je pense qu'il faudrait inviter des gens qui
viendraient nous dire et nous parler des orientations, des conséquences,
des avantages et des désavantages. Que le ministre nous dise qu'il y a
certains avantages. C'est possible qu'il y ait certains avantages mais je vois,
à ce moment-ci, beaucoup plus les désavantages que les avantages.
Et il me semble que le ministre ne devrait pas craindre de faire des
consultations si son projet de loi est si bon. Je me rappelle un projet de loi,
le projet de loi 32 ou 33, 29 ou 30, pardon, concernant les amendements
justement à la Loi sur l'administration financière. C'est un
projet de loi qui venait des fonctionnaires et qui avait été
déposé. Le ministre était absent à ce
moment-là, en convalescence, et c'était le ministre de
l'Industrie et du Commerce, M. Johnson, qui l'avait déposé. Et
finalement, le ministre des Finances avait décidé de nous
écouter à tel point que tous les articles avaient
été changés, même les notes explicatives avaient
été changées, et étaient restés intactes le
titre et le numéro du projet de loi. Tout le reste avait
été changé parce que le ministre des Finances
s'était rendu compte que la bureaucratie sur le pilote automatique avait
amené un projet de loi qui n'avait pas de bon sens sur le plan du
parlementarisme.
Je pense qu'aujourd'hui, quand on regarde les effets que ça
pourrait avoir sur le pian des institutions qui opèrent sur des
marchés locaux ou des marchés régionaux, il y aura des
conséquences également et on devrait être capable de les
analyser.
Motion proposant la tenue de
consultations particulières avec le
Vérificateur général du
Québec
Or, pour avoir un éclairage, je voudrais proposer, M. lé
Président, qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission du budget et de l'administration tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 2, Loi
modifiant la Loi sur l'administration financière et d'autres
dispositions législatives, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin, elle
entende le Vérificateur général du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Oui, simplement, M. le
député de Lévis, vous nous avez présenté une
motion. Je comprends qu'en présentant cette motion, il n'y a pas
d'autres membres qui veulent faire des remarques préliminaires.
M. Léonard: Non.
Le Président (M. Lemieux): C'est effectivement le cas.
M. Léonard: M. le Président... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: ...suite à une entente - d'ailleurs, je
viens de parier avec le député de Lévis - la motion serait
élargie et il y aurait un court débat, et nous en disposerions
très rapidement.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors la
motion...
M. Léonard: Je voudrais simplement, au lieu de cette
motion, M. le député de Lévis - à qui je viens de
parier et qui est d'accord - présen-
ter cette autre motion.
Le Président (M. Lemieux): Mais ça serait au
député de Lévis à retirer sa motion. M. le
député de Lévis, est-ce que vous retirez votre motion?
Vous pouvez l'amender, M. le député de Lévis, ou la
retirer.
Retrait de la motion
M. Garon: Je vais la retirer puisque la proposition du
député de Labelle va être plus complète.
Le Président (M. Lemieux): Alors vous la retirez.
Ça va.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Labelle, présentez votre motion.
Motion proposant la tenue de
consultations particulières
avec le Vérificateur
général
du Québec et divers organismes
M. Léonard: M. le Président, permettez-moi de
présenter une motion qui se lit: "II est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure, la commission du budget
et de l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 2, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière et d'autres dispositions
législatives, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende le
Vérificateur général du Québec, le Conseil scolaire
de 111e de Montréal, la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec, la Conférence des recteurs et principaux
des universités du Québec, la Fédération des
cégeps, l'Association des hôpitaux du Québec, la
Confédération des caisses populaires Desjardins du Québec
et la Caisse de dépôt et placement du Québec."
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Labelle. Voulez-vous me transmettre la motion?
La motion est recevable. Nous allons permettre, en vertu de l'article
209, le débat sur la motion. M. le député de Labelle, vous
avez la parole.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, après entente
aussi, il a été convenu que chacun exercerait un court droit de
parole quant à cette motion. Je voudrais simplement dire que, quant
à ce projet de loi, nous considérons qu'il est très
important que les organismes qui sont visés dans le projet de loi soient
bien sensibilisés à son importance et que nous puissions les
entendre.
Le projet de loi a été déposé il y a deux
semaines environ et nous sommes convaincus que plusieurs des gens qui font
partie de ces organismes ainsi que même des dirigeants de ces organismes
ne sont pas au courant du projet de loi, qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'en
prendre connaissance pleinement et que toutes les conséquences de son
application ne sont pas encore présentes à leur esprit. Nous
voudrions en discuter avec eux et leur donner l'occasion de venir devant cette
commission parlementaire pour s'exprimer quant au projet de loi. Nous croyons
que c'est du droit le plus strict en termes démocratiques, qu'ils
viennent ici, à la barre de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le ministre, sur la motion du
député de Labelle.
