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(Dix heu.es deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration entreprend ses
travaux. La commission est réunie ce matin afin de procéder
à l'interpellation de la députée de Hochelaga-Maisonneuve
au ministre délégué à l'Administration et à
la Fonction publique et président du Conseil du trésor sur le
sujet suivant, l'avenir de Montréal. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Loiselle
(Saint-Henri) remplacera M. Després (Limoulou), M. Larouche (Anjou)
remplacera M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), M. Gautrin (Verdun)
remplacera M. Forget (Prévost) et Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve)
remplacera M. Lazure (La Prairie).
Le Président (M. Lemieux): merci, m. le secrétaire.
permette/moi de vous rappeler brièvement les règles de
procédure. le débat dure au plus deux heures, soit jusqu'à
midi. la discussion est divisée en trois étapes: un premier
débat de 20 minutes commence par l'intervention du député
qui a donné l'avis d'interpellation, soit la députée de
hochelaga-maisonneuve. elle exercera un premier droit de parole de 10 minutes.
le ministre interpellé, soit le président du conseil du
trésor, aura ensuite un droit de réplique de 10 minutes.
après ces deux interventions, nous procéderons ensuite à
un débat de 80 minutes au cours duquel chaque intervenant pourra
s'exprimer pendant cinq minutes. il y aura alternance des interventions selon
la séquence suivante: un député de l'opposition, m. le
ministre, un député ministériel et ainsi de suite selon la
même séquence. si un membre utilise moins de cinq minutes, le
temps non utilisé est perdu et la parole sera donnée à
l'intervenant qui suit, selon la séquence que j'ai indiquée
précédemment. vingt minutes avant la fin de la séance, le
ministre aura droit à un dernier temps de parole de 10 minutes, et la
députée de hochelaga-maisonneuve aura ensuite un droit de
réplique de 10 minutes, ce qui mettra fin au débat. nous
commençons immédiatement l'interpellation et la parole est
maintenant à mme la députée de hochelaga-maisonneuve. vous
avez la parole, madame.
Exposé du sujet
Mme Louise Harel
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Prési- dent Un des
premiers gestes que le nouveau gouvernement libéral devait poser
dès son arrivée au pouvoir en décembre 1985 fut d'abolir
le comité interministériel permanent de la région de
Montréal mis en place par le gouvernement' précédent. Ce
comité interministériel coordonnait pourtant l'action
gouvernementale dans la région de Montréal. Cela prendra cinq
ans, de nombreuses pressions du milieu montréalais lui-même, une
campagne électorale pour que le gouvernement en place puisse en profiter
avant, qu'enfin, ne renaisse, le 28 février dernier, cet indispensable
comité gouvernemental chargé de coordonner l'action
gouvernementale dans la région de Montréal.
Soulignant les six mois d'attente écoulés depuis la
promesse du premier ministre de former enfin ce comité, le
président de la Chambre de commerce de Montréal
métropolitain réclamait du gouvernement, dès l'annonce du
comité, de passer immédiatement à l'action sans tarder.
L'urgence de la situation est telle qu'il faut maintenant passer à
l'action sans perdre une minute de plus, disait M. Jacques Ménard.
l'urgence d'agir. voilà ce qui revient constamment dans la bouche de
tous les montréalais: urgence d'agir en matière d'infrastructure
routière, en matière de transport en commun, à
l'égard du rôle international de montréal, en
matière de tourisme, d'habitation, de formation de la main-d'oeuvre, de
lutte à la pauvreté. c'est d'action prioritaire,
d'échéancier de réalisation, de propositions
précises que nous voulons parler ce matin et ce sur quoi nous voulons
interroger le gouvernement et, particulièrement, le président de
ce comité interministériel nouvellement formé. huit mois
après l'annonce du projet, où en est rendu soligaz, dont la
construction était annoncée pour l'été prochain?
trois ans après l'étude entreprise à la demande,
d'ailleurs, du député de vaudreuil lui-même, où en
est-on dans la décontamination des terrains industriels de l'est de
montréal? pourquoi 5000 chômeurs de plus qu'il y a cinq ans dans
l'est de montréal? sur les 12 000 000 $ promis il y a deux ans pour
constituer le fonds spécial de formation de la main-d'oeuvre locale, que
deviennent les 9 000 000 $ annoncés sans être
dépensés? qu'attend le gouvernement du québec pour
annoncer sa contribution à la relance du sud-ouest de montréal?
à la suite des récentes négociations du gatt à
genève, que propose québec à l'égard du secteur du
textile et du vêtement qui fournit pourtant 42 % de tous les emplois
manufacturiers de montréal? maintenant que les études du btm,
bureau de transport de montréal sont complétées sur la
nouvelle ligne de métro dans l'axe du boulevard pie ix, la ligne 7,
et que sont aussi terminées tes études sur la
modernisation des trains de banlieue Montréal-Deux-Montagnes, qu'attend
Québec pour donner suite et le feu vert à l'entente conclue trois
jours avant les élections entre le ministère des Transports et la
Communauté urbaine de Montréal? Lequel des deux projets de la
ligne de métro dans l'est ou du train de banlieue dans l'ouest sera
d'abord réalisé ou plutôt, est-ce que les deux sont
paralysés? Qu'arrive-t il de la table de concertation ferroviaire
annoncée il y a un an pour consolider les 20 000 emplois menacés
dans cette industrie?
Pas un sou des 90 000 000 $ octroyés à Montréal le
9 juin 1988, il y aura bientôt deux ans, dans le cadre de l'entente
Québec-Canada n'a encore été dépensé.
Comment expliquer les lenteurs à mettre en place l'aide
financière prévue? Le programme d'aide aux zones
défavorisées qui devaient recevoir 50 000 000 $ et celui des axes
de développement qui devaient recevoir 40 000 000 $, comment expliquer
les lenteurs qui paralysent particulièrement les efforts de relance de
l'économie à Montréal? Quelle participation Québec
envisage-t-il dans le projet de centres de conférences internationales
de Montréal? Voilà, M. le Président, toutes ces questions
que nous avons l'intention de poser, ce matin, au gouvernement. La tentative du
député de Vaudreuil de dissimuler les problèmes sous un
discours optimiste serait assez maladroite. Le maire de Montréal le lui
a d'ailleurs rappelé, M. le Président, dimanche dernier. Le maire
lui disait: II faut arrêter de cacher les problèmes sérieux
qui existent à Montréal. La pensée magigue du
président du Conseil du trésor ne peut contrer cette
vérité troublante, si Montréal est prospère la
grande partie de ses habitants ne profite en rien de cette
prospérité. Le taux de chômage global sur ITle est
peut-être de 14 % mais, dans certains quartiers, il atteint 30 %,
globalement 23 quartiers sur 54 connaissent des taux de chômage
supérieurs à 15 % et dans 21 quartiers le chômage a
progressé de plus de 20 % depuis les cinq dernières années
et dans trois quartiers cette progression a été supérieure
à 40 %. Ce sont d'ailleurs dans ces quartiers que se retrouvent les plus
fortes concentrations de nouveaux arrivants. Je vous rappelle, M. le
Président, que Montréal arbrite 23 % de tous les prestataires de
l'assurance-chômage du Québec alors que la ville ne
représente que 15 % dé la population. Non, M. le
Président, il ne suffit pas de répéter te même adage
pour y croire. Le président du Conseil du trésor nous donne
l'impression de ces personnes qui se répètent inlassablement en
s'aveuglant intentionnellement sur la situation. Le cheval blanc de
Napoléon est noir et le président du Conseil du trésor
nous dit: Ça va mal à Montréal, mais c'est encourageant.
M. le Président, ça va mal à Montréal; ce qui est
encourageant c'est la solidarité des Montréalais et leur
volonté de créer une alliance stratégique entre tous les
intervenants montréalais. Ce qui est décourageant, c'est la
négligence et l'indifférence du gouvernement du
Québec.
M. le Président, nous allons certainement avoir l'occasion,
durant cet échange ce matin, d'aborder ces questions pressantos,
urgentes, pour assurer la relance de la région de Montréal et de
l'ensemble de sa population. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mmo l;i
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le président du
Conseil du trésor.
Réponse du ministre M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. C'est sans surprise,
évidemment, qu'on est saisi des propos de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, ce matin, une autre expression du discours
misérabiliste que tient l'Opposition lorsqu'il est question de
Montréal. Cette faculté d'être obnubilé par les
faiblesses, ou conjoncturelles ou structurelles, de Montréal retient
toujours l'attention de l'Opposition et, pour paraphraser ce que la
députée vient de dire, cela lui permet d'oublier les atouts
considerables de Montréal et de négliger les progrès
remarquables qui sont observés dans le milieu montréalais depuis
plusieurs années.
La première dimension du discours de la députée, le
milieu montréalais, pour fonctionner afin de progresser,
requérait depuis cinq ans un comité ministériel permanent
ou un comité interministériel. Je lui ferai remarquer
immédiatement que les engagements du gouvernement du Québec de
plus de 100 000 000 $, en réponse au rapport du Comité de la
relance économique et de l'emploi de l'est de Montréal, que les
interventions par douzaines dans le milieu montréalais de l'entreprise
en matière de modernisation, d'expansion et d'implantation d'entreprises
pour des dizaines de millions de dollars, que les interventions auprès
de centaines de bénéficiaires des programmes de formation, que
les interventions par soit millions de dollars ou douzaines d'interventions
précises à l'égard d'entreprises existantes pour
sauvegarder des emplois, que notre intervention quant au caractère
international de Montréal, notamment le centre des congrès
internationaux, et j'y reviendrai - on aura des annonces précises
à faire ce matin, que la... l'attention que nous continuons d'apporter
afin de faire véritablement de Montréal un pôle vers lequel
des activités économiques puissent se diriger, notamment, en
dotant Montréal, comme n'importe quelle métropole digne de ce
nom, d'infrastructures, d'attraits en matières culturelle, touristique
et de loisirs, le tout, avec la coopération financière du
gouvernement du Québec, sont autant de choses qui ont été
faites
depuis quelques années, mais que, évidemment l'Opposition
- et c'est son rôle, je vais le reconnaître tout de suite, M. le
Président - feint d'ignorer.
Il n'en reste pas moins qu'on doit remarquer que Montréal, dans
la mesure où elle aspire à être une ville internationale,
est également sujette aux soubresauts de la conjoncture internationale.
Si nous sommes le centre d'une économie québécoise
d'exportation vers les États-Unis, nous souffrirons des ralentissements
économiques qu'on observe chez nos voisins du Sud. Si nous faisons
partie de ces joueurs, de moins en moins nombreux, mais de plus en plus gros,
qui ont tendance à se regrouper afin d'affronter le marché
international, nous assisterons à des fusions d'entreprises et à
la disparition de certaines d'entre elles. Si nous avons à participer
à l'amélioration et à la hausse du niveau de technologie
qui est utilisée dans nos entreprises, nous verrons des consolidations
et, donc, dans certains cas, des disparitions d'entreprises traditionnelles.
C'est la loi de la nature économique qui s'impose et notre
responsabilité est de faire en sorte que nous préparions le
terrain pour cette consolidation.
Alors, de toute évidence, qu'il s'agisse de
phénomènes structurels, nous avons à apporter des
réponses et à en tirer des leçons, afin, justement, de
permettre au milieu montréalais d'affronter l'avenir. On peut
également intervenir sur certains des phénomènes de nature
purement conjoncturelle et on peut penser à ce moment à des
fermetures et à des cas précis de menaces de fermeture de
certaines entreprises. Il me vient à l'esprit - c'est fondamental pour
l'est de Montréal - le dossier Borden-Catelli sur lequel j'aurai
également quelques annonces à faire dans le courant de
l'avant-midi. alors, évidemment, on peut être dans l'opposition
et... je ne sais pas, s'amuser à faire paraître mal le
gouvernement à qui on reproche sa négligence. on peut
évidemment négliger, en faisant ça, de regarder ce qui se
passe autour de nous. et on doit négliger, lorsqu'on est dans
l'opposition - et c'est un devoir de l'opposition quo de négliger les
progrès que le milieu montréalais a pu faire - ce que
représente la croissance de certains secteurs à la fine pointe de
la technologie comme voie d'avenir; que la présence d'universités
dotées, de plus en plus, de fonds de recherche propres, grâce aux
interventions du gouvernement du québec, j'aurai des annonces à
faire là-dessus tout à l'heure, m. le président, que la
coopération qui s'est nouée, grâce à la concertation
entre les entreprises, l'université, le gouvernement, pourront
également tracer les voies d'un meilleur développement
économique, que notre intervention est toujours marquée du seau
de la préoccupation constante du développement du milieu
montréalais, que nos interventions en matières économique,
sociale, culturelle, touristique, de loisir, de recherche et de déve-
loppement sont constantes et vont toujours dans le même sens; que ta
concertation qu'on peut souhaiter puisse trouver une façon de s'exprimer
davantage par la création d'un comité ministériel
permanent de développement du Grand Montréal qui n'est pas un
comité ad hoc interministériel, comme ce que nos voisins d'en
face avaient mis sur pied, mais qui a un statut auprès du conseil
exécutif de conseiller précis, auprès du Conseil des
ministres, qui est constitué de collègues dont les
activités et les responsabilités sectorielles les amènent
à prendre des décisions qui affectent, en première ligne,
Montréal, et qui ont autre chose que des discours à apporter
à Montréal, comme on l'a vu si longtemps.
