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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Farrah): Votre attention, s'il vous
plaît. La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Dans un premier temps, je vais rappeler le mandat de la commission qui
est le suivant. La commission du budget et de l'administration reprend ce matin
la consultation générale sur le document de consultation
intitulé "Le courtage immobilier". M. le secrétaire, est-ce qu'il
y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Farrah): Je veux également
rappeler l'ordre du jour qui est le suivant: À 10 heures, nous
entendrons les membres de l'Institut canadien de l'immeuble; à 11
heures, l'Institut Jean-Guy Leboeuf; et, enfin, à midi, comme dernier
intervenant ce matin, M. Myroslaw Smereka.
Cet après-midi, à compter de 15 h 30, le Bureau
d'assurance du Canada; à 16 h 30, l'Association des
intermédiaires en assurances de personnes du Québec; à 17
h 30, M. Claude Me Sween; à 18 heures, la suspension; et nous reprenons
à 20 heures pour entendre le Regroupement des cabinets de courtage
d'assurance du Québec; enfin, à 21 heures, le dernier groupe pour
la journée sera l'Association québécoise de la franchise.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté? Adopté.
Dans un premier temps, j'inviterais le premier groupe à prendre
place à l'avant, s'il vous plaît. Il s'agit de l'Institut canadien
de l'immeuble.
Au nom des membres de la commission, nous vous souhaitons la plus
cordiale des bienvenues. J'inviterais le porte-parole du groupe à se
présenter et à présenter aussi ses collègues qui
l'accompagnent et, également, pour vous dire que vous avez une
période de 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire. Ensuite suivra une discussion de 40 minutes réparties
équitable-ment entre l'Opposition et le gouvernement pour une
période de questions, pour des commentaires. Alors, sans plus tarder, je
vous invite à lire votre mémoire.
Institut canadien de l'immeuble
M. Lelotte (Nicolas): Merci, M. le Président. Mon nom est
Nicolas Lelotte, président de l'Institut canadien, chapitre de
Montréal. Je vais vous présenter, en commençant par
l'extrême droite, Mme Josée Lahaie et M. Mike De Castris; M.
Raymond Desbiens, à mon extrême gauche, et
Mme Andrée Gratton.
Le Président (M. Farrah): Bienvenue. Nous vous
écoutons.
M. Lelotte: Nous pouvons commencer, merci. C'est avec plaisir que
le chapitre de Montréal de l'Institut canadien de l'immeuble se
présente, à la suite de l'invitation de la commission du budget
et de l'administration, pour se faire entendre dans le cadre du processus de
consultation relatif au document de consultation sur le courtage immobilier
déposé à l'Assemblée nationale par la ministre
déléguée aux Finances, Mme Louise Robic.
Nous allons vous faire un bref aperçu de l'Institut canadien de
l'immeuble. L'Institut canadien de l'immeuble est une association sans but
lucratif, fondée en 1955, qui se consacre à
l'établissement, au maintien, à la promotion et à
l'avancement de normes élevées de professionnalisme immobilier.
En acquérant une formation et l'expérience et en adhérant
au Code des normes professionnelles de l'Institut, il est possible, selon les
compétences, d'obtenir les titres suivants: FRI, autrement dit Fellow
généraliste de l'immobilier; CPM, spécialiste de
l'administration de propriétés; CRF, spécialiste de la
finance immobilière; ALO, spécialiste de la location
immobilière.
L'Institut canadien compte actuellement plus de 3000 membres et 500
candidats. Dans le tronc commun de notre programme d'études,
c'est-à-dire les cours communs à tous les titres, nous avons
incorporé de nouveaux cours pratiques de déontologie et de
conduite professionnelle et l'analyse des investissements immobiliers. Nous
avons apporté des modifications à la matière des
programmes spécialisés là où elles étaient
nécessaires. Elles reflètent notre désir d'insister sur
les aspects pratiques. Ces initiatives sont dues à l'Institut qui a
collaboré dans ce domaine avec l'industrie et les milieux
académiques.
Nous pensons que le thème de notre Institut pour 1989-1990
décrit parfaitement l'orientation que prend notre organisation:
créer des programmes progressifs pour préparer nos membres en vue
des défis à venir. L'Institut et ses 33 chapitres sont donc
optimistes et confiants en ce qui concerne les années 1990 et ils sont
déterminés à répondre aux besoins croissants des
professionnels de l'immobilier et de leurs clients dans tout le Canada. Le FRI
est une marque d'agrément déposée et détenue par
l'Association canadienne de l'immeuble; CPM est un titre déposé
et détenu par I'lnstitute of Real Estate Management; CRF, ALO, CLP et
CRM sont des titres déposés par l'Institut canadien de l'im-
meuble.
L'Institut au Québec. L'Institut canadien de l'immeuble compte 33
chapitres à travers le pays dont deux au Québec, soit le chapitre
de Montréal et le chapitre de la capitale.
Au niveau provincial, 371 membres détiennent actuellement le
titre FRI et 49 candidats poursuivent leur cheminement pour son obtention.
Depuis quelques années, on dénote une progression constante des
nouveaux membres et candidats. Par comparaison, le service de courtage pour la
période du 1er avril 1989 au 31 mars 1990 a recensé 12 187 permis
d'agent et 1447 permis de courtier. Durant cette même période,
4184 permis ont été abandonnés et 3448 nouveaux permis ont
été émis. Ces quelques statistiques démontrent le
taux élevé de changement - près de 30 % - que
connaît l'industrie du courtage immobilier par rapport à la
stabilité et à la croissance des membres FRI. Cette
stabilité se fonde en grande partie sur ces deux principaux
critères d'admissibilité au titre FRI, soit une formation
académique poussée et une expérience minimale de cinq
années dans le domaine immobilier.
L'institut du Québec exige pour ses membres des prérequis
académiques plus élevés que ceux des autres associations
immobilières. Actuellement, les conditions d'obtention du titre FRI
requièrent du candidat qu'il ait complété avec
succès le programme de certificat en affaires immobilières ou
l'équivalent de 10 cours universitaires totalisant 450 heures de
formation. Le titre de FRI est l'attestation la plus ancienne de l'Immobilier.
Actuellement, plus de 2500 professionnels de l'immobilier détiennent ce
titre au Canada. Le titre de "fellow" est un atout pour ceux qui travaillent
dans ce domaine ainsi que pour ceux qui y ont recours. Pour le public, il
souligne le statut professionnel de son titulaire et porte le consommateur
à lui accorder un maximum de confiance. Le titre de FRI,
décerné et enregistré par l'Association canadienne de
l'immeuble, est uniquement octroyé à ceux dont la formation,
l'expérience, la compétence et la conduite professionnelle
correspondent aux normes rigoureuses établies par l'Institut.
Les FRI sont des chefs de file dans leur domaine. Ils sont reconnus par
les organismes immobiliers, entre parenthèses dont les principaux postes
de direction sont occupés par nos membres. Ils sont reconnus par les
gouvernements et par le public. Ils sont considérés comme des
professionnels grâce à leur formation, leur compétence et
leur expérience dans l'analyse du marché, dans la vente des biens
immobiliers, dans la location et la commercialisation et, grâce à
leur connaissance des lois qui régissent l'immobilier, du financement
hypothécaire, de l'évaluation et de l'analyse des biens.
Le titre FRI donne au consommateur l'assurance qu'a traite avec une
personne qui consacre toute sa carrière à l'immobilier.
Existant depuis plus de 35 années, l'Institut canadien de
l'immeuble est devenu un organisme professionnel complet, offrant une gamme de
cours de formation et de services à ses membres. Et il est fermement
décidé à poursuivre l'excellence et le professionnalisme
dans l'immobilier. C'est pourquoi, la réforme du cadre juridique du
courtage immobilier comportant des enjeux importants pour le milieu du courtage
ainsi que pour la population en général, il est de notre devoir
de vous exposer nos commentaires et représentations concernant le
document de consultation. Notre présentation respectera l'ordre des
chapitres tels que présentés dans le document de
consultation.
Chapitre 1, le courtage immobilier au Québec. Ce chapitre
décrivant de façon conforme la situation actuelle, nous n'y
apportons aucun commentaire. Chapitre 2, la structure actuelle. Le texte
résumant très bien notre structure actuelle, nous n'y ajoutons
aucun commentaire.
Les principes de la structure proposée. Nous sommes
entièrement d'accord avec les principes énoncés. Il est
rassurant de constater que les principes d'autoréglementation,
d'autogestion et d'autodiscipline énoncés dans le document de
consultation, tout en délestant l'État de certaines
responsabilités, conserveront pour le gouvernement un droit de regard
sur le mandat confié à l'organisme ainsi qu'en tout temps, le
droit de révision, ce qui permettra de garantir la protection du
public.
L'organisme d'autoréglementation. Nous sommes parfaitement
d'accord avec l'approche sur la constitution de l'organisme
d'autoréglementation telle qu'exprimée, à la condition
qu'un membre de notre comité exécutif y soit nommé sur le
conseH d'administration, garantissant ainsi un équilibre entre les
intervenants.
La réglementation. Nous supportons entièrement cette
section, en mentionnant toutefois que l'article 5.1 des règlements
d'application de la Loi sur le courtage immobilier reconnaît le titre de
"fellow", entre parenthèses FRI, délivré par l'Institut
canadien comme satisfaisant les critères académiques
nécessaires à l'obtention du permis de courtier. Nous demandons
que ce droit soit maintenu et réaffirmé dans la nouvelle loi.
En ce qui concerne la publicité, l'Institut veut maintenir son
droit de publiciser et promouvoir ses programmes de formation et le
professionnalisme en général à l'intention de ses membres,
de ses futurs membres et du grand public.
La formation. L'Institut canadien de l'immeuble Québec, pionnier
de l'industrie immobilière, est devenu, depuis ses 35 années
d'existence, la principale source d'encadrement de la profession. Pour cette
raison, nous devrions être reconnus comme un organisme consultatif
permanent en matière d'éducation, qui verrait à
élaborer toute modification à la loi ayant une incidence sur la
formation, les normes d'accès à
la profession, les règles de déontologie et les sanctions
disciplinaires.
Le comité de discipline. Nous pensons que toute plainte contre un
courtier ou un agent devrait relever de la chambre locale à laquelle ce
courtier ou cet agent appartient, tel qu'appliqué actuellement. Nous
sommes d'accord sur le reste de l'énoncé.
Chapitre 3, la pratique du courtage immobilier. Nous sommes
entièrement d'accord avec l'énoncé de ce chapitre. La
distinction courtier-agent. À la question: Y aurait-il lieu d'augmenter
le degré de responsabilité de l'agent? Nous répondons oui
à cette question. Cela inciterait certainement les agents à
acquérir la compétence nécessaire à l'exercice de
cette profession.
Prérequis au permis de courtier. Nous répondons
également oui à cette question. Cette capacité
financière devrait être proportionnelle au nombre de succursales
qu'un courtier exploite, de même qu'au nombre d'agents sous sa
responsabilité.
Le cumul de permis. Au niveau du cumul de permis, on devrait le
permettre au niveau du courtier possédant la formation adéquate,
l'expérience et la compétence requises pour l'utilisation de ce
permis, assujetti toutefois aux critères établis par l'organisme.
Au niveau des agents d'immeubles, il ne devrait pas y avoir de cumul de permis.
Quant à la prohibition d'exercer d'autres occupations et professions ou
de la maintenir seulement pour le courtier, nous estimons qu'elle devrait
être maintenue pour le courtier ainsi que pour l'agent d'immeubles, et
tous ces agents devraient être à temps plein.
Le franchisage. Nous pensons que l'organisme se devra d'établir
des règles visant à mettre le franchiseur, ses franchisés
ainsi que les agents oeuvrant sous leur bannière sur un pied
d'égalité avec tous les courtiers et agents immobiliers afin que
la loi et les règlements de courtage soient appliqués et
respectés.
Les assurances. Nous ne voyons pas pourquoi l'organisme
d'autoréglementation devrait pouvoir déterminer dans quel cas un
courtier pourrait être exempté de l'obligation de détenir
un contrat d'assurance-responsabilité professionnelle. La loi
étant égale pour tous, nous voyons mal où se situerait le
point d'exemption. En courtage immobilier, l'expérience nous a
fréquemment démontré que l'ampleur d'une entreprise n'a
pas toujours été garante de sa solvabilité. Les
dépôts et comptes en fidécommis. Étant donné
la complexité de ce sujet souvent débattu, la nouvelle Loi sur le
courtage immobilier devrait en fixer les règles.
Le fonds d'indemnisation. Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu
d'étendre la couverture du fonds d'indemnisation.
La rémunération. Le partage de commission devrait
être limité aux détenteurs de permis et ne pas être
autorisé avec d'autres intermédiaires de marché ou
d'autres personnes habilitées à agir comme courtiers, sans avoir
à détenir un permis, par exemple: les avocats, les notaires, les
comptables, les agronomes, etc.
La commission de référence est une pratique courante entre
détenteurs de permis de courtage et devrait se limiter à cela.
C'est de pratique courante de révéler au client le partage de
commission lorsque la vente est réalisée par un agent inscripteur
et un autre agent vendeur. De plus, il serait souhaitable, lorsqu'il y a une
commission de référence, de la divulguer au client. Tout partage
de commission doit être consigné dans un registre tenu par le
courtier.
Chapitre 4, les catégories de permis. Nous répondons oui
à ce chapitre. Cependant, nous ne voyons pas la nécessité
de créer, entre guillemets, des permis autres que ceux existant
actuellement, par exemple, permis de courtier ou permis d'agent. Il suffirait
plutôt au nouvel organisme de promouvoir et d'enchâsser les cours
académiques de notre Institut dans un programme visant à
permettre, après réussite, la pratique de différentes
spécialités dans l'exercice du courtage immobilier d'une
façon professionnelle, la seule garantissant une sécurité
accrue du public consommateur.
Chapitre 5, la divulgation de conflits d'intérêts. Nous
répondons oui à ce chapitre; nous supportons intégralement
les énoncés de ce chapitre.
En conclusion, après de nombreuses années de travail
axé sur le perfectionnement de la qualité des services des
intervenants du courtage immobilier, après de nombreux travaux de mise
sur pied de programmes visant à l'amélioration de la profession
afin d'en rehausser le professionnalisme des services et la protection accrue
envers le public, nous accueillons le document de consultation avec
satisfaction. Enfin, le processus d'autogestion est mis en route. C'est en
effet un immense défi à relever, mais soyez assurés de
notre pleine et entière collaboration dans la mesure de nos moyens et de
nos compétences.
En terminant, au nom des chapitres du Québec de l'Institut
canadien de l'immeuble, nous tenons à remercier Mme la ministre
déléguée aux Finances, Louise Robic, ainsi que les membres
de la commission, de nous avoir donné l'occasion de présenter
notre point de vue ainsi que nos opinions sur le document de consultation sur
le courtage immobilier devant cette commission parlementaire. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci beaucoup, M. Lelotte. Sans
plus tarder, je cède la parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Merci beaucoup de votre présentation et
bienvenue à cette commission. On vous remercie d'y participer et on vous
remercie également pour votre mémoire qui nous donne un bon
éclairage sur ce que fait l'Institut canadien de l'immeuble et,
également, les opinions que
vous nous faites connaître.
Si je ne me trompe vous êtes le plus vieil organisme de l'immeuble
qui existe.
M. Lelotte: Exactement.
Mme Robic: L'Association a 30 ans, vous en avez 35.
M. Lelotte: 35. Ça paraît peut-être.
Mme Robic: Pas du tout, c'est l'Institut qui a 35 ans. Je pense
qu'il s'est renouvelé depuis ces années, j'en suis positive. Je
pense qu'on ne peut pas contester le fait que vous êtes des
spécialistes dans la formation et que vos cours ont toujours
été reconnus des courtiers en immeubles et
appréciés. À la page 2 de votre mémoire, vous
faites référence au nombre de membres qui détiennent un
FRI et d'une progression constante, et vous mettez ça en opposition au
nombre d'agents qui entrent dans le métier et qui en sortent. Est-ce que
vous avez des opinions là-dessus, à savoir pourquoi il y a un si
grand abandon de permis et un roulis important dans le courtage immobilier?
Est-ce que votre Institut a regardé ce phénomène? Est-ce
que vous avez des opinions là-dessus, et peut-être des choses
à nous offrir, des solutions à nous offrir? (10 h 30)
M. Lelotte: Oui, nous pensons que le défaut part de la
base dans le recrutement. Le Service du courtage immobilier du Québec en
est conscient aussi. Dans le recrutement, il n'est pas aussi souvent fait
mention des difficultés de démarrer dans ce métier. Il y a
énormément de personnes qui s'imaginent, après simplement
210 heures de cours, pouvoir directement réaliser une fortune dans
l'immobilier, alors qu'on sait pertinemment bien que la première
année, il n'y a aucun revenu qui se fait dans l'immobilier. C'est la
raison pour laquelle il y énormément de personnes mal
conseillées - et je reviens là-dessus - qui s'endettent et qui
sont obligées d'abandonner la profession, faute de moyens
financiers.
Mme Robic: Vous êtes d'accord avec les principes que nous
énonçons, de former un organisme d'autoréglementation,
d'autogestion et d'autodiscipline, mais vous suggérez que la discipline
soit laissée aux chambres d'immeuble locales. On voit mal comment on
peut réconcilier qu'on ait un organisme d'autoréglementation et
d'autodiscipline et que la discipline soit confiée à un autre
organisme. Là, j'ai des problèmes.
M. Lelotte: Oui. Nous parlions plutôt d'arbitrage, de
causes d'arbitrage.
Mme Robic: Entre agents et entre courtiers...
M. Lelotte: Entre agents et courtiers.
Mme Robic: ...que ce soit laissé aux chambres.
Une voix: Oui.
Mme Robic: La minute que ça touche au public, ça
devrait aller au...
M. Lelotte: Ça tombe à l'organisme, oui. Une
voix: Oui.
Mme Robic: Mais n'est-W pas vrai que, souvent, quand il y a de
l'arbitrage à faire, \\ peut y avoir une question d'éthique
professionnelle. Est-ce que l'éthique ne devrait pas relever de
l'organisme d'autoréglementation?
M. Lelotte: Oui. Après consultation avec les chambres
d'immeuble, donc ce serait les chambres d'immeuble qui pourraient constater
s'il y a manquement à l'éthique professionnelle et le
référer à l'organisme d'autoréglementation pour
éviter de surcharger cet organisme-là. Il y aurait une
décantation qui se ferait au niveau des chambres d'immeuble.
Mme Robic: Vous pariez, comme de raison... Votre expertise, c'est
dans la formation. Vous ne semblez pas être favorable à la
création de catégories de permis, mais plutôt de
spécialisations.
M. Lelotte: Exactement.
Mme Robic: Pour quelle raison est-ce que vous hésitez
à ce qu'on crée de nouvelles catégories de permis?
M. Lelotte: Parce que nous voyons mal... Ça
créerait un décloisonnement et il faudrait établir des
lois bien spécifiques pour chaque permis, alors que la
spécialisation serait acquise justement par les études que ces
futurs spécialistes-là feraient, sous les normes établies
par l'organisme.
Mme Robic: Vous parlez d'accessibilité à la
formation de base à des coûts raisonnables, ça, c'est dans
votre premier document. Quels sont les problèmes actuels et les
solutions que vous voyez là? Quel est le problème au niveau de
l'accessibilité à la formation?
M. Lelotte: Le problème est un problème, comme je
le mentionnais, de fausses représentations, souvent, non seulement sur
les coûts financiers qui ne sont pas égaux partout entre les
différents organismes qui donnent les cours, mais également sous
les fausses représentations... J'ai ici - tout à fait
récemment, cette semai-
ne - un document, un journal dans lequel on invite les gens à
suivre des cours d'agent immobilier. On dit qu'il s'agit du seul cours d'agent
d'immeubles qui se donne sans que ce soit nécessaire d'avoir
complété son secondaire V. Alors, c'est de la fausse
représentation. Les gens embarquent là-dedans, ils paient et ils
se retrouvent qu'ils n'ont pas de permis. Ça, ça a
été imprimé dans un journal de la rive sud, justement
à BoucherviHe. Nous avons des preuves...
Mme Robic: Alors, ils ne tiennent pas compte des conditions
d'admissibilité...
M. Lelotte: Du tout.
Mme Robic: ...au moment de donner les cours. Mais quand vous
parlez de différents coûts pour les cours, est-ce qu'on ne doit
pas permettre... Est-ce qu'on doit défendre peut-être des cours
privés où, bien sûr, les coûts vont être plus
élevés que si on suit un cours dans un cégep? Mais c'est
l'entreprise privée, et quelqu'un peut choisir de suivre un cours
à travers un organisme privé plutôt que d'aller à un
cégep. Il n'y a pas de contradiction là-dessus. Si on peut
déterminer... S'il y avait un mécanisme pour déterminer la
qualité de ces cours, par exemple, un examen provincial, vous seriez
d'accord avec ça?
M. Lelotte: C'est ce que nous recherchons, c'est-à-dire
retomber au système qui existait dans les années quatre-vingt. Il
y a tellement maintenant... On a mentionné qu'il y avait une vingtaine
de cégeps, deux instituts privés. Il y a des chambres d'immeuble
qui donnent des cours, l'Association donne des cours et chacun sort de ce
cours-là selon la formation qu'il a reçue à droite ou
à gauche. Cela fait que, rendu sur le marché immobilier, nous
avons plusieurs personnes qui travaillent de différentes façons
qui ne sont pas trop souvent conformes. Nous aimerions qu'on rétablisse
un examen général, que le cours soit pris n'importe où,
mais qu'on ait l'examen général tel qu'il existait dans les
années quatre-vingt, ce qui nous permettrait de faire un bon filtrage et
éviter d'avoir des gens avec un permis d'agent qui n'ont pas
mérité de pratiquer ce métier-là.
Mme Robic: Quant à l'accessibilité des cours,
est-ce que vous seriez favorables à un cours par correpondance, par
exemple, comme il en a déjà existé? Est-ce que ça
pourrait faciliter...
M. Lelotte: II est évident que, vu l'immensité de
la province et les coins éloignés qu'il y a, des cours par
correspondance pourraient éventuellement être acceptés,
toujours conditionnels à l'examen général
centralisé. Nous avons notamment, au niveau de l'Institut, des cours qui
sont donnés, qui sont suivis. Ils sont donnés par la
Télé-universrté, et nous avons eu à peu près
700 inscriptions au début du cours. Donc, c'est très populaire,
à condition qu'ils soient accessibles à tout le monde. Seulement,
en parlant d'accessibilité, II faut voir l'examen de sortie. C'est
ça le plus important, la réussite de ce cours-là.
Mme Robic: J'aimerais peut-être qu'on parle des cumuls de
permis. Vous seriez favorables à un cumul de permis au niveau du
courtier. Le courtier pourrait... Expliquez-moi comment ça pourrait
fonctionner, un courtier qui pourrait détenir plusieurs permis.
D'abord...
M. Lelotte: Bon, alors...
Mme Robic: ...dans quelle discipline et comment est-ce que vous
verriez l'installation d'un bureau de courtier qui détiendrait plusieurs
permis, par exemple?
M. Lelotte: II faut que je m'explique là-dessus. Parce
qu'un courtier pourrait obtenir, comme il y en a actuellement, plusieurs
permis, conditionnel à ce que ce soit des permis centralisés sur
l'immobilier. Je m'explique. Un courtier peut faire, dans l'exercice de ses
fonctions, du courtage hypothécaire; il peut également, s'il a
réussi les examens d'évaiuateur, faire l'évaluation.
Personnellement, moi, j'ai un permis d'évaiuateur et j'ai un permis de
courtier. Alors, je ne vois pas pourquoi on viendrait me supprimer un de ces
deux permis-là. C'est dans ce sens-là. Je ne parle pas en mon
titre personnel, mais il y en a énormément qui sont courtiers et
qui sont évaluateurs.
Mme Robic: Quand vous parlez...
Le Président (M. Farrah): Je m'excuse. Votre
première tranche de 10 minutes est terminée, alors vous pourrez y
revenir dans un deuxième temps.
Mme Robic: Merci, M. le Président, je reviendrai.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je voudrais d'abord saluer les gens de
l'Institut canadien de l'immeuble et les remercier de leur mémoire et
d'être venus à la commission parlementaire. D'après vous,
quelle serait la formation idéale de base pour un courtier?
M. Lelotte: Pour un courtier, nous sommes unanimement d'avis
qu'un courtier devrait obtenir
au moins l'équivalent de ce que nous réclamons, nous, pour
nos membres, c'est-à-dire un certificat en sciences immobilières,
autrement dit 10 crédits universitaires. Actuellement, on lui en demande
quatre.
M. Léonard: Un instant. Vous disiez, dans votre
mémoire, 450 heures, c'est-à-dire 30 crédits.
M. Lelotte: 30 crédits, c'est ça, 10 cours,
excusez-moi.
M. Léonard: Ah bon!
M. Lelotte: 10 cours de 3 crédits, 30 crédits.
M. Léonard: Donc, vous demandez une formation
universitaire.
M. Lelotte: Oui.
M. Léonard: Une première année de 1er
cycle.
Une voix: C'est ça.
M. Lelotte: Oui.
M. Léonard: C'est ça que ça veut dire.
M. Lelotte: Exactement.
M. Léonard: Donc, le cégep ne suffirait pas.
M. Lelotte: Non.
M. Léonard: Combien de vos courtiers actuellement
détiennent une telle formation?
M. Lelotte: Ça, c'est une question...
M. Léonard: Environ.
Une voix: On note 350 membres.
M. Léonard: Je ne vous demande pas au chiffre
près.
M. Lelotte: Nous avons 350 membres et il y a à peu
près 450 courtiers...
M. Léonard: Ah! Là, vous parlez des
courtiers...
M. Lelotte: ...indépendants.
Ml. Léonard: ...pas des agents.
Une voix: Des courtiers.
M. Lelotte: Oui, on parle de courtiers ici.
M. Léonard: O.K. Très bien. 350, 400 à peu
près, sur les 1500.
M. Lelotte: Non, nous avons 371 membres, mais ils ne sont pas
tous courtiers. Ils ne sont pas tous courtiers, nous en avons peut-être
une centaine.
M. Léonard: Quelle est la formation requise dans les
autres provinces du Canada?
M. Lelotte: Dans les autres provinces du Canada, ils sont
moindres, la formation est moindre qu'ici.
M. Léonard: Ils sont moins exigeants.
M. Lelotte: Non, c'est-à-dire que les prérequis
sont moins hauts qu'ici. D'ailleurs, nous avons reçu des
félicitations des autres provinces.
M. Léonard: Attendez un peu, il faut s'entendre. Les
prérequis, c'est avant de suivre le cours. Ces prérequis sont
moins élevés qu'ici au Québec.
M. Lelotte: Non, les prérequis pour l'obtention de ce que
vous disiez, du titre de "fellow" ou de courtier?
M. Léonard: Moi, je parle de courtier.
M. Lelotte: De courtier. Dans les autres provinces, je ne le sais
pas, je ne pourrais pas vous répondre, à moins que...
M. Desbiens (Raymond): Actuellement, la... Une voix: Votre
nom, M. Desbiens?
M. Desbiens: Oui. Dans les autres provinces, la formation est
beaucoup moins exigeante pour le permis de courtier en immoblier. Ici, au
Québec, c'est...
M. Léonard: Et aux États-Unis? M. Desbiens:
Je l'ignore.
M. Léonard: Sur quelle base, à ce moment-là,
vous réclamez que les courtiers ici, au Québec, aient une
formation d'une première année universitaire si, ailleurs, ce
n'est pas ça le cas? Est-ce que c'est réaliste?
M. Lelotte: Nous trouvons que c'est assez réaliste parce
que ça irait dans le sens d'une protection accrue pour le public.
M. Léonard: Là, on vient de parier des courtiers.
Oui, on y reviendra, sur la protection du public. Les agents, eux, est-ce que
vous demandez la même chose pour les agents? Quelle
est la formation de base qui serait souhaitable pour les agents?
M. Lelotte: Ce que nous aimerions, c'est que la formation de base
actuelle, à partir du moment où elle sera contrôlée
par un examen de sortie généralisé qui permettrait des
petits cadeaux...
M. Léonard: C'est un examen standard que vous
voudriez.
Une voix: Oui.
M. Lelotte: Un examen central, tel qu'il existait dans les
années...
M. Léonard: ...central ou standard. O.K. Ça va.
M. Lelotte: Oui. Concernant... Bon, j'ai perdu le fil de mes
idées. C'est dû à l'âge.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: ...le nombre d'heures.
M. Lelotte: Ah! Le nombre d'heures serait suffisant, mais ce que
nous aimerions, c'est que, comme dans toute profession qui se respecte,
dès qu'un agent a son permis de courtier, ne pas le lâcher sur le
marché, qu'il fasse au moins un stage de six mois avec un agent
chevronné.
M. Léonard: Avec un courtier.
M. Lelotte: Bien... Automatiquement, un agent est obligé
de travailler pour un courtier.
M. Léonard: ...travailler pour un courtier. M. Lelotte:
Mais, qu'il y ait...
M. Léonard: Donc, ce que vous proposez finalement, c'est
une certaine hiérarchisation de la profession de courtier.
M. Lelotte: Elle existe déjà. M. Léonard:
Elle existe déjà. M. Lelotte: Elle existe
déjà.
M. Léonard: Mais là, vous voudriez la formaliser
davantage.
M. Leiotte: Ce qu'on aimerait, c'est qu'un agent débutant,
comme pour éviter justement toutes ces sorties, apprenne à
travailler d'une façon professionnelle, mais qu'il fasse un stage de
formation, à partir du moment où il a son permis, avec un agent
qui a déjà quelques années d'expérience.
M. Léonard: Ces stages-là seraient au-delà
de la formation académique.
M. Lelotte: Oui, oui, et elle est nécessaire.
M. Léonard: O.K. Alors, si je comprends bien, vous trouvez
que, dans les autres provinces, ce n'est vraiment pas suffisant, leur
formation.
M. Lelotte: Je ne suis pas là pour porter un jugement sur
les autres.
M. Léonard: Si vous imposez une formation plus
poussée ici, je suppose que c'est ça que ça veut dire.
M. Lelotte: Oui. Mais je sais que j'ai eu - je ne dirai pas
à mon service mais dans mon bureau - un agent qui venait de la
Saskatchewan, qui avait un permis de courtier, qui ne connaissait rien, mais il
avait payé. Ils paient les droits et ils ont un permis de courtier. Il y
a d'autres provinces où ils peuvent l'avoir automatiquement.
M. Léonard: II y a une grande inégalité dans
la formation des courtiers dans la qualité, entre guillemets, des
agents, en termes de formation, et vous voudriez améliorer la
question.
Moi, je voudrais aussi vous poser une question sur l'ensemble.
Là, je trouve cela un peu difficile à comprendre, comment vous
voulez structurer la profession. D'abord, est-ce que, pour vous, c'est une
profession? Est-ce que, pour vous, le courtage immobilier devrait relever de
l'Office des professions au Québec ou pas? Il est venu ici des
intervenants proposer qu'il y ait création d'une troisième
section à l'Office des professions, qui pourrait comprendre, par
exemple, les courtiers en immobilier. Qu'est-ce que vous en pensez? (10 h
45)
M. Lelotte: Nous en avons discuté et nous trouvons que ce
serait un peu prématuré.
M. Léonard: Vous dites que, dans le temps, ça
devrait venir.
M. Lelotte: Oui, avec l'amélioration de la profession.
M. Léonard: Donc, c'est prématuré, en ce
sens que la formation de vos gens actuellement n'est pas encore suffisante pour
prétendre...
M. Lelotte: Exactement, parce que devant cette commission ci,
à laquelle j'ai assisté, vous avez entendu plusieurs
représentants vous dire que les agents sortant des cours étaient
incompétents.
M. Léonard: O.K. Alors, allons plus loin
donc. Le problème que je veux soulever, c'est celui de la
protection du public. Il devrait y avoir quelque part un code de
déontologie. Les ordres professionnels ont des codes de
déontologie qui sont de leur responsabilité, qui doivent
être conformes, en tout cas, à des standards d'éthique
qu'on retrouve d'une profession à l'autre. Qui définirait le code
de déontologie dans le modèle que vous proposez?
M. Lelotte: C'est-à-dire qu'il faudrait un code de
déontologie unique qui chapeauterait toutes les organisations. Ce sera
au nouvel organisme à déterminer ça. C'est tout un
travail, c'est une structure à monter.
M. Léonard: Quand vous dites ça, c'est un nouvel
organisme... Il a été question de l'Association de l'immeuble du
Québec qui transformerait... Et vous, vous êtes l'Institut
canadien de l'immeuble. Par ailleurs, dans le texte - il me semble que c'est
à la page 4, je ne sais pas, oui, c'est à la page 4 et à
certains autres endroits - vous proposez que ça relève des
chambres locales. Je dois dire que, lorsque j'ai lu ça, j'ai comme
tiqué un peu, si vous me permettez l'expression, parce que finalement,
une chambre locale, comment pensez-vous qu'elle va se juger elle-même?
Est-ce que vous ne pensez pas que le courtier va être juge et partie
finalement et que ça n'aurait pas beaucoup de sens en termes de
protection du public?
M. Lelotte: Ce n'est pas tout à fait ça, et je vais
le laisser répondre.
M. Desbiens: Disons qu'actuellement, il y a un code de
déontologie qui a été avancé par l'Association de
l'immeuble du Québec et qui a été entériné
par l'ensemble des chambres immobilières. Ce code de déontologie
est très acceptable et très potable pour l'ensemble de la
profession, sauf qu'il y a des limites à son application. Alors,
ça serait ces limites d'application que le nouveau conseil pourrait
s'accaparer ou encore qui pourrait aller continuer un peu de façon
à augmenter la pénétration du code de
déontologie.
M. Léonard: Ce que je veux dire, je pose peut-être
la question en principe, mais un code de déontologie, c'est finalement
la charte de vérification des plaintes ou etc. Si vous le faites relever
d'un niveau local, vous ne lui donnez pas beaucoup de force parce qu'au fond,
si ce code de déontologie est appliqué localement et que les
gens... Ça doit être appliqué localement, mais si les
plaintes, par exemple, passent par la chambre d'immeuble sur un plan local, il
me semble que ça perd toute sa force parce que les courtiers vont juger
si l'un de leurs collègues dans cette chambre locale a bien agi ou non,
alors qu'il me semble que l'organisme externe doit être au- dessus de la
mêlée. Puis vous dites, à un moment donné, que les
plaintes doivent passer et transiter par l'Institut avant d'aller devant
l'organisme qui est responsable du code de déontologie. Alors, ça
implique un drôle de filtrage, ne pensez-vous pas?
M. Lelotte: Nous ne demandons pas que ces causes-là
passent devant l'Institut. Nous ne voulons pas nous porter juges
là-dedans.
M. Léonard: Un instant, là!
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle, votre temps est malheureusement terminé.
M. Léonard: On y reviendra.
Le Président (M. Farrah): À moins qu'on ne revienne
dans la deuxième tranche, dans votre deuxième période de
10 minutes.
M. Léonard: Ça va, j'y reviendrai.
Le Président (M. Farrah): Avez-vous des commentaires, M.
le président?
M. Lelotte: Non, merci.
Le Président (M. Farrah): Ça va. Mme la
ministre.
Mme Robic: M. le président, je voudrais peut-être
revenir sur certaines choses qui ont été dites au niveau du
professionnalisme des agents et des courtiers. Dans le fond, vous avez
été un peu dur quand vous avez parlé
d'incompétence. Dans toute profession, il y a des incompétents;
ce n'est pas parce qu'ils ont fait un stage ou quoi que ce soit... On a nos
degrés de professionnalisme dans tout organisme, dans toute profession.
Mais ne seriez-vous pas plutôt d'accord, et je pense que vous l'avez
été quand je vous ai parlé d'un examen, qu'il est
important de pouvoir juger de la qualité des cours que nos agents
suivent et, si c'est d'inégale qualité, qu'il y ait façon
de remédier à cela? L'examen provincial qui pourrait être
exigé ferait en sorte qu'on pourrait juger de la qualité des
cours et s'assurer qu'on remédie à la faiblesse de certains
cours.
Quand vous parlez de stage, est-ce qu'on n'est pas en train d'admettre
justement que les cours que l'on donne sont de faible qualité et qu'au
bout de la ligne, nos agents ne sont pas prêts à vendre de
l'immeuble malgré qu'ils aient suivi un cours? Je pense que c'est
défaitiste et qu'il faut plutôt s'assurer que les cours sont de
bonne qualité et que les agents qui les suivent sont prêts
à entrer dans la profession. Quand on parle également de stage de
formation, est-ce que ce n'est pas la responsabilité d'un directeur
d'un bureau d'immeuble de suivre ces nouveaux agents, de continuer la
formation de ces nouveaux agents et de s'assurer qu'un agent qui s'en va sur le
terrain est bien préparé et non pas que ce soit la
responsabilité d'un autre agent de faire ce travail-là? Il me
semble que ce n'est pas la responsabilité d'un agent qui est
déjà formé d'en former d'autres; c'est plutôt la
responsabilité d'un directeur de bureau d'immeuble.
Pour revenir à la question si vous deviez être
rattaché à une corporation professionnelle, je pensé qu'il
y a une progression qui s'opère dans la profession. Vous êtes une
jeune profession. Vous vous êtes pris en main d'ailleurs, comme
profession, et je pense qu'il faut vous féliciter pour avoir fait ce que
vous avez fait. On arrive à un stade où on peut vous donner un
organisme d'autoréglementation pour ensuite pouvoir penser que vous
pouvez faire partie d'un organisme professionnel, et je pense que c'est une
progression qui est tout à fait normale dans les circonstances.
Mais vous avez, et moi aussi, un problème avec le fait que les
chambres d'immeuble conservent une partie de la déontologie, et il y a
des contradictions là. Un organisme d'autoréglementation doit
avoir tous les pouvoirs pour s'assurer que les agents, entre eux ou avec des
clients, répondent à un seul organisme. D'un autre
côté, quand il s'agit d'arbitrage, je comprends qu'il y ait un
problème là, une réalité qui fait qu'on est partout
au Québec et que c'est plus rapide d'être servi en région
pour des problèmes d'arbitrage. Si vous nous amenez ça dans votre
mémoire, c'est que vous avez dû y réfléchir, et
j'aimerais qu'on revienne là-dessus. Comment pourraient fonctionner ces
deux organismes pour qu'il n'y ait pas de contradiction? L'organisme
d'autoréglementation qui doit gérer le code de déontologie
et les chambres d'immeuble qui se trouvent en région qui pourraient
régler des problèmes entre agents, entre courtiers, plus
rapidement. Comment pourrait se faire cet arbitrage entre les deux groupes pour
qu'il n'y ait pas confusion et que ça ne crée pas de tension
entre les chambres et l'organisme d'autoréglementation?
Le Président (M. Farrah): M. Lelotte.
M. Lelotte: En ce qui concerne l'arbitrage, justement nous avons
tenu compte des régions. Nous ne savons pas où le nouvel
organisme aura son siège social. Si toutes les causes d'arbitrage
doivent passer devant l'organisme et que nous en avons de Baie-Comeau et de
Sept-îles, et tout ça, qui doivent se rendre soit à
Québec ou à Montréal ou ceux de Montréal... Donc,
les chambres d'immeuble sont sur place pour régler ces
problèmes-là. Toute cause d'arbitrage est toujours sujette
à appel. Ils pourraient éventuellement, en cas de litige, se
référer alors à l'organisme ou, en cas de
non-règlement de conflit, ça retomberait à l'organisme, et
là alors, ce serait à eux à se déplacer et à
rencontrer l'organisme. Mais II ne faudrait pas surcharger l'organisme avec
toutes ces causes-là qui peuvent être réglées
à l'intérieur des chambres d'immeuble.
Mme Robic: Si...
Mme Gratton (Andrée): Moi, ce que je vois,
l'organisme...
Le Président (M. Farrah): Je m'excuse, madame. Vous
pourriez peut-être vous identifier pour le bénéfice du
Journal des débats.
Mme Gratton: Oui, d'accord. Je suis Andrée Gratton. Ce que
je peux voir, pourquoi on voulait aller à la chambre d'immeuble pour des
causes de déontologie, en fin de compte, c'est pour les litiges entre
agents, ce qui ne regarde pas le public. Ce que je vois à l'organisme,
c'est la protection du consommateur, à ce moment-là. Tout ce qui
a rapport au consommateur devrait aller à cet organisme-là,
tandis que ce qui relève de l'intérieur de notre profession
devrait se rapporter à nos chambres d'immeuble, comme c'est
présentement.
C'est pour éviter du travail au nouvel organisme, en fait, parce
qu'il y a différents litiges entre agents immobiliers. Je le vois en
deux parties.
Le Président (M. Farrah): Merci, madame. Mme la
ministre.
Mme Robic: Cependant, s'il y a un cas d'arbitrage, comment
ça se passe aujourd'hui, si vous faites partie d'une petite chambre et
vous vous faites juger par vos pairs et que vous trouvez que c'est... Il y a
peut-être des conflits d'intérêts au niveau de la chambre
pour juger des agissements de deux agents. Est-ce que vous pouvez demander de
passer devant une autre chambre? Comment ça fonctionne?
Mme Lahaie (Josée): À l'Association.
Mme Robic: Vous vous référez à l'Association
à ce moment-là...
Mme Lahaie: C'est ça.
Mme Robic: Et elfe vous réfère à une autre
chambre...
Mme Lahaie: Pas à une autre chambra, à
l'Association de l'immeuble du Québec, c'est ça.
Mme Robic: ...ou est-ce que c'est l'Association qui prend le
dossier en main?
M. Cayer (Serge): Est-ce qu'on pose la question à moi?
Mme Robic: Tu ne suivais pas, là, hein? Ha, ha, ha!
M. Cayer: Je suivais, mais je ne m'attendais pas à ce
que...
Mme Robic: Non, d'accord. C'est bien.
M. Cayer: Oui, les chambres se chargent d'appliquer les
règlements de l'Association sur une base régionale. Mais en tant
que membres de la chambre locale, ils doivent régler leurs
différends au niveau de la chambre. Le seul temps où
l'Association intervient, c'est quand la chambre préfère
déléguer à l'Association le soin de le gérer pour
elle-même ou bien encore lorsqu'il y a un conflit entre membres qui
appartiennent à deux chambres distinctes.
Le Président (M. Farrah): Est-ce que vous pouvez vous
identifier, pour le bénéfice de...
M. Cayer: ...toujours au niveau de l'arbitrage. Oui, Serge
Cayer.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. Cayer.
Mme Robic: Alors, il s'agirait, pour le nouvel organisme, de
déléguer de ses pouvoirs aux chambres d'immeuble pour qu'elles
puissent gérer les conflits internes à la profession. Ce serait
une délégation de l'organisme d'autorégle-mentation. C'est
comme ça que vous le voyez?
M. Lelotte: Oui, exactement.
Mme Robic: Vous parlez, dans votre document, de franchisage.
Voulez-vous élaborer là-dessus? Vous dites: II faudrait que la
loi et les règlements de courtage soient appliqués et
respectés. Qu'est-ce que vous voulez dire là-dessus? Est-ce que
quelqu'un qui fart partie d'une franchise n'a pas, présentement,
à suivre les mêmes règlements du courtage?
M. Lelotte: Normalement, ils devraient les suivre, mais,
fréquemment, ils ne les suivent pas du...
Mme Robic: Dites-moi comment ils ne les suivent pas.
M. Lelotte: Du fait que ces agents-là paient un loyer pour
pouvoir pratiquer, ils paient ça aux franchisés. Ils s'imaginent
être courtiers et ils ne rendent aucunement compte de leurs actes
à leur courtier qui, en réalité, est responsable de leurs
actes. Et il arrive fréquemment qu'en conseil d'arbitrage, le courtier
appelé ne soit pas du tout au courant des agissements de son agent
impliqué. Ça, ça arrive fréquemment, parce qu'ils
se prennent pour des courtiers eux-mêmes, ils s'annoncent comme courtiers
indépendants.
Mme Robic: Mais ça, ce n'est pas un problème qui
est rattaché directement au franchisage, mais plutôt au
travailleur autonome, n'est-ce pas?
M. Lelotte: Oui, mais les travailleurs autonomes, la
majorité, travaillent pour des franchisés.
Mme Robic: Oui. Mais qu'un travailleur soit autonome, il signe
une entente avec son courtier qui demeure responsable des agissements de son
agent.
M. Lelotte: Exactement.
Mme Robic: Oui. Vous voyez plus de cas d'agents autonomes qui ne
rendent pas compte de leurs transactions à leur courtier que des agents
qui travaillent pour un courtier qui est considéré comme
employé.
M. Lelotte: Oui. Les lois et les règlements ne sont pas
respectés dans la pratique du courtage. Nous le voyons
fréquemment, nous, en faisant notre pratique. (11 heures)
Mme Robic: C'est sur une grande échelle.
M. Lelotte: Je dirais oui.
Le Président (M. Farrah): En conclusion, Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Ça va.
Le Président (M. Farrah): Je vous remercie beaucoup. Je
reconnais maintenant M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président, je voudrais
revenir. Je sais qu'il y a des explications qui ont été
données par Mme Gratton au sujet des questions de discipline interne et
de ce qui touche la protection du consommateur et que, donc, ça pourrait
prendre deux chemins différents. Il reste que j'ai quand même
quelques difficultés à admettre que, sur le plan de la
discipline, ça en reste strictement au plan de la chambre locale. S'il y
avait des manquements graves qui amèneraient à exclure un
courtier, par exemple, de sa profession, je pense que les cas d'exclusion vont
être rares au plan local parce que les gens vont avoir plutôt
tendance à se protéger. Mais ceci étant dit, j'en reste
là sur les questions.
Je reviens simplement très rapidement sur la question de la
formation. À la page 4, vous dites: Nous devrions être reconnus
comme un organisme consultatif permanent en matière d'éducation
qui verrait à élaborer toute modification à la loi ayant
une incidence sur la formation, les normes d'accès à la
profession, les
règles de déontologie et les sanctions disciplinaires.
Pour un organisme consultatif, ça commence à faire pas mal large,
si vous me le permettez. Je trouve, au fond, que vous voulez le pôle au
complet. Alors, je vous pose la question en relation avec ce que vous dites
là. De qui devrait relever l'organisme d'autoréglementation?
M. Lelotte: Du gouvernement qui va déléguer ces
pouvoirs à cet organisme.
M. Léonard: Du ministre responsable de l'Office des
professions ou, disons, en l'occurrence la ministre des institutions
financières? Vous ne le savez pas. Les deux, comme il arrive.
M. Lelotte: C'est ça. Qui sera le responsable? Je pense
que c'est votre responsabilité de déterminer qui sera responsable
chez vous. Nous, nous le déterminerons à notre niveau.
M. Léonard: Disons que ça relève du
gouvernement. Alors, cet organisme d'autoréglementation, est-ce que
ça ne devrait pas être lui qui soit responsable de
déterminer les contenus de la formation, les normes d'accès
à la profession, les règles de déontologie et même
les sanctions disciplinaires...
M. Lelotte: Exactement.
M. Léonard: ...plutôt que l'institut canadien de
l'immeuble?
M. Lelotte: Attention! Nous demandons simplement d'être
là-dedans à titre de consultant au même titre que les
autres intervenants qui vont faire partie de cet organisme. Nous ne voulons pas
en être tenus à l'écart.
M. Léonard: O.K. C'est peut-être en termes de
rédaction, alors, que c'est un peu trop raide, parce qu'on dit: Qui
verrait à élaborer toute modification à la loi ayant une
incidence sur la formation.
Une voix: À titre de consultant.
M. Léonard: Donc, c'est à titre de consultant.
M. Lelotte: Nous avons généralisé.
M. Léonard: Le mot important était "consultant" et
non pas le contenu.
M. Lelotte: C'est ça.
M. Léonard: Bien, merci. Comment pensez-vous que ce soit
réaliste que tous les courtiers et agents soient à temps plein
dans cette profession? Parce que ce n'est vraiment pas le cas, à l'heure
actuelle?
M. Lelotte: Oui, c'est peut-être la raison pour laquelle il
y a énormémement d'abandons. Premièrement, il y a
également énormément de conflits d'intérêts.
Alors, si on veut avoir le statut de professionnel, bien, qu'on fasse ce
métier à temps plein. Déjà, nous avons eu aussi des
consultations et on se posait la question: Les gens qui sont perdus dans les
régions éloignées, comment font-ils pour vivre? Mais ils
sont également d'accord, eux, pour ne faire que ce métier. Ils ne
veulent pas avoir le droit de faire d'autres métiers parce que ça
ouvrirait la porte à n'importe qui. Le boucher du coin pourrait vendre
de l'immeuble, le dentiste, n'importe qui - je ne parie pas que de
professionnels - ou l'épicier.
M. Léonard: Je ne sais pas si c'est une question qu'on
pourrait poser, mais entre quelqu'un qui aurait une formation dans le domaine,
qu'il soit très justifié ou très solide, qu'il soit
à temps partiel et quelqu'un qui n'aurait pas une formation et qu'il
soit à temps plein, lequel choisiriez-vous?
M. Lelotte: Premièrement, dans ce métier-là,
le grand principe, c'est la disponibilité. On a un mandat à
remplir; il faut être disponible pour le remplir. Si vous n'êtes
pas là pour le remplir, qui le fera à votre place et à
quoi sert votre mandat? C'est ça exactement. Je vais donner la parole
à M. Desbiens.
M. Léonard: La disponibilité, ça
n'enlève pas les exigences en termes de formation de base et des
connaissances qu'il faut pour exercer le métier.
M. Desbiens: II y a les connaissances de base, bien sûr,
mais ce que le consommateur recherche, c'est un individu qui va être en
mesure de lui donner un excellent service. Le service au niveau du
résidentiel passe par la reconnaissance du marché. Alors, un
individu qui ne travaille pas à temps plein dans le marché de
l'immobilier, comment est-ce qu'il peut connaître la valeur actuelle
d'une propriété? Comment peut-il connaître le marché
actuel? Comment peut-ii être en mesure de savoir ce qui se vend et
à quel prix, quelles sont les tendances des acheteurs ou des vendeurs
à des périodes bien précises? C'est la raison pour
laquelle on demande que l'agent soit à temps plein. Pour donner un bon
service à la clientèle, il doit être au courant, et la
seule façon d'être au courant, c'est d'être constamment dans
le marché.
M. Léonard: Vous avez 4000 membres qui sont sortis, 3200
qui sont rentrés, je ne sais pas sur quelle période vous l'avez
calculé, je suppose que c'est sur un an, c'est dit au début.
Est-ce que chez ces agents, il s'agissait d'agents dont la formation
était plus ou moins bonne ou s'il
s'agissait plutôt d'agents qui venaient de changer de
métier, qui n'avaient plus les disponibilités? Est-ce que vous
avez pu savoir pourquoi, quelles étaient les caractéristiques des
gens qui faisaient une telle rotation?
M. Desbiens: Est-ce que vous parlez au niveau des agents
immobiliers, des 14...
M. Léonard: Je pense que c'est 4000... Je pense que vous
comprenez courtiers et agents à 4000.
Mme Gratton: Des nouveaux courtiers, des nouveaux permis.
M. Léonard: il n'y a pas juste des courtiers dans votre
profession, il y a aussi des agents.
M. Lelotte: Oui. Ce sont des gens qui n'ont même pas deux
ans d'expérience dans l'immobilier.
M. Léonard: Donc, ce sont des étoiles filantes.
M. Lelotte: Des étoiles filantes dès la
première année, entre la première et la deuxième
année.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Je voudrais revenir rapidement sur le point de
départ de l'analyse de la ministre. La dernière modification
à la loi de 1962 a été faite en 1985, si je ne me trompe
pas. La ministre nous présente cet énoncé de politique
avec le constat suivant qu'elle a reçu de plusieurs
représentations venant du milieu. J'aimerais qu'au-delà de la
proposition qui est sur la table à l'heure actuelle et sur laquelle vous
avez présenté votre mémoire, vous nous disiez, dans votre
quotidien, avec l'expérience que vous avez réussi à
développer, quel est le problème avec la loi actuelle? En quoi la
loi actuelle ne vous satisfait pas et en quoi les objectifs que vous
poursuivez... Pourquoi serait-il si pertinent de faire tout cet
exercice-là?
M. Lelotte: Parce que la loi actuelle ne donne pas à notre
organisme un encadrement juridique suffisant. Nous allons prendre un exemple.
D'après notre code de déontologie, si nous estimons qu'un agent
ne peut plus pratiquer, il sera rayé de nos associations, de notre
Chambre d'immeuble, mais s'il est courtier, il conservera son permis de
courtier émis par le service du courtage, par le gouvernement.
M. Boisclair: La raison pour laquelle je vous pose cette
question-là, c'est pour étudier toute la question de la
protection du public. À l'heure actuelle, c'est une
responsabilité qui est essentiellement... On pourrait se questionner
longtemps, à savoir qui devrait la détenir. Est-ce que c'est
l'Office des professions? Est-ce que c'est le nouvel organisme qui serait un
organisme d'autoréglementation? Donc, il y aurait une espèce de
déplacement des fonctions, des responsabilités de l'État
vers le milieu, avec un organisme qui serait composé... On n'a pas
encore trop d'indications sur la composition de cet organisme-là. Est-ce
que vous avez une certaine réflexion quant à la composition de
cet organisme d'autoréglementation? Parce que, dans la proposition de la
ministre, vous proposez qu'il y ait un de vos membres de votre exécutif
qui y participe...
M. Lelotte: C'est-à-dire que...
M. Boisclair: ...mais, au-delà de ça, pour assurer
la véritable protection du public, je pense qu'il faudrait
peut-être aller au-delà d'un simple membre de l'Association.
Avez-vous une réflexion à faire là-dessus?
M. Lelotte: Oui. Il faudrait d'abord dans cet organisme-là
un représentant du gouvernement qui... Pardon?
M. Boisclair: Qui serait quelqu'un de? Une voix: C'est
à vous de décider. M. Lelotte: Ce serait votre
problème.
Une voix: II dit: C'est au gouvernement à
décider.
M. Lelotte: Nous allons régler les 14 ou 15 autres
problèmes, si possible.
Une voix: II ne décide pas grand-chose, le
gouvernement.
M. Lelotte: II faudrait également des représentants
du public consommateur et, alors, des représentants de l'industrie
immobilière active. Nous demandons que ce soient des membres
nommés, pas élus.
M. Boisclair: Parce que la question va rapidement se poser sur la
façon dont les gens vont être nommés, sur le mandat, sur
les renouvellements de mandat, sur la composition et sur un certain nombre de
choses. J'aurais apprécié approfondir cette réflexion avec
vous sur les gens. Qui, au gouvernement, serait le mieux placé pour y
participer? Comment assurer l'efficacité aussi de cet organisme
d'autoréglementation?
M. Lelotte: Au gouvernement, comme chez nous, vous avez des gens
qui sont très compétents et très au courant du courtage
immobilier.
Alors, je ne vois pas bien pourquoi on irait donner ce poste-là
à une personne qui ne connaît rien. Vous en avez assez, vous les
connaissez. Chez nous, dans nos propres associations, nous en avons aussi.
Le Président (M. Farrah): Malheureusement, c'est tout le
temps dont on dispose. En conclusion, M. le député de Labelle,
peut-être qu'il y a une remarque de conclusion.
M. Léonard: Je voudrais remercier les gens de l'Institut
canadien de l'immeuble de leur présentation. On a pu en discuter. Je
vois qu'il y a des gens là qui ont de l'expérience, qui en ont
accumulé beaucoup en termes de formation. Si je comprends, c'est mieux
qu'ailleurs, alors, je vais le reconnaître avec plaisir. Merci bien.
M. Lelotte: Vous avez très bien compris.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Robic: M. le Président, l'Opposition semble croire
qu'il faut qu'il y ait un problème, qu'on soit dans la dèche,
pour agir. Je pense que ce serait une erreur que d'attendre des
problèmes pour agir. Je pense que ce qu'on tente de faire, c'est d'agir
pour établir la compétence et la crédibilité de
cette profession. Moderniser nos lois, on arrive à un nouveau
siècle. C'est important de moderniser nos lois. Vous semblez faire
confiance au gouvernement, vous avez bien raison. On va tenter de ne pas vous
désappointer. On vous remercie beaucoup de votre présence. Vous
nous avez fait jouir de votre large connaissance. On l'apprécie
beaucoup. On en tiendra certainement compte dans la rédaction de ce
projet de loi. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): À mon tour, au nom des
membres de la commission, nous vous remercions infiniment pour la
présentation de votre mémoire. Merci beaucoup.
M. Lelotte: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Sans plus tarder, j'inviterais
l'autre groupe à se présenter. Il s'agit de l'Institut Jean-Guy
Leboeuf.
Nous accueillons maintenant l'Institut Jean-Guy Leboeuf,
représenté par M. Leboeuf. Au nom des membres de la commission,
nous vous souhaitons la plus cordiale des bienvenues. Je veux vous aviser que
vous avez une période de 20 minutes pour votre présentation et,
après, un échange entre les parlementaires, d'une durée de
40 minutes établies équitablement entre les deux formations
politiques. Sans plus tarder, M. Leboeuf, nous vous écoutons. (11 h
15)
Institut Jean-Guy Leboeuf
M. Leboeuf (Jean-Guy): Bonjour, M. le Président, Mme la
ministre, mesdames, messieurs. Je ne suis pas directement dans le milieu de
l'immobilier, comme vous le savez. Notre école a commencé
à donner des cours il y a une trentaine d'années dans
différents domaines: parole publique, croissance personnelle, vente,
etc. À un moment donné, vers 1986, quelques-uns de nos
diplômés qui étaient courtiers en immeubles ou agents en
immeubles nous ont demandé quand nous pourrions commencer à
donner le cours de base en agent immobilier. À ce moment-là, nous
avons fait les démarches auprès du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. Nous avons obtenu notre
permis le 6 février 1987 et nous avons recruté des professeurs
spécialisés qui, déjà, jouaient le même
rôle dans différents cégeps. Et nous avons donc
donné à plus de 4000 personnes le cours de base "Vente de biens
immobiliers" pour ceux qui voulaient devenir agents d'immeubles.
Dès le départ, à cause de ma formation comme
économiste et comme andragogue, je me suis permis de toujours donner les
premières 15 heures de formation parce que je considérais que les
agents immobiliers étaient, même s'ils agissaient
professionnellement, de véritables hommes d'affaires et femmes
d'affaires qui facilitaient les transactions dans le monde de l'immeuble. Un
bon jour, j'ai découvert que dans la loi de l'immeuble, dans la Loi sur
le courtage immobilier, il y avait un tout petit mot de deux lettres,
c'était "ou". C'est-à-dire que pour devenir courtier, un agent
devait prendre des cours de niveau collégial ou universitaire. À
ce moment-là, j'ai contacté le Service du courtage et le
ministère de l'Enseignement supérieur pour vérifier s'il y
avaft un programme permettant à quelqu'un de prendre des cours de niveau
collégial pour arriver au poste de courtier.
Le programme n'existait pas. Cependant, au moins deux cégeps
utilisaient, avec la loi des cégeps, certains cours et permettaient
ainsi à quelqu'un ayant suivi des cours de niveau collégial
d'obtenir son titre de courtier, comme s'il avait étudié à
l'université. Donc, j'ai fait des pressions pour avoir le même
droit, mais, comme vous le savez, Mme la ministre, la Loi sur l'enseignement
privé ne donne pas les mêmes privilèges que la loi des
cégeps. J'ai donc demandé la permission de soumettre un premier
programme et, en quelques semaines, notre équipe de professeurs a soumis
ce programme-là qui permettait, s'il avait été
accepté ipso facto, à un agent ayant le nombre d'années
d'expérience requises de devenir courtier. C'a pris plusieurs mois.
Finalement, le ministre a nommé un comité pour étudier la
question. Le comité a été confié à Mme
Carrier, du cégep Garneau. Ce comité-là comprenait
plusieurs personnes, dont le surintendant adjoint, M. Saint-Laurent, M. Raymond
Roy,
M. Serge Cayer, directeur général de l'Association de
l'immeubles, Mme Caron de la Chambre d'immeubles de Québec, Mme
Éva Savoie, courtier, Bernard Fortier du cégep de Maisonneuve,
Jean Mathieu du cégep de Montmorency, et moi-même. Nous avons
ensemble proposé au ministre un programme de niveau collégial, un
programme qui a obtenu une opinion favorable de la part du surintendant du
Service du courtage immobilier.
Donc, ce programme peut aider quelqu'un à se perfectionner,
à acquérir des crédits de niveau collégial,
à se préparer à différents postes, soit agent,
courtier en immeubles ou en prêts hypothécaires, en
évaluation foncière, etc. Nous tenons à faire nôtre
l'idée qu'il y a dans le régime pédagogique du
collégial et qui dit: "Le régime pédagogique du
collégial vient aussi réaffirmer le principe de
l'accessibilité d'un plus grand nombre à des activités de
formation de qualité relevant de cet ordre d'enseignement. Le
développement du Québec requiert qu'on accentue les efforts
déjà consentis en matière d'accessibilité et qu'on
ouvre plus grandes les portes des collèges à des
catégories d'étudiants qui ne pouvaient auparavant s'y inscrire.
À cette fin, des mesures précises, comme l'élargissement
des conditions d'admission, la reconnaissance des acquis scolaires et
parascolaires ainsi que la création de nouveaux types de programmes,
mieux adaptés aux besoins de catégories particulières
d'étudiants et à la diversité de leur préparation,
ont été adoptées."
Donc, avec ce régime pédagogique du collégial, le
ministre souhaite que beaucoup de nos concitoyens puissent participer à
des études de niveau collégial, améliorer un tant soit peu
leur niveau de scolarité et ainsi devenir des citoyens plus utiles.
Tantôt, quand j'ai vu monsieur, ici, parler d'une publicité faite
par un courtier sur la rive sud, disant qu'il pouvait accepter des agents qui
n'avaient pas leur secondaire V ou la 11e année, bien, une plainte a
été formulée auprès de la Direction
générale de l'enseignement collégial. Le courtier en
question recevra très bientôt un avertissement très
sévère parce qu'il n'a pas le droit d'annoncer... Un courtier n'a
pas le droit d'annoncer qu'il donne des cours de niveau collégial
où la 11e année n'est pas requise. Donc, la situation sera
corrigée très bientôt. Il y a un autre courtier aussi qui a
fait le même péché, à l'été, tout en
étant pardonné peut-être, mais il sera averti au moins,
parce que la 11 e année est requise.
À la page suivante, on voit: Autorité de ce
mémoire. Bien, nous avons fait des sondages écrits et verbaux
après d'environ 500 des 2600 de nos diplômés qui sont
encore actifs comme agents immobiliers. Nous acceptons le fait qu'il y a des
gens qui prennent nos cours, mais ils ne deviennent pas nécessairement
agents immobiliers. Il y a des gens qui le prennent par culture personnelle et
il y en a qui le prennent pour mieux investir. Il y en a qui font quelques pas
dans l'immobilier et qui quittent ensuite, mais qui utilisent les connaissances
pour quand même réussir dans certains domaines. Je pense à
une jeune dame qui, après deux mois dans l'immobilier, s'est
trouvée très égarée, pour ainsi dire, et qui s'est
acheté un duplex avec, au bas, un atelier de vêtements pour dames.
Je pense à un restaurateur qui, au bout de six mois, ne trouvait pas
l'immobilier comme étant son domaine. Il a agrandi son restaurant, a
acheté le terrain et a quand même mis en application ce qu'il
avait appris dans ses cours d'agent immobilier. Donc, il y a encore de nos
diplômés qui sont actifs, et nous évaluons à 2600
sur 4000 le nombre de personnes qui ont pris nos cours et qui sont encore
agents immobiliers.
Nous avons consulté aussi environ 100 directeurs de bureaux de
courtage, des franchisés et des courtiers. Nous avons fait des
réunions et nous avons parlé avec eux d'une façon
informelle. Nous ne leur disions pas: Voici, venez nous parler parce que vous
êtes président de tel comité à l'association ou
à la chambre d'immeuble. Dites-nous ce que vous pensez. Et, la plupart
du temps, les courtiers ou directeurs ou franchisés qui venaient
accompagnaient leurs agents. Donc, il y avait des agents qui avaient un an,
deux ans, trois ans d'expérience, mais il y avait aussi des agents qui
avaient eu leur formation il y a 10 ou 15 ans. Il y avait des courtiers qui
étaient dans l'immobilier depuis 5, 10, 15 ou 20 ans, et nous avons
causé et nous avons cherché à faire une synthèse de
ça. Nous avons entendu des souhaits, des idées, des plaintes, des
espoirs et des projets, et nous vous soumettons ça comme étant
une matière à réflexion, sans plus. C'est tout.
Donc, les recommandations. La révision des structures. Vous allez
remarquer, Mme la ministre, que c'est fait avec un mélange d'audace et
de prudence, parce que, en fin de compte, si notre école avait 20 ans
d'existence et si nous avions connu beaucoup beaucoup de hauts et de bas dans
cette carrière, bien, peut-être que nous penserions autrement,
mais nous faisons quand même des recommandations. Nous avons jeté
un coup d'oeil sur la Loi sur les intermédiaires de marché qui,
sans être parfaite, a quand même eu beaucoup de réflexion de
la part de beaucoup de personnes. Vous la connaissez mieux que moi, mais, quand
même, j'ose vous recommander ceci: que l'organisme
d'autoréglementation soit nommé le Conseil de l'immobilier, comme
dans l'assurance ça s'appelle le Conseil de l'assurance; qu'il soit
constitue d'au plus 15 membres nommés par la ministre, dont trois
courtiers en immeubles et trois agents ayant trois ans d'expérience
comme représentant les chambres d'immeuble, trois représentants
des établissements d'enseignement comme les universités et les
collèges publics et privés, et six représentants du
gouvernement qui pourraient être des personnes sug-
gérées par le milieu, soit les chambres d'immeuble ou
d'autres organismes intéressés par l'immobilier; et que ce
conseil-là soit doté des pouvoirs et qualifications
élaborés dans les pages 14, 15 et 16 du document de consultation
que nous trouvons merveilleux. Sauf sur deux petits points que je vais vous
mentionner tantôt, je trouve que nous sommes parfaitement d'accord avec
tout ce document.
Deuxième recommandation: que tous les détenteurs de permis
soient tenus d'être membres d'une chambre d'immeuble. C'est le premier
point sur lequel on est un peu en divergence d'une façon
légère. C'est que nous pensons que les agents qui sont avec un
courtier non membre d'une chambre manquent d'information, manquent de support
et quelquefois se sentent lésés dans la protection et
l'encouragement qu'une chambre devrait donner. C'est pour ça que nous
osons dire: Vu que dans l'assurance, un nouvel agent est obligé
d'être membre de l'association, bien, pourquoi le nouvel agent ne
serait-il pas obligé d'être membre de la chambre locale? Parce
qu'une chambre locale représente les intérêts de tous les
agents et de tous les courtiers. Pour nous, un nouvel agent, homme ou femme,
c'est un homme d'affaires, c'est une femme d'affaires, qui effectue des
transactions entre des clients vendeurs et des clients acheteurs, et il doit se
sentir protégé et se sentir porté à devenir membre
des différents comités et être membre actif.
Ensuite, que toutes les chambres aient leur association ou
fédération. J'ai osé inclure là le mot
"fédération" en m'inspirant un peu de l'idée des chambres
de commerce. La Chambre de commerce du Québec songe à transformer
son appellation pour l'appeler la Fédération des chambres de
commerce du Québec. J'ai trouvé l'idée bonne. J'en ai
parlé avec M. Jean-Paul Létourneau et je trouve que l'idée
est bonne. Je crois que ça pourrait probablement s'appliquer aussi, dans
notre question, que les chambres d'immeuble indépendantes groupant tous
les agents et courtiers, sans exception, formeraient une
fédération. Les chambres et leur fédération
consacreraient toutes leurs énergies à défendre et
à promouvoir les intérêts de leurs membres et à
promouvoir leur formation continue, sans toutefois agir comme
établissement en enseignement professionnel. Donc, ce qui veut dire que,
de la même façon que l'Ordre des comptables agréés
donne la formation continue à ses membres, mais ne donne pas la
formation de base à ses membres, ainsi les chambres et leur
fédération feraient la promotion de la formation continue, mais
ne feraient pas la formation de base professionnelle. Et, quatrièmement:
que le conseil étudie la possibilité d'améliorer et de
faire connaître le mandat d'acheteur. Dans certains États
américains, le mandat d'acheteur existe et un agent qui rencontre un
client acheteur obtient le mandat de chercher pendant un certain temps la
propriété qui convient à ce client-là. J'ai vu des
documents à ce sujet et je trouve que ça pourrait être un
point à l'étude de ce conseil.
Le document de consultation: la distinction courtier-agent. Y a-t-il
lieu d'augmenter le degré des responsabilités de l'agent? Oui,
beaucoup. Dans nos réunions, plusieurs agents souhaitent que, dans
certaines circonstances, par exemple si le courtier est en difficulté,
plusieurs agents souhaiteraient pouvoir apporter leur mandat chez un autre
courtier. J'ai trouvé pénible, cet été, quand un
grand courtier a fermé ses portes, des agents ont complètement
perdu les commissions qui leur étaient dues. Une banque a saisi tout
chez le courtier, y compris les mandats. Il y avait des agents qui avaient
travaillé pendant un certain temps. S'ils avaient pu, dans des
circonstances spéciales comme celles-là, chercher un nouveau
courtier et apporter leurs mandats, tout le monde aurait été
gagnant, les agents et les clients également.
Prérequis au permis de courtier. Nous proposons 10 000 $ par
succursale et 1000 $ par agent, parce que, quelquefois, la succursale est plus
grande qu'une autre succursale. Et, normalement, je pense que le courtier qui a
plusieurs succursales et plusieurs agents a déjà les actifs en
question. Le cumul de permis: non. Le cabinet multidisciplinaire, pour la
même raison: non. La Loi sur le courtage immobilier devrait-elle accorder
à l'organisme d'autoréglementation le pouvoir de
déterminer par règlement les occupations, professions ou
activités jugées incompatibles avec l'exercice du courtage
immobilier? Oui, et avec clarté, parce que le public ne sait pas trop
à quoi s'en tenir à ce sujet. Je pense même qu'au Service
du courtage, la description écrite n'est pas complètement
précise et les experts qui sont là m'ont dit que ça
devrait être plus précis parce que, même si leurs opinions
sont fondées, il n'y a pas de texte écrit. Y aurait-il lieu de
remettre en question la prohibition d'exercer d'autres occupations ou
professions ou de la maintenir seulement pour le courtier? C'est une question
complexe à laquelle nous n'avons pas répondu.
Le franchisage. Nous disons: Non pour le franchiseur, en ce sens que le
franchiseur devrait conserver le droit de définir ses politiques
internes. Mais pour les franchisés, chaque franchisé devrait
opérer avec l'importance accordée à un courtier qui
possède plusieurs franchises. Alors, à ce point-là, je
pense que, dans votre texte, Mme la ministre, vous disiez qu'un directeur de
succursale devrait avoir la même formation qu'un courtier, sans
nécessairement détenir le permis d'un courtier. Ça devrait
être la même chose pour un franchisé qui n'est pas courtier.
Il y a des franchisés qui ne sont pas courtiers, qui sont comme
parrainés par un courtier, et ce franchisé devrait au moins avoir
la même formation qu'un courtier.
Les assurances. La Loi sur le courtage devrait-elle accorder à
l'organisme d'autorégle-mentation le pouvoir de déterminer dans
quels cas un courtier pourrait être exempté de l'obligation de
détenir un contrat d'assurance-responsabilité professionnelle?
Nous disons non, et c'est un autre point. C'est le seul deuxième point
sur lequel nous sommes un peu divergents dans votre dossier. Nous pensons qu'un
courtier, c'est un courtier et qu'il devrait avoir son contrat
d'assurance-responsabilité professionnelle. La prime est à peu
près 400 $ par année, et puis je ne pense pas que ce soit
ça qui puisse l'empêcher d'avoir son permis de courtier. Un
événement subit peut arriver, il peut tout à coup
détacher son contrat d'avec la maison de courtage, puis il serait
déjà en possession de son contrat d'assurance. À notre
point de vue, même si un courtier est à l'emploi d'un autre
courtier qui, lui, aurait sa police d'assurance-responsabilité, nous
pensons qu'un courtier devrait être totalement courtier avec sa police
d'assurance. Un peu comme on dit: Est-ce qu'une femme est enceinte un peu ou
beaucoup? Bien, normalement, elle l'est. Et un courtier devrait avoir sa police
d'assurance. (11 h 30)
Les dépôts et comptes en fidéicommis. La Loi sur le
courtage devrait-elle prévoir en quelles circonstances le
dépôt doit être remboursé? Oui. Ce que le courtier
peut et doit faire en cas de litige entre l'acheteur et le vendeur, c'est qu'il
revient des intérêts sur les dépôts en
fidéicommis. Donc, oui, ça devrait être prévu, car
il y va de la protection du public et de la crédibilité de
l'agent et du courtier. Nous proposons même, avec un peu d'audace, que
les intérêts sur les comptes en fidéicommis soient
versés à la chambre d'immeuble régionale dans un fonds de
formation continue. C'est un peu audacieux, mais, quand même, nous le
suggérons.
Le Président (M. Farrah): Pardon, M. Leboeuf, c'est pour
vous indiquer qu'il vous reste deux minutes.
M. Leboeuf: Merci. Le Fonds d'indemnisation, c'est correct. La
rémunération: le partage de commission devrait être
autorisé. La commission de référence, oui. Le partage de
commission ainsi que toute commission devraient-ils être divulgués
au client et consignés dans un registre tenu par le courtier? Oui. Nous
proposons avec un peu d'audace de remplacer le mot "commission" par le mot
"honoraire" pour accentuer le professionnalisme, car, selon nous, l'agent et le
courtier posent des actes professionnels, même si ce sont des gens
d'affaires, des hommes et femmes d'affaires. Donc, selon M. Camille Laurin,
ex-ministre de l'Éducation: "Un acte professionnel, c'est une
tâche définie qui procure un service essentiel à la
société, exigeant une formation spécialisée et un
perfectionnement continu, s'effectue à l'intérieur d'une grande
marge de responsabilité et d'autonomie, dans le respect des normes
édictées par sa pratique et d'un code d'éthique,
normalement formule par une association professionnelle; service indispensable
qui requiert la compétence dans un savoir ou un savoir-faire
spécialisé, d'une part, et comporte un engagement personnel et
une responsabilité sociale, d'autre part."
Puis, plus loin, je parle des catégories de permis. Je pense que
mon temps est terminé.
Le Président (M. Farrah): Oui, malheureusement. De toute
façon, durant les échanges, vous pourrez peut-être
élaborer davantage.
M. Leboeuf: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci de votre
présentation. Sans plus tarder, je passe la parole à Mme la
ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. J'aurais presque
aimé que M. Leboeuf puisse finir son exposé parce les
catégories de permis, vous savez, pour moi, c'est fort important. Mais
on pourra...
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Labelle m'indique qu'il consent. Alors, M. Leboeuf peut terminer.
M. Robic: Merci, M. le Président.
M. Leboeuf: Merci beaucoup. Donc, nous recommandons
d'établir cinq catégories de permis et cinq catégories de
membres actifs dans les chambres d'immeuble: agent d'immeubles dans le
résidentiel, moins de six logements, agent d'immeubles dans l'ICI
(investissement commercial et industriel), agent de prêts
hypothécaires, courtier en immeubles, courtier en prêts
hypothécaires. Nous recommandons que les candidats conservent le choix
d'un enseignement de niveau collégial ou universitaire. Pour nous, le
"ou" est très important. Enseignement professionnel collégial:
donc, ce sont les numéros de cours qui sont dans les cahiers du
collégial et dans le programme officiel du ministère de
l'Enseignement supérieur qui s'appelle "Commerce de biens immobiliers".
Donc, le ministère de l'Enseignement supérieur s'entend bien sur
l'idée que c'est un commerce de biens immobiliers et que les hommes et
les femmes qui sont dans ça sont des hommes et femmes d'affaires qui
font un travail d'une façon professionnelle. Donc, la formation pour
devenir agent d'immeubles dans le résidentiel, elle ne changerait pas;
dans l'investissement industriel et commercial, on ajouterait aux cinq premiers
quatre autres cours: droit de l'entreprise, valeurs immobilières, droit
relatif à la vente d'un fonds de commerce et évaluation et
courtage de commerces. Pour devenir agent de prêts
hypothécaires, ce serait un peu plus que pour devenir agent
immobilier, selon le milieu. Donc: comptabilité I, droit immobilier I,
mathématiques immobilières I, principes de communication en
immobilier, valeurs Immobilières et introduction aux immeubles à
revenus, de façon à ce que l'agent de prêts
hypothécaires ait une formation légèrement
différente, un peu plus longue, mais qu'il comprenne mieux le
financement hypothécaire.
Ensuite, pour devenir courtier en immeubles, ce serait la formation de
base qui comporte déjà 14 crédits en immobilier, plus ces
quatre cours: introduction aux immeubles à revenus, droit immobilier fl,
gestion des ressources humaines et comptabilité I. Pour devenir courtier
en prêts hypothécaires, ce serait la formation de base comme agent
de prêts hypothécaires, plus ces quatre cours: droit immobilier
II, gestion des ressources humaines, initiation à l'informatique et
droit de l'entreprise. Donc, il y aurait cinq types de permis dont trois pour
agent et deux pour courtier, et nous recommandons cinq catégories dans
les membres actifs des chambres d'immeuble.
Il va sans dire que ça ne veut pas dire, pour nous, que la
formation serait l'idéal, malgré le fait que, pour
répondre à la question de M. le député
tantôt, en Amérique du Nord, c'est le Québec qui a la
formation la plus longue. En Floride, la formation pour agent dure seulement 63
heures et, dans l'État de New York, 45 heures; pour la formation de
courtier, c'est à peu près le nombre d'heures ajoutées
à ça, sauf que, dans ces États, on donne l'obligation de
prendre de 15 à 30 heures de cours relatifs à la profession,
chaque année, lors du renouvellement du permis. Mais le Québec
est l'endroit en Amérique du Nord où le nombre d'heures est le
plus grand. En Ontario, c'est 150; l'Ontario vient en deuxième place,
pour une fois. Ah! Vous êtes au courant. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): Merci, M. Leboeuf. Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Bienvenue, M. Leboeuf.
Je veux vous féliciter. J'ai vu que vous étiez cité dans
la revue Les Affaires comme un de nos grands motivateurs.
M. Leboeuf: Merci.
Mme Robic: Félicitations! Comme de raison, vous êtes
un spécialiste dans la formation et vous nous en parlez dans votre
document. C'est sûr que, depuis le début de ces audiences, on se
rend compte que ce dont traitent la majorité des gens qui viennent
à cette table, c'est du besoin d'améliorer la qualité de
la formation. On nous parle également des problèmes
d'accessibilité aux cours de formation, etc. Est-ce que vous organisez
des cours en région?
M. Leboeuf: Nous l'avons fait l'année où tout le
courtage immobilier était très très prospère. Nous
sommes allés à Québec, Chicou-timi, Val-d'Or, Hull et
Sherbrooke. Mais, depuis un an et demi, nous nous limitons à
Montréal. Mais nous pouvons facilement nous organiser.
Mme Robic: Vous avez cette possibilité-là. M.
Leboeuf: Oui.
Mme Robic: Qui donne vos cours, chez vous? Quelles sont les
personnes qui donnent les cours chez vous? Vous les choisissez...
M. Leboeuf: Qui sont nos professeurs?
Mme Robic: Vos professeurs, oui. Est-ce que ce sont des
professeurs à temps plein ou si vous vous servez de gens de la
profession pour donner des cours?
M. Leboeuf: Ce sont des gens de la profession. Quatre sont
courtiers. Les plus réguliers sont les quatre courtiers; deux autres
sont directeurs de bureau, d'agence; trois sont notaires; et deux sont
évaluateurs agréés. Les autres ont des fonctions connexes
à l'immobilier. Ce sont tous des gens qui, depuis quatre ou cinq ans,
ont commencé à enseigner dans les cégeps. Et nous pensons
avoir conservé les meilleurs.
Mme Robic: Vous avez entendu d'autres intervenants dire qu'il y a
un roulis dans la profession. On a quantifie à à peu près
30 % de gens qui entrent et qui sortent de la profession dans une année.
Vous, vous êtes à même de pouvoir apprécier les gens
qui suivent des cours chez vous. Est-ce que vous auriez une opinion sur ce
phénomène et la cause de ce phénomène?
M. Leboeuf: C'est certain qu'il y a des gens qui vont quitter
l'immobilier, comme il y a des gens qui quittent le droit, la médecine,
l'art dentaire ou d'autres professions, il y a des gens qui commencent dans un
domaine et qui considèrent qu'ils ne sont pas exactement à leur
place. Il y aurait sûrement plusieurs causes pour expliquer que, dans les
trois prochaines années, au moins le tiers des gens quitteront la
profession. Ça peut être une erreur de parcours; ça peut
être le fait que quelqu'un a eu un conflit avec son courtier ou son
directeur; ça peut être le fait qu'il constate que ses revenus ne
sont pas suffisants. Mais, la plupart du temps, ce sont des gens qui ont cru
bien faire en faisant une réorientation de carrière, en allant
prendre un cours rapide, parce qu'en fin de compte, il y a peu d'occupations
avec une telle rémunération qui permettent à quelqu'un de
commencer, en une dizaine de semaines, avec 210 heures de cours et un tout
petit investissement.
Il y a des gens qui commencent dans cette
carrière en n'ayant pas l'investissement requis. Il y a des gens
qui vont se lancer dans une épicerie ou un salon de coiffure et ils ont
les 100 000 $, les 200 000 $ ou les 300 000 $. Et il y en a qui se lancent dans
la carrière de l'immobilier avec très peu d'argent.
Peut-être est-ce la faute du courtier recruteur qui dit: Bien, vas-y,
vas-y, vas-y. Bon, je ne sais pas. Est-ce que c'est l'étudiant qui
devrait être plus averti?
Chez nous, le premier matin, nous avertissons l'étudiant qu'il
lui faut de quoi vivre au moins six mois. Et on leur dit: Si, à la fin
de la journée, vous trouvez que vous vous êtes trompé, vous
démissionnez et on vous rembourse complètement. On les
prévient de ça. On leur dit de se placer de l'argent en banque
pour vivre au moins six mois, qu'ils soient millionnaires et qu'ils vendent
leur Mercedes ou, s'ils sont moins riches, qu'ils vendent d'autre chose, vous
savez. On les prévient de ça. Donc, il y a plusieurs
facteurs.
Mme Robic: Vous allez vite. Moi, je leur disais, quand
j'étais dans le métier: Ça prend au moins un an pour faire
de l'argent. Alors, vous avez raison, il faut les préparer à
cette dure réalité. Vous parlez d'organisme
d'autoréglemen-tation. Vous êtes d'accord avec nous pour la
formation de cet organisme que vous appelez un conseil, parce que vous avez lu
la loi 134. Est-ce que votre recommandation voulant que ses membres soient
nommés par le ou la ministre découle également de la loi
134 ou avez-vous une préférence marquée pour choisir les
membres de cette façon?
Il y en a plusieurs qui nous ont suggéré d'aller
plutôt par un vote des membres de l'industrie. Vous, vous conseillez...
Alors, est-ce que c'est parce que vous voulez tout simplement harmoniser avec
la loi 134 ou avez-vous une préférence à ce que les
membres soient choisis par le ministre?
M. Leboeuf: Les deux. C'est harmonisé avec la loi 134 et
aussi une préférence personnelle, mais c'est basé...
Mme Robic: Vous voulez élaborer là-dessus?
M. Leboeuf: J'ose penser que, par tradition, un gouvernement,
quand il prépare une loi, il consulte son personnel administratif et il
consulte l'opinion, l'opinion de l'Opposition, j'imagine qu'une loi devient
l'expression d'une sagesse populaire. Et si la loi 134 a été
votée et a commencé progressivement à être mise en
application, il doit y avoir là une sagesse populaire qui peut
probablement servir au domaine de l'immobilier. C'est ma raison fondamentale
pour dire: Bien, vu que ce sont deux domaines qui probablement dépendent
du même ministère, éventuellement, vu que ce sont deux
domaines connexes qui sont appelés même à s'entraider, vu
que même dans la loi 134, on dit qu'un jour, les courtiers en assurances
pourront devenir courtiers en immeubles - bien, ce n'est pas encore fait, je
pense, mais ça pourrait, c'est mentionné quand même - je me
dis: Peut-être que ça pourrait s'appeler le même nom,
peut-être que les membres du conseil devraient être nommés,
comme dans l'autre conseil, par le ministre.
Mme Robic: À ce conseil, vous dites qu'il devrait y avoir
6 représentants du gouvernement. Ça, c'est 20 % du conseil.
M. Leboeuf: 6 sur 15.
Mme Robic: 6 sur 15 qui seraient des représentants du
gouvernement.
M. Leboeuf: 6 sur 15, ça ferait 40 %.
Mme Robic: Ça fait 40 %. Merci beaucoup. 40 %, je
m'excuse.
M. Leboeuf: Ça, j'avoue que, par intuition, ce n'est pas
logique.
Mme Robic: Vous nous faites confiance! M. Leboeuf: Oui,
parfaitement.
Mme Robic: Mais vous n'avez pas de représentant des
consommateurs. Pourquoi?
M. Leboeuf: Mais ça pourrait être
ceux-là.
Mme Robic: Alors, quand vous pensez à des
représentants du gouvernement...
M. Leboeuf: C'est: choisis par le gouvernement.
Une voix: Les choix du gouvernement.
Mme Robic: Non, c'est parce que c'est plus ça, là.
Un autre courtier...
M. Leboeuf: Bien, ça pourrait être...
Mme Robic: On choisit les 15 membres dont 6 seraient des
représentants du gouvernement. Donc, vous laissez à la
discrétion du gouvernement de nommer ces 6 membres qui ne seraient pas
nécessairement de l'industrie même. (11 h 45)
M. Leboeuf: Ça pourrait être des consommateurs.
Mme Robic: D'accord. Vous recommandez également
l'adhésion obligatoire pour cet organisme, bien sûr, ce conseil
que vous suggérez, mais également pour les chambres. À
combien d'organismes doit-on forcer les gens à être
membres, à payer un cotisation? Vous avez dit: Parce que les
chambres ont une expertise, que le membre en retire profit. Mais si un agent
croit qu'il va retirer profit d'un organisme, est-ce qu'il n'ira pas s'inscrire
de lui-même? Est-ce qu'il faut le forcer à le faire? Je me pose
des questions. À combien d'organismes devrons-nous obliger les membres
à appartenir?
M. Leboeuf: Là, encore, mon raisonnement est parti du fait
que dans l'assurance, c'était obligatoire. Par ailleurs, j'ai ouï
dire que dans le grand Montréal, il y a tout près de 20 % des
courtiers et des agents qui ne sont pas membres de la chambre d'immeuble. Il y
a même une personne qui est payée à temps plein pour faire
du recrutement de courtiers, pour leur vendre l'idée de devenir membres
de la chambre de Montréal. Moi, je trouve ça inouï. Je me
dis que si j'étais courtier, il faudrait que je sois membre de la
chambre d'immeuble. C'est ma profession. C'est ma profession, en ce sens que
c'est un commerce que je dois assumer avec professionnalisme. Qui peut m'aider?
Qui peut me protéger? C'est la chambre d'immeuble. Si un courtier n'a
pas l'instinct d'appartenir à la chambre, je me dis: Bien, ça
devrait être obligatoire.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, je m'excuse,
votre première tranche est terminée.
Mme Robic: Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Vous pourrez revenir plus tard.
Alors, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, bonjour, M. Leboeuf. M. Leboeuf:
Bonjour.
M. Léonard: Moi, je voudrais quand même poser des
questions sur la rotation des courtiers. Il y en a 30 % qui laissent la
profession chaque année, alors que ces personnes ont investi plusieurs
dizaines d'heures. Si je comprends, on voudrait même qu'elles aient
jusqu'à 450 heures, mais ce n'est probablement pas le cas encore
maintenant, mais cinq cours, c'est déjà beaucoup, c'est 150
heures au minimum. Comment se fait-il qu'il y en art autant que ça qui
en sortent alors qu'elles ont investi autant? Il me semble que, normalement,
ça devrait les équiper pour bien s'en sortir. D'autre part, le
deuxième volet: Est-ce que c'est une pratique - pas reconnue - mais,
finalement, selon l'expérience des vendeurs dans tout le monde de la
vente, y a-t-il la même rotation dans d'autres secteurs de vente, si on
prenait, par exemple, l'assurance? Est-ce que vous pourriez élaborer
là-dessus?
M. Leboeuf: Je crois que c'est un problème de
société plus qu'un problème d'immobilier, la rotation.
Dans l'assurance...
M. Léonard: Si vous me le permettez, là, c'est
quand même gros. Tout à l'heure, vous avez dit: Oui, il y a des
médecins qui font de la médecine et qui ne pratiquent pas, ainsi
que des avocats. Oui, mais ils se retrouvent, finalement, dans quelque chose
qui est très semblable, mais il n'y a jamais ce taux de rotation,
évidemment.
M. Leboeuf: Non.
M. Léonard: Ils ont investi davantage, remarquez bien,
là, mais...
M. Leboeuf: Vous avez raison, mais dans tous les domaines de
vente, il y a une très grande rotation: assurance, automobile,
vêtements, fonds mutuels, actions, obligations à la Bourse...
M. Léonard: Pour les courtiers en valeurs
mobilières, c'est le même phénomène.
M. Leboeuf: ...valeurs mobilières.
M. Léonard: Donc, ce n'est pas spécial au courtage
immobilier.
M. Leboeuf: Je ne le pense pas. Je ne pense pas que ce soit pire.
Maintenant, vu que le cours est rapide - 10 semaines - il y a beaucoup de
personnes qui prennent le cours, qui demandent peut-être le permis au cas
où elles feraient une ou deux transactions et qui quittent, mais elles
ont appris quand même des choses. Ce sont des gens qui ont
découvert des points quand même.
M. Léonard: Là, vous parlez de votre cours. M.
Leboeuf: Oui.
M. Léonard: Mais, disons, indépendamment du cours,
il y a des gens qui ont le permis, qui sont courtiers et agents, et 30 % de ces
personnes s'en vont. C'est quand même gros. Moi, je trouve que c'est
quand même gros.
M. Leboeuf: Ce n'est pas nécessairement dû seulement
à la formation.
M. Léonard: Je ne le pense pas non plus. Ah non!
M. Leboeuf: II peut y avoir, premièrement, la
sélection. C'est-à-dire qu'au moment où un candidat se
présente au bureau d'un courtier, il y en a beaucoup qui sont
refusés. Est-ce qu'on dit à des gens: Ne va pas là, ce
n'est pas ta place? Est-ce que c'est fait? Je ne le sais pas. Nous recevons des
gens et nous leur disons: Est-ce que vous y avez pensé? Je ne pense pas
que vous soyez fait pour ça. Même après les deux
journées de cours, ça nous arrive, M. le député, de
dire à des gens: Tu n'es pas fait pour ça. Il y
a des gens qui disent quand même: Je veux le faire pour ma
formation, pour connaître. Il y a beaucoup de gens qui quittent, c'est un
fait, et te mode de rémunération ressemble à celui dans
d'autres domaines, comme celui de l'assurance, de l'automobile, comme les fonds
mutuels, comme les valeurs mobilières.
M. Léonard: J'aurais une autre question. J'ai
regardé la liste des cours. On parle beaucoup du code de
déontologie, mais dans aucun de ces "curriculum" il n'est fait mention
de cours ou de parties de cours qui portent sur la déontologie. Ne
trouvez-vous pas que ça devrait faire partie du "curriculum"?
M. Leboeuf: Oui. Dans le cours de droit, il y a au moins trois
heures où il est question de la Loi sur le courtage immobilier et il y a
au moins une heure où il est question du code de déontologie,
mais on n'y touche pas plus parce que l'Association et la chambre d'immeuble,
lors d'une rencontre qu'elles ont avec tous les nouveaux agents, font plusieurs
heures de commentaires, d'explications et d'éclaircissements sur le code
de déontologie de l'association.
M. Léonard: Ah! c'est l'Association qui donne la formation
en déontologie.
M. Leboeuf: Oui.
M. Léonard: Vous ne considérez pas que ça
fait partie du "curriculum" de base?
M. Leboeuf: J'ai posé la question à l'Association
de l'immeuble, la permission de développer considérablement chez
nous, en classe, aux nouveaux agents, le code de déontologie, et j'ai
reçu une lettre signée par M. Serge Cayer, disant que
c'était à eux de développer complètement le code de
déontologie et qu'on devait simplement en parler un peu.
M. Léonard: Bon. En tout cas, j'enregistre votre
réponse. Par ailleurs, lorsqu'on regarde les trois séries de
cours qui sont donnés, il y a des cours qu'on ne retrouve nulle part: le
droit immobilier n'est pas dorme dans chacun des cours. Que
considérez-vous comme bagage fondamental pour un courtier ou un agent
pour exercer sa profession? H me semble qu'il y a quand même des
divergences assez importantes entre les cinq. Au-delà de ça,
à la base même, n'y aurait-il pas certaines notions qui devraient
être données, par exemple au niveau cégep ou universitaire,
et qu'après, on fasse, comme vous l'avez dit pour les Américains,
qu'ils donnaient chaque année des cours de formation continue, de mise
au point des connaissances, ne serait-ce que pour s'adapter aux lois qui
viennent d'être votées, en tout cas à toute la
législation qui évolue dans toutes sortes de domaines.
M. Leboeuf: Ça fait partie du document de Mme la ministre,
d'avoir régulièrement, périodiquement, des cours de mise
à jour.
M. Léonard: Si vous faites ça et que dans votre
"curriculum" de base, il n'y a pas ce bagage général, de
formation de base qu'on appelle, lorsqu'il arrive ultérieurement des
cours de formation, ne construit-on pas un peu sur du sable? Il me semble que
c'est important que, lorsqu'un étudiant sort du cégep - et c'est
à ça que dort servir le cégep - il ait une formation
générale assez semblable pour tous, qui donne la base. Je pense
que la déontologie en fait partie, mais il y a aussi les cours de
droit...
M. Leboeuf: Voyez-vous, les cinq sections ne sont pas
différentes. La première, c'est...
M. Léonard: II y a pas mal de différence, je
trouve.
M. Leboeuf: Oui, mais regardez, si vous me permettez, la
première section: pour devenir agent d'immeubles, ce sont les cinq cours
de base que doivent prendre tous les agents et tous les futurs courtiers. Donc,
les cinq premiers cours de base, c'est: l'évaluation immobilière,
le droit immobilier I, les principes de vente, mathématiques
immobilières et principes de communication en immobilier. Ce sont les
cinq cours de base. Si, après avoir fait trois des cinq dernières
années, quelqu'un veut devenir courtier - puis on va à la page
suivante - il prend les quatre cours qui sont là. Alors, nous
suggérons qu'il prenne ces quatre cours. Donc, ça lui fait neuf
cours qui lui donnent un minimum. Je ne dis pas que c'est assez, M. le
député, je dis qu'avec la loi actuelle, c'est le minimum requis
pour faire son travail de courtier. Donc, il y a cinq cours de base pour tout
le monde, plus les quatre autres cours qui lui permettent de devenir courtier.
Donc, il a un premier cours de base en droit, puis un autre cours de base en
droit II. Je pense qu'en immobilier, on ne connaît jamais assez le droit,
puis nous mettons l'accent sur ces deux cours là. Si quelqu'un...
M. Léonard: Je m'interroge sur la séquence. Je
comprends qu'il y a déjà une certaine interrelation, mais disons
que vous donnez des cours à des agents. Je suppose, par
hypothèse, que quelqu'un qui veut devenir agent ou courtier commence par
faire du résidentiel. Après ça, ayant accumulé de
l'expérience et une certaine clientèle, il va avoir tendance
à se spécialiser. Je regarde les "curriculum" ici, le
troisième, le cours d'agent de prêts hypothécaires, vous
avez le même droit immobilier que dans le premier...
M. Leboeuf: Oui.
M. Léonard: ...qui est le cours d'agent d'immeubles dans
le résidentiel.
M. Leboeuf: Oui.
M. Léonard: II me semble que c'est le même cours que
vous donnez là.
M. Leboeuf: Oui, les deux cours de base, agent d'immeubles et
agent de prêts hypothécaires, ça se ressemble. Mais...
M. Léonard: En réalité, votre cours d'agent
de prêts hypothécaires, il devrait construire sur le fait que vous
avez un "curriculum" pour l'agent dans le résidentiel auquel vous
ajoutez, disons, deux ou trois cours qui améliorent sa formation. Ce
n'est pas une répétition. Est-ce que quelqu'un peut entrer
d'emblée dans le domaine des prêts hypothécaires en
étant agent?
M. Leboeuf: Actuellement, oui. M. Léonard:
Actuellement, oui.
M. Leboeuf: Selon la loi actuelle, quelqu'un prend le même
cours et choisit avec quel courtier il va, soit courtier en immeubles ou
courtier en prêts hypothécaires.
M. Léonard: Selon la loi. Mais vous devez savoir,
probablement, vous, que vos étudiants entrent d'abord par une porte et
en ouvrent d'autres par la suite. C'est ce que je veux dire.
M. Leboeuf: Ça peut arriver, mais avec la même
formation, selon la loi actuelle...
M. Léonard: Je ne parle pas de la
légalité...
M. Leboeuf: Votre question, c'est pour l'actuel et pour le
futur?
M. Léonard: Oui. Pour le futur, pour l'avenir du pays.
M. Leboeuf: Pour l'avenir du pays. Actuellement, la même
formation donne un permis qui peut amener l'étudiant à choisir un
courtier en immeubles ou un courtier en prêts hypothécaires. Les
courtiers en prêts hypothécaires que nous avons consultés
disent: II nous faudrait un autre permis et une autre formation. D'accord avec
eux. Nous disons: D'accord, ils veulent une formation un peu plus longue-Une
voix:... M. Leboeuf: ...qui aurait plus d'heures.