M. Levesque: Oui. J'attends la copie.
Le Président (M. Lemieux): On peut suspendre.
Nous allons suspendre une minute en attendant que la copie de la motion
du député de Labelle nous soit transmise.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprisée 17 h 3)
Le Président (M. Lemieux): à l'ordre, s'il vous
plaît! la commission reprend ses travaux relativement à
l'étude du projet de loi 2, loi modifiant la loi sur l'administration
financière et d'autres dispositions législatives. m. le ministre
des finances, sur la motion du député de labelle.
Une voix: ...a terminé?
Le Président (M. Lemieux): Pardon? Oui, M. le
député de Labelle m'avait fait état qu'il avait
terminé. M. le ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie. En prenant
connaissance de cette motion d'amendement, il est clair que j'en
conclus qu'elle fait partie d'une stratégie qui est propre
à l'Opposition, particulièrement en ces derniers jours de session
parlementaire qui précèdent la fête de Noël. C'est
traditionnel. Je suis ici depuis assez longtemps pour reconnaître ce
genre de procédé. Si c'était fondé sur
l'intérêt public, j'y répondrais d'une façon
très positive. Mais vous savez, ce que nous faisons présentement
est clair. C'est que nous suggérons à l'Assemblée,
à la commission d'appuyer un projet de loi qui, d'ailleurs, a
été appuyé en deuxième lecture à
l'unanimité, M. le Président, à l'unanimité.
Quand j'entends le député de Lévis qui nous dit
qu'il est estomaqué et qu'il ne peut pas comprendre que nous
procédions ainsi à ce regroupement, il attaque le principe
même du projet de loi dont son parti s'est retrouvé à
appuyer, appuyer formellement, publiquement, ouvertement, avec enthousiasme
même la politique gouvernementale. Et là, à un moment
donné, je ne sais pas s'il regrette son coup, mais il a voté.
C'est voté ça. C'est voté par votre parti, à moins
qu'il soit un dissident. Maintenant, s'il est un dissident, qu'il se
lève. Il a une belle occasion de le dire.
Quant au fond de la motion de l'honorable député de
Labelle, j'y attache cependant l'importance qu'elle mérite. Nous avons
procédé à des consultations. Il ne faut pas imaginer que
nous n'avons pas consulté. D'ailleurs, les seules objections que nous
ayons reçues nous sont venues de l'Union des municipalités qui,
ce matin même, est pleinement d'accord pour le projet de loi tel qu'il
sera présenté avec amendements. Alors, quant aux autres, ce sont
les propres gens que nous avons chez nous, nos commissions scolaires dont nous
nous occupons du financement présentement, les cégeps, les
universités, les institutions de santé. Alors, ce que nous
faisons, c'est que nous continuons de faire ce que nous faisions pour eux
jusqu'à maintenant mais, en plus, nous leur accordons la
possibilité, sur une base volontaire, d'utiliser non pas seulement nos
services comme ils le font présentement mais, en plus, le nom "province
de Québec" plutôt qu'utiliser leur propre nom lorsqu'ils peuvent
avoir des avantages de réduction de coût. Je ne vois pas pourquoi
je souscrirais à cette motion, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Comme il n'y a pas d'autres interventions sur la motion,
je demande le vote.
M. Bélisle: Sur division. M. Garon: M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): Un instant, oui. M. le
député de Lévis, vous voulez intervenir sur la motion?
M. Garon: S'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté
parler le ministre des Finances et le ministre des Finances a
exagéré. C'est pour ça que je veux lui répondre,
parce que l'Opposition a dit en deuxième lecture: On veut discuter. On
ne s'opposera pas au principe pour discuter du projet de loi en commission
parlementaire. J'ai écouté aussi le discours du chef de
l'Opposition. J'étais dans mon bureau en train de faire un travail. J'ai
écouté le discours du chef de l'Opposition. Le chef de
l'Opposition, au contraire, a montré toutes les réserves qu'il y
avait sur ce projet de loi et a encore montré aussi les réserves
qu'il avait sur ce projet de loi aujourd'hui. Je lui ai donné une
indication comme quoi j'ai déjà été contre une
politique de centralisation pour faire en sorte de remettre dans les
institutions privées les prêts agricoles.