Il ne faut pas négliger, ni oublier le fait - je regrette de
revenir sur le passé - que le déclin de l'économie du
Québec, le déclin de Montréal, centre de décisions,
le déclin de l'emploi à Montréal a exactement
coïncidé avec les années de présence au pouvoir de
nos amis d'en face. On pourra dire qu'une conjoncture internationale a
fortement et puissamment contribué à ces déclins. Mais il
n'en reste pas moins que les gestes nocifs pour l'économie du
Québec en matière de fiscalité, de réglementation,
de relations de travail, dans certains cas, lorsqu'on voit comment s'est
comporté le gouvernement d'en face à l'endroit de ses
employés, que la façon et le comportement du gouvernement ont
été particulièrement répréhensibles et n'ont
jamais aidé Montréal à acquérir l'image de marque
qui, finalement, est la sienne depuis quelques années.
M. le Président, une vision de Montréal, c'est quelque
chose de plus précis que l'ensemble des questions qui auraient pu
proprement être dirigées vers certains de mes collègues
"sectoriels". Une vision de Montréal, c'est une vision qui doit, d'abord
et avant tout, mettre de l'avant les forces de Montréal, assurer une
meilleure concertation. Nous avons, au fur et à mesure de nos
interventions dans le milieu montréalais, depuis quatre ans,
réussi à assurer cette concertation. J'aurai, tout à
l'heure, l'occasion de dire avec beaucoup plus de précisions ce que
Pro-est, la table de concertation et de promotion de l'est de Montréal,
a dressé comme bilan de ses interventions depuis deux ans. J'aurai
à indiquer comment le programme, en réponse au rapport du CREEEM,
a pu susciter de nouveaux emplois, hausser le niveau d'employabilité des
Montréalais, assurer des percées, des technologies, et sur les
marchés d'exportation de certaines entreprises de l'est de
Montréal notamment, indiquer comment les gestes en matière de
fiscalité, spécifiquement dirigés vers les institutions
internationales qui ont leur siège social à Montréal, ont
consolidé cette vocation de Montréal.
Alors, je n'ai pas reconnu le milieu et le dynamisme montréalais
dans le discours de la députée de Hochelaga-Maisonneuve. J'ose
croire que nous pourrons réussir à voir des gestes et
entendre des paroles un peu plus enthousiasmante pour le milieu
montréalais.
Argumentation
Le Président (M. Lemieux): merci, m. le président
du conseil du trésor. m. le député de pointe-aux-trembles,
la parole est à vous pour les cinq minutes qui suivent.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, le député de
Vaudreuil et ministre reponsable de Montréal nous dit qu'il a des
annonces intéressantes à faire, ce matin, quant au cas de
Borden-Catelli et quant à l'aide apportée aux universités.
Nous ne pouvons que nous en réjouir, et j'ajoute que s'il faut
l'interpeller chaque vendredi pour que certains dossiers débloquent, on
sera sûrement prêts à s'abonner à le faire.
Par ailleurs, je pense qu'il faut dire que le discours de l'Opposition
à l'égard de Montréal n'est pas misérabiliste, mais
réaliste. Il est réaliste dans ce sens que cette ville vit un
certain nombre de problèmes importants dont la disqualification de
certains de ses secteurs industriels clés. Je pense au ferroviaire qui
est en train de "manger une claque", comme on dit, et où le ministre
s'est engagé à faire siéger une table de concertation. On
espère qu'elle a fini par siéger. Je pense aux chantiers
maritimes où le ministre a regardé passer les frégates qui
sont allées dans les provinces maritimes et, ce qui me concerne plus
particulièrement, je pense à la pétrochimie qui est un
secteur porteur, un secteur d'avenir qui a connu des problèmes
importants. la pétrochimie montréalaise, jusqu'au milieu des
années soixante-dix, était le centre canadien par excellence. le
pétrole importé qui était bon marché était
raffiné à montréal et il était vendu assez bien, on
avait une pétrochimie assez robuste. ce qui limitait le
développement de la chimie montréalaise, c'était la ligne
borden, le gouvernement fédéral avait tracé une ligne en
ontario, à l'ouest de laquelle les raffineries montréalaises ne
pouvaient pas exporter, même si ça faisait partie du même
pays. il n'y avait pas au canada, à cet égard, de
libre-échange. cela a fait que sarnia est devenue le centre canadien de
la pétrochimie. quand la consommation de pétrole a
diminué, notamment dans les années soixante-dix jusqu'au
début des années quatre-vingt, on a assisté à la
fermeture de quatre des six raffineries de l'est de montréal.
Cependant, il y a Pétromont inc. qui faisait son petit bonhomme
de chemin pendant ces mêmes années et qui, sous le gouvernement du
Parti québécois, à cause de l'obstination du ministre des
Finances de l'époque et maintenant chef de l'Opposition, M. Jacques
Parizeau, a reçu du gouvernement un support majeur pour traver- ser les
crises conjoncturelles que Pétromont a traversées, notamment en
1981 ou 1982 où il y a eu une récession nord-américaine
qui aurait touché les libéraux s'ils avaient été au
pouvoir, parce qu'ils ne peuvent pas se soustraire de l'Amérique du
Nord.
Donc, nous l'avons soutenue et le relais a été pris par le
ministre de l'Énergie, l'ex-mi-nistre de l'Énergie et des
Ressources, M. John Ciaccia, qui a réussi à pousser le projet de
Soligaz, c'est-à-dire d'avoir un pipeline de Sarnia à
Montréal pour amener les liquides de gaz naturel, ce qui, d'après
le communiqué de M. Ciaccia, était susceptible de créer
à terme près de 24 000 emplois indirects dans l'économie
montréalaise. Le ministre délégé à la
Technologie, en septembre 1989, était plus modeste que M. Ciaccia, il
parlait d'investissements de base de 400 000 000 $ et d'investissements
additionnels de 2 000 000 000 $ qui créeraient 20 000 emplois. On ne se
chicanera pas sur 20 000 ou 24 000 emplois, même à 20 000 emplois,
ce serait sûrement très appréciable.
D'une certaine manière, Soligaz et son projet de fonctionnement,
le journalLa Presse mentionnait que ç'avait été une
course à relais entre le PQ et le Parti libéral M. Alain Dubuc
disait, en septembre 1989: "Dans les faits, le dossier de la pétrochimie
transcende les parties et les luttes électorales On a un exemple rare
d'une authentique course à relais, une idée du gouvernement
péquiste menée à terme par les libéraux. " Comme
notre enfant naturel a été adopté par le gouvernement qui
nous a succédé en 1985, nous nous préoccupons de l'avenir
de l'enfant. M. John Ciaccia, dans son communiqué, disait que la
construction du pipeline devrait débuter à l'été
1990. Le fédéral, qui n'a pas mis un seul sou, ayant garanti
l'approvisionnement en liquides de gaz naturel et se disant fort
d'accélérer les audiences de l'Office national de
l'énergie, est ce que ces audiences ont eu lieu? Vont-elles avoir lieu
prochainement? Verrons-nous le début de la construction du pipeline
à l'été 1990, pour que Soligaz soit en activité en
1992? Bref, les 20 000 emplois, selon M. Rivard, 24 000, selon le ministre de
l'Énergie et des Ressources de l'époque, s'en viennent ils?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, d'abord, en écoutant
le député de Pointe-aux-Trembles, j'ai réalisé que
j'ai fait un lapsus tout à l'heure. Les annonces, ce n'était pas
sur les universités, c'était sur l'habitation. Je m'excuse, j'ai
induit le député en erreur. Il y aura d'autres sortes d'annonces.
Les annonces sur les universités, dans Ie fond, ont déjà
ou lieu.
Vous me permettrez surtout de parler du
caractère international de Montréal. En cette
décennie de mondialisation croissante des échanges commerciaux,
il est de la responsabilité première d'un gouvernement d'assurer
qu'une métropole, le coeur économique du Québec, donc,
Montréal, puisse être dotée de toutes les armes, de tous
les outils nécessaires afin d'exercer un véritable rôle
international et de tenir une place de premier rang dans l'économie
nord-américaine et internationale. Sans vouloir passer sous le tapis les
interventions du député de Pointe-aux-Trembles à
l'égard de la pétrochimie, je lui rappellerais simplement que,
parmi les premiers gestes qui ont été posés par le
gouvernement actuel, certains ont visé à la consolidation de
Pétromont, à des investissements additionnels.
Nous avions des décisions à prendre. On peut bien taper
dans le dos de l'actuel chef de l'Opposition, alors ministre des Finances, qui
était apparemment têtu et entêté dans la
filière pétrochimique québécoise et à qui on
devrait les grands succès que nous connaissons aujourd'hui, tout ce que
je veux remarquer, c'est que, pendant que cette main s'entêtait à
faire avancer la filière pétrochimique québécoise,
l'autre main surtaxait l'ensemble des industries québécoises afin
de leur réserver le sort qu'on sait, une absence de concurrence, de
compétitivité sur la scène internationale. (10 h 30)
Les décisions que nous avons prises à l'égard de
Pétromont ont fait en sorte que, il y a 18 mois, après 31
trimestres - de mémoire - de pertes consécutives,
Pétromont, finalement, connaissait un revirement de sa situation
financière pour le plus grand plaisir des gens qui y travaillent, des
gens qui en dépendent et, évidemment, des actionnaires dont nous
sommes.
Quant au projet Soligaz, comme tel, le député semble
ignorer la complexité remarquable, je dois le dire parce qu'on le suit
d'assez près, à laquelle le consortium a à faire face. La
mise sur pied d'un programme de planification et d'investissements de plus de
200 000 000 $ pour des constructions de cavernes de stockage de liquides de gaz
naturel, des infrastructures portuaires qui y sont reliées, la
participation à la construction d'un oléoduc de plus d'un quart
de milliard de dollars, ne sont pas des choses qui se font aussi facilement que
de dresser la liste de questions qu'on veut poser au gouvernement à
l'occasion de la période de questions. Et il est de notre
responsabilité de continuer.
Ma collègue, maintenant, de l'Énergie, succédant
ainsi au ministre des Affaires internationales, a repris ce dossier. Le
gouvernement maintient le cap pour en faire une priorité de
développement et les intervenants gouvernementaux sont actifs
quotidiennement, j'en sais quelque chose, dans tout ce dossier.
Mais pour parler de Montréal, ville internationale, il faut
rappeler peut-être deux choses concrètes que nous avons faites.
D'abord que le
Québec assure, quant à lui, maintenant, une qualification
fiscale pour tous les employés des sièges internationaux, des
organismes non gouvernementaux qui ont pignon sur rue à Montréal,
respectant ainsi ce que l'accord de sièges internationaux - c'est comme
ça que l'appellation le veut - respectant ainsi les dispositions des
accords de sièges que seul le Canada, imaginez-vous donc, comme
gouvernement fédéral, n'a pas signé; 42 pays ont
déjà signé cet accord de sièges qui assure un
traitement fiscal qui consolide une vocation internationale à des
orgasnismes non gouvernementaux implantés chez nous, seul le Canada n'a
pas signé cet accord, mais le Québec se comporte comme si
ça avait été signé et nous avons donc cette
participation.
Deuxièmement, nous avons consacré, et entendons consacrer,
500 000 $ à toutes les études de faisabilité qui
assureront la présence d'un centre de conférence international
à Montréal. Voua me permettrez de dire que ce n'est pas rien.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. Brièvement,
lorsque je regarde Montréal, c'est avec beaucoup de fierté que je
vois une ville qui, sûrement et avec beaucoup d'assurance, s'oriente vers
le XXIe siècle. Une ville qui a une économie qui devient de plus
en plus orientée dans les secteurs de la haute technologie et les
secteurs du tertiaire et du quaternaire. Une ville où, avec l'aide du
gouvernement qui a agi par trois moyens - on va y revenir tout à l'heure
- une ville qui entre de plein pied dans une économie moderne.
Qu'a fait le gouvernement? Je pense que dans les secteurs de la haute
technologie, il y a trois actions principales. Certainement la création
du Fonds de développement technologique a été le moteur
principal pour faire en sorte que l'entreprise privée et le secteur
universitaire s'associent afin de développer le secteur de la haute
technologie qui est le secteur majeur pour l'avenir d'un pays. Le gouvernement
a aussi mis de l'avant, dans son dernier budget, des mesures fiscales pour
soutenir la recherche et le développement dans les entreprises et pour
favoriser encore une fois la recherche conjointe entre les universités
et le secteur privé. Enfin, on a vu ce soutien, cette action très
forte de la part du gouvernement du Québec pour soutenir des
universités, ce qui fait d'ailleurs le fleuron de Montréal.
Montréal est un endroit où il y a quatre universités
majeures, quatre universités majeures engagées dans des champs de
recherche et qui sont soutenues par le gouvernement du
Québec.
Brièvement, M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais rappeler des succès que Montréal a connus ces
dernières années. Dans le secteur aérospatial, par
exemple, on peut regarder et voir l'immense succès qu'a actuellement le
projet de l'avion RJ par Bombardier, projet qui... Lorsque le secteur sera en
plein fonctionnement, il va créer plus de 3000 emplois, en 1994, dans le
secteur de l'aéronautique. C'est quelque chose de fondamental qui est
mis de l'avant et qui est soutenu par le gouvernement du Québec et
l'action du gouvernement du Québec.
Dans le secteur de l'électronique, par exemple, on se retrouve
devant une situation où l'on a investi plus de 47 000 000 $ pour faire
de l'usine Philips le leader, à l'heure actuelle, dans le domaine des
micro-ordinateurs; et on conviendra, sans difficulté, que le domaine des
ordinateurs, c'est le domaine de première importance pour l'avenir du
Québec.
La loi fédérale C-22, qui a dédouané les
questions touchant les brevets dans le domaine pharmaceutique, a permis, dans
la région montréalaise, que toute la recherche dans le domaine
pharmaceutique reprenne l'élan qu'elle avait auparavant. On pourrait
rapidement rappeler que maintenant dans les laboratoires comme Mayer Frost, ils
vont faire un investissement de plus de 205 000 000 $. Je rappellerai les 88
000 000 $ que Bio-Méga, dans la région montréalaise, va
investir dans la recherche biomédicale. Que les 63 000 000 $, par
exemple, qui sont investis par... Et pour faire de Montréal vraiment
l'un des centres majeurs de recherche dans le domaine de la biomédicale
et des industries pharmaceutiques, domaine qui est fondamental pour, si on a
une vision du développement économique de Montréal,
axée sur des industries du XXI e siècle.
En terminant, rapidement, M. le Président, j'aimerais aussi
pouvoir faire état du soutien que le gouvernement du Québec
apporte à la CITEC et au Techno Parc de Montréal pour
améliorer et permettre une meilleure interaction dans le domaine de la
recherche et du développement. En un mot, Montréal est clairement
orienté vers une industrie du XXIe siècle. Montréal, avec
le soutien du gouvernement libéral est en mesure de rentrer de plein
pied dans ce nouveau cycle. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. La parole est maintenant à M. le
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le ministre, vous nous accusez de tenir un
discours misérabiliste, mais quand on regarde la réalité,
telle qu'elle est, et particulièrement lorsqu'on évalue les
conséquences possibles du futur projet de loi C-21 sur
l'assurance-chômage et lorsqu'on regarde aussi que plus de 23 quartiers
sur 54 à Montréal ont un taux de chômage supérieur
à 15 % et particulièrement dans mon quartier où l'on
remarque, entre 1981 et 1986, une progression de 24 % dans un quartier de 32 %,
de 23 % et de 28 % du taux de chômage, s'il y a un autre qualificatif que
misérable pour qualifier la situation du chômage à
Montréal, j'aimerais bien que vous m'en fassiez part.
M. le ministre, j'aimerais, au-delà de tout ça, vous
entretenir sur un secteur qui occupe plus de 36 % des entreprises du secteur
manufacturier à Montréal; 35 % des emplois directs à
Montréal; 20 % aussi de toute la production manufacturière
à Montréal. En 1985, 38 000 personnes y travaillaient; 6,2 % de
plus qu'en 1981 et, au Québec, c'est 91 000 emplois qui étaient
occupés par ce secteur. Les deux tiers de cette industrie sont au
Québec dont 70 % à Montréal. Vous aurez deviné, M.
le ministre, que j'aimerais vous entretenir du secteur de la mode.
En septembre 1989, la ville de Montréal prenait et
présentait un document de sensibilisation, "Une signature mode pour
Montréal". En prenant le parti et le pari ferme d'appuyer le
développement des industries de la mode et de la fourrure à
Montréal, concrètement, Montréal a décidé
d'affermir sa position comme capitale canadienne de la mode. Elle entend
contribuer à cette relance en se situant comme le rassembleur des
entreprises qui veulent s'aider et assurer aussi un soutien à la
relève. Depuis que je m'intéresse à ce dossier, le
gouvernement du Québec a fait et a pris deux décisions
concrètes. D'une part, de nommer la ministre des Communications
responsable comme ambassadrice de la mode et, deuxièmement, d'assurer
une participation au Salon canadien de la mode féminine de
Montréal.
Pourtant, M. le ministre, l'actualité et la réalité
exigent beaucoup plus Au niveau international, la gestion du commerce du
vêtement et du textile constitue une exception aux règles du GATT.
L'accord Multi-fibre cautionne la négociation d'ententes
bilatérales, de contingentement des importations de textile et de
vêtement. Cependant, dans le cadre des négociations actuelles, et
suite aux pressions exercées par les pays en voie de
développement et par la Communauté européenne
économique, on tente d'intégrer le secteur du textile et du
vêtement dans les règles du GATT. Cette réalité et
ce nouvel environnement exposeront des producteurs québécois et
montréalais à une concurrence accrue venant des pays en voie de
développement. L'industrie montréalaise du textile dont, encore
une fois, 70 % de l'industrie québécoise est à
Montréal, est d'autant plus vulnérable puisque, contrairement
à l'Ontario dont la production est plus axée sur les tissus
industriels et techniques, une bonne part de notre production est
constituée de tissus destinés à lin-
dustrie du vêtement. Vous savez, M. le ministre, la
vulnérabilité de l'industrie montréalaise de la mode
provient de la réalité d'une dépendance à
l'égard du marché domestique sauf, bien sûr, dans le cas de
la fourrure, et sa quasi absence de fabrication de produits de haute gamme qui
pourrait la mettre à l'abri de la concurrence des pays à bas
coût. En plus, lorsqu'on sait que les industriels qui oeuvrent dans le
secteur ont besoin d'avoir des assurances sur un horizon continu en
matière de politique commerciale pour pouvoir réaliser des
investissements nécessaires à l'amélioration et à
la compétitivité, et dans un contexte où
l'intégration verticale est de plus en plus importante, j'aimerais vous
demander trois choses: D'une part, qu'est-ce que le Québec entend exiger
d'Ottawa au chapitre - et là je cite - des mesures concrètes et
pratiques pour aider les entreprises et les travailleurs à s'adapter
à ce nouvel environnement? - Et, ça, c'est l'annonce qui a
été faite par votre gouvernement - Deuxièmement, quelles
mesures concrètes et pratiques son propre gouvernement entend-il mettre
en place pour protéger les milieux d'emploi en jeu? Et,
troisièmement, ne croit-il pas que le retard de l'annonce des mesures
d'adaptation prévues - on nous annonce juillet 1990 - risque
d'accroître et de perpétuer un climat d'instabilité qui,
à long terme, pourra entraîner la remise en question de nombreux
emplois et, aussi, la pertinence de plusieurs industries qui oeuvrent dans ce
secteur crucial de Montréal?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président, je prends avis des
questions du député de Gouin et je lui transmettrai les
réponses écrites. Ce qui est important de ne pas perdre de vue
dans tout le débat sur l'avenir de Montréal, c'est la
continuité des efforts. La continuité des efforts qui
correspondent à ceux qui sont requis par le milieu montréalais,
et ce que j'entends indiquer, ici, c'est un bilan, à tout le moins,
à ce moment-ci, de nos interventions en rapport avec le comité de
relance économique et de l'emploi de l'est de Montréal. Il faut
se souvenir que, d'une part, nous avions financé, comme gouvernement,
notre part des travaux de ce comité. Que ce comité a fait appel
à tous les niveaux de gouvernement afin de régler certains
problèmes, d'investir, de dépenser dans certains cas, d'assurer
la continuité des recommandations, un suivi dans l'application des
recommandations du rapport. J'ai eu l'occasion de rencontrer la Table de
concertation de promotion de l'est de Montréal à quelques
reprises, leurs responsables, je suis en communication constante orale et
écrite avec eux. Et à la lumière de la correspondance
extrêmement récente que j'échange avec les gens de Pro-est,
je suis en mesure d'indiquer, ici, que le bilan global, le suivi des mesures
qui ont été requises par l'est de Montréal est le suivant:
70 % des mesures sont en cours, tel que prévu; 9 % sont en cours mais
avec quelques retards. Je cite la correspondance de Pro-est dont c'est le
mandat de suivre ces choses. 6 % des mesures sont en avance, 6 % sont
déjà terminées et la différence, soit environ 10 %,
est soit en retard ou encore à l'étude. On voit donc que les
accusations de lenteur, de négligence ou de quoi que ce soit, ou bien ne
sont pas fondées, ou alors sont mal dirigées, ou alors, un des
deux. Nous avons confié au milieu montréalais, au milieu de
concertation de l'est de Montréal, à tous les intervenants
possibles et inimaginables - et on les a imaginés lorsqu'ils
n'existaient pas - ce rôle d'assurer le suivi des engagements, ce
rôle d'aiguillon auprès des gouvernements, afin d'assurer le
maintien de la vitesse requise pour corriger les problèmes de l'est de
Montréal. (10 h 45)
Une recommandation récente de la Table de concertation
adressée au gouvernement du Québec visait la reconduction du
programme pour deux années additionnelles. On se souvient que
Montréal et Ottawa avaient plutôt décidé
d'intervenir sur une période de cinq ans. Nous le croyions
honnêtement et les sommes étaient sur la table. Les 106 000 000 $
existaient. Les crédits existaient. Nous croyions que l'urgence pouvait
dicter que, si le milieu montréalais pouvait se servir aussi rapidement
de ces 106 000 000 $, nous étions engagés, quant à nous,
à les débourser. Ça n'a pas été possible
pour un ensemble de raisons et la Table de concertation doit soumettre son
rapport de façon plus publique, fort bientôt, et aura des
explications quant à son propre fonctionnement, ses propres
échéanciers; elle n'a aucune critique, à ma connaissance,
à l'endroit des gouvernements dans la mesure où nous soutenons
son action, et nous lui avons donné un mandat de faire les choses le
plus rapidement possible.
Mais toujours est-il que, à l'égard de cette
demande de reconduction, nous l'avons autorisée. La première
annonce que je ferai ce matin, M. le Président, en est une qui vise
à rassurer le milieu montréalais sur la disponibilité
continue des montants d'argent neuf que nous avions consentis pour ce programme
de l'est de Montréal. Nous entendons maintenir le niveau de nos
engagements. Je dirais que, dans un contexte budgétaire
extrêmement serré, certains de mes collègues y verront
là une forme de développement prioritaire, d'ajout d'argent neuf,
la non-péremption de crédits devenant l'équivalent, par
les temps' qui courent, de sommes consacrées à du
développement additionnel.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René Serge Larouche
M. Larouche: Merci, M. le Président. À
écouter nos amis de l'Opposition, on se rend compte qu'ils n'ont pas
changé. Ils font toujours un usage abusif de la synecdoque qui consiste
à prendre la partie pour le tout. Montréal, c'est grand. Il y a
des parties qui sont mieux connues de la part de certains de nos vis-à
vis, et nous, on a tendance à regarder l'ensemble et à voir des
moyens d'intervention locaux dans chacun des comtés, qu'ils soient de
l'est ou de l'ouest.
C'est clair que, si on considère l'est de Montréal, il
faut se référer, par exemple, à une étude de la
Commission de la formation professionnelle qui nous dit et qui nous indique de
diviser cette partie de Montréal en trois zones: la partie de
Pointe-aux-Trembles de mon collègue d'ici est une partie qui est quand
même en développement, de même que
Rivière-des-Prairies; la partie que je représente au niveau
d'Anjou et de Tétreaultville connaît un certain statistme, les
parties représentées par notre collègue de
Hochelaga-Maisonneuve étant le coin où il y a
nécessité d'interventions un peu plus ponctuelles. Je peux vous
dire que, depuis le temps que je siège ici, pour la majorité des
actions qui étaient demandées spécifiquement pour
Hochelaga-Maisonneuve, il y a eu des suites qui ont été
données, si on veut être juste.
Pour ce qui est du niveau économique, des programmes de la SDI
tels qu'annoncés par le ministre responsable du Conseil du
trésor, les programmes Pro-est, il y a eu beaucoup de fait, et je pense
que, pour mieux illustrer, il faut le voir dans un comté. Si je prends
l'exemple du comté de Bourget dont ma collègue Huguette Boucher
Bacon est la députée, il y a une annonce de 40 000 000 $
d'investissements qui ont été faits et qui, le 30 avril,
connaîtront un aboutissement heureux. Nos entreprises, on parle de Camco
dans ce cas-ci, savent s'adapter à la réalité de la
mondialisation de l'économie. Elles sont appuyées en cela par le
gouvernement provincial et par la ville de Montréal, comme on le voit au
niveau du programme mis au point par la Table de concertation de l'est de
Montréal.
Il y a un autre problème qui concerne la formation des ressources
humaines et, les députés en face de nous le savent fort bien,
ça concerne les problèmes d'alphabétisation en premier
lieu; et au cours des prochaines semaines, nous aurons sûrement à
annoncer quelque chose de très spécifique concernant
l'alphabétisation, parce qu'on demeure convaincus que le probème
principal de formation, dans l'est de Montréal, est, je dirais
même, dramatique. On a beau arriver avec n'importe quel projet
d'investissement, on se rend compte que ce sont des gens d'ailleurs qui
occupent les emplois. Alors, toutes les études l'indiquent. Moi, je dis
ceci, et j'ai convaincu beaucoup de personnes jusqu'à présent:
C'est pour ça qu'on aura un dénouement bientôt. Je dis: II
est impossible de faire de la formation professionnelle à une personne
analphabète Alors, régions le problème
d'analphabétisme. S'il y a des actions très concrètes qui
sont menées pour résoudre ce problème criant dans l'est de
Montréal et dans nos comtés de l'est et, au moins, certains,
parce qu'on ne veut quand même pas faire croire que la ville de
Montréal consiste en un foyer d'analphabétisme, parce qu'il y a
des poches très clairement identifiées.
Ce groupe Alpha 90 qui pilote, qui chapeaute 22 organismes
communautaires, est en train de mener une étude très
spécifique pour identifier où elles sont. Il y aura, au cours des
prochaines semaines, une annonce très concrète sur des moyens
à prendre pour résoudre ce problème. La formation
professionnelle, c'est fondamental et, à mon point de vue, passe par
l'alphabétisation et je compte sur l'appui de tout le monde, à ce
niveau-là, soit du gouvernement et de l'Opposition, pour nous aider
à résoudre ce problème là.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Anjou. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, un mot d'abord pour relever
les propos du président du Conseil du trésor concernant la
reconduction, pour les deux prochaines années, des montants des
allocations versées, notamment, à la relance de l'est de
Montréal. Je dois donc comprendre que les montants de 9 000 000 $, qui
avaient été annoncés et qui n'avaient pas
été dépensés dans le cadre du fonds spécial
de formation de main-d'oeuvre locale, seront rendus disponibles au milieu pour
les deux prochaines années. Ça n'est, d'une certaine
façon, que justice, M. le Président, parce que le bureau aviseur
que le gouvernement devait mettre sur pied au moment de l'annonce, il y a deux
ans, pour, justement, gérer ce fonds spécial, n'a finalement
été mis sur pied qu'il y a un an seulement. Donc, avec un retard
de plus d'un an, et c'est d'une certaine façon justice, mais, par
ailleurs, dans le contexte budgétaire économique, je prends avec
intérêt acte de cette annonce, et je sais que mes concitoyens de
l'est de Montréal seront certainement satisfaits de l'annonce qui nous
est faite ce matin.
Cela dit, M. le Président, les problèmes restent nombreux,
réels, et ce n'est pas être misérabiliste que de signaler,
comme le faisait dernièrement un intervenant qui disait: "Nous avons
atteint, comme société, un seuil de tolérance à la
misère dangeureusement élevé. Notre capacité de
nous émouvoir a diminué aussi
rapidement que la misère se répand." Ce n'est ni un
religieux, ni un évêque, ni un membre de l'Opposition, ni une
députée complaisante, c'est le président de la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain, parce qu'il parle... il
reflète !a situation qui existe à Montréal. Oui, il y a un
problème sérieux de sous-emploi et de formation. C'est assez
irresponsable de parler de création d'emplois sans donner aux gens les
moyens d'occuper chez eux ces nouveaux emplois. Ça ne vaut pas que pour
l'est, ça vaut également pour le sud-ouest où, dit-on, 85
% des emplois occupés le sont par d'autres que des résidents du
quartier.
Il y a une action d'envergure au plan de la formation de la
main-d'oeuvre à mener et l'anonymat de la grande ville,
évidemment, vient souvent paralyser des programmes trop normes. Nous
avons de ce côté-ci une certaine expertise - je le rappelle au
député d'Anjou - en matière de mobilisation des
populations locales. Je vous rappelle que c'est le gouvernement
précédent qui a lancé ces corporations de
développement économique et communautaire qui sont en train,
justement, de mobiliser la population, qui suscitent la confiance des gens et
qui peuvent donner les moyens pour en arriver à lever les obstacles
bureaucratiques qui se dressent sur la voie de la réintégration
à des emplois souvent plus exigeants, d'une main-d'oeuvre qui,
finalement, était qualifiée pour des emplois jusqu'à
récemment occupés. Par exemple, prenons le cas de tous ces
travailleurs mis à pied des quatre raffineries qui sont fermées
dans l'est de Montréal ou de ceux mis à pied aux chantiers navals
de la Vickers et qui, avec une quatrième, cinquième ou
sixième année, occupaient des emplois très lucratifs leur
permettant de très bien gagner leur vie.
Ces machinistes pourraient fort bien devenir opérateurs. Mais
pour devenir opérateur, il faut, dorénavant, au moins avoir
complété un secondaire V et pouvoir obtenir l'attestation
d'études collégiales.
M. le Président, j'ai fait une expérience
récemment, il y a à peine dix jours, en cherchant à mieux
informer mes concitoyens par l'envoi d'un bulletin sans adresse,
c'est-à-dire distribué par le facteur aux 20 000 portes du
comté dans lequel je cherchais à faire connaître tous ces
programmes que l'on prétend mettre à leur disposition pour,
finalement, en conclure qu'à part l'adresse, le numéro de
téléphone de la Commission de formation professionnelle et
l'information à l'effet qu'il y avait des services gratuits
d'orientation, c'est à peu près tout ce qu'on m'autorisait
à divulguer, parce que le reste, on n'était même pas
certains, au niveau de la Commission de formation professionnelle et des
centaines de personnes qui y travaillent, de pouvoir réellement l'offrir
aux gens, parce que, plaidait-on, il y a très souvent des contraintes
budgétaires qui font qu'au moment où la personne veut utiliser le
programme, il n'est plus disponible.
Alors, M. le Président, il y a du contingentement. Oui, c'est
inquiétant. C'est inquiétant qu'on nous parte, comme on l'a fait
depuis le début, de cette prospérité, de ces
progrès remarquables, sans que le gouvernement comprenne que les
investissements ne sont plus représentatifs de la croissance de
l'emploi. Et encore mieux ou pire, M. le Président, un investissement
peut, au contraire, être inversement proportionnel à la croissance
de l'emploi. Et on a vu très souvent des investissements majeurs
à Camco, entre autres, dans cette entreprise que vous signaliez
tantôt, dont vous signaliez les progrès...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, en
conclusion. Vous avez déjà pris trente secondes de plus de votre
temps.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Alors, on m'a accusé
d'être...
M. Johnson: ...son temps, à la fin, M. le
Président.
Mme Harel: II n'y a malheureusement pas, de la part du
gouvernement, cette prise de conscience qu'une action d'envergure s'impose en
matière de relèvement de l'employabilité et de la
formation de la main-d'oeuvre à Montréal.
Le Président (M. Lemieux): Merci de votre
compréhension, Mme la députée de Maisonneuve. M. le
président du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. On vient de plonger
dans le volet social, je pense bien, de la discussion de ce matin qu'il
s'agisse de l'emploi avec son volet négatif ou de son corollaire plus
noir qu'est le sous-emploi et la sous-employabilité. Nous faisons des
efforts considérables à tous les niveaux et tous les
gouvernements en ont fait. La question est de savoir entre les mains de qui on
devra confier le sort d'alerter ceux qui ont besoin d'employés mieux
formés, et entre les mains de qui on confiera la tâche de
rejoindre ceux qui ont besoin d'emploi et de formation.
De notre côté, dans le programme de relance de l'est de
Montréal, nous nous sommes assurés... et il y a un
représentant personnel, des gens du bureau "aviseur", des gens de mon
bureau, de la Table de concertation qui ont dressé un programme complet
de visites de toutes les entreprises de l'est de Montréal, qu'il
s'agisse du président de la SDI maintenant ministre de l'Industrie et du
Commerce - je dois le di-
re - qu'il s'agisse de mon représentant personnel dans l'est de
Montréal, déjà, la Table de concertation.
Tous ces gens peuvent assurer et affirmer, sans aucune crainte
d'être contredits, que toutes les entreprises susceptibles d'avoir des
besoins d'aide en matière de formation de leur main-d'oeuvre, soit pour
recycler celle qui existe, soit pour aller puiser dans un bassin additionnel,
compte tenu de leur expansion, que tous ces gens ont été rejoints
et connaissent nos programmes. (11 heures)
Je reconnais avec la députée qu'il est plus difficile
d'aller chercher les futurs employés dans la mesure où il s'agit
d'un problème de sous-alphabétisation et de sous-scolarisation.
C'est extrêmement difficile d'assurer qu'on va rejoindre les gens
là où ils sont, avec l'outil parfaitement dressé sur
mesure pour leurs besoins. Mais ça se fait, et c'est ce que mon
collègue, député d'Anjou, évoquait tout à
l'heure, par l'entremise de groupes communautaires bien implantés dans
leur milieu dont nous assurons le soutien financier et le fonctionnement. C'est
encore de ce côté-là que nous continuons à
privilégier des interventions gouvernementales, telles que celles qu'a
illustrées mon collègue. Mais à l'autre bout de la
chaîne, de toute façon, encore faut-il qu'il y ait des entreprises
dans le milieu montréalais, le plus proche possible physiquement,
géographi-quement, de ces poches de pauvreté que nous
connaissons.
C'est dans cet esprit, M. le Président, que le gouvernement du
Québec, dans le cas très concret de Borden-Catelli est intervenu.
Je rappelle - c'est une annonce, un rappel - que le ministre du Travail, de
façon exceptionnelle, dans la mesure où c'était une
question de mise à pied éventuelle et de fermeture qui
était en cause, le ministre du Travail est intervenu avec des services
spécialisés de conciliation afin de rapprocher les parties, pour
que l'entreprise, et les travailleurs, et la Commission canadienne du
blé - il faut le savoir - et le transporteur, et les investisseurs, et
les fabricants de machinerie, et les fournisseurs fassent tous un effort afin
d'assurer à cette usine le rôle qu'entrevoit la direction
américaine, celui du navire amiral de la fabrication des pâtes au
Canada pour cette entreprise.
C'est ça qui est en cause. Ce n'est pas de rechercher une
concurrence - et là, on parle peut-être du dossier des
employés - avec les employés au Tennessee ou au Mexique à
2 $ ou 3 $ l'heure, ce n'est pas ça qui est en cause; c'est de
rechercher une concurrence au niveau canadien. C'est dans cet esprit que j'ai
moi-même pu m'entretenir avec le vice président exécutif de
Borden aux États-Unis, M. John Hettinger, chez qui j'ai senti - et ce
n'est pas souvent qu'on peut le sentir - un désir réel d'investir
à Montréal, le désir réel d'en faire la meilleure
usine canadienne de ce groupe, ce désir de moderniser et d'investir dans
l'entreprise, à tel point que nous, comme gouvernement, avons consenti
148 800 $ pour une étude de modernisation reliée à cette
entreprise.
Je reviendrai, M. le Président - je vois que le temps passe
très rapidement - sur un autre volet social de nos interventions dans
quelques instants, lorsque vous me redonnerez la parole - je sais que vous le
ferez éventuellement - afin de voir au niveau de l'habitation, autre
volet social, ce que nous entendons faire dans le milieu montréalais
pour l'année qui vient.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
président du Conseil du trésor. La parole est maintenant à
Mme la députée de Saint-Henri.
Mme Nicole Loiselle
Mme Loiselle: M. le Président, merci. En tant que
députée de Saint-Henri, vous comprendrez que mon intervention
sera entièrement axée sur le sud-ouest de Montréal.
La situation critique du sud ouest est bien connue Je nie contonterai
donc d'une description sommaire des problèmes que connaissent les
citoyens de ces quartiers. Le sud-ouest fait face à une situation de
déclin démographique, social et économique depuis
plusieurs années. Historiquement, le sud-ouest a été le
berceau de l'activité industrielle montréalaise et ce, jusqu'au
tournant des années soixante.
L'essor du secteur des services et surtout la valorisation qu'a connue
Montréal, par la suite, ont engendré deux
phénomènes importants. Le premier de ces
phénomènes, c'est la migration des jeunes du temps vers ces
nouveaux emplois dans le secteur du service en pleine croissance, grâce,
notamment, à l'expansion de l'État; le second, c'est la
dévalorisation de l'activité industrielle du sud-ouest. Cette
dévalorisation a conduit à négliger la modernisation des
entreprises industrielles pendant cette période. Les effets
désastreux ont été connus: déplacement
d'activités, perte d'environ 20 000 emplois en vingt ans, vieillissement
accéléré des infrastructures et appauvrissement de la
population.
Jusqu'à la récession de 1981-1982, ce processus s'est
poursuivi sans qu'on prenne profondément conscience de l'importance des
entreprises industrielles. La crise économique frappe le sud-ouest. Les
fermetures d'entreprises font encore perdre 7000 emplois entre 1981 et 1988.
Pendant vingt ans, ce cercle vicieux de migration de gens de catégories
d'âge des plus dynamiques et de la non modernisation des entreprises,
ainsi que la fermeture du canal Lachine en 1965 et l'ouverture de la voie
mariti me en 1969, ont produit un sud-ouest essoufflé et en perte de
vitesse Le sud ouest où l'on retrouve 40 % de personnes vivant sous le
seuil de la pauvreté, 25 % de ces résidents sont des
familles monoparentales, et il s'agit d'un taux d'activité de
49,6 % comparativement à 64,8 % pour la métropole, un taux de
chômage de 16,2 %, en baisse, toutefois, depuis 1985.
Heureusement, M. le Président, au milieu des ar.iiées
quatre-vingt, stopper le déclin et relancer le sud-ouest est apparu
comme une nécessité pour tout le monde soucieux de l'avenir de
Montréal. Comme on le sait, le rayonnement d'une ville ne tient pas
seulement à son quartier des affaires. C'est quartier par quartier
qu'une ville rayonne, et le rayonnement d'une ville doit être axé
sur des quartiers vivants et dynamiques. Cette prise de conscience a fait
redécouvrir ce caractère stratégique du sud-ouest de
Montréal. Le sud-ouest possède tous les atouts nécessaires
pour redevenir un espace d'ensemble urbain stratégique. Ces atouts sont
principalement la proximité du centre-ville, la disponibilité
d'espaces industriels à rénover, la présence du
marché Atwater et l'attrait et la vocation du canal de Lachine.
au-delà de ces atouts, c'est aujourd'hui l'élément humain
qui joue un rôle déterminant. c'est le fait que les hommes et les
femmes de ces quartiers ont décidé de ne négliger aucun
effort pour stopper le déclin et relancer le sud-ouest. le milieu est
actuellement très actif dans cette relance. les groupes les plus divers,
les gens du milieu communautaire, les gens, les hommes et les femmes
d'affaires, en passant par le réseau qui est le regroupement pour la
relance économique et sociale du sud-ouest, tout le monde travaille
ensemble et sans relâche depuis plusieurs années pour enrayer le
phénomène de pauvreté, pour développer
l'économie localement, pour améliorer la formation des femmes,
des jeunes et des hommes et, enfin, pour recycler les travailleurs.
En mars 1988, notre gouvernement a participé à la
création du CREESOM. Le 20 novembre 1989, ce comité a rendu
publiques ses recommandations en vue d'une véritable relance de
l'économie du sud-ouest de Montréal. Récemment, la ville
de Montréal a déposé un plan d'action pour soutenir les
efforts du milieu. la réponse de notre gouvernement sera connue dans les
prochaines semaines, et c'est à mon grand plaisir. sans en
dévoiler les détails, on peut déjà mentionner qu'un
volet s'adressera aux entreprises, et un autre à la formation
professionnelle, à l'employabilité, sans oublier l'appui au
réseau. compte tenu des efforts des gens impliqués, notre
gouvernement est prêt à soutenir ces efforts et à parier
sur le fait que les gens sont aussi prêts, non seulement collectivement,
mais aussi individuellement, à faire quelque chose pour améliorer
le sort du sud-ouest, améliorer la qualité de vie des gens du
sud-ouest. c'est la volonté des familles et des personnes à s'en
sortir qui sera déterminante pour nous. merci, m. le
président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Saint-Henri. M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: On va continuer, M. le Président, si vous le
voulez bien, sur la même lancée, sur le sud-ouest de
Montréal. S'il y a un secteur où la ville de Montréal a
été capable de mobiliser bien des énergies, a
été capable de susciter la concertation avec les
différents intervenants et a su prendre ses responsabilités,
c'est bien la situation du sud-ouest de Montréal. Mais s'il y a bien un
secteur où le gouvernement du Québec n'a pas encore
bougé... On nous annonce, peut-être dans les semaines à
venir, des mesures pour favoriser la relance du sud-ouest de Montréal,
les gens de ce côté-ci de la Chambre, vous nous permettrez, M. le
Président, d'être sceptiques. Ce n'est pas la première fois
qu'on se fait dire "dans les prochaines semaines", mais nous encouragerons
toutes les initiatives qui auront pour but de favoriser ou, du moins, de
susciter l'émergence de propositions concrètes du gouvernement du
Québec, puisque la ville de Montréal, depuis la publication de
son rapport "Plan d'action de la ville de Montréal pour la relance du
sud-ouest économique de Montréal", disait concrètement:
"II devient donc d'autant plus important d'améliorer l'efficacité
et la pertinence des programmes gouvernementaux de planification de l'emploi
dans ce secteur, de les moduler en fonction de la problématique urbaine
dans laquelle ils s'inscrivent et de les adapter aux besoins particuliers des
personnes auxquelles ils s'adressent." La ville continue en disant: "Cette
relance exigera, en effet, des investissements nettement supérieurs,
notamment dans le domaine de la formation de la main-d'oeuvre - là,
c'est plus que de simples mesures d'alphabétisation - où les
gouvernements fédéral et provincial devront également
assumer leur part. La ville ne pourra suffire seule à la
tâche."
Voilà ce que la ville de Montréal disait, et le
président du comité exécutif, dans une allocution faite
à l'occasion de la présentation du plan d'action de la ville pour
la relance économique du sud-ouest, en parlant de
l'employabilité, M. Perreault disait: "Tout ceci ne profitera jamais
à la population si certaines conditions ne sont pas réunies. Les
emplois doivent, avant tout, être créés pour la population
du quartier, d'où l'importance de réinventer, en quelque sorte,
les méthodes des programmes d'employabilité de la main-d'oeuvre.
Dans cette optique, nous inciterons les gouvernements fédéral et
provincial - encore une fois, un appel est lancé au gouvernement du
Québec - à réviser leur politique - non seulement à
faire de nouvelles annonces, mais bien à réviser leur politique -
en matière de formation professionnelle et de recyclage et à
mettre en place des programmes efficaces et suffisants dans ce domaine.
Les mesures, nous dit-on, devaient être annoncées depuis le
mois de mars dernier et, déjà, on attendait des réponses
voilà plusieurs semaines. On nous dit que les nouveaux programmes
devront être annoncés dans les semaines qui suivent. En tout cas,
nous allons suivre ce dossier avec beaucoup d'attention et espérons que
les propositions claires et précises formulées par le CREESOM,
reprises par la ville de Montréal et par l'ensemble des intervenants
communautaires qui s'impliquent activement à l'amélioration de
l'employabilité de la main-d'oeuvre dans le sud-ouest de
Montréal, trouveront écho auprès du président du
Conseil du trésor et aussi auprès de l'ensemble des intervenants
montréalais. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Je remarque que le
député de Gouin apprend très rapidement à utiliser
un vocabulaire d'Opposition et, ainsi, évidemment, il est inspiré
par la députée de Hochelaga-Maisonneuve qui disait, tout à
l'heure, lorsque nous avons annoncé que, pour les deux prochaines
années, tel que demandé, on reconduisait un programme de suivi
des engagements et qu'on ne périmait pas les crédits, a dit que
c'est avec intérêt qu'elle recevait cette annonce. Moi, je
prétends que c'est avec plaisir qu'elle devrait le faire; mais on ne lui
en demande pas tant, je suppose. Le député de Gouin, lui, nous
reproche d'avoir déjà indiqué que c'était au mois
de mars dernier que nous aurions publié une réponse au rapport du
CREESOM. Bien, au mois de mars dernier, ça fait six jours de ça;
on est le 6 avril, alors, du calme, du calme, ça ne fait pas treize
mois, ça fait quelques jours que le mois de mars est terminé.
Vous permettrez à une machine comme le gouvernement du Québec qui
dépense 35 000 000 000 $ par année, peut-être, de
s'aligner, à quelques jours près, lorsqu'il s'agit de faire des
annonces assez considérables.
Je dois dire que, de notre côté, la réponse aux
demandes du milieu montréalais est inspirée par le travail
soutenu de tous nos collègues. Vous avez remarqué, M. le
Président, que, ce matin, j'étais accompagné du
président du caucus ministériel des députés de
l'est de Montréal, du président du caucus ministériel des
députés de l'ouest de Montréal, de même que de la
députée de Saint-Henri qui représente le sud-ouest de
Montréal. Et vous avez vu que, de façon organisée, nous
avons indiqué surtout quelles sont les forces de Montréal.
Lorsqu'on parle de l'avenir, il m'apparalt un peu paradoxal, comme le fait
l'Opposition, de parler des faiblesses, de parler de négligence, de
parler du manque de concertation, du manque de suivi, du manque de moyens, des
retards apportés. On parle d'avenir, alors, je me permets, avec mes
collègues, de regarder vers l'avant et de suggérer des pistes de
solutions.
Nous abordions tout à l'heure - cette mise au point étant
faite - un volet social de l'implication du gouvernement du Québec dans
la trame montréalaise, je pourrais dire, et j'ai indiqué un peu
plus tôt, que nous comptions annoncer ou rappeler des interventions. Une
intervention qui est passée relativement inaperçue, il y a
quelques jours, est celle qui a trait au soutien à l'habitation
locative. On sait que le programme PARCQ fédéral-provincial
d'aide à la restauration Canada-Québec a vu le gouvernement
fédéral s'en retirer quant au volet locatif, en décembre
dernier. J'annonce pour ceux qui n'avait pas saisi, dans les millions de
chiffres que le dépôt des crédits comportait, il y a une
dizaine de jours, que le gouvernement du Québec maintient, quant
à lui, sa présence dans le volet locatif de ce programme qui
était un programme fédéral-provincial. Il aurait
été loisible - et c'est d'ordinaire ce qui se fait - au
gouvernement du Québec, d'attendre que le gouvernement
fédéral fasse sa part, continue à faire sa part dans ce
domaine. Mais à partir du moment où l'on saisit, comme
député de Montréal, que les locataires, c'est surtout
à Montréal qu'il y en a, que l'aide au logement signifie quelque
chose à Montréal, lorsqu'on se préoccupe des locataires et
non pas des propriétaires, il apparaît essentiel de ne pas
périmer davantage de crédits à ce poste. Et c'est à
cette fin qu'on peut remarquer que les crédits de la
Société d'habitation du Québec sont en hausse, notamment,
afin de lui permettre de s'engager pour environ 15 000 000 $ dans le volet
locatif à l'égard des interventions gouvernementales pour l'aide
aux locataires Une grande partie de cette somme sera évidemment
disponible, en pratique, pour le milieu montréalais où, je le
répète, on retrouve surtout des locataires. (11 h 15)
Alors il m'apparalt, M. le Président, que nous avons, en
matière des interventions sur le volet social, réalisé des
choses en matière de hausse de l'employabilité, de hausse des
perspectives d'emploi, du maintien de certaines entreprises - je pensais
à Catelli; le sort de l'entreprise est quelque peu entre les mains de
ses employés - demain, nous aurons, évidemment, à parler
davantage de nos intorventions en matière d'habitation. Mais je dois
céder la parole à mes collègues qui vous entretiendront
encore des choses extrêmement positives que nous faisons, comme
gouvernement, en matière économique, à
Montréal.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le président du
Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René Serge Larouche
M. Larouche: merci, m. le président. après toutes
les choses positives qu'on a entendues, je pense qu'il est de mise d'en ajouter
d'autres. personnellement, je suis heureux, au nom du ministre de l'industrie
et du commerce, d'annoncer qu'une entreprise de l'est de montréal, qui
s'appelle valise union everlite, recevra une subvention de 45 600 $ pour faire
une étude. ça ne paraît peut-être rien, mais
multipliez ça par 500 et 600 entreprises. alors, ces petits montants qui
permettent de faire des études de faisabilité, des études
de marché qui sont orientées vers l'avenir, justement, visent
à préserver et à développer des emplois. c'est
clair que les programmes de la sdi, qui consistent en congé
d'intérêt ou autres, aident différentes entreprises, et il
y en a plusieurs dans l'est de montréal et dans l'île de
montréal. je suis heureux de l'annoncer et je suis heureux de voir qu'on
continue dans ces programmes-là, comme on le fait depuis cinq ans.
Dans le cadre de sa tournée régionale, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, M. Gérald Tremblay, rencontrait, vendredi
dernier, une vingtaine de chefs d'entreprises de l'est de Montréal.
Qu'est-ce qu'ils nous disaient ces chefs d'entreprises? Ils nous disaient que
ce n'était pas seulement d'argent dont ils avaient besoin. Ils avaient
besoin de soutien, aussi, au niveau de la formation. Alors ce
soutien-là, il est aussi assuré et on va continuer à le
faire. Il y a des problèmes et ils seront réglés et
continueront de l'être. Lorsqu'on nous parle du futur, c'est à ce
niveau-là. Lorsqu'il y a des actions qui sont faites, c'est pour le
futur. Lorsqu'un montant d'argent qui ne paraît pas faramineux... Et ce
n'est pas nécessaire. Les chefs d'entreprises nous le disent
eux-mêmes. Ce sont quand même des entreprises privées. Elles
n'appartiennent pas au gouvernement. C'est une aide. C'est une participation au
développement, au futur de cette entreprise-là. Alors, c'est
important.
J'aimerais, avant de terminer, faire référence à
une activité à laquelle j'ai participé, dimanche dernier,
avec la ville de Montréal, et je ne suis pas sûr d'avoir vu des
gens d'en face, mais j'y étais en compagnie de mon collègue, le
président du Conseil du trésor. Alors, c'était lors de la
mise en place du plan d'aménagement, l'annonce du plan
d'aménagement du secteur centre. Et on nous a présenté un
vidéo qui était absolument formidable et je n'ai jamais vu, je
n'ai jamais entendu parler de façon aussi positive de Montréal.
J'ai demandé la transcription de ce texte et voici, je vous en lis
quelques extraits. On dit d'abord que Montréal c'est une oeuvre d'art
collective. Ça commence comme ça, une oeuvre d'art collective et
je pense qu'on s'inscrit tous dans cette oeuvre d'art collective. On dit:
Montréal, c'est - oui, M. le député de Pointe-aux-Trembles
sûrement, un coup de pin- ceau - c'est bien sûr le confort
nord-américain à un coût de 10 % à 20 % moins cher
que dans les grandes villes du continent, mais c'est aussi un système de
soins de santé universel et gratuit, cité en exemple à
travers le monde. Un système de santé universel et gratuit, quand
même, le Québec a une participation à ce niveau-là.
on parle de la qualité de l'enseignement, qui est une autre notion
sociale bien intégrée. l'université du québec
à montréal, l'université de montréal, deux
universités francophones qui se partagent une clientèle de plus
de 145 000 étudiants; l'université concordia, l'université
mcgill, l'école des hautes études commerciales, tout ça
est tellement intéressant que ça attire 5000 étudiants
étrangers qui tiennent à partager avec nous ces choses. on donne
des exemples de l'effervescence de la recherche, et ainsi de suite. on dit:
reconnu pour la qualité et la quantité de ces productions
culturelles, montréal a un chic que lui envie l'amérique:
festival de jazz, festival des films du monde; concours international d'art
pyrotechnique; festival du théâtre des amériques et ainsi
de suite. on dit: montréal, capitale mondiale de l'aviation civile
internationale, siège des organismes internationaux comme l'oaci, ainsi
de suite, et - le temps me manquant - on dit, et on termine par ceci:
montréal, un indice à la hausse à tous les niveaux. alors,
il faut s'entendre à ce niveau-là. il y a la description de la
réalité qui, aussi, intègre cet aspect des choses.
merci.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie M. le
député d'Anjou. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Je tiens à dire au député
d'Anjou que la description qu'il fait de Montréal est très juste
et ça m'a ému jusqu'aux larmes. J'ajoute que la
députée de Saint-Henri a mentionné des
réalités moins attrayantes, et je ne pense pas qu'elle ait fait
preuve de misérabilisme. Elle n'a pas été
misérabiliste, je pense qu'elle est aussi réaliste que Louise
Harel. Et, effectivement, à l'hôtel Méridien, on a
accès directement au complexe Desjardins et c'est magnifique. Les cours
Mont-Royal, c'est quelque chose d'extraordinaire. Mais il y a des sans-abri,
à Montréal, dont on estime le nombre entre 2000 et 10 000.
Ça, c'est une réalité moins plaisante. Et il faut parler
de ces réalités moins plaisantes. 55 % des
bénéficiaires de l'aide sociale au Québec, qui sont aptes
au travail, ont été l'objet d'une fermeture et, à
Montréal, depuis un an, il y en a eu 80. Alors, ça ne nous
empêche pas que, de la montagne, on ait une vue splendide et que, quand
il fait soleil, on voie le stade comme il n'est pas permis. Mais il y a des
gens qui en arrachent et Montréal a trois fois plus de
chômage que Toronto.
Revenons sur le terrain, revenons aux faits concrets. Le projet Soligaz,
M. le Président, c'est un montant de 400 000 000 $ d'investissements
directs et 2 000 000 000 $ d'investissements indirects et une
possibilité de 20 000 emplois. Je suis très inquiet d'entendre le
président du Conseil du trésor dire: Oui, le Parti
libéral, c'est meilleur que le Parti québécois; ça
ne m'a pas étonné qu'il le dise. Mais il ne nous répond
pas sur une chose: Est-ce que l'audience prévue, au début de
1990, de l'Office national de l'énergie pour autoriser la construction,
à l'été 1990, du pipeline entre Sarnia et Montréal
pour amener les liquides dont on parie, est-ce que ça se fait? Est-ce
que le ministre peut nous dire si, concrètement, ça se fait?
Est-ce que le ministre pourrait également rendre publique l'étude
que le ministère de l'Environnement a faite sur la question importante
de la décontamination des terrains de Montréal-Est? Le ministre
avait annoncé, à l'automne 1987, que cette étude se ferait
en réponse aux demandes de Pro-est. On me dit que, depuis sept ou huit
mois, l'étude est complétée, elle a été
faite à la demande du CREEEM, le Comité pour la relance de
l'économie et de l'emploi dans l'est de Montréal. Les terrains
contaminés dont on parle sont à Montréal-Est et, pour
qu'ils soient disponibles pour faire du développement, il faut d'abord
qu'on pense à la décontamination. Le ministre est-il d'accord
pour mettre sur pied, en collaboration avec les universités - on en a
quatre à Montréal - un centre de recherche sur la
dépollution industrielle et le recyclage? Pour avoir aussi un impact, le
ministre peut-il nous dire quels efforts ont été faits pour qu'il
y ait à Montréal-Est une usine de désencrage? Les journaux
nous disent que ça irait à peu près n'importe où,
sauf à Montréal-Est. Le ministre peut-il nous dire ce qui s'est
fait à l'égard... quelles démarches ont été
faites à l'égard d'une usine de désencrage dont un journal
dit que ça aurait supposé des subventions que Québec
n'était pas disposé à donner? Donc, qu'est-ce qui arrive
là-dessus? Et Soligaz, ce n'est pas nous qui parlons. Il y a un
communiqué du gouvernement qui parlait de 24 000 emplois indirects. Et
on parte de début de construction à l'été 1990.
C'est cette année, ça. On dit dans le communiqué du
gouvernement que l'étape de la construction va embaucher 9400 personnes:
il y en aura peut-être du sud-ouest, il y aura peut-être des
chômeurs d'Anjou, il y en aura peut-être de Verdun. Qu'est-ce qui
arrive de ce projet-là qui a pris naissance sous le gouvernement du
Parti québécois et dont le gouvernement actuel s'est
occupé. Alors, ce sont des réponses qu'on veut. Et ce n'est pas
être misérabilistes de le vouloir. Pendant la campagne, quand j'ai
rencontré un travailleur de Texaco, qui était rendu à sept
programmes de formation professionnelle d'où on l'avait refusé,
et qui me disait travailler maintenant non pas à 35 000 $ par
année, mais à 6 $ l'heure dans un dépanneur. Eh bien lui,
il ne va pas à l'hôtel Méridien; et il m'a dit que sa
maison étant payée il n'était pas si mal à l'aise
que ça financièrement, il était juste humilié.
Alors, il faut juste s'en occuper et ne pas bâtir à
Montréal une société sur le modèle du film
"Midnight Cowboy" où l'on voit New York, des yuppies qui engendrent des
cadavres et qui trouvent que les pauvres ne devraient pas mourir sur le
trottoir. C'est juste ça qui est le message que la députée
de Saint-Henri donne et que nous donnons.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le président du Conseil
du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, c'est un vaste programme de
questions et de réponses auquel nous convie le député de
Pointe-aux-Trembles, y compris les questions que je n'ai jamais entendu poser
avant ce matin, et qui semble ignorer certaines réalités. On
cherche encore là de quel genre d'étude il peut s'agir, lorsque
s'exprime le député de Pointe-aux-Trembles sur la
décontamination de l'est, de ce que le ministère de
l'Environnement aurait fait ou n'aurait pas fait. Enfin, on va aller aux
nouvelles. On va demander au ministère de l'Environnement où en
est rendue son étude, et on le lui dira. La même chose est vraie
pour les questions sur Soligaz. Il veut savoir si l'Office national de
l'énergie fédéral va tenir des audiences, on va s'en
informer et on le lui dira. Je ne sais pas pourquoi il nous demande ça,
ici, ce matin. À quel moment est-ce que le ministre président du
Conseil du trésor va déposer un rapport du ministère de
l'Environnement? Il ne m'appartient pas de le faire. À quel moment
est-ce qu'on va installer dans l'est de Montréal des industries
polluantes, dans le fond, parce que c'est ça qu'il demande, parce que
l'usine de désencrage ce n'est pas une usine propre. Pendant qu'il nous
demande la décontamination, il nous demande ce qu'on attend ou ce que
Cascades attend et ce qui compte, ce que les investisseurs privés
attendent également pour investir dans l'est de Montréal ou
ailleurs au Québec? Il ignore que Petro-Canada, comme
société, investit ou a dépensé 25 000 000 $ en
décontamination, déjà, de ses propres fonds sans demander
de subventions ou quoi que ce soit. Alors, il y a un tas de choses dans le
portrait qui ne m'apparaissent pas très claires dans l'esprit du
député.
Lorsqu'il évoque, par ailleurs, la hausse du chômage, il ne
faudrait pas négliger ce sujet-là; il y a une grande portion du
chômage qui est due, parce qu'il parle de gens qui ont perdu leur emploi,
à la consolidation, à la modernisation et à la
restructuration de l'industrie montréalaise. Je le dis de façon
un peu caricaturale. Il n'y a
plus ou presque plus de forgerons ou de charretiers ou de tonneliers,
mais il y a des gens qui assemblent des ordinateurs, qui travaillent dans la
pétrochimie chez chemtech, notamment, bon, nouvelle implantation, dans
des sièges sociaux comme ultramar qui est revenu à
montréal depuis que nous sommes au pouvoir, qui donne donc une
présence accrue de montréal sur la scène
pétrochimique canadienne avec les effets d'entraînement que
ça signifie. il y a des choses comme ça qui se passent. il y a
des choses comme le fait que montréal soit le port d'arrivée de
populations qui n'ont pas d'emploi ailleurs et qui croient en trouver dans la
grande ville et dans la métropole. les régions - on le
déplore dans les régions - se vident au profit des grands centres
urbains. ces gens, qui sont chômeurs chez eux, qui sont chômeurs
à montréal et qui espèrent trouver un emploi dans la
région de montréal, augmentent le taux de chômage, enfin en
partie. ce sont les dizaines de milliers, on le sait, de revendicateurs de
statut de réfugié politique, la députée de
hochelaga-maisonneuve est familière avec ce dossier. les
réfugiés politiques n'atterrissent pas à victoriaville ni
à amqui. ils atterrissent dans la ville de montréal. je le sais
littéralement. évidemment, ce sont des gens qui
bénéficient de toutes sortes de soutien, la
sécurité du revenu, qui cherchent des emplois et qui viennent
grossir les rangs de ceux qui cherchent des emplois. (11 h 30) m ne faut pas
oublier qu'une grande ville, c'est aussi un endroit où l'on retrouve ce
qu'il y a de mieux et ce qu'il y a de pire, c'est ainsi dans n'importe quelle
société, et nous nous attachons à corriger ce qui est
pire, qu'il s'agisse du logement, de notre approche à l'endroit des
sous-employés, des sous-employables, des sous-scolarisés, nous en
avons parlé, pour des dizaines de millions de dollars, qu'il s'agisse de
notre approche au soutien des entreprises et de leur modernisation. la
restructuration de montréal ne peut pas se faire sans heurts. oui, on
évoquait tout à l'heure, de l'autre côté, une
modernisation d'une usine de l'est de montréal qui ne créera pas
d'emploi. non, mais elle maintiendra ceux qui existent. elle conquerra un
marché d'exportations avec les retombées indirectes que ça
peut signifier pour l'ensemble du québec et pour montréal
notamment. l'investissement additionnel, c'est du travail de plus pour les
gens, peut-être pas dans l'entreprise exactement, celle qui décide
et qui pense à elle, à son avenir et à l'avenir de ses
employés, mais ce sont des emplois ailleurs. c'est ça, la vraie
vérité et c'est ce à quoi on s'emploie au gouvernement du
québec pour améliorer la condition économique de tous les
montréalais.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Verdun.
Mme Harel: ...M. le Président, ce n'est pas
automatiquement un député ministériel, n'est-ce pas?
Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: II y a automatiquement un député
ministériel qui, tout de suite après le ministre, prend la
parole.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Ça toujours
été.
M. Johnson: Et c'est comme ça d'ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): Ça toujours
été ainsi et c'est ainsi aussi en vertu du règlement, Mme
la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Le ministre a toujours un
droit de réplique de cinq minutes après qu'un
député de l'Opposition ait eu son droit de parole de cinq minutes
et, après, nous revenons, après que le ministre ait parlé,
à un député ministériel. C'est ainsi que la
séquence a toujours fonctionné.
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, je me suis
informée au bureau du leader qui m'a fait part qu'il y avait cinq
interventions de cinq minutes des députés ministériels et
six des députés de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): c'est effectivement le cas, mme
la députée de hochelaga-maisonneuve, mais sans compter le temps
de parole du ministre.
Mme Harel: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, sans compter
votre réplique, M. le ministre. Alors, M. le député de
Verdun, vous avez la parole.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: merci, m. le président. je vais poursuivre an
petit peu sur la question qui a été soulevée par le
ministre. c'est clair qu'on assiste actuellement à une modernisation de
l'économie montréalaise. c'est clair qu'à l'heure
actuelle, l'économie montréalaise s'oriente lentement, mais
très sûrement, vers le xxi e siècle. on a parlé tout
à l'heure des fleurons et des secteurs dans lesquels montréal est
à la pointe, et je les rappellerai, ce sont les secteurs de
l'avionnerie, de l'informatique et de la biotechnologie. mais toute
restructuration d'une économie ne se fait pas sans certains heurts et
sans certaines difficultés, et il faut qu'on en soit parfaitement
conscients. de ce côté-ci de la chambre, nous sommes tout à
fait conscients qu'il s'agit d'une
économie qui est en mutation, en voie de modernisation. Cela
entraîne et implique un certain chômage que nous essayons de
minimiser au maximum.
Je me serais attendu de la part de mes amis de l'autre côté
qu'ils signalent à quel point, dans le secteur de la fabrication, pour
1990, on remarque un certain ralentissement de l'investissement, ce qui
inquiète, et sur lequel nous, comme gouvernement, nous allons agir.
Ça vient par contre après trois années de forte croissance
où l'on a eu des taux d'augmentation d'investissements de 20 % et de 25
% dans la région montréalaise.
Cette mutation, cette modernisation de l'économie
québécoise a entraîné un certain nombre de mises
à pied sur lesquelles nous essayons d'agir. Que ce soit les 1700
travailleurs de la General Motors dans la région montréalaise qui
ont eu une mise à pied temporaire; que ce soit les 500 travailleurs de
Catelli qui ont eu ou risquent de voir la fermeture de leur entreprise; que ce
soit les 400 travailleurs de l'entreprise Marconi qui risquent aussi de perdre
leur emploi, parce qu'il y a une modernisation de l'entreprise; ce sont des
secteurs dans lesquels le gouvernement doit agir et il en est parfaitement
conscient.
Déjà, comme l'annonçait le ministre, pour Catelli
et Borden, une action énergique a été prise pour maintenir
ces emplois. Ces fermetures et ces pertes d'emplois sont l'indice d'une
modernisalion de notre économie. Il ne faut pas y être insensible,
mais il faut savoir que c'est une indication que petit à petit
l'économie montréalaise est en train de s'adapter au XXIe
siècle.
Je tiens à insister et à dire que s'il y a une
fièvre, une indication d'une difficulté, ce n'est pas pour
ça qu'il faut perdre espoir et commencer à se dire: Bon, les
pertes d'emplois, c'est catastrophique. Au contraire, il faut travailler avec
acharnement pour faire en sorte que ces emplois soient reconquis et remis de
l'avant dans d'autres secteurs. Cette économie de Montréal qu'on
veut orienter de plus en plus dans les secteurs qui seront les secteurs de
pointe pour le XXIe siècle, doit se faire avec un soutien important de
la part du gouvernement, et, de ce côté-ci de la Chambre, c'est
aussi bien dans les programmes mis de l'avant par le ministre que dans une
action énergique pour maintenir et sauvegarder l'emploi dans la
région montréalaise que nous sommes en train d'agir, tout en
étant conscients que s'il y a actuellement des soubresauts, c'est une
chose sur laquelle une action énergique de notre part doit être
mise de l'avant.
C'est évident que chaque perte d'emploi est un drame pour la
personne qui perd son emploi. Chaque perte d'emploi a pour le travailleur qui
perd cet emploi quelque chose dont nous devons être extrêmement
conscients et nous le sommes, mais c'est aussi quelque chose...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, il vous reste environ sept ou huit secondes.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, jusqu'à 11 h 40, et après, le ministre
aura son droit de réplique.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, je regrette, vous auriez
dû répartir le temps également. Le temps est supposé
être réparti également entre les deux formations
politiques.
M. le Président, c'est assez gênant d'assister à
cette interpellation ce matin. J'aurais espéré, oui, m'abonner,
prendre un abonnement d'interpellation pour entendre de bonnes nouvelles. Ce
qu'on a entendu exactement, c'est ceci: Le ministre nous dit qu'il a
injecté 500 000 $ dans l'étude de faisabilité concernant
le Centre de conférence international de Montréal: ça fait
des mois que c'est connu et l'étude est même déjà
entreprise. Il nous dit qu'il a injecté 148 000 $ dans une étude
de faisabilité sur l'avenir de l'usine Catelli: l'étude est
terminée, M. le Président. Ce no sont pas des sommes qui nous
sont annoncées ce matin. D'autre part, le député d'Anjou a
annoncé une subvention de 45 000 $ à une entreprise. Il y avait
des montants de 106 000 000 $ d'annoncés, il y a deux ans, qui devaient
servir principalement à des entreprises de l'est. Alors, ce n'est pas
non plus une nouvelle, ce n'est pas de l'argent neuf, c'est du recyclage
d'argent déjà annoncé.
M. le Président, il ne faut pas que le ministre responsable de la
région de Montréal s'étonne que je n'applaudisse pas
à tout rompre lorsqu'il nous annonce quo l'argent déjà
prévu pour la formation de la main-d'oeuvre locale va être
dépensé. C'est ça qu'il a annoncé ce matin à
propos de l'Est de Montréal. Il nous dit, en particulier, à
propos des 9 000 000 $ qui n'ont pas été dépensés
dans le cadre du fonds spécial pour la formation de la main d'oeuvre,
qu'ils le seront au cours des deux prochaines années. Il n'y a pas
d'argent neuf là-dedans! C'est une annonce qui a été faite
à grand renfort de publicité, deux fois, M. le Président.
Il nous annonce qu'il n'a pas encore pris ses décisions...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, je m'excuse. Je dois vous interrompre en vertu des
articles 298 et 302. La parole et le temps de parole sera maintenant au
ministre, en conclusion, pour une période de dix minutes.
Mme Harel: M. le Président, j'invoque l'article 298 pour
dire que vous manquez à vos responsabilités en ne partageant
pas...
M. Bourdon: II y a cinq minutes en temps...
Mme Harel: ...équitablement le temps de notre formation
politique.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Bourdon: Vous bâillonnez l'Opposition...
Le Président (M. Lemieux): J'ai réparti le temps
équitablement et j'ai vérifié avec M. le secrétaire
en vertu des articles 298 et 302. Il y a eu cinq interventions du
côté ministériel et il y a eu cinq interventions du
côté de l'Opposition et il y a eu cinq interventions de la part de
M. le ministre. J'ai respecté la règle de l'alternance et
j'invoque...
Mme Harel: M. le Président, un moment, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Lemieux): Pardon? Oui?
Mme Harel: M. le Président, vous savez très bien
que ces cinq interventions n'ont pas été d'une même
durée. Et, là, vous réduisez la durée de
l'intervention de notre formation politique.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, les questions de règlement...
Mme Harel: Ça fait à peine deux minutes que j'ai
entrepris cette intervention de cinq minutes.
Conclusions
Le Président (M. Lemieux: c'était votre
sixième intervention et les questions de règlement - vous
comprendrez - n'entrent pas dans ce temps qui est comptabilisé.
maintenant, j'ampute sur le temps du ministre. m. le ministre, s'il vous
plaît, m. le président du conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, je pense bien qu'on verra au
relevé que les six interventions de l'Opposition totalisent trente
minutes, enfin, qu'il y en a eu de cinq minutes, vingt, cinq minutes, trente et
une... Tout à l'heure, on a laissé filer. Il ne faut pas, quand
même, grimper dans les rideaux et voir que si les interventions peuvent
varier en longueur que... De toute façon, on a compris l'argumentation.
On n'en est pas, ici, à s'échanger des secondes ou des minutes de
temps. On est ici plutôt pour échanger des idées et des
façons de voir les choses, les façons de voir les choses sur
Montréal et son développement, parce qu'on nous a demandé,
ici, de venir traiter de l'avenir de Montréal.
Je ne peux pas croire qu'on s'attend à ce que le gouvernement
s'assoie et endure n'importe quel quolibet, question ou réflexion de
l'Opposition, sans faire ressortir comment nous envisageons nos
responsabilités et comment l'avenir de Montréal peut s'articuler
et à partir de quels atouts, parce que c'est de ça dont on a
parlé, ici, ce matin, de notre côté.
Montréal, si ce n'est pas l'âme du Québec... parce
que je pense bien que l'âme du Québec est ici, à
Québec, dans la capitale. Si la région de Montréal est le
moteur économique, donc le coeur du Québec, il n'en reste pas
moins que le centre nerveux du Québec, c'est Montréal, le centre
de la ville de Montréal. Et l'est de Montréal doit participer
à l'essor de tout le Québec. Et si on met sur pied des politiques
de développement, on doit les enrichir, lorsqu'il s'agit de certaines
clientèles, à la lumière des besoins de ces
clientèles.
Alors, qu'on ne vienne pas me dire que les mesures de réduction
de fiscalité du fardeau fiscal, que des mesures qui visent à
laisser aux entrepreneurs le soin de faire et de créer des emplois n'ont
pas d'effet à Montréal. C'est faux. Mais ce que je dis, c'est que
nous avons choisi, par-dessus ces interventions globales, d'intervenir de
façon pointue et particulière à Montréal, afin
d'assurer son développement.
Je pourrais parler longuement d'une dimension qui était à
l'ordre du jour, qui aurait dû l'être, c'est celle de la promotion
touristique de Montréal. Je ne le ferai pas par manque de temps, M. le
Président. Je pourrais parler de ce que ça signifie, pour
l'ensemble du milieu montréalais et l'avenir de cette ville et de tous
ceux qui y habitent, que de doter Montréal des équipements qui
lui permettent de prétendre à être une grande ville
attrayante pour les gens de partout, de prétendre que les interventions
qui améliorent la trame culturelle, de loisirs, de verdure, de tourisme
de Montréal sont autant d'interventions qui avantagent le milieu
montréalais et produisent des résultats bénéfiques,
concrètement, pour les gens sur le sort desquels on s'est
penchés, ce matin, à savoir: les Montréalais qui n'ont pas
de travail, les Montréalais qui n'ont pas de logement décent, les
Montréalais qui veulent contribuer à l'essor de leur ville et du
Québec. (11 h 45)
Mais nous avons surtout parlé, ça m'ap-paraît
essentiel, de ce que nous avons fait pour consolider les secteurs de pointe de
Montréal - mon collègue de Verdun l'a fait - pour indiquer
comment les entreprises majeures dans certains secteurs, comme le tertiaire
moteur et
manufacturier d'avant-garde, ont un effet d'entraînement sur la
main-d'oeuvre de Montréal, comment les entreprises de plus en plus
dynamiques, en partie avec le soutien de l'État, mais en grande partie
grâce à leurs propres qualités, peuvent tirer vers le haut
le niveau de vie de tous les Montréalais - mon collègue d'Anjou
en a donné des exemples concrets - comment nous pouvons nous attaquer,
et nous le ferons dans les jours qui viennent, non pas au mois de mars dernier,
non pas il y a six jours, comme le disait le député de Gouin,
mais, franchement, d'ici quelques jours, très littéralement.
C'est à ça que ça sert le comité ministériel
permanent de développement du Grand Montréal, de prendre les
décisions qui ont été prises le 19 mars, de prendre des
avis qui ont été soumis depuis et d'acheminer des dossiers qui
permettent de répondre, notamment, aux demandes du sud-ouest de
Montréal, comme l'a indiqué ma collègue de
Saint-Henri.
Nous avons, comme gouvernement, réussi à faire bouger
certains intervenants. La mise sur pied de mesures spécifiques
destinées à la relance économique de Montréal nous
a amenés à sensibiliser toutes les entreprises d'au moins 150
employés de l'est de Montréal, toutes, on n'en a pas
oublié une. Ceci étant fait, on a pu s'attaquer aux autres plus
petites comme, par exemple, celle dont vient de parler mon collègue
d'Anjou. On peut bien vouloir ridiculiser les interventions des
députés de l'est de Montréal auprès des entreprises
plus petites de leurs quartiers ou de leur comté, je me permets de ne
pas relever des affirmations comme celles qui ont été faites de
l'autre côté.
Il n'y a pas de petite intervention ou il n'y a pas de trop petite
intervention dans le milieu montréalais. Il y a, à l'autre
extrême, des interventions soutenues qui sont de notre
responsabilité. On peut bien, de l'autre côté, du fait que
nous annoncerions que pour les deux prochaines années,
c'est-à-dire à compter de mars 1991, jusqu'en 1993, donc, qu'un
programme particulier d'aide à l'est de Montréal sera mis sur
pied sous prétexte qu'il avait déjà été
annoncé. Je regrette, il n'a pas été annoncé, il y
a deux ans, que si les sommes n'avaient pas été
dépensées, elles seraient reconduites. Nous avons à tenir
compte d'un contexte financier, budgétaire et économique qui
demande au gouvernement de choisir avec attention ses interventions pour
qu'elles soient le plus productives possible. Dans un contexte
extrêmement difficile, nous décidons de reconduire des dizaines de
millions de dollars d'interventions dans l'est de Montréal. Ça se
classe au premier rang de nos préoccupations, pas au dixième, au
quarante et unième, au premier rang parce qu'à un moment
où - on peut le répéter - on dort procéder à
des compressions de centaines de millions de dollars de dépenses
gouvernementales, on maintient une intervention de dizaines de millions de
dollars dans l'est de
Montréal et on envisage faire des interventions de millions de
dollars, proportionnellement aussi généreuses qu'on l'a fait dans
l'est de Montréal, pour le sud-ouest de Montréal.
Qu'on ne vienne pas me dire qu'on manque à nos devoirs, qu'on ne
vienne pas me dire qu'on est négligents, qu'on ne vienne pas rne dire,
à l'aide d'une liste d'épicerie de questions interminables qui
ouvriraient dos débats tous les vendredis pendant des heures avec
certains de mes collègues, qu'on ne fait rien. On a dressé, ici,
et déposé, ici, un bilan de ce que nous avons fait...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
président du Conseil du trésor, il vous reste neuf secondes.
M. Johnson: ...et ouvert des perspectives sur ce que nous
entendons faire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, je réaffirme que rien
d'autre que de l'argent recyclé ou déjà
dépensé n'a été annoncé aujourd'hui, que ce
soit pour le centre de conférence, pour l'étude de
faisabilité de Catelli, pour la subvention d'une entreprise,
c'étaient là, évidemment, des choses déjà
connues, déjà, même annoncées. Il en va de
même, malheureusement, de l'ensemble des autres interventions.
Je rappellerai au président du Conseil du trésor et
ministre responsable que le rapport du sud-ouest de Montréal, ce n'est
pas il y a un mois qu'il a été publié, c'est il y a un an.
Cela fart déjà un an que la population attend le plan d'action du
gouvernement du Québec. En matière d'éducation, ce que le
gouvernement nous a dit, c'est qu'il va maintenir sa contribution aux
programmes déjà connus. Alors, là, l'annonce qui est
faite, c'est de ne pas couper. Le programme PARCQ, le programme d'aide à
la restauration, Québec y avait déjà annoncé sa
contribution de 50 %. Là, le ministre responsable nous dit qu'il va
continuer à injecter cet argent-là.
Ce qui est gênant, M le Président, extrêmement
gênant, c'est la méconnaissance des dossiers montréalais de
la part du ministre responsable de la région de Montréal. Il en a
une méconnaissance que nous ne pouvions pas évaluer, nous, de ce
côté-ci, avant l'interpellation de ce matin. Imaginez, M. le
Président, pas un mot! Il prend avis sur un secteur, qui, pourtant,
représente 42 % des emplois manufacturiers à Montréal,
celui de la mode et du textile. Qu' est-il arrivé de l'aide
financière que
son collègue, le ministre Ciaccia, demandait à Ottawa pour
l'industrie des textiles et du vêtement? Il a pris avis ce matin, M. le
Président. Pas un mot! Pas un mot sur cette importante industrie qui
peut remplacer des vocations industrielles vétustés?
Industrie de la pétrochimie qui suppose la construction du
pipeline? Et quand vous pensez, M. le Président, que le ministre, d'une
façon arrogante, nous disait: C'est une décision que le
gouvernement fédéral doit prendre. C'est une décision,
celle de l'Office national de l'énergie, que son collègue
annonçait en septembre dernier, en signalant qu'ils étaient
assurés de l'appui du gouvernement fédéral, que l'Office
national de l'énergie allait traiter avec célérilé
la demande d'autorisation de construction du pipeline entre Sarnia et
Montréal et que les travaux de construction du pipeline devaient donc
débuter à l'été 1990. C'est assez gênant que,
ce matin, le ministre ne puisse même pas nous donner l'état de la
situation. Où en est le dossier? Est ce que la décision est prise
à l'Office national de l'énergie? Est-ce que les travaux vont
débuter l'été prochain? Le ministre disait: II faut se
battre pour imposer au Canada la pétrochimie montréalaise. Est-ce
que la bataille est gagnée? Est-ce que, comme il était
annoncé par son gouvernement, ce dossier va débloquer?
M. le Président, c'est aussi inquiétant de se rendre
compte que, sur le dossier de l'industrie ferroviaire qui n'est pas peu de
chose à Montréal, 20 000 emplois directs, 20 000, indirects, on
ne dise pas un mot également.
Pas un mot sur cette importante question de la décontamination
des sols des raffineries désaffectées. M. le Président,
c'est le ministre responsable de la région de Montréal qui, suite
à la publication du rapport CREEEM, Comité pour la relance de
l'économie et de l'emploi de l'est de Montréal, en septembre
1987, immédiatement à la suite de la publication du rapport,
avait annoncé qu'il demandait au ministère de l'Environnement de
procéder à cette étude sur l'état de contamination
des terrains. Et dès le printemps dernier, nous apprenions que cette
étude était complétée, réalisée et
nous avons, à maintes reprises, demandé au ministre de la rendre
publique. La restructuration ne se fait pas sans heurt. La modernisation de
l'économie ne se fait pas sans qu'il y ait des victimes. La question,
c'est de savoir. Est-ce que ces victimes vont pouvoir compter sur un
gouvernement pour leur donner un coup de pouce plutôt qu'un coup de pied,
dans la situation où elles sont, M. le Président? Et c'est avec
fierté que, moi, je représente des gens qui ont des
difficultés. Et c'est avec fierté que je veux lever des obstacles
qui se dressent sur la voie de leur dignité. Oui, il y a des
problèmes, et des problèmes majeurs dans la région de
Montréal. Oui, il faut avoir une vision de Montréal Et à
l'aube de l'an 2000 ce n'est pas seulement Montréal, ce sont toutes les
grandes villes du monde. Que l'on pense à Paris, New York, Londres ou
n'importe laquelle de ces villes ou, plus près de nous, Philadelphie,
Boston, qui ont eu à faire face à un problème majeur de
rajeunissement et qui ont dû mobiliser l'opinion publique de leur pays
tout entier pour compter sur son appui. malheureusement, m. le
président, montréal a deux gouvernements qui jouent contre elle,
le gouvernement d'ottawa, et le gouvernement du québec, malheureusement,
à cause de sa négligence. et, contrairement à ce que croit
souvent la grande majorité des québécois, il y a certains
quartiers de montréal qui vivent dans une pauvreté qui a peu
d'égal dans les autres régions du québec, et bon nombre de
québécois n'ont pas la même attention que leurs concitoyens
du québec peuvent avoir.
Je prends à témoin le programme d'aide aux travailleurs
âgés, celui qui est offert aux travailleurs de 55 ans et plus,
licenciés suite à une fermeture. Nous apprenions, M. le
Président, que les normes ne sont pas les mêmes pour ces
travailleurs âgés lorsqu'ils sont de régions
extérieures ou lorsqu'ils résident à Montréal.
À l'extérieur, une mise à pied d'une quarantaine de
travailleurs satisfait aux conditions d'admissibilité du programme et un
travailleur ou une travailleuse de 55 ans qui voit son travail se terminer
suite à la fermeture de son entreprise, peut avoir accès à
cette aide. À Montréal, c'est 100 emplois et plus qui sont
considérés pour permettre l'admissibilité des travailleurs
licenciés. Deux poids, deux mesures.
On pourrait s'attendre à ce que le ministre responsable de la
région de Montréal... à ce que le comité
interministériel lève ces obstacles qui existent dans les
programmes, s'intéresse, comme d'ailleurs le mandat, qui lui
était donné lors de la création du comité, le
signalait, s'intéresse à coordonner les différentes
actions des ministères de façon à optimiser les
réalisations sur le territoire de l'île de Montréal. M. le
Président, il faut au contraire constater que le président du
comité n'est ni au courant du dossier de la mode, ni au courant du
dossier de la pétrochimie, ni au courant du dossier de l'industrie
ferroviaire et qu'il ne nous a pas, en aucune façon, fait voir quel est
l'état de la situation, quant à l'infrastructure routière
et quant au développement de transport en commun à
Montréal. Nous avons demandé au ministre si les dossiers, si les
études qui sont complétés et qui sont maintenant au
ministère des Transports à Québec allaient subir le sort
de bien des dossiers ou bien si le projet de la réalisation d'une ligne
de métro dans l'est de Montréal, tel que signé en
septembre dernier, allait se réaliser comme le gouvernement s'y
était engagé durant la campagne électorale.
M. le Président, oui, nous sommes déçus. Nous
aurions espéré beaucoup plus. Nous pensons que la situation doit
s'améliorer, M. le Président, et que le gouvernement du
Québec a un rôle à
jouer et que le comité interministériel a un rôle de
leadership à jouer, également, dans ces dossiers sur lesquels le
président du Conseil du trésor n'a pas pu nous dire un seul mot,
M. le Président. 407 000 chômeurs attendent des interventions. Les
chômeurs ne sont pas responsables de leur chômage. Montréal
compte 407 000 chômeurs, l'équivalent de toute la population du
Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, M. le Président; plus
précisément, 408 000 chômeurs. Le ministre a l'air
étonné. Le ministre fait le surpris Ce sont là des
chiffres qui ont été pourtant divulgués en juin dernier
par la ville de Montréal. Oui, M. le Président, nous
espérons mieux, nous espérons plus.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: En conclusion, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste dix secondes.
Mme Harel: ...nous espérons que le comité
interministériel saura, dans les mois qui viennent, relever les
défis qui se présentent aux Montréalais bien mieux que ce
qu'il a pu faire et nous présenter aujourd'hui. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: m. le président, je voudrais vous rappeler que
le ministre a pris avis de la question de mon collègue de gouin et qu'il
devra nous donner réponse sur ce dossier de la mode
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire que le
ministre n'a pas l'obligation de vous donner une réponse en vertu de
l'article 303, parce que vous savez fort bien que lors d'une interpellation il
n'y a ni motion, ni vote, ni rapport, et cela est à l'entière
discrétion du ministre
J'aimerais ajouter, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, que le président de cette commission a fait
appliquer rigoureusement les articles 295 à 303 du règlement et,
si vous avez l'intention d'attaquer la conduite du président de cette
commission, j'aimerais vous faire remarquer que vous avez toujours le loisir de
le faire en vertu de l'article 35-5 du règlement en déposant une
motion en Chambre et nous la débattrons. Sur ce, j'aimerais ajourner nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 1 )