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(Dix heures une minute)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La Commission du budget et de l'administration débute ses
travaux ce matin, afin de procéder à l'interpellation de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, au ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique et président du Conseil du trésor sur le sujet suivant:
la relance de l'économie de l'emploi à Montréal. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve) remplacera M. Beaulne (Bertrand), M. Gobé
(LaFontaine) remplacera M. Belisle (Mille-Îles), M. Gautrin (Verdun)
remplacera M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine) et M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques) remplacera M. Léonard (Labelle).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous rappeler brièvement les règles de
procédure relativement à l'interpellation. Le débat dure,
au plus, deux heures, soit jusqu'à midi. La discussion est
divisée en trois étapes: un premier débat de 20 minutes
commence par l'intervention du député qui a donné l'avis
d'interpellation, soit la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Elle
exercera un premier droit de parole de dix minutes. Le ministre
interpellé, soit le président du Conseil du trésor, aura
ensuite un droit de réplique de dix minutes. Après ces deux
interventions, nous procéderons ensuite à un débat de
quatre-vingts minutes au cours duquel chaque intervenant pourra s'exprimer
pendant cinq minutes. Il y aura alternance dans les interventions selon la
séquence suivante: un député de l'Opposition, le ministre,
un député ministériel et, ainsi de suite, selon la
même séquence. Si un membre utilise moins de cinq minutes, le
temps non utilisé est perdu et la parole sera donnée à
l'intervenant qui suit, selon la séquence que j'ai indiquée.
Vingt minutes avant la fin de la séance, le ministre aura droit à
un dernier temps de parole de dix minutes et la députée de
Hochelaga-Maisonneuve aura ensuite un droit de réplique de dix minutes,
ce qui mettra fin au débat.
Nous allons maintenant commencer le débat. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, vous avez la parole.
Exposé du sujet Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. D'abord, un mot de
remerciement pour nos collègues du caucus national. Ils ont
accepté unanimement que la première interpellation de
l'Opposition, à l'occasion de cette nouvelle session, porte encore sur
Montréal. C'est la deuxième fois en moins d'un an. La
première avait eu lieu au printemps, quelques semaines après la
formation du comité ministériel permanent de développement
du Grand Montréal annoncé à grand renfort de
publicité au mois de février. Je vous rappelle l'état
d'esprit des Montréalais lors de l'annonce du comité; un
état d'esprit bien résumé par le président en
exercice de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui
disait, et je le cite: "M. Ménard a insisté
particulièrement sur l'urgence d'agir. Les études ont
été faites depuis longtemps. Les problèmes sont connus. Le
rapport Picard a bien décrit la situation économique de
Montréal et il a proposé de multiples solutions aux
problèmes recensés." Pour conclure, le 28 février dernier,
et je le cite: "C'est maintenant le temps d'agir." D'ailleurs, le ministre
responsable de la région de Montréal, le député de
Vaudreuil-Soulanges et président du Conseil du trésor, et je le
cite, s'engageait "à établir un agenda comportant une liste de
priorités assortie d'un échéancier de réalisation".
C'étaient là, les propos attribués au ministre responsable
de Montréal, lors de l'annonce de la formation du comité
ministériel permanent.
Huit mois plus tard, ce matin, nous voulons connaître l'agenda.
Nous voulons connaître la liste de priorités et nous voulons
connaître l'échéancier de réalisation. Plus encore,
M. le Président, nous exigeons du comité ministériel
permanent un véritable plan de relance de l'économie et de
l'emploi pour freiner les effets dévastateurs de la récession sur
la situation déjà chancelante de Montréal, même en
période favorable. Nous sommes cinq élus du Parti
québécois sur les 33 circonscriptions de l'île de
Montréal. Nous exigeons des 28 députés libéraux
plus de leadership. Comment peuvent-ils accepter la paralysie bureaucratique du
comité ministériel permanent d'ailleurs dirigé par des
ministres extérieurs à l'île de Montréal? M. le
Président, nous ne pouvons pas continuer à nier l'évidence
devant l'ampleur des problèmes et leur aggravation incessante sur
l'île de Montréal. Le taux de chômage augmente, les
faillites se multiplient, les mises en chantier dans le secteur de la
construction sont en baisse, les annonces de fermeture se font de plus en plus
nombreuses. Elles s'ajoutent à celles déjà connues: Direct
Film, Marconi, Air Canada, Fonderie CSF, Balmet, Générale
Électrique, Comterm. Le taux de chômage officiel atteint
maintenant 10 1/2 % et les informations que nous avons sont à l'effet
qu'au-delà de 23
quartiers sur les 54 que compte l'île de Montréal comptent
plus de 15 % de chômeurs. Le nombre de personnes assistées
sociales sur le territoire de la ville est passé, entre janvier et juin
de cette année, de 55 500 à 57 300, une augmentation de 4 % en
six mois.
Le secteur manufacturier a connu la baisse, la saignée la plus
dramatique: 22 % de diminution, dans IHe de Montréal et à Laval,
durant la même période de janvier à juin, M. le
Président. Les organismes de dépannage alimentaire sont à
bout de souffle. Près de 103 000 familles ont dû avoir recours
l'an dernier à leurs services. Il y a plus de soupes populaires que de
franchises de McDonald's à Montréal et, selon la Table de
concertation sur l'alimentation, 30 % des familles qui vivent de
dépannage, soit 31 000 d'entre elles, ont en moyenne deux enfants.
M. le Président, ce matin, nous voulons, mes collègues et
moi, aborder en priorité les problèmes de la main-d'oeuvre, du
transport, du logement, de la pétrochimie et du secteur du textile, et,
en priorité, rappeler la diminution de la participation du gouvernement
du Québec au financement des immobilisations sur le territoire de la
ville de Montréal. Les chiffres confirmés que nous avons obtenus
nous démontrent qu'en 1986, sur un budget total d'immobilisations de 170
000 000 $, la contribution du gouvernement du Québec aux infrastructures
urbaines atteignait 7 %, soit environ 12 000 000 $. En 1991, cinq ans plus
tard, cette participation n'est plus que de 1,8 %, soit 4 500 000 $ sur un
budget annuel de 250 000 000 $. La participation du gouvernement du
Québec ne fait que diminuer, M. le Président.
Nous sommes particulièrement inquiets et nous pensons que, comme
ce fut le cas en 1983, le gouvernement doit adopter des mesures
énergiques pour relancer l'économie et l'emploi sur l'île
de Montréal. Nous avons pris connaissance, M. le Président, de
ces mesures qui avaient été engagées sur le territoire de
l'île de Montréal. Ce plan d'action spécial a
été mis au point par le gouvernement du Québec et par les
autorités de la ville de Montréal et de la Communauté
urbaine de Montréal, pour faire face à la récession de
1983 - et nous rappelons que la ville de Montréal a été la
première ville canadienne à se sortir de la récession
malgré qu'elle eût été la plus durement
touchée.
M. le Président, ce n'est pas nous qui le disons. Je prends
à témoin l'équipe éditoriale du journal The
Gazette qui, évidemment, n'est pas connue pour ses amitiés
particulières à l'égard de l'équipe des
députés du Parti québécois et qui, très
récemment, appuyait l'équipe du Parti québécois, et
je les cite: "Les députés du Parti québécois
viennent de démontrer qu'ils sont habiles et qu'ils voient clair. Ils se
sont rappelé que les Montréalais avaient d'autres
intérêts que les questions linguistiques et constitutionnelles,
l'économie languissante de leur ville. Lorsque les députés
du Parti québécois réclament davantage du gouvernement
Bourassa à l'égard de Montréal, ils ont tout à fait
raison."
M. le Président, ce que nous réclamons, c'est une
intervention énergique immédiate, ce . que nous réclamons,
c'est un plan de relance. Nous nous inquiétons des directives comme
celle qui a été émise à la SDI, l'enjoignant de
geler les programmes de subventions, y compris dans l'est de Montréal,
à l'exception du sud-ouest; nous nous inquiétons des programmes
de coupures en matière de main-d'oeuvre mis en place et qui obligent
l'ensemble des intervenants en formation professionnelle à faire
autoriser par le Conseil du trésor toute dépense
supérieure à 5000 $.
Nous rappelons qu'en matière de main-d'oeuvre la situation est
dramatique à Montréal. La Commission de formation
professionnelle, M. le Président, a réussi, l'an dernier,
à ne pas dépenser 22 % de son budget, c'est-à-dire 10 000
000 $ en 1989-1990, le double de ce qu'elle avait économisé,
malheureusement, sur le dos des sans-emploi en 1988-1989, c'est-à-dire 4
500 000 $.
Les crédits périmés. L'argent, budgeté sur
papier, pas dépensé en matière de formation de la main
d'oeuvre, a doublé entre 1988 et 1989: 10 000 000 $ qui n'ont pas
été dépensés. Et, M. le Président, les
chiffres officiels nous démontrent que, malheureusement, Montréal
a assisté à une baisse des programmes de formation offerts aux
sans-emploi, une baisse de 10 000 personnes, puisque la participation a
chuté de 66 000 en 1988-1989, à 55 000 en 1989-1990, au moment
pourtant où nous assistons à des pénuries de main-d'oeuvre
dans plusieurs secteurs économiques et industriels. À quand une
réponse quant aux centres de formation en pétrochimie, quant aux
centres de formation en aéronautique, quant aux centres de formation en
plastique et fonderie?
Alors, M. le Président, nous allons certainement profiter de
cette période d'interpellation pour exiger des réponses du
gouvernement sur ces dossiers jugés prioritaires par les
Montréalais Je vous remercie
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
députée. M. le président du Conseil du trésor.
Réponse du ministre M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Je ne cesse pas de
m'étonner de la vision misérabiliste de Montréal que
véhicule continuellement la députée de
Hochelaga-Maisonneuve. Je trouve particulièrement ironique qu'elle
s'inspire aujourd'hui d'un appui que la Gazette lui aurait donné
sur sa bonne compréhension, la bonne compréhension des membres du
Parti québécois, des problèmes
auxquels font face Montréal et les diverses régions de
Montréal alors qu'en parallèle, si je comprends bien le maire
Jean Doré, le PQ est en partie responsable du déclin de
Montréal, indique le maire et candidat à la mairie,
évidemment, M. Jean Doré, qui avant-hier, à la radio,
devait admettre que les politiques auxquelles la députée et ses
collègues ont été associés dans le milieu des
années soixante-dix expliquent les difficultés continues que
Montréal peut connaître au titre dos investissements, qui souls
peuvent déterminer la création d'emplois.
Je suis toujours surpris aussi quand même, en cette Chambre que je
fréquente depuis une dizaine d'années, de voir le niveau, je
dirais, d'hypocrisie à certains égards de nos collègues
d'en face, quant à la façon de régler les
problèmes. Je veux juste qu'on se souvienne qu'alors que beaucoup de
Québécois se souciaient de création d'emplois dans les
années soixante-dix, notamment les membres du parti auquel j'appartiens
maintenant, que les membres du Parti québécois discutaient non
pas du sexe des anges, mais de la participation ou non d'un Québec
souverain à l'OTAN, trouvaient le moyen de faire des voyages
organisés à des congrès de l'Internationale socialiste.
Et, probablement, faisaient preuve de beaucoup de respect et d'admiration
à l'endroit des "posters" de Che Guevara qui devaient orner leurs
salons. Mais c'est une réalité, enfin, je pense qu'on peut... (10
h 15)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Pointe-aux-Trembles...
M. Johnson: Je pense qu'on doit retenir ces dimensions.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. M. le
député de Pointe-aux-Trembles, c'est le droit de parole du
président du Conseil du trésor.
Mme Harel: Oui, alors question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Madame, question de
règlement.
Mme Harel: La pertinence, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez...
M. Bourdon: Les "posters" de Che Guevara, la relance de
l'emploi...
Mme Harel: La pertinence.
Le Président (M. Lemieux): C'est très très
pertinent, Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Une voix: Oh! Oh!
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: M. le Président, on voit où le
bât blesse, évidemment, de l'autre côté. Ce sont des
rappels qui peuvent être un petit peu douloureux lorsqu'il s'agit de
parler d'économie. Il ne faut pas parler de l'OTAN, il ne faut pas
parler...
Une voix:...
M. Johnson: Non, mais je veux rappeler que nous nous soucions
d'économie et non pas de la participation du Québec souverain
à l'OTAN, à titre d'exemple, quant aux priorités que nous
retenons comme parti politique. De la même façon, les membres du
Parti québécois ne semblent pas avoir le même pas qu'on
peut observer chez ceux qui sont soucieux du développement, notamment,
de l'est de Montréal. Par les temps qui courent, la Table do
concertation do l'est de Montréal, que nous avons contribué
à mettre sur pied, à financer avec nos partenaires des autres
niveaux de gouvernement, est en voie de réaliser une activité de
promotion remarquable afin de redorer le blason, la perception que les gens
peuvent avoir de l'est de Montréal. Montréal, c'est l'est. Je
trouve ça extrêmement intéressant comme jeu de mots, comme
perspective et comme sentiment que ça illustre quant à la
fierté que les gens peuvent avoir d'attirer, dans l'est de
Montréal, des investissements et de faire valoir, donc, une
qualité de vie meilleure que ce qu'on peut y retrouver actuellement. Il
s'agit donc de regarder vers l'avenir.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve est
misérabiliste, j'allais dire qu'elle est seule. Elle n'est pas seule,
ils sont quatre ce matin, M. le Président, on peut le constater. Chose
certaine, les services de la ville de Montréal prétendent que
ça va beaucoup mieux. Enfin, ii y a quelques jours, c'était assez
amusant de voir que l'écho du communiqué de presse des
députés d'en face ne s'était pas éteint, que la
ville de Montréal publiait un bilan, ma foi, qui n'était pas si
désespérant qu'on voudrait nous faire croire de l'autre
côté.
