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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Forget): Début des travaux. Rappel
du mandat de la commission: La commission du budget et de l'administration
reprend ce matin la consultation générale sur le document de
consultation intitulé "Le courtage immobilier". M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M. Gobé
(LaFontaine) remplace M. Chagnon (Saint-Louis).
Le Président (M. Forget): L'ordre du jour de la
séance: à 10 heures, RE/MAX Québec inc..
M. Léonard: M. le Président. Le Président
(M. Forget): Oui.
M. Léonard: Avant, je voudrais souligner à la
présidence que dorénavant mon collègue, André
Boisclair, sera le critique officiel de l'Opposition officielle en
matière d'institutions financières. Je reste toujours membre de
la commission, mais c'est lui qui va reprendre le flambeau. Je prendrai
d'autres dossiers, notamment le revenu. Alors, je peux dire que comme critique
officiel, ici, j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler sur cette
commission.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Labelle. M. le secrétaire, est-ce que vous
prenez note de ces propos?
Le Secrétaire: C'est fait, M. le Président. Le
Président (M. Forget): C'est fait.
Mme Robic: M. le Président, vous me permettrez de
féliciter M. Boisclair et lui dire que j'espère pouvoir
travailler en étroite collaboration avec lui.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Alors, l'ordre du jour: à 10 heures, la compagnie RE/MAX Québec
inc.; 11 heures, Services immobiliers Century 21 Canada Itée; 12 heures,
le groupe Trans-Action services de courtage; 16 heures, Royal LePage; 17
heures, Trust Prêt et Revenu; et 18 heures, ajournement. Est-ce que c'est
adopté?
Mme Robic: Adopté.
Le Président (M. Forget): Adopté. M. le
député de Labelle?
M. Boisclair: Adopté.
Le Président (M. Forget): Adopté. Je demande au
groupe RE/MAX Québec inc. de bien vouloir s'avancer.
Je demanderais à la vice-présidente de présenter la
personne qui l'accompagne.
RE/MAX Québec inc.
Mme Drolet (Carole): M. le Président, Mme la ministre,
Mmes et MM. membres de la commission, mon nom est Carole Drolet, je suis
vice-présidente aux opérations de RE/MAX Québec; à
mes côtés, mon adjoint, Me Sylvain Bouchard.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Alors, je vous
rappelle maintenant les règles de l'audition: 20 minutes seront d'abord
consacrées à l'exposé de votre mémoire et suivront
40 minutes d'échanges et de discussions. Alors, si vous voulez
présenter votre mémoire.
Mme Drolet: Merci, M. le Président. Mes premiers mots
seront, bien sûr, pour vous remercier de nous avoir permis de venir vous
rencontrer, ce matin, pour vous faire part de nos commentaires. À titre
d'intervenant majeur dans l'industrie du courtage immobilier, RE/MAX
Québec vous présente aujourd'hui ses réflexions sur le
document de consultation.
Tout d'abord, vous me permettrez de vous présenter notre
entreprise. RE/MAX est l'équivalent d'un réseau de courtiers et
d'agents immobiliers indépendants regroupés sous la
bannière d'une organisation d'envergure internationale. C'est en avril
1982 que RE/MAX fit son entrée sur le marché
québécois et elle dessert, aujourd'hui, toutes les régions
du Québec.
Notre entreprise se félicite du niveau très
élevé de conscience professionnelle chez nos agents, attitude
dont bénéficie certainement le consommateur. C'est d'ailleurs ce
qui a permis à RE/MAX de devenir, en moins de six ans seulement, le
numéro un au Québec après s'être assurée une
première place au Canada. De fait, nous sommes devenus le plus important
réseau de courtiers immobiliers indépendants au Québec,
regroupant près de 1300 agents.
Le concept RE/MAX est tout à fait unique. L'agent RE/MAX
gère ses affaires comme un professionnel opère son bureau
privé. Il dispose de la totalité de ses revenus et les administre
en défrayant ses coûts fixes et ses dépenses variables. Le
bureau de l'agent RE/MAX est situé habituellement dans une place
d'affaires où sont regroupés plusieurs autres agents sous
l'égide d'un courtier indépendant RE/MAX. Ce regroupe-
ment facilite, par conséquent, les opérations courantes et
en diminue les coûts.
Le succès sans précédent que nous connais sons
n'est pas le fait du hasard. Il repose essentiellement sur le professionnalisme
et le haut degré de compétence de nos membres. C'est ce qui nous
permet de garantir au consommateur le service de très haute
qualité qu'il souhaite recevoir de son agent immobilier.
Aussi, nous souhaitons féliciter la commission pour la
préoccupation qui l'anime en ce qui a trait à la protection des
consommateurs québécois. Ce souci d'offrir un service de
qualité à notre clientele étant présent chez
RE/MAX, c'est dans cette optique que nous souhaitons contribuer de façon
significative à la révision de l'encadrement juridique du
courtage immobilier.
D'entrée de jeu, précisons que RE/MAX souscrit
entièrement à toute réforme du cadre juridique du courtage
immobilier visant la mise en place de structures qui permettront un
fonctionnement efficace du marché, une amélioration de la
qualité des services professionnels et une protection adéquate du
pubHc. Nous reconnaissons, par ailleurs, les rôles importants que jouent,
dans notre industrie, les chambres d'immeubles et l'Association de l'immeuble
du Québec.
Oeuvrant dans un contexte de libre entreprise, il nous apparaît
toutefois essentiel que le nouvel encadrement législatif du courtage
immobilier offre aux intervenants du milieu toute la souplesse et la protection
nécessaires au développement de leur industrie.
Il est bien défini dans le document de consultation que
l'encadrement de la pratique du courtage immobilier se divise actuellement en
deux structures distinctes: le Service du courtage immobilier, d'une part, et
les chambres d'immeubles ainsi que l'Association de l'immeuble du
Québec, d'autre part. On y constate également que l'absence de
reconnaissance juridique pour la seconde partie de la structure empêche
un contrôle efficace de la profession. L'exemple du courtier qui
maintient son permis après avoir fait l'objet de mesures disciplinaires
et avoir été exclu du réseau des chambres d'immeubles est
très éloquent. Au départ, il nous semble peut-être
erroné de baser l'élaboration d'un nouveau cadre
législatif uniquement sur la seconde partie de la structure. Une
modification de la mission du Service du courtage immobilier pourrait
contribuer, notamment, à solutionner les problèmes de nature
déontologique et disciplinaire. On reviendra d'ailleurs plus loin sur
cette question.
Nous souscrivons à la pertinence de mettre à profit
l'expertise de l'ensemble des intervenants du domaine dans l'application du
cadre de contrôle de leurs activités via les principes
d'autoréglementation et d'autogestion. Il nous semble cependant
paradoxal de souscrire en même temps au principe d'autodiscipline. Nous
ne sommes pas sans savoir que c'est le cas pour beaucoup de professions. Nous
ne sommes pas convaincus pour autant que ce soit un modèle à
suivre, voire même que ce soit au bénéfice du
consommateur.
Le gouvernement propose la création d'un organisme
d'autoréglementation en conservant un droit de regard sur le
fonctionnement de cet organisme. Nous souhaiterions vivement que le
gouvernement précise ses intentions à cet égard. En effet,
nous croyons qu'il est important de bien évaluer l'impact pour le milieu
des contrôles exercés par le gouvernement et ceux exercés
par le nouvel organisme. Nous tenons absolument à nous assurer que les
intervenants du milieu ne seront pas lésés dans leurs droits
d'aucune façon.
Quant à nous, il est fondamental que l'organisme
d'autoréglementation se consacre uniquement à son rôle de
contrôle des activités des courtiers et agents d'immeubles, la
surveillance devant, à notre avis, relever d'un comité de
discipline indépendant. Il serait en effet totalement inacceptable que
cet organisme soit aussi mandaté pour voir à la défense et
à la promotion des intérêts des courtiers et agents
d'immeubles. On ne peut être à la fois juge et partie.
Il nous apparaît encore plus fondamental que le conseil
d'administration de cet organisme soit composé de façon à
équilibrer les forces du milieu tout en tenant compte, bien sûr,
des structures différentes des intervenants. Un représentant de
chacune des 13 régions de l'immobilier au Québec, élu au
suffrage universel par les détenteurs de permis, et un
représentant du gouvernement nommé par le ministre, devraient,
selon nous, y occuper un siège.
Par ailleurs, nous croyons qu'il est pertinent de rehausser les
exigences concernant la qualification et la formation des courtiers et agents
d'immeubles. Nous sommes également d'accord avec le fait que l'organisme
puisse procéder à leur enregistrement.
Pour ce qui est de l'application des règles de déontologie
qui devront être assorties de sanctions, nous nous interrogeons sur la
définition même de ces règles et sanctions. Nous souhaitons
que l'État continue à s'assurer du respect de la loi en
conservant ses pouvoirs d'enquête, de suspension et de révocation
de permis. Quant aux pouvoirs de contrôle sur la solvabilité des
courtiers, nous croyons que cette mesure ne constitue pas réellement un
moyen de protéger le consommateur. Nous reviendrons d'ailleurs plus loin
sur cette question.
Avec la présente réforme, l'État préconise
une responsabilisation du milieu, voire un contrôle du milieu par le
milieu. Nous avons deux préoccupations majeures à cet
égard: Premièrement, les intérêts des intervenants
du milieu seront-ils aussi bien protégés que ceux des
consommateurs et, deuxièmement, à quel coût pour
l'industrie de l'immobilier se fera cette réforme?
On parle en effet dans le document de réflexion de frais encourus
par l'État dans l'encadrement de ce secteur d'activité qui seront
défrayés par l'organisme, lui-même financé par le
milieu. Compte tenu des informations dont nous disposons, il nous est difficile
d'identifier les services gouvernementaux pour lesquels l'industrie serait
éventuellement facturée.
Il est dit que l'organisme d'autoréglementa-tion verra à
la conciliation et à l'arbitrage de comptes lorsque quelqu'un qui n'est
pas membre des chambres ou un consommateur sera impliqué. Est-ce
à dire que le consommateur perd alors tout droit de recours devant les
tribunaux? Une telle procédure ne risque-t-elle pas de donner lieu
à certains abus chez les professionnels de l'immobilier, alors que le
but ultime visé par la réforme est, justement, de protéger
le consommateur tout en rehaussant la crédibilité du milieu?
Enfin, nous sommes totalement d'accord avec l'adhésion obligatoire
à l'organisme d'auto-réglèmentation, par le biais de
l'émission de permis, dans le but d'uniformiser les règles de
pratique.
Comme nous l'avons déjà mentionné, nous souscrivons
à la mise sur pied d'un organisme d'autoréglementation qui
adoptera les dispositions permettant la transition entre le régime
actuel et celui édicté par la nouvelle loi. L'arrimage entre les
deux structures et le rôle que le ministère y jouera
s'avèrent, à nos yeux, un élément
déterminant pour donner notre aval à l'ensemble du projet.
Nous souscrivons entièrement à l'accessibilité
à la formation à des coûts raisonnables dans toutes les
régions du Québec. Pour RE/MAX, un perfectionnement avancé
engendre nécessairement un rendement supérieur au
bénéfice du consommateur. Nous sommes également tout
à fait d'accord pour que l'organisme d'autoréglementation
vérifie et contrôle la qualification des courtiers et agents
d'immeubles. Toutefois, nous croyons qu'il serait peut-être plus
avantageux pour le milieu et le consommateur de rehausser les critères
de sélection des courtiers et agents. Pour ce faire, nous pourrions,
notamment, penser à élever le niveau de difficulté des
examens de passage au lieu de viser une catégorisation de permis.
Nous souhaitons que la formation des courtiers et agents immobiliers
puisse être améliorée en augmentant graduellement le nombre
d'heures de cours qui leur est offert. Cette procédure
éliminerait sans contredit un nombre important d'agents de passage tout
en contribuant de façon significative à parfaire les
connaissances des professionnels de l'immobilier.
La tolérance manifestée jusqu'à maintenant par
l'Association de l'immeuble du Québec envers ses membres en
matière de déontologie incite à la réflexion tout
comme l'attitude peu interventionniste d'ailleurs du Service du courtage
immobilier. Nous sommes entièrement favorables à la
création d'un comité de discipline, mais nous nous opposons
formellement au fait que ce comité relève directement de
l'organisme d'autoréglementation proposé dans le document de
réflexion. Pour éviter que le comité soit à la fois
juge et partie, nous croyons qu'il devrait être sous la
responsabilité du ministère, à plus forte raison s'il
jouit d'un pouvoir accru en matière de sanction.
Nous recommandons la composition suivante pour le comité de
discipline: un représentant du ministre nommé par ce dernier, un
avocat également nommé par le ministre et un intervenant du
milieu, un courtier, nommé par le conseil d'administration de
l'organisme d'autoréglementation. (10 h 15)
Bien qu'un droit d'appel des décisions du comité de
discipline soit prévu, aucune instance d'appel n'est identifiée
dans le document de consultation. Il serait important d'apporter des
précisions à cet égard.
Nous appuyons les intentions du gouvernement de maintenir l'organisation
actuelle du courtage immobilier qui prévoit que l'agent doit exercer
sous la surveillance d'un courtier. Nous croyons toutefois qu'un permis doit
être uniquement détenu par une personne physique. Le cas des
corporations exige, à notre avis, un certain nombre de précisions
quant au mode de fonctionnement du système. Nous sommes également
d'accord avec le fait d'exempter un courtier à l'emploi d'un autre
courtier des obligations relatives à l'assurance-responsabilité
professionnelle, à la tenue des registres et au compte en
fidéicommis.
Enfin, en ce qui a trait à la responsabilité d'une place
d'affaires, la mesure préconisée ne soulève aucun
problème pour le réseau RE/MAX puisqu'elle correspond, en quelque
sorte, à notre mode de fonctionnement actuel.
Nous sommes d'avis que le contrôle de la capacité
financière minimale de 10 000 $ pour être courtier doit faire
l'objet d'un examen approfondi. En effet, nous ne croyons pas que cette
formalité, facilement contournable, protège nécessairement
et automatiquement le consommateur. Nous nous interrogeons sérieusement
sur la pertinence de ce critère de sélection.
Nous sommes en total désaccord avec le cumul de permis, tout
comme avec la pratique des agents de passage ou à temps partiel. Nous
sommes en effet convaincus que le professionnel de l'immobilier a l'obligation
morale de se consacrer totalement à sa profession et d'oeuvrer
uniquement dans ce domaine d'activité. De la même manière,
nous ne saurions souscrire à un cumul de permis, alors que nous
souhaitons rehausser la formation des agents. Il en va de la
crédibilité de notre profession aux yeux de nos pairs et du
public, et surtout de la protection des consommateurs. Nous ne croyons tout
simplement pas à la spécialisation dans plusieurs
domaines.
Néanmoins, RE/MAX considère deux exceptions à ce
principe. Premièrement, il pourrait être permis aux courtiers en
assurances d'obtenir un permis restreint en matière de courtage
immobilier afin d'agir à titre d'intermédiaires pour les
prêts hypothécaires que consentirait un assureur qu'ils
représentent. Deuxièmement, les courtiers immobiliers pourraient
également détenir un permis restreint en courtage de valeurs
mobilières pour effectuer des transactions de valeurs mobilières
portant essentiellement sur un bien immobilier.
Par ailleurs, nous ne sommes pas d'accord avec le fait que des courtiers
et agents d'immeubles puissent oeuvrer au sein de cabinets multidisciplinaires
au sens de la Loi sur les intermédiaires de marché. Cette
approche mériterait sans doute d'être étudiée plus
attentivement pour mieux en évaluer les impacts. Il nous semble, par
conséquent, prématuré de souscrire à l'adoption de
règlements par l'organisme d'auto-réglementation concernant les
occupations jugées incompatibles avec l'exercice du courtage
immobilier.
Nous ne pouvons être en accord avec la réglementation du
franchisage. Pourquoi le franchisage immobilier doit-il être
réglementé alors que dans les autres industries à
franchisage, notamment la restauration, les franchisés oeuvrent dans un
contexte de libre entreprise? Comme notre organisation fonctionne actuellement
dans cet esprit, RE/MAX serait extrêmement défavorisée par
rapport à ses concurrents si ses opérations devaient être
encadrées par une réglementation peu propice à l'esprit
d'entrepre-neurship que nous prônons. Le franchisage ne soustrait
personne à l'application et au respect de la loi. Tous nos agents et
courtiers sont soumis, au même titre que tous les autres, à la Loi
sur le courtage immobilier. Le public est également
protégé de la même façon par la Loi sur les comptes
en fidéicommis et le Fonds d'indemnisation du courtage. Si le
gouvernement devait s'engager dans un tel processus, non seulement les
mêmes règles devraient s'appliquer pour l'ensemble des industries
à franchisage, mais la réglementation s'y rattachant ne devrait
pas être adoptée par l'organisme d'autoréglementa-tion.
Pour nous, il n'est pas opportun pour l'organisme
d'autoréglementation de déterminer dans quel cas un courtier
pourrait être exempté de l'obligation de détenir un contrat
d'assurance-responsabilité professionnelle. Nous croyons, en fait, que
cette question relève davantage des assureurs et de la loi du
marché.
RE/MAX souhaite que la Loi sur le courtage immobilier prévoie des
mécanismes pour le remboursement du dépôt à un
promettant acheteur, pour le règlement de litiges entre l'acheteur ou le
vendeur, et le versement des intérêts sur les dépôts
en fidéicommis.
En ce qui a trait plus précisément à la question
des intérêts sur les dépôts en fidéicommis,
nous préconisons de continuer à les verser aux clients qui en
font la demande. Cependant, advenant le cas où les montants ou la
durée du dépôt sont insuffisants, les courtiers devraient
être autorisés à conserver ces sommes en compensation des
frais d'administration inhérents à la gestion de ces comptes.
Il y aurait lieu d'étendre la couverture du Fonds d'indemnisation
du courtage immobilier. Par exemple, il pourrait couvrir les pertes subies par
un courtier qui fait faillite ou encore les commissions payables à un
agent lorsque son courtier est en difficulté financière. Une
cotisation spéciale des courtiers et agents pourrait contribuer à
renflouer ce Fonds. Il est à noter qu'aucune mention n'est faite dans le
document sur les gestionnaires du Fonds, élément important de son
bon fonctionnement.
Nous croyons fermement que le partage de commission devrait être
limité aux détenteurs de permis et que la commission de
référence est une pratique commerciale à encourager. Nous
ne croyons pas qu'il soit pertinent de divulguer la commission de
référence et estimons ne pas porter préjudice au client en
ne le faisant pas.
RE/MAX ne croit pas que la création de catégories
distinctes de permis, avec des exigences spécifiques à chacune,
assure un plus haut niveau de compétence en garantissant une protection
accrue du public. En fait, nous croyons que la catégorisation risque
d'alourdir inutilement l'administration et la pratique du courtage immobilier
et d'engendrer la confusion chez le consommateur. Selon nous, le niveau de
compétence est davantage lié à la formation et, bien
sûr, aux critères de sélection. Nous sommes d'avis qu'il
serait plus avantageux pour le consommateur et le milieu de favoriser la
formation continue des agents afin de parfaire leurs connaissances de tous les
secteurs de l'activité immobilière.
Il nous apparaît très important, dans le cas de conflits
d'intérêts, de traiter les agents au même titre que des
consommateurs. Le fait que l'agent soit acheteur pour lui-même, par
exemple, est de moins en moins contesté dans le milieu. La divulgation
de tout intérêt par écrit pour un courtier ou un agent dans
une transaction devrait, selon nous, également être obligatoire.
Quant au droit de résolution de tout contrat en faveur du client,
advenant défaut de divulgation par le courtier ou l'agent, nous ne
croyons pas qu'il puisse être automatique. Nous préconisons
plutôt le recours traditionnel aux tribunaux.
Les activités de nature spéculative devraient être
bien définies. Nous sommes d'accord pour que ce genre d'activités
soit balisé par une réglementation adoptée par l'organisme
d'autoréglementation. Nous souhaitons également que la
confidentialité des informations concernant les clients, notamment la
situation financière de ces
derniers, soit assurée en tout temps par les courtiers et
agents.
En conclusion, M. le Président, la révision de la Loi sur
le courtage immobilier présente indéniablement des enjeux et des
défis importants pour l'industrie du courtage immobilier. L'arrimage
entre les structures actuelles et l'organisme d'autoréglementation
proposé sera d'autant plus important. Le rôle de chacun des
partenaires devra être attribué dans le respect de
l'équilibre des forces du milieu tout en visant une protection accrue du
public. RE/MAX Québec ne peut que souscrire aux objectifs
d'autoréglementation et d'autogestion proposés dans le document
de réflexion. Toutefois, nous émettons certaines réserves
quant à l'autodiscipline. L'expérience dans ce domaine de
certaines corporations professionnelles constitue un exemple éloquent
des problèmes qui peuvent surgir lorsqu'on est à la fois juge et
partie et de l'impact au niveau de la crédibilité du public face
à de telles corporations.
De plus, nous sommes persuadés que la mise en place du nouvel
encadrement législatif risque d'ébranler quelque peu notre
industrie, d'où notre préoccupation quant aux contrecoups
possibles que le milieu pourrait subir dans le déroulement du
processus.
Nous souhaitons vivement que la révision de la Loi sur le
courtage immobilier procure suffisamment de marge de manoeuvre à
l'industrie et à la profession et qu'elle contribue pleinement à
son développement.
M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. membres de la
commission du budget et de l'administration, nous vous remercions de nous avoir
permis de nous exprimer sur le document de réflexion portant sur le
courtage immobilier et nous sommes maintenant disponibles pour répondre
à vos questions.
Le Président (M. Forget): Merci. Mme la ministre, vous
avez 10 minutes pour des échanges.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Mme Drolet, M.
Bouchard, bienvenue à cette consultation. On vous remercie beaucoup pour
un mémoire très bien fait, très bien
présenté. Vous êtes des franchiseurs et on a eu le plaisir,
hier soir, de recevoir l'Association des franchiseurs du Québec.
J'aimerais peut-être que vous nous expliquiez quel genre d'association
RE/MAX, le franchiseur, a avec ses franchisés, le contrat qui est
signé avec les franchisés, et quelles sont les obligations du
franchiseur vis-à-vis de son franchisé et vice versa.
Mme Drolet: L'obligation primordiale, d'abord pour le
franchisé, et ça c'est inclus au début du contrat, c'est,
bien sûr, de se conformer en tous points à toutes les lois et tous
les règlements, notamment, la Loi sur le courtage immobilier plus
précisément, parce que c'est celle qui touche de plus près
le courtage. Je dois dire que le contrat comporte 40 pages, alors toutes les
obligations - je vais peut-être en oublier - ce sont des obligations
contractuelles normales qui existent dans tous les contrats de franchise,
autant du respect, de l'attitude, des obligations financières, bien
sûr, vis-à-vis des franchiseurs, des obligations de promouvoir
l'image, la marque, etc. En plus, après, c'est d'assurer, bien
sûr, de se conformer à tout ce qui s'appelle loi ou
règlement du courtage ou autre.
Mme Robic: Le franchiseur, lui, procure quel genre de services
aux franchisés? Sa marque de commerce...
Mme Drolet: Bien sûr. C'est-à-dire qu'il y a des
fonds prévus à cet effet-là. On a un fonds de
publicité institutionnelle, on a de la formation permanente. Encore, on
termine justement un séminaire provincial, on a des journées sur
de la formation précise, des points précis. De part et d'autre,
je pense, c'est d'améliorer, justement, l'image et les services. Et les
deux sont impliqués dans le même sens.
Mme Robic: Quels sont les critères appliqués par
RE/MAX pour octroyer une licence?
Mme Drolet: II y en a plusieurs. D'abord, comme je dis toujours,
on ne s'improvise pas restaurateur, on ne s'improvise pas courtier en
immeubles. Il ne suffit pas juste qu'une personne détienne pour
quelqu'un d'autre un permis de courtier. Il faut que la personne, au
départ, ait une certaine expérience, bien sûr - d'ailleurs,
on ne pourrait pas s'improviser - pour gérer un bureau de courtage. Et
il y a aussi, en plus d'obtenir des références sur l'individu
même, sur son historique, ses antécédents, etc.,
l'information financière, bien sûr, qui est importante parce que
ça prend aussi des sous pour gérer une entreprise, que ce soit
RE/MAX ou une autre. Alors, ce sont des renseignements de base, mais la
rencontre qu'on a avec l'individu est très importante, à savoir
si l'individu va se plaire dans notre réseau, si lui, ça lui
tente de faire partie de notre réseau, et l'inverse aussi.
Mme Robic: Est-ce que vous exercez un certain contrôle de
la qualité sur vos franchisés?
Mme Drolet: Oui, bien sûr. D'abord, en vertu du contrat
toujours, une des obligations, c'est de nous faire parvenir les états
financiers aussi souvent qu'on en a besoin. Ce n'est même pas sur une
base annuelle. On exerce aussi des visites-surprises, j'appelle ça la
visite du curé, mais dans notre cas c'est des visites spontanées.
On se présente le matin et on va prendre le café avec le
franchisé; alors, il nous ouvre ses livres,
que ce soit son compte in trust, que ce soit n'importe quoi. On a tous
les droits et les pouvoirs en vertu du contrat.
Mme Robic: Est-ce que vous obligez les propriétaires de la
franchise à être présents dans la franchise et à
agir comme directeur de cette franchise-là ou si le propriétaire
d'une franchise pourrait sous-franchiser des bureaux et agir comme
qualificateur pour ces différents bureaux-là?
Mme Drolet: Je dois dire, sauf exceptions qui ne me viennent pas
à l'esprit, que tous nos franchisés sont présents dans
leur bureau, dans leur franchise. Je pense que ça ne pourrait pas, en
pratique, être autrement. Ça prend vraiment quelqu'un qui soit sur
place pour la bonne gestion de l'entreprise. Et le franchisé est
impliqué. Il y en a qui ne font que ça, qui ne font pas, non
plus, de courtage immobilier; d'ailleurs, la grande majorité en font
très peu. À moins que ce soit un bureau de 7, 8 ou 10 agents, en
région, à ce moment-là ils peuvent se permettre de faire
un petit peu de courtage. Mais dans les bureaux de 30, 40 ou 50 agents, bien
sûr, ils ne sont pas tout seuls, ils ont toute une équipe avec
eux. Alors, ils sont très présents et très actifs dans
leur franchise.
Mme Robic: Mais est-ce qu'il y aurait possibilité pour un
franchisé RE/MAX d'avoir plusieurs bureaux, je ne sais pas, Robic
numéro 1, numéro 2, avec seulement un directeur ou un
propriétaire qui qualifierait ces autres bureaux-là? Ou est-ce
que vous exigez que chaque propriétaire ait son propre bureau?
Mme Drolet: La structure RE/MAX repose essentiellement sur une
répartition de territoire, c'est-à-dire qu'au début, en
1982, il fallait partir de quelque chose pour attribuer des droits de
franchise. Alors, ils ont pris la carte électorale de 1980 et ils ont
dit: Voici, on vous consent des droits exclusifs pour opérer à
l'intérieur d'un certain territoire. Alors, voici ce qui arrive. Par
exemple, j'ai à l'esprit un bureau, je ne sais pas, RE/MAX TMS, qui est
connu sous cette raison sociale, ils sont deux franchisés
là-dedans, alors ils peuvent ouvrir un bureau à
l'intérieur du territoire, mais qui fonctionne encore sous le même
nom de corporation. Mais ils vont se partager, par exemple, la gestion à
deux personnes. Quand ils ont plus d'un bureau, le plus qu'ils peuvent avoir,
c'est trois bureaux.
Mme Robic: Vous permettez le sous-franchisage, là.
Mme Drolet: Ce n'est pas vraiment du sous-franchisage...
Mme Robic: Non?
Mme Drolet: ...c'est que ce sont des droits consentis à
l'intérieur du territoire. Alors, ils peuvent ouvrir une
succursale...
Mme Robic: D'accord.
Mme Drolet: ...si le territoire est très grand à
couvrir. Si la population et les services le justifient, ils peuvent avoir un
autre bureau, un, deux ou trois emplacements physiques, mais ils sont
gérés par... Bien souvent, ils ne sont pas qu'un seul
franchisé parce qu'il faut qu'il y ait quelqu'un sur place.
Mme Robic: Vous leur garantissez un territoire et, s'ils veulent
ouvrir une succursale sur ce territoire il n'y a pas de problème.
Mme Drolet: Tout à fait. C'est ça.
Mme Robic: Dans votre document, vous parlez d'agent
associé. J'aimerais que vous m'expliquiez ce qu'est un agent
associé.
Mme Drolet: C'est un agent immobilier. C'était plus un
terme de marketing de l'international. C'est un agent immobilier, point. De
toute façon, son identification se fait sous "agent immobilier",
associé à la bannière, mais ce n'est pas une
association...
Mme Robic: Est-ce qu'il a un contrat différent des autres
agents dans d'autres...
Mme Drolet: Non, pas du tout.
Mme Robic: C'est le même contrat qu'il signe avec...
Mme Drolet: C'est ça. Mme Robic: ...son
courtier.
Mme Drolet: Oui, tout à fait. Ce n'est pas un terme...
Mme Robic: Ce sont les mêmes obligations. Il n'y a pas
d'obligations additionnelles...
Mme Drolet: Non, non, non.
Mme Robic: ...pour un agent associé.
Mme Drolet: C'est ça, associé à la
bannière, finalement. C'est un terme de marketing plutôt qu'un
terme juridique. Ça n'a pas de connotation ou d'engagement particulier.
(10 h 30)
Mme Robic: J'aimerais qu'on parle peut-être de l'organisme
d'autoréglementation dont vous faites mention dans votre mémoire.
Vous êtes d'accord avec l'organisme d'autoréglementation quoique
vous avez certaines petites réticences au
niveau, entre autres, du comité de discipline, et vous nous dites
également que le gouvernement devrait rester impliqué. C'est bien
sûr qu'on a bien l'intention d'avoir un droit de regard, mais ça
serait intéressant de vous entendre sur le genre de droit de regard que
le gouvernement doit se conserver à ce stade-ci de l'opération.
Pour éliminer certaines de vos craintes, comment le conseil
d'administration pourrait-il être formé pour, justement,
éliminer certaines appréhensions que vous pouvez avoir?
Mme Drolet: Le droit de regard ou l'implication du gouvernement,
c'est-à-dire que, comme on s'était dit, d'ailleurs, lors de notre
rencontre précédente, on se sent très à l'aise,
nous, avec le Service du courtage, que ce soit le Service du courtage ou un
autre intervenant du gouvernement D'ailleurs, on travaille en étroite
collaboration. Même quand on a un doute, que ce soit à
l'intérieur du réseau, on demande au Service du courtage d'aller
faire une inspection. On a une très grande collaboration et on vit
très bien avec ça. Dans le document, on a parlé du
comité de discipline, c'est-à-dire qu'on voyait mal - je le sais
que ça se pratique dans d'autres corporations et, encore là, on a
des arguments qui soutiennent, justement, notre inquiétude face à
ça - un organisme tout à fait fermé qui, à ce
moment-là, a tous les pouvoirs et peut décider de tout, qui a un
droit absolu, un droit de vie ou de mort sur tout ce qui s'appelle immobilier.
Ça, on trouvait ça un petit peu menaçant autant pour le
milieu que pour le public. Alors, l'intervention du gouvernement, on la veut
quand même assez importante, ne serait-ce qu'au niveau du comité
de discipline, d'une part, et que ça ne soit pas juste d'une
façon unilatérale, c'est-à-dire l'organisme
d'autoréglementation tout à fait fermé, et qui peut
émettre des directives et qui peut tout régir ce qui s'appelle
courtage et que les intervenants du milieu, eux, n'aient pas de communication
dans les deux sens. C'est un peu la conception qu'on avait perçue si
c'était un organisme d'autoréglementation.
Mme Robic: Vous nous dites que vous vous basez sur une
expérience au niveau des corporations professionnelles.
Mme Drolet: Oui.
Mme Robic: Nous, on se fait dire que ça fonctionne bien.
Alors, j'aimerais que vous élaboriez un peu là-dessus.
Mme Drolet: Oui, bien sûr. On en connaît,
évidemment, des professions qui fonctionnent avec des corporations
professionnelles et tout ce que ça implique. Je ne sais pas, on n'a
qu'à lire les journaux récemment, il y a une corporation en
particulier... Je ne sais pas, au niveau du public, la
crédibilité, si vraiment ça favorise et si c'est bien
perçu du public. Alors, est-ce que c'est ça qu'on veut dans le
courtage? Je n'en suis pas certaine. Quand c'est très fermé et
que les gens... Je pense que l'être humain étant ce qu'il est,
malgré toute la bonne volonté, il y a peut-être une
tendance qui est prise. Il y a quand même une protection du milieu qui se
fait au départ, même si le but visé repose essentiellement
sur la protection du public. Mais on a beaucoup de réserves parce qu'on
prend exemple, justement, on a des modèles. Mais est-ce qu'il faut
suivre ces modèles-là? Est-ce que ce sont des modèles
à suivre, justement?
Mme Robic: Mais ne croyez-vous pas, justement, que le fait que
cet organisme se fasse taper sur les doigts va faire en sorte que, la prochaine
fois, il va se ressaisir et va peut-être jouer pleinement son rôle
s'il l'a escamoté à un moment donné? La réputation
de ce groupe est tellement importante que le milieu lui-même va...
Mme Drolet: Réagir.
Mme Robic: ...demander à l'organisme de pleinement jouer
son rôle.
Mme Drolet: Oui, bien sûr, c'est ce qu'on souhaite. Mais,
encore là, est-ce qu'on peut en être assurés? On se pose
sérieusement la question.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, le temps est
écoulé. On vous remercie.
Mme Robic: Déjà?
Le Président (M. Forget): Alors, je rappelle les
règles au député de Gouin. Vous avez 10 minutes
d'échange avec les intervenants. La parole est à vous.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord saluer Mme Drolet et le monsieur qui l'accompagne. Nul doute, avec ce
que RE/MAX constitue et la place que RE/MAX prend dans l'industrie, que votre
mémoire contribuera énormément à soutenir nos
débats. Vous êtes le plus gros et important réseau de
courtiers au Québec avec environ 1300 agents; vous nous le soulignez
dans votre mémoire.
J'aimerais revenir sur quelques éléments et je suivrai le
mémoire dans l'ordre de présentation. Vous soulignez en page 5 de
votre mémoire - on connaît la structure actuelle du milieu, le
Service du courtage et les chambres d'immeubles plus l'Association - "il nous
semble peut-être erroné au départ de baser
l'élaboration d'un nouveau cadre législatif uniquement en regard
de la seconde partie de la structure". Alors, c'est donc que vous aimeriez
intervenir sur la première partie de la structure, mais vous n'avez pas
tellement élaboré sur ce que vous
souhaiteriez comme modifications au niveau de la première
structure, à savoir le Service du courtage. Vous pourriez
peut-être nous donner quelques précisions là-dessus.
Mme Drolet: C'est ça. En fin de compte, on verrait
très bien que le Service du courtage soit plus présent, plus
interventionniste, encore plus impliqué au niveau du courtage, à
tous les niveaux, que ce soit au niveau de nos franchisés, au niveau des
compagnies traditionnelles, les trusts. On demande une implication encore plus
importante du courtage, qu'il soit encore plus présent.
M. Boisclair: C'est d'ailleurs eux, je présume, lorsque,
en page 8, vous dites: "Nous souhaitons que l'État continue à
s'assurer du respect de la loi, en conservant ses pouvoirs d'enquête, de
suspension et de révocation de permis"...
Mme Drolet: Bien sûr.
M. Boisclair: ...par le biais, justement, du Service du
courtage.
Mme Drolet: Bien sûr, parce qu'on est assurés de sa
neutralité et de son objectivité. Il n'a pas
d'intérêt, lui, présent, passé ou futur dans le
courtage comme tel.
M. Boisclair: Parce qu'il y a aussi tout le débat sur la
composition de l'organisme d'autoré-glementation. Vous proposez,
d'ailleurs, une certaine composition avec des représentants de chacune
des 13 régions de l'immobilier au Québec élus au suffrage
universel par les détenteurs de permis, un représentant du
gouvernement nommé par le ministre et il y a aussi différentes
possibilités. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, en ayant une composition
autre que celle que vous proposez... Il y a des gens qui proposent un certain
nombre de courtiers, un certain nombre d'agents, un certain nombre de
représentants, plus important, d'ailleurs, qu'un seul
représentant du ministère. Est-ce que, selon vous, l'objectif,
finalement, de protection du public, le fait aussi qu'on se retrouve dans une
situation où on est juge et partie pourrait être
évité en étudiant plus particulièrement la
composition de l'organisme?
Mme Drolet: Oui, bien sûr. J'avoue d'abord que ce n'est pas
facile de trouver la formule idéale et magique qui va satisfaire tout le
monde et qui va aller dans le sens de la protection à toute
épreuve du public. C'est une présentation, c'est une
possibilité, même s'il y en a qui vont dire: Bon, il y a un
représentant, par exemple, pour la chambre d'immeubles du Grand
Montréal qui est beaucoup plus importante que la chambre d'immeubles de
régions très éloignées; il y a le suffrage
universel; un détenteur de permis, un droit de vote. Sauf que j'avoue et
je reconnais que ce n'est peut-être pas la formule idéale sauf que
de la trouver, la formule idéale... On est quand même assez
souples sur une présentation. On pourrait certainement se pencher s'il y
avait d'autres suggestions dans ce sens-là.
M. Boisclair: J'aimerais peut-être sortir du strict cadre
du contenu et que vous me parliez un peu de l'expérience que vous avez
réussi à acquérir au cours des différentes
années. Hier, il y a un mémoire qui a été
présenté par M. Moreau en commission parlementaire. Je veux juste
vous citer un certain nombre de chiffres. M. Moreau disait: "II en
résulte un changement de personnel chez les agents effarant: 34 % par
année; 4184 agents ont laissé ce métier cette
année; cela fait une rotation de 100 % en moins de trois ans. Chez les
courtiers, le taux est seulement de 13 %. La cause principale - disait-il - la
condition pénible de travail des agents est leur manque de
rémunération régulière. Ils travaillent
d'arrache-pied sans salaire, sans remboursement de leurs dépenses, avec
l'espoir d'une commission payable dans plusieurs mois quand elle se
réalise." J'aimerais que vous me parliez de votre milieu. Chez vous,
chez RE/MAX, c'est quoi les conditions de travail des gens qui sont chez vous,
l'encadrement, la rémunération? Vous parliez de cours de
formation continue tout à l'heure. J'aimerais que vous puissiez partager
votre expérience avec les membres de la commission.
Mme Drolet: D'accord. Alors, RE/MAX, comme je le dis dans le
document, a pris son essor en 1982 et le concept reposait essentiellement sur
quelque chose de très différent à ce moment-là
parce que, traditionnellement, dans le courtage immobilier, les agents avaient
une rémunération de 50 %, 50 % pour eux et 50 % pour le courtier,
que ce soit un trust ou autre, mais généralement,
c'étaient des trusts. Avec le système RE/MAX, le concept qui a
été mis de l'avant, c'était: Vous recevez 100 % de votre
commission, cependant, vous êtes à votre compte; vous êtes
comme un professionnel; vous opérez et vous êtes responsable de
tous vos frais, ce qui veut dire que vous vous louez un espace dans un bureau
de courtage, vous assumez toutes vos dépenses, quelles qu'elles soient;
il n'y a absolument rien de garanti. Or, il y a quand même chez RE/MAX
des dépenses qui reviennent, beau temps mauvais temps, et qui sont de
l'ordre de 20 000 $, 25 000 $, 30 000 $ par année, ce qui fait qu'un
agent RE/MAX, d'abord avant de se joindre au réseau RE/MAX, il va y
penser à deux, trois et quatre fois, parce qu'il y a quand même
des frais. Il faut que, financièrement, il soit plus solide pour
supporter cette attente parce que, comme vous le dites, la commission n'est pas
perçue le premier jour de son travail. Et ils ont peut-être une
espèce de capacité
d'ajustement. Ils sont peut-être un peu plus audacieux au
départ. Ils travaillent très fort, c'est vrai. Or, cette formule
est allée chercher certaines personnes qui étaient
intéressées, justement, à dire: Moi, je prends le risque;
je suis capable d'assumer ce risque-là et je suis convaincu que le
travail que je vais faire va me permettre, justement, de bien m'en tirer avec
cette formule. Et ça a marché puisqu'on est allé chercher,
justement, plusieurs éléments de l'industrie et on s'est
ramassé avec une position privilégiée.
M. Boisclair: Ce sont essentiellement des coûts fixes
qu'ils ont à rencontrer. Il n'y a pas de coûts variables.
Mme Drolet: C'est-à-dire qu'il y a des coûts fixes,
d'une part, par exemple, le loyer parce qu'ils sont à loyer dans un
bureau, et il y a les coûts variables, les dépenses variables
comme n'importe quel agent, la publicité dans les journaux...
M. Boisclair: Des choses comme ça.
Mme Drolet: ...toutes ces dépenses qui sont reliées
au courtage.
M. Boisclair: Avez-vous une idée du taux de roulement chez
vous?
Mme Drolet: Ça varie autour de 20 %, 25 % à peu
près.
M. Boisclair: Par année? Mme Drolet: Oui.
M. Bouchard (Sylvain): II y a peut-être également un
autre facteur qui pourrait expliquer le haut taux de roulement dans l'industrie
- et ça, ça a toujours été - ce sont les normes qui
sont très peu élevées pour l'accès à la
profession. Lorsqu'on a des périodes difficiles comme en ce moment, si
une personne a accès à une profession où on demande
quelque 240 heures pour avoir un permis d'agent, c'est beaucoup plus facile de
laisser la profession que si on avait investi, je ne sais pas, peut-être
l'équivalent d'un certificat universitaire ou autre. Alors, ça,
c'est un facteur qui est quand même important pour expliquer le haut taux
de roulement des agents présentement dans la profession. S'il y avait
une augmentation des critères pour l'accès à la
profession, possiblement que ce haut taux de roulement irait à la
baisse.
Mme Drolet: C'est-à-dire qu'ils viennent essayer. Ils
disent: Ah, ça doit être facile; il semble que les agents
ramassent l'argent par terre. Ils disent: Bien, moi aussi, je vais aller
essayer. Et ce n'est peut-être pas...
M. Boisclafr: Mais vous conviendrez avec mol qu'avec 20 000 $, 25
000 $, en partant, de coûts fixes, ce n'est pas si simple que ça.
C'est quand même...
Mme Drolet: Non, chez RE/MAX effectivement, oui.
M. Boisclair: Comment vous le prélevez? Est-ce que c'est
vraiment à l'entrée ou si vous le prélevez au cours de
l'année? Comment est-il prélevé, ce montant de 20 000
$?
Mme Drolet: Ce sont des dépenses qu'il reçoit.
C'est-à-dire que lui, il doit payer.
M. Boisclair: C'est prélevé à tous les mois.
Mme Drolet: Ah oui, bien sûr.
M. Boisclair: C'est une dépense qu'il doit rencontrer
dès qu'il rentre chez vous?
Mme Drolet: C'est une facturation mensuelle...
M. Boisclair: Une facturation mensuelle.
Mme Drolet: ...oui, tout à fait, du courtier ou du
franchisé qui loue les espaces de bureau, justement, à
l'agent.
M. Boisclair: Revenons, justement, sur cette question du
franchisage. Vous présentez un point de vue qui est similaire à
celui de l'Association. Compte tenu, dans le fond, d'une contrainte
supplémentaire qui est celle des coûts fixes que l'agent doit
rencontrer et qui n'est pas la même dans d'autres milieux, dans d'autres
entreprises qui oeuvrent dans l'industrie, jusqu'à quel point la
protection du public, puisqu'il n'y a pas de normes à l'heure actuelle,
de règles à l'égard du franchisage... Dites-moi, le risque
pour le public. Vous nous parlez de rencontres spontanées que vous
faites dans les différents milieux. Vous nous parlez de
différentes vérifications qui sont faites. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu, par exemple, d'aller plus loin en termes de protection du
public à l'égard de ce secteur de l'industrie?
Mme Drolet: Je dois dire d'abord, que ce soit par l'entremise du
franchisage ou autre, que le public est, à mon sens,
protégé au même titre que n'importe quelle structure, que
ce soit une structure de franchisage ou autre, parce qu'il s'agit
essentiellement du dépôt. Quel est le risque pour le public? Le
premier risque, c'est, bien sûr, de donner, par exemple, une certaine
somme d'argent en dépôt dans le compte en fidéicommis.
Alors, c'est encore la Loi sur les comptes en fidéicommis, c'est encore
le Service du courtage qui surveille. Alors, le franchisé ou l'agent qui
fait partie d'un bureau de franchisé
n'échappe pas à cette réglementation et à
ces lois. Alors, le public n'est pas plus menacé et ça ne fait
aucune espèce de différence. La structure de franchisage, elle,
vient d'un point de vue plus marketing ou de structure. Mais, au point de vue
agent et public ou courtier et public, ça demeure la même chose.
Le public est encore protégé, justement, par ces comptes, par le
Fonds d'indemnisation. Il n'y a aucune espèce de différence
là avec les structures traditionnelles.
M. Boisclair: Le temps file, madame. Juste quelques petites
questions rapidement. Sur le conseil d'administration de l'organisme
d'autoré-glementation, vous suggérez, comme je vous le disais
tout à l'heure, une certaine composition. Est-ce que vous avez une
idée de la représentation qui devrait être, le nombre de
courtiers et le nombre d'agents, ou si vous vous en tenez à ce que vous
avez présenté à la page 7 de votre mémoire?
Mme Drolet: Une idée du nombre de courtiers versus le
nombre d'agents?
M. Boisclair: Oui.
Mme Drolet: Bien, moi, je le voyais dans le sens de
détenteurs de permis.
M. Boisclair: Uniquement...
Mme Drolet: C'est la proportion, à ce moment-là, de
représentativité qui est préservée. S'il y a tant
de détenteurs de permis de courtier et un certain nombre d'agents, c'est
cette proportion qui est gardée.
M. Boisclair: Une dernière chose sur la question de la
formation. Vous offrez un certain nombre de cours de perfectionnement. Le
document de consultation pose un certain nombre de questions à
l'égard, justement, de la formation, à l'égard des
différentes catégories de permis. Qu'est-ce que vous donnez comme
formation continue chez vous, chez RE/MAX?
Mme Drolet: Ce sont des séminaires qui sont
organisés. D'abord, en faisant partie d'une bannière
internationale, bien sûr, il y a des séances, des
séminaires, des cours. Il peut y avoir des cours de plusieurs
journées qui sont dispensés, justement, par l'International. Il y
en a à notre niveau aussi, au niveau provincial. On a aussi des
compagnies associées avec lesquelles on fait des
références de prêt hypothécaire. Ces
compagnies-là aussi vont dispenser des cours. Mais nous, ce qu'on
préconise d'abord, c'est à la base, la formation de base qui est
exigée pour devenir agent immobilier. Je pense que c'est là que
ça se joue. Ça, c'est très important.
M. Boisclair: Dans votre mémoire, ce que vous soulevez,
c'est juste d'élever les critères d'entrée...
Mme Drolet: Oui, absolument.
M. Boisclair: ...en rendant plus difficile l'examen.
Mme Drolet: Oui, tout à fait. D'abord, avoir un examen
uniforme, d'une part.
M. Boisclair: C'est ça.
Mme Drolet: Que tout le monde passe la même chose.
M. Boisclair: Et vous dites: Avec des normes plus
élevées.
Mme Drolet: C'est ça, qui est contrôlé d'une
façon gouvernementale.
M. Boisclair: N'y aurait-il pas lieu d'insister sur le curriculum
aussi qui est exigé? (10 h 45)
Mme Drolet: Ça, ça fait partie du candidat.
À ce moment-là, le candidat qui détient un permis d'agent,
son curriculum va lui servir, justement, à entrer à un endroit ou
à un autre, et aussi son expérience personnelle va servir, sauf
qu'on a essayé de faire le profil du bon agent immobilier, d'où
il vient. Il y a toute une panoplie, puis, de prime abord, on pourrait dire:
Lui, non, on ne pense pas que ce serait un bon agent immobilier, puis on peut
se tromper. Alors de dire qu'il y a un profil, un commun
dénominateur...
M. Boisclair: II n'y en a pas.
Mme Drolet: ...à tous les agents immobiliers à
succès, il n'y en a pas. En tout cas, on n'en a pas trouvé. Ils
nous viennent de plusieurs milieux.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, votre temps est écoulé. Merci. Mme la ministre.
Mme Robic: Les questions qui viennent de vous être
posées me portent à vous en poser d'autres sur le franchisage.
Est-ce que RE/MAX opère elle-même des bureaux de courtage?
Mme Drolet: En tant que franchiseur? Mme Robic: Oui.
Mme Drolet: Non. Mme Robic: Aucun? Mme Drolet: Non.
Mme Robic: Parce que je peux penser à d'autres franchises
qu'opère elle-même l'entreprise. Si vous n'êtes pas dans le
milieu de l'immobilier, comment RE/MAX peut-elle établir des
critères, développer une expertise de l'industrie, voir comment
l'industrie se développe, si vous n'êtes pas impliqués du
tout dans l'industrie? Parce que vous n'avez même pas de licence de
courtier, de permis de courtier.
Mme Drolet: Non. Absolument pas.
Mme Robic: Alors, vous êtes tout à fait à
l'extérieur de l'industrie. Vous offrez un "package" de publicité
puis de marque de commerce. Comment pouvez-vous juger les gens qui sont dans
l'industrie et développer l'expertise de cette industrie-là?
Mme Drolet: II faut dire d'abord, au départ, que le
président fondateur de RE/MAX au Québec a 25 ans d'immobilier
à son actif, premièrement. Deuxièmement, on est en
communication continuelle avec les agents et les courtiers et on est conscients
de leurs préoccupations, de leurs besoins, de leurs attentes du milieu,
parce qu'on ne fait pas de courtage en opération, c'est-à-dire
assister quelqu'un à vendre sa propriété, sauf que
ça ne s'appelle pas courtage au sens pur. On a quand même les deux
pieds dans l'immobilier parce qu'on le vit tous les jours, on a le pouls des
franchisés et des agents parce qu'on est en communication constante.
Tous les gens du siège social, on communique avec les gens
continuellement. Alors, l'expertise, quand même, on l'a à ce
niveau-là, parce qu'on est impliqués. Évidemment, c'est
notre travail d'être avec ces gens-là de très
près.
Mme Robic: Quand je vous ai demandé la définition
d'un agent associé, vous avez dit: C'est un agent, c'est un titre que
l'on donne à l'intérieur de la boîte. Mais vous avez dit
tout à l'heure: Ils sont à leur compte, ces gens-là. Donc,
ce sont des travailleurs autonomes. Comment pouvez-vous exiger que des
travailleurs autonomes répondent à un certain nombre, à
une réglementation de RE/MAX? S'ils sont autonomes, quels sont leurs
liens avec RE/MAX et quelles sont leurs obligations envers RE/MAX?
Mme Drolet: Le lien se fait par le franchisé, parée
que le franchisé, dans son contrat, d'abord doit faire signer... On a
une réglementation interne; le franchisé a également sa
réglementation interne. Le franchisé doit faire signer
l'adhésion, justement, de l'agent avec lequel il va signer un contrat;
il y a un contrat aussi avec le franchisé. Alors, l'agent qui ne
respecterait pas, qui ne se conformerait pas à nos politiques et
à celles, évidemment, qui s'appliquent en vertu de la loi - il y
a aussi les politiques internes de
RE/MAX - l'agent qui serait complètement en dehors de ça
ou qui ne suivrait pas ne pourrait plus être dans le réseau, et
par le franchisé et par le franchiseur. Le contrat nous permet, à
ce moment-là, d'intervenir très facilement, sans aucune
difficulté.
Mme Robic: Le franchiseur pourrait intervenir directement chez un
franchisé pour lui dire: Tu as un agent qui...
Mme Drolet: Ah oui! Tout à fait. Absolument. Oui, c'est
ça.
Mme Robic: Vous nous avez dit également que cet agent
reçoit 100 % de sa commission...
Mme Drolet: Oui.
Mme Robic: ...et a des coûts à rencontrer à
chaque mois. Ça veut dire qu'un agent doit être un assez gros
producteur pour pouvoir rencontrer ces coûts-là.
Mme Drolet: Effectivement, oui.
Mme Robic: Donc, vous n'êtes pas une porte d'entrée
pour la profession. Il n'y a pas un nouvel agent qui peut se payer le luxe
d'aller chez vous, seulement à cause des coûts qu'il aura à
rencontrer. Quelqu'un, hier, disait: C'est épouvantable, on est
payé à la commission, il faut attendre qu'on fasse une vente pour
avoir une commission. Mais chez vous, non seulement il faut qu'il attende une
commission, mais, commission ou pas, vente ou pas, il doit rencontrer des frais
à chaque mois. Donc, où prenez-vous vos agents? Parce que je ne
vois pas un nouvel agent qui pourrait s'inscrire chez vous, rentrer chez vous
comme agent, parce que ça représente pour lui des coûts
exorbitants, quand il est devant rien et quand il doit... On sait que ça
prend à peu près un an pour qu'un agent possède son
métier et commence à être réellement productif.
Mme Drolet: Oui, puis on en a. Chose étonnante, on en a
des agents qui commencent dans l'immobilier, qui se joignent à RE/MAX
dès le départ parce qu'ils sont convaincus que c'est ce qu'ils
veulent faire...
Mme Robic: Parce qu'ils sont riches.
Mme Drolet: Ils vont chercher une marge de crédit. C'est
ce que le franchisé...
Mme Robic: Ah oui?
Mme Drolet: Oui, absolument. On a aussi beaucoup d'agents qui
vont entreprendre l'immobilier comme une seconde carrière. Je pense que
ça se fait de plus en plus. Dans le réseau,
on a des ingénieurs, on a des avocats, on a des notaires, on a
plein de gens d'affaires qui, à un moment donné, ont dit: Moi, je
m'en vais faire du courtage immobilier. Ils ont effectivement, à ce
moment-là, accumulé une certaine aisance financière qui va
leur permettre d'attendre six mois à un an. Mais on a des nouveaux,
comme on les appelle, les "green", qui commencent tout à fait, qui s'en
vont chez RE/MAX et qui sont convaincus. Plus ils sont convaincus, plus
ça marche.
Mme Robic: Je voudrais vous faire parler de formation. Vous nous
dites qu'il faudrait mieux former les agents. Je pense que tous les groupes qui
sont passés devant nous sont tout à fait d'accord. Vous dites:
Augmenter le nombre d'heures de cours. Là, je me dis que ce n'est pas
nécessairement le nombre d'heures de cours qui va faire que... C'est la
qualité des cours...
Mme Drolet: Effectivement, oui.
Mme Robic: ...qui est le plus important. Mais vous êtes
contre les catégories de permis. Est-ce que vous seriez contre la
spécialisation, par exemple? On sait qu'il y a un cours de base qui se
donne, qui prépare l'agent à vendre du résidentiel. Mais
on sait également que de vendre un fonds de commerce, un édifice
à revenus ou un projet industriel, ça demande une qualification
tout à fait différente que pour vendre du résidentiel.
Est-ce qu'on doit obliger les agents à suivre un cours global qui les
prépare à vendre tous ces produits-là ou est-ce qu'on
devrait plutôt dire... On sait que, dans certaines régions, du
commercial, il n'y en a quasiment pas et que la majorité de nos agents
sont tout à fait satisfaits de vendre du résidentiel, c'est le
gros du marché. Est-ce qu'on doit les forcer, eux, à suivre des
cours qui leur donnent une expertise dans tous ces domaines ou est-ce qu'on
n'est pas mieux de créer des cours qui donnent la possibilité aux
agents d'améliorer leurs connaissances, de changer de type d'immeubles,
d'aller dans d'autres catégories d'immeubles, mais de s'assurer qu'iis
ont une expertise dans ce domaine-là? Donc, sans avoir un permis par
catégorie, avoir la possibilité de dire qu'ils sont des
spécialistes dans les domaines.
Mme Drolet: On insiste beaucoup sur la formation de base, puis
peut-être qu'on prend l'exemple, justement, je pense aux membres du
Barreau, on est forcés, même si on ne veut pas se diriger
là-dedans, d'apprendre, par exemple, le droit criminel, on est
forcés d'apprendre toutes les disciplines et elles ne sont pas inutiles,
même si, en pratique, ensuite, ça ne nous sert plus. Alors,
pourquoi pour l'agent on ne ferait pas la même chose, peut-être
à une échelle un petit peu plus réduite au départ?
Notre position, c'est qu'on préconise effectivement d'avoir une
formation de base beaucoup plus étendue, plus large et plus solide qui
va comprendre du résidentiel, qui va comprendre des incidences
juridiques pour la vente d'un fonds de commerce. On pense que c'est essentiel,
qu'il ne faut pas déroger à ça. Par la suite, la
spécialisation se fera, et ça se fait naturellement. Il y a des
gens qui n'ont jamais vendu une résidence de leur vie, qui ont
commencé tout de suite dans l'industriel. Il y en a d'autres qui ne
toucheront jamais à un fonds de commerce ou ne toucheront jamais
à une maison à revenus. Sauf que la spécialisation se fait
peut-être à l'instar des membres du Barreau qui vont apprendre le
droit matrimonial, le droit corporatif et tout ça et qui,
éventuellement, se spécialisent. Et ça devient connu et su
qu'un tel est spécialiste en droit matrimonial, en droit corporatif ou
en droit fiscal, etc. Alors, c'est la façon qu'on voit dans le domaine
immobilier.
Mme Robîc: Je voulais vous rassurer quand vous dites,
à la page 9: Est-ce à dire que le consommateur perd alors... Je
m'excuse, je change tout à fait de domaine. Vous dites que le
consommateur perd alors tout droit de recours devant les tribunaux. Je veux
vous rassurer, le consommateur ne perd jamais son droit de recours devant les
tribunaux, bien sûr.
Mme Drolet: C'est ça. On aurait été
très étonnés.
Mme Robic: M. le Président, je crois que... Ah non! On me
fait des petits signes ici. Vous vous dites contre le cabinet
muttidrsciplinaire. Pourquoi êtes-vous contre le cabinet
multidis-ciplinaire? Il me semble, peut-être, que c'est une voie de
l'avenir, ces cabinets-là. Et pourquoi est-ce que le courtier immobilier
ne pourrait pas se joindre? Quels sont les problèmes que vous y
voyez?
Mme Drolet: Au même titre qu'on ne conçoit pas le
cumul de permis chez l'individu, au même titre on conçoit
difficilement qu'une même entreprise se voit attribuer plusieurs
facilités ou pratiques, ou plusieurs disciplines. À ce
moment-là, au niveau du contrôle, si on met tout dans la
même boîte, et aussi avec cette espèce de conflit
d'intérêts potentiel... Par exemple, si RE/MAX affiche, offre les
meilleurs services d'avocat, de notaire, d'évaluateur, d'arpenteur, il
fait aussi du courtage, en pratique on ne peut pas concevoir, on conçoit
difficilement comment ça pourrait être efficace et comment le
public serait protégé à ce moment-là. Est-ce qu'on
peut être aussi vigilant en ayant toutes ces pratiques, toutes ces
disciplines à contrôler et à surveiller? On a beaucoup de
réserves là-dessus. À l'intérieur d'un même
bureau, sous un même toit physique, qu'il y ait des agents d'immeubles
d'un côté et qu'il y ait
des évaluateurs de l'autre, et chacun est indépendant, ils
ne font que se regrouper pour minimiser les coûts d'opération.
Ça, on le conçoit et ça existe d'ailleurs. Qu'il y ait un
notaire sur place, il est quand même redevable vis-à-vis de la
Chambre des notaires; c'est sa responsabilité professionnelle, on le
voit très bien. Mais que ce soit tout mêlé comme ça?
J'avoue qu'on a beaucoup de difficultés...
Mme Robic: De toute façon, ça ne dégage pas
chaque groupe d'intervenants d'être régi par son propre code et
son propre organisme d'auto-réglementation.
Mme Drolet: C'est ça, oui.
Mme Robic: C'est chapeauté par une compagnie A, B, C, qui,
elle, relève, bien sûr, de l'Inspecteur général des
institutions financières. On ne les laisse pas libres dans le
décor.
Mme Drolet: Non, non, bien sûr.
Mme Robic: Chacun doit répondre. Vous, dans le fond, vous
n'êtes pas loin... On n'est pas loin de s'entendre, parce que si vous
dites: On est prêts à les avoir dans un même édifice,
mais indépendants, le cabinet multidisciplinaire n'est pas loin de
ça, finalement, on rejoint ça, mais il y a un patron dans le haut
de la pyramide.
Mme Drolet: Oui, sauf que ce n'est pas la même entreprise
qui détient tous ces permis-là.
Mme Robic: Oui, c'est vrai. Merci.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé. M. le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M. Boisclair: Je veux juste reprendre là où la
ministre a quitté. Dans votre mémoire, vous soulignez: "Cette
approche mériterait sans doute d'être étudiée plus
attentivement pour mieux en évaluer les impacts." À quelles
conditions seriez-vous prêts à accepter les cabinets
multidis-ciplinaires?
Mme Drolet: À quelles conditions? Mon Dieu, il faudrait y
réfléchir davantage.
M. Boisclair: Dans quel environnement à la fois
réglementaire on devrait permettre - justement, vous soulignez - le
problème de la protection du public... Quel serait un environnement
favorable, à votre avis, pour qu'on puisse en arriver, un jour, à
des cabinets multidiscipli-naires? Vous ne le rejetez pas du revers de la main.
Vous avez un certain nombre...
Mme Drolet: Non, pas tout à fait, sauf que tel que c'est
perçu, tel que c'est présenté et tel qu'on le
conçoit, on pourrait difficilement accéder à ça. On
pourrait difficilement voir d'un bon oeil que ce soit le cabinet comme tel avec
la même corporation qui détienne tous les permis. On se sent
très mal à l'aise avec ça. Le regroupement qui se fait
à l'intérieur d'une bâtisse ou d'un lieu physique,
ça se fait, on n'a pas de problème. Mais la même
corporation qui détiendrait tous ces permis, j'avoue que, tel qu'on le
conçoit là, on n'est pas prêts du tout à
accepter.
M. Boisclair: Monsieur donnait des chiffres tout à l'heure
et il essayait d'expliquer la question du roulement. Je m'excuse, c'est M.
Bouchard, si je ne me trompe pas...
M. Bouchard: La question de la formation.
M. Boisclair: Sur la question de la formation. C'est un
problème qui a été soulevé. Je pense que tous les
gens qui sont venus défiler à la commission, à ma
connaissance, nous ont parlé de ce problème-là. Tout le
monde a fait le même constat. Il y a peu de gens qui nous ont
parlé, d'une part, à savoir comment on pourrait essayer
d'améliorer cette réalité. Est-ce que, pour vous, c'est
une réalité qui est inévitable, incontournable ou est-ce
qu'il y aurait moyen, avec un certain nombre d'efforts, peut-être au
niveau de la formation, au niveau des conditions de travail, d'essayer
d'améliorer cette situation?
M. Bouchard: Au niveau de la formation en tant que telle, c'est
évident que les critères actuels devraient être
haussés quant à la qualité des cours, premièrement,
et possiblement le nombre d'heures de cours devrait être rehaussé.
Maintenant, quant à savoir le nombre d'heures de cours qui devrait
être exigé pour une personne qui voudrait obtenir un permis, il
faudrait quand même faire attention de ne pas hausser ce nombre d'heures
de cours d'une façon assez draconienne en commençant. Il faut
prendre conscience que le milieu du courtage, c'est un milieu qui est assez
particulier. 11 \ a des personnes qui veulent rentrer dans le milieu et qui
viennent de différentes branches de la société. On peut
avoir des avocats, on peut avoir des infirmières, on peut avoir des
coiffeurs, on peut avoir des députés et on peut avoir du monde de
tous les milieux. Donc, je ne crois pas qu'on devrait quand même hausser
le nombre d'heures de cours de façon draconienne. On devrait les
augmenter, on devrait augmenter la qualité des cours et, à ce
moment-là, on aurait une meilleure formation pour les agents, et on
devrait peut-être également mettre un meilleur processus de
formation permanente sur pied pour que les agents puissent continuer à
s'améliorer, se tenir au fart de l'industrie. (11 heures)
Mme Drolet: Je pense que l'examen est très important
aussi, l'examen de passage, justement,
que ce soit uniforme, que ce soit contrôlé, ça c'est
très important, que ce ne soit pas donné d'une façon
automatique. Je pense que là, il y a une vérification, un
contrôle qui doit être exercé.
M. Boisclair: II y a aussi toute la question, finalement, du
contingentement. C'est sûr que tout le monde va s'entendre pour qu'on
soit capable de rehausser les standards en termes de formation. Mais - je
voudrais juste vous entendre - il ne faut pas tomber, non plus, dans l'autre
piège, en ayant des standards très élevés, des
critères difficiles, tomber dans le contingentement. Il y a
déjà plusieurs corporations professionnelles qui sont
tombées dans ce piège-là. Il faudrait aussi éviter
cette même réalité dans l'industrie du courtage immobilier.
Vous parlez d'examens plus élevés, d'avoir des examens plus
difficiles, avec des critères plus élevés...
Mme Drolet: ...contrôlés, d'avoir un examen
uniforme, par exemple, pour toute la province, qui devrait être
passé par l'agent immobilier, et non pas laisser à chaque
institution d'enseignement son examen et son contrôle, et ça,
c'est peut-être une première vérification qui pourrait
être faite, ou un premier contrôle. Le contenu des cours, aussi,
que ce soit uniforme. Ceux qui dispensent les cours, avoir un certain
contrôle encore là-dessus. C'est à ce niveau-là.
Alors, déjà, l'examen de base, en améliorant,
peut-être en augmentant le nombre d'heures, pas d'une façon
démesurée, mais en améliorant tout le contenu, en
améliorant peut-être les sujets qui sont traités et en
contrôlant l'examen de passage, déjà on aura, je pense,
apporté une amélioration qui soit appréciable, pour
l'immédiat. Et éventuellement, bien, peut-être que,
effectivement, on pourra compléter avec de la formation continue.
Ça peut se faire d'une façon graduelle, là, ce n'est pas
du jour au lendemain; évidemment, on ne pourra pas demander une
maîtrise en administration pour devenir agent immobilier, mais...
M. Boisclair: Juste une dernière chose. En page 18 de
votre mémoire, sur la question de la divulgation des conflits
d'intérêts, vous vous prononcez contre la divulgation de la
commission de référence. Vous semblez très soucieux de la
protection du public. Est-ce que le public ne manque pas une information
importante si on ne lui divulgue pas cette commission de
référence?
Mme Drolet: Le montant de la commission? À notre avis,
non. Selon notre expérience et ce qui se passe actuellement, on ne voit
pas comment le public peut être lésé, à savoir que,
sur tel montant qui est attribué pour la commission de vente, il y a
2000 $ qui vont à un tel, 3000 $ qui vont à un tel. On n'est pas
convaincus, justement, du bien-fondé de divulguer, et je me demande si
le public est intéressé à le savoir, d'une part. Je pense
que c'est le montant total qui est payé par le vendeur qui est
important. Mais de savoir à qui c'est attribué par la suite, on
ne voit pas la pertinence, justement, de le divulguer au public.
M. Boisclair: Je tiens à vous remercier pour votre
présentation, madame, et M. Bouchard.
Le Président (M. Forget): Alors, je remercie le
député de Gouin. Alors, Mme la ministre, pour conclure.
Mme Robic: Merci, Mme Drolet et M. Bouchard. Merci infiniment de
votre présence. Comme vous voyez, on a beaucoup de questions sur le
franchisage, ça intéresse tout le monde - franchi... Ha, ha, ha!
on va l'écrire 100 fois au tableau, franchisage - ça
intéresse beaucoup de gens, on se pose toutes sortes de questions.
Peut-être qu'un jour il y aura une réglementation, mais elle ne se
fera pas à la pièce, je pense que ça doit se faire dans
une loi-cadre. On s'est fait dire que vous n'aviez pas besoin de ça,
mais enfin, on n'a pas l'intention de le faire à la pièce, je
pense que ce serait un mauvais service à rendre. On vous félicite
et on vous remercie.
Mme Drolet: Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission... Excusez, M. le député.
M. Boisclair: Nous prenons bien note des propos de la ministre
à l'égard du franchisage, que vous n'avez pas l'intention de le
faire à la pièce...
Mme Robic: C'est juste.
M. Boisclair: ...et que ce sera possiblement dans le cadre d'une
loi-cadre. Donc, on aura l'occasion, je présume, de revoir ça
lorsque nous aurons le projet de loi et au moment de l'étude article par
article. Je vous remercie pour votre présentation, ça nous a
permis de nous éclairer sur un certain nombre de questions. Je vous en
remercie
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie de votre mémoire.
Alors, j'inviterais le groupe suivant, Les Services immobiliers Century
21 Canada Itée, à bien vouloir prendre place
Je demanderais au vice-président de l'organisme de bien vouloir
présenter les personnes qui l'accompagnent.
Services immobiliers Century 21 Canada
Itée
M. Sékula (Alain Michel): Merci, M. le Président.
Je me présente personnellement, M. Alain Michel Sékula,
vice-président de Century 21 Canada, responsable du réseau des
franchises du Québec et membre du comité de planification
corporative; à ma droite, Mme Camille Ringuette, propriétaire et
courtier de Century 21 Direct, à Sherbrooke, et présidente du
Conseil des courtiers des Cantons de l'Est pour Century 21 Québec;
à ma gauche, un de nos franchisés importants, M. Claude
Létourneau, du bureau ou du réseau de franchises à
Québec de Century 21 Capitale Plus, et, lui aussi, président du
Conseil des courtiers de la région de Québec.
Le Président (M. Forget): Je vous rappelle maintenant les
règles de l'audition: 20 minutes seront d'abord consacrées
à l'exposé de votre mémoire et il y aura ensuite 40
minutes de discussion avec les membres de la commission.
M. Sékula: Je vous remercie. Alors, si vous me permettez,
je pense que la façon la plus rapide, c'est d'aborder le mémoire
que nous avons présenté. Si vous me permettez, je le reprendrai
dans ses grandes lignes et, ensuite, nous ouvrirons, comme vous l'avez dit, la
période des questions.
Century 21 Canada est présent dans les 10 provinces et au Yukon
et se compose de plus de 8750 agents immobiliers répartis dans 425
agences indépendantes au Canada. Selon nos résultats de 1989,
nous avons vendu plus de 72 000 propriétés représentant
plus de 9 100 000 000 $ en propriétés vendues. Nous
détenons présentement approximativement 15 % du marché
canadien de l'immeuble. Au Québec, notre réseau se compose
d'approximativement 67 bureaux autonomes et indépendants ayant sous leur
responsabilité 1068 agents à temps complet et 61 agents à
temps partiel.