Je vais dire plus que ça même au ministre des Finances.
Quand les banques n'ont pas voulu prêter à "prime rate" - et vous
ferez votre histoire, vous allez voir ce que c'est au ministère des
Finances - le ministère des Finances ne me supportait pas
là-dedans, sauf que j'ai obtenu un demi-point d'intérêt de
moins pour les cultivateurs et le Mouvement des caisses populaires a
accepté de prêter à "prime rate". Pendant un an, les
banques n'ont pas prêté aux cultivateurs parce qu'elles ne
voulaient pas prêter à ce taux, puis à la fin, elles se
sont ralliées elles aussi. Pourquoi? Parce qu'il y a des
conséquences à tout vouloir centraliser et à faire des
"deals" les uns avec les autres.
Et, tantôt, qui écopera pour ces ententes dans les emprunts
du ministère des Finances? Il y aura des gens qui seront iaissés
pour compte. Je regarde le député qui est ici,
député de comté agricole, qui est ici et qui va
peut-être voter avec son ministre des Finances, mais il votera contre les
gens, par exemple, qui ont bénéficié de prêts
décentralisés qui ont été faits auprès des
régions parce qu'on a pu négocier des prêts avec des
entreprises privées et qu'on a pu au niveau agricole faire des
prêts. Ça a été un demi pour cent de moins pour les
cultivateurs. Alors, quand on va arriver et qu'on va essayer de nous dire qu'on
aurait pu faire des prêts centralisés, je regrette, M. le ministre
des Finances. Je sais de quoi je parle et je sais qu'il y a de la concurrence
qui est possible et que si on fait en sorte de ne pas faire jouer aucunement
cette concurrence parce que la bureaucratie du ministère des Finances
pense comme ça, je regrette.
Le ministre des Finances vous l'a dit, l'ex-ministre des Finances, M.
Parizeau. Il a dit: Pendant 25 ans, les gens des Finances sont revenus avec
ça. Et il a dit: On a résisté. Lesage a
résisté, Johnson a résisté, j'ai
résisté. Mais vous, vous n'avez pas résisté. Et
celui qui aurait dû le plus résister parce qu'il venait de la
Gaspésie, qu'il ne venait pas de Montréal, ç'aurait
dû être vous. Ce n'est pas étonnant qu'on ait cette
centralisation aujourd'hui, par exemple, les négociations de conventions
collectives sont rendues à Montréal. Les gens qui ont voté
du bon bord dans la région de Québec, il n'y a plus rien. Puis,
aujourd'hui, le siège social de la CEQ est en train de se vendre pour
s'en aller à Montréal lui aussi.
Il y a des conséquences à centraliser les affaires. C'est
pourquoi je dis qu'il faut aussi penser aux gens des organismes
régionaux, les marchés locaux dont vous a parlé le chef de
l'Opposition. Il vous a parlé des marchés locaux. C'est
très important et je dis que là-dessus, il faut en tenir compte.
Et s'il n'y a personne qui en tient compte, je vais encore être la voix
qui va en tenir compte parce que je crois à ça
profondément et je vais continuer à défendre le
développement régional, je vais continuer à
défendre les institutions locales et je vais continuer à
défendre le citoyen qui, souvent, est seul devant les grandes machines
qu'il n'est plus capable d'affronter. Il faut nommer des protecteurs du citoyen
ici et là pour défendre l'individu qui est seul face à ces
machines. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, je vais demander le
vote sur la motion du député de Labelle concernant les
consultations particulières. Je suggérerais peut-être au
député de Labelle qu'on inscrive "sur division".
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la motion est
adoptée? La motion est rejetée sur...
M. Bélisle: Rejetée sur division.
Le Président (M. Lemieux): Rejetée sur
division.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques... C'est-à-dire il n'y a pas
d'autres remarques préliminaires. J'appelle l'article...
M. Bélisle: M. le Président, si vous me
permettez.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Iles.
Une voix:... l'article 1.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous que j'appelle
l'article 1?
Une voix: il est appelé. M. Bélisle:
appelez-le.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle l'article 1.
Oui, effectivement. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, si vous me permettez.
À ce moment-ci de nos travaux, compte tenu des échanges de cet
après-midi, je vais faire la motion suivante: Que les travaux de cette
commission soient ajournés sine die.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la motion du
député de Mille-Îles est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
Alors, les travaux de la commission relativement à l'étude
du projet de loi 2, Loi modifiant la Loi sur l'administration financière
et d'autres dispositions législatives, sont ajournés sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 12)