Autre préoccupation qui semble absente des discours de
l'Opposition, c'est évidemment l'effet inévitable que peut avoir
le contexte mondial sur des régions comme la région de
Montréal, la ville de Montréal et certains de ses quartiers. Je
crois comprendre que, pour nous rendre aux désirs de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, nous devrions intervenir, par
exemple, pour arrêter le conflit dans le Golfe persique. Le monde
industrialisé, dans son ensemble, souffre économiquement des
perturbations que ce conflit à l'égard des prix de
l'énergie peut apporter dans l'ensemble de nos secteurs industriels. La
conjoncture économique que veut dépeindre la
députée, malgré ces faits incontournables,
inévitables, qui font partie de la géopolitique internationale,
n'en demeure pas moins plus encourageante qu'elle ne veut le laisser croire. Le
développement de Montréal, depuis quelques années, dort
être clairement tributaire de politiques générales qui
visent à favoriser l'émergence de certains secteurs d'avenir dans
notre région afin que nous puissions tirer vers le haut, dirais-je,
l'ensemble de l'économie montréalaise. fi n'en reste pas moins
que dans tous les grands centres urbains des pays industrialisés, nous
avons tous à affronter - tous les élus, tous les responsables
dans tous les pays - les difficultés que les poches de
pauvreté signifient. L'attrait de la viHe pour ceux qui ne trouvent pas
de travail en régions continue à s'exercer malgré les
perspectives relativement, enfin, grises, dirais-je, qui sont dépeintes
et qui sont des faits. Nous avons donc, avec d'autres grandes villes
d'Amérique du Nord, à voir ce que nous pouvons faire pour hausser
le niveau de prospérité de certains endroits particuliers, nous
assurer que les emplois et l'activité économique qu'on peut loger
dans un quartier s'adressent aux gens qui habitent ce quartier. C'est un
défi qu'on vit à l'échelle internationale. Je suis
heureux, dans le fond, qu'au moins, de l'autre côté, on
prétende que les solutions sont connues pour régler un
problème qui se situe à tel coin de rue - programme de relance
pour le quartier sud-est du comté de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve - moi je veux bien, mais on ne peut pas aller dans le
micro de cette façon, autrement qu'en donnant à des organismes de
ce quartier et de ces régions de façon très, très
spécifique, des moyens d'agir chez eux. Et nous l'avons fait. Qu'on
vienne nous dire: Comment se fait-il qu'il n'y ait pas d'emplois de
créés? Comment se fait-il que le Fonds d'emplois Montréal
n'est pas utilisé? S'il vous plaît allez demander aux gens du
Fonds d'emplois Montréal. Comment se fait-il que les groupes
communautaires qui sont financés par la Table de concertation de l'est
de Montréal ou par des CDEC ou par l'OPDQ directement ne
dépensent pas l'argent qu'on leur a donné? Bien, je vous invite
à aller leur demander. Nous ne pouvons pas dépenser à la
place des agents locaux les moyens que nous mettons à leur disposition.
Nous avons la responsabilité, afin que les gens se prennent en main et
puissent voir à développer leur propre prospérité.
Nous avons la responsabilité de leur mettre des outils entre les mains.
Nous l'avons fait au titre de dizaines de millions de dollars. J'aurai
l'occasion - et mes collègues également - de revenir sur ce bilan
extrêmement précis.
Mais au-delà de ces actions, nous pourrons les détailler
ensemble, il n'y a pas de difficulté avec ça. Il n'en reste pas
moins que la responsabilité gouvernementale doit viser à
créer un ensemble de conditions qui favorisent l'émergence de
certains secteurs, le maintien de certains autres et la transition
nécessaire qu'enfin d'autres secteurs doivent connaître d'ici
quelques années, si on ne veut pas perdre les emplois qui s'y
rattachent.
Le comité ministériel permanent du développement du
Grand Montréal vise précisément à assurer un lieu
où se dérouleront ces arbitrages, ces décisions
gouvernementales qui peuvent affecter Montréal, au même titre que
d'autres comités ministériels permanents. Nous nous assurons -
mes collègues et moi - dans ce comité que j'ai l'honneur de
présider, de faire en sorte que le gouvernement soit sensible, dans les
gestes qu'il pose autrement, aux situations particulières de
Montréal et, inversement, que les besoins de Montréal et de sa
région soient pris en compte, de façon spécifique,
à l'égard de certaines demandes qui peuvent être
formulées dans les décisions gouvernementales.
C'est à cette fin que le comité existe et les outils, je
les ai décrits et nous pourrons les décrire plus abondamment tout
à l'heure, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Pointe-aux-Trembles,
pour une période de cinq minutes.
Argumentation M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, il n'y a pas que le journal
The Gazette qui pense que la situation est corsée à
Montréal. Il y a également Alain Dubuc, éditorialiste
à la Presse qui a parlé, il y a quelques mois, de la
désindustriali sation de Montréal. Il y a également le
journal Les Affaires, qui n'est pas connu pour être un journal qui
parle à travers son chapeau, qui s'inquiète de l'avenir de
Montréal.
Quand le Parti libéral a pris le pouvoir en 1985, il y avait 35
000 chômeurs dans l'est de Montréal. Il y en a maintenant 38 000.
Et l'est de Montréal vit un problème à l'égard de
ses piliers traditionnels qui étaient la pétrochimie, les chemins
de fer et les chantiers maritimes. Le président du Conseil du
trésor était responsable de l'Industrie et du Commerce quand on
lui a passé sous le nez le contrat des frégates qui est
allé à St. John et que ça a entraîné la
fermeture du chantier de Vickers qui l'avait acheté juste avant de le
fermer.
Alors, il faut des actions précises et concrètes, M. le
Président. Et, à cet égard, nous demandions en avril au
ministre responsable du comité interministériel où en est
le projet de Soligaz qui est très important pour faire progresser la
pétrochimie dans l'est de Montréal. Voilà du concret
où on aimerait que le ministre nous informe de ce qui se fait
exactement.
M. le Président, il y a également la décision que
le gouvernement devra prendre quant à trois usines de désencrage,
une de Kruger qui est déjà votée pour l'Estrie, l'autre
d'Orford à Drummondville et une troisième du groupe
Donohue-McClaren dont on dit qu'elle doit venir dans la région de
Montréal et comme, à cause de la régie intermunicipale des
déchets qui, à Montréal-Est, entend, si l'environnement
est préservé, ouvrir un centre de tri et d'incinération
des déchets, la matière première serait disponible pour
une usine de désencrage et pour accentuer le recyclage. Alors, il
s'agit, M. le Président, de nous dire quelles actions le gouvernement
fait, à part de se dire, d'un ton jovialiste, opposé au
misérabilisme. Mais les gens qui chôment, chôment, et les
secteurs qui ne sont pas aidés ne le sont pas. Et, toujours dans la
même interpellation, quand on demandait quelles actions le ministre, je
ne parle pas des actions de coupures qu'il s'apprête à prendre
comme président du Conseil du trésor, mais comme responsable du
comité interministériel de Montréal, que fera-t-il pour
installer à Montréal, un centre international de
conférence et un siège social nouveau pour l'OACI? On parle d'un
projet de 300 000 000 $. Il nous répond qu'on a mis 500 000 $ pour une
étude. Alors, les milieux d'affaires, les milieux syndicaux, les milieux
communautaires, attendent de l'action. Ils se concertent et c'est absolument
injuste de leur retourner la balle quand on sait que les sommes d'argent
votées par le gouvernement ne sont pas utilisées. Elle ne le sont
pas notamment, parce qu'en matière de formation professionnelle, c'est
le gouvernement qui édicte les normes et les adultes en chômage
ont une misère invraisemblable à recevoir de la formation
professionnelle, à cause des normes que le ministre de
l'Éducation, entre autres, a édictées. Alors, il est
facile de dire que c'est la faute des Montréalais si Montréal ne
marche pas, alors qu'au plan industriel, entre autres, le gouvernement s'assoit
et que, en général, il nous dit qu'à force de ne rien
faire, les problèmes vont se régler d'eux-mêmes. Alors, il
y a des problèmes dans le sud-ouest de Montréal, il y a des
problèmes dans l'est de Montréal. Il y a quelque chose comme une
presque majorité des quartiers de Montréal où le taux de
chômage dépasse 15 %. Il s'agit donc d'avoir des actions
spécifiques, un plan de relance et le ministre ne nous annonce pas un
plan de relance, il nous annonce un plan de coupures, ce qui n'est pas tout
à fait du même ordre et de la même façon. Quand le
parti auquel nous appartenons était au pouvoir, ce qu'il a fait lors de
la récession de 1982, à Montréal et ailleurs, c'est
d'avoir des plans pour s'en sortir. Sauf qu'il y a peu d'attention qui est
apportée aux vrais problèmes de Montréal et, ça, Je
président de la Chambre de commerce avait raison de dire: Le temps des
réflexions, le temps des études est passé. Ça fait
huit mois que le ministre préside un comité, ça fait huit
mois qu'il se fait des études. Il s'est engagé à avoir des
priorités et à avoir un calendrier de réalisations.
Quelles sont ses priorités? Quel est le calendrier de
réalisations? Et qu'il arrête de voir la vie en rose.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le président du Conseil
du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, j'ai un petit peu de
difficulté à suivre le député de
Pointe-aux-Trembles. Je n'ai pas dit que j'aurais blâmé les
Montréalais pour ce qui se passe à Montréal, au titre du
déclin de la ville de Montréal. Je dis, et je
répète, le maire Doré, montréalais...
Une voix:... en chef...
M. Johnson:... dit: L'élection du Parti
québécois en 1976 a contribué à faire perdre
à Montréal son titre de métropole du Canada. Je m'excuse.
Le député a mal compris. J'ai cité un Montréalais
qui, lui, a dit que c'était la faute du PQ, le déclin de
Montréal. Alors, on va se comprendre là.
Mme Harel:...
M. Bourdon:... demandé... Cessez de mentir. (10 h 30)
M. Johnson: Deuxièmement, nous avons devant nous un
député qui nous dit: II y a plus de chômage, les industries
ferment. Qu'est-ce que vous allez faire pour les chômeurs? La conclusion,
c'était de savoir si un centre international de conférences
serait ouvert. Je crois comprendre donc que ce ne sont pas des mesures
précises qui visent des quartiers qui sont requises, mais bien des
mesures générales qui visent à redonner à
Montréal une place de choix sur la scène internationale et qui,
je le présume, si c'est ça que souhaite le député,
contribueront, comme on peut le prétendre d'ailleurs avec raison,
à rehausser le niveau général de prospérité
qui fera en sorte que Montréal et sa région, en
général, ne seront plus, je dirais, marginalisées et donc
premières victimes de ralentissement économique
général ou universel. Inévitablement en cas de
ralentissement ou à la limite, de récession, et au pire, comme en
1982, de crise économique, ce sont les endroits les plus faibles qui
sont touchés les premiers. Ce sont les secteurs moins structurés,
moins modernes, ce sont les entreprises où la main-d'oeuvre n'est pas
aussi polyvalente qu'on le souhaiterait, c'est essentiellement ceux qui n'ont
pas fait d'investissements à toutes sortes de titres qui souffrent
lorsqu'il y a ralentissement. Nous avons donc la responsabilité,
à ce titre, d'assurer que des
entreprises montréalaises et du Québec puissent avoir,, et
surtout, utiliser les outils qui leur permettent d'affronter des
ralentissements d'une part, et, d'autre part, qui leur permettent de
connaître un essor sur des bases, je dirais, de développement de
certains créneaux qui sont porteurs de création d'emplois pour
l'avenir.
Le gouvernement peut également intervenir, et, c'est, ce que
semblent souhaiter le député et ses collègues, et c'est ce
que nous prétendons de ce côté-çi également,
intervenir de façon ponctuelle afin de soutenir, sinon carrément
susciter, du développemnent et de l'activité économique Le
député fait. état du train de mesures qui avait
été mis en place par le parti auquel il appartient lors des
difficultés économiques de 1981, 1982 et 1983, je devrais dire
également les plans de relance. Je cite une dépêche de
novembre 1983. Lei; premier ministre du Québec, du PQ
à ' l'époque,,, le premier ministre Lévesque, annonce une
cinquantaine de mesures déjà connues. Les milieux patronaux et
syndicaux jugent ' le spectacle incomplet. C'est ça, des plans de
relance! Relance économique pu politique? citait alors Le Soleil, ici
à Québec. M. le Président, j'aime mjeux que nous nous,
convions à des mesures de gestion rigoureuse des finances publiques
quotidiennement plutôt que de, prétendre que ça doit se,
faire occasionnellement Ça mène, quant à moi, à des
résultats beaucoup plus tangibles et qu'an peut observer, que j'ai
déjà décrits dans cette Chambre, et ça ne
mène certainement pas à des situations où, comme ça
arrive de votre côté, vos propres collègues vous
dénoncent vous-mêmes. Marois - on devrait dire la
députée de Taillon, - mais évidemment on titre: Marois
fait le constat d'échec de son gouvernement, en 1985, on s'en souvient.
Pendant que d'un autre côté, Bernard Landry assure que le
Québec est mieux géré. Alors, je veux remercier le
président du PQ de nous donner ainsi un certificat dé bonne
gestion,, non pas parce, qu'il l'aurait pratiquée, mais au moins parce
qu'il a le sens de l'observation.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de LaFontaine.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. À entendre
toutes ces déclarations, je me demande si on n'a pas reculé d'une
quinzaine d'années. Je me demande où on s'en va. Mon impression
à moi, c'est qu'actuellement la région de Montréal
connaît encore des problèmes de développement, des
problèmes économiques qui existent depuis ces 15 an§. Qu'on
fasse le procès du ministre actuel ou du gouvernement antérieur,
je ne vois pas comment on va régler le problème des gens qui
actuellement sont sur le chômage, qui ont des problèmes de
transport et qui ont des problèmes d'employabilité.
Ceci étant dit, je pense que les députés
libéraux de l'est de Montréal, depuis cinq ans que nous sommes
élus, sommes conscients de cette réalité que sont les
problèmes dans l'est de Montréal, en particulier,
problèmes de sous-emploi, des problèmes d'entreprises
vétustes qui ferment, des problèmes de moyens de transport qui
sont désuets ou inexistants. C'est évident que ce n'est pas venu
les cinq dernières années, ça! Ce n'est pas une grande
nouvelle que le maire Doré annonce en disant que le Parti
québécois est en partie responsable de ça. Je pense que
tout le monde le savait. Maintenant, ceci étant dit, regardons vers
l'avenir et essayons de travailler ensemble au lieu de se garrocher des
pavés d'un bout à l'autre de la pièce pour essayer de
trouver des solutions que les concitoyens de Montréal sont en droit
d'attendre des gouvernements, soit municipal ou montréalais. Et à
ce titre-là d'ailleurs, les députés montréalais, de
l'est de Montréal en particulier, nous avons axé depuis cinq ans
nos interventions sur différents secteurs, err particulier sur le
développement économique, et on a vu qu'il s'est
créé quand même dans la grande région de
Montréal pas loin de 100 000 emplois. C'est évident, dira la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qu'une grande partie des gens
qui travaillent dans ces emplois n'habite pas Montréal. Mais je crois
qu'on ne peut quand même pas mettre de barrières pour obliger les
gens de Montréal à travailler dans une entreprise de
Montréal et les gens de l'extérieur à ne pas y venir.
Nous avons aussi mis nos efforts de députés
ministériels vers le développement de l'habitation. On sait que
les programmes d'habitation ont quand même été assez
conséquents dans Montréal et dans l'est de Montréal en
particulier; il suffit de regarder des régions comme
Rivière-des-Pralries, Pointe-aux-Trembles en particulier et la ville
d'Anjou, pour se rendre compte qu'il y a eu là presque doublement de la
population; en plus de ça, une amélioration sensible et
très importante, dirais-je même, du niveau de revenu des familles
dans ces régions-là, et ceci en grande partie grâce aux
politiques d'habitation montréalaises de la ville de Montréal,
conjointement, très souvent, avec le gouvernement du Québec.
Il y a un autre dossier très important. On ne peut pas parler de
développement de Montréal et de développement
économique sans parler de transport. Il est évident que l'est de
Montréal a toujours souffert fortement d'un manque de
développement du transport en commun. Mais le transport en commun, un
métro, ça prend 15 ans à faire. Et moi, Je dois dire que
malheureusement, le métro qui nlest pas venu dans l'est de
Montréal actuellement, comme certains collègues le laissaient
entendre cette semaine en Chambre, ce n'est quand même pas la faute du
président
du Conseil du trésor. C'est parce que, il y a une quinzaine
d'années, lorsque les planifications se sont faites, lorsque les choix
se sont faits, il n'a pas été capable de faire les consensus au
niveau régional entre les intervenants, qu'ils soient municipaux ou
gouvernementaux, pour dégager des priorités afin d'amener ces
moyens de transport dans l'est de Montréal et, aujourd'hui, nous nous
retrouvons avec une région dont le manque de transport se fait
cruellement sentir en ce qui concerne son développement.
Nous, les députés libéraux, avons quand même
pris des mesures depuis que nous sommes là. Nous avons quand même
fait des pressions et de nombreuses recommandations auprès de nos
ministres responsables et vous n'êtes pas sans savoir qu'un certain
nombre de choses ont été mises en place. Il y a eu le plan de
transport du ministre Marc-Yvan Côté en particulier; on parle
aussi des lignes de métro vers Saint-Léonard,
Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies; on parle des lignes de
métro vers Anjou. Il est évident que beaucoup de choses restent
à faire et qu'il y a encore de la place pour autre chose; il y a les
trains de banlieue qu'on pourrait utiliser plus tard. Le député
de Pointe-aux-Trembles y faisait allusion il y a quelques mois. Mais c'est
sûr qu'on ne fera pas, en quatre ou cinq ans, ce qui n'a pas
été fait en 15 ou 20 ans.
C'est, je pense, une situation actuellement qui n'est pas facile pour
les gens de Montréal et qui n'est pas due au Parti
québécois dans le temps ou au Parti libéral aujourd'hui.
Je crois que c'est un contexte, une conjoncture et que l'intérêt
des Montréalais nous guide, nous, les élus, les
députés de l'est de Montréal, qu'ils soient du Parti
québécois - avec plaisir - mais particulièrement du parti
au pouvoir, le Parti libéral du Québec, le gouvernement actuel,
les députés de l'est de Montréal, à travailler
ensemble, de concert avec nos ministres et avec les autorités
municipales de Montréal, bien entendu, et des autres villes: Anjou,
Montréal-Nord et Saint-Léonard, qui, elles, sont
impliquées là-dedans. Nous devons maximiser nos efforts et nos
ressources qui, malheureusement, sont moins importantes qu'à
l'époque où nos amis d'en face étaient au pouvoir - nous
n'avions pas ces déficits, ces dettes, nous n'avions pas ces situations
économiques difficiles - les maximiser pour faire en sorte
d'améliorer le cadre de vie de nos concitoyens et que le
développement de la ville de Montréal se poursuive d'une
façon intéressante et permette de pousser Montréal vers
l'avenir plutôt que vers le passé. De grâce, cessons ces
chicanes de sémantique: C'est la faute à Pierre, à Paul ou
à Jacques. Ce qui est important maintenant, c'est de regarder vers
l'avenir et de travailler pour nos concitoyens de Montréal.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de LaFontaine. M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: D'entrée de jeu, j'aimerais dire que
j'espère avoir plus de réponses du ministre responsable que mon
collègue en a eues sur les dossiers de Soligaz et sur le dossier de la
pétrochimie. Je veux peut-être féliciter aussi le
député de LaFontaine qui, d'une part, démontre bien qu'il
connaît ses dossiers et qu'il est aussi capable de développer une
vision globale quant à l'avenir de la métropole. On pourrait
peut-être le nommer président. Si je pouvais faire une motion dans
ce sens-là, il me ferait plaisir de le faire.
Ceci dit, le ministre responsable se réjouissait tout à
l'heure des derniers résultats qui ont été publiés
par la ville de Montréal; je fais référence à
L'économie de Montréal, 12e trimestre 1990. J'aimerais
attirer son attention, s'il voulait juste prendre le temps de regarder la page
9, dans les industries manufacturières. Si on compare le deuxième
trimestre de 1990 par rapport au deuxième trimestre de 1989, c'est une
baisse de 22 % dans le secteur manufacturier. On passe de 328 000 emplois, au
deuxième trimestre 1989, à 290 000 au deuxième trimestre
1990.
J'aimerais revenir, M. le Président, à un dossier sur
lequel j'ai eu l'occasion d'échanger avec le ministre responsable
à l'occasion de la dernière interpellation, qui est celui de
l'emploi dans le secteur du textile et de l'habillement.
Pour faire rapidement une mise en situation, faut-il se rappeler que
c'est plus de 55 000 emplois qui sont dirigés vers le secteur du textile
et de l'habillement pour la seule région 01, la région du centre
de Montréal et Laval, ce qui représente plus de 50 % des emplois
au Québec dans ce secteur. Il y aurait environ 106 000 emplois dans le
secteur des textiles et de l'habillement.
Ce qu'il est important de rappeler aussi, c'est que ces 55 000 emplois
dans le secteur du textile et de l'habillement représentent plus de 23 %
des emplois qui sont consacrés au secteur manufacturier.
Donc, si on reprend les chiffres que j'énonçais tout
à l'heure sur la situation des industries manufacturières au
deuxième trimestre de 1990, on peut facilement conclure que le secteur
du textile et de l'habillement a été victime de nombreuses pertes
d'emplois ces dernières années.
Le ministre soulignait, à juste titre, un certain nombre de cas
tirés du contexte international. Le milieu du textile et des
vêtements n'y échappe pas. On connaît les
négociations du GATT qui ont lieu à l'heure actuelle et la
possibilité de la disparition d'Accord multifibres qui faisait du
secteur du textile et des vêtements un secteur particulier,
protégé dans le cadre des négociations du GATT. Je posais
au ministre, la dernière fois, à l'occasion de l'interpellation,
un certain nombre de questions quant aux positions
que le gouvernement du Québec allait défendre dans ces
négociations-là. Le ministre me répondait le 6 août
en me disant: "II importe d'abord de rappeler que la mise en place de mesures
d'adaptation constitue une condition préalable à l'appui du
gouvernement du Québec à une éventuelle politique
fédérale d'intégration du textile et du vêtement au
cadre de gestion régulier du GATT."
Plus récemment, c'est le ministre Ciaccia des Affaires
internationales qui, le 27 septembre dernier, proposait une série de
mesures d'adaptation pour les textiles et les vêtements.
Ce que j'armerais savoir aujourd'hui du ministre, c'est qu'en est-il
justement de ces mesures, parce qu'on aura beau parler o*e... Bon,
peut-être pas essayer de trouver des blâmes, mais il y a des choses
très concrètes qui avaient été faites en 1983 dans
le cadre du programme AZUR d'aide gouvernementale pour intensifier la relance.
Qu'on pense au développement et à la promotion du design
québécois. En 1984-1985, c'est plus de 1 800 000 $ qui avaient
été dépensés, pour un autre projet
intéressant qui avait été annoncé le 21 septembre
1984, 2 500 000 $ d'investissements pour le centre de promotion de la mode
québécoise. Ce n'était pas négligeable. Ce sont des
choses très concrètes qui ont été faites pour
soutenir ce milieu-là. Je crois que, facilement, dans un contexte aussi
où la ville de Montréal présente une politique
substantielle dans le secteur de la mode, la ville de Montréal sort
d'une consultation importante avec l'ensemble des intervenants, ou propose de
consolider un certain nombre d'industries dans le milieu de la mode, propose
aussi un certain nombre de mesures pour favoriser le rayonnement de cette
industrie un peu partout dans le monde et particulièrement sur le
marché des États-Unis.
Ce que j'aimerais savoir aujourd'hui, c'est, d'une part, qu'en est-il de
ce fonds qui est demandé, et je cite le ministre: "un fonds qui serait
créé pour aider les entreprises, les travailleurs et les
travailleuses du secteur du textile et des vêtements à s'adapter
aux changements prévus aux prochaines années".
On parle de ressources financières qui pourraient être
accordées afin que Montréal soit confirmée capitale de la
mode vestimentaire et du design, que soit créé un fonds
dédié à l'adaptation de la main-d'oeuvre pour ces deux
secteurs pour la période de transition. Ce fonds servirait notamment
à la formation profession nelle de la main-d'oeuvre et à
l'augmentation de ses capacités d'adaptation.
Dans un contexte où, en plus de ça, il y a la TPS qui
s'ajoutera, qui viendra peut-être affecter le niveau concurrentiel des
entreprises du secteur de la mode, ce que je veux demander aujourd'hui au
ministre: il y a des annonces qui ont été faites, quel est le
calendrier, quels sont les échéanciers de réalisation en
ce qui a trait à ce fonds, en ce qui a trait aux ressources
financières afin que Montréal soit confirmée capitale de
la mode vestimentaire et du design? Concrètement, qu'est-ce que vous
allez faire pour ce secteur-là à Montréal?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, concrètement, qu'est-ce qu'on va faire
pour ce secteur-là à Montréal? Sauf que la question
s'adresse à l'ensemble de l'industrie du textile du Québec en
réalité. Ça affecte tout autant certaines entreprises de
fabrication de l'Estrie, des Bois-Francs, d'autres endroits un petit peu
partout. Alors, il faut bien se comprendre. Le député de Gouin
vient, j'allais dire tomber dans le même travers qu'au mois d'avril, mais
il utilise la même approche. C'est une question extrêmement pointue
sur un sujet qui relève, de toute évidence - il le
reconnaît, et il parlait de mon collègue des Affaires
internationales - de quelqu'un d'autre que le ministre sectoriel ou central de
Montréal, ou quoi que ce soit. Je vais lui faire la même
réponse que la dernière fois. Je vais transmettre, pour
considération ultra-rapide, à mes collègues responsables
de ces dossiers-là, de façon sectorielle, la question et la
préoccupation du député, que nous partageons, et on lui
fera parvenir une question par écrit. La prochaine fois, il nous dira
qu'il veut exactement savoir à quelle date mon collègue va
annoncer une mesure qui touche l'industrie du textile au Québec. Bon. Je
comprends que c'est important pour Montréal, parce qu'on y trouve la
concentration des industries de la mode. Moi je veux bien. Mais ce n'est pas
ça qui est la question du député. Et, je prends donc avis
de la question au même titre qu'on le fait ici à la période
des questions, afin de lui donner de façon complète les
réponses qu'il souhaite et ce sont d'excellentes questions. Je
présume que mes collègues lui donneront d'excellentes
réponses. (10 h 45)
Par ailleurs, en ce qui a trait au rôle du comité - parce
que ce que le député de Gouin dit me permet d'y revenir - nous
avons à faire en sorte que les gestes gouvernementaux ne soient pas pris
au désavantage de la ville de Montréal et de la région
J'en donne un exemple extrêmement concret. De toute évidence, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve et celui de Pointe-aux-Trembles
sont mal renseignés. Ils prétendent que je suis en train, comme
président du Conseil du trésor, de me livrer à des
coupures qui affectent les programmes gouvernementaux, notamment ceux
réservés et étiquetés pour l'est de
Montréal.
Je leur annonce que de façon spécifique, l'est de
Montréal, au titre des programmes de
formation, au titre des programmes d'aide à l'entreprise, des
congés d'intérêt, sont exemptés de toute mesure de
réduction de dépenses. On peut être inquiet de voir le
président du Conseil du trésor présider un comité
régional, à cause de la propension soi-disant légendaire
à réduire les dépenses. On peut, par ailleurs,
s'inquiéter dans d'autres ministères de voir le président
du Conseil du trésor président d'une région, à
cause de la façon dont nous avons l'occasion de voir l'ensemble de la
forêt, de prendre des décisions à l'égard des grands
ensembles; mais quand même de pouvoir intervenir positivement à
l'égard de certains secteurs.
J'essaie de reconnaître, et c'est vrai pour n'importe quel
député, nous sommes tous des députés. Nous avons
des responsabilités à l'endroit de nos concitoyens et à
l'égard de l'ensemble des citoyens du Québec. J'ai, avec mes
collègues, à concilier des objectifs qui à l'occasion
peuvent apparaître contradictoires ou qui sembleraient s'exclure.
Réduction de dépenses et nécessaires à l'ensemble
du Québec, si on veut maintenir les finances publiques saines. Les
interventions ponctuelles pour soutenir une région comme celle de
Montréal ou de l'est de Montréal demeurent nécessaires et
je confirme donc à la députée de Hochelaga-Maisonneuve
que, contrairement à ce qu'elle croyait, les mesures de réduction
de dépenses, grâce à l'intervention du comité du
Grand Montréal et de son président, ne touchent aucunement l'est
de Montréal.
Il y a, par ailleurs, un bilan extrêmement positif dont nous
pouvons donner quelques grandes lignes. La Société de
développement industriel a déjà engagé 84 % des
sommes d'argent prévues pour cette année. Un rythme donc
remarquable, mais qui est tel que nous dépenserons et ne
périmerons pas les sommes requises; et plus de 800 nouveaux emplois ont
été créés. Au niveau de l'Industrie et du Commerce,
c'est 72 % des sommes disponibles qui ont été engagées
pour faciliter la modernisation de l'entreprise et la même chose est
vraie au titre de la formation professionnelle. Nous en sommes à 70 %
des sommes disponibles. Plus de 35 000 travailleurs ont profité de ce
programme.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve demandait au gouvernement
d'avoir un plan de relance de l'économie à Montréal.
J'aimerais ici donner, à titre d'exemple, les grandes lignes du plan de
relèvement du sud-ouest de Montréal qui a été
déposé par le gouvernement. Je le fais un peu au nom aussi de ma
collègue la députée de Saint-Henri qui, malheureusement,
n'a pas pu participer aujourd'hui au débat, mais qui, à titre de
présidente du comité des élus du sud-ouest, a
été une cheville ouvrière de ce plan de
relèvement.
Donc: plan de relèvement axé sur quatre grands axes.
Premier principe, le principe que les gens du milieu, à savoir, en ce
cas-là, le réseau, doivent être la cheville
ouvrière, l'élément pensant, l'élément
dynamique, l'élément qui a comme responsabilité de
coordonner le plan de relance du sud-ouest. Et le gouvernement, dans son plan
de relance, a attribué cette responsabilité aux gens du milieu en
leur donnant une subvention d'à peu près 1 400 000 $ pour leur
fonctionnement. Plan de relance qui est axé autour de trois principes,
une fois qu'on a accepté que le réseau était
l'élément coordinateur. Trois principes: la formation de la
main-d'oeuvre, l'aide aux entreprises du milieu et la rénovation des
espaces industriels; trois grandes lignes d'action nécessaires à
l'intérieur du sud-ouest pour permettre la relance
économique.
Adaptation de la main-d'oeuvre. Le plan prévoit des sommes sur
une période de cinq ans, de consacrer plus de 5 400 000 $ à
permettre à la main-d'oeuvre du sud-ouest de s'adapter aux grands
changements technologiques que nous vivons actuellement.
Soutien aux entreprises. La SDI continuera, dans son fonds de
stabilisation du sud-ouest, d'attribuer 10 000 000 $, toujours sur une
période de cinq ans, pour permettre aux entreprises du sud-ouest de
maintenir leur activité économique. À titre d'exemple,
j'ai été heureux de savoir que ma collègue
députée de Saint-Henri avait réussi à obtenir, pour
différentes usines comme Frigomatic ou Gilbernart, des subventions
importantes qui leur permettent de rester en activité et de se
développer.
Aussi, rénover les espaces industriels. Parce que, quand on pense
à une stratégie de relance, il est important aussi de
rénover l'endroit où vont se trouver les industries. Donc, une
stratégie de rénovation des espaces industriels dans le
sud-ouest, particulièrement autour des rues Wellington, Bridge et
Centre. Un plan - et là, je voudrais revenir sur le plan central - qui
va être géré, administré par les gens du milieu, par
les gens du réseau. En tout, sur cette période de cinq ans -
toujours cet espace de cinq ans - on consacrera à peu près 25 000
000 $ à la relance du sud-ouest. Il y a là, à mon sens, un
exemple clair d'une volonté de relance d'un quartier de Montréal
et d'une relance - et je voudrais insister sur ça - qui ne va pas
être faite d'une manière bureaucratique, dirigée d'en haut,
etc., mais qui est faite avec les gens du milieu, par les gens du milieu, pour
les gens du milieu. Voici l'approche, exactement, du Parti libéral dans
cette question de la relance du sud-ouest.
Il est important de signaler que les élus, donc ce comité
des élus, participent, indépendamment de leur choix politique,
indépendamment de leur affiliation politique. On voit côte
à côte
des gens de différentes parties travailler ensemble, ensemble
parce qu'ils veulent relancer et repartir leur région et leur quartier.
C'est un exemple de coopération sur lequel, je crois, on doit donner
exemple, peut-être, aux autres quartiers de Montréal. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président, je vous remercie. Mais
je m'en voudrais, avant de commencer, de ne pas saluer la présence du
député de LaFontaine, le seul député libéral
de l'est de Montréal à siéger ce matin avec nous.
M. le Président, je vais vous parler d'habitation. De 1976
à 1983, je m'accuse, en tant que péquiste, de la mise sur pied de
huit programmes en habitation, dont Corvée-habitation. Je m'accuse, en
tant que péquiste, de 1976 à 1985, d'avoir porté le nombre
de HLM de 19 000, où il était lorsque ce bon gouvernement
sortait, à 55 000 logements répartis dans 500
municipalités; 44 000 logements rénovés entre 1976 et
1985. Et je m'accuse de 54 000 logements dans le programme EQUERRE. De 1976
à 1983, 50 000 ménages ont été aidés par le
Programme d'aide à l'accession à la propriété
résidentielle; 50 000 ménages ont été aidés
par Corvée-habitation; 12 000 ménages ont été
aidés par LOGIPOP; 27 000 ménages ont été
aidés par LOGIRENTE. Donc, 98 000 logements rénovés avec
LOGINOVE et EQUERRE. Tous ces programmes, M. le Président, ont
contribué à créer ou soutenir plus de 100 000 emplois dans
l'industrie de la construction.
Je vais continuer cette autoflagellation du mauvais gouvernement
péquiste. Corvée-habitation avait pour objectif de permettre aux
acheteurs de logements de bénéficier de taux
d'intérêt inférieurs à ceux du marché et de
se prémunir contre leur instabilité sur une période de
trois ans. C'a stimulé l'industrie de la construction, M. le
Président: en phase I, à titre d'exemple, un taux de 13,5 %
garanti pendant trois ans et un taux de 11,5 % garanti pendant trois ans
également, un taux de 9,5 % garanti pendant trois ans, plus une
subvention en capital de 3000 $. Je vais continuer mon accusation envers le
gouvernement du Parti québécois. Réduction de la
subvention en capital à 1000 $ et suppression de la subvention en
capital pour le logement acheté et mis en chantier avant le 31
décembre 1984. Si je fais le triste bilan du gouvernement du Parti
québécois, entre 1982 et 1984, je suis obligé de constater
que nous avons, malheureusement pour la population du Québec, construit
50 000 unités résidentielles dans le cadre du programme sur un
total de plus de 105 500 mises en chantier. Une injection, M. le
Président, de 2 900 000 000 $ dans l'économie Le Québec a
eu la meilleure performance canadienne dans la construction domiciliaire, M. le
Président. À titre d'exemple, en 1982, alors que ça
chutait de 24 % au Canada, de 10 % en Ontario, ça augmentait de 24 % au
Québec. Mauvais gouvernement du Parti québécois! En 1983,
M. le Président, le Canada réussissait à se hausser
à 29 %, l'Ontario à 43 % mais le Québec gouverné
par le Parti québécois, atroce Goulag à les entendre, eh
bien, lui, c'était 72 % d'augmentation, M. le Président. J'ai le
goût de regarder M. le ministre, président du Conseil du
trésor, et de lui dire: Qui dit mieux? J'ai l'impression qu'il va
être à court d'arguments tantôt
Dans les autres programmes, regardons EQUERRE, M. le Président,
qui était l'encouragement à la restauration résidentielle:
34 000 logements rénovés en 1984, 160 000 000 $ d'investissements
générés et 2640 emplois créés ou maintenus.
LOGINOVE, restauration des logements, M. le Président: 14 000 logements
rénovés, un impact économique direct: 260 000 000 $, 4500
emplois. LOGIRENTE, 23 000 unités réalisées, un
investissement de 1 500 000 000 $, 30 000 emplois créés, 500
municipalités touchées. Je vous en parlais. Et LOGIPOP, M. le
Président.
Mais je vais féliciter le gouvernement libéral, M. le
Président. La construction résidentielle a chuté de 46 %
en septembre de cette année, 46 % c'est pour l'ensemble du
Québec, c'est 55 % à Montréal. Ils ont le programme
d'accès: 26 000 ménages. Sur la Communauté urbaine de
Montréal, 2300, 30 % de la population ont eu 10 % et je conclus, M. le
Président, et seulement 1346 familles montréalaises,
Montréal, 15 % de la population n'ont pas eu 5 % de ce programme. Faites
votre bilan, M. le ministre. Faites votre bilan
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît. Pardon, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Voilà.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, la parole est à vous.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, ce que le
député vient de démontrer c'est que les moyens qu'on doit
déployer doivent correspondre à la situation
dénoncée. Moi, je veux bien qu'en 1982-1983 on ait songé,
de l'autre côté, à une mesure comme
Corvée-habitation. J'ai d'ailleurs recontré ces jours derniers
dans un studio, M. Guy Tardif, qui était ministre responsable à
l'époque, qu'on avait invité afin qu'il explique plus
précisément ce programme. Mais oui, moi je veux bien qu'on se
lance dans la construction
domiciliaire. Mais en 1982-1983, dans l'est de Montréal, à
Montréal, le taux d'occupation de logements était de 98, 8 %. Il
y avait un taux de vacance de 1, 2 %. Il y avait une demande. Et en
parallèle à cette pénurie de logements, il y avait des
taux d'intérêt de 20 %. Êtes-vous en train de me dire
qu'aujourd'hui vous avez appris récemment, contrairement à tout
ce qui est publié, que le taux de vacance est inférieur à
5 %? Il est de l'ordre de 4, 7 %. Donc, il ne manque pas de logements. Et,
à ma connaissance, les taux d'intérêt ne sont pas de 20 %.
(11 heures)
Alors, je dirais que le modèle théorique que veut nous
imposer le député est fort intéressant à regarder
sur papier, mais ne correspond pas aux besoins du moment. Alors que la
construction domiciliaire à l'époque de la crise
économique était de 18 000 ou 20 000 constructions par
année, cette année au Québec, ce sera de l'ordre de 50
000, soit à peu près 12 % de plus que l'an dernier Ce n'est pas
en chute; c'est en progression, la construction domiciliaire au Québec
actuellement. C'est en progression. Le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques peut toujours grimacer. Mais les chiffres sont
là. Et on n'est pas pour lancer une Corvée-habitation alors que,
strictement parlant, ce n'est pas ça qu'est le problème.
De la même façon, les investissements qu'on peut observer
sur une longue période, la tendance des investissements et de la
croissance économique n'ont aucune commune mesure avec ce qu'on a connu
en 1982-1983. Cette histoire de vouloir ressusciter des programmes,
indépendamment de la situation vécue, correspond strictement aux
schèmes théoriques qui alimentent constamment nos amis d'en face.
Nous tentons de nous coller à la réalité et ce que nous
faisons spécifiquement, c'est de considérer dans les programmes
gouvernementaux... et c'est là que le comité de Montréal
est intervenu, que dans les programmes gouvernementaux, par exemple, d'aide aux
entreprises, au titre de l'aide au fonds de roulement d'une entreprise, on
parle du caractère vulnérable des entreprises de Montréal,
on parle des perspectives délicates de progression sur les
marchés de ces entreprises, en raison d'une augmentation de coût,
notamment, des taux d'intérêt et des difficultés de
pénétration de marchés.
Il y a donc un problème, à court terme, de fonds de
roulement. Et, ça, on le sait. Et c'est à Montréal que
ça se ressent, notamment, dans les entreprises marginales de
Montréal. La SDI met sur pied un programme d'aide qui permet de rendre
admissible le fonds de roulement au programme d'aide. C'est comme ça
qu'on intervient et c'est très très concret et ça colle
à la réalité, parce qu'on fait un diagnostic, on regarde
où en sont les entreprises, on regarde quels sont leurs besoins, on
écoute comment ces besoins sont formulés et on répond
à la demande.
Le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques voudrait qu'on
ressuscite 10 ans plus tard un programme d'aide à l'habitation qui ne
correspond en rien à la situation économique de la construction
résidentielle cette année. Il n'y a pas une chute de la
production nationale, à l'heure où on se parle, de façon
continue, comme c'était le cas en 1982. Il y a quand même, sur la
période que nous sommes en train de vivre, une augmentation
réelle de l'activité économique.