Le Président (M. Farrah): M. le député, je
m'excuse, mais votre temps est terminé pour votre première
partie. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. J'ai perdu le fil... Si
on revient à la première page de vos recommandations, quand vous
dites, à l'article 4: Que le conseil étudie la possibilité
d'améliorer et de faire connaître le mandat d'acheteur. Il y a
quelques groupes qui se sont présentés devant nous, qui ont
également mentionné cette spécialité qui existe
d'être un spécialiste comme agent acheteur. Plutôt qu'agent
qui représente le vendeur, qui représente l'acheteur. Je serais
curieuse de savoir comment ça pourrait fonctionner? D'abord, est-ce que
ça doit devenir une spécialité, comme dans certains
États américains? Je crois qu'il y en a qui en ont fait une
spécialité, si je ne me trompe pas. Comment est-ce que ça
fonctionne au niveau du partage de la commission, par exemple? Est-ce que
chacun paye une commission? Est-ce que vous savez comment ça fonctionne,
quand on a les deux types d'agent?
M. Leboeuf: Dans un État américain, on m'a
expliqué comme ceci: si je suis l'agent et que j'ai un couple acheteur,
au lieu de risquer que je leur fasse visiter 10 maisons pendant deux semaines
et que je les perde, je leur fais signer un mandat qui peut durer un mois, deux
mois, trois mois; ensuite, je cherche la maison pour ce client
acheteur-là, de telle sorte que si mon mandat est pour un mois et qu'eux
achètent ailleurs, j'ai quand même ma part de commission sur la
maison qu'ils ont achetée.
Mme Robic: Alors, vous avez un acheteur captif pour un mois.
M. Leboeuf: Oui.
Mme Robic: II n'y a pas d'autres avantages? On ne parle plus de
protection du consommateur, à ce moment-là, on parle d'avantages
pour l'agent, mais je ne vois pas où le consommateur est
protégé quand il est captif. (12 heures)
M. Leboeuf: Bien, il est captif en ce sens que, s'il est trop
occupé pour se chercher une maison ou si, moi, je lui fais visiter une
maison et que lui, tout à coup, la onzième qu'il voit par un
autre agent... Si tous mes efforts sont perclus parce que, tout à coup,
mon couple acheteur rencontre un autre agent et achète... Il est captif
pour un certain temps, c'est une façon d'augmenter mon désir de
lui rendre service pendant ce moment-là, si la durée est d'un
mois et de deux mois.
Mme Robic: Je me demande, pour la protection du public, s'il
n'est pas mieux servi par un agent qui doit bien le servir parce qu'il est
menacé de le perdre s'il ne lui donne pas satisfaction ou s'il ne
s'occupe pas de lui.
M. Leboeuf: Oui. Dans les États où ça
fonctionne, le client qui signe un tel mandat, soit qu'il n'a pas le
temps de chercher beaucoup ou encore parce qu'il fait confiance à tel
agent en particulier. Je ne pense pas, selon ma connaissance, que des clients
aient été frustrés de ça.
Mme Robic: Comment se fait le partage de la commission? Est-ce
que chacun paie une commission? Le client acheteur paie une commission pour les
services d'un agent qui le dessert et la même chose...
M. Leboeuf: Oui. Mme Robic: ...pour le vendeur. M.
Leboeuf: Même principe. Mme Robic: Alors, il n'y a pas...
M. Leboeuf: Même principe.
Mme Robic: Le partage de commission ne se fait pas d'une
entreprise à une autre ou d'un agent à un autre, mais chacun est
payé par la personne qu'il sert.
M. Leboeuf: Même principe, oui.
Mme Robic: Vous - ça me revient - vous pariez de
catégories de permis. Plusieurs préfèrent parier de
spécialités. Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle vous allez
plutôt vers les catégories de permis que vers les
spécialités?
M. Leboeuf: C'est qu'il y a des agents qui s'improvisent
spécialistes en commercial et en industriel. Ils se font faire une carte
d'affaires où c'est indiqué: Spécialiste en ICI. Ils ont
peut-être pris un cours; ils ont peut-être eu des notions; ils ont
peut-être lu un bouquin. Mais il me semble que même si parfois il y
a des gens qui se disent spécialistes en ICI, qu'ils le font avec
compétence, excellence et intégrité, il me semble que s'il
y avait une catégorie de permis où un agent serait obligé
d'étudier davantage, soit au collégial ou à
l'université, lui, il serait vraiment spécialiste au sens de la
profession, selon la chambre d'immeuble, parce qu'il a fait les études
requises. Il me semble que ce serait une catégorie spéciale.
Mme Robic: Mais qu'il ait un permis ou une
spécialité, il ne pourrait plus utiliser sur sa carte qu'il est
un spécialiste, s'il n'avait pas suivi de cours qui le rende un
spécialiste.
M. Leboeuf: Voilà!
Mme Robic: Mais une spécialité ne fermera pas la
porte aux autres agents de pouvoir agir dans le domaine, mais ils ne pourraient
pas s'appeler des spécialistes. M. Leboeuf: Voilà. Mme
Robic: Est-ce que ça... M. Leboeuf: C'est ça.
Mme Robic: Vous avez une autre recommandation qui est
Intéressante. Vous recommandez qu'un agent autonome soit
identifié comme tel sur son permis et qu'il ait son propre contrat
d'assurance-responsabilité. S'il est autonome, pourquoi est-ce que, tout
simplement, on ne devrait pas l'obliger à obtenir son permis de
courtier?
M. Leboeuf: II y a peut-être des individus qui
préfèrent demeurer agent sans avoir la paperasse d'un courtier,
sans avoir l'obligation d'avoir un bureau de courtier. Il y a des individus qui
préfèrent être agents autonomes, travailler avec un
courtier et se sentir plus responsables de leur mandat.
Mme Robic: Mais il me semble qu'il y a une incompatibilité
un peu, entre un agent autonome et un agent attaché à un
courtier.
M. Leboeuf: Ça peut être ... Mme Robic: Je
trouve ça... M. Leboeuf: ...des individus qui...
Mme Robic: J'ai de la misère à concevoir le
principe d'un agent autonome qui est rattaché à un courtier. Il
me semble que s'il est rattaché à un courtier, parce qu'il le
faut, parce que la loi l'oblige, comment est-ce qu'on peut réconcilier
les deux, être autonome et avoir un courtier qui est responsable pour ses
actes?
M. Leboeuf: Bien, à mon point de vue, ce sont des
personnes qui sont en progression dans leur carrière, qui sont en train
d'acquérir de l'expérience et qui ne se sentent pas encore assez
mûres pour avoir le titre de courtier et qui, comme période de
transition, seraient des agents autonomes avec une
assurance-responsabilité.
Mme Robic: C'est quelque chose qu'il va falloir regarder, parce
qu'on le voit de plus en plus. Ah bon! alors, je vous remercie. On me dit que
mon temps est écoulé. Je vous remercie infiniment de votre
présence. Ça a été très intéressant.
Vous pouvez être sûr que votre expérience dans la formation
est intéressante pour nous qui allons avoir à prendre des
décisions, et vous nous facilitez la tâche avec une série
de cours nécessaires pour la spécialisation. Merci beaucoup.
M. Leboeuf: Merci beaucoup, madame.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. Je
reconnais maintenant, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Dans le document de
consultation, on nous précise que c'est l'organisme qui aura la
responsabilité de définir, de s'assurer de l'accessibilité
des différents cours de formation. Vous présentez un certain
nombre de catégories. Vous présentez cinq différentes
catégories, avec des "curriculum" différents pour chacune d'entre
elles. Tout à l'heure, il y a des gens qui proposaient une autre
façon de travailler. La question qui se pose, c'est: qui va les donner,
ces cours-là? Et comment va-t-on s'assurer, justement, d'obtenir cet
objectif d'accessibilité mentionné dans le document? Ça
aussi. Il ne faudrait pas tomber dans le piège inverse, qu'il y ait une
espèce de contingentement qui s'effectue. Moi, j'aimerais entendre votre
réflexion sur comment va-t-on arriver à cet objectif-là et
comment, concrètement, pourra-t-on s'assurer de l'accessibilité
à la grandeur de la province à ces cours-là?
M. Leboeuf: Moi, je pense que nous devrions respecter l'esprit de
la loi actuelle à ce sujet-là qui dit qu'un individu peut prendre
sa formation au niveau collégial ou universitaire. Or, il y a des gens
qui, pour différentes raisons, peuvent et veulent aller à
l'université, et c'est leur choix. Et il y a des individus qui ne
peuvent pas ou ne veulent pas aller à l'université et qui
préfèrent des études de niveau collégial. Et
j'oserais penser que les statistiques du ministère de l'Enseignement
supérieur sont très près de la réalité, en
ce sens qu'environ 80% des gens ne se rendront jamais à
l'université, pour différentes raisons. Donc, dans chacune des
régions du Québec, pourquoi priverait-on un individu qui a la
capacité physique, intellectuelle et surtout économique de
devenir courtier en faisant des études au niveau collégial? C'est
pourquoi, dans toutes les régions, les citoyens devraient avoir
accès à des études collégiales ou universitaires.
Pour l'université, c'est assez facile avec l'Université du
Québec qui a des équipements dans plusieurs régions. Pour
les cégeps, la loi de l'enseignement collégial prévoit
qu'il y a 12 cégeps autorisés à donner le programme plus
notre école privée qui peut se déplacer assez facilement.
Je pense que nous sommes prêts à collaborer avec l'organisme
d'autogestion qui s'appellera ce qu'il va s'appeler, selon le choix du
gouvernement à qui nous faisons confiance. Nous sommes prêts
à collaborer pour réfléchir sur la question de la
formation et nous pensons que c'est à l'avantage du Québec que
tous les citoyens aient le droit d'aller soit au collégial ou à
l'universitaire. Et, comme le disait tantôt le représentant de
l'Association de l'immeuble du
Canada, bien, c'est très correct que des citoyens aient un
certain nombre d'heures, méritent le titre de FRI après avoir eu
des crédits de niveau universitaire. Et, possiblement, il pourrait y
avoir un autre titre très convenable, peut-être moins prestigieux,
mais pour les études de niveau collégial.
M. Boisclair: Votre Institut, si j'ai bien compris, donne des
cours, à l'heure actuelle, exclusivement à Montréal? Ou si
vous...
M. Leboeuf: Oui.
M. Boisclair: Est-ce que vous donnez des cours par
correspondance?
M. Leboeuf: Non, mais nous y pensons parce qu'il y a
déjà certaines des matières en question qui sont
données par le ministère de l'Éducation au niveau...
M. Boisclair: Par correspondance.
M. Leboeuf: ...par correspondance, comme par exemple le
droit...
M. Boisclair: Droit.
M. Leboeuf: ...de l'entreprise. Donc, nous pensons, l'an
prochain, demander au ministre l'autorisation de donner les matières qui
sont déjà prêtes à distance, par correspondance.
M. Boisclair: On parle souvent du taux de roulement, des fameux
30% chez les courtiers. Est-ce que vous... Chez les agents... Dites-moi donc,
est-ce que vous avez des statistiques sur les taux d'abandon des gens qui
s'inscrivent au cours? Qui vont jusqu'au bout, qui poursuivent et qui
obtiennent finalement le diplôme?
M. Leboeuf: Chez nous, il y a environ 3 % des gens qui
abandonnent le cours en cours de route pour différentes raisons. Il y a
11 % des gens qui échouent à une matière et, selon notre
politique d'évaluation des apprentissages, une certaine partie de ces
gens-là reprennent l'examen ou reprennent la matière, selon le
résultat obtenu lors de la première apparition aux examens.
M. Boisclair: Donc, on ne peut pas parler de contingentement,
à votre expérience, avec le "curriculum" qui est exigé
à l'heure actuelle.
M. Leboeuf: II n'y a aucun contingentement au niveau
collégial. Nous pouvons accepter les étudiants qui se
présentent avec la formation requise. On fait de notre mieux pour, selon
l'esprit du collégial, permettre à nos concitoyens de se sentir
de plus en plus utiles sur le plan économique.
M. Boisclair: Merci, M. Leboeuf.
Le Président (M. Farrah): Ça va, M. le
député de Gouin?
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Farrah): Avez-vous des commentaires, en
conclusion, M. te député de Labelle ou M. le député
de Gouin? Ça va?
M. Léonard: Moi, je veux remercier M. Leboeuf d'être
venu ici devant la commission. II a eu des réponses éclairantes.
Merci bien.
M. Leboeuf: Je vous remercie de m'avoir invité.
Le Président (M. Farrah). Au nom des membres de la
commission, M. Leboeuf, nous vous remercions infiniment, pour votre
présentation.
M. Leboeuf: Ça a été très
agréable. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Merci. Sans plus tarder,
j'inviterais M. Myrosiaw Smereka, s'il vous plaît Au nom des membres de
la commission, nous vous souhaitons la plus cordiale des bienvenues. Sans plus
tarder, je vous inviterais à vous présenter et, aussi, à
présenter ceux et celles qui vous accompagnent. Ensuite, vous pourrez
aller pour la présentation de votre mémoire pour une durée
maximum de 10 minutes de présentation et 20 minutes réparties
équi-tablement entre les deux formations politiques, tel qu'il avait
été entendu. Alors, on vous écoute.
M. Myroalaw Smereka et Association des techniciens en
évaluation foncière du Québec
M. Smereka (Myrosiaw): Merci beaucoup. Mon nom est Myrosiaw
Smereka Je suis professeur d'économie au Collègue militaire royal
de Saint-Jean. Pourquoi je m'intéresse à l'immobilier? C'est,
entre autres, parce que je suis chargé de cours à
l'Université du Québec à Montréal et,
également, rattaché un peu au module de sciences
immobilières et collaborateur de plusieurs revues dans le domaine de
l'immobilier.
Normalement, ça aurait été un mémoire
présenté à titre individuel, mais comme l'immeuble
évolue, les scénarios évoluent également. Je suis
accompagné aujourd'hui de deux personnes, à qui je vais
céder une partie de mes quelques minutes pour, en fait, renforcer un
point majeur du mémoire. D'abord et avant tout, à ma droite, il y
a M. Luc Maillette, qui est président de l'Association des techniciens
en évaluation foncière du Québec et, à ma
gauche,
Me Lise Bergeron, conseillère juridique de l'ATEFQ. C'est
très rare qu'un individu se fait accompagner d'un président;
d'habitude, c'est l'inverse, mais l'homme du peuple, comme on dit des fois, a
des contacts.
Le Président (M. Farrah): Nous vous écoutons.
M. Smereka: De façon simple, puisque vous avez
déjà reçu le mémoire, j'aimerais plutôt le
résumer succinctement, justement pour permettre à mes
collègues de prendre la parole.
En partant, évidemment, le point essentiel de tout cela, c'est la
question même de l'acte professionnel, en fait, ce que je trouve, disons,
la question la plus immédiate ou la plus majeure à
répondre. Je suis entièrement d'accord, par exemple, avec le
mémoire de ('Association de l'immeuble du Québec qui, dans sa
conclusion, dit, entre autres: "Compte tenu de la nature même du document
de consultation, plusieurs sujets y sont cependant absents, par exemple une
définition plus réaliste et complète de l'acte de
courtage... " En fait, c'est dans cette lignée-là que le sens
premier du mémoire doit être compris, à savoir dans quel
sens peut-on parler d'un acte professionnel?
Dans un premier temps, le mémoire distingue entre la philosophie
économique du gouvernement en place et le libéralisme
économique versus ce qui a été derrière la Loi sur
le courtage par le passé, une philosophie plutôt
d'interventionnisme étatique. On n'a pas à faire des jugements de
valeur. Comme je l'ai dit dans le document, vox populi, vox dei; aussi
longtemps qu'on a le gouvernement qu'on a, ça continue. Il roste que ce
qui est caractéristique du document, c'est son côté
zéro coût, à savoir que d'un côté, on voit
tout simplement une déclaration de "désétatisation", un
acte de foi dans l'autoréglementation et l'autodiscipline d'une
entité, comme un empereur ayant invité deux musiciens en
écoutant l'un et en donnant le prix à l'autre. Bon, on croit que
ça va marcher. (12 h 15)
Mais, à l'intérieur de ça, la question reste:
Qu'est-ce qu'une profession? Comme le mémoire le signale, il y a au
moins huit caractéristiques que plusieurs ont déjà
mentionnées. Mais celle qui est la plus essentielle, je crois, quand on
parle d'une profession, c'est la relation qui existe entre le professionnel et
la société. Ça doit être fondé sur ce qu'on
peut appeler un service altruiste du premier en regard ou envers le second.
Puis, à ce moment-là, il faut dire qui est le client de ce monde
du courtage immobilier. Je cite, entre autres, un ex-président de l'AIQ
qui, en 1985, disait: II ne faut pas perdre de vue qu'on a toujours à
coeur le service de deux consommateurs, un consommateur acheteur et un
consommateur vendeur. C'est ce qui fait la différence avec d'autres
biens de consommation,
sauf que nos deux vis-à-vis ont des intérêts
nettement opposés. L'acheteur de l'immeuble veut payer le moins cher, le
vendeur veut avoir le prix le plus élevé, et on a cet
intermédiaire entre les deux qui soi-disant est altruiste à
l'égard des deux. La question se pose: mais sur quoi peut-il se baser,
d'autant plus que si la transaction n'a pas lieu, il n'y a pas de commission?
Alors, il a sa propre subjectivité qui s'ajoute. Par voie de
conséquence, en partant, on dit: Est-ce que la caractéristique de
ce courtier-là, c'est dans son art de négocier deux
subjectivités, celle du vendeur et de l'acheteur qui sont
influencés par une foule de facteurs qui font varier les prix que l'un
est prêt à soit accepter ou donner, et, à ce
moment-là, il négocie tout ça pour aboutir à tout
simplement sceller une vente? Ou est-ce qu'il doit se donner un critère
de base, un point de départ, un étalon de mesure? Et cet
étalon de mesure existe dans la Loi sur la fiscalité municipale,
à l'article 43, c'est-à-dire la valeur réelle ou la valeur
marchande. Et à partir du moment où on voit ce que ça veut
dire, ça veut dire une vente, si vous voulez, à un prix du
marché, mais qui est basée sur des conditions normales, et ce que
fait le courtier, c'est d'y ajouter les anormalités tant du vendeur que
de l'acheteur que la sienne, c'est-à-dire qu'il faut que la transaction
ait lieu, sans ça il n'y a pas de sous, il a travaillé pour rien.
Alors, en bout de ligne, ce que ça amène à conclure dans
le document ou dans le mémoire, c'est de dire: Oui, on voit que les
courtiers ne veulent pas entendre parler qu'ils négocient parce que
c'est trop similaire à négocier comme patron et négocier
comme syndicat; c'est trop parti pris, quand on négocie. On
intéresse des clients. De l'autre côté, qu'est-ce qu'on a?
C'est l'opinion sur la valeur marchande pour asseoir, si vous voulez, une base
solide de professionnalisme. Il va falloir être capable de mesurer. Ce
qui est assez incroyable, c'est que c'est déjà quelqu'un dans la
place qui a pris ce poste-là, à savoir la Corporation
professionnelle des évalua-teurs agréés et que, dans un
certain sens, et c'est ce que j'essaie de dire dans le mémoire, avant de
pouvoir finaliser ou de sortir des projets de loi, je n'arrive pas à
comprendre pourquoi on n'invite pas à la table, l'Office des professions
et la Corporation professionnelle. On dit peut-être qu'ils n'ont pas fait
de mémoire, mais, contrairement à ce qu'on voit dans le document
de Mme Robic, la ministre, on voit qu'à la fin, elle remercie uniquement
du monde particulier et personne d'autre. Alors, il y en a beaucoup qui ne sont
même pas au courant de cette démarche, de cette loi-là, y
compris des évaluateurs agréés.
Dans ce sens-là, cette absence dans le document d'une
définition claire de l'acte de courtage et le côté
professionnel ouvre la porte à ce qu'on puisse imaginer, puisque la
profession d'évaluateur agréé n'est pas exclusive et
réser- vée, qu'on puisse voir des courtiers d'immeubles avoir un
genre de statut à caractère équivalent à celui
d'évaluateur agréé, parce que assujetti par deux lois:
d'un côté, le ministre Savoie avec l'Office des professions et, de
l'autre côté, une quelconque loi qu'on ne veut pas être
attachée à la loi 134 avec un surintendant qui contrôle.
C'est deux structures qui, sans considération de l'intégration
nécessaire entre des lois qu'on crée avec celles qui existent,
donnent tout simplement l'arrivée de 12 000 soi-disant experts qui vont
tout simplement dire: Moi aussi, je suis capable d'évaluer ton immeuble,
pourquoi vas-tu chercher un évaluateur? Et, si l'évaluateur
agréé est affecté à ce point, que dire des
techniciens en évaluation foncière du Québec et de
l'expertise qu'ils ont?
À ce moment-ci, je cède le reste de mes minutes à
M. Luc Maillette, président de l'ATEFQ.
Le Président (M. Farrah): Merci. M. Mail-lette.
M. Maillette (Luc): Bonjour. Je vais essayer d'être bref et
concis. Ça va surtout toucher l'expérience académique
nécessaire pour devenir agent immobilier versus celle dont on a besoin
pour devenir diplômé en estimation et évaluation
immobilières. Donc, si je regarde un document ici qui peut nous amener
à avoir un diplôme d'agent immobilier, cela regroupe cinq cours
et, M. Leboeuf qui me précédait l'a mentionné, 63 heures
de formation versus trois ans au niveau collégial pour devenir
technicien en évaluation. Je vois mal comment la notion d'expert comme
agent immobilier est renforcée.
Il y a des gens tout à l'heure qui ont parié de
marché, d'étude de vente, mais personne n'a parlé du
bâtiment. Lorsqu'on étudie en estimation et évaluation
foncières, il y a beaucoup d'heures consacrées à l'analyse
des bâtiments. Il est vrai que ça touche la vente, que c'est des
marchés et tout ça, mais je pense que, souvent, les agents
immobiliers ne passent pas assez de temps à étudier le
bâtiment, la connaissance du bâtiment, tel que le prospectus ici
nous le mentionne. Il y a seulement des techniques d'évaluation qui sont
vues: parité, revenu et coût; c'est pratiquement tout.
Dans le document de la ministre, on mentionne la protection du public.
Je crois qu'il y aurait lieu de faire un petit parallèle aussi avec la
confiance du public, que les gens ont face aux agents immobiliers, aux
courtiers immobiliers, aux évaluateurs et même aux techniciens en
évaluation. Je crois que le blason est à redorer de ce
côté-là.
Un courtier en immeubles, c'est un peu plus long comme formation. On
parle de 10 semaines. On se pose une question, nous de l'Association des
techniciens, si tous les membres qui sont de l'Association ne pourraient pas
demain matin - si
le projet de loi est entériné - devenir agents immobiliers
professionnels, étant donné qu'un technicien ne peut pas avoir le
statut de professionnel pour l'instant, vu qu'il est le pendant de
l'évaluateur agréé et son second violon? C'est la question
qu'on se pose. C'est à peu près tout.
En terminant, J'aimerais remettre à Mme la ministre une
pétition. Lors de notre dernier congres, on a débattu du
mémoire de M. Smereka. On a fait faire une pétition qui a fait le
tour de la province. Il y a des évaluateurs agréés qui ont
signé notre pétition étant donné qu'ils ne sont pas
présents Ici, malheureusement, et des techniciens qui travaillent dans
différents bureaux, villes et communautés, tant à
Québec, à Montréal qu'en Outaouals.
On a recueilli plus de 300 noms. On a eu un petit laps de temps d'une
semaine seulement pour recueillir tout ça, en espérant que
ça va peser un petit peu dans la balance.
Le Président (M. Farrah): Merci de votre recommandation.
Madame, messieurs, je n'ai pas besoin du consentement pour appeler le
dépôt. Je dois juger de la pertinence, sauf que c'est relié
au mémoire. Alors, je présume qu'elle est reliée au
mémoire. Donc, je considère la pétition pertinente. Alors,
si j'ai le consentement pour le dépôt...
M. Léonard: Consentement.
Le Président (M. Farrah): Consentement, Mme la
ministre?
Mme Robic: Oh! certainement, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, j'ai le consentement.
Alors, M. le secrétaire... Merci de votre présentation. Sans plus
tarder, je cède la parole à Mme la ministre pour une durée
maximale de 10 minutes.
Mme Robic: Je vous avoue, M. le Président, que je ne sais
pas par où commencer, parce qu'il y a eu tellement de choses de dites.
Je dois vous avouer que j'ai l'impression qu'on pourrait passer une semaine
ensemble à discuter de ce qu'on a pu entendre depuis 20 minutes. Vous me
surprenez un peu dans vos remarques. Pour quelqu'un qui enseigne au niveau
universitaire sur la pratique du droit, il me semble que vous devriez aller sur
te terrain un peu. Vous seriez peut-être surpris de ce que vous pourriez
retirer de l'expérience du terrain. Ce n'est pas tout à fait la
façon dont ça se passe. Je ne vois pas pourquoi un - ne l'appelez
pas "profession" pour le moment - groupe de personnes... Je vais l'appeler
"profession", parce que je n'ai pas d'autre mot. La profession est jeune, c'est
juste. Elle existe depuis maintenant peut-être 35 ans. Donc, c'est
très jeune. C'est une profession qui s'est déve- loppée,
qui s'est prise en main, qui demande depuis quelque temps que le gouvernement
modernise sa loi. Mais elle n'a pas attendu le gouvernement. Il faut les
féliciter pour ça. ils ont un organisme qui a mis en place des
comités de discipline, de déontologie. Maintenant, on croit
qu'elle est rendue à un point, cette profession, où elle pourrait
s'autogérer, s'autoréglementer, s'autodiscipliner. Pourquoi
n'aurait-elle pas l'habilité de faire ça quand d'autres l'ont?
Pourquoi serait-ce, pour ce groupe, impensable d'avoir un organisme
d'autoréglementation quand, pourtant, d'autres professions l'ont? Il y a
une foule d'organismes professionnels qui s'autogèrent, qui
s'autoréglementent. Pour eux, c'est bien d'être jugés par
leurs pairs, mais ici, non. Alors, moi, j'aimerais comprendre pourquoi vous
n'acceptez pas qu'on puisse s'autoréglementer quand il s'agit du
courtage immobilier?
M. Smereka: Merci, Mme la ministre. Vous verrez à la page
6, au deuxième paragraphe, que je prends la peine de dire
qu'effectivement, l'AIQ a fait beaucoup de progrès et que, justement, on
n'a pas attendu pour pouvoir se perfectionner. Donc, il n'y a pas du tout, dans
mes déclarations, de dénigrement des efforts que fait
l'Association de l'immeuble du Québec. Ce sur quoi plutôt je mets
l'accent, c'est qu'il existe l'Office des professions et qu'à
l'intérieur de ça, on a créé un mécanisme
par lequel on statue sur la qualité professionnelle. On a donc
donné au domaine de ce qu'on appelle les évaluateurs
agréés un statut dans le cadre de ce processus. D'un autre
côté, on a créé l'année passée, avec
la loi 134, la fameuse idée d'intermédiaire financier, mais on
n'a pas, à ce moment-là, intégré les courtiers
d'immeubles. Alors, on voit, au contraire, qu'ils arrivent finalement avec une
vision d'avoir une troisième entité. Si on regarde le document
que je cite, qui est le leur, du 2 mai, à savoir une présentation
où, effectivement, on présente une troisième option qui
est de se faire contrôler et surveiller par le surintendant. Alors, tout
ce que je dis, à ce moment-là, c'est qu'il est incroyable de
penser qu'on puisse créer une troisième entité où
il n'y aurait que le surintendant. Au contraire, ce qu'il faudrait faire, c'est
de voir, soit avec la loi 134, l'idée des conseils tels que
mentionnés par M. Leboeuf et autres ou avec un regard par l'Office des
professions. On voit aussi que même les professions existantes ont
beaucoup de questionnement. L'Office des professions ne multiplie pas le nombre
de professions, parce qu'il y a toute une problématique là.
Alors, je dis que le sens de ça n'est pas de vouloir leur
reconnaître un statut quelconque, mais c'est l'idée que, si on va
dans le sens de reconnaître un statut, il faut penser intégration
d'une nouvelle loi avec l'existence des lois antérieures et non pas
dire: On va aller vers ça et, par la suite, dans quelques années,
on va tout intégrer. Il y a
l'Office des professions, il y a des gens qui vont être
affectés par la réalité de ce qui est mis de l'avant.
Ça n'empêche pas que, justement, les gens de l'Association de
l'immeuble poussent pour s'améliorer. À ce moment-là, ils
vont finalement aller là ou la porte va s'ouvrir pour qu'il y ait un
statut quelconque. Je dis tout simplement que le gouvernement, s'il regarde
vers un moyen terme, doit considérer la problématique de
l'intégration des lois. On ne peut pas arriver avec trois lois où
les courtiers en immeubles ne sont pas tout à fait dans le 134, pas du
tout sous l'Office des professions avec le ministre Savoie, puis, à ce
moment-là, ils peuvent être experts en quoi? Ils émettent
des opinions sur un immeuble. Alors, c'est une opinion sur la valeur marchande,
mais l'évaluateur fait ça. C'est une autre loi, c'est un expert
selon telle loi et voici un autre expert selon telle autre loi. C'est donc, si
vous voulez, tout simplement: premièrement, aucun dénigrement de
l'AIQ, au contraire, je le cite à la page 6, c'est très important
le progrès qu'elle fait, mais, deuxièmement, le gouvernement doit
penser intégration de ses lois.
Mme Robic: Alors, pour vous, il faudrait qu'on attende que la
porte s'ouvre pour revoir la loi sur l'immobilier, parce que, contrairement
à ce que vous avez prétendu également, les gens ont
été invités à se présenter ici, il y a eu
des annonces dans les journaux. Si les évaluateurs agréés
n'ont pas vu les annonces, messieurs, il faudrait peut-être qu'ils lisent
les annonces dans les journaux. Le Conseil interprofessionnel s'est
présenté. Ils nous ont dit qu'ils n'étaient pas encore
prêts à les accepter. On a eu la Chambre des notaires, on a eu le
Barreau, alors vous comprendrez qu'on est allés à
l'extérieur de la profession. Et on a eu des gens, des consommateurs qui
se sont présentés devant nous. Alors, je n'accepte pas cette
remarque que vous m'avez faite dès le début, parce que les gens
pouvaient se présenter. Il fallait tout simplement être
informé et on a essayé de les informer à travers les
journaux. (12 h 30)
J'aimerais avoir un peu d'information sur votre organisation, l'ATEFQ.
Qu'est-ce que ça fait? C'est créé depuis combien de temps
et vous avez combien de membres?
M. Smereka: D'abord, je ne suis pas membre de l'ATEFQ, de
l'Association des techniciens, c'est M. Maillette.
Mme Robic: Je m'excuse, peut-être que j'adressais
plutôt ma question à M. Maillette.
M. Maillette: Oui, l'ATEFQ a huit ans d'existence. Elle regroupe
tous les techniciens qui travaillent en évaluation foncière, tant
dans le prêt hypothécaire que dans l'évaluation municipale.
Il y a aussi des gens qui font partie de la clause grand-père, qui ont
un minimum de trois années d'expérience en date du 1er janvier
1990. Elle regroupe plus de 200 membres qui sont accrédités en
date d'aujourd'hui. Essentiellement, l'Association est là pour informer
les membres de toutes les modifications aux lois qu'il peut y avoir, via le
ministère des Affaires municipales, de la formation continue qui est
donnée via l'Association. On siège aussi à des
comités consultatifs sur la formation continue avec le ministère,
les communautés urbaines, des choses du genre. On est un conseil
d'administration de 11 personnes. Il y a des représentants
étudiants des cégeps de Drummondville, du campus
Notre-Dame-de-Foy, ici à Québec. On tente d'ouvrir des cours. On
a réussi au cégep du Vieux-Montréal à ouvrir des
cours du soir pour avoir une attestation d'études collégiales.
Donc, on vise surtout la formation continue de nos membres.
Mme Robic: Vous êtes des techniciens en évaluation.
Il y a les évaluateurs agréés. C'est ça? Vous
êtes un autre groupe?
M. Maillette: Exactement. Mme Robic: D'accord.
Le Président (M. Farrah): Une dernière question,
Mme la ministre.
Mme Robic: Donc, pour vous, quand un agent d'immeubles ou un
courtier est appelé à mettre un prix sur une maison ou un
édifice, il entre dans votre domaine. C'est ça que vous
êtes en train de dire?
M. Maillette: Pratiquement, oui.
Mme Robic: Vous voulez avoir un domaine réservé.
C'est ça que vous dites?
M. Maillette: Non, pas réservé. Mais les gens qui
sont habilités à faire de l'immobilier, qu'ils aient au moins,
non pas la formation minimum de cinq cours, mais qu'ils approfondissent, comme
je le disais tout à l'heure, la notion de bâtiment,
connaître un immeuble. Ce n'est pas...
Mme Robic: Mais, vous savez, un cours pour devenir agent
d'immeubles, c'est 350 heures, et je crois qu'on touche au bâtiment, si
je ne trompe pas. Mais bien sûr que ce n'est pas des évaluateurs
agréés. D'ailleurs, un agent ou un courtier d'immeubles ne peut
pas signer une évaluation. Il fait une évaluation d'après
des données, des comparables, etc., mais ne signe pas une
évaluation.
Le Président (M. Farrah): C'est tout, Mme la ministre?
Mme Robic: Merci.
Le Président (M. Farrah): Merci. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui, M. le Président, je voudrais
remercier les gens qui sont ici devant la commission pour leur mémoire.
Je pense qu'ils posent des questions fort importantes. Je vois mal
l'agressivité qu'a démontrée Mme la ministre, parce que,
au fond, ils n'ont pas exigé l'abolition de la profession de courtier.
Ils ont juste dit: Où est-ce que ça se pose? Où est-ce que
ça s'insère dans l'administration? Je voudrais simplement dire
qu'ils posent des questions fort pertinentes.
D'abord, c'est vrai, c'est ça la question: Pourquoi, à
côté de la loi 134, à côté de la loi
créant l'Office des professions, y aura-t-il d'autres corps qui vont
être réglementés par des lois particulières? Je
pense que c'est une question fondamentale: Où est-ce qu'on s'en va? Si
vous ouvrez la porte, Mme la ministre, je pense qu'il faut autant la poser,
cette question, présentement. Quant à moi, c'est vrai que
ça se pose. Et on l'a vu tout à l'heure dans le "curriculum" qui
a été soumis, par exemple, par M. Leboeuf, dans les cours qu'il
donne, effectivement, il n'y a aucun cours - à moins que je ne me trompe
- qui concerne, par exemple, l'urbanisme. C'est fort important, en ce qui
concerne l'évaluation.
Mme Robic: C'est intégré.
M. Léonard: C'est intégré. Un cours
intégré, ça veut dire, comme il a dit, une heure de
déontologie, dans un cours de droit, cachée quelque part.
Ça aussi, c'est un élément fort important.
L'évaluation, dès qu'on touche à l'immobilier, il me
semble que c'est majeur. C'est pratiquement la base de départ. Et je me
rappelle fort bien tous les débats concernant l'évaluation
foncière. Elle visait à donner l'évaluation exacte d'une
propriété. D'ailleurs, le coefficient fait rétablir la
valeur du marché de chacune des propriétés par rapport
à des secteurs donnés dans l'habitation.
En tout cas, quoi qu'il en soit, je pense que ce sont des
éléments très importants dans la profession de courtier.
Alors, la question que vous posez: Quel est l'acte professionnel dont il
s'agit, alors qu'il y a deux clients, deux consommateurs? Et nous l'avons
déjà soulevée, avant que vous veniez la semaine
dernière, lorsque nous avons entendu l'autre mémoire. En fait, le
courtier est payé par le vendeur, règle générale.
Il y a quelquefois des courtiers qui agissent au nom d'un acheteur mais,
règle générale, le courtier agit au nom d'un vendeur.
Au fond, il prend l'intérêt du vendeur. Est-ce que vous
seriez d'accord avec cette affirmation? Et est-ce que vous souhaitez que,
finalement, ils prennent l'intérêt du public en
général ou un intérêt qui soit un peu en dehors des
intéressés et que, finalement, on en arrive à
définir un acte professionnel précis? Alors, qu'est-ce qu'il
serait, cet acte professionnel? J'aimerais vous entendre plus avant
là-dessus. Vous avez commencé à élaborer tout
à l'heure.
M. Smereka: Oui, vous voyez, à la page 8, je cite le
président sortant de l'AIQ, M. Chaput. Et je pense qu'il faut partir de
la réalité. Je pense que s'il a pris la peine, comme
président de l'AIQ, donc, président des courtiers d'immeubles et
agents d'immeubles, d'affirmer qu'il y a effectivement, dans la
réalité, dans le vécu, deux, parce qu'en bout de ligne,
vous comprendrez que ce n'est peut-être pas un client ou l'autre qui est
plus important... C'est que la transaction se scelle, parce que tout l'effort
n'est compensé que si, en bout de ligne, il y a eu négociation
réussie.
J'ai beaucoup de misère à définir l'acte
professionnel, parce que j'aurais été plus porté à
dire que s'il y a acte professionnel, c'est une expertise dans le domaine de la
négociation au travers de ce qu'on appelle "('intermediation de
marché". C'est dans cette optique-là que j'étais tout
à fait surpris qu'on n'aille pas plus vers la loi 134 ou vers d'autre
chose, mais c'est dans ce sens que - et je le cite - on ne veut pas utiliser
l'expression "négocier", parce qu'effectivement, elle amène une
subjectivité. On doit essayer de trouver une expression d'une
activité qui paraisse, aux yeux de tous et chacun, en soi, objective,
verifiable, altruiste, etc.
Et la seule qui arrive à ça, c'est celle d'avoir une
expertise sur la valeur marchande, c'est-à-dire d'être capable
d'être en mesure de dire: Dans des conditions normales, voici. Et puis,
d'autres pourront, selon des techniques approuvées, standardisées
et tout ça, vérifier. S'ajoute à cela, c'est
qu'au-delà de ce point de départ, il y a ce cheminement de
sceller un contrat. C'est de ('"intermediation", c'est de la
négociation. Alors, peut-on être un négociateur
professionnel de l'immeuble? On ne veut pas accepter ce terme-là. On dit
expressément: On n'utilise pas ça, parce qu'il faut utiliser
"intéressé", parce qu'on ne veut pas se faire passer pour des
syndicats et des "patroneux" qui soient subjectifs.
Il faut qu'on soit objectif. Et, donc, en bout de ligne, je dis qu'il y
a peut-être place pour qu'on prenne la peine, avec la Corporation
professionnelle des évaluateurs agréés, l'Office et
l'Association de l'imeuble, de s'asseoir autour d'une table pour voir où
seraient les lignes de démarcation au travers de cette chose-là,
sauf que ça amène un problème. Je pense que M. Savoie va
avoir un problème un jour, parce que ceci amène le fait que les
évaluateurs vont probablement vouloir avoir le statut exclusif pour se
protéger et bien cantonner ce que fait
l'évaluateur pour ne pas avoir un autre qui gruge dessus.
Alors, on peut s'attendre à beaucoup de rebondissements de cette
affaire-là. Et, pour terminer, je dis: Moi, je me suis penché
là-dessus, parce que, par hasard, j'ai vu un article dans le journal
La Vie et j'ai fait venir le document via mon député, un
libéral, M. Michel Charbonneau. Sauf que, quand j'ai appelé
quasiment quelques jours avant de déposer, l'ex-président de la
Corporation, il n'avait jamais entendu parler de ça. Alors, c'est moi
qui ai sensibilisé la "corpo".
Alors, je comprends que, quand on publie, il faut toujours lire. Nul
n'est supposé ignorer la loi, nul n'est supposé ne pas lire sa
Presse tous les jours. Mais ça ne s'est pas fait. Je dis que
peut-être, avant d'aboutir à un projet de loi, ce serait opportun
expressément qu'au travers de... Mais, je sais, ça mêle un
autre ministre là-dedans. C'est l'Office des professions.
Déjà, on a vu qu'avec la loi 134, c'était mêlant
d'avoir l'Office des professions qui se mêle. Mais il reste que c'est
juste ça que je demande. C'est dans l'optique de l'intégration
pour éviter que, par la suite, on ait, dans trois, quatre ou cinq ans,
à trouver de nouvelles lois pour tout récupérer les pots
cassés.
M. Léonard: Si je vous interprète, vous seriez
plutôt pour que cet organisme relève de la loi 134.
M. Smereka: Personnellement, je vais plus vers la loi 134, oui,
effectivement.
M. Léonard: Que l'Office des professions, que de
créer une troisième section dans...
M. Smereka: Oui, la multiplication des lois va tout simplement
rendre la difficulté d'intégration insurmontable.
M. Léonard: Oui, et vous pensez que le surintendant du
courtage immobilier, s'il garde ce nom-là, va être un peu
isolé dans l'exercice de cette profession.
M. Smereka: Disons qu'il ne sera pas isolé, mais il sera
privilégié, parce que l'organisme d'autoréglementation
paie son salaire.
M. Léonard: Mais les privilèges isolent. M.
Smereka: C'est ça. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): C'est vous qui le dites, M. le
député.
M. Léonard: Si je comprends aussi, vous êtes assez
critique par rapport aux exigences de formation.
M. Smereka: Oui, je pense qu'on ne peut pas avoir ce statut
professionnel en pouvant tout simplement dire: Moi, j'ai tout d'un coup
passé six semaines intenses, six jours par semaine, et là, tout
d'un coup, je suis expert. Toute la notion, comme je l'ai dit dans le
mémoire, de ce qu'est la profession ou la référence qu'un
conférencier précédent avait donnée par rapport
à la définition de M. Camille Laurin et toutes ces
idées-là, c'est que c'est un cheminement. On accorde un statut
à ce groupe-là. Prenons les avocats, les comptables
agréés, etc. Mais, en contrepartie, on s'attend à un
niveau de qualité, pas du commun. Comme on le dit, il faut qu'il
connaisse son ingénierie à part d'être juste un
"patenteux". Donc, il y a cette dynamique-là, que si on voit ce qu'on a
demandé aux autres dans ce qu'on appelle ceux qui ont reçu le
titre de profession au travail à l'Office des professions, on a des
exigences de qualité qui sont assez élevées, très
élevées même.
Et je dis tout simplement en intégration, pour ne pas effriter le
mot "profession" même... Parce que, là, même Mme la ministre
ne savait pas trop... Elle a hésité à utiliser le mot
"profession". Ce mot-là, tout le monde l'utilise, sauf qu'en même
temps, on a un Office des profes- | sions qui établit des
qualités, des critères de qualité. Et je dis tout
simplement: II ne faut jamais oublier que ça existe, ça. Et juste
pour la peine de créer des professions à côté par
d'autres lois, il faut penser tout de même à tout intégrer
ça, parce qu'à ce moment-là, profession veut dire quoi? Et
l'avocat veut dire quoi? Tout veut dire quoi? Tout le monde est un
professionnel. C'est un mot à la mode, parce que ça a l'air qu'on
peut se faire payer plus cher.
Le Président (M. Farrah): Je vous rappelle que votre temps
est maintenant écoulé. Si vous voulez bien conclure.
M. Léonard: Est-ce qu'on doit terminer maintenant?
Le Président (M. Farrah): Oui, étant donné
que c'est un mémoire individuel, un individu, c'était 10-10-10,
10 minutes de représentation et 10 minutes chacun, l'Opposition et le
parti gouvernemental.
M. Léonard: Mon Dieu, c'était drôlement
intéressant. Mais, en tout cas, je vous remercie de votre
mémoire. Je vais le relire et nous allons le relire. Je comprends que ce
n'est pas du tout une menace envers les courtiers en immobilier, je ne le pense
pas du tout, et je voudrais rassurer Mme la ministre. Vous n'avez pas l'air
dangereux. Au contraire, vous posez de bonnes questions. Alors, il faudrait
qu'elle les apprécie. Merci.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Labelle. Mme la ministre, en conclusion.
Mme Robic: M. le Président, ce n'est pas une question
d'apprécier ou de ne pas apprécier. J'apprécie les gens
qui se présentent devant nous. Mais peut-être que j'ai mal saisi
vos propos. Si j'ai hésité à utiliser le mot
"professionnel", c'est que j'ai senti qu'il y avait une sensibilité pour
ce mot. Donc, c'est pour cela que je n'ai pas voulu... Mais je l'emploie, parce
que je pense qu'il y a les professionnels et qu'il y a les autres qui vaquent a
des occupations et qui peuvent devenir professionnels dans leurs occupations de
par la qualité et l'intégrité des services qu'ils
donnent.
Alors, il y a une différence là. Je voudrais cependant
vous dire que si, dans la loi 134, les courtiers en immeubles n'ont pas
été inclus, c'est que ça a été une
décision du ministre du temps et de la profession elle-même, de
l'industrie elle-même, qui a demandé de ne pas être incluse,
disant qu'il y avait une différence dans les services. La loi 134
comprend des produits financiers. L'acte de courtage immobilier, ce n'est pas
un acte financier comme tel. Il va générer des actes financiers,
mais ce n'en est pas un. Donc, ils avaient demandé de ne pas être
inclus. Sans doute, j'aimerais pouvoir vous dire que c'est une loi qui va
être adoptée et qu'il n'y aura jamais de changement à cette
loi. Ce serait aller dans une mauvaise voie, puisqu'on doit moderniser nos
lois.
L'Office des professions a certainement un travail à faire. On
nous a suggéré un deuxième groupe à
l'intérieur de l'Office des professions qui pourrait très bien
inclure le courtage immobilier. On est ouvert à ça. Mais, en ce
moment, je pense qu'il est important de bien équiper nos agents pour
qu'ils deviennent des professionnels dans leur domaine, et c'est ce qu'on tente
de faire avec des lacunes peut-être. On s'en rend compte certainement.
Mais je pense que c'est important aujourd'hui de préparer notre
profession et de lui donner les outils nécessaires à devenir
professionnel.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M.
Smereka, Me Bergeron et M. Mail-lette, merci de votre présentation. Au
nom des membres de la commission, je vous remercie infiniment. Sur ce, je
suspends les travaux jusqu'à 15 h 30. Pardon?
Une voix:...
Le Président (M. Farrah): Oui, c'est ça. Je
suspends les travaux jusqu'à 15 h 30, alors que nous accueillerons le
Bureau d'assurance du Canada. Alors, merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 46)
(Reprise à 15 h 44)
Le Président (M. Farrah): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux, et on s'excuse pour le délai. Je
rappelle le mandat de la commission qui est le suivant. La commission du budget
et de l'administration reprend cet après-midi la consultation
générale sur le document de consultation intitulé "Le
courtage immobilier". Et dans un premier temps cet après-midi, nous
recevons le Bureau d'assurance du Canada. Alors, je demanderais aux membres du
Bureau d'assurance du Canada de bien vouloir se présenter à la
table en avant, s'il vous plaît.
Au nom des membres de la commission, nous vous souhaitons la plus
cordiale des bienvenues. Et j'aimerais vous aviser également que vous
avez 20 minutes pour faire votre présentation et, ensuite, suivra une
période de questions de 40 minutes, répartie
équitablement: 20 minutes, l'Opposition et 20 minutes, la partie
ministérielle, le gouvernement.
Sans plus tarder, j'aimerais que le porte-parole du groupe se nomme et
qu'il identifie la personne qui l'accompagne, s'il vous plaît.
Bureau d'assurance du Canada
M. Medza (Raymond): Alors, M. le Président, merci. Mon nom
est Raymond Medza. Je suis directeur général du Bureau
d'assurance du Canada au Québec. Je suis accompagné de Me
Hélène Gagné, conseiller juridique principal au Bureau
d'assurance du Canada.
Le Président (M. Farrah): Bienvenue et nous vous
écoutons.
M. Medza: Nous allons essayer de procéder rapidement.
Juste un bref rappel pour vous rappeler qui nous sommes. Le Bureau d'assurance
du Canada est une association nationale qui représente l'ensemble des
assureurs de dommages au Canada, plus particulièrement au Québec
dans notre cas. Nous représentons plus de 85 % des primes d'assurance
souscrites. Et notre mission est de fournir à nos membres un cadre de
travail qui leur permette d'élaborer des politiques et des programmes
dans le but de promouvoir, pour l'ensemble de la population, une industrie des
dommages qui soit saine et évidemment profitable.
Le comité du BAC Québec qui est responsable des
activités au Québec est composé des chefs de direction de
compagnies parmi les plus importantes, et ils nous ont priés de les
excuser, d'autres engagements les ayant retenus à
l'extérieur.
Brièvement, dans le cadre de la réforme du secteur
financier entreprise au cours des dernières années par le
gouvernement du Québec, le BAC a toujours tenu à faire
connaître sa posi-
tion sur les documents de consultation qui ont été
présentés par la ministre déléguée aux
Finances. Le BAC est, de façon générale, satisfait et
heureux des orientations qui sont proposées dans le document de
consultation publié en 1990, parce que, d'abord, nous nous sommes
toujours prononcés en faveur du cloisonnement de
l'autoréglementation et de la prise en charge des activités de
chaque secteur par les personnes qui y travaillent.
Alors, nous tenons à faire, par contre, certaines remarques sur
quelques aspects: le cumul des permis, le partage des commissions, le
franchisage et la rémunération.
L'acquisition d'un immeuble constitue pour le consommateur dans bien des
cas le principal investissement qu'il va faire au cours de sa vie, et cet
investissement s'intègre bien dans un cadre général de
services financiers, c'est-à-dire de prêt, d'hypothèque,
d'assurance de dommages, d'assurance responsabilité ou d'assurance-vie
et nous croyons que le courtage immobilier devrait faire partie
intégrante du décloisonnement des services financiers.
Deuxièmement, le décloisonnement du courtage immobilier
devrait se faire par le biais du cumul des permis, s'il est autorisé,
d'entreprises muttidisciplinaires, d'ententes de réseaux et de partages
de commissions.
Tout comme c'est le cas pour les services financiers, l'organisme de
réglementation du courtage immobilier devrait avoir le pouvoir de fixer
par règlement les pouvoirs, obligations et responsabilités des
courtiers en immeubles dans le cadre de leurs fonctions, tout comme nous
l'avons fait pour le cadre des intermédiaires de marché.
Le franchisage devrait être permis pour autant que les
franchisés possèdent la formation, évidemment, et les
permis nécessaires à l'exercice de leurs fonctions et que la
réglementation devant être adoptée vise,
premièrement, la protection des consommateurs, mais également
qu'elle soit semblable aux autres secteurs, faute de cadre
général.
Dernièrement, de façon générale, le cadre de
réglementation du courtage immobilier devrait être semblable
à celui des intermédiaires financiers et une certaine concordance
devrait exister, notamment au niveau de l'article 14 de la Loi sur les
intermédiaires de marché qui prévoit que les
intermédiaires peuvent faire des prêts hypothécaires pour
autant que la Loi sur les courtiers en immeubles les y autorise.
En gros, ce que nous recommandons, c'est une forme d'harmonisation entre
les types d'intermédiaires de marché incluant ceux en immeubles
au moment où un dépôt de loi sera mis de l'avant.
Ceci dit, voilà pour nos remarques. J'espère que je n'ai
pas pris trop de votre temps et que je vous ai permis de regagner le temps de
partir de l'Assemblée nationale à descendre ici.
Le Président (M. Williams): Merci, M. Medza. Maintenant,
Mme la ministre.
Mme Robic: M. Medza, Mme Lamontagne-Gagné, bienvenue
à cette commission. On peut dire en effet que vous êtes des
interlocuteurs réguliers et fidèles, alors on vous remercie
d'avoir accepté de participer à cette commission. C'est assez
intéressant quand vous nous parlez d'harmonisation avec la loi 134. Vous
avez raison, on ne tentera pas de réinventer la roue, mais il est assez
intéressant de voir qu'au moment du débat sur la loi 134 qu'on
ait jugé bon de retirer le courtage immobilier de la loi 134 pour le
traiter dans une loi spécifique disant que, bon, l'acte du courtage
n'était pas tout à fait un acte financier. C'était pour
engendrer une série d'actes financiers, mais l'acte lui-même
n'était pas un service financier que l'on vendait. Alors, vous qui avez
été partie de ces débats-là, peut-être que
vous pourriez nous éclairer sur la pertinence ou les décisions
qui ont fait que le courtage n'a pas été inclus dans la loi
134.
M. Medza: Alors, lorsque le rapport sur la Loi sur les
intermédiaires de marché a été
présentée et que nous nous sommes présentés en
commission parlementaire, notre intervention traitait bien
spécifiquement de l'ensemble des intermédiaires de marché
tels qu'ils avaient été définis dans la loi. Et nous
avions remarqué dans l'article 78, 20°, je crois, qui traitait des
courtages immobiliers et des prêts hypothécaires, que ce serait
traité à l'extérieur et nous avions convenu, à ce
moment-là, peut-être à tort ou à raison, que le fait
de traiter des courtiers immobiliers dans ce secteur-là était
effectivement qu'on les reconnaissait comme un des rouages du mécanisme
des secteurs financiers, mais également qu'on leur considérait un
statut particulier, pour utiliser ce terme, un statut particulier qui faisait
que non seulement ils étaient dans le rouage, mais ils avaient une
fonction très particulière, c'est-à-dire celle d'agir
comme intermédiaire entre deux particuliers et non pas entre un
fournisseur de services et un consommateur. Quand le rapport sur le courtage
immobilier s'est présenté, c'est à ce moment-là que
nous avons dit: Mais si on permet à l'un de faire une chose, il faut
permettre à l'autre de faire également la même chose. Dans
ce sens-là, il se rapproche alors de tout le système financier si
on leur permet d'agir comme intermédiaire de marché dans
certaines circonstances.
Je ne sais pas si Me Gagné veut...
Mme Lamontagne-Gagné (Hélène): Oui, c'est
surtout sur l'aspect prêt hypothécaire. En fin de compte, nous
savons qu'il y a quand même un impact à ce moment-là parce
que, même s'ils sont à l'extérieur au point de vue fonction
comme telle, il faut quand même reconnaître que
vis-à-vis du public ils feront quand même partie d'un
certain rouage et ils pourraient faire partie du magasin général,
si vous voulez, de la fonction d'aller acheter un immeuble, de trouver du
financement, de l'assurer, même d'obtenir de l'assurance-vie parce que,
normalement, le financement a un rattachement à l'assurance-vie et
l'assurance-habitation qui est généralement aussi joint à
cet item. Vis-à-vis du consommateur, je crois que, pour eux, ça
fait partie d'un même tout, mais au point de vue permis, il faut quand
même reconnaître qu'il y a des fonctions très distinctes et
que, surtout, le travail et les responsabilités sont différents.
Le courtier en immeubles a une fonction, c'est de vendre et d'acheter, si vous
voulez, et d'être à cette transaction-là. Une fois que
ça s'est fait, normalement il disparaît. Tandis que les autres,
évidemment, c'est un continu. Alors, c'est une fonction de longue
haleine et puis, à ce moment-là, c'est peut-être la
distinction qu'il faut faire surtout dans la formation, les permis et les
activités. Alors, ils sont à l'intérieur du marché
vis-à-vis du public mais, par contre, avec une fonction très
spécialisée.
Mme Robic: C'est assez intéressant de voir que vous
êtes également d'accord pour qu'il y ait un cumul de permis au
niveau des agents d'immeubles. Et je dois vous avouer que vous allez un peu
contre le courant dans cette commission, puisque la majeure partie des
intervenants nous ont dit que c'était un emploi à temps plein.
Ils voyaient mal comment on pouvait cumuler des permis quand on était
agent d'immeubles et qu'on avait un service à rendre à une
clientèle qui nous est captive, le vendeur qui signe un contrat pour
nous, qui veut bien qu'on travaille 24 heures par jour 7 jours par semaine pour
vendre sa maison. Alors, vous nous dites cependant que vous seriez favorables
au cumul des permis. Est-ce que vous êtes favorables en
général ou si c'est au niveau du prêt hypothécaire
que vous voyez qu'il y aurait un intérêt de cumul de permis?
M. Medza: D'abord, vous avez raison, l'intérêt est
au niveau du prêt hypothécaire. Deuxièmement, il est au
niveau également du représentant. On sait que le courtier en
assurances de dommages est souvent exposé à des clients qui vont
être mutés d'une ville à une autre, qui vont changer de
propriété et qui pourraient être intéressés
à utiliser soit les services, entre guillemets, de quelqu'un qui cumule
des permis pour autant qu'il satisfasse aux exigences de chacun des permis,
mais peut-être davantage à des cabinets multidisciplinaires
où il pourrait y avoir l'avantage d'avoir un spécialiste du
courtage immobilier, un spécialiste du courtage en assurance-vie, et
ainsi de suite. Je pense que c'est dans ce sens-là. Nos consultations
avec les assureurs et les représentants d'assureurs nous laissent croire
que, sans insister pour qu'il y ait le cumul des permis, on dit, s'il y en a
un, ce qui n'est pas nécessairement absolu, peut-être que le
système le meilleur, c'est celui des cabinets multidisciplinaires, et
deuxièmement, que les personnes soient assujetties à des
règles qui soient concordantes les unes avec les autres, parce qu'on
risque d'avoir des différences.
Mme Lamontagne-Gagné: Je voudrais peut-être ajouter
ici, ce qui n'est pas rare dans certaines régions non plus, surtout dans
les régions éloignées des centres-villes où il n'y
a pas suffisamment d'activités pour un agent d'assurances, comme on
voyait dans le passé, qui pouvait à la fois aussi être
agent d'immeubles, agent d'assurances... On a vu ça dans certaines
autres régions, surtout dans les régions éloignées,
s'il n'y a pas assez d'activités pour un service. En autant que les
qualifications sont rencontrées, en général les assureurs
n'ont pas d'objection à ce que quelqu'un, à l'intérieur
d'un contexte particulier, fasse plus d'un genre d'emploi si c'est permis par
sa formation et par son permis d'entreprise. Alors, dans ce contexte-là,
c'est là, disons, que nous ne sommes pas contre, évidemment, te
cumul des permis dans ce sens.
Mme Robic: Mais le fait de ne pas pouvoir cumuler de permis comme
celui-là, est-ce que vous sentez qu'il y a un préjudice qui vous
est fait en ce moment?
M. Medza: Le fait de ne pas pouvoir cumuler les deux permis?
Mme Robic: Oui. M. Medza: Non. Mme Robic: Non?
M. Medza: Non.
Mme Robic: Et si on parlait d'un permis restreint pour les
prêts hypothécaires et qu'une formation, pour le prêt
hypothécaire... Parce que, malgré ce qu'on peut penser, dans
certaines régions, on pourrait être intéressé
à cumuler des permis. Ce n'est pas évident, hein? J'étais
un peu de cette pensée-là et ce n'est pas évident qu'on
est intéressé, mais il y a peut-être un besoin de faire des
ajustements pour permettre à l'un et à l'autre, aux assureurs,
d'être dans le prêt hypothécaire, qui leur convient
très bien d'ailleurs.
Vous parlez des cabinets multidisciplinaires et vous êtes tout
à fait d'accord avec le cabinet multidisciplinaire. Nous, on n'a pas
beaucoup de réticences à ce niveau-là non plus. La plupart
des personnes qui sont venues nous ont égale-
ment souligné que ça pouvait être
intéressant. Mais en discutant, on est venus à la conclusion que
peut-être que le cabinet disciplinaire, pour un courtier en immobilier,
n'est peut-être pas le même que serait un cabinet
multidisciplinaire tel que décrit dans la Loi sur les assurances.
On disait qu'un cabinet multidisciplinaire, pour un courtier
d'immeubles, ça pourrait être d'avoir un évaluateur, un
notaire, un arpenteur, un ingénieur même, parce que ce sont des
fonctions, peut-être, qui se rapprochent encore plus du métier de
l'immobilier. Comment est-ce que vous voyez ça, vous, si on permettait
à d'autres genres de cabinets multidisciplinaires de se propager et
est-ce que c'a été discuté à des moments
donnés, au moment du projet de loi 134?
M. Medza: Bien qu'on n'en ait pas discuté au moment du
projet de loi 134, c'est intéressant que vous ameniez cet aspect du
problème parce qu'en consultant chez les assureurs, les problèmes
auxquels ils doivent faire face aujourd'hui, dans la souscription et dans
l'écriture de risques des courtiers, on sait que l'État aussi
bien que les employés, les usines, les entrepreneurs essaient de trouver
des moyens de prévention, des moyens de bien évaluer la valeur
des risques qu'ils assurent, de bien établir comment on peut
protéger les risques, d'évaluer les risques,
particulièrement en matière d'environnement. Et le fait que
quelqu'un, dans le cabinet multidisciplinaire, soit consacré
principalement à l'ingénierie ou à la prévention ou
à l'arpentage peut facilement déterminer, en matière de
responsabilité, par exemple, dans le cas de sols contaminés, en
matière d'inspection des sols avant les assurances pour être
sûr qu'on a bien évalué le risque, peut être d'un
grand secours. Alors, ça, c'est un aspect du problème que peu de
gens ignorent, mais, chez nous, quand quelqu'un nous dit qu'on devrait donner
des escomptes parce qu'on ajoute une peinture qui est anti-inflammable,
peut-être qu'il faut se poser la question: Est-ce que cette
peinture-là va à rencontre des clauses d'environnement? Est-ce
qu'elle est biodégradable? Est-ce qu'elle peut causer d'autres types de
problèmes à la santé? Alors, on n'est pas restreint dans
un compte strictement d'assurance, et c'est pour ça que le cabinet
multidisciplinaire ne nous inquiète aucunement. Au contraire, il
pourrait même être d'une utilité qu'on n'a pas encore tout
à fait explorée. (16 heures)
Mme Lamontagne-Gagné: Dans le cabinet multidisciplinaire,
comme j'avais mentionné antérieurement, c'est un peu dans le
même contexte des cumuls de permis aussi. C'est que les activités
ne sont pas contraires, ce sont des activités qui pourraient très
bien s'agencer et se compléter, surtout, comme vous avez
mentionné, évaluateur, évidemment. M. Medza a parlé
dans le domaine de la responsabilité civile. Le domaine le plus
évident, c'est la valeur des édifices, parce qu'il faut toujours
assurer selon la valeur du bien et les valeurs de remplacement, et tout. Alors,
il y a plusieurs des fonctions qui, elles, selon ce qu'on vous a
présenté, les autres travaux accessoires ou fonctions accessoires
au domaine immobilier, pourraient très bien, à ce
moment-là, être et sont actuellement utilisés d'ailleurs
par les assureurs en assurance-habitation. C'est pour ça même que
l'autre panneau qui pourrait être intéressant pour les assureurs,
les assureurs de dommages en particulier, c'est que tout le domaine du courtage
immobilier, avec ses accessoires, pourrait être éventuellement une
filiale. Alors, si ça devient un accessoire, si c'est
considéré plus ou moins comme un accessoire d'assurance, il
pourrait éventuellement être possible pour un assureur de devenir
à propriété entière d'une maison de courtage, puis
prendre tout le magasin, quoi. Alors, de ce côté-là, on
continue l'élément de la loi, qu'on a discuté d'ailleurs
il y a à peu près un mois, qui est justement toute la question de
filiale, de possession, de limite et de contrôle.
Le Président (M. Williams): Mme la ministre, votre premier
temps de parole est terminé.
Mme Robic: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Williams): Je dois maintenant laisser la
parole à l'Opposition à M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui. Bonjour, madame et monsieur, merci
d'être venus à la commission. Moi, j'aurais le goût de
poursuivre un peu sur le cumul des permis puis des cabinets
multidisciplinaires. Je me suis amusé un peu à faire le cumul
pour le consommateur. Ça commence par le désir d'acheter une
maison, je pense bien, alors, je veux faire juste le tour de ce que ça
peut lui coûter. Il achète la maison, il paie le pourcentage de la
commission - 6 %, ça a des chances d'être ça, normalement
c'est ce qu'on nous annonce, 6 % ou 7 %, mais disons 6 % -ensuite, il passe
chez le notaire, 1 % environ que ça coûte pour faire faire les
transferts de titre, ça va chercher pas loin de ça le moindrement
que c'est normal. J'ajoute évidemment l'hypothèque, il faut aussi
faire les droits sur l'hypothèque, là aussi ça va chercher
quelques points, peut-être pas 1 %, mais ça dépend. Il y a
une assurance sur l'hypothèque, généralement. On
additionne tout ça et on est rendu à 9 %, comme c'est là.
Et là, on n'a pas eu besoin d'arpenteur. S'il a besoin d'un arpenteur,
que ce soit payé par l'acheteur ou le vendeur, ça va se retrouver
à coûter cela à l'acheteur. Il y a l'évaluateur,
possiblement, qui passe par là, si on ne se contente pas de
l'évaluation municipale. Et puis, si c'est quelqu'un qui a
accumulé quelques actions, il les vend et il paie 3 % à son
courtier.
11 ne faudrait pas oublier celui-là. Et par-dessus tout
ça, il y aura la TPS fédérale et la TPS du
Québec.
Mme Robic: Et la taxe de bienvenue... Des voix: Ha, ha,
ha!
Une voix: Pardon, la taxe sur les assurances, au
Québec.
M. Léonard: Alors, la taxe de bienvenue. Alors, quand on
fait le tour de la chose, on n'a pas parlé beaucoup, depuis le
début de la commission, de ces facteurs, mais il me semble que ça
commence à faire un bon montant. On tourne autour de, si on additionne
tout, on est rendu à 12 % ou 15 %, facilement, sur le coût d'achat
d'une maison. Et je pense que c'est une question qui commence à
être sérieuse, pour la plus grosse transaction qu'une personne
fait dans sa vie, généralement. Alors, on en est à parler
du cumul des permis, donc de boîtes multidiscipli-naires. Est-ce que vous
considérez, vous, que, par le fait qu'on permette le cumul des permis,
on puisse arriver à faire une proposition à un acheteur ou en
tout cas pour le bénéfice du client, qui diminue le coût
des frais professionnels associés à l'acquisition d'un
immeuble?
M. Medza: Vous parliez du cumul des permis. Je croyais que vous
parliez du cumul des commissions.
M. Léonard: Si vous permettez...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Pardon? Je n'ai pas compris.
M. Medza: Je croyais que vous partiez du cumul des commissions et
non pas des permis.
M. Léonard: Oui, bien j'y arrivais.
M. Medza: Vous me permettrez, blague à part, de vous dire
qu'actuellement, quelqu'un qui achèterait une propriété
d'une valeur importante...
M. Léonard: Disons 150 000 $, c'est ça la valeur
d'une propriété actuellement.
M. Medza: ...aurait à rencontrer actuellement les
mêmes frais s'1 va même dans un cabinet non multidisciplinaire, il
va encourir les mêmes frais de façon séparée. Ce
qu'est l'avantage d'un cabinet multidisciplinaire lorsqu'il existe, ou, en tous
les cas, d'une certaine filiation entre un groupe d'intervenants et un autre
groupe d'intervenants dans un même milieu, c'est la capacité
d'abord de coordonner l'action. Normalement on est mieux servi quand une action
est bien coordonnée, c'est-à-dire qu'elle est dirigée par
un maître d'oeuvre, entre guillemets, qui peut être l'un des
courtiers, entre autres, qui peut diriger ou en tout cas amener les autres
à le suivre. Et également, on l'a vu dans le passé,
souvent lorsqu'un assureur va offrir plusieurs types d'assurances d'un
même réseau ou d'un même endroit, il va avoir un genre de
banque sur laquelle les sous vont tomber en disant: Je vous économise un
peu d'argent, en faisant ça.
M. Léonard: Je suis sûr qu'il va lui dire ça.
Est-ce que c'est vrai?
M. Mezda: Et ça se fait. D'ailleurs, il nous fera plaisir
de vous faire parvenir à la commission, si vous le désirez, un
nombre d'exemples que nous possédons dans ces cas-là; et
même, si vous regardez les matchs de hockey prochainement, vous verrez
qu'il y a un assureur au Québec qui l'annonce.
Alors, ceci étant dit, notre vision c'est que, oui, lorsque c'est
regroupé ensemble, vous avez un avantage en ce sens qu'il est possible
d'offrir à l'assuré des escomptes qu'on pourrait appeler des
économies d'échelle. Et ça a toujours été
notre pratique de le faire dans le passé, comme institution, et nous
présumons qu'il n'y aurait pas d'hésitation à le faire
à l'avenir. Tout ça relève évidemment de quelles
seront les règles qui sous-tendront l'établissement de cabinets
multidisciplinaires, comment on procédera au partage des commissions,
comment on partagera le contrôle. Et une des façons, c'est de le
soumettre, entre guillemets, à la juridiction de l'Inspecteur
général, qui doit vous faire rapport régulièrement
sur les types d'opération. Ça pourrait être une
solution.
M. Léonard: Je vais souscrire à ce que vous dites
pour un client averti. Mais supposons que vous ayez un client, appelons-le,
naïf, que quelqu'un dans la chaîne découvre ça, ils
vont presser le citron pas mal, vous ne pensez pas?
M. Medza: C'est prêter...
M. Léonard: Puis là, ils vont le presser sur tous
les échelons.
M. Medza: Je pense qu'au niveau...
M. Léonard: Si on se place du point de vue de la
protection du consommateur, je comprends qu'il y a des avantages à une
boîte intégrant tous les services professionnels. Mais il me
semble que ça fait appel à des mécanismes de surveillance
et de contrôle qui soient différents. Et je ne suis pas sûr
qu'on soit équipé, à l'heure actuelle, pour bien assurer
cette surveillance.
M. Medza: II est possible qu'actuellement les mécanismes
de surveillance qu'on possède ne
soient pas tout à fait adaptés à ce genre de
contrôle, comme vous le précisez. Il est possible également
que ça nous invite à se pencher sur les modes de contrôle
ou de surveillance qu'on a actuellement, soit au niveau de l'Inspecteur
général ou de tout autre officier du gouvernement qui serait
mandaté pour surveiller l'application de ces lois-là. Mais,
à notre avis, en dépit du fait qu'on n'ait pas actuellement de
règles, rien n'empêche de les établir avec un peu de
justesse. Quand on s'assoit, on est capable de faire des choses
raisonnables.
Le deuxième point, c'est qu'au niveau de prêter aux
représentants de commerce, qu'il s'agisse de courtage d'assurances, de
courtage d'assurance-vie ou d'immobilier, c'est leur prêter des
intentions fort vaines de dire qu'ils vont tenter expressément de
"squeezer" le citron du consommateur chaque fois. Je pense qu'à un
moment donné, il faut arrêter et se mettre à penser qu'avec
les lois des consommateurs qui ont été passées au cours
des dernières années, avec le comportement général
des institutions, du moins je peux parler pour les niveaux des dossiers
d'assurances, avec la façon dont nous avons contrôlé et
assisté les consommateurs à se déprendre, il n'y a pas eu
d'abus et de tentative d'abus auprès de consommateurs, d'essayer de leur
en "squeezer" plus que c'était nécessaire. C'est nous
prêter des intentions fort viles que de dire ça.
M. Léonard: Non, je ne veux pas faire de procès
d'intention. Je pense simplement qu'on peut s'imaginer que ce sont des choses
qui vont arriver.
M. Medza: Que des individus pourraient faire, effectivement.
M. Léonard: Alors le partage des commissions, les
références, les droits de référence, en fait,
amènent une série de personnes à s'envoyer le client de
l'un à l'autre. Et si vous avez une boîte de professionnels, un
bureau comme celui-là, est-ce qu'on n'aurait pas avantage à
exiger qu'il y ait une proposition globale comportant tous les frais
professionnels pour un bureau et que le jugement porte là-dessus et non
pas sur chacun des éléments Indépendamment les uns des
autres.
M. Medza: II faudrait voir dans les règlements que va
mettre de l'avant - je suppose prochainement - le conseil des assurances qui
étudie, depuis plusieurs mois, les règles de partage de
commission, de franchisage et autres éléments, quelle sera la
façon dont il va les traiter. Et, ça, ça peut être
un point de départ pour regarder ce qui va se faire avec d'autres, parce
que, dans cette sectlon-là, on va parier de partage de commission. On en
parle, d'ailleurs, dans la Loi sur les intermédiaires, comment elle doit
être partagée et les types de déclaration qu'on doit faire
et comment on doit procéder dans de tels cas.
Je présume qu'il n'y a rien de mal à avoir des ententes
interstructurelles qui permettent que les règlements - si on permettait
des cabinets multidisciplinaires, encore faut-il les permettre - leur
permettent de faire ce type de partage de commission selon des règles
bien établies et avec des conditions qui sont préalables. Et,
normalement, on se conforme assez bien. En autoréglementation, on est
souvent plus sévères envers nous que le législateur ne
l'est quand il impose des règles.
M. Léonard: Quand vous dites ça, je veux bien vous
croire. Mais ça dépend où est l'organisme
d'autoréglementation. S'il est à l'intérieur de la
boîte, à un niveau local...
M. Medza: Non, je parle un peu comme le conseil des assurances
ou...
M. Léonard: Je pense qu'il y aura des boîtes qui
vont être superautoréglementées, parfaitement
autoréglementées, mais il y en aura d'autres où ce ne sera
pas le cas. Je pense qu'on peut s'imaginer que c'est ça qui va se
passer. Et la question a été soulevée ce matin de
l'intégration ou, au moins, de la coordination des différents
intervenants dans un tel dossier qui est l'Office des professions qui
intervient. Et puis, il y a la loi sur les intermédiaires financiers. Et
là, il va y avoir possiblement la loi sur les assureurs. Vous, vous
êtes dans les intermédiaires de marché présentement.
Et là, on aurait une autre loi qui va réglementer possiblement
les courtiers en immeubles. Comment voyez-vous cette question, parce que, au
fond, on est toujours face aux membres clients?
M. Medza: II y a différentes façon d'aborder le
problème. Sans être un juriste, et je m'en voudrais de
présumer des talents de ma collègue, il y aurait peut-être
lieu de considérer, de chapeauter, par la loi sur l'Inspecteur
général, des règles qui font qu'on peut avoir des
coordinations entre eux. Ça peut être une loi particulière.
Ça peut être la Loi sur la protection du consommateur qui fait un
regroupement à un endroit particulier. Mais il est possible,
légisiativement, de coordonner l'ensemble de toute une série de
lois dans une. D'ailleurs, ça se fait, comme vous le savez,
régulièrement.
Le Président (M. Williams): M. le
député.
M. Léonard: J'ai fini?
Le Président (M. Williams): Oui.
M. Léonard: On reviendra.
Le Président (M. Williams): Votre premier temps de parole
est terminé. Je dois laisser la parole à Mme la ministre.
M. Léonard: Je me plie à la discipline.
Le Président (M. Williams): Merci. (16 h 15)
Mme Robic: Je voudrais peut-être revenir, si vous me
permettez, sur le partage d'une commission de référence. Dans la
loi 134, je pense qu'on circonscrit très bien ce partage en disant que
ça peut se faire à travers les différents intervenants qui
font partie d'un bureau multidisciplinaire, assurances générales,
assurance-vie, planificateur financier. Mais si on rajoutait à ça
le courtier immobilier et si on rajoutait à ça toute la
pléiade de professionnels qui pourraient venir se greffer à un
cabinet muldis-ciplinaire ou avec lesquels on pourrait faire des ententes,
est-ce qu'on ne se crée pas un problème au niveau des conflits
d'intérêts. Est-ce que réellement tout ça, ça
peut être géré? Je vous avoue que, quand j'élargis,
je commence à avoir de sérieux problèmes avec le partage
de la commission de référence. Pour moi, partager une
référence entre un agent d'immeubles... Ça devrait
être au niveau des courtiers, ça ne devrait pas être au
niveau du personnel. Un agent d'immeubles d'une région à une
autre ou d'un pays à un autre, c'est plus facile pour moi à
comprendre qu'un agent d'immeubles qui paye une commission de
référence à un notaire ou à un avocat. J'ai des
problèmes là. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Lamontagne-Gagné: Lorsque nous étions en
commission parlementaire, auparavant, nous avions ce traité du partage
des commissions. En fin de compte, le plus gros problème était
par rapport aux conflits d'intérêts, la divulgation par rapport
aux consommateurs. C'est réellement l'autre pendant. Alors, on avait
discuté à un moment donné quelle était la
façon de rendre les transactions transparentes pour le consommateur. Le
concept ou le principe, à l'époque, était plus ou moins
qu'en autant que le consommateur sache d'avance que telle agence fait affaire
avec telle compagnie d'assurances, avec tel évaluateur, en autant qu'il
le sait, peut-être qu'à ce moment-là, vous lui permettez le
choix d'aller ailleurs ou de dire: Écoutez, je ne veux pas faire affaire
avec telle compagnie, j'aime bien faire affaire avec vous, M. l'agent
d'immeubles, mais je ne veux pas faire affaire avec telle compagnie
d'assurances, j'ai eu de mauvaises expériences avec elle
antérieurement. Pour autant que la liberté soit conservée,
à ce moment-là je crois que c'était un peu notre concept.
À ce niveau-là il faut réellement mettre un peu d'eau dans
le vin de cette question de partage des commissions.
Le partage des commissions comme tel n'est pas mal en soi, pour autant
que vis-à-vis du consommateur il sache ce qui se passe en arrière
de la transaction. C'est un peu pour revenir à ce qu'on avait dit
antérieurement, c'est surtout que, dans cet élément de
transparence, il faut qu'il y ait un élément de divulgation des
transactions entre toutes les parties intéressées, et qui,
à ce moment-là, va traiter des conflits d'intérêts
entre les différentes personnes. Pour autant que vous consacriez dans la
loi, comme vous l'avez fait antérieurement d'ailleurs avec la loi des
intermédiaires, le choix au consommateur de dire: Non, je ne veux pas
faire affaire avec un tel intermédiaire par rapport à l'autre,
à ce moment-là vous accordez une certaine protection, tout en
accordant cette possibilité d'économies d'échelle, comme
on a dit tantôt.
Mme Robic: Vous nous dites également qu'on n'a pas besoin
d'une réglementation au niveau du franchisage. Vous ne voyez aucun
problème à ce niveau-là?
M. Medza: Je peux peut-être expliquer un peu, M. le
Président, ce que nous entendions par "il n'est pas nécessaire de
réglementer". Dans le sens de réglementation, c'est
peut-être de l'inscrire dans la loi proprement dite. Dans le cas de la
Loi sur les intermédiaires de marché, l'article 78, 23°
mandate le conseil des assurances de déterminer les règles selon
lesquelles le franchisage peut être fait - si ma mémoire me sert
correctement - parce qu'il n'y a pas de cadre juridique général
en matière de franchisage. Donc, si... Pardon ?
M. Léonard: C'est le Code civil.
M. Medza: Oui. Alors, peut-être qu'il serait
intéressant de dire: Si on est pour permettre des cabinets
multidisciplinaires avec des règles de franchisage dans un endroit, il
faudrait qu'elles soient les mêmes dans l'autre. Sans ça, imaginez
dans quel imbroglio on pourrait se retrouver à un moment donné.
C'est pour ça que, tantôt, j'ai parlé de filiation
plutôt que de cabinets multidisciplinaires. C'est aussi pour ça
qu'on dit qu'il faut faire attention aux ventes liées, aux ventes sous
pression. Il faut faire attention au dévoilement des partages de
commission, comme c'est le cas dans la Loi sur les intermédiaires de
marché, qui est une bonne loi, entre parenthèses, selon notre
avis.
Mme Robic: Alors, pour vous, le franchisage, ça doit se
faire globalement, on ne peut pas le légiférer à la
pièce. Il faut y aller et ça devra être traité dans
le Code civil ou une loi spécifique sur le franchisage.
M. Medza: C'est ça.
Mme Robic: D'accord. Merci, M. le Prési-
dent.
Le Président (M. Williams): Merci, Mme la ministre.
Maintenant, je dois laisser la parole à M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Je voudrais revenir. Vous n'en avez pas
traité spécifiquement, mais vous en avez traité
indirectement en parlant du franchisage sur le conseil de l'organisme qui va
être mis en place. Comment le voyez-vous? Comment voyez-vous la
composition d'un tel organisme ou, au moins, du conseil, disons? Vous voulez
être dessus, je comprends, mais à part ça.
M. Medza: Mais on veut être dessus en autant qu'on a des
intérêts à y être ou au moins que les courtiers
d'assurances soient représentés, qui sont des
intermédiaires de marché et qui sont le contre-pendant, si on
adopte les mêmes structures. Je m'en voudrais de m'immiscer dans les
affaires des courtiers en immeubles en disant: Peut-être que ce serait la
façon la plus logique de constituer un conseil de contrôle, mais
je présume qu'une structure similaire à celle que nous avons mise
de l'avant pour les intermédiaires de marché pourrait être
utilisée, bien que je ne connaisse pas - et je dois l'avouer bien
humblement - le monde du courtage immobilier de la même façon.
M. Léonard: Là, les notaires veulent être
là-dessus, les avocats veulent être là-dessus, vous vouiez
être là-dessus. Je suppose qu'on pourrait même mettre des
évaluateurs. On a bien démontré ce matin que les
évaluateurs avaient pas mal d'importance dans une telle transaction. Et
puis, je ne sais pas, on pourrait tout mettre.
Une voix: II y en a d'autres.
M. Léonard: II y en a d'autres et il y a les
intérêts généraux. Je pense qu'au fond, ce que l'on
vise, c'est la protection du consommateur.
M. Medza: C'est ça.
M. Léonard: Alors, je suppose que ça prendrait des
gens et dans les offices, dans les ordres professionnels, chacun comporte,
parmi ces conseils, parmi les membres de ce conseil, des gens qui viennent du
public gros bon sens. Alors, est-ce que vous voyez que c'est un organisme
très important ou bien si ça doit être un organisme
plutôt exécutif et restreint ou...
M. Medza: Vous vous rappellerez que, tors de la commission
parlementaire sur les intermédiaires de marché, nous avions tout
d'abord dit que nous souhaiterions, nous préférerions ne pas
avoir à créer un nouvel organisme, croyant que ceux qui
existaient étaient satisfaisants. Si le législateur a
considéré que c'était préférable d'en avoir
un, nous nous y sommes soumis de bonne grâce. Je pense que nous avons
participé avec toute la loyauté que nous devons à
l'État et on a participé à la création du conseil
des assurances en essayant de limiter les frais parce que, en fin de compte,
c'est le consommateur en bout de ligne qui va le payer. Que ce soit
l'État qui le dirige ou que ce soit nous, on va finir par le payer
quelque part au niveau du consommateur, sauf que nous avions demandé de
le maintenir au minimum, ce qui, selon nous, a été fait. Le
conseil des assurances qui a été créé par la Loi
sur les intermédiaires de marché a réussi quand même
à regrouper des personnes qui sont en train de présenter une
réglementation qui va sortir incessamment. Or, pour le courtage
immobilier, en supposant qu'on vise à créer des cabinets
multidisciplinaires où il y aura des règles de franchisage
communes, des règles de partage de commissions communes, il serait
normal qu'il y ait au moins un représentant, entre guillemets, du
conseil des assurances qui siège au conseil immobilier et que l'inverse
soit également vrai. Ça, ça nous apparaît tout
à fait logique dans le meilleur intérêt...
M. Léonard: En tout cas...
M. Medza: ...du consommateur.
M. Léonard: Je ne suis pas... Peut-être que vous
avez raison. Il me semble que... Je me méfie toujours du complexe du
"moé itou" là.
M. Medza: Pardon? Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: J'appelle ça le complexe de "moi tou",
"moi itou", quand tout le monde veut y être. Bon. Est-ce que, pour vous,
les courtiers en immeubles devraient relever de l'Office des professions ou
bien s'ils devraient relever de la loi sur les intermédiaires financiers
ou bien s'ils doivent avoir leur propre loi les régissant?
M. Medza: II dépend de quelle façon on
considère les courtiers en immeubles. Si on leur permet le cumul des
permis et/ou l'affiliation et/ou les cabinets multidisciplinaires, je pense
qu'à ce moment-là, on les reconnaît comme étant,
entre guillemets, partie de la grande famille des institutions
financières. Et en conséquence, je pense qu'ils devraient relever
d'un organisme qui est déjà existant qui est l'Inspecteur
général des institutions financières. Si on allait vers un
corps intermédiaire, il y a deux options qui s'offrent à nous: de
faire relever du Code des professions si on considère que la loi sera
une loi au niveau des corporations professionnelles ou sinon de les tenir
complètement à l'extérieur peut-être sous
l'Inspecteur général avec un poste, avec un autonome.
M. Léonard: Là, vous avez des "si" et des
"peut-être". Vous...
M. Medza: C'est parce que je ne connais pas la nature...
M. Léonard: ...si vous aviez à décider, vous
décideriez quoi?
M. Medza: Multidisciplinalres sous l'Inspecteur
général.
M. Léonard: Ah bon! M. Medza: Ha, ha, ha! M.
Léonard: O.K.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. William»): Merci, M. le
député de Labelle. Maintenant, quelques mots en terminant, Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. On vous remercie
infiniment, M. Medza, Mme Lamon-tagne-Gagné de votre présence.
C'est toujours intéressant de vous entendre. Vous connaissez vos
dossiers très bien. Alors, je vous remercie d'avoir
participé.
M. Léonard: Je vous remercie à mon tour.
J'espère qu'on a eu un échange qui vous a
Intéressé.
M. Medza: Au plaisir. En vous remerciant.
Le Président (M. Williams): Merci beaucoup pour votre
temps et votre mémoire. Nous allons suspendre pour une minute pour les
changements de témoins. J'appelle l'Association des
intermédiaires en assurance de personnes du Québec.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M. Williams): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Bienvenue à notre commission. Bienvenue à l'Association
des intermédiaires en assurance de personnes du Québec. Est-ce
que vous voulez vous identifier pour le procès-verbal, s'il vous
plaît?
Association des intermédiaires en assurance de
personnes du Québec
M. Desrochers (Rénald): Merci, M. le Président. Mon
nom est Rénald Desrochers, président de l'Association. Je suis
accompagné de Mme Michèle Barbier, vice-présidente
à l'éduca- tion, et de M. Serge Alary, trésorier.
Le Président (M. Williams): Bonjour. Je vous rappelle
maintenant les règles de l'audition. Vingt minutes seront d'abord
consacrées à l'exposé de votre mémoire.
Après ça, nous allons avoir une période de 40 minutes
divisée en 20 minutes pour chaque côté pour un
échange entre les membres de la commission. Sans plus tarder, nous vous
écoutons.
M. Desrochers: Très bien, merci. Alors, M. le
Président, Mme la ministre, MM. les députés, le
décloisonnement des institutions financières et des
intermédiaires de marché est présentement sur la voie de
sa pleine et entière concrétisation, comme en témoigne
d'ailleurs fort bien le document de consultation sur le courtage immobilier.
Après le décloisonnement des institutions financières, des
intermédiaires en assurance de personnes et en assurance de dommages,
c'est maintenant au tour des agents et des courtiers immobiliers de vivre
d'importants changements. C'est là la suite logique des choses que l'on
souhaite voir arriver à bon port, et nous tenons à
féliciter tous les intervenants au dossier pour le travail qu'ils ont
accompli dans ce domaine.
La ministre ainsi que le ministère chargé de la
réforme des institutions financières sont loin d'être en
vacances. Nous avons récemment eu le loisir de discuter du rapport
quinquennal sur les assurances et nous avons aujourd'hui le plaisir
d'étudier le document de consultation sur le courtage immobilier.
Suivront ensuite le dépôt de la réglementation concernant
les conseils d'auto-réglementation créés en vertu de la
Loi sur les intermédiaires de marché ainsi que les discussions
qui entourent ces questions. Enfin, comme H se doit, une loi ou des
modifications à certaines lois viendront vraisemblablement encadrer le
tout au cours de l'hiver pour une adoption finale au printemps ou
l'été prochain.
Pour celles et ceux qui croiraient qu'il ne se passe pas grand-chose au
sein du marché financier, nous avons aujourd'hui la preuve du contraire.
Le marché financier du Québec est en pleine restructuration. Nous
vivons présentement des changements historiques qui ont pour objet de
modifier considérablement les règles du jeu du marché
financier. Les institutions financières sont présentement
soumises à de nouvelles règles, tout comme les
intermédiaires de marché. Ces règles auront graduellement
des effets concrets sur les relations qui se tissent entre les institutions
financières, les intermédiaires et les consommateurs.
Considérant leur impact, nous pensons que les consommateurs devraient
être davantage présents dans les débats et
redéfinitions actuelles, car, en bout de ligne, ce sont eux qui auront
à vivre ces changements. Une campagne d'information devrait sans nul
doute être élaborée pour indiquer aux consommateurs les
droits qu'ils auront acquis au cours de ces
réformes. Une campagne d'information similaire à celle qui
fut orchestrée autour de la loi 146 permettrait aux consommateurs
d'être plus aguerris face aux nouvelles réalités du
marché financier. C'est là du moins un souhait que nous formulons
et pour lequel nous sommes disposés à collaborer.
Ceci dit, nous aimerions maintenant entrer dans le coeur du sujet pour
lequel nous sommes ici aujourd'hui. Il peut paraître étrange pour
certains de nous voir intervenir dans les discussions entourant les
réformes au sein du courtage immobilier. Il s'agit en effet d'un milieu
assez différent du nôtre mais en même temps assez similaire,
différent dans le sens où le type de produit transigé
n'est pas le même tout comme son mode d'intermédiation, similaire
toutefois parce qu'il répond à des normes de qualification et
d'encadrement qui se ressemblent à plusieurs égards.
Sans vouloir intervenir dans une mécanique qui sied sans doute
mieux aux principaux intervenants concernés, l'Association des
intermédiaires en assurance de personnes du Québec estime
néanmoins qu'il est de son devoir et de sa responsabilité
d'apporter son point de vue aux éléments qui pourraient, d'une
façon ou d'une autre, impliquer nos intermédiaires de
marché ou, à tout le moins, créer des
précédents qui pourraient avoir des impacts sur eux dans
l'avenir.
Comme nous ne voulons pas nous immiscer dans la mécanique d'une
discussion qui concerne plus particulièrement le milieu du courtage
immobilier, nous limiterons nos interventions aux points du document de
consultation, qui nous concernent plus spécifiquement, à savoir
le cumul des permis, le partage des commissions, les cabinets multidiscipl
inaires et les catégories de permis. Nous ferons toutefois une petite
brèche à cette liste en abordant d'emblée la structure et
le partage des pouvoirs proposés entre l'organisme
d'autoréglementation et les chambres d'immeuble.
Mme Barbier (Michèle): A la lecture du document de
consultation, on remarque que les orientations proposées en
matière d'organisme d'autoréglementation sont passablement
différentes de la réalité des organismes
d'autoréglementation créés par la Loi sur les
intermédiaires de marché. Les pouvoirs de l'organisme
d'autoréglementation proposés dans le présent document
suggèrent des responsabilités considérables.
L'organisme d'autoréglementation qui est
privilégié, en page 15 du document, aura des pouvoirs
étendus. Il aura, entre autres, la responsabilité de
légiférer sur le fonctionnement de l'organisme
d'autoréglementation, les modalités de formation et
d'évaluation des requérants des diverses catégories de
permis, les conditions et les restrictions afférentes à chaque
catégorie de permis, les modalités de délivrance, de
suspension ou d'annulation d'un permis de courtier ou d'agent, les titres que
peut utiliser un courtier ou un agent, la publicité, la nature et la
forme des livres et des registres qu'un courtier devrait tenir selon la
catégorie de permis dont il est titulaire, la forme et le contenu
minimum des contrats et des formules utilisées par les courtiers et
agents d'immeubles, la déontologie, les procédures d'inspection
professionnelle, la discipline, la gestion du compte en fidéicommis, la
procédure de conciliation et d'arbitrage, les cas et conditions pour
lesquels un contrat d'assurance sera exigé.
Cet organisme aura aussi la responsabilité d'établir les
programmes de formation des agents et courtiers immobiliers. Il sera
doté d'un comité de discipline, qui aura pour mandat de disposer
de toutes plaintes contre un agent ou courtier. Contrairement à la Loi
sur les intermédiaires de marché, qui ne confère aucune
responsabilité disciplinaire au conseil des assurances de personnes, au
conseil des assurances de dommages ou à l'Institut
québécois de planification financière, on remarquera que
les orientations préconisées dans le document vont plutôt
dans le sens de créer un organisme d'autoréglementation quelque
peu différent pour les agents et courtiers d'immeubles.
En ce qui nous concerne, et après en avoir discuté avec
des représentants de l'Association de l'immeuble du Québec, nous
constatons qu'il s'agit d'un modèle désiré par les
intervenants du milieu et qu'il répond à des besoins
spécifiques. Nous nous expliquons cette différence de structure
par les caractéristiques du marché immobilier et par l'acte de
courtage, qui s'effectue entre deux consommateurs plutôt qu'entre un
producteur de services financiers et un consommateur, comme c'est le cas pour
les intermédiaires en assurance de personnes.
Dans cette optique, il est sans aucun doute pertinent que l'organisme
d'autoréglementation soit plus centralisé et qu'il
détienne tous les pouvoirs en conséquence. Si tel est le cas, il
importe donc que cet organisme d'autoréglementation soit une association
de membres, comme le suggère d'ailleurs le document.
Comme les chambres d'immeuble ont un rôle et des fonctions
commerciales spécifiques au marché immobilier, nous croyons qu'il
est sage de les séparer de l'organisme d'autoréglementation
puisque, de toute façon, leurs membres devront également
être membres de l'organisme d'autoréglementation. Par ailleurs,
nous pensons que le gouvernement ne devrait pas se garder d'autres pouvoirs que
ceux de surveillance générale de l'application de la loi et de
l'organisme d'autoréglementation. À quoi servirait que le
gouvernement se garde des pouvoirs d'enquête, de suspension, de
révocation de permis, de contrôle et de solvabilité des
courtiers et d'enquête sur des non-détenteurs de permis? Pourquoi
devrait-on, à cet égard, créer une duplication
d'organisation et mêler les inter-
venants et le public?
Nous croyons que le nouvel organisme d'autoréglementation devrait
pouvoir assumer ces rôles qui sont parfaitement complémentaires et
nous ne voyons pas pourquoi il faudrait créer une structure qui
chapeauterait le tout.
M. Alary (Serge): Passons maintenant au cumul de permis qui est,
de tout évidence, la grande innovation du décloisonnement des
intermédiaires de marché. Avec les années et la
multiplication des produits financiers, nous avons cru nécessaire de
permettre à une même personne de cumuler plusieurs permis de
pratique. Notre voeu semble vouloir se concrétiser. Cependant, nous
croyons qu'il faut éviter de faire une interprétation abusive du
cumul de permis. En fonction d'une certaine similitude de produits financiers,
nous croyons que le cumul de permis répondra à des besoins
réels. Toutefois, compte tenu de la spécificité des
milieux financiers, nous rejetons le concept de l'homme ou de la
femme-orchestre qui, bardé de différents permis de pratique
professionnelle, aurait la prétention d'être compétent en
tout. Nous préférons de loin encore, dans le milieu financier, le
bon spécialiste au mauvais généraliste.
Le document de consultation qui nous est présenté ouvre la
porte à la possibilité pour les courtiers et les agents
d'immeubles de cumuler d'autres permis de pratique visés par la Loi sur
les intermédiaires de marché. À cet effet, nous nous
interrogeons aussi sur la possibilité qu'auront les agents d'immeubles
de s'associer avec d'autres intermédiaires de marché dans le
cadre de cabinets multidisciplinaires. À cet égard, il ne nous
apparaît pas souhaitable pour la protection du public ni
intéressant pour nos sociétaires qu'un titulaire de permis de
courtier ou d'agent d'immeubles puisse aussi cumuler un certificat
d'intermédiaire de marché en assurance de personnes, ni l'inverse
d'ailleurs. Cependant, nous croyons opportun que nos sociétaires
puissent placer des prêts hypothécaires, tel que l'annonce
l'article 14 de la Loi sur les intermédiaires de marché. A ce
titre, la Loi sur le courtage immobilier devrait être
modifiée.
Pour les cabinets multidisciplinaires, maintenant. Un des pendants du
cumul de permis concerne évidemment la possibilité qu'auront les
intermédiaires de marché de différents milieux de se
rassembler au sein de cabinets multidisciplinaires. Même si certaines
expérience dans le domaine n'ont pas été très
probantes - que l'on pense entre autres au Carrefour financier de La
Laurentienne, à Montréal - il s'agit d'un modèle de
fonctionnement envers lequel nous sommes assez favorables. Nous ne sommes pas
contre la présence de courtiers et d'agents immeubles à
l'intérieur de cabinets multidisciplinaires, tel que le définit
la Loi sur les intermédiaires de marché. Même s'il s'agit
d'intermédiaires dont le milieu d'intervention est fort différent
de celui des intermédiaires en assurance de personnes ou autres, nous
croyons qu'ils pourraient faire bon ménage ensemble. Les consommateurs,
même s'ils ne sont pas encore tellement habitués à ce genre
de centre financier, pourraient peut-être trouver avantageux de pouvoir
prendre conseil et magasiner leurs produits financiers dans un seul et
même lieu. Il s'agit d'une formule nouvelle, voire même
avant-gardiste, qui mériterait toutefois d'être bien
analysée sur la base de projets pilotes dans certaines régions du
Québec. Nous croyons cependant que la promotion ou l'existence de telles
formules devraient reposer sur un encadrement législatif et
réglementaire approprié. En tant qu'Association chargée de
veiller à la protection des intérêts du public via le
maintien de la discipline et de l'inspection professionnelle de nos
sociétaires, nous croyons que les cabinets multidisciplinaires devraient
être soumis à une réglementation précise pour ce qui
est des dossiers de chacun des types d'intermédiaires. Les fonctions de
chacun des types d'intermédiaires auraient avantage à être
bien encadrées, de façon à permettre à chacun des
organismes chargés de la discipline et de l'inspection professionnelle
de pouvoir bien faire leur travail. La réglementation pourrait, par
exemple, prévoir que les dossiers des Intermédiaires soient
distincts physiquement et disposés dans des lieux propres à
chacun.
Une autre des orientations du document de consultation a trait au
partage des commissions. Les signataires du document posent d'ailleurs la
question suivante, en page 19. Le partage des commissions devrait-il être
limité aux détenteurs de permis ou devrait-il être
autorisé avec d'autres intermédiaires de marché ou
d'autres personnes habilitées à agir comme courtier sans avoir
à détenir de permis, tels les avocats ou les notaires? Nous
pensons d'abord qu'il importe de définir ce qu'on entend par partage de
commissions. S'agit-il de partager une commission avec un autre
intermédiaire qui a participé dans l'acte de courtage ou de
donner un pourcentage de commission à titre de commission de
référence? Il nous apparaît nécessaire de faire une
distinction entre les deux. La commission de référence nous
apparaît être une pratique commerciale qui doit être
réglementée, car, sinon, elle risque de créer une
intermédiation supplémentaire souvent inutile et parfois faite
par des personnes non qualifiées. Nous voyons d'ailleurs d'un bon oeil
que ces éventualités soient envisagées entre les
intermédiaires de marché, les notaires et même les avocats,
même si ces deux dernières catégories sont
rémunérées à honoraires. La
complémentarité souvent évidente des rôles de chacun
nécessite que l'on trouve une formule équitable de partage entre
les corps professionnels. Tout comme le prévoient les dispositions de la
Loi sur les intermédiaires de marché (LQ. 1989, chapitre 48) le
partage de commissions devrait être divulgué au client et
consigné dans un registre
prévu à cet effet.
M. Desrochers: Catégorie de permis maintenant. Le document
de consultation suggère, à la page 21, la création de
catégories distinctes de permis, avec des exigences spécifiques
à chacun. Considérant le marché immobilier et ses
spécificités, nous considérons fort opportune la
création de catégories distinctes de permis avec des exigences
spécifiques à chacune, assurant ainsi le niveau de
compétence et la protection du public, sans pour autant être trop
contraignantes. Nous sommes d'ailleurs à évaluer cette
orientation en matière d'assurance de personnes et estimons que tout
précédent dans ce domaine pourrait être fort heureux. Dans
le même sens, nous croyons que la piste de rélexion
suggérée dans le document quant à la distinction
courtier-agent, est aussi intéressante dans la mesure où elle
prévoit que le courtier doit détenir des qualifications
spécifiques. L'idée que le courtier détient des
qualifications ou une formation plus poussée que celle de l'agent
pourrait aussi s'appliquer dans le domaine de l'assurance de personnes.
Même si nous sommes conscients que le rôle d'un courtier en
immobilier est différent de celui en assurance de personnes, nous
croyons que ce principe pourrait aussi être retenu pour notre milieu.
Étant donné que le consommateur a l'impression que le courtier
est invariablement plus compétent que l'agent, ne serait-il pas opportun
de prévoir des exigences supplémentaires pouvant confirmer, dans
les faits, cette impression? Même s'il est vrai que le courtier a la
possibilité d'offrir des produits financiers plus variés et
à des coûts parfois plus compétitifs, il nous faut
constater, dans le domaine de l'assurance de personnes, que la
différence entre agent et courtier est plutôt ténue, et que
l'agent a aussi l'opportunité d'offrir des produits d'autres compagnies
lorsque sa propre compagnie ne les offre pas. En effet, les études que
nous avons réalisées démontrent, hors de tout doute, qu'en
moyenne un courtier place rarement ses affaires avec plus de cinq compagnies,
et la plupart du temps, une bonne partie de ses affaires avec une seule et
même compagnie. C'est surtout le quantum de sa rémunération
qui diffère. Par conséquent, tout effort du conseil des
assurances de personnes qui viserait à mieux définir le titre
d'agent et de courtier en assurance de personnes, ainsi qu'à permettre
l'utilisation de l'un ou l'autre des titres à partir de
compétences et de qualifications précises, ne pourrait
qu'être applaudi par notre Association.
Le document de consultation sur le courtage immobilier annonce le
dépôt éventuel d'une loi, et d'une réglementation
qui viendront encadrer les agents et courtiers immobiliers. L'Association des
intermédiaires en assurance de personnes du Québec accueille
favorablement l'ensemble des orientations du document. Nous constatons
toutefois que certaines de ces orientations pourraient avoir des incidences sur
la législation qui encadre les intermédiaires en assurance de
personnes, qu'il s'agisse du cumul de permis du partage des commissions ou de
la formation de cabinets multidisciplinaires. Nous retenons aussi que
l'orientation préconisée en matière des catégories
de permis pourrait créer d'heureux précédents, dans la
mesure où elle serait retenue pour les agents et courtiers immobiliers.
Nous souhaiterions également qu'elle puisse avoir son pendant dans le
domaine de l'assurance de personnes, et que le titre de courtier en assurance
de personnes ne puisse être utilisé qu'à la suite d'une
formation et d'un encadrement reconnus à cet effet.
En guise de conclusion, nous aimerions recommander au gouvernement qu'il
considère les éléments suivants, dans l'articulation de sa
législation finale encadrant les intermédiaires de marché
au Québec: que de façon générale, le gouvernement
favorise l'harmonisation des structures administratives lorsque l'organisme
d'auto-réglementaion ou l'association professionnelle concernée
détient les ressources nécessaires pour assumer des
responsabilités administratives ou autres; que le cumul de permis puisse
être autorisé dans le cadre spécifique d'offre de produits
ou de services similaires à un même champ d'activité
professionnelle. À ce titre que les intermédiaires en assurances
de personnes puissent placer des prêts hypothécaires tel que
l'annonce l'article 14 de la Loi sur les intermédiaires de
marché; que la création de cabinets multidisciplinaires repose
sur un encadrement législatif et réglementaire, permettant de
faciliter le rôle des organismes chargés de la protection des
intérêts du public. À cet effet, que fa
réglementation prévoie, entre autres, que les dossiers des
intermédiaires soient distincts physiquement et disposés dans des
lieux propres à chacun; que les concepts de partage de commissions et de
commissions de référence soit clairement défini, tout
comme les modalités de versement qui s'y rattachent; que des mesures
soient envisagées pour faciliter le partage des commissions ou des
honoraires entre intermédiaires de marché, notaires et avocats,
et, advenant de telles pratiques, qu'elles soient obligatoirement
divulguées aux clients et consignées dans un registre
prévu à cette fin.
Au moment où Mme la ministre s'apprête à
déposer une série de réformes à la Loi sur les
assurances, à compléter la Loi sur les intermédiaires de
marché et à faire adopter la réglementation qui en
découle, nous croyons important que tout ce processus se fasse dans un
souci d'économie de coûts des structures administratives qui sont
créées par la loi. Nous pensons qu'il serait malheureux que des
structures administratives se chevauchent et viennent compliquer encore
davantage l'équilibre fragile des pouvoirs des organismes
d'autoréglementation et des associations professionnelles.
Les consommateurs ont déjà beaucoup de mal à se
retrouver dans les dédales administratifs des différentes lois
qui les régissent. Nous croyons donc qu'il faut simplifier le plus
possible à la fois les structures et les mécanismes de recours.
Comme nous avons eu l'occasion de le souligner au début de notre
présentation, nous croyons que Mme la ministre devrait aussi envisager
une campagne d'information destinée au consommateur afin qu'il puisse
mieux connaître l'objet de la réforme législative suite au
décloisonnement des institutions financières et des
Intermédiaires de marché. Le rôle des organismes qui ont la
responsabilité de protéger les intérêts du public
devrait, à notre avis, être connu des principaux concernés,
tout comme les changements qu'apportera la loi en matière de cumul de
permis, de partage de commissions ou de catégories de permis. C'est du
moins un souhait que nous formulons et pour lequel nous sommes disposés
à collaborer. En terminant, nous aimerions vous remercier d'avoir pu
contribuer à cette réflexion, et espérons que nos
commentaires ont pu aider à l'avancement des travaux de cette
commission. (17 heures)
Le Président (M. Williams): Merci beaucoup pour votre
mémoire. Maintenant, je passe la parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Merci beaucoup,
bienvenue à cette consultation, mesdames et messieurs. Vous faites
mention dès le début de votre mémoire, au chapitre 1,
à la page 4, des différences importantes entre les organismes
d'autoréglementation créés par la loi 134 et celui
créé par ce document de consultation. Vous dites qu'il y a des
responsabilités considérables qui sont dévolues à
cet organisme d'autoréglementation. Voyez-vous un danger à ce
qu'on n'ait pas en tête de créer deux structures telles qu'elles
ont été créées dans la Loi sur les
intermédiaires de marché, le conseil plus un organisme, une
association? Est-ce qu'il y a des avantages à avoir ces deux
structures-là, contrairement à une seule structure, ici?
M. Desrochers: Vous savez, Mme la ministre, il est difficile pour
nous, comme Association, de répondre à cette question-là,
du fait qu'on ne la vit pas encore présentement dans son ensemble. On
est encore aux premiers balbutiements de toutes ces choses-là, et on
est, comme vous le savez, à l'étape de la réglementation.
Bon, il y a quelques petits tiraillements, mais je pense que ça va bien,
puis, dans les prochaines semaines, tout devrait bien aller de ce
côté-là. Évidemment, la seule chose qu'on souligne
ici, c'est la différence qui existe, puis on se posait un petit peu la
question du pourquoi de cette différence-là. C'est un peu comme
si, au lieu de créer le conseil des assurances de personnes, qui est le
milieu qui nous touche le plus, on avait confié à l'Association
provinciale des assureurs-vie de l'époque les pouvoirs que vous accordez
présentement. Alors c'est simplement pour souligner ce qu'on a
remarqué. Maintenant, est-ce qu'it y a un danger à escamoter un
conseil des courtiers d'immeubles, si je peux dire? Vous avez
préféré accorder des pouvoirs additionnels à
l'organisme qui était déjà en place. On souligne aussi
dans le même document, vous l'avez sans doute remarqué, que le
travail est vraiment différent et qu'il y a un intermédiaire de
moins dans tout ça. On parle de transactions entre consommateurs, avec
un médiateur, si je peux utiliser ce terme-là, qu'est le
courtier, alors que dans notre exercice, on a aussi un producteur de produits
qui est intervenant, ce qui justifie probablement la création des
conseils dans l'esprit du gouvernement, à l'époque où
ça avait été réfléchi.
Mme Robic: Je voudrais vous faire remarquer qu'on n'a pas encore
donné l'organisme d'autoréglementation à l'association qui
existe déjà, là. Vous présumez des choses, en ce
moment. Si vous, sans y voir un danger, vous voyez une différence
fondamentale dans l'orientation de la loi 134 et celle que l'on suggère
dans notre document de consultation, et tout est au niveau de la consultation,
vous nous dites d'un autre côté: II faudrait que le gouvernement
agisse tout simplement, ait un rôle de surveillance. S'il y a encore des
inconnues dans la création des organismes d'autoréglementation,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de croire que le gouvernement devrait se
garder un rôle plus important, plutôt que de laisser tout à
l'organisme d'autoréglementation, plutôt que de créer un
conseil et une association, de se garder un rôle plus important à
ce niveau-ci, puisqu'on ne parle que de créer un seul organisme
d'autoréglementation?
M. Desrochers: C'est sans doute sage. Notre intervention ici, si
vous faites référence particulièrement à la
question des comités de surveillance pour les détenteurs de
permis, on pensait ici surtout à ceux qui ne feront pas partie de cette
association-là, O.K., ou qui ne possèdent pas de permis, qui
continueraient une pratique, par exemple. C'est un exemple qu'on pourrait
soulever. Alors, n'étant pas soumis à la réglementation de
l'organisme, n'en faisant pas partie, bien, il faut bien que quelqu'un s'en
occupe. On souligne simplement le fait ici qu'il serait peut-être
pertinent de laisser l'organisme qui est déjà tout près de
ce milieu-là, de recevoir et de vérifier l'état de fait de
la personne en question. C'est un exemple que je donne. Ce pourrait être
autre chose, là. On vit le même problème en assurances.
À l'époque ou les gens n'étaient pas obligatoirement
membres de notre association, ou même actuellement, une personne qui
continuerait de pratiquer, bien, on reçoit l'appel de la plainte chez
nous, mais on l'achemine au bureau de
l'inspecteur. Alors, ça nous apparaîtrait naturel, c'est
ça qu'on soulève un peu ici, que ce soit l'organisme en question
qui s'occupe aussi de ce genre de traitement-là. Seulement dans ce
sens-là.
Mme Robic: Est-ce que vous croyez qu'on devrait avoir une
structure distincte pour traiter de l'autodiscipline? Est-ce que ça doit
être intégré à l'organisme
d'autoréglementation ou est-ce que ça doit être une
structure séparée?
M. Desrochers: Vous pensez à la déontologie?
Mme Robic: Oui.
M. Desrochers: Bon, à la surveillance et au comité
de discipline et ainsi de suite?
Mme Robic: C'est ça.
M. Desrochers: Oui, on serait plutôt favorables à ce
que ça fasse partie du même organisme.
Mme Robic: Et vous nous dites que, si on reconnaît cet
organisme comme un organisme d'autoréglementation, ce devrait être
une association de membres. Moi, j'aimerais vous entendre un peu parler sur la
composition d'un conseil d'administration de ce genre d'organisme-là.
Est-ce que vous ne voyez pas la pertinence d'avoir comme membre au niveau de ce
conseil d'administration quelqu'un du gouvernement, par exemple, ou un
représentant du consommateur?
M. Desrochers: Bien sûr, Mme la ministre, que ces
choses-là ne sont pas exclues. Quand on parle d'organisme de membres, on
pense surtout à l'espèce d'obligation qui existe, comme chez
nous, de faire partie de l'organisme. Alors, de ce fait, les gens peuvent se
nommer par eux-mêmes, ou s'élire des gens qui vont être, en
tout cas, connus de leur milieu. C'est plus facile, peut-être,
d'administrer ce genre d'organisme-là, quand les gens élus sont
projetés vers le haut par la base, si je peux m'exprimer ainsi.
Maintenant, ça n'exclut pas les intentions du gouvernement. Et ça
n'exclut pas, non plus, la surveillance, l'espèce de grand chapeau qui
regarde ça aller. Maintenant, on pense que les gens devraient, d'une
part, être élus par leurs membres. Par contre, vous soulevez un
point très intéressant, en ce qui concerne le consommateur. Bien
sûr que c'est important, dans ce genre d'organisation-là, qu'il y
ait un consommateur de présent ou un représentant de
consommateurs, à tout le moins. Simplement, à titre de
suggestion, que cette personne-là qui représente les
consommateurs fasse partie, à tout le moins, d'un organisme de
consommateurs bien structuré. Parco quo, souvent, cos
organismes-là font des études, ont fait des recherches, ont fait
des sondages auprès des consommateurs, ont recueilli beaucoup
d'informations sur que ce soit l'immobilier, dans le cas qui nous occupe ici,
ou l'assurance, et ils sont en mesure, sur place, de commenter des
décisions qui sont en train de se prendre, là, à la
lumière des informations qu'ils détiennent, par la base, eux
autres, à partir de sondages ou d'autre façon. Alors, ça
nous apparaît très important qu'un consommateur siège sur
un organisme qui est supposé le représenter ou le
protéger, pour entendre sur place ce qui s'y passe. Dans le courtage
immobilier comme chez nous, d'ailleurs.
Mme Robic: Mais un consommateur averti.
M. Desrochers: Absolument, à tout le moins au courant de
ce qui se passe, parce que souvent, et je ne veux pas dire ça de
façon péjorative, mais quand quelqu'un est nommé, bon, il
peut être nommé là à titre de consommateur ou
représentant des consommateurs, mais c'est facile de trouver un
consommateur. Tout le monde est un consommateur. Moi, je pourrais siéger
au nouvel organisme d'autoréglementation de l'immeuble, comme
consommateur, malgré que je siège de l'autre côté
comme président d'une autre association. Je suis aussi un consommateur
d'immeuble, bien sûr. Mais je vous dis franchement que, comme individu,
l'immeuble et les besoins de ce marché-là, ce n'est
peut-être pas un aspect dont je suis très très au courant.
Alors que les organismes de protection de consommateurs, souvent, ont fait ce
genre d'enquête-là, et puis ils sont plus en mesure, avec des
choses, des sondages, ou peu importe, de conscientiser les gens sur certaines
réalités des consommateurs.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. Desrochers. Merci, Mme
la ministre. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, bonjour. M. Desrochers:
Bonjour.
M. Léonard: Merci d'être venu. Je vous écoute
demander que les structures administratives soient allégées. Je
pense que tout le monde est pour ça, pour que ça coûte le
moins cher possible d'administration. Mais, je pense que, si on veut
alléger les structures administratives, il y a une responsabilité
qui doit être portée quelque part, et c'est là où la
question vient. Elle peut être portée par les professionnels qui
ont été formés ou elle peut être assurée par
des organismes qui contrôlent. Je pense que nous avons effectivement la
question devant nous: Est-ce que les courtiers en immobilier sont des
professionnels dont on doit assurer et améliorer la formation de sorte
qu'après, ils puissent s'autoréglementer eux-mêmes? Type
corporation
professionnelle, je dirais, disons des arpenteurs, des
ingénieurs, et on peut en nommer plusieurs, ou des évaluateurs
professionnels. Il faut voir que le corollaire de tout ça, c'est la
formation. SI on veut décentraliser les contrôles, il faut
s'assurer que les personnes qui vont exercer la profession soient en mesure
d'assurer un service correct envers le public. Est-ce que vous, vous seriez
plutôt de l'option qu'il faut vraiment rehausser la formation des
courtiers en immobilier, mais vraiment de façon sérieuse et
significative, ou bien si on doit regarder, effectivement, ce qui se passe
à l'heure actuelle? Ce sont des gens qui ont un cégep - et je ne
fais pas de procès envers qui que ce soit - mais qui exercent une
fonction du type vendeurs mais vendeurs quand môme conscients de leurs
responsabilités, mais qui en restent à ce niveau, et s'il y a un
organisme de contrôle de l'État qui les suit très
attentivement. Quelle est votre option?
M. Desrochers: Alors, vous posez une question très
intéressante qui se reflète particulièrement aussi dans
notre industrie. Alors, c'est facile pour moi d'y aller dans ce sens-là.
Vous savez, on ne pourra jamais éliminer, je pense, dans aucune
profession où il y a un aspect vendeur, la disparité des
individus. Il y aura toujours le grand superprofessionnel et il y aura toujours
le vendeur.
M. Léonard: II y a de bons avocats et il y en a de moins
bons, pour dire le moins.
M. Desrochers: Alors, voilà. Je pense que c'est la
même chose chez les vendeurs de bas de nylon, dans l'assurance-vie et
aussi dans le courtage immobilier. Je pense que ce qui est important au niveau
de l'organisme qui s'occupera de réglementer tout ça, à
mon avis, pour bien informer le public, c'est au niveau de la définition
ou de l'autorisation de porter un titre plutôt qu'un autre, de
façon à ce que le consommateur puisse savoir à qui il
s'adresse. Parce qu'il faut bien commencer quelque part, là. Quelqu'un
qui est dans l'industrie depuis six mois, peut-être que ce n'est pas le
meilleur argument de vente qu'il pourrait dire à son client qu'il
débute, là, à côté d'un de ses
confrères qui a 20 ans d'expérience. Par contre, au niveau de
l'éducation ou de la formation permanente ou des obligations à
passer certains tests ou cours de formation, peu importe, pour pouvoir porter
un titre... On parle ici des courtiers. On sait que la connotation de courtier
sonne bien dans les oreilles du consommateur. En parlant, c'est bien mieux
qu'un agent, un courtier, vous savez. Alors, moi, j'aimerais qu'on
définisse dans la loi ou dans les règlements - je laisse aux
avocats le soin de définir où ça peut aller - en tout cas,
une réglementation quelconque qui permette au client de constater
à qui il a affaire sans nécessairement croire sur parole.
Par exemple, quelqu'un ne pourrait pas s'appeler courtier tant qu'il n'a
pas suivi telle série de cours offerts par l'immeuble - excusez si je ne
suis pas très au courant de ces cours-là comme tels, mais il doit
en exister - ou tant d'années d'expérience, ou je ne sais pas
trop quoi. Dans l'assurance, on a des espèces d'exemples qu'on a soumis
déjà et qu'on souhaite voir adopter par le conseil des assurances
sur la réglementation de nos titres à nous. Mais, effectivement,
je vois d'un bon oeil la formation permanente. Jusqu'où on peut aller
dans l'obligation, maintenant? Ça, c'est un autre problème.
Maintenant, c'est bien certain qu'on ne peut pas être défavorables
à ce que vous dites quand on parle de la formation la plus
élevée possible.
M. Léonard: Je voudrais poser une question peut-être
sacrilège. Est-ce que vous exigeriez la formation universitaire pour les
courtiers et cégep pour les agents, par exemple? (17 h 15)
M. Desrochers: Si ça exprimait bien ce que je voudrais
dire, mais ça prendrait une étude beaucoup plus sérieuse
que celle qu'on est en train de faire, je pense, pour...
M. Léonard: Allons! On discute entre nous. On...
M. Desrochers: ...savoir si ça prend... Et voilà,
il nous manque seulement le café là.
Des voix: Ha, ha, haï
M. Desrochers: Alors, il nous manque seulement le café
et...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Du café. Ha, ha, ha!
M. Desrochers: Du café, s'il vous plaît. On peut
jaser comme ça, effectivement, une espèce de ligne comme
ça. Chez nous, par exemple, on dit: On a des cours de formation de base
qu'on voudrait voir obligatoires pour celui qui entre dans la carrière
et on souhaite voir que le conseil des assurances réglemente dans le
sens suivant: Par exemple, quelqu'un qui n'a pas suivi le cours de niveau II,
chez nous, ne pourrait pas porter le titre, ne pourrait pas s'afficher comme
étant un courtier d'assurance-vie.
M. Léonard: Vous répondez en beaucoup de mots, mais
disons que...
M. Desrochers: Êtes-vous en train de...
M. Léonard: ...je vais conclure que vous dites que, oui,
les courtiers devraient avoir un cours universitaire et les agents un cours
niveau cégep, supposons.
M. Desrochers: C'est après ça, moi, monsieur.
Excusez-moi. L'entrée dans la carrière, c'est une chose et la
formation permanente, c'en est une autre.
M. Léonard: Ah oui! Je suis d'accord.
M. Desrochers: À mon avis, on ne peut pas apprendre
à être vendeur dans une université, vous savez. Par contre,
si on n'est pas un petit peu vendeur dans l'immeuble ou dans l'assurance, on ne
peut pas penser à réussir dans cette carrière-là,
aussi instruits puissions-nous être.
M. Léonard: Mais là, vous faites un peu
référence à la capacité de faire pression sur le
client. Ce n'est pas...
M. Desrochers: Mais non. Il ne faut pas prendre ça
caricaturalement, cher monsieur. Mais vous savez, quand on veut faire passer
des idées, ça prend un minimum de talent de vendeur. Il y a des
avocats qui sont très compétents mais qui ne pourraient jamais
aller faire une plaidoirie en cour devant un jury.
M. Léonard: Oui, fort bien.
M. Desrochers: II y a des gens très compétents
qui...
M. Léonard: Revenons à la question. C'est que, si
on poursuivait dans cette veine - je ne dis pas que c'en est une bonne, mais
supposons - les courtiers auraient un cours universitaire. Est-ce qu'à
ce moment-là, vous seriez d'accord pour qu'ils relèvent de
l'Office des professions, alors que les autres, les agents, pourraient
être réglementés dans le cadre des intermédiaires de
marché, par exemple?
M. Desrochers: Vous savez, mon cher monsieur, je suis très
mal placé pour répondre à ce genre de question-là.
Je suis trop loin du milieu. Je ne connais pas les implications.
M. Léonard: Vous connaissez l'assurance. C'est un peu la
même chose.
M. Desrochers: L'assurance, je peux vous en parler très
longtemps de l'assurance simplement dans le sens que je viens de vous dire.
C'est que pour entrer dans la carrière, c'est une chose et pour avoir
droit de porter des titres et se prétendre être planificateur
financier ou assureur-vie agréé, c'est une autre chose. C'est des
cours de l'industrie. Ce sont des compétences qui doivent venir de
l'intérieur. Alors, ce n'est pas le diplôme universitaire qui peut
faire le bon courtier d'immeubles.
M. Léonard: Oui, mais là, on va discuter sur la
formation de base et la formation complémen- taire ou...
M. Desrochers: Oui.
M. Léonard: ...sur la formation continue.
M. Desrochers: Oui.
M. Léonard: C'est deux choses différentes. À
mon sens, c'est un fait que quelqu'un qui a une formation de base, ce n'est pas
suffisant pour continuer durant 40 ans sur la même ligne.
M. Desrochers: Absolument.
M. Léonard: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Il faut, à un moment donné, qu'il se ressource, qu'il
revienne.
M. Desrochers: Absolument.
M. Léonard: Et là, on parle de la formation
continue après une bonne formation de base.
M. Desrochers: Oui.
M. Léonard: Je pense qu'au stade où on en est, on
parle de la formation de base là où on va chercher un titre.
M. Desrochers: Oui.
M. Léonard: C'est la même chose dans tous les ordres
professionnels. Un avocat qui ne regarde plus les lois qui sont adoptées
après qu'il a fait son droit, je pense que ça ne sera pas bien
long qu'il va être cuit à moins que... Bon. Alors, c'est un peu la
même chose. Est-ce que je vais trop loin en proposant des choses comme
ça? Ce n'est pas...
M. Desrochers: Moi, si je fais référence à
chez nous, nous aimons, nous suggérons, nous souhaitons que le DEC soit
la formation minimum pour pouvoir entrer dans l'assurance.
M. Léonard: Bon, O.K.
M. Desrochers: Je ne sais pas si je peux répondre à
votre question par la bande de cette façon-là.
M. Léonard: Oui, oui, je vais poursuivre.
Généralement, les professions qui ont la responsabilité de
définir et d'appliquer un code de déontologie ont une formation
universitaire, généralement. Je me demande jusqu'à quel
point nous pourrions pousser dans le sens de l'autoré-glementation si
les exigences de la formation ne sont pas non plus relevées.
M. Desrochers: La solution ne serait pas à ce
moment-là avec l'espèce de comité de dis-
cipline qu'on a chez nous où il y a des gens qui sont des
avocats, qui s'occupent de suivre le dossier, de tout ce qui touche la
réglementation, les virgules de la chose. Mais il y a aussi des
assureurs-vie...
M. Léonard: Mais là, ce n'est plus de
l'autoréglementation. Là, c'est vraiment de la
réglementation administrative imposée par un organisme de
surveillance.
M. Desrochers: Mais il est interne.
M. Léonard: C'est une façon... C'est une chose qui
se fait là.
M. Desrochers: C'est ça. Mais il est interne quand
même. Le comité de discipline fait partie de l'Association. Vous
savez, le ministre nomme le président du comité de discipline. Et
après ça, tout ça en découle. Mais l'Association
entoure tout ça et met tout ça dans la ouate finalement
là. Quand les plaintes arrivent chez nous, il y a le comité de
surveillance. C'est tout filtré. Finalement, ça arrive au grand
juge. Alors, ça peut être la même chose en immeuble. En tout
cas. Ça ne m'apparaît pas si compliqué que ce soit la
même chose.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Farrah): Ça va. Alors, merci, M.
le député de Labelle. Mme la ministre, est-ce que vous avez
d'autres commentaires ou questions?
Mme Robic: Oui, M. le Président. Je vous remercie
beaucoup. C'est intéressant quand vous parlez de cabinet
multidisciplinaire. En premier lieu, vous vous interrogez sur la
possibilité qu'auront les agents d'immeubles de s'associer à un
cabinet multidisciplinaire. Et ensuite à la page 9, vous nous dites: On
est avant-gardistes, et ça mériterait peut-être de mettre
en place des projets pilotes. Vous me surprenez un peu là et j'aimerais
ça que vous élaboriez sur tout le concept du cabinet
multidisciplinaire.
M. Alary: Moi, je peux vous dire que, quand on parle de projet
pilote, il y a deux formes qui peuvent être peut-être
envisagées. Personnellement, je fate partie d'un groupe, sans qu'on
puisse se qualifier de projet pilote, on est un organisme qui oeuvre dans le
courtage de l'assurance de personnes. Et nous, actuellement, nous avons
commencé à nous préparer pour le décloisonnement
depuis quelques années. Alors, vous avez d'un côté les
compagnies traditionnelles ou de carrière. On a fait allusion
également dans notre texte à La Laurentienne qui avait mis sur
pied à Montréal un marché financier comptai Nous, de notre
côté, on fait des affaires avec plusieurs compagnies d'assurances
et dans divers domaines, on offre des produits d'assurance individuelle, de
l'assurance collective, de l'assurance-salaire et des produits d'épargne
garantis ou variables à travers des compagnies d'assurances ou à
travers des compagnies de fonds mutuels, parce qu'on a également une
compagnie de fonds que nous avons mise sur pied. On a dans notre immeuble un
bureau d'assurances générales avec lequel il restera à
finaliser des ententes lorsque le décloisonnement sera disponible. Et
nous avons également fait l'acquisition d'un bureau Re-Max. Alors, quand
on parie de projet pilote à mettre en place, ou à essayer de
mettre en place ou à regarder aller, c'est un peu ce genre
d'expérience là dont on parie. Il y a les compagnies d'assurances
traditionnelles qui ont commencé, Great-West également, et
également, nous. Je pense qu'avec d'autres organismes d'agents
généraux dans les assurances de personnes, on est prêts
également à remplir nos formules d'adhésion comme cabinet
multidisciplinaire. Alors, c'est...
Mme Robic: Alors, vous allez servir de modèle pour
d'autres.
M. Alary: On s'est déjà offerts.
Mme Robic: Alors, on va suivre vos activités avec beaucoup
d'intérêt. Alors, pour vous, un cabinet multidisciplinaire, tel
celui-là, ça inclut un courtier en immeubles, en immobilier.
M. Alary: C'est une transaction que l'on a faite. Maintenant, on
a remarqué également, c'est encore au point d'étude, s'il
y aura possibilité de donner des commissions de référence,
s'il y aura possibilité de faire des partages de commissions? Alors, on
pense que c'est bon d'avoir des spécialistes et non des
généralistes qui sont incompétents, alors des
spécialistes, plusieurs, qui sont regroupés sous un seul chapeau
puis avec possibilité d'avoir commissions de référence,
mais dans des contextes qui soient fort bien définis, bien
réglementés et bien surveillés également.
Mme Robic: II y aurait un problème à élargir
un cabinet multidisciplinaire non pas seulement pour inclure un courtier en
immeubles, mais d'autres types de professionnels. On en a parié. Je ne
sais pas si vous étiez ici tout à l'heure quand on en a
parié avec le groupe qui a passé avant vous. Mais un cabinet
multidisciplinaire, ça pourrait inclure un évaluateur, un
ingénieur...
M. Alary: Des notaires.
Mme Robic: Des notaires.
M. Alary: Qui se sont prononcés contre.
Mme Robic: Est-ce que vous verriez ça d'un
mauvais oeil ou faut-il que ce soit réellement des
intermédiaires financiers qui se regroupent? Est-ce qu'il y a un
problème d'élargir ça?
M. Alary: C'est ça. On doit également apporter la
notion des planificateurs financiers.
Mme Robic: Oui. M. Alary: Alors...
Mme Robic: Eux autres sont inclus dans la loi 134.
M. Alary: C'est ça. Maintenant, comme planificateurs
financiers, il pourrait y avoir notaires et avocats. Je pense que les notaires
se prononcent contre les commissions de référence et la
participation dans de tels cabinets. Il y aurait possibilité, je pense,
d'avoir des professionnels additionnels qui pourraient se joindre dans ces
organisations. On connaît même d'autres organisations à
Montréal qui ont des notaires, des avocats, qui travaillent au niveau de
la planification des particuliers ou des entreprises, par exemple, à
honoraires. Le secret ou le problème, c'est d'essayer d'avoir une
structure dans laquelle on puisse faire évoluer et respecter des normes
et un cadre bien dessiné. C'est tout un défi d'y parvenir. Mais
je pense qu'il y a quelque chose de fort intéressant à
présenter au public à ce niveau-là.
Mme Robic: Au niveau du cumul des permis, vous nous dites
d'éviter de faire une interprétation abusive du cumul des permis.
Je trouve ça intéressant. Vous n'êtes pas tout à
fait contre mais - et vous le dites très bien - vous
préférez de bons spécialistes aux mauvais
généralistes. Jusqu'à quel point on peut faire le cumul
des permis? Est-ce qu'il y a des disciplines qui se prêtent mieux
à ça? Est-ce qu'il y a des produits qui se prêtent mieux
à ça et d'autres qu'on devrait éliminer
complètement du cumul des permis?
M. Alary: Tel qu'on le mentionne, actuellement, un
intermédiaire en assurance de personnes peut également distribuer
de l'assurance générale. Il peut avoir un permis de distribution
de fonds mutuels, et on trouve intéressant de pouvoir lui donner
l'opportunité d'être courtier en hypothèque. Mais on pense
que, de là à pouvoir également avoir un permis en
immeuble, d'agent ou de courtier, là ça devient réellement
une sphère d'activité qui est différente et qui serait
trop. On est d'accord pour qu'il y ait un certain cumul, mais, tout de
même, ne pas donner accès à tous les titres sans faire une
certaine sélection.
Mme Robic: Si, demain matin, on donnait la possibilité aux
courtiers en assurances de cumu- ler un permis de prêts
hypothécaires, la demande serait importante? Est-ce qu'il y aurait
plusieurs courtiers qui pourraient être intéressés à
faire ce genre de prêts? Est-ce qu'ils se sentent lésés en
ce moment parce qu'ils ne peuvent entrer sur ce marché-là? Est-ce
qu'il y a une grosse demande?
M. Desrochers: Vous savez, les clients nous demandent ça
souvent: Est-ce que vous pouvez vous occuper de mon hypothèque? Parce
que, vous savez, quand on est avec les gens dans leur cuisine, les gens nous
parlent de tout. Peux-tu d'occuper de ça? Les hypothèques, c'est
un placement à l'envers, c'est pour ça qu'on pense que c'est
proche de notre structure. On fait des rentes. C'est presque péjoratif
ce que je dis-là, mais il y a un peu de vrai. Il existe même sur
le marché ce qu'on appelle les hypothèques inversées.
C'est donc dire que c'est très près de notre marché et de
la consultation. On parle là de placements dans certaines circonstances,
on parte de levier financier. Souvent on peut suggérer à nos
clients dans des planifications fiscales le levier financier qui implique une
transaction d'emprunt hypothécaire, souvent ou autrement, et on est
obligés de laisser notre client aux bons soins d'une autre personne
carrément étrangère au dossier. Et bon, on doit
recommencer tout le tralala. Alors que, si on pouvait le faire, si on
était autorisé par la loi à le faire, c'est un
complément naturel, à mon avis. Qu'il y ait une demande
très importante là-dedans, ce n'est pas évident, mais ce
serait simplement un peu comme les fonds mutuels, les fonds des mutuelles pour
les assureurs-vie de carrière qui détiennent un permis. J'en ai
un. Ce n'est pas un marché, pour moi, qui est extraordinaire, mais qui
m'est très utile pour compléter le dossier d'un de mes clients
qui est rendu à cette étape. Ça serait la même chose
à mon avis dans l'industrie pour les emprunts hypothécaires.
Ça permettrait de ne pas être obligé d'aller chez une autre
institution, même si elle est près de la nôtre. Il faut tout
recommencer le processus, etc.
Mme Robic: Si on vous donnait cette possibilité, vous
iriez vous qualifier parce que ça...
M. Desrochers: Absolument. Pour les prêts
hypothécaires, mais on ne va pas aussi loin que le courtier.
Mme Robic: Non, vous n'êtes pas intéressés
à vendre des maisons...
M. Desrochers: Pas du tout.
Mme Robic: M. le Président. Ça va pour moi, je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Ça me fait plaisir, Mme
la ministre. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, je vais revenir sur la question des
cabinets multidisciplinaires. Il y a beaucoup d'assureurs qui ont
développé des cabinets multidisciplinaires. Vous avez des
cabinets de courtage d'assurance. Après ça, ils ont ajouté
courtage Immobilier, hypothèques, courtage mobiller. (17 h 30)
Vôtre Association a-t-elle pu déterminer jusqu'ici ce que
j'appellerais, pour les besoins de la discussion, le taux de rétention
d'un client qui vient vous trouver, qui s'achète une maison et qui,
après ça, demande toute une série de services:
l'hypothèque, l'assurance. Est-ce que vous avez déterminé
quel était votre taux de rétention ou de succès, ou je ne
sais pas comment vous l'appelleriez?
M. Desrochers: Vous savez, cette étude-là a
déjà été faite. Malheureusement, je n'ai pas de
chiffres à côté de moi, mais c'est assez Impressionnant
pour que je puisse vous dire un ordre de grandeur. Quand on a un client avec un
risque, par exemple, dans l'assurance... On va commencer avec
l'assurance-incendie, automobile. Quelqu'un qui assure l'automobile, par
exemple, le taux de conservation, sur trois ans, va peut-être être
à peu près à 40 %, 50 %. À partir du moment
où il assure là maison et l'automobile, ça grimpe à
80 %. Il ne perd pas le client. Et s'il a l'assurance-vie eh plus, ce sont 90 %
à 95 %. Parce que le client, lui, fait la référence
centralisatrice, si on peut dire, et il hésite à retirer un
risqué à un endroit et à laisser les deux autres.
Comprenez-vous?
De là, parce qu'il y a quelque chose où il a eu une
mauvaise réclamation ou une mauvaise expérience avec un accident
récent en automobile, par exemple, de là à tout canceller,
son REER, son assurance-vie, son assurance-incendie, comprenez-vous? Il y pense
deux fois, et le dialogue s'installe plus facilement avec le client. Alors que,
s'il a juste son automobile d'assurée là, je vais vous dire de
quoi: si le chèque ne fait pas son affaire après un accident, il
ne restera pas là longtemps. C'est le courtier qui mange la volée
là-dedans, ce n'est jamais l'assureur. N'oubliez pas ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desrochers: Alors, je ne sais pas si je réponds bien
à votre question, mais le taux de rétention est impressionnant.
Plus le client a de choses au même endroit, c'est vraiment
impressionnant. L'assurance générale pourrait vous donner des
chiffres précis là-dessus.
M. Léonard: Non, je pense que ça suffit. Ce que
vous nous dites, finalement, c'est qu'à la minute où il y a
plusieurs services de pris dans une même boîte, vous avez le client
pour longtemps.
M. Desrochers: Oui.
M. Léonard: Et quand vous dites 80 % à 90 %,
ça ne m'étonne pas.
M. Desrochers: Oui.
M. Léonard: Je pensé que c'est un peu ce qui nous
arrive à tous. On va à la même porte...
M. desrochers: Vous savez, quand...
M. Léonard: C'est le guichet unique en quelque sorte.
M. Desrochers: Absolument, et ça en fait juste un à
brasser quand il y a quelque chose qui ne marche pas. Et la qualité du
service est d'autant plus rehaussée, à mon humble avis, parce
que, si on sert mal notre client, qui détient chez nous quatre contrats
importants, si on les additionne, ça fait quand même un bon
portefeuille.
M. Léonard: Là, est-ce que je peux émettre
des doutes là-dessus? Si le courtier doit baisser sur la police
automobile, il peut remonter sur l'assurance générale, ses taux,
puis...
M. Desrochers: Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Je
m'excuse, on s'est mal... Je me suis mal...
M. Léonard: Mais ça peut être des choses qui
pourraient arriver, n'est-ce pas?
M. Desrochers: Ça, écoutez. L'assurance
générale est un milieu que je connais moins, là, mais ce
n'est pas exclu...
Une voix: Vous êtes sauvé.
M. Desrochers: Je suis sauvé, mais en ce qui concerne
l'assurance de personnes, à tout le moins, les rabais sont interdits,
comme vous le savez sans doute. Alors il n'y a pas moyen de s'en sortir de ce
côté-là. Le prix est écrit dans le petit livre, puis
c'est terminé, la discussion. Donc, la personne, chez moi, qui a son
REER, qui a son assurance-vie, j'ai son automobile, j'ai sa maison et j'ai
peut-être le chalet et son bateau, s'il y a un problème avec son
automobile et que je ne la sers pas bien, je risque de perdre tout le reste,
là. Ce n'est pas bien "l'fun". Alors, je vais m'en occuper.
M. Léonard: Revenons au courtage immobilier. Supposons que
vous avez des cabinets multidisciplinaires comme ça qui font toute la
série, la panoplie des services reliés à l'achat d'une
maison, est-ce que vous seriez d'accord qu'un cabinet comme celui-là
devrait faire une évaluation globale des coûts des services
profes-
sionnels liés à la transaction?
M. Desrochers: Une évaluation avant l'acte, vous voulez
dire?
M. Léonard: Qui donne les taux et ce que ça va
être.
M. Desrochers: Ah, bien oui! Je pense que c'est de pratique
normale.
M. Léonard: Vous seriez d'accord? M. Desrochers:
Bien oui.
M. Léonard: Donc, ça, ce serait une forme de
contrôle, de sorte que le client pourrait aussi aller voir un autre
cabinet multidisciplinaire et lui demander quel serait le taux
général.
M. Desrochers: Absolument. Je ne vois pas d'objection à
ça.
M. Léonard: Vous seriez d'accord donc,
là-dessus.
M. Desrochers: Absolument. On est en libre concurrence, cher
monsieur. Je suis en compétition avec mes deux savants confrères
de droite ici, à l'année longue. Pourtant on s'entend très
bien.
M. Léonard: Je ne veux pas dire que c'est la solution, je
veux simplement évoquer des pistes là-dessus.
M. Desrochers: On pourrait donner... D'ailleurs on soumissionne
pour une voiture. Le client magasine pour sa voiture. Il peut magasiner autant
pour tout l'ensemble du portefeuille.
M. Léonard: Mais dans un tel contexte, de qui
relèverait la vérification ou le contrôle ou la
surveillance d'un tel cabinet multidisciplinaire? Parce qu'il s'agit d'un
même acte pratiquement. De l'Office des professions...
M. Desrochers: Vous savez...
M. Léonard: ...ou de la Loi sur les intermédiaires
de marché ou des deux ou d'une loi qui intégrerait les
différentes fonctions?
M. Desrochers: Je pense qu'il ne s'agit pas d'un acte en soi,
vous savez, parce que l'expert en assurances de dommages va faire son bout de
chemin, l'autre, en assurance-vie, va faire son chemin. Ce n'est pas la
même personne qui va faire les deux, là. Évidemment, le
cabinet multidisciplinaire, lui, il aura... Le client a l'impression, je mets
ça entre guillemets, je pense, moi, que le cabinet multidisciplinaire,
c'est plus une impression qu'un fart vis-à-vis du client. C'est que lui,
il est là, il a tout à la même place, à la
même adresse, vous savez. Il a son expert en assurance-vie qui est
là, il y a son expert en assurance de dommages qui est là, il y a
son courtier en valeur mobilière, éventuellement, qui est
là, puis son courtier d'immeubles si ça lui tente, ainsi de
suite. Mais ces individus-là sont régis distinctement chacun par
leur corpor-tation professionnelle. Ils sont soumis à leurs
règles de déontologie propres. Ça ne m'apparaît pas
comme étant un acte complet. Le client a cette impression-là,
puis ça, c'est seulement que du marketing. C'est une autre histoire.
M. Léonard: Oui, mais si, dans une telle opération,
vous avez un des maillons de la chaîne qui fait une opération pas
très bonne, disons, un service professionnel douteux, sans dire qu'il a
fraudé, ce n'est pas ça que je veux dire.
M. Desrochers: Trompé.
M. Léonard: II s'est trompé. Est-ce que,
finalement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Vous m'avez compris. Je ne peux rien vous
cacher.
M. Desrochers: II s'est trompé, alors on cogne sur ce
maillon-là, monsieur.'
M. Léonard: Oui, on cogne sur ce maillon-là, mais
pensez-vous que le cabinet lui-même va avoir intérêt
à cogner ou à toucher son maillon faible? Comment pensez-vous,
finalement, que le client va être protégé là-dedans,
que le consommateur va être protégé dans le cas où
il y a un maillon qui est faible dans la boîte?
M. Desrochers: Alors, s'il y a un maillon qui est faible dans mon
cabinet multidisciplinaire, monsieur, je vais m'en rendre compte vite,
j'espère, et il ne restera pas maillon solide longtemps. Là, je
vous donne une impression corporative de chef de cabinet multidisciplinaire,
parce qu'il y aura toujours un chef là-dedans ou une espèce de
superadministrateur, appelons ça comme ça, qui sera un des
intermédiaires en place. Mais moi, je n'accepterai pas que, dans ma
boîte, l'avocat qui est là ou le courtier d'immeubles ou l'agent
d'assurance-vie ait mauvaise réputation dans son milieu ou que ça
fait quatre fois qu'il est suspendu par son code d'éthique de sa petite
boite a lui. Vous savez, je pense que le cabinet multidisciplinaire
n'endurerait pas ça bien bien longtemps un individu comme ça,
mais il se fera secouer le pommier, si vous me permettez l'expression, par sa
propre association. Je pense que ce n'est pas de l'autoréglementation...
L'autoréglementation du cabinet multidis-
ciplinaire en soi risque d'être bien plus sévère
que, peut-être, son propre code de déontologie, parce que c'est
mon associé, cet individu-là.
M. Léonard: Vous êtes justement en train de nous
dire ce que je pensais un peu qui arrivait, c'est que le patron du cabinet
multidisciplinaire, c'est finalement lui qui a la responsabilité de
l'application générale de la déontologie. Ne parlons pas
d'un code particulier, mais de la déontologie dans son cabinet. Donc, on
est...
M. Desrochers: II faut qu'on ait une bonne réputation.
M. Léonard: Mais ça dépend de ses
intérêts. Le patron, ça va dépendre de ses
intérêts que la chose sorte ou pas.
M. Desrochers: Ah oui! O.K.
M. Léonard: Ça explique beaucoup de
règlements hors cour des fois, ça.
M. Desrochers: Ah non, non, non! Là, vous parlez des
problèmes déontologiques, par exemple, à
l'intérieur même du cabinet, entre deux individus.
M. Léonard: Bien, la déontologie règle une
bonne partie des actes professionnels là où il y a des ordres
professionnels. Par ailleurs, on parle de déontologie puis de la
façon de l'assurer pour des professions ou pour des courtiers. Il n'y a
pas d'ordre professionnel, donc, il faut que ça se retrouve ailleurs et
le cabinet multidisciplinaire doit y voir son intérêt. S'il n'y
voit pas son intérêt, je pense que le client est perdu devant une
batterie de professionnels et de courtiers dans le cabinet multidisciplinaire,
puis je ne suis pas sûr qu'il va oser même se plaindre. Est-ce que
vous ne pensez pas que ça pourrait aller loin là-dessus? Des
conflits d'intérêts d'ailleurs naissent assez souvent dans ces
coins-là.
M. Desrochers: Ça, c'est un autre aspect. M.
Léonard: Oui.
M. Desrochers: C'est une autre affaire. C'est bien évident
que...
M. Léonard: Ce sont des aspects multiples dans un cabinet
multidisciplinaire.
M. Desrochers: Oui, oui. Mais j'imagine, par exemple, un
fraudeur... Mettons qu'on est quatre personnes dans le cabinet
multidisciplinaire, puis il y en a un qui...
M. Léonard: En tout cas, il peut y avoir de la fraude,
mais ça peut être...
M. Desrochers: ...ne va pas trop droit, mais il est payant.
J'entends ça, là: Lui, il ne marche pas trop droit, mais il est
payant pour les trois autres. Est-ce qu'on le laisse faire? Ça, c'est
très dangereux. Moi, je ne suis pas certain que n'importe quelle
corporation qui se respecte, qu'elle soit pour un garage ou pour un magasin
à rayons ou dans l'assurance... C'est très dangereux de
fonctionner comme ça. Règle générale, ça
peut marcher longtemps, mais ça ne marche pas tout le temps.
M. Léonard: Ça passe pour les grosses passes; les
petites...
M. Desrochers: Bien, qu'est-ce que vous voulez? Mais chacun des
individus a son code, alors si cet individu-là a une suspension de
permis... Moi, je n'aimerais pas bien bien ça lire dans les journaux que
mon collègue de cabinet multidisciplinaire vient de perdre son permis,
mais il aura été frappé par la foudre de son association
propre. Vous savez, à la limite, il faudrait exiger que tout le monde
soit partait; je ne suis pas sûr que ce soit évident.
M. Léonard: C'est justement parce qu'on ne peut pas
l'exiger qu'on pose des questions.
M. Desrochers: Oui, voilà, alors on essaie... Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Desrochers: Étant donné que je suis
moi-même impartait, je donne peut-être une réponse
imparfaite, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desrochers: Je ne peux pas m'en sortir autrement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): M. le député
de
Labelle, malheureusement c'est tout le temps dont on dispose.
Peut-être si vous avez des remarques finales, ou...
M. Léonard: Non, ça va. Je vous remercie, ça
a été un échange très fructueux, merci
beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Robic: Oui, M. le Président. Ce n'est pas si simple
que ça, un cabinet multidisciplinaire. Non seulement chaque secteur
d'activité est régi par sa propre loi, ses propres
règlements puis son code de déontologie, mais le cabinet
lui-même est régi par la loi 134, et c'est l'Inspecteur
général qui a la responsabilité de la
surveillance du cabinet multidisciplinaire. Alors, vous avez là
deux codes de déontologie, plusieurs codes de déontologie, un par
secteur, mais également au niveau du cabinet lui-même. Alors, il y
a plusieurs balises, et je pense que tout est possible dans ce beau monde, mais
il y a une réputation, pour un cabinet multidisciplinaire, et
l'intégrité des membres du cabinet également, qui fait que
l'individu, le consommateur, a certainement une protection accrue ici. Alors,
je vous remercie infiniment, c'était intéressant, et c'est
certainement notre désir de rendre toutes ces législations
compatibles, et on espère qu'on répondra à vos attentes
quant au domaine de l'hypothèque. Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Un petit commentaire...