Il ne faut pas oublier que Century 21 représente le réseau
immobilier le plus puissant au monde avec plus de 7000 agences
indépendantes et plus de 110 000 agents oeuvrant aux États-Unis,
au Canada, au Japon, au Royaume-Uni, en France, en Australie, en
Nouvelle-Zélande et au Mexique.
En 1989, nous détenions 11 % du marché international avec
plus de 65 000 000 000 $ en propriétés vendues. En tant que
franchiseur principal au Canada, les Services immobiliers Century 21 Canada
Itée appuient, sans équivoque, la réforme du code
juridique du courtage immobilier au Québec visant à assurer la
mise en place de structures qui permettront à la fois un fonctionnement
efficace du marché, une amélioration de la qualité des
services professionnels et une protection adéquate du public.
Par contre, il importe, dans la révision de la Loi sur le
courtage immobilier, d'atteindre un juste équilibre entre les objectifs
précédents, soit la protection du public et les moyens mis en
place pour l'atteindre, afin d'éviter d'alourdir un système
déjà complexe au sein des pratiques du courtage.
Le franchisage représente une méthode progressive d'allier
l'entrepreneurship" des courtiers au Québec à la force de frappe
d'un réseau national et international et ce, nous le croyons, à
l'avantage des consommateurs québécois.
Nous nous permettons maintenant d'adresser les questions qui nous ont
été posées dans le document présenté par Mme
la ministre. La distinction courtier-agent. Dans une optique de
responsabilisation des participants de l'industrie immobilière au
Québec, nous appuyons pleinement une augmentation du degré de
responsabilité des agents. En tant que franchiseur, nous pensons que ce
geste important apportera à la carrière d'agents d'immeubles un
professionnalisme jamais vu auparavant et réduira de façon
considérable le roulement dramatique que subit présentement cette
industrie. Combiné à une formation exigeante, nous croyons que le
public et nos courtiers en seront mieux servis à long terme et ce,
à l'avantage de l'industrie au complet.
En ce qui a trait aux prérequis au permis de courtier, sans se
limiter aux moyens de contrôle de la solvabilité d'un
requérant ou d'un titulaire de permis, nous sommes entièrement
d'accord à ce que la capacité financière minimale de 10
000 $ présentement exigée soit revue à la hausse. Le
mécanisme choisi devra non seulement refléter les
responsabilités qu'entraînent pour un courtier un certain nombre
de succursales, mais aussi le nombre d'agents inscrits à son permis.
Afin, encore une fois, d'éviter la lourdeur administrative
qu'entraîne présentement le contrôle financier, nous
suggérons plutôt une formule de dépôt ou de
cautionnement selon le niveau de responsabilité qu'assumerait ou
voudrait assumer un intermédiaire immobilier vis-à-vis du public
et non déjà couvert par les règles concernant
l'assurance-responsabilité professionnelle et le Fonds d'indemnisation.
Il est évident que cette pratique ajouterait un fardeau
supplémentaire au développement de notre réseau de
franchises, mais nous croyons que cette garantie aurait un effet positif sur la
protection du public et surtout la crédibilité du milieu.
En ce qui a trait au cumul des permis, Century 21 Canada ne croit pas
qu'il est souhaitable qu'un titulaire de permis de courtier ou d'agent
d'immeubles puisse aussi cumuler des permis, certificats ou licences
visés par la Loi sur les intermédiaires de marché. Nous
croyons sincèrement que la complexité des divers secteurs
financiers pouvant être groupés sous cette question est
au-delà de la capacité de la majorité des
intermédiaires immobiliers oeuvrant présentement dans le milieu.
Effectivement, notre expérience américaine nous a
démontré que le
public serait mal servi si cette pratique était autorisée.
Si nous visons la responsabilisation des courtiers et des agents, nous croyons
que la première étape devra être d'améliorer le
professionnalisme actuel du milieu plutôt que d'ouvrir la porte aux
problèmes de la déréglementation.
En ce qui a trait au cabinet multidiscipli-naire, Century 21 Canada
croit que la présence d'intermédiaires immobiliers devrait
être permise dans un cabinet multidisciplinaire. Contrairement à
la réponse que nous avons donnée à la question
précédente, nous croyons que la synergie de groupe ainsi
générée et la variété des services
professionnels offerts au public seraient ici à l'avantage de tous les
intermédiaires du marché actuel. Il est important ici de noter
que tous les services financiers offrent en réalité des produits
intangibles soutenus par un service à la clientèle. Nous croyons
que le public serait bien servi par le décloisonnement et
l'intégration des divers services financiers sous un même
chapiteau. Effectivement, notre réseau de courtiers au Québec et
ailleurs réalise présentement certains succès dans
l'application de cette formule de façon très informelle.
En tant que franchiseur, nous voyons certains avantages
économiques dont bénéficierait te consommateur par
l'approche que nous promulguons. En effet, la rationalisation et le partage des
coûts dans un bureau multidisciplinaire entraîneraient des
économies qui, nous le croyons, seraient transmises aux consommateurs de
façon directe et ce, rendant plus concurrentiel le marché tel que
nous le connaissons actuellement.
En ce qui a trait à l'organisme d'autorégle-mentation et
son pouvoir de déterminer par règlement les occupations,
professions ou activités jugées incompatibles, nous avouons qu'il
est difficile, pour nous, de répondre à cette question
étant donné l'étendue des répercussions possibles.
En toute simplicité, nous croyons, encore une fois, qu'il est difficile
de pouvoir bien servir le public en matière d'immobilier si
l'intérêt principal de l'intermédiaire est axé sur
une autre profession ou occupation.
En ce qui a trait à la question de la prohibition d'exercer
d'autres occupations et professions, encore une fois, ici, nous proposons que
le professionnalisme visé par la réforme de la Loi sur le
courtage rend difficile l'exercice d'autres occupations ou professions sans
avoir un effet négatif sur la qualité du service offert aux
consommateurs québécois. Par contre, nous encourageons ia
possibilité d'un permis restreint qui permettrait à de nombreux
intervenants actuels dans l'immobilier de pouvoir continuer à exercer
leur influence positive tout en exigeant la contresignature d'un agent ou
courtier à plein permis.
Une question d'importance pour nous, le franchisage. La relation qui
existe présentement entre le maître franchiseur et ses
franchisés en est une strictement commerciale et les modalités et
conditions de ce même contrat ne doivent en aucun cas être
déterminées par un règlement de l'organisme
d'autoréglementation. Sans privilégier les franchiseurs, nous
demandons en toute égalité d'être traités de la
même façon que les autres intervenants ou intermédiaires du
marché immobilier face à l'organisme
d'autoréglementaqtion. Encore une fois, nous croyons sincèrement
que T'entrepreneurship" individuel allié à la force d'un
réseau international de franchises présente de sérieux
avantages aux consommateurs québécois face à une
globalisation des marchés tels que nous les vivons présentement.
Dans un monde qui évolue rapidement, le dicton "vision globale,
marché local" est primordial. Le franchisage a fait ses preuves et fait
partie maintenant des moeurs des consommateurs canadiens et autres et apporte
un élément de compétition sain à l'intérieur
d'un marché évolutif. (11 h 15)
En ce qui a trait à la question des assurances, Century 21 Canada
est d'accord avec le principe que l'organisme d'autoréglementation
puisse déterminer par son pouvoir réglementaire dans quel cas un
intermédiaire immobilier pourrait être exempté de
l'obligation de détenir un contrat d'assurance-responsabilité
professionnel. Par contre, nous préférons voir tous les courtiers
couverts par un tel contrat et nous encourageons fortement cette optique. Nous
suggérons la possibilité de former une compagnie d'assurances
captives qui répondrait aux besoins en assurance-responsabilité
des courtiers oeuvrant au Québec. Cette formule va de pair avec la
responsabilisation de la profession et, surtout, encourage l'autodiscipline
à l'intérieur du milieu sans alourdir l'administration de
l'organisme d'autoré-glementation en ce qui a trait à ce
sujet.
À la question des dépôts en fidéicommis, nous
sommes d'accord aux deux premiers seg ments de votre question. Encore une fois,
les intérêts du public seraient bien desservis et la
crédibilité de l'industrie en serait donc accrue. En tant que
franchiseur, il est évident que ceci est nettement à notre
avantage et à ceux de nos courtiers franchisés
À la question du fonds d'indemnisation, nous croyons qu'il y a
lieu d'étendre la couverture du fonds d'indemnisation du courtage
immobilier. Sans limiter l'étendue du fonds, nous aimerions porter ici
une attention particulière aux commissions perdues par les agents du
milieu lorsqu'un bureau de courtiers effectue une faillite ou ferme ses portes
pour d'autres raisons. Tel que nous l'avons suggéré dans la
réponse à la question précédente, les
intérêts portés sur les dépôts en
fidéicommis serviraient à générer les fonds
nécessaires à la solution à ce problème
épineux. Si, après une analyse plus approfondie, il est
évident que cette méthode ne suffirait pas à couvrir les
commissions perdues par de tels agents, nous proposons que le système
présente-
ment en Ontario soit étudié afin de ravitailler le fonds
par une contribution forfaitaire versée lors de l'émission des
permis aux agents. Il n'est pas question ici à un franchiseur, tel que
Century 21, de se soutirer de ses responsabilités mais plutôt de
trouver un mécanisme qui permettra à tous ceux, inclus Century
21, oeuvrant dans le milieu immobilier au Québec de trouver une solution
à ce problème.
À ia question de la rémunération, le partage de
commissions ne devrait pas être limité aux détenteurs de
permis mais plutôt autorisé avec d'autres intermédiaires de
marché. Ici, nous nous reportons à la réponse que nous
avons offerte précédemment au sous-chapitre C. En tant que
franchiseur international avec un nombre important de bureaux aux
États-Unis et ailleurs, il est important ici d'aborder la question du
partage de rémunération avec des intermédiaires
immobiliers d'autres pays. Effectivement, cette question se présente
souvent et nous croyons que, dans un esprit de libre échange, une
régularisation de cette situation devrait être
étudiée. En ce qui a trait à la commission de
référence, en nous référant à la
possibilité de permis restreint, nous croyons que la commission de
référence est une pratique commerciale à encourager.
En conclusion, en tant que franchiseur, il est possible que nos
intérêts soient souvent perçus à contre-courant du
milieu immobilier et, des fois, de l'intérêt du public. Il est
important ici, pour nous, de réitérer notre intérêt
à voir l'image du milieu immobilier s'améliorer aux yeux du
public. Nous sommes impressionnés de voir l'ouverture d'esprit du
gouvernement en ce qui a trait à la portée de son étude
avant la refonte de la Loi sur le courtage immobilier et nous sommes heureux
d'avoir pu y contribuer en tant qu'intermédiaire important.
En dernier lieu, nous espérons que les franchiseurs auront leur
place sur le conseil d'administration de l'organisme
d'autoréglementa-tion et nous espérons que les dispositions
nécessaires seront prises à cet effet. Finalement, Century 21
Canada et ses courtiers autonomes et indépendants tiennent à
remercier Mme la ministre, ainsi que les membres de la commission, de
l'occasion qui nous est offerte de vous faire part de nos commentaires. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Forget): Merci. Alors, Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Century 21 est un
franchiseur. Cela veut dire qu'on avance dans l'avant-midi. Ha, ha, ha! Est-ce
que vous opérez de la même façon que RE/MAX ou vous avez
une différente façon d'opérer vos franchises? Est-ce que
vous-mêmes avez des franchises? Est-ce que Century 21 également a
des critères pour octroyer une franchise? De quelle façon est-ce
que vous pouvez avoir un contrôle de la qualité des
franchises?
M. Sékula: À la première partie de votre
question, nous avons une philosophie légèrement différente
de RE/MAX. Tandis que RE/MAX recherche des agents d'expérience qui ont
les moyens financiers, l'autonomie, l'expertise et la clientèle pour
pouvoir se permettre leur système de franchises, notre réseau de
franchises, traditionnellement, c'est vendu, non seulement à des
courtiers qui se lançaient en affaire si on veut, mais pour attirer les
nouveaux intervenants dans le marché immobilier. Il est bien connu que
Century 21 est un formateur par excellence, des fois à notre
détriment, parce que lorsque nous les avons formés, nous les
perdons. Alors, c'est sur ce point philosophique qu'on diffère de notre
compétiteur. Eux visent les agents d'expérience. Nous visons les
nouveaux intervenants, si vous voulez, ou les nouveaux arrivés dans le
marché. Si Century 21 Canada détient des franchises, la
réponse, c'est non. Toutes nos franchises sont détenues par des
courtiers autonomes et indépendants. Nous n'avons aucun bureau, si on
veut, corporatif ni aucune franchise détenus par Century 21, ni au
Canada ni au niveau international.
Les critères. Notre contrat de franchise est quand même
assez sévère. Nous avons un manuel d'opération interne qui
dicte à nos courtiers la façon d'opérer. Nous avons aussi
le droit d'intervenir en cas de litige à l'intérieur d'un bureau
toujours dans l'esprit de protéger le nom Century 21 et,
évidemment, le réseau de Century 21 au Canada.
Finalement, contrôle de la qualité. Je pense que ça
revient à notre philosophie primaire qui est la formation. Si les cours
de Century 21 sont bien donnés, et on l'espère, si les courtiers
franchisés appliquent nos règles opérationnelles ainsi que
nos principes de base, le tout devrait s'enchaîner pour avoir un agent de
qualité qui fait face au public québécois.
Mme Robic: Vous dites: Nous, on a une philosophie
différente. On fait la place à de nouveaux agents. Est-ce que
vous avez une méthode de rémunération qui est
différente, qui permet à un nouvel agent qui n'a pas les moyens
de payer des frais mensuels? Comment est-ce que vous rémunérez
vos agents pour que vous puissiez aller chercher des agents qui ont peu
d'expérience?
M. Sékula: Si vous me permettez, je vais vous
répondre à titre de franchiseur et j'inviterais peut-être
mes deux collègues à répondre à la deuxième
partie. Nous n'imposons aucun système de rémunération
à nos courtiers franchisés. Les conditions du marché, leur
philosophie personnelle dans leur bureau, la compétition
régionale leur permet d'offrir 50-50 de commissions ou même, la
formule RE/MAX, jusqu'à
100 % avec des variantes intermédiaires. Ce qui nous permet
d'affirmer que nous faisons place à des nouveaux joueurs, si on veut, ou
à des nouveaux agents, c'est que la majorité de nos bureaux ne
chargent pas de loyer tel que notre compétiteur. Alors, un agent peut
rentrer, si on veut, avec une somme minime et devenir un agent d'un bureau
attitré Century 21 Canada. Maintenant, je ne sais pas si Claude ou...
Ça peut vous aider ça?
Une voix: Ça complète bien.
Mme Robic: Vous dites dans votre publicité, vous l'avez
dit dans votre document: "On est l'entreprise la plus importante au monde.
Notre réseau est le plus important au monde" Et quand vous faites votre
publicité, vous la faites de cette façon-là. Est-ce que
vous croyez qu'elle est bonne, votre publicité aussi? Mais mon
problème, c'est au niveau du consommateur. Moi, j'ai l'impression que le
consommateur s'imagine que vous faites partie d'une même maison, que la
maison mère soutient ses filles, que... Et ce n'est pas tout à
fait ça, parce que ce sont tous des courtiers indépendants
finalement qui se servent d'un système. Est-ce que vous croyez que le
consommateur comprend la différence? Parce qu'il y a une
différence majeure et je vais y revenir quand on va parler de
difficultés financières. Est-ce que vous croyez que ça ne
porte pas à confusion dans l'esprit d'un consommateur, ce genre de
publicité? Et vous n'êtes pas les seuls, là. C'est le genre
de publicité que vous faites tous, l'importance du réseau. Vous
avez un réseau important, il ne faut pas le cacher. Mais il n'y a pas
nécessairement une responsabilité, la maison mère
vis-à-vis les filles hein?
M. Sékula: Le choix de langage qu'on utilise est bien
choisi, si vous voulez. Si vous remarquez dans toute notre publicité,
sur toutes nos cartes d'affaires, sur toute documentation de Century 21,
partout où vous voyez une pancarte Century 21, dans tous les bureaux,
même sur les cartes d'affaires, nous indiquons bien que chaque bureau est
un bureau indépendant et autonome Lorsqu'on utilise le mot
"réseau", c'est pour éviter le mot "compagnie". On veut, et on
fait des efforts et c'est même dans notre contrat de franchise qui oblige
notre franchisé à toujours, toujours indiquer que chaque bureau
est autonome et indépendant. On veut vraiment faire tous les efforts
publicitaires pour bien aviser le public et effectivement, il a affaire
à un homme d'affaires ou une femme d'affaires indépendante qui
gère son propre bureau sous la bannière Century 21, mais qu'il a
bien affaire à un agent, à un courtier, pardon, autonome et
indépendant. Et la première chose que l'on impose à nos
franchisés, c'est de mettre la bannière ou une étiquette
dans la porte d'entrée qui dit: Chaque bureau est autonome et
indépendant. Et s'il y a un des critères de Century 21 Canada qui
est bien suivi et imposé, c'est effectivement de ne jamais laisser
croire au public qu'un bureau ou un franchisé fait partie d'une
compagnie Century 21.
Mme Robic: Alors il doit s'afficher dans sa porte comme un
courtier indépendant.
M. Sékula: Toutes les cartes d'affaires qui sont
émises dans le réseau par Century 21 ont ça; toutes les
pancartes, toute la publicité, même dans les journaux, vous le
verrez toujours. Et c'est une violation de franchise de ne pas l'indiquer et il
y a des pénalités.
Mme Robic: Question que je n'ai pas posée à l'autre
groupe avant vous puis que je vous pose, parce que je pense que c'est
important: Qu'est-ce qui arrive quand un des bureaux a des problèmes
financiers? Est-ce qu'ils sont indépendants et doivent assumer leurs
propres pertes ou est-ce que vous intervenez, à des moments
donnés, pour rencontrer les obligations de ce bureau?
M. Sékula: Plusieurs formules. Lorsque, évidemment,
on est mis au courant, nous intervenons el nous avons, évidemment, du
personnel qualifié, des comptables et des avocats, pour voir s'il y a
moyen, toujours en respectant le contrat de franchise de courtier autonome et
indépendant, de voir s'il y a moyen d'aider notre franchisé
à survivre le cas problème. Malheureusement et heureusement - et
je m'expliquerai - si l'on voit qu'il est impossible de faire fonctionner de
façon efficace et profitable la franchise, des fois, nous encourageons
et nous aidons le franchisé à fermer, en évitant,
évidemment, qu'il y ait des répercussions au niveau du public,
que qui que ce soit perde. Malheureusement, ce n'est pas toujours possible,
surtout dans un cycle économique difficile dans l'immobilier, tel qu'on
le vit. Alors, là, je pense que vraiment le courtier autonome et
indépendant fait son propre chemin
II faut toujours se rappeler, par exemple, que chaque fois qu'un bureau
Century 21 ferme, c'est là que le réseau joue un peu contre nous;
le nom joue contre nous: le public perçoit que c'est Century 21 qui
souffre. Alors, vous pouvez voir qu'on a tout avantage à faire tout en
notre possible pour éviter ce genre de scénario. Malheureusement,
nous respectons nos contrats de franchise, et ça arrive.
Nous pensons que, dans un système économique tel que nous
le vivons, c'est un moyen d'épuration sain au niveau de la structure
commerciale que nous vivons.
Mme Robic: Est-ce que le contrat qui vous lie au franchisé
vous permet, si vous vous rendez compte, dans une de vos visites, que c'est
mal
géré puis que vous prévoyez des problèmes,
est-ce que vous avez le droit de nommer un administrateur provisoire pour... ou
de mettre une agence en tutelle? Est-ce que vous avez droit à ça
dans le contrat que vous signez?
M. Sékula: ...un peu sur votre choix de mots, Mme la
ministre.
Mme Robic: Oui, c'est peut-être un mauvais choix,
là, mais vous comprenez.
M. Sékula: Le contrat ne nous lie pas au franchisé;
le franchisé est lié à Century 21 de par son contrat. Vous
pouvez comprendre que le contrat favorise le nom Century 21 et,
évidemment la corporation Century 21 internationale. Nous avons
effectivement le droit de prendre une agence en tutelle; nous avons le droit de
saisir l'agence, presque de tout faire, si on veut, pour assurer la protection
du contrat de franchise.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. Les 10
minutes imparties à Mme la ministre sont maintenant terminées. Je
passerai la parole à M. le député de Gouin mais,
auparavant, j'aimerais mentionner que dans les édifices publics il est
interdit de fumer et, pour le respect de cette salle, je
réitérerai. aux gens de ne pas fumer. Merci. Vous avez la parole
maintenant, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Vous comprendrez que ça dépend
toujours des commissions; certaines commissions le permettent. Mais je verrai
à respecter cette disposition.
Le Président (M. Gobé): Une question
d'exemplarité, M. le député de Gouin, pour montrer
à la jeunesse que nous sommes des gens qui sommes capables de montrer
l'exemple, surtout dans ce domaine très important pour les coûts
de santé qu'on a actuellement au Québec.
M. Boisclair: Vous avez couru le marathon, M. le
Président, nous vous en sommes reconnaissants.
M. Sékula: Ne vous sentez pas antagonise, là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Non. Je suis convaincu que... Je voudrais vous
remercier d'abord pour votre présentation. Les questions et
réponses, tout à l'heure, nous ont permis quand même de
préciser, c'est là que je voulais commencer, sur la relation et
le statut de l'agent chez Century 21. Je voudrais peut-être commencer
où on a quitté tout à l'heure avec les gens de RE/MAX sur
la question du cabinet multidisciplinaire. Contrairement à d'autres
agences, vous y voyez certains avantages. J'aimerais ça que vous
puissiez m'en faire part un peu, en fonction de la réalité que
vous vivez chez vous. (11 h 30)
M. Sékula: Nous pensons que le cabinet multidisciplinaire
- là, j'ouvre la porte en disant: Indépendamment de son format -
sous un même chapiteau, des bureaux différents mais une relation
d'affaires, est une voie d'avenir. Effectivement, Century 21 le vit dans
d'autres pays. Vous n'êtes pas sans savoir que Century 21 Canada
Itée est détenue à 30 % par la Sun Life du Canada qui,
évidemment, a intérêt à promulguer ses produits,
dans l'avenir, par l'entremise des agents et courtiers de Century 21. Nous
pensons que le consommateur peut être bien servi en faisant du, entre
guillemets, "one-stop shopping". Nous pensons qu'il y a des avantages
économiques à partager les coûts qu'entraînent les
bureaux multidisciplinaires et nous pensons qu'en fin de compte, le
consommateur québécois et autre peut en profiter. Alors, nous
n'avons aucune objection à ce que j'appelle "le cabinet
multidisciplinaire", tout en respectant la réponse à la question
précédente, nous ne croyons surtout pas dans le cumul des
permis.
M. Boisclair: C'est très clair. Est-ce que vous vivez des
expériences, à l'heure actuelle, en parlant des équipes
multidisciplinaires?
M. Sékula: Oui, aux États-Unis, il existe des
bureaux Century 21 qui ont, sous un même toit, le courtier d'immeubles,
évidemment, Century 21, Century 21 Insurance, une compagnie
d'assurance-vie, un courtier hypothécaire et la multitude des services
qui sont offerts, sous des sous-titres différents mais dans un
même édifice, si on veut.
M. Boisclair: C'est sûr, ie moindrement qu'on aborde cette
question-là, on soulève immédiatement toute la question
des conflits d'intérêts. Comment assurer la protection du public
dans un contexte semblable à celui-là?
M. Sékula: Je pense qu'il existe présentement des
conflits d'intérêts, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas.
Je pense qu'en indiquant au consommateur que, lorsqu'il fait affaire avec un
groupe d'intervenants sous un même chapiteau, un même toit, je
pense que le consommateur est quand même assez intelligent pour savoir
que, si tous ces gens-là travaillent ensemble dans un même bureau,
dans un même édifice, il y a évidemment une relation
d'affaires entre eux. Alors, je pense qu'avec des normes publicitaires, avec
des contrôles, nous pouvons quand même assurer la protection du
consommateur à ce niveau-là.
M. Boisclair: On vit ce problème-là dans la
divulgation, finalement, ce sont des renseigne-
ments personnels qui sont détenus par un cabinet, qui pourraient
être transmis à une filiale, des choses semblables. On le vit dans
d'autres milieux, au niveau des institutions financières. Il y a
différentes hypothèses qui sont étudiées à
l'heure actuelle. Qu'on parle tout simplement de - je vais revenir à mes
premières amours, qui étaient les communications - l'extension de
la loi d'accès au secteur privé, que certains intervenants
privilégient. D'autres parlent d'un cas de déontologie, ou
d'organisme d'autoréglementation. duel serait le meilleur moyen? Parce
que tout le monde conviendra qu'il faut quand même éviter ce genre
de situation-là, malgré que, dans bien des cas, c'est un
état de fait qu'on peut observer sur le terrain. Mais quelles garanties
peut-on donner aux clients qui viendront faire affaire chez vous?
M. Sékula: Je pense que ce sera le rôle de
l'organisme d'autoréglementation Il y aurait des règles du jeu
à établir et ensuite, s'assurer que les intervenants respectent
les règles du jeu.
M. Boîsclaîr: Vous nous dites que ça devrait
être l'organisme d'autoréglementation qui aurait cette
responsabilîté-là, d'établir un certain nombre de
règles du jeu...
M. Sékula: Oui.
M. Boisclàir: Alors, je vous amène
immédiatement sur le terrain suivant. Comment devrait être
composé l'organisme d'autoréglementation? Parce que le document
reste quand même assez flou à cet égard.
M. Sékula: Vous répondre que le... Tout ce que Je
peux vous donner, c'est l'opinion de Century 21. Nous pensons qu'il devrait
être proportionnel aux intervenants dans le marché
québécois afin d'avoir une juste représentation des
joueurs, si on veut. Vous dire la formule exacte, je pense qu'on serait
très mal placé pour intervenir, Evidemment, Century 21, en tant
que franchiseur - et je pense que nos compétiteurs franchiseurs
aimeraient voir une place pour eux... Maintenant, vous dire si c'est possible
ou non, ça, je pense que je ne suis pas qualifié pour
répondre.
M. Boisclair: Parce que, sur la question des conflits,
particulièrement des mesures disciplinaires ou des différents
conflits qui pourraient émerger, certains groupes prétendent que
c'a devrait demeurer une responsabilité de l'État. C'est toujours
cette même question: Est-ce qu'on... soit qu'on étudie la
composition de l'organisme d'autoréglementation ou on laisse cette
responsabilité ou cet attribut, qui pourrait être celui de
l'organisme d'autoréglementation, qu'on attribue à un organisme
d'État ou à un autre...
M. Sékula: Nous, en tant que Century 21...
M. Boisclair:... Parce que c'est une question, vous comprenez que
nous sommes tous des législateurs, nous aurons à répondre
à cette question-là et on cherche un peu d'éclairage quant
à...
M. Sékula: Si vous me posez la question
précisément, à Century 21, au niveau des conflits
d'intérêts, qui devrait établir les règles du jeu?
Je vous relancerais en disant que ça devrait être l'organisme
d'autoréglementation.
M. Boisclaîr: Sur la question du franchisage, vous
êtes sans doute au courant de l'énoncé de Mme la ministre.
Je pense que ça vient déjà clarifier un certain nombre de
choses. La commission de référence, contrairement, encore
là, à d'autres personnes qui sont venues se présenter
devant nous, vous désirez que cette commission soit divulguée.
Pourriez-vous préciser, nous dire pourquoi, à votre avis, H y a
un avantage à divulguer cette commission de référence.
M. Sékula: En tant que franchiseur, est-ce qu'il y a un
avantage ou non, je ne pourrais pas vous répondre. Mais, je pense que,
de plus en plus, le consommateur veut - et ce sont nos études de
"consommateurisme", si on veut, qui nous l'indiquent - le consommateur veut
savoir exactement ce qui compose les honoraires qu'il paye à un
professionnel. \Je pense que les années quatre-vingt-dix vont avancer de
plus en plus cette formule. Alors, Century 21 veut être à
l'avant-garde, et nous ne voyons aucune objection à ce que les
commissions de référence, les honoraires versés à
d'autres intermédiaires du marché, soient indiqués sur la
formule ou sur la facture, qui sera fournie au consommateur, de la même
façon que la TPS pourra l'être, ou quoi que ce soit.
M. Boisclaîr: Ça, c'est entre ies mains du
Sénat! On a parlé de la question de la formation, qui est une
question qui nous préoccupe tous à cette commission. Vous en
faites rapidement état dans la présentation de votre
mémoire. Vous avez quand même l'occasion d'avoir une
expérience importante, du fait que vous ayez des bureaux un peu partout
dans le monde; à votre avis, comment se compare la situation au
Québec, comparativement à d'autres provinces ou d'autres pays, et
jusqu'à quel point? Quel sera le meilleur moyen pour assurer
l'amélioration de la formation? Est-ce que c'est en ayant un curriculum?
Est-ce que c'est en imposant un curriculum? Est-ce que c'est en ayant un examen
standard? Est-ce que c'est en augmentant un certain nombre de
critères?
M. Sékula: Je pense que vous venez juste
de répondre à la question vous-même. Notre
expérience indique que les critères d'admission des divers pays
où nous oeuvrons, surtout aux États-Unis, en
Colombie-Britannique, au Japon, sont la clé du succès. Si un
examen standardisé existe, si des critères, quand même
assez sélectifs, sont mis en place, s'il y a un système de
contrôle de l'admissibilité à l'industrie, ensuite, je
pense que les différentes compagnies, les différents
franchiseurs, les différents groupes peuvent prendre en main la
formation continue. Dans notre réseau, les régions qui ont, comme
législation en place, les principes que vous venez
d'énumérer, ont une meilleure image au niveau du public, pour la
simple raison que les intrants ont été bien choisis en
partant.
M. Boisclair: Vous dites que vous recrutez surtout de nouveaux
agents qui débutent dans la profession. Est-ce que vous avez un profil
de ces gens?
M. Sékula: 25 ans à 55 ans. De toutes les classes
de la population; des optimistes, des pessimistes, un peu de tout,
expérience personnelle, vécu, un peu de tout...
M. Boisclair: "Bull and bears"?
M. Sékula: Tout ce que vous voulez. Je pense que c'est une
des beautés du marché immobilier, c'est qu'il donne effectivement
la chance à n'importe qui de pouvoir s'aventurer. Là où
nous voudrions voir un resserrement, c'est au niveau des critères
d'admissibilité et, surtout, l'examen standardisé au niveau de la
province.
M. Boisclair: Peut-être une dernière question. Bien
des gens ont essayé, et il y a un mémoire qui nous a
été présenté hier par un économiste, de
définir l'acte de courtage, comme tel. Dans le fond, la raison pour
laquelle on se posait cette question, c'est: Quelle serait la meilleure
façon de réglementer, ou du moins, d'assurer une certaine
discipline dans l'industrie? On a parlé de la question de l'Office des
professions, de la Loi sur les intermédiaires de marché. On
pense, avec la révision de la Loi sur le courtage immobilier, en faire
peut-être une autre catégorie. Dans le fond, ce que le courtier
offre, et j'aimerais vous entendre... Je ne veux pas philosopher outre mesure
sur ce que c'est que d'être courtier, mais est-ce que vous seriez
d'accord avec moi pour dire que, dans le fond, ce que le courtier offre, c'est
une expertise de négociation entre un acheteur et un vendeur, entre un
"offreur" et un demandeur, sur le marché?
M. Sékula: Si vous me permettez, je vais diriger la
question vers nos deux franchisés, Claude ou Camille, qui sont bien
mieux placés que moi pour répondre à la question.
M. Boisclair: Parce que c'est un acte professionnel, pour vous,
que de faire ça?
M. Létourneau (Claude): Oui. Dans nos fonctions,
finalement, M. le député, on touche deux volets. Il y a un volet
commercial et il y a un volet avec un engagement professionnel. L'agent
immobilier qui fait son travail d'identification de possibilité de
marché, où les opportunités se présentent à
lui, sous forme de prospection, élabore un plan de stratégie
commerciale, rencontre son client. Et, dès que l'objet devient la
discussion sur un contrat qui va lier juridiquement les parties, que ce soit au
niveau du mandat ou même au niveau de la promesse d'achat, qui va lier un
vendeur et un acheteur. Il joue le rôle, à ce moment-là, au
niveau d'un engagement professionnel. Si on s'arrête à l'exemple
de la prise du mandat, par exemple, dès que l'agent, au sortir de la
propriété, installe son écriteau sur la pelouse et met en
branle son plan de commercialisation pour la vente de la
propriété, ça devient un exercice purement commercial.
Est-ce qu'on peut mettre ça sous le volet d'un seul mot?
Ça semble très difficile. Personne ne semble s'entendre, et dans
les dernières années, c'a toujours été un exercice
que de se renvoyer la balle de l'un à l'autre, d'un ministère
à l'autre ou d'une corporation à l'autre. Or, ça semble
très difficile de nous définir, et à la lumière des
courants, on serait peut-être mieux d'avoir note propre entité, ce
serait plus simple.
M. Boisclair: Vous dites, votre propre corporation
professionnelle, comme entité?
M. Létourneau: Non, notre propre reconnaissance. On est en
refonte de loi présentement. Il faudrait demeurer, sans aucun doute,
dans ce même créneau.
Le Président (M. Forget): M. le député,
votre temps est écoulé. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je voudrais rappeler au
député de Gouin que j'ai bien parlé d'une loi cadre. Je
n'ai pas parié de réglementation. Ha, ha, ha! Vous êtes
contre le cumul des permis et vous mentionnez, dans votre mémoire, une
expérience américaine. Est-ce que vous pouvez élaborer
là-dessus?
M. Sékula: Effectivement, dans certains états
américains, le cumul des permis a été permis. Ce qui est
arrivé, c'est que, invariablement, la complexité des divers
milieux financiers qui étaient représentés par ces
agents-là a apporté la confusion au consommateur. Le taux de
plaintes de consommateurs à Century 21 International, dans ces
régions-là, a augmenté
dramatiquement. Et après étude, nous avons même
retiré à noe franchisés, le droit, dans certains
états, du cumul des permis, étant donné
l'expérience désastreuse.
Et là, je fais bien la différence entre des bureaux
multidisciplinaires aux États-Unis, et M. l'agent, au Texas, qui a le
droit de faire de l'assurance-vie, de l'assurance générale, de
l'assurance automobile, du marché immobilier et du courtage, etc.
Mme Robic: Oui. Il y a une grosse différence entre le
cumul des permis et un bureau multidisciplinaire.
M. Sékula: Absolument.
Mme Robic: II faut faire la différence. Vous mentionnez
que vous avez des agents à temps partiel. Est-ce qu'ils font autre
chose, ou si, tout simplement, vous acceptez d'avoir des agents à temps
partiel?
M. Sékula: C'est un terme qu'on utilise, à
l'intérieur de nos opérations, pour indiquer un agent qui fait X
transactions par année, versus agents réguliers, afin que nos
chiffres de production reflètent la réalité; parce que,
évidemment, si on parle d'un agent qui fait une transaction par
année, ça a un impact dramatique sur les résultats du
franchisé en question. Alors, salon la performance de cet agent, le
courtier a le droit de le classer agent à temps complet ou agent
à temps partiel. C'est une réglementation interne pour nous
permettre, au niveau des certificats de mérite de la production des
bureaux, de faire un jugement partiel.
Mme Robic: Alors, moi, je pourrais me présenter chez le
courtier Century Twenty one" et dire: Je veux vendre...
Une voix: 21
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sékula: En réalité, Mme la ministre a
raison, c'est Century 'Twenty one", incorporé, sous droits
d'auteurs.
Mme Robic: Pour éviter les susceptibilités, on va
dire Century 21. J'ai perdu le fit de mon idée avec ça. Non. Je
pourrais me présenter chez vous et dire: Moi, je voudrais vendre 10
maisons par année, et après ça, je suis satisfaite de
ça, et vos courtiers vont accepter ça?
M. Sékula: Je lance la question à nos courtiers.
Camille?
Mme Ringuette (Camille): II est évident que, quand un
agent arrive chez nous, il ne va pas dire: Moi, je veux vendre 10 maisons par
année.
Mme Robic: II ne faut pas qu'il l'avoue.
Mme Ringuette: Première chose. En tout cas, ça ne
semble pas être leur intention. Au contraire, surtout quand un agent
débute, il pense faire beaucoup, beaucoup. Peut-être 10 maisons
par semaine, parfois. Si l'agent entrait chez moi et disait: Je veux faire du
temps partiel, pour ma part, et c'est là qu'on est indépendant,
ça ne serait pas permis. Je ne crois pas qu'il y en ait... En fait, il y
en a une soixantaine au Québec. Je ne crois pas qu'en tant que courtier,
on puisse le faire. Tu viens comme agent. C'est le résultat qui fait
qu'on te classe comme à temps partiel. (11 h 45)
Mme Robic: Vous avez des catégories d'agents dans le fond.
Vous ne vous prononcez pas, dans votre mémoire, sur l'organisme
d'auto-réglementation, mais il semblerait, par ce que vous avez dit, que
vous êtes d'accord avec un organisme d'autoréglementation. Et
là, vous dites, dans votre mémoire, que vous voudriez avoir un
membre des franchiseurs sur cet organisme d'autoréglementation mais vous
demandez également d'être traités comme tout le monde.
Alors, là, je me dis: Pourquoi est-ce que, vous, vous devriez avoir une
place sur le conseil d'administration de l'organisme
d'autoréglementation? Quel est le critère qui détermine
cette demande?
M. Sékula: Si je reprends le texte que nous avons
présenté, c'est un voeu pieux et je reprends mes mots en dernier
lieu: Nous espérons que les franchiseurs auront leur place sur le
conseil d'administration de l'organisme d'autoréglementation.
Évidemment, nous ne détenons pas de permis de courtier. Si nous
nous reportons à une distribution des membres proposant sur les permis
de courtier ou les permis d'agent, nous n'aurions pas notre place et je le
reprends comme voeu pieux. De l'autre côté, nous savons
pertinemment que notre réseau de courtiers ou de franchisés au
Québec nous permettra par leur voix d'avoir quand môme du "input"
sur un comité d'autoréglementation.
Mme Robic: C'est au niveau de la mère, vous, que vous
auriez vu... Bon, d'accord. Est-ce que vous avez une idée sur la
composition de ce fameux conseil d'administration?
M. Sékula: Je reviens à la réponse que j'ai
donnée tantôt. Je pense que ça doit être
représentatif et basé sur les permis présentement en
vigueur dans le marché.
Mme Robic: Vous dîtes que vous encouragez la
possibilité d'un permis restreint qui permettrait... Ce n'est pas
paginé ça?
Une voix: Non.
Mme Robic: ...à de nombreux intervenants actuels dans
l'immobilier de pouvoir continuer à exercer leur influence positive tout
en exigeant la contresignature d'un agent ou courtier à plein permis.
Là, j'ai de la misère à vous suivre.
M. Sékula: Je pense que tout le monde reconnaît que
dans le marché actuel, et dans le marché immobilier en
général, il y a beaucoup d'agents d'immeubles qui font vraiment
de l'immeuble à temps partiel - ça, ce n'est pas notre phrase -
des gens qui ont une production minime, des gens pour qui c'est un
deuxième revenu, et je pense qu'à long terme le public sera mal
servi si on continue à permettre des gens qui font une transaction par
année, deux transactions par année et même trois
transactions par année.
Par contre, pour des raisons économiques et des raisons
d'affaires, nous pensons qu'il existe un certain volume d'affaires dans le
marché qui découle de ce genre d'agent d'immeubles et nous ne
voudrions pas perdre leur "input". Alors, c'est pour ça que nous
suggérons un permis restreint qui leur permettrait de continuer à
pratiquer à temps partiel mais sous les auspices ou sous le chapiteau
d'un courtier ou d'un agent responsable qui, lui, quand même, prendra la
responsabilité de l'acte de vente si on veut. C'est strictement, pour
nous, une question commerciale de ne pas perdre ce marché qui existe
présentement même s'il n'est pas reconnu officiellement.
Mme Robic: Mais là, j'ai un problème avec ça
parce que quand on veut augmenter la qualité de nos agents et... J'ai un
problème à pouvoir concilier ça avec le fait que vous avez
un agent qui produit très peu, qui est rendu peut-être à
ses dernières années ou qui passe son temps là parce qu'il
a des moyens financiers qui... Bon, il veut s'amuser, avoir une place où
aller le jour plutôt que de rester chez lui et regarder la
télévision. Mais ce n'est pas ça la profession.
M. Sékula: D'accord.
Mme Robic: Ce n'est pas comme ça qu'on va augmenter la
qualité de notre profession. On a besoin de gens qui sont dans le
métier à temps plein et qui ne font pas ça en dilettante.
Alors, là, j'ai un problème avec ça, moi.
M. Sékula: Notre objectif, ce n'est pas de l'encourager.
C'est plutôt d'avoir... On a une réalité actuelle et on
veut lui trouver une place dans la refonte de la loi. Alors notre suggestion,
c'est ce permis restreint qui permettrait quand même à ces gens
là de continuer sous, par exemple, des restrictions.
Mme Robic: On a... Je vais me permettre, M. Létourneau. On
a le plaisir, M. le Président, d'avoir le président de la Chambre
d'immeubles du Québec à la table, M. Létourneau. Une
voix: De Québec.
Mme Robic: De Québec. M. Létourneau, comment vous
voyez-vous ça, vous, des permis restreints? Là, je suis...
M. Sékula: Vous êtes très directive. Mme
Robic: Je ne fais pas du fair-play là. M. Sékula: Non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sékula: Ça respecte l'indépendantisme du
franchisage. Ifs ont le droit de faire ce qu'ils veulent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sékula: Et on l'accepte.
M. Létourneau: Oui, et on est très
indépendants à part ça. Effectivement, nous, on va dans un
autre volet. Ce volet-là est le volet réaliste de ce que le
franchiseur présente. C'est un problème, je pense, dans
l'industrie en général, que ce soit dans les franchises, les
grandes maisons de courtage ou les courtiers indépendants. À
cause du type de prérequis qui est nécessaire, on a des gens qui
accèdent à la profession sur différents niveaux. Mais si
on extensionne sur le volet de la formation - et votre mémoire... votre
document nous laissait une porte ouverte de rêver un tout petit peu - le
volet de la formation qui est un sujet traité abondamment fait
abstraction, souvent, de l'espace "temps". Il y a eu des interventions qui
mentionnaient, par contre, que c'était long avant de toucher les
premières commissions. Donc, il y a des gens qui faut qui vivent
entre-temps. On y voit peut-être, au niveau des catégories de
permis, éventuellement, une progression dans le type de permis qui
permettrait aux gens de s'acclimater dans ce milieu-là, d'apprendre, de
se former et d'évoluer pour être en mesure, éventuellement,
de prendre la pleine et entière responsabilité d'un professionnel
de l'immobilier. Entre-temps, il faut qu'il ait la chance de se former et
d'accéder à un niveau d'expertise et de compétence qui est
requis. Ça demande un espace "temps" qui varie selon les individus et
selon leurs sources. Ça peut être aussi différent que de 6
à 9 mois à 36 mois, par exemple. Alors, dans cet espace de
temps-là, qu'est-ce qu'on fait avec ces individus-là? Est-ce
qu'on accepte de ne pas les recycler parce qu'on a des contraintes dans
l'espace "temps" puis on s'en débarrasse, un peu comme ce que
l'industrie vit actuellement? Le taux de roulement de 30 % ou 35 % s'explique
par ce fait là, en très grande partie.
Le Président (M. Forget): Alors, Mme la ministre, votre
temps est écoulé.
Mme Robic: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: J'aimerais revenir sur ce qu'on discutait tout
à l'heure, la question de l'acte professionnel du courtier.
Essentiellement, ce qu'un économiste dirait, c'est que le courtier est
celui qui est capable, finalement, d'évaluer correctement le prix d'une
bâtisse. C'est l'expertise qu'il détient de par une formation
qu'il a obtenue. Il y a une relation courtier... plutôt
gent-acheteur et agent-vendeur. C'est une relation quand
même assez particulière parce que l'agent intervient, à la
fois, auprès de l'acheteur et auprès du vendeur. Je voudrais
revenir essentiellement à cette question, à votre
expérience. Quelles sont les capacités des agents
d'évaluer une bâtisse?
M. Létourneau: Bon! Un sujet très épineux.
Il y a, effectivement, des services professionnels qui, sur une base
très théorique, sont habilités à livrer, sous la
foi d'une signature, une évaluation, il y a, toutefois, un des
éléments importants de toute évaluation, qui est le
jugement de l'individu, mises à part les notions théoriques lors
de l'inspection du bâtiment et des recherches; son jugement entre en
ligne de compte. Ce jugement est façonné par le nombre de fois
qu'il est dans le champ, dans la pratique, à sentir les pressions de
l'offre et de la demande, de les identifier, de les mettre par
catégories. Ce jugement - on croit très sincèrement et la
pratique le prouve - l'agent immobilier d'expérience qui a
développé une expertise, une compétence dans un segment de
marché, l'a et, en peu de temps, il peut aller chercher les
connaissances théoriques pour allier sur des bases communes à
tout le monde pour émettre une opinion de valeur marchande qui est
extrêmement valable. C'est son seul rôle, c'est une opinion de
valeur marchande. Il n'est pas là pour analyser combien il y a de deux
par quatre dans la maison. L'important, c'est qu'elle se tienne
debout.
M. Boisclair: Ça, je suis tout à fait d'accord avec
vous. Je vous suis très bien là-dessus. L'agent est celui qui a
une connaissance du marché, cette expertise du marché. C'est
d'ailleurs pour ça qu'on lui paie une commission.
M. Létourneau: Oui.
M. Boisclair: Mais, il y a quand même d'autres
éléments que la connaissance du marché dans
l'évaluation du prix d'une bâtisse...
M. Létourneau: Oui, absolument.
M. Boisclair:... que ce soient des critères, je ne sais
pas, moi, de plomberie, de tuyauterie, d'électricité, de choses
semblables. Parce que dans la formation du courtier, on nous dit, l'information
qu'on nous transmet, c'est qu'essentiellement, ce cours, cette formation
là serait un peu diluée à travers...
M. Létourneau: D'autres choses.
M. Boisclair:... une formation plus générale. N'y
a-t-il pas lieu de s'inquiéter de cette réalité si vous
dites qu'avec l'expérience, et en travaillant sur le terrain, les gens
finissent par apprendre ces notions? Parce que c'est quand même un
cours... Il y avait des gens qui représentaient des techniciens en
évaluation.
M. Létourneau: Oui.
M. Boisclair: C'est un cours quand même de nombreuses
heures. Ce n'est pas un cours de 60 heures que suivent ces gens-là.
M. Létourneau: Non, ça, c'est... Effectivement,
lorsqu'on parle de formation, c'est un des sujets qui est touché qui,
éventuellement, devra, dans un programme de formation continue,
renfermer plus de connaissances. C'est un des éléments qui est
toujours touché dans ceux qui avancent une formation continue. Lorsqu'on
parle d'une expertise et de la compétence d'un agent, c'est
effectivement dans l'espace de temps qui est requis pour gagner sa
reconnaissance qu'il va aller chercher ses connaissances qui sont
nécessaires pour façonner et compléter son jugement.
M. Boisclair: Pour ramasser votre propos, l'organisme
d'autoréglementation qui aura la responsabilité d'établir
un certain nombre d'exigences quant à l'accès à la
profession, vous verrez très bien si, par exemple, il y avait un
curriculum de cours à suivre, une formation plus étroite de cet
élément-là d'évaluation.
Une voix: Oui.
M. Boisclair Parce que vous n'avez pas abordé...
M. Létourneau: Celui-là comme les autres.
M. Boisclair:... dans la présentation de votre
mémoire quelles seraient les exigences au niveau des connaissances,
là.
M. Létourneau: Oui, le mémoire du franchiseur n'a
pas touché ce volet-là. En tant que membre de la Chambre
d'immeubles de Québec, oui, on a touché ce volet de la formation
et je pense que tous les intervenants importants du
milieu sont extrêmement d'accord sur cette avenue-là,
d'augmenter le programme de formation, que nos agents soient beaucoup plus
compétents et qu'ils développent une meilleure expertise dans un
espace de temps donné. Il faut que ce soit planifié.
M. Boîsclair: Avec une clause grand-père pour ceux
qui sont déjà là.
M. Létourneau: Oui.
M. Boisclair: Je vous remercie, messieurs.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie, M. le
député de Gouin. Mme la ministre, en conclusion.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
diminuer ici le rôle de l'évaluateur parce qu'on me dit que j'ai
été assez méchante avec ce groupe-là. Mais, je
voudrais... Comme j'ai une petite expertise, je voudrais vous dire que,
souvent, les évaluateurs entrent dans nos bureaux d'immeubles pour aller
chercher les comparables. N'est-ce pas, messieurs? Ha, ha, ha! Alors... Et
parler aux agents pour savoir comment va le marché du coin. Mais du fait
que nos agents soient mieux formés à ce niveau-là, je
pense qu'on n'a pas, on ne s'y oppose pas, à ce que les agents soient
mieux formés. On ne s'y oppose pas. On vous remercie infiniment.
Ça été intéressant de vous entendre. Encore une
fois, vous pouvez voir qu'il y a énormément de questions qui se
posent sur le franchisage et les responsabilités de chacun et vos
éclairages nous sont précieux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Alors, M. le député de Gouin.
M. Boisciair: Je veux vous remercier de votre présentation
et vous assurer de notre disponibilité lorsque viendra le temps
d'étudier le projet de loi article par article pour recevoir vos
commentaires. Merci.
M. Létourneau: Nous vous remercions.
Le Président (M. Forget): Merci. Au nom des membres de la
commission, je vous remercie de votre mémoire. Nous allons maintenant
entendre... Je demande aux représentants du groupe Trans-Action services
de courtage de prendre place à la table.
Dans un premier temps, je demanderais au porte-parole du groupe de bien
vouloir s'identifier et d'identifier les gens qui sont avec lui.
Le groupe Trans-Act ion services de courtage
M. Brisson (Julien): Je suis Julien Brisson, président du
Groupe Trans-Action et propriétaire d'une firme de courtage comme
courtier en immeubles à Rimouski. À ma droite, Marcel Imbeault,
vice-président du groupe Trans-Action et aussi propriétaire d'un
bureau de courtage; à ma gauche, Jean-Louis Bernard, qui est directeur
général du groupe Trans-Action à notre siège
social.
Le Président (M. Forget): Alors, je vous rappelle
maintenant les règles de l'audition: 20 minutes seront d'abord
consacrées à exposer votre mémoire et suivra une
période de 40 minutes d'échanges avec les membres de la
commission. Alors, je vous laisse la parole. (12 heures)
M. Brisson: Comme vous avez pu le constater, notre mémoire
n'est pas tellement long mais on l'a bâti à partir du document de
consultation et on a traité les sujets sur lesquels nous voulions
émettre une opinion. Quant au reste de votre proposition de
révision de structure, nous sommes d'accord. Alors, à partir de
ça, je vais vous présenter. Trans-Action a été
fondé en 1980 pour exercer l'activité de courtage immobilier. Le
groupe Trans-Action services de courtage inc., ci-après appelé
Trans-Action, opère selon un système de franchisage regroupant 50
franchisés répartis en autant de bureaux et recourant aux
services de 500 agents d'immeubles. Par ailleurs, Trans-Action est une
corporation à propriété entièrement
québécoise et dont la majorité des actionnaires sont des
courtiers en immeubles.
L'encadrement de la pratique du courtage immobilier. Sous réserve
du système du qualificateur, dont nous reparlerons un peu plus loin,
nous sommes d'accord avec les propositions du document de consultation
relativement au contrôle de l'exercice de la profession. En premier lieu,
l'organisme d'autoréglementation à vocation unique et non
équivoque de protection du public, tel qu'il est proposé,
constitue non seulement un moyen efficace de réglementer la profession,
mais il contribuera à sa revalorisation. En deuxième lieu, les
autres mesures de protection du public qui seraient imposées par voie
législative: comptes en fidéicommis, fonds d'indemnisation et
divulgation de conflits d'intérêts constitueraient, selon nous, de
solides garanties de protection de l'intérêt du consommateur.
En second lieu, nous observons que le document ministériel
témoigne d'une volonté ferme d'imposer aux intermédiaires
de marché en immeubles l'obligation de divulguer les conflits
d'intérêts. Au cours des dernières années, les
petits investisseurs ont été lésés à
l'occasion de transactions immobilières auxquelles les ont
incités les courtiers agissant en double qualité
d'intermédiaires et de spéculateurs intéressés dans
la transaction proposée. Nous sommes évidemment d'accord avec
cette mesure et nous concourons également à la proposition
à l'effet que l'organisme d'autoréglementation puisse
définir non limitativement les situations de
conflKs d'intérêts.
Cela étant dit, la seule réserve que nous entendons
exprimer concerne le système du qualificateur. En effet, cette mesure
est susceptible de causer de sérieux inconvénients à
certaines entreprises de courtage en immeubles sans pour autant procurer un
bénéfice au public traitant avec celles-ci. Ces
inconvénients sont les suivants.
En premier lieu, supposons un réseau de courtage constitué
de plusieurs succursales, dont chacune est opérée par une
corporation distincte contrôlée par une compagnie de portefeuille.
Cette hypothèse est réaliste puisque cela peut être une
forme de franchisage. Dans un tel cas, chaque succursale serait
gérée par un employé salarié détenteur du
permis requis, mais également en vertu de la mesure proposée de
qualificateur de succursale. Si cet employé démissionne, la
succursale se retrouve sans permis et doit recommencer des démarches
pour recruter un qualificateur. Pourtant, les dirigeants opérant au
niveau de la compagnie de portefeuille pourraient très bien
déléguer un nouvel employé détenteur d'un permis
requis afin que le public servi par la succursale corporative traite avec une
personne ayant la compétence voulue. Une telle affectation d'un
employé remplaçant le démissionnaire devrait pouvoir se
faire sans entreprendre de nouvelle» démarches pour l'obtention
d'un permis corporatif.
En second lieu, dans le cas où le qualificateur est un
employé ou encore un actionnaire minoritaire, son statut de
qualificateur lui accorde un pouvoir de négociation indu, rendant
onéreuse la gestion de la compagnie.
Si le système du qualificateur est envisagé pour
empêcher la pratique illégale du courtage et pour rendre les
dirigeants de la corporation responsables de la pratique illégale ou du
comportement dérogatoire, il nous semble que ce résultat pourrait
être atteint en s'inspirant de la Loi sur les intermédiaires de
marché. En effet, cette loi ne rend pas le permis corporatif
conditionnel à la désignation d'un qualificateur. En revanche, la
loi comporte tous les mécanismes nécessaires pour faire en sorte
que les personnes employées par une corporation et agissant directement
auprès du public possèdent les qualifications et les
connaissances adéquates. La loi prévoit également,
articles 28 et 212, qu'un cabinet corporatif est reponsable du manquement de
ses employés et que tout administrateur, dirigeant ou officier d'une
telle corporation est responsable de la pratique illégale de
l'activité d'intermédiaire de marché en assurance.
En ce qui a trait au cumul des permis, de la multidisciplinarité
et de la rémunération partagée, tous conviennent que la
stabilité du revenu des personnes exerçant le courtage Immobilier
ainsi que la rentabilité des entreprises engagées dans cette
activité sont directement influencées et souvent compromises par
des cycles de fluctuation du marché immobilier. Cette situation
entraîne les conséquences suivantes: premièrement, un taux
réduit de persistance dans la profession et son exercice comme
activité purement secondaire rendant ainsi plus difficile l'acquisition
d'une expérience professionnelle étendue; deuxièmement,
l'élimination des moyennes et des petites entreprises de courtage
immobilier ou l'obstruction à leur entrée sur le marché en
raison de leur incapacité à absorber le coût
d'opération en période de stagnation; la concentration de
l'activité du courtage immobilier entre les mains d'un nombre restreint
de grandes entreprises dont l'affiliation à des conglomérats
financiers permet de soutenir les coûts d'opération en
période de stagnation; cette concentration a les conséquences que
l'on sait sur le climat de la concurrence et le prix du service de
courtage.
Nous croyons que le cumul des permis et, dans une plus large mesure, la
multidisciplinarité ainsi que le partage de la
rémunération contribueraient à la stabilité du
revenu du courtier, à sa persistance accrue dans la carrière, de
même qu'à la croissance des petites et moyennes entreprises de
courtage.
À titre d'exemple, cela se traduirait par une association entre
un courtier d'assurances et un courtier d'immeubles en vue d'un partage des
coûts d'exploitation sur la base d'une quote-part des revenus de
commissions gagnés par chacun des associés. Les parties à
une telle entente pourraient, de surcroît, convenir du paiement d'une
rémunération de "référencement", mettant ainsi
à profit leur achalandage respectif.
Rien, dans la mise en oeuvre d'une telle formule - sous réserve
d'une réglementation de la divulgation des renseignements privés
- ne porterait atteinte à l'intérêt du consommateur. Bien
au contraire, ce nouveau contexte de pratique ferait en sorte que la
collectivité des intermédiaires en marché en immeubles
serait composée de membres exerçant non plus de façon
sporadique, mais plutôt continue, de sorte que le consommateur
bénéficierait d'un service fourni par des professionnels plus
stables et plus expérimentés.
En ce qui a trait au franchisage, comme on doit s'y attendre,
Trans-Action est évidemment favorable à ce que le courtage
immobilier puisse s'exercer par voie de franchisage.
Nous proposons donc que la loi autorise de façon
générale la pratique du courtage selon un système de
franchise, et que le pouvoir de réglementer les conditions du
franchisage soit délégué à l'organisme
d'autoréglementation Compte tenu du fait qu'il n'existe aucune
législation d'ordre général en matière de
franchisage, il serait préférable que les conditions et les
modalités du franchisage soient déterminées par les
intervenants en courtage immobilier par le truchement de leur organisme
d'autoréglementation. Pour quelques années encore, le recours
à
l'autoréglementation nous apparaît plus approprié en
raison de sa flexibilité, de sa rapidité de réaction aux
changements ainsi qu'en raison de la nouveauté du
phénomène du franchisage.
En conclusion, les courtiers et agents d'immeubles exerçant comme
intermédiaires entre deux parties pour la conclusion d'un contrat. Les
courtiers et agents d'assurances sont également des
intermédiaires entre deux parties pour la conclusion d'un contrat. Bien
que dans chacun des deux cas la matière du contrat soit
différente, il n'en demeure pas moins que les deux classes
d'intermédiaires exercent des fonctions analogues, consistant
principalement en prestations de conseils et de mises en présence des
parties.
Pour ce qui est de l'assurance, le législateur a reconnu la
tendance du décloisonnement des réseaux de distribution et a donc
adapté le cadre de réglementation en conséquence, tout en
veillant à la protection du consommateur. Nous croyons
sincèrement que la même démarche pourrait être
entreprise dans le domaine des transactions immobilières en conciliant,
d'une part, l'intérêt primordial des consommateurs et, d'autre
part, une certaine modernisation des réseaux
d'intermédiaires.
Cela représente, comme je le disais auparavant, les points sur
lesquels nous avons voulu apporter nos réflexions, à la suite de
votre document de révision de structure.
Le Président (M. Forget): Merci, M. Brisson. Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Brisson, M.
Imbeault, M. Bernard, bienvenue à cette consultation. N'est-il pas vrai
de dire que votre système de franchisage fonctionne un peu
différemment des autres intervenants que l'on a rencontrés ou si
c'est la même méthode? Et est-ce qu'il est vrai également
de dire que vous êtes propriété d'une compagnie
d'assurance?
M. Brisson: Non. Mme Robic: Non?
M. Brisson: II est faux de dire que Trans-
Action services de courtage est propriétaire d'une compagnie
d'assurances. Nous sommes simplement...
Mme Robic: Vous êtes la propriété d'une
compagnie d'assurances. Non?
M. Brisson: Non.
Mme Robic: Non?
M. Brisson: On est la propriété de...
Une voix: D'un courtier d'assurances.
Mme Robic: D'un courtier?
M. Brisson: Pour être précis, c'est la
propriété de six individus qui sont tous courtiers en
immeubles.
Mme Robic: Ah bon! Une voix: Tous
Québécois.
Mme Robic: Alors, ça, c'est la différence
fondamentale avec les deux autres groupes qu'on a entendus: vous êtes
tous des courtiers en immeubles, regroupés sous un même
chapeau.
M. Brisson: C'est ça. Les
propriétaires-actionnaires sont des courtiers en immeubles.
Mme Robic: On me dit que vous êtes dans l'assurance,
ça se peut-tu?
M. Brisson: Personnellement, en tant que Julien Brisson, je suis
un courtier d'assurances générales et d'assurance-vie
également, par accident, et compte tenu de certaines circonstances d'il
y a 25 ans, je détiens un permis de courtier en assurances
générales, en assurance-vie et en immeubles.
Mme Robic: Alors, comment fonctionnez-vous, comme groupe? Chacun
est indépendant? Vous vous servez du système tout simplement
comme économie d'échelle ou, également, comme moyen de
marketing?
M. Brisson: C'est ça. Trans-Action comme tel, est une
corporation indépendante des bureaux. C'est une corporation qui vend des
franchises à peu près au même titre, ou de la même
façon, suivant le même principe que RE/MAX et que Century 21, avec
des différences, forcément, dans l'application. Chaque courtier
franchisé a signé une entente avec la corporation Trans-Action,
qui définit son affiliation, et il est entièrement
propriétaire et autonome à l'intérieur de son bureau.
Mme Robic: Est-ce que vous avez des travailleurs autonomes chez
vous ou si ce sont tous des agents?
M. Brisson: Nos transactions, comme telles, et nos courtiers, ont
obtenu des gouvernements fédéral et provincial un "rolling",
qu'on appelle, si tu veux, de travailleur autonome à partir de nos
contrats de représentants à l'intérieur des bureaux des
franchisés.
Mme Robic: Vous vous inquiétez au sujet du qualificateur
et vous nous mettez en garde d'obliger que chaque bureau ait son propre
qualificateur, étant une personne plutôt qu'une corporation.
Est-ce que vous avez vécu des
expériences où ça a posé des
problèmes que ce soit un seul... qu'une personne physique soit
qualificateur plutôt qu'une corporation?
M. Brisson: Bien, il y a une...
Mme Robic: ...parce qu'il y en a quelques-uns qui nous ont dit
que ça ne devrait pas être une corporation.
M. Brisson: On ne dit pas que ça doit être une
corporation, mais on dit qu'il ne devrait pas y avoir, pour une compagnie
à succursales, un individu qualificateur dans chacun des bureaux.
Autrement dit, à partir de la corporation centrale, qui détient
plusieurs bureaux, plusieurs agences, il devrait y avoir un qualificateur qui
peut être une personne, mais qui sert à tous les bureaux et, dans
chacun des bureaux, ça devrait être quelqu'un qui est en mesure
d'opérer le bureau, avec des qualités nécessaires pour le
faire, au point de vue connaissances. Ce qu'on veut...
Mme Robic: Mais, juste...
M. Brisson: Excusez. Ce qu'on veut éviter par là,
c'est quand on dit que ça devrait être un individu, par exemple,
qui est gérant du bureau, qui serait le qualificateur du permis de ce
bureau-là. À ce moment-là, c'est que le
propriétaire est à la merci de ce monsieur, dans le sens qu'un
bon matin, il dit: Moi, si tu veux que je garde mon nom comme qualificateur,
ça vient de te coûter 500 $ par semaine. Et un mois après,
il dit: C'est 2000 $ par semaine. C'est ça qu'on veut éviter.
Et l'expérience vécue, je l'ai vécue
moi-même. C'est la raison pour laquelle j'ai un permis de courtier en
immeubles dans mes poches. C'est que j'ai vécu ce
phénomène il y a 25 ans, alors que j'étais membre d'une
corporation de courtiers en immeubles et, pour toutes sortes de raisons, le
qualificateur était un constructeur inscrit. Vous savez de quoi je veux
parler. Et un de ces beaux jours, ayant des difficultés
financières, il nous a annoncé que, pour garder son nom comme
qualificateur, ça coûterait 2000 $ par semaine. Un mois
après, il nous a dit: Ce n'est plus 2000 $, c'est 4000 $. À un
moment donné, ça a créé un problème tel
qu'on a été obligés de fermer le bureau. Le bureau a
opéré pendant, peut-être, avant qu'on se trouve un autre
qualificateur, 15 jours, 3 semaines, peut-être 1 mois. Je ne me rappelle
pas exactement du délai, parce qu'on avait obtenu un délai, sans
qu'il y ait de qualificateur pour opérer le bureau.
Mme Robic: Mais on nous a dit, cependant, qu'il fallait
améliorer la formation du responsable du bureau, du directeur d'un
bureau d'immeubles. La façon de s'assurer que ce directeur est bien
formé, est-ce que ce n'est pas de l'obliger à avoir un permis de
courtier?
M. Brisson: Là-dessus, on est parfaitement d'accord. Il
est certain qu'un opérateur, le directeur d'un bureau, doit être
un licencié au moins comme agent ou comme courtier. Mais ce qu'on dit,
c'est que ce n'est pas lui qui doit être...
Mme Robic: Le qualificateur.
M. Brisson: ...le qualificateur. (12 h 15)
Mme Robic: Vous vous prononcez en faveur du cumul des permis. Je
vous avoue qu'il n'y a pas beaucoup de personnes, qui se sont
présentées à cette table, qui étaient en faveur du
cumul des permis. Au contraire, on nous disait que c'est réellement pour
donner le service à la clientèle, c'est réellement un
emploi à temps plein. Est-ce que vous avez des restrictions dans ce
cumul des permis, ou vous voyez ça d'un bon oeil qu'un agent d'immeuble
pourrait vendre de l'assurance-vie, de l'assurance-dommages des valeurs
mobilières, par exemple?
M. Brisson: ...c'est pour une simple raison, c'est
qu'actuellement, je pense que tout le monde est contre, mais tout le monde agit
comme courtier en valeur immobilière, très souvent, en tant
qu'agent d'immeubles, bien qu'il n'ait pas de permis. Exemple, nous avons pris
un mandat pour vendre un édifice à bureaux
propriété d'une corporation. Pour toutes sortes de raisons, en
cours de route, ce qui se passe, c'est qu'à partir d'une offre d'achat
possible qui vient d'entrer, les propriétaires décident de ne pas
vendre l'édifice, qui est l'actif de la compagnie, mais de vendre des
actions. Alors, nous nous trouvons dans une situation très difficile,
dans le sens que, si ont dit: On a fait la transaction, on a trouvé le
propriétaire, on est rendu là, à ce moment-là, on
dit: ce n'est plus de notre ressort, allez voir un courtier en valeurs
mobilières, c'est lui qui va vous faire votre transaction. Comme nous
sommes rémunérés à partir d'une transaction
finalisée chez le notaire, plus souvent qu'autrement, on a fait la
transaction et on n'est pas payés. Je dis que, dans certaines occasions,
on est obligés, jusqu'à un certain point, de le faire, et la
plupart des courtiers le pratiquent. D'autre part, ce qu'on dit
également, pourquoi on est en faveur d'un cumul des permis? On est bien
conscients qu'il n'y a pas 1 % des courtiers ou des agents d'immeubles qui vont
obtenir un deuxième permis, soit d'assurance-vie ou d'assurance
générale ou autrement. D'autre part, tous les
intermédiaires de marché d'assurances détiennent ce
privilège de cumul des permis. On dit, à plus ou moins longue
échéance, peut-être dans 5 ans, peut-être dans 10
ans, qu'on sera lésés vis-à-vis nos confrères qui
opèrent dans un système
presque similaire au nôtre, ils font à peu près le
même travail C'est dans ce sens qu'on dit qu'on est en faveur d'un cumul
des permis. D'autre part, il peut arriver que certains individus peuvent
cumuler deux permis, dans le sens que quand on est rendu... Le premier permis,
je pense qu'un agent d'immeubles qui est spécialise en immeubles
à revenu ou en immeubles appartenant à des corporations, plus
souvent qu'autrement, à 50 %, je dirais même par les temps qui
courent... parce qu'il y a des exemptions au point de vue fiscalité, au
point de vue impôts à payer, c'est que, à partir du moment
où quelqu'un a 500 000 $ de possibilité de non imposable en
vendant des actions, plus souvent qu'autrement, je dirais à 75 %, 80 %,
lorsqu'on est dans ce genre d'activité, c'est qu'on vend les actions et
on n'a pas le permis pour le faire. Et on est toujours un peu à la merci
du client vendeur, du client acheteur et du notaire qui dit: Toi, tu n'as pas
d'affaire là-dedans, ta commission, au lieu d'être 10 000 $, on va
t'en donner 2500 $ et contente toi de ça et ferme ta boîte.
Mme Robic: Mais, je veux vous rassurer, parce que vous avez une
décision de la Cour qui vous dit que vous avez droit à votre
commission, si vous êtes directement impliqué dans la vente. Mais
vous avez raison. Mais, là, on parle réellement de permis
restreint pour des activités qui s'apparentent à l'immobilier,
tout comme les courtiers d'assurances voudraient avoir un permis restreint pour
des prêts hypothécaires. C'est dans ces circonstances très
limitées.
M. Brisson: Par contre, je pense que, en tant que courtier en
immeuble, est-ce qu'on devrait se priver de la possibilité... Je vous
dis que ça va arriver, peut-être à 1 %, ou peut-être
pas 1 %, de la quantité. À un moment donné, il peut y
avoir quelqu'un qui est avocat ou notaire ou courtier d'assurances, qui a une
connaissance des transactions immobilières comme telles, et qui peut
amener deux ou trois ventes par années, qui va aller chercher 50 000 $,
60 000 $ de commission au courtier. Est-ce que le courtier devrait se priver de
ça, alors qu'il est obligé de traîner, plus souvent
qu'autrement, un agent qui ne gagne même pas un revenu décent pour
vivre? À partir de là, je pense qu'il y a quand même
certains professionnels dans d'autres sphères d'activité, ou
certains courtiers, qui peuvent transiger également en sens inverse.
Certains courtiers d'immeubles peuvent effectuer certaines transactions autres
que l'immobilier, en ayant la compétence nécessaire pour le
faire. Je persiste à dire que c'est un nombre très restreint. Je
dis: Pourquoi émettre un permis restreint alors que, même si on
l'émet, la plupart des gens ne l'utiliseront pas, mais surtout, pour ne
pas se mettre en infériorité vis-à-vis nos
confrères intermédiaires dans le marché financier.
Le Président (M. Forget): Alors, Mme la ministre, votre
temps est écoulé. Je vous remercie. Je passe la parole au
député de Gouin.
M. Boisclair: Oui, j'aimerais vous remercier pour votre
présentation. On me corrigera si je me trompe, j'aimerais revenir
à la page 7 de votre mémoire, lorsque vous proposez "que la loi
autorise de façon générale la pratique du courtage selon
un système de franchise et que le pouvoir de réglementer les
conditions du franchisage soit délégué à
l'organisme d'autorégle-mentation". Vous êtes, je crois, l'un des
premiers organismes à faire une telle proposition, que ce soit
l'organisme d'autoréglementation qui puisse réglementer, à
tout le moins, la pratique des franchises. Vous avez donc, sans doute, une
réflexion sur la composition de cet organisme
d'autoréglementation; pour qu'il soit apte à prendre de telles
décisions, il faut quand même qu'il y ait un certain nombre de
personnes qui soient représentatives du milieu, il faut qu'il y ait des
représentants du gouvernement, je le crois sincèrement. Est-ce
qu'on pourrait un peu élaborer sur cette question? Dans quelle
perspective...
M. Brisson: Je pense, comme les autres intervenants qui sont
passés avec moi, que ce n'est pas nécessairement... je ne
prétends pas avoir la capacité et tous les éléments
nécessaires pour composer un conseil d'autoréglementation, mais
je dis qu'en général, tous les intervenants, agents ou courtiers,
corporations comme les trusts qui font du courtage immobilier, les
franchiseurs, devraient siéger à cette corporation, à cet
organisme, de façon que ce soit équitable pour tout le monde. Si
moi, je suggère que le franchiseur doit être assujetti à
l'organisme d'autoréglementation, je pense que si je dis ça, il
va de soi que je voudrais avoir une voix au conseil d'autoréglementation
pour revendiquer mes points de vue.
M. Boisclair: II y a une préoccupation importante dont on
n'a pas fait état, c'est celle de la protection du public. Comme Mme la
ministre le soulignait tout à l'heure, vous êtes l'une des rares
entreprises qui soit venue appuyer de façon très claire le cumul
des permis. Je voudrais savoir jusqu'à quel point... parce que vous
n'avez peut-être pas la taille d'autres entreprises qui sont venues se
présenter devant nous aujourd'hui. Essentiellement, si je vous ai bien
saisi, c'est toute la question de l'accès au marché pour vous qui
serait facilitée, surtout dans une période de stagnation. Vous
dites qu'à votre avis, le cumul de permis faciliterait, en tout cas,
l'émergence de petites et moyennes entreprises dans le domaine du
courtage immobilier et que ça faciliterait une certaine
stabilité, conséquemment, pour les gens qui y travaillent. Est-ce
que je vous saisis bien lorsque
je dis...
M. Brisson: Prenons la période qu'on vit actuellement dans
le courtage immobilier, il ne faut quand même pas se raconter d'histoire.
À peu près tous les agents d'immeubles sont en difficulté
à cause du taux d'intérêt et de la crise économique.
Je dis tout simplement ceci: C'est qu'il y a des permis qui pourraient
être cumulés. Par exemple, si quelqu'un est capable
d'évaluer une maison, une résidence privée, qu'il est
capable de fixer le prix, il pourrait probablement être capable de
l'assurer également. Il n'y a pas une grosse démarche à
faire. Il pourrait obtenir un permis pour vendre de l'assurance-habitation et
là, je pense que ça n'entrerait pas en conflit vis-à-vis
du consommateur et ça viendrait augmenter son revenu potentiel; en
période difficile, H pourrait survivre, alors je pense que vous imaginez
bien que le courtier ou l'agent d'immeubles qui réussit à gagner
dans une année... Comme on passe cette année 50 % de son revenu
normale alors qu'en période normale il avait besoin de tout son
revenu... Est-ce qu'il sert bien le public dans une transaction à faire?
S'il a faim, s'il a besoin d'argent, il y a des chances qu'il passe à
côté de certaines choses pour tenter de réaliser sa vente.
Je dis que le cumul des permis - tout en sachant que ce n'est pas tout le monde
qui peut le faire - je pense que, petit à petit, avec le temps, va finir
par arrondir le revenu, si l'on veut, de l'agent d'immeubles qui va, à
ce moment-là, s'il gagne bien sa vie, être plus en mesure de bien
servir le public. C'est dans ce sens-là que je le vois.
M. Boisclair: Mais, jusqu'à quel point ça ne serait
pas... Là, vous soulevez un problème très immédiat
qui est celui de la conjoncture économique. Il y a des problèmes
que plusieurs agents vivent à l'heure actuelle. Mais jusqu'à quel
point... Là, pour régler ce problème, vous suggérez
qu'on puisse permettre le cumul des permis. Jusqu'à quel point ce n'est
pas le mode de rémunération qu'il faudrait réviser?
M. Brisson: Remarquez... Je vais passer la parole à mon
confrère.
M. Imbeault (Marcel): Moi, je pense que dans ça, quand on
parle de cumul de permis, pour nous autres, naturellement que le cumul de
permis peut avoir un attrait pécuniaire important pour l'agent qui est
dans le champ et qui a de la misère à gagner sa vie uniquement de
l'immeuble, dans une période comme on vit présentement, mais le
cumul de permis pourrait peut-être apporter un revenu d'appoint.
Mais, il y a une autre chose aussi que j'aimerais apporter ici,
peut-être que ça pourrait aider et, en fin de compte, rentabiliser
les petits bouts qui sont morts dans la profession. C'est que, si on avait le
système de références interprofessions dont on parle, je
pense aussi que ça, c'est une façon qui serait drôlement
avantageuse pour aider l'agent.
M. Boisclair: Vous m'excuserez, mais le service des
références interprofessions?
M. Imbeault: Ce sont deux choses complètement
différentes.
M. Boisclair C'est ça. C'est la première fois que
ça vient à mes oreilles.
M. Imbeault: D'accord. Vas-y avec ton cumul de permis et j'irai
après.
M. Brisson: Au point de vue cumul de permis, si vous voulez me
répéter votre question, je l'ai mal saisie de toute
façon.
M. Boisclaîr: Sur la question du cumul de permis, dans
votre explication, dans la justification de l'importance de permettre le cumul
de permis...
M. Brisson: Oui.
M. Boisclair:... vous invoquez la situation économique
actuelle, le haut taux de roulement et les conditions dans lesquelles
travaillent les agents. La question que je vous relance c'est: Jusqu'à
quel point cette solution-là permettrait de régler le
problème ou s'il ne faudrait pas plutôt revoir le mode de
rémunération, revoir la question de la formation des gens qui
travaillent là et permettre... Je ne sais pas, moi, il y a
différentes formes d'organisation pour une entreprise comme la
vôtre, que ce soit le cabinet multidisciplinaire, que ce soit... Pour
assurer une stabilité de revenu, il y a bien d'autres façons que
le cumul de permis.
M, Brisson: Je ne dis pas que ça va être la seule
façon, si vous voulez, de stabiliser l'agent d'immeubles. Il est certain
que la formation, l'émission du permis, en soi, peut aider. Par exemple,
je ne conçois pas, actuellement, dans le courtage immobilier, que
n'importe qui aille suivre un cours de 50, 60 heures ou, en tout cas, de 6
jours et qu'à partir du résultat de l'examen passé par son
école - que ce soit un cégep, que ce soit l'institut Jean-Guy
Leboeuf, que ce soit autre - du moment qu'il a un certificat signé,
qu'il obtienne son permis carrément avec ça, qu'il n'ait pas
d'examen à passer sur le plan du ministère ou de l'organisme
d'autoréglementation, si, dans le futur, c'est ça qui se passe.
On ne voit pas ça dans d'autrer professions. Par exemple, dans le
courtage d'assurances générales, il se donne des cours à
temps plein à partir d'un DEC en administration, dernière
année, option assurance, et même s'il a son certificat du
cégep après trois ans d'études il doit passer l'examen
de l'Association des courtiers d'assurances générales pour
avoir le droit de pratiquer. Moi, en tout cas, à ma connaissance, je
n'ai jamais vu un cégep... Tous les étudiants qui sont
passés dans les cégeps pour suivre un cours intensif d'agent
d'immeubles ont tous eu leur certificat. Ça, j'ai de la
difficulté à comprendre ça. Alors, ça, ça
peut aider nécessairement à faire une sélection d'agents
au départ et ça viendra en plus du cumul de permis, en plus
d'autres choses auxquelles vous avez fait allusion. Ça peut aider, si
vous voulez, à stabiliser le revenu de l'agent d'immeubles. Vous nous
disiez: Peut-être changer le mode de rémunération. Je pense
que le courtage immobilier doit rester une entreprise libre et non pas, par
décret, dire: C'est tel prix que ça vaut pour faire une
transaction immobilière. Je pense que c'est sain que ça soit la
compétition qui finisse par...
M. Boisclair: Écoutez, je suis...
M. Brisson: ...déterminer la
rémunération.
M. Boisclair: ...d'accord avec vous. Ce n'est pas notre
rôle, ici, de déterminer le mode de rémunération des
agents, mais vous conviendrez avec moi qu'il y a différents modes qui
existent à l'heure actuelle dans différentes entreprises. (12 h
30)
En page 2, vous nous dites, sur l'organisme d'autoréglementation:
"Constitue non seulement un moyen efficace de réglementer la profession,
mais il contribuera à sa revalorisation". Vous continuez en disant en
page 2, toujours dans le deuxième paragraphe: "Constitueraient selon
nous, de solides garanties de protection de l'intérêt des
consommateurs." Bien des gens... et je pourrais vous dire qu'à la
lumière des informations que j'ai à l'heure actuelle, je serais
plutôt porté à dire qu'il faut quand même
éviter une espèce d'incompatibilité de rôles
lorsqu'on parle des fonctions de l'organisme d'autoréglementation. Je
pense qu'il faut éviter de tomber dans le piège d'être
à la fois juge et partie, que l'organisme d'autoréglementation
soit mandaté pour voir à la défense et à la
promotion des intérêts des courtiers et des agents d'immeubles.
J'aimerais ça vous entendre. Je ne sais pas si vous avez
réfléchi à cette question, mais il y a une question de
fond. Moi, je pense qu'on ne peut pas être à la fois juge et
partie. Il faudrait très clairement déterminer les
responsabilités de l'organisme d'autoréglementation. Moi, je veux
juste vous dire qu'il y a là un danger, soit qu'on peut être
d'accord avec le fait qu'il y ait un organisme d'autoréglementation
composé de gens du milieu, qu'il y ait une délégation de
pouvoirs d'État à un organisme constitué de gens du
milieu, mais il faut aussi s'assumer. Est-ce, selon vous, la meilleure
façon d'assurer la protection du public? Est-ce qu'on peut concevoir, en
d'autres mots, un organisme qui, à la fois, a la responsabilité
de promouvoir et de défendre les intérêts des courtiers et,
de la même façon, de s'assurer de régler un certain nombre
de conflits et lui faire jouer un rôle d'arbitre ou des choses
semblables?
M. Brisson: Au départ, dans notre mémoire, on
corrige certaines choses, mais on dit qu'on est d'accord avec la suggestion qui
a été faite par le ministère. Là-dedans, on voit
bien que l'Association des agents d'immeubles aura un rôle à
jouer...
M. Boisclair: C'est ça.
M. Brisson: ...les chambres d'immeubles auront un autre
rôle à jouer et l'organisme d'autoréglementation aura son
rôle à jouer. Chacun devra... Je ne pense pas que tout devrait
être délimité à l'organisme
d'autoréglementation pour régler tout ça. Je pense que
chacune des parties en place jouera son rôle individuel, mais non pas
cumuler deux rôles à la fois parce qu'il va y avoir conflit, de
toute façon. Il va y avoir conflit d'intérêts. Autrement
dit, je dis que si les chambres d'immeubles régissent le
côté pécuniaire des agents d'immeubles, ça va.
L'Association peut régir la déontologie, etc., et l'organisme
d'autoréglementation verra à prendre position sur ce qui n'a pas
été pris par les deux autres.
M. Boisclair: Si vous me permettiez, très rapidement,
qu'on revienne. D'ailleurs, c'était bien précisé dans le
document de consultation, juste pour le rappeler. On disait: L'organisme
d'autoréglementation qui se verra confier le mandat ne devra pas voir
à la défense et à la promotion des intérêts
des courtiers et des agents d'immeubles, mais se consacrer entièrement
à son rôle de surveillance et de contrôle des
activités de courtiers et d'agents d'immeubles. C'était ça
la précision que je voulais apporter.
Le Président (M. Forget): Alors, je remercie le
député de Gouin. Mme la ministre.
Mme Robic: Oui, M. le Président. On a touché les
commissions des agents, on a touché le besoin de stabiliser les revenus
d'un agent. Hier, vous, vous préconisiez, pour ce faire, le cumul de
permis. Mais, hier soir, on a entendu un agent qui nous a dit que,
peut-être, la façon de stabiliser le revenu, ce serait de faire
comme dans d'autres professions, soit de payer un salaire de base à un
agent, que ce soit un salaire minimum plus des commissions. Est-ce que vous
avez déjà étudié cette possibilité?
Là, je vous regarde. Je regarde tout le monde en arrière,
là.
M. Brisson: Écoutez, je pense qu'on a envisagé, non
pas à la transaction... mais pendant
mes derniers 25 ans de vécu dans le courtage immobilier,
ça a évolué. Si on se le rappelle, il y a 20 ans, on
allait jusque là, de subventionner un agent avec un petit salaire de
base pendant trois mois ou six mois. On sait qu'à partir d'un premier
mandat de prise, il s'écoule, normalement, d'un agent à l'autre,
deux mois et demi à trois mois avant que commence à entrer de
l'argent. Il est certain que les grandes corporations ont peut-être la
capacité de faire ça, mais, en tant que courtier en immeubles, je
vous avoue que je verrais mal la capacité d'une entreprise de courtage
immobilier de s'aventurer là-dedans.
D'autre part, je connais également d'autres formes de courtage
et, des grandes corporations qui pratiquent le courtage en valeurs
mobilières ou en assurances, par exemple, se permettent de payer des
salaires de base pour partir leurs agents, mais elles appellent ça, si
vous voulez, des avances sur commission. D'une façon ou d'une autre, je
pense que, légalement, si l'agent s'en va, elles ne peuvent pas les
récupérer. D'autre part, quand on se ramène aux courtiers
comme tels, je ne connais pas beaucoup d'autres professions en courtage, dont
les propriétaires sont des courtiers qui travaillent dans le champ, qui
se permettent de payer à la base des employés pour leur permettre
de pratiquer leurs talents de vendeurs d'assurances ou d'autres choses.
Mme Robic: Est-ce que ce ne serait pas, cependant, une
façon d'augmenter la qualité de vos agents en ce moment, que vous
ayez 25 agents dans un bureau, que vous en ayez quelques-uns qui produisent
à peine - vous nous avez même dit tout à l'heure: Qu'ils ne
rencontrent même pas les dépenses du bureau, la partie des
dépenses du bureau - est-ce que, si vous aviez à payer un salaire
minimum, ça ne vous forcerait pas justement à être plus
sélectif? Là, c'est le nombre. Vous dites qu'il y a une moyenne
qui s'opère et on finit par faire de l'argent. Mais, si vous aviez
à payer un salaire minimum, est-ce que là, vous ne deviendriez
pas plus sélectifs et vous auriez peut-être moins d'agents dans
vos bureaux, mais vous auriez des agents qui produiraient, qui, bon an mal an,
vous apporteraient les revenus dont vous avez besoin pour opérer vos
bureaux? Est-ce qu'il n'y aurait pas des avantages, non seulement pour les
agents, mais pour tes courtiers?
M. Brisson: Mais je pense bien, comme les autres intervenants qui
sont passés avant nous autres, je pense que, quand il s'agit de faire
une sélection d'agents qu'on engage, il faut tâcher de
rentabiliser. Malheureusement, on vous a dit aussi qu'il y avait
peut-être 50 %, qu'on pouvait appeler un côté professionnel
et un autre 50 %, j'appelle ça, un travail d'affaires. Alors, les
talents de vendeur ne sont pas nécessairement détectables avant
que quelqu'un ait pratiqué ce phénomène dans le champ. On
le voit une fois qu'il est en place. Autrement dit, on passe des tests de
capacité ou des tests de différentes façons et on essaie
d'aller chercher tous les critères possibles d'analyse du candidat, et
on se dit: Celui-là, il va faire fureur dans la vente d'immeubles et on
réalise, une fois qu'il est en place, que c'est le plus médiocre;
et celui dont on pense qu'il a moins de chances, des fois, il passe. Nous,
notre façon de sélectionner, on dit: Écoutes, on va
chercher également dans notre formule des agents de carrière, des
agents expérimentés, mais on va aussi chercher des agents verts
ou des "green" comme on les appelle dans la profession, et on essaie de les...
Notre critère à nous autres, ce qu'on conseille, c'est d'aller
chercher ces agents-là chez des gens d'affaires, qui ont une
expérience d'affaires d'abord. Ils connaissent déjà leur
capacité de rencontrer des gens, s'ils ont un contact facile, etc. Je
pense que ces gens-là ont plus de possibilités. Quant à
donner, pour répondre directement à votre question, un salaire de
base, etc, par le fait même, je pense que nos courtiers le font. Si on
engage un agent qui n'a pas d'expérience et qu'on lui dit: Ça va
te coûter 1000 $ par mois pour avoir accès à nos services,
il est certain qu'on sait qu'il ne vendra pas la première semaine. Donc,
il y a une avance qui se fait, si on veut, qui est comptabilisée. Vous
allez me dire, qu'il y a de grosses chances que les trois premiers mois, il ne
nous paie pas, ou en tout cas, en partie. Et définitivement, l'avantage
qu'on a dans notre système, c'est le fait qu'on lui avance les frais. On
est en mesure, et on décide plus vite de dire: Le monsieur ou la madame
va réussir, ne réussira pas. On n'est pas portés à
le garder comme agent à temps partiel bien qu'il soit là toute la
longueur du jour, mais par sa production, il est considéré comme
un agent à temps partiel. Alors, ça nous permet d'éliminer
plus rapidement dans ce sens-là. J'imagine que c'est un petit peu
équivalent à un salaire de base qui pourrait être
payé pour trois mois. Il est certain que, dans notre formule,
après trois mois, si quelqu'un n'a pas réussi à aller
chercher des mandats valables et qu'il n'a pas réalisé une vente,
on ne le gardera pas.
Mme Robic: Quand on parle de...
M. Brisson: Excusez, je voudrais peut-être ajouter autre
chose. Ce qui est malheureux, je pense, c'est qu'il part de chez nous et il
s'en va voir un autre courtier et l'autre courtier l'engage. Je pense que
là, la profession a beaucoup de travail à faire et devrait se
tenir; quand quelqu'un n'est pas efficace, il ne sera pas plus efficace
ailleurs. Il y aurait certainement, à partir d'une entente possible.. En
tout cas, remarquez qu'on est toujours dans une entreprise libre.
Mme Robic: Je ne suis pas sûre de ça. Des fois, il
s'agit d'éléments motivateurs ou des problèmes de
personnalité. Je ne serais pas prête, moi, à dire qu'un
agent qui est mauvais quelque part, à moins qu'il soit malhonnête,
va être nécessairement mauvais ailleurs. J'ai des
réticences à accepter ça. Mais, quand vous parlez du cumul
des permis, est-ce que vous parlez du cumul des permis... est-ce que c'est un
problème plus aigu dans les régions de pouvoir survivre ou vivre
décemment en ne vendant que de l'immeuble, et on sent le besoin d'un
cumul de permis pour pouvoir, justement, permettre à un individu de
survivre? Est-ce que, plutôt que le cumul des permis, le cabinet
multidisciplinaire, avec la possibilité de partage de commissions de
référence, ne répond pas en grande partie à ce
besoin de se regrouper et de jouir d'une foule de services?
M. Brisson: On est entièrement d'accord avec vous. De
toute façon, le cabinet multidisciplinaire et les
références rémunérées et
comptabilisées, nécessairement, va rencontrer, comme je vous le
disais tantôt, probablement 98 % de nos exigences. Mais, je dis tout
simplement cumul des permis par rapport à d'autres professions qui l'ont
et, d'autre part, peut-être pour 1 % des agents d'immeubles qui peuvent
cumuler un permis ou deux et aussi par l'obligation, comme je le faisais en
parenthèse au début... Quand on vend un édifice,
propriété d'une corporation, plus souvent qu'autrement, on sait
que c'est toléré actuellement, mais on n'a pas le permis pour le
faire. Alors, ça réglerait ces problèmes.
Mme Robic: Oui. Mais je voudrais vous rappeler que les
intermédiaires de marché, ils n'ont pas le droit de cumuler
n'importe quels permis en ce moment. Ils peuvent être courtiers
d'assurance-vie, dommages, et planificateurs financiers. Ils ne peuvent pas
s'en aller sur tous les fronts. C'est tout de même circonscrit.
M. Brisson: Excusez. Est-ce que je peux ajouter autre chose? Il
est certain que les courtiers intermédiaires de marché peuvent
cumuler un permis d'immeubles à condition que la Loi sur le courtage
immobilier le leur permette.
Mme Robic: Oui.
M. Brisson: Mais d'autre part, vous savez forcément bien
qu'ils sont déjà entrés dans notre préoccupation
première. C'est que les agents d'assurance-vie captifs ont le droit de
faire du prêt hypothécaire actuellement et ils ont un permis pour
le faire, alors que...
Mme Robic: Ils ont un permis pour le faire?
M. Brisson: Oui. Leur permis d'assureur-vie leur permet de le
faire.
Mme Robic: Ah, leur permis d'assureur-vie, c'est inclus dans le
permis de l'assurance.
M. Brisson: Alors, ce qui arrive, c'est qu'on dit ceci. C'est
qu'on va laisser d'autres intermédiaires de marché nous gruger
petit à petit. Et nous autres, on ferme la porte. On dit à nos
représentants: II n'est pas question que vous touchiez à
ça, d'autres permis. Je pense qu'à long terme, on se doit de
permettre le cumul des permis, bien qu'on sache qu'en pratique, très peu
d'agents vont le faire.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre.
M. Imbeault: Et surtout, je pense qu'en région, si on
pense aux grands centres, par exemple... Dans les grands centres, on sait que
les bassins de population sont quand même plus nombreux et les
possibilités de transactions sont énormément plus
nombreuses aussi. Les transactions sont plus grosses. Donc, à ce
moment-là, les possibilités d'un revenu qui a de l'allure sont
quand même meilleures. Mais si on pense, par exemple, dans des
régions périphériques, comme quand tu sors des grands
centres, tu t'en vas au Lac-Saint-Jean, tu t'en vas sur la Côte-Nord,
dans le Bas-du-Fleuve, je pense à ce moment-là que ce
monde-là a besoin aussi d'agents d'immeubles. Mais cependant, un agent
d'immeubles dans un village, par exemple, comme Forestville, ne peut pas gagner
un salaire de 35 000 $, 40 000 $ par année. Cependant, s'il avait la
chance de pouvoir avoir un permis restreint dans autre chose, peut-être
qu'à ce moment-là, il pourrait gagner sa vie et quand même
donner un service au niveau de la population d'un tel village qui en a quand
même besoin.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre... Mme Robic:
Oh!
Le Président (M. Forget): ...le temps à votre
disposition est écoulé. Alors, le député de
Gouln.
M. Boisclair: Je serais prêt à accorder à la
ministre quelques minutes pour qu'elle puisse reprendre cette interrogation des
plus pertinentes.
Mme Robic: Oui. Je n'ai pas de réponse à apporter
tout de suite. Je pense que les remarques sont pertinentes. On va en tenir
compte. Mais, je voudrais vous faire remarquer que vous êtes à peu
près les seuls qui nous parliez du cumul des permis. Tous les autres
intervenants étaient contre le cumul des permis et même, un
intervenant de Baie-Comeau nous disait: Non, c'est un travail à temps
plein, l'immobilier. Alors, c'est pour ça que je ne serais pas
prête
aujourd'hui à me prononcer.
Une voix: Oui, c'est... Oui, allez.
M. Imbeautt: De toute façon, je pense que quand je vous
dis qu'il y a un cumul de permis, c'est que je ne parle peut-être pas
d'avoir trois ou quatre permis. Mais je pense que, personnellement, à
titre d'employeur, je reste persuadé qu'une population, peu importe
où elle est située, se doit d'avoir Un service. Mais, pour avoir
un service, il faut quand même avoir les possibilités et les
moyens de le faire. Quand je vous parlais tantôt, je vous donnais
l'exemple de Forestville, mais on pourrait parler de n'importe quelle place. Je
pense que ça revient quand même au même. Dans un village qui
est situé à 25 ou 30 milles d'un grand centre, et puis qu'il y a
quand même une population de 7000 à 8000, donc, à ce
moment-là, je pense que cette population-là a droit à un
service elle aussi. Elle doit avoir un médecin, elle doit avoir un
avocat, elle doit avoir des notaires. Je pense qu'elle doit avoir un service
aussi, mais on ne peut pas le lui donner parce que, justement, un agent ne peut
pas gagner sa vie adéquatement. (12 h 45)
M. Boisclair: J'aimerais revenir sur cette question-là,
parce que je fais le même constat que la ministre: il y a peu de gens qui
nous ont parlé du cumul des permis. La ministre vous a posé la
question tout à l'heure et je vais vous la reposer: Jusqu'à quel
point ce n'est pas le cabinet multidisciplinaire qui est la réponse?
M. Imbeault: Pardon?
M. Boisclair: Jusqu'à quel point ce n'est pas le cabinet
multidisciplinaire qui est la réponse?
M. Imbeault: On y pense. On y pense aussi, puis je crois que
c'est peut-être une des façons d'arriver à rentabiliser un
secteur, un bureau comme tel. Mais, encore là, si, dans une petite
région, dans un petit patelin, même si c'est un bureau
multidisciplinaire, tu ne peux pas avoir Je ne sais pas... écoute, tu ne
pourras pas le rentabiliser quand même. Parce que, même si tu as un
bureau où tes coûts d'opération sont diminués parce
que tu as deux ou trois disciplines à l'intérieur, le
marché est quand même limité.
M. Brisson: Moi, je voudrais ajouter autre chose, c'est qu'il y a
une force qu'on oublie et qui, à mon point de vue, dans l'avenir, va
être très importante pour arrondir également le revenu d'un
agent d'immeubles. Plus souvent qu'autrement, depuis des années, il
s'est occupé de faire le financement de la résidence qu'il vend
et il n'a jamais été rémunéré. Il s'est peu
soucié de ça. Et plus vite il va trouver son financement, plus
vite il va avoir sa commission comme vendeur de l'immeuble. Mais, à
moyen terme, il a déjà actuellement... C'est qu'il va avoir
également son revenu en tant qu'agent pour faire du prêt
hypothécaire. Actuellement, ce qui se passe dans le marché - il
ne faut quand même pas avoir les deux yeux fermés - c'est que les
institutions bancaires et d'assurances proposent des ententes avec des
courtiers d'immeubles pour rémunérer, une référence
- ils appellent ça une "référence", au départ -
mais c'est presque un acte. Ils disent: C'est une référence, mais
si tu veux compléter le dossier au complet, il va y avoir 75 $ de plus.
Mais moi, je peux vous dire, par exemple, que je connais une banque au
Québec qui a déjà signé 18 ententes avec des
courtiers d'assurances pour faire du prêt hypothécaire. Est-ce
qu'on ne vient pas chercher de l'argent dans les poches des agents d'immeubles?
Et laissez-moi vous dire que ça va prendre de l'ampleur.
Alors, à partir de là, je me dis: Si on laisse entrer
d'autres intervenants dans notre secteur d'activité, il faudrait quand
même se donner l'appareil pour entrer dans le secteur de l'autre. C'est
ça. Au moment où on se parle, c'est contre ça, je pense,
qu'il faut se prémunir. Je ne vous dis pas que ça va être
la solution à tous les problèmes des agents, mais je pense qu'il
faut quand même tenir compte de ça. Ça se fait en sens
opposé. Je connais une banque qui a 18 contrats signés sur
papier, et j'en connais beaucoup d'autres, des caisses populaires et...
M. Boisclair: Vous n'avez pas à me convaincre plus
longtemps, j'ai...
M. Brisson: ...d'autres compagnies d'assurances. Et il y a des
compagnies d'assurances qui ont des ententes similaires avec des agents
d'assurance-vie et avec des courtiers en assurance générale. Je
peux vous dire que ça prend de l'ampleur et très rapidement,
parce que les institutions financières ont compris une chose, c'est que
tout le monde s'est garroché, à un moment donné, pour
essayer d'acquérir des entreprises pour faire de la diversité
dans les produits à offrir au public, mais ils réalisent une
chose, c'est que même avec des centaines et des centaines de milliers de
dollars, ils ne peuvent pas créer la compétence, ils ne peuvent
pas multiplier des gens aptes à offrir différents services et ils
marchent par référence. Tout ce genre de travail-là, comme
je vous dis, on est d'accord que ça va passer d'abord et avant tout par
la référence. Mais la référence, actuellement, sous
le chapeau de la référence, c'est qu'on vient nous offrir des
contrats - et je suis bien placé, je suis un courtier d'assurances et
ça m'est offert assez fréquemment - des ententes signées
sur papier, qu'on appelle des ententes de référence, mais on dit:
Si tu veux aller plus loin... Il y a un paragraphe qui dit: "Si tu veux
compléter le dossier, tu viens de poser un geste
de courtier en immeubles et tu es payé pour." Jusqu'où
ça va aller?
Alors, moi, je me dis que, si d'autres professions entrent dans notre
secteur, pourquoi se fermer, se mettre une barrière qui dit: Nous, on ne
peut pas rentrer dans l'autre. Établissons les règles et quand
quelqu'un pourra le faire, il le fera. Mais, je reste persuadé que, l'an
prochain, même si le cumul de permis était admis, il n'y aura pas
50 % des agents d'immeubles qui vont aller chercher un permis dans d'autres
secteurs d'activités. Mais, je pense qu'il faut que ce soit prévu
dans la loi, parce qu'une loi, ça ne se change pas tous les deux
ans.
M. Imbeault: II faut quand même avoir les connaissances, je
pense, pour avoir un cumul de permis; il faut quand même avoir les
connaissances adéquates pour remplir les exigences du permis. Mais, il
reste quand même, pour continuer dans la même veine que M. Brisson,
qu'actuellement, on perd des revenus justement parce qu'on est trop
fermés. On n'a pas les possibilités d'aller chercher ces
revenus-là. Si, demain matin, on pouvait aller signer une entente avec
un créancier hypothécaire et dire: O.K., on peut échanger
des références entre nous autres. Donc, à ce
moment-là, on vient d'aller s'ouvrir une porte pour aller chercher des
revenus additionnels et des revenus d'appoint, à part ça.
M. Boisclair: Je vous remercie pour ce témoignage,
"réalité terrain", que bien des gens vivent. Il s'agit d'avoir
acheté une maison pour savoir qu'ils nous réfèrent
à une banque, la banque nous réfère à un notaire et
puis, c'est...
M. Brisson: Et on les réfère à un courtier
d'assurances.
M. Boisclair: C'est ça. Le meilleur, c'est qu'il y a des
banques qui vendent de l'assurance maintenant. Moi, je vous invite juste... Et
vous n'êtes pas le premier, hier, les gens qui sont venus en commission
nous ont tous donné leur idée de la composition de l'organisme
d'autoré-glementation. Aujourd'hui, je ne sais pas, il y a des
organismes qui sont venus se présenter... les entreprises qui sont
venues se présenter devant nous aujourd'hui ont dit: Ce n'est pas notre
responsabilité, ce n'est pas... On laissera ça aux bons soins du
législateur de déterminer la... Je suis content de voir qu'elles
nous font confiance. Mais, je vous dis qu'il y a un danger, là. Vous
dites, dans votre mémoire: "Le recours à
l'auto-réglementation nous apparaît plus approprié en
raison de sa flexibilité, de sa rapidité de réaction aux
changements ainsi qu'en raison d'un nouveau phénomène de
franchisage."
Si on veut s'assurer, il y a bien des possibilités sur la
composition de cet organisme-là. On parlait tout à l'heure de la
question de la rémunération; je n'ai tout de même pas
compris de l'échange que vous avez eu avec la ministre qu'elle avait
l'intention de réglementer sur le mode de rémunération. Je
ne pense pas du tout que ce soit approprié de le faire. Mais...
Mme Robic: On parlait de façons de...
M. Boisclair: Vous vous informiez de la réalité sur
le terrain.
Mme Robic: ...de s'assurer de... C'est ça.
M. Boisclair: C'est ça. Pour votre propre connaissance.
Mais il y aurait une possibilité. On pourrait très bien voir un
certain nombre de représentants des agents qui pourraient siéger
à cet organisme d'autoréglementation. Donc, je pense que le
mémoire, le document de consultation, a le mérite de soulever un
certain nombre d'interrogations. Maintenant, il faut aussi se poser la
question, je crois, de quelle façon va-ton être capable de
répondre de la façon la plus adéquate à ces
préoccupations-là? Et c'est sûr que la composition de cet
l'organisme d'autoréglementation, les gens qui y siégeront... on
pourra rapidement voir, de par les responsabilités que ces
gens-là occupent, quelles préoccupations ils refléteront
ou quelles tendances, ou quelle tangente l'organisme
d'autoréglementation prendra. Donc, c'est juste une réflexion que
je veux laisser. Je sais que vous aimeriez bien y participer, soit des gens des
chambres de votre région, mais il va falloir se la poser cette question.
Parce que, quand on aura un projet sur la table, vous serez pour, ou vous serez
contre, et vous proposerez peut-être des amendements.
M. Brisson: Je pense que, quand je dis que je laisse à vos
directives le soin de cet office d'autoréglementation, je ne suis quand
même pas si bête, parce que je sais bien que l'Association des
courtiers d'immeubles va se présenter, les chambres d'immeubles vont se
présenter, les organismes comme le nôtre vont se présenter.
Ils vont faire des mémoires, ils vont demander à participer. Je
pense que l'organisme d'autoréglementation, ça devrait être
une autre table. Vous allez inviter, j'imagine, comme gouvernement responsable,
les représentants de l'Association, des chambres d'immeubles, des
franchiseurs, des trusts, des fiducies, tout le monde qui patauge dans
l'immobilier. Ça, là-dessus je ne suis pas inquiet. Je ne pense
pas, quand on dit: On vous laisse le soin de bâtir l'office
d'autoréglementation, que vous allez vous enfermer entre quatre murs, et
que vous allez l'écrire. Je ne pense pas que ça va se faire comme
ça.
M. Boisclair: Non seulement sur la composition, mais sur le
processus de nomination, aussi. Il y a bien des façons: ils peuvent
être nommés, ils peuvent être cooptés, ils peuvent
être élus
par un collège électoral. Il y a une série de
possibilités. Je crois que vous faites confiance à la ministre et
que vous êtes convaincus qu'elle arrivera à faire le consensus. Je
le souhaite moi aussi. Mais, je veux juste vous dire qu'il peut y avoir un
piège là et je vous invite à être vigilants sur
cette question. Non seulement sur la composition, mais sur le processus de
nomination aussi, le nombre de mandats, la durée, la présidence,
l'exécutif, le fonctionnement, les budgets. Mais là, les budgets
viendront et il se financera par lui-même. C'est une réforme
à coût zéro. Il faut voir dans cette volonté
ministérielle une certaine préoccupation d'économie. Je
spécule un peu. Mais, vous comprenez, c'est pour ça que je
trouvais ça un peu dommage. Vous n'êtes pas le premier qui me
lé dites.
M. Brisson: Je comprends très bien votre message et je
dois vous dire aussi que, le matin où il sera décidé qu'il
y aura un organisme d'autoréglementation, on sera assez vigilants pour
faire nos représentations.
M. Boisclair: Vous ferez vos représentations, ou vous
pourrez faire une représentation, bien sûr, auprès de la
ministre, mais vous n'aurez plus beaucoup de porte officielle. Une fois que le
processus est enclenché, il y a un dépôt de projet de loi,
il y a étude article par article. Il pourrait, à la limite, y
avoir une commission parlementaire où vous pourriez, de façon
officielle, vous faire entendre si la ministre décide qu'il y a une
commission parlementaire ou des auditions particulières sur la question,
mais vous aurez moins de tribune, en tout cas, pour vous faire entendre.
M. Brisson: On a spértfié, dans notre
mémoire, que l'organisme d'autoréglementation devrait être
semblable à celui qui a été fait sur les
intermédiaires de marchés financiers. Alors, dans notre
tête, c'est à peu près dans ce sens-là que ça
devrait être créé.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, le temps à votre disposition...
M. Boisclair: Oui. Je vous remercie pour votre...
M. Imbeault: Personnellement, j'aimerais ajouter que je fais le
voeu que, quand on va former ce comité ou cet organisme, on pense
à l'ensemble du Québec et qu'on ne pense pas seulement aux grands
centres.
M. Boisclair: Votre préoccupation m'est très...
C'était très clair, votre message.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le
député de Gouin.
M. Imbeault: Habituellement, on oublie tout le temps les
régions périphériques. On pense tout le temps aux grands
centres et en fonction de ça, mais c'est un petit peu le contraire que
je souhaite personnellement.
Le Président (M. Forget): La conclusion, Mme la
ministre.
Mme Robic: M. le Président, je pense que, si on tend
à faire confiance... vous savez que je consulte le milieu avant de
prendre mes décisions. Alors, j'ai l'intention de continuer à ie
faire.
M. le Président, je voudrais aussi reprendre un peu pour vous
dire que le gouvernement ne se désengage pas pour faire des
économies d'argent puisque c'est un milieu qui s'autofinance
déjà. Le bureau est autofinancé. Mais, je crois que c'est
tout à l'honneur du milieu d'être prêt à se prendre
en main, d'avoir créé lui-même un organisme sérieux
avec un code de déontologie, etc. Donc, je pense qu'on doit l'appuyer
dans cette démarche. On a réalisé que cette profession est
arrivée à un point tel qu'elle est prête à prendre
ses responsabilités. C'est tout à son honneur. On veut vous
appuyer et vous donner les outils dont vous avez besoin, mais, bien sûr,
avec droit de regard. Merci infiniment, messieurs.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Je voudrais vous remercier. Cette
préoccupation-là, vous êtes l'un des premiers, à ma
connaissance, qui nous en parlez Soyez assurés que ce n'est pas
tombé dans l'oreille d'un sourd.
M. Imbeault: Elle est très importante pour la survie
même de ces régions-là au niveau de la profession comme
telle. Actuellement, il y a quand même une chose; c'est qu'on est
encadrés par une association qui fait énormément et qui a
fait énormément dans les 10 dernières années, et je
pense qu'on peut continuer à progresser, mais, pour continuer à
progresser, je pense que ça prend les idées et les...
M. Boisclair: Les moyens pour le faire.
M. Imbeault: C'est ça, les moyens pour te faire, mais il
faut aussi avoir le son de cloche de ce qui se passe partout en région.
Il ne faut pas écouter uniquement les grands centres.
M. Boisclair: Je vous remercie. Mme Robic: Les gens de la
ville.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission...
M. Imbeault: Ils ont leurs idées, mais ils en ont des
bonnes, des fois, en campagne.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie de votre mémoire. Merci.
On va suspendre nos travaux jusqu'à 16 heures. Les travaux
recommenceront à 16 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Forget): La commission reprend sa
consultation générale sur le courtage immobilier. Alors, j'invite
le prochain organisme, Royal LePage, à prendre place à la table
de la commission. Je demande au porte-parole du groupe de s'identifier et de
présenter les personnes qui l'accompagnent.
Royal LePage
M. Collins (Keith W.): Bonjour M. le Président, MM. les
membres de la commission,
Mme la ministre. Mon nom est Keith Collins et je suis le
vice-président directeur général ou le directeur
régional pour la région de Montréal de la
société Royal LePage. Je suis accompagné de
Me Henry Altschuler, conseiller juridique de notre
société.
Le Président (M. Forget): Alors, je vous rappelle
maintenant les règles de l'audition: 20 minutes seront d'abord
consacrées à l'exposé de votre mémoire et suivra
une période de 40 minutes d'échanges avec les membres de la
commission. Alors, à vous la parole.
M. Collins: Alors, durant les prochaines minutes, je voudrais
vous parler de notre société pour ensuite aborder nos
préoccupations en ce qui concerne la profession de l'immobilier et la
refonte de la Loi sur le courtage immobilier au Québec. La
société Royal LePage est en affaires depuis plus de 75 ans et le
résultat de la fusion des deux principales sociétés,
à l'époque, de courtage immobilier du Canada, notamment A.E.
LePage, fondée en 1913, et les Services immobiliers du Trust Royal,
fondée en 1892. Cette fusion de deux sociétés
établies de longue date au Canada a permis de mettre en commun une
connaissance approfondie du marché de l'immobilier, de même que
les hautes valeurs d'intégrité de services et de
professionnalisme. Royal LePage est une entreprise diversifiée qui
s'occupe de tous les secteurs de l'immobilier, vente et location
résidentielle, vente commerciale, location de bureaux et locaux
industriels, placement immobilier, gestion de capitaux et de
propriétés, évaluation et service de relogement.
Aujourd'hui, nous comptons quelque 350 bureaux au Canada, avec 10 000
employés, dont 7500 agents immobiliers. Dans la province de
Québec, nous avons 50 bureaux et 1200 agents. Malgré
qu'aujourd'hui je ne suis pas ici pour solliciter le mandat pour la vente de
votre propriété, je crois primordial, quand môme, que vous
compreniez notre optique sur la profession en immobilier.
La mission de Royal LePage a été conçue en guise de
valeur de l'entreprise qui sera significative pour toute personne entrant en
contact avec notre société, y compris nos clients, les agents
immobiliers, membres du personnel de soutien, membres de la direction ou
actionnaires. L'énoncé de notre mission se lit, en partie, comme
suit: "Envers nos clients, nous nous engageons à fournir des produits et
des services immobiliers de qualité supérieure, innovatrice et
d'avant-garde. Nos relations d'affaires avec nos clients seront empreintes du
plus haut degré d'honnêteté, de crédibilité
et d'équité. Envers ceux qui font le monde des affaires avec
Royal LePage, nous nous engageons à apporter un degré de
professionnalisme en immobilier qui contribue au bien-être
général de la communauté. Voilà la mission que nous
nous sommes fixée.
Nous ne devons jamais perdre de vue qu'il nous faut absolument assurer
la qualité de notre service. C'est la raison pour laquelle nous avons
établi des règles, des méthodes et des critères de
services à l'échelle du pays, dont j'ai deux exemplaires avec moi
aujourd'hui. Dans le document de consultation, Mme la ministre mentionne que la
protection du public et que la surveillance de la pratique du courtage
immobilier sont autant de questions et de problématiques qui
méritent une étude sérieuse. Comme vous pouvez le
constater, nous avons toujours consacré un effort maximal à cet
égard, et c'est pour cette raison que nous nous réjouissons du
démarrage du processus de la refonte de la Loi sur le courtage
immobilier.
Il est clair que, comme précisé dans l'introduction du
document de consultation: "L'achat d'une valeur immobilière, la plupart
du temps une résidence familiale, constitue dans bien des cas la base du
patrimoine d'une majorité de citoyens et citoyennes et représente
souvent leur principal investissement." Quand même, il ne faut pas
oublier que les secteurs commercial, industriel, d'investissement ainsi que la
location commerciale et industrielle font aussi partie intégrante du
domaine immobilier, et toute législation doit comprendre et inclure ces
secteurs.
La présente Loi sur le courtage immobilier ne fait pas de
distinction entre les diverses activités dans le domaine et concerne
surtout le secteur résidentiel.
L'adhésion à une chambre d'immeubles est strictement libre
et volontaire, et plusieurs courtiers, pratiquant surtout dans les secteurs
autres que le résidentiel, ne font pas partie et ne sont pas
liés par les règlements internes de ces chambres, même si
lesdits règlements concernent la protection du public.
Malheureusement, dans certaines de ces chambres d'immeubles, il y a une
tendance pour plusieurs membres d'essayer de se regrouper afin de
contrôler la chambre pour leur propre bénéfice et sans
penser au bien-être général de la chambre.
Les chambres d'immeubles deviennent parfois des forums politisés
où chaque membre pousse ses propres intérêts. Le
système de contrôle est inutile ou utilisé injustement et
arbitrairement, au détriment de tous les membres. Il est à
souhaiter que la structure proposée incorporera un organisme impartial
et libre d'intérêt personnel.
Comme l'Association réunit à titre de membres les 13
chambres d'immeubles du Québec, il est évident que les courtiers
qui ne sont pas membres d'une chambre d'immeubles ne sont aucunement
liés par les règlements de l'Association. D'autre part, comme
l'Association dépend des différentes chambres d'immeubles pour
promulguer et interpréter ses règlements, incluant son code de
déontologie, leur application est différente, selon les diverses
chambres d'immeubles. Encore une fois, il est à souhaiter que la
structure proposée incorporera un organisme qui appliquera
unilatéralement les règlements à travers le
Québec.
Il est absolument vrai que l'absence de reconnaissance juridique aux
chambres d'immeubles ainsi qu'à l'Association de l'immeuble du
Québec empêche un contrôle efficace de la profession. Quand
même, il faut se rappeler que ces deux organismes sont, en
réalité, formés par les courtiers pour faire valoir leurs
propres intérêts et on ne peut pas, sans restructuration majeure,
les adapter au nouvel organisme envisagé par le document de
consultation.
Les principes de la structure proposée sont clairs et bien
formulés. Il faut quand même tenir compte des commentaires faits
au chapitre 1 au sujet de l'impartialité du nouvel organisme. Cet
organisme ne doit pas devenir un forum pour les disputes entre courtiers. Il va
sans dire que tous les courtiers et agents du Québec ainsi que toute
autre personne impliquée comme intermédiaire dans une transaction
immobilière devront être sujets à la juridiction de ce
nouvel organisme.
L'organisme d'autoréglementation proposé est un concept
bien fondé et très nécessaire dans le domaine immobilier.
Le conseil d'administration doit refléter l'importance des divers
courtiers dans le marché immobilier. Mais, encore une fois, on doit
s'assurer qu'aucun groupe ne puisse utiliser cette structure pour ses propres
fins.
L'organisme a un rôle de surveillance et de contrôle sur les
activités des courtiers et des agents d'immeubles. Les courtiers sont
responsables des activités des agents à leur emploi. Et tout
courtier responsable doit nécessairement contrôler et
vérifier les activités de ses agents. On ne veut surtout pas que
cet organisme devienne un forum que les agents utilisent pour essayer de
limiter le contrôle des courtiers.
Pour s'assurer de l'impartialité de cet organisme ainsi que de la
protection du public, il serait peut-être préférable que
certains membres du conseil d'administration soient non liés au domaine
immobilier. Bien que les chambres d'immeubles resteront en vigueur, il sera
préférable d'avoir un organisme qui s'occupe complètement
de la conciliation et de l'arbitrage, soit entre membres, non-membres et
même quand les consommateurs sont impliqués. Avoir plus qu'un
système d'arbitrage risque de créer de la confusion dans les
résultats. On suggère que le nouvel organisme s'occupe
exclusivement de tout arbitrage et conciliation et que, pour garder
l'impartialité dans un arbitrage, un des arbitres soit non lié au
domaine immobilier.
En ce qui concerne la réglementation, il est évident que
les règlements élaborés par l'organisme peuvent porter sur
les sujets énumérés. Quand même, il est à
souhaiter que les courtiers puissent avoir l'occasion de discuter et de donner
leur opinion sur les règlements proposés.
La formation. Il est nécessaire et obligatoire que le nouvel
organisme vérifie et contrôle la qualification des courtiers et
des agents d'immeubles. C'est seulement en contrôlant la formation des
agents d'immeubles que ce métier acquerra le professionnalisme
désiré. Trop souvent, le métier d'agent d'immeubles attire
ceux qui ont échoué dans d'autres domaines et seule la formation
peut changer ce fait. Premièrement, on doit se demander si
l'éducation minimum requise pour devenir agent d'immeubles est
suffisante. N'importe la réponse, on suggère qu'avant qu'un agent
reçoive son permis permanent, il doive faire un stage d'au moins trois
mois avec un courtier. À la fin de cette période, l'agent recevra
son permis permanent sur la recommandation du courtier et en autant que son
comportement le mérite. Les transactions commerciales qui impliquent les
propriétés commerciales, industrielles et d'investissement sont
souvent très compliquées et nécessitent une connaissance
plus profonde des matières de comptabilité. On suggère
qu'un permis commercial devienne un deuxième niveau de permis, qui n'est
accordé qu'après des cours et examens supplémentaires. On
suggère également que ce critère soit applicable aux
courtiers qui veulent pratiquer dans le domaine commercial.
Le comité de discipline. Les suggestions déjà
faites dans la section "L'organisme d'autoréglementation" sur la
nécessité de la présence de personnes non liées au
domaine immobilier sont aussi applicables au comité de discipline. Pour
assurer l'impartialité de ce comité, il doit
également comprendre des membres non liés à
l'immobilier. i Au chapitre 3, la pratique du courtage immobilier. On est
d'avis que la meilleure protection pour le public est un contrôle strict
par le courtier de ses agents et la surveillance d'un courtier sur ses agents
ne doit pas seulement être maintenue mais aussi élargie. En somme,
on est d'accord avec tous les principes énoncés dans cette
section qui touchent à la personne qui peut obtenir un permis de
courtier, mais il y a quand même un commentaire qu'on veut ajouter. La
section mentionne qu'un courtier ayant plusieurs places d'affaires doit
désigner un responsable différent pour chacune des places
d'affaires, et que ce responsable doit avoir les qualifications et
l'expérience requises à l'obtention d'un permis de courtier.
De plus en plus, la gérance des bureaux implique
l'administration. Parfois, il est mieux d'avoir un administrateur en charge du
bureau. Dans ce cas, l'administrateur n'aura pas les qualifications pour
obtenir un permis de courtier, mais il travaillera sur la gérance
générale du courtier. Demander que cet administrateur ait les
qualifications pour devenir courtier peut peut-être décourager les
diplômés en administration qu'on essaie d'attirer dans le domaine
immobilier. Comme on l'a déjà mentionné, la protection du
public exige que le courtier contrôle et soit responsable pour ses
agents. Quand même, chaque personne doit être responsable pour ses
propres gestes et la responsabilité des agents doit être
augmentée. Trop de fois, un agent agit avec négligence et
ensuite, il laisse les dommages au courtier ou encore, il change tout
simplement d'employeur. L'agent doit assumer une responsabilité pour sa
négligence. La capacité financière d'un courtier est
importante et il y a des arguments à faire valoir à l'effet que
la capacité minimale exigée présentement doit être
augmentée. Quand même, la chose importante est de s'assurer qu'il
n'y a aucune trace de subjectivité en déterminant une
capacité financière. La seule façon de l'assurer est
d'exiger le dépôt d'une somme d'argent ou d'un cautionnement
équivalent.
En ce qui concerne le cumul des permis, le domaine de l'immobilier
devient de plus en plus compliqué et les courtiers ainsi que les agents,
pour maintenir un certain professionnalisme, doivent exercer leur métier
à plein temps et être prohibés d'exercer d'autres
occupations et professions. Ils ne doivent pas avoir le pouvoir de cumuler les
permis, certificats ou licences visés par la Loi sur les
intermédiaires du marché. Dans la même veine, la
présence des courtiers et agents d'immeubles dans un cabinet
multidis-ciplinaire détracte du professionnalisme de ces derniers. On
craint que les courtiers et agents attachés à ce genre de cabinet
deviendront plutôt un outil de marketing associé à un genre
de produit. On est d'accord que le nouvel organisme doit avoir le pouvoir de
juger quelles activités sont incompatibles avec l'exercice du courtage
immobilier, mais comme on est persuadés que le domaine du courtage
immobilier doit être limité aux courtiers et agents qui
travaillent à plein temps dans ce domaine, ces activités doivent
nécessairement être limitées aux activités des
courtiers et agents.
La franchise. On est très concernés avec la franchise dans
le domaine immobilier, et le nouvel organisme doit avoir une
responsabilité directe dans ce secteur. Le manque de contrôle sur
les agents dans certaines compagnies franchisées est une source
constante d'inquiétude. Le public a l'impression qu'il fait affaire avec
une grande organisation sujette à tous les contrôles financiers et
administratifs. Il ignore que le franchisé est un courtier
indépendant et que le franchiseur n'est pas responsable des
activités du franchisé. Chez Royal LePage, notre client est le
public; chez le franchiseur, dans bien des cas, le client, c'est l'agent
d'immeubles. Les franchisés doivent déclarer qu'ils sont des
courtiers indépendants et le nom du courtier responsable doit être
clairement affiché. Il est très important que le nouvel organisme
s'assure que le courtier indépendant surveille ses agents car beaucoup
d'opérations franchisées traitent des agents comme des locataires
de bureaux et n'exercent aucun contrôle sur leurs activités.
L'assurance-responsabilité professionnelle est obligatoire et
dans aucun cas le nouvel organisme doit avoir le pouvoir d'accorder une
exception à cette obligation. Par contre, et j'ajoute au mémoire
que nous avons soumis, nous ne sommes pas en faveur de la création d'un
fonds d'assurance globale qui exigera la participation de tous et chacun. Il
sera illusoire de penser qu'une assurance erreur et omission réglerait
tous les problèmes existant dans l'industrie de l'immobilier et
d'assurer la protection du public. Les risques sont très
différents partout dans l'industrie vis-à-vis les types de
propriétés et les différentes régions dans la
province. La création d'un tel fonds créera une fausse
sécurité pour le public et pour l'industrie. En effet, nous avons
le devoir d'être consciencieux. Ceux qui agissent consciencieusement
seront pénalisés par les gestes de ceux qui ne le sont pas, car
le coût d'une telle assurance dépendra du nombre et de la nature
des réclamations ainsi que du coût d'administration du
régime. La tentation d'être moins consciencieux est une forte
possibilité, car les gens se cacheront derrière le fait qu'ils
sont assurés. Ceci peut nuire à la notion de protection du
public. De plus, les agents et courtiers deviendront l'objet de litige par tous
et chacun.
Je vais passer dans le mémoire à la
rémunération. En principe, on est d'accord que dans le domaine
résidentiel, le partage de commission devrait être limité
aux détenteurs de permis. Quand même dans le domaine commercial,
la
commission de référence est une pratique très
courante et bien établie et sa prohibition risque de déclencher
des commissions de référence clandestines.
Dans tous les domaines résidentiel et commercial, une commission
de référence doit être permise à un courtier dans
une autre juridiction, en autant qu'il est dûment licencié dans la
juridiction où il exerce sa profession. Le marché immobilier qui
devient de plus en plus global exige cette nécessité. Les
commissions ainsi que les commissions de référence sont
déjà bien documentées et n'ont pas besoin d'un registre
spécial. Les commissions de référence ne doivent
être divulgées au client que sur sa demande.
En terminant, quelques mots sur la divulgation de conflits
d'intérêts et de la spéculation. La spéculation par
les courtiers et agents est une trahison vis-à-vis le public qu'on
prétend servir. Chaque courtier ou agent ainsi que d'autres
employés des courtiers doivent, avant de faire partie d'une transaction
immobilière quelconque, divulguer, par écrit, à toute
autre partie impliquée, tous les faits pertinents à la
transaction incluant sa position comme courtier ou agent ou autre
employé de courtier et les raisons pour lesquelles il fait partie de
ladite transaction. La spéculation par courtier, agent ou autre
employé de courtier directe ou indirecte doit être absolument
prohibée. D'ailleurs, chez Royal LePage dans nos règles et
méthodes ici, nous trouvons la règle n° 1 qui se lit en
partie comme suit: Tout employé, qui conclut une transaction
immobilière dans laquelle il a un intérêt direct ou
indirect comme individu ou par l'entremise d'un membre de sa famille, d'une
société de personnes, d'un syndicat de propriétaires,
d'une société par actions ou de tout autre entité
commerciale, doit révéler, par écrit, aux autres parties
à la transaction tous les faits importants ayant trait au motif pour
lequel il achète ou vend le bien ainsi que sa qualité
d'employé de la société. Cette divulgation doit être
effectuée à l'aide de la déclaration de divulgation, avant
le début de toute négociation entourant la transaction à
titre d'agent. Le courtier immobilier doit également relever tous les
autres faits pertinents concernant la transaction immobilière
susceptibles d'influencer la décision des autres parties de conclure la
transaction, notamment le fait, par exemple, qu'une des parties à la
transaction est un membre de la parenté du courtier ou agent immobilier.
1' (16 h 45)
Finalement, encore dans les règles et méthodes de la
compagnie, H est écrit: "II est formellement interdit aux
employés de spéculer directement ou indirectement sur des biens
immobiliers. Un employé est réputé spéculer si la
propriété est vendue dans l'année qui suit la date
d'acquisition à moins qu'il ne puisse expliquer par un motif valable
autre que le profit de la cession rapide de la propriété. Il est
entendu que tout employé qui ne se conforme pas au présent
énoncé de politiques sera passible de congédiement", chose
qu'on a déjà faite d'ailleurs. La lecture de la présente
règle est une condition préalable à l'emploi par la
société Royal LePage. Il s'agit d'une attestation écrite
de l'intention de se conformer aux exigences de cette politique.
Or, M. le Président, membres de la commission et Mme la ministre,
nous vous remercions très sincèrement pour l'opportunité
que vous nous avez accordée pour la présentation de notre point
de vue. Merci.
Le Président (M. Forget): Alors, merci M. le
vice-président. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Collins, M.
Altschuler, bienvenue à cette consultation. On vous remercie d'y
participer d'ailleurs. Je pense que Royal LePage accumule plusieurs
années d'expérience dans le domaine du courtage immobilier.
Alors, on est heureux que vous ayez accepté de participer à cette
consultation.
C'est assez amusant de vous lire sur les chambres d'immeubles,
l'Association et la création d'un organisme d'autoréglementation.
Vous exprimez une crainte de noyautage au niveau des membres et au
détriment des courtiers. Hier soir, nous avons entendu un agent se
plaindre du contraire avec véhémence d'ailleurs, du manque de
participation. Alors, on aimerait que vous nous expliquiez comment vous voyez
la formation de cet organisme d'autoréglementation, de son conseil
d'administration pour répondre à toutes les attentes qu'on a
entendues ici autour de cette table, les représentations des courtiers,
des agents, des régions. On ne demandera même pas des notaires,
des avocats, des planificateurs, ceux qui veulent tous être sur la chose.
Là. je suis rendue que ça va prendre une salle plus grande qu'ici
pour avoir votre conseil d'administration. Je fais une blague là, mais
comment... Ha, ha, ha!
Une voix:... 36 membres.
Mme Robic: C'est rendu à 36 membres à peu
près. Il faudrait peut-être rouvrir ça, Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: Mais est-ce que vous vous êtes penchés
sur... Parce que ce n'est pas la première fois que j'entends ce genre
d'inquiétudes. Est-ce qu'il y a un modèle parfait d'un conseil
d'administration pour répondre à toutes ces
préoccupations?
M. Collins: M. Altschuler m'a dit: Si la question est
posée, vous répondez oui, une personne: moi. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: C'est à peu près ce qu'on a entendu.
M. Collins: Alors, comme ce ne sera pas trop, trop
démocratique. On n'a pas la solution exacte, évidemment. Je crois
que le nombre de personnes doit être assez restreint, peut-être 12,
13, 14, 15 personnes pour que les gens puissent s'asseoir autour de la
même table, que la composition soit faite peut-être par des
élections ou quoi que ce soit. La chose la plus importante, il faut que
ce conseil d'administration soit impartial et s'il est impartial et qu'il n'a
pas d'intérêt personnel à ce moment-là - c'est
peut-être naïf de penser qu'il n'y aura pas d'intérêt
personnel - mais, dans le fond, il est là pour protéger le
public. S'il protège le public, et qu'il sait bien protéger le
public, à ce moment-là, tout le monde est bien
protégé. Alors, la composition comme telle, on n'a pas de
solution. Ce serait peut-être bon que la ministre garde le pouvoir de
nommer une ou deux personnes, à un moment donné, si on voit qu'il
y a des intérêts personnels qui s'impliquent dans la composition
de ce conseil.
Mme Robic: Mais vous comprendrez que c'est vrai qu'il n'y a pas
un conseil parfait et que c'est un peu utopique de penser que les gens ne
défendront pas leurs propres intérêts. On espère
qu'ils soient capables de s'élever au-dessus de ça, la plupart du
temps. Est-ce que, pour tenter d'avoir un conseil le plus impartial possible,
il ne serait pas bon d'inclure, sur ce conseil-là, un membre du
gouvernement, par exemple, ou un membre du public, un consommateur qui
pourrait...
M. Collins: Justement, je crois que j'ai mentionné que ce
serait bon qu'il y ait au moins une ou deux personnes du public; bien
sûr, il faudra avoir quelqu'un du gouvernement, je suis bien d'accord
avec ça, que ce soit les gros courtiers, les petits courtiers, ou les
agents, ce n'est pas vraiment si important. Je crois qu'il y aura une balance
et je crois, comme vous, que les gens seront surtout à la hauteur de
leurs intérêts personnels.
M. Altschuler (Henry): Si je peux ajouter simplement, c'est
très important que ce conseil ne devienne pas un champ de bataille,
comme c'est déjà arrivé à plusieurs chambres
d'immeubles.
Mme Robic: Est-ce que ça devrait être la ministre
qui nomme les membres du conseil d'administration? Est-ce qu'on devrait aller
au suffrage universel des membres? Est-ce que ça devrait être
nommé par la ministre après recommandation des chambres
d'immeubles? Est-ce que vous avez réfléchi à tout
ça?
M. Collins: Franchement, on n'a pas réfléchi
à la formule. Non.
Mme Robic: Au niveau de la formation. M. Collins: Non.
Mme Robic: Vous traitez également de la conciliation et de
l'arbitrage. En ce moment, l'arbitrage des comptes, la conciliation est faite
au niveau des chambres. Vous nous dites, vous, si ma mémoire est bonne,
que l'on doit placer l'arbitrage au niveau de l'organisme
d'autorégle-mentation. D'autres nous suggèrent de laisser
ça aux chambres, disant que c'est plus efficace et plus rapide. Est-ce
que que vous verriez d'un mauvais oeil que l'organisme, bien sûr,
d'autoré-glementation ait la responsabilité du code de
déontologie, de la discipline mais qu'il pourrait déléguer
aux chambres l'arbitrage entre membres et la conciliation des comptes quand le
public n'est pas impliqué? Mais c'est bien sûr que ce serait une
délégation de l'organisme d'autorégle-mentation, et qu'il
faudrait que l'organisme d'autoréglementation soit informé de
tous les cas qui sont présentés aux chambres.
M. Collins: Je pense à mes expériences depuis
plusieurs années. Par exemple, j'étais à Sherbrooke,
alors, la Chambre d'immeubles de l'Estrie était, à ce
moment-là, pas très bien équipé pour faire
l'arbitrage. On le faisait, mais on ne le faisait peut-être pas de la
bonne façon, ce qui me laisse croire que chaque chambre a une
façon différente de traiter les choses. Si les gens
étaient formés à un endroit central et qu'on était
assurés que c'est la même procédure qui était
suivie, je crois qu'on n'aurait pas d'objection. C'est plutôt qu'on
voulait que ce soit impartial et que ce soit toujours pareil partout, à
n'importe quel endroit de la province.
Mme Robic: C'est de rétablir la qualité de
l'arbitrage pour que...
M. Collins: La qualité, oui.
Mme Robic: Mais, s'il y avait une délégation, vous
n'auriez pas une objection à ça. C'est au niveau de la
qualité de l'arbitrage où vous vous mettez des...
M. Collins: C'est plutôt la qualité. Je crois qu'on
n'aurait pas d'objection.
Mme Robic: Vous nous dites dans votre document que, sans le dire
ouvertement, vous semblez craindre que les changements qui devraient
s'opérer au niveau de l'Association, si on était pour
déterminer que c'est l'Association qui doit se transformer en organisme
d'autorégle-mentation, vous semblez avoir certaines craintes dans cette
possibilité de se transformer. Vous
dites: Ça demanderait une transformation majeure. Est-ce que vous
pouvez élaborer là-dessus?
M. Collins: Je crois que le commentaire était pour
s'assurer que ce soit impartial, juste. Il n'y a pas de doute que l'Association
a fait énormément de travail, et si on est rendus là
aujourd'hui dans notre industrie, c'est grâce au travail de
l'Association, il n'y a pas de doute. Je crois qu'ils sont très bien
placés. Depuis trois ans les structures, je crois, sont maintenant en
place. Je le crois sincèrement. Elles sont là. ils pourraient le
faire. Notre crainte, c'est qu'il faut que ce soit impartial, encore qu'on
n'est pas là pour nos intérêts personnels. C'est ta seule
crainte que nous avons.
Le Président (M. Forget): Alors, Mme la ministre, votre
temps est écoulé. Je passe la parole au député de
Gouin.
M. Boisclair: Merci, M. Collins, M. Altschuler. J'aimerais
d'entrée de jeu vous féliciter pour votre mémoire. C'est
un des rares mémoires que j'ai eu l'occasion d'entendre où vous
n'êtes pas gênés pour dire clairement ce que vous pensiez.
Votre mémoire est, à certains égards, très incisif
et j'apprécie beaucoup l'emphase que vous avez mis sur toute la question
de la protection du public.
J'aimerais revenir, et les questions de la ministre m'ont
confirmé dans mes craintes... D'entrée de jeu, lorsque le
critique à l'époque, M. Léonard, a participé
à l'ouverture de cette commission, il a souligné jusqu'à
quel point le document de consultation, à certains égards quoique
très intéressant, était assez flou. Il aurait
été intéressant, et on l'aurait souhaité, nous
autres, qu'on puisse discuter d'une proposition concrète quant à
la composition de l'organisme d'autoréglementation. Ça aurait pu
permettre d'avoir immédiatement des réactions et de susciter des
commentaires, quitte à faire un certain nombre de réajustements
par la suite, parce que c'est là, à mon avis, l'essence du
problème. Vous soulevez des craintes de noyautage. Vous soulevez dans
votre mémoire, et là vous le dites en page 4: D'une part "c'est
un concept bien fondé et très nécessaire dans le domaine
immobilier... mais on doit s'assurer qu'aucun groupe ne puisse utiliser cette
structure pour ses propres fins. " Les courtiers, je suis convaincu que vous
êtes aussi bons que nous autres, il y a beaucoup de politique qui doit se
faire dans votre milieu, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas une
idée de la composition et du mandat. Comment vont se faire les
élections? Est-ce que ça va être des nomminations, est-ce
que ça va être par un collège électoral? Est-ce que
ça va être par un suffrage universel? Il y a une série de
possibilités. Je pense que la majorité des craintes et des
commentaires qui sont formulés dans votre mémoire tiennent
essentiel- lement à une chose, à l'égard de l'organisme
d'autoréglementatfon, sa composition.
Je comprends que votre réflexion n'est pas arrêtée
sur la composition de cet organisme. Je souhaiterais que vous puissiez
l'approfondir et que vous puissiez nous faire part de vos conclusions. (17
heures)
Une première question. Vous sembiez avoir un code de
déontologie quand même assez strict à i'égard des
agents avec lesquels vous travaillez. J'aimerais que vous puissiez m'indiquer
le taux de roulement chez vous, ça a l'air de quoi? Est-ce que le fait
que vous ayez des exigences qui semblent assez sévères a une
conséquence directe sur le taux de roulement des agents chez vous?
Est-ce que vous recrutez des agents qui ont un certain nombre d'années
d'expérience? Avec quel genre d'agents vous faites affaire, s'il y a
moyen d'établir un profil?
M. Collins: Je dirais que 75 % des agents ont trois ans et moins
d'expérience. Nous avons plusieurs agents qui sont là depuis
plusieurs années, 20, 25 ans. Le roulement. Les gens qui quittent chez
nous pour aller travailler ailleurs, aux dernières statisques, ça
se chiffre dans les 18 % à 20 %, comparativement à 42 %, 44 % il
y a trois ans, chez nous, au moins. Parce que, évidemment, souvent on
appelait nos agents pour aller travailler ailleurs où la commission
était plus attrayante. Le roulement est, je crois, très bien
contrôlé maintenant. Là on voit que les gens veulent
revenir chez nous. C'est peut-être parce que les temps sont difficiles.
Mais peut-être aussi parce qu'ils réalisent que notre formule,
c'est la formule. Notre formule, c'est le service au publia C'est la raison
d'être de la compagnie. Il me semble que les gens qui veulent faire
carrière, ce n'est pas toujours une question d'argent. On peut faire
autant d'argent. Ce n'est pas la formule qui décide si on fait beaucoup
d'argent ou non. C'est notre façon de travailler, c'est notre
façon de voir les choses et c'est notre façon de traiter les
clients, la façon de traiter le public.
M. Boisclair: Votre message est on ne peut plus clair.
M. Collins: C'est clair. Même moi je l'ai compris.
Des voix: Ha, ha, ha!.
M. Boisclair: Dites-moi, vous faites une suggestion
intéressante, à la page 5, lorsque vous parlez de la question de
la formation. "On suggère qu'avant qu'un agent reçoive son permis
de permanent, il doit faire un stage d'au moins trois mois avec un courtier. "
Est-ce que vous parlez d'un stage rémunéré, sur une base
salariale?
M. Collins: Non, à moins d'avoir des subventions du
gouvernement.
Des voix: Ha, ha, ha!.
M. Collins: Qu'est-ce que vous en pensez, Mme la ministre.
M. Boisclair: Vous êtes, en tout cas...
M. Collins: Oui, durant le stage il gagnerait ses commissions,
c'est bien évident, s'il fait des ventes, s'il fait des
transactions.
M. Boisclair: Vous parlez des "transactions commerciales qui
impliquent les propriétés commerciales, industrielles et
d'investissement sont souvent très compliquées et
nécessitent une connaissance plus profonde des matières de
comptabilité." Il y a deux propositions qui sont sur la table.
Essentiellement on parle d'une part de spécialisation, ou on parle de
catégorie de permis. Est-ce qu'il y a une alternative que vous
suggérez ou une préférence à cet
égard-là? Parce qu'une fois qu'on a dit ça, il faut dire
concrètement comment on va traduire...
M. Collins: II faut faire la distinction. Il y a des gens... Je
me rappelle quand j'étais directeur de bureau, j'ai engagé
quelqu'un qui venait tout juste de finir ses cours de 210 heures, et la semaine
après qu'on lui ait montré où était les toilettes,
et il s'en souvenait sept jours après, bien là, il vient dans mon
bureau et dit: Là, je rentre dans le commercial. Et il voulait vendre la
Place Ville-Marie. Bien, après 210 heures, je doute fort qu'il soit
qualifié pour rentrer dans une telle transaction. Alors, quand c'est
vraiment spécialisé, si on parle du commercial et qu'on parle
d'un commerce, un dépanneur ou quelque chose comme ça, encore
là, peut-être que ce ne sera pas nécessaire. Mais quand je
parle de commercial, c'est des choses d'envergure, des choses importantes.
M. Boisclair: Donc, si je vous résume, vous êtes
d'accord avec des catégories de permis.
M. Collins: Avec?
M. Boisclair: Avec des catégories de permis.
M. Collins: Oui, qu'il y ait au moins deux catégories de
permis.
M. Boisclair: Sur la question du cumul des permis, j'aimerais
peut-être que... la ministre pourra peut-être m'éclairer,
mais j'ai... Vous vous y opposez. Vous dites que les courtiers doivent, pour
des raisons de professionnalisme, doivent "être prohibés d'exercer
d'autres occupations et professions." J'ai fait vérifier la loi 134, sur
les intermédiaires de marché. Et l'article 41 de la loi 134
prévoit qu'un titulaire de permis d'intermédiaire de
marché peut cumuler divers permis qui sont régis par une autre
loi. Est-ce que ça voudrait dire que, dans la situation actuelle, un
courtier d'assurances pourrait être aussi agent immobilier, ou
pourrait...
Mme Robic: Je pense que si vous lisez un peu plus loin, ça
dit qu'il faut que la loi sur l'immobilier leur permette de cumuler...
M. Boisclair: Alors il faudrait que cette disposition soit
faite.
Mme Robic: II faut qu'il y ait une concordance.
M. Boisclair: Est-ce que vous avez des bureaux en région?
Parce qu'il y a la problématique des régions qui a
été soulevée cet avant-midi - où on disait pour des
gens qui ont affaire à des coûts fixes quand même assez
élevés, que ce soit des coûts de transport, que ce soit
à cause d'une situation géographique - qui ne serait pas celle
d'un grand centre. Certains prétendent qu'il serait important pour eux,
pour assurer une accessibilité aux marchés, qu'on puisse cumuler
un certain nombre de permis pour assurer une certaine stabilité,
particulièrement dans un contexte de situation économique
difficile, que ça puisse se faire. Votre réalité des
bureaux que vous avez sans doute en région au Québec
confirme-t-elle ce point de vue là, ou si à votre avis elle
l'infirme?
M. Collins: C'est qu'on n'a pas de bureaux dans des
endroits-là.
M. Boisclair: Ah! Vos bureaux sont essentiellement
concentrés...
M. Collins: Le plus éloigné ce serait, par exemple
Sherbrooke ou Trois-Rivières. Alors, on n'a pas de bureaux, par exemple,
à Rimouski, Baie-Comeau, ou dans l'Abitibi. Nous avons ce qu'on appelle
un réseau de courtiers associés, qui est une formule qui a
été introduite l'année passée, où pour nos
clients qui veulent transiger avec quelqu'un parce qu'il respecte l'image de la
compagnie, nous avons nommé certains courtiers dans ces endroits
éloignés qui ont le droit de se servir de notre nom et de toute
la formation qu'on donne, de notre publicité, etc. C'est à base
de contrats. Ça leur coûte quelques dollars pour se servir de
notre nom. C'est suivi de près pour s'assurer que nos règles et
méthodes sont suivies, O.K., et c'est révisé à
chaque année. Si, à un moment donné, on voit que quelqu'un
ne respecte pas l'image de la compagnie, on termine cette association. C'est
tout simplement pour aider les références... qu'on revient aux
références ou on peut référer un client là,
avec quelqu'un qu'on connaît et qui connaît nos normes
et, par la suite, recevoir de cette personne-là,
évidemment, des références dans les villes où nous
avons des bureaux.
M. Boisclair: Est-ce que ça s'assimile à du
franchisage?
M. Collins: Non.
M. Boisclair: Alors, quelles sont les conditions de contrat?
M. Collins: Les conditions, c'est tout simplement qu'il peut
s'associer à notre nom, en respectant évidemment nos
règles et méthodes, parce que certains courtiers trouvent que
malgré qu'on n'ait pas de bureau dans un tel endroit, l'image de la
compagnie est quand même là et les gens cherchent à
transiger avec nous. Mais on n'a pas de bureau, là. Notre politique,
c'est d'avoir un bureau de 24 agents, pas plus, au moins 24 bureaux. Parfois,
il y en a 28, 29 agents, mais 24 bureaux à comparer à d'autres
qui peuvent avoir jusqu'à 60 personnes. La pensée est là:
c'est qu'un directeur ne peut pas vraiment consacrer le temps nécessaire
à plus de 24 personnes.
M. Boisclair: Mais comment le client sait-il qu'il fait affaire
avec... ?
Le Président (M. Forget): Le temps est
écoulé. Alors, je passe la parole à Mme la ministre.
M. Boisclair: Je reviendrai. La ministre pourrait
continuer...
Mme Robic: Je m'en charge. Royal LePage fait du franchisage.
M. Collins: Non. Mme Robic: Non?
M. Collins: Bien non. Ce n'est pas du franchisage du tout.
Mme Robic: C'est à peu près ça. M.
Collins: Mais pas du tout.
Mme Robic: Non? Comment différencie-t-on un bureau
d'immeubles Royal LePage d'un bureau... un associé Royal LePage? Quelle
est la différence quand j'arrive devant la vitrine du... ?
M. Collins: II garde son propre nom et il a la liberté,
s'il le veut ou non, de dire qu'il est associé avec Royal LePage. C'est
tout simplement ça
Mme. Robic: II peut se servir de votre logo?
M. Collins: Oui, mais c'est son logo et la plupart des gens ne se
servent pas de notre logo. Il y en a quelques-uns qui vont...
Mme Robic: C'est son logo, deux fois plus gros que le logo
de...
M. Collins: Ah oui! Le nôtre, c'est peut-être une
petite affaire comme ça.
Mme Robic: Ha, ha, ha! C'est ça.
M. Collins: Oui, oui. Justement. C'est son logo, et il n'a
même aucune obligation de se servir de notre logo. Il peut
l'éliminer au complet s'il le veut.
Mme Robic: Ah bon! Ce sont des services que vous lui vendez.
M. Collins: Ce sont tout simplement des services.
Mme Robic: C'est une possibilité de
référence également.
M. Collins: De référence, en échange des
cours de formation, de publicité, de marketing, etc.
Mme Robic: Contrairement... Ce n'est pas loin du franchisage,
là.
M. Collins: C'est très loin du franchisage.
Mme Robic: On fera un autre débat à un autre
endroit.
M. Collins: Voilà.
Mme Robic: Contrairement à la plupart des groupes qui sont
venus ici, vous êtes contre la commission de référence avec
d'autres types de détenteurs de permis. Vous dites: Ça doit
demeurer soit au niveau du courtier, la référence, ou soit au
niveau des agents. Je me souviens comment ça pouvait se passer. Il faut
toujours que ça passe par le courtier. Toute commission de
référence d'un agent doit passer par le courtier qui en fait la
distribution. C'est toujours comme ça?
M. Collins: Oui.
Mme Robic: D'accord. Mais avec le décloisonnement des
services financiers, avec l'importance qu'on semble apporter, vous êtes
peut-être les seuls qui ne voyez pas les possibilités de
créer des alliances avec d'autres types de services, que ce soit au
niveau des assurances, au niveau des planificateurs financiers, et on peut
même rajouter des évaluateurs, etc. Vous allez à
contre-courant. La plupart disent: Oui, on
devrait pouvoir avoir une commission de référence...
divulgation. Certains nous disent non. Vous nous dites non, vous me surprenez
un peu. Avec divulgation ou non, mais il devrait y avoir possibilité de
créer cette synergie. Pourquoi tenez-vous à conserver le
système actuel malgré les possibilités qui pourraient
s'ouvrir à vous?
M. Collins: C'est peut-être parce que c'est notre nature
d'aller souvent contre le courant. C'est bien dit, hein! La synergie, bien,
évidemment, on fait partie, nous, d'un groupe qui regroupe plusieurs
compagnies. Nous avons la synergie là. On veut éviter que, par
exemple, un maître d'hôtel nous appelle et dise: Les clients qui
passent chez nous, alors, je vais vous les référez et en
échange pour une référence. Alors, c'est plutôt de
dire: La référence reste parmi les détenteurs de permis.
Chez nous, le système de référence est très
important pour un réseau national. Souvent, on réfère
à nos confrères à Vancouver quelqu'un qui est
transféré à Vancouver, et on reçoit aussi de
Vancouver, de Toronto ou d'Halifax des gens qui viennent ici à
Montréal. Alors, on accepte de leur payer une référence,
quelque chose interne évidemment, mais toujours les détenteurs de
permis. Et de plus en plus, on fait affaire avec des gens dans le domaine
immobilier international, par exemple, la Fédération
internationale de l'immobilier dont on est plusieurs membres au Canada. On fait
affaire avec quelqu'un peut-être au Mexique. Alors, il faut être
capable de faire payer la référence, comme aussi, si on
réfère quelqu'un, que lui nous paie la
référence.
Mme Robic: Oui, mais dans le fond, ce que vous dites, c'est
qu'appartenant à un conglomérat, vous pouvez jouir de
référence à l'intérieur de ce conglomérat.
Il y a des compagnies d'assurances. Il y a toutes sortes de compagnies. Il y a
une fiducie, etc. Donc, vous profitez de cette synergie dans ce
conglomérat. Vous nous dites: Nous, on l'a, ce système de
référence là. Mais le courtier qui n'appartient pas
à un conglomérat, pourquoi devrait-on le priver, lui, de pouvoir
profiter de ce même système de référence que vous
profitez à l'intérieur du conglomérat avec des
professionnels, bien sûr, désignés, non pas le maître
d'hôtel et certainement pas le type qui nous vend nos journaux sur la rue
ou le voisin. On peut dire peut-être que ça se passe là
quand on est honnête. Mais enfin...
M. Collins: Notre commentaire, c'était justement
ça, c'était pour éviter ce genre de
référence.
Mme Robic: Mais si on permettait un bureau multidisciplinaire,
par exemple, puis il y avait là un courtier en assurance-vie, qu'il y
ait une référence entre le courtier en assurance-vie et le
courtier immobilier, il n'y a rien d'incompatible là du moment que...
pour nous, la divulgation est fort importante. Mais du moment que les joueurs
sont bien informés, il n'y a pas plus de danger là qu'à
l'intérieur d'un conglomérat.
M. Collins: Bien, notre crainte, c'était qu'on ouvrait la
porte pour que n'importe qui pourrait avoir une référence.
Mme Robic: D'accord. Non, c'est avec des professionnels
désignés qu'on pourrait faire cet échange-là.
M. Collins: Non, on a aucun problème avec ça.
Mme Robic: La loi 134 dit bien que c'est bien
déterminé avec qui on peut faire ce genre de
référence. Je voudrais revenir sur le directeur d'un bureau
d'immeubles. Vous nous dites: Ça n'a pas besoin d'être un
courtier, que nous, on préfère même que ce soit un
administrateur. Je vous avoue que j'ai des problèmes avec ça,
parce que, que vous ayez le meilleur administrateur au monde dans votre bureau,
s'il n'a pas de notion de courtage immobilier, comment peut-il s'occuper d'un
agent qui est en stage pendant trois mois? Vous le confier à un autre
agent, cet agent-là? Pour moi, le rôle d'un directeur d'un bureau
d'immeubles, c'est la gestion, oui, mais c'est la motivation, c'est l'appui,
c'est de la formation. Et comment quelqu'un qui serait le meilleur
administrateur au monde, le meilleur gestionnaire, s'il n'a aucune notion de
l'immobilier, je vois mal comment il pourrait servir 24 agents. (17 h 15)
M. Collins: Le but, évidemment, ce n'est pas d'engager
quelqu'un qui est, peut-être par exemple, un comptable mais un bon
administrateur dans un bureau. D'ailleurs, vous regardez l'exemple devant vous
aujourd'hui. J'ai... Moi-même, quand j'ai été
transféré à Sherbrooke dans l'immobilier, je ne
connaissais pas grand chose dans l'immobilier. D'accord?
Mme Robic: C'est peut-être... Je n'oserais jamais dire
ça. Ha, ha, ha!
M. Collins: Alors... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Collins: Vous êtes bien gentille. On vise à avoir
une personne. Ce n'est pas nécessaire que la personne soit experte dans
l'immobilier si elle peut montrer aux gens qu'elle a de l'entregent. Il peut
leur démontrer quoi faire. Il peut les développer. D'abord, les
gens qui ont le plus de succès dans la formation, d'habitude, ce sont
les gens qui n'ont pas fait le travail eux-mêmes, mais ils peuvent
instruire les gens, ils peuvent les former. Et de plus en plus, ça
devient très
compliqué dans les bureaux. Tous nos directeurs
présentement chez nous, je pense qu'il n'y en pas un qui a un
problème, sauf rnoi, de devenir courtier. Ils ont toutes les
qualifications, les connaissances nécessaires selon ce qui existe
présentement pour devenir courtier. Mais nous, on voit que, de plus en
plus, ça devient très sophistiqué dans ces bureaux. Il
faut... You have got to be a jack-of-all-trades. Bientôt, ça va
prendre des gens qui ont eu une certaine expérience dans l'industrie,
quoi que ce soit, et qui sont peut-être retournés à
l'école pour un MBA, par exemple, et là, ce serait
intéressant d'attirer ces gens-là dans l'immobilier. Mais s'ils
n'ont aucune expérience dans l'immobilier, ils ne pourront jamais Se
qualifier comme courtier. Et je crois que notre profession est en pleine
évolution et ça va devenir de plus en plus intéressant de
voir ça comme possibilité si on veut protéger le
public.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
écoulé. Alors, je passe la parole au député de
Gouin.
M. Boisciair: Je suis content de votre précision quant au
cabinet multidisciplinaire parce que je relisais la présentation et
c'était plutôt du genre crois ou meurs. Or, vous seriez d'accord
à ce que... avec certaines professions qui seraient bien sûr
inscrits dans le règlement ou dans la loi, peu importe, qu'on
puisse..
M. Collins: Oui, ouf, c'était dans certaines...
M. Boisclair:... qu'ils puissent travailler sous le même
toit.
M. Collins: On voulait éviter évidemment tout
conflit d'intérêts qui pourrait exister. Comme exemple, c'est un
comptable qui gère vos affaires personnelles et vous allez pour des
renseignements et en même temps, il y a quelqu'un qui travaille juste
à côté ou encore, il a un permis pour agir comme agent
immobilier et il sera peut-être tenté d'aller, dans tes temps
difficiles évidemment, de suggérer la vente de l'immobilier, de
l'immeuble. Alors, c'est plutôt pour éviter qu'il y ait un conflit
de personnalité.
M. Boisciair: II faut éviter aussi des ventes
liées.
M. Collins: Oui, justement.
M. Boisciair: Les gens sont venus témoigner ici cet
après-midi et c'était très clair que c'est une pratique
courante. Il ne faut pas... Il faudrait être naïf... Oui, mais des
gens, justement...
M. Collins: Ce matin, il y avait des gens..
M. Boisclair: Je te donne un prêt mais tu prends mon
assurance, des choses semblables.
M. Collins: Écoutez, l'immobilier est assez complexe et on
a entendu aussi ce matin que des gens ont beaucoup de problèmes à
aboutir, à faire de l'argent dans le domaine immobilier. Il y a beaucoup
de monde qui abandonne, qui lâche. Alors, pourquoi est-ce qu'on
invitera...
M. Boisciair: Est-ce qu'il y en a trop? M. Collins:...
encore d'autre monde?
M. Boisciair: Est-ce qu'il y en a trop, à votre avis?
M. Collins: C'est peut-être une question à poser
J'ai pensé à ça justement ce matin quand j'écoutais
les gens parler. Est-ce qu'il y a trop d'agents d'Immeubles?
M. Boisciair: Est-ce qu'il faudrait contingenter par le biais de
la formation en ayant des exigences très élevées?
M. Collins: Évidemment, on ne s'est pas penchés
avant... Peut-être que ce matin, c'est venu à l'idée.
Peut-être que c'est une question qu'on devrait se poser. Peut-être
que le nouvel organisme pourra se pencher sur cette question-là: Est-ce
qu'il y a trop de monde, 14 000 agents immobiliers dans la province de
Québec?
M. Boisciair: C'est ce qui m'amène à discuter de la
question de la formation. Vous soulignez, je crois, avec beaucoup de
pertinence, au niveau du mandat de l'organisme. "Que le nouvel organisme
vérifie et contrôle la qualification des courtiers et des agents
d'immeubles " Seriez-vous d'accord avec un examen standard, avec un curriculum
qui serait plus exigeant? Comment voyez-vous ça concrètement?
M. Coffins: Je crois que quelqu'un a fait le commentaire ce matin
que ce n'est pas égal partout. Un cégep, c'est un standard et un
autre cégep, c'est un autre standard.
M. Boisciair: Institut privé ou cégep.
M. Coffins: Il faudra que ce soit standard et il faut s'assurer
que le standard est pareil partout. Le nombre d'heures, par exemple, je ne le
sais pas. Je ne suis pas expert dans la pédagogie. Ce sera
décidé. Mais nous, à la suite d'engager un nouvel agent,
on fait encore une autre formation de l'agent. Même, on repasse de
nouveau l'offre d'achat, comment compléter l'offre d'achat, comment
compléter le mandat. Je crois que Mme la ministre a mentionné que
c'est la qualité de ta formation qui est à la base. Alors, c'est
justement là où il faudra mettre de l'argent pour s'assurer que
la qualité est
supérieure et égale partout.
M. Boisclair: Mais c'est parce que, concrètement, la
question va se poser là. Est-ce qu'on va imposer un curriculum? Est-ce
qu'on va exiger un examen standard? Ce sont tous des problèmes auxquels
nous aurons à réfléchir lorsque viendra le moment
d'étudier le projet de loi, article par article. Une dernière
question, si vous le permettez.
À la toute fin de votre mémoire, vous parlez de la
question de la spéculation. Vous dites: "La spéculation par
courtier, agent, ou autre employé de courtier (directe ou indirecte)
doit être absolument prohibée." Je peux partager avec vous ce
point de vue. Maintenant, comment concrètement? Chez vous, vous semblez
avoir des normes très strictes en disant qu'une maison ne peut pas
être revendue à l'intérieur de la même année,
ou quelque chose qui s'assimile à un règlement semblable à
celui-là. Concrètement, comment... Est-ce qu'il est aussi de
notre responsabilité, comme législateurs, de réglementer
cette situation-là ou s'il faut faire confiance à l'industrie?
Ou, si vous croyez plutôt que c'est notre responsabilité de
réglementer ou de légiférer à cet égard?
M. Collins: Je crois qu'il faudra légiférer.
D'abord, la spéculation n'aide personne. Ça fausse la valeur,
c'est très souvent pas bon pour l'économie, et les statistiques
que nous allons publier dans quelques semaines vont démontrer que le
nombre de spéculateurs dans le marché qu'on vit actuellement est
vraiment à la baisse. Alors, au moins, la spéculation n'est
quasiment plus existante maintenant, sans doute que ça va changer
rapidement.
M. Boisclair: Ce sont les taux d'intérêt.
M. Collins: On ne sait jamais. Et c'est la spéculation
d'un agent d'immeubles et la divulgation de l'agent d'immeubles est très
importante. C'est très difficile d'ailleurs de trouver, est-ce que
l'agent a fait la divulgation. Parce qu'il n'y a aucun mécanisme qui
existe dans une industrie qui touche tout le monde, même ceux qui sont
morts parce qu'ils ont des lots de cimetière, alors ils sont
affectés d'une façon ou d'une autre, tout le monde est
affecté dans cette industrie puis c'est la moins
réglementée. C'est la moins réglementée pour la
protection du public.
Il n'y a aucun mécanisme où on peut aller voir qui
était impliqué dans une telle transaction. On peut aller au
bureau d'enregistrement pour voir que M. Untel a vendu à Mme Unetelle,
mais on ne sait pas s'il y a eu des courtiers qui étaient
impliqués dans ce dossier. Est-ce que c'était une vente
privée? Est-ce que c'était une vente en dessous de la table ou
une commission a été payée et puis, évidemment, il
y a eu des...
Ça n'a pas été divulgué. On n'a aucune
façon de savoir. Alors, pour attraper quelqu'un qui fait quelque chose
de pas correct, c'est plutôt le ouï-dire et puis, par la suite, des
investigations et là, ah! on trouve que l'offre d'achat a
été faite et qu'il n'y a eu aucune divulgation. C'est à ce
moment-là qu'on peut agir. Mais c'est la seule façon, il faut
être vigilant et ce n'est pas facile, mais quand on en trouve, de ces
situations-là, on agit rapidement et fermement.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, votre temps est épuisé.
M. Boisclair: Je vous remercie.
Le Président (M. Forget): Alors, comme conclusion, Mme la
ministre.
Mme Robic: Comme conclusion, M. le Président, il me vient
plusieurs idées en tête. Je pourrais faire une conclusion d'une
demi-heure, je ne la ferai pas, M. le Président, mais pour un de vos
derniers problèmes, auxquels vous vous êtes adressés, pour
éviter ce problème de savoir qui a été
impliqué dans une vente, est-ce qu'on ne pourrait pas faire inclure les
noms des agents ou de la compagnie dans un acte de vente notarié?
Ça éliminerait probablement - je vois des têtes qui
marchent en arrière - ça éliminerait peut-être bien
de ces problèmes-là.
M. Collins: Oui.
Mme Robic: Je vous remercie. On ne l'a pas vérifié
avec la Chambre des notaires, mais, une ligne de plus sur un contrat. Je vous
remercie de votre intérêt. Je vais répéter, comme \e
député de Gouin, votre intérêt qui transpire de
votre mémoire, l'intérêt que vous portez aux consommateurs,
pour nous, c'est pour ça qu'on est ici, alors on l'apprécie
beaucoup. Merci infiniment de votre présence.
Le Président (M. Forget): Merci Mme la ministre. Alors en
conclusion, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: J'aimerais rapidement vous remercier, mais vous
dire que c'est vraiment lorsque nous aurons les règlements, lorsque nous
aurons le projet de loi que nous pourrons voir jusqu'à quel point vos
propos auront été entendus. Alors je souhaite que plusieurs de
vos recommandations soient retenues au moment de l'élaboration du projet
de loi et des règlements. Et je vous remercie encore une fois pour votre
participation aux travaux de cette commission.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie de votre participation. Merci.
M. Collins: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Je demande aux
représentants de Trust Prêt et Revenu de bien vouloir prendre
place à la table des témoins. Alors, au porte-parole du groupe,
si vous voulez vous identifier et identifier la personne qui vous
accompagne.
Trust Prêt et Revenu
M. Archer (Robert): Oui, M. le Président. Mon nom est
Robert Archer; je suis vice-président aux affaires juridiques de Trust
Prêt et Revenu. La personne qui m'accompagne est M. François
Pigeon, vice-président des services immobiliers de notre
société, enfin qui est notre expert en immobilier.
Le Président (M. Forget): Je vous rappelle maintenant le
règlement de l'audition: 20 minutes seront d'abord consacrées
à l'exposé de votre mémoire; suivra une période de
40 minutes d'échanges avec les membres de la commission. La parole est
à vous.
M. Archer: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
j'aimerais simplement mentionner un peu la position de notre
société. Trust Prêt et Revenu est une société
de fiducie qui fait partie d'un groupe financier qui comprend également
deux sociétés d'assurances. Dans le domaine immobilier, nous
sommes impliqués dans ce secteur-là depuis 1965 et nous
opérons principalement dans les régions de Québec,
Chicou-timi et Trois-Rivières. Nous avons environ, au total, 130 agents
à notre emploi actuellement.
Quant à nos commentaires sur le document de consultation qui nous
a été remis, ceux-ci commencent un peu à la page 4. Je
vais peut-être passer en revue sommairement chacun des commentaires qui
sont mentionnés pour peut-être donner plus de temps aux questions,
étant donné que plusieurs points de vue, quand même,
concordent avec ce qui a été entendu jusqu'à date par la
commission.
Au niveau de la révision des structures et plus
particulièrement de l'organisme d'autorégle-mentation, la
suggestion d'un organisme d'autoré-glementation ayant un rôle de
surveillance et de contrôle nous semble, en fait, l'approche à
privilégier. Quant à la composition du conseil d'administration
d'un tel organisme, celui-ci est très important et doit être le
reflet, à notre point de vue, des divers groupes d'intervenants dans le
domaine. Ainsi, au niveau des intervenants dans le mHieu immobilier, pour nous,
il est important que les sociétés de fiducie, les courtiers
franchisés et également les courtiers indépendants soient
représentés adéquatement sur un tel conseil, de
façon à faire valoir leur point de vue, qui est peut-être
différent dans le mode d'opération de tous les jours.
Quant à la formation, je pense que ça a déjà
été exprimé à plusieurs reprises. Il est
nécessaire, à notre point de vue, d'avoir diverses
catégories d'inscriptions pour tenir compte de la complexité de
certaines opérations immobilières. Notre point de vue
là-dessus est, entre autres, que le cours de base qui est donné
actuellement devrait permettre uniquement des transactions dans le secteur
résidentiel ce qui, à notre point de vue, implique cinq logements
et moins. Quant aux transactions plus complexes, on parle de transactions dans
le secteur commercial et dans le secteur industriel, à notre point de
vue, une formation additionnelle devrait être requise pour les personnes
qui désirent se présenter au public et donner des services de
qualité. On pense là-dessus que la protection du public, l'image
des courtiers seraient grandement améliorés avec des gens qui ont
des connaissances appropriées, si on travaille dans les secteurs
commercial et industriel. (17 h 30)
En regard de la pratique du courtage immobilier, plus
précisément sur les prérequis au permis de courtier.
Là-dessus la capacité financière qui est actuellement de
l'ordre de 10 000 $ sous forme d'une certaine forme d'équité de
10 000 $ de quelque nature que ce soit nous semble tout à fait
dérisoire, compte tenu que les clients qui sont impliqués, qui
font affaire avec des courtiers, souvent transigent l'actif le plus important
de leur vie. Dans le but d'éviter des discussions et des
vérifications continuelles sur la solvabilité des courtiers, il y
a possibilité, de notre point de vue, d'envisager comme prérequis
à rémission et également au renouvellement d'un permis
qu'un cautionnement d'assurance ou un dépôt de valeur pour un
montant adéquat soit fait. Donc, à la base, c'est notre position
pour le permis de base qu'il devrait être exigé un
dépôt ou un bon de cautionnement d'une société
d'assurances.
De plus, nous croyons que des distinctions importantes devraient
être faites entre le courtier qui opère seul et le courtier qui a
plusieurs agents qui opèrent sous son permis. Donc celui qui
opère en région qui est seul aurait des exigences
financières qui seraient moindres, mais quand même qui
assureraient une certaine protection du public avec un bon de cautionnement ou
une police d'assurance. Tandis que le courtier qui a à son emploi 25,
30, 35 agents devrait avoir des normes de solvabilité supérieures
à la norme de base, de façon à ce que le public soit
protégé adéquatement.
De même, on croit que la suggestion dans le document à
l'effet qu'un responsable qualifié doit être désigné
pour chacune des places d'affaires du courtier devrait être retenue et
ça devrait constituer une des conditions de l'émission du permis
et du maintien des permis de courtier.
Au niveau du cumul des permis, on ne croit pas qu'il soit souhaitable
qu'un titulaire de permis de courtier ou d'agent d'immeubles puisse cumuler des
permis, certificats ou licences visés par la Loi sur les
intermédiaires de marché. Pour nous, la
complémentarité des opérations de courtage avec celle des
principaux intermédiaires de marché ne nous semble pas, à
première vue, évidente. C'est sûr qu'il peut y avoir quand
même des exceptions, mais règle générale ça
ne nous semble pas évident.
Le mode d'opération des gens dans le courtage par rapport au mode
d'opération des gens opérant dans le secteur des
intermédiaires financiers n'est peut-être pas à-propos
à la base. Le seul cumul de permis qu'on croit approprié c'est
celui d'un permis qui serait octroyé par la Commission des valeurs
mobilières et qui permettrait aux agents qui travaillent dans le secteur
commercial et qui possèdent la formation nécessaire, d'agir
à titre d'intermédiaire pour la vente d'actions lorsque le
principal actif d'une société dont les actions sont
transigées est un fonds de commerce ou un immeuble. Actuellement, il y a
une certaine forme d'illégalité. Les agents peuvent vendre
uniquement des biens immobiliers. Lorsqu'on arrive, souvent dans des
transactions, les gens sont peut-être plus intéressés
à transiger les actions d'une société qui détient
un immeuble. Actuellement, l'agent n'est pas autorisé comme tel à
agir comme... En vertu de la Loi sur les valeurs mobilières, il ne peut
pas vendre des actions. Il y a un peu d'incertitude à cet égard
qui devrait être clarifiée avec un cumul de permis pour les fins
de ces transactions.
En regard des assurances. Actuellement, tel que le mentionne notre
document 'Tout courtier doit maintenir une couverture minimale d'assurance avec
un déductible de 2500 $." Cette mesure qui a pour but de protéger
le public est très louable, mais en pratique a souvent des effets
contraires, compte tenu du fait que lorsqu'un courtier reçoit une
réclamation supérieure au montant de 2500 $, il
réfère immédiatement son dossier aux assureurs, avec la
conséquence que les assureurs contestent immédiatement la
réclamation. Et en bout de ligne, compte tenu de tous les frais
impliqués, le client qui est lésé se décourage et
ne va pas plus loin dans ses poursuites.
Nous croyons plutôt que des exigences financières plus
élevées pour l'obtention et le maintien d'un permis de courtier
permettraient de hausser le déductible de base sur les polices
d'assurance erreur et omission à un niveau raisonnable, ce qui
amènerait les courtiers à tenter de régler la grande
majorité des réclamations de clients à l'intérieur
du déductible. Si je suis un courtier et que j'ai un déductible
de 15 000 $, lorsqu'on sait que la majorité des réclamations sont
de l'ordre, souvent peut-être inférieures à 2500 $, mais
sont sûrement inférieures à 15 000 $ dans la
majorité des tran- sactions. Un courtier qui ne réfère pas
son dossier à l'assureur va essayer quand même de donner
satisfaction au client. Alors que, si l'assureur a le dossier en main, il va
contester immédiatement. Actuellement lorsque les dossiers
excèdent 2500 $ on est obligés, pour les fins de protection de
notre police d'assurance, de référer le dossier à nos
assureurs, et on n'a pas la possibilité, justement, d'entreprendre des
négociations, éterniser le dossier et en venir à une
entente si on veut bénéficier de notre police d'assurance. On
croit également que des distinctions devraient être faites en
matière d'assurances lorsque le courtier démontre une
solidité financière assurée, ou est contrôlé
par une institution qui démontre cette solidité financière
et qui se porte garante des opérations du courtier. Ces
courtiers-là qui, au point de vue financier, offrent une assurance
à toute épreuve devraient être dispensés, à
notre point de vue, de l'obligation de s'assurer ou être autorisés
à pratiquer de l'auto-assurance, compte tenu qu'ils ont un capital
liquide, net, et un fonds de roulement qui est maintes fois supérieur
aux conditions de base. Ce point de vue là, à notre point de vue
également, accélérerait le règlement des
réclamations et du même coup la qualité des services
fournis aux clients.
Au niveau de l'intervention gouvernementale, on ne croit pas qu'elle
soit souhaitable au niveau des polices erreur ou omission. Une assurance
gouvernementale, à notre point de vue, ne ferait qu'encourager les
courtiers peu responsables qui paieraient le même taux de prime que les
organisations responsables qui encourent des frais importants pour assurer le
support approprié a leurs agents. Dans un tel système, on ne fait
qu'encourager, à notre point de vue, une certaine forme de
médiocrité, et on pénalise les bons courtiers qui doivent
payer pour les erreurs des courtiers irresponsables.
En regard des dépôts et comptes en fidéi-commis. Tel
que suggéré dans le document, on croit que la loi ou les
règlements d'application devraient prévoir dans quelles
circonstances le dépôt doit être remboursé au
promettant acheteur. Là-dessus, on préconise en fait la solution
qui a déjà été exprimée par l'Association
d'immeuble du Québec dans un document interne datant de 1988, qui
était joint en annexe à notre mémoire.
En regard des intérêts sur les dépôts en
fidéicommis, on ne croit pas qu'il soit approprié que la loi
traite de cette question, si ce n'est de prévoir que le courtier
conserve le dépôt sans intérêt, sauf convention
contraire. À l'heure actuelle, les dépôts importants qui
sont faits en fidéicommis, on a toujours la possibilité, c'est ce
qui se passe en pratique, il y a des ententes qui sont faites avec les clients,
pour qu'ils soient investis dans du dépôt en garantie 30 jours ou
60 jours, dépendant des dates fixées pour conclure la
transaction.
Concernant la rémunération. En ce qui concerne le partage
de la rémunération que reçoit un Intermédiaire
immobilier, nous croyons que celle-ci devrait être autorisée
uniquement avec un autre détenteur de permis de courtage immobilier ou
avec un intermédiaire immobilier autorisé à faire du
courtage immobilier dans une juridiction autre que le Québec.
Et finalement notre point de vue sur la question des Conflits
d'intérêts. La ministre mentionnait, tout à l'heure, ce
point de vue là, qu'il faut éviter les conflits
d'intérêts. Notre société, en fait, croit qu'il y
ait une obligation pour le courtier ou l'agent qui agit à titre
d'intermédiaire dans une transaction de divulguer par écrit tout
intérêt dans la transaction et que cette divulgation devrait se
retrouver dans l'acte de vente. Donc, pour nous, peu importe si l'agent agit,
que ce soit à titre personnel dans une transaction où s'il agit
à titre de courtier ou agent à l'acte de vente, il devrait y
avoir une mention d'une intervention d'un courtier dans la transaction.
C'était notre point de vue, assez sommairement exposé,
ça couvre bien le mémoire que nous avons déposé
devant vous.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie. Alors, Mme la
ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. M. Pigeon, M. Archer,
merci beaucoup pour votre présentation. Je regarde à la page 4,
quand vous parlez de l'organisme d'autoréglementation. Vous êtes
peut-être un des seuls organismes qui avez touché la composition
du conseil d'administration. Et après avoir entendu, depuis plusieurs
jours maintenant, les intervenants passer à cette table, vous avez des
oublis épouvantables, Messieurs, dans cette composition-là,
puisque vou6 ne parlez pas d'agents et vous ne parlez pas de régions, et
on nous a dit que c'était fort important d'avoir une bonne distribution
au niveau de la composition de ce conseil d'administration. Je m'amuse un peu
parce que je sais que vous donnez des exemples, mais vous ne pensiez pas qu'il
y aurait seulement trois membres sur le conseil d'administration.
M. Archer: Non.
Mme Robic: Mais j'ai l'impression que vous y avez songé.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que vous y avez songé et
j'aimerais peut-être que vous vous exprimiez. Comment le voyez-vous?
Surtout ceux qui ont passé plusieurs jours avec nous, vous avez eu le
temps d'y réfléchir. Comment le voyez-vous, ce conseil
d'administration-là, pour qu'il soit équitable? Et comment
doit-il être formé? Par des nominations? Par un vote? Par un et
l'autre? Est-ce qu'on doit avoir un représentant des consommateurs et du
gouvernement?
M. Archer: Je vais laisser le soin à M. Pigeon de
répondre. Il est vraiment notre spécialiste,
là-dessus.
M. Pigeon (François): Alors, effectivement, disons que le
contenu du mémoire de Trust Prêt et Revenu, c'est limité
à l'aspect commercial parce j'ai présenté d'autres
mémoires et je ne voulais pas mêler les cartes. Il est bien
évident que j'ai réfléchi à la composition d'un
conseil d'administration. Je crois que le conseil d'administration devrait
être relativement petit. Je parle de 9 ou 11 personnes pour que ce soit
vraiment efficace. Je crois qu'il devrait y avoir des personnes nommées
par le gouvernement, au moins une, il n'y a aucun doute là-dessus, que
ce soit une, deux ou trois. S'il faut qu'il y ait des consommateurs. Je crois
que le gouvernement, d'accord, normalement, représente les
consommateurs. Donc, ce sera à son choix. S'il a le privilège de
nommer une ou deux personnes, il nommera soit un consommateur ou un
représentant du gouvernement, ou les deux. Quant à la balance du
conseil d'administration, historiquement, dans nos chambres d'immeubles - pour
vous donner un seul exemple, parce que c'est là que le suffrage
universel existe - si vous regardez les règlements, vous vous apercevez
qu'une seule compagnie ne peut pas détenir plus que 20 % du suffrage
universel. Et ça, ça a été fait dans nos chambres
d'immeubles pour empêcher qu'une compagnie ou un groupe donné
prenne le contrôle du vote. Alors, dans le cas où on irait avec un
conseil d'administration au suffrage universel, j'aimerais bien que des
dispositions comme celle-là soient en place. Quand on dit qu'on veut que
les gens soient bien représentés, on pourrait peut-être
ajouter, en fait: aient la chance d'être représentés. C'est
juste si on le veut. Si le suffrage universel est implanté et qu'il n'y
a pas de bloc votant trop fort, on n'a qu'à faire les démarches
pour se faire élire. Dans ce sens-là, chacun aura le
privilège, au moment opportun, de présenter sa candidature et
aurait des chances d'être élu. Alors, on croit que ce serait
important, mais qu'il y ait des représentants tels qu'on les a
mentionnés. Et on parle des sociétés de fiducie, courtiers
franchisés et courtiers indépendants. Ce sont les
catégories qui existent présentement. Est-ce que les chambres
d'immeubles ou la Fédération des chambres d'immeubles, est-ce que
d'autres devraient avoir un pouvoir de nomination? C'est très
discutable. À la minute où il n'y a pas de noyautage et qu'on va
avec un suffrage universel, plus des nominations du gouvernement, je crois que
ça met un équilibre souhaitable si on a un conseil qui est de
cette dimension-là. S'il devait être beaucoup plus grand que
ça, bien, nécessairement, il devrait y avoir un exécutif
et ça devrait être une structure un peu différente.
Mme Robic: Merci bien. Je vais suivre votre
document. Je pense que... Mais ça va avoir l'air un peu
décousu, là, de la façon que j'y vais. Parlons de
formation. On en a parlé amplement, là, et je pense que tout le
monde est d'accord pour dire qu'il faut faire en sorte de rajouter à la
qualité de la formation. Vous êtes également d'accord pour
former des catégories d'agents et après ce qu'on a entendu,
est-ce que vous êtes toujours d'accord pour des catégories ou
plutôt pour une spécialité?
M. Pigeon: Je pense...
Mme Robic: Est-ce qu'il y a une di...?
M. Pigeon: Je pense que c'est peut-être plus facile de
parler de spécialité, qu'on se rallie facilement. Parce que
catégorie de permis, ça fait peur un peu. Les gens disent: Est-ce
qu'il va falloir en détenir plusieurs? Qu'on ait un permis... Ce qu'on
dit dans notre document, c'est que, pour éviter qu'il y ait ' du
contingentement - parce qu'on ne croit pas qu'en nature commerciale, il doit y
avoir du contingentement - le cours de 210 heures de base devrait rester et
devrait permettre le résidentiel. Je vais ajouter que plusieurs se sont
vantés d'être des formateurs. À Trust Prêt et Revenu,
les agents reçoivent une formation additionnelle. Après les
premiers 30 jours, des cours en classe, obligatoires, sont donnés pour
réviser les 210 heures au complet. On prétend qu'il devrait y
avoir probablement trois catégories parce qu'il devrait y avoir une
catégorie après ça "investissement" parce qu'on sait que
tout ce qui est propriété, je dirais, à caractère
locatif, tels qu'édifices a bureaux ou propriétés à
revenu, ça devrait faire foi. D'ailleurs, ces cours-là existent
présentement et nécessairement, il y a tout l'aspect commercial.
Je ne fais pas les mêmes distinctions que mon confrère
tantôt avec les petits commerces et les gros commerces parce que vendre
un dépanneur et vendre un bungalow, quant à moi, c'est totalement
différent comme opération et je crois que ça prend une
formation accrue. Pourquoi on le voit dans ce sens-là? C'est qu'on croit
qu'il y a un besoin et, personnellement, je suis en mesure de constater que, si
ce n'est pas une obligation de suivre des cours additionnels, c'est
relativement difficile. Il y a beaucoup de cours qui sont offerts et il y a peu
d'agents immobiliers qui les prennent. Je sais personnellement pour avoir
tenté de donner à deux reprises des cours pour
l'Université Laval et être incapable de former des classes de 20
pour toutes sortes de raisons, manque de temps, etc. Alors, si c'est inclus
dans la loi que, pour faire certaines choses, il doit y avoir, pas des
catégories de permis, mais des spécialités, bien
nécessairement, ça va être incitatif et, à mon point
de vue, c'est comme ça qu'on va rehausser la profession. (17 h 45)
Mme Robic: Alors, ce que vous me dites, c'est un peu
différent de ce que, moi, je voyais comme une spécialité.
Les agents auraient le droit de tout faire, mais s'ils avaient suivi un cours
additionnel en investissement, ils pourraient s'appeler des spécialistes
en investissement. Mais vous semblez aller un peu plus loin que moi en disant:
S'ils n'ont pas la formation en investissement, ils ne peuvent pas en faire, de
l'investissement. C'est comme ça que vous le voyez là?
M. Pigeon: Mme la ministre, même moi, dans le cours de base
que je donne, d'accord, je donne le cours d'investissement. C'est impensable
qu'un agent, avec le cours de 210 heures, puisse même vendre une
propriété à revenu, un 12 logements. Qu'il y ait une
clause grand-père, si on veut, parlons pour ceux qui vont venir et le
cours de propriétés à revenu est un cours simple. On a
pris le terme de la loi: moins de cinq logements principalement
résidentiels et déjà, ça demande certaines notions.
Mais lorsqu'on arrive avec un client pour de l'investissement, quant à
moi, dans la mesure du possible et le plus tôt possible, ça
devrait être obligatoire. Pour ce qui est des fonds de commerce, j'ai la
même attitude et si on limite les catégories à trois, bien
nécessairement, ça va être plus facile de les rendre
disponibles.
Mme Robic: Vous êtes en région.
M. Pigeon: Ça dépend, je ne veux pas insulter
personne. On est à Chicoutimi, on est à Trois-Rivières et
à Québec. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robic: C'est toujours délicat. C'est parce que vous
êtes tellement contre le cumul des permis, et il y a un groupe cet
après-midi qui nous a dit que, peut-être, c'était la survie
même des agents que de pouvoir cumuler des permis en région moins
urbanisées que Montréal ou Québec.
M. Pigeon: Ça m'a amusé d'entendre ce
groupe-là parce que j'ai entendu les autres groupes de régions
encore plus éloignées qui n'en voulaient pas. Moi, simplement ce
que je vais vous dire sur ça, c'est que, moi, je me considère
comme un vrai spécialiste de l'immobilier et je n'ai pas assez de temps
pour tout apprendre ce qu'il y a dans l'immobilier. Et eux autres, ils vont
faire les valeurs mobilières, ils vont faire des assurances et enfin,
etc. Moi, je suis dans une compagnie qui a ça, des assurances, et je
n'ose pas dire un mot sur les assurances parce que je m'aperçois que
c'est tellement... Je pense qu'on n'a pas vu le problème. On peut
réussir à obtenir les permis mais les garder à date et
évoluer, c'est... En tout cas, j'ai l'impression que
le monde ne connaît pas l'immobilier parce que, moi, je n'y arrive
pas et je pense que je serais prêt à passer n'importe quel
questionnaire avec plusieurs de ceux qui sont dans la salle ou d'autres, dans
l'immobilier et je n'aurais pas peur d'y faire face.
Le Président (M. Forget): Mme la ministre, votre temps est
épuisé. Alors, je passe la parole au député de
Gouin.
M. Boisclair: M. Archer, M. Pigeon, je tiens à vous
remercier pour votre présentation. Continuons là où la
ministre a quitté, soit le cumul des permis. Vous êtes un des
premiers groupes, à ma connaissance, qui vient suggérer cependant
un cumul de permis pour quelqu'un qui aurait un permis de la Commission des
valeurs mobilières. Je crois que c'est une suggestion qui est
intéressante parce que, effectivement, on peut souvent se retrouver dans
une situation où des gens sont plus intéressés d'acheter
des actions que d'acheter de l'immeuble comme tel. Est-ce que c'est une
réalité qui est fréquente? J'aimerais que vous donniez des
arguments pour justifier ce point de vue-là.
M. Pigeon: Le problème dans ça, c'est le but de
bien servir le client. Or, nous autres, on sait très bien que, si on
vend un immeuble, nécessairement on a le droit de le faire. À la
minute où quelqu'un dit: Mon immeuble il est dans la compagnie. Ce n'est
pas grave, on va prendre l'immeuble en vente, on va annoncer que c'est
l'immeuble en vente et quand on aura fait l'offre d'achat, après
ça tu iras voir ton comptable et vous vous entendrez avec l'acheteur.
Mais ce n'est pas tellement glorieux ça dans une profession d'être
obligé de faire ça, parce que peut-être qu'à la base
ce sont des actions et on aurait dû informer. On a une espèce de
conflit d'intérêts continuel, à savoir, au départ on
devrait pouvoir dire au propriétaire vendeur: Tu serais mieux de vendre
tes actions. On ne peut pas. Et si on va voir un courtier en valeurs
mobilières avec ça, il va dire: C'est un immeuble que vous voulez
vendre, ce n'est pas mon problème. Alors on va voir le comptable. On ne
sait pas trop quoi faire. Finalement, on prend l'immeuble en vente, comme une
entité, et on met une description immobilière, mais on sait
très bien comment tout ça va tourner et on a très bien
pris le tour aujourd'hui pour ne pas perdre nos commissions. On met des
commissions fixes, etc. Ce n'est pas un problème d'honoraires pour nous
autres. Mais, quant à moi, je ne suis pas confortable vis-à-vis
le conseil qu'on donne au client. On est obligés de lui dire: On n'a pas
le droit de vendre des actions, si tu veux on va prendre l'immeuble en vente.
Et on n'a même pas le droit de lui dire si c'est bon ce qu'on fait.
Ça, c'est dans le quotidien pour tous ceux qui font de la vente
investissement, fonds de com- merce.
M. Boisclair: Comment vous le régler concrètement
le problème?
M. Pigeon: Ici, ce qu'on dit nous autres, il faudrait qu'on
puisse obtenir un permis restrictif.
M. Boisclair: Mais dans la situation actuelle?
M. Pigeon: Dans la situation actuelle, c'est que, nous, on dit au
client: On va placer l'immeuble en vente et on va mettre dans l'offre d'achat
qui va être signée une clause qui finalement va faire en sorte que
quand elle va être acceptée, ils peuvent vendre et ils peuvent
acheter, mais si jamais ils ne s'entendent pas sur le transfert des actions,
ça ne se fera pas, tout simplement.
M. Boisclair: Je comprends très bien.
M. Pigeon: Alors on agit comme entremetteurs, mais seulement on
n'agit pas comme conseillers au point de vue de la transaction, bien qu'on
rédige une promesse d'achat...
M. Boisclair: Votre commission est évaluée sur un
pourcentage...
M. Pigeon: Généralement, ce qu'on fait dans ce
genre de chose, c'est que pour ne pas être pris à avoir une
commission sur la valeur des actions parce qu'on ne la connaît pas, on
prend un montant forfaitaire.
M. Boisclair: Sur la question des assurances, là encore
vous êtes un des groupes - il y a plusieurs personnes qui ont
parlé des 2500 $ - mais c'est la première fois qu'on attire mon
attention sur la problématique de l'effet pervers un peu qui, dans le
fond, est la protection du public, mais le moindrement que c'est plus de 2500 $
on embarque dans une série de procédures, qui, la première
des choses découragent le client qui est déçu du service
reçu. Est-ce que c'est fréquent des contestations de
réclamation?
M. Pigeon: On va parler de notre attitude. Nous autres, on a pris
une attitude bien différente dans la mesure du possible, et je pense
c'est connu. Avec des assureurs on arrive quand même à contourner
le problème parce qu'il y a une police d'assurance, mais on fait une
entente comme quoi... À partir de ça, on s'est aperçus
que, en faisant un genre d'auto-assurance, on donnait satisfaction rapidement
à la clientèle, parce que, durant toute la période
où on s'est limités aux réclamations de 2500 $
envoyées à nos assurances, nos clients étaient très
déçus. Il
n'y a rien de pire que dire à un client: Vas voir ton avocat et
poursuis ma compagnie d'assurances. Ce que les gens veulent, c'est un
règlement. La majorité des réclamations, si je parle dans
les 10 dernières années, ont été inférieures
- je parle du montant de base - à 15 000 $ et ont été
réglées pour des montants en deçà de 5000 $
à la satisfaction des clients. À partir de ça, quand on
disait qu'on ne voulait pas avoir le privilège de ne pas être
assurés, c'est parce qu'on s'est toujours dit: Dans le fond, pour nous,
ce n'est pas une assurance. Si on voulait s'assurer on s'assurerait avec une
franchise de 100 000 $ et on s'assurerait jusqu'à 1 000 000 $ au cas
où il y ait vraiment quelque chose qu'on ne soit capables d'assumer. Ce
qu'on est capables d'assumer, on croit qu'on donne un meilleur service à
la clientèle. C'est dans cette optique-là... parce que vous
prenez votre automobile, vous faites un accident, vous allez voir votre
assureur et vous ne réglez pas, il vous dit d'aller voir un avocat. Vous
allez voir un avocat il va dire: Pour 5000 $, je ne peux pas, je vais avoir
tant de frais. On est confrontés avec ça tous les jours. Nous, on
voudrait tout au moins pouvoir prendre le déductible et le mettre
à 15 000 $ ou 25 000 $. Nécessairement, il est bien
évident que ça implique que ça soit fait uniquement pour
les gens qui ont une solidité financière. Celui qui n'a aucune
solidité financière... On est mieux avec de l'assurance quand il
n'y a pas de solidité financière, mais il ne faut pas que
l'assurance devienne un obstacle au règlement. Nous autres, on veut
pouvoir régler notre clientèle.
M. Boisclair: C'est quoi, une solidité financière,
pour vous?
M. Pigeon: Ah, bien, mon Dieu! Disons qu'il y a des institutions
financières qui sont inspectées, qui ont des obligations
financières, alors, ça, on vous laisse le soin de le
déterminer. Je ne voudrais pas dire...
M. Archer: On veut vendre notre salade en disant que, nous, on
est solides et que d'autres ne sont pas solides...
M. Pigeon: Je n'ai pas à juger. Je dis simplement que,
est-ce que...
M. Boisclair: Ce sont des questions qui vont se poser dans
ces...
M. Archer: II s'agit de fixer des critères financiers
quand même assez élevés, dépendant de l'importance,
comme on mentionnait tout à l'heure, du nombre d'agents à
l'emploi d'une personne ou ces choses-là ou...
M. Pigeon: Écoutez... M. Archer: ...le risque.
M. Pigeon: ...simplement, quand on parle d'un trust comme le
nôtre, il possède quand même des compagnies d'assurances.
Alors, si le trust est aussi solide que les compagnies d'assurances qu'il
possède, dans le fond, finalement, il faut que la sécurité
ne soit pas mise en cause. Alors, ce sera à vous autres d'établir
des mécanismes. On peut en suggérer, d'accord. Lorsqu'il y a des
réclamations, un des problèmes, d'ailleurs, de l'assurance erreur
et omission, parce que c'est de ça dont on parle, est, quant à
moi, le plus gros problème, c'est qu'il faut être assuré au
moment de la réclamation. Et ça, on oublie ça parce que
tous les courtiers qui font faillite et qui ne prolongent pas leur assurance,
si la réclamation provient deux ans après - ça, c'est un
message que je donne en passant - c'est que cette assurance-là, dans la
prochaine loi, ça devrait être suivant la date de
l'événement et être assurée. Parce que, dans le
moment, disons qu'à mon point de vue, ce n'est absolument pas correct.
Mais quant au reste, évaluer une solidité financière, vous
le faites pour des compagnies d'assurances, alors qu'est-ce que ça
prendrait pour pouvoir régler ça? Nous autres, ce qu'on dit,
bien, dépendant de la solidité financière de l'entreprise,
une compagnie d'assurances ne peut pas émettre des garanties
d'assurances si elle n'a pas tel ou tel critère. Mais les compagnies qui
rencontrent tous ces critères-là, je ne vois pas pourquoi on
serait obligé d'aller avec une autre. C'est dans ce sens-là qu'on
le dit.
M. Boisclair: Je comprends très bien. Vous êtes de
ceux qui ont été consultés au moment de
l'élaboration du document. Votre nom apparaît au niveau des firmes
de courtage.
M. Pigeon: C'est exact.
M. Boisclair: Est-ce que vous avez étudié la
possibilité de faire du courtage immobilier une profession, au sens
reconnu par l'Office des professions? Parce que bien des gens se questionnent -
je l'ai fait ce matin, je ne veux pas revenir sur ce débat philosophique
sur qu'est-ce qu'un acte de courtage et si c'est un acte professionnel - mais
est-ce que vous avez réfléchi à cette...?
M. Pigeon: C'est-à-dire que si vous me parlez au point de
vue du Code des professions, j'ai déjà répondu qu'on a
déjà fait une demande, l'Association de l'immeuble, lorsque je
présidais un comité en 1976, et on a été
refusé et qu'aujourd'hui...
M. Boisclair: En 1976? Vous m'excusez, je l'avoue très
candidement, je suis très nouveau dans ce dossier-là. En
1976...
M. Pigeon: En 1976, si ma mémoire est bonne...
M. Boisclair:... j'étais très jeune, j'avais 10 ans
en 1976.
M. Pigeon:... En 1976, on a été refusés en
1976. C'est un dossier que je pilotais lorsque J'étais président
de l'Association en 1972 et, finalement, on nous a dit que nos normes de
scolarité ou, enfin, etc., étaient loin d'être suffisantes
et même, à l'époque, on nous avait répondu,
c'était Mme Payette, elle nous avait répondu qu'elle
n'était pas sûre qu'elle croyait encore dans les corporations
professionnelles.
M. Boisclair: II me reste peu de temps. Est-ce que vous avez
changé d'idée depuis?
M. Pigeon: Oui, parce que je crois que ce
système-là de corporations professionnelles est vieilli et
d'avoir l'opportunité d'avoir un organisme d'autoréglementation
qui, dans le fond, est une profession, mais on pourrait avoir quelque chose,
quant à moi, de plus malléable.
M. Boisclair: Me reste-t-il encore du temps? Est-ce que j'ai
encore du temps? Parce que la question va se poser à un moment
donné. Il y a l'Office des professions, il y a la loi 134 sur les
intermédiaires de marché, on arriverait avec une nouvelle
structure.
M. Pigeon: Écoutez, la structure qui est proposée
ici est très proche d'une corporation professionnelle. D'ailleurs, vous
avez...
M. Boisclair: Oui, mais c'en est une.
M. Pigeon:... qu'est-ce qu'on a fait après avoir
été refusé en 1976? C'est à partir de ce
moment-là que toutes les idées ont germé à l'effet
de dire: Peut-être que si on mettait un code de déontologie,
peut-être que si on faisait... Et, finalement, même si
l'Association de l'immeuble a été refusée, elle a cru que
c'était bon pour le public. Mais aujourd'hui, on croit que la structure
du Code des professions qui, d'abord, ne nous accepte pas, mais on croit qu'ils
ont une structure lourde et peut-être que ce serait plaisant d'être
innovateur avec une formule qui va donner la même protection au public
mais seulement qui va peut-être être un peu plus souple. Parce
qu'il faut comprendre que nous, on fait des actes commerciaux avec l'acte
professionnel.
M. Boisclair: Je comprends. Je vous remercie.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Gouin, votre temps est terminé. Alors, je passe la parole à Mme
la ministre.
Mme Robic: II ne faut pas le consentement? (18 heures)
M. Boisclair: Non, vous terminez. Mme Robic: Non.
Ça va? M. Boisclair: Je consens. Mme Robic: C'est
parce qu'on..
Le Président (M. Forget): On dépasse l'heure.
Mme Robic:... dépasse 18 heures.
Le Président (M. Forget): On dépasse 18 heures.
Est-ce qu'on a consentement pour continuer? Oui.
M. Boisclair: Oui. De toute façon, c'est le mot de la
fin.
Le Président (M. Forget): Pas de problème. Mme
Robic: Non.
Le Président (M. Forget): Non, il reste 10 autres minutes
chacun.
M. Boisclair: Ah non! Ce sont les 10 autres minutes. Il me reste
10 autres minutes. Je reviendrai.
Mme Robic: Ça me fait sourire, vous savez, parce que
depuis le début de cette commission qu'on veut vous inclure dans une
corporation professionnelle quand c'est une de leur consoeur qui vous a
refusé ça il y a quelques années, mais c'est amusant de le
voir. Une chance qu'on évolue. Une chance qu'on puisse changer
d'idée. C'est amusant.
Je veux toucher avec vous quelque chose qu'on n'a pas touché
depuis le début et je pense que, peut-être, on aurait dû y
toucher. C'est parce que, vous, vous le ciblez très bien: les
dépôts en fidéicommis. Vous nous dites: "Un
règlement d'application devrait prévoir dans quelles
circonstances le dépôt doit être remboursé au
promettant acheteur". Je vous avoue qu'il y en a quelques-uns qui m'ont dit
ça dans leur mémoire, sinon plusieurs, et j'ai des
problèmes avec ça de par mon expérience parce que les
circonstances sont tellement différentes. Si j'avais à
écrire un règlement ou à inclure ça dans une loi,
je pense que je prendrais plusieurs pages et plusieurs articles parce que les
circonstances sont tellement différentes que j'ai des difficultés
à dire: Je vais être capable d'inclure toutes les
possibilités et je vais être capable de donner une solution
adéquate à ça. Vrai ou faux?
M. Pigeon: On a pensé comme vous pendant longtemps et
ç'a été un cauchemar pendant longtemps. Même que
j'avais un ami au courtage immobilier qui m'appelait souvent pour me
demander - un dénommé Castonguay - pourquoi je ne
remboursais pas les dépôts et on était d'une prudence
extrême avec ça jusqu'à temps que l'Association de
l'immeuble publie un bulletin et c'est extrêmement simple ce qu'on nous
dit de faire. On dit: Vous avez une demande de remboursement de
dépôt, l'acheteur décide de ne plus acheter pour quelque
raison que ce soit. À la minute où on a la demande, on avise le
propriétaire-vendeur, on lui dit qu'on lui accorde 10 jours - d'accord?
- pour prendre des procédures et demander à un juge de statuer
sur le dépôt qu'autrement on va rembourser. Ça, ça
veut dire qu'on règle à peu près 95 % des cas comme
ça et il reste l'autre parce que, dans le fond, si le
propriétaire-vendeur n'a pas l'intention de prendre des
procédures ou enfin... On fait juste forcer les choses pour
empêcher et c'est ça la politique de l'Association. Depuis que
j'utilise cette politique, je n'ai reçu aucun appel
téléphonique du courtage immobilier. Ils avaient
régulièrement des plaintes qu'on ne remboursait pas. Quand je dis
régulièrement, et je ne suis pas un très gros courtier,
c'était - je dirais - une ou deux fois par mois qu'on m'appelait au
sujet d'un dépôt. Depuis qu'on a pris cette attitude, on n'a plus
aucun problème. Les gens ne se plaignent plus et la politique est
simple. Quand les avocats ont dit: On vient corriger le Code civil ou, enfin,
etc. Bien, nécessairement, c'est bien sûr que si on dit au client:
écoute, tu as un dépôt, ils ne veulent pas le rembourser,
prends un avocat. Pour un dépôt de 1000 $, de 1500 $ ou etc., si
le Code civil peut le prévoir, oui! Mais, aujourd'hui, je vais vous dire
que j'ai poussé ma réflexion un peu plus loin, d'accord. Si vous
ne pouviez pas l'inclure dans la loi, je l'inclurais dans l'offre. Ça
réglerait le problème de la même façon.
Mme Robic: Ça voudrait dire une fois que c'est dans
l'offre...
M. Pigeon: Un contractuel.
Mme Robic: ...à toutes fins pratiques: Vous avez 10
jours... Non, ce n'est pas ça.
M. Pigeon: Non, ça voudrait simplement dire que, lorsque
j'ai une demande de remboursement je dois aviser le vendeur et que le vendeur a
10 jours pour demander à un juge de statuer dessus, autrement, je
rembourse. Et, d'ailleurs, notre offre d'achat prévoit un ensemble de
choses qui sont confinées dans des délais parce qu'il n'y a rien
de pire que ce qui reste accroché pour la clientèle. C'est la
majorité des plaintes qu'on a: Vous ne pouvez rien faire.
Mme Robic: Là, je suis tentée de mettre mon ancien
chapeau. Je vais me retenir, mais je vois des problèmes. Oui, c'est
vrai. C'est une solution qui est simple et je n'ai pas besoin d'analyser
chacune des circonstances. Est-ce que ça revient à l'organisme de
réglementer là-dessus ou si ça revient au gouvernement
dans son projet de loi?
M. Pigeon: Évidemment, on avait mentionné au
départ qu'on voulait l'avoir dans le projet de loi parce que
l'idée de le mettre dans l'offre est venue après. On sait que
l'organisme devra prévoir le contenu minimum de certains documents.
Alors, où ça devra aller? Moi, je dis simplement que pour le bien
du public, c'est essentiel qu'il y ait des dispositions à quelque part
et, moi, je vais faire l'impossible pour qu'il y en ait une parce qu'on vit
avec une disposition et s'il fallait qu'elle disparaisse, à mon point de
vue, on pénalise le public.
Mme Robic: M. le Président, je pense qu'on a couvert
à peu près tous les sujets. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Alors, je passe la parole au député de Gouin.
M. Boisclair: Je suis heureux de voir que la ministre me
prête des intentions alors même que ça ne fait pas deux
jours que je participe à cette commission. Mais vous vous rappelez qu'en
1976, j'avais 10 ans et que...
Des voix: Ha, ha, ha! Mme Robic: Chanceux!
M. Pigeon: Le baptistaire est un gros avantage.
M. Boisclair: ...dans ces circonstances, monsieur semble
s'être fait un défenseur de cette demande au niveau de l'Office
des professions, et que si les temps ont changé, soit. Il est de notre
devoir de trouver une solution au problème qui est énoncé
et qui correspond à la réalité des années 1990.
Cependant, je crois qu'il demeure une question de fond, si ce n'est qu'en
termes d'organisation législative. Je pense que c'est une question
à laquelle on doit réfléchir.
J'aimerais revenir rapidement sur la question de la formation. On en a
glissé un mot tout à l'heure. Est-ce que vous seriez d'accord
pour qu'il y ait un examen uniforme? Est-ce qu'il faudrait imposer un
curriculum particulier? Est-ce qu'il faudrait contingenter? De quelle
façon voyez-vous le contrôle sur la formation?
M. Pigeon: Alors, il est bien évident, quant à moi,
d'accord, que toute forme de contingentement aurait pour effet d'empêcher
l'industrie de performer. Et si on veut régler le problème de ce
qu'on a appelé le "turnover", le contingentement va le régler
mais il ne réglera
certainement pas le problème de la clientèle. D'accord?
Pour avoir de bons agents, c'est normal qu'on puisse en entrer et si on veut
être en libre concurrence, je pense qu'une forme de contingentement
serait nuisible à tous points de vue. Au point de vue de la formation,
d'avoir un examen uniforme, je dis un gros, gros oui, parce que comme je donne
les cours qui suivent les cours qui sont donnés dans les
différents cégeps - parce que, quand même, j'ai des bureaux
dans différentes régions - je m'aperçois qu'il n'y a
aucune uniformité. Et ça, à mon point de vue, c'est
essentiel. D'ailleurs, je n'ai jamais été d'accord sur le fait
que les cours soient dispensés principalement par les cégeps.
J'ai toujours désiré et j'ai été déçu
quand on a aboli l'examen, à l'époque, parce qu'à cette
époque-ià, on faisait notre propre formation. Je ne dis pas qu'on
retournera à ça, mais je pense que ça règle le
problème. Quand on dit: en région - ici, on peut parler de
Chicoutimi - on est obligés d'amener les gens aux cégeps de
Québec, pour Chicoutimi, dans le moment, alors que lorsqu'on pouvait
faire notre préparation, on envoyait notre professeur à
Chicoutimi et on formait notre monde. Alors, au point de vue service, au point
de vue développement de la profession, je pense que l'examen est
essentiel.
M. Boisclafr: J'aimerais revenir sur un dernier
élément - on en a peu parlé dans nos travaux
jusqu'à date - qui est le comité de discipline. J'aimerais juste
attirer votre attention sur la page 16 du document de consultation. On dit:
"L'organisme d'autoréglementation se dotera d'un comité de
discipline qui aura pour mandat de disposer de toute plainte contre un courtier
ou un agent. Un syndic dont l'indépendance sera assurée par la
loi a pour mission d'assurer le respect de la réglementation et de la
déontologie et pourra porter plainte devant le comité de
discipline." Avez-vous une idée quant à la composition du
comité de discipline? Beaucoup de personnes ont des craintes,
là... être à la fois juge et partie.
M. Pigeon: Ce sont des craintes et ce sont des craintes
réelles. D'abord, j'ai siégé à beaucoup de
comités de discipline. Vous parlez des problèmes de
région. Encore dernièrement, je suis allé à
Rimouski avec deux autres personnes de Québec pour régler un
différend, là-bas, parce qu'il y a certains problèmes.
Quand on a parlé d'arbitrage de compte et qu'on parle de discipline...
La discipline, il n'y a aucun doute, c'est l'organisme
d'autoréglementation qui doit voir à la discipline. Moi, je pense
envers deux membres et envers le public. Les questions de discipline, ça
doit être uniforme à travers la province. Je verrais mal avoir
des... De toute façon, en région, ils en ont absolument besoin.
Vous ne pouvez pas, dans une région où vous avez 150 membres,
trouver 3 arbitres qui vont être capables de rendre un jugement.
Ça ne se fait pas. De toute façon, ils viennent les chercher
à l'extérieur. Le seul point où je n'en fais pas un cas
d'État, c'est l'arbitrage de compte. L'arbitrage de compte, de deux
commissions entre deux courtiers, parce que les commissions se partagent entre
courtiers. Bien qu'on décide de faire un arbitrage entre nous autres,
à notre chambre d'immeubles, ça ne touche absolument pas le
public. Et ça, c'est plus facile. Quand on parie d'arbitrage de compte
avec le public, c'est nécessairement l'organisme, mais, seulement,
l'arbitrage de compte tel que fait par les chambres d'immeubles,
nécessairement, c'est un genre d'arbitrage qu'on pourrait faire sur
décision volontaire, n'importe qui. Alors ça, ça ne me
fatigue pas et ça fonctionne très bien.
M. Boisclair: Si je vous comprends bien, l'arbitrage sur une
commission entre deux agents...
M. Pigeon: Entre deux courtiers. M. Boisclair: Entre deux
courtiers.
M. Pigeon: C'est toujours entre courtiers les commissions.
M. Boisclair: Effectivement. Entre deux courtiers, la chambre
d'immeubles; et si c'est un arbitrage sur un compte d'un client, le
comité de discipline, qui relève de l'organisme
d'autoré-glementation.
M. Pigeon: Exact. Maintenant, nécessairement, dans des
régions où ils ne pourraient pas faire leur arbitrage de compte,
je ne suis pas contre le fait que l'organisme pourrait en faire, mais
seulement, quant à moi, dans les régions où ils ont des
chambres d'immeubles structurées, je pense que ça revient aux
chambres d'immeubles.
M. Boisclair: Dans le document de discussion, on dit: L'organisme
d'autoréglementation se dotera d'un comité de discipline. Est-ce
que vous voyez ça comme un sous-comité ou si vous voyez que ce
serait des membres qui seraient sur l'organisme d'autoréglementation?
Est-ce que ce serait un comité à part, avec des gens qui
représentent d'autres milieux?
M. Pigeon: II est bien évident que quand il va se doter
d'un comité - un comité de discipline au niveau provincial, dans
le moment, je pense qu'on a une soixantaine de personnes dans ce
comité-là - alors il faut quand même que ces
personnes-là soient nommées et choisies et remplacées au
besoin, parce qu'il y a certains critères à remplir pour
être membres de ce comité. Il faut que ce soit des gens qui aient
un critère d'expérience, un critère
d'honnêteté, enfin, etc., et ces gens-là doivent être
choisis
par l'organisme puis approuvés par le conseil
d'administration.
M. Boisclair: Juste une dernière chose, c'était sur
le cumul des permis. Tout à l'heure,
Mme la ministre m'a dit qu'il y avait une autre restriction dans la loi
134, mais...
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: En tout cas, il va falloir qu'on regarde ça,
je crois, plus attentivement, parce que l'article 41 dit: "Le titulaire d'un
certificat délivré conformément à la
présente loi peut également exercer l'activité
d'intermédiaire de marché régi par une autre loi, aux
conditions déterminées par cette loi et les règlements
pris par la gouvernement pour son application." Il y a, à ma
connaissance, et j'aimerais ça peut-être qu'on...
Mme Robic: M. le Président, si vous me permettez, vous
regardez l'article 14 à la page 9, le dernier paragraphe: "Sous
réserve de la Loi sur le courtage immobilier, un intermédiaire de
marché en assurance peut également, aux conditions prévues
aux paragraphes 1° et 2°, placer des prêts
hypthécaires."
M. Boisclair: Je vous remercie pour cette clarification.
Ça va aller, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Je vous remercie, M. le
député de Gouin. Mme la ministre, si vous voulez conclure.
Mme Robic: M. Archer, M. Pigeon, merci infiniment. C'est toujours
un plaisir de vous entendre. M. Pigeon, votre expertise n'est pas à
prouver, on voit que - je ne sais pas comment ça se fait - vous semblez
être bien informé.
M. Pigeon: Je ne fais que de l'immobilier. Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Robic: Mais plus que ça, je pense, un peu, aussi. Vous
faites de l'immobilier mais vous êtes également très
impliqué dans les organismes. On vous en félicite d'ailleurs. M.
Pigeon, M. le Président, est le président de l'Association de
l'immeuble au Québec. On vous félicite, c'est tout récent,
et on vous remercie beaucoup de votre présence.
M. Pigeon: Merci.
Le Président (M. Forget): Merci, Mme la ministre. M. le
député, en conclusion.
M. Boisclair: On vous remercie pour votre présentation et,
comme je le disais, ce sera lorsqu'on discutera des règlements et du
projet de loi qu'on verra jusqu'à quel point vous aurez attendu.
M. Pigeon: On sera là.
M. Boisclair: J'y serai aussi.
Le Président (M. Forget): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie beaucoup de votre participation. Alors,
l'ajournement des travaux jusqu'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 10)