Alors, on ne peut pas constamment vouloir chercher dans les vieux
tiroirs des programmes qui ont eu leur utilité, parce que les besoins
ont changé et c'est ce à quoi nous adaptons les programmes
existants.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques...
M. Boulerice:... qu'un seul c'est un échec. Si vous ne
faites rien, vous ne nuisez pas quand même.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, la parole est maintenant à M. le
député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Merci, M. le Président. On vient de parler
d'habitation et c'est un sujet extrêmement important. Je pense qu'ici,
tout le monde conviendra que, finalement, les trois objets qui font que tous
les gens, tous nos concitoyens retrouvent leur dignité et le respect,
c'est quand ils ont un bon toit, un bon repas, qu'ils peuvent bien manger,
avoir un bon toit et avoir un bon emploi. Si on revient au toit, puisque
l'habitation, c'est à cela que ça nous amène. Il y a des
défis extraordinaires à relever à Montréal. Mais il
faut savoir, et il faut se mettre dans la tête, je pense, tout de suite,
c'est comme cela que le comité de Montréal a orienté son
travail en matière d'habitation. Il faut absolument travailler en
harmonie avec les autorités municipales.
L'organisation de la ville de Montréal en matière
d'habitation est très bien structurée, est très
articulée, et sait exactement quels sont ses besoins et quelles sont les
façons principales par lesquelles, par exemple, l'Office d'habitation du
Québec ou encore la Société d'hypothèques et de
logement peut les aider.
Fondamentalement, pour le comité de Montréal, l'objectif,
c'est de redévelopper la ville centrale en matière d'habitation.
Les défis particulièrement importants: à Montréal,
comparativement au reste du Québec, on a 75 % de locataires; donc, 25 %
de propriétaires. Il y a, dans le reste du Québec, 38 % de
locataires. Donc, la situation inverse: 62 % de propriétaires.
Montréal, taux d'inoccupation pour l'instant: 4, 7 % - c'est le dernier,
la fin de septembre -
c'est-à-dire que le nombre de logements disponibles sur le
marché locatif à Montréal est de 4,7 %. Près de 40
%, et ça, Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve l'a
signalé, nous le savons, nous en sommes conscients et c'est un sujet qui
nous préoccupe énormément. Près de 40 % des
Montréalais et Montréalaises, locataires, dépensent plus
de 30 % pour leur logement. Alors, il nous faut trouver des pistes
Intéressantes, en accord avec la ville de Montréal et aussi avec
les gens de la CUM, pour pouvoir fonctionner et faire en sorte que le dossier
de l'habitation puisse avoir une résonance importante. Nous, nous
disons, comme la ville de Montréal l'a dit d'ailleurs dans son
exposé tout récent, "Politique d'habitation, habitez
Montréal", je suis certain que vous l'avez tous lu. Vous aurez
certainement remarqué que les deux objectifs fondamentaux de cette
politique nouvelle pour la ville de Montréal sont des objectifs avec
lesquels le comité ministériel de Montréal souscrit:
favoriser une appropriation croissante de l'habitat par les Montréalais.
C'est évident, 75 % de locataires, il faut corriger et casser ce cercle
vicieux là parce qu'il a d'importantes facultés de s'associer
à son milieu et à son quartier, quand on en est, en partie, le
propriétaire, du quartier. Deuxièmement, promouvoir, pour les
ménages montréalais, des conditions résidentielles de
qualité. C'est là où, accessoirement, on peut aider, mais
c'est plus évident que la ville de Montréal est le maître
d'oeuvre et a une capacité fondamentale de fonctionner, améliorer
les parcs, améliorer la sécurité, améliorer la
sécurité publique, etc.
Revenons et regardons le problème sous trois niveaux, les
locataires. Les locataires ont connu une interdiction... Les locataires
étaient en situation problématique à Montréal et
grâce à l'action du gouvernement du Québec, on a connu une
interdiction de convertir des immeubles locatifs en copropriétés
divises. La ville, dans son document, s'est associée au gouvernement
pour la réalisation de 1350 HLM depuis 1987. Le volet locatif du
programme d'aide qui a été brusquement abandonné par le
gouvernement fédéral, suite à des pressions - c'est vrai -
de la ville - elle s'en vante dans le document qu'elle a; elle a raison, c'est
vrai - mais suite aussi aux pressions du comité ministériel, la
réalisation par le comité ministériel de Montréal
de la problématique particulière du volet locatif, à
Montréal, le gouvernement du Québec s'est associé à
Montréal, a gardé sa place comme financier principal, ce qui a
permis de convaincre la participation du gouvernement du Québec. On me
demande d'accélérer, d'accélérer, je pourrais vous
en parler pendant un bout de temps. Je veux tirer une conclusion.
J'aimerais vous parler de l'accès à la
propriété parce que c'est extrêmement important.
Malheureusement...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez ter- miné, M.
le député de Saint-Louis. M. Chagnon: 10 secondes Le
Président (M. Lemieux): 10 secondes. M. Chagnon: 10 secondes.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez... Une voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. Alors,
consentement.
M. Chagnon: Je vous en remercie. La conclusion du dossier de la
ville de Montréal: "Enfin, Montréal fera part aux gouvernements
de ses besoins propres en habitation et souhaite obtenir d'eux des mesures
conformes à ses objectifs et aux besoins de sa population. Si
nécessaire, elle invitera les gouvernements à participer à
ses propres programmes et à amender sa charte de manière à
lui conférer ses possibilités nouvelles d'agir". Voilà,
là, des orientations auxquelles le comité de développement
de Montréal souscrit. Je vous remercie.
Une voix: Donner combien? Il ne le sait pas...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Alors, merci, M. le Président. De ce
côté-ci de la Chambre on se dit: Quelle différence
finalement dans les interventions des députés de Montréal
en regard de celles du ministre responsable du comité permanent du Grand
Montréal? Il y a manifestement des interventions des
députés de Montréal qui se font en connaissance de cause
et qui admettent qu'il y a des problèmes et qui recherchent des
solutions aux problèmes contrairement à l'attitude du ministre
responsable qui depuis sa nomination - ce n'est pas une attitude récente
ce matin - refuse et regarde ça comme un phénomène, le
phénomène de pauvreté, le titre de L'actualité:
Montréal, capitale des pauvres! C'était du
misérabilisme peut-être. Les titres dans le journal Les
Affaires, le titre du Journal de Montréal la semaine
passée: Montréal a faim. C'était du misérabilisme,
M. le député de Vau-dreuil! Je vous mets en garde d'utiliser
abusivement des titres dans les journaux y compris celui que vous nous avez
cité ce matin. Nous avons fait vérifier auprès du bureau
du maire de Montréal et nous avons reçu le verbatim. Au bureau du
maire on nous dit: C'est totalement
abusif qu'un titre semblable ait pu coiffer des propos et rien,
absolument rien, rien dans les propos du maire - en fait j'ai eu l'occasion de
les lire très rapidement - mais effectivement absolument rien ne permet
de coiffer un titre semblable. Il n'y a même eu aucune allusion au
gouvernement précédent ou à 1976.
D'autre part, je vous mets en garde également d'utiliser, sans
les approfondir, des chiffres qui seraient encourageants dans les
résultats du deuxième trimestre, parce que le troisième
trimestre, tout au moins les premiers mois du troisième trimestre
viennent complètement contredire ces signes encourageants dont vous nous
parliez en matière de taux de chômage et en matière
d'augmentation de la construction. Malheureusement, ce n'est pas le cas, ce
n'est pas la situation. Il y a eu durant les deux premiers mois du
troisième trimestre cet été une baisse de 55 % de la
construction résidentielle et c'est Montréal qui est encore la
plus durement touchée au Québec. Il y a eu également,
durant ces mois du troisième trimestre, une augmentation du taux de
chômage qui se situe à 10,5 % en septembre. La grande question
c'est: Si vous n'avez le goût de nous aider, au moins cherchez à
ne pas nous nuire. C'est finalement la seule conclusion que je peux tirer de
vos interventions ce matin. Si vous n'êtes pas prêt à aider,
au moins ne nuisez pas! Et quand vous dites que vous voulez poser des gestes
qui ne désavantagent pas Montréal, alors, je vous en indique deux
rapidement. Premièrement, faites en sorte que vous corrigiez votre
programme d'accès à la propriété. Votre programme
d'accès à la propriété, il est directement un
facteur de l'exode urbain. 26 000 familles en ont profité l'année
passée, les chiffres officiels de la Société d'habitation
du Québec, 1346 familles à Montréal, à
Montréal. Ville de 1 000 000 d'habitants, sur les 26 000 familles. Ce
n'est même pas 5 %. Ce n'est même pas 5 %, à peine! Et sur
toute l'île de Montréal, ça comprend les villes de
banlieue, c'est au total, 2300 familles. Ce n'est même pas 10 %.
Et pourtant, on constitue quand même le tiers de la population du
Québec. Le programme d'accès à la propriété
tel qu'institué présentement est un facteur direct de
l'étalement urbain. Quand on dit qu'il y a un taux d'inoccupation
élevée, en grande partie, ce taux d'inoccupation est dû
à des programmes comme ceux-là. Si vous voulez un autre geste
à poser là, rapide, immédiat, important bien, levez les
obstacles qui se dressent pour les travailleurs licenciés de plus de 55
ans seulement sur l'île de Montréal. Imaginez-vous qu'il faut
qu'un travailleur qui est victime d'une fermeture prouve que sa fermeture met
à pied plus de 100 employés et que parmi les mises à pied
il y en a proportionnellement autant qu'il y a de gens âgés dans
la population active. Alors, imaginez-vous une sorte de double contrainte
simplement pour les travailleurs âgés licenciés sur
l'île de Montréal. Vous en voulez, des gestes immédiats qui
vont faire que les politiques de Québec vont arrêter de nuire? Je
vous en donne deux. Je vous en donnerai d'autres à ma prochaine
intervention. (11 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. M. le président du
Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. On n'est pas pour
laisser la députée de Hochelaga-Maisonneuve décider de
l'ordre dans lequel on va parler de ce côté-ci et de quoi on va
parler. On a le droit, nous aussi, de prétendre que c'est le
député de Saint-Louis qui va vous parler d'habitation; on a le
droit de prétendre que c'est un autre député qui va vous
parler d'autre chose et, évidemment...
Des voix:...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Johnson: ...à partir de ce moment-là... On n'est
pas en train de commencer à vous dire que le député de
Gouin ne devrait pas parler de ci et de ça.
Une voix:...
M. Johnson: Du calme, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît! Si vous voulez nous laisser
travailler.
À l'égard de l'habitation parce que, évidemment, la
façon dont les débats sont organisés ne permet pas au
député de Saint-Louis de répondre directement à ce
que le député vient de dire. Je veux simplement rappeler, et tous
les documents le démontrent, et c'est pour ça que,
récemment, la ville de Montréal est en voie, avec nous, de
regarder ce qu'on peut faire ensemble pour faciliter l'accès à la
propriété... On doit noter que le moratoire sur la conversion
d'immeubles indivis en condominiums est un obstacle réel - on dirait
majeur à tout le moins - à la libération d'un stock
d'habitations en dessous du seuil, évidemment, qui est pertinent pour
l'accès à la propriété. Alors, à partir de
ce moment, nous avons quand même à regarder
précisément où est la cause du mal et,
deuxièmement, et c'est ce que je mettais en perspective tout à
l'heure, que le mal n'est pas de la même ampleur que celui qu'on a
déjà connu; il n'est certainement pas de l'ampleur qui est
dénoncée implicitement par l'Opposition pour nous accuser
d'immobilisme. Je dis que nous prenons les mesures qui, sur mesures, sont
destinées à soutenir le développement de
Montréal.
Et, avec les pouvoirs publics, nous avons ce
loisir de choisir où nous intervenons, de voir où nous
pouvons investir des dizaines de millions de dollars afin d'améliorer la
qualité des infrastructures en participant à des investissements
publics dans la région de Montréal. Je ne veux que noter
qu'au-delà de tout ce que Je pourrais donner, et je vais le faire dans
quelques instants, je veux que vous ayez à l'esprit que les chiffres que
je vais donner ici font abstraction d'un plan d'accélération
d'investissements qui, pour la seule ville de Montréal,
représente environ 40 000 000 $ de plus.
Par-dessus tout ce que j'indique à l'instant en matière de
transport, ce qu'on a amorcé ou ce qui est en cours en 1990 n'est pas
négligeable: participation à la réfection des voitures de
métro qui ne se fait pas dans un autre pays. 90 000 000 $.
L'aménagement de l'estacade en amont du pont Champlain, c'est dans la
région de Montréal; c'est des emplois; ça facilite la
qualité de vie, le transport, l'accessibilité, donc les occasions
de développement pour l'île de Montréal: 85 000 000 $. Les
chantiers privés qu'on voit à Montréal
bénéficient, à cause de certaines caractéristiques,
de fonds publics du gouvernement du Québec: réaménagement
et réfection du terminus de la STRSM, en plein centre-ville, il y en a
pour 27 000 000 $. Alors, ce n'est pas des pinottes. Il y en a pour 263 000 000
$ juste à ce titre-là.
Dans la santé, des foyers, un peu partout, il y a des choses
spécifiques dans le comté de la députée où
on a décidé d'accélérer l'activité
économique en avançant certains travaux. On ne prétend pas
qu'on invente des choses. On prétend que c'est un plan
d'accélération d'investissements qui permet au gouvernement...
d'intervenir comme régulateur au cours des prochaines années de
façon plus micro, dirais-je. Nous continuons à appuyer les
initiatives des organismes ancrés dans le milieu qui savent identifier,
précisément, les projets qui sont créateurs d'emplois, qui
correspondent au profil de la clientèle qui est visée beaucoup
mieux que ne peuvent le faire des grandes mesures. Alors, je dirais à la
députée qu'elle me permettra de m'exprimer sur l'ensemble de la
situation. On a choisi de faire ça comme ça de ce
côté-ci.
Je me permettrai de lui rappeler qu'il y a des mesures structurantes
pour l'économie du Québec qui sont à l'avantage,
premièrement, de Montréal et de sa région, et je me
permettrai de lui rappeler que mes collègues députés ont
également le droit de s'exprimer et qu'ils le font d'une façon
que nous avons organisée avant d'arriver ici.
Une voix: Êtes-vous en train de faire du charme?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Verdun.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Merci, M. le Président. À cause de la
mécanique qu'on a adoptée, je vais me faire le porte parole du
député de Saint Louis et rappeler la fin de son intervention
qu'il aurait voulu quand même dire et rappeler que, selon John Gardiner,
les dernières données de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement montrent que, depuis le début de
1990 et malgré la hausse des taux d'intérêt, les mises en
chantier de maisons ont augmenté de 15 % à Montréal,
comparativement à une baisse de 33 % dans le reste de l'île. Je
pense que c'est des chiffres importants qu'il faut aller dire et signaler et
que, à cause du temps, le député de Saint-Louis n'a pas pu
finir.
Je voudrais aussi dire à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qu'elle a parfaitement raison. Il y a un problème
majeur à l'heure actuelle, à Montréal, pour les
travailleurs de plus de 55 ans qui seront licenciés et la norme de 100
est totalement inacceptable. Je veux rassurer néanmoins que les
différents caucus de ce côté-ci ont fait les
représentations qui étaient nécessaires auprès du
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle et qui semble vouloir améliorer la situation
dans un avenir prochain, du moins je l'espère.
Je voudrais revenir maintenant sur le principal point de mon propos et
inviter les gens d'en face à participer avec nous sur les grandes cartes
au développement de Montréal parce que Montréal, dans le
fond, ce n'est pas seulement quelque chose qui ne marche pas. C'est quelque
chose dont il faut être fier, quelque chose qui a un avenir
extraordinaire pour les années 2000. C'est quelque chose qui a un nombre
de cartes majeures et les cartes majeures, c'est les cartes du
multiculturalisme, c'est les cartes de l'énorme potentiel des
universités, c'est les cartes des ressources humaines qu'il y a à
Montréal. Et jouons sur ces cartes-là et soyons positifs. Soyons
positifs pour l'avenir de Montréal. Voyons l'avenir de Montréal
réellement comme quelque chose de majeur pour l'avenir du
Québec.
Bien sûr, Montréal est en train de subir une mutation au
niveau de sa structure économique et, dans toute mutation, ça
fait mal. Elle est en train de quitter le secteur manufacturier, en majeure
partie manufacturier, pour s'orienter plus vers le secteur des services, ce qui
est le grand secteur des années 2000.
On est en train, lentement, de s'orienter, à Montréal,
dans certains secteurs, et je vais les rappeler: les secteur du transport, de
l'aérospatial, de l'industrie pharmaceutique, de l'électronique,
à avoir des investissements majeurs et de création d'emplois dans
l'ensemble de ces secteurs-là qui sont des secteurs d'avenir, qui ne
sont pas seulement des secteurs où on est un peu en retard et on est en
train de développer
profondément le potentiel de Montréal.
Le fonds de développement technologique qui a été
mis en place en 1987 est un élément majeur pour développer
la recherche et le développement dans certains secteurs des
universités, des industries québécoises et,
particulièrement, dans les industries de la région de
Montréal.
Je rappellerai, par exemple, des valeurs sûres: Bombardier,
Canadair, l'avion RJ, une valeur sûre sur laquelle on va pouvoir
développer et bâtir le futur de Montréal. L'industrie
électronique, les investissements que Philips a faits à
Saint-Laurent, les valeurs sur lesquelles on peut bâtir et concevoir le
futur de Montréal. L'industrie pharmaceutique, majeure pour le
développement de Montréal et, dans un développement dans
des secteurs qui sont des secteurs d'avenir, des secteurs de pointe.
J'invite mes amis d'en face, non seulement à voir les choses qui
ne marchent pas, mais à travailler avec nous dans les choses qui sont en
développement, dans les choses qui sont importantes et qui sont
adaptées à une société de l'an 2000 et travaillons
ensemble pour que Montréal rentre de plain pied et soit la locomotive
économique de l'an 2000 pour le Québec de l'an 2000. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Verdun. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, en matière de
transport en commun et de transport routier, le constat qu'on peut faire sur
l'île de Montréal c'est que l'est de la rue Saint-Laurent est
très défavorisé à cet égard comparé
à l'ouest à qui on ne leur reproche pas, mais qui a beaucoup plus
de métro, qui a deux lignes de train et qui a un transport routier
adéquat. Et on sait que le transport routier est une mesure structurante
en termes de développement industriel.
En matière de transport en commun, M. le Président, il y a
des choses urgentes à faire que le gouvernement s'est engagé
à faire. Et comme il y a une récession, c'est d'autant plus
urgent de le faire qu'on peut à la fois relancer l'emploi et accorder
à la population un transport en commun meilleur dont elle a besoin. Je
parle de la ligne 7 du métro, par exemple, que le parti au pouvoir s'est
engagé à prolonger en 1989, qui irait du Stade olympique, de Pie
IX jusqu'à Rivière-des-Prairies, en passant par
Montréal-Nord. Et ça désenclaverait au plan du transport
en commun le nord-est de l'île, le comté de LaFontaine que mon
collègue représente ici ce matin.
Il y a donc une chose urgente à faire à cet égard,
et le gouvernement s'y était engagé, de même qu'une
étude sur le prolongement de la ligne 5 du métro vers la ville
d'Anjou, ce qui concerne aussi l'est de Montréal. Donc, ce sont des
mesures que je note au passage, que le gouvernement a aussi promis un
métro pour Laval. Et espérons que la ville de Laval ne nous
rejoindra pas dans le club des gens à qui on a promis, mais qu'on n'a
pas tenu; alors que quand le Parti québécois était au
pouvoir, il avait prolongé la ligne 2 et la ligne 5 du métro. On
peut constater que depuis cinq ans il ne s'entreprend plus de construction en
matière de métro.
Maintenant, le transport routier dans l'est, c'est très important
à plusieurs endroits. Le boulevard Ville-Marie qu'on devrait continuer
en commençant du pont-tunnel Louis-Hippolyte-LaFontaine pour que des
milieux résidentiels se fassent épargner le transport lourd qu'il
y a sur Hochelaga et par Dixon. Le boulevard Ville-Marie, c'est élargir
la rue Notre-Dame qui est un endroit où il y a de l'industrie pour la
peine. Alors, ça facilite la circulation, notamment des véhicules
de transport. Donc, c'est un facteur pour le développement
industriel.
Il y a également l'avenue Hippolyte-LaFontaine, du pont-tunnel
jusqu'à Henri-Bourassa, pour désenclaver le nord-est, le bout de
l'île de Montréal dans le bout nord qui est enclavé. Il n'y
a pas de voie de communication nord-sud. Ça serait une urgence. De
même que le boulevard Henri-Bourassa. Parce que ville d'Anjou et
Montréal-Est veulent faire du développement industriel. Il y a un
parc industriel dans le nord-est de Montréal. Mais pour ça, il
faut y avoir accès et il faudrait que le ministre, qui est de Vaudreuil,
vienne voir dans l'est la qualité de. route qu'on a sur Henri-Bourassa
vers l'est. S'il prend ça un soir de pluie comme moi, c'est quelque
chose d'épouvantable. On voudrait un boulevard au lieu d'une mauvaise
route et ça serait un facteur de développement industriel.
Alors, ce sont des choses qu'il faut faire avant de penser à un
pont pour accentuer l'étalement urbain et faire un petit peu plus de
dézonage agricole à Laval. Il faut donc dans l'est, en termes
routiers, le boulevard Ville-Marie, et on ne parle pas de sommes
énormes; l'avenue Hippolyte-LaFontaine, jusqu'à Henri-Bourassa,
parce qu'il y a déjà là des industries qui sont
limitées dans leur développement, le boulevard Henri-Bourassa
jusqu'au bout de l'île vers l'est. Et des transports en commun plus
adéquats et ça suppose que le gouvernement tienne ses promesses,
en termes de prolongement du métro, et que ça ne revienne pas, M.
le Président, à la chanson des années soixante-dix
où un auteur-compositeur chantait: "Dans ma ville, il y a deux villes,
les Anglais de l'est qui ont tout ce qu'il y a de "best" et nous dans l'est, on
doit se contenter des restes. " On veut plus que des restes. On voudrait des
mesures de transport routier et de transport en commun qui nous mettent "level"
pour prendre un terme avec l'ouest de l'île de Montréal pour qu'on
puisse se
développer. (11 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le président du Conseil
du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, sur la note poétique
du député de Pointe-aux-Trembles, il ne reste à cause
encore une fois du format qu'on emprunte ici le vendredi matin, il ne me reste
que deux interventions, quant à moi. Je vais tenter de répondre;
je vais tenter de dresser un tableau général, d'une part; c'est
comme ça qu'on organise notre travail de ce côté-ci. Mes
collègues se sont adressés à des volets particuliers qui
ont été soulevés de part et d'autre. Mais il n'en reste
pas moins qu'une des questions, qui m'a été adressée
spécifiquement, était reliée aux réalisations du
comité ministériel. Évidemment, je le préside, il
me fait plaisir de faire un bilan à cet égard-là.
Depuis que ce comité existe de façon officielle - il y a
des procès-verbaux, on se réunit, c'est un comité
ministériel permanent, on n'invente pas ça, ce n'est pas une
fiction - il y a des décisions qui ont été prises à
l'égard du sud-ouest de Montréal. C'est le comité
ministériel qui s'est assuré de la suite au rapport CREESOM - ce
n'est pas une invention, ça. Le comité a fait quelque chose. Il
s'agissait de retenir les pistes suggérées par le milieu; le
député de Verdun en a parié. Il s'agissait de trouver les
crédits; ce n'est pas une mince affaire. Moi, je veux bien qu'on crie,
de l'autre côté, que les solutions sont connues, mais j'attends
encore qu'on suggère autre chose que donner suite aux demandes du
milieu. Ça se dit bien, mais, après ça, il faut le faire.
Il faut le faire, c'est trouver des crédits, trouver des
échéanciers, faire des arbitrages extrêmement importants,
au niveau gouvernemental, pour libérer 25 000 000 $. C'est, en gros - on
se comprend - le quart de la marge de manoeuvre d'un gouvernement, dans une
année, plus ou moins. Ça prend une volonté politique de
réserver à ces activités-là des dizaines de
millions de dollars; ça, on l'a fait.
La même chose à l'égard de l'intervention
spécifique auprès des CDEC, auprès de participations, par
la SDI, par le MICT, par le MMSRFP, à des opérations
ciblées sur les entreprises et les personnes de l'est de
Montréal, notamment, au-delà du problème du sud-ouest que
je viens de mentionner. Et ça, ça a été fait. Et le
comité a obtenu du gouvernement... Je ne veux pas entrer dans les
dédales de l'administration gouvernementale, du jeu de la loi de
l'administration financière, des relations entre le Trésor, un
comité et le Conseil des ministres Ce que je vous dis, c'est que mes
collègues et moi, au comité, en relation avec les
présidents de caucus, comme le député de LaFontaine, le
député de Verdun, mon adjoint parlementaire le
député de Saint-Louis, on a obtenu, pour et au nom du
gouvernement, mais pour la population visée, qu'il y ait exemption de
toute mesure de réduction de dépenses, chaque fois que l'est de
Montréal était en cause. Ce n'est pas négligeable,
ça. Qu'on ne vienne pas crier aux coupures lorsqu'on protège les
enveloppes et qu'on les enrichit davantage!
Je veux qu'on sache également l'attention toute
particulière à l'égard de la base industrielle
traditionnelle que le député de Pointe-aux-Trembles
évoquait, les industries lourdes, ferroviaires donc, et tout ce qui s'y
rattache. L'industrie ferroviaire canadienne, son profil, son existence, etc.,
son développement, sa réadaptation, ont un impact direct sur la
région de Montréal, en termes d'emplois industriels. À ma
demande, une table de concertation ferroviaire a été mise sur
pied. Nous avons répondu aux demandes des milieux patronaux, syndicaux
de cette industrie. Et plusieurs dizaines, que dis-je, centaines de milliers de
dollars plus tard - et j'ai pu assister à un rapport d'étape, il
y a quelques jours, de cette table ferroviaire qui travaille extrêmement
fort - nous avons en main le début des outils qui nous permettront
d'agir efficacement pour assurer le maintien et, on l'espère, le
développement des emplois reliés à l'industrie ferroviaire
canadienne et qui se retrouvent, en masse critique significative, à
Montréal, notamment dans l'est de Montréal. C'est ça que
le comité fait, de façon précise. Moi, je veux bien que la
députée dise: Qu'avez-vous fait? Quand? Combien ça
coûte? Combien d'emplois? Bien, qu'elle suive les différentes
annonces, qu'elle se rappelle nos interventions, au fur et à mesure
qu'elles se déroulent. La table ferroviaire existe depuis longtemps,
c'est connu. Qu'est-ce que vous faites pour l'industrie ferroviaire? On l'a
déjà dit et on continue à le faire. Je ne sais pas,
au-delà de ça, ce que la députée souhaite, sinon
des nouveaux moyens, des nouvelles solutions. J'attends encore qu'elle les
suggère.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le président du
Conseil du trésor. M. le député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: M. le Président, on a mentionné l'est
et l'ouest de la rue Saint-Laurent. Or, la rue Saint-Laurent, tant à
l'est qu'à l'ouest, se retrouve dans mon comté, au moins du
fleuve jusqu'à Mont-Royal. Le centre-ville de Montréal a connu
des hauts et des bas. Nous avons eu, au printemps, au mois de mars
particulièrement, bien organisé par la ville de Montréal,
un forum sur l'avenir du centre-ville de Montréal, un document qui nous
a été donné - je pense que la députée de
Hochelaga-
Maisonneuve y était. Il me semble l'avoir vu là - on nous
a donné un document, celui de l'INRS, l'Institut national de la
recherche scientifique, module d'urbanisation, qui venait dégonfler un
mythe très, très ancré qui commençait à
s'ancrer dans nos esprits aussi, à l'effet que, non, le centre-ville de
Montréal n'était pas malade. Au contraire, il était
vigoureux et plus vigoureux qu'il ne l'a jamais été. Ç'a
un peu démystifié l'organisation du principe de
l'omniprésence des forces économiques autour de Montréal.
Ça venait un peu remettre en question certaines des constatations qui
avaient été faites, un peu empiriquement auparavant.
Quand on se promène à Montréal actuellement et
qu'on regarde ce qui se construit, ce qui fonctionne, ce qui est en marche, on
s'aperçoit que l'État est très présent dans les
constructions actuelles. Il y a, bien sûr, surtout en privé, des
grandes affaires qui montent, que tout le monde voit de n'importe où.
Peu importe où vous êtes situé dans la ville, vous allez
voir la tour La-valin ou la tour Marathon-IBM qui "grimpignent" étage
par étage et qui vont "grimpigner" comme ça jusqu'à 40
quelques étages, chacune. Il y en a une nouvelle qui a été
annoncée, une nouvelle de ces tours-là, la dernière, qui
sera construite sur McGill College, la tour McGill College qui, incidemment
c'est très important de se le rappeler est un investissement de 140 000
000 $, 31 étages, qui va finir complètement l'artère de
l'avenue McGill qui part de l'Université McGill et qui se rend à
Place Ville-Marie. Mais, pensez-y sérieusement, 140 000 000 $ en 1990,
autour du 10 septembre, non c'était plus précisément le 25
septembre - la date d'ouverture de la chasse aux canards - le 25 septembre...
Ha, ha, ha! Mais, moi, c'est cette année. Vous parlez de vieilles
choses. Le 25 septembre, annonce de 140 000 000 $ quand on en est à un
stade où on annonce, où on amorce une récession. 140 000
000 $ d'investissements privés à Montréal, à ce
stade-ci, ça implique qu'il y a des gens qui y croient
sérieusement à l'avenir de Montréal. Quand tu es
prêt à risquer 140 000 000 $ de ton fric pour t'en venir à
Montréal - parce que ce n'est pas le choix qui manquait - c'est qu'il y
a vraiment des gens qui croient à l'avenir de Montréal.
Mais si on regarde les établissements publics, les
établissements qui ont un investissement public et qui sont en
construction. Bien si vous vous promenez sur la rue Shebrooke, vous allez voir
l'agrandissement du Musée des Beaux-Arts où il y a eu deux fois
agrandissement dans le fond mais on a modifié par deux fois le projet
pour l'agrandir. La relocalisation du Musée d'art contemporain. Je sais
que le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a été
membre du conseil d'administration du Musée, je pense.
Une voix: Non, non, non.
M. Chagnon: Je pense que oui. Le projet a été
modifié aussi par deux fois. Premièrement, pour y ajouter des
stationnements souterrains. C'était un peu bizarre de construire dans le
centre-ville sans penser aux stationnements souterrains; mais là, ils
sont faits, ils vont être faits. La bonification de l'entente Macville,
l'agrandissement de l'Université du Québec à
Montréal, la Pointe à Callière. Enfin, il y a un paquet de
projets d'investissement qui sont en cours et en marche à
Montréal et quand on les regarde, on s'aperçoit que le
gouvernement est souvent en arrière, soit la bibliothèque de
Concordia ou, entre autres, les travaux dans le Vieux-Montréal ou la
SIMPA aura, approximativement, dans son territoire, pour 750 000 000 $ de
travaux au moment où on se parie. Sans compter les investissements qui
vont passer par le comité ministériel de Montréal qui vont
être regardés et qui seront importants et très structurants
pour Montréal, tant particulièrement à court terme dans le
dossier de la santé et des services sociaux que dans le dossier de
l'enseignement supérieur.
Mais pour revenir sur la forme poétique du député
de Pointe-aux-Trembles, je pense que nous sommes à construire une ville
où nous voudrions voir cadrer beauté, calme, luxe et
volupté.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, juste une petite capsule
à M. le député de Vaudreuil. Quand je lui parlais de
corvée-habitation, c'était pour lui rappeler que c'est facile
d'avoir des idées et, comme il est en recherche d'idées, compte
tenu que le stock de logements dans Saint-Louis, dans le sud-ouest, dans
Rosemont, dans Hochelaga-Maisonneuve, dans Sainte-Marie-Saint-Jacques est un
des plus vieux stocks de logements, pourquoi ne pas envisager une
corvée-rénovation? Ça, ce serait une mesure
intéressante. Mais, là, j'aimerais vous parler des
communautés culturelles et de l'immigration et venir à la
rescousse de mon collègue et néanmoins ami, le
député de Verdun, qui parle de cette grande richesse qu'est le
multiculturalismme; ce à quoi je conviens, entre parenthèses.
Mais comment ce gouvernement réagit-il à l'ultimatum que
vient de donner le premier ministre fédéral, servi d'ailleurs au
premier ministre fédéraliste du Québec, qu'il n'y aura
aucune entente de signée, de quelque nature qu'elle soit, tant et aussi
longtemps que la Commission Bélanger-Campeau ne sera pas
terminée, qu'on ne sera pas capable de fixer nos quotas? On sait fort
bien, M. le Président, quand on regarde les chiffres qui nous ont
été donnés par Mme McDou-
gall... Je ne me souviens pas tellement des ministres des pays
étrangers, mais enfin! Mme McDougall donne des chiffres au nom de
centaines de milliers qui vont être autorisés d'immigrer au Canada
et quand on sait qu'ils s'installent à 95 % à Montréal,
parce qu'on n'a pas réussi la démétropolisation de
l'immigration, donc, son étendue sur l'ensemble du territoire, donc, des
problèmes d'habitation qui vont se poser pour loger ces populations et
le taux de vacance... M. le ministre devrait savoir que le coût locatif
dans ce taux de vacance de logements qu'il y a à Montréal est
inadmissible pour une très large partie de la population qui s'installe
à Montréal et qui, entre parenthèses, les GRT, la
coopérative d'habitation, ça fait cinq ans qu'ils ont le
même budget. Et si je calcule l'inflation, donc, ils ont eu 25 % de
coupés. Que va-t-il faire pour l'habitation, face à ceci? Comment
va-t-il réagir à l'ultimatum fédéraliste qui a
été donné? Qu'est-ce qu'on va faire pour la francisation?
Qu'est-ce qu'on va faire pour la francisation de cette immigration? Qu'est-ce
qu'on va en faire?
Et quand on sait, entre parenthèses, M. le Président,
qu'au niveau du français langue de travail, langue de communication, les
messages de ce gouvernement n'ont jamais été des plus clairs
à ce niveau-là, qu'est-ce qui va se passer à
l'intérieur de ce programme d'accès aux immigrants? Et quand on
sait que votre ancienne ministre des Communautés culturelles, Mme Robic,
a baissé les armes au sujet des immigrants investisseurs, parce que
nous, c'est avantageux, naturellement, devant la pression des autres provinces
du gouvernement canadien, eh bien, on a laissé tomber bien des avantages
qui étaient au Québec et ça les a amenés au
Québec. Maintenant, Toronto, comme toujours, se ramasse la plus belle
part du gâteau. On va hausser le nombre d'immigrants qui vont être
admis d'ici à 1995, mais on prévoit n'augmenter que timidement
les fonds consacrés aux divers programmes destinés à
l'intégration des nouveaux arrivants. Ça, c'est ce que dit le
gouvernement fédéral. Qu'allez-vous faire, M. le ministre
responsable de l'île de Montréal puisqu'ils vont s'établir,
à 95 %, dans l'île de Montréal, et que vous n'avez pas de
garantie pour le Québec? La ministre, Mme McDougall, d'ailleurs, le dit,
que les 25 %, tels que prévus dans le défunt accord du lac
Meech... Elle n'a pas voulu préciser. Là, vous avez eu, dans
Charlevoix, je pense, que le premier ministre du Canada faisait sa visite
officielle au Québec. Il a servi un ultimatum très clair au
Québec, en disant. Tant que votre commis sion - et en plus, il veut
faire sa propre commission lui aussi... Alors, on risque de se voir reporter
aux calendes grecques. Il n'y aura pas d'entente particulière avec le
Québec à ce niveau-là. Il n'y a rien à faire.
Comment allez-vous démêler tout ceci, M. le ministre? Ça
fait partie de la dynamique de Montréal. J'espère que vous
êtos bien d'accord avec les propos que tenait M. le député
de Verdun, qui est bien au fait du dossier, et je l'en félicite
d'ailleurs. (11 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. le président du
Conseil du trésor, pour terminer cette interpellation, vous disposez
d'une période de temps de 10 minutes et suivra après
l'intervention, pour terminer, Mme la députée de
Hochela-ga-Maisonneuve. M. le président du Conseil du trésor.
Conclusions M. Daniel Johnson
M. Johnson: Je vous remercie, M. le Président. Je ne
relèverai pas les propos du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Ils ne m'apparais-saient pas pertinents dans le
cadre de l'interpellation de ce matin; mais ça, c'est une question de
jugement, je présume, question de goût. Ils étaient
certainement, à certains égards, incohérents à
l'interne même des propos. Le programme d'investisseurs immigrants
demeure le plus compétitif et le plus concurrentiel possible sur la
scène canadienne; il l'est. J'ai eu l'occasion, je dirais, de m'en
servir comme outil de promotion lorsque, comme d'autres collègues, j'ai
sollicité de l'investissement et de l'immigration dans d'autres
pays.
Ce qui nous a amenés ici ce matin, et nous les en remercions, ce
sont nos collègues de la minorité de l'Opposition, qui voulaient
discuter de l'avenir de Montréal. Dans la situation économique
actuelle, il y a un ralentissement dont souffre de façon
particulière certaines clientèles situées à
Montréal, certaines industries qu'on retrouve en concentration à
Montréal.
On peut dénoncer cet état de fait, on peut
vociférer, on peut constamment dire: Qu'est-ce que vous faites?
Qu'est-ce que vous faites? Mais moi, j'aimerais qu'on parte de la
réalité. La réalité, c'est que les poches de
pauvreté sont, je dirais, un symptôme d'un malaise, ce n'est pas
une cause de la déchéance montréalaise. Il faut corriger
les véritables causes afin de se débarrasser, à la longue,
du symptôme et s'assurer que le niveau de prospérité
générale, que le niveau d'employabilité
générale, que les niveaux d'investissements et de création
d'emplois, dans les régions défavorisées de
Montréal, soient haussés. C'est ce à quoi nous tentons de
nous employer depuis plusieurs années. De façon
spécifique, le comité ministériel a, à
l'égard de Montréal, des responsabilités sur lesquelles je
reviendrai Mais comme gouvernement nous avons à tenir compte de
l'ensemble des éléments de développement
économique, agir afin que les conditions générales
s'améliorent et que, donc, ça puisse se répercuter sur les
quartiers défavorisés. Des mesures de structuration, nous en
avons mis en
place un certain nombre qui nous assure d'une meilleure santé des
finances publiques et d'un fardeau fiscal mieux distribué et
certainement plus léger. Autant d'éléments qui contribuent
à la création nette d'investissements à un taux tel que
nous en bénéficions quant au taux de croissance des
investissements, beaucoup plus que nos voisins de l'Ontario ou que la moyenne
canadienne. De toute façon, le rythme de création d'emplois au
Québec est supérieur à ce qu'il est partout au Canada
depuis quelques années, même à travers le ralentissement
que nous sommes en train de connaître. Que la situation individuelle de
certaines familles soit extrêmement mauvaise, ça ne fait aucun
doute. Mais la question est de savoir comment on peut assurer un secours et un
soutien lorsque cette mauvaise passe survient, d'une part, et surtout si elle
empire Mais nous avons surtout la responsabilité d'agir à long
terme sur le niveau de capacité à s'employer de ces populations
dans leur quartier. Nous le faisons et on devient à ce moment-là
plus ciblés sur les quartiers que nous avons identifiés. Nous les
connaissons tout autant que les autres membres de l'Assemblée nationale.
Nous en arrivons à concentrer nos efforts à plus de 100 000 000 $
sur le plan de relance de l'est de Montréal qui est toujours en cours.
On nous demande ce que nous faisons pour l'est de Montréal. Je
réponds avec le député de LaFon-taine: Nous avons
donné suite au rapport du CREEEM. Nous avons prolongé de deux
années notre soutien à la table de concertation et de promotion
de l'est de Montréal qui voit à assurer le suivi, qui est la
mouche du coche à l'égard d'un tas de participants et d'acteurs.
Nous avons assuré à l'est de Montréal que des outils lui
sont disponibles afin d'assurer son développement. Nous travaillons en
concertation avec les autres niveaux de gouvernement pour y arriver. 106 000
000 $. Le député nous demande: Qu'est-ce que vous faites? Je
réponds: 106 000 000 $. Ce n'est pas négligeable. Dans le
sud-ouest, le député de Verdun l'a évoqué, nous
avons également répondu intégralement aux demandes du
milieu et doté le milieu du sud-ouest de Montréal des outils
qu'il réclamait. Alors, je ne vois pas au-delà, encore une fois,
des questions qui m'apparaissent vides de sens ou d'objet de la
députée, ce qu'elle veut dire par: Qu'est-ce que vous faites pour
les quartiers défavorisés du sud-ouest? Et nous répondons:
Nous donnons suite aux demandes de la population et du milieu. Et elle s'en
montre encore insatisfaite! Alors, présumément, on ne peut jamais
satisfaire la députée de Hochelaga-Maisonneuve et ce n'est pas
véritablement mon problème à ce moment-là. Il reste
que nous pouvons intervenir compte tenu du profil particulier de
Montréal au niveau de certains investissements publics ou de
participation des pouvoirs publics à des investissements privés.
Le député de Saint-Louis, qui compte la plus grosse concentration
de valeurs foncières - j'allais dire au monde entier, mais, après
Tokyo, probablement pas loin derrière - a également
indiqué comment le secteur public participe à
l'amélioration de la qualité du centre-ville de Montréal,
donc je dirais du cerveau, du centre nerveux du développement
économique de tout le Québec, sinon de l'Est du Canada, au coeur
économique du Québec et de la région de Montréal et
même de la région de recensement de Montréal, dirions-nous,
ce qui explique la qualité croissante des muscles de cet appareil qu'est
le Québec pour assurer son développement économique.
Nous avons mis sur pied de façon spécifique, pour la
population que nous visons, des programmes que les commissions de formation
professionnelle sont en voie d'identifier. Il s'agit de recenser parfaitement
pour savoir précisément de quoi l'on parle. Quel est le profil
des gens sans emploi? Quelle est leur capacité à l'emploi et
quels sont donc les moyens précis qu'on doit mettre à leur
disposition pour leur trouver un emploi? En parallèle, on doit examiner
précisément, et c'est exactement ce qui est en voie de se faire,
quels sont les besoins des entreprises. Il est inutile de se lancer dans des
programmes d'emploi qui ne correspondent pas aux besoins du marché, de
la même façon qu'il est inutile de permettre toutes sortes
d'investissements dans l'entreprise si elle ne peut pas s'alimenter de la
main-d'oeuvre dont elle a besoin.
Il m'apparaît qu'à plusieurs titres, qu'il s'agisse de la
façon dont, généralement, nous tentons de régler
des conditions de climat favorables à l'investissement, qu'il s'agisse
de la façon plus ciblée dont nous intervenons auprès de
diverses clientèles, que nous avons mis en place les outils
nécessaires au développement de ces clientèles et de ces
secteurs défavorisés. Je serais incapable de donner les
numéros d'assurance sociale des gens dont la députée de
Hochelaga-Maisonneuve nous parle, mais je connais, parce que j'ai un
comté, moi aussi, ce que ça signifie de chercher un emploi; mes
électeurs en cherchent également, et je sais la situation qu'ils
vivent. De façon plus difficile, des quartiers de Montréal vivent
depuis plus longtemps cette situation. On peut agir pour les soutenir et leur
donner de l'espoir à court terme. Les groupes communautaires que nous
soutenons tentent de le faire de façon, je dirais, héroïque,
compte tenu des difficultés. Héroïque.
Le gouvernement, par ailleurs, doit mettre en place, de façon
structurante, des mesures qui accueilleront les gens chez qui les groupes
communautaires que nous soutenons auront fait renaître l'espoir. C'est de
cette façon que j'envisage l'avenir, une façon plus rose que
celle que dépeint la députée, mais je vais accepter que
c'est son rôle de prétendre que le gouvernement ne fait rien,
même si ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
président du Conseil du trésor. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Nous voulions cette
interpellation pour parler d'un plan de relance et nous devons conclure qu'il
n'y a même pas de plan d'action. Mais il y a plus que ça. Il y a
profondément des malentendus. D'abord, le premier malentendu sur le
rôle de l'État en période de récession. J'ai
été surprise d'entendre le député de Saint-Louis
s'ébahir, d'une certaine façon, que des investissements
privés se poursuivent dans le centre-ville de Montréal. Je
comprends d'être ébahi parce que, au moment où ces
investissements privés devraient chuter, en fait, c'est le cas dans la
période de récession dans laquelle on est, ça ne s'est pas
produit dans cette exception qu'il nous mentionnait, mais, surtout, ce qui est
ébahissant, c'est de voir que le gouvernement, lui, ne stimule pas les
investissements qui sont en chute sur le plan privé. Qu'est-ce que
c'est, le rôle de l'État dans une période de
récession comme celle que l'on a présentement? Il n'y a pas que
moi qui le dise.
Le ministre, député de Vaudreuil, nous faisait grief de ne
souligner que le point de vue de The Gazette qui était de notre
côté, mais je veux souligner le point de vue d'Alain Dubuc dans la
Presse de cette semaine qui disait. "Au Québec, le débat
sur le rôle de l'État en période de récession a
été amorcé par le chef de l'Opposition." Il ajoutait: "Le
chef péquiste est l'un des rares hommes politiques au Canada qui a
géré la dernière récession et qui l'a fait avec
succès. Les mesures de son gouvernement, à l'époque, ont
permis une reprise accélérée après la crise." Le
ministre peut bien railler les mesures mises en place en 1983, mais ces
mesures, maintenant, on les suggère à l'actuel gouvernement, pas
nous, simplement l'Opposition, mais des personnes qui sont
autorisées.
D'ailleurs, M. Dubuc continuait: "L'exemple du gouvernement
péquiste montre que l'imagination peut remplacer les millions." Pensez
simplement, dans ce plan de relance de 1983, c'était le départ
des programmes de rénovation des zones industrielles
vétustés, le programme des PR Al MONT, ce sur quoi travaille
actuellement... parce que dans le fond c'est "business as usual" qu'on nous a
annoncé ce matin. Les 106 000 000 $ du député de
Vaudreuil, c'est de l'argent qui était déjà annoncé
il y a trois ans dans des programmes qu'on avait mis en place, il y a huit
ans.
Le programme d'habitation, les 2500 habitations sur les terrains Angus.
La construction du Centre de recherche industrielle du Québec, le CRIQ.
Le programme de Revi-centre pour justement profiter de cette période
parce que oui ça peut, et non seulement c'est nous qui le disons, mais
même le Conseil économique du Canada qui contrairement au
député de Vaudreuil ne pense pas que l'obsession doit être
de réduire les dépenses en maintenant les finances publiques
saines, mais qu'il y a aussi une autre façon de faire, soit d'augmenter
les rentrées d'argent en choisissant, en optant pour des politiques
d'emploi.
Il faut constater qu'il y a un profond malentendu sur l'intervention
attendue. C'est bien plus d'investir à cette période ci, investir
plutôt que de se désengager comme fait le gouvernement. Un
deuxième malentendu, mais absolument évident, c'est sur le
rôle du comité ministériel. Quand le député
de Vaudreuil répond à mon collègue de
Sainte-Marie-Saint-Jacques que le défi de l'intégration
linguistique à Montréal ça ne le concerne pas, nous on se
dit: C'est quoi le mandat du comité ministériel? Quand il ne nous
donne pas de réponse sur les questions posées ce matin sur la
pétrochimie, sur Soligaz, sur le dossier du textile, quand il ne nous
dit pas un mot, comme on s'y attendait pourtant sur le 350e anniversaire, c'est
quoi le mandat? Il y a un malentendu sur le mandat du comité
ministériel permanent. Un malentendu qui est assez évident, ce
matin. (12 heures)
D'ailleurs, je veux citer là, à cet égard,
justement encore, M. Dubuc qui disait: "Que manque-t-il alors pour que
Montréal puisse prendre son essor? Il manque la part du gouvernement du
Québec, celui qui détient pourtant le plus de leviers
indispensables. Il existe, bien sûr, un comité ministériel
permanent qui doit présider aux destinées montréalaises,
mais, jusqu'ici, son rôle est plus que timide. Et je veux insister parce
que ce point de vue-là est important. On ne peut pas fragmenter une
métropole en sous-régions. Les mesures locales importantes des
fonds pour l'est et le sud-ouest dont il a fait état, et c'est la seule
chose dont il a fait état ce matin... Et l'éditorialiste indique:
"Ces mesures locales sont essentielles pour s'attaquer à des
problèmes criants dans certains secteurs montréalais, mais elles
perdent leur sens si elles ne sont pas intégrées dans une vision
plus large du développement de la métropole. Les beaux projets
qu'on peut concocter pour le sud-ouest ne donneront rien si Montréal
périclite et ne retrouve pas un rythme de croisière
décent; 55 000 emplois impliqués dans le secteur textile et
vêtement, 23 % de l'entreprise manufacturière à
Montréal." Il n'y a pas eu un mot ce matin. Qu'est-ce que c'est, le plan
d'action du gouvernement du Québec? Qu'est-ce que c'est, le plan
d'action du gouvernement du Québec en matière de reconversion
industrielle? On nous parle de reconversion industrielle. À part la
phase II de la Baie James, qu'est-ce que c'est, la reconversion industrielle de
Montréal?
Troisième malentendu important, celui de l'investissement dans
l'entreprise. Oui, l'investis-
sèment dans l'entreprise, c'est important, mais ça n'a pas
de retombées sur l'emploi. C'est ça qu'il faut
constater au moment où on a à faire des bilans: investissements,
au niveau des infrastructures, grâce à la ville de
Montréal, et investissements dans les structures du gouvernement du
Québec, mais pas de retombées sur l'emploi, et c'est ça,
finalement, un malentendu profond. Le ministre nous parle de maintenir les
finances publiques saines, sans nous parler qu'il a choisi, lui, de
réduire les dépenses et qu'il n'a pas misé sur la
création d'emplois. Il n'y a pas de politique de création
d'emplois. Et, pire encore, c'est là l'autre malentendu le plus
important, ce n'est pas une mauvaise passe momentanée pour les 100 000
chômeurs sur l'île de Montréal et les 124 000 demandeurs
d'emploi à l'aide sociale. Ce n'est pas une passe momentanée,
c'est le résultat d'une reconversion de l'économie dont ils
peuvent être victimes toute leur vie. C'est ça, le drame. C'est
qu'à chaque période de récession, comme celle qu'on
connaît maintenant, il y a un certain nombre d'hommes et de femmes qui
gagnaient bien leur vie et celle de leur famille, qui vont se trouver à
être "déqualifiés" parce que, si leur usine a fermé,
ce qui est le cas de 55 % des personnes qui sont sur l'aide sociale... Elles
sont sur l'aide sociale suite à une fermeture d'entreprise, et le quart
d'entre elles, après 20 ans de travail continu pour la même
entreprise Et quand l'entreprise ferme, c'est qu'il y a une reconversion
industrielle, il y a une modernisation; et cette modernisation fait qu'il y a
des nouveaux équipements technologiques qui sont introduits. Et le
drame, c'est que les personnes mises à pied ont la malchance, sans
doute, de ne plus pouvoir répondre aux exigences des nouveaux emplois.
Et qu'est-ce qui se produit? C'est quoi? Le gouvernement
précédent avait mis en place les mesures d'employabilité.
C'est là où on a commencé à en parler. Ça
n'existait pas avant la récession de 1983. Et tous ces programmes,
toutes ces mesures qu'on connaît maintenant c'est la suite ininterrompue
"business as usual", rien de plus. Mais la difficulté actuelle à
Montréal, c'est comment se fait-il qu'en un an il y a eu une chute de
participation de 10 000 travailleurs sans emploi dans les programmes de la
Commission de formation professionnelle? Comment se fait-il que l'an dernier la
Commission de formation professionnelle n'a pas dépensé 10 000
000 $ de son budget, le double de ce qu'elle n'avait pas dépensé
l'année d'avant? Le ministre nous fait l'annonce, aujourd'hui, qu'il a
exempté de coupures l'est et le sud-ouest. Et là, 11faudrait
l'applaudir peut-être?
La fois d'avant, notre autre interpellation, il avait annoncé,
d'ailleurs dans un communiqué, que l'argent qui avait été
précédemment annoncé sur trois ans et qui n'avait pas
été dépensé, le serait sur cinq ans. C'était
toujours le même argent. Là, il nous annonce qu'on ne sera pas
coupé. M. le ministre, on ne sera peut-être pas coupé, mais
ça va être combien les crédits périmés,
c'est-à-dire ce qui n'est pas coupé sur papier mais qui, dans la
réalité, n'est pas dépensé? Et là, les
obstacles... On ne peut/ quand même pas mettre la responsabilité
sur /'le dos des gens qui ont, comme dans une toile d'araignée, à
vivre avec les critères, les obstacles que vous mettez devant eux. Quand
vous avez parlé du budget des initiatives locales qui n'était pas
dépensé, bien je vous mets au défi, moi, je vous mets au
défi de recevoir les projets qui ont été
déposés devant la Commission de formation professionnelle. Et je
vois M. Marcoux qui est juste derrière vous. Et je vous mets au
défi de m'expliquer pourquoi on a mis de côté des projets
à cause des critères bureaucratiques. On voudrait que les
interventions qui sont faites en termes d'initiatives locales le soient avec
les mêmes critères bureaucratiques que celles qui sont faites par
l'appareil gouvernemental. Critères bureaucratiques contre les
initiatives communautaires. Critères bureaucratiques contre les
chômeurs. Un an d'attente à Montréal avant de pouvoir
suivre un cours académique qui va donner droit, après, à
un cours spécialisé pour aller occuper les nouveaux emplois.
Ça, là, c'est la dernière évidence. Tout le monde
le sait à Montréal. Je pense que le président du
comité ministériel est le seul qui ne le sait pas. Il nous manque
un leadership politique et un leadership moral à Montréal de la
part du gouvernement du Québec pour mobiliser le Québec tout
entier derrière la population de la seule grande ville qui peut
concurrencer et nous ouvrir les portes des marchés. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. La Commission du budget et de
l'administration ayant accompli son mandat, nous ajournons nos travaux sine
die. Merci de votre collaboration.
(Fin de la séance à 12 h 6)