M. Léonard: Oui, j'ai un commentaire un peu, parce que,
quand vous dites: L'Inspecteur général voit à tout, c'est
vraiment Dieu voit tout, n'est-ce pas?
Mme Robic: J'ai ouvert une porte, là?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: J'ai ouvert une porte, là.
M. Léonard: Oui.
Mme Robic: Dites-moi merci.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Dieu voit tout, quand on sait qu'il ne peut
pas...
Le Président (M. Farrah): Mesdames, messieurs, au nom des
membres de la commission, je vous remercie infiniment pour la
présentation de votre mémoire.
M. Desrochers: Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): Sans plus tarder, j'invite le
dernier témoin pour cet après-midi, c'est M. Claude Me Sween,
s'il vous plaît, à se présenter à l'avant.
La commission reprend ses travaux. Au nom des membres de la commission,
M. Me Sween, nous vous souhaitons la plus cordiale des bienvenues. Le
déroulement des travaux se fait comme ceci, vous avez 10 minutes pour
votre présentation, 10 minutes d'échange avec les membres
ministériels et 10 minutes avec l'Opposition. Sans plus tarder, vous
pouvez débuter la présentation de votre mémoire, on vous
écoute.
M. Claude Me Sween M. Me Sween (Claude): M. le
Président,
Mme Robic, M. le député, j'aimerais résumer mon
mémoire un peu en regardant ce qui se passe aujourd'hui dans
l'immobilier et peut-être en revenant un petit peu en arrière. Je
suis dans l'immobilier depuis 1981, ça fait tout près de 10 ans.
J'ai passe un peu dans tous les domaines de l'immobilier, on peut dire comme
agent immobilier, comme directeur d'une succursale d'un gros trust. J'ai
été aussi courtier, je me suis occupé de prêts
hypothécaires, de formation, de recrutement. Je me suis occupé
aussi de franchises. Dans le moment, je suis directeur de la formation et du
recrutement chez les services immobiliers SYST-M-A. Je pense bien que, si on se
reporte en 1981, moi, je me suis lancé dans l'immobilier dans
l'immobilier dans un peu une deuxième carrière et je voyais
beaucoup de gens qui faisaient des sous là-dedans. Ça fait que je
me suis dit: S'il y en a qui font de l'argent là-dedans, je suis capable
d'en faire aussi. C'est que je suis allé suivre un cours à la
chambre d'immeuble et, après le cours, c'était un examen
provincial pour avoir notre permis comme agent immobilier. Et je pense que, si
on revient aujourd'hui dans ce temps-là, il y aurait peut-être une
petite erreur que d'avoir encore un examen provincial. Aussi bien avoir des
cours par correspondance ou par la télévision. Vous savez, quand
on se lance dans l'immobilier et qu'on est dans le champ, c'est ça qui
est important, aujourd'hui. Et si on s'en va dans le champ, comme, moi, je l'ai
été, sans être préparé, c'est très
difficile de rendre service au consommateur et aussi de ne pas faire d'erreur.
Ça, c'est important. C'est de là que la formation doit être
très bien suivie, aujourd'hui, et elle devrait, d'après moi,
être améliorée de beaucoup. (17 h 45)
Je donne présentement le cours de vente dans les cinq cours qui
se donnent dans les cégeps et à une école privée,
et je peux vous dire que même aujourd'hui, l'agent immobilier qui sort
dans le champ, comme on dit, il a beaucoup de difficulté à
réussir. C'est un peu la faute de l'agent immobilier et c'est un peu
aussi la faute, je ne dirais pas du gouvernement, des cours qu'il suit. Moi, je
trouve que ce n'est pas tout à fait adéquat et que ce n'est pas
complet. Lorsqu'il s'agit d'un courtier ou d'un directeur, c'est un peu la
même chose aujourd'hui. On voit des courtiers qui sortent des
cégeps, et je pense qu'il y a des courtiers qui sortent et qui ne
connaissent même pas ce que c'est qu'un registre, qui ont de la
difficulté à remplir leurs livres et qui ont même de la
difficulté à tenir leur compte en fidéicommis, etc. Je
pense qu'ils manquent de formation. Moi, ce que je prône, c'est qu'un
agent immobilier, quand il devient agent immobilier, il devrait être dans
le champ, comme on dit, pour un certain temps et revenir, par la suite, suivre
d'autres cours. Je pense que c'est très important que l'agent immobilier
ait beaucoup de connaissances s'il veut, aujourd'hui,
rendre service au public et réussir.
En ce qui regarde le courtier, je pense que c'est un peu la même
chose. Un courtier devrait sortir courtier par étude universitaire qui
pourrait même se donner dans les cégeps. Moi, j'ai obtenu mon
permis de courtier, justement, à l'université. Et je trouve que
les cours qui se donnaient à l'université étaient plus
complets. Je ne veux pas dire que ce qui se donne dans le moment au
cégep, ce n'est pas bon. Loin de là. Sauf que je trouve que
peut-être ce qui se donne dans les universités devrait être
transporté dans les cégeps pour rendre ça plus facile de
se déplacer à ceux qui veulent devenir agents immobiliers,
etc.
Si on regarde le recrutement aussi bien que la formation, c'est
très difficile, aujourd'hui, quand un consommateur vient te voir et dit:
J'aimerais devenir un agent immobilier. On ne peut pas lui dire: Écoute
bien, là, je pense que tu ne réussiras pas. On ne peut pas dire
ça à personne. On ne peut pas le retourner et lui dire: Tu ne
réussiras pas, ça ne marchera pas, ton affaire. Parce qu'on va
engager des gens... D'ailleurs, moi, j'ai fait du recrutement pendant six, sept
ou huit ans et je peux vous dire que j'ai engagé tous les genres de
personnes. Et il y en a encore de ceux que j'ai engagés qui sont dans
l'immobilier. Et il y en a aussi qui vont suivre le cours, qui vont sortir et
qui vont rester un mois ou deux. Mais je pense qu'on a un petit peu à
améliorer notre situation là-dessus. Je pense que c'est aussi de
la faute du consommateur et c'est aussi la faute de celui qui veut suivre le
cours et de ceux aussi qui l'entraînent, que ce soit le courtier ou le
directeur. Et aussi, je pense que, si on changeait au point de vue de
formation, on aurait moins de gens qui laisseraient l'immobilier et qui
seraient peut-être plus heureux en continuant, parce que je trouve que
c'est une très belle carrière. Et, moi, j'ai toujours
pensé qu'on pourrait devenir des professionnels un jour et avoir une
corporation professionnelle, et je n'en ai jamais vu le jour en 1Q ans. Je ne
sais pas si un jour, ça va venir. Moi, en tout cas, je prône pour
que ça soit ça.
Le cumul de permis, je trouve aussi qu'en immobilier, on devrait
peut-être cumuler des permis pour travailler dans différents
secteurs, je veux dire, commercial, propriété à revenu,
agricole, qu'on devrait toujours toujours avoir des connaissances et
étudier. Ce n'est pas possible, je pense bien, de réussir si on
n'a pas les connaissances. D'ailleurs, le consommateur s'en rend compte au
moment où on va le voir. Vous savez qu'un agent immobilier ou un
courtier qui opère aujourd'hui, c'est un peu comme un
député ou un ministre qui est en campagne électorale, qui
est en pleine élection et qui fait du porte à porte. Pourquoi
faites-vous du porte à porte un peu? Pour avoir le mandat des gens de
vous élire. Mais je pense que l'agent immobilier, il fait un peu du
porte à porte pour avoir le mandat de vendre la propriété.
Ça revient un peu au même travail et ce n'est pas un travail qui
est facile, et c'est pour ça qu'au niveau de ia formation, on devrait
leur en donner beaucoup plus pour essayer de les tenir sur le marché et
de donner beaucoup plus au consommateur.
Au sujet de l'autoréglementation, je crois qu'il devrait y avoir
un organisme. L'organisme qu'on a présentement, je trouve qu'il est
quand même bon, mais il devrait être peut-être mieux
structuré. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on devrait avoir
un organisme qui aurait peut-être plus de surveillance, surveillance au
niveau de la publicité, au niveau des agents immobiliers qui font des
annonces dans les journaux, qui sont un petit peu sur le bord, comme on dit. Et
l'organisme devrait avoir un comité de surveillance, un comité de
délivrance de permis, un comité sur la formation, un
comité sur la publicité et peut-être avoir des inspecteurs
qui iraient visiter de temps en temps les courtiers et voir si tout le travail
se fait bien pour empêcher justement qu'il y ait des problèmes. Il
y a aussi beaucoup de gens qui font de l'immobilier et qui n'ont pas de permis.
Je pense que les gens qui font une opération immobilière sans
permis, ça ne devrait pas exister. C'est difficile peut-être de
trouver les gens qui le font, mais s'il y en a qui le font, je pense bien
qu'ils devraient être détectés, comme il y a aussi de
l'immobilier qui se fait un peu sur le bord, comme on dit, des gens qui font de
la location d'immeubles, qui font de la gestion d'immeubles où c'est un
peu une opération immobilière sans permis qui est
tolérée dans le moment. Les gens qui ont des centres d'affaires,
qui appellent des courtiers en contrat d'affaires, qui font des offres d'achat
et qui revendent justement juste avant que ça passe chez le notaire, je
pense qu'ils font une transaction immobilière et ils n'ont pas toujours
le permis d'agent ou de courtier.
Au niveau de la franchise, je pense aussi que les gens qui vendent des
franchises, ce sont plutôt des gens qui font du marketing, et c'est des
gens aussi qui vendent des franchises à des courtiers et, après
ça, ils les laissent aller sans aider le courtier à
développer la franchise. Ça prend des gens qui forment, des gens
qui donnent des coups de main. Aujourd'hui, on ne pourra pas continuer de la
façon, je pense bien, que ça se continue présentement.
Sans nommer de noms, il y a beaucoup de gens qui en font de l'immeuble et qui
n'ont pas de permis. Je pense que ça, c'est dangereux, et au niveau de
l'auto-réglementation et de la nouvelle loi, je crois qu'il faudra
surveiller ça et je crois aussi qu'il faudra avoir un comité sur
ces choses-là. C'est un peu mon idée sur le mémoire. Et
aussi, justement, le courtier devrait avoir, parmi ses cours, un cours en
gestion de ressources humaines pour qu'il puisse diriger ses agents
immobiliers. Et les agents immobiliers qui sont engagés un peu partout
et qui se disent agents
autonomes, ça, je pense qu'il faudrait faire attention. Parce que
le statut de travailleur autonome a été donné aux agents
immobiliers. Et les agents immobiliers avec ça, ils jouent au courtier.
Ce qui fait qu'ils se disent: Bon, écoute bien, je n'ai quasiment plus
besoin d'un courtier, je ie prends par parure. Et les courtiers les engagent un
peu partout dans la province, ils ne les voient à peu près jamais
et il n'y a pas de surveillance. Un courtier qui demeure à
Montréal peut aussi bien engager un agent à Québec ou
ailleurs. Je pense que c'est dangereux et que c'est quelque chose auquel il
faudrait faire attention, que ce soit au niveau d'une succursale avec un
directeur bien structuré et qu'il y ait des gens qui surveillent.
D'après moi, on s'en vient avec quelque chose de nouveau dans la
province de Québec. Je pense qu'il n'y a pas de régime parfait.
Mais dans la province de Québec, on a, je pense, dans le courtage
immobilier, ce qu'il y a de mieux. Et si on l'améliore un petit peu
plus, ça va être encore plus fort et on va avoir un... Il ne sera
jamais parfait, mais on est là pour l'améliorer. Et eux autres
aussi, le gouvernement, je pense bien qu'il est là pour
l'améliorer. Et je suis très heureux de voir que c'est Mme Robic,
qui a déjà fait de l'immobilier, qui s'occupe de la refonte de la
Loi sur le courtage immobilier. Et je crois que, pour les années
à venir, ça va être beaucoup mieux que c'est
présentement. Je vous remercie.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci beaucoup, M. Mc
Sween. Sans plus tarder, je cède fa parole à Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Pour une seule intervention de
10 minutes, je m'excuse.
Mme Robic: Pardon?
Le Président (M. Farrah): Pour une seule intervention de
10 minutes.
Mme Robic: Oui, d'accord. Bienvenue à cette consultation,
M. Mc Sween. Je vois que vous êtes directeur de la formation et du
recrutement aux services SYST-M-A immobiliers. Je serais curieuse de savoir...
Je m'excuse de mon ignorance, M. Mc Sween, mais je ne connais pas cette
organisation et j'aimerais peut-être avoir plus de détails.
Qu'est-ce que vous faites au juste?
M. Mc Sween: O. K. Les services immobiliers SYST-M-A, c'est un
peu une nouvelle formule dans l'immobilier. C'est qu'il y a un courtier qui
détient des centres d'affaires, qui vend un peu des franchises à
des centres d'affaires où il y a des directeurs dans chaque centre
d'affaires qui opèrent le courtage immobilier, mais qui est
surveillé par un courtier qui est dans un bureau-chef. Et moi, comme
directeur du recrutement et de la formation, je m'occupe de recruter des agents
parmi les 12 franchises et aussi de faire de la formation. C'est de les envoyer
au cours de "prélicence" et, par la suite, d'aller former ces agents
afin qu'ils puissent rendre de bons services aux consommateurs.
Mme Robic: Vous avez un courtier qui est le qualificateur qui
a... Vos centres d'affaires, ce sont des bureaux d'immeuble...
M. Mc Sween: Ou d'immobilier.
Mme Robic:... ou de vente d'immeubles.
M. Me Sween: Oui.
Mme Robic: Et vous avez un directeur pour chacun de ces bureaux
qui a la responsabilité du bureau.
M. Mc Sween: C'est ça.
Mme Robic: Donnez-vous une formation spécifique à
votre directeur?
M. Mc Sween: Oui. Les directeurs ont la formation pour engager
les agents et aussi pour les surveiller. Ils ont un peu la formation d'un
directeur qui va aider les agents qui sont dans fa succursale. Ce qui est bien
"le fun" dans un concept comme ça, c'est que les agents sont dans la
succursale, ils ne sont pas un peu partout.
Mme Robic: Qu'est-ce que vous voulez dire par "un peu
partout"?
M. Mc Sween: Quand je parle d'un agent autonome qui travaille
à la maison, chez lui, il a beaucoup moins de force qu'un agent qui est
avec un groupe de 30 ou 40, parce que la motivation est là. Vous savez
que c'est important. Je pense que c'est un peu ça qui fait que les
agents immobiliers, après un certain temps, comme disait le
député, quittent. Pourquoi quittent-ils? C'est ça, il
travaille dans son sous-sol ou un peu partout, il n'a pas de suivi, il n'a pas
de formation. S'il a de la difficulté, à un moment donné,
il se décourage et il laisse. Peut-être, après avoir
fait son cours, s'il avait été dans une succursale ou
avait eu un suivi... Après un certain temps il retourne pour aller
étudier davantage pour pouvoir être capable de rester dans la
profession.
Vous savez aussi, le statut de travailleur autonome qui a
été un peu octroyé par le gouvernement, je ne veux pas
blâmer le gouvernement, loin de là, mais j'espère qu'il
paye vos impôts.
Mme Robic: Nous aussi.
M. Mc Sween: Parce que vous savez qu'un agent immobilier, il est
toujours cassé. S'il fait 7 % de 100 000 $, il fait 7000 $, il
dépense 7000 $. Il est déjà dépensé avant de
l'avoir gagné. Si les impôts ne rentrent pas...
Mme Robic: C'est vous qui faites la formation de vos
gérants dans vos succursales? Vous les formez vous-mêmes?
M. Mc Sween: Oui.
Mme Robic: Vous dites que vous avez suivi des cours
universitaires, est-ce que vous avez fait votre cours FRI?
M- Mc Sween: Je n'ai pas tout à fait, fini le FRI, mais
j'ai fait assez de cours pour avoir mon permis de courtier. Les 24
crédits ont été faits, de 1 à 24 crédits
à l'UQAM. Dans le fond, aujourd'hui, il les donnent dans les
cégeps. Dans mon temps ils ne donnaient pas 14 crédits comme
agent; ce qu'ils donnent aujourd'hui. Si on voulait devenir courtier, il
fallait tout recommencer.
Mme Robic: Vous nous avez dit que plusieurs personnes font de
l'immobilier sans avoir de permis. Je suis sûre que mon surintendant ici
serait intéressé à avoir la liste de ces
personnes-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Mc Sween: Je n'ai pas de liste.
Mme Robic: Je pense qu'il n'est pas supposé y avoir de
personnes qui font de l'immobilier...
M. Mc Sween: Non.
Mme Robic:... sans avoir de permis, à part des exceptions
tels tes notaires, les avocats, dans l'exercice de leurs fonctions. Mais il y a
une autre chose que vous avez touchée, qui m'intéresse beaucoup,
c'est l'allocation de permis dont vous avez parlé. J'aimerais savoir si
vous considérez que c'est étendu, cette pratique-là si
ça se fait, plutôt dans les grands centres, en région?
Parce que, quand vous dites: II y a un qualificateur et il y a des bureaux et
il n'y a pas de directeur, moi, j'appelle ça de l'allocation de
permis.
M. Mc Sween; Écoutez, je trouve que c'est bon que
ça se fasse, en autant que ce sont des succursales avec des directeurs.
Au moment où un courtier engage n'importe qui, c'est-à-dire
n'importe quel agent de n'importe quelle région et que c'est lui qui est
le courtier qualificateur, je me demande comment il fait pour surveiller
l'agent. L'agent, excusez-moi, là, mais il peut en passer des
vîtes sans que le courtier puisse voir, sans que le courtier puisse
vérifier. Puis aussi, pour le courtage immobilier, je me demande comment
est-ce qu'ils peuvent vérifier? Vous savez, une succursale qui est
à Montréal et qui engagerait des agents, je ne sais pas, moi,
à Mascouche ou à Saint-Jérôme, comment il va faire,
lui... Et s'il y en a 100 comme ça, comment... Ce sont tous des
directeurs et il n'y a rien qu'un... On les nomme tous directeurs, ça
devient toutes des succursales, il y a 100 succursales. Ça n'a pas de
sens.
Mme Robic: II ne faudrait pas exiger que chaque directeur d'un
bureau d'immeuble soit un courtier.
M. Mc Sween: II pourrait être courtier. Il pourrait
être courtier et être directeur, mais ce que je trouve, c'est qu'il
faudrait que les agents soient plus surveillés, qu'ils soient plus
encadrés plutôt que d'être un petit peu partout. (18
heures)
Mme Robic: Merci, M. Mc Sween.
M. Mc Sween: Merci.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui. M. Mc Sween, bienvenue. Vous avez
parlé de formation, mais je voudrais vous poser une question sur un
point qui a attiré mon attention. Vous dites que les agents, parfois,
pour ne pas dire souvent, sont mêlés dans l'administration des
fonds en fidéicommis. Comment cela peut-il arriver? Vous avez une
expérience là-dedans, est-ce que vous pourriez nous en
parler?
M. Mc Sween: Non, ce n'est pas tout à fait ça que
j'ai dit. J'ai dit que le courtier pouvait sortir de l'école sans savoir
comment administrer son compte en fidéicommis. C'est ce que j'ai dit. Ce
n'est pas l'agent. L'agent, lui, ne touche pas au compte en fidéicommis;
il n'en a pas, lui. Ce que je veux dire par là, c'est que...
M. Léonard: O. K., le courtier, là.
M. Mc Sween: Bon. C'est que je pense qu'il y a des courtiers qui
ne savent pas, premièrement, que, quand on a un compte en
fidéicommis, ces sous-là appartiennent au propriétaire qui
vend une propriété. Et aussi, je pense bien qu'au moment
où il y a un litige entre les deux parties, le courtier ne sait pas
exactement à qui remettre le dépôt. Souvent, il faut faire
très attention avant de le remettre, puis je crois que la meilleure
solution, c'est encore de le donner à un juge ou à quelqu'un qui
va savoir, lui, à qui le rembourser. Il y a des fois où on peut
le rembourser, quand les conditions ne sont pas toutes remplies dans les offres
d'achat, dans les
promesses d'achat; il y a des fois aussi où ça devient un
litige, puis il faut faire attention. C'est un peu dans ce but-là que je
parlais de compte en fidéicommis qui soit bien administré. Et je
pense bien que c'est toujours l'argent du consommateur.
M. Léonard: Oui. Alors, ce que cela veut dire c'est que,
finalement, votre courtier n'a pas une idée très claire des
droits légaux des personnes en cause.
M. Me Sween: Je parle toujours des courtiers en
général...
M. Léonard: Oui.
M. Me Sween: ...je n'ai pas parlé d'un...
M. Léonard: Non, non, non. Moi aussi. Je ne sais pas si
vous aviez un nom en tête; moi, je n'en avais pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M., Me Sween: Non, non. Tout simplement, je pense que, dans les
cours pour devenir courtier... Moi, quand je l'ai suivi à
l'université, ils m'ont bien expliqué à quoi servait ce
compte-là. Il y a peut-être aussi, où on donne les cours
présentement, où ils l'expliquent, puis peut-être que le
courtier, à ce moment-là, était fatigué puis il n'a
pas compris, mais je pense que c'est important qu'il y ait un suivi sur ces
choses-là. Je parle d'un compte en fidéicommis, comme ça
peut être dans d'autre chose. Quand je dis qu'un courtier qui suit un
cours, aujourd'hui, devrait avoir une formation universitaire, même si
elle est donnée dans un cégep, il n'y a pas de problème,
mais une formation universitaire, on ne peut pas... Je ne sais pas combien il y
en a de courtiers, 2000 ou 3000, et la plupart ont de la difficulté
à bien comprendre ce qu'ils font au niveau d'un paquet de transactions,
etc. Je pense qu'ils manquent de formation, ils manquent de... Moi, je me dis
qu'un courtier, c'est très important, c'est lui qui engage les agents.
Premièrement, ils manquent de formation au niveau de recruter des
agents. Il y a un paquet de courtiers qui aimeraient ça avoir des
agents, puis ils ont de la difficulté, parce qu'ils n'ont pas appris
comment faire le recrutement. Je veux dire peut-être que ça ne
regarde pas le gouvernement, mais si on veut avoir des bons agents qui vont
bien travailler, c'est important que le courtier puisse être capable de
bien les sélectionner et de les aider par la suite. Je pense que
ça regarde la Loi sur le courtage immobilier. Je pense que ça
regarde un peu tout le monde.
M. Léonard: Mais quand vous dites "formation
universitaire", une formation universitaire, généralement, c'est
1 er cycle.
M. Me Sween: 1 er cycle.
M. Léonard: Donc, c'est trois ans d'études. C'est
beaucoup.
M. Me Sween: Oui. Ça peut se faire par les...
M. Léonard: On a évoqué ça au cours
de l'après-midi que peut-être les courtiers pourraient avoir une
formation universitaire et les agents un cours de cégep, mais un cours
universitaire, on fait habituellement référence à un
degré de 1er cycle...
M. Me Sween: Oui.
M. Léonard: ...donc, c'est un bac, donc, c'est trois ans
après le cégep. Est-ce que...
M. Me Sween: Excusez-moi. Je n'irais pas jusqu'à un bac.
Peut-être un certificat en affaires immobilières.
Déjà là, il y a beaucoup de bagage. Là, il pourrait
avoir son permis de courtier. Parce qu'un bac, c'est sûr que c'est
presque la formation d'un notaire ou d'un avocat, c'est beaucoup plus
difficile. Ce n'est pas tout à fait ça parce que, après,
ils ont le Barreau, mais quand même.
M. Léonard: Oui, bien, c'est ça, c'est que
généralement les universités... Il y a toute une
série de discussions là-dessus, puis je vous en ferai
grâce, quand même, à savoir si les certificats, ça
devrait être à l'université ou au cégep. C'est parce
que, encore là, vous êtes revenu aussi sur les codes de
déontologie. À la minute où on voudrait permettre à
une corporation, une association quelconque de s'autoré-glementer, il
faut encore faire une relation avec la formation. Et
généralement, c'est là où on exige un 1er cycle
universitaire. Enfin, j'en suis là. Écoutez, moi j'ai
trouvé que votre témoignage était très
intéressant, parce que c'est du vécu. Je vois que la formation
n'est pas facile. Vous avez pu sûrement constater qu'il y a beaucoup de
rotation aussi chez les agents...
M. Me Sween: Oui. Ça, je pense que c'est un peu la faute,
pas juste du courtier, mais un peu la faute de notre formation au niveau
"prélicence", aussi. Vous savez qu'en 210 heures, sortir agent
immobilier, ce n'est pas beaucoup. Je croirais qu'en 210 heures, il pourrait
sortir peut-être avec un permis lui permettant de faire un peu de
résidentiel, mais de rappeler cet agent-là après un
certain temps pour suivre un autre cours obligatoire pour avoir le permis du
gouvernement, pour avoir le permis du courtage immobilier...
M. Léonard: Est-ce que...
M. Mc Sween:... puis, par la suite, peut-être de l'amener
aussi à suivre d'autres cours pour l'amener un petit peu, comme on
parlait tout à l'heure, dans un cabinet multidisciplinaire... Ce que je
trouve dans un cabinet multidisciplinaire, excusez-moi si je parie de
ça, c'est merveilleux, sauf que j'ai retenu la faille dont vous avez
parié: Si, à un moment donné, il y en a un parmi le groupe
qui fait mal son travail, bien le client va sortir puis va mettre toute la
faute sur tout le monde qui est là, ce qui va être très
malheureux pour le client. C'est à ça qu'il va falloir faire
attention.
M. Léonard: J'ai noté dans votre mémoire que
vous proposez, par exemple pour le courtier, qu'il y ait un an ou deux ans de
stage chez un collègue. Ça, je vois bien que c'est à peu
près le modèle de ce que l'on retrouve dans les corporations
professionnelles, à peu près, pour plusieurs. Est-ce que vous
diriez la môme chose aussi pour les agents, avant qu'Us aient un titre
d'agent, qu'ils fassent un stage de quelques mois ou d'un an, avant
d'être vraiment attitrés?
M. Mc Sween: Moi, je trouve qu'un agent, quand H a fini son cours
de "prélicence", devrait au moins avoir un entraînement de six
mois où il pourrait quand même faire de la vente, mais,
après six mois, qu'il revienne pour être nommé agent
immobilier ou conseiller en immobilier, et il pourra après ça
rendre de bons services au consommateur.
M. Léonard: Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir
un examen uniforme pour avoir le titre ou de courtier ou d'agent?
M. Mc Sween: Moi, je trouve que le fait de revenir à un
examen uniforme provincial, comme vous le prônez, c'est de revenir en
arrière. On serait mieux d'avoir plus de formation, avec des professeurs
qui vont donner de très bons examens pour chaque cours, et qu'il y ait
un suivi par la suite. Les agents qui lâchent, les 30 % ou les 40 %,
c'est qu'ils se découragent. Ils sont lancés un peu dans le champ
et on leur dit: Écoute bien, là, va chercher des mandats, puis
reviens, puis c'est comme ça que tu vas faire des sous. Vous frappez
à une porte puis le client vous dit: Non, non, je vends moi-même.
Vous frappez à l'autre porte... C'est très difficile. Mais H y a
des techniques de vente, il y a des moyens pour les aider. Puis ça,
ça devrait être dans notre formation, les techniques de vente plus
poussées, ainsi que l'évaluation. Rus on a de connaissances, plus
c'est facile d'aller chercher un mandat chez le client, ça c'est
officiel. C'est officiel. La preuve de ça, c'est que les agents qui sont
encore en fonction, les agents qui se promènent encore aujourd'hui,
après 10 ans, comme moi et plus, ce sont des agents qui ont
trouvé de bonnes méthodes de travailler, ce sont des agents qui
ont aimé leur travail et qui ont réussi. Pour les aider, il faut
qu'on ait de la formation.
M. Léonard: Au-delà des techniques de vente, est-ce
que vous ne pensez pas que, sur la formation de base, il devrait y avoir un
examen uniforme standard qui soit la base qu'on exige de tout ceux qui sont
dans l'immobilier?
M. Mc Sween: Un examen avant ou après? M.
Léonard: Après la formation. M. Mc Sween: Après
la formation. M. Léonard: Après les cours,
après...
M. Mc Sween: Bon, c'est sûr que cet examen-là...
C'est parce que l'examen, pour moi, ne dit pas si tu vas avoir un bon agent qui
va rendre service...
M. Léonard: Je parle de la formation de base,
là...
M. Mc Sween: Oui.
M. Léonard: Parce que le professeur aussi se fait juger
par un examen uniforme.
M. Me Sween: Oui, oui.
M. Léonard: Parce que ce ne sont pas nécessairement
tous de bons professeurs.
M. Mc Sween: Non. L'examen uniforme, écoutez, ce n'est pas
méchant, mais moi je trouve que c'est très difficile d'imposer
ça, parce que c'est ce qui était en arrière. Les gens bien
souvent, ne se lançaient pas...
M. Léonard: Oui, quels étaient les défauts?
Pourquoi dites-vous: On retournerait en arrière? Quels étaient
les défauts?
M. Mc Sween: C'est parce que regardez ce qui se passe. Ce qui se
passe, c'est qu'on donne un examen à 20 ou 30 élèves, dans
un hôtel de Montréal, un examen provincial, et on leur pose
différentes questions et aussi on leur fait faire une promesse d'achat
ou un mandat, etc. Il y a beaucoup de nervosité de la part de celui qui
passe l'examen, veux, veux pas. Peut-être qu'il va réussir,
peut-être qu'il va échouer. On va lui donner des reprises. On
revient un petit peu comme avant. Moi, ce que je trouve, c'est que chaque
matière n'est pas enseignée aussi profondément si on donne
juste un examen à la fin. Il faudrait donner un examen provincial sur
chaque matière.
Le Président (M. Farrah): Malheureusement,
c'est tout le temps dont on dispose. Peut-être en conclusion, M.
le député de Labelle? C'est quand même intéressant.
Je ne veux pas...
M. Léonard: Je vous remercie beaucoup, M. Me Sween. Vous
avez parlé à travers une expérience que nous avons
reconnue. Merci.
Le Président (M. Farrah): Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Me Sween, vous avez
fait, en très peu de temps, à peu près un tour de chapeau
des difficultés auxquelles nous sommes confrontés en ce moment en
réécrivant la Loi sur le courtage immobilier. Votre
expérience nous est précieuse, et on vous remercie beaucoup.
M. Me Sween: Merci beaucoup.
Le Président (M. Farrah): À mon tour, au nom des
membres de la commission, je vous remercie infiniment pour la
présentation de votre mémoire et sur ce, je suspends les travaux
jusqu'à 20 heures ce soir. On reprendra avec le Regroupement des
cabinets de courtage d'assurance du Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 12)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Després): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission du budget et de l'administration reprend la
consultation générale sur le document de consultation
intitulé "Le courtage immobilier". Je prends note que le groupe que nous
attendons est le Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec.
Avant de commencer, j'aimerais vous rappeler les règles de
l'audition, c'est-à-dire que vous avez 20 minutes qui sont
consacrées à l'exposé de votre mémoire, et suivra
par la suite une période de 40 minutes d'échanges avec les
membres de la commission parlementaire.
M. Léonard: M. le Président, je sais qu'il y a
quelqu'un ici dont le mémoire n'était pas listé, mais que
nous pourrions entendre à la suite des deux autres qui sont
prévus ce soir à l'ordre du jour, si Mme la ministre y
consent.
Le Président (M. Oesprés): J'aimerais
peut-être vérifier si ce mémoire avait déjà
été, préalablement... Parce que les membres de la
commission, M. le député de Labelle, ont déjà,
l'exécutif, le comité directeur a dû accepter les gens
qu'on entendrait en audition. Est-ce que cette personne-là
s'était déjà fait valoir?
M. Léonard: Mais s'il y a consentement, on pourrait
entendre celui qui se présente Ici. Il n'y en a pas eu beaucoup, de
mémoires qui ne seraient pas entendus, d'après ce qu'on m'a dit,
d'après les informations que j'ai. Alors, simplement, en l'ajoutant au
bout de la liste d'aujourd'hui, ce soir.
Mme Robic: Oui, M. le Président, je n'ai pas d'objection,
mais je me sens malheureuse pour ceux à qui on a refusé, parce
qu'il a fallu faire un choix, à un moment donné. Alors, il y a
d'autres groupes qui ont été refusés, parce qu'on
retrouvait les mêmes choses qu'on pouvait retrouver dans d'autres
mémoires. Alors, ce qu'ils avaient à nous dire, c'était
repris dans d'autres mémoires. Il y a eu une décision de faire un
choix. Alors, là, on favorise réellement une personne
vis-à-vis d'autres qui ne pourront pas se faire entendre. Mais je n'ai
pas d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Després): À ce
moment-là, nous entendrons... Oui, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, disons que, quant à moi, je n'ai
vraiment pas d'objection; au contraire, je le propose. Mais si les deux autres
- parce qu'il s'agit de trois cas, en tout - manifestaient l'intention de venir
ici, je pense que, d'avance, je n'aurais pas d'objection à les entendre
aussi.
Le Président (M. Després): Personne ne s'est
manifesté, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Exactement, alors...
Le Président (M. Després): On verra le cas.
M. Léonard: ...que la personne, en l'occurrence M. Guy
Moreau, qui est ici dans la salle, veuille bien se présenter
après.
Le Président (M. Després): O.K. Si je comprends
bien, donc, étant donné qu'on a le consentement, on entendra M.
Moreau après.
M. Léonard: Ça va.
Mme Robic: Et, M. le Président, il faut bien comprendre...
Vous mieux que moi connaissez les horaires de votre commission. Alors, si on
augmente le nombre de mémoires à présenter ici, il faut
bien savoir ce que ça fait à la commission.
Le Président (M. Després): Ce qui fait que
ça prendra définitivement le consentement à partir de 22
heures, si je ne me trompe, M. le secrétaire, parce que, normalement,
notre horaire est planifié jusqu'à 22 heures. Donc, ça
prend le consentement pour dépasser 22 heures.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Després): Donc, il pourrait
être possible, tout dépendant du temps qui sera pris pour chacune
des auditions, d'entendre M. Moreau avant 22 heures et, à la limite, il
serait à ce moment-là 22 heures. La période serait
limitée, à ce moment-là, étant donné que
c'est un individu, à un temps maximum de 30 minutes.
M. Léonard: Ça va.
Le Présidant (M, Després): Ça va.
Monsieur... Est-ce que c'est une question de règlement, M. te
député de...
M. Williams: C'est plus une question de clarification, M. le
Président. Je n'ai aucune objection aux choses que nous venons juste de
décider, mais je voudrais savoir c'est quoi, les
précédents? Qu'est-ce que nous sommes en train de faire? Nous
avons maintenant trois mémoires. Est-ce que c'est ouvert?
Le Président (M. Després); Remarquez bien que
le...
M. WHilliams: Je voudrais savoir exactement ce que l'Opposition
demande.
Le Président (M, Després); On me dit, M. le
député, que nous avions effectivement reçu le
mémoire de M. Moreau, sauf que la commission avait décidé,
à cette époque-là, de ne pas entendre ce mémoire.
Sauf que, selon nos règlements, avec le consentement des
députés ministériels et des députés de
l'Opposition, nous pouvons effectivement entendre M. Moreau. Donc, à
partir de ce moment-là, nous avons eu entente et nous entendrons M.
Moreau. À partir du moment...
Mme Robic: Est-ce qu'on crée un précédent,
M. le Président?
Le Président (M. Després): Si on crée un
précédent? Un instant, s'il vous plaît. Selon ce dont
m'informe M. le secrétaire, non. Ça s'est déjà
fait.
Mme Robic: D'accord.
Le Président (M. Després): Donc, on a
rappelé les règles, et je demanderais peut-être à
Mme Carole Marleau, présidente, de bien présenter les gens qui
l'accompagnent et de passer à la présentation du
mémoire.
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec
Mme Marleau (Carole): Donc, M. le Président, madame,
messieurs, je vous présente M. Jean-Marie Derome, directeur
général de notre organisation, et Me André Bois, aviseur
légal de notre organisme. Dans un premier temps, pour les gens qui nous
connaissent moins, je rappelle que nous sommes un syndicat professionnel
représentant des cabinets de courtage d'assurance et que notre but,
c'est l'étude, la défense et le développement des
intérêts économiques, sociaux et moraux de nos membres. Je
passe à l'introduction.
Le RCCAQ est heureux d'avoir l'opportunité de présenter
très brièvement ses commentaires et suggestions à propos
du document de consultation sur la révision de la Loi sur le courtage
immobilier. Tel que cela est souligné avec sagesse dans l'introduction
du document de consultation, une partie importante des opérations
Immobilières dans lesquelles les courtiers et agents interviennent comme
intermédiaires et conseillers porte sur le principal
élément du patrimoine d'une personne. Cette réalité
justifie certainement une révision de la Loi sur le courtage
immobilier.
On comprendra que le RCCAQ ne juge pas opportun de soumettre des
commentaires et suggestions sur tous les aspects traités par le document
de consultation, puisque seulement certaines parties de cet exposé
intéressent de façon immédiate la profession de courtier
d'assurances. Cet exposé sera donc limité aux points qui
suivent.
Premièrement, la révision des structures. Le document de
consultation pose comme principe fondamental que l'organisme
d'autoréglementation devrait avoir pour mission exclusive la protection
du public par la surveillance des courtiers et agents d'immeubles et qu'en
conséquence, tel organisme ne pourra voir à la défense et
à la promotion des intérêts de ces derniers.
Le RCCAQ, qui a toujours préconisé qu'un organe
d'autoréglementation ne devrait jamais cumuler une mission de promotion
des intérêts socio-économiques des professionnels
réglementés, se réjouit que Mme la ministre
déléguée aux Finances préconise explicitement ce
principe du cloisonnement des fonctions comme fondement du système
d'autoréglementation.
Par ailleurs, en ce qui concerne la surveillance de l'organisme
d'autoréglementation des courtiers et agents d'immeubles, le RCCAQ
propose la solution suivante: si les courtiers et agents d'immeubles
étaient autorisés à cumuler l'un ou l'autre des permis
visés par la Loi sur les intermédiaires de marché ou
à pratiquer en situation de multidisciplinarité avec les
intermédiaires de marché, nous suggérerions alors que
l'Inspecteur général des institutions financières soit
chargé de l'administration de la Loi sur le courtage immobilier. En
effet, dans ce contexte de cumul des activités professionnelles, la
surveillance de l'Inspecteur général s'imposerait pour garantir
un minimum de cohérence entre les divers organes régulateurs
constitués par la Loi sur les intermédiaires de marché et
celui qu'on propose d'établir pour les courtiers et agents
d'immeubles.
Pratique du courtage immobilier, cumul des permis. Le RCCAQ ne s'oppose
pas à ce que le titulaire de permis de courtier ou d'agent d'immeubles
puisse aussi cumuler les permis visés par la Loi sur les
intermédiaires de marché, en autant que les intermédiaires
de marché obtiennent la réciprocité. Toutefois, comme le
Regroupement encourage ses membres à pratiquer en cabinets
multidisciplinaires, nous croyons que ce cumul devrait se faire par le
truchement d'un cabinet multidisciplinaire au sein duquel une ou plusieurs
personnes pratiqueraient exclusivement l'activité de courtier ou d'agent
d'immeubles, tandis que d'autres personnes pratiqueraient les activités
autorisées par la Loi sur les intermédiaires de
marché.
Le franchisage. À ce titre, nous désirons uniquement
rappeler que le conseil des assurances de dommages est habilité à
déterminer par règlement les modalités et les conditions
du franchisage des activités d'un intermédiaire de marché
en assurance. En conséquence, si la loi devait autoriser les courtiers
ou agents d'immeubles à exercer leurs activités par voie de
franchisage, il serait alors opportun que les modalités et conditions du
franchisage soient déterminées par un règlement de
l'organisme d'autoréglementation et non par voie législative. Les
normes de franchisage étant adoptées par règlement, il
serait alors possible pour l'Inspecteur général des institutions
financières d'inciter les différents organismes
d'autoréglementation à harmoniser leurs règles de
franchisage, que ce soit en assurances de personnes, en assurances de dommages
ou en courtage d'immeubles.
La rémunération. Le RCCAQ ne s'oppose pas au partage
mutuel et réciproque de la rémunération entre, d'une part,
les courtiers et agents d'immeubfes et, d'autre part, les intermédiaires
de marché selon le système établi par les articles 44, 45
et 46 de la Loi sur les intermédiaires de marché. Nous devons
préciser que notre soutien à une mesure qui autoriserait le
partage de rémunération tient surtout au fait que nous y voyons
une occasion pour les courtiers d'assurances de partager leurs coûts
d'opération avec d'autres intermédiaires sans contrevenir
à la prohibition traditionnelle du partage d'honoraires.
Dans l'hypothèse où on permettrait le partage de
rémunération, nous soumettons qu'il y aurait alors lieu
d'appliquer aux agents et courtiers d'immeubles, avec les adaptations
nécessaires, les règles contenues aux articles 40 à 48 de
la Loi sur les intermédiaires de marché, qui prévoient les
différentes formes de partage de rémunération et leur
contrôle.
Catégories de permis. Le document de consultation prévoit
l'exigence de différentes catégories de permis selon les
différentes classes d'opérations immobilières. Ainsi, la
loi exigerait d'un intermédiaire qu'il détienne un permis
spécifique pour le placement des prêts hypothécaires.
À ce propos, nous désirons rappeler que l'article 14,
alinéa 4, de la Loi sur les intermédiaires de marché
autorise déjà l'intermédiaire en assurances à
placer des prêts hypothécaires.
Nous croyons que le titulaire du certificat de courtier d'assurances de
dommages devrait être autorisé à placer des prêts
hypothécaires sans être tenu d'obtenir un permis ou un certificat
additionnel. Sans simplifier à outrance, on peut affirmer que le
prêt hypothécaire n'est pas en soi une opération
immobilière, mais plutôt financière,
l'élément essentiel de l'activité étant le
prêt d'argent. Or, compte tenu de la formation rigoureuse qui est
dorénavant imposée aux courtiers d'assurances de dommages en
vertu des nouveaux règlements du conseil des assurances de dommages,
nous croyons que le courtier d'assurances a déjà la formation
requise pour placer des prêts hypothécaires.
En ce qui concerne l'évaluation de la garantie accessoire au
prêt lui-même, il s'agit là d'une fonction qui est surtout
prise en charge par le prêteur lui-même ou par un évaluateur
engagé par le prêteur. Quoi qu'il en soit, les courtiers
d'assurances de dommages ont également, au moins en ce qui concerne la
valeur des bâtiments, une excellente initiation à
l'établissement des valeurs immobilières.
En guise de conclusion, nous soumettons que notre appui à un
certain rapprochement entre les intermédiaires de marché en
assurance et les intermédiaires de marché en immeuble tient,
d'une part, à ce que nous reconnaissons un certain degré de
compatibilité entre les fonctions exercées par ces deux
catégories d'intervenants et, d'autre part, à ce que ie
gouvernement envisage pour les intermédiaires de marché en
immeuble un type d'encadrement et des normes de probité,
d'honorabilité et de compétence analogues à ce qui est
prévu dans la loi applicable aux intermédiaires de marché
en assurance.
Le Président (M. Després): Merci, Mme la
présidente. Je passerais peut-être maintenant la parole à
Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Dans le fond, le
message que vous nous portez ce soir, c'est de dire: S'il vous plaît,
harmonisez la Loi sur le courtage immobilier à celle de la Loi sur les
intermédiaires de marché. C'est le message que vous nous passez
ce soir. C'est assez clair dans votre exposé. Vous parlez du cumul des
permis. Dans le fond, ce dont vous parlez, c'est du cabinet multidisciplinaire.
Vous n'êtes pas tellement pour le cumul du permis par une même
personne...
Mme Marteau: Par le même individu qui aurait plusieurs
chapeaux.
Mme Robic: C'est réellement le cabinet multidisciplinaire
que vous prônez. Vous ne voyez aucune objection à ce que
l'immobilier fasse
partie d'un cabinet multidisciplinaire?
Mme Marleau: Absolument pas. Je dois vous dire que je le vis
actuellement...
Mme Robic: Ah bon!
Mme Marleau: ...de par notre entreprise. Dans l'ensemble, si on
parle de décloisonnement, ce sont vraiment des choses qui ont tout en
commun, si on parle d'assurer une maison, si on parle de trouver un acheteur
pour la maison, le prât hypothécaire. Non, je pense que ce sont
vraiment des choses qui doivent être en commun.
Mme Robic: D'être encouragées. Mme Marleau:
Encouragées aussi.
Mme Robic: C'est assez intéressant, parce qu'il y a des
personnes, au niveau du cabinet multidisciplinaire, qui semblent nous dire
qu'il devrait être plus large que celui prévu à la loi 134.
On nous dit que, pour un courtier immobilier, il serait peut-être
intéressé non seulement à faire partie d'un cabinet
multidisciplinaire avec des agents ou des courtiers en assurance de personnes
ou de dommages, mais peut-être aussi avec d'autres groupes, tels les
évaluateurs, etc. Est-ce que vous voyez d'un bon oeil que l'on
développe ce concept de cabinet multidisciplinaire en rajoutant d'autres
activités ou d'autres services? Est-ce que vous avez
réfléchi à ça comme groupe?
Mme Marteau: Comme groupe, et aussi d'ailleurs on a
analysé des expériences qui se font déjà à
l'intérieur de plus grands bureaux. Je ne parie pas des grosses boites,
mais de certains bureaux. C'est certain que l'idéal, si on pense, par
exemple, que, dans l'assurance générale, à cause de divers
intervenants qui sont arrivés dans notre domaine, les revenus sont
à la baisse... Il faut penser à partager des frais et il faut
aussi penser à se donner de la "business" entre nous autres. C'est
sûr que c'est la façon de fidéliser notre clientèle.
Le seul facteur de rentabilité, si on parie d'assurance, c'est de
fidéliser notre clientèle. Fidéliser notre
clientèle, Ça veut dire lui offrir des services connexes avec
notre service de base. Lorsqu'on parie du Regroupement et de sa
clientèle, qui est des cabinets d'assurances, on pense toujours que le
pivot de ces entreprises-là restera l'assurance. Ce sont des services
connexes qui les aideront à fidéliser leur clientèle et
à partager leurs coûts.
Mme Robic: Vous pourriez peut-être... Vous avez fait
mention que vous faisiez déjà partie d'un groupe, je ne
l'appellerai pas un cabinet multidisciplinaire parce que la loi n'est pas
encore en vigueur, mais vous faites partie d'un groupe. Expliquez-nous comment
fonctionne votre groupe, en ce moment, et qu'est-ce que regroupe ce
groupe-là?
Mme Marleau: Donc, pour vous dire à peu près, on
est dans les Laurentides. On a 14 bureaux, et les services, c'était
strictement de l'assurance. Puis, on a développé, depuis quelques
années, un domaine immobilier. Alors, vraiment, c'est un holding, si on
peut dire. Ce sont toutes des compagnies. On a aussi des services financiers.
On a même une agence de voyages. Donc, on a tout. Et pourquoi on a
décidé de développer ça? C'est certain que si on
prend toutes ces petites entreprises-là dans un cadre rural, quand
même, c'est excessivement coûteux. Alors, à ce
moment-là, pour amortir les coûts et surtout, comme je vous le
disais, pour se transférer une clientèle, on a
développé cette forme, ce concept-là. Surtout pour des
bureaux qui sont dans des régions comme les nôtres, rurales, il
faut penser qu'il faut avoir beaucoup de points de vente, ce qui est
excessivement coûteux, parce qu'on parie de communications,
d'informatique. Alors, c'est une formule qu'on a préconisée et
c'est aussi une formule qui est, je pense, la formule de l'avenir, parce
qu'avec le cycle... On dit chez nous que, des fois, il y a le cycle de
l'assurance. De ce temps-là, c'est l'immobilier qui connaît ses
difficultés. Par contre, pour qu'une entreprise survive dans un certain
cadre, ça lui prend ces divers services-là.
Mme Robic: C'est intéressant, parce que cet
après-midi, on a un exemple. Cet après-midi, on
s'inquiétait ici, autour de la table, et on disait: Dans un cabinet
multidisciplinaire où on regroupe plusieurs industries avec des
produits, qu'est-ce qui arrive quand il y a une pomme pourrie dans le lot?
Comment le cabinet multidisciplinaire réagit à ça? Comment
il se préserve contre ça? Je suppose que vous autres...
Mme Marleau: Si un des services, par exemple, était moins
ou mal exploité, ou en difficulté? Je pense que, justement quand
tu chapeautes plusieurs services comme chez nous, c'est une espèce de
conscience, c'est l'image. Parce que, justement, on sait très bien, ne
serait-ce que l'agence de voyages, si, en partant, je ne sais pas, moi, tu
organises trois ou quatre groupes puis que l'aventure est désastreuse,
ça va influencer absolument tes autres services, parce qu'ils vont
garder de tout ça, pour venir renouveler leurs assurances ou penser a un
prêt hypothécaire, ils vont garder un goût amer. C'est
sûr que ça demande une structure administrative. Ce qui peut
être bon aussi pour un petit cabinet qui dit: Moi je n'ai pas envie de me
regrouper dans une grosse boîte comme ça, c'est qu'on peut offrir
les services, par exemple, c'est comme un service de consultants, on le fait
avec des tout petits courtiers. Par exemple, un courtier a ses 500 000 $ de
volume et il dit:
Moi, je veux rester courtier d'assurances, mais on peut partager les
commissions. Si, par exemple, quelqu'un lui dit: Moi, je veux vendre ma maison,
il dit: Écoute, je vais te référer. C'est du
"référencement". À ce moment-là, on lui envoie les
gens dont c'est la profession, puis il y a un partage de commissions. On le
sait, le partage de commissions, ce n'était pas permis, c'est pourquoi
on en parie. Il faut que ce soit permis, parce que c'est une mesure pour aider
tous ces professionnels-là qui vont vouloir garder, justement, des
petites boîtes.
Mme Robic: C'est peut-être la façon de l'avenir pour
préserver la petite et la moyenne entreprise...
Mme Marleau: Je le crois sincèrement. Mme Robic:
...dans les services financiers. Mme Marleau: Oui.
Mme Robic: Alors, il y a en haut de cette pyramide des
gestionnaires qui s'assurent de voir à la bonne fonction de tous ces
petits...
Mme Marleau: Et à la formation continue. Mme Robic:
Oui.
Mme Marleau: C'est ça qui fait que, par exemple, moi, je
dis qu'il y a un bel avenir pour les petites boîtes, parce qu'elles vont
pouvoir profiter justement de l'expertise des bottes qui se sont
peut-être décloisonnées, si on peut dire. Parce que ce
décloisonnement-là, il est coûteux alors, si on peut
revendre certains services, certaines expertises à ces petites
boîtes-là, à ces petits bureaux-là, pour eux autres,
c'est ce qu'il leur faut. Si, dans un moment x, ils ont un besoin, on a fait
l'expertise, on peut leur vendre notre étude, on peut leur vendre notre
façon de procéder. Puis c'est comme ça, parce qu'on ne
pourra jamais prendre de l'expansion partout, c'est trop coûteux. On est
rendus à une certaine limite où l'expansion est coûteuse.
À ce moment-là, je pense qu'il y a un avenir pour les petites
boîtes, ça, j'en suis absolument sûre, il n'y a pas
de...
Mme Robic: Alors, vous faites un très bon plaidoyer pour
le cabinet multidisciplinaire, pour l'expérience même. On pariait
cet après-midi de projets pilotes. On vient d'avoir un bon
témoignage ici, qui nous prouve que ça fonctionne très
bien. On vous remercie beaucoup. M. le Président, je vais passer la
parole à mon confrère.
Le Président (M. Després): Merci, Mme la ministre.
La parole est au député de Labelle.
M. Léonard: Alors, à mon tour de souhaiter la
bienvenue au Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du
Québec. Je pense, Mme Marleau, que vous avez fait une excellente
description de ce qu'était un groupe, un cabinet multidisciplinaire.
Moi, j'aurais une question à vous poser. Vous parlez d'harmonisation. En
réalité, la question qui me vient à l'esprit, c'est
pourquoi, finalement, les courtiers en immobiliers ne seraient pas assujettis
à la Loi sur les intermédiaires de marché? (20 h 30)
Mme Marleau: Pourquoi n'auraient-iis pas exactement une
structure...
M. Léonard: Plutôt que d'harmoniser avec une autre
loi entre deux lois puis avec l'Office des profession, disons qu'on tourne
autour de cette question depuis le début de la commission parlementaire.
Alors, pourquoi ne seraient-ils pas aussi sur le coup de la Loi sur les
intermédiaires de marché qu'on a votée l'an dernier?
M. Derome (Jean-Marie): À mon sens, pourquoi
recommandait-on justement un cabinet multidisciplinaire? C'est qu'on n'a pas
carrément la même fonction. On n'a pas la même façon
de pratiquer. Le marché n'est pas du tout le même. Il est
complémentaire.
M. Léonard: Non, mais ce sont quand même... Un
courtier en immeubles, c'est quand même un intermédiaire de
marché. Il a deux clients, si vous voulez, mais en
réalité, il en a un surtout, c'est le vendeur, dans le cas, le
vendeur de l'immeuble. Pourquoi, alors, ça ne serait pas la Loi sur les
intermédiaires de marché?
Mme Marleau: Autrement dit, pourquoi ne les ont-ils pas
inclus...
M. Léonard: Incorporés l'an dernier.
Mme Marleau: ...à notre groupe? Vous me demandez une
question et je n'ai pas...
M. Léonard: Vous êtes même dans la même
boîte.
Mme Marleau: Je n'ai absolument pas la réponse. Pourquoi,
à un moment x, on ne les a pas intégrés? Vous dire que
c'était peut-être un phénomène qui s'enclenchait
à ce moment-là...
M. Léonard: Vous, vous ne verriez pas ça d'un
mauvais oeil, qu'ils tombent sous la même loi, finalement. Parce que
ça éviterait les problèmes d'harmonisation que vous
soulevez.
Mme Marleau: C'est certain que, si on a un cadre de
professionnels et qu'on a affaire à un consommateur pour lui vendre un
service qui
touche le financier, si on parle d'hypothèque, entre autres, il
faut être régi à peu près de la même
façon. S'il n'y a pas d'harmonie, je ne sais pas comment le gouvernement
va pouvoir se retrouver dans tout ça.
M. Derome: Vous posez la question: Pourquoi ne sont-ils pas
régis par la même loi? Je vais vous dire bien franchement, vous
nous embêtez, parce qu'on ne s'est pas penchés sur le
problème. La Loi sur le courtage Immobilier a toujours
existé.
Mme Marleau: C'est ça.
M. Derome: On vient de nous dire: Est-ce que vous auriez
objection à ce qu'il y ait un cumul de permis en assurance? Non, en
autant qu'on a la réciprocité. Je sais que, dans la pratique, il
est bon que ce soit régi par la Loi sur le courtage immobilier. Parce
que, dans la pratique, tous les jours, dans mon propre cabinet, avant que je
sois directeur général, j'étais à côté
d'un gros agent d'immeubles très connu. Il y avait là 15 agents
qui, de temps en temps, vendaient une maison et disaient: Va donc t'assurer
chez Jean-Marie. On était dans le même bureau. On partageait la
même porte d'entrée. On ne partageait pas les commissions, mais on
partageait certains frais: le café...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Derome: ...le "faiseux" de ménage. On partageait
ça. Et, constamment, on s'échangeait... Un client me demandait:
Connais-tu un bon agent d'immeubles? Bon, bien, écoute donc, c'est
sûr que j'allais tendre la main à celui qui m'avait envoyé
une assurance la veille. J'avais un notaire, j'avais un avocat dans le
même immeuble.
Mme Marleau: II y a toujours eu une entente tacite, si on peut
dire. C'est que, là, on parle justement de réduire les
coûts. Il y a quelques années, on n'avait peut-être pas
vraiment besoin de partager les coûts et on n'avait peut-être pas
vraiment besoin de se partager une clientèle, parce que, si on parle
d'assurance, on était quasiment les seuls intervenants pour vendre de
l'assurance. Le jeu est pas mal changé, depuis quelques années.
On s'aperçoit que, pour survivre, il faut se passer cette
clientèle-là.
M. Léonard: C'est ça. Vous avez très bien
utilisé un mot, je pense que vous l'avez inventé:
"fidéliser" la clientèle. Effectivement, c'est ça que
ça produit. Mais, au fond, vous n'auriez pas d'objection
particulière à ce que ce soit la même loi.
Mme Marleau: Moi, je vais vous dire... Me Bois.
M. Bois (André): Si vous permettez, quand j'ai lu le
document de consultation, je me suis aperçu que l'organisme
d'autoréglementation a des pouvoirs de réglementation qui sont
assez similaires à ceux des conseils créés par la Loi sur
les intermédiaires de marché. Déjà, il y a, dans le
document de consultation, une orientation vers la cohérence
législative. Alors, par la suite, ça devient une question de
forme. Que ce modèle-là soit dans le chapitre 52 des statuts de
1990, dans une loi à part ou qu'il soit dans un code des
intermédiaires de marché, évidemment, là, ça
devient une question de commodité pour la consultation. Je pense que
votre question est surtout de savoir si on doit viser à une certaine
harmonisation quant au contenu du modèle d'autoréglementation et
du modèle de muttidis-ciplinarité. Si on va un pas plus loin,
vous nous poseriez également la question: Est-ce que les courtiers en
valeurs mobilières ne devraient pas également être
intégrés dans la Loi sur les intermédiaires de
marché? Pour vous, législateurs, c'est sûrement une
tâche ardue d'essayer de tout codifier ça. Je suis sûr que
le prédécesseur de Mme la ministre aurait peut-être
aimé, fui aussi, en son temps, faire également les courtiers en
immeubles, mais on ne peut pas tout faire en même temps. Alors, quand on
suit après, bien, on prend la législation comme elle est, je
suppose, et on essaie d'harmoniser tout ça avec les besoins du milieu.
Moi, c'est mon humble point de vue là-dessus.
M. Léonard: Oui, je sais, il vont pas à pas.
Ça ne va pas vite, par exemple.
M. Derome: On ne fait pas de politique, nous.
M. Léonard: Est-ce que, sur le plan des objectifs
poursuivis... Parce qu'au fond, c'est ça que l'on mentionne ici, la
protection du consommateur. On dit que l'organisme doit avoir ça comme
objectif...
Mme Robic: L'autoréglementation.
M. Léonard: ...à l'exclusion même de
l'intérêt des membres. Est-ce que ça pourrait être
desservi autant par la loi des intermédiaires de marché, qui
régit les courtiers en assurances?
M. Bois: Je répond là-dessus que si vous demandez
si plusieurs des articles de la Loi sur les intermédiaires de
marché devraient être transportés dans la future loi, on
n'a pas de difficulté à répondre que oui.
M. Léonard: Non, bien, en termes de protection des
consommateurs, votre loi des intermédiaires de marché
protège les consommateurs?
Une voix: Oui.
Mme Marteau: Absolument.
M. Léonard: Alors, pourquoi inventer une autre structure,
une autre loi pour les courtiers?
M. Bois: Je pense, moi, que le document de consultation, ceci dit
en toute déférence, n'invente pas de toute pièce. Il
prolonge un modèle d'autoréglementation qui existe
déjà. C'est ça que j'ai cru percevoir dans le document.
Alors, on n'appelle pas ça le conseil, les vocables ne sont
peut-être pas les mêmes, mais la substance est la même. Peu
importe le costume, si le principe est toujours là...
M. Léonard: Pour vous, finalement, c'est à peu
près la même chose.
Mme Marleau: C'est ça.
M. Léonard: L'organisme qui est proposé là,
c'est la même chose que le conseil qu'il y aurait sous la Loi sur les
intermédiaires de marché?
M. Bois: Oui, c'est ce qu'on croit déceler dans le
document de consultation. Le reste, c'est une commodité de consultation.
Évidemment, ce serait l'idéal qu'on ait un code des
intermédiaires de marché regroupant...
M. Léonard: Tout le monde.
M. Bois: ...les courtiers en immeubles, les courtiers... Mais
pour ça, je suppose qu'il ne faut pas bousculer tout le monde. Je ne
parle pas du législateur, mais...
M. Léonard: Vous espérez que ça vienne un
jour.
M. Bois: Bien sûr, comme le superconseil dont il
était question dans le document de consultation. Ce n'est
peut-être pas trop tôt.
M. Léonard: Sur un autre plan. Vous voyez des courtiers en
immeubles. Vous avez vous-mêmes votre expérience chez les
courtiers en assurances. Compte tenu de l'expérience que vous avez, par
exemple, dans votre groupe, trouvez-vous que la formation des courtiers et des
agents est suffisante, actuellement? Avez-vous quelque chose à dire sur
cette question?
Mme Marleau: La formation des courtiers? Si je regarde, par
exemple...
M. Léonard: Vous connaissez la même rotation qu'on a
décrite, 30 %, 40 % d'agents qui changent chaque année?
Mme Marleau: Si je vous parle de mon expérience à
moi, dans mon secteur à moi, là, comme de raison, c'est sûr
qu'il n'y a pas ce... C'est beaucoup plus stable. Je parle d'un secteur que je
connais, je parle des Laurentides. C'est certain que si on recule, par exemple,
si on pense à ce qu'était l'assurance il y a plusieurs
années, c'est qu'à un moment donné, quand quelqu'un avait
une mise à pied... Souvent, les gens pensaient que devenir un agent
d'assurances, c'était quelque chose qui s'apprenait vite et qui avait
l'air facile.
Je puis dire que, dans l'immobilier, c'a été la même
chose, parce que, quand tu regardes aller ça, tu as l'impression que
c'est un cours qui dure quelques semaines et tu as l'impression que c'est
facile. C'est vraiment quand tu travailles sur le plancher que tu vois la
difficulté. Ça prend des capacités de marketing, des
capacités... En tout cas, c'est certain que pour quelqu'un qui, à
un moment donné, se voit sans emploi et qui connaît un tas de
monde, ça peut sembler facile d'aller vers le courtage immobilier. Quand
même, il se fait déjà, à partir des bureaux, en
partant, une sélection très serrée, parce que, là
aussi, tu ne veux pas envoyer n'importe quel individu. Si tu veux qu'un
individu soit représentatif de ta boîte, il faut que l'individu
ait certaines connaissances techniques.
Dans ce que, moi, je connais, dans les Laurentides, on n'a pas ce nombre
d'individus qui viennent et qui repartent dans l'immobilier. D'ailleurs, on est
vraiment dans un moment où on pourrait penser qu'en tout cas, dans
certains secteurs, on parie de... Il y a un gros pourcentage de gens qui
laissent, c'est bien certain. Moi, je connais des gens qui ont pris un recul,
qui se sont pris une autre job, parce que ces gens qui ne fonctionnent
qu'à commission, à ce moment-là, quand ça fait
trois, quatre mois qu'il n'y a pas de commissions qui rentrent, tu te trouves
une autre job. Mais ce sont des gens qui vont revenir à l'immobilier. Ce
sont des gens qui doivent survivre, là, mais ce sont des gens qui sont
quand même... Ils viennent faire du bureau, tout ça, mais ils se
sont pris une autre job qu'ils n'ont pas délaissée. Dans un
centre urbain, c'est peut-être une autre histoire, mais...
Le Président (M. Després): Merci, Mme Marleau. Je
m'excuse, M. le député de Labelle, parce que le temps est
écoulé.
Mme Marleau: Oui.
Le Président (M. Oesprés): Mme la ministre.
Mme Robic: Vous savez, je m'amuse à écouter le
député de Labelle, parce qu'il sait très bien pourquoi la
loi du courtage immobilier n'a pas été intégrée
à la loi 134. Je pense que M. Derome... Vous aviez tous une bonne
réponse, mais M. Derome, vous avez dit le mot clé. C'est
que ce n'est pas le même type de services, donc, après
consultation, la décision avait été prise de ne pas
l'inclure. Ça, le député de Labelle le sait très
bien, d'ailleurs.
Vous parlez du cumul des permis et vous nous dites: Au niveau des
prêts hypothécaires, II y aurait quelque chose à taire
là. Je voudrais vous rappeler que, dans votre document, si vous ma
permettez, vous dites que la loi 134 vous permet... Mais il ne faut pas oublier
qu'il faut que la Loi sur le courtage immobilier...
Mme Marleau: Oui, oui. Mme Robic: D'accord? M. Derome:
C'est sous réserve. Mme Marleau: Sous réserve.
Mme Robio: Oui, c'est ça. Alors, il faut que le lien se
fasse et il faut que les gens se qualifient. Et là, vous semblez avoir
quelques réticences à ça.
M. Derome: Est-ce que je peux répondre un peu?
Mme Robic: Pourquoi? J'ai l'Impression quo ce serait facile, pour
vous autres...
M. Derome: C'est que, dans le fond, prêter sur
hypothèque, c'est évaluer une maison. Un courtier d'assurances
qui assure une résidence depuis les trois ou quatre dernières
années connaît la valeur de la propriété, parce
qu'il est obligé d'évaluer cette
propriété-là. Pour nous, la différence, c'est qu'on
l'évalue au coût de remplacement, à la place de
l'évaluer en valeur marchande. On connaît également la
construction même, l'état de la maintenance, parce qu'on a souvent
visité le client. On connaît même la valeur morale de notre
client. On sait s'il paie bien, s'il entretient bien sa maison. On obtient des
confidences, au point qu'on sait même s'il va se séparer de sa
femme ou si sa femme va le séparer. Souvent, on est au courant de tous
ces détails-là d'un de nos clients. Donc, le prêteur
hypothécaire, ce qu'il regarde, ce sont ces
éléments-là. Et, dans un premier temps, il est sûr
et certain que nos cabinets de courtage ne veulent pas faire
l'évaluation à fond d'un prêt hypothécaire. Ils
veulent être capables de le référer à un
prêteur hypothécaire qui, lui, est équipé pour en
faire l'évaluation. C'est sûr que, quand on a demandé
ça, j'étais une des personnes du Regroupement qui l'a
demandé intensément, au moment de la consultation sur la loi 134.
Et il m'apparaît que ça ne serait pas grand-chose à faire
que de nous donner la permission. Il ne nous reste pas grand-chose à
apprendre pour que vous puissiez nous donner cette permission-là.
Dans l'immeuble, c'est différent. Apprendre le métier
d'agent d'immeubles, oui, je suis d'accord que ça prend des cours,
mais...
Mme Robic: Alors, vous pariez d'un permis restreint. Là,
j'ai des problèmes avec les exceptions. Vous savez, je pense qu'un agent
d'immeubles qui voudrait vendre de l'assurance pourrait peut-être me
dire: Bien, moi aussi, je suis très bon, parce que j'entre dans les
maisons et je sais ce qu'il y a dans les maisons; donc, je n'ai pas besoin de
suivre un cours. Là, j'ai un problème avec les exceptions. Est-ce
qu'il y aurait une grosse demande? Si on allait...
M. Derome: Certainement.
Mme Robic: Est-ce qu'il y a un intérêt de vos
membres, présentement, pour avoir la permission de faire du prêt
hypothécaire? Est-ce que la demande est très importante?
M. Derome: Certainement. Mme la ministre, vous savez que notre
lutte a commencé en 1987, au moment de l'introduction des caisses
populaires dans le domaine de l'assurance. On a encore la prétention
qu'elles n'avaient pas le droit de le faire. Malheureusement, la cour ne nous a
pas encore donné raison, mais si les caisses pop sont capables do
prendre... Parce qu'on est obligés de leur donner une copie de notre
police servant à la garantie de leur prêt. Elles prennent notre
police, elles appellent le client, et si... Elles ont tout. Elles ont la
description de la maison, elles ont la prime. Si on marque 350 $ de prime,
elles appellent notre client et disent: Je vais te la faire à 300 $. On
aimerait bien être capables, parce qu'on a les mêmes renseignements
et qu'on sait que la caisse pop est prêteuse hypothécaire, on
aimerait bien pouvoir compétitionner avec les caisses pop sur le
même pied qu'elles le font avec nous. Et c'était te principal but
de notre demande au moment de la commission parlementaire sur les
intermédiaires de marché.
Mme Robic: Bien, je comprends que vous avez des revendications
à faire, mais je pense qu'on ne traite pas tellement de ça, ici,
à ce niveau-là. Je pense que ce n'est peut-être pas...
M. Derome: Non, mais vous nous demandez s'il y a
intérêt à ce qu'on vende des hypothèques. Oui.
Mme Robic: Oui, mais c'est parce que... Pour un grand nombre,
est-ce qu'en ce moment, vous vous sentez lésés parce que vous
n'avez pas le droit d'être dans le prêt hypothécaire? Est-ce
qu'il y a une demande assez forte pour ça?
M. Derome: Je peux vous dire que sur 700 cabinets de courtage...
(20 h 45)
Mme Robic: Oui.
M. Derome: ...qui sont membres chez nous, il y en a 598 qui
attendent juste d'avoir la permission.
Mme Robic: Ah oui?
Mme Marleau: Ne serait-ce que pour... Si on parle, par exemple,
de "référencement", il est certain que ça peut
être... Parce que si on parle de quelqu'un qui s'occupe d'un module - on
appelle ça comme ça, nous autres - le
"référencement", ça peut être très
intéressant. Tu as seulement à référer un nom.
Donner les détails de la propriété, ce n'est pas malin,
hein? Ça peut être le début de cette entente-là.
M. Derome: Les assureurs-vie le font déjà. Beaucoup
d'assureurs-vie le font déjà à l'endroit de leur compagnie
d'assurances.
Mme Robic: Oui. Les compagnies d'assurances font du prêt
hypothécaire, mais je ne suis pas sûre que ce soit les agents en
assurances qui font les prêts hypothécaires.
Mme Marleau: Mais ils font de la référence. M.
Derome: Ils font du "référencement".
Mme Robic: Mais ils font la référence, oui,
évidemment.
M. Derome: Oui, oui. Ils font du
"référencement".
Mme Robic: D'accord. Ça va, M. le Président, merci
beaucoup.
Le Président (M. Després): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui. Je voudrais reprendre un peu sur une
remarque de Mme la ministre qui disait que je savais très bien la
réponse sur le fait qu'il s'agissait d'activités
différentes. Moi, je vais convenir que le courtage immobilier, ce n'est
pas le courtage d'assurances, effectivement. Ce qui n'empêche pas que
l'objectif de ces lois ou des articles à l'intérieur de ces lois
vise la protection du consommateur. En définitive, ces
articles-là où vous avez fait la concordance, finalement, sont
pratiquement les mêmes dans le projet qui est déposé sur la
table, projet de consultation, en autant qu'il est clair, faut-il le dire,
parce que ce n'est pas encore bien arrêté. C'est assez vague et
flou merci. Alors, je pense que c'est une question qui se pose sur cette
affaire, parce que, dans la mesure où l'on demande une harmonisation, on
indique tout de suite qu'il y a des difficultés qui pourraient
apparaître par le fait même qu'il y a deux lois différentes,
sans compter que si vous avez des cabinets multidisciplinaires, il y aura aussi
l'Office des professions dans le décor. Donc là, on commence
à avoir beaucoup de monde. Si on faisait l'économie d'une loi, ou
d'articles, ou d'une structure, ça pourrait valoir son pesant d'or.
J'ai une autre question sur le franchisage. Vous dites que les
modalités et conditions devraient être "déterminées
par un règlement de l'organisme d'autoréglementation et non par
voie législative". Je comprends qu'une loi, si elfe va trop dans le
détail, peut être contraignante au plan des opérations, et
c'est vrai que ça peut être nuisible aux opérations. Par
ailleurs, si on donne un pouvoir d'autoréglementation, il faut voir
qu'en contrepartie, il faut être absolument sûr que les personnes
qui vont faire les règlements vont être bien formées pour
le faire. Généralement, on donne des pouvoirs
d'autoréglementation à des ordres professionnels qui doivent se
définir un code d'éthique et qui, donc, font preuve d'une
certaine formation, généralement au niveau universitaire. Est-ce
que vous pensez qu'on peut avoir les mêmes exigences dans un tel
organisme d'autoréglementation ici? Il me semble que le courtage
immobilier ne requiert pas nécessairement de formation universitaire. On
en a parlé un peu, cet après-midi. Peut-être les courtiers
- ce serait déjà une innovation de l'exiger - et les agents, une
formation cégep, mais de là à donner un pouvoir
d'autoréglementation à des gens qui auraient une formation,
disons, au niveau cégep, au plan québécois, ça me
paraîtrait beaucoup. Disons que j'aimerais vous entendre
là-dessus.
Mme Marleau: Là, on parle des règles du
franchisage. Il faudrait demander à Me Bois...
M. Léonard: Oui. C'est parce que vous dites que les
règles du franchisage devraient être faites par l'organisme
d'autoréglementation lui-même.
M. Bois: Oui, mais sans égard à la formation
des...
M. Léonard: Oui, mais sans égard à la
formation...
M. Bois: Non, mais sans égard à la formation des
membres réglementés. Généralement, ces
gens-là sont bien conseillés; ils ont des consultants externes
qui peuvent sûrement les orienter. Deuxièmement, la raison pour
laquelle c'est écrit là, c'est qu'il n'y a pas encore de
loi-cadre, au Québec sur le franchisage. C'est ça, le gros
problème.
M. Léonard: Bien, c'est dans le Code civil. M. Bois:
Non plus, c'est parce que...
M. Léonard: Ça ne l'est pas non plus?
M. Bois: D'abord, c'est un terme galvaudé, "le
franchisage".
M. Léonard: Oui. O.K.
M. Bois: Le franchisage, pour parler français, c'est de la
sous-agence, mais avec un emprunt des marques de commerce. Alors,
évidemment, c'est une façon de rendre captifs certains petits
sous-agents. Mais parler du franchisage dans les produits financiers, c'est de
faire un emprunt peut-être un peu malheureux au franchisage de biens
tangibles, comme les McDonald's.
Mais pour revenir à la réglementation, tant qu'il n'y aura
pas de loi-cadre, je vois difficilement, d'une part, le législateur
aller se prononcer, dans un secteur très limité qu'est le
courtage immobilier, sur une question de principe comme ça, sur le
domaine du franchisage en adoptant des règles, alors que tous les autres
secteurs ne sont même pas encore réglementés. C'est
préférable, comme c'est toujours le cas en matière
commerciale, parce qu'on est en matière commerciale ici, de laisser des
précédents, un peu à la manière anglaise,
s'établir au fur et à mesure des besoins de la profession, quitte
à ce que le gouvernement, qui a le pouvoir d'approuver les
règlements - ici, c'est le ministère, Mme la ministre qui est
responsable de cette loi-là - voie à ce que les règlements
soient approuvés avec ou sans modification pour donner l'orientation
voulue. Mais, tant qu'il n'y aura pas de loi-cadre, je trouverais un peu
contraignant pour le monde du commerce, dans un secteur aussi limité,
d'établir une loi sur le franchisage
M. Léonard: Non. Je n'en étais pas à
ça. Je disais qu'il y a des corollaires au fait qu'on donne un pouvoir
d'autoréglementation. C'est juste ça. Donc, moi aussi, je serais
d'accord que, passer une loi là-dessus... li y a déjà
assez de lois merci.
Une autre question. On propose un organisme d'autoréglementation.
Comment en voyez-vous la composition? Vous n'avez pas d'idée
là-dessus? Mais en fonction de l'intérêt et de la
protection du consommateur.
Mme Marteau: On pourrait peut-être puiser dans ce qu'on a
dans notre profession.
M. Léonard: Est-ce que vous allez dans vos conseils?
Oui?
Mme Marteau: Un organisme d'autoréglementation.
M. Léonard: II est composé comment chez vous?
Mme Marleau: L'organisme qui fait l'autoré-glementation
des courtiers d'assurances est l'Association des courtiers d'assurances du
Québec et, si on y va...
Une voix: Le conseil.
Mme Marleau: ...et le conseil, aussi. Le conseil des assurances -
ici, on parle de l'exemple des courtiers - a défini que, par exemple,
tout ce qui était éthique était régi par
l'Association des courtiers d'assurances, avec une définition de ses
pouvoirs. Un comité de discipline aussi, oui, comme dans tous les
organismes, en fin de compte.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a un code de
déontologie?
Mme Marleau: C'est ça, comme dans...
M. Derome: Et c'est l'Association des courtiers qui a à
rédiger, dans le nouveau cadre de la loi 134, le code de
déontologie et qui va être chargée de la surveillance et de
l'application de la discipline.
M. Léonard: Donc, on pourrait retrouver pratiquement la
même chose.
Mme Marleau: Oui, oui, comme dans... M. Derome: Oui,
ça pourrait être un... Mme Marteau: Un organisme...
M. Léonard: On pourrait glisser carrément sous la
loi 134, hein? C'est ça, la conclusion, finalement. Merci.
Le Président (M. Després): Je vous remercie, M. le
député de Labelle. J'aimerais remercier les gens du Regroupement
des cabinets de courtage d'asssurance du Québec pour leur exposé
à cette commission parlementaire.
Mme Marteau: Merci.
Le Président (M. Després): Merci.
M. Derome: Merci.
Le Président (M. Després): J'aimerais maintenant
appeler l'Association québécoise de la franchise.
Je demanderais à M. René Deshaies, le président, de
bien vouloir présenter les gens qui l'accompagnent.
Association québécoise de la
franchise
M. Deshaies (René): Oui. À ma droite, Michel
Gagnon, des pharmacies Cumberland et
vice-président de l'Association québécoise de la
franchise; de l'autre côté, Me Paul-André Mathieu, de
l'étude Lapointe Rosenstein, qui est le conseiller juridique de
l'Association québécoise de la franchise; et moi-même,
René Deshaies, président de l'Association et représentant
d'une compagnie qui s'appelle M-Corp, les restaurants Mikes et TCBY, Tous ces
bons yogourts.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
président. J'aimerais vous rappeler que vous avez 20 minutes qui seront
consacrées à l'exposé de votre mémoire et 40
minutes qui seront suivies d'échanges avec les membres de la commission.
La parole est à vous, M. le président.
M. Deshaies: Tout d'abord, l'Association québécoise
de la franchise est une association qui existe depuis 1985, mais qui a toujours
été reliée avec la Canadian Franchise Association qui,
elle, existe depuis 20 ans. Maintenant, cette année - peut-être
que ça vous amènera des sourires - nous nous sommes
séparés. Enfin, ce n'est pas le bon mot, mais on a eu notre
entité légale distincte de la Canadian Franchise Association. On
était, à venir jusqu'à juin de cette année, un
chapitre de la CFA; on s'appelait l'Association des franchiseurs du
Québec. On a changé le nom, à partir du moment où
on a eu notre entité légale distincte, pour l'Association
québécoise de la franchise, parce qu'on voulait
représenter les intérêts plus larges du franchisage,
c'est-à-dire promouvoir le franchisage selon des normes
élevées d'éthique par de l'éducation à nos
franchiseurs et, par ricochet, aux franchisés qui deviennent nos
clients. Donc, c'est deux des buts primordiaux; aussi, on veut assurer une
bonne relation avec tous les paliers de gouvernement au niveau de la
réglementation - comme nos prédécesseurs ont dit qu'elle
n'existe pas - et aussi assurer la liaison des franchiseurs du Québec et
de certains franchiseurs pancana-diens avec la communauté internationale
de franchisage, dont font partie la Canadian Franchise Association,
l'Association internationale du franchisage aux États-Unis, la
Fédération française en France, etc.
Donc, notre but, si on est ici, c'est pour quelque chose de quand
même relativement petit, si vous voulez, à l'intérieur de
toute cette consultation-là. Je vais laisser Me Paul-André
Mathieu vous en parler, mais nous, on est bien persuadés qu'à
l'heure actuelle, l'industrie du franchisage au Québec est bien
représentée par l'Association québécoise de la
franchise. L'industrie du franchisage en général a connu une
croissance très bonne, dans les dernières années, sans
trop d'anicroches. C'est-à-dire qu'au niveau commercial, c'est sûr
qu'il y aura toujours de petites embûches, mais on pense que notre
industrie est saine et qu'on fait un bon travail à ce
niveau-là.
Maintenant, quand on voit, dans un docu- ment, apparaître le mot
"franchisage", les oreilles nous vibrent un petit peu. On regarde ça...
De toute façon, je vais laisser Me Paul-André Mathieu
élaborer sur ce sujet-là. Merci.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
président.
M. Mathieu (Paul-André): Alors, si vous permettez,
j'enchaînerai là-dessus d'ailleurs en disant qu'en 1987, le
gouvernement du Québec avait mené une étude sur le sujet.
Le ministre André Vallerand, le ministre délégué
aux PME, à l'époque, avait parrainé la préparation
d'un rapport sur les PME au Québec, un rapport dont un des volets
touchait spécifiquement au franchisage et qui analysait la situation du
franchisage du Québec. Le chapitre 5 de ce rapport mentionnait "que les
franchises constituent de nos jours des tremplins privilégiés
pour le développement et la croissance du commerce". Ce rapport a
révélé qu'au Québec, aucune législation
directe ou spécifique ne régissait le franchisage, et c'est la
situation qui demeure aujourd'hui. On ajoutait dans ce rapport, cependant, que
l'absence de législation spécifique ne signifiait pas que les
relations de franchise étaient à l'abri de toute contrainte
légale; au contraire, les dispositions du Code civil relatives aux
contrats, de même que la Loi sur les marques de commerce, la Loi sur la
concurrence et d'autres lois de caractère générai
s'appliquaient à l'établissement de réseaux de franchises.
Comme je le mentionnais, cette situation n'a pas changé jusqu'à
présent, et ça n'a pas empêché le Québec de
connaître une effervescence assez remarquable dans le domaine de la
franchise. Je pourrais passer en revue nombre de réseaux de franchises
québécois qui ont connu un essor fulgurant au cours des
dernières années, mais je m'en garderai pour l'instant à
tout le moins, afin de ne pas en oublier. Je suis persuadé que, chez les
membres de la commission, il y a déjà des noms qui
surgissent.
Cela dit, au Canada, seule la province de I'Alberta a adopté une
législation spécifique en la matière. Bien qu'il n'y ait
pas d'étude détaillée sur le sujet, il y a un sentiment
général qui veut que le développement du franchisage, donc
des industries locales en matière de franchisage, a connu une croissance
beaucoup moins accélérée que dans les autres provinces,
particulièrement au Québec. Or, c'est avec ces données
à l'esprit qu'à l'Association québécoise de la
franchise, nous visons à apporter notre contribution, à donner
nos commentaires, à donner notre perspective au gouvernement dans tout
projet qui pourrait toucher, d'une façon directe ou indirecte, le
développement d'un réseau de franchises ou les activités
des franchiseurs au Québec. (21 heures)
Or, sur cette lancée, on a étudié le rapport qui a
été présenté, en fait, le projet d'étude
qui
nous a été soumis en rapport avec la réforme de la
Loi sur le courtage immobilier. Et, à la question que je me permettrai
de remettre en lumière, à la question suivante, nous avons
apporté certaines réflexions que nous désirons vous
soumettre, qui sont très brèves, mais qui vont nous permettre, si
vous le désirez, d'ouvrir sur une période de questions. Avec un
peu d'interaction, nous pourrons vous exposer plus clairement les motifs qui
nous amènent ici.
Or, la question était la suivante. Les modalités et
conditions du franchisage des activités d'un courtier en immeubles
doivent-elles être déterminées par règlement de
l'organisme d'autoréglementation? Notre réflexion s'est faite de
la façon suivante... On a recherché, parce que, avant toute
chose, l'Association a nécessairement à l'esprit de
protéger l'intérêt du public en général... La
question, donc, nous a amenés à faire la réflexion
suivante: Quel est l'objectif d'une réglementation du franchisage? Quel
serait l'objectif visé par le gouvernement dans une mesure semblable? Il
y a eu deux volets de réponse à cette question. Le premier
était le suivant: probablement la nécessité de
protéger l'acheteur d'une franchise. C'est le cas de la plupart des
législations américaines et de la législation en Alberta,
où des mesures très strictes, des mesures jusqu'à un
certain point coercitives réglementent la façon ou les
modalités selon lesquelles un franchiseur peut vendre des franchises, et
ce, quel que soit le secteur d'activité. Qu'on parle du domaine des
pharmacies, qu'on parle du domaine des fast-foods, de la restauration en
passant par la quincaillerie, tous sont soumis au même processus.
Le deuxième volet était l'intérêt de la
protection du public en général, public qui fait affaire avec un
réseau de franchises ou en fait avec un détaillant qui
opère sous franchise.
Or, quant au premier volet, la réflexion qu'on vous apporte,
c'est qu'il n'est probablement pas opportun pour le gouvernement de
légiférer ou de permettre à un organisme
d'autoréglementation de légiférer quant à la
façon dont un réseau de franchises peut franchiser ses
activités. Le cadre d'une loi générale ou un autre cadre
ou d'autres circonstances... Et, de toute façon, sans émettre une
opinion ferme là-dessus, la pratique a démontré que le
droit civil québécois répond très bien à la
nécessité de la protection de l'acheteur. Les tribunaux ont
été appelés jusqu'à présent à
décider de questions de litige entre un franchiseur et un
franchisé. Il est arrivé à l'occasion que ça se
présente comme dans tout autre domaine du commerce. Or, en soi, le
franchisage ne se distingue pas nécessairement d'une autre
activité commerciale sous ce rapport de franchiseur-franchisé.
Notre recommandation serait certainement d'éviter d'imposer des
restrictions spécifiquement aux entreprises qui font du courtage
immobilier, alors que la pratique québécoise se veut saine, dans
ce domaine. Je ne cache pas qu'il y ait eu quelques aventures à gauche
ou à droite, mais il y en a dans tous les secteurs du commerce.
Maintenant, quant au deuxième volet, la protection du public en
général, la réflexion qu'on a faite était dans le
sens suivant: jusqu'à quel point une mesure spécifique
permettrait-elle de protéger le public? Ou jusqu'à quel point le
public a-t-il besoin d'être davantage protégé lorsqu'il
s'agit d'un courtier qui fait affaire en franchise que lorsqu'il fait affaire
avec un indépendant qui n'est rattaché à aucun
réseau? Dans ce sens-là, il nous semble que ce qui est bon pour
l'un va pour l'autre. Alors, si le gouvernement considère que telles ou
telles mesures ou tels ou tels critères d'admissibilité à
la pratique du courtage immobilier satisfont à la protection du public
pour ce qui concerne le courtier indépendant, on ne voit pas pourquoi on
imposerait des restrictions additionnelles aux réseaux qui
opèrent sous forme de franchises. Pourquoi cela nécessiterait-il
des mesures ou des restrictions additionnelles? Si le public est bien
protégé par des règles de base auxquelles tous les
courtiers doivent accéder avant de pouvoir pratiquer le courtage
immobilier, pourquoi y aurait-il lieu de distinguer ceux qui opèrent en
franchise de ceux qui n'opèrent pas en franchise? C'est là
l'essence des deux éléments de réflexion qu'on voulait
vous soumettre ce soir. Nous sommes déjà ouverts à toute
discussion ou toute question sur tous les aspects que vous voudriez
soulever.
Le Président (M. Després): Je vous remercie de
votre présentation. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Deshaies, M. Gagnon,
M. Mathieu, bienvenue à cette consultation. C'est avec plaisir qu'on
vous entend ce soir et qu'on va pouvoir échanger avec vous. Je pense que
vous êtes... Tout le monde parle de franchisage, mais, là, on a
les experts devant nous, alors c'est intéressant de pouvoir vous
entendre. Je suis assez d'accord avec vous pour dire que, si on doit
légiférer, ça devrait être à
l'intérieur d'une loi-cadre pfutôt que d'y aller à la
pièce. Je suis plutôt d'accord avec vous, mais, d'un autre
côté, le franchisage du courtage immobilier est assez particulier.
Il y a bien des questions qui se posent dans ce genre de franchisage, à
savoir la responsabilité du franchiseur vis-à-vis son
franchisé. Dans le courtage immobilier, le franchiseur n'a pas un permis
de courtier. Il vend un "package", mais le qualificateur, c'est
réellement le franchisé: c'est lui qui a un permis de courtier,
c'est lui qui a le bureau, qui fait de l'immeuble. Je voudrais savoir deux
choses de vous. Est-ce que le franchiseur a une responsabilité
vis-à-vis du franchisé, vis-à-vis de ce bureau-là?
Quand le franchiseur choisit les gens, il reçoit constamment des
demandes de personnes, de courtiers qui voudraient se joindre
à un groupe précis. Quel est le processus qui fait que
l'on choisit l'un plutôt que l'autre? Est-ce qu'il y a une
inquiétude à savoir que s'il y en a un qui tombe, la
réputation de tous les autres sera mise à l'épreuve
également? Alors, comment est-ce que ça fonctionne dans
l'immeuble, le franchisage?
M. Mathieu: Je peux peut-être, si vous voulez, amorcer un
élément de réponse quant à votre première
question: Quelle est la responsabilité du franchiseur face au
franchisé? Tout ça va dépendre de la documentation
contractuelle: ça va dépendre du contrat, des engagements du
franchiseur envers le franchisé. Maintenant, si votre question vise
davantage la responsabilité du franchiseur pour les actes commis par le
franchisé envers le public, envers la clientèle du
franchisé, là, la solution est déjà dictée
par les règles de droit civil, qui vont faire en sorte... Et là,
on pourrait citer la jurisprudence qui s'applique, qui n'est pas encore
très volumineuse sur la question, mais qui commence à
apparaître. Dans la mesure où l'individu, le public est conscient
qu'il fait affaire avec une entreprise indépendante du franchiseur, son
lien contractuel va être directement avec le franchisé, s'il passe
un contrat avec lui. Dans ce sens-là, la réflexion que je
mentionnais tout à l'heure, l'intérêt de la protection du
public, doit être mise en lumière, c'est-à-dire que le
courtier indépendant ou le courtier en franchise devra, je
présume, selon les règles que vous établirez, offrir les
mêmes garanties, la même protection au public. Si une personne X
fait affaire avec un courtier indépendant qui n'est pas en franchise et
si le gouvernement considère que, pour se qualifier afin de faire
affaire avec le public, tel courtier doit satisfaire à telles mesures de
formation ou à telle prescription quant au montant des cautionnements
qui doivent être offerts. Si le gouvernement estime que le public est
suffisamment protégé avec telles ou telles règles,
pourquoi devrait-on en imposer de plus exigeantes au courtier qui, lui, a
décidé de joindre un réseau de franchises? Alors,
c'était le premier élément de réponse à
votre première question.
M. Deshaies: Si l'on parle maintenant de conceptualisation,
est-ce que quelqu'un qui exerce à l'intérieur d'un réseau
de franchises va être plus contraint, sans parler de mesures
légales, à être plus professionnel? Je serais porté
à dire oui. Que ce soit pour un courtier en immobilier, pour une
chaîne de restauration ou pour toute autre activité en franchisage
- parce qu'on sait qu'aujourd'hui, à peu près toutes les facettes
de la vie moderne se franchisent - le franchiseur se doit de fixer des
règles de professionnalisme qui vont aider son réseau, parce que
les gens vont s'adresser à la compagnie A plutôt qu'à la
compagnie B si cette compagnie projette une image très professionnelle,
une image de marque. Maintenant, si le franchiseur, sans avoir une obligation
légale de faire remplir certains paramètres ou de se tenir en
certains paramètres... Il peut avoir cette obligation-là par
l'entente contractuelle, mais, même si elle n'existe pas, cette
obligation contractuelle, ça va définitivement être
à l'avantage du franchiseur d'avoir un niveau de professionnalisme
très élevé, parce que si l'un de ses membres commet une
entrave, qu'elle soit de nature grave ou qu'elle soit de nature moins grave,
ça va rejaillir sur son système. On sait comment la mauvaise
publicité, comme dans n'importe quel système, va affecter ses
autres franchisés et ses possibilités d'expansion, parce que
c'est toujours quelque chose qui reste, je pense, à l'arrière
dans la tête du franchiseur, de vouloir continuer son expansion et
d'être le meilleur et le plus gros réseau. Donc, je pense que
ça répond un petit peu à la deuxième partie de
votre question.
Mme Robic: Oui. Ce que vous dites, c'est vrai, mais il y a des
variantes, par exemple. Vous savez fort bien que, dépendant de la
chaîne, de ce que l'on vend, pour le franchiseur, c'est plus facile de
pouvoir suivre les activités. Si l'on parle d'une franchise McDonald's,
c'est assez facile de vérifier la qualité de la nourriture que
l'on sert là. Il y a une réglementation sévère, il
y a un temps pour garder les hamburgers avant de les jeter, etc. C'est assez
facile à suivre, la qualité est très facile à
suivre. Mais quand on parle d'une franchise en immobilier, est-ce que l'on ne
donne pas l'impression au client - c'est là où je
m'inquiète pour le consommateur - qu'il fait affaire avec une
boîte internationale? La publicité qui est faite dit: On est le
plus gros courtier au monde - je ne nomme personne, là, c'est fictif ce
que je dis là - on a des bureaux partout à travers le monde, on a
je ne sais pas combien d'agents. Alors, la personne qui se présente dans
un de ces bureaux-là a l'impression qu'elle est englobée, qu'elle
est protégée, qu'elle fait affaire avec une grosse boîte,
mais ce n'est pas tout à fait vrai. Elle fait affaire avec un courtier
indépendant qui se sert d'un service. Si ce courtier-là a des
problèmes financiers, il n'y a personne pour l'aider, il est
indépendant et il se sert d'un service. Alors, c'est là où
j'ai un problème, au niveau du courtage immobilier. Je ne pense pas
que... Il y a peut-être d'autres exemples de franchisage que je ne
connais pas, mais j'ai fait la comparaison entre une franchise d'alimentation
ou de restauration et une franchise de l'immeuble. Je pense qu'il y a une
différence importante à faire. Là, je me demande si le
consommateur comprend ce que c'est que d'aller voir un franchiseur? Est-ce
qu'il comprend qu'il fait juste affaire avec un indépendant qui entre
dans cette boîte-là et non pas avec tout le système
qui sert de support à l'indépendant et qui vend un nom,
qui vend une publicité, qui vend des services à
l'indépendant? L'indépendant est tout seul dans sa boîte.
(21 h 15)
M. Deshaies: Je vais permettre à Paul-André de
répondre au côté légal de ça. Quand on parle
de la notion de grosse boîte, faire affaire avec une grosse boîte
versus avec une petite boîte, votre question, votre appréhension
est venue sur le tapis exactement quand nous on en parlait. Je suis venu au
monde dans une petite ville qui s'appelle Asbestos, et le gars qui avait la
quincaillerie s'appelait M. Campeau. Il doit être mort, maintenant: il
avait 80 ans quand J'en avais 15. M. Campeau, si j'en parle à ma
mère ou à mon père, ils vont me dire que c'est un homme
d'affaires très équitable.
J'ai connu plus tard un M. Campeau qui venait de Sudbury, qui
représentait une très très grosse boîte et qui
était dans la même ligne que M. Campeau au coin de la rue du Roi
à Asbestos. J'ai posé la question aux membres du comité,
mais personne ne m'a répondu. J'ai dit: Je ne sais pas, mais avec lequel
des deux auriez-vous aimé mieux transiger? On a laissé tomber
ça là. Je vais permettre à Paul-André de parler un
petit peu du côté légal. Est-ce qu'on est plus
protégé dans une grosse boîte que dans une petite
boîte?
M. Mathieu: Je vais revenir avec l'argument ou, en fait, la
réflexion que je servais un peu plus tôt, mais il y a une
précision que je voudrais faire. En fait, il y a deux précisions
que je voudrais faire. Je ne voudrais pas laisser l'impression à la
commission que l'Association favorise nécessairement l'adoption d'une
loi-cadre pour le franchisage au Québec. L'Association favorise
certainement...
Une voix: Ça serait mieux pas de loi. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Mathieu: ...une réflexion-cadre, pas
nécessairement l'adoption d'une loi-cadre. Ceci dit avec un peu
d'humour, quand même, mais on favorise certainement une réflexion
sur le sujet, mais pas nécessairement l'adoption d'une loi en tant que
telle. Ce n'est peut-être pas un moyen qui répond à un
besoin, en ce moment. Du reste, il y a toutes sortes de franchises sur le
marché. Les gens qui sont avec moi à la table le
démontrent aujourd'hui. Que ce soit dans le domaine de la restauration,
dans le domaine professionnel ou quasi professionnel, dans le domaine des
pharmacies, dans le domaine du courtage immobilier, il y a toutes sortes de
franchises, et l'intérêt du public doit, de toute façon,
peu importe le type de franchise, passer avant tout.
Encore là, sur le plan de la responsabilité du
franchiseur, si on s'inquiète de la démarche que peut adopter le
consommateur, l'individu qui transige, qui fait une transaction
immobilière avec un courtier qui fait affaire dans un réseau de
franchises, si on s'inquiète de la démarche qu'il peut être
amené à faire, de l'impression de confiance, qu'en est-il, dans
ce cas-là, de l'impression ou du risque que représente la
même transaction immobilière auprès d'un courtier
indépendant qui n'a aucun support? Est-ce qu'on va interdire aux
courtiers de faire affaire de façon indépendante parce qu'ils
n'ont aucun support?
En d'autres mots, l'argument que je veux servir est le suivant. Si la
réglementation gouvernementale considère que le fait d'avoir
satisfait à tels et tels critères de formation, si la commission
considère que le fait de maintenir une police d'assurance
responsabilité civile de tel montant, le fait de détenir un
compte en fiducie dans lequel les sommes d'argent sont transigées, etc.,
un montant de cautionnement pour garantir les remboursements des sommes qui
sont versées qui serait fixé à x milliers de dollars, si
on considère que ces critères satisfont à
l'intérêt du public en général, à la
protection de l'intérêt du public, bien que le public fasse
affaire avec un courtier en franchise ou pas, le public aura
bénéficié de la protection que le gouvernement va
déterminer comme étant la protection minimale, la protection de
base à laquelle le public a droit.
Ensuite, le public aura à sa disposition toutes les
données que le marché lui permet en matière de conseillers
financiers pour déterminer s'il est préférable de faire
affaire avec une chaîne ou avec un individu qui exploite de façon
indépendante.
Donc, à partir du moment où on a fixé des
règles de base, des règles du jeu qui sont communes à
tous, pourquoi serait-il nécessaire de distinguer et d'ajouter à
ça? Les Cumberland, les Jean Coutu et les autres dans ce domaine, et les
St-Hubert, ont formé des réseaux qui, aujourd'hui, garantissent
à leurs clients un service, etc. Mais, on n'exige pas
nécessairement d'eux plus que ce qu'on exige du pharmacien ou du
restaurateur qui opère de façon indépendante.
M. Deshaies: La notion d'entrepreneur indépendant a
toujours été grandement publicisée par les réseaux
de franchises. Les gens qu'on invite à joindre et... C'est sûr que
la plupart de la publicité se fait au niveau du recrutement de
franchisés. D'ailleurs, c'est dans tous les contrats de franchise qu'il
est dit: Le franchisé, un opérateur indépendant. Ça
fait 17 ans que je suis impliqué au niveau de la franchise au
Québec, et on a toujours publicise la notion d'entrepreneurs
indépendants regroupés sous une bannière, franchise. Donc,
que les gens soient induits à penser que, parce qu'ils transigent avec
quelqu'un qui opère sous franchise, ils transigent avec une très
grosse boîte, je ne pense pas qu'il
y ait un très grand danger. C'est probablement un danger qui
existe, mais la notion que les franchisés à l'intérieur
d'un système sont des entrepreneurs indépendants a toujours
été fortement publicisée.
Le Président (M. Després): Merci, M. Deshaies. La
parole est maintenant au député de Labelle.
M. Léonard: Oui. M. Deshaies, M. Gagnon, M. Mathieu,
bienvenue à cette commission. Je vous remercie du mémoire que
vous nous avez fait et du témoignage que vous nous rendez. Je suppose
que vous êtes contents d'avoir votre identité
québécoise maintenant. À votre sourire, je n'en doute pas.
Vous viendrez devant la commission constitutionnelle pour expliquer comment il
faut faire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Je vous ai écoutés.
J'espère ne pas m'être trompé. Finalement, ce que vous nous
dites, c'est que, comme il n'y a pas de législation particulière
concernant le franchisage... Vous dites que c'est le Code civil, par ses
dispositions sur les contrats, qui règle tout, finalement. Et si je
comprends, un peu plus loin, la question qui est posée dans le document
à la page 18, qui est la suivante: "Les modalités et conditions
de franchisage des activités d'un courtier en immeubles doivent-elles
être déterminées par un règlement de l'organisme
d'autoréglementation?" Est-ce que je vous interprète correctement
en disant que ce serait confier, si la réponse était oui,
à un organisme d'autoréglementation une façon d'expliciter
le Code civil ou de lui donner un pouvoir que, finalement, on n'accorde jamais
à personne? Parce que le Code civil, ce sont les juges qui
l'interprètent, et il n'y a pas d'autres personnes qui peuvent le faire.
Est-ce que ça vous apparaît exorbitant?
M. Mathieu: En fait, c'est que les hypothèses sont
tellement nombreuses, à partir du moment où on se penche sur la
question. Nous, on a identifié deux grands courants sur lesquels
l'interprétation peut porter, c'est-à-dire les deux objectifs que
la réglementation pourrait viser.
M. Léonard: J'en suis au fond de la question. Est-ce qu'il
serait correct en droit légal de confier à un organisme
d'autoréglementation d'appliquer de cette façon des dispositions
du Code civil?
M. Mathieu: En fait, les dispositions du Code civil...
M. Léonard: II me semble que ça me paraît
exorbitant, là, parce qu'au fond, la réponse va venir tout de
suite.
M. Mathieu: Sans parler que ce soit exorbitant ou pas, la
réponse serait peut-être une autre question: Est-ce que c'est
nécessaire en l'espèce?
M. Léonard: Non seulement si c'est nécessaire, mais
si c'est possible aussi.
M. Mathieu: Possible, je vous avoue bien candidement que les
Américains l'ont fait.
M. Léonard: Avec une loi particulière.
M. Mathieu: Les Américains ont fait, avec des lois
particulières...
M. Léonard: Avec d'autres lois. Mais sans loi,
là... C'est un organisme d'autoréglementation. Vous créez
un organisme et vous lui confiez la charge d'expliciter le Code civil, en
quelque sorte.
M. Mathieu: En fait, non seulement d'expliciter, mais d'ajouter
au Code civil.
M. Léonard: D'ajouter, c'est ça.
M. Mathieu: Certainement. M. Léonard: C'est possible?
M. Mathieu: Et les pouvoirs qui seraient confiés... Si je
présume d'un précédent qui a été fait dans
le cadre de la Loi sur les intermédiaires de marché, le pouvoir
délégué à l'organisme d'autoréglementation
est assez vaste, en ce sens que...
M. Léonard: Le franchisage aussi?
M. Mathieu: Oui. Le franchisage des courtiers ou, en fait, des
intermédiaires de marché, et on a délégué
à un organisme d'autoréglementation. En fait, l'article de la loi
est assez bref là-dessus, mais il dit que l'organisme peut fixer les
modalités et conditions en vertu desquelles un intermédiaire de
marché peut franchiser ses activités. Je résume, mais,
à partir de là, l'organisme d'autoréglementation peut
fixer les conditions qu'il veut, que ce soit en matière de contenu de la
documentation contractuelle ou de contenu "obligationnel" des contrats,
jusqu'aux obligations qu'une partie peut avoir face à une autre partie
ou face à une tierce partie. En l'occurrence, ce serait le courtier face
au public ou le franchiseur face au public.
M. Léonard: II me semble que c'est possible pour appliquer
les objets mêmes d'une loi qui, comme la Loi sur les
intermédiaires de marché, a des objets précis, mais pas
pour aller au-delà, pour expliciter le Code civil.
M. Mathieu: D'ajouter, certainement. C'est là l'opinion
d'un conseiller juridique de l'Association. D'ajouter aux droits, je pense que
c'est la tâche du gouvernement de faire ça...
M- Léonard: Par une loi additionnelle.
M. Mathieu: ...davantage que d'un organisme
d'autoréglementation.
M. Léonard: À un organisme
d'autoréglementation. C'est faisable. Bon. On apprend. Ça va. Et,
à ce moment-là, vous, votre plaidoyer, c'est que ce n'est pas
nécessaire. En fait, vous dites que les dispositions contractuelles dans
le Code civil sont suffisantes, et puis que la Loi sur ta protection du
consommateur, c'est suffisant aussi, et les codes de déontologie des
professions aussi, si, dans le cas, il y en a un.
M. Mathieu: Si, dans le cas, il y en a un. Mais, en fait, on
s'adresse spécifiquement aux questions de franchise en l'espèce.
Si on regarde les deux objectifs que la réglementation pourrait viser,
d'une part, la protection de l'acheteur d'une franchise et, d'autre part, la
protection du public, en l'occurrence, on ne voit pas nécessairement
l'utilité de spécifier des règles adéquates. Quant
à...
M. Léonard: Ce que vous dites, c'est que c'est quelque
chose de complètement indépendant de l'exercice même du
courtage immobilier. Ça s'organise comme ça avec des franchises,
comme on va organiser d'autres secteurs avec des franchises, puis il n'y a pas
à légiférer de façon particulière dans le
cas du courtage immobilier.
M. Deshaies: Moi, personnellement, c'est comme ça que je
le vois, de toute façon. Si on prend l'exemple qui nous vient le plus
à l'esprit, et si vous lisez plus loin dans le document, quand on dit
que "le but devrait être d'établir des règles visant
à mettre le franchiseur et ses franchisés sur un pied
d'égalité", à ce moment-là, pensez aux restaurants,
pensez à McDonald's. Est-ce que Jos Poutine, au coin, il faut qu'il soit
mis sur le même pied que McDonald's? On sait très bien que c'est
impossible. Maintenant, le consommateur va décider d'aller chez Jos
Poutine ou d'aller chez McDonald's. J'espère que ça n'existe pas,
Jos Poutine. C'est un peu la même chose, c'est une manière de
faire des affaires. Vous avez des courtiers qui sont indépendants, qui
sont très heureux d'être indépendants, puis il y en a
d'autres qui veulent se regrouper en franchise. On parle ici de
réglementer ou de rendre plus contraignant, probablement. Je dis
"probablement" parce que je n'ai pas vu la loi, mais une loi, c'est...
M. Léonard: Une loi, ce n'est pas pour...
M. Deshaies: Ce n'est pas pour rendre la vie plus facile...
M. Léonard: Oui, ou ce n'est pas pour élargir.
M. Deshaies: ...à des gens qui décident de faire du
courtage immobilier sous une bannière, donc, regroupés en
franchises ou d'autre manière versus les indépendants. C'est tout
ce qu'on dit. Ça ne va pas beaucoup plus loin que ça, je
pense.
M. Mathieu: Si je peux me permettre une autre précision
quant à votre réflexion, en ce qui a trait à l'ajout ou
à ^exorbitance" des pouvoirs qui pourraient être donnés
à un organisme d'autoréglementation, évidemment, dans la
mesure où l'organisme peut réglementer à partir d'un cadre
qui lui est fixé par la loi, forcément, il ne pourra pas
dépasser le cadre en question, mais lorsque... C'est pour ça que
je citais en exemple la Loi sur les intermédiaires de marché. Le
cadre était assez vague, en quelque sorte, ce qui faisait que
l'organisme avait une latitude qui était assez grande, très
grande même, pour légiférer ou pour adopter de la
réglementation. Donc, on revient quand même l'essence même
du débat: est-ce nécessaire même de réglementer ces
activités? (21 h 30)
M. Léonard: Moi, je comprends que, finalement, ce que vous
craignez, c'est que, si l'on donne de tels pouvoirs à un organisme
d'autoréglementation, ça vienne jouer dans le régime
contractuel au Québec. Alors, votre démonstration m'a
convaincu.
Le Président (M. Després): Je vous remercie. Mme la
ministre.
Mme Robic: J'ai sans doute une marotte et une inquiétude,
parce que le consommateur... J'en ai plusieurs; c'est ça que vous
êtes en train de dire? Ha, ha, ha!
Pour moi, c'est l'impression que l'on peut donner au consommateur qui
m'inquiète, parce que je ne suis pas sûre que je vous ai suivi
tout à fait dans votre exposé de tout à l'heure quand vous
avez parié de M. Campeau, le quincaillier chez vous, que sa
clientèle était peut-être mieux servie dans une petite
boutique. Je n'ai jamais mis ça en doute. Chez un indépendant, je
n'ai jamais mis ça en doute et, non, je n'ai pas du tout l'intention de
vous dire que l'indépendant ne peut pas agir parce qu'il est
indépendant. Mon problème, ce n'est pas l'indépendant,
c'est le franchisage qui donne justement l'impression au consommateur qu'il ne
fait pas affaire avec un indépendant, mais bien avec une chaîne,
avec un système qui offre une protection additionnelle, meilleure que
celle que l'indépendant peut offrir. Cependant, ce n'est pas
évident, dans le courtage
immobilier. Dans le courtage immobilier, ce n'est pas un produit que
l'on vend, c'est un service. Alors, là aussi il y a une
différence importante.
Vous me dites que c'est abondamment publicise, le fait que, sous cette
franchise, ce sont tous des indépendants. En tout cas, comme
consommateur, je ne peux pas dire que ça m'a frappée dans la
publicité. Est-ce que ce ne serait pas un endroit où on pourrait
exiger que ce soit évident, dans la publicité, que, quand on fait
affaire avec M. X de telle franchise, M. X est un indépendant? Est-ce
que, pour la protection du consommateur...
M. Deshaies: II y a beaucoup de notions à savoir que c'est
opéré par un indépendant. Si vous avez déjà
fait la queue dans un St-Hubert - peut-être que vous n'avez pas eu
à faire la queue dans les St-Hubert - vous avez vu qu'à
l'entrée, la plupart du temps, il y a une plaque dans le style de
celle-là, peut-être moins belle que celle-là un tout petit
peu, qui dit: Cet établissement est opéré sous franchise.
La plupart des franchiseurs le font.
Quand vous voyez, dans des publicités de franchiseurs, "chez les
détaillants participants, marchands participants, franchisés
participants", je pense que ça amène une notion
d'indépendance. Et quand on recrute les franchisés, on leur dit
qu'ils vont être des entrepreneurs indépendants; le mot
"entrepreneur" a été utilisé et bafoué
peut-être, à quelques reprises, à savoir que c'est des
entrepreneurs. Donc, pourquoi ça serait différent dans le monde
du courtage immobilier? Tout à l'heure, si j'ai bien compris, et je ne
suis pas un expert en courtage immobilier, je pense qu'on a
démontré assez clairement qu'il y avait, pour quelqu'un qui
faisait affaire avec un courtier, une certaine protection qui n'était
pas du fait qu'il soit franchisé, indépendant ou autre. Donc, la
notion d'opérateur indépendant n'est peut-être pas
très évidente. C'est sûr qu'on ne regroupe pas les gens
pour, après ça, leur dire qu'ils sont tous des
indépendants. Et le fait que les gens sont regroupés, ce n'est
pas toujours au niveau de la notion d'une plus grande capacité
financière du réseau, mais c'est beaucoup plus pour publiciser
certains services qui, autrement, ne seraient pas possibles. Autrement,
l'indépendant ne peut se payer beaucoup de services. Qu'on pense
seulement que beaucoup de franchiseurs aujourd'hui vont avoir des
systèmes de comptabilité très sophistiqués pour de
très petits opérateurs, du simple fait que le logiciel a
été développé pour une utilisation très
grande, des choses comme ça. C'est sûr qu'on pourrait avoir une
très longue polémique à savoir si les franchisés
sont considérés comme des indépendants ou non, mais c'est
quand même une notion qui a été, en tout cas à mon
sens, explicitée plusieurs fois.
J'ai moi-même fait maintes conférences dans maints salons
et j'ai toujours amené cette notion-là ou presque dans les
conférences. Parce que les gens ne veulent pas être
enrégimentés non plus. Quand les gens laissent une profession,
peu importe le genre de travail, et qu'ils décident d'acheter une
franchise - dans leur cas, c'est bien acheter une franchise - je pense qu'ils
ne veulent pas être enrégimentés, bien empaquetés
dans une petite boîte bien carrée. Ils veulent quand même
être capables de faire preuve d'un certain degré de
créativité à l'intérieur de leur petite
entreprise.
M. Mathieu: Quant à la protection du public, si on veut
protéger le public, qu'on le protège sur toute la ligne, qu'on
resserre les critères d'admissibilité à la pratique du
courtage immobilier, qu'on augmente les garanties que le courtier doit offrir,
etc. Que le public soit autant protégé s'il fait affaire avec un
indépendant, qui a de toutes petites activités dans une
région isolée de la province, que s'il fait affaire avec une
grande chaîne; donc, qu'on resserre les critères, qu'ils soient
applicables à tous. Comme dans le domaine bancaire, par exemple,
où les mêmes règles vont s'appliquer à travers tout
le système bancaire, où la garantie de protection du public est
la même, que ce soit une petite banque ou une grande banque.
Mme Robic: Ça, ça serait un autre débat.
M. Mathieu: Oui.
Mme Robic: Je vous remercie, M. le président. Merci
infiniment, c'a été intéressant de pouvoir échanger
avec vous. Je retiens certainement vos commentaires. Merci messieurs.
M. Léonard: Oui. Je voudrais simplement faire une
analogie. Finalement, ce que vous dites, c'est que tout repose sur la
compétence du courtier ou de l'agent, qu'il soit franchisé ou
non. C'est ça qui est important: quelle est sa formation, quelle est son
éthique, quels sont ses moyens? Alors, je pense que vous avez fait une
excellente démonstration. Je vous remercie beaucoup. Ça me
convainc qu'il me semble que ce serait exorbitant de donner à un
organisme d'autoréglementation des pouvoirs d'aller jouer dans un
domaine qui est contractuel, qui n'est pas typiquement du ressort de la
commission ici. Merci.
M. Deshaies: Merci beaucoup.
Le Président (M. Després): On vous remercie
beaucoup, messieurs.
J'appellerais maintenant M. Guy Moreau, tel que convenu par les membres
de la commission.
M. Moreau, j'aimerais tout simplement, avant de débuter, vous
souhaiter tout d'abord la bienvenue et, deuxièmement, vous rappeler
les
règles du jeu. On s'est entendus, tout à l'heure,
après le consentement, que l'audition serait de 30 minutes, donc 10
minutes pour votre exposé et 20 minutes d'échanges avec les
membres de cette commission.
M. Moreau (Guy): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Després): La parole est à
vous, M. Moreau.
M. Guy Moreau
M. Moreau: Si vous me permettez, je vais me servir de mon
mémoire. J'aimerais le lire et je vais mettre des emphases sur certains
points, et, après ça, peut-être faire quelques
commentaires. Ensuite, je serai ouvert aux questions.
Le Président (M. Després): II n'y a pas de
problème, M. Moreau, en autant qu'on reste dans le cadre des 10 minutes
prévues.
M. Moreau: Je vais essayer. Alors, voici mon mémoire, avec
la lettre, le "bref qui l'accompagnait. Je vais laisser le titre, c'est
adressé à la commission.
Pour faire suite à votre lettre du 9 août, permettez-moi de
vous présenter un mémoire ci-attaché concernant l'objet
plus haut mentionné. Tout mon mémoire concerne l'agent
d'immeubles. Dans le papier préparé par la ministre, qui est
très bien fait, je trouve que l'agent est ignoré totalement, et
c'est ce point-là que j'essaye de faire ici pour le protéger et
protéger le public en même temps. Alors, c'est l'idée
totale de mon mémoire. Je n'ai pas essayé de couvrir 10 points.
J'en ai pris un. Alors, je continue.
N'étant plus employé par un courtier en immeubles comme
agent d'immeubles à commission et n'étant pas encore
moi-même courtier - ce qui m'est possible, ayant toutes les
qualifications requises - vous me voyez complètement sans contrainte et
libre d'exprimer ouvertement mon opinion sur les structures actuelles et les
principes de la structure proposée qui vont affecter
particulièrement le statut de l'agent d'immeubles et,
éventuellement, le grand public. L'ampleur de la révision de la
Loi sur le courtage immobilier ainsi que le manque de temps m'empêchent
de commenter sur tous les chapitres et articles du document de consultation,
qui est d'une présentation impeccable et qui mérite à ses
auteurs des félicitations sincères.
D'accord avec les principes de la structure proposée, à
mon avis, des changements sont requis aux règlements de la Chambre
d'immeuble de Montréal - et là, quand je parle de la Chambre de
Montréal, je parle de toutes les chambres en même temps; quand je
dis un agent, je veux dire tous les agents - et peut-être des 13 autres
chambres couvrant l'ensemble de la province, pour y rétablir une juste
représentation des agents d'immeubles suivant leur nombre important et
leur grande part dans le financement de la Chambre. Le reste, je vais passer
par-dessus.
Voici mon mémoire. Mes commentaires concernent principalement ces
agents, au nombre de 12 000, qui représentent un public petit, mais un
public quand même. Leurs conditions abusives de travail se
reflètent finalement sur le grand public avec qui ils sont en rapport
continuellement, lis sont les principaux intervenants auprès d'une
majorité de citoyens dans le choix et l'achat d'une résidence
familiale, une valeur considérable, souvent leur seul et principal
investissement dans leur vie. Forcés par leur position souvent
précaire, les agents poussent indûment des clients à
prendre des décisions hâtives, pas toujours dans le meilleur
intérêt de ces derniers.
La structure actuelle a été réglementée par
le gouvernement avec l'aide de la CIM, Chambre d'immeuble de Montréal,
en faveur des courtiers et sur le dos des agents. Il en résulte un
changement de personnel effarant chez les agents 34% par année. 4184
agents ont laissé le métier cette année. Cela fait une
rotation de 100% en moins de trois ans. Chez les courtiers, le taux est
seulement de 13%. La cause principale de la condition pénible de travail
des agents est leur manque de rémunération
régulière. Ils travaillent d'arrache-pied sans salaire, sans
remboursement de leurs dépenses, avec l'espoir d'une commission payable
en plusieurs mois, quand elle se réalise.
L'an dernier, la valeur des transactions résidentielles au
Québec fut de 6 000 000 000 $, où la part de chaque agent, des 12
000 inscrits, donne une moyenne de commission à 50-50 de 6250 $ pour
l'inscription d'un mandat et de 12 500 $ s'il y a vente aussi. Alors, le nouvel
agent, après six mois, neuf mois ou un an, désappointé et,
je vais ajouter, souvent endetté, quitte l'emploi ou est invité
à laisser la place à un autre. L'agent n'a pas un mot à
dire. Cela a été son risque. Tant pis, le courtier lui dit: Au
suivant. Mais ce qui est le plus injuste est ceci: l'agent qu'on a
invité à laisser la place à un autre a souvent à
son crédit un ou plusieurs mandats qu'il a réussi à
prendre et qui devrait lui rapporter sa commission de 25%, mais qui ne sont pas
encore réalisés, la commission totale ne se payant seulement
qu'après la vente signée chez le notaire. Tous les documents,
même les mandats ou autres, sont toujours faits au nom du courtier et
restent sa propriété. Il en est de même pour la part de
commission de 25% de l'agent qui a laissé l'emploi par cessation ou
mutation. Le droit à la commission que l'agent a obtenu par ses efforts
devrait, en toute justice, lui être réservé jusqu'à
la fin de l'échéance mentionnée au mandat. Ça
serait de la justice, hein? (21 h 45)
Pourquoi les agents se laissent-ils faire? Au
départ, par l'ignorance du système. En parlant de
ça, là, j'ai parlé à plusieurs agents et ils ne
savent pas du tout ce qui se passe. Ils sont complètement ignorants de
ce que je vais dire. Ensuite, par crainte d'être considérés
comme des casse-pieds, par impuissance devant l'organisme en place dont ils
ignorent les engrenages, par honte devant leurs compagnons d'avouer leurs
difficultés et, enfin, par le silence des courtiers, leurs employeurs,
qui ont érigé le système à leur avantage à
eux.
La Chambre d'immeuble de Montréal, fondée par les
courtiers - je pense que c'était la Chambre de commerce, Chamber of
Commerce of Montreal a 7600 membres, soit 56 % de tous les courtiers, agents ou
autres inscrits au service de courtage immobilier du Québec, au total 13
634, dont 11 % sont des courtiers et 89 % des agents.
Dans les règlements de la Chambre d'immeubles de Montréal,
au chapitre de ces objets, à l'article 4, on lit: "Regrouper en
particulier les courtiers en immeubles et les agents immobiliers (...) afin de
prendre leur intérêt et afin d'offrir au public en
général une plus grande facilité d'accès à
l'information dans le domaine immobilier." L'article 7, c'est le conseil
d'administration." 7.1 Le conseil d'administration de la Chambre se compose de
15 administrateurs, dont le président sortant de charge après une
période d'un an et 14 qui sont élus pour une période de
deux ans. 7.2 Représentation. "Les membres actifs, courtiers, sont
obligatoirement - souligné - représentés au sein du
conseil par un minimum de huit administrateurs, à l'exclusion du
président sortant de charge, et les membres associés, agents,
peuvent - souligné - être représentés par six
personnes, excluant le président sortant de charge."
Ce qui veut dire que 836 courtiers, avec leur huit membres,
contrôlent le conseil d'administration, alors que leurs cotisations
annuelles s'élèvent seulement à 352 000 $, tandis que 6764
agents, avec leurs six membres, sont assurés d'une minorité
permanente, alors qu'ils paient en cotisations 1 600 000 $.
De plus, les communications de la Chambre avec les agents passent
toujours par le truchement du courtier. Ces règlements de la Chambre
démontrent une absence de démocratie et de justice. Avant de
légiférer sur les structures proposées et de
transférer plus de pouvoirs aux chambres d'immeuble, le gouvernement se
doit de rétablir la balance du pouvoir entre les courtiers et les agents
qui n'ont actuellement qu'un statut de membre de seconde classe exploité
d'une manière éhontée. Personne ne devrait travailler sans
être rémunéré d'une manière minimum. Moi,
j'ai eu une compagnie avec 50 employés, je n'ai jamais pensé
d'employer un homme sans le payer. Demain, je pourrais être courtier,
mais je refuse d'être courtier et d'engager du monde sans les payer. Et
si je les payais, je ne pourrais pas travailler contre d'autres courtiers qui
ne les paient pas. Alors, à ce moment-là, j'aime autant pas
être courtier. Je ne veux pas aller en travers de mes principes.
Pour que le courtage immobilier acquière un statut professionnel,
il faut que la compétence des agents soit relevée, par une plus
haute scolarité spécialisée et universitaire. Il en va de
même pour les courtiers. Alors, le public sera plus
protégé.
Ce que je dis là, c'est étayé et c'est basé
sur des recherches que j'ai faites. Les montants sur la cotisation à la
Cl M sont approximatifs et ont été déduits d'après
les pourcentages basés sur le nombre de courtiers et d'agents pour toute
la province. La direction de la CIM a été très
réticente et ne m'a donné que le total de 7600 membres de la
Chambre. Quant à la balance des informations, on me renvoya aux calendes
grecques. Le bureau de Québec du Service de courtage, lui, a
été très coopératif. Merci à M. Charles
Castonguay.
Le Président (M. Després):... M. Moreau: Ce n'est
pas fini.
Le Président (M. Després): Ce n'est pas fini, sauf
que...
M. Moreau: Ça ne sera pas long.
Le Président (M. Després): Est-ce qu'il vous en
reste pour très longtemps?
M. Moreau: Ah! Peut-être cinq minutes encore. Non, ce n'est
pas long.
Mme Robic: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Després): Ça va, mon cher
monsieur. Allez-y, M. Moreau.
M. Moreau: Là, j'envoie un ajout qui est un peu... Je fais
peut-être un peu de tautologie, mais c'est pour prouver mon point un peu
plus. Alors, comme je disais, le but de cet ajout est d'abord d'élaborer
sur les conditions de travail de l'agent d'immeubles sous le joug de la Chambre
d'immeubles de Montréal, afin de démontrer les abus de pouvoir
à la Chambre d'immeubles de Montréal par les courtiers sur les
agents, une contrainte contraire au principe de la représentation
proportionnelle, et afin de proposer des recommandations au Service du courtage
immobilier et à la ministre déléguée aux Finances
sur les moyens de corriger ces abus et de mettre fin à cet
assujettissement des agents immobiliers par les courtiers, pour le bien,
finalement du grand public.
Voici mon ajout. En fait, une personne qui désire devenir agent
d'immeubles n'a qu'un choix.
Pour entrer dans cette occupation, il faut d'abord être
parrainé par un courtier. Après avoir passé l'examen
écrit, conçu et administré par le surintendant du Service
du courtage immobilier, il débute comme agent chez le courtier qui l'a
parrainé. L'agent est aussi obligé de devenir membre de la
chambre d'immeuble de sa région si le courtier en est membre; ils sont
membres à 90 % à peu près. Cependant, ce dernier, lui, n'y
est pas obligé. De plus, l'agent doit payer à la régie de
courtage les montants de 165 $ pour son permis d'agent, 150 $ pour
l'association d'immeuble du Québec, 247 $ pour sa cotisation annuelle.
Et en plus 610 $ pour le cours; ça, j'avais oublié de le mettre.
Ça coûte à peu près 1100 $ pour entrer dans le
métier. L'agent, plein d'enthousiasme, commence à travailler dans
le territoire qui lui a été assigné par le courtier,
à ses frais et dépens, sans aucune rémunération
autre que celle d'une entente de commission future et incertaine. Le plus
souvent, il est sans expérience, il n'a qu'une connaissance minimaie.
Sur les 12 000 agents, 4000 ont abandonné le travail l'an dernier.
Quelle protection a cet agent? La Chambre d'immeuble de Montréal, dans
ses règlements, dans son préliminaire, déclare -
là, je répète le paragraphe - que la Chambre travaillait
pour aider les agents et les courtiers. Le conseil d'administration, ça
serait répéter à peu près la même chose,
là, je vais le passer. Ce qui veut dire qu'actuellement, 836 courtiers,
avec leur 8 membres, contrôlent d'une manière absolue le conseil
d'administration alors que le montant de leurs cotisations
s'élève à 350 000 $, tandis que les 6764 agents, avec leur
6 membres, sont assurés d'une minorité permanente alors qu'ils
paient en cotisations environ 1 600 000 $. En 1984 - c'est la seule chose que
j'avais comme information - contrairement à l'article 7.2, le conseil
est composé de 10 membres courtiers et de 4 membres associés
seulement, contrairement au règlement. N'ayant pas en main les
données des autres années, on peut présumer que la
proportion illégale demeure la même. Est-ce là la
représentation proportionnelle? L'article 6.4: En plus, les avis de
convocation par les assemblées des membres peuvent être
adressés aux membres associés agents par le truchement des
membres actifs courtiers, ce qui ne se fait pas beaucoup. Aïe! dans le
panier! Personnellement, aucun ne m'a été transmis durant quatre
ans. Un autre manque au règlement. Le tout, c'est du népotisme.
Quand un organisme ne paie pas quelqu'un pour un travail et, de plus, le force
à payer pour s'affilier à son organisme, c'est de l'abus de
pouvoir et de l'exploitation. Est-ce que cela n'explique pas le taux anormal de
cessation d'emploi chez les agents d'immeubles? 4000 sur 12 000 pendant
l'année 1989 au Québec, c'est incroyable! Ce qui est pire, c'est
que la plupart des agents ne réalisent pas que les dés sont
pipés contre eux par ce système qu'ils ignorent.
Mes recommandations ici n'ont pas pour but de briser les chambres
d'immeuble qui opèrent efficacement, mais de corriger les abus de
pouvoir par le bureau de direction, d'y rétablir une
représentation proportionnelle, juste et équitable dans leur
conseil d'administration, de voir à ce que tous les membres, surtout les
agents, soient informés dès leur entrée de leurs droits
directement et non pas par le truchement de leurs employeurs, les courtiers.
Pour ce faire, il faudrait une analyse plus poussée des
règlements des chambres d'immeuble et de leur application, par un
comité impartial qui aurait la coopération volontaire des
chambres mais aussi accès à leurs documents. Évidemment,
toutes ces améliorations à apporter doivent être faites
immédiatement, avant la mise de la révision future des
structures. Le but recherché de tout l'exercice est non seulement
d'assurer la protection du public, mais aussi de fournir aux courtiers et
agents d'immeubles un cadre basé sur la justice et
l'équité.
Le Président (M. Després): Je vous remercie
beaucoup, M. Moreau, pour cette présentation.
M. Moreau: Je ne pense pas que c'était... Excusez-moi,
là. C'est tout. Alors, si vous avez des questions là-dedans,
ça me fera plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Després): Je vous remercie, M.
Moreau. Je demanderais à Mme la ministre, ensuite je passerai la parole
au député de Labelle. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Merci, M. Moreau, de
votre présentation. C'est intéressant de vous entendre.
Après vous avoir lu, d'ailleurs, on avait retenu certains de vos
commentaires dans votre mémoire. Parce qu'on l'avait lu, bien sûr,
votre mémoire. J'ai également apprécié votre
présence, aujourd'hui, parce que, comme je vous disais, je n'avais
même pas besoin de lire votre mémoire pour voir vos
réactions. Je savais ce que vous pensiez. C'est ce que je vous disais
cet après-midi.
Vous nous dites qu'il y a au sein des chambres d'immeuble, par la
composition des conseils d'administration, un pouvoir qui est d'inégale
proportion. Est-ce que je peux présumer que vous n'avez pas
touché... On peut présumer que vous êtes d'accord avec la
réorganisation que le gouvernement préconise par le document de
consultation, à savoir de créer un organisme
d'autoréglementation?
M. Moreau: En autant qu'il n'y a pas d'abus.
Mme Robic: Alors, pour vous, à cet organisme
d'autoréglementation, pour éviter les abus, comment est-ce que
vous verriez la création du
conseil d'administration de cet organisme d'auto-réglementation?
Comment devrait-il être composé pour qu'il sort
équitable?
M. Moreau: Je voudrais que, pour un minimum, les agents aient au
moins la moitié du bureau de direction.
Mme Robic: Est-ce qu'ils doivent être... M. Moreau:
Ils sont 10 pour un.
Mme Robic: Ces gens-là, est-ce qu'ils doivent être
nommés par la ministre, par exemple, comme certains l'ont
suggéré, ou s'ils doivent être choisis au vote, comme
d'autres l'ont suggéré?
M. Moreau: Vous parlez de la nouvelle organisation qui va
chapeauter toutes les chambres?
Mme Robic: La nouvelle. I! va y avoir un conseil d'administration
de l'organisme d'autoré- glementation. Comment est-ce que ce
conseil-là doit être formé pour qu'il soit
équitable?
M. Moreau: À mon point de vue, d'abord, il faut
rétablir l'équité dans les chambres.
Mme Robic: Pardon?
M. Moreau: II faudrait rétablir d'abord, à fa base,
la représentation dans les chambres.
Mme Robic: Là, on ne parle pas des chambres. Là,
j'élimine les chambres, pour le moment.
M. Moreau: Non, non, non. J'y viens, là. Je pars de la
chambre et je vais monter, là.
Mme Robic: Ah! O.K. Montez.
M. Moreau: J'établis la base dans les chambres: que les
agents soient d'abord informés de leurs pouvoirs, de leurs droits par
des communications provenant directement des chambres et non par le truchement
des courtiers, et puis qu'ils nomment au moins 50 % de la chambre.
Mme Robic: Oui, mais vous comprendrez, là...
M. Moreau: La chambre, après ça, pourra envoyer des
délégués dans le bureau qui chapeaute toute l'affaire.
Mme Robic: Ce seraient les chambres qui choisiraient les membres
du conseil d'administration...
M. Moreau: Une partie des membres. Enfin, une proportion
quelconque, là. Je n'ai pas étudié ça à
fond.
Mme Robic: Est-ce que vous croyez qu'il faudrait avoir, sur ce
conseil d'administration de l'organisme d'autoréglementation qui est
complètement indépendant des chambres... Les chambres ne sont pas
rattachées à l'organisme d'autoréglementation. Les
chambres sont là pour défendre les intérêts des
courtiers et des agents. Je sais que vous en doutez, là, mais en tout
cas, elles sont là pour ça.
M. Moreau: Moi...
Mme Robic: À côté des chambres, il y a un
organisme d'autoréglementation qui, lui, a le devoir de promouvoir la
protection du consommateur.
M. Moreau: Oui, mais si l'agent est représenté dans
le chapeau qui mène toutes les chambres - c'est ça,
là-dedans - ça va partir de la base, ça va monter en haut.
Maintenant, dans le chapeau, la composition, combien de membres, comment est-ce
que le gouvernement et ci et ça, c'est une affaire à discuter. Je
n'ai pas étudié, mais je voudrais qu'il y ait une bonne
représentation des agents, qui sont 10 pour un contre les courtiers. Je
voudrais qu'il y ait une représentation pour qu'ils n'aient pas peur de
se faire dire: Ferme-toi, sans ça tu perds ta job. Ça, c'est
ça qui arrive. Avec le nombre des agents qui sont en chambre, s'ils
ouvrent la bouche, les courtiers vont dire: Ferme ta bouche et va-t'en, si tu
n'es pas satisfait.
Ce n'est pas de la justice, ça. On est rendus dans le temps de
Venise. Alors, c'est ça que je voudrais, qu'il y ait de
l'équité, à mon point de vue. Parce que moi,
écoutez, je ne suis pas agent, je ne suis pas courtier. C'est du
donquichottisme que je fais actuellement, et j'ai commencé... J'avais
une conception de l'affaire, et quand j'ai commencé cette
commission-là, j'ai dit: Je vais regarder ça. Quand j'ai
commencé à étudier et à faire des recherches, j'ai
trouvé ça extraordinaire, comment c'était organisé.
Je n'en suis pas revenu. Je n'en reviens pas encore.
C'est ça. Je trouvais que la ministre devrait s'occuper de faire
ces changements-là. Il y a des abus. Ces chambres-là sont des
sujets de la province, parce qu'elles ont probablement des chartes
provinciales.
Mme Robic: C'est intéressant, parce que vous dites qu'il y
a des abus, mais vous m'avez dit également que ça fonctionnait
assez bien, les chambres. Vous n'êtes pas satisfait de la
représentation...
M. Moreau: Pour les courtiers, oui.
Mme Robic: ...du conseil d'administration, mais le travail que
les chambres font, vous en
êtes satisfait. L'arbitrage et tout ça... (22 heures)
M. Moreau: Très bien. Écoutez. C'est une structure
qui est très bien organisée, mais ils font ce qui leur est
donné par le bureau de direction. Il y avait un petit mot que j'ai dit,
je pense... Une dernière chose que j'aimerais dire, peut-être, je
ne sais pas... J'avais...
Le Président (M. Després): M. Moreau, si vous
n'avez pas d'objection, je vais maintenant passer la parole au
député de Labelle, qui aurait peut-être quelques...
M. Moreau: Je pense que dans mon... Tout ce que j'ai dit, c'est
pas mal ça que je voulais dire. C'est ça.
Le Président (M. Després): Oui, c'est pour
permettre au député de Labelle de peut-être pouvoir vous
interroger, M. Moreau. M. le député.
M. Léonard: M. Moreau, je vous remercie d'avoir
insisté pour être entendu. Je pense que nous en ferons notre
bénéfice, parce que, finalement, je n'avais pas pris connaissance
de votre mémoire, mais c'est un mémoire original. C'est la
première fois que nous avons le point de vue des agents ou des groupes
d'agents sur cette question. Et on peut raisonner avec beaucoup d'objectifs
très hauts pour améliorer la profession, mais il reste... Ce que
je viens de calculer, par exemple, c'est qu'avant qu'un agent entre en
fonction, il doit débourser 1172 $. C'est beaucoup de sous. Je suppose
que dans certaines boîtes, le courtier qui est le patron doit en assumer
le coût, peut-être, pour se former des agents, enfin, je ne sais
pas, quitte à ce qu'il y ait des mandats qui rentrent... En tout cas,
disons que votre mémoire nous a fait toucher du doigt les misères
de l'agent. Le courtier, je suppose que c'est quand il est arrivé,
finalement, que c'est l'agent qui a réussi à percer. Maintenant,
ça donne un peu un sentiment, effectivement, d'inéquité.
En même temps, je pense qu'on doit quand même augmenter les
exigences qu'on a dans le métier, compte tenu de ce que nous avons
entendu. Ça donne aussi l'impression d'un conflit plus ou moins
larvé entre les agents et les courtiers. Je suppose que vous maintenez
ce point-là?
M. Moreau: Les agents ne sont pas au courant. Des agents à
qui j'ai parlé, qui ont six ou sept ans dans le métier, ne savent
même pas ce qui se passe.
M. Léonard: Bien, après six ou sept ans, il me
semble qu'ils devraient le savoir, non?
M. Moreau: Bien oui. J'en ai rencontré dans mon
appartement, je leur en ai parlé et ils n'étaient au courant de
rien.
M. Léonard: En tout cas, un point que je n'aime pas,
là-dedans, c'est que vous dites: Au bout de, disons, deux à trois
mois, quatre mois, six mois, en fait, 4000 agents qui quittent en dedans de
deux ans. Pour un bon nombre, ils ont inscrit des mandats pour lesquels ils
n'ont pas reçu rémunération. Est-ce exact?
M. Moreau: C'est vrai. Ça reste entre les mains du
courtier, et il le garde. Les 25 % de la commission, de 100 % de la commission,
admettons que ce serait à 6 %...
M. Léonard: Oui, oui. C'est 25 % pour l'inscription du
mandat. Il va chercher un client.
M. Moreau: Oui. Il le garde. C'est à lui, ça.
M. Léonard: Ça reste au courtier? Sur quelle
base?
M. Moreau: Oui. Puis il a payé pour, de son temps et de
ses dépenses "itou".
M. Léonard: Oui, mais, à ce moment-là,
ça met en cause les relations de travail et de
rémunération de l'agent par rapport au courtier. Quelles sont les
conditions d'entrée? Quand vous entrez dans une boîte, chez un
courtier, un agent qui entre, c'est quoi? À quel moment est-il
prévu qu'il touche sa rémunération?
M. Moreau: Écoutez. La question, c'est drôlement,
ça. C'est comme le gars qui... Je vais vous conter une histoire qui va
peut-être être drôle. C'est que, lui, il s'était
toujours battu et il avait cassé un bras à un gars et il lui
avait mis un coup de pied là-dedans. Coudon, l'autre dit, tu n'as jamais
rien eu de mal quand tu t'es battu? Il dit: Oui, mais c'est l'autre gars qui
compte. Il compte rien que ses bons coups; les mauvais coups, il n'en parle
pas. Alors, l'agent qui réussit, lui, il se vante de ça: J'ai
fait de l'argent, 25 000 $, 100 000 $, et ci et ça... Mais les autres,
ils n'en parlent pas, de ça. C'est un silence qui est incroyable.
Incroyable! Maintenant, si vous voulez finir... Un mot que j'aimerais dire,
moi, c'est que j'avais des recommandations ici, justement, sur la question
d'éducation de l'agent. Comment rejoindre ça? Il faudrait qu'il y
ait un certain contingentement. Moi, je verrais, dans la restructuration de
l'affaire, par exemple, que l'agent...
M. Léonard: Le contingentement, il va se faire par les
exigences de formation. C'est...
M. Moreau: C'est ça que je veux dire, ici. Mettons que
pour être agent, il faudrait qu'un type ait 15 crédits
universitaires. Avant de passer un examen de la chambre, n'importe quoi,
il faudrait qu'il ait 15 crédits universitaires
spécifiés dans l'immeuble. Le courtier devra avoir 30
crédits. Là, il aurait le nom de courtier junior. Après
ça, en dedans de cinq ans, il faudrait qu'il aille chercher un autre
crédit pour avoir un baccalauréat, puis là, il pourrait
s'appeler courtier senior. Là, vous auriez des gens qui se tiennent,
ça serait professionnel. Ce qui arriverait, c'est que le courtier, avant
d'engager n'importe qui, n'importe quand, n'importe comment, 20, 30, 40 gars,
comme il se passe au Permanent, ou d'autres comme j'ai vu tout à
l'heure... J'ai vu des affaires effrayantes. Il ne dit jamais à l'agent:
Viens-t'en. Il dit: Je fais de l'annonce aux gars, je vais frapper aux portes,
je fais des téléphones, tout ce que tu voudras. Jusqu'à
temps que le gars se décourage puis qu'il soit endetté par-dessus
la tête. Puis il laisse la ligne, il n'est pas capable de continuer.
Alors, si le courtier est obligé d'engager un type qui a 15
crédits universitaires, qui a une formation puis qu'il lui paie un
salaire minimum, il va regarder deux fois avant de l'engager.
M. Léonard: Mais vous êtes dans un système de
vente. En général, les vendeurs, il y a des salaires minimums,
mais c'est à valoir contre des commissions qu'ils doivent percevoir
ultérieurement.
M. Moreau: Je vais vous donner un exemple. C'est comme une
compagnie. J'ai même eu ma compagnie. Quand je l'ai formée ma
compagnie, moi, j'ai mis de l'argent dedans, j'ai pris mes risques. Je perdais
de l'argent en la faisant, mais, mes employés, je les payais. Le
courtier, lui, il prend ses risques, puis il va faire 50 % de l'affaire, lui,
par 10 ou 15 gars, enfin, comme il aura. Il prend son risque, mais, ses
employés, qu'il les paie, mon gars. Même chose. C'est de la
justice, ça.
M. Léonard: Je vais admettre le point... Il me semble que
j'admettrais le point suivant, en tout cas. À partir du moment où
un agent nouveau inscrit un mandat, il me semble qu'il devrait être
rémunéré pour ce mandat. Ça, je pense que je vais
être d'accord là-dessus. Je ne sais pas, je ne connais pas les
pratiques...
M. Moreau: C'est le minimum. Ça serait un minimum, un vrai
minimum, ça.
M. Léonard: Bien, c'est un domaine de vente, finalement.
Ça, je suis prêt à accorder ça.
Pour le reste, oui et non. Je ne sais pas, je pense que ce serait
à discuter.
M. Moreau: Moi, je suis pour ça, la responsabilité,
le risque pris par le propriétaire d'une compagnie. Qu'il prenne ses
risques, puis, ses employés, qu'il les paie.
M. Léonard: Je pense qu'en disant cela, vous
considérez que l'agent est vraiment un employé...
M. Moreau: Oui.
M. Léonard: ...et non pas un professionnel
rémunéré à l'acte.
M. Moreau: On parlait des assurances, aujourd'hui. Dans les
assurances, ils sont rendus qu'ils paient une base de salaire minimum qui va
s'appliquer contre les commissions futures. Puis, à part de ça,
s'il quitte le métier au bout d'un an ou quelque chose, il garde
l'argent, il n'est pas obligé de le rembourser.
M. Léonard: II y en aurait un paquet qui pourraient
devenir agents, qui ne feraient rien pendant un an, puis...
M. Moreau: Non, non. Mais avant, quand il n'y avait pas de
règlements, les agents d'immeubles, c'était n'importe qui,
n'importe quoi, n'importe comment. Quand il avait vendu à son
père, puis à sa mère, puis à ses soeurs, puis
à ses frères, puis à ses cousins, puis à ses
gendres, il n'avait plus rien puis il débarquait.
M. Léonard: Ça, c'est vrai. C'est vrai.
M. Moreau: Est-ce qu'on veut faire un métier avec le
courtage immobilier, ou si on veut rester avec un genre d'agent, comme j'ai vu
tout à l'heure, qui est à peu près le fond du baril? Moi,
je trouve que ce n'est pas ça, le genre que je vois dans l'immeuble. Je
trouve qu'il y a un potentiel puis qu'il faudrait amener la profession
là-dedans. Puis c'est par l'éducation qu'on peut donner
ça, de ia justice puis de l'équité.
Le Président (M. Després): M. le
député de Labelle, en conclusion.
M. Léonard: Je suis très heureux que M. Moreau soit
venu ici devant ia commission, finalement. Son mémoire était un
mémoire original qui présente vraiment le point de vue des
agents. C'est ia première fois, il me semble, qu'on entend ce son de
cloche. Ça valait la peine. Merci beaucoup, M. Moreau.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
député de Labelle. Mme la ministre.
M. Moreau: Merci de m'avoir entendu, M. Léonard, Mme la
ministre, M. le Président.
Mme Robic: M. le Président, je voudrais rappeler au
député de Labelle qu'on a eu le plaisir d'entendre un agent
coloré de Baie-Comeau qui nous a fait une présentation
absolu-
ment magnifique.
M. Léonard: Non, pas sur ce point de vue là, quand
même.
Mme Robic: Non, c'était un autre point de vue, mais
c'était intéressant de l'entendre également. Les gens qui
travaillent sur le terrain. On a une perception bien différente.
M. Moreau, je pense que la seule chose qu'on peut souhaiter, c'est que,
dans ce nouvel organisme d'autoréglementation, on puisse
développer des normes de formation, d'accessibilité à la
profession, un code de déontologie, qui feront que nous aurons des
agents qui seront, de vrais professionnels dans le métier. On peut
souhaiter également que les courtiers réalisent qu'il est plus
important de faire un choix de ces agents pour les garder à long terme,
ce qui est payant pour le courtier comme pour l'agent, que de remplir des
pupitres en espérant qu'il y en ait un sur 10 qui réussisse. Je
pense que ce n'est pas ce qui va aider à donner une impression de
sérieux à cette profession. Vous avez tout à fait
raison.
Mais mon dernier souhait, c'est au niveau des agents. Il est
inconcevable, M. Moreau, que vous ayez des agents qui se disent dans la
profession depuis plusieurs années et qui disent qu'ils ne connaissent
pas leurs droits, qu'ils ne connaissent pas ce qui se passe. L'agent est un
adulte responsable et intelligent qui doit se renseigner lui-même. Si on
ne le renseigne pas, il doit aller aux renseignements. Et là, vous savez
fort bien que, quand vous êtes dans une profession, vous avez une
curiosité de bien connaître, une curiosité d'aller chercher
l'information. Je déplore que, souvent, les agents - et je les connais -
oublient cette partie. Ils auraient tout avantage à participer. Quand
les chambres d'immeuble ont leur assemblée générale,
malheureusement les agents ne sont pas souvent visibles, et ils auraient
certainement un mot à dire pour...
M. Moreau: Ils ne sont même pas avisés de
l'assemblée. Ils ne le savent même pas.
Mme Robic: Ah! Bien là, j'ai des problèmes avec
ça, M. Moreau, parce que, moi, j'ai été agent, et je dois
vous dire qu'on était informés, mais qu'on était trop
occupés à faire nos ventes pour descendre assister aux
réunions. Alors, il faut se dire mea culpa quand il arrive des choses
qui ne font pas notre affaire.
M. Moreau: Mme la ministre, vous êtes rendue ministre; vous
n'êtes pas une personne ordinaire.
Mme Robic: Non. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Després): M. Moreau, merci
beaucoup pour votre présentation.
J'avise les membres de cette commission que les travaux sont
ajournés à demain, 10 heures. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 12)