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(Dix heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. Nous en étions, monsieur... Est-ce
qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président: Mme Caron
(Terrebonne) remplacera M. Beaulne (Bertrand); M. Bergeron (Deux-Montagnes)
remplacera Mme Bégin (Bellechasse); M. Richard (Nicolet-Yamaska)
remplacera M. Després (Limoilou) et M. Blais (Masson) remplacera M.
Lazure (La Prairie).
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercié, M. le
secrétaire. Nous en étions rendus à Mme la
députée de Terrebonne. Alors, Mme la députée de
Terrebonne, la parole est à vous.
Motion proposant d'entendre la
Fédération des ACEF du Québec
Mme Caron: Oui, M. le Président. Tel que je vous l'avais
mentionné en fin de séance, hier, j'ai l'intention de
déposer une motion et elle se lit comme suit: Que, conformément
aux dispositions de l'article 244 de nos règles de procédure, la
commission du budget et de l'administration tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la
Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal, des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende la
Fédération des ACEF du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Cette motion est recevable, Mme
la députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, vous l'aviez
annoncée hier soir, avant de quitter, si je me souviens bien.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: C'est bien ça. Merci, M. le Président.
Je pense que, dans un premier temps, je vais présenter un petit peu la
Fédération des ACEF aux membres de cette commission puisque hier,
en journée, lorsque j'ai parlé au ministre du Revenu de la
Fédération des ACEF et de sa position sur la loi 89, il semblait
connaître peu cet organisme et ignorer la position de cet organisme sur
la loi 89.
Vous savez que la Fédération des ACEF du Québec,
qui a été créée il y a 20 ans, est un organisme
extrêmement important au niveau des consommateurs. Elle regroupe
effectivement 11 ACEF qui sont réparties dans 9 régions du
Québec. Elles interviennent auprès de personnes vivant des
problèmes de consommation et d'endettement et elles touchent vraiment
toutes les régions du Québec. Vous avez l'ACEF de l'est de
Montréal, vous avez l'ACEF du nord de Montréal, l'ACEF de la
Mauricie, l'ACEF de Lanaudière, l'ACEF des Bois-Francs, l'ACEF du
Haut-Saint-Laurent, l'ACEF du sud-ouest de Montréal, l'ACEF de
l'Outaouais, l'ACEF des Basses-Laurentides, l'ACEF de Thetford-Mines, l'ACEF de
la rive sud de Québec et la Fédération des ACEF du
Québec qui regroupe l'ensemble de ces ACEF.
Depuis sa création, la Fédération des ACEF a su
adapter son action et son intervention aux différentes conjonctures
socio-économiques. C'est pourquoi if m'apparaît important, au
moment d'un changement aussi important, comme le ministre nous le disait, un
événement historique - il s'est plu à nous le rappeler
à plusieurs occasions - il me semble donc important de consulter ce
groupe.
Chacune des ACEF offre des services d'aide directe à la
population et organise des activités d'information, d'éducation,
de recherche et d'intervention. Elles sont donc des groupes qui sont
directement sur le terrain, qui connaissent exactement les besoins des
consommateurs, qui doivent aider les consommateurs à trouver des
solutions et sont donc les mieux habilitées, à mon avis, pour
nous donner les conséquences de cette loi 89 sur les consommateurs. Il y
a aussi l'expertise des ACEF en matière de consultation
budgétaire qui est reconnue par de nombreux intervenants
économiques et sociaux. Effectivement, ce service s'adresse aux
personnes...
Le Président (M. Lemieux): Quorum.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Donc, je disais que les
ACEF offrent un service de consultation budgétaire qui s'adresse aux
personnes qui rencontrent des difficultés budgétaires. Ce qu'on
me disait dans les différentes ACEF, c'est que depuis un an, à ce
service, elles ont dû ajouter du personnel pour répondre à
la demande parce qu'il y a de plus en plus de demandes de personnes qui ont des
besoins du côté budgétaire parce qu'elles n'arrivent plus.
C'est évident que ces groupes de consommateurs se retrouvent dans la
classe défavorisée, mais de plus en plus, au cours de
l'année, on s'est aperçu qu'on allait
aussi toucher les familles de classe moyenne, chose qu'on ne retrouvait
pas avant dans les ACEF. Le bassin s'agrandit dangereusement, parce que, du
côté des démunis, ils n'ont absolument rien à
administrer. Ils reçoivent un chèque d'aide sociale et ce
chèque leur permet à peine de répondre aux besoins
essentiels. Donc, fis ne peuvent recevoir de cours de service budgétaire
des ACEF, parce qu'il n'y a rien à administrer, finalement, alors que,
du côté de la classe moyenne, ce sont ces gens-là qui se
retrouvent dans les ACEF parce qu'ils ont l'habitude d'avoir un budget
où tout allait bien, où ils pouvaient quand môme vivre
décemment, et ils se retrouvent avec la kyrielle de taxes qu'ils ont eu
à subir. Devant une situation budgétaire drfficRe, devant un
endettement croissant, ils se voient donc dans l'obligation d'aller chercher
des services auprès des ACEF. C'est dans ce sens-là que
l'expertise des ACEF est extrêmement précieuse, une expertise
directe, sur le terrain.
Donc, elles visent, dans leur cours budgétaire, à
solutionner les problèmes d'endettement à court et à moyen
terme, à long terme également, à favoriser, chez les
individus, une compréhension et une prise en charge de leur situation
financière. La pratique des ACEF en consultation budgétaire a
favorisé l'intervention de la Fédération des ACEF sur des
aspects particuliers, directement liés à la condition
socio-économique des personnes ayant recours au service. Blés se
sont donc prononcées à différentes reprises,
principalement sur la Loi sur l'aide juridique, la Loi sur le recours
collectif, la Loi sur la protection du consommateur, la loi sur le
dépôt volontaire, la loi sur la faillite personnelle, il
réapparaîtrait donc normal qu'elles viennent se prononcer sur le
projet de loi 89.
La Fédération des ACEF se veut une organisation
décentralisée qui mise sur le dynamisme des ACEF
régionales pour assurer l'ensemble des activités. Par contre, il
y a des liens extrêmement étroits entre les différentes
ACEF et le contact est constant entre la Fédération et ses
membres en région. Elles ont également des comités de
travail et des commissions qui travaillent à l'année longue sur
des dossiers particuliers. Il y a trois comités de travail et six
commissions en fonction continuellement, dont les mandats sont définis
par l'assemblée générale de la Fédération
des ACEF, qui constituent les structures qui permettent la réalisation
des objectifs de la FACEF.
Alors, vous avez le comité de financement, le comité de
développement, formation et information. C'est évident que, si on
recevait la Fédération des ACEF, c'est le comité du
financement et développement qui accepterait l'invitation. Ce
comité assure le fonctionnement de base alors que les commissions,
elles, coordonnent les dossiers de recherche, d'intervention, d'action dans
leur champ de compétence. Alors, vous avez une commission sur
l'endettement, une commis- sion sur les pratiques commerciales, une autre sur
les dossiers sociaux, une autre sur les dossiers économiques, une autre
commission sur la santé et l'environnement, et une autre sur les
services publics. Alors, c'est évident que, parmi ces nombreuses
commissions, plusieurs seraient intéressées à venir se
faire entendre ici sur le projet de loi 89. Je pense en particulier à la
commission qui travaille sur l'endettement, qui a vu son travail augmenter
dangereusement cette année. Évidemment, la commission qui
travaSte sur les pratiques commerciales puisqu'elle sera directement
touchée par l'application de la loi 89 et, évidemment, puisque
c'est une loi qui touche l'économie, c'est un dossier économique,
la commission des dossiers économiques.
Depuis le début de son existence, la Fédération des
ACEF s'est fart un devoir de venir prendre position dans les commissions
partout où on a demandé son avis. On l'a fait
régulièrement. Je me souviens l'an dernier, concernant la loi
d'ouverture des commerces, la Fédération des ACEF a
présenté un mémoire qui était d'extrême
qualité. On a fait exactement la même chose aussi du
côté d'Hydro-Québec puisque plusieurs consommateurs sont
pénalisés par les pratiques d'Hydro-Québec.
Principalement, le dossier touchait aux coupures d'électricité.
Il va sans dire que la loi 89 qui arrive va ajouter à la facture des
consommateurs et donc, automatiquement, les coupures
d'électricité risquent d'être encore plus nombreuses au
cours de l'année.
Donc, tout en menant tous ces différents dossiers de recherche,
la FACEF est donc sollicitée pour participer à différentes
activités de représentation, comités consultatifs,
coalitions nationales, entrevues dans les médias électroniques et
conférences. Son rôle est extrêmement actif. Au cours de la
dernière année, je pense que chacun a pu voir à quel point
les considérations de la Fédération des ACEF
étaient prises au sérieux par les différents
ministères. Je souhaiterais que le ministre du Revenu accorde autant
d'attention que ses collègues à cette
fédération-là qui joue quand même un rôle
extrêmement important dans notre société.
Ils se sont prononcés, M. le Président, et ça,
très rapidement au tout début, sur le projet de loi 89. Et
lorsque j'ai fait part au ministre de leur document, il semblait être en
désaccord avec plusieurs de leurs remarques et je pense qu'il serait
peut-être bon qu'il les reçoive pour, justement, discuter de ces
arguments qui ne semblent pas partagés et peut-être leur donner
les explications nécessaires pour peut-être les amener à
son point de vue.
Alors, la position de la Fédération des ACEF, elle est
extrêmement claire. Ce qu'elle nous dit, c'est que les consommateurs n'en
peuvent plus de payer et elle dénonce la TPS québécoise et
l'élargissement de l'assiette fiscale qu'on retrouve avec le projet de
loi 89. Dès septembre 1990, la Fédération des ACEF
nous
disait que le fardeau supplémentaire qui sera imposé aux
consommateurs avec l'application de la TPS québécoise risque de
pousser l'endettement des familles à des sommets jamais atteints. Et
ça, je pense qu'hier on a tenté de le démontrer et que
l'endettement, effectivement, est en croissance. On n'a jamais vu un taux aussi
élevé, et il atteint même des familles qui se sentaient
à l'abri. Dans nos bureaux de comté, vous avez sûrement eu
la chance de faire cette expérience-là tous autant que vous
êtes, des personnes qui possèdent des entreprises, qui avaient des
maisons sans hypothèque se sont vu refuser des prêts, des
réouvertures d'hypothèque pour avoir des prêts personnels
parce que nous sommes dans une situation difficile. Le taux d'endettement
partout au Québec ne cesse de croître. Il y a certaines compagnies
qui ont des techniques extrêmement frauduleuses et qui sont
dénoncées vigoureusement par la Fédération des
ACEF. On a même envoyé des avis aux consommateurs pour essayer de
prévenir, de ne pas se laisser embarquer par ces compagnies. Certaines
compagnies à numéro offrent du financement aux consommateurs et
finalement, une fois que tous les papiers sont signés, bien la compagnie
n'existe plus, déménage, le consommateur a déjà des
versements de donnés et se retrouve dans une position extrêmement
difficile. Alors, plus la récession avance, plus les consommateurs
peuvent être victimes de ce type de compagnies et j'aimerais que la FACEF
vienne nous en parler.
Donc, la hausse de l'endettement l'an dernier des faillites personnelles
était de 20 % et ne se compare en rien à ce qui arrive
maintenant, cet automne. L'avertissement qui a été lancé
au ministre du Revenu par la FACEF du Québec dénonce autant le
projet de la TPS québécoise que la façon sournoise du
gouvernement Bourassa de l'annoncer. Ça, je pense que la FACEF n'a
absolument pas été dupe sur la façon que ce
gouvernement-là a utilisée pour nous l'annoncer. En pleine crise
amérindienne, on a essayé de nous passer en douce cette facture
que nous avons devant nous par le projet de loi 89.
Le fait que l'ex-ministre du Revenu, fiscaliste de surcroît,
claque la porte en dénonçant le caractère
inéquitable de la nouvelle taxe prouve que le gouvernement
déforme la vérité et je pense que cet argument de la FACEF
est extrêmement pertinent. On me disait tantôt, ce matin, que
l'ex-ministre du Revenu, M. Séguin, participait à une
émission radiophonique ce matin et qu'il était extrêmement
clair sur sa compréhension du projet de loi 89 et nous partageons
entièrement son avis, tout comme la FACEF.
Dans son communiqué de septembre, la FACEF accuse
carrément le gouvernement Bourassa de mentir quand il prétend que
les consommateurs seront favorisés de 19 000 000 $ avec la nouvelle TPS.
Elle nous dit: Pas besoin d'être économiste pour
démêler les chiffres de
Gérard D. Levesque et voir que c'est plutôt 300 000 000 $
environ que le gouvernement viendra puiser dans les poches des consommateurs.
Et on continue en disant qu'alors que le gouvernement fédéral
s'est au moins donné l'excuse de remplacer une taxe
désuète par une taxe sur la valeur ajoutée, la TPS
québécoise n'a rien d'une TVA et ne fait qu'élargir
l'assiette fiscale du gouvernement en touchant des biens aussi essentiels que
les vêtements et les meubles, sans compter tous les services. C'est
évident, M. le Président, que même si on diminue le taux
d'une taxe mais qu'on élargit l'assiette, automatiquement, au niveau des
consommateurs, et principalement au niveau de la classe moyenne, on se trouve
à payer davantage, parce que pour la classe moyenne, des crédits
d'impôt, il n'y en aura pas, M. le Président.
Donc, un seul groupe pour la FACEF tirera avantage de la deuxième
TPS, la TPS québécoise, les entreprises qui, selon le ministre
Levesque, économiseront plus do 1 000 000 000 $ par année
dès 1992. La FACEF conclut son communiqué en nous disant: Le
gouvernement fait moins souvent de cadeau à la classe moyenne et
à la classe défavorisée qu'aux entreprises. Et elle nous
rappelle: Qu'on pense à la hausse de la taxe scolaire, des frais de
scolarité, des tarifs d'Hy-dro, des permis de conduire et des frais
d'immatriculation, et tout ça ajouté à la TPS
québécoise et à la taxe de vente québécoise.
Et on conclut en disant: Jusqu'où pressera-t-on le citron?
Je pense que les intervenants ayant fait des recherches, parce qu'ils
pourraient venir nous dire, M. le Président, ce que le ministre aurait
peut-être besoin d'entendre, ce sont toutes les recherches qui ont
été fartes par la FACEF pour démontrer les
conséquences de ces nouvelles taxes pour la classe moyenne. Ils ont les
données. Ils ont les chiffres. Ils ont utilisé leurs services
pour faire des recherches extrêmement précises et cet
éclairage serait extrêmement important, je pense, pour les membres
de cette commission. Ils nous parleraient de la classe moyenne et,
également, de la classe défavorisée. Ils viendraient
peut-être dire au ministre: Cette classe défavorisée,
même si le gouvernement a semblé mettre un dispositif de
protection par les crédits d'impôt, c'est loin d'être
évident que cette classe défavorisée va vraiment profiter
des crédits d'impôt, parce qu'on le sait très bien, parmi
la classe défavorisée, la très grande majorité de
ces gens-là ne font absolument pas de déclaration d'impôt.
Ils n'en ont jamais fait parce qu'il n'ont jamais eu suffisamment de revenus
pour faire quelque déclaration que ce soit. Et pour avoir fait du bureau
de comté pendant maintenant 10 ans, il faut... c'est très
difficile de convaincre ces gens que c'est important de faire la
déclaration pareil, parce qu'ils pourraient peut-être aller
chercher un petit montant. Je pense aux personnes âgées, en
particulier, que j'ai eu beaucoup de difficulté à
convaincre de l'importance d'aller chercher au moins leurs crédits
à la consommation.
Elles ne voulaient pas, parce qu'elles disaient: Ah, mais si j'envoie ce
papier-là, je vais avoir des problèmes. Elles étaient
prêtes à se priver d'un montant plutôt que de remplir une
déclaration d'impôt. Et la seule chose qu'on nous donne comme
garantie pour les familles démunies, c'est qu'il va y avoir des
crédits d'impôt. Bien, je suis loin d'être sûre que
ces gens-là vont aller les chercher et It va falloir prévoir des
moyens, si le législateur décide de maintenir cette loi 89, pour
informer la population, parce que, très souvent, ce sont aussi les gens
qui ont le moins d'information. Ils vivent pratiquement dans des ghettos
où l'information sur les droits des citoyens ne circule pas tellement
bien, parce que c'est évident que lorsque les familles les plus
démunies... Je regardais encore ce matin un article de Conrad Bernier
qui nous dit: Montréal a faim: les banques alimentaires ne suffisent
plus à la demande. J'ai de sérieux doutes que ces gens-là
- qui n'ont rien à manger, qui doivent aller dans des soupes populaires,
dans des comptoirs alimentaires - aient le temps de lire les journaux, de
suivre ce qui se passe et de faire des réclamations de crédits
d'impôt. C'est loin d'être évident.
L'article de ce matin est extrêmement impressionnant, M. le
Président, là-dessus. Je ne vais citer que deux passages. On nous
dit: "La faim et la sous-alimentation dans la région de Montréal
constituent une réalité dont on ne peut plus, de façon
réaliste, minimiser les dimensions. Loin d'être une affaire du
temps des fêtes seulement, cette réalité est
présente, oppressante, ici, douze mois par année. Le
chômage, l'inefficacité des programmes de formation, la mise en
vigueur depuis août de la nouvelle Loi sur l'aide sociale, les
récentes restrictions de l'assurance-chômage et, bien sûr,
la récession, voilà autant d'éléments qui
contribuent, selon nos sondages et nos analyses, à une augmentation
épeurante des bénéficiaires des soupes populaires et des
comptoirs alimentaires."
Et plus loin, en conclusion, la responsable, Mme Nadia Larouche, nous
dit: "II faut sensibiliser tous les citoyens à ce problème,
même les gouvernements se doivent de repenser certaines décisions
- quand on parle de repenser certaines décisions, je pense qu'il
faudrait peut-être les consulter, ces gens-là - y compris celle de
couper systématiquement dans le gras, comme Hs disent. Couper dans le
gras, à ce. moment-ci, c'est parfois couper dans la chair vive. Moi, en
tout cas, je m'interroge sur ce que vaudra pour l'avenir de notre
collectivité cette légion, chaque jour grossissante, d'enfants
continûment sous-alimentés."
On a vu certains reportages où les enfants à
Montréal, dans les écoles, les professeurs sont obligés de
faire passer les examens au début du mois, au moment où les
chèques d'aide sociale entrent, parce qu'à la fin du mois les
jeunes sont incapables de faire des examens parce qu'ils ne sont pas dans un
état physique pour le faire. Et ce n'est pas qu'à Montréal
que ce phénomène-là se produit. Je parlais avec mon
collègue d'Abitibi-Ouest - donc, du côté d'Abitibi-Est,
ça devrait être semblable, M. le Président - et il y a un
taux de chômage extrêmement important. De plus en plus de personnes
sont bénéficiaires d'aide sociale. Donc, là aussi, il y a
sûrement des organismes d'aide pour l'alimentation. (10 h 45)
Même dans une région comme la mienne, M. le
Président, je dois même dire dans les deux régions comme la
mienne - puisque mon comté est sur deux régions: les Laurentides
et Lanau-dière - nous avons vu le taux de chômage passer de 6,1 %
à 11,8 %. Et nous avons vu la naissance de comités de
dépannage à une vitesse accélérée. J'ai
même dû, dans mon propre comté, contribuer à la
création d'un comité de dépannage et même demander
et créer des cuisines collectives. Alors, ce n'est pas uniquement
à Montréal que ça se fait. Ça se fait aussi dans
nos régions. La région Laurentides-Lanaudière est une
région tout près de Montréal, une région qui a
été créée avec l'étalement urbain. Que ces
gens qui étaient habituellement dans la classe moyenne se retrouvent
obligés de participer à des cuisines collectives, obligés
de faire des demandes à des comités de dépannage et des
demandes extrêmement importantes, il y a peut-être lieu de se poser
des questions. Et moi, j'aimerais sincèrement entendre la
Fédération des ACEF qui, elle, est en contact constant avec tous
ces regroupements-là. Elle pourrait vraiment donner l'heure juste au
ministre et faire part des inquiétudes comme elle les a tellement bien
décrites, M. le Président, dans son communiqué. Elle a des
questions à poser au ministre et elle souhaiterait se faire
entendre.
Hier, je vous parlais des commerçants au détail qui,
même eux, nous disent que l'entrée en vigueur des taxes ne sera
pas une aubaine pour les consommateurs. Alors, imaginez les consommateurs
eux-mêmes. Si, pour les commerçants, c'est clair que ce n'est pas
un avantage pour les consommateurs, il m'apparaît alors évident
que, pour ces mêmes consommateurs, c'est loin d'être quelque chose
de positif.
La Fédération des ACEF n'a jamais, mais jamais
refusé de venir se prononcer sur des dossiers extrêmement
importants. Elle a même pris la peine de venir déposer un
mémoire à la commission Bélanger-Campeau. Dans ce
mémoire, elle ne parlait pas de constitution, mais elle nous donnait le
reflet réel de la réalité des consommateurs
québécois. Elle prévenait le gouvernement qu'il
était extrêmement important de tenir compte de cette clochette
d'alarme qu'on venait leur donner. On s'est aperçu, avec le projet
de
loi 89, que le gouvernement n'en a aucunement tenu compte, mais vraiment
aucunement. Et ce document-là était très bien fait. Il
donnait toutes les grandes lignes et il aurait valu la peine que le ministre du
Revenu en prenne connaissance et qu'il puisse en tenir compte dans
l'élaboration de son projet de loi parce que, vous savez, M. le
Président, le projet de loi 89, en plus d'élargir l'assiette aux
différents biens qu'on a mentionnés régulièrement
à cette commission et en Chambre, c'est-à-dire les chaussures,
les vêtements, les meubles, les appareils électroménagers,
il ne faut pas oublier que ce projet de loi vient aussi apporter une taxe sur
les repas et sur les repas qui n'étaient pas taxés auparavant,
c'est-à-dire qu'à partir du premier sou on va taxer maintenant.
Quelqu'un va arrêter prendre un café dans un restaurant, eh bien,
il va devoir payer ces deux taxes sur ce café. Autrefois, on avait les
repas à 3,25 $ qui étaient exemptés de la taxe et qui
étaient à des prix abordables et ça permettait
même... Au niveau des consommateurs, il y avait une protection parce que
le propriétaire de restaurant se disait: Si je fais un repas à
3,25 $, les gens vont être portés davantage à venir. Ils
vont être attirés parce qu'ils vont dire: 3,25 $, c'est
raisonnable. Même à la maison, on ne peut pas arriver à un
prix aussi concurrentiel. Il n'y a pas de taxe. C'a du bon sens. Alors,
ça maintenait le taux plus bas des repas. Mais si, à partir du
projet de loi 89, il n'y a plus cette réserve-là, donc on
commence à taxer à partir du premier sou, c'est un encouragement
à augmenter le coût moyen du repas. Et c'est encore, bien
sûr, le consommateur qui va le payer parce que c'est évident que
les propriétaires de restaurant - on le sait, il y a des études
là-dessus, M. le Président - ne font pas beaucoup d'argent avec
les repas. Ils font de l'argent avec la boisson, mais avec les repas, ils font
très peu d'argent, surtout les petits restaurants le midi. Il y en a
même qui doivent fermer le midi parce qu'ils ne font pas suffisamment
d'argent. Or, c'est évident qu'ils n'iront pas perdre. Si le
consommateur se rend moins souvent au restaurant, ils vont augmenter leurs prix
et ils vont aller le rechercher, cet argent-là. Donc, on commence
à taxer à partir du premier sou. Il y a également... et
ça aussi, les consommateurs s'y intéressent parce que vous avez
une taxe qui va être chargée sur tout ce qu'on appelle produits
préemballés pour la vente aux consommateurs et vendus en
quantité de moins de six portions individuelles. Et ça, c'est une
nouvelle réalité québécoise aussi. Avec le taux de
séparations de plus en plus élevé, avec les familles
monoparentales, avec de plus en plus de personnes qui vivent seules, c'est un
secteur d'activité qui est en pleine croissance. Alors, l'achat de menus
en portions individuelles, déjà toutes
préemballées, pour les consommateurs, c'est quelque chose
d'attirant et d'attrayant et c'est bien sûr pour ça que le
ministre a jugé bon l'ajouter dans ses taxes, puisque c'est quelque
chose qui est en croissance. On a même taxé, M. le
Président, des produits qui m'apparaissent aussi essentiels que le
yogourt. Le yogourt, qui est un dérivé du lait et qui est
extrêmement important, extrêmement nutritif et qui était
parfois donné dans certains comités de dépannage,
là, on allait chercher les yogourts pour pouvoir en donner aux plus
démunis, eh bien, là, on nous dit que le yogourt sera taxé
lui aussi. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire qu'on n'a fait que taxer des
produits de luxe! L'assiette s'est élargie, elle s'est élargie
sur des produits essentiels mais aussi du côté des aliments, sur
des produits qui m'apparaissent essentiels. Tous les dérivés du
lait, finalement - on ne touche pas au lait - mais tous les
dérivés du lait: crème glacée, lait glacé,
sorbet, yogourt, tout ce qui est en portions individuelles sera maintenant
taxé. Et c'est un peu étonnant, on retrouve la même chose
du côté de tous les biens des produits..
Le Président (M. Lemieux): Je vous prierais de conclure,
Mme la députée de Terrebonne, s'il vous plaît.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Alors, je pense que le
regroupement le mieux placé pour venir exprimer toute cette
réalité quotidienne qui est vécue par les consommateurs et
partout en région, parce qu'on pourrait avoir une vision globale de
toutes les régions puisque la Fédération des ACEF a des
regroupements partout en région, je pense que c'est le groupe le plus
habilité à venir parler aux membres de cette commission, en
particulier au ministre du Revenu, pour nous exprimer les besoins des
consommateurs et la réalité qui sera vécue par les
consommateurs après l'application de la loi 89. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le ministre, est-ce que vous avez aussi
vos commentaires, suite à la motion de Mme la députée de
Terrebonne?
M. Savoie: C'est beau, ça...
Le Président (M. Lemieux): Ça va, pas de
commentaires.
M. Savoie: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Masson.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): On va respecter la règle
de l'alternance. C'est M. le député de
Masson et, après, ce sera M. le député de
Prévost.
M. Yves Blais
M. Blais: Alors, merci beaucoup, M. le Président. C'est
bien sûr, je vais saluer le nouveau ministre du Revenu, c'est la
première fois que je siège à la commission depuis mon
retour. J'ai été hospitalisé pour des malaises et on
vient... un de nos confrères vient, en Chambre, d'avoir un malaise - M.
Gendron - je le déplore et nous le déplorons tous, comme
députés. Ça prouve encore une fois que la vie d'un
député, c'est une vie terriblement difficile et que les
politiciens, quel que soit le côté de la table où nous
sommes, nous devons avoir les uns envers les autres, pour la personne qui
occupe le poste, un grand respect parce que c'est une tâche excessivement
exigeante et difficile. Là-dessus, je tiens à vous dire que,
personnellement, je suis à peu près rétabli, là -
pour votre propre gouverne - mais j'espère que le malaise que M. Gendron
vient d'avoir en Chambre n'est pas excessivement grave. J'en profite en
même temps pour dire: J'espère que votre chef lui-même - on
nous dit qu'il est assez bien, qu'il a quelques complications - sera
rétabli le plus vite possible. Ceci dit, M. le Président...
M. Chagnon: M. le Président, je me plairais de dire que
nous... je pense que chacun des membres de cette commission qui connaît
le député d'Abitibi-Ouest, François Gendron, partage les
mêmes convictions et les mêmes sentiments que le
député de Masson. Nous souhaitons tout d'abord que le malaise
qu'a pu avoir le député d'Abitibi-Ouest soit léger, sans
conséquences, et qu'il puisse faire en sorte que le député
nous revienne la semaine prochaine, qu'il soit des nôtres la semaine
prochaine. C'est ce que nous souhaitons du plus profond de notre tête et
de notre coeur, sinon, bien, nous lui souhaitons un prompt
rétablissement.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de Masson, vous
avez maintenant la parole. Et alors, M. le député de
Prévost, vous aviez demandé la parole? Non. Ah! O.K. Je pensais
que c'était la seule remarque que vous aviez à faire. Je
m'excuse. Alors, M. le député de Masson. Ça va. Oui.
M. Blais: Je vais commencer sur la motion, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur la motion. Ça
va, M. le député de Masson.
M. Chagnon: Les choses sérieuses étant dites, on
continue.
M. Blais: Oui. M. le ministre, je m'excuse humblement
d'être obligé de faire ce qu'on appelle un blocage de cette loi.
Vous savez, pour édaircir les choses, le Parti québécois
n'est pas contre un principe d'une TVA, ça vous le savez. Ce n'est pas
par principe que nous nous objectons. C'est la façon dont votre
gouvernement, dont vous êtes obligé d'interpréter la
philosophie par votre poste, amène cette taxe. Je soutiens, bien
sûr, la proposition de la députée de Ter-rebonne, qui
demande que les ACEF viennent ici. C'est sur ça que je me dois de
parler, et c'est sur ce sujet-là que je vais parler. J'aimerais
beaucoup, et ce serait excessivement profitable, je crois, autant pour les deux
côtés de la table, que les gens de l'ACEF viennent nous donner
leur idée et nous expliquer, d'abord, leur communiqué qu'ils ont
émis à ce sujet.
Nous, de notre côté, nous nous objectons à la loi 89
parce que le gouvernement actuel prend prétexte d'une harmonisation avec
une taxe fédérale de sa TVA à lui, qu'il avait avant, pour
grossir son assiette d'au moins 362 000 000 $, et c'est sur ce problème
que nous butons, s'il n'y avait pas cette imposition supplémentaire,
cette loi, M. le ministre du Revenu... Si elle était vraiment une
harmonisation de notre taxe que nous avions avec la taxe du gouvernement
fédéral, il n'y aurait pas problème réel. Il y
aurait d'autres petits accrochages, mais le principe de base serait
sauvé et nous ne ferions pas ce qu'on appelle ce blocage
systématique.
Nous partageons, de façon générale de ce
côté-ci de la Chambre, les prises de position de l'ACEF. Il y a
une seule chose que nous ne partageons pas, c'est ce que j'ai dit au tout
début, c'est qu'ils se servent de la démission de M.
Séguin comme argument, et ce n'en est pas un. Ils disent ici: Le fait
que l'ex-ministre du Revenu, fiscaliste par surcroît, claque la porte en
dénonçant la TPS... M. Séguin n'a pas claqué la
porte parce que vous chargiez 362 000 000 $ de plus. M. Séguin ne
partage ni votre philosophie ni la nôtre, du côté de la TVA.
Il est contre une TVA. Ce n'est pas la même chose. Il a claqué la
porte, il est contre le principe d'une TVA. Nous, nous ne sommes pas contre le
principe d'une TVA. Nous sommes contre la façon dont vous faites
semblant d'harmoniser votre taxe avec celle du fédéral, tout en
profitant de votre crochet de législateur pour aller chercher 362 000
000 $ de plus dans la poche des consommateurs. C'est là que le bât
blesse. C'est là que notre semelle ne fait plus à votre
philosophie de taxation. Si votre philosophie d'harmonisation était
tautochrone, ça irait. Elle n'est pas tautochrone, c'est ça le
problème. Nous souhaiterions que vous ayez une philosophie tautochrone
avec le fédéral. Tautochrone, ça veut dire que c'est comme
un triangle isocèle, les parties sont égales, c'est un peu dans
l'égalité ce qui est dans le temps isochrone. Mais la philosophie
tautochrone, c'est-à-dire qu'elle s'harmonise vraiment, de façon
égale, avec les deux et, à ce moment-là, nous serions
d'accord avec vous. Mais votre philosophie est loin d'être tautochrone,
le "chrone" est de trop. M. le Président, la Fédéra-
tion des ACEF nous le dit: Les familles sont terriblement
endettées. Cette surtaxe-là - elle le précise - point
n'est besoin d'être un économiste pour voir que le gouvernement va
chercher plus dans nos poches qu'il a le droit, en réalité, dans
l'harmonisation d'aller chercher. Et elle dit: C'est plutôt au moins 300
000 000 $ de plus. Eh bien, ici, nous avons des gens qui ont calculé, et
même, on le trouve dans vos rapports, c'est 362 000 000 $ de plus qu'on
va chercher, par cette loi 89. Je ne puis qu'appuyer la demande de la
députée de Terrebonne de faire venir les ACEF ici, qui
élaboreraient, de façon vraiment rationnelle, sur ce
surcroît de taxes que vous apportez aux consommateurs. Elles qui sont
là pour défendre les consommateurs feraient certainement
comprendre au ministre du Revenu qui, je sais, dans son for intérieur,
le sait que le ministre des Finances charge trop. Elles lui donneraient
d'autres arguments pour défendre les consommateurs. Je suis
persuadé qu'à la table du cabinet, quand il fait ses rencontres
avec le ministre des Finances et le président du Conseil du
trésor, il le dit et je connais son sens de l'équité. Je
suis persuadé qu'il le fait, mais, par solidarité
ministérielle, il est obligé de défendre cette loi
à cause du poste qu'il occupe. Ce n'est pas la personne qui est en
cause, ici, c'est la philosophie du parti. (11 heures)
Je vois que M. le président écoute avec attention. Il y a
beaucoup d'autres choses comme ça que, par solidarité
ministérielle, on est obligé de défendre, même si
ça ne répond pas à ce que l'on pense
intérieurement. Autant du côté constitutionnel, je le vois
à la présidence, autant du côté fiscal, je le vois
au ministre du Revenu; les deux sont analogues, les deux comparaisons vont bien
ensemble. Mais sachez, M. le ministre du Revenu, que de côté-ci de
la Chambre, nous sympathisons énormément avec vous et nous
voulons vous aider à défendre votre point devant le cabinet,
devant le ministre des Finances et devant le président du Conseil du
trésor en demandant aux gens qui sont sur le terrain, comme les ACEF, de
venir, ici, vous donner d'autres argumentations pour mieux défendre
votre point afin que les payeurs de taxes ne vous taxent pas vous-même
d'être une personne qui va chercher trop de revenus sous prétexte
d'une harmonisation avec la taxe fédérale.
C'est bien sûr, M. le Président, que le Parti
québécois seul peut trouver l'argumentation qui devrait
convaincre les ministériels de faire vraiment une harmonisation. Depuis
le tout début, depuis le début du projet de loi 89, nous avons
fait notre possible, en Chambre, et nous avons tous parlé. Nous avons
même demandé une motion de report de ce projet de loi pour que
vous ayez le temps de penser aux conséquences et pour que vous pensiez
aussi que vous ne faites pas vraiment l'harmonisation. La réponse a
toujours été négative ou, si elle n'est pas
négative, nous n'avons vu aucun signe positif de changement de la part
des ministériels. Alors, vu que notre argumentation ne suffisait plus,
bien, je comprends la députée de Terrebonne de demander que des
gens de l'extérieur, des gens qui sont sur le terrain, viennent nous
dire, à nous, et surtout à vous, que votre harmonisation n'est
pas une harmonisation.
M. le ministre, j'aimerais beaucoup... Je sais que vous savez que nous
faisons un blocage systématique et que, dans un blocage
systématique, ce ne sont pas les discours qui comptent, c'est le temps
que l'on consomme. Ça, on le sait et nous l'avouons bien humblement. Ce
n'est pas la première fois qu'un Parlement britannique fait un blocage
systématique et, dans ces blocages systématiques, ce n'est pas le
fond qui compte, vous le savez. Cependant, il y a toujours une motion de fond
qui est importante en soi. J'aimerais bien, même si vous nous aidiez
à consommer du temps, que vous donniez au moins une fois votre opinion
réelle devant ces 362 000 000 $ de plus que vous allez chercher dans la
poche des consommateurs et que la Fédération des ACEF
dénonce par son communiqué. J'aimerais que vous preniez une
position personnelle là-dessus. C'est simple, les chiffres ne peuvent
pas mentir. Vous venez de déposer des crédits
supplémentaires de près de 500 000 000 $. Même si vous nous
faisiez croire que c'est juste 100 000 000 $, personne ne pourra le croire,
c'est près de 500 000 000 $. Les chiffres ne peuvent, en soi, mentir et
surtout les chiffres qui veulent dire des piastres.
La Fédération des ACEF serait une association
précieuse à recevoir ici. M. le Président, j'aimerais
beaucoup - et nous arrêterions immédiatement de parler - si M. le
ministre consentait à ce qu'un vote positif soit pris pour faire venir
les gens de la Fédération des ACEF et nous attendrions
jusqu'à demain pour recevoir les représentants. Demain, nous
recommencerions à les écouter et c'est sûr qu'ils
amèneraient des arguments de taille, des arguments explicatifs de leur
communiqué que nous avons tous reçu. Mme la députée
de Terrebonne serait enchantée que ces gens viennent nous voir pour
expliquer que le gouvernement n'y va pas en harmonisation, mais va siphonner
362 000 000 $ de plus. Mon temps est écoulé et je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Masson. Je vais reconnaître maintenant, en
respectant l'alternance, M. le député de Prévost.
M. Savoie: Est-ce que c'est possible pour moi...
Le Président (M. Farrah): Oui, M. le ministre.
M. Savoie: ...de dire un mot ou deux de deux minutes et, ensuite,
laisser passer le député de...
Le Président (M. Farrah): Est-ce qu'il y a consentement,
M. le député de Labelle? MM. les députés, est-ce
qu'il y a consentement?
M. Blais: Excusez-moi, M. le Président...
Le Président (M. Farrah): Oui, M. le député
de Masson.
M. Blais: ...je crois que le ministre a droit à deux ou
trois ou même cinq minutes de réplique à chaque
intervention sans que le droit d'alternance soit modifié.
Le Président (M. Farrah): Ce n'est pas au niveau des
motions préliminaires, qu'on me dit.
M. Léonard: En tout cas, il y a consentement pour entendre
le ministre, il y a consentement.
Le Président (M. Farrah): Mais il y a consentement quand
même pour que le ministre... Alors, M. le ministre, vous avez la parole
sans atténuer pour autant le droit de parole du député de
Prévost après. Alors, à vous, M. le ministre.
M. Savoie: Je voudrais tout simplement ajouter ma voix à
celle du député en ce qui concerne ce qui s'est produit à
l'Assemblée nationale tout à l'heure avec le député
d'Abitibi-Ouest, François Gendron. Je regrette sincèrement et
j'espère qu'effectivement ce n'est rien de grave et qu'on aura de bonnes
nouvelles sous peu. J'espère que, quand les nouvelles seront rendues au
niveau de sa santé, la commission en sera avisée. On va se
charger de nous garder au courant?
Le Président (M. Farrah): Oui, alors on en prend
note...
M. Savoie: Que quelqu'un nous transmette l'information.
Le Président (M. Farrah): Je pense que tous les membres de
la commission...
M. Savoie: J'espère évidemment que ce n'est pas du
tout grave. Pour ce qui est, maintenant, de l'opinion du député
sur le "filibuster" qui est en cours, j'aviserai le député que
j'ai fait mes commentaires hier soir en ce qui concerne l'ensemble de son
intervention. S'il voulait très bien en prendre connaissance, je pense
qu'il comprendrait davantage notre situation. En ce qui concerne les 300 000
000 $, je dois malheureusement l'aviser que... de mon siège, M. le
Président, je vous avise que, sur les trois prochaines années, il
m'a été clairement démontré que ce ne sera pas 300
000 000 $ additionnels que le gouvernement va aller chercher, mais bien une
perte de 19 000 000 $.
Le Président (M. Farrah): Alors, je vais reconnaître
maintenant M. le député de Prévost.
M. Paul-André Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Voici. M. le ministre,
j'aurais quand même quelques questions à vous poser. Concernant
l'agriculture, par exemple, est-ce que les équipements agricoles, M. le
ministre, vont être taxés, avec la TPS provinciale? TVA... Non, il
est occupé, alors... M. le ministre, voici ma question: Est-ce que les
équipements agricoles vont être taxés par la TVA
provinciale?
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Prévost, malheureusement, on est maintenant sur une motion
préliminaire et on demande d'entendre la Fédération des
ACEF du Québec.
M. Forget: O.K., d'accord.
M. Savoie: Mais je pense qu'il veut fonctionner par questions et
réponses.
Le Président (M. Farrah): Oui, mais c'est toujours en
regard de la motion.
M. Forget: Oui. Par contre, si vous regardez ma question,
ça relève quand même des gens qui ont à payer un
surplus, qui relèvent des associations comme telles. Il y a des
agriculteurs qui font partie de l'association. Il faut quand même
avouer...
M. Savoie: II veut fonctionner par questions et réponses,
et je lui avais dit oui.
Le Président (M. Farrah): O.K. Alors, ce sont des
agricultrices qui sont membres de l'ACEF qui pourraient amener...
M. Forget: Définitivement.
Le Président (M. Farrah): Allez-y, M. le ministre.
M. Savoie: Oui. Bien, justement, la question du
député est au sujet...
M. Blais: M. le Président, je dis que ce n'est pas
pertinent, mais je donne mon consentement quand même.
M. Forget: Mais c'est important, l'agriculture.
M. Blais: Mais ce n'est pas pertinent. Je ne
parie pas de l'important. On est censés parler... Est-ce qu'on
veut que l'ACEF vienne ici ou ne vienne pas? Mais seulement, je donne mon
consentement par largesse d'esprit.
M. Forget: M. le Président, quand même, il y a des
agricultrices qui sont membres de l'ACEF comme telles, de l'association. Je
pense que...
M. Savoie: Je pense que l'ACEF aussi est consciente de
l'importance de l'agriculture pour le Québec. Je suis certain que
plusieurs de ses membres sont agriculteurs ou agricultrices et, par
conséquent, sont préoccupés par cette question-là.
On reconnaît l'importance de l'agriculture au Québec.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Masson, je suis d'accord avec vous, on exprime la réglementation assez
large. C'est que la députée de Terrebonne m'a fait signe qu'elle
était d'accord avec la question du député...
M. Blais: Ça prend l'unanimité pour déroger
aux règles et je la donne. Mais seulement, nous dérogeons aux
règles en demandant une question au ministre actuellement.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le
député de Masson. Alors, en réponse, M. le ministre.
M. Savoie: Alors, très rapidement. On croit
évidemment que l'application de la TPS au niveau du gouvernement
fédéral et évidemment les modifications qu'on apporte
à la taxe de vente du Québec pour s'harmoniser au niveau du
gouvernement fédéral vont être bénéfiques
pour l'ensemble de l'agriculture. En particulier, les dispositions et les
avantages dont bénéficiaient les agriculteurs et les
agricultrices au Québec en ce qui concerne les déductions au
niveau de la taxe de vente vont être transférés au niveau
de la nouvelle taxe de vente du Québec, sauf pour une petite disposition
très légère en ce qui concerne les chevaux, très
mineure. Mais dans l'ensemble, c'est respecté.
Donc, normalement et comme vous pouvez sans doute le pressentir, c'est
que normalement, il devra y avoir une baisse au niveau du coût de
l'opération des fermes au Québec suite à l'application de
cette nouvelle mesure.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Prévost.
M. Forget: Est-ce que je peux poser une autre question?
Le Président (M. Farrah): Oui. Je pense qu'à
l'intérieur de votre bloc de 10 minutes, vous pouvez absolument...
M. Forget: Bon. Voici. Dans certains commerces, par exemple, la
taxe va être chargée. Alors, ça va être un
remboursement qui va se faire directement à l'agriculteur et non pas par
le marchand entre les deux.
M. Savoie: Oui, ça va être traité comme un
intrant là...
M. Forget: Comme un intrant...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Forget: Mais, par exemple...
M. Savoie: Non, non. Pas pour l'avenir.
M. Forget: Je sais que ça va... automatiquement ne sera
pas chargé.
M. Savoie: C'est ça.
M. Forget: Et le commerçant va recharger au
ministère.
M. Savoie: C'est ça.
M. Forget: Est-ce que ça peut aller aussi loin, par
exemple, au niveau des équipements routiers comme un camion de
ferme?
M. Savoie: Au niveau d'un camion de ferme, vous savez que
normalement, actuellement, au niveau...
M. Blais: Sauf les pneus. M. Savoie: Vous savez que...
M. Blais: Sauf les pneus, M. le ministre, hein, si j'ai bien
compris la loi?
M. Savoie: Oui, je vais expliquer l'ensemble du camion, y compris
les pneus.
M. Blais: Non, je pense que les pneus ne sont pas inclus. La taxe
devra être payée par les agriculteurs sur les pneus.
M. Savoie: Non, malheureusement...
M. Blais: Et je ne me dégonfle pas en disant ça,
c'est vrai.
Le Président (M. Farrah): La parole est au ministre. M. le
ministre, à vous la parole.
M. Savoie: Comme vous le savez, au niveau des camions, auparavant
il y avait une taxe qui était une taxe fédérale incluse au
niveau de la fabrication et qui était de 13,5 %. Cette taxe-là
était passée, en grande partie, aux cultivateurs lors de
l'acquisition du tracteur en question.
Évidemment, avec la nouvelle taxe, cette taxe-là va
être déductible pour le cultivateur. Ce n'est pas un
élément imposable. Là encore, le cultivateur n'aura pas
à payer la taxe de vente du Québec au niveau de l'achat d'un
équipement. Donc, la taxe de vente et la TPS ne s'appliqueront pas pour
l'achat d'un équipement.
Le Président (M. Farrah): Ça va, M. le
député? Encore?
M. Forget: Oui. Voici. Suite à l'intervention du
député de Masson, ça me pose des petites questions,
lorsqu'il me parle de pneus. Est-ce qu"il est en train de me dire que les pneus
des tracteurs de ferme, ça va être taxable?
M. Blais: Oui.
M. Savoie: Moi, j'ignore cette situation. On pourrait
peut-être demander au directeur du contentieux, Me Brochu, de faire une
explication.
Le Président (M. Farrah): Me Brochu. M. le
député de Masson.
M. Blais: M. le Président, je peux donner l'explication.
J'ai demandé une explication lorsque vous parliez des camions de ferme.
Sur les tracteurs, je n'ai pas demandé. Mais on m'a dit que tout serait
exempté, même les camions, mais pour les pneus, vu que le
contrôle est trop difficile et qu'on pourrait faire acheter par des
cultivateurs des pneus qui ne serviraient pas aux camions de ferme et qu'ainsi
on pourrait... On m'a dit que les pneus ne seraient pas exemptés, mais
on m'a juste dit que c'était une hypothèse.
Le Président (M. Farrah): Bon. Maintenant, il y a
peut-être M. le sous-ministre qui pourrait répondre à votre
question.
M. Savoie: Je ne suis pas au courant de ça. On pourrait
peut-être demander à Me Brochu qui est directeur du contentieux au
ministère... directeur de la législation.
Le Président (M. Farrah): Alors, M. Brochu, à vous
la parole.
M. Brochu (André): Oui. D'abord, précisons que ma
réponse est relative à la TVQ et non pas à la TPS. En ce
qui concerne la TVQ, les tracteurs et toutes leurs parties composantes, y
compris les pneus, seront exemptés, avec la TVQ telle qu'elle se lira le
1er janvier 1991. Relativement aux camions, M. Savoie a répondu par
rapport à la TPS, mais les camions, en ce qui concerne la TVQ, seront
imposés.
Une voix: Les camions? M. Brochu: Oui.
Une voix: Donc, ce n'est pas juste les pneus.
M. Brochu: Pas juste les pneus. Les camions, c'est notre
interprétation, si on lit la loi puisqu'on parle de tracteurs, de
véhicules à traction animale. Donc, pour autant qu'on ne puisse
pas inclure un camion dans la définition d'un tracteur, ce qui est notre
interprétation, ça va être imposé. Mais par rapport
à la TPS par contre, ce que M. Savoie a dit, c'est que (a taxe
payée sur ce camion-là sera remboursée à titre de
crédit sur intrant.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Prévost, est-ce que vous avez d'autres commentaires?
M. Forget: Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): M le ministre, ça va?
M. Savoie: Oui, c'est beau. Oui.
Le Président (M. Farrah): Alors, merci. Je cède la
parole maintenant au député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui. M. le Président, je voudrais
intervenir sur la motion de ma collègue de Terrebonne à l'effet
d'entendre la Fédération des associations coopératives
d'économie familiale. Vous savez que cette fédération
touche les gens et la majorité des gens. J'ai bien écouté
la députée de Terrebonne et je trouve qu'elle a très bien
fait son plaidoyer en faveur qu'on entende ce regroupement. Mais je voudrais
revenir, si M. le ministre le permet, sur ses affirmations d'hier en ce qui
concerne la demande d'entendre des groupes. Je pense.. Je voudrais revenir.
.
M. Savoie: ...par le camion.
M. Léonard: ...sur votre affirmation d'hier où
d'entrée de jeu, pratiquement, en ce qui concerne les motions de
l'Opposition pour entendre des groupes particuliers, vous avez dit que nous
faisons un "filibuster" en faisant ça. Je voudrais reprendre la chose en
son contexte général.
M. Savoie: D'accord. (11 h 15)
M. Léonard: Nous avons ici, à l'Assemblée
nationale, aboli le Conseil législatif en 1967-1968, autour de
là, et ceci a eu un impact majeur sur l'organisation des travaux de la
Chambre qu'il ne faut pas ignorer. J'ai été amené à
me poser cette question parce que, dans un Québec souverain, la question
que je me suis posée, c'est: Est-ce qu'il
y aura deux Chambres ou une Chambre? La question n'est pas oisive, je
pense, quand on considère que l'ensemble des démocraties
occidentales, et même d'autres, fonctionnent à deux Chambres.
Premièrement, la Chambre des communes comporte le Sénat, le
pendant législatif qui est le Sénat. Or, à quoi sert un
Sénat ou une deuxième Chambre? Généralement,
à entendre des groupes constitués dans la société,
soit sur le plan des grandes corporations ou des grands intérêts
qui composent une société, soit sur des bases régionales
comme aux États-Unis. Vous avez des sénateurs qui
représentent des États. Le rôle d'une telle Chambre
généralement aussi, c'est d'approuver une législation
après qu'elle a été passée par l'Assemblée
nationale ou la Chambre des communes ou, à Londres, même chose, la
Chambre des communes de Londres, ça s'en va à la Chambre
haute.
Donc, c'est une vérification a posteriori faite par des groupes
d'intérêt ou des groupes régionaux dans une
société. Il faut bien voir que ceci a son importance, parce que
lorsque nous passons des législations comme nous le faisons
actuellement, en fin de session, rapidement, sans que l'ensemble de la
société ait été touchée, la Chambre haute a
généralement pour fonction de prendre trois mois ou six mois,
parfois il n'y a même pas de délai, pour examiner la
législation qui a été apportée, pour voir s'il n'y
a pas encore là des injustices flagrantes que comporterait un projet de
loi. Ça, cette fonction-là, il faudra toujours se poser la
question de sa justification. A posteriori donc, un contrôle
parlementaire dans le cas où il y a des élections, où le
Sénat est élu, ou par des groupes, dans le cas où ce sont
des sénateurs nommés, comme c'est le cas dans des
démocraties parlementaires de type britannique.
Or, nous avons aboli le Conseil législatif. Je pense que les
Québécois en avaient assez. En réalité, il y avait
deux Chambres à Québec et deux à Ottawa: ça fait
quatre. Mis à part le système judiciaire, il y a quand même
tout un mécanisme de contrôle et nous avons jugé qu'ici on
n'avait pas à avoir un Conseil législatif. Mais quelle est la
contrepartie en termes de démocratie lorsque nous avons un tel
système? C'est que, si nous éliminons les contrôles a
posteriori, les contrôles parlementaires a posteriori, nous devons en
mettre avant. Donc, ça impose que toute la réglementation
concernant les commissions parlementaires soit strictement suivie. Qu'on donne
la chance aux groupes dans la société de bien savoir de quoi
l'Assemblée nationale parle, discute et sur quoi elle décide,
parce que après qu'elle aura décidé, effectivement,
à ce moment-là on sera amené à appliquer
directement la législation. Donc, même avec deux Chambres, le
Parlement d'Ottawa, lui, a pris trois ans pour parler de la TPS parce qu'on
considérait que c'était une modification majeure au
système fiscal. Tout le monde en a discuté.
Ça a soulevé évidemment des passions parce que,
à mon sens, n'importe quelle législation qui touche la
fiscalité va soulever des passions.
Donc, on en est là actuellement. Il faut... Nous voulons, sous
couleur d'ajustement, modifier notre taxe de vente du Québec, avec,
comme objectif, finalement de la rendre la plus semblable possible ou de
l'intégrer le mieux possible avec la TPS. Donc, l'objectif
d'harmonisation, j'en suis, mais, en même temps, il faut voir les
changements profonds qu'on fait intervenir à la fiscalité. Or, ce
que je maintiens, c'est qu'actuellement nous n'avons pas eu l'occasion... le
public n'a pas eu l'occasion de discuter d'une telle législation en
regard de la réalité de la taxe de vente du Québec. Qu'on
fasse venir des groupes, M. le ministre, je pense que c'est essentiel.
Essentiel. Le problème que nous avons, c'est que vous avez
déposé cette législation le 15 novembre, dans l'intention
évidente de l'adopter avant Noël, et, à mon sens, les
changements et les effets des changements ne seront évalués ni en
amont ni en aval. Il n'y aura rien. Et votre législation va s'appliquer
comme une massue ultérieurement.
Alors, moi, je pense que, dans la mesure où il n'y a pas une
deuxième Chambre dans un Parlement, il faut que les délais, que
la réglementation en ce qui concerne les commissions parlementaires
soient très strictement suivis. Je fais ce point-là parce qu'on
ne peut pas escamoter les différentes étapes de la
législation; on ne peut pas les escamoter. Je pense qu'autrement on fait
des attaques à la transparence de l'appareil législatif et
décisionnel dans un Parlement.
Je pense qu'actuellement c'est une loi financière,
évidemment. Les effets de la décision ministérielle, de la
déclaration ministérielle du ministre des Finances se font sentir
déjà depuis le 1er septembre et après. En plus, nous
aurons à prendre ou vous aurez à prendre une décision vers
le 15 décembre, parce que la décision du Parlement
fédéral ou du Sénat canadien en ce qui concerne la TPS
n'est pas prise. Et possiblement que le 15 vous allez décider
d'abandonner le projet de loi. Mais je maintiens toujours que les groupes de la
société n'ont pas eu l'occasion de se faire entendre
là-dessus. Quels que soient les moyens que nous prenons, ce sont les
seuls qui restent à notre disposition pour faire une ouverture sur le
plan du public québécois. Donc, on n'a pas cette
occasion-là pour un secteur absolument névralgique de la vie de
la société, parce qu'à mon sens, comme je l'ai dit hier,
le ministère du Revenu est pratiquement aussi important que tous les
autres ministères ensemble, parce que c'est le côté
ressources du gouvernement qui est en cause. C'est le côté
ressources du gouvernement qui est en cause.
L'autre côté, c'est le côté dépenses.
La réalité, c'est que c'est un secteur beaucoup moins visible,
beaucoup moins transparent que
tout le reste du gouvernement, mais qui touche des sommes aussi
importantes. Je vous soumets bien modestement que vous ratez une occasion
majeure de vous illustrer, parce que vous auriez pu, au détour de ce
projet de loi, reprendre tout le débat sur la fiscalité au
Québec, en ce qui concerne le Québec, et voir les
différents équilibres qu'on a pu introduire dans la
législation en ce qui concerne les taxes de vente, donc des sources
précises qui touchent la consommation. Mais la progressivité de
l'impôt sur le revenu resoulevait aussi cette question de l'imposition
sur les profits en capital... possiblement retoucher ou se reposer la question,
à savoir si, ici, à l'exemple des pays d'Europe occidental qui
ont la TVA, on ne doit pas reprendre la question de l'imposition des
successions. Parce que, au fond, ce dont il s'agit... il s'agit du revenu
à la consommation.
M. le Président, j'ai 10 minutes. Ce dont il s'agit, c'est de
l'impôt à la consommation, alors qu'on est en train de glisser
d'une taxation de l'impôt sur le revenu vers la consommation...
Le Président (M. Farrah): En conclusion, M. le
député.
M. Léonard: ...moyennement et qu'ensuite on a
complètement éliminé tout l'aspect de la taxation sur la
richesse, en tout cas, atténué par le fait qu'on exempte toujours
les profits en capital, qu'on exempte les successions et qu'il n'y a pas
d'impôt sur les richesses, sur la richesse même de l'individu. Et
quand on fait les analyses, la disparité des courbes entre l'impôt
sur le...
Le Président (M. Farrah): ...M. le
député.
M. Léonard: Bien, j'y reviendrai dans une autre
intervention. Nous y reviendrons. M. le Président, je vais simplement
annoncer que je vais déposer une autre motion et nous continuerons cette
discussion. Mais si le ministre veut discuter sur cet aspect des choses, je
trouve ça fondamental.
Le Président (M. Farrah): Le ministre m'a
indiqué...
M. Léonard: La transparence de la commission...
Le Président (M. Farrah): ...qu'il voulait
répondre. Le ministre m'a indiqué qu'il voulait prendre la
parole.
M. Léonard: Bon. Alors, je termine mes dix minutes, nous y
reviendrons ultérieurement et je vous annonce...
M. Blais: Un instant. Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Farrah): M. le député de
Masson.
M. Léonard: C'est correct...
M. Blais: Un instant. M. le Président, si M. le ministre
répond, est-ce que vous allez permettre au ministre de présenter
une motion ou de présenter un nouvel intervenant? Attention,
là!
M. Léonard: O.K. Je vais revenir... On va passer à
une autre motbn et on aura l'occasion...
M. Blais: Ah oui, c'est à toi à parler.
M. Léonard: On aura l'occasion. Je vais la faire.
Le Président (M. Farrah): En vertu de l'article 209, c'est
une seule intervention à la fois, à moins d'un consentement.
Alors, là, son intervention est terminée en vertu du temps qui
est écoulé. En vertu de la règle d'alternance.
M. Savoie: Oui, on le savait, on le savait fort bien. On me
l'avait d'ailleurs souligné.
Le Président (M. Farrah): Non. De toute façon, le
ministre voulait parler sur la motion. Ça ne change rien.
M. Léonard: Une autre motion. J'ai fini mon intervention,
M. le député. Je vais déposer une autre motion ici
ultérieurement.
Le Président (M. Farrah): Est-ce qu'il y a un autre
intervenant sur la motion?
M. Léonard: Je déposerai une autre motion.
Le Président (M. Farrah): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion?
M. Léonard: Après M. Bourdon, je déposerai
une motion sur... une autre motion.
Le Président (M. Farrah): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion?
M. Savoie: Oui, je vais répliquer.
Le Président (M. Farrah): Oui, oui, ça va. O.K.
Alors, je reconnais M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, étant
donné
que nous abordons une question, à mon sens, importante, est-ce
que vous me permettrez de faire une autre motion particulière,
même si je n'ai pas le droit de parole immédiatement avant?
Le Président (M. Farrah): Bien, regardez, M. le
député, on va écouler cette motion-là dans un
premier temps. O.K.? On va terminer la motion. En réplique, je vais
reconnaître M. le ministre. Ce n'est pas une réplique c'est un
droit de parole, en vertu de son droit de parole, je vais céder la
parole à M. le ministre. Après ça, on va demander pour que
le député de Pointe-aux-Trembles puisse intervenir sur cette
motion-là. Lorsqu'elle sera mise aux voix, après, si vous avez
une autre motion à présenter, on la présentera en temps et
lieu. Est-ce que ça va comme ça? On s'entend très
bien?
M. Léonard: O.K. je pourrai la présenter. Ça
va. Merci.
Le Président (M. Farrah): Alors, je reconnais M. le
ministre. Un droit de parole de 10 minutes.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui, oui. J'étais bien au courant que
l'intervention du député de Labelle était, bien sûr,
pour susciter un certain intérêt sur la question des principes de
ce que les Anglais appellent "bicameralism" et tout le débat que
ça suscite au niveau de...
Une voix: Balkanisation.
M. Savoie: Non, non, pas balkanisation, on parlait de
"bicameralism"... alors toute la question de... Je ne sais pas si c'est un mot
français effectivement.
M. Léonard: Oui, oui. Il existe en France, il existe dans
tous les pays pratiquement, en Belgique, le bicaméralisme.
M. Savoie: Je ne sais pas si ça existe. Effectivement, je
me suis posé la question. Quant à moi, la notion de
"bicameralism" est une notion qui est bien propre. Mais la notion, en tout cas,
certainement que dans l'ensemble des systèmes démocratiques il y
a souvent un système qui assure une vérification du travail du
législateur et qui harmonise le travail du législateur, si vous
voulez, avec les grands courants sociaux qui sont souvent en place. Ça,
c'est bien clair. Sauf qu'ici il faut bien comprendre qu'au niveau de la TVQ,
lorsqu'on veut sortir du débat de la notion des deux Chambres et revenir
spécifiquement à notre débat... Je veux rappeler et je
voudrais que tout le monde soit bien au courant que ce que nous
présentons dans notre projet de loi n'est qu'une modification à
la taxe de vente du Québec, rien de plus. On ne l'étend pas aux
services, on va être obligés de revenir avec un autre projet de
loi pour entreprendre tout le débat au niveau des services. Tout ce
qu'on fait, c'est une modification à la taxe de vente du Québec
où, oui, effectivement, on l'étend. Effectivement, on
étend... Il y a des modifications évidemment qui visent
l'harmonisation avec fe projet du gouvernement fédéral, la taxe
passe de 9 % à 8 %. Il n'y a pas dans notre geste à nous,
véritablement, à ce moment-ci, tout le poids, toute l'importance
qu'a le projet de loi du gouvernement fédéral. Pour nous, il
s'agit d'une première de trois étapes: d'abord, 1991...
L'étape de 1992 va être beaucoup plus significative parce que
c'est là qu'on va toucher aux services, donc il y a là
véritablement introduction d'un élément très
nouveau au Québec. C'est sûr que c'est un premier pas dans cette
direction-là, mais pour nous, à ce moment-ci, au niveau du
gouvernement du Québec, il faut bien comprendre qu'on ne modifie que la
taxe de vente du Québec et que ces modifications-là respectent
l'essentiel de notre taxe de vente actuelle. Il y a très peu de
modifications. On retourne sur le linge, mais le linge a déjà
été taxé et par vous et par nous. C'est sûr qu'il y
a des modifications quant à des éléments qu'auparavant on
ne taxait pas et qu'aujourd'hui on va taxer. Mais il n'y a pas cette notion
aussi complexe, aussi structurée qu'a introduite Ottawa. Ça
n'arrivera pas avant 1992. Donc, ça c'est un élément. Le
deuxième élément, c'est que, si effectivement on
était au niveau de la philosophie des modifications qu'on apporte
à la TVQ, moi je serais d'accord, le printemps prochain, pour
entreprendre cette démarche-là d'examiner ça
conjointement, une commission conjointe pour examiner toute la question de
cette orientation-là. Je n'ai pas de difficulté avec
ça.
Une voix: Mandat d'initiative? (11 h 30)
M. Savoie: Non, non. Mais c'est parce qu'on parle
d'immédiatement. Je leur ai dit, hier soir, que si je sentais
effectivement que ça n'était pas un "filibuster", j'aurais pu
démontrer une plus grande discrétion en ce qui concerne qui on
pourrait recevoir. Si je sentais que c'est sincère, par exemple, le fait
de rencontrer l'ACEF ou de rencontrer, entre autres, l'Ordre... non pas l'Ordre
mais l'Association des économistes du Québec et des choses comme
ça, je n'aurais pas de difficulté avec ça, dans le but
justement de faire tout le débat là-dessus, faire le débat
complètement sur la place publique. Mais parce qu'il s'agit qu'il y ait
des modifications à la TVQ à ce moment ici, parce qu'on n'est pas
encore rendu à l'étendre aux services, parce qu'on est rendu
finalement à un stade qui est beaucoup plus loin que vous puisque,
évidemment, la possibilité, la décision de bloquer ce
projet de loi en faisant un discours de fardeau additionnel
au niveau du contribuable - comme on entend assez souvent, là -
c'est difficile pour moi d'aqulescer à ça, c'est difficile pour
moi de m'embarquer dans votre jeu puisque, finalement, il y a toute la
question, là: Est-ce que c'est sincère? Et je vous ai dit que
j'ai examiné cette question hier soir, puis je ne crois pas que vous
soyez sincère.
M. Léonard: Monsieur, c'est presque une question de
règlement mais, en même temps, si le ministre me permet, quand
vous dites: Est-ce que c'est sincère? Mettez-vous du côté
de l'Opposition. Vous déposez un projet de loi le 15 novembre. Ça
veut dire que vous avez l'intention, en termes parlementaires, de l'adopter
avant Noël. Donc, vous aussi, on peut se poser la question sur votre
sincérité à entendre vraiment les gens puis à
entendre des représentants du public parce que vous mettez le tout dans
un goulot d'étranglement, alors, c'est... Qu'est-ce que vous voulez? Je
pense qu'on ne peut pas...
Le Président (M. Farrah): Ce n'est pas une question de
règlement...
M. Léonard: Oui, mais en même temps, c'est...
Le Président (M. Farrah): Je veux vous donner une certaine
latitude quand même, je ne veux pas abuser du règlement.
M. Léonard: Je discute avec le ministre sur la question
des intentions, et je pense qu'il ne faut pas se faire de procès
d'intention. La réalité, c'est qu'il n'y a pas eu de consultation
du public et que les délais sont tellement courts que, finalement,
ça va passer de façon inaperçue. Je maintiens - chacun
peut avoir son opinion sur la question - qu'il s'agit là d'une
première étape vers un changement très important. En
quelque sorte, nous avons le bras dans le tordeur simplement par ce projet de
loi et tout le reste va suivre comme une conséquence, en quelque sorte,
de la réforme dont le principe en est un d'harmonisation avec la loi
fédérale sur la TPS, mais qui implique aussi des changements
majeurs dans notre propre législation fiscale. Je pense que nous ratons
le bateau parce qu'il y a des questions fondamentales et sociétales
à...
Le Président (M. Farrah): Pardon, je m'excuse, M. le
député de Labelle. C'est là, je présume, qu'il y a
un consentement. Je suis très large dans l'application du
règlement, mais il faudrait peut-être revenir à la motion.
En tout cas, M. le ministre, peut-être que vous pourriez
poursuivre...
M. Savoie: Oui, oui.
Le Président (M. Farrah): ...à moins qu'il y ait
consentement pour qu'il y ait un échange de la sorte. Moi...
M. Savoie: Oui, oui.
Le Président (M. Farrah): ...je n'ai pas d'objection, mais
il faut que j'y aille avec... il faut que j'aie un consentement.
M. Savoie: Je pense que le député de Labelle,
effectivement...
Le Président (M. Farrah): ...réunion de travail,
là.
M. Savoie: ...on constate un certain mouvement dans sa
pensée, c'est-à-dire qu'on commence à être plus
précis dans nos orientations. Effectivement, le projet de loi
résulte d'une déclaration du mois d'août, où on a
dit: Bon, bien, on y va de l'avant, puisque Ottawa était bien
enclenché pour le faire. On a eu, je crois, l'assurance de la part
d'Ottawa qu'effectivement, au 1er janvier, ils allaient de l'avant. On a pris
la décision de dire: Bon, on n'y va pas tout d'un coup, là. On
n'introduit pas chez nous et la taxe sur les biens comme la taxe sur les
services. On n'y va pas, on n'est pas tout de go là-dedans. On y va par
étapes. On dit: D'abord, là, première tranche, c'est qu'on
va réduire notre taxe de 9 % à 8 % et, au 1er janvier, seulement
sur les biens, dans le but d'éviter le chaos total pour l'ensemble des
commerçants au Québec au 1er janvier. Ça, je pense que
vous êtes d'accord avec ça, qu'on ne peut se trouver dans une
situation où l'ancienne taxe de vente s'applique à 9 % sur des
biens, et ensuite à 7 % sur d'autres biens au niveau
fédéral. Avec tout ce que ça demande comme administration,
il n'y a pas un commerçant au Québec qui recherche ça, il
n'y en a pas un. Ils disent que ça devient tout simplement indigeste
pour le commerce au Québec. Alors, il fallait poser des gestes. Le geste
qu'on a dit, c'est: Primo, on va s'harmoniser pour faciliter au niveau des
biens uniquement le 1er janvier 1991 et on va faire la gestion
nous-mêmes. Ce que je trouve, là, malgré l'apparence de
soumission à Ottawa, qui n'est pas là, moi, je trouve ça
particulièrement intéressant pour les Québécois et
Québécoises, le fait qu'on va s'en occuper, nous autres, on va
administrer au complet. D'après moi, c'est un premier pas dans une
direction au niveau de l'impôt que je trouve intéressant, qui
pourrait s'étendre davantage, où finalement, au Québec, on
pourrait s'occuper beaucoup plus de ce dont on s'occupe actuellement. Donc,
jusque-là, on s'entend que c'est le gros bon sens qui mène. C'est
ça? Vous êtes d'accord avec ça, là. Sur le principe,
c'est le gros bon sens.
M. Léonard: Sur le principe. Mais, en passant, il reste
quand même qu'on...
Le Président (M. Farrah): 11 y a consentement, là,
pour...
M. Léonard: Quand vous dites que vous ne faites pas de
modifications majeures, que vous faites une adaptation de la taxe de vente du
Québec, moi, quand je regarde cela, je pense que l'orientation est
très clairement donnée de s'harmoniser non seulement sur la
perception des caisses enregistreuses, mais aussi sur le fond de la TPS.
L'objection majeure à ce qu'il y ait une harmonisation complète,
ce sont des objections de type constitutionnel. La Constitution canadienne ne
permet pas au Québec de sortir du champ de la taxe de vente parce que la
taxe multistade, tel le type de la TPS, c'est du ressort du
fédéral et le fédéral tient à la garder.
Donc, on a une embûche constitutionnelle dans le dossier. Si elle
n'existait pas, je pense que la tendance serait de les intégrer,
à toutes fins pratiques, et de se partager après l'assiette.
Alors, là, ça peut être un objectif en soi, mais c'est
là qu'on heurte de front des problèmes quasiment fondamentaux au
Canada, quasiment fondamentaux. On y touche dans le concret. Dans la facture
qu'on fait au consommateur, on a une répercussion très nette des
problèmes fédéraux ou des problèmes
constitutionnels que nous vivons présentement. Le projet de loi qu'il y
a sur la table actuellement est en train d'essayer de régler ces
principes-là. Je pense que ce n'est pas exact de dire qu'il s'agit d'une
simple administration technique, administrative ou un simple problème de
caisse enregistreuse.
M. Savoie: Non, non, non.
M. Léonard: C'est plus profond que ça.
M. Savoie: Oui, mais on y va par étapes là.
M. Léonard: Le ministre dit: C'est la première
étape de deux ou trois, probablement trois. Bon. Alors, c'est là,
au fond, que la réforme est commencée. Et le public, le public se
voit pris la main dans le tordeur et il va glisser dans toute la réforme
sans que, finalement, il y ait eu de débat public sur cette
question-là. C'est là que...
Le Président (M. Farrah): Je m'excuse, messieurs,
là...
M. Léonard: ...le seul élément que nous
avons, M. le Président, c'est d'entendre, de faire des motions pour
entendre des groupes particuliers. C'est le seul qui reste à
l'Opposition. Vous ne pouvez pas nous accuser de faire un "filibuster" quand on
fait ça.
Le Président (M. Farrah): Excusez-moi. Là, je
m'excuse. Juste quelques secondes là. Là, on déroge au
règlement. Par contre, je trouve la discussion très
constructive.
M. Savoie: On a fait beaucoup de chemin.
Le Président (M. Farrah): C'est dans ce sens-là que
c'est une question de jugement. Je pense qu'on peut peut-être poursuivre
le débat, mais à condition qu'on ait un consentement parce que
là, votre temps, M. le ministre, est écoulé. C'est M. le
député de Labelle qui a utilisé votre temps pour une bonne
partie. Par contre, à cause de la nature de la discussion, je pense que
ça peut être intéressant...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Farrah): ...sans non plus nier le droit
de parole au député de Pointe-aux-Trembles. Alors, si j'ai un
consentement, si vous voulez échanger, c'est un peu comme une
séance de travail, mais c'est intéressant. Je vous le dis bien
honnêtement.
M. Savoie: Encore quelques minutes parce que je pense
qu'effectivement, M. le Président, vous l'avez remarqué,
malgré les apparences, malgré le fait que certains vont dire: On
continue à faire un "filibuster", sauf que c'est chromé cette
fois-ci... Je ne suis pas d'accord avec ça parce qu'on a fait un
progrès considérable. Le député de Labelle a dit
tout à l'heure qu'il était d'accord avec le principe.
M. Léonard: Je l'ai toujours dit, ça.
M. Savoie: Écoutez-moi. Laissez-moi terminer. Laissez-moi
terminer. Il était d'accord avec les principes de modification que nous
apportons à la taxe de vente. C'est ce qu'il dit.
M. Léonard: Mais non, vous jouez avec les mots
là.
M. Savoie: Non, non. Vous êtes d'accord avec le principe
que nous faisons.
Une voix: D'une TVA.
M. Savoie: C'est-à-dire que non, non, non, ce n'est pas ce
qu'il a dit.
M. Léonard: II y a une simplification le plus
possible.
M. Savoie: Non, non, vous êtes d'accord à ce que le
Québec... Oui, une simplification dans le sens que le Québec
administre. Il y a des modifications, on ne peut pas se ramasser dans une
situation le 1er janvier 1991 où le gouvernement...
M. Léonard: On veut compliquer la vie des citoyens pour
rien.
M. Savoie: C'est ça. Bon, on s'entend
là-dessus.
M. Léonard: C'est ça là.
M. Savoie: Moi, c'est comme ça que je t'ai perçu.
Je pense que c'est important. Moi, je pense que là il y a
déjà un pas en avant au niveau du discours pour ceux et celles
qui nous écoutent et qui disent: Au moins, Hs ne sont pas
complètement fous, ces deux-là. Il y a au moins une
reconnaissance qu'il faut protéger la société et que,
finalement, ce débat n'est pas complètement stérile. Il y
a effectivement... Là-dessus, je le partage. Je pense qu'on n'avait pas
le choix. Je crois sincèrement qu'on n'avait pas le choix. Je crois
qu'il fallait apporter des modifications à notre taxe de vente.
Ça voudrait dire que, par exemple, au 1er janvier, celui qui vend du
lait serait obligé de peser sur un piton pour Ottawa à tel taux
et pour le Québec a tel taux. Ça aurait été la
confusion considérable, faire deux rapports d'impôt. On parle d'un
coût pour les commerces du Québec de 400 000 000 $ à 500
000 000 $ par année récurrent pour nos commerçants,
improductif. Ça ne sert à rien, ces 400 000 000 $. Ça sert
à payer des salaires, de l'administration du papier à l'interne
et à faire circuler du courrier. Ça n'avait aucun bon sens. Que
le Québec s'affirme et je pense qu'on l'a fait comme il se doit. On
s'est dit: On ramasse tout ça et on va s'en occuper nous autres. On a
l'expertise d'abord parce qu'on a déjà 275 000 mandataires au
Québec. On fait l'administration d'une TVQ actuellement. On est capables
d'assumer la TPS en plus. Ce qui revient à dire que, finalement, le
débat de fond est au niveau d'Ottawa. Elle ne relève pas du
gouvernement du Québec. C'est le gouvernement d'Ottawa qui a
décidé d'aHer de l'avant avec la TPS, et remarquez qu'ils ont
fait ce débat-là pendant deux ans et demi ou trois ans, ce n'est
pas une affaire cachée non plus. J'ai regardé un peu le dossier,
on a commencé à faire des déclarations en 1981 avec M.
MacEachen, lorsqu'il était ministre des Finances. Alors, ce n'est pas
quelque chose d'entièrement nouveau. Il y a du travail très
sérieux qui se fait depuis deux ans et demi ou trois ans, dans le sens
où je suis au courant qu'H y a des fiscalistes qui ont passé un
an, un an et demi à Ottawa, à aider les gens d'Ottawa à
préparer cette réforme fiscale. Maintenant, je ne veux pas
défendre ce que fait Ottawa, il faut bien s'entendre. Nous, on se dit:
II y a une situation de fait qui existe, à laquelle il faut, finalement,
s'adresser dans le but de servir les Québécois et les
Québécoises. C'est comme ça que je l'ai pris, et il faut
penser aussi un peu à notre avenir. Si vous arrivez puis vous dites: On
veut un débat de fond, par exemple, lorsqu'on va s'en prendre aux
services, moi je n'ai rien contre, et je pense que c'est défendable, on
est capables de faire ça avec toute la transparence et toutes les
audiences qui sont convenables. Pas de difficulté avec ça, pas de
difficulté avec ça du tout, mais pas à ce moment-ci, pas
à ce moment-ci.
Moi, ce que je voudrais, et ce que j'ai mentionné hier soir,
c'est que s'H y avait une volonté de débattre sur le principe -
puis je pense que le principe est débattu, je pense qu'H y a un accord
sur le principe - s'il y avait une volonté d'y aller, par exemple, sur
une base article par article puis de dire: Tel article, défectueux,
rédaction défectueuse, il y a un problème
là-dessus; le fait que vous dites que vous harmonisez avec Ottawa
là-dessus, mais non, vous ne vous harmonisez pas, vous avez
oublié tel élément, de façon à ce que le
commerçant dans son dépanneur, par exemple, va avoir tel
coût additionnel à supporter... Là, je suis tout à
fait prêt à jouer là-dedans. Mais d'arriver puis de dire
qu'on va chercher 300 000 000 $ chez les Québécois, comme vous le
répétez sans cesse, je pense que j'ai rendu ma position
très claire, je vous dit ça de mon siège, sacrifice, de
mon siège, je vous dis que sur trois ans on m'a fait la
démonstration très claire qu'on perdait 19 000 000 $ sur une
période de trois ans. Si ce n'est pas le cas, je voudrais qu'on me fasse
la démonstration à l'effet contraire, mais je ne vous cache rien.
Je vous dis que je n'ai jamais reçu d'autres informations que, sur une
base de trois ans, le gouvernement du Québec allait perdre 19 000 000 $
avec cette opération-là. Ça fait que, oui, on va aller
chercher de l'argent plus tard, je suis bien d'accord avec vous, puis je l'ai
toujours dit, c'est vrai qu'on va taxer davantage le consommateur, je n'ai
jamais nié ça. Mais ne le mettez pas avec cette
réforme-ci, mettez-le plus tard, lorsque quelqu'un va faire passer le
niveau de 7 % à 8 % ou de 8 % à 9 %, mais pas avec les
orientations que nous avons prises à ce moment-ci. C'est ça que
je suis en train de dire, et c'est pour ça que je vous dis que, si vous
êtes sérieux, on va cesser de faire des motions dilatoires, on va
s'embarquer dans du travail article par article, puis si je sens qu'il y a de
la bonne foi, puis si je sens qu'il y a quelque chose, là je vais
être ouvert à écouter une personne ou deux que vous voulez
bien nous amener. Je n'ai pas de difficulté avec ça, en autant
que c'est constructif puis c'est de bonne foi, parce que je crains comme vous,
je crains qu'il y ait des erreurs là-dedans, puis qu'il y a du monde
à l'autre bout qui va souffrir. Puis là on manque à notre
rôle de législateur. On est ici pour légiférer, on
est élus pour ça, puis on nous paye, vous gagnez 60 000 $ par
année pour être ici.
M. Léonard: Est-ce que je peux quand même faire
quelques remarques sur ce que vous avez dit? J'ai bien mentionné
d'entrée de jeu le fonctionnement du système parlementaire. Nous
avons éliminé le Conseil législatif, fort bien.
Ça
veut dire que nous avons éliminé les contrôles en
aval. Mais je pense qu'il faut absolument respecter la consultation du public
en amont des projets de loi, avant qu'ils soient adoptés. Et là,
c'est le rôle de l'Opposition de faire ces motions, au moins. Même
si vous n'acceptez pas d'entendre des groupes, leur point de vue va être
au moins mis sur la table. Et ça, ça fait partie de la
démocratie. Remarquez que le problème auquel nous faisons face,
c'est que les délais que vous nous imposez en déposant un projet
de loi le 15 novembre pour adoption le 15 décembre font qu'on ne peut
pas toucher le public là-dessus. Or, je maintiens qu'il y a des choses
fondamentales à aller chercher dans le public. Il y en a. Qu'on le
veuille ou non, les gens vont venir à la barre dire des choses de
façon vague, confuse peut-être, mais, avec l'expérience que
nous avons, je pense que nous pouvons en tirer des conclusions. C'est à
ça que ça sert. Si vous n'avez pas de deuxième Chambre
dans un pays, vous êtes obligés d'avoir des commissions
parlementaires qui font face à la responsabilité de consulter le
public. Moi, je pense que j'en suis. Après une réflexion sur un
système bicameral, finalement, si tout le monde s'entend pour respecter
les délais et la réglementation de fonctionnement des commissions
parlementaires, vous allez avoir le même effet que des espèces de
sénats nommés dans le système parlementaire britannique,
nommés par le premier ministre ou le parti au pouvoir, strictement
nommés. Alors qu'au fond, on cherche à avoir le pouls du public.
On l'a par des organismes constitués, des représentants officiels
dans un Sénat. Mais on peut l'avoir aussi par des représentations
qui sont faites à la barre des commissions parlementaires. Mais, si on
élimine ça, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse? (11 h 45)
On est dans une tour d'ivoire, dans un cercle fermé de
parlementaires, finalement. On n'a pas le contact avec le public. Et je l'ai
vécu, je l'ai vécu de 1976 à 1984. Au début, on
arrive au pouvoir parce qu'on a des liens très directs avec la
population mais, petit à petit, ils se perdent, n'oubliez jamais
ça. C'est comme ça qu'un gouvernement perd le contact avec la
réalité. Je pense qu'il faut avoir assez de modestie pour
entendre ce que dit le public.
Alors, qu'est-ce qui nous reste, dans le débat, actuellement? H
nous reste quelques sessions où on vous demande de faire venir des
groupes. Nous, nous nous faisons le porte-parole de ces groupes, c'est
ça que nous transmettons. C'est pour ça que c'est la seule voie
qui reste à ces groupes parce qu'ils ne peuvent pas venir
eux-mêmes directement, ils se font entendre par le biais de motions
particulières, ici, faites par l'Opposition. C'est le fonctionnement de
la démocratie. Vous ne pouvez pas nous accuser d'emblée de faire
un "filibuster" là-dessus parce qu'au moins il faut que ces points de
vue se fassent entendre, même indirectement.
J'en suis encore à l'équilibre des forces à
l'intérieur d'un Parlement et je trouve ça fondamental. Dans le
projet de loi qui nous occupe, c'est la première étape d'une
tranche de trois, vous nous avez dit. Je comprends que vous dites et je note
bien l'ouverture que vous nous faites actuellement d'entendre le public en
deuxième étape, et, je suppose, après Noël. Donc,
nous avions fait nous-mêmes une motion, ici, je me demande même si
ce n'était pas un mandat d'initiative à l'effet d'entendre, de
faire des séances sur la TPS fédérale parce que nous
avions prévu, quant à nous, qu'il y aurait des impacts, qu'il y
avait ce problème d'harmonisation avec la TPS fédérale,
quant à la taxe de vente du Québec. Bon. On a
décidé que non, mais on se retrouve maintenant devant
l'obligation d'adopter en dernière minute un projet de loi qui va avoir
des impacts majeurs. J'en suis au fonctionnement de la démocratie et je
pense qu'il faut respecter ça.
M. Savoie: C'est exactement mes commentaires d'hier soir, que
j'en suis au fonctionnement, au fond également en ce qui concerne non
pas le projet de loi, mais ce qu'on est en train de faire ici. Je vous dis et
je vous répète que, si on est en mesure d'arriver avec une
proposition pour la deuxième étape, je suis des plus ouverts
à ça. Parce que là, finalement, il y a vraiment
introduction d'un élément nouveau au Québec,
c'est-à-dire les services, une taxe de vente au niveau des services.
Ça, c'est nouveau pour nous autres. Je n'en connais pas, moi, en tout
cas et c'est la première fois.
Alors, je serais tout à fait disposé, à ce
moment-là, à regarder avec vous, mais ici, au niveau de la taxe
de vente où il y a modification, il y a très peu de changements
de fond, si ce n'est la baisse de 9 %à8 %, si ce n'est...
M. Léonard: L'élargissement de l'assiette.
M. Savoie: ...l'élargissement de l'assiette, mais à
des éléments qu'on avait déjà taxés,
là.
M. Léonard: Élargissement et harmonisation, les
deux.
M. Savoie: Les deux éléments sont là,
élargissement et harmonisation, pour tenir compte des orientations
d'Ottawa dans le but de servir la population québécoise.
Là-dessus, finalement, il n'y a pas vraiment... if n'y a pas de principe
nouveau, il n'y a pas vraiment non plus une nouvelle orientation, il y a tout
simplement élargissement de l'assiette. Et là-dessus, je suis
ouvert. J'espère que l'orientation que nous donnons ensemble ne sera pas
influencée outre mesure par les directives d'en haut.
M. Léonard: Alors, ça va. Au député
de
Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Je veux seulement peut-être
attirer votre attention sur... En vertu de l'article 244, paragraphe 2, avant
d'entreprendre l'étude détaillée, la commission peut
décider de tenir des consultations particulières dans le cadre de
son mandat. Ce que je veux que vous sachiez, c'est que ce type de consultation
particulière, même s'il est effectué après
l'étude article par article, doit se décider avant que les
articles soient appelés. Je veux tout simplement... c'est la tradition.
Je veux tout simplement vous faire état de ce fait-là. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, la motion de la
députée de Terrebonne est à l'effet que nous entendions la
Fédération des ACEF, ACEF pour Association coopérative
d'économie familiale. M. le Président, les ACEF, depuis des
décennies, s'occupent des problèmes budgétaires, des
problèmes économiques des familles au Québec. Je pense que
cette Fédération a développé une expertise à
cet égard, dont la commission pourrait tirer profit dans l'étude
du projet de loi qui est devant nous. Les ACEF ont à maintes reprises
fait savoir leur opposition à la TPS québécoise et
à la TVQ qui va la précéder. Moi, dans mon comté,
j'ai fréquemment à traiter avec les ACEF de l'est de
Montréal, qui se sont fait entendre avec la Fédération
déjà, à l'occasion de la hausse des tarifs
d'Hydro-Québec qui touchait les ménages d'une façon
directe. Quand elle a discuté en commission parlementaire de la hausse
des tarifs d'Hydro-Québec, la Fédération des ACEF s'en est
prise au fait qu'il y a 26 000 ménages au Québec qui se font
couper l'électricité chaque année par HydroQuébec.
Dans le cas particulier de Tétreaultville, Hochelaga-Maisonneuve et
Bourget, les ACEF de l'est de Montréal continuent une bataille pour que
le ministère de la Sécurité publique adopte des mesures
quant au problème des maisons lézardées. À cause de
déficiences du sous-sol dans ces quartiers de Montréal, M. le
Président, les maisons se lézardent et le coût de
réparation s'élève à au-delà de 30 000 $.
Les ACEF de l'est ont obtenu de la ville de Montréal une subvention pour
procéder, M. le Président, à des études techniques
sur les maisons lézardées. C'est un problème qui doit
être familier au ministre parce que, quand on regarde le gouvernement
actuel, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il est lui-même une
maison lézardée et que la "taxico-manie" le ronge.
Donc, M. le Président, quand on demande à entendre la
Fédération des ACEF, on demande à entendre un organisme
qui s'y connaît en matière de finances familiales. Puis le
ministre nous dit:
Je suis en face d'un 'filibuster". Ce n'est pas fa première fois
que je l'entends ni à la première commission mais, M. le
Président, il y a une chose qui est certaine, c'est que, pour chaque
motion que nous faisons pour faire entendre une organisation
intéressée, nous faisons un débat d'à peu
près une heure. Si la Fédération des ACEF, M. le
Président, venait devant cette commission, la tradition c'est qu'elle
ferait un exposé de 20 minutes, qu'elle répondrait aux questions
des ministériels pendant 20 minutes et qu'elle répondrait aux
questions de l'Opposition pendant 20 minutes. Donc, il n'y aurait aucune perte
de temps. La seule différence qu'il y a entre battre une motion de
l'Opposition ou écouter la Fédération des ACEF, c'est que
ça ne prendrait pas plus de temps pour entendre les ACEF et ça
donnerait aux parlementaires ici un éclairage. Dans ce sens-là,
le vote systématique des ministériels contre nos motions indique
qu'ils sont vraiment dans le syndrome du deuxième mandat que le
député de Labelle élaborait un peu tout à l'heure
et qui nous a été familier, à nous aussi,
c'est-à-dire le mandat où un gouvernement est essoufflé
puis qu'il fonctionne en tour d'ivoire. Parce que, je le répète,
M. le Président, ça ne prendrait pas plus de temps à
entendre les ACEF que de ne pas les entendre, et c'est vrai de tous les groupes
dont on parle. En plus, il y a un an, on a proposé à cette
commission un mandat d'initiative pour regarder toutes les conséquences
pour le Québec de la TPS fédérale, donc ça fait un
an qu'on réclame un débat de fond sur cette nouvelle forme de
taxation.
Le 17 septembre dernier, M. le Président, la
Fédération des ACEF disait dans un communiqué, et je cite:
"Le fardeau supplémentaire qui sera imposé au consommateur avec
l'application de la TPS québécoise risque de pousser
l'endettement des familles à des sommets jamais atteints. La hausse de
plus de 20 % du nombre de faillites personnelles l'an dernier n'est rien
comparé à ce qui pourrait arriver avec la multiplication des
taxes à la consommation", fin de la citation. J'aimerais bien, M. le
Président, que les ACEF, par la voix de leur fédération,
nous demandent de quelle manière la loi qui est devant nous risque de
pousser à l'endettement des familles. Quel est déjà le
niveau d'endettement des ménages au Québec? On ne le sait pas. La
hausse du nombre de faillites personnelles l'an dernier de 20 %, c'est un
chiffre de l'an dernier, mais quel est-il depuis le début de
l'année 1990? La Fédération des ACEF, M. le
Président, pourrait nous en parler. En Chambre, récemment, le
ministre des Finances s'est contenté de dire que les faillites
augmentent encore plus vite en Ontario qu'au Québec. C'est une bien
triste consolation pour les travailleuses et travailleurs qui subissent les
inconvénients des faillites au Québec! Deux sortes
d'inconvénients: on perd son emploi et, très souvent, on perd
même du salaire parce que, même si la loi des normes minimales
du travail donne au gouvernement le pouvoir d'instaurer un fonds
d'indemnisation pour les victimes de faillites, ça ne s'est pas fait.
Donc...
M. le Président, si je parle un peu plus fort que
nécessaire, c'est pour essayer tout le temps d'enterrer le ministre qui
fait une réunion pendant que je parle. Puis, soit dit en passant, je
commence à être un peu tanné parce que j'avais compris que
c'était mon tour de parole. Quand ce n'est pas une motion qu'il fait
pendant que c'est mon tour de parler, c'est une réunion qu'il fait.
Écoutez, M. le Président, si on dérange le ministre, qu'il
fasse comme à Val-d'Or, qu'il s'en aille faire sa réunion
ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, c'est un commentaire que vous faites, ce n'est pas une
question de règlement. Auriez-vous la gentillesse,
l'amabilité...
M. Bourdon: J'invoque le règlement. Je voudrais que le
ministre, s'il n'écoute pas, fasse comme hier soir, qu'il lise son
journal parce qu'il parle tout le temps, puis fort.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît! La parole est à vous,
continuez.
M. Bourdon: Alors, le communiqué du 17 septembre disait:
Tel est l'avertissement lancé par la Fédération des ACEF
du Québec qui dénonce autant le projet de TPS
québécoise que la façon sournoise du gouvernement Bourassa
de l'annoncer. Je serais heureux, moi, qu'on demande à la
Fédération des ACEF qu'est-ce qui était sournois dans la
façon dont le gouvernement l'a annoncée. Est-ce que la
Fédération des ACEF est d'accord avec l'éditorialiste
Pierre Gravel, de La Presse, qui disait que le ministre des Finances
s'était caché derrière les barricades des Mohawks pour
annoncer sa hausse de taxe? Et le communiqué ajoute, M. le
Président: Le fait que l'ex-ministre du Revenu, fiscaliste de
surcroît, claque la porte en dénonçant le caractère
inéquitable de la nouvelle taxe prouve que le gouvernement
déforme la vérité. M. le Président, c'est une
accusation assez grave que la Fédération porte, de dire que le
gouvernement déforme la vérité. Ça serait important
de l'entendre. Et la Fédération des ACEF, toujours dans son
communiqué du 17 septembre, M. le Président, va plus loin, elle
dit: Le gouvernement ment quand il prétend que les consommateurs seront
favorisés de 19 000 000 $ avec la nouvelle TPS. Là-dessus, M. le
Président, le ministre a dit, de son siège, que le gouvernement,
sur trois ans, ne ferait pas d'argent avec la loi qui est devant nous et il
prend soin de dire sur trois ans, alors que, dans la première
année, il en fait de l'argent, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, j'annonce que dès que la motion qui est
devant nous aura été mise aux voix, M. le Président, je
présenterai une nouvelle motion pour entendre un autre organisme qui est
intéressé au projet de loi qui est devant nous.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cette motion? Il n'y a pas d'autres interventions. Est-ce que
la motion est adoptée?
M. Bourdon: Appel nominal.
Le Président (M. Lemieux): Appel nominal, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour. (12 heures)
Le Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Blais (Masson)?
M. Blais: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, trois pour, quatre contre, une
abstention.
Le Président (M. Lemieux): La motion est donc
rejetée. M. le député de Pointe-aux-Trembles.
Motion proposant d'entendre la Chambre de commerce du
Québec
M. Bourdon: M. le Président, je dépose la
motion suivante: "Que, conformément aux dispositions de l'article
244 de nos règles de procédure, que la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaxée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende la Chambre de commerce du
Québec."
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous me donner une
copie écrite de la motion, s'il vous plaît?
M. Bourdon: Oui, M. le Président
Le Président (M. Lemieux): La Chambre de commerce du
Québec. La motion est recevable. M. le motionnaire, vous disposez, en
vertu de l'article 244, d'un droit de parole de 30 minutes.
M. Bourdon: Or, M. le...
Le Président (M. Lemieux): De l'article 209, pardon, de 30
minutes.
M. Bourdon: M. le Président, je pense qu'a serait
Important d'entendre...
M. Savoie: M. le Président, question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie: Est-ce qu'on a été avisé par la
Chambre de commerce du Québec qu'elle voulait être présente
ici aujourd'hui?
Le Président (M. Lemieux): Ça a...
M. Savoie: Est-ce qu'on a une lettre? Est-ce qu'on une
attestation ou est-ce...
Le Président (M. Lemieux): M. le...
M. Savoie: ...qu'eux font tout simplement des motions...
Le Président (M. Lemieux): ...député
d'Abi-tibi-Est, M. le député de Pointe-aux-Trembles est dans son
droit, en vertu du règlement et en vertu de l'article 209, de
présenter une motion. Ce n'est pas pertinent, à savoir si,
effectivement, la Chambre de commerce du Québec a manifesté son
intérêt vis-à-vis du sujet précité. Il est en
droit au niveau de la procédure parlementaire et du règlement de
présenter...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...autant de motions qu'ils le
veulent.
M. Savoie: C'est tout simplement pour ma compréhension. Je
voudrais que ça soit bien clair.
M. Bourdon: M. le Président, j'invoque le
règlement. Ce n'est pas une question de règlement qui est
soulevée.
M. Savoie: Oui, oui, c'est une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le...
M. Savoie: Oui, oui, c'est une question de règlement. Le
député, votre voisin, est d'accord avec ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est, ça a peu d'importance si son voisin est d'accord ou
pas.
M. Savoie: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Mais, en vertu de l'article 244
du règlement, M. le député de Pointe-aux-Trembles est en
droit de présenter cette motion. Alors, la parole est à vous pour
une période de 30 minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, la Chambre de commerce du
Québec représente près de 60 000 personnes qui sont en
affaires. C'est donc une organisation très importante. C'est, en fait,
l'organisation la plus représentative...
Une voix: II fait comme à Val-d'Or, il s'en va.
M. Bourdon: ...des milieux d'affaires au Québec. M. le
Président, pour répondre au ministre sur sa question qui
était hors d'ordre, je pourrais lui dire que, pour ce qui est de la
Commission sur l'avenir du Québec, la Chambre de commerce avait
manifesté son désir d'être représentée sur la
Commission et que, malheureusement, ça n'a pas été retenu
parce que le gouvernement a décidé qu'à la place on
voulait mettre quelqu'un d'autre.
Cela dit, M. le Président, je me réjouis de ce que le
ministre vient de faire ce qu'il a fait au maire de Val-d'Or à Val-d'Or,
c'est-à-dire qu'il est parti quand le maire de Val-d'Or s'est mis
à parler parce que, comme il n'est pas d'accord avec lui, il ne veut pas
l'entendre. Mais, M. le Président, je préfère qu'il ne
soit pas là que de l'entendre constamment interrompre et être
grossier envers les intervenants de ma formation politique.
M. le Président, l'objet du projet de loi 89 qui est devant nous,
c'est, dit-on, d'harmoniser la taxe de vente du Québec avec la TPS
fédérale. À cet égard, M. le Président, je
pense qu'il serait important de demander à la Chambre de commerce du
Québec qui représente 60 000 personnes en affaires: Est-ce que
cette harmonisation-là est souhaitable? Et, si elle est souhaitable,
est-ce que le gouvernement la fait de la bonne façon par sa loi 89? Par
exemple, je serais intéressé, M. le Président, à
demander à la Chambre de commerce du Québec si, de
réintroduire la taxe de vente sur les meubles meublants, sur les
vêtements, sur les chaussures, sur certains
électroménagers, c'est une bonne mesure pour l'économie du
Québec. Est-ce une bonne façon d'harmoniser la taxe de vente du
Québec avec la TPS? Et à cet égard, M. le
Président, nous avons demandé hier, en vain, d'entendre le
Conseil du commerce de détail qui défend un point de vue assez
diamétralement opposé à la TPS québécoise et
au projet de loi qu'on a devant nous. Le Conseil du commerce de détail
représente les commerçants directement visés par le
ralentissement des achats que cette taxe, qu'on étend, risque de
provoquer.
Il y a également, M. le Président, l'Association des
manufacturiers qui est assez favorable aux deux taxes pour des raisons bien
légitimes. Ses membres payaient, au fédéral comme à
Québec, des taxes importantes qui leur nuisaient, notamment au niveau
des marchés d'exportation.
M. Savoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Apparemment que le député... M. le
Président, je viens tout juste d'apprendre que le député
de Pointe-aux-Trembles m'a accusé d'être grossier envers les
membres de l'Opposition. M. le Président, je voudrais que le
député retire ses paroles parce que, s'il y a bien quelqu'un qui
n'est pas grossier vis-à-vis des gens de l'Opposition, c'est bien
moi-même. Hein? Je pense qu'il n'y a pas un autre député
à l'Assemblée nationale qui peut effectivement m'accuser
d'être grossier vis-à-vis des membres de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): 35,6. M. le
député de Pointe-aux-Trembles, effectivement...
M. Bourdon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): J'ai bien entendu cette
expression.
M. Bourdon: ...je retire le terme "grossier"...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...et j'ajoute que le ministre est importun et
importune les gens qui interviennent à cette commission en parlant
constamment et en nous forçant à parler plus fort pour enterrer
sa voix.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vos remarques sont dans le même sens et ont la
même teneur, la même forme, le même fond que ce que vous
aviez dit précédemment. Je vous demanderais aussi de les retirer
et d'éviter, s'il vous plaît, dans la mesure du possible,
d'envenimer le débat et de passer de commentaires.
M. Bourdon: M. le Président, je les retire mais je vous
dirai simplement...
Le Président (M. Lemieux): Bon, ça va.
M. Bourdon: ...que je cesserai de dire que le ministre importune
les personnes qui interviennent...
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça va.
M. Bourdon: ...quand il cessera de \e taire. Je...
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous faites encore une
fois indirectement ce qui est interdit de faire directement. Mais on continue,
M. le député de Pointe-aux-Trembles. Allez-y.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, on aimerait, nous,
demander à la Chambre de commerce du Québec si l'harmonisation
dont on parle dans cette loi-là est bien la forme d'harmonisation
qu'elle, la Chambre de commerce, souhaite. Et est-ce harmoniser - je lui
demanderais - que d'imposer de nouveau la taxe de vente sur certains
électroménagers, les meubles meublants, les chaussures et les
vêtements? Et je serais intéressé à demander
à la Chambre de commerce quelle sorte de conséquence cette loi va
avoir sur les industries du vêtement et du meuble. Déjà, il
y a des intervenants qui disent que l'industrie du meuble va aller de mal en
pis à cause de cette loi-là. Donc, ça serait important de
demander à la Chambre de commerce quelle sorte de conséquence
économique la loi va avoir en élargissant l'assiette de biens sur
laquelle on va appliquer une taxe qui était généralement
de 9 % et qui baissera à 8 %.
Dans le cas de l'hôtellerie et de la restauration, M. le
Président, je serais intéressé à demander à
la Chambre de commerce, qui a beaucoup de membres dans ces secteurs de
l'hôtellerie et de la restauration, quel effet ça va avoir de
baisser la taxe de 10 %à8 %.
M. Savoie: M. le Président, y est de connaissance commune,
tout le monde est au courant que la Chambre de commerce du Québec nous a
demandé de nous harmoniser avec le projet de loi fédérai.
Tout le monde le sait. Ça a paru dans les Journaux, ça a paru
dans les déclarations publiques.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est..
M. Savoie: C'est purement dilatoire comme motion. M. le
Président. C'est purement dilatoire.
M. Bourdon: Est-ce que c'est une question de règlement, M.
le Président?
Le Président (M. Lemieux): ...ce n'est pas une question de
règlement, c'est un commentaire, M. le député
d'Abitibi-Est. M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je comprends que le
ministre a un droit de réplique après chaque intervention. Qu'il
le fasse donc! Et je n'ai jamais dit que...
Le Président (M. Lemieux): M. te ministre n'a pas le droit
de réplique après chaque intervention. Il dispose d'un temps de
parole. On n'est pas dans le cadre d'une interpellation.
M. Bourdon: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): II dispose d'un droit de parole
de 30 minutes.
M. Bourdon: II a un temps de parole mais, M. le Président,
est-ce qu'il peut s'occuper de son temps de parole et laisser aux autres leur
temps de parole en cessant de faire de faux appels au règlement? C'est
dans ce sens-là que je dis qu'H importune cette commission, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, la parole est à vous.
M. Bourdon: Alors, je demanderais à la Chambre de commerce
si c'est une bonne façon d'harmoniser la taxe de vente du Québec
avec la TPS fédérale, et ça, j'ai l'intention de le
répéter jusqu'à ce que le ministre comprenne, M. le
Président. Je n'ai jamais dit que la Chambre de commerce est contre
l'harmonisation des deux taxes. J'ai dit et je répète, en
espérant que le ministre va finir par comprendre, que je serais
intéressé à demander à la Chambre de commerce du
Québec si c'est la bonne façon d'harmoniser les deux taxes que
d'imposer les chambres d'hôtel, par exemple, à 8 % alors qu'avant
il n'y avait pas de taxe sur les chambres d'hôtel. Alors, je
répète la question, je voudrais demander à la
Chambre de commerce: Est-ce l'harmonisation que vous, de la Chambre de
commerce, préconisez que celle qui consiste à imposer les
chambres d'hôtel qui, avant, ne l'étaient pas? M. le
Président, je leur demanderai également: Est-ce la bonne
façon d'harmoniser les deux taxes quand on sait qu'actuellement, les
hôteliers ou les aubergistes qui font un forfait incluant chambre et
repas, il n'y a de taxe de vente ni sur la chambre ni sur le repas, M. le
Président? Alors, est-ce que la Chambre de commerce pense que c'est une
bonne façon d'harmoniser? Je voudrais demander aussi à la Chambre
de commerce si elle pense que l'abolition d'exempter les repas de 3,25 $ et
moins, c'est une bonne façon d'harmoniser les deux taxes. La
députée de Terrebon-ne a dit avec raison, M. le Président,
que l'exemption de la taxe sur les repas pour les repas de 3,25 $ et moins
avait deux effets: ça aidait les gens qui prenaient un repas pas
dispendieux puis, en même temps, c'était une incitation à
la baisse pour les personnes qui tiennent des brasseries, entre autres, puis
des restaurants. Je ne sais pas si le ministre va parfois dans ces endroits,
dans sa région et son comté, mais dans mon comté de
Pointe-aux-Trembles, M. le Président, les brasseries ont à peu
près toutes un repas du jour à 3,25 $ puis elles sont
incitées à tenir ça à 3,25 $ parce que c'est
alléchant pour le consommateur, il n'y a pas de taxe dessus. Alors, si
la Chambre de commerce venait devant cette commission, je lui demanderais, M.
le Président, si l'abolition de l'exemption de la taxe de vente sur les
repas de 3,25 $ et moins est une bonne façon d'harmoniser la taxe de
vente du Québec avec la taxe fédérale.
La réforme fédérale en 1987, M. le
Président, comportait deux étapes. La première
étape, la réduction des taux d'imposition de l'impôt sur le
revenu. On sait, M. le Président, que le ministre fédéral
des Finances l'a fait, mais pas du tout de la même manière que
ça s'est fait aux États-Unis. Aux États-Unis, vers la
même époque, M. le Président, on a transféré
25 000 000 000 $ par année d'impôt des particuliers aux
sociétés et on a réduit et simplifié l'impôt
sur le revenu en abolissant à peu près tous les abris fiscaux,
sauf celui relié aux dépenses d'intérêt sur
hypothèque pour sa résidence principale et sa résidence
secondaire. Donc, la réforme de l'impôt sur le revenu au
fédéral a avorté après avoir commencé, puis
au Québec elle n'a même pas commencé, alors on ne peut pas
dire qu'elle a avorté. La deuxième étape, c'a
été la TPS. M. le Président, et la Chambre de commerce du
Québec, comme bien d'autres organismes, a dénoncé le
premier taux de cette TPS qui était de 9 %. Le gouvernement du
Québec aussi, parce qu'à l'époque ce gouvernement
était contre la TPS, contre le taux et contre son principe même.
Mais, à l'époque, quand le ministre du Revenu de l'époque
qui
était un homme compétent, qui savait écouter, quand
le ministre du Revenu de l'époque critiquait la TPS, on se faisait dire
en Chambre, par le premier ministre lui-même, que le ministre du Revenu
parlait au nom du gouvernement. Bien plus, le premier ministre était
heureux de nous dire, à l'époque, M. le Président, que les
10 gouvernements des 10 provinces étaient unanimement contre la TPS.
Môme Clyde Wells était contre. (12 h 15)
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Même M. Gary Filmon était contre, M. le
Président.
Une voix: M. Harper.
M. Bourdon: Je le sais. Il était contre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Et si les autres provinces ont laissé tomber
le Québec, M. le Président, quant à l'accord du lac Meech,
là, le moins que rien qui était supposé être quelque
chose, c'est le Québec qui laisse tomber les autres provinces sur la
question de la TPS. Et dans ce sens-là, notre premier ministre est
l'Elijah Harper d'une fiscalité injuste.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon:... et le ministre est le Clyde Wells du pressage de
citron, M. le Président.
M. Savoie: C'est antiparlementaire de me traiter de Clyde Wells.
Ça, je ne le prends pas! Ça, c'est insultant!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est...
M. Savoie: Je ne veux pas être le Clyde Wells ni le Bourdon
de ce projet de loi là, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux):... je veux bien comprendre vos
états d'âme, mais ce n'est pas antiparlementaire. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Mieux vaut être un Clyde Wells ou un Bourdon
qu'être n'importe quoi, je veux dire... ou d'être rien.
M. Savoie: Ça, ça peut susciter un débat, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Revenons à la motion. M.
le député de Pointe-aux-Trembles, là.
Revenons à la motion.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, donc, à
l'époque, le ministre du Revenu...
Le Président (M. Lemieux): Une question de
règlement, M. le député de Masson?
M. Blais: Oui, ça n'entre pas sur le temps, selon les
conventions, de mon... M. le ministre demande de faire une discussion sur les
comparaisons Clyde Wells, etc. Je suis prêt à l'entamer, si vous
le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Masson, vous avez une forte expérience parlementaire, la parole est au
député de Pointe-aux-Trembles, au motionnaire, et ça entre
sur son temps de parole. Ce n'est pas divisible, le temps de parole, au niveau
d'une motion, vous le savez aussi bien que moi. M. le député de
Pointe-aux-Trembles, continuez. Il n'y a pas de consentement pour
ça!
M. Blais: M. le Président, question de règlement.
C'est par respect pour les ministériels et pour le ministre qui a ce
dossier, qui nous fait une proposition sur une discussion, et nous sommes, j'en
suis persuadé, unanimes à dire que nous sommes prêts
à l'entamer.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Savoie: M. le Président... Non, non. Ce que j'ai dit,
c'est que le fait de me comparer à un Clyde Wells...
M. Blais: II vote contre sa propre motion.
M. Bourdon: Comme il n'y a pas de consentement, on ne le fait
pas, hein? Alors, M. le Président, je demande de continuer mon
intervention.
M. Savoie:... ou à un Bourdon pourrait donner naissance
à un débat. C'est ça que j'ai dit. Et je ne voulais pas,
justement, là...
Le Président (M. Lemieux): Ah! bon. Alors, voilà!
Alors...
M. Bourdon: Mais, M. le Président, c'est mon tour de
parole. Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): C'est votre tour de parole,
oui.
M. Savoie: C'était plus en rapport avec Bourdon que Clyde
Wells, d'ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est votre tour de
parole. Oui, oui. Mais informez-en votre
collègue, le député de Masson, là.
Allez-y.
M. Bourdon: Donc, en Chambre, le gouvernement, par la voie du
premier ministre et du ministre du Revenu, avait quatre objections à la
TPS fédérale. On disait que le taux de 9 % était trop
élevé. Deuxièmement, on disait que, comme c'était
élevé et que les gouvernements la paieraient, ça
détériorerait la situation financière du gouvernement du
Québec. La troisième, on disait. C'est une intrusion massive du
fédéral dans un champ fiscal jusqu'alors réservé
aux provinces. Quatrièmement, on dénonçait la
complexité administrative du projet du fédéral. Le
ministre des Finances nous a dit, par la suite, que la baisse du taux
fédéral de 9 % à 7 %, ça réglait, quant
à lui, les deux premières objections: que c'était trop
élevé et que ça coûterait trop cher au gouvernement
du Québec, mais qu'à cause des deux autres problèmes,
l'intrusion du fédéral dans un champ fiscal réservé
jusqu'ici aux provinces et la complexité administrative, il disait qu'il
pouvait s'en passer. Or, par après, le même homme,
député de Bonaventure, ministre des Finances, a rampé
devant le fédéral et s'est entendu pour la collecter
lui-même, cette taxe-là, M. le Président. Depuis
Adélard Godbout, on n'a jamais assisté à un tel
à-plat-ventrisme devant le gouvernement fédéral. Et c'est
un terme parlementaire, M. le Président. Ces gens-là se tenaient
debout et ils disaient: Non, le fédéral n'entrera pas dans ce
champ-là et c'est trop complexe. Et quelques mois plus tard, qu'est-ce
qu'ils font? Ils disent: On va le faire avec eux autres et pour eux autres, et
nos fonctionnaires vont appliquer les directives d'Ottawa. Rappellez-vous, M.
le Président, qu'Adélard Godbout, qui laissait tomber les droits
du Québec en matière d'assurance-chômage par simple
échange de lettres avec le fédéral, a été
battu à plate couture en 1944. Alors, c'est ce qui arrive à ceux
qui rampent devant le fédéral plutôt que de se tenir debout
devant le gouvernement fédéral.
Moi, je préfère demander à la Chambre de commerce
du Québec quelle attitude elle préférait. L'attitude
debout, quand on disait: Non, les fédéraux ne doivent pas venir
dans ce domaine-là, non les fédéraux ne nous imposeront
pas une mesure, une loi d'une complexité administrative incroyable?
Parce que l'ancien ministre du Revenu qui, lui, écoutait, qui, lui,
était respectueux de l'opinion des autres et qui, lui, était
fiscaliste et qui, lui, savait de quoi il parlait quand il parlait de
fiscalité, M. le Président, nous a dit publiquement que pour
régler le problème de 30 000 entreprises, le problème
étant la taxe d'accise du fédéral qui nous nuisait au plan
des exportations, alors le ministre du Revenu de l'époque, M. Yves
Séguin, disait: Pour régler le problème de 30 000
entreprises, on crée un problème à 3 000 000 de
consommateurs au Québec.
Ça reste vrai, M. le Président. Le ministre actuel du
Revenu est un Robin Hood à l'envers, il va aller voler les pauvres pour
donner aux riches au lieu de faire le contraire, M. le Président. Parce
qu'en fait, si la taxe d'accise, M. le Président, n'était pas
commode à l'exportation, pourquoi au fédéral, pourquoi, M.
le Président, est-ce qu'on l'abolit, la taxe d'accise? Et au lieu de la
répartir à toutes les compagnies, à toutes les
entreprises, on la passe aux particuliers, c'est ça qui se passe.
Plusieurs milliards, avec le projet fédéral, qui vont être
payés par les particuliers au lieu d'être payés par les
entreprises.
On aurait pu faire autrement, on aurait pu dire: Cette taxe aux produits
manufacturés n'est pas la bonne et, en conséquence, on la
répartit entre toutes les entreprises. À cet égard, M. le
Président, comme il est devant moi, je voudrais souligner que le
député des Îles-de-la-Madeleine, hier, a mal compris quand
j'ai parlé de l'iniquité, qu'une personne à 20 000 $ paie
sur une auto 15, 56 % de taxe, ce qui, sur une voiture de 15 000 $,
représente un robuste 2200 $ et quelques alors qu'une personne à
60 000 $, un député, par exemple, qui achèterait la
même voiture du même concessionnaire... Et comme ce serait un
député et non pas un lieutenant-gouverneur, ce ne serait pas
nécessairement une Chrysler, M. le Président. La même
personne, à 60 000 $, va payer la même taxe exactement qu'une
personne à 20 000 $. Et le député des
Îles-de-la-Madeleine nous disait: Non, à 20 000 $, il y a un
crédit d'impôt. J'avais oublié de dire au
député des Îles-de-la-Madeleine que je parlais
évidemment d'un célibataire de moins de 65 ans qui ne touchera
pas un sou de remboursement de Revenu Québec.
Alors, je n'avais pas tout dit; maintenant, je le dis, je parlais d'un
célibataire. Et dans le cas de ce célibataire, M. le
Président, on dit que la TVQ va donner un fardeau additionnel de 146 $
et, à 60 000 $, on parle de 258 $. Ça m'amuse beaucoup, M. le
Président, ces chiffres-là, parce que ce sont des statistiques
sur des moyennes et ce sont des êtres de raison. Entre 10 personnes dont
on saurait, par exemple, qu'il y en a une sur dix qui achète une auto
dans l'année, on dit: En moyenne, ça va lui coûter tant de
plus. Mais le problème, M. le Président, c'est que le
contribuable consommateur sait pertinemment qu'une auto, ce n'est pas
acheté par une moyenne de consommateurs. Une moyenne, c'est un
être de raison. Ça n'achète pas, puis ça ne vote
pas. Alors, le contribuable qui vote, qui n'est pas une moyenne, lui, s'il
achète une automobile de 15 000 $ et qu'il paie la taxe de vente de 8 %
par-dessus la TPS de 7 %, il sait que ça va lui coûter 1200 $ et
quelques sur ses 15 000 $. Et quand il va voter, c'est avec ce
souvenir-là, M. le Président. Et là-dessus, M. le
Président, chaque personne doit décider ce qu'elle fait avec son
argent. Et moi, je pense... Non, non, mais une personne qui décide
d'em-
prunter, M. le Président, ou d'utiliser ses économies, une
personne à 20 000 $ pour s'acheter une auto de 15 000 $, ça ne me
choque d'aucune manière. J'aime moins qu'un lieutenant-gouverneur qui ne
sert à rien dépense 38 000 $ de mes impôts...
Le Président (M. Lemieux): Pertinence, s'il vous
plaît!
M. Bourdon: ...pour acheter une Chrysler, M. le
Président.
Une voix: Une Lincoln.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Bourdon: Alors, à cet égard, M. le
Président...
Une voix: J'aimerais entendre le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: ...plus fondamentalement la question que je poserais
à la Chambre de Commerce du Québec - et là, il faut
redevenir sérieux - c'est: Est-ce le temps, quand on sait que 55 % des
commerces dans les centres commerciaux, d'après Cadillac-Fairview...
Une voix: Une autre sorte d'affaires!
M. Bourdon: ...c'est une autorité ça, du
Québec vendent des vêtements ou des meubles ou de
l'électroménager bu des chaussures et qu'ils risquent
d'être désertés par les consommateurs parce que la taxe
scélérate que le ministre est en train de nous imposer, cette
taxe scélérate, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vous faites jouir le député de Masson. C'est
assez rare que j'ai vu ça un autre qui le fait jouir... Continuez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Alors, cette taxe scélérate va faire
que les gens vont consommer moins. Déjà, M. le
Président-Une voix: ...une question de règlement.
M. Bourdon: ...la récession a fait que les gens
achètent, consomment beaucoup moins qu'avant.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. J'ai employé une
expression, c'est intellectuellement, j'entends.
M. Bourdon: M. le Président, c'est ce que j'avais compris.
Il faut comprendre qu'autour de cette table chacun jouit comme il le peut de ce
qu'il peut. Puis il y en a qui aiment pressuriser les gens. Le ministre du
Revenu, par exemple, éprouve visiblement un grand plaisir à tuer
le commerce...
Le Président (M. Lemieux): Une minute!
M. Bourdon: ...à étouffer les
défavorisés, à se mettre à plat ventre devant le
fédéral. Ça le regarde, M. le Président. Et...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, "à plat ventre", c'est blessant...
M. Bourdon: À quatre pattes, d'abord!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Bourdon: À quatre pattes, mais à quatre pattes,
il y a plus de mouvement quand même.
Une voix: Un peu plus haut.
Le Président (M. Lemieux): À vous-même, vous
êtes presque le dictionnaire des synonymes,
M. le député de Pointe-aux-Trembles. S'il vous
plaît, on continue.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je retire mes termes.
Disons que...
M. Blais: C'est réglementaire, à-plat-ven-trisme.
Vous n'avez pas d'affaire à retirer vos paroles. Si vous pensez que le
ministre est à-plat-ventre devant Ottawa, vous avez le droit de le
dire.
Le Président (M. Lemieux): M. le...
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je l'ai retiré
par souci de précision. Je pense que le ministre n'est pas à plat
ventre devant le fédéral, il est à quatre pattes devant le
fédéral. C'est ça que je veux dire. Parce qu'à
quatre pattes ça bouge un peu plus qu'à plat ventre.
Le Président (M. Lemieux): 30 secondes avant
l'ajournement.
M. Bourdon: M. le Président, il faudrait entendre la
Chambre de commerce du Québec qu'on a écartée
cavalièrement de la Commission sur l'avenir politique et constitutionnel
du Québec pour mettre deux bons rouges qui avaient juste comme
qualité d'être rouges.
Le Président (M. Lemieux): Pertinence, M. le
député de Pointe-aux-Trembles!
M. Bourdon: Alors, en terminant, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé.
Nous...
M. Bourdon: ...j'espère que le ministre va finir par
comprendre.
Le Président (M. Lemieux): Nous suspendons nos travaux.
Pardon, nous ajournons sine die nos travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 16 h 7)
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration va reprendre ses
travaux. Je rappellerai brièvement le mandat de cette commission, qui
est de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal.
Lors de la suspension des travaux ce matin, nous en étions
à la discussion d'une motion de M. le député de
Pointe-aux-Trembles, que je rappellerai brièvement: "Que,
conformément aux dispositions de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission du budget et de l'administration tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 89, Loi
modifiant ia Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal, des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende la Chambre de
commerce du Québec."
M. le député de Pointe-aux-Trembles, il vous restait sept
minutes sur votre motion et, par la suite, M. le ministre, vous aurez 30
minutes de réplique. M. le député de Pointe-aux-Trembles,
vous avez la parole.
M. Bourdon: M. le Président, mes toutes premières
paroles sont pour me réjouir que, pendant le temps d'intervention qui me
reste, le ministre n'a pas amené une petite motion vite pour essayer
d'aller à rencontre des règles habituelles de la
démocratie...
M. Savoie: Oui, oui, j'ai essayé. Vous n'avez pas
voulu...
M. Bourdon: ...en commission parlementaire. Cela dit, je pense
qu'il serait essentiel d'entendre la Chambre de commerce du Québec,
parce que celle-ci, qui représente 60 000 membres, est bien au fait des
conséquences pour ses membres de l'adoption de la loi qui est devant
nous. Et dans les milieux d'affaires, les milieux économiques, il serait
essentiel, pensons-nous, d'entendre sur cette loi, et sur la véritable
TPS qui va suivre un an après, l'ensemble des intéressés
des milieux économiques. À cet égard, une organisation
comme la Chambre de commerce représente à la fois des
commerçants, des industriels et des gens du secteur manufacturier, alors
que d'autres organisations, je pense à l'Association des manufacturiers
canadiens, par exemple, qui sont très clairement en faveur de la TPS
fédérale, ont pour raison la fameuse taxe d'accise qui nuit
à leurs membres sur le plan des marchés d'exportation, et c'est
fort légitime qu'ils la défendent, encore que, eux aussi, il
serait intéressant de les entendre quant aux modalités. Mais,
dans le cas de la Chambre de commerce, d'abord c'est l'organisation
économique la plus représentative au Québec, elle comporte
60 000 membres puis elle a à la fois des gens du secteur manufacturier,
des industriels et des commerçants, et ce sont les commerçants,
M. le Président, qui vont être le plus lourdement touchés
par la chute des achats qui, malheureusement, va suivre l'adoption de la loi
qui est devant nous. Donc, je pense qu'il serait essentiel d'entendre la
Chambre de commerce du Québec parce que la loi qui est devant nous, M.
le Président, change foncièrement les règles du jeu en
matière de fiscalité.
Or, on nous l'a remise le 15 novembre pour adoption le 15
décembre. C'est conforme à une façon cavalière qu'a
le gouvernement de ne pas débattre publiquement de ce qu'il propose
Rappelons-nous, M. le Président, que c'est comme un peu caché
derrière les barricades des Warriors que le ministre des Finances a
annoncé subrepticement, un jour de canicule, alors que l'État
voguait dans des eaux incertaines et que des barrages bloquaient des ponts
à Montréal et que d'aucuns négociaient avec des
interlocuteurs masqués et armés, que le gouvernement nous a
amené l'idée qu'il y aurait comme un changement fondamental de la
TVQ, la taxe de vente du Québec. Donc, ouvrons les fenêtres,
faisons entrer l'air, entendons d'autres que les parlementaires qui sont ici.
Le député de Labelle le rappelait de façon fort opportune
ce matin, il n'est peut-être pas nécessaire que notre
démocratie signifie deux Chambres, un Sénat ou un Conseil
législatif plus l'Assemblée nationale comme telle. Mais, comme la
deuxième Chambre avait pour fonction de revoir les projets de loi et,
à l'occasion, de rencontrer les intéressés pour
connaître leurs sentiments, leurs positions vis-à-vis des lois, eh
bien, il faudrait que la commission parlementaire joue le rôle qu'une
deuxième Chambre pourrait jouer. Et, à cet égard, je
répète que, ma foi, une heure de débat sur
l'opportunité d'inviter la Chambre de commerce, c'est moins productif,
M. le Président, que de la faire venir, la Chambre de commerce, et
qu'elle ait 20 minutes d'exposé, 20 minutes par les ministériels
et 20 minutes par l'Opposition.
Comme on est en train d'adopter une loi
qui va nuire sérieusement au commerce, pourquoi ne pas entendre
la Chambre de commerce? Et ça ne serai't pas plus long que le
débat et peut-être qu'il y aurait plus de décorum si on
avait des invités. On a vu le ministre commettre grand nombre de
galipettes parce que, pour lui, c'est importun que l'Opposition pose des
questions.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
s'il vous plaît, pour aider le décorum comme vous dites,
évitez le mot "galipette" en ce qui concerne le ministre. Je pense
que...
M. Bourdon: Non, M. le Président. On peut parler de
galipettes. Envoyer des becs à ma voisine, m'envoyer des becs et en
envoyer...
Le Président (M. Gobé): Ça, si vous voulez
le faire, vous pouvez le faire. Le président n'a pas à...
M. Bourdon: ...à un voisin, on peut parler de
galipettes.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
le président n'a pas à statuer si vous voulez envoyer des becs
à votre voisine.
M. Bourdon: Non, non, mais...
Le Président (M. Gobé): D'ailleurs, à votre
place, je comprendrais très bien pourquoi.
M. Bourdon: Non, non, mais...
Le Président (M. Gobé): Mais en ce qui concerne le
ministre, peut-être... Vous pouvez continuer. D'accord.
M. Bourdon: M. le Président, c'est parce que, comme il
envoie les becs indistinctement à tout le monde, on n'a pas de message
clair quant à son orientation sexuelle. Alors, si, vraiment, c'est ma
voisine qui...
Une voix: II t'envoie des becs.
M. Bourdon: ...est l'objet de sa convoitise, bon, on verra si
ça répond favorablement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît,
veuillez revenir à la motion, M. le député...
M. Bourdon: Donc, des galipettes...
Le Président (M. Gobé): ...sans galipettes ni
becs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Des galipettes. Alors, M. le Président, la
Chambre de commerce aurait beaucoup à nous apprendre sur les
conséquences économiques de cette loi parce qu'on est en
récession. Dans tous les pays du monde, M. le Président, quand on
connaît une récession, les ménages restreignent leurs
achats et ça, ça va empirer, cette loi-là, cette
tendance-là. Donc, M. le Président, je pense qu'on devrait voter
du côté ministériel en faveur d'entendre la Chambre de
commerce du Québec.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Ceci met fin à votre
intervention. Maintenant, M. le ministre du Revenu...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Gobé): ...pour une période
de 30 minutes à votre disposition.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Alors, les motions dilatoires se continuent, se
multiplient.
M. Bourdon: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Je pense que ce n'est pas parlementaire de dire que
notre motion est dilatoire. Est-ce que la Chambre de commerce est quelque chose
de dilatoire ou bien si c'est un organisme reconnu avec qui on fait affaire? On
demande de l'entendre. Ce n'est pas une motion dilatoire.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Pointe-aux-Trembles, je crois que le ministre n'a pas dit que la Chambre de
commerce était dilatoire, mais que la motion était dilatoire et
on va le laisser s'expliquer à cet effet-là. M. le ministre, vous
avez la parole sur la motion, s'il vous plaît.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Alors, on continue donc
avec les motions dilatoires de l'Opposition. Comme je l'ai mentionné, M.
le Président, au début du monologue du député
de
Pointe-aux-Trembles, à l'effet que la Chambre de commerce...
J'avais spécifié que la Chambre de commerce avait demandé
l'harmonisation.
M. Bourdon: M. le Président, j'invoque le
règlement. Ce n'était pas un monologue, parce que le ministre
n'écoute pas, mais mes collègues m'écoutent, de même
que certains ministériels qui ont ce respect-là pour les
intervenants.
M. Savoie: Un monologue, ça veut dire
quelqu'un... ce n'est qu'une personne qui parie.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît. M. le député de Pointe-aux-Trembles, je pense que M.
le ministre a respecté votre droit de parole pendant 30 minutes, sans
intervenir.
M. Bourdon: Ah! vous n'étiez pas là ce matin.
Le Président (M. Gobé): Mais j'ai assisté
à au moins sept minutes, M. le député.
M. Bourdon: Vous n'étiez pas là ce matin.
Le Président (M. Gobé): Et vu que je suis là
cet après-midi, j'apprécierais beaucoup que les travaux se
déroulent dans la meilleure harmonie. Vous savez que le but de cette
commission est de favoriser le débat et non pas de le restreindre et je
n'aimerais pas être obligé de le restreindre avec le
règlement, mais plutôt le laisser aller. Aussi, j'invoquerai et je
demanderai à chacun des participants de la bonne volonté, de la
compréhension envers les autres, et je souhaite que nous puissions donc
procéder très rapidement dans le meilleur intérêt de
nos concitoyens.
M. Bourdon: M. le Président, vous avez raison et
j'espère que, quand reviendra mon tour de parole, le ministre fera de
même.
Le Président (M. Gobé): Et j'y veillerai, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: O.K.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Savoie: Je disais donc que, ce matin, j'avais souligné
au député de Pointe-aux-Trembles que la Chambre de commerce avait
demandé l'harmonisation, et le député de Labelle est bien
au courant. Donc, on peut s'interroger sur la nature du discours du
député de Pointe-aux-Trembles. Je tiendrais à souligner,
évidemment, qu'un bon nombre d'organismes qui composent la Chambre de
commerce ont également demandé l'harmonisation. J'en ai
donné la liste à l'Assemblée nationale. Je n'en veux pas
au député de Pointe-aux-Trembles, je sais qu'il reçoit ses
ordres et que, nécessairement, il doit exécuter les ordres qu'il
reçoit, il doit faire ce qu'on lui dit sans réfléchir trop
trop. C'est ainsi que les choses sont faites. C'est tout, M. le
Président. (16 h 15)
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre, vous
avez terminé. Y a-t-il d'autres intervenants sur la motion? Alors, Mme
la députée, vous avez...
Une voix: De Terrebonne.
Le Président (M. Gobé): Oui, la
députée de Terrebonne, c'est ça, oui, oui, que je connais
bien d'ailleurs pour la voir à de nombreuses commissions. Elle travaille
très bien. Mme la députée de Terrebonne, vous avez 10
minutes sur cette motion.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
important de recevoir la Chambre de commerce du Québec, justement
à cause de l'argumentation du ministre. Même si elle a
été brève, je pense qu'il nous a donné les
éléments majeurs. C'est-à-dire que ce matin, lorsqu'il a
fait référence à ce projet de loi là à
nouveau, il nous a rappelé que c'était un événement
historique, qu'il y avait des transformations importantes même si elles
n'étaient pas aussi majeures que lors de l'avènement de la TPS
québécoise en 1992. Il nous a bien dit, à ce
moment-là, que la Chambre de commerce du Québec, qui compte
quelque 60 000 membres, avait manifesté, même par la voie des
journaux, son accord avec un projet du style du projet de loi 89 parce qu'on
souhaitait l'harmonisation.
Vous savez, M. le Président, je ne pense pas que le rôle de
notre commission soit d'écarter volontairement les groupes qui
pourraient être en accord avec le projet de loi du ministre. Je pense que
le respect de la démocratie, c'est de recevoir tous les groupes qui ont
un intérêt dans ce projet de loi là, qu'ils soient pour ou
qu'Hs soient contre, et je pense que c'est la meilleure preuve de notre bonne
foi, M. le Président, par rapport au projet de loi du ministre. Si on ne
lui présentait que des demandes de groupes qui sont contre son projet de
loi, il pourrait nous accuser, mais nous présentons aussi des demandes
pour entendre les intervenants qui ont souhaité un projet de loi comme
le projet de loi 89 et qui souhaitaient une harmonisation. Je pense que la
démocratie, c'est ce que nous faisons là, c'est d'exiger des
groupes des deux côtés.
Et ce serait intéressant d'entendre, justement, la Chambre de
commerce du Québec pour vérifier avec elle - elle est d'accord au
niveau du principe de l'harmonisation, d'accord - si elle est d'accord sur la
façon dont le ministre l'a faite, cette harmonisation-là, si elle
souhaite d'autres changements, si elle souhaite certains amendements.
Ça, ce serait intéressant de les entendre. Si le ministre est
vraiment sincère lorsqu'il nous dit qu'il est prêt à
recevoir des groupes, d'autant plus que c'est un groupe qui est en accord avec
son projet, ça lui permettrait peut-être de faire un travail
intéressant et de trouver certains amendements. On pourrait avoir des
propositions intéressantes de la Chambre de commerce. Alors, son
argumentation va vraiment
dans le sens de les recevoir et non dans le sens de ne pas les
recevoir.
Ils pourraient aussi nous informer à savoir s'ils sont
prêts à appliquer cette taxe de vente. Les commerçants au
détail, eux, nous ont clairement signifié qu'ils n'étaient
pas prêts à l'appliquer d'ici à un mois, et j'aimerais
entendre les représentants de la Chambre de commerce du Québec
pour savoir si eux ont certaines objections, si eux ont besoin d'un certain
délai pour l'application et si eux auraient souhaité que certains
produits soient exemptés de la taxe, s'ils croient que certains
produits, par cette taxe, risquent de devenir des secteurs trop faibles dans
notre écomomie. Parce qu'on sait que la Chambre de commerce du
Québec, bien sûr, regroupe des commerçants de tous les
secteurs.
Le ministre nous a clairement signifié que, pour lui, la TVQ
avait beaucoup moins d'impact que la TPS qui va entrer en vigueur en 1992.
Là-dessus, c'est évident que l'Opposition est d'accord, sauf
qu'il serait important, au moment où on étudie ce projet de loi
là... C'est quand même l'élargissement de l'assiette
fiscale et c'est ouvrir la porte. Si on accepte l'imposition de nouvelles
taxes, elles ne disparaîtront pas en 1992 avec l'arrivée de la
TPS, elles vont rester. Parce que c'est très rare que des gouvernements
décident d'enlever des taxes. Nous sommes l'exception, bien sûr,
lorsque nous avons décidé d'enlever les taxes sur les chaussures,
les meubles, les vêtements et les appareils électroménagers
en 1981, mais c'est extrêmement rare qu'un gouvernement a cette
conscience sociale par rapport à certains secteurs et décide
d'enlever des taxes. Donc, si on accepte de (es laisser-passer aujourd'hui,
c'est évident qu'elles vont demeurer et pour longtemps. Il serait
intéressant, donc, de faire un débat de fond sur
l'élargissement même de cette assiette. C'est évident qu'on
ne ferait pas le débat de fond sur la taxe sur les services, parce que
ce n'est pas ce que le projet de loi 89 nous donne, c'est uniquement en 1992
sur les services. Mais il y a lieu de faire un débat de fond sur
l'élargissement même de l'assiette.
Le ministre nous a également signifié ce matin que nous
devrions être fiers d'administrer nous-mêmes cette taxe-là.
Il nous a parlé beaucoup de la fierté de s'administrer
soi-même, de l'autonomie. Moi, ce que je lui pose comme question: Est-ce
qu'on se doit d'être fiers d'appliquer une mesure qui amène des
objections aussi majeures dans la population? Est-ce qu'on peut être
fiers de ça? C'est un petit peu comme si le ministre nous disait: Le
gouvernement fédéral a décidé d'étouffer un
petit peu les consommateurs; alors, nous, non, on ne le laissera pas faire,
nous allons les étouffer nous-mêmes, nous allons même
resserrer une autre corde par-dessus pour être sûrs de bien les
étrangler. Alors, ressentir de la fierté à appliquer une
double taxe, moi, j'ai beaucoup de difficultés avec ça et je
pense que son prédécesseur, qui était le seul fiscaliste
du gouvernement Bourassa - c'est important de le dire, de le rappeler - voyait,
lui, dans la TPS fédérale, une taxe injuste, chère et dure
pour l'économie, surtout en période de récession, et ne
ressentait aucune fierté à l'appliquer au nom du
fédéral. Il ressentait si peu de fierté qu'il a
décidé de démissionner. Et là-dessus je pense que
c'est important de lui rendre hommage parce qu'il a vraiment eu des
convictions, il s'est tenu debout et il n'a aucunement tenu compte des ordres
qu'il avait reçus, contrairement au ministre que nous avons devant
nous.
Une voix:...
Mme Caron: Donc, il y a à la Chambre de commerce du
Québec des représentants de différents secteurs.
Une voix: Ça recommence.
Mme Caron: Non, je m'excuse, c'est l'échange de petits
becs qui recommence.
M. Savoie: Non, je m'excuse, je ne vous ai pas envoyé de
petits becs. J'ai fait "tss-tss-tss-tss-tss".
Mme Caron: "Tss-tss-tss", ouais. Secteur touristique.
Le Président (M. Gobé): Mme la
députée.
Mme Caron: Oui, M. le Président, on revient.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, Mme
la députée de Terrebonne, continuez votre exposé qui est
très intéressant, d'ailleurs.
M. Savoie: C'est de la projection.
Mme Caron: Secteur touristique. On sait que, du côté
de l'industrie touristique, il y a effectivement de nombreuses personnes qui ne
sont pas en accord. Parmi les membres de la Chambre de commerce du
Québec, il y en a de l'industrie touristique et je pense que ces
gens-là, ils aimeraient ça qu'on les entende eux aussi; ils
pourraient nous faire part de leurs inquiétudes ou nous dire ce qu'ils
souhaitent comme harmonisation. Si, du côté du secteur
touristique, il y a des membres de la Chambre de commerce du Québec qui
sont en accord avec le projet de loi, ils pourraient sûrement nous dire
quel moyen ils comptent utiliser. Même chose du côté des
commerçants qui sont dans d'autres domaines et, là, je pense, par
exemple... J'ai vu aussi ce matin un texte sur l'Association
québécoise des transporteurs aériens qui, elle aussi,
s'inquiète dangereusement de cette nouvelle taxe, et pas
uniquement de la TPS, de la taxe de vente qui s'ajoute et qui risque de
poser problème au niveau de la compétition. Mais j'y reviendrai,
M. le Président, dans une autre intervention, puisqu'on me signifie
qu'il me reste très peu de temps.
Le Président (M. Gobé): Oui, 30 secondes, Mme la
députée.
Mme Caron: Donc, je vais résumer. Au nom môme des
arguments que le ministre nous a invoqués, H serait important de
rencontrer la Chambre de commerce du Québec, justement parce que c'est
un groupe qui souhaitait l'harmonisation avec la TPS fédérale et
qui pourrait venir nous dire sa satisfaction ou son insatisfaction par rapport
au projet de loi qui se retrouve devant nous. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, Mme la
députée de Terrebonne. Y a-t-il des intervenants du
côté ministériel? M. le député, non? Alors,
je vais reconnaître maintenant M. le député de Labelle pour
une période de 10 minutes. M. le député, vous avez la
parole.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je voudrais
affirmer, quant à moi aussi, qu'H m'appa-raît important que la
Chambre de commerce du Québec soit entendue pour différentes
raisons. Mais je voudrais quand même signaler des choses sur certains
plans. Premièrement, tout le monde est d'accord que la taxe de vente
fédérale doit être modifiée - nous le sommes, et je
pense que le gouvernement aussi l'est, et ça a été le
fondement qui a justifié l'introduction de la TPS, du moins
officiellement, je pense qu'il y avait effectivement une question qui se posait
sur ce plan-là - de sorte qu'on n'est pas du tout étonnés
que l'Association des manufacturiers canadiens soit d'accord aussi, parce que,
sur le plan concurrentiel, H y a vraiment des avantages à modifier la
taxe de vente fédérale. Sur le plan du commerce, possiblement,
quoique c'est beaucoup moins clair. Et je pense que la Chambre de commerce, de
façon générale, est d'accord. Il y a des secteurs,
toutefois, qui ont été soulignés par mes collègues,
sur lesquels je reviendrai un peu plus loin, un peu plus tard, qui peuvent
avoir des problèmes avec ça; j'en ai parié un peu hier, en
ce qui concerne, par exemple, l'industrie touristique.
Mais le premier point que je voudrais faire valoir, c'est le suivant: la
TPS, comme la taxe de vente du Québec, constitue un levier
économique majeur pour le gouvernement. Actuellement, le taux va
être établi ou a été établi à 7 %,
mais, à l'origine, il a été de 9 % et, suite aux
pressions, le ministre des Finances fédéral l'a baissé
à 7 %. Au Québec, le taux de la taxe de vente actuelle- ment est
de 9 %, mais, en élargissant l'assiette, on le réduit à 7
%, ou à 8 % pour un an et à 7 % l'année suivante. Disons
que le point d'arrivée, c'est 7 %. Mais un point qui n'a pas
été soulevé ici, c'est le fait qu'un tel taux peut se
modifier facilement selon les politiques économiques du gouvernement.
Personne n'en parle trop, tout le monde sait cependant que ça va
constituer un levier économique majeur dans les mains du gouvernement.
Et qu'est-ce que nous avons devant nous? Nous avons un gouvernement
fédéral en faillite. Nous avons un gouvernement du Québec,
en partie tout au moins, à la merci du fédéral. Prenons le
tableau dans son ensemble, le gouvernement fédéral a un
déficit de 28 500 000 000 $. qu'il a porté à 30 000 000
000 $ au mois de septembre, et les analystes et les économistes, les
analystes actuels prévoient que son déficit sera supérieur
de 8 000 000 000 $ l'an prochain. Donc, on parie d'un déficit qui va
avoisiner 36 000 000 000 $ si rien ne change. Or, on sait que le gouvernement
fédéral ne peut pas laisser aller la situation comme elle est.
Donc, il va avoir à prendre des décisions et les décisions
sont, globalement parlant, de deux ordres: il peut réduire ses
dépenses, il peut augmenter ses revenus pour combler son
déficit.
(16 h 30)
S'il augmente son revenu, il va affecter la TPS. C'est presque un secret
de Polichinelle qu'il adoptera une TPS à 7 % le 1er janvier, mais il a
pris un engagement, 7 % le 1er janvier, donc ce sera 7 % le 1er janvier. Je
vais être d'accord avec le ministre des Finances, je vais le croire sur
parole. Mais le 1er avril constitue une autre année financière et
si son écart par rapport à ses prévisions
budgétaires quant au niveau de déficit supportable dans
l'économie s'agrandit, il va être porté, le 1er avril,
possiblement, à monter la TPS à 8 %, possiblement même
à la monter à 9 %. Et qu'on ne se surprenne pas, c'est dans
l'air.
Nous venons de parier du fédéral, je continue à en
parler un peu, M. le ministre du Revenu, l'autre élément, c'est
évidemment les paiements de transfert. Et là il est très
possible, c'est à peu près sur le plan des dépenses, le
seul secteur où il peut vraiment couper parce que après avoir
coupé dans l'ensemble de ses dépenses - jusqu'ici, si on en
faisait le tour, c'est fantastique; if s'est sorti de
l'assurance-chômage, il a démoli ses trains, du moins dans l'Est,
il a déjà commencé à couper les pensions de
vieillesse pour les mieux nantis, il vient de couper dans Radio-Canada... En
fait, le fédéral, il est en train de se déshabiller
littéralement et le gros morceau qui reste dans son budget, c'est des
paiements de transfert, dont une partie des paiements de transfert aux
provinces. En réalité, le gouvernement fédéral
transfère 6 750 000 000 $ environ au gouvernement du Québec. Je
passe sous silence le fait que notre part dans la dene
nationale, notre partage, notre coûl d'intérêts sur
le déficit national, c'est 8 000 000 000 $. Donc, il nous en remet
même moins que l'intérêt que ça nous coûte sur
ces affaires.
Or, qu'est-ce qui arrive s'il coupe de façon substantielle dans
les paiements de transfert? Remarquez que, s'il baissait ses paiements de
transfert globaux dans le Canada de 4 000 000 000 $, ça nous coûte
1 000 000 000 $. Que fera le gouvernement du Québec pour
équilibrer son budget? Lui aussi, il va avoir un choix à faire.
Alors, ce n'est pas impossible que, l'an prochain, M. le gouvernement du
Québec soit amené à monter sa taxe de vente lui aussi,
même harmonisée, à 8 %, peut-être même à
9 %, si les paiements de transfert du fédéral sont le moindrement
coupés de façon substantielle. En d'autres termes, nous sommes
à la merci du gouvernement fédéral qui va essayer, pour
équilibrer son budget et rétablir sa crédibilité
vis-à-vis la finance, vis-à-vis les banques, vis-à-vis le
monde sur le plan international, de retransférer une partie de ses
problèmes aux provinces. Il l'a fait l'an passé, il le fait
depuis un certain temps parce que, au fond, les paiements de transfert sont
plafonnés depuis cinq, six ans; ça varie très peu,
très très peu. Je pense que le ministre du Revenu va être
d'accord avec moi, il n'y a eu presque pas d'augmentation et disons que le
mieux auquel on peut s'attendre, c'est pratiquement qu'ils se stabilisent
plutôt que de couper, compte tenu de la situation financière du
fédéral. Or, ça veut dire que les taux additionnés
de TPS et de taxe de vente au Québec risquent fort d'augmenter. Je peux
parier, je parierais même, qu'ils ne baisseront pas, maintenant, et que
la probabilité, c'est qu'ils augmentent de façon importante
même. Alors, dans un avenir à moyen terme au pire, puis je dirais
même dès le 1er avril possiblement, en tout cas d'ici à un
an, peut-être 1992, peut-être 1992, mais c'est dans un avenir
rapproché.
Qu'est-ce qu'on a fait avec ces changements-là? Finalement, on
touche la consommation très directement. On va me dire qu'on remplace la
taxe de vente fédérale, mais, globalement quand même, ce
qu'on est en train de faire, c'est de se donner un levier sur le plan
économique, autant pour équilibrer ses budgets, donc en ter-/ mes
de politique budgétaire, puis j'arrive finalement à un autre
aspect de la question, en termes de levier économique. En ayant un tel
instrument, le gouvernement va avoir un levier pour modifier et influencer le
taux de la consommation dans le pays, autant au Canada qu'au Québec, et
le plus efficace, parce que, quand on va augmenter le taux de la taxe,
effectivement, l'ensemble de la population va réagir très
directement à la décision que le gouvernement va prendre. Au
fond, on est en train de dire que c'est le levier économique le plus
puissant, parce qu'il tombe sur les plus pauvres qui vont réagir
directement. La seule contrepartie à cela, c'est qu'on ait un engagement
formel de faire suivre les crédits d'impôt à la
consommation. Et ça, ça veut dire plus que de les indexer,
ça veut dire les indexer et les ajuster en conséquence d'une
augmentation des taux de TPS et de taxe de vente du Québec
harmonisés. Ça, nulle part il n'y a de garantie là-dessus.
Je ne suis pas loin de penser qu'en termes de consommation et en termes de
commerce au détail l'impact va être majeur, le gouvernement se
donne un outil de régularisation de sa politique budgétaire, mais
aussi un outil pour influencer, un levier très puissant pour influencer
le niveau de la consommation, donc un levier économique majeur. On peut
le souhaiter, on peut le déplorer, je pense que c'est pour ça
qu'on veut entendre les chambres de commerce, j'aimerais leur poser des
questions sur cet aspect des choses, et je pense que le ministre pourrait
être d'accord avec moi que les conséquences de ce que nous faisons
sont très grandes et qu'on aurait avantage à être
éclairés sur cette question, sur cet aspect de la question.
On me fait signe que mon temps est terminé, je reviendrai sur
d'autres aspects, parce qu'il y en a d'autres à développer.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce qu'il y a d'autres interventions du
côté ministériel? M. le ministre.
Une voix: II est déjà intervenu là-dessus.
Ça prendrait un consentement. Il y a une seule intervention.
M. Léonard: II y a peut-être une réaction du
ministre. Je suis bien prêt à en prendre, s'il veut...
M. Savoie: Oui, effectivement...
Le Président (M. Gobé): II y a consentement pour
que le ministre intervienne.
M. Léonard: Oui, oui, je suis d'accord.
Le Président (M. Gobé): S'il y a consentement
général, vous pouvez intervenir, parce que vous avez droit
à une seule intervention.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Effectivement, comme approche, c'est
intéressant dans le sens où il dit: Au niveau des
Québécois et des Québécoises, on est à 7 %;
qu'est-ce qui va nous garantir qu'on ne sera pas, par exemple, à 8 % en
1992, à 9 %? Effectivement, il n'y a pas de garantie. Effectivement, il
n'y a pas de garantie, sauf, par exemple, de dire qu'à date toute notre
planification est sur trois ans et on n'a reçu aucune indication comme
quoi ça allait être à la hausse. D'ailleurs, ce qu'on pense
qui va se produire,
c'est qu'effectivement, le 1er janvier 1992, le mécanisme va
être en place, il va se roder à 14 %, 7 % à Ottawa et 7 %
à Québec, en tout cas 14, 49 %; ça va se roder comme
ça. C'est ce qu'on pense. Et je partage son analyse, je pense
qu'effectivement, à moyen terme, ça va grossir. Ça va
grossir parce qu'on doit payer nos dettes. Mais, quand ça va grossir,
ça va grossir au vu et au su de tous, de toutes. Tout le monde va
être au courant. On va dire: Comme gouvernement, on va prendre des
engagements. On va prendre des engagements de dire: On va, par exemple, le
moduler. On va peut-être prendre comme engagement de dire qu'on va
permettre un accroissement de 1 %, 1, 5 %, en protégeant, par exemple,
les couches défavorisées. Et c'est ça
l'élément démocratique du projet de loi, c'est ça
qui suscite, par exemple, des déclarations de la part de l'association
de la protection du consommateur qui dit que c'est équitable, c'est
juste, c'est démocratique. C'est ça qui, finalement, suscite un
certain appui auprès de plusieurs.
Au niveau des garanties pour les pauvres, je me suis posé la
question, moi aussi. Ça m'a travaillé un soir et j'ai
rongé ça une secousse. Je me suis dit: Effectivement, les gens
à faible revenu, notre gouvernement, un bon gouvernement, on ne touchera
pas à ça. Mais je me suis dit: Un Parti québécois
qui revient au pouvoir, par exemple, dans deux ans...
Une voix: Question hypothétique.
M. Savoie:... démagogique, s'embarque dans une autre
Société nationale de l'amiante...
M. Léonard: Je vois que son subconscient le ronge...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: La Société nationale de l'amiante, une
autre Société nationale de l'amiante...
M. Bourdon: II va nous parler des chantiers maritimes, sans
doute.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie:... avec un autre 3 000 000 $...
M. Bourdon: 300 000 000 $ de déficit...
M. Savoie: Non, sérieusement, je me suis dit: Après
une élection... Par exemple, un gouvernement arrive au pouvoir puis dit:
Bon, bien, on n'arrive plus. Il va être tentant de trouver des
mécanismes qui vont faire en sorte que ça va être
réduit, les montants de participation. Le gouvernement
fédéral, c'est exactement la même chose. Le gouvernement
fédéral, techniquement, est, à toutes fins pratiques,
moralement en tout cas, en faillite. S'il n'est pas en faillite, il l'est
moralement. Moralement, c'est un gouvernement qui vit actuellement une
situation d'insolvabilité, même si, techniquement, un gouvernement
ne peut pas être en faillite. Il est en grande difficulté
financière, la difficulté, c'est que le déficit ne cesse
de croître et il a de la misère, on doit poser toutes sortes de
gestes à la dernière seconde. Et je me suis dit: Qu'est-ce qui
empêche le gouvernement fédéral d'intervenir et de
réduire ces montants-là? Et, finalement, je l'ai, la
réponse.
Une voix: Oui? M. Savoie: Oui. M. Blais: La
souveraineté du Québec.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Masson, s'il vous plaît!
M. Blais: M. le Président, s'il vous plaît.
M. Savoie: La réponse, c'est que ia majorité de tes
électeurs s'y trouve.
Le Président (M. Gobé): Vous n'avez pas la parole,
c'est M. le ministre qui a la parole.
M. Savoie: La majorité de tes électeurs s'y trouve.
Si tu regardes le triangle au niveau de ta population, les gens qui
bénéficient de ces mesures-là, en nombre beaucoup plus
lourd vers la base, évidemment, ce sont ces gens-là, finalement,
avec lesquels tu dois travailler tes élections. La structure
démocratique devrait normalement offrir des garanties. C'est la
meilleure réponse à laquelle j'ai pu arriver, en bout de piste.
Il n'y a pas une garantie qu'un gouvernement peut donner. Ce qu'il y a de plus
fort, c'est l'attachement que tu vas avoir pour tes électeurs et tes
électrices. Ce n'est pas fort, je sais que ce n'est pas fort, mais c'est
tout ce que j'ai.
M. Léonard: Si on me permet, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, je vous en prie.
M. Léonard:... simplement pour poursuivre
là-dedans. Il a une façon - si on parle du gouvernement
fédéral, parce que c'est lui qui est vraiment en faillite, ce
n'est pas le gouvernement du Québec - mais alors, il a une façon
de refiler sa facture démocratique au gouvernement du Québec.
Parce qu'à la minute où il vient de couper de façon
importante dans ses paiements de transfert pour satisfaire les paiements de son
service de la dette, celui qui va vraiment payer la facture sur le plan
démocratique, ça risque d'être le gouvernement du
Québec.
M. Savoie: Là encore, c'est une projection où on
arrive avec un autre coût de 400 000 000 $ qu'on a reçu
l'année passée. On arrive cette fois-ci, bon, c'est 700 000 000
$.
M. Léonard: Vous risquez d'en avoir un de 1 000 000 000 $
cette année.
M. Savoie: Bon. 700 000 000 $ à 800 000 000 $. On ne se le
cache pas. J'ai vu des éditoriaux, dans le Vancouver Sun,
à cet effet-là, comme quoi quelqu'un avait eu accès
à des documents et, dans ces documents-là, on disait: Bang! on
coupe encore. Ça a été nié par Wilson. Maintenant,
supposons qu'ils arrivent et qu'ils nous imposent une autre coupure, est-ce que
ça va nous permettre, par exemple, de dire: Bon, bien, en 1992,
normalement, on devrait baisser à 7 %? On ne baisse plus à 7 %
à cause d'Ottawa.
Ce n'est pas tellement crédible comme geste, parce que,
finalement, on s'impose à nous-mêmes une taxe. Ce que nous avons
fait avec les 400 000 000 $, c'est que nous avons dit aux commissions
scolaires: Vous allez taxer plus pour combler les 400 000 000 $ qu'il nous
manque.
M. Léonard: Mais vous êtes d'accord qu'en faisant
ça...
M. Savoie: Mais là, arriver et nous imposer
nous-mêmes une taxe additionnelle à la consommation qui ferait en
sorte qu'on ne serait plus concurrentiels? Vous avez parlé des zones
limitrophes. En ce qui concerne le linge, par exemple, lorsqu'on arrive et
qu'on dit qu'on s'en va avec nos montants, à ce moment-là, on a
la parité avec l'Ontario. Les montants sont pareils. Arriver et taxer un
petit peu plus, bien là, on n'est plus à égalité.
Là, vraiment, on commence à se tirer dans les pieds. Je ne vois
pas l'efficacité d'une mesure comme ça. Je pense que ça va
intervenir d'une autre façon. Il y a d'autres façons qu'on peut
s'affirmer. Et ça ne me semble pas viable, donc, la proposition.
Ça ne me semble pas viable et, évidemment, la question se pose.
Et je pense que, comme ministre du Revenu, je dois exercer certaines fonctions,
mais comme député aussi.
Le Président (M. Gobé): Alors, un vote étant
appelé, nous allons, si vous êtes d'accord, suspendre les travaux
jusqu'après le vote afin que les parlementaires puissent se rendre en
Chambre exercer leur droit de vote. La commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 16 h 44)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Gobé): La commission du budget et
de l'administration reprend le cours normal de ses travaux et nous en
étions à la discussion de la motion de M. le député
de Pointe-aux-Trembles. Je passerai maintenant la parole, pour une
période de 10 minutes, à M. le député de Masson. M.
le député de Masson.
M. Yves Biais
M. Blais: Je vous remercie, M. le Président, mais
j'aimerais vous demander, vu qu'il y a eu une interruption d'une trentaine de
minutes, de nous rappeler la proposition qui est en cours, s'il vous
plaît, pour le bien de l'ensemble de la...
Le Président (M. Gobé): Certainement, avec grand
plaisir, M, le député. Alors, pour l'information des membres de
la commission...
Une voix:...
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. Je vais faire lecture de cette motion:
"Que, conformément aux dispositions de l'article 244 de nos
règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende la Chambre de commerce du Québec." M.
le député de Masson.
M. Blais: Je vous remercie beaucoup, M. le Président, de
nous avoir rappelé la motion avant mon droit de parole parce qu'à
cause de cette interruption... Vous savez bien que nous avons beaucoup de
charges et beaucoup de choses, on se promène dans plusieurs commissions
et, parfois, on oublie le fil de la discussion qui avait lieu. Je ne voudrais
pas que le fil excessivement tendu, rigide et raide que nous tenons ici depuis
quelques jours soit un peu atrophié par mon intrusion, n'étant
pas dans le corps du sujet, et je voudrais rester pertinent, selon ce que vous
nous demandez toujours. Moi, j'ai toujours eu un grand sens de la pertinence et
je voudrais absolument, même cette fois-ci, rester encore dans ce
décor de la pertinence et ma "verbalité", j'espère que
vous trouverez qu'elle tiendra compte vraiment de la pertinence parce qu'il n'y
a rien de plus important parmi un groupe de députés que de se
comprendre au départ et que la pertinence soit toujours ce qu'il y a de
plus préoccupant. Il y en a, des fois, qui parlent sur une motion et qui
parient de différentes choses sans s'en tenir au texte profond et
à la pertinence du débat. Alors, je tiens ici à vous dire:
Si jamais, M. le Président, vous voyez que je déroge à
cette pertinence, vous me rappellerez à l'ordre. Et personnellement,
à chaque fois que je verrai un des intervenants ici ne pas
être
pertinent dans ses discussions... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: ...je vous dis et je vous jure que je le
ramènerai à l'ordre, parce que le travail que nous faisons ici a
trop d'importance pour que nous divergions et que nous nous mettions à
errer dans toutes sortes...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: ...de routes qui nous conduisent à des
aboutissements et, très souvent, dans des culs-de-sac.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Nous avons ici absolument une orientation qui est de
regarder la TPS et chaque proposition qui est faite... Vous voyez, je me fais
le défenseur de la présidence avec toute la verve que vous me
connaissez. Alors, si jamais je dérogeais ne fusse qu'un tantinet, je
vous charge de me rappeler à l'ordre. Alors, ceci s'adresse aussi...
Le Président (M. Gobé): C'est bien, M. le
député. Ceci étant dit, je le ferai sans impertinence,
soyez-en sûr, et je vous demanderais de bien vouloir procéder sur
le fond de votre intervention qui est très attendue par l'ensemble des
membres de cette commission.
M. Blais: Oui, oui, mais seulement, je le disais pour moi, mais
j'espère que chacun des membres ici, autour de la table, pourra, dans un
geste de solidarité, s'exprimer sur ce sujet et dire que nous devrions
tous nous en tenir à la pertinence. Est-ce que j'ai le droit de demander
aux membres de la commission de s'en tenir à la pertinence du
débat?
Le Président (M. Gobé): Non, M. le
député. Je vous demanderais de procéder, s'il vous
plaît, à votre intervention sur la motion du député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Blais: Je suis un parlementaire... Le Président (M.
Gobé): Avec célérité.
M. Blais: Je suis un parlementaire et j'irai à la vitesse
que je veux. Bien sûr, vous ne pouvez pas m'imposer une
célérité et je parlerai à la vitesse que je
désire. Mais est-ce que vous avez le droit de me dire non et en vertu de
quel règlement? Je demande tout simplement que chacun des membres de
cette commission soit pertinent et dise qu'il le sera. Et selon quel
règlement pouvez-vous m'empêcher de demander la pertinence du
débat?
Le Président (M. Gobé): M. le député,
puisque vous en faites une question quasiment de règlement, je vous
répondrai qu'en fonction de notre règlement, à l'article
211, tout discours doit porter sur le sujet en discussion. Comme vous l'avez
gentiment demandé d'ailleurs, j'ai fait lecture de cette motion et,
actuellement, je vous demanderais donc de vous en tenir au fond et à
l'esprit de cette motion dans votre intervention, et donc de respecter
l'article 211 de notre règlement relatif à la pertinence du
débat. Si vous voulez, M. le député...
M. Blais: C'est exactement ce que je faisais. Je défendais
l'article 211, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Alors, je vous
encouragerais à procéder, M. le député...
M. Blais: ...et vous ne pouvez pas...
Le Président (M. Gobé): ...et à mettre en
application vos principes personnels en ce qui a trait à cet
article.
M. Blais: Je ne peux pas mettre en cause votre décision de
me dire de commencer à parler d'autre chose. Mais, en parlant d'autre
chose, vous me dites de ne pas être dans la pertinence parce que je
défendais la pertinence.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Alors, je ne sais pas sur quel pied danser, là.
Je défendais la pertinence...
Le Président (M. Gobé): M. le
député... M. Blais: ...du débat...
Le Président (M. Gobé): ...de Masson, s'il vous
plaît!
M. Blais: ...et vous me demandez de passer à autre
chose.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Alors, à quel sujet voulez-vous que je passe, M.
le Président?
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Masson, vous allez passer au sujet pour lequel vous êtes ici, à
la motion du député de Pointe-aux-Trembles qui, d'ailleurs, doit
se demander sur quelle pertinence vous parlez parce que vous n'avez pas encore
parlé une seule fois de sa motion. Alors, s'il vous plaît, je vous
demanderais de procéder à vos 10 minutes d'intervention sur la
motion, sinon je devrai considérer que vous n'avez pas d'intervention
à faire sur cette motion.
M. Blais: Ah mon Dieu! Vous êtes d'une grande
sévérité. Alors, je vais me plier à votre
décision. Mais vous voyez jusqu'à quel point mon sens du
professionnalisme de député était fort.
Le Président (M. Gobé): II est proverbial, M. le
député.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous
demandons ici de faire venir la Chambre de commerce, et pas n'importe laquelle,
la Chambre de commerce du Québec, parce que nous savons que ia Chambre
de commerce du Québec a une importance capitale: il y a 60 000 membres.
Je ne sais pas si le recherchiste m'a apporté la liste pour que je les
nomme, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: J'avais demandé à mon recherchiste de
m'apporter la liste afin que je les nomme pour dire exactement les
qualités de chacun. Et chacun des 60 000... J'aurais voulu vous dire ici
- c'est vrai que je n'ai pas beaucoup de temps pour le faire - sur chacun de
ces membres, quelles seraient leurs qualités pour venir nous
éclairer ici afin que nous puissions savoir. Alors, n'ayant pas cette
liste complète, je vais tout simplement me contenter de certaines
catégories des membres de la Chambre de commerce dont j'aurais
aimé qu'elles viennent nous éclairer.
Premièrement, lorsque cette loi a été
déposée à l'Assemblée nationale,
immédiatement après, le ministre a admis que cette loi
n'était pas complète et n'avait pas été
dûment "réfléchie" parce que, sous les pressions des gens
du livre, il a décidé de former un comité pour
étudier le bien-fondé de sa loi. Et, après avoir
étudié le bien-fondé de sa loi - une de ses parties - il a
décidé, selon les recommandations de son comité, qui est
un comité "triféminin" composé de trois femmes qui avaient
déjà été ministres des Affaires culturelles, dont
Mme la vice-première ministre elle-même, Mme Frulla-Hébert
et l'autre, c'était quoi, son nom?
Une voix: La ministre de l'Enseignement supérieur.
Une voix: Mme Robillard. M. Blais: Mme Robillard.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
pourriez-vous appeler les membres par leur nom de fonction - Mme la ministre de
- ...
M. Blais: Bien oui, Mme...
Le Président (M. Gobé): ...et non par leur nom
personnel, s'il vous plaît...
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): ...tel que la coutume le
veut en cette Chambre?
M. Blais: Question de règlement, M. le Président.
Je veux nommer trois ministres femmes qui ont été ministres des
Affaires culturelles. De quelle façon voulez-vous que je les
distingue?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Continuez, M. le
député de Masson.
M. Blais: Non, mais je vous demande une question. Je veux me
conformer à votre demande et de quelle façon.
Le Président (M. Gobé): M. le député,
par le nom de leur comté. Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys, Mme la députée de Chomedey pour la
vice-première ministre...
M. Blais: Et madame, l'autre que je ne peux pas nommer, elle
était de quel comté? Et madame d'un comté inconnu qui
était ministre. Voilà! Alors, on va s'en tirer comme ça,
M. le Président, pour le bien de la commission.
Le Président (M. Gobé): Je pense que, si vous
nommez des gens de cette Chambre, vous devez connaître le nom de leur
comté.
Une voix: Chambly, je pense.
Le Président (M. Gobé): Chambly, oui.
M. Blais: Alors, voici ces trois dames, trois anciennes ministres
des Affaires culturelles, une actuelle et deux passées, et une
dépassée aussi dans les trois. Et M. le ministre des Finances,
qui est le "diseur de bonne aventure", a tiré ses cartes du jeu en nous
disant: "Ce que femme veut Dieu le veut." Alors, il a acquiescé à
enlever la taxe de 7 % sur les livres. Cependant, on lui a demandé en
sous-question... Et ça, M. le Président, je sais que vous en avez
souvenance, je sais que vous êtes tout ouïe et tout tympan lorsque
nous partons en Chambre. Je sais que votre tympan a vibré lorsqu'on a
dit: Les périodiques, les journaux locaux, les cartes de Noël - que
plusieurs d'entre nous signons actuellement - etc., ne seront pas
exemptés. Et là il a dit qu'il envisageait encore de former un
autre comité pour voir s'il devait exempter les autres publications.
C'est donc dire qu'il y a une imperfection. Dans la Chambre de commerce, il y a
des imprimeurs, il y a des gens qui sont propriétaires de journaux, deux
catégories de gens de la Chambre de commerce - vu que je n'ai pas la
liste des noms pour les nommer - que j'aurais aimé voir ici et qui
auraient pu venir
nous dire leur opinion là-dessus pour aider le comité du
ministre des Finances qui est le "diseur de bonne aventure". Bon,
voilà!
Il y a aussi une autre chose. Il y a aussi un comité qui a
été formé du député de... Morin Heights,
dans quel comté c'est? Le ministre des Affaires municipales, là?
Le ministre des Affaires municipales d'Argenteuil a formé un autre
comité pour discuter avec les municipalités des charges que les
municipalités devront prendre dans le futur à cause, justement,
de cette TPS, parce que les municipalités ont une taxe d'amusement ou de
loisir de 10 %. Bon! Dans les salles de spectacle et les salles de loisir, ce
sont des gens qui ont des commerces et qui font partie des 60 000 membres de la
Chambre de commerce. Ces gens-là auraient pu venir nous dire ici, M. le
ministre, de quelle façon ils entrevoient une entente avec les
municipalités, de sorte que les spectacles culturels, autant que les
spectacles de sport, de loisir et d'amusement en général, ne
subissent pas une taxe de près de 26 % à l'entrée,
à compter du 1er janvier 1992. C'est une chose à
considérer. Et la Chambre de commerce aurait certainement
été une lanterne, à ce sujet-là, pour
éclairer nos cerveaux. (17 h 15)
M. le Président, on vient de passer aussi une loi sur l'AQVIR,
qui fusionne la SDI... Une demi-minute? C'est déjà fini? Bon, et
c'est malheureux que les deux fusionnent. Je venais justement de
découvrir avec quelqu'un, dans mon comté, une espèce de
contrôleur de compréhension des cerveaux et, vu que l'AQVIR vient
d'être éliminée et abolie, je ne pourrai pas la
présenter. On aurait ainsi tous compris facilement que, par cette
taxe-là, on retire 362 000 000 $ de trop, et j'aurais bien aimé
pouvoir présenter cette invention...
Mais vu que mon temps est terminé, j'aurais une nouvelle
proposition à présenter, M. le Président, une motion:
"Que, conformément aux dispositions de l'article 244 de nos
règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende le Conseil du patronat du
Québec".
Une voix: Oui, certainement.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Masson. Sauf que, avant de proposer votre motion et que
je la juge recevable, nous devons disposer de celle qui est actuellement devant
nous, celle du député de Pointe-aux-Trembles, et quelqu'un qui
connaît le règlement comme vous doit bien comprendre ça, je
l'espère.
M. Blais: Mais je ne voulais pas que mes 10 minutes soient finies
et que vous ne me donniez pas l'opportunité de la présenter.
Le Président (M. Gobé): Mais, M. le
député de Masson, vous avez pu remarquer que la présidence
est assez libérale en ce qui concerne...
M. Blais: J'ai vu ça au tout début, sur la
pertinence.
Le Président (M. Gobé): ...la fin des interventions
et je n'ai pas l'intention de bâillonner qui que ce soit à cette
commission, dans le respect du bon sens. Donc, votre motion, actuellement,
n'est pas proposée.
M. Blais: Je vais attendre le vote pour la proposer.
Le Président (M. Gobé): C'est cela. M. le ministre,
avez-vous des interventions? Tout le monde a fini? Alors, je mets donc aux voix
la motion du député de Pointe-aux-Trembles. Alors, je vais vous
la lire: "Que, conformément aux dispositions de l'article 244 de nos
règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende la Chambre de commerce du Québec." M.
le secrétaire, voulez-vous appeler le vote, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)?
Mme Caron: Pour
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamas-ka)?
M. Richard: Contre M. le Président. Le
Secrétaire: Et M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: Contre: 4
Pour: 3
Le Président (M. Gobé): Donc, la motion est
rejetée.
M. Blais: M. le Président, une question de directive, s'il
vous plaît.
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Blais: Vu que de notre côté nous avons
expliqué pourquoi nous étions pour, est-ce que les gens du
côté ministériel sont obligés, selon les traditions
parlementaires, de justifier pourquoi ils sont contre?
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi. Avant, je vais
quand même terminer, s'il vous plaît. La motion est donc
rejetée par trois votes pour et quatre contre. Donc, cette motion est
maintenant rejetée. En ce qui concerne votre question de directive, M.
le député de Masson, vous me permettrez...
M. Blais: Vu que de notre côté nous avons...
Le Président (M. Gobé): ...de ne pas pouvoir vous
répondre à cette question.
M. Blais: Pardon?
Le Président (M. Gobé): Vous me permettrez de ne
pas pouvoir répondre à cette question. Je crois que vous aviez
une motion à déposer, M. le député, et je vous
demanderais donc de la déposer maintenant.
M. Blais: Question de directive, M. le Président. Question
de directive avant. De notre côté, nous avons justifié
pourquoi nous étions pour cette motion. Est-ce que les
députés du côté ministériel, en votant
contre, sont obligés, selon nos traditions parlementaires, de nous dire
pourquoi ils sont contre?
Le Président (M. Gobé): Alors, si je comprends
bien, vous venez de demander à la présidence de demander aux
députés ministériels d'expliquer pourquoi ils sont contre.
Mais je crois que chacun s'est fait entendre sur cette motion, dans les limites
du temps de parole. M. le ministre lui-même a beaucoup
expliqué.
M. Savoie: J'ai expliqué autant comme autant pourquoi on
était contre, mais vous comprendrez, M. le député, que,
selon vos propres aveux, nous sommes en "filibuster". Étant donné
qu'on est en "filibuster", évidemment, compte tenu du fait qu'on juge
que la sincérité manque de votre côté, on ne voit
pas pourquoi on mettrait de la sincérité de notre
côté en répondant aux différentes...
Le Président (M. Gobé): D'autant plus, M. le
ministre, que...
M. Savoie: Oui, je vais terminer, si vous me permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Oui, s'il vous plaît,
parce que...
M. Savoie: Je tiendrais à souligner que nous avons ici une
liste des organismes exigeant du gouvernement du Québec l'harmonisation
de la taxe provinciale et l'administration conjointe des deux taxes. Dans cette
liste-là se trouve la Chambre de commerce du Québec; dans cette
liste-là se trouve le Conseil du patronat du Québec; dans cette
liste-là se trouve la Fédération canadienne des
entreprises indépendantes.
Une voix: Faites qu'on les entende.
M. Savoie: Oui, oui. C'est-à-dire qu'ils ont
été entendus et ils ont présenté leur point de vue
et c'est ce que j'ai expliqué. J'ai expliqué que moi je suis
d'accord pour passer à cette étape-là. Si vous voulez,
lorsque nous allons faire d'autres choses qu'apporter des modifications
à la taxe de vente du Québec, lorsque nous allons étendre,
par exemple, la taxe de vente aux services, là, je crois, il y aura
motif pour s'embarquer dans cette démarche-là et je suis
disponible.
M. Bourdon: Si je comprends bien, 300 000 000 $ plus tard, on va
savoir pourquoi.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Pointe-aux-Trembles, nous avons voté cette
motion. Cette motion a été rejetée. Le débat est
donc clos sur cette motion.
M. Savoie: Alors, j'ai donc expliqué pourquoi.
Le Président (M. Gobé): Et, M. le ministre, je vous
remercie. Je rappellerai au député de Masson qu'en vertu de
l'article 227, suite à sa question, à savoir si les
députés de l'autre côté pouvaient expliquer le
pourquoi de leur vote, lors d'un vote, les députés n'ont pas
à prendre la parole sauf pour faire appel au règlement. Donc, ils
ne pouvaient pas exprimer autre chose que oui ou non. Alors, ceci étant
dit, vous avez maintenant la parole, car vous avez demandé la parole
tout à l'heure pour présenter une motion.
M. Blais: Pour faire une motion.
Le Président (M. Gobé): Pourriez-vous nous en faire
lecture, s'il vous plaît?
M. Blais: Je vous en remercie, M. le Président. Je vois
que vous êtes expéditif et, sur ce, je vous en félicite
parce que nous voulons que les choses marchent rondement. Je tiens à
vous féliciter pour la célérité que vous voulez
mettre à cette commission et c'est tout à votre honneur, M. le
Président, et c'est à l'honneur des parlementaires qui entourent
cette table. Là-dessus, je me dois de vous féliciter, M. le
Président. Alors, tout ce qui se dit vite, normalement, se
conçoit bien et se dit vivement et les mots pour le dire arrivent
aisément, comme disait Boileau, et je vous félicite
là-dessus.
Motion proposant d'entendre le Conseil du patronat du
Québec
Voici ma motion, M. le Président: "Que, conformément aux
dispositions de l'article 244 de nos règles de procédure, la
commission du budget et de l'administration tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la
Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal, des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende le Conseil du
patronat du Québec."
Une voix: Ça va passer, ça.
M. Biais: Et j'aimerais savoir de votre part, M. le
Président, si cette motion est recevable et si la recevabilité
est discutable.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce que je
pourrais avoir copie de votre motion, M. le député? Vous l'avez
ici.
M. Blais: Est-ce que j'y vais pedibus cum jambis ou si vous avez
un commissionnaire qui vient la chercher?
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Masson!
M. Blais: Je vous demande si je vais vous la porter pedibus cum
jambis ou si quelqu'un vient la chercher.
Une voix: II l'a, il l'a déjà.
Le Président (M. Gobé): Alors, votre motion est, en
fonction de notre règlement, recevable, car, en effet, avant
d'entreprendre l'étude détaillée d'un projet de loi, une
commission peut décider de tenir des consultations particulières
dans le cadre de son mandat. Donc, votre motion étant recevable, je vous
demanderais, comme proposeur, de bien vouloir prendre la parole pour une
période de 30 minutes.
M. Blais: Et ceci, je vous en remercie.
Parce que le proposeur, M. le Président, selon le
règlement, a droit à 30 minutes. C'est ça?
Le Président (M. Gobé): C'est exact, M. le
député, et le côté ministériel a droit, lui
aussi, à 30 minutes. Chacun des intervenants par la suite a droit
à 10 minutes en respectant la règle de l'alternance.
M. Blais: Alors, comme proposeur, je vais essayer de parler 30
minutes sur ce sujet, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Nous sommes tout
ouïe.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: II n'est pas nécessaire d'espérer pour
entreprendre, de réussir pour persévérer...
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, je vais d'abord me servir des
paroles du ministre qui dit qu'il a en main une liste d'associations, qui dit
qu'elles sont en faveur de l'harmonisation de la taxe fédérale
avec la taxe du Québec, de la taxe du Québec avec la taxe du
fédéral.
M. Savoie: Je vais tout simplement préciser...
Le Président (M. Gobé): Non, M. le ministre, s'il
vous plaît! Le député de Masson a la parole, je vous
demanderais de respecter son droit de parole.
M. Blais: Je lui permets.
Le Président (M. Gobé): Non, non, M. le
député, à moins qu'il y ait consentement.
M. Blais: Consentement.
Le Président (M. Gobé): Alors, il y a consentement.
M. le ministre, vous pouvez intervenir.
M. Savoie: Merci.
M. Blais: J'espère que ça ne prend pas mon temps de
parole.
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est sur votre temps
de parole, bien entendu, M. le député de Masson.
M. Blais: Alors, je refuse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Je refuse.
Le Président (M. Gobé): Bien entendu.
M. Blais: M. le Président, je refuse mon consentement
parce que ce que j'ai à dire, je n'ai qu'une demi-heure et c'est d'une
importance capitale.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le ministre,
malheureusement, vous n'avez pas le consentement de cette commission. M. le
député de Masson, si vous voulez continuer.
M. Blais: M. le ministre, j'essaie de vous paraphraser et
j'essaie d'être le plus clair possible. Il y a beaucoup d'associations
qui étaient d'accord pour /'harmonisation, qui étaient d'accord
pour que la taxe du Québec et celle d'Ottawa soient sur un pied
d'égalité. Il fait encore non. Alors, comment faire dire oui
à quelqu'un qui n'a pas participé, qui, en 1837, les
résolutions de... ne les avait jamais lues... Selon ce que vous dites,
le Conseil du patronat est d'accord avec la nouvelle loi 89. Est-ce que
là vous diriez oui? Juste à opiner du bonnet.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: On parle d'une liste des organismes ayant
réclamé du gouvernement...
M. Blais: Ah, c'est encore plus fort!
M. Savoie: ...réclamé du gouvernement
l'harmonisation de la taxe provinciale.
M. Blais: Ah bon! Écoutez, je vous disais: Qui sont
d'accord. Ils réclament l'harmonisation.
M. Savoie: Ils réclament.
M. Blais: Bon! Et c'est sur ce point que je veux vous prendre
à votre propre jeu. Ils réclament une harmonisation et le Conseil
du patronat vous dit clairement, dans sa déclaration... par leurs
représentants, ils ont réclamé l'harmonisation, mais vous
ne l'avez pas faite. Voilà à quoi je voulais en venir. Vous ne
l'avez pas faite. Et voici la manchette que vous avez certainement lue dans nos
journaux: "Le milieu des affaires n'aime pas que Levesque se sucre le bec au
passage." Donc, la réclamation, c'est encore plus fort que la demande.
La réclamation qu'ils vous ont faite, à vous, votre ministre des
Finances, d'une autre main, ne l'a pas faite, cette réclamation, il est
allé plus loin que la réclamation de l'harmonisation. Il se sucre
le bec en passant.
Je vais vous lire quelques extraits de leur déclaration afin que
vous comprenassiez ce que je veux dire. "Les milieux d'affaires ont applaudi
hier l'effort d'harmonisation de la taxe sur les produits et services, la TPS,
annoncé un peu plus tôt par le ministre des Finances du
Québec, M. Gérard D. Levesque, mais non sans vivement critiquer
la hausse du fardeau fiscal du même coup imposé." Je ne vous
dérange pas trop, M. le Président?
Le Président (M. Gobé): Continuez, M. le
député.
M. Blais: Très, très bien.
Le Président (M. Gobé): Nous parlons de
régie interne, ce qui concerne les interventions de la commission.
M. Blais: On peut demander une suspension?
Le Président (M. Gobé): Non, non, allez-y, je vous
en prie.
M. Blais: La transformation de la taxe de vente provinciale en
TPS est un point très positif, disent les gens que vous avez
nommés il n'y a pas longtemps et dont nous réclamons la
présence ici. Que Québec soit le seul agent pour percevoir la TPS
provinciale et fédérale, c'est aussi un plus, selon eux. Mais que
le ministre profite de là transformation du système pour se
sucrer le bec, c'est déplorable. C'est donc dire que, de facto, si vous
nous dites en préambule et en tête de chapitre, avant la
discussion que nous avons de faire venir ici le Conseil du patronat qui vous a
demandé, à vous, de façon spécifique... Ils ont
réclamé que vous accordiez, que vous harmonisiez. Eh bien, vous
n'avez pas répondu à leur demande. Ne vous demandez pas pourquoi
nous tenons à ce qu'ils viennent. Vous n'avez pas répondu
à leur demande. Pourquoi? Parce qu'ils disent que le ministre des
Finances, en même temps, se sucre le bec. Ça veut dire qu'il fait
une surcharge de taxes aux consommateurs dans l'harmonisation.
M. Ghislain Dufour, président du Conseil du patronat, je pense
que c'est une personne que, de votre côté, vous connaissez
très bien. Il vous a demandé de faire cuire un petit pain
d'harmonisation, vous avez un peu trop pétri la pâte, le pain a
levé un peu trop haut et, aujourd'hui, vous êtes dans le
pétrin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: M. Ghislain Dufour, président du Conseil du
patronat, rappelle que son organisme suggérait un taux de 6 % pour la
nouvelle TPS québécoise, ce qui, compte tenu de
l'élargissement de l'assiette... Écoutez bien, là! Nous
avions une soucoupe fiscale, vous avez décidé d'en faire un plat,
une assiette énorme, un plat à homards, 362 000 000 $, plus de
contenu dans
l'assiette. Nous avions une soucoupe qui contenait 362 000 000 $ de
moins. Mais vous savez, 362 000 000 $, ça prend une assiette un tantinet
plus large. C'est le moins que nous puissions dire. Son organisme
suggérait un taux de 6 % et, à 6 %, l'harmonisation qu'il
rédamait de votre part aurait été la vraie harmonisation
à faire. (17 h 30)
Alors, vu qu'il y a contradiction entre leur réclamation et la
loi 89 qui est déposée, nous croyons justifié de venir ici
pour que, pas de notre côté, nous les avons compris et nous
approuvons... C'est tout de même le monde un peu à l'envers, M. le
Président, de voir que le PQ, pas dans la Commission constitutionnelle
actuellement, mais du côté taxation pour les consommateurs,
s'accorde avec M. Dufour. Et c'est un plus de notre part cette fois-ci.
M. Ghislain Dufour, président du Conseil du patronat, rappelle
que son organisme suggérait un taux de 6 % pour la nouvelle TPS
québécoise, ce qui, compte tenu de l'élargissement de
l'assiette de biens et de services et de taxes, devrait produire les
mêmes entrées de fonds que l'actuelle taxe de vente. Et je crois
que cet homme, du côté calcul à cause du poste qu'il
occupe, est un homme d'une grande crédibilité. Je ne parle pas du
côté des idées constitutionnelles, ça, ça n'a
rien à voir avec le calcul des chiffres. On peut savoir bien compter et
avoir une position constitutionnelle et savoir mal compter et avoir une
position constitutionnelle différente, et les deux, et vice versa, et
surtout "vice" vers lui.
Cela devrait produire les mêmes entrées de fonds. À
7 %, souligne-t-il, c'est très près de 1 000 000 000 $
additionnels que va puiser le ministre dans les poches des contribuables. Nous,
nous ne parlons que de trois ans et lui, quand il parie du milliard, il parle
d'une projection quinquennale. Quinquennal, ça veut dire quinquennal. M.
Dufour dit également son désaccord avec le fait que le
gouvernement profite de cette réforme pour aller chercher plus ou moins
300 000 000 $. On a fait le calcul et nous avons le responsable du dossier avec
nous ici qui a fait un calcul, et le calcul est exactement de 362 000 000
$.
M. le Président, j'aimerais essayer de faire ouvrir les pupilles
du ministre...
Le Président (M. Gobé): M. le député,
s'il vous plaît! Le ministre a les pupilles très ouvertes.
M. Blais: Savez-vous, vous êtes presque impertinent, vous?
Je n'ai pas fini ma phrase. Laissez-moi finir ma phrase. J'aimerais faire
ouvrir les pupilles et l'iris un peu plus grand, venir les yeux grands comme un
trente-sous, c'est ce que je voulais dire. Il n'y a rien d'antiparlementaire
là-dedans. Il est possible - et là je vais aller très loin
- que ce soit faux que vous n'alliez pas chercher les 362 000 000 $ que nous
comptons. C'est possible. Pourquoi? Parce que la crise et la récession
dans lesquelles nous sommes plongés, qui est de moins 0,5 % actuellement
- ce n'est pas énorme encore, c'est une petite crisette là.
N'oubliez pas celle de 1981-1982 qui était de moins 5,3 %, ça
veut dire à peu près 11 fois plus forte - si la crise va dans une
dèche et dans un précipice plus bas que prévu, la
consommation sera d'autant diminuée et, là, le calcul que nous
considérons comme faux s'avérerait peut-être réel,
mais les chiffres de base de la crise que vous prenez pour les revenus de
consommation nous donnent 362 000 000 $ actuellement. Je souhaite que ce soient
nous qui ayons raison et que la crise ne sort pas à ce point forte pour
vous donner raison au bout de la ligne parce qu'il y aura eu moins de
consommation, donc moins de revenus.
M. Dufour, du Conseil du patronat, partage notre idée à ce
sujet-là, il pense que la crise va se tenir à peu près
comme elle est là, va se prolonger de quelques mois encore et donnera
362 000 000 $ de plus pour sucrer le bec au ministre des Finances, comme il
dit. Je n'oserais pas dire ça, moi, parce que je sais qu'il a du
diabète et qu'il ne mange pas beaucoup de sucre. 300 000 000 $ chez les
entreprises surtout en 1992, notamment en augmentant de 3,45 $ à 3,75 $
la taxe de la masse salariale destinée au financement des services de
santé. Le CPQ juge cette taxe très régressive et
pénalisante pour les industries qui comptent beaucoup de travailleurs
comme celles de l'alimentation. M. le Président, j'ai vraiment de votre
côté des grands complices là-dessus. Il y en a qui
m'écoutent avec une attention, ils sont rivés sur mes paroles
comme si mes paroles étaient visibles, et ils semblent les boire comme
un bon café. Je ne sais pas si quelqu'un peut aller m'en chercher un,
j'en prendrais un.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît,
continuez votre intervention sur le sujet.
Une voix: Impertinence.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! M.
le député de Masson, vous avez la parole.
M. Blais: C'est ça que je croyais, mais vous l'avez prise
et je n'ai pas aimé ça.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député!
M. Blais: On est d'accord avec le principe que le
président peut nous rappeler à l'ordre, dit-il dans son
exposé, le président, M. Dufour, président du Conseil du
Patronat, et M. Dufour est un type qui rappelle à l'ordre quand il y a
justification. Ça s'applique à toutes les présidences,
selon lui, parce que je le connais intimement. Et quand on discute de choses
aussi
importantes que 362 000 000 $ sur un côté ou sur l'autre,
il est sûr que l'intervention de ce président est beaucoup plus
importante que l'intervention de n'importe quel autre président qui
pourrait venir parler ici à cette table, c'est bien sûr. Je ne
fais allusion à aucune présidence en disant ça, mais je
dis ça en général.
M. le Président, je suis désolé d'être
obligé d'insister de cette façon parce qu'à
l'Assemblée nationale nous sommes 29 députés, nous avons,
à tour de rôle, pris 20 minutes pour essayer d'expliquer notre
opposition, que nous ne pouvions pas, comme protecteurs des citoyens et des
citoyennes, permettre que sous prétexte d'une harmonisation on aille
chercher 362 000 000 $ de plus dans les goussets des gens qui sont en crise
économique. Nous avons, en plus, fait une motion de report et pris
encore, chacun d'entre nous, un autre 10 minutes pour essayer que le ministre
des Finances comprenne que se sucrer le bec au passage n'était pas, dans
un contexte de récession, faible, mais période de
récession, une bonne chose ni pour le gouvernement ni pour sa
popularité, parce que nous ne faisons pas de choses partisanes ici. Nous
aimerions que le gouvernement mette ça à 6 % et aille chercher
exactement le même montant pour que ses cotes dans les sondages
remontent. C'est de grandeur d'âme que nous vous disons ça. Vous
voyez que c'est pour protéger les citoyens et non pas par partisanerie
que nous y allons. Mais il semblerait que le mur de la réception est
inébranlable. On croyait cependant et on croit encore que, comme le mur
de Berlin, à force de répéter que c'est un mur qui ne doit
pas être là, le mur de la compréhension des
consommateurs... Nous insistons et nous allons insister jusqu'à la
dernière minute, M. le Président, pour que nous ayons des
éclairages afin que le ministre... Ce n'est pas le ministre du Revenu;
en fait, c'est le ministre des Finances qui impose 7 % et le ministre du Revenu
est obligé de l'appliquer. Et je sais que dans sa personne, dans son
être, il le sait. Il nous dit que le ministre des Finances lui a
prouvé qu'il en avait besoin de ces 362 000 000 $
supplémentaires. Mais, M. le Président, il me semble que, dans un
effort de compréhension, on devrait ensemble même arrêter
cette commission parlementaire tout de go, signer ensemble une pétition
et aller la présenter au ministre des Finances...
Une voix: Comme sur le livre.
M. Blais: Voyez-vous, nous sommes une dizaine, une douzaine de
députés ici à dire que le poids de 12
députés élus pourrait avoir au moins l'équivalent
de la force des trois ministres des Affaires culturelles femmes qui ont fait
céder le ministre des Finances sur la taxe sur le livre. J'ai
l'impression que nous représentons un nombre important de citoyens et de
citoyennes. Je vois le député de Deux-Montagnes, qui est un des
grands comtés du Québec, et lui, il pourrait faire signer
même dans son comté une pétition demandant que le patronat
vienne aussi nous expliquer que la taxe est trop forte, j'en suis
persuadé. Je vois l'homonyme du plus grand joueur de hockey que le
Québec ait connu. Ici, je ne peux pas vous nommer par votre nom, mais je
peux parler de votre homonyme; vous êtes le député de
Nicolet. Je suis persuadé que, dans votre comté, il serait...
Même il ferait une réunion du patronat dans votre comté
avec vous comme conférencier pour expliquer la chose, j'en suis
persuadé, je suis persuadé. À quelle auberge?
Une voix: À l'auberge Godefroy.
M. Blais: À l'auberge Godefroy, M. le Président.
À l'auberge Godefroy en plus. Je ne connais pas beaucoup l'auberge
Godefroy; moi, je vais toujours à la taverne dans votre comté. En
tout cas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Et je suis persuadé que M. le
député de Prévost ferait venir le Conseil du patronat et
lui, il ajouterait l'UPA à cause de ses racines. Il ajouterait l'UPA et
je suis persuadé que, pour une fois, les deux ensemble concocteraient
une résolution, pour présenter à cette commission, pour
que le ministre des Finances, qui se sucre le bec pour 362 000 000 $... Mais le
pauvre, il va avoir le diabète, il va avoir le diabète, ce que je
ne le lui souhaite pas. Je ne lui souhaite pas, M. le Président. Dans le
Conseil du patronat, il y a M. Dufour, il y en a d'autres, il y a beaucoup de
monde dans le Conseil du patronat. Il y a des gens comme M. Le Hir,
vice-président de l'Association des manufacturiers canadiens, du
Québec, qui est un ami intime, qui viendrait probablement comme
conseiller de M. Dufour ici et lui, M. Le Hir, trouve ça
déplorable, injustifié, inadmissible et il ne peut pas comprendre
pourquoi, dans sa présentation, le ministre des Finances a dit: C'est
une harmonisation, il n'y aura aucune taxe supplémentaire de
perçue. C'est surtout ce côté-là. Personnellement,
je me suis fait convaincre de regarder si c'était bien ça parce
qu'on soutient de l'autre côté qu'ils recevront 19 000 000 $ de
moins en trois ans. Je me suis fait convaincre du contraire. Comme le ministre
a dit tantôt que lui s'est fait convaincre que c'était 19 000 000
$ de moins. Mais moi, je me suis fait convaincre du contraire. Et vu que j'ai
derrière moi... j'ai toujours été président de
compagnie, moi, j'ai toujours été en affaires avant d'être
député, j'avais un bon salaire avant de venir ici, ça
allait bien mes affaires et j'étais dans le comité du patronat,
je faisais des affaires assez bonnes, M. le Président. Vous êtes
déjà venu même chez nous à différentes
reprises, je me souviens...
Le Président (M. Gobé): C'est vrai.
M. Blais:... de vous avoir vu et vous connaissez, vous pouvez
vous vanter de connaître au moins un certain patron qui défend
ici, qui n'est plus dans le comité du patronat, mais vous m'avez connu
comme patron et, si j'étais encore patron, je viendrais avec eux
défendre. Aujourd'hui, c'est sûr qu'ils ne me prennent pas comme
patron, mais, un synonyme, comme modèle. Alors, Ils viendraient pour
écouter ce que je dis et je suis persuadé, M. le
Président, je suis persuadé, j'en ai la conviction profonde,
à moins que vous soyez zoïle sur les expressions que j'ai, il est
possible... Il y a toujours des gens qui écoutent parler certaines
personnes et deviennent zoïles. Il ne faut pas. Il ne faut pas être
zoïle. Je vous accusais d'avoir une philosophie tautochrone tantôt,
mais entre le "tautochronisme" et le "zoïlisme" il y a une grande
différence. Et le comité du patronat l'a compris. Le
comité du patronat l'a compris. M. le Président, je crois que M.
Dufour en tête pourrait se faire remplacer à la commission
Campeau, ça ne ferait que rendre service aux Québécois, et
venir ici à la commission; il pourrait même amener M. Ouellet
comme conseiller aussi et venir nous dire - et pas nous dire à nous,
parce que nous sommes de son avis - venir vous dire que même les cartes
que vous signez actuellement seront taxées et que c'est impardonnable.
Il n'y a que les livres qui vont être exemptés. Tous les
imprimés, les publications, les journaux ne sont pas exemptés.
Nos journaux régionaux qui sont donnés à la population
vont être taxés. (17 h 45)
M. Savoie: C'est gouvernemental. Ça ne sera jamais
taxé, c'est gouvernemental.
M. Blais: Pardon?
M. Savoie: C'est gouvernemental.
M. Blais: Le gouvernement ne paie pas de taxes? On en paie aux
municipalités. Nos "en lieu" de taxes aux municipalités, on les
paie.
M. Savoie: C'est une taxe à la consommation.
M. Blais: Oui, mais le journal que l'on va donner dans nos
comtés, vous en avez dans votre comté, le Flambeau de
Val-d'or ou je ne sais pas quoi. Comment ça s'appelle?
M. Savoie: L'écho.
M. Blais: L'écho de Vai-d'Or...
M. Savoie: Non, l'Écho de la région.
M. Blais: La Frontière de Rouyn, c'est donné, c'est
donné. Ils vont payer une taxe. Ça, c'est
incompréhensible. Un journal que l'on donne, on va payer une taxe de 7
%. On le donne. Alors, ils vont aller le chercher encore dans la
publicité. Les autres médias d'information vont avoir autant
de... On vient de fermer des stations de Radio-Canada, on en a fermé
cinq de Radio-Québec depuis 1985. Il va y avoir encore moins de
réclames publicitaires dans ces autres médias, parce que ces
médias écrits, visuels ou parlés se partagent le
même lot d'annonceurs et d'industriels ou de magasins ou de
détaillants qui vendent à la population.
Alors, si nos journaux locaux donnés où, très
souvent, ils nous rendent honneur, et je suis persuadé que le... Je ne
sais pas si c'est Le Flambeau ou Le Tournevis de Val-d'Or qui
publie votre photo très souvent, mais si, pour publier votre photo, il
est obligé de payer 7 % pour que les gens vous voient, voient le reflet
de vos réactions dans le journal, je crois que, comme ministre du
Revenu, c'est abuser des gens. Il me reste combien de temps, M. le
Président? Je ne voudrais pas dépasser.
Le Président (M. Gobé): Je m'en informe, M. le
député. Il vous reste exactement six minutes.
M. Savoie: Ne t'inquiète pas, on surveille, on
surveille.
M. Blais: Mon Dieu que ça passe vite, c'est incroyable.
Alors, le Conseil du patronat, c'est bien sûr, c'est sûr qu'il
devrait venir ici pour absolument vous convaincre, vous, parce que, nous, nous
partageons exactement la même théorie. Et même si j'ai
toujours été patron toute ma vie avant d'être
député, il n'y a rien de plus contraire d'un patron qu'un
député. Un député, c'est un type qui exécute
les ordres et qui obéit, autant à sa population qu'à son
chef ou qu'à son leader ou qu'à son whip ou qu'à son
assistant-whip ou son responsable de dossier ou l'orientateur" ou des gens de
la commission ou des présidents de commission. On n'est que soumis.
Alors, c'est tout le contraire.
Mais j'ai toujours été, avant, patron et, en tant que
patron, je ne partageais que très, très, très rarement les
idées du Conseil du patronat parce que je les trouvais trop à
droite et trop maladroits. Moi, je suis mieux vers la gauche un petit peu.
Mais, pour une fois que le Conseil du patronat vient défendre les
consommateurs, c'est presque historique, M. le Président, c'est presque
historique. Le Conseil du patronat vient défendre les consommateurs, je
pense que c'est à écrire dans nos annales. Si jamais, M. le
député de Deux-Montagnes, vous écrivez vos
mémoires, vous pourrez dire: J'ai eu l'honneur, avec quelques
députés, d'assister à une position du Conseil du patronat
qui a défendu le consommateur ce 6 décembre 1990 et il y avait un
parti
de l'Opposition, qui s'appelait le Parti québécois, et il
y avait un député, qui s'appelait le député de
Masson, et, devant ce fait historique, avaient réclamé que les
responsables du Conseil du patronat qui, de façon historique,
défendaient les consommateurs, avaient demandé au parti
ministériel d'accepter de les recevoir pour éclairer la lanterne
de tous ceux qui sont ici et, d'après ce que je subodore, je n'en suis
pas sûr, mais je subodore que, si nous prenons le vote là-dessus,
nous allons être minoritaires. Et, dans vos mémoires, il faudra
que vous vous rappelassiez cette phrase: Si je suis pour le consommateur, je
dois le faire paraître et, si je ne le suis pas, il faudrait que je
devienne à l'être, absolument. Une petite rime facile, mais que le
Conseil du patronat aimerait beaucoup. Alors, M. le Président, je ne
veux pas abuser du temps de la commission...
Le Président (M. Gobé): II vous reste trois minutes
encore, M. le député.
M. Blais: ...parce que le temps presse.
Le Président (M. Gobé): Non, vous avez trois
minutes encore. Ah oui!
M. Blais: Oui, oui, oui, oui. Alors, concernant l'harmonisation
de la TPS, que soutient le comité du patronat, qui devrait être
à 6 %, ils sont allés se chercher des alliés et plusieurs
alliés et ils nous faisaient remarquer que, selon la FCEI de l'Ontario,
l'Ontario n'aura pas d'autre choix que d'emboîter le pas à ce que
le Québec a fait pour que les consommateurs paient moins en
général un peu partout.
Alors, en conclusion, M. le Président, j'aimerais dire: Cette
taxe pourrait être une taxe juste pour les consommateurs, pour les
Québécois et les Québécoises; elle devrait
être à 6 %, selon le patronat. Elle pourrait, selon nous, rester
à 7 %, selon moi en tout cas, rester à 7 %, mais en exemptant
certains produits culturels, de loisir, certains produits essentiels dont la
classe la plus indigente a besoin; la laisser à 7 % et, là, les
362 000 000 $ de plus que nous allons chercher par cette taxe à 7 % en
exemptant certaines catégories, ramener ça à
l'harmonisation réelle et, si on peut parler d'harmonisation, les
instruments des deux côtés de la table seraient en harmonie, nous
jouerions la même pièce et nous arriverions à un air que
tous les gens du Québec chanteraient autour du sapin de Noël comme
un alléluia à la compréhension et à la justice. Et
sur ça, M. le Président, je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Gobé): Merci beaucoup, M. le
député de Masson. Vous êtes exactement dans le temps.
Ça fait 30 minutes que vous parlez. Il n'y a pas d'intervention du
côté ministériel?
Une voix: Maurice, tu n'y vas pas?
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Nicolet-Yamaska, vous avez droit à une période de 10 minutes
en tout ou en partie. Alors, vous avez la parole.
M. Maurice Richard
M. Richard: M. le Président, ça va être en
partie. Effectivement, j'ai bien écouté M. le
député de Masson, religieusement même, étant du
comté de Nicolet où il va y avoir le Musée des religions
éventuellement. Vous savez notre opinion au niveau ministériel,
c'est que nous avons déjà l'opinion du Conseil du patronat.
Alors, nous demander que ces gens-là reviennent ici, évidemment,
c'est peut-être doubler le temps. Ils nous répéteraient
sûrement la même chose qu'ils nous ont déjà
mentionnée. Effectivement, ce ne serait peut-être pas
nécessairement une perte de temps, parce qu'on ne perd jamais notre
temps ici, comme vous le savez, nécessairement, messieurs mes
collègues. Mais je suis d'avis qu'on ne devrait pas effectivement faire
de consultation à l'étape où nous en sommes. Nous en
sommes à une des lectures du projet de loi. Alors, c'est seulement ce
commentaire-là, M. le Président. Je n'ajoute rien.
J'écoute, par exemple, religieusement, comme je le disais tout à
l'heure, les allocutions et les commentaires de nos collègues,
particulièrement de l'Opposition. Alors, moi, ce dont j'ai hâte
effectivement, et je suis certain que c'est partagé par la
majorité, mais, évidemment, on n'a pas toutes les mêmes
contraintes, c'est que rapidement on retourne au salon bleu pour la passation
du projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Je vous remercie de cette intervention
et je vais maintenant passer la parole à M. le député de
Pointe-aux-Trembles. Vous avez une période de 10 minutes.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je souscris
entièrement à la proposition que le député de
Masson a faite d'entendre ici le Conseil du patronat du Québec afin de
savoir de ce dernier si l'objectif d'harmonisation de la taxe de vente du
Québec avec la TPS du fédéral est atteint par le projet de
loi qui est devant nous. Et je pense, M. le Président, qu'il serait
intéressant aussi de connaître l'opinion du Conseil du patronat
sur les conséquences que cette taxe aura sur les journaux locaux, de
quartier et régionaux. Parce que j'ai cru déceler chez le
ministre un certain intérêt tout à l'heure pour cet
élément de la question et je voudrais, là-dessus, lui
transmettre l'information que les deux hebdomadaires de mon comté, Le
Flambeau
et L'Avenir de l'Est, m'ont communiquée.
C'est qu'au niveau du ministère on considère que la taxe
de vente doit s'appliquer aux journaux donnés, ce qui, à mon
avis, M. le Président, est parfaitement absurde. Le raisonnement qui a
été fait au ministère pour arriver à cette
conclusion, M. le Président, c'est qu'on dit que l'imprimeur vend le
journal à l'éditeur et que l'éditeur se retourne et le
donne au public. Et ça - c'est peut-être l'ancien journaliste, M.
le Président, qui parle - c'est quelque chose de parfaitement
insensé. L'imprimeur ne vend pas un journal à l'éditeur.
Il exécute un contrat pour le compte de l'éditeur et il imprime
le journal que l'éditeur lui a donné et qu'il l'a chargé
d'imprimer.
Et, M. le Président, c'est une mesure qui risque d'avoir des
conséquences considérables. Comme vous savez, M. le
Président, les journaux locaux, de quartier et régionaux sont
donnés et ne vivent que de la publicité qu'ils publient. Or,
déjà, les recettes publicitaires des journaux ont tendance
à stagner, et même à diminuer dans certais cas, du fait de
la récession économique que nous vivons. Parce que, bien
sûr, quand les commerçants, quand les entreprises vendent moins,
elles consacrent moins d'argent à la publicité. Et on m'explique
au surplus que les hebdos ne sont pas placés pour transmettre aux
clients l'augmentation de coût qu'ils vont subir et, dans le cas des deux
hebdomadaires de mon comté, c'est des coûts additionnels de
l'ordre de 50 000 $ chacun qu'ils auront à encourir, pour deux raisons.
La première, c'est que l'économie ne va pas bien et qu'une hausse
de tarif risque d'être improductive en ce sens que, dans le milieu des
journaux, on sait que, quand l'économie va mal et qu'un journal augmente
ses tarifs publicitaires, la réaction de la clientèle, c'est de
cesser d'annoncer ou d'annoncer moins et l'éditeur de journal se
retrouve au même point.
Or, M. le Président, les 195 hebdomadaires locaux au
Québec, et ce sont des chiffres qui devraient faire
réfléchir le ministre, sont lus par 78 % de la population du
Québec. Pour donner une idée de l'ampleur du
phénomène, soulignons que les quotidiens, l'ensemble des
quotidiens du Québec, ne sont lus que par 40 % de la population. Donc,
la source d'information écrite de la population
québécoise, ce sont les 195 hebdos, les hebdomadaires locaux de
quartier ou régionaux, qui, disent-ils, auront à payer en taxes
de vente 4 000 000 $ par année de plus. Et comme, M. le
Président, ils ne pourront pas récupérer, par leurs tarifs
publicitaires, cette augmentation, ils devront recourir à une mesure qui
a un effet direct sur la population qui les lit. Ils devront accroître la
proportion d'annonces, qui, du fait qu'ils sont distribués gratuitement,
est déjà élevée. En général, M. le
Président, on parle de 75 % à 80 % de contenu publicitaire dans
nos hebdomadaires. (18 heures)
Donc, c'est le droit à l'information de la population qui va
être touché, l'information politique, économique,
culturelle, communautaire et sociale. Parce que, M. le Président, j'ai
toujours une réaction vive lorsque les gens regardent de haut les
journaux de quartier ou les journaux locaux ou régionaux. La vie
quotidienne de nos comtés se traduit fidèlement dans nos
journaux, dans ces 195 hebdomadaires que le Québec compte.
Or, si on augmente la proportion d'annonces, M. le Président,
bien, ça veut dire moins d'information. Je regarde juste, M. le
Président, le secteur communautaire, c'est dans les journaux locaux que
la population est mise au courant, dans mon comté de
Pointe-aux-Trembles, par exemple, du travail d'Info-Femmes, sur la rue
Hochelaga, où les femmes peuvent aller recevoir des renseignements sur
leur condition et débattre de leur condition, sur Info-Logis, par
exemple, qui s'occupe des problèmes entre locataires et
propriétaires. Sur l'ensemble des activités communautaires,
sportives, de loisir, les 195 hebdomadaires jouent un rôle
irremplaçable. Et le gouvernement s'attaque à eux directement et
leur réaction, M. le Président, est vive. Dans ma région,
l'hebdomadaire L'Artisan avait comme titre de première page la
semaine dernière, pour parler de cette taxe, le titre était:
"Lutte à finir contre le gouvernement libéral". Et, dans ce
sens-là, je répéterai au ministre ce que j'ai dit sur ce
sujet-là au salon bleu, M. le Président: Dans la mesure où
les ministériels ont de plus en plus tendance, en voyant venir la
prochaine élection, à penser à la chanson de Nana
Mous-kouri: "Quelle importance le temps qu'il nous reste"...
Le Président (M. Blais): Est-ce que vous savez d'autres
versets de cette chanson, M. le député?
M. Bourdon: Non. Je dirais que, pour le temps qu'il leur reste,
ils devraient, par amendement à la loi ou par directive administrative,
cesser de nous dire, M. le Président, une chose qui est parfaitement
idiote, que c'est un journal vendu, le journal local qu'on a gratuitement, et
que ce serait l'imprimeur qui vendrait le journal à l'éditeur.
Voyons donc! Poursuivez un hebdomadaire en libelle diffamatoire, vous allez
apprendre que c'est l'éditeur qui est responsable de ce qui est dedans,
ce n'est pas un imprimeur, à moins qu'il soit en même temps
imprimeur et éditeur. Mais ce n'est pas un imprimeur qui est responsable
d'un journal; lui, il exécute une commande.
Et je soulignerai que la taxe d'accise fédérale ne
s'applique même pas aux imprimés quand c'est un imprimé
d'un journal qui est vendu ou donné. On a fait exception pour les
journaux. Pourquoi? Parce que le fédéral considérait qu'un
journal n'est pas une entreprise
comme une autre, qu'un journal, c'est un moyen d'information de la
population et qu'elle y a droit. Et je le dis en toute amitié pour les
députés ministériels, leur intérêt politique
évident, c'est de faire pression sur le ministre des Finances pour que
cette taxe-là soit enlevée aux hebdomadaires. Je le disais en
Chambre, je le répète ici, M. le Président, regroupez-vous
derrière la ministre de l'Énergie et des ressources, la ministre
de l'Enseignement supérieur, la ministre des Affaires culturelles...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, pour que vous ayez une conclusion très percutante,
je tiens à vous dire qu'il vous reste une minute et quelques
secondes.
M. Bourdon: Parfait. Donc, je dis aux ministériels par
votre entremise, M. le Président, qu'ils se regroupent derrière
les trois femmes qui nous ont enlevé la taxe sur le livre. Ils ont eu
une bonne pensée pour ceux qui achètent des livres; que
maintenant ils en aient une pour ceux qui lisent des journaux. Et,
malheureusement, il y a bien plus de monde qui lit les journaux locaux qu'il y
en a qui achète des livres. Et, parce que taxer les journaux, c'est
imposer l'ignorance aussi, M. le Président. Qu'ils signent une
pétition et qu'ils finissent le tout par une résolution au
Conseil général du Parti libéral, puis qu'ils rappellent
au ministre des Finances qu'il y a La Baie puis le Chaleur, qui
sont aussi deux hebdomadaires dans son beau comté de Bonaven-ture, et
que ces journaux jouent un rôle irremplaçable, puis que les taxer,
c'est l'équivalent, pour les hebdomadaires, des coupures sauvages qu'on
vient d'imposer à la Société Radio-Canada.
Alors, je dirais, par votre entremise, M. le Président, un bon
geste; il y a un bout qui a été fait pour le livre, faites-le
maintenant pour les hebdomadaires, sinon vous allez non pas en entendre parler,
mais vous allez lire là-dessus.
Le Président (M. Blais): Je vous remercie, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le député de
Deux-Montagnes aurait peut-être une petite colline de commentaires.
M. Bergeron: J'aurais juste une petite remarque à faire.
Le député de Pointe-aux-Trembles m'a surpris par une phrase qu'il
a dite. Ça m'a surpris de sa part et je pense que ça nous a tous
surpris aussi. Quand il parlait des journaux locaux, il a dit que notre
intérêt personnel, c'était...
M. Bourdon: L'intérêt politique. Je n'ai pas dit
"personnel".
M. Bergeron: Je pense que l'intérêt commun doit
passer avant l'intérêt personnel et c'est dans...
M. Bourdon: Non, non, mais j'ai parlé
d'intérêt politique.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, s'il vous plaît, à l'ordre!
M. Bergeron: C'est que le député de
Pointe-aux-Trembles a dit: MM. les députés, vous devriez penser
à votre intérêt personnel pour rester "chums" - c'est ce
qu'il voulait dire - avec les propriétaires de journaux. Et je pense que
le geste que l'on fait, nous autres, c'est d'intérêt commun au
lieu d'être d'intérêt personnel.
M. Bourdon: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Blais): Une minute. C'est monsieur...
M. Bourdon: Question de règlement. C'est que j'ai
parlé d'intérêt politique, M. le Président.
M. Bergeron: Vous avez dit "personnel".
Le Président (M. Blais): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je vais entendre votre question de règlement juste
quand monsieur aura fini son intervention, si vous le permettez.
M. Bergeron: Ah, j'ai fini. J'ai fini. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): Je n'ai pas tout à fait
compris, comme président, et je ne sais pas s'il y aurait une question
de règlement. Pouvez-vous répéter un peu plus
clairement?
M. Bergeron: Ce que j'ai dit, c'est que ce qui m'a surpris de la
déclaration du député de Pointe-aux-Trembles, c'est
qu'à un certain moment, en s'adressant à nous autres, il a dit:
Pensez à votre intérêt personnel. La remarque que je veux
faire, c'est que je pense que nous autres, de ce côté-ci de la
Chambre, on pense à l'intérêt général avant
notre intérêt personnel. C'est la seule remarque que je voulais
faire.
Le Président (M. Blais): C'est tout à votre
honneur, si c'est ainsi que le député de Pointe-aux-Trembles l'a
dit, mais il y aurait une question de règlement que je lui accorde.
M. Bourdon: Oui, une question de règlement, M. le
Président. J'ai parlé de l'intérêt politique de ne
pas maintenir une mesure qui va à l'en-contre du droit du public
à l'information et qui pourrait envenimer les relations entre le
député et ses journaux locaux ou régionaux. Mais
l'intérêt personnel n'y est pas. Je ne connais pas de directeurs
de journaux qui siègent comme députés, mais je ne connais
pas de député qui
n'a pas de journaux dans son comté.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, je suis obligé de vous arrêter.
M. Bourdon: J'arrête.
Le Président (M. Blais): Le président étant
neutre, je ne crois pas que ce soit là une question de règlement,
mais une divergence d'opinions que je ne peux tolérer à cause du
poste que j'occupe actuellement.
Alors, je sais que le député de Nicolet-Yamaska avait
aussi une intervention, il a levé les lunettes. Alors, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: M. le Président, je préfère me
taire plutôt que de mal exprimer ce que je ressens.
Le Président (M. Blais): Ah bon! C'était votre
remarque? Eh bien, elle est intempestive et je vous en remercie. Est-ce qu'il y
a quelqu'un du côté ministériel qui aurait des remarques
à faire? Il a droit à 10 minutes. M. le ministre, vous avez droit
à une intervention si bon vous semble.
M. Savoie: Je suis les consignes du député de
Nicolet.
Le Président (M. Blais): Je ne peux pas, par politesse
pour votre poste, vous dire que vous êtes intempestif, mais je n'en pense
pas moins. Est-ce qu'il y a quelqu'un de l'autre côté qui veut
parler sur cette motion? Mme la jolie députée de Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. J'avoue que je...
Le Président (M. Blais): J'ai oublié do vous dire,
Mme la députée de Terrebonne...
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Blais): ...que, vu que vous n'êtes
pas la personne qui a présenté la motion, vous n'avez, en
réalité, que 10 minutes. Je sais que c'est très court,
mais vous n'avez que 10 minutes pour exprimer votre opinion sur la motion de
faire venir le Conseil du patronat.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Parfait. Merci beaucoup, M. le Président.
J'apprécie ces directives. Je suis très étonnée de
l'attitude et des commentaires de nos amis d'en face qui semblent prendre pour
acquis le fait que les membres du Conseil du patronat ont réclamé
l'harmonisation et qu'automatique- ment on n'a plus besoin de les entendre.
J'appuie, effectivement, la motion du député de Masson puisque,
dans sa démonstration, le texte qu'il avait en main était
effectivement assez clair pour au moins nous alerter et nous dire qu'il serait
peut-être bon de réentendre le Conseil du patronat. Parce que,
dans sa demande, il semblait être en accord avec la position du
gouvernement, il réclamait l'harmonisation, mais, dans le texte qu'on
nous a lu, il ne semble aucunement satisfait de cette harmonisation-là.
Je trouve ça un petit peu curieux qu'on ait entendu des faits
très précis, qu'on ait entendu des citations du président
du Conseil du patronat qui venaient complètement en contradiction avec
ce qu'on nous avait déjà mentionné dans cette commission
et qu'on ne sente pas le besoin de les réentendre.
Depuis le début de cette commission parlementaire,
c'est-à-dire depuis hier, M. le Président, on a
remarqué... Je m'excuse, M. le Président, est-ce que le ministre
a des commentaires à faire?
Le Président (M. Blais): Excusez-moi, Mme la
députée.
Mme Caron: C'est parce que je l'entendais. Je ne sais pas
s'il...
Le Président (M. Blais): Mme la députée de
Terrebonne, c'est le président qui est intempestif. Il avait
demandé certains renseignements au ministre. Je sais qu'on vous a
dérangée. Je m'en excuse le plus humblement du monde. Je sais que
vous étiez très pertinente. C'est nous qui étions
impertinents. Sur ce, ça ne comptera pas sur votre temps parce que c'est
la faute de la présidence et du ministre, mais c'est moi qui lui
demandais un renseignement pour la bonne marche de cette commission. Veuillez
nous en excuser le plus humblement.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Or, depuis le
début de cette commission parlementaire, le ministre, à chaque
fois que nous avons mentionné que le gouvernement irait chercher 362 000
000 $, à chaque fois il contestait ces chiffres et, pourtant, le Conseil
du patronat partage l'opinion de l'Opposition là-dessus et il dit
qu'effectivement il va y avoir au moins 300 000 000 $ que le gouvernement va
aller chercher dans la poche des contribuables. Je pense que, uniquement pour
ce seul fait-là, il serait bon de les entendre parce que le ministre
nous dit, de son siège et tout ça, il nous confirme que c'est
effectivement moins 19 000 000 $ que le gouvernement va chercher alors que nous
disons que c'est 362 000 000 $ et que le président du Conseil du
patronat confirme que c'est 300 000 000 $.
Au moment où le Conseil du patronat a réclamé du
gouvernement l'harmonisation, il est
évident que la période de récession n'était
pas au point où elle est rendue maintenant. Personnellement, je suis
convaincu que, si le Conseil du patronat consultait actuellement l'ensemble de
ses membres, une grande majorité, une majorité sûrement
aussi forte que celle qu'on retrouve présentement lorsqu'on interroge
les gens sur l'avenir constitutionnel du Québec, donc à peu
près le même type de majorité se retrouverait, parmi les
membres du Conseil du patronat, pour dire qu'on est en désaccord avec le
projet de loi actuel tel que présenté, que cette
harmonisation-là ne convient aucunement à la situation actuelle
de récession que nous vivons. Parmi les membres du Conseil du patronat,
il y a évidemment plusieurs patrons qui, à l'heure actuelle,
éprouvent de sérieuses difficultés du côté
des ventes et qui, eux, démontraient clairement au ministre leur grande
déception.
L'économie va mal, on le sait et, mardi matin, dans La Presse,
le mardi 4 décembre, on disait que l'économie ira encore plus
mal, selon Statistique Canada. Je me permettrai, M. le Président, de
citer quelques passages. On nous disait bien clairement que l'économie
va encore se contracter et les choses vont empirer de plus en plus vite, a
annoncé lundi Statistique Canada après avoir confirmé
vendredi que la récession de 1990 était une
réalité. Donc, au moment où le Conseil du patronat et les
autres organismes que le ministre a mentionnés réclamaient une
harmonisation, il va sans dire que l'économie n'était pas au
point où elle est maintenant.
Parmi les baisses importantes, on note les dépenses dans le
domaine de l'habitation. Ces dépenses qui ont cumulé les baisses
les plus importantes parmi les 10 composantes du principal indicateur pendant
le mois de septembre, ces dépenses dans le domaine de l'habitation ont
chuté de 3,8 %, ce qui est extrêmement important et je suis
convaincue que les patrons qui oeuvrent dans ce domaine de l'habitation
auraient souhaité certaines exemptions, vraiment certaines exemptions,
parce qu'on sait que depuis plus d'un an tout le domaine de l'immobilier vit
une situation extrêmement difficile, extrêmement pénible et
qui est reliée à l'ensemble de toutes les mesures qui ont
été prises par ce gouvernement. De nombreuses maisons, à
l'heure actuelle, sont en vente et ne trouvent pas d'acheteur,
évidemment, parce que les gens n'arrivent plus à payer le taux
d'intérêt qui n'a cessé d'augmenter, ils n'arrivent plus
à payer les taxes scolaires, ils n'arrivent plus à payer toutes
les dépenses qui se sont accumulées au cours de l'année.
Donc, les patrons, du côté de l'habitation, auraient
sûrement demandé certaines exemptions. (18 h 15)
On sait également que ces deux domaines vont de pair, cette
faiblesse s'est automatiquement répercutée sur les ventes de
meubles et d'électroménagers. Et c'est là que je
m'inquiète le plus, M. le Président, puisque, déjà,
on remarque une faiblesse marquée sur les ventes de meubles et
d'électroménagers alors qu'à l'heure actuelle il n'y a
aucune taxe sur ces biens et qu'on nous annonce une taxe. Puisqu'il y a
déjà faiblesse, ça va sûrement être
extrêmement dramatique pour tous les patrons dans ce domaine des meubles
et des électroménagers. Ces gens-là ont sûrement
déjà, depuis l'annonce du projet de loi, fait des
représentations auprès du Conseil du patronat. Depuis les
ententes qui avaient été faites avec le ministre, ils ont
sûrement signifié leur insatisfaction au Conseil du patronat et je
suis certaine que les membres du Conseil du patronat qui viendraient nous
parler pourraient faire la part des choses dans ces deux secteurs-là en
particulier.
Un autre domaine qui a subi de sérieuses baisses, c'est
l'industrie de l'automobile. Les ventes de voitures ont nettement
régressé au Canada et aux États-Unis, ce qui s'est
reflété sur les carnets de commande qui sont beaucoup moins
garnis. Cette baisse a commencé dès le début de
l'année et s'est poursuivie jusqu'à maintenant et c'est
évident que ça va continuer puisque nous sommes en pleine
récession.
Mon collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, a
parlé amplement des imprimés et des journaux, mais c'est
important ce domaine-là, c'est un secteur extrêmement important
puisque, automatiquement, si les patrons de ces journaux qui,
déjà, éprouvaient des difficultés - et je suis
certaine qu'ils vous en ont fait part dans vos différents comtés
- depuis quelques mois, ils éprouvaient de plus en plus de
difficultés à vendre de la publicité aux
commerçants, puisque nous sommes en récession et que partout, du
côté des commerçants, il y a des baisses de vente, alors,
automatiquement, ces gens-là ont de la difficulté à se
payer des publicités. Donc, les journaux ont déjà eu une
pénalité du côté des publicités existantes et
si, à partir de janvier, on les taxe, ils vont devoir ajouter ce
montant-là sur les publicités, publicités que les
commerçants, à l'heure actuelle, sont incapables de payer.
Et l'autre point qui m'inquiète par rapport aux imprimés
et aux journaux - parce que, effectivement, j'ai un préjugé
favorable du côté de l'éducation, ayant été
enseignante durant neuf ans - je m'inquiète qu'en cette Année
internationale de l'alphabétisation on taxe les imprimés et les
journaux, parce que c'est le moyen le plus accessible pour les personnes qui
lisent moins. On sait qu'au Québec on ne peut pas dire que le peuple du
Québec est un peuple qui lit beaucoup. Il y a déjà eu des
statistiques au début de l'Année internationale de
l'alphabétisation et on nous disait qu'en moyenne les
Québécois vont lire deux livres par année - ce n'est
vraiment pas énorme; c'est très peu - et qu'il y a 28 %
d'analphabètes fonctionnels. La partie de la population qui lit, donc si
la moyenne est de deux livres par année et si on oublie toutes les
personnes qui lisent effectivement plusieurs
volumes, ça veut dire que les Québécois vont
surtout lire des imprimés, des journaux, parce que ce sont des lectures
qui leur donnent une information immédiate, rapide, qui demandent peu de
temps et qui leur donnent l'information sur les différents sujets qui
les intéressent. Et taxer ce domaine important, je pense que c'est nuire
directement aux efforts que la société québécoise
fait depuis des années du côté de l'alphabétisation
et du côté de l'éducation en général du
peuple québécois.
D'autres nouvelles se sont ajoutées, M. le Président, de
hausses qui s'en viennent. On a annoncé des hausses du côté
de Bell. Alors, Bell nous annonçait, ce même mardi 4
décembre, qu'elle pourrait hausser de 25 % le tarif de base
résidentiel. 25 %... Oui, M. le Président, vous me faites signe,
une minute, je vais terminer là-dessus. Pour contrebalancer les effets
d'une éventuelle percée d'Unitel sur le lucratif marché de
l'interurbain, Bell Canada pourrait augmenter sensiblement, probablement de 25
% dès le départ - donc, ce n'est qu'un début - le tarif de
base pour les usagers résidentiels, affirme son président et chef
de direction, M. Jean Monty. On nous annonce donc déjà une autre
augmentation dans un des rares domaines qui n'avait pas été
touché cette année par le gouvernement, mais, là, qui va
être touché par l'entreprise privée et c'est, encore une
fois, le consommateur qui va la payer.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je souhaiterais qu'on
entende le Conseil du patronat du Québec pour connaître ses
préoccupations et qu'il nous dise, contrairement à ce que le
ministre nous annonçait et comme on le disait dans le texte
présenté par le député de Masson, si,
effectivement, il est en désaccord avec l'harmonisation qui a
été choisie par ce gouvernement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): Je vous remercie beaucoup, Mme la
députée de Terrebonne. Est-ce qu'il y a quelqu'un du
côté ministériel qui aimerait intervenir, selon
l'alternance? Je vois le député de Prévost qui semble...
Non? Pas le député de Prévost. Excusez-moi. Alors, s'il y
a d'autres personnes qui veulent intervenir, nous avons le plaisir d'avoir le
plus jeune député de l'Assemblée nationale qui ait
été élu, en la personne du député de Gouin
à qui je cède la parole et rappelle qu'il a normalement droit
à 10 minutes, mais, là, il aura droit à 8 minutes
seulement à cause de l'heure et il pourra reprendre ses 2 minutes
à 20 heures à la réouverture.
M. Bourdon: Est-ce que le ministre prévoit des motions
pendant son temps de parole?
Une voix:...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vous avez une question de règlement?
M. Bourdon: Non, ça va.
Le Président (M. Blais): Vous pouvez y aller. C'est
permis.
M. Bourdon: C'est une question de directive, M. le
Président. Est-ce qu'entre le moment où le député
de Gouin va quitter pour souper et le retour le ministre prévoit, sans
le quorum comme hier, présenter une motion peut-être? C'est juste
ça que je voudrais savoir.
M. Boisclair: Ce n'est manifestement pas une question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Écoutez, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, je comprends très bien le
sens de votre intervention et la profondeur de la réponse que je devrais
y donner, mais je n'ai pas, comme président, à me prononcer sur
une question hypothétique. Sur ça, à moins que le ministre
n'ait une réponse lui-même à faire, je lui donnerai le
temps d'antenne dont il a besoin.
M. Savoie: Non. C'est beau.
Le Président (M. Blais): Je vous remercie, monsieur. Donc,
il vous reste, M. le député de Gouin, une période de 7
minutes avant 18 h 30 et vous aurez 3 minutes au retour à 20 heures. M.
le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Je dois d'abord
m'excuser auprès des membres de cette commission de n'avoir pu
participer aux travaux au cours de la journée. Ayant dû remplir
d'autres obligations qui m'ont retenu au salon de l'Assemblée nationale,
je n'ai pu participer, à ma grande déception, aux travaux de la
journée. Cependant, je rejoins les membres de la commission pour la
soirée et pour les travaux qui suivront demain.
M. le Président, nous étudions présentement une
motion qui demande d'entendre le Conseil du patronat du Québec pour
qu'il puisse venir témoigner devant cette commission de son point de vue
en ce qui a trait aux bienfaits ou aux méfaits ou aux
conséquences de l'application de la TPS québécoise, plus
communément appelée taxe de vente du Québec.
M. le Président, la réaction des gens du milieu des
affaires n'est pas homogène. Certains groupes ont accueillie avec un
certain enthousiasme la proposition du ministre des Finances, projet de loi
défendu par le ministre du Revenu. Donc, certaines personnes l'ont
accueilli avec enthousiasme et d'autres, cependant, ont fait part d'un certain
nombre de réticences importan-
tes. C'est d'ailleurs intéressant de voir jusqu'à quel
point le Conseil du patronat, dans sa présentation qu'il a faite aux
médias, prend toutes les précautions nécessaires. Bien
sûr, ils appuient la politique déposée par M. Levesque,
mais non sans vivement critiquer la hausse du fardeau fiscal imposée du
même coup. M. le Président, il serait intéressant
d'entendre les membres du Conseil du patronat venir témoigner sur ce
point de vue. La transformation de la taxe de vente provinciale en TPS est un
point très positif. Que les Québécois soient le seul agent
pour percevoir la TPS provinciale et fédérale, c'est aussi un
plus, mais que le ministre profite de la transformation du système pour
se sucrer le bec, c'est déplorable, résume M. Le Hir qui est
vice-président de l'Association des manufacturiers canadiens.
Le Président (M. Blais): Je m'excuse, M. le
député de Gouin, la présidence a un petit peu de
difficultés à vous comprendre. Est-ce qu'il vous serait possible
de vous approcher un tout petit peu du micro, s'il vous plaît?
M. Boisclair: Volontiers, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Je m'excuse. Ma remarque ne
comptera pas sur votre temps.
M. Boisclair: M. le Président, ça va me faire
plaisir. Et c'est d'ailleurs le message, nous avons eu l'occasion, comme
caucus, et vous êtes à même d'en témoigner, de
rencontrer récemment les représentants du Conseil du patronat du
Québec qui venaient nous faire part de ces mêmes
préoccupations. Et, à ce moment-là, je me souviens, mon
collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, avait
parlé de la possibilité de faire une motion à la
commission du budget et de l'administration pour que les gens du Conseil du
patronat puissent être entendus à l'occasion de l'étude
article par article.
La réaction des gens qui ont composé la
délégation du Conseil du patronat était des plus
enthousiastes. Ils ont profité de notre occasion pour nous appuyer dans
nos démarches pour les faire entendre devant cette commission et pour
leur permettre d'exprimer leur point de vue, parce que c'est, dans le fond,
l'objet de la motion de ce soir.
M. Dufour qui, comme vous le savez, est le président - ça
ne sera pas long qu'on va l'appeler président à vie; je ne sais
pas s'ii veut battre le record de M. Laberge - M. Dufour rappelle que son
organisme suggérait un taux de 6 % pour la nouvelle TPS
québécoise, ce qui, compte tenu de l'élargissement de
l'assiette des biens et services taxés, devrait produire les mêmes
rentrées de fonds que l'actuelle taxe de vente. C'est un point de vue,
M. le Président, qui est intéressant et qui vaudrait la peine
d'être étayé.
On sait que l'application de la TPS au Québec, la TVQ, là,
vous comprenez la confusion, M. le Président, on sait très bien
qu'elle se fera en deux étapes. Le 1er janvier 1991, la taxe de vente du
Québec sera ramenée de 9 % à 8 % et on élargira du
même coup l'assiette des biens qui seront taxés. Le 1er janvier
1992, on la diminuera de 8 % à 7 %, encore une fois, tout en
élargissant cette assiette et en incluant du même coup les meubles
et une série, l'ensemble des biens et services.
Alors, je crois que le Conseil du patronat, dans cette perspective,
présente un point de vue intéressant et je suis convaincu
qu'à leur disposition... Vous comprenez, on n'est pas arrivés
à 6 % comme ça; qu'un bon matin, on s'est dit: Bon, bien, 6 %
c'est un beau compromis entre 5 % et 7 %, ou entre deux autres données.
M. le Président, je suis convaincu que les gens du Conseil du patronat
ont à leur disposition une série d'études
économétriques ou une série d'études
économiques qui pourraient confirmer leur point de vue et faire
comprendre au ministre qu'effectivement peut-être qu'une taxe de 8 %, et
7 % en janvier 1992, n'est pas la meilleure des solutions.
D'ailleurs, M. le Président, on n'a qu'à voir le
sérieux avec lequel le Conseil du patronat a étudié la
question de l'avenir constitutionnel du Québec. Une batterie
d'économistes a été engagée à participer
à la réalisation de l'étude. Nous pouvons peut-être
critiquer les conclusions de ce rapport et la façon dont l'étude
a été faite; cependant, le Conseil du patronat a quand même
pris un certain nombre de dispositions et de mesures pour s'assurer que son
point de vue soit étayé par un point de vue économique. Ce
que je veux tout simplement illustrer, M. le Président, c'est qu'avant
d'affirmer et de suggérer une taxe, une TPS québécoise de
6 %, je suis convaincu que les gens du Conseil du patronat ont sûrement
bénéficié de l'expertise de nombreux
économistes.
Le Président (M. Blais): Vous avez une minute pour une
conclusion intérimaire avant votre reprise à 20 heures.
M. Boisclair: La conclusion, M. le Président. Puisqu'on a
refusé hier soir d'entendre l'Association des économistes du
Québec, à tout le moins pourrions-nous entendre le Conseil du
patronat avec les économistes qui l'accompagneront.
Alors, je terminerai là-dessus, M. le Président, il me
reste 45 secondes. Peut-être continuer plus loin et parler de M. Dufour
qui rappelait qu'à 7 %, souligne-t-il, c'est près de 1 000 000
000 $ additionnels que va puiser le ministre dans les poches du contribuable.
Là, il va falloir qu'on se comprenne, M. le Président. D'un
côté, le ministre nous dit: Non, il n'y a pas de nouvelle ponction
sur une période de long terme, dans la poche des contribuables, et
qu'au
contraire les petits contribuables, prétend-il, en
bénéficieront à cause du retour qu'ils recevront sur la
TPS. Mais, M. le Président, rapidement, pour conclure, le Conseil du
patronat affirme que c'est près de 1 000 000 000 $ additionnels que va
puiser le ministre dans les poches du contribuable.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Gouin, je m'excuse humblement, vous êtes intéressant et c'est
excessivement enrichissant de vous entendre. Mais, pour suivre les directives
du Parlement, Je dois vous arrêter et vous dire que cette discussion
endiablée reprendra à 8 heures, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Repriseà20h11)
Le Préskient (M. Lemieux): S'il vous plaît, la
commission du budget et de l'administration reprend ses travaux relativement
à l'étude du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal. Nous en étions... Alors, M. le
député de Gouin, il vous reste trois minutes sur une motion du
député de Masson.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Au moment d'ajourner
les débats pour l'heure du souper, j'étais en train d'expliquer
jusqu'à quel point il serait pertinent et intéressant d'entendre
le Conseil du patronat venir témoigner. Je vais essayer rapidement, sans
vouloir reprendre les propos que j'ai tenus avant l'heure du souper, de parler
d'un élément important du propos tenu par le président du
Conseil du patronat concernant le taux de la taxe. Le président du
Conseil du patronat rappelle que son organisme suggère un taux de 6 %
pour la nouvelle TPS québécoise. Sans reprendre toute
l'argumentation, M. le Président, je voudrais juste vous rappeler
rapidement que, si le Conseil du patronat en est arrivé à cette
conclusion, c'est sûrement parce qu'il disposait d'études
économétriques ou de différents scénarios qui lui
permettaient de conclure qu'une taxe de 7 % serait sans doute plus à
l'avantage des contribuables et des entreprises qui auront à administrer
cette taxe.
M. le Président, un autre élément de mon
intervention consistait en l'argent qui sera récupéré, que
le ministre, par l'imposition de cette taxe, ira puiser dans la poche des
contribuables. Le ministre, lui, prétend que cette taxe ne sera pas
neutre, mais, du moins, aura des impacts mineurs sur les capacités de
consommation des contribuables, particulièrement des contribuables
à faible revenu. On prétend que cette taxe aura peu d'impact.
Cependant, permettez-moi de rappeler un article de M. Durivage de
La Presse, où on dit: À 7 % - et c'est le président
du Conseil du patronat qui parle, M. Ghyslain Dufour - à 7 %
souligne-t-il, c'est près de 1 000 000 000 $ additionnels que va puiser
le ministre dans les poches du contribuable. Ce serait intéressant de
demander à M. Dufour, par exemple, sur quels chiffres, sur quels
pronostics il s'est basé pour en arriver à cette somme de 1 000
000 000 $. Alors, je suis convaincu que M. Dufour se ferait un plaisir de
répondre à votre question, comme il s'est fait un plaisir de le
faire lorsqu'il a rencontré les membres du caucus de notre formation
politique. Et, M. le Président, vous étiez absent tout à
l'heure, mais faut-il vous rappeler que M. Dufour accueillait avec beaucoup
d'enthousiasme la proposition qu'on lui faisait lorsqu'on lui pariait de la
possibilité qu'il soit entendu devant les membres de cette commission
pour discuter du projet de loi 89 et de l'imposition de la TPS. Mon
collègue, député de Pointe-aux-Trembles, me rappelle
justement que c'est dans cette salle que nous avons rencontré le
président du Conseil du patronat et on devra lui communiquer la
réponse demain. Nous avons rencontré le caucus de votre formation
politique, M. le Président, et rencontré le Conseil du patronat
dans cette salle. Alors, ce que je veux dire, c'est que demain, M. le
Président, nous aurons à faire part de la décision qui
sera prise par les membres de cette commission et nous devrons faire part de la
décision à M. Dufour qui, j'en suis convaincu, sera grandement
déçu de ne pas pouvoir être entendu devant cette
commission.
M. le Président, un dernier élément puisque le
temps file. M. Dufour dit également son désaccord avec le fait
que ce gouvernement profite de cette réforme pour aller chercher plus ou
moins 300 000 000 $ chez les entreprises en 1992, notamment en augmentant de
3,45 à 3,75 la taxe sur une masse salariale destinée au
financement des services de santé. Le CPQ juge cette taxe très
régressive et pénalisante pour les industries qui comptent
beaucoup de travailleurs, comme celle de l'alimentation.
Alors, en conclusion, M. le Président, je l'ai toujours dit et je
maintiens ce que je disais hier soir au ministre du Revenu, l'erreur qu'il
fait, c'est de croire que nous sommes les seuls à avoir des questions,
que nous sommes les seuls à manifester une certaine opposition, un
certain nombre de craintes quant à l'application, dans la formule
actuelle, dans la forme proposée, d'une taxe de vente
québécoise. M. le Président, le Conseil du patronat
manifeste des oppositions très claires. Il serait intéressant de
les avoir pour qu'ils puissent venir témoigner devant cette Commission,
pour qu'à tout le moins le ministre, s'il a des arguments de poids, de
taille, et s'il peut répondre aux prétentions du Conseil du
patronat, puisse rassurer l'Opposition. M. le Président, en attendant
d'avoir des réponses du ministre, ce qu'on peut dire, c'est que son
silence nous inquiète. Peut-être qu'il ne connaît pas
la réponse mais, M. le Président, je crois que nous sommes
légitimés de faire une telle demande et j'espère que les
membres de cette commission adopteront avec enthousiasme et d'emblée la
proposition de mon collègue, député de Masson. Alors
merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. M. le député de...
M. LeSage: Hull.
Le Président (M. Lemieux): ...Hull, pardon. M. Robert
LeSage
M. LeSage: L'Outaouais. Merci, M. le Président. Je suis
nouveau à cette commission. J'ai commencé à siéger
cet après-midi.
M. Blais: Y étiez-vous aux dernières
élections?
M. LeSage: Pardon?
M. Blais: C'est votre premier mandat, vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Masson, s'il vous plaît.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. LeSage: Pour l'information du député de Masson,
M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Hull.
M. LeSage: ...je suis à mon deuxième mandat...
Une voix: Ah! Oui?
M. LeSage: ...sauf que dans le premier mandat je n'ai pas
siégé longtemps. J'ai été élu à la
partielle du mois de mai et réélu à l'élection
générale. Très, très facile. M. le
Président, si on peut en revenir au débat...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Masson, voulez-vous respecter le droit de parole du député de
Hull?
M. LeSage: Si vous le permettez M. le Président,
j'espère que le député de Masson ne s'en va pas pour
longtemps parce que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. LeSage: Alors, M. le Président, si vous le permettez,
j'aimerais faire allusion à certaines remarques qui ont
été faites cet après-midi et justement par le
député de Masson et tantôt par le député de
Gouin. Il semble que ces gens de l'Opposition pensent que le ministre du Revenu
n'a pas de réponse, qu'il n'est pas à la fine pointe des attentes
de la population du Québec. Je peux vous dire par expérience que
le ministre du Revenu a fait une tournée d'une bonne partie des
régions du Québec et, dans ma région, j'ai assisté
avec le ministre du Revenu... On a rencontré des hommes d'affaires, des
concessionnaires automobiles, des restaurateurs et, à ma grande
surprise, ces gens-là étaient satisfaits des explications
données par notre ministre du Revenu. Alors, je ne pense pas que
l'Opposition soit en mesure, maintenant, de demander au ministre d'autres
rencontres; d'autant plus que si, par exemple, l'Opposition était aussi
sensible à ce que le député de Masson disait cet
après-midi, à l'importance de la deputation, à
l'importance de cette commission et au temps précieux des
députés en cette Chambre, il me semble que le
député de Masson pourrait peut-être-
Une voix: Ha, ha, ha!
M. LeSage: ...soumettre une résolution à l'effet
d'entendre certains groupes du Québec, quitte à ce que cette
résolution-là soit débattue. Les différents groupes
qui sont inclus dans cette résolution-là, il faudrait
peut-être en ajouter ou en enlever mais qu'on ait une résolution
à débattre et on verra ce qui arrivera par la suite. Si on entend
des gens ou si l'aile parlementaire au pouvoir veut entendre des gens, on le
fera savoir, mais on n'aura qu'une motion à débattre et on va
sauver un temps précieux à cette deputation qui a sûrement
une bonne besogne à faire, autre que de faire un "filibuster". Je suis
sûr que ce n'est pas ça que vous voulez faire. Au contraire.
Une voix: Oui, oui.
M. LeSage: La transparence, elle, est visible et je pense que, si
on avait une motion comme je le suggère, le débat serait de
beaucoup-Alors, moi, je suggère à l'Opposition d'en faire une
comme telle et on la débattra.
M. Blais: Nous sommes consentants à ce que vous fassiez
une motion mais...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Masson, la parole est au député de
Hull.
M. LeSage: C'est parce que vous faites plusieurs motions, M. le
député de Masson - si vous le permettez M. le Président -
et ça recommence tout le temps. Moi, je pense qu'on perd un temps
précieux dans cette Chambre. Faites-en une pour entendre tout le monde;
on la débattra. Merci M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Hull.
M. Blais: M. le Président, question de règlement
s'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Masson?
M. Blais: Est-ce que l'on peut vraiment faire un proposition de
motion pour recevoir tout le monde? Vous savez, H y a 3 000 000 000 de
personnes dans le monde et je ne sais pas si on a une salle pour les
recevoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Est-ce que la motion serait recevable?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Masson, c'est une question intéressante mais purement
hypothétique. Je n'ai pas eu une telle motion sur ma table, alors il me
semble que vous savez que vous avez la réponse. Poser la question, c'est
avoir la réponse. La parole est maintenant à...? M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui. M. le Président. Justement sur la
motion du député de Masson à l'effet de recevoir le
Conseil du patronat, je pense que c'est un acteur très important dans la
réforme actuelle et qui est affecté de façon significative
par le projet de loi actuel. Je vois le ministre qui prête attention
à ce que je vais dire.
Je voudrais juste attirer votre attention sur deux manchettes sur cette
question. La première de M. Normand Girard: Les entreprises paieront
plus d'impôt, les citoyens, moins. Les effets de la taxe unifiée,
selon Gérard D. Levesque. Normand Girard. On pourra aller plus loin dans
l'article. La deuxième, de M. Denis Lessard de La Presse: Avec la
nouvelle TPS québécoise, le fardeau fiscal des entreprises
diminue de 1 500 000 000 $. Nous avons une manchette qui dit que le fardeau des
entreprises va augmenter et le chiffre qu'il cite plus tard, c'est quelque 523
000 000 $ ou 297 000 000 $; ça dépend, mais on va rectifier tout
de suite ces chiffres-là.
Deux manchettes en apparence contradictoires mais qui disent quand
même la réalité, il faut bien le dire. Mais je vais
simplement attirer votre attention sur des facettes inédites de ce
projet de loi. Nous allons à l'annexe déposée par le
ministre des Finances. Il y a une ligne très intéressante
là-dedans, qui dit: Hausse des impôts des entreprises pour les
deux ans, 1990-1991 et 1992-1993, 546 000 000 $. C'est admis, donc, par le
ministère des Finances: 110 000 000 $ en 1991-1992 et 436 000 000 $ en
1992-1993. Hausse des impôts des entreprises, c'est ça qui
paraît; on ne parle pas des entreprises ailleurs ou, en tout cas, s'il
faut chercher, il faut chercher dans les textes un peu plus loin. Mais,
à la vue du tableau le plus important de ce document qui donne la
synthèse, les entreprises vont payer 546 000 000 $.
M. Savoie: Quelle page?
M. Léonard: Page 58. Vous devez sûrement le savoir
par coeur, M. le ministre.
M. Savoie: C'est simplement pour l'enregistrement.
M. Léonard: Très bien. Alors, qu'est-ce qu'il en
est exactement? Parce que si on réconcilie les choses - puis il faut le
faire - il faut savoir qu'effectivement les impôts sur le revenu des
entreprises augmentent mais le fardeau fiscal, grosso modo, diminue. Parce que
c'est ça aussi, la réalité; les entreprises seront
exemptées de la taxe de vente, elles. Elles vont sauver 1 500 000 000 $;
elle vont faire plus de profits - 1 000 000 000 $ - donc, elles vont payer 546
000 000 $ de plus d'impôt sur les profits, sur les revenus. On
s'entend?
Des voix: Oui.
M. Léonard: Donc, il y a un gain net pour les entreprises.
Le fardeau fiscal est déplacé des entreprises vers le
consommateur. Les patrons, puisqu'on parle du Conseil du patronat... C'est un
fait pour le Québec. Là, on parle juste de la taxe de vente du
Québec mais si on fait la même projection sur le plan de la TPS
fédérale, là, c'est 9 000 000 000 $ pour l'ensemble du
Canada; et on peut penser que, pour le Québec, c'est 2 250 000 000 $,
quelque chose de cet ordre-là.
On a déplacé le fardeau fiscal des entreprises vers les
consommateurs, directement. Si on écoute M. Yves Rabeau, dans l'article
qui est cité par Denis Lessard, c'est une bonne chose à long
terme parce que, normalement, le prix des produits devrait baisser d'autant de
sorte que le consommateur, en bout de ligne, devrait se retrouver gagnant.
C'est l'hypothèse.
Je pense que ce serait intéressant de poser ces questions
à M. Dufour, par exemple, qui est le représentant du Conseil du
patronat. Je vois sourire le ministre et il me suit très bien
là-dedans. Je suis convaincu qu'il sait de quoi je parle. Effectivement,
les profits des entreprises vont augmenter. La réforme de la taxe
implique, finalement, des remboursements considérables du gouvernement
vers les entreprises. Vous allez me parler du problème de
liquidité des entreprises
dans une période de récession économique, dans une
période où les taux d'intérêt sont
élevés. Oui, il y a des impacts, sûrement. C'est un fait
que, de toute façon, ça va améliorer le fonds de roulement
des entreprises, au moins en ce qui concerne la taxe de vente du Québec
et aussi en ce qui concerne la TPS fédérale.
Je veux juste, puisqu'on est dans le système de fiscalité,
vous remémorer une petite histoire vraie qui est le passage d'un
système à l'autre. 1972, 31 décembre 1971, 1er janvier
1972. Abolition de l'impôt sur les successions au Canada et instauration
d'une taxation sur les profits de capital. 50 % des profits de capital sont
devenus imposables à partir du 1er janvier 1972. Ça n'a l'air de
rien, dit comme ça, mais on passe d'un système à l'autre.
Au fond, il y a eu un échange de consentements entre les entreprises,
fait par le gouvernement, de passer de l'impôt sur les successions
à l'imposition de 50 % des profits de capital. Ça a l'air
correct. Tout le monde ici, j'en suis convaincu, vous avez eu vent de
ça; vous voyez ça dans votre rapport d'impôt: Profits
réalisés avant le 1er janvier 1972 et profits après, les
profits de capital. La réalité là-dedans - il y a un petit
hic fort important - c'est que l'impôt sur les successions,
évidemment, a été aboli le 1er janvier 1972 et ça
veut dire que tous ceux qui avaient des montants accumulés n'ont pas
payé d'impôt sur les successions à partir de ce moment;
donc, tout ce qui avait été accumulé auparavant a
été, lui, exempté de l'impôt sur les successions
alors que les profits de capital ont commencé à être
imposés seulement le 1er janvier 1972.
Je vous donne en mille le coût de l'opération pour le
gouvernement fédéral, en dollars de 1972: 12 000 000 000 $ qui
ont échappé au fisc fédéral, donc que les
entreprises ont mis dans leurs poches. En dollars d'aujourd'hui, c'est 40 000
000 000 $, à peu près.
Une voix: Jamais de la vie.
M. Léonard: C'est à peu près 40 000 000 000
$.
M. Savoie: Jamais de la vie.
M. Léonard: En tout cas, on pourra discuter.
M. Savoie: Jamais. Non, on ne discutera pas là-dessus.
M. Léonard: Pour l'ensemble du Canada. Je ne parle pas du
Québec.
M. Savoie: Non, non. Je suis d'accord, le Canada... J'ai bien
compris. Jamais de la vie. Jamais, jamais de la vie.
M. Blais: M. le Président, question de règlement.
Quand je dis un mot, vous m'arrêtez tout de suite. Quand c'est le
ministre, vous le laissez faire.
M. Savoie: Aïe! Écoute, là. M. le
Président, on avait l'habitude d'échanger. Quand il parlait, je
le laissais toujours intervenir et on avait un échange qui était
toujours franc.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est, M. le député de Labelle...
M. Savoie: Et c'était toujours avec le consentement de
l'Opposition...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez... M. Savoie:
Que j'accordais toujours...
M. Léonard: Mais je fais une démonstration... On
échangera là-dessus, si vous permettez, M. le ministre...
M. Savoie: Oui. Je vais...
M. Léonard: ...je vais poursuivre là-dessus.
Effectivement, le 1er janvier 1972, tout ce qui avait été
accumulé par les ayants droit à des successions qui sont
survenues par la suite a été exempté de l'impôt sur
les successions.
Une voix: Oui, oui. Allez.
M. Léonard: Mais c'est très important parce que les
avoirs successoraux n'ont pas été exemptés parce que
c'était fini, l'impôt sur les successions. Mais on n'a pas fait la
contrepartie sur le plan de l'imposition des gains en capital.
Bon, bref, ce que je veux dire et le parallèle que je fais,
finalement, c'est que, quand il y a des changements dans le système de
fiscalité, on prend bien soin de ne pas pénaliser les
entreprises. C'est ce que l'on fait dans la même opération
actuellement. Les entreprises vont se voir rembourser 1 500 000 000 $ et vont
payer, normalement, 500 000 000 $ de plus d'impôt sur le revenu. Bon. En
réalité, ça, c'est 1 000 000 000 $ juste pour la taxe du
Québec; c'est 9 000 000 000 $ pour la TPS fédérale. La
portion du Québec sur la TPS fédérale, c'est 2 000 000 000
$, en gros, peut-être un petit peu plus. Donc, c'est 3 000 000 000 $ dont
il s'agit en l'occurrence et je comprends bien que l'Association des
manufacturiers peut être intéressée à
l'opération, que le Conseil du patronat peut être
intéressé à l'opération.
Je cite ça parce qu'il semble que ce serait intéressant
d'avoir les représentants du Conseil du patronat à la
barre...
Des voix: Ha, ha, ha!
(20 h 30)
M. Léonard: C'est vrai... Pour poser quelques questions.
Je suis d'accord, et nous le répétons, que la transformation de
la taxe de vente fédérale en TPS constitue un geste, en principe
en tout cas, intéressant parce que, effectivement, pour la
capacité concurrentielle des entreprises, c'est une amélioration.
Donc, je considère qu'on peut le prendre sur ce plan. Mais,
au-delà de ça, pourquoi tout à coup le gouvernement
vient-il au secours de ces entreprises, au secours du fonds de roulement des
entreprises? Parce que c'est quand même de ça qu'il s'agit. En
réalité, les entreprises vont avoir une amélioration de
leur fonds de roulement. Et quand je vois les pauvres petits consommateurs
écoper de 362 000 000 $ au titre de la transformation de la taxe de
vente du Québec et non pas de l'indexation qui aurait dû venir, de
toute façon, mais juste au titre de la taxe de vente du Québec
harmonisée, on clenche le pauvre petit consommateur pour l'année
1991, simplement en reportant le crédit d'impôt d'un an, en le
payant plus tard que prévu. Voyez-vous, je trouve que c'est deux poids,
deux mesures. M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion.
M. Léonard: Je vous annonce que j'aurai une autre motion
là-dessus que je déposerai moi-même après le vote.
Ça va nous permettre de poursuivre ce débat avec le ministre, si
vous permettez.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. Est-ce que vous...
M. Léonard: Une motion que, conformément aux
dispositions de l'article 244...
Le Président (M. Lemieux): Nous allons disposer de la
cinquième motion.
M. Savoie: J'ai droit à 10 minutes, allons-y, oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
ministre.
M. Léonard: O.K.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Au début, je me suis trompé.
Fondamentalement, je me suis trompé. Je pensais que vous étiez un
homme d'affaires qui faisait de la politique et je me suis trompé. Vous
êtes un péquiste qui fait de la politique. C'est ça la
différence. Je comprends actuellement que vous avez de la lecture...
Vous nous avez lu, par exemple, des en-têtes. Or, on sait fort bien que
celui qui fart les en-têtes des articles, ce n'est pas celui qui
rédige l'article. C'est un type qui travaille dans le fond de l'atelier
qui prépare ça. Il n'est payé que pour faire ça.
Ça n'a rien à voir. Des fois, on voit des articles
contradictoires...
Une voix:...
M. Savoie: Non, laissez-moi terminer. Et vous nous arrivez avec
une histoire qui parle du gain en capital, qui a été
présentée en 1970, qui a été introduite à
l'automne 1971, qui a introduit effectivement le gain en capital justement dans
le but d'aller chercher de l'argent. En même temps qu'il allait chercher
de l'argent, puisqu'il faut demeurer compétitif avec Ottawa... Je ne
sais pas si vous vous rappelez, en 1966-1967, il y avait eu une
récession assez importante au Canada, substantielle. On avait dit qu'il
fallait demeurer compétitifs. Il fallait augmenter notre
compétitivité avec les États-Unis. C'était
ça le débat à cette époque-là. Alors, on se
revire de bord et on dit: Pour être compétitifs malgré nos
structures socialisantes - parce que vis-à-vis les États-Unis, on
a quand même une structure socialisante - on a dit: On va
introduire...
Une voix:...
M. Savoie: Non, non. On va introduire la taxe sur le gain en
capital, 50 %, et en même temps on va abolir les montants provenant des
droits successoraux. La taxe sur les droits successoraux au Canada, ça
ne rapportait pas 1 000 000 000 $ en 1970. Comme au Québec lorsque vous,
vous l'avez abolie en 1978-1979, ça ne rapportait pas 50 000 000 $. Et
je vous parle de 1979. Ça ne rapportait pas 50 000 000 $. Je pense que
ça rapportait 32 000 000 $, 33 000 000 $. Et là, je vous mets une
marge pour vous protéger, pour vous donner le bénéfice.
Ça ne rapportait rien parce que les compagnies et tout le monde
faisait... Il n'y avait pas d'impôt, en 1970, lorsqu'on
transférait à son épouse. Il n'y avait pas d'impôt
non plus lorsqu'on transférait dans une compagnie, dans un holding. Il y
avait tellement de trous là-dedans! C'est que, sur le plan technique, la
masse qui se transférait au niveau du décès pouvait
atteindre les montants que vous avez dits, qui sont astronomiques pour
l'époque. Astronomiques au point de vue imposition. On ne payait rien de
ça en ce temps-là. Peut-être que la masse l'était,
mais dans les faits le gouvernement fédéral a
décidé de laisser tomber les droits successoraux parce que
ça ne rapportait pas, pour nous maintenir compétitifs avec les
États-Unis. Mais, d'un autre côté, le gouvernement
fédéral allait chercher de l'argent au niveau du gain en capital.
Là, ça a fait mal. Là, ça a changé les
livres. Je ne sais pas si vous vous le rappelez, dans mon discours, j'ai dit
que depuis la Deuxième Guerre mondiale, au niveau du droit fiscal, il y
a eu deux grosses révolutions. La première, ça
a été l'introduction de la taxe sur le gain en capital.
Ça, c'était le début de la fin d'une époque. Et la
deuxième, c'est celle-là. Parce que, ça, c'est la
politisation de la taxe. Elle devient immédiatement politique. Ça
devient un débat à chaque élection. Le gain en capital a
rapporté, pour le gouvernement fédéral, des montants
considérables. Je ne peux pas les chiffrer, je n'ai pas d'idée.
Vraiment, je n'ai pas d'idée combien ça a rapporté mais
une chose que je peux vous dire, par contre et je pense que c'est fondamental
et c'est ça, ma découverte de cet après-souper - c'est que
je pensais que je faisais affaire avec un homme d'affaires qui faisait de la
politique. Mais non, ce n'est pas ça du tout. C'est un
péquiste...
Une voix: II est parti, lui?
M. Savoie: Non, non, du tout. Parce que vous arrivez et vous avez
manqué...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, s'il
vous plaît! Est-ce qu'il est membre de la commission? M. Major, est-ce
qu'il est membre de la commission?
Une voix: ...rendu en Abitibi, c'est vrai.
M. Savoie: Vous arrivez, vous avez manqué le pire. On a eu
droit à un exposé qui était, somme toute,
intéressant. Je veux bien, mais comment... Et c'est ça le
problème, parce que comment est-ce que tu as terminé ton
exposé? Tu as terminé ça en ramenant ça sur le
pauvre consommateur. T'as débuté avec...
M. Léonard: Excusez, là, on se dit vous...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous adresser
à la présidence?
M. Léonard: On se dit vous.
M. Savoie: Je m'excuse. C'est parce que j'ai...
Le Président (M. Lemieux): Adressez-vous à la
présidence.
M. Savoie: C'est parce que j'ai appris le français
très tard.
Une voix: Trop tard.
M. Savoie: Pas trop tard, très tard. Et j'ai toujours
tutoyé. Ce n'est pas par manque de respect ou quoi que ce soit. Tout
simplement pour te dire...
Des voix: Ha, ha, ha! M. Savoie:... pour vous...
Le Président (M. Lemieux): Adressez-vous à la
présidence, M. le député d'Abitibi-Est.
M. Savoie: Simplement pour vous dire, M. le Président,
c'est dans ma tête que c'est tout arrangé ensemble. Les vous vont
avec M. le Président puis la belle-mère, puis des choses comme
ça.
Une voix: Si je comprends... vous êtes mêlé,
vous...
M. Savoie: Tout simplement pour te... c'est ça l'affaire.
C'est que l'approche, c'est de dire qu'il y a une passe avec les compagnies qui
va faire en sorte que les compagnies vont s'engraisser et qui finit avec
l'histoire... Et vous finissez avec l'histoire que le pauvre consommateur va
payer. Or, ce n'est pas vrai ce qu'il dit. Ce n'est pas...
Une voix:....
M. Savoie: Non, c'est faussé comme logique. C'est
ça que je cherche puis que je comprends. Moi, ça ne me fait rien
qu'il y en ait quelques-uns dans votre groupe qui soient péquistes.
Ça, je suis capable de vivre avec ça.
M. Léonard: Des argumentations de...
M. Savoie: Non, non, laisses-moi terminer. Je vais arriver, je
vais te le terminer bien comme il faut et puis tu vas le comprendre.
M. Bourdon: "Vous allez comprendre".
M. Savoie: Vous allez comprendre que, finalement, il n'y a
personne qui nie le fait que les entreprises vont payer moins d'impôts,
moins de taxes plutôt, qu'il devrait normalement y avoir une
légère hausse au niveau des impôts. Puis, tout le monde
sait que, finalement, c'est une logique qui reste à être
démontrée dans les faits mais le petit consommateur s'en tire
aussi bien. Que les deux souffrent d'une façon équitable. Et le
fait que le discours commence comme ça, c'est ça l'affaire, en
citant des faits qui ne tiennent pas debout... Puis il le sait que ça ne
tient pas debout. Il sait que, finalement, l'introduction du gain en capital
pour la classe des riches au Canada, au Québec, ça a
été un dur coup et ça l'est encore. La preuve, c'est qu'on
est rendus maintenant au 3/4 des gains en capital. Au 3/4, 75 %; c'est une
source de revenus des plus substantielles. Et ça a été une
révolution. De 1950 à 1989, la plus grande révolution que
nous avons eue au niveau des taxes, ça a été
l'introduction du gain en capital. 50 %. Et il le réfute en disant que
c'est "une passe-passe" avec les successions. Ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons appeler le
vote, et je reviendrai là-dessus. Alors, j'appelle...
M. Léonard: Alors, on dispose...
M. Savoie: Tu reviendras au ministre du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la motion suivante
est adoptée? Que, conformément aux dispositions de l'article 244
de nos règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin on entende le Conseil du patronat du Québec."
Une voix: Vote nominal, M. le Président. Le
Président (M. Lemieux): Vote nominal. Le Secrétaire:
M. Léonard (Labelle)? M. Léonard: D'accord. Le
Secrétaire: Mme Caron (Terrebonne)? Mme Caron: Pour, M. le
Président.
Le Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: D'accord, M. le Président. Le
Secrétaire: M. Savoie (Abrtibi-Est)? M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: Cinq contre, trois pour.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la motion est donc
rejetée. M. le député de Labelle.
Motion proposant d'entendre le Mouvement
Desjardins
M. Léonard: M. le Président, comme je l'ai
annoncé, j'aurais une autre motion à vous présenter, qui
se lirait comme suit: "Que, conformément aux dispositions de l'article
244 de nos règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende le Mouvement Desjardins."
Le Président (M. Lemieux): La motion est recevable. On
vous écoute, M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Alors, M. le Président, je vais en
profiter, étant donné que j'ai 30 minutes, pour parler de la
motion, évidemment, mais aussi pour poursuivre un dialogue que nous
avons entrepris. J'ai cité les deux manchettes puis, effectivement, les
articles sont de teneur très différente, j'en conviens. Mais
c'est parce que les deux rendent compte d'une réalité à
deux facettes. C'est simplement pour dire qu'on peut voir les choses de
façon différente selon qu'on est de tel côté ou de
tel autre. Et je pense que, quand j'ai parlé, j'ai
réconcilié les choses sur cette question.
J'ai aussi mis en parallèle cette façon de
présenter des données fiscales, des décisions fiscales,
avec la réalité des choses. Quand vous m'avez
répliqué sur l'impôt sur les successions et l'imposition du
gain en capital, j'ai bien entendu. Je comprends votre point de vue; c'est
exactement comme ça que les choses ont été
présentées à l'époque. Mais - parce qu'il y a un
"mais" - effectivement, nos opinions pourraient diverger parce que vous avez
dit vous-même, d'entrée de jeu, que cette loi était pleine
de trous. Donc, qu'il y avait des échappatoires infinies de telle sorte
que le gouvernement fédéral a été mis devant une
décision à l'effet que, ou bien il faisait une vraie loi
d'impôt sur les successions, comme d'autres pays, ou bien il
l'abandonnait. Ce qui ne change pas le fond des choses parce que, si on prend,
par ailleurs, des statistiques sur le degré de richesse des Canadiens,
on aurait pu aller chercher des milliards de dollars. Là où il
faut faire attention, M. le ministre, en disant que l'impôt sur les
successions rapportait peu, ce qui est effectivement le
cas, en abolissant d'un coup sec l'impôt sur les successions, il
ne faut pas inclure dans les calculs l'impôt d'une seule année
mais l'impôt qui aurait dû être perçu sur la valeur
des successions accumulées à ce moment-là, compte tenu des
exemptions et de la loi. Et là, vous arrivez à une somme
fabuleuse. C'est exactement le point que je fais là-dessus. Je pense que
c'est fantastique de voir comment des modifications au système fiscal
peuvent avantager des groupes au moment où elles se font, comme
ça avantage les entreprises au moment où nous en parlons.
Dans le temps, avec des perspectives, on peut dire que: Oui,
transférer le fardeau fiscal des entreprises au consommateur, ça
peut se comprendre et, à terme, finalement, les prix vont s'ajuster
à la baisse de sorte que, normalement, le prix sur l'étiquette va
être plus faible et ça va être compensé par un prix
de vente où la taxe sur la vente ou la TPS va s'ajouter. Ça
s'admet. Il reste que, dans le passage, les entreprises ont
amélioré de façon sensible leurs liquidités.
Sensible. Vous ne pouvez pas nier ça. Je dis cela parce que je veux
quand même amener un sujet en ce qui concerne le Mouvement Desjardins.
Les Québécois ne sont pas, n'étaient pas et ne sont
toujours pas des gens très riches. Les grandes fortunes au Canada ne se
trouvent pas surtout au Québec. Il y en a quelques-unes... Pardon?
M. Savoie: Ne se trouvent plus au Québec. M.
Léonard: Non, là, écoutez!
M. Savoie: Non, non. C'est honnête, ça. C'est
honnête.
M. Léonard: Les grandes fortunes canadiennes, faites
le...
M. Savoie: Avant, elles étaient chez nous mais elles n'y
sont plus, là.
M. Léonard: S'il vous plaît! M. le Président,
les grandes fortunes canadiennes ne se retrouvent pas beaucoup au Québec
mais, de façon générale, les Québécois sont
devenus plus solides économiquement par des entreprises qu'ils se sont
données collectivement. Exemple: la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Exemple: le Mouvement Desjardins. Il y a une banque
privée qui est la Banque Nationale, qui a un certain potentiel et qui
est privée. Je pense que la diffusion du capital et la
propriété des actions, là-dedans, doivent être quand
même assez larges. Quoi qu'il en soit, il y a quelques fortunes
respectables au Québec mais les grandes fortunes se trouvent surtout au
Canada anglais. Ça, on va l'admettre.
M. Savoie: Mais ça, c'est récent. On parle d'un
phénomène...
M. Léonard: Et c'est récent. M. Savoie:
C'est récent. M. Léonard: C'est récent.
M. Savoie: Ça fait seulement 25 ans que c'est comme
ça. (20 h 45)
M. Léonard: Écoutez, si vous me pariez des grandes
propriétés à Westmount, c'est une chose. Et là je
vous dirai que, peut-être, c'est du capital à
propriété plutôt anglophone - ça; je vais l'accorder
- qui a commencé à déménager vers 1950-1955 et pas
du tout avec l'arrivée du Parti québécois.
M. Savoie: Non, non, je n'ai jamais dit ça.
M. Léonard: O.K. C'est important de voir que, finalement,
les Québécois ne sont pas très fortunés mais qu'il
y a quand même des fortunes considérables au Canada. Et on est
portés à voir le niveau des revenus par famille. Disons qu'on va
prendre un critère, simplement pour les fins de la discussion. 20 % des
familles au Canada reçoivent 45 % des revenus. Ce sont des statistiques
qu'on peut vérifier; ça varie peut-être de quelques
dixièmes mais pas... C'est ça, grosso modo, 20 % ont 45 % des
revenus et 20 % des familles qui ont les plus faibles revenus reçoivent
4 % des revenus. Et quand on parle de l'imposition des profits et des revenus,
c'est de ça qu'on parle. Et la structure de taxation de l'impôt
sur le revenu est basée sur une courbe où 20 % des plus
fortunés contrôlent 45 % des revenus, 20 % des moins
fortunés, 4 % des revenus. Vous voyez qu'if y a des différences.
Mais, ça, ça n'est qu'un côté de la médaille
et pas le pire. L'autre, on n'en parle jamais, pratiquement jamais. Et, quand
on parle de fiscalité, on n'en parie surtout pas; on le sait.
Quand on prend l'autre critère, celui de la richesse, ça
comprend la propriété d'actions, d'obligations, de biens
immobiliers, les immeubles et aussi des biens personnels, des bijoux, des
affaires comme ça; c'est dans une moindre mesure mais il y en a quand
même qui ont de bonnes propriétés. Alors, quelle est la
concentration? 20 % des familles les plus riches contrôlent 68 % des
richesses au Canada. Et 20 % des plus pauvres, 1 % des richesses au Canada. Et
la réalité c'est que les premiers 15 % des gens les plus pauvres,
ceux qui sont en dessous de zéro, n'ont aucun bien. Ils ont plus de
dettes que de biens et c'est zéro. Et ça, ça comprend les
plus pauvres, ceux qui ne gagnent rien. Généralement, ceux qui
sont à l'assistance sociale n'ont pas de dettes, n'ont rien, c'est
zéro, strictement zéro. Mais ceux qui travaillent à des
petits métiers, ont plus de dettes que de biens et, eux, sont en dessous
de la barre. Exemple: les étudiants. Les étudiants sont des gens
endettés sans aucun bien.
Alors, ça, c'est important. Je voulais le mentionner. Puis en
gros, 10 % de la population canadienne possède 50 % des richesses.
Vous voyez que, lorsqu'on s'attaque à la question de la structure
de l'impôt sur le revenu, on s'attaque à une pyramide ou une
courbe qui ne représente pas nécessairement la
réalité. Cependant, si on touche la courbe de
propriété des richesses, c'est autre chose. Or, je veux juste
attirer votre attention: Quand on impose la consommation, on touche tout le
monde. La seule correction qu'on apporte, c'est pour ceux qui vivent
d'assistance sociale et ce n'est pas une correction majeure par rapport au
reste des choses. C'est vraiment minime. C'est important pour eux puis je
trouve qu'ils n'en ont pas assez, justement. Mais c'est minime. Les grandes
questions qu'il faut se poser, effectivement... On s'en va vers l'impôt
sur la consommation; on a réduit l'impôt sur le revenu - entre les
deux courbes, la moins significative, finalement - et puis lorsqu'on exempte
les profits de capital, lorsqu'on exempte les successions, là, on
s'enlève tout moyen d'aller taxer la richesse. Et ça, ça a
une certaine importance parce qu'au fond les gens qui contrôlent leur
fortune, par exemple, par des fonds d'actions privés - qui est un
dispositif bien connu pour s'exempter d'impôt -échappent et
accumulent sans arrêt, sans débourser d'impôt et contribuent
à accroître le phénomène de la centralisation du
contrôle des richesses au pays. C'est considérable,
considérable. Cette question-là, à mon sens,
mériterait d'être creusée et je pense que ça,
ça mériterait d'entendre des gens à la barre.
Je vais ajouter plus, M. le ministre, si vous pouvez toucher à
ça... Je trouve que depuis 10 ans - parce que ce dont on parle, ce n'est
pas récent comme phénomène - ça s'est
accentué. À mon sens, le fait - je dirais même depuis cinq
ans - le fait que les taux réels de rendement sur les obligations aient
atteint jusqu'à 9 % en défalquant l'inflation - quand on a des
taux d'intérêt de 13 %, 13,5 %, le taux réel
d'intérêt est de 9 % - a contribué à accentuer le
contrôle des richesses au Canada dans les cinq dernières
années. C'est considérable comme phénomème. Et moi,
j'ai même eu l'idée, à un moment donné, qu'on
devrait taxer l'excédent d'un rendement réel normal sur, par
exemple, les obligations. Des capitaux en général, mais disons
des obligations.
Parce que, quand je regarde comment les choses se sont
comportées, le Canada est dans un déficit épouvantable et,
au fond, il paie des intérêts. Et plus ça va, plus il en
paie; et ça, ça s'en va quelque part. Vous allez me dire dans des
fonds de retraite, dans des institutions, mais encore faudrait-il s'interroger
sur l'endroit où c'est payé- Selon les chiffres de 1988, à
60,4 % en Ontario et à 17,8 % au Québec, tout simplement. C'est
une ponction considérable qui est faite sur l'économie à
cause de ces taux réels de rendement. Je pense qu'il y a des questions
importantes. Mais le point que je veux simplement soulever c'est que nous ne
nous attaquons pas à une imposition de la richesse qui existe dans les
pays européens, là où la TVA existe. Là, dans les
pays européens, il y a des impôts sur les successions avec la TVA.
Et à mon sens, dans la réforme qui s'amorce, dont c'est la
première étape aujourd'hui avec ce projet de loi-là, on ne
s'est pas posé cette question. On a copié, on est en train de
copier la TVA européenne sans voir en contrepartie l'impact que
ça a aussi sur l'accumulation des richesses. Et là, moi, je
trouve qu'il y a des questions fondamentales à se poser quant à
notre système de fiscalité.
M. Savoie: C'est la première étape. On est en train
de vivre la première étape.
M. Léonard: M. le Président, je laisserai au
ministre son 30 minutes pour répondre.
M. Savoie: Ah oui, parce que là je ne peux pas intervenir.
Si je comprends bien, quand moi, je parie, toi, tu peux intervenir. On peut
échanger librement.
M. Léonard: Ah bien, si vous voulez qu'on
échange... Mais je veux quand même... Je vais conclure et,
après ça, on échangera et vous pourrez répliquer.
Parce que j'aimerais bien qu'on en ait, des échanges sur cette
question.
Le Président (M. Lemieux): M'entendez-vous? C'est
ça. Puis-je savoir où se situe le président, dans tout
ça?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: La réalité, c'est qu'il y a, en
1986 - il me semble que c'est ça, les chiffres de 1986 - 63 000 familles
au Canada, 63 250 dont le revenu moyen était de 212 200 $. Je pense que
ce sont peut-être les chiffres de 1986. Mais, pour 6 300 000 familles, le
revenu moyen, lui, est de 39 626 $. La réalité, cependant, est
encore pire que ça parce que tes moyennes, ça cache les
extrêmes. Or, la moitié des familles canadiennes gagnent moins de
33 000 $ de revenu moyen par année. Ça, c'est la moitié.
Alors, 33 000 $ en descendant, il y a une famille, donc un couple avec des
enfants et les autres... Il y en a une accumulation et, quand on fait une
moyenne sur les familles les plus riches, 63 000 ont 212 000 $ de revenu; il y
en a là-dedans qui sont pas mal hauts.
Et encore là, quand on parle de revenu, on parie de la courbe la
moins significative des deux. Parce que si on considérait la richesse,
là, c'est bien pire. Je veux simplement vous dire que, pour les
Québécois, ça m'apparaît important de
considérer ces facteurs. Je le fais à l'occasion d'une motion
pour entendre de Mouvement
Desjardins, qui est un mouvement collé à la population
ordinaire au Québec, qui pourrait nous dire des choses là-dessus.
Est-ce que mes modèles sont faux, erronés, inexacts? Moi, je veux
bien qu'on en discute mais je pense que, globablement parlant, j'ai raison; que
le Mouvement Desjardins pourrait nous renseigner sur cette question-là.
Il me semble que c'est un mouvement qui a été bâti à
partir des sous-sols d'église et qui a grandi de rien.
Nous voulions entendre le Conseil du patronat du Québec; vous
allez admettre que nous vouions tous les côtés de la
médaille. Parce que le Conseil du patronat du Québec aurait pu
répondre à un certain nombre de questions qu'on aurait eu
à lui poser et le Mouvement Desjardins aussi. li y a une autre
réalité, une réalité où le contrôle de
l'entreprise n'est pas de même nature que celui des entreprises
privées à capital-actions - ce qui n'est pas le cas des mutuelles
- où il y a toujours un leader. Normalement, dans ces grandes
entreprises, il y a quelqu'un qui contrôle au moins 50 % du capital, qui
a le contrôle effectif sur le bureau de direction, ce qui n'est pas le
cas au Mouvement Desjardins où la propriété est
diffuse.
Et l'une des grandes questions fondamentales, à mon sens, c'est
comment rendre le contrôle du capital plus diffus. Il me semble qu'au
cours des années cinquante et soixante l'une des grandes fiertés
du capitalisme américain, c'était d'avoir eu, par exemple dans le
cas de GM, 200 000, 300 000 actionnaires, d'avoir essayé de faire
participer tout le monde au capital-actions. Dans les faits, je trouve que sur
ce plan-là le Mouvement Desjardins est une réussite autrement
plus éclairante que GM. Cependant, je vais admettre que, sur le plan
économique, ce sont deux grandes réussites et qu'un modèle
peut se comparer à l'autre. Mais l'un est privé, l'autre est
beaucoup plus collectif, beaucoup plus du type mutuelle, ou coopérative,
qui nous convient mieux. Et je ne suis pas sûr que le modèle qu'on
voudrait imprimer qui est celui de grandes familles canadiennes, actuellement,
soit celui qui va convenir aux Québécois. Je pense que la
propriété collective leur convient beaucoup mieux. Donc, dans
toute discussion sur les systèmes de fiscalité qu'on voudrait
appliquer au Québec, à mon sens, il va falloir qu'on tienne
compte de ces facteurs. Ils sont d'une importance considérable.
Alors, je ne sais pas si je peux continuer un certain temps, M. le
Président, je reviens à un propos du début où je
trouve absolument essentiel que, si l'on veut appliquer un système
d'impôt à la consommation, de taxes à la consommation, on
se pose en même temps des questions sur l'imposition sur le revenu et on
devrait aussi s'en poser sur l'imposition de la richesse. L'impôt sur le
revenu, on sait qu'il est plein de trous. On trouvait que l'impôt sur les
successions était plein de trous et on a décidé de
l'abolir. Au fond, on était devant la décision de choisir entre
un système qui marchait bien, de boucher les trous puis de l'appliquer
de façon rigide; on n'a pas osé le faire. On a
préféré taxer le capital. Mais, dans l'un et l'autre, il y
a les deux aspects. Et je maintiens, encore une fois, qu'en Europe, là
où la TVA s'applique, il y a l'imposition sur le capital, l'imposition
sur la richesse. Et encore un petit détail. Lorsqu'on impose des profits
de capital, lorsqu'ils deviennent imposables - parce que c'est encore une
petite nuance qu'il faut faire - ils ne sont imposables que lorsqu'ils sont
réalisés. Évidemment, ça aide, sur ce
plan-là. Ils ne sont pas imposables à 50 %, ils sont imposables
à 33 %. C'est-à-dire que le profit de capital est imposable
lui-même à 66 2/3 % et l'impôt à payer devient la
moitié, à peu près, de 66 2/3 %, donc 33 1/3 %; c'est le
maximum que vous allez avoir à payer sur un profit de capital.
Il y a des loustics qui prétendent qu'on devrait imposer la
richesse. Par exemple, ça existe. Ça existe en Suisse, ça
existe en France, l'impôt sur les grandes fortunes, à un taux de 1
% par année. Ce qui revient à dire qu'on pourrait imposer,
peut-être, le rendement réel des obligations lorsqu'il
dépasse le seuil normal qu'on a toujours connu et qui est, dans les
tables des actuaires, de 3 %. Lorsqu'on monte à 9 %, il me semble qu'on
pourrait se poser des questions, en tout cas, au moins pour les grandes
fortunes. Donc, c'est ce qui existe en Suisse et dans certains pays d'Europe.
Et l'effet, évidemment, serait cumulatif et là, serait important.
Et ce ne serait pas un impôt exorbitant que de dire: C'est 1 % sur les
profits de capital ou sur la richesse elle-même, globalement. (21
heures)
Je mets ça sur la table, M. le ministre, pour le
bénéfice de votre réflexion sur la question. Mais, sur
l'ensemble, vous allez convenir qu'avant de clencher les petits comme on l'a
fait, là, le gouvernement s'est mis dans les poches, lui, 362 000 000 $
pour l'année 1991. Il va avoir à payer seulement en 1992 mais
c'est quand même un avantage reportable indéfiniment parce que,
d'une année à l'autre, vous allez toujours le conserver, vous
allez toujours payer cette somme-là avec un an de retard, donc vous
faites ça pour les pauvres petits contribuables. Vous allez le
décaisser seulement avec un an de retard. Mais pour les entreprises, le
milliard et demi, vous allez le cracher maintenant. C'est ça la
différence de traitement et je trouve que nous avons un bon cas.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député d'Abitibi-Est?
M. Raymond Savoie M. Savoie: Oui.
Une voix:...
M. Savoie: Ha, ha, ha!
Une voix: Maintenant que c'est dit, c'est dur à
ramasser.
M. Savoie: Non, non, c'est parce que... Comment je pourrais dire,
donc? C'est présenté...
M. Léonard: On peut suspendre quelques minutes pour
vous...
M. Savoie: Non, non.
M. Léonard: ...donner l'occasion d'y
réfléchir davantage.
M. Savoie: Je cherche à utiliser effectivement l'exemple
qui éclaircit la nature des propos et non pas le fond. Vous avez dit,
par exemple, qu'on parie de 21 % de la population qui vit dans une situation
très difficile. Ça, les chiffres sont incontestables, personne ne
doute de cela. Vous présentez ça dans une approche où, par
exemple, cette situation est à déplorer vis-à-vis ce qui
pourrait exister ou ce qui existe ailleurs. Or c'est tout à fait le
contraire parce que le Canada, quand on revient en arrière sur à
peu près 60 ans, a toujours été un pays très riche.
Le Québec a toujours su très bien développer une grande
richesse. Et, malgré le fait qu'on a développé une grande
richesse, il va toujours y avoir ce 5 %, 10 %, 15 %, 20 %, 25 % de la
population qui vit bien en dessous de la classe dite moyenne, classe moyenne
qui... Ces gens-là ne sont pas source de revenu. Ils ne seront jamais
source de revenu. Et cette proportion-là, bien qu'elle doive demeurer
fluide, ne pourra jamais être résorbée. Les plus beaux
exemples de social-démocratie au vingtième siècle... En
Suède, par exemple, il y a toujours eu 19 %, 18 %. Ça n'a jamais
traversé la barre. Ça a toujours été pour eux
autres une espèce de contradiction, le fait qu'ils ne pouvaient jamais
descendre en bas de ce taux-là.
Et au Canada, dans ce contexte-là, ou au Québec où
tu as des groupes qui assument leurs conditions de vie dans un contexte hors
biens, hors propriété, c'est un peu normal. Vous faites
référence à cette richesse qui est détenue par un
pourcentage. Ce que vous ne dites pas, c'est que ce pourcentage est très
élevé au Canada. Il est probablement le plus élevé
que je connaisse en Amérique du Nord. Je ne connais pas d'État
aux États-Unis où la richesse est détenue par un si grand
groupe qu'au Québec ou en Ontario. Je me rappelle avoir lu une analyse
qui a été faite par Pierre Berton, qui n'est pas
économiste mais qui, quand même, a recherché, a
travaillé fort longtemps sur le dix-neuvième siècle, sur
les distinctions que, par exemple, pouvait avoir Montréal comme ville,
en opposition avec Boston.
Et sais-tu ce que c'était? C'était la diversité de
sa bourgeoisie; c'était le grand nombre de gens riches qui existaient.
La preuve c'est qu'aujourd'hui encore, à Montréal, il y a un bon
nombre de maisons... La présentation qui se fait est là pour nous
dire que, finalement, à travers le vingtième siècle, cette
classe-là a toujours échappé à l'imposition, a
toujours échappé à ce que, nous, nous faisons
là...
Une voix: ..les riches.
M. Savoie: Oui, oui, ça a toujours été
ça. On ne parle pas des pauvres. Ils n'en paieront pas de taxes, ils
n'en paieront jamais de taxes. D'ailleurs, on collecte des taxes pour eux.
M. Léonard: Là, vous allez leur en faire payer.
M. Savoie: Non. Comment voulez-vous que quelqu'un qui gagne 10
000 $, 15 000 $, 20 000 $ par année paie de l'impôt? Il n'en paie
pas parce qu'il n'en gagne pas.
M. Léonard: Relativement parlant, vous avez raison
là-dessus.
M. Savoie: Bon. Ce monde-là n'en paie pas d'impôt,
il n'en paiera jamais. Et moi, je travaille comme, vous, vous travaillez. On va
payer des impôts pour assurer que ce monde-là puisse... Et on le
veut ça, on le souhaite ça; c'est notre pensée, ce sont
nos orientations, on est d'accord. Vous, ce que vous dites, c'est que nous
autres, finalement, on est des pas si "bright" que ça parce que la
classe au-dessus de nous autres, eux, ils font de l'argent. Ils gardent leurs
richesses et ils ne sont pas imposables. Et ça aussi c'est faux. Et
ça, c'est fondamental parce que je reviens à dire ce que je
disais... Non. Non. Que, finalement, on ne fait pas affaire avec quelqu'un qui
a une vision neutre. C'est une vision biaisée, je crois, en tout cas
certainement fêlée, de l'histoire de la société.
Non. Non. Je suis sérieux quand je dis ça. Rien que la notion
d'imposer une plus-value sur la plus-value d'une action, ça me semble
quelque chose pour étouffer une société. Si on veut
étouffer toute croissance, bien faisons ça. Tuons le monde
là, c'est la meilleure façon. C'est impossible. Ce que vous
voulez faire finalement, c'est lorsqu'il y a croissance, taxer et
empêcher tout développement additionnel. On va maintenir une basse
médiocrité au niveau du développement économique,
arriver et taxer, par exemple, la richesse. Moi, ce que je vous dis - et on
s'en reparlera dans 20 ans - avec cette réforme-là, ce qui se
passe en Europe où on taxe les successions de nouveau, ça va
revenir ici où on taxe la richesse. Ça, c'est le début.
Ça, c'est les premiers coups de canon. Ils ne sont pas fous, ils le
savent. Mais ce n'est pas parce qu'on est riches. C'est
parce qu'on est pauvres qu'on fait ça. Parce que les pays riches
ne font pas ça. C'est ça la différence. Parce qu'on a trop
dépensé, on s'est tapé un déficit. On s'est
tapé un party entre 1965 et 1985 et on n'arrive pas au bout de payer
ça parce que, par exemple, il y a 15 000 000 000 $ qui ont
été accumulés lorsque vous étiez au
ministère des Transports. Et votre ami Lazure était là
hier soir... Ce 15 000 000 000 $ là, ça va nous prendre 65 ans
à le payer. 65 ans à payer cet argent-là, qui est
dépensé aujourd'hui. Et la seule façon d'aller chercher
cet argent-là, c'est avec des affaires comme ça. Et là,
ça va faire ça parce qu'on va taxer notre croissance, on va taxer
notre développement futur en disant aux riches: Lorsque vous allez vous
promener avec une propriété immobilière d'une succession
à une autre, on va maudire une taxe dessus. Et c'est ce qui va arriver.
Vous remarquerez bien ce que je vous dis ce soir, c'est le début de son
cauchemar. Ce qu'on vit actuellement en France, en Angleterre, on va le vivre
ici et ça sera dans peu de temps. Au Québec actuellement, on est
rendus là. Pensez-y deux minutes. On est rendus la 8e province la plus
pauvre au Canada. On n'est battus que par Terre-Neuve. Quelle honte! Quelle
honte d'être aussi près de Terre-Neuve! Et par
l'île-du-Prince-Édouard. Avez-vous une idée? Une province
avec 180 000 personnes! Et Terre-Neuve dont l'économie est à
toutes fins pratiques non existante parce qu'elle reposait presque
exclusivement sur la pêche. Et il ne reste que... la Nouvelle-Ecosse est
plus riche que nous autres. Au Nouveau-Brunswick, leur qualité de vie
est meilleure que la nôtre. On est rendus là et on introduit des
mesures comme ça parce qu'on doit rencontrer nos opérations
déficitaires. Montréal. Montréal qui est en absence de
croissance, dont l'argent dont vous avez si bien parlé nous a
quittés. Et là, je ne vous blâme pas, vous, parce qu'il y a
plusieurs facteurs. Vous n'en êtes qu'une des causes, mais tardives
à part ça, et c'est une autre paire de manches. Je n'en veux pas
au Parti québécois pour ça. Mais l'argent... Quand on
disait que Montréal était le coeur, était la richesse du
Canada dans les années cinquante, c'était ça. Il y avait
une Bourse et elle était à Montréal. Les banques
étaient à Montréal, les compagnies d'assurances
étaient à Montréal, l'argent liquide était à
Montréal. Il n'est plus là. Il est parti. Pour toutes sortes de
raisons, il est parti. Et nous faisons face à un déficit, nous
devons taxer plus. Et là, ce n'est plus rendu une situation où on
a le choix de taxer plus ou de taxer moins. Là, on va taxer plus et
là, ça va rester là pour vos enfants, pour vos
petits-enfants, et encore-Dans le but de courir après notre queue, et
c'est ça. Et les riches, les riches dont il dit qu'ils sont... Il vous
confond avec deux "sets" de données; il vous confond avec un "set" de
données qui est pour le Canada; donc, la grande richesse qui a
traversé en Colombie-Britannique, en Ontario, en Alberta et ce qui reste
au Québec. Les grandes richesses au Québec, il y en a très
peu. Une trentaine de familles, une vingtaine de familles qu'on peut
considérer moyennement riches, qui ne se comparent pas avec les grands
riches du Canada et certainement pas avec les grands riches de
l'Amérique du Nord. Sauf une famille, peut-être? Ils sont aussi
à la veille de partir probablement. On ne sait pas.
Et on va introduire une TPS, et vous venez me dire qu'avec la TPS on va
aller chercher l'argent des pauvres? C'est de la foutaise! On va chercher de
l'argent toujours avec la même "gang", la classe moyenne, nous autres.
Les riches, ils vont payer. Ils paient déjà beaucoup, d'ailleurs.
Ils vont payer davantage avec ça. On va aller les chercher avec
ça, il n'y a pas d'erreur. Mais ce n'est pas à notre avantage
parce qu'on s'appauvrit toujours; le cycle a débuté. On commence
à s'appauvrir et l'appauvrissement va continuer.
On est rendus au 8e rang. Moi, je me rappelle, quand j'étais
à l'école secondaire, on était au 5e rang. Quand moi je
suis né, on était au 3e rang au Canada; on venait juste de
terminer notre 2e rang, tout de suite après la guerre. C'est
passé à la Colombie-Britannique et on est tombés au 3e
rang. Ce ne sont pas des farces! Et cette perte-là va se maintenir. Si
jamais on doit traverser, par exemple, une autre époque où
l'appauvrissement va continuer... Et je crois que ça va arriver avec ce
qui se produit actuellement à Ottawa, au niveau international. Parce que
là les comparaisons vont se déplacer. Le Québec est rendu
au quoi? On était au 6e rang, on est passés au 11e rang et,
aujourd'hui, on est au 18e rang. Et là il n'y a rien pour arrêter
ça. Je veux dire, la croissance, le "spin off', ça va
continuer.
Quand tu es rendu que tu introduis des mesures comme ça, qui
commencent tout un mécanisme pour aller chercher des successions,
lorsque quelqu'un va mourir, tu vas être obligé de vendre pour
payer les droits successoraux; finalement, tout devient très liquide,
très vite. D'ailleurs, les richesses circulent et, si tu n'es pas un
bien culturel classé, je te dis que tu es obligé de la vendre, la
maison, pour survivre.
Alors moi, je ne me réjouis pas de ça. Et je ne me
réjouis pas non plus du fait qu'on introduise une mesure qui va taxer la
classe moyenne. On le fait parce qu'on est acculés au mur; on n'a plus
le choix. Il faut changer la façon dont on pense, il faut changer la
façon dont on s'oriente, et qu'on y va, là-dedans. Et ce n'est
pas le pauvre.. L'histoire qu'on taxe lepauvre, je ne la crois pas.
Ça ne colle pas à la réalité. C'est vrai que, pour
la personne qui est défavorisée, qui est en difficulté
financière, ça va être un peu plus dur parce qu'il va y
avoir cette petite taxe qui va s'ajouter à la fin de son
achat.
Par contre, elle va avoir un remboursement, en partie, tant que
ça va durer, tant qu'on va être capables de le payer. Et
deuxièmement - je pense que c'est intéressant - c'est que, quand
même, sa participation à la société va toujours
être compensée par les services qu'elle reçoit. La classe
moyenne qui te développe, qui pousse et qui assure ton
développement économique, elle, elle va payer. Elle reçoit
de plein fouet cette mesure-là. Mais uniquement dans le but de dire que
nos entreprises vont être plus compétitives, uniquement dans un
espoir que nos entreprises vont être capables de traverser cette
période-là en maintenant la compétitivité,
particulièrement dans le contexte nord-américain où nous
vivons, où on compte surtout sur l'Ontario pour vendre nos biens, et aux
États-Unis aussi.
Ne viens pas me dire qu'il y a une espèce d'approche qui
empêche le transfert des biens des riches, que les riches ne paieront pas
plus de taxes! Ne viens pas me dire non plus que c'est un plan pour aller
chercher plus d'argent auprès des pauvres. Parce que les pauvres...
Quelqu'un qui gagne 18 000 $ actuellement au Québec, il n'en paie pas
d'impôt. Ce n'est pas avec une mesure comme ça qu'on va être
capables d'aller en chercher des tonnes. Il n'y a pas de tonnes. Le gros de
l'argent vient de ce qui est autour de la table ici là, et du monde qui
travaille. C'est de là que ça vient, l'argent, parce que c'est
nous autres qui travaillons. On suppose finalement les gens moins
fortunés et on tolère actuellement la situation de ceux qui sont
plus fortunés parce qu'on a encore les moyens de les tolérer. (21
h 15)
Ce que je vous dis, c'est que bientôt on ne sera plus capables. On
ne sera plus capables et, plutôt que de couper les services aux moins
fortunés, on va aller chercher les plus fortunés. Mais c'est le
début et c'est le début, pour moi, de la fin de l'époque.
C'est pour ça que j'attache tant d'importance historique à ce
petit projet de loi là. C'est le début d'une nouvelle
époque pour moi, au sens de l'unisson du Québec. C'est une
cristallisation du fait qu'on s'appauvrit; c'est une cristallisation du fait
qu'on change d'orientation au niveau social; c'est aussi une cristallisation du
fait que l'avenir, pour nos jeunes, ne sera pas aussi bon qu'il l'a
été pour nous autres. Ça va être plus difficile.
Ça va être plus difficile à moins qu'on soit en mesure de
relever des défis pour maintenir une société
compétitive. Et ça, là, avec le déficit qui nous
écrase, je me demande si on va réussir. Je me demande
sincèrement si on va être en mesure d'arriver et de dire qu'on va
être en mesure de réduire les 20 % des ménages au
Québec qui gagnent moins que 17 500 $ par année. Ça me
surprendrait énormément.
M. Léonard: J'ai l'impression qu'on est en train de faire
le vrai débat de deuxième lecture. C'est ça qu'on est en
train de faire. C'est quoi, les principes de la fiscalité qu'on devrait
étudier et lesquels on devrait admettre ou pas? Je pense qu'il faut
admettre que cette réforme a pour objectif de rendre nos entreprises
plus concurrentielles. C'est un fait.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Les deux manchettes qui sont là sont
exactes. Il s'agit d'y aller grosso modo, il s'agit de les concilier. Quand on
veut rendre nos entreprises plus concurrentielles, est-ce qu'on le fait de
façon absolument neutre, indépendamment de ceux qui
contrôlent la richesse, qui les sous-tendent et qui leur permettent de
fonctionner? En d'autres termes, de ceux qui leur fournissent le capital? Moi,
je pense que, là-dessus, il faudrait se la poser la question. Je ne dis
pas qu'à matin il faudrait décider d'imposer les successions
comme ça parce que, effectivement, je vais être d'accord avec vous
qu'il y a un effet pervers. Le contrôle des capitaux fuit à
l'extérieur. Dans le temps où il y avait un impôt sur les
successions, c'était incroyable les voyages qui se faisaient aux
Bermudes. Ils incorporaient les entreprises aux Bermudes et ils glissaient tout
ça. Il y avait un spécialiste chez Clarkson & Gordon qui ne
faisait que ça, et payé le gros salaire par année. Ceci
étant dit, je ne sais pas si ça ne s'est pas encore produit et si
ce n'est pas encore une mode. Elle est un peu moins à la mode, la
technique, mais ça fonctionne encore. Je pense quand même que les
mesures fiscales - et je reviens à l'idée d'hier que j'ai
mentionnée en partant - doivent être examinées avec
beaucoup d'attention. Elles sont absolument non transparentes comparativement
au système de subventions que nous avons élaboré.
Ça, je pense que vous allez admettre ça. Quand le gouvernement
donne 1 000 000 $ à une entreprise, ça fait l'objet d'une
déclaration ministérielle par les temps qui courent. Mais
quelqu'un qui va aller tirer un avantage fiscal de 1 000 000 $ de par la Loi
sur les impôts, vous n'en entendez même pas parler. Vous ne le
voyez pas, c'est non transparent.
Et, donc, je pense qu'il faudrait se poser des questions
là-dessus, sur le système lui-même. Tous les abattements
fiscaux qui sont mis en place, tous les abris fiscaux, par exemple, le
système qui a touché les immeubles résidentiels à
logements multiples, les IRLM, ça a coûté quoi au
gouvernement fédéral? 2 000 000 000 $. Ça nous a
coûté à nous autres aussi; on a notre part
là-dedans. 2 000 000 000 $ sur une période d'à peu
près 15 ans. C'est de l'argent. C'est considérable. Et les
études ont démontré que, finalement, ça n'avait pas
tellement fait construire de nouveaux immeubles. En fait, ça a
été des dispositifs fiscaux par lesquels... Ça a
été des abris fiscaux en quelque sorte. Pas plus. Les gens qui
accumulaient un peu d'argent le pla-
çaient là-dedans pour profiter de l'immobilier. Parce
qu'au fond c'était de l'immobilier. Bon. Le pauvre petit professionnel
qui avait mis son 50 000 $ là-dedans ou son 10 000 $... C'est qu'il y en
a qui l'ont fait à grande échelle. C'est quoi la fortune des
Reichman? C'est ça. C'est de l'immobilier. Ils en ont fait, eux autres.
Ils ont accumulé 6 000 000 000 $.
Une voix: C'est ça.
M. Léonard: Bon, ceci étant dit, vous allez me
dire, pas juste là-dessus, mais beaucoup sur l'immobilier. Ne chicanons
pas sur les détails même si ce sont de gros détails. Je
trouve que, lorsqu'on fait un virage de fiscalité comme celui qu'on est
en train de faire, ces questions-là devraient être sur la table.
À mon sens, ça devrait faire l'objet d'un bon document sur la
fiscalité. J'ai pris acte que le ministre nous a promis une bonne
commission parlementaire avant de passer à la deuxième
étape. J'espère que vous allez vendre votre idée au
Conseil des ministres parce que ça pourrait donner lieu à un
fichu de bon débat ici, autour de la table. Et l'idée d'avoir des
sources de taxation différentes ou de rééquilibrer le
fardeau fiscal pourrait en être une qui commande des choses, tout en
gardant vraiment en tête qu'il faut effectivement que nos entreprises
soient concurrentielles et qu'elles soient libérées, en tout cas,
d'un certain nombre de charges pour fonctionner. Je suis d'accord. Ce que j'en
dis, c'est qu'en Europe, là où il y a la TVA, la taxe sur la
valeur ajoutée, une certaine forme d'imposition sur la richesse est
restée. Il en est resté. Je ne pense pas qu'on puisse dire, au
moment où on se parle, que les pays européens sont si
démunis que ça, même en ayant gardé leur impôt
sur le capital. Les Suisses ne sont pas des tout-nus, pas du tout. Ils sont
riches. Mais ils ont une certaine forme de taxe sur le capital. Donc, c'est une
chose possible. Tout consiste à savoir comment ça s'applique,
à quel moment ça s'applique, de façon à ne pas
perdre les contrôles qu'on tient à garder dans un pays. Je pense
que c'est une donnée importante, mais c'est une parmi d'autres. Alors,
je pense qu'on est presque en train de se rejoindre. Je partage moins les
analyses que vous faites sur la décroissance du Québec, par
exemple. Les moyennes, encore une fois, cachent les choses. Il y en a
peut-être certains qui sont partis, qui étaient très
riches, qui ont fait baisser la moyenne. Ça ne veut pas dire cependant
que la moyenne générale a été aussi
affectée. Je pense, comme vous, qu'elle a été
affectée, mais autant que vous le dites, je suis un peu moins sûr
de cela. Ceci étant dit, on pourrait voir; on peut faire des analyses
plus fines.
M. Savoie: Parlons de la Suisse, justement. Parlons de la Suisse.
Pourquoi la Suisse est-elle un pays si riche?
M. Léonard: Ils ont quelques industries de pointe et ils
ont des institutions financières qui drainent beaucoup de capitaux dans
le monde.
M. Savoie: Ils n'ont pas de dettes. L'impôt, là-bas,
est minime comparé à notre impôt. Ils paient beaucoup,
beaucoup moins de taxes que nous. Le pays en tant que tel, le gouvernement, n'a
pas de dettes. Ils n'ont pas de service de la dette qui les grève. Donc,
le franc suisse est prospère, il se développe, il est avantageux.
Les pays où il y a un déficit: l'Angleterre. L'Angleterre est aux
prises... À l'arrivée de Thatcher, il y avait de l'inflation.
Ça montait à 14 %, 15 %, 16 % et on était tout près
de l'Argentine, là. Quand tu es rendu que tu tapes du 16 %, tu es
à deux pas de l'Argentine parce qu'entre 18 % et 19 % puis 300 %, il n'y
a rien. Entre 4 % et 12 %, là, il y a du "stock". Là, c'est la
différence entre un pays qui fonctionne puis un pays qui commence
à mal fonctionner. 19 %, tu ne fonctionnes pas et. si tu ne fonctionnes
pas à 19 %, tu ne fonctionnes pas non plus à 300 %. Et c'est
ça, la différence. Nous, notre problème, c'est qu'on est
endettés. À cause de la récession qui est sur nous, on
n'est plus capables d'emprunter. On n'est pas capables d'emprunter pour
rembourser, pour créer des programmes, pour faire du
développement. Vous le savez, à la minute où nous allons
emprunter, notre cote va fluctuer. Les deux sont liés. On est au maximum
de notre marge de crédit. Notre carte de crédit est
"loadée". Emprunter, finalement, ça équivaut à
modifier notre "standing" et là, tout simplement d'un coup de plume,
augmenter notre versement à coups de centaines de millions de dollars,
en baissant de cote, en passant de 2A à 1A, par exemple. Vous êtes
d'accord avec ça. Mais c'est ça qui fait la richesse...
M. Léonard: Je vais être d'accord. Mais il faut
quand même faire une analyse un peu plus poussée là-dessus.
D'où viennent les dettes présentement? Comparons les dettes.
L'apport du Québec dans la dette fédérale va... On pourra
la négocier quand on fera le transfert des pouvoirs mais disons qu'elle
est de l'ordre de 75 000 000 000 $. Si on prenait 25 %, c'est 80 000 000 000 $,
95 000 000 000 $, au moment où on se parle, pas loin. Mais, à mon
sens, c'est moins que ça pour différentes raisons. Et en tout
cas, je négocierais ça à moins que ça,
sûrement. Mais 50 000 000 000 $, peut-être plus. Le Québec
lui-même a 30 000 000 000 $. La réalité, c'est que le
fédéral nous donne de moins en moins de services et nous
coûte de plus en plus cher. Sa crédibilité est au plus bas
et il y a des conséquences sur le crédit du Québec. Si la
dette fédérale n'était pas élevée, en
réalité, le crédit du Québec serait aussi bon qu'il
l'a été auparavant, même peut-être plus, étant
donné... Oui, là je pense qu'il faut analyser les deux aspects de
la question en même temps. Quelqu'un qui va
emprunter sur obligation du Québec ne peut pas faire autrement
que de se poser la question sur la fiabilité des transferts du
fédéral vers le Québec, il ne peut pas faire autrement que
de se poser cette question-là. Et, sur ce plan-là, il y a une
grande interrogation. Et sûrement, vous l'avez admis quand on en a
parlé tout à l'heure, cet après-midi, que les paiements de
transfert risquent d'être coupés. Ils vont l'être cette
année, ils vont l'être l'an prochain. Tant que le problème
du déficit fédéral n'est pas résolu, on est faits.
Et ça, ça rejaillit automatiquement sur nos taux
d'intérêt. Pourquoi nos taux d'intérêt sont-ils si
élevés? Le taux d'escompte est élevé parce que la
crédibilité du dollar et la crédibilité des
équilibres du système est faible. Et donc, on paie un
intérêt de 13 %. Si on n'avait pas ce problème de
crédibilité sur le dollar canadien, sur les finances du
gouvernement fédéral, je pense que les taux
d'intérêt baisseraient rapidement. Ils seraient comme ils avaient
toujours été au moment où nous avions une situation
financière saine, de 2 %, 3 % maximum au-dessus du taux
d'intérêt américain. Donc, on baisserait à 9 % et
sur ce plan-là, dès qu'on aurait un tel taux
d'intérêt, un tel taux d'escompte, le fardeau de notre dette
serait beaucoup plus supportable qu'il ne l'est maintenant. Effectivement, les
plans de Wilson sont que, finalement, son budget sera équilibré
à partir de 1993-1994, je ne me rappelle plus. Le dernier budget, en
tout cas, avait des tableaux éclairant cette question-là. Et je
pense qu'on vient de toucher là un des problèmes fondamentaux
dans la politique canadienne, le problème de la dualité de la
direction du pays qui a amené à des décisions fofolles, au
fait que le gouvernement fédéral est faible par rapport aux
pressions de ses différentes parties. Et moi, je suis un de ceux qui
pensent que, s'il voulait s'en sortir, il faudrait qu'il ait un gouvernement
central absolument fort. L'autre hypothèse, c'est que ce soient des
parties qui soient très autonomes. Et on revient à toute la
question politique de fond.
M. Savoie: Vous savez ce qui va arriver, hein! quand le
gouvernement central ne sera plus là. Vous le savez, puis moi aussi je
le sais. Là, ça va être l'appauvrissement. Là,
ça va donner une cote... Là, ce ne sera pas... Là, tout le
monde va baisser.
M. Léonard: Ça, c'est votre opinion, c'est votre
opinion.
M. Savoie: Non, non, ce n'est pas une opinion. Non, non, je ne
fais pas de la politique ici.
M. Léonard: Non, non.
M. Savoie: Je ne fais pas de politique ici. Je vous le dis, vous
le savez aussi. Vous le savez. Que le gouvernement fédéral
central saute, nous, on baisse de trois, quatre coches, "petox, petox, petox",
et ça va paraître. Écoutes là, ça n'est pas
des à peu près puis ça n'est pas une question qui se pose,
hein! Puis, vous le savez à part ça. Non, non, vous le savez.
Mais on se dit: On est prêts.
M. Léonard: Je ne suis pas d'accord avec ça.
M. Savoie: Non, non, mais sans dire qu'on est prêts
à payer le compte ou pas, c'est ce qui va arriver. Mais on est loin de
notre impôt, là, on est loin de notre impôt. Mais c'est
justement le député...
Le Président (M. Lemieux): Ouais! On en arrive dans un
débat qui est d'un ordre...
Une voix: C'est un débat de fond.
M. Savoie: On est loin de notre richesse et on est partis sur la
base de la Suisse finalement. La Suisse, c'est un pays
privilégié. Pourquoi? Non seulement parce qu'il gère de
l'argent, puis ça génère une certaine richesse, mais parce
qu'il n'a pas de déficit. Tu fais avec la Suisse ce que nous avons fait
avec le Canada ou le Québec: Tu l'assommes avec une dette
considérable, il va avoir autant de difficultés. Autant de
difficultés et l'appauvrissement va être aussi
considérable.
Le Président (M. Lemieux): Comme au Mouvement Desjardins,
vous vous renseignez sur la Suisse.
M. Savoie: La taxe, la taxe pour payer votre déficit.
M. Léonard: Non, ça, je pense que je ne l'admets
pas, le déficit. Il y en avait un...
M. Savoie: Bien non, tu ne peux pas l'admettre. Tu l'as
créé tantôt, je l'ai vu.
M. Léonard: Moi, je pense que nous discutons
au-delà de cela. Par ailleurs, il y avait un déficit lorsque nous
sommes arrivés. Il y en a eu un qui était plus grand quand on est
partis, c'est un fait, mais vous avez continué à l'augmenter
aussi. (21 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Alors, votre débat
était intéressant mais comme nous ne sommes pas la commission
Campeau-Bélanger, nous allons revenir à la commission du
budget... Bélanger-Campeau...
M. Léonard: II y aura des experts, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons
revenir à la commission du budget et de l'administration
et...
M. Léonard: II y aura des experts qui vont venir
témoigner; nous verrons bien leur position. C'est vrai, à la
commission Campeau-Bélanger, ça va être intéressant.
J'ai hâte de voir. Je vais être là, d'ailleurs.
M. Savoie: Ça va être intéressant. Ça
va être intéressant.
M. Léonard: J'ai hâte de voir.
M. Savoie: Moi aussi. Les experts, je vais suivre ça de
près. Vous pouvez être sûrs que je ne sortirai pas à
ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Permettez... Permettez-moi
d'appeler au vote. Est-ce qu'il y a des interventions sur la motion du
député? Oui?
M. Savoie: Oui, il y en a d'autres...
Le Président (M. Lemieux): Oui? Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Savoie: Tâchez d'être aussi intéressant...
De garder le même niveau, si... vous êtes capable!
Une voix: Doutez-vous des capacités de mon
collègue, vous?
M. Savoie: Non, non. Je dis tout simplement: S'il est capable,
maintenir le même niveau. Vous êtes capable?
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: Alors, M. le Président, la proposition est
à l'effet d'entendre le Mouvement Desjardins. Je pense que c'est
indispensable de le faire parce qu'il s'agit de la plus importante institution
financière du Québec, pas seulement par l'actif, qui est autour
de 45 000 000 000 $, mais à cause du nombre de sociétaires qui
est de 4 300 000, aux dernières nouvelles. Ça m'ap-paratt
important de les entendre parce qu'il n'y a pas d'autres institutions au
Québec qui soient plus connectées sur le vécu quotidien
des gens et qui puissent nous dire, de façon utile, ce qu'ils pensent de
la TPS, ce qu'ils pensent de la taxe de vente.
On a mentionné tout à l'heure qu'il y a 63 000 familles au
Canada qui gagnent 212 000 $ en moyenne. Puis, à l'autre bout de
l'échiquier - c'est le député de Labelle qui parlait des
63 000 familles qui gagnent en moyenne 212 000 $ - le ministre nous citait le
chiffre du 20 % des ménages du Québec qui gagnent moins de 17 500
$. Des 63 000 familles canadiennes qui gagnent 212 000 $ par année, il
n'y en a sans doute guère plus de 10 000 qui vivent au Québec.
Donc, on voit que la richesse est partagée très
inégalement.
Mais quand on regarde les plus de 4 000 000 de membres du Mouvement
Desjardins, M. le Président, on sait que 20 % d'entre eux
contrôlent 80 % des actifs, 80 % de la richesse. Mais là où
le chiffre demeure intéressant, M. le Président, quand on regarde
les mieux nantis qui sont sociétaires du Mouvement Desjardins, c'est
lorsqu'on se rend compte que 20 % de 4 000 000 de sociétaires, c'est
quand même au-delà de 800 000 personnes. Donc, 800 000 personnes
d'un côté, puis une dizaine de milliers de familles vraiment
riches de l'autre. Ce qui est clair, M. le Président, dans la loi qu'on
a devant nous, c'est que les entreprises vont arrêter de payer la taxe de
vente et les particuliers vont en payer plus. On peut le maquiller de 212 000
façons mais c'est évident que les entreprises vont être
exemptées de la taxe. Et il faudra se priver pour pouvoir passer
à travers, malgré l'exemption que le Québec consacre
à toutes les entreprises. Les entreprises ne paieront plus de taxe de
vente et les particuliers vont en payer beaucoup plus. Tu sais, c'est
évident, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'arrive, M. le
ministre.
M. Bourdon: C'est évident que c'est ça qui se
passe.
Une voix: Un putsch, et il n'y a plus personne.
M. Bourdon: Alors, moi, je vais demander une suspension, parce
que le président n'est plus là...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Pointe-aux-Trembles; je voulais parier à votre
conseiller.
M. Bourdon: Alors, je comprends.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer. Je
m'excuse, vous avez raison, ma place est ici, M. le député de
Pointe-aux-Trembles. Continuez,
M. Bourdon: Donc, en vertu de cette loi, M. le Président,
les compagnies ne paieront plus de taxe de vente et les particuliers vont en
payer plus. De l'autre côté de la table, on se donne bonne
conscience en disant: Les plus défavorisés n'en paieront pas plus
parce qu'eux autres, on ne peut pas leur en demander plus. Je suis d'accord.
Mais la classe moyenne, M. le Président, va continuer de s'appauvrir et
le phénomène des dix dernières années, c'est
l'appauvrissement de la classe moyenne au Québec. Et il y a de plus en
plus de gens de la classe moyenne qui
n'arrivent plus. Et, dans les cinq dernières années, les
revenus du travail, dans la classe moyenne, ont augmenté moins vite que
l'inflation. Les plus défavorisés sont un peu plus mal pris
qu'avant et le gouvernement adopte des mesures pour les maintenir au même
niveau.
Bon. Mais la classe moyenne est en perte de vitesse et voit ses revenus
diminuer constamment. Maintenant, le ministre devrait tenir compte du fait que
le paradoxe de ça, c'est le statut inégal que les revenus du
travail ont par rapport aux revenus des placements de l'argent. Il y a
plusieurs causes à cette tendance mais une de ces causes, c'est que
c'est sûr que, pour un ministre des Finances ou un ministre du Revenu,
les salaires sont faciles à retracer; c'est facile à
contrôler et on prélève là-dessus. Et l'impôt
sur le revenu n'a pas été modifié dans ses fondements
depuis nombre d'années. Et dans le budget du Québec, M. le
Président, la part des particuliers, que ce soit en impôts ou en
taxes indirectes, augmente constamment, et la part des entreprises diminue
constamment.
Or, aux États-Unis, sous le président Reagan, on a
simplifié et diminué l'impôt sur le revenu en enlevant
toutes sortes d'exemptions de tous ordres qui permettaient à ceux qui
ont les moyens de se payer un fiscaliste d'éviter de payer de
l'impôt. Et on a tranféré, aux États-Unis, une
partie du fardeau fiscal vers les entreprises. L'habileté de la mesure,
M. le Président, ça a été que toutes les tables de
l'impôt sur le revenu ont diminué, y compris celles des plus
riches.
Et, dans ce sens-là, on a vu dans des revues comme Fortune,
le président de GM qui disait: GM va payer plus d'impôts mais,
moi, je vais en payer légèrement moins, et même pas mal
moins. Dans ce sens-là, M. le Président, la mesure qui est devant
nous est fondamentalement régressive. Elle est régressive
puisqu'on dit: On exempte les entreprises de payer la taxe de vente et on
élargit l'assiette de la taxe de vente que tout le monde devra payer. Et
c'est la classe moyenne qui va écoper.
Et dans mon comté, à cet égard, je défends
les intérêts de la classe moyenne, des couples avec enfants qui,
à deux, gagnent une cinquantaine de milliers de dollars et plus, qui ont
acheté une maison à 100 000 $ il y a trois ans et qui se
retrouvent avec des hausses d'hypothèques considérables ces
années-ci. Rendons-nous compte, M. le Président, que les
dépôts à terme qu'on fait dans une institution
financière rapportent maintenant autour de 11 %, 12 % quand l'inflation
est à un peu moins que 5 %. Donc, le taux réel de rendement,
comme le soulignait le député de Labelle, flotte autour de 9 %.
Et, dans ceux qui paient ces intérêts considérables, il y a
tous les contribuables, parce que nos gouvernements sont endettés, c'est
notoire. Et, dans ceux qui en profitent, il y a tous ceux qui ont des
économies et qui sont capables de prêter à ces
taux-là.
Maintenant, il y a une chose fondamentale qu'il faut bien dire, c'est
que le déficit du gouvernement du Québec est plus ou moins de 2
000 000 000 $ par année. Le déficit fédéral est de
plus ou moins 30 000 000 000 $, 32 000 000 000 $ par année. Donc, notre
part du déficit fédéral est d'à peu près 8
000 000 000 $ et notre déficit, au Québec, est de 2 000 000 000
$. M. le Président, advenant que le Québec ait un seul
gouvernement, c'est bien sûr qu'il partirait avec sa part de
déficit plus son déficit, soit autour de 10 000 000 000 $. Mais
l'erreur, c'est de penser qu'en attendant qu'on s'administre nous-mêmes
on ne paie pas notre part du déficit fédéral. Et il faudra
penser à des moyens justes pour réduire l'endettement du
Québec. Mais là, le problème qu'on a, M. le
Président, c'est que - convenons-en, même si on n'est pas
d'accord, quant à nous, sur les moyens - le déficit du
Québec est sous contrôle et le déficit
fédéral n'est pas encore sous contrôle.
Et pour finir, M. le Président, je pense qu'on devrait entendre
ce que le Mouvement Desjardins a à dire sur ce qui est devant nous parce
que ce qui est foncièrement mauvais dans la réforme qui est
devant nous, ce n'est pas juste son contenu, c'est le fait qu'elle n'ait
été précédée d'aucun débat public sur
ses orientations alors que mon parti, dans cette commission même, en
proposait un sur la TPS - qui aurait dégénéré dans
un débat sur la fiscalité - il y a un an; puis là, le
ministre dit qu'entre les deux étapes la population serait mise à
profit. J'espère qu'elle le sera parce que, comme c'est là...
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Bourdon: ...parce que, comme c'est là, ça ne
marche pas bien.
M. Georges Farrah
M. Farrah: Oui, M. le Président, quelques brefs
commentaires sur la motion. Il y a un élément, je pense, qui n'a
pas été abordé au cours de ces discussions mais qui est
important. Le fait de taxer la consommation, c'est tout l'effet qu'il peut y
avoir au niveau du travail au noir. On sait que c'est quand même un
phénomène important de notre société, le travail au
noir; il ne faut pas se le cacher. C'est quand même quelque chose de
réel. Et c'est des montants qui sont quand même substantiels qui
échappent au gouvernement, notamment au gouvernement du Québec.
Dans ce contexte-là, vous taxez la consommation; ça permet ainsi
d'aller récupérer un peu les revenus gouvernementaux qu'on ne
peut pas aller chercher à cause du travail au noir. Alors, ceux et
celles qui, malheureuse-
ment - parce que c'est frauduleux, il faut l'admettre - travaillent en
dessous de la table, comme on le dit communément, lorsque ces
gens-là vont consommer, au moins, on pourra récupérer un
peu. Alors, je pense qu'il y a quand même un avantage à taxer la
consommation et ça, je pense que c'est un élément positif
qu'il faut souligner. C'est un peu un moyen par la bande, si je peux m'exprimer
ainsi, pour permettre de récupérer des revenus qui, normalement,
devraient aller à l'État pour qu'il les redistribue
équitablement à l'ensemble de la population et notamment aux gens
moins favorisés.
Puisque nos amis d'en face parlaient également des
déficits ou de la récupération du déficit
fédéral, je les invite à faire la réflexion
suivante: Est-ce que nous sommes capables de l'absorber ou de vivre
l'insécurité économique que pourrait provoquer la
souveraineté ou tout changement constitutionnel majeur? La question est
là. Parce que, veux veux pas, il va y avoir une instabilité
économique qui peut être grande. Je prends une région comme
la mienne, qui est économiquement défavorisée. Ce n'est
pas facile. Avec des décisions majeures qui peuvent entraîner une
insécurité au niveau des investissements, qui peuvent avoir des
répercussions sur les taux d'intérêt, sur les emprunts,
est-ce qu'une région comme la mienne pourrait absorber une
insécurité comme ça? C'est la question qu'il faut se poser
dans un débat de fond. C'est très important. Alors, M. le
Président, je ne veux pas élaborer davantage, compte tenu que nos
amis d'en face ont beaucoup de commentaires à faire ou à apporter
sur leur motion d'inviter des gens des caisses populaires Desjardins. Je n'ai
rien contre ces gens-là, remarquez bien. Je pense qu'ils font un
excellent travail, comme bien d'autres, d'ailleurs.
M. Bourdon: Êtes-vous d'accord?
M. Farrah: Ça ne me dérange pas sauf que, moi, je
les ai déjà consultés ces gens-là; alors, je sais
ce qu'ils pensent. Mais si vous voulez les entendre à nouveau - on
écoute M. Béland à la journée longue à la
Commission Bélanger-Cam-peau - je ne comprends pas l'opportunité
immédiate de le faire, remarquez bien.
M. Léonard: M. le député, je me permets de
vous poser juste une question: II y a, au Mouvement Desjardins, un
vice-président fort compétent en la matière, qui s'appelle
M. Al ban D'Amours, ex-sous-ministre du Revenu. (21 h 45)
M. Farrah: J'espère qu'ils sont cohérents dans leur
message, M. Béland et M. D'Amours, puisqu'on entend M. Béland qui
parle au nom des sociétaires, des 4 000 000 et quelques
sociétaires que le député de Pointe-aux-Trembles
mentionnait tantôt. Je ne vois pas nécessairement
l'opportunité, pour l'instant, de le faire. En tout cas, je voulais
apporter, M. le Président, cet élément-ci: le travail au
noir, dont on n'a pas discuté, malheureusement, à la commission.
Je pense qu'une taxe comme ça fait en sorte de récupérer
un certain montant qu'il est important de pouvoir redistribuer
équitablement à la population. Et ça, il faut le dire
à la population également. Le travail au noir, c'est de
l'injustice, M. le Président. Celui qui travaille à la sueur de
son front, de la classe moyenne ou même de la classe pauvre, qui voit
quelqu'un à côté de lui qui, souvent, retire des
prestations de bien-être social et travaille en dessous de la table, ce
qui lui permet de gagner le double ou le triple de l'autre qui est bien dans la
légalité, je pense que lui, avec une taxe comme celle-là,
va moins voler; c'est équitable. Parce que celui qui fraude, au moins,
excusez l'expression mais on le "pogne" dans le détour et ça, je
pense qu'il faut le mentionner, M. le Président.
Alors, c'est le commentaire que j'avais à faire à ce
moment-ci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. M. Farrah:
Voulez-vous intervenir? Mme Caron: Oui.
Le Président (M. Lemieux): La parole est à
vous.
Mme Caron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): On est toujours
intéressés d'ailleurs à entendre vos commentaires.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Je pense que cette motion sur le Mouvement Desjardins
nous a permis des échanges qui ont été, à mon avis,
extrêmement intéressants. Je pense que c'est parmi les
échanges les plus intéressants qu'on ait eus depuis le
début et qu'on a vraiment touché au coeur des problèmes.
Concernant le sujet du travail au noir qui a été soulevé
par le député des Îles-de-la-Madeleine, je pense que c'est
un point important et qu'il a bien fait de le souligner. Moi, j'ai toujours dit
que le travail au noir, ça touchait à peu près tout le
monde. On prend toujours l'exemple du bénéficiaire d'aide sociale
qui travaille au noir mais, par contre, ça touche beaucoup de personnes
dans la classe moyenne. Et le travail au noir touche, à mon avis,
très peu de personnes qui sont dans la partie très aisée
de la société parce que, eux, ce n'est pas nécessairement
le travail au noir qu'ils vont utiliser; c'est davantage les abris fiscaux. Ils
ont les moyens d'utiliser les abris fiscaux.
Donc, le travail au noir va peut-être nous permettre d'aller
chercher un petit peu au niveau de la consommation, oui, mais ne permettra pas
encore d'aller chercher dans cette fameuse classe qu'on n'atteint jamais. C'est
une préoccupation que j'ai depuis longtemps et, à chaque fois que
des citoyens me parlaient des fraudes de certains bénéficiaires
d'aide sociale, je disais toujours que même si l'ensemble de l'argent que
nous coûtent les bénéficiaires d'aide sociale, même
si c'était un ensemble de fraudeurs, c'est une parcelle tellement infime
de tout l'argent qu'on ne va pas chercher du côté des plus riches.
Et ce qui m'inquiète le plus c'est que, effectivement, avec ce projet de
loi là - vous l'avez bien dit puis vous l'avez démontré et
ça confirmait quelque chose que je sentais depuis longtemps - c'est
encore la classe moyenne qui est touchée. Puis, moi, ce qui
m'inquiète, c'est qu'on n'entende pas les cris d'alarme de cette classe
moyenne là; on sent monter une violence verbale de cette classe moyenne
et une violence qui risque de passer à l'action, je pense. La classe
moyenne, elle sent qu'elle n'en a plus, de recours. Elle sent qu'elle
s'effrite, que ça lui échappe; elle est parfaitement consciente
du fait qu'elle fait vivre les plus démunis. Mais elle est aussi
parfaitement consciente du fait que la classe qui est au-dessus d'elle...
Une voix: Ne paie pas assez.
Mme Caron: ...n'est pas affectée. Votre gouvernement a
choisi de ne pas augmenter les impôts sur le revenu et, pour cette classe
moyenne là, c'est une injustice parce que les autres moyens que vous
avez utilisés, toutes les petites taxes directes et indirectes que vous
avez touchées... Qu'on prenne uniquement l'augmentation du prix du
permis de conduire; cette augmentation-là, que la personne ait un faible
revenu, un moyen revenu ou un très gros revenu, c'est à peu
près la même chose comme augmentation. Sauf que,
proportionnellement parlant, c'est injuste parce que la classe moyenne est bien
plus affectée par l'augmentation du prix de son permis de conduire que
quelqu'un qui se retrouve dans l'autre classe. Ce n'est presque rien pour
lui.
Même chose au niveau des taxes scolaires. Ceux à plus
faibles revenus, évidemment, ils n'ont pas de propriété;
ils ne paieront pas de taxes scolaires. La classe moyenne, quand son compte de
taxes scolaires double et triple, ça la touche beaucoup à cause
de son revenu; alors que la personne qui est plus aisée, vous allez me
dire que son compte de taxes scolaires est plus élevé sauf que,
proportionnellement à son revenu, c'est une goutte d'eau dans
l'océan. Et mes inquiétudes sont davantage ce matin... Je l'ai
bien dit quand j'ai parlé de la Fédération des ACEF. Parce
que ce que la Fédération des ACEF nous dit depuis quelques mois,
c'est que c'est la classe moyenne qui, de plus en plus, la consulte; pas les
plus démunis, ils n'ont rien à gérer. La classe moyenne
éprouve de plus en plus de difficultés, et c'est celle-là
qui va consulter la Fédération des ACEF.
L'autre point qui m'inquiète, c'est qu'on nous dit que taxer la
consommation, c'est un moyen juste. Je suis bien consciente que, pour les plus
démunis, pour les plus faibles, le pourcentage de consommation, c'est
presque 100 %. Qu'on pense au bénéficiaire de l'aide sociale ou
au plus faible petit travailleur, il utilise presque au complet son
chèque ou son revenu - dans le cas du petit travailleur - pour consommer
les biens essentiels. On s'entend, il n'y a pas d'économie, il n'y a pas
de moyen non plus d'aller chercher des biens de luxe. D'accord? Donc, il
utilise son enveloppe budgétaire complète pour la
consommation.
La classe moyenne, maintenant, elle aussi utilise presque en entier son
revenu pour consommer les biens dont elle a besoin. Elle fait très peu
d'économies maintenant, de moins en moins.
Mais la classe la plus aisée ne consomme pas à 100 % ses
revenus. Les statistiques qu'on a, c'est qu'elle consomme ses revenus à
peu près à 57 %. Elle ne consommera pas plus que ça parce
que, passé ça, ce qu'elle fait avec ses revenus, se sont des
investissements, des placements. Elle n'ira pas "reconsommer". Même si
elle a des moyens énormes, elle ne dépensera pas 100 % pour
consommer. D'autant plus que c'est même plus dans ses coutumes, dans ses
pratiques journalières, d'essayer de consommer moins pour investir
davantage. Et souvent, on entend ça, que les gens les plus riches,
finalement, sont ceux qui sont - entre guillemets - les plus radins, les moins
portés à être généreux ou à
dépenser parce qu'ils sont portés à investir
davantage.
C'est donc une très grande préoccupation pour moi par
rapport au projet de loi que vous déposez, justement à cause de
cette préoccupation que j'ai toujours eue de la classe moyenne et par
les commentaires qu'on a de cette classe moyenne là qui, elle, sent
très bien qu'elle n'a plus le contrôle, que tout s'effrite. Le
Mouvement Desjardins, dans ce sens-là, je pense que ça aurait
été intéressant parce que, justement, c'est un mouvement
qui regroupe énormément de Québécois et de
Québécoises et qui a en main une partie des économies de
ces Québécois et Québécoises-là. Il pourrait
nous donner un portrait des clientèles qui économisent et le
pourcentage d'économies qu'elles ont. J'aurais aimé pouvoir leur
poser des questions là-dessus parce que c'est vraiment une
préoccupation.
Le député des Îles-de-la-Madeleine a aussi
souligné ses inquiétudes par rapport à la
souveraineté. Moi, je pense que le fait qu'un mouvement comme le
Mouvement Desjardins, qui a des... Il ne faut quand même pas se cacher
que ces gens-là ont des connaissances certaines de
l'économie québécoise; que ce mouvement-là
appuie sans condition la souveraineté du Québec, c'est
déjà une première garantie. Mais, tout comme disait mon
collègue le député de Labelle, je pense qu'on va pouvoir
suivre de très près les avis d'experts et je pense qu'on va
pouvoir avoir, à ce moment-là, des démonstrations
très très précises de ce qui nous attend par rapport
à la souveraineté du Québec. Je pense que les avis des
experts vont donner des réponses et que tout le monde va suivre
effectivement avec beaucoup beaucoup d'attention la Commission
Bélanger-Campeau à ce niveau-là. Alors, M. le
Président, les chiffres qu'on nous a donnés étaient
extrêmement révélateurs durant ces échanges et je
pense qu'on se doit d'apprécier la qualité des échanges,
autant du ministre du Revenu que du critique officiel. Ils nous ont permis, je
pense, d'aller un petit peu plus loin dans le débat, de se poser
peut-être les vraies questions, qu'on avait un petit peu tardé
à poser.
Je vais résumer mon intervention. Les deux points qui
m'apparaissent vraiment les plus importants, c'est la disparition de la classe
moyenne, l'impact majeur sur la classe moyenne de cette
réforme-là. C'est évident que, par la philosophie que
j'ai, j'aurais souhaité le dépôt d'un projet de loi qui
irait chercher enfin, sur cette classe-là qu'on n'atteint jamais...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne, en conclusion. Vous êtes très intéressante,
mais en conclusion.
Mme Caron: Et, mon deuxième point, bien sûr, le
pourcentage de la consommation dans les classes riche, moyenne et pauvre.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Terrebonne. M. le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. J'aimerais dire,
dès le départ, que j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt l'échange entre le ministre du Revenu et mon
collègue, le député de Labelle. Si vous me permettez, M.
le Président, de sortir quelques instants du cadre de la motion
d'entendre le Mouvement Desjardins... Je pourrais essayer, par un certain
nombre de phrases un peu périlleuses, de me relier à la motion
mais vous comprendrez que l'objectif sera tout de même atteint. Dans le
fond - si j'ai bien saisi l'analyse du ministre; on pourra y revenir plus tard
- essentiellement, il part des pressions importantes que cause le
déficit sur l'activité gouvernementale. L'importance du
déficit vient paralyser l'appareil de l'État et nous impose et
nous oblige à adopter des mesures semblables à celle de la
TPS.
Moi, je voudrais dire, à ce moment-ci du débat - et j'ai
eu l'occasion de le faire de façon privée tout à l'heure
avec le ministre - qu'il y a quand même deux préoccupations
importantes, deux questions fondamentales qu'on doit se poser. Lorsqu'on parle,
d'une part, de l'importance du déficit; c'est sûr qu'en termes
absolus les chiffres sont particulièrement importants, surtout au
Canada; on sait qu'environ 0,30 $ par dollar servent à payer
l'intérêt sur la dette. On comprend rapidement de quelle
façon... 0,36 $ servent à payer l'intérêt sur la
dette. On voit facilement jusqu'à quel point on vient paralyser
l'appareil gouvernemental et hypothéquer, aussi, les
générations futures. Cependant, il est aussi important de
regarder la proportion du déficit sur celle du revenu national. Dans la
mesure où le revenu national croît plus rapidement que la dette,
les gens pourront toujours dire que la situation est sous contrôle et pas
aussi inquiétante que le ministre voudrait le laisser croire.
C'était le problème en 1981 et 1992 aux États-Unis
et le problème canadien, encore tout récemment. Je crois qu'il y
a seulement deux ou trois ans que la situation s'est renversée. Et, en
1986-1987, la dette croissait plus rapidement que le revenu national. Et
ça, c'est inquiétant. Ça, c'est une situation qui met en
péril notre économie, qui met des pressions importantes sur notre
capacité concurrentielle. Ça, nous l'admettons. Mais il y a un
renversement de tendance et la situation, l'ampleur, au Québec, n'a
jamais été semblable à la situation aux États-Unis
et au Canada.
Deuxième élément de réflexion, M. le
Président, il faut aussi - et il serait intéressant.. Je dois
avouer que là-dessus je n'ai pas de statistiques qui me viennent en
tête; cependant, je suis convaincu qu'il y a des gens qui ont
réfléchi à cette question-là - savoir quelles fins
a servi le déficit. Si, d'une part, ces sommes ont servi à
financer des immobilisations, la situation, c'est quand même des actifs
qui ont été acquis au fil des ans. La situation serait tout autre
et différente s'il s'agissait de financer les dépenses courantes
de l'appareil gouvernemental. Il serait intéressant de voir dans quelle
proportion le déficit actuel a été créé par
des dépenses de consommation ou pour des achats d'immobilisations. (22
heures)
Troisième élément, M. le Président, que
j'aimerais apporter comme réflexion, c'est... On parlait tout à
l'heure des conséquences de la disparition d'un niveau supérieur
de gouvernement mais il est aussi important de regarder la question des
coûts conséquents à la présence de ce
gouvernement-là. Quelle partie de notre déficit, par exemple, est
attribuable à l'Ontario? Le député de Labelle le soulevait
tout à l'heure dans son intervention: Un taux d'intérêt
réel de 9 %, essentiellement dû à une surchauffe
économique en Ontario. On augmente les taux d'intérêt.
C'est un vieux principe économique pour
calmer l'économie et des choses semblables. Donc, il me semble
qu'il est important de tenir compte de ces éléments-là
lorsqu'on discute de l'ampleur du déficit, de ses conséquences
sur notre économie et du fardeau qu'il impose à l'appareil
gouvernemental.
M. le Président, je veux rapidement revenir sur la motion et dire
une chose: Tout à l'heure, le député des
Îles-de-la-Madeleine - et c'est dommage qu'il ne soit pas présent
avec nous - nous disait en parlant du travail au noir - et nous partageons son
point de vue là-dessus - qu'il serait intéressant que vous nous
parliez aussi des effets positifs de cette taxe de vente
québécoise, cette TPS québécoise. En faisant une
motion comme celle présentée par l'un de mes collègues
pour entendre le Mouvement Desjardins, nous vous donnons l'occasion de le dire
publiquement, que ce soit effectivement rapporté dans les journaux -
parce qu'on sait fort bien que, s'il y avait des audiences des gens qui
viennent témoigner devant cette commission, ce serait largement
rapporté par les journaux - on donnerait l'occasion au gouvernement de
faire valoir un certain nombre d'éléments positifs de cette
nouvelle taxe de vente québécoise.
Aujourd'hui, on fêtait le 90e anniversaire du Mouvement
Desjardins. La ministre déléguée aux Finances et
moi-même soulevions jusqu'à quel point le Mouvement Desjardins, de
par son ampleur et de par l'emprise qu'il a dans le milieu, constituait aussi
un moteur et un levier important de notre économie. Ce sont des gens
qui, au fil des ans ou de par leur présence dans le milieu, autant en
Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine, en Abitibi, sur la
Côte-Nord, au Saguenay, à Montréal, dans l'Outaouais et un
peu partout au Québec, ont acquis une très grande
compréhension du Québec profond parce que ce sont des gens qui
sont directement branchés dans le milieu. Et, faut-il le rappeler, les
caisses d'épargne Desjardins sont essentiellement dirigées par
des gens du milieu. Ce sont des gens qui ont réussi à
développer une expertise du comportement des individus parce que la
science économique, n'est-ce pas dans le fond analyser et essayer de
tirer un certain nombre de conclusions rationnelles d'un comportement qu'on
dira souvent irrationnel? Cette expertise, il me semblerait important de la
mettre à profit, de faire participer ces gens-là à cette
commission.
En me préparant pour l'intervention sur la motion
présentée à l'Assemblée nationale par la ministre
déléguée aux Finances, je lisais les séries de
prévisions économiques faites par le Mouvement Desjardins. Vous
savez que le Mouvement Desjardins bénéficie d'un service
d'analyse économique qui, à tous les trois mois, présente
un certain nombre de prévisions et même un certain nombre
d'indices qui lui est propre, qu'il réussit à établir en
fonction d'un certain nombre de variables; une expertise qui, à
plusieurs reprises, s'est avérée des plus pertinentes et a
réussi à tirer des conclusions qui ont influencé bien des
politiques, bien des décisions, et dont la compétence a
été finalement largement reconnue.
Ce que nous voulons dire au gouvernement, au ministre et aux membres de
cette commission, c'est: Profitons de cette occasion pour faire le point avec
ces gens-là; profitons de l'occasion pour, effectivement, parler des
bons côtés de la nouvelle taxe de vente québécoise
et aussi parler des éléments sur lesquels nous divergeons
d'opinion. L'expertise qu'ils ont réussi à... M. le
Président, c'est assez difficile de s'exprimer parce que tout le monde
parle; alors je vous demanderais de rappeler à ...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, vous avez la parole, vous pouvez continuer.
M. Boisclair: Merci. Alors l'expertise...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes,
à part ça.
M. Boisclair: Oui, deux minutes. Une chance que nous avons tous
le sens de l'humour. J'ai appris rapidement, M. le Président, dans ma
courte carrière politique, que c'est là une condition essentielle
pour faire de la politique. Il faut le sens de l'humour, M. le
Président. Je suis convaincu d'ailleurs que nous l'avons tous.
Le Président (M. Lemieux): La valeur n'attend pas le
nombre des années; vous en êtes un témoignage!
M. Boisclair: Vous voyez, mon âge, c'est un défaut
qui se corrige à tous les jours! Mais tout ça pour dire: Pourquoi
ne pas entendre les gens du Mouvement Desjardins? Le député des
Îles-de-la-Madeleine est là. Je vais lui répéter ce
que je disais tout à l'heure. Il pariait du travail au noir.
Voilà l'occasion. Nous sommes d'accord. Nous partageons le point de
vue.
Le député de Pointe-aux-Trembles l'a dit, il serait
intéressant de questionner les gens du Mouvement Desjardins
là-dessus pour qu'ils confirment effectivement ce point de vue, qu'ils
puissent le dire publiquement; on sait fort bien que, si le Mouvement
Desjardins venait témoigner devant cette commission sur une questbn
aussi importante que celle de la TPS, ce serait largement couvert par les
médias. Donc, il m'apparart que cette proposition-là serait
avantageuse pour les deux parties.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M...
M. Boisclair: Alors, je vous invite, tous et chacun, à
appuyer cette proposition et à réfléchir aussi à la
façon dont vous avez annoncé
cette taxe-là, à la façon dont vous l'avez fait
sans qu'il y ait un débat de fond. L'échange auquel nous avons
assisté tout à l'heure entre le ministre du Revenu et le
député de Labelle nous montre jusqu'à quel point le
débat de fond existe et qu'il est important de le faire. Je crois que,
si les gens étaient mieux...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Oui, rapidement. Je crois, M. le Président,
que, si les gens étaient à même de s'exprimer, de faire la
mise au point sur les conséquences et les enjeux de l'imposition de
cette taxe de vente québécoise, peut-être que la pilule
serait beaucoup plus facile à avaler pour bien des gens. Or, M. le
Président, j'invite tout simplement les membres de cette commission et
particulièrement le député des Îles-de-la-Madeleine
qui, j'en suis convaincu, votera de notre bord sur cette motion-là,
à appuyer cette proposition; et je veux vous dire, M. le
Président, que, tout à l'heure, j'aurai une motion à
présenter.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ah bon! Alors, est-ce
que...
M. Boisclair: C'est pour entendre l'Association des
propriétaires de cinémas du Québec.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors... Quoi?
Une voix: Ils ne sont même pas touchés en 1991. Ils
le seront en 1992.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Eh bien, ils sont prévoyants.
M. Bourdon: Ça leur fait déjà mal.
M. Savoie: On va les passer au printemps 1991.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vais mettre la motion
aux voix. Est-ce que c'est par appel nominal?
M. Léonard: Oh oui!
Le Président (M. Lemieux): Bon. M. le secrétaire.
"Que, conformément aux dispositions de l'article 244 de nos
règles de procédure, la commission du budget et de
l'administration tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 89, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et d'autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, des consultations particulières et
qu'à cette fin elle entende le Mouvement Desjardins." M. le
secrétaire. Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour la motion. Le Secrétaire: Mme
Caron (Terrebonne)? Mme Caron: Pour.
Le Secrétaire: M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles)?
M. Bourdon: Pour.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, trois pour, cinq contre, une
abstention.
Une voix: C'est passé proche.
Le Président (M. Lemieux): La motion est donc
rejetée. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Là, j'ai une motion à présenter,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous pouvez
présenter votre motion, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Léonard:...
M. Farrah: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'en suis conscient, M. le
député de Labelle mais il faut
aussi que je puisse permettre aux ministériels, en vertu de la
règle de l'alternance, de présenter des motions.
M. Léonard: Ah bon!
Le Président (M. Lemieux): Ça va de soi. Le temps
de parole du député de Gouin était expiré et,
même si, dans le cadre de son intervention, de son temps de parole, le
député de Gouin demande la parole à la présidence
en lui disant qu'il aura, lorsque son temps de parole sera terminé, une
autre motion à présenter, la présidence n'est pas tenue de
donner immédiatement la parole au député de Gouin qui a
présenté cette motion-là. Alors, en respect de la
règle de l'alternance, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous avez une motion à présenter.
Motion proposant d'étudier maintenant l'article
1
M. Farrah: En vertu de notre règlement, M. le
Président, je fais motion pour qu'on procède à
l'étude détaillée article par article du projet de loi,
soit de passer à l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous écrire votre
motion?
Une voix: Je suis un peu...
Le Président (M. Lemieux): II en a le droit, oui. Alors,
je vais attendre le sens de la motion du député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Savoie: On est rendus là, là. Ça ferait
changement. Ça serait plus intéressant aussi. Non, non, mais on
peut discuter là-dessus.
M. Bourdon: M. le Président, ça ne me ferait rien
d'en discuter. C'est sûr que les nôtres sont sûres
d'être battues mais c'est encore la motion de clôture. Ça
recommence, des "niaiseries" comme hier.
Une voix: La tradition.
M. Bourdon: La tradition! Par coutume, on épuise les
motions de l'Opposition avant de passer à l'étude article par
article. C'est clair.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je peux vous entendre sur
la recevabilité.
M. Savoie: On les a épuisées là. Vous
êtes rendus à faire les recommandations...
M. Léonard: Monsieur...
M. Bourdon: Non, non. Vous voulez abuser de votre
majorité...
M. Savoie: ...sur les gens de théâtre...
M. Bourdon: ...vous brimez les droits de la minorité.
M. Savoie: ...qui vont être taxés seulement
l'année prochaine. Ce n'est pas fort.
M. Léonard: Je pense que... M. Savoie: Ce n'est pas
fort.
Débat sur la recevabilité M. Léonard: M. le
Président... Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: ...la première des choses, nous avons
encore des points à faire valoir. Nous n'avons pas fait le tour et nous
avons encore des groupes qui nous ont manifesté des questions, qui ont
dit qu'ils avaient des questions à poser sur un certain nombre de points
et nous allons pouvoir le faire valoir. Nous en sommes aux motions
particulières, comme on dit, ou préliminaires et la tradition
à l'Assemblée nationale c'est de les permettre durant trois
jours. Je sais qu'il y a une tradition sur cette question. Si vous permettez,
je voudrais m'en référer à certaines jurisprudences en la
matière, notamment, dans une décision qui a été
rendue au sujet du député de Rousseau, ou par le
député de Rousseau, à un moment donné. Alors, je
sais que ça existe. Je l'ai lue encore aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous en faire
état, d'ailleurs.
M. Léonard: Oui, oui. Je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Je l'ai devant moi.
M. Léonard: ...nous avons encore des points à faire
valoir quant au projet de loi avant de passer à l'étude article
par article.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le sens... Oui.
M. Savoie: Je suis d'accord qu'il y a une tradition à
l'effet que vous présentez des motions et des motions, et on
épuise ces motions dilatoires en question. Avant d'embarquer au niveau
de l'étude article par article...
M. Léonard: Particulières...
M. Savoie: Oui, particulières, on va dire. Disons. Moi, ce
que je vous propose plutôt c'est qu'étant donné qu'on doit
faire beaucoup beaucoup de temps encore ensemble - on doit faire
un bon bout de chemin encore ensemble - moi, ce que je propose, c'est
qu'on débute l'étude du projet de loi. On n'ira pas plus vite. On
va prendre autant de temps qu'on aurait pu prendre, mais ça va
être beaucoup plus intéressant parce que ça va nous
permettre d'attaquer ça item par item et d'en faire des discussions
beaucoup plus intéressantes que si on passait par des motions
particulières.
Une voix: M. le Président...
M. Savoie: Si vous êtes d'accord avec cette
orientation-là, ce que je vous dis, c'est qu'on ne contournera pas, on
ne déjouera pas.
On va respecter vos droits de parole. Tout simplement, ce qu'on va
faire, par exemple, c'est que ça va être plus
intéressant.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: M. le Président, j'aurais...
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que c'est sur la
motion, sur la recevabilité de la motion. Bon. Alors, je vais quand
même vous lire la... Oui.
M. Léonard: M. le Président, après ce qu'a
dit le ministre, je pense quand même que, encore ce soir, nous venons,
par rapport à la motion qui vient d'être débattue
concernant le Mouvement Desjardins... J'ai eu l'occasion d'avoir avec le
ministre un échange, à mon sens, qui a traité de sujets
très importants quant au projet de loi, ne serait-ce que de
l'équilibre en général... Je pense que le ministre
voudrait clore à ce stade-ci, mais il y a d'autres
éléments qui s'en viennent et qui pourraient être tout
aussi intéressants pour lui-même. Je trouve que là, tout
à coup... Je me demande pourquoi. Peut-être que le
député des Îles-de-la-Madeleine, qui n'a peut-être
probablement pas compris la haute tenue du débat, en l'occurrence, veut
mettre, tout à coup, fin au débat. Mais, à mon sens, je
pense qu'on n'en est pas là.
D'autre part, je voudrais, M. le Président, faire
référence à une décision qui a été
prise...
Le Président (M. Lemieux): Mais, monsieur... Aie! Aie!
Pardon! Elle n'est pas appelée, la motion! Je n'ai pas encore
appelé la motion.
M. Léonard: Ah! Vous ne l'avez pas appelée?
Le Président (M. Lemieux): Mais non! C'est pour
ça... Bien oui...
M. Léonard: Bien, sur la recevabilité, en tout
cas?
Le Président (M. Lemieux): Sur la recevabilité.
Allez-y, sur la recevabilité.
M. Léonard: Bien, je voudrais vous référer
à la recevabilité d'une motion proposant d'entreprendre
l'étude de l'article 1, une décision qui a été
rendue, dans le contexte, après trois séances de débat. La
commission de l'éducation en est toujours à l'étape de
l'étude de motions préliminaires, à une certaine
époque...
Le Président (M. Lemieux): Le 5 décembre 1984. Une
décision du député Luc Tremblay, qui a été
reprise... Ç'a été la décision de... Oui.
M. Léonard: Oui, ou décision du 11 juin 1986 aussi,
que j'ai ici. Et il y a trois séances. Ça veut dire,
l'Opposition, en fait, a droit à trois jours. Et puis vous pourrez en
bénéficier quand vous serez dans l'Opposition - ce qui ne saurait
tarder...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard:... mais je pense que ce sont les
règles... Ce sont les règles.
M. Farrah:... Labelle, là, un instant! Il faut toujours
démontrer un "fair play" ici.
M. Bourdon: La logique de notre système, M. le
Président, c'est qu'on est tantôt au pouvoir, tantôt dans
l'Opposition. Puis, quand on est au pouvoir, il faut respecter les droits de
l'Opposition, notamment, pour ses vieux jours, quand on sera soi-même
dans l'Opposition. Ha, ha, ha! Il faut penser à ses vieux jours!
Une voix: C'est écrit et ça vaut comme je l'ai
écrit.
Le Président (M. Lemieux): Je vous écoute, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, sur la recevabilité de la
motion. (22 h 15)
M. Bourdon: Bien, c'est ça, M. le Président. Sur la
recevabilité. C'est que, de coutume, on permet à l'Opposition,
pendant trois jours, de faire des motions pour entendre des groupes. Là,
on est en rupture de cette coutume-là, depuis hier.
Hier, la première tentative, ç'a été de
faire une motion pour passer à l'étude article par article
pendant qu'un intervenant, de notre côté, avait encore du temps
dans son droit de parole. Là, on nous arrive avec une motion, M. le
Président. Et si on ne respecte pas la coutume, ce qui pourrait se
faire, c'est qu'on en entendrait une, on prendrait le vote dessus, et on
passerait. La question de fond, M. le Président, c'est celle-ci: La
présidence de la commission doit préserver les droits de la
minorité pour éviter qu'ils soient brimés par la
majorité. C'est
comme ça.
Et la motion que vous avez devant vous est sans précédent,
ce n'est pas la coutume. On permet à l'Opposition de se faire entendre
largement sur les groupes qui pourraient venir éclairer cette
commission. Et, dans ce sens-là, je pense qu'elle n'est pas
recevable.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Terrebonne?
Mme Caron: Oui, M. le Président. Je pense que, pour tout
le monde, c'était très clair que nous étions à
l'étape des motions particulières et que le dernier intervenant,
le député de Gouin, avait clairement signifié à la
présidence qu'il avait une motion particulière à
présenter.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
Mme Caron: Donc, normalement, on ne devrait pas passer à
l'autre étape, c'est-à-dire, l'étude article par
article.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin?
M. Boisciair: Parce que, juste rapidement, M. le
Président, si on suit cette logique, ça veut donc dire
qu'après notre première motion préliminaire on aurait pu
présenter une motion semblable à celle du député
des Îles-de-la-Madeleine. Parce que, tout à l'heure, mon
collègue, le député de Labelle, lorsqu'il a
présenté sa motion pour entendre le Mouvement Desjardins, il est
arrivé à la fin de son intervention pour présenter sa
motion. Vous l'avez refusée, puisque vous avez clairement dit qu'il
fallait d'abord disposer de la motion qui faisait l'objet de discussions, qui
était la motion d'entendre...
Une voix: Les dispositions.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisciair: Oui. Et c'est seulement après avoir
disposé de la motion que vous avez décidé d'accepter la
motion du député de Labelle d'entendre le Mouvement Desjardins,
malgré le fait que le député de Labelle ait clairement
manifesté son intention de présenter une contre-motion sur le
Mouvement Desjardins. Vous avez refusé d'accepter sa motion au moment
où l'Assemblée n'avait pas encore décidé, n'avait
pas encore voté, la motion qui précédait la sienne sur le
Mouvement Desjardins, dont j'oublie le libellé.
Alors, M. le Président, nous avons clairement fait valoir notre
intention de présenter une motion. Je vous demande tout simplement
d'être cohérent, comme je suis convaincu que vous f'avez toujours
été avec les décisions que vous avez prises
précédemment, et vous rappeler, tout simplement que, si vous
décidez d'accepter la motion du député des
Îles-de-la-Madeleine, ça veut donc dire, si on suit ce
raisonnement, qu'après la première motion préliminaire
déposée par l'Opposition officielle vous auriez très bien
pu accepter, de débattre une motion du même type que celle que le
député des Îles-de-la-Madeleine vient de
déposer.
M. Farrah: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine? Je vous écoute.
M. Farrah: Oui, M. le Président. Ce n'est pas parce qu'il
y a eu une décision de rendue, à un moment donné
après trois séances, de passer à l'article 1 qu'il faut en
faire coutume. Après avoir étudié des remarques
préliminaires ou des motions préliminaires pendant 15 ou 16
heures, je pense qu'il est tout à fait légitime de ma part, en
tant que parlementaire, de demander qu'on passe à l'article 1.
Alors, je pense qu'en termes de jugement, M. le Président,
l'Opposition a eu tout le temps voulu, au niveau des motions
préliminaires. Et aussi, au niveau du taux de trois séances, M.
le Président, ça peut être trois séances de deux
heures. Parce que la commission n'a pas pu siéger huit heures
d'affilée à tous les jours, ça peut être 3
séances de 2 heures par jour, alors que nous, on fait 15, 16 heures,
là, depuis 2 jours. Alors, je pense que c'est tout à fait
légitime et, aussi, pour le bien de l'ensemble des parlementaires et
pour le bien de la population. On veut passer à l'article 1 et aux
articles qui vont suivre, pour y aller dans le détail du projet de loi,
M. le Président, et pour voir si, effectivement, il y a des amendements
à apporter.
Une voix: Là, vous me touchez.
M. Farrah: Alors, moi, je pense qu'il est tout à fait
légitime, M. le Président, et je pense qu'il est tout à
fait recevable.
Une voix: Vous me touchez.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: M. le Président, je pense que la motion n'est
pas recevable et je trouve ça inquiétant d'entendre un
député ministériel dire que la coutume, ça n'a pas
d'importance. La coutume, c'est essentiel dans un Parlement
démocratique, M. le Président, parce qu'on a un régime
parlementaire britannique où tout n'est pas écrit dans le
règlement. Puis-je rappeler au député des
Îles-de-la-Madeleine que la constitution du Royaume-Uni n'est pas
écrite? Elle est coutumière. Mais on ne la change pas au
gré des
humeurs et de l'impatience d'une majorité dans une commission. Ce
qui est proposé, M. le Président, c'est une motion de
clôture en commission. Si les ministériels sont fatigués,
ils n'ont qu'à faire pression sur leur leader pour que la motion de
clôture vienne à la Chambre où, là, on aura le temps
d'en débattre; mais là, c'est la clôture, c'est le
couvre-feu en commission parlementaire et ça, c'est sans
précédent qu'on utilise ce moyen-là, M. le
Président. Lorsque la majorité au salon bleu en a assez, elle
peut passer une motion de clôture et, là, il y a des règles
en vertu desquelles on peut se faire entendre un temps limité, et puis
après ça il y a un vote. Mais pas ici!
Une voix: M. le Président.
M. Bourdon: Parce que, sinon, c'est la clôture en
commission qui nous est proposée, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Bon, oui. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, allez-y. Allez-y.
Amusez-vous tout le monde.
M. Farrah: Quand même, là, je pense qu'on doit
rappeler le député de Pointe-aux-Trembles à l'ordre et
à la pertinence. Ce n'est pas une clôture que nous imposons, M. le
Président. Au contraire, nous imposons une discussion plus appronfondie
du projet de loi en y allant article par article, étant tout
simplement...
Le Président (M. Lemieux): Ah bon! Une voix:
Oui.
M. Farrah: J'attends votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Un dernier point.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
Mme Caron: Cet après-midi même, le
député de LaFontaine - qui était alors président -
a refusé de recevoir une motion de l'autre côté, du
côté du gouvernement, parce qu'il a clairement identifié
que nous étions toujours à l'étape des motions
particulières.
Décision du président
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais il s'agissait, Mme la
députée de Terrebonne, d'une motion de mise aux voix, ce qui
n'est pas du tout la même chose que ce à quoi nous avons affaire
ce soir. Bon, alors voici, je suis prêt à rendre ma
décision.
Qu'est-ce qui doit guider, à votre avis, la présidence? Ce
qui doit guider la présidence, c'est l'ordre. L'ordre que j'ai
reçu, hein? L'ordre que j'ai reçu. Quelle est la première
prémisse? C'est l'ordre que j'ai reçu de l'Assemblée, de
la Chambre, le mandat de l'Assemblée, et c'est la raison pour laquelle
j'ai demandé à M. le secrétaire de bien vouloir me le
remettre afin que je puisse vous . en faire lecture. Il nous dit ceci: "M. le
Président, j'avise cette assemblée qu'aujourd'hui, après
les affaires courantes, jusqu'à 18 h 30 et de 20 heures à 24
heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission du budget et de
l'administration poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi 89, Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal."
C'est donc dire que l'objectif du fait que nous ayons à
siéger ici aujourd'hui, c'est effectivement l'étude
détaillée du projet de loi 89. Or, il existe différentes
étapes eu égard à l'étude d'un projet de loi. Une
de ces premières étapes veut que la coutume... Il faut faire une
différence en droit parlementaire - j'inviterais le député
de Pointe-aux-Trembles à bien vouloir la faire - entre une coutume
parlementaire et une pratique. C'est différent. Vous demanderez
ça à Pierre Elliott Trudeau; vous allez voir, il va vous la
faire, la différence.
Une voix: On ne se voit pas souvent...
Le Président (M. Lemieux): Mais... J'imagine,
j'imagine.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, au niveau...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Quand on se voit...
Le Président (M. Lemieux): Au niveau, au niveau de la
coutume, le principe veut qu'il y ait des remarques préliminaires,
après les remarques préliminaires il y ait effectivement les
motions préliminaires et qu'on passe à l'étude article par
article du projet de loi. Dans l'ensemble des projets de loi et dans la plupart
des cas, lorsqu'il s'agit d'une étude détaillée d'un
projet de loi, il n'y a pas toujours des motions préliminaires qui sont
appelées. La plupart du temps, on passe, après les remarques
préliminaires, sans motions préliminaires, immédiatement
à l'étude du projet de loi comme telle. La coutume...
M. Bourdon: Ça dépend de la saison, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): La coutume... Ça
dépend peut-être de la saison, mais la coutume veut aussi que je
puisse laisser un temps suffisant aux ministériels pour que, eux aussi,
ils puissent jouer leur rôle de parlementaires et qu'ils aient le droit
d'avoir à nous présenter une motion, ce qu'ils ont fait. Dans le
présent cas, au niveau des faits, chaque membre de l'Opposition a eu
l'occasion de demander à cette commission d'avoir à statuer sur
une motion ayant comme objectif d'entendre un groupe, que ce soit la Chambre de
commerce du Québec ou le Mouvement Desjardins ou autre. Le
député de Labelle a fait deux motions; le député de
La Prairie, une; le député de Pointe-aux-Trembles, une; le
député de Terrebonne, le député de Masson, une
aussi. J'en arrive à la conclusion suivante...
M. Boiaclair: Je n'en ai pas fait.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas fait une
motion, M. le député de...
M. Boisclair: Non. C'est ma première.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est ça. C'est
votre première, c'est ça.
M. Boisclair: Que j'allais faire.
Le Président (M. Lemieux): Ah, vous n'en avez pas fait?
Ah, pardon. C'est le député de Masson. Oui. Je n'ai pas
terminé. Je suis en train de rendre ma décision.
M. Léonard: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement. Allez-y.
M. Léonard: Quant à la décision qui a
été rendue.
Une voix: Ce n'est pas rendu.
M. Léonard: Non, mais la décision à laquelle
j'ai référé tout à l'heure, il est bien
spécifié... La commission qui avait siégé à
l'époque, ses débats duraient depuis 3 jours, 17 heures et 55
minutes, ce qui est loin d'être notre cas, actuellement. Je veux
simplement souligner cela.
Une voix: C'est beau! Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Est-ce que je
peux continuer?
Alors, j'ai pris connaissance aussi de la décision dans son
ensemble, de la décision du 5 décembre 1984 dont vous venez de
faire état, qui a été reprise le 11 juin 1986 par le
député de Rousseau, Robert Thérien. Je pense que le temps,
à mon avis, le temps n'est pas un des critères déterminant
pour en arriver à la conclusion qu'on devrait s'orienter principalement,
au niveau du débat, au niveau de motions préliminaires comme
telles. L'objectif que la Chambre nous a fixé c'est de procéder
à l'étude d'un projet de loi si, raisonnablement, au niveau des
étapes préliminaires, le débat a été, je
dirais, élargi d'une manière telle que chacun des membres a pu se
faire entendre. Et chacun des membres, pour la plupart, sauf le
député de Gouin comme on l'a dit tout à l'heure, a eu
l'occasion de présenter différentes motions en vertu de l'article
244.
Comme il me semble important que nous ayons immédiatement
à entreprendre l'étude de ce projet de loi, comme il s'agit de,
je dirais, une procédure qui est, à mon avis, essentielle, qui
est déterminante et que les procédures préalables à
l'appel de l'article 1 du projet de loi sont, en quelque sorte, des
procédures, je dirais, davantage figuratives que sur l'essence
même du texte de loi soit l'article 1, que le débat m'ap-paraft
avoir été suffisamment large, que les gens ont eu l'occasion de
se faire entendre, la motion du député des
Îles-de-la-Madeleine est, à mes yeux, recevable. Et cette
motion-là peut être débattue pendant une période de
30 minutes pour le député des Îles-de-la-Madeleine,
l'Opposition pour une période de 30 minutes et chacun des membres aura
10 minutes pour qu'on puisse se faire entendre sur cette motion. Alors, la
motion est recevable et je suis prêt à entendre le
député des Îles-de-la-Madeleine. Ma décision est
rendue.
M. Farrah: Merci, M. le Président.
M. Léonard: Je voudrais savoir, quand vous dites 10
minutes, 30 minutes chacun des... C'est quoi exactement les temps de
parole?
Le Président (M. Lemieux): La même chose que les
motions préliminaires. C'est une motion de forme, pas une motion de
fond, que vient faire, pour l'organisation des travaux, le député
des îles de la-Madeleine. Alors, dans le cadre d'une motion de forme, en
vertu de l'article 209, c'est bien l'article 209, si je me souviens bien...
M. Léonard: Est-ce qu'on peut avoir une copie de la
motion, s'il vous plaît?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le secrétaire a
copie de la motion. On peut même... On peut commencer le débat, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine. C'est l'article 209, si
je me souviens bien.
M. Léonard: Non, on voudrait voir le libellé de la
motion. Est-ce qu'on peut suspendre quelques instants?
Le Président (M. Lemieux): Oui, on peut suspendre.
(Suspension de la séance à 22 h 30)
(Reprise à 22 h 44)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! La
commission du budget et de l'administration reprend ses travaux. Nous en
étions à entendre le député des
Îles-de-la-Madeleine sur sa motion.
M. Boisclair: Je voudrais, comme nouveau parlementaire élu
depuis peu à l'Assemblée nationale, vous poser une question sur
l'interprétation que vous faites du règlement. Je ne sais pas si
je peux le faire à ce stade-ci.
Le Président (M. Lemieux): Non, la décision...
M. Farrah: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): La décision est
rendue.
M. Boisclair: Je ne veux pas remettre, d'aucune façon, en
question votre décision. Elle est rendue et nous l'acceptons. Nous
allons nous y...
Le Président (M. Lemieux): C'est le pouvoir du
président en vertu du règlement.
M. Boisclair: Ah oui, je sais, je comprends très bien.
Mais j'apprécierais vous poser une question puisque j'aurai à
siéger...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y.
M. Boisclair: ...de façon..
Le Président (M. Lemieux): Constante.
M. Boisclair: ...constante sur cette commission. Nous aurons
sûrement à travailler ensemble, vous comme président...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisclair: ...moi comme membre de la commission. L'article 244
permet aux membres de la commission de déposer des motions
préliminaires.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisclair: C'est très clair. Cependant, il y aura
toujours un élément d'appréciation...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisclair: ...à savoir jusqu'à quel point et
pendant combien de temps l'Opposition...
Le Président (M. Lemieux): Le temps n'est... J'ai rendu
une décision...
M. Boisclair: En tout cas, vous préciserez...
Le Président (M. Lemieux): ...à l'effet que le
temps n'était pas un des facteurs déterminants.
M. Boisclair: Mais vous devez quand même apprécier
la longueur du débat ou peu importe - vous préciserez les termes.
Vous comprenez le sens de ma pensée...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisclair: ... - consacré à débattre de
motions préliminaires. Depuis deux jours que nous sommes en session,
nous présentons des motions préliminaires. Après un
certain nombre d'heures et de jours, vous avez décidé de mettre
fin... Vous avez décidé de mettre fin à des débats
sur des motions demandant...
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas
décidé de mettre fin. J'ai décidé de juger la
motion...
M. Boisclair: Oui, mais...
Le Président (M. Lemieux): ...du député des
îles...
M. Boisclair: O.K. Je...
Le Président (M. Lemieux): ...comme étant une
motion recevable eu égard à ses droits de parlementaire de faire
une motion.
M. Boisclair: Je comprends. Alors, est-ce que vous me dites, M.
le Président, que vous pourriez accepter une motion semblable à
celle du député des Îles-de-la-Madeleine à
l'ouverture de la commission sur, par exemple... Vous auriez pu, hier, dans
l'après-midi ou dans l'avant-midi, accepter une motion semblable
à celle du député des Îles-de-la-Madeleine? Est-ce
que c'est ça que je dois... Je ne sais pas si je me fais comprendre.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, je ne peux pas...
Vous savez, vous me posez une question qui est vraiment hypothétique.
Est-ce que, hier, j'aurais pu la même chose?
M. Boisclair: Oui, mais qui va être importante...
Le Président (M. Lemieux): Une des questions que je me
suis posée: Est-ce que les parlementaires ont eu l'occasion d'exercer le
droit qui était prévu à l'article 244, au moment où
j'ai eu à rendre et à juger recevable la motion du
député des îles? J'en suis venu à la conclusion que
oui. Mais je vais me permettre de vous lire, de vous lire au complet, la
décision de Luc Tremblay, du 5 décembre 1984, qui était
député je ne sais pas d'où, et qui a été
reprise par le député de Rousseau, le 11 juin 1986, qui disait
ceci: "Apres trois séances de débat, la commission de
l'éducation en est toujours à l'étape de l'étude de
motions préliminaires. Un député ministériel
propose la motion suivante: Que la commission passe immédiatement
à l'étude détaillée de l'article 1 et des articles
suivants du projet de loi. Une motion proposant de passer à
l'étude détaillée de l'article 1 est-elle recevable? Cette
motion est recevable..." Et pourquoi elle est recevable? Parce qu'elle "...ne
vise pas à clore le débat..." J'ai fait mention tout à
l'heure dans ma décision qu'il y avait des étapes et qu'une des
étapes au niveau de la coutume était les remarques
préliminaires et qu'une autre étape était les motions
préliminaires et que ce qui devait guider, c'était le mandat de
l'Assemblée et le mandat de l'Assemblée était
d'étudier le projet de loi de façon détaillée
article par article. Et je continue. "Cette motion est recevable et ne vise pas
à clore le débat, mais propose plutôt de passer - c'est
exactement ce que j'ai dit - à une autre étape de l'étude
- je vous les ai données les étapes de l'étude -
détaillée du projet de loi. Il appartient aux membres qui
s'opposent à cette motion de convaincre leurs collègues -
après qu'on aura entendu l'argumentation, je dirais cartésienne,
du député des Îles-de-la-Madeleine - qu'il n'est pas
opportun de commencer immédiatement l'étude de l'article 1."
C'est ce que vous aurez à faire! Alors, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, nous vous entendons sur ce
pourquoi la commission devrait procéder à l'étude de
l'article 1. Vous avez une demi-heure, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Débat sur la motion M. Georges Farrah
M. Farrah: Je vous remercie, M. le Président. Je pense que
votre décision est tout à fait juste et équitable, compte
tenu du mandat que nous avons obtenu de la Chambre qui est justement
d'étudier article par article ledit projet de loi 89, Loi modifiant la
Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et d'autres
dispositions législatives d'ordre fiscal.
M. le Président, il est important de passer à l'article 1
pour plusieurs raisons, une entre autres, c'est pour tendre une perche à
l'Opposi- tion. C'est pour essayer de vous aider à sauver votre
crédibilité, pour justement... Parce que c'est un projet de loi
très important qui touche l'ensemble de la population, l'ensemble des
contribuables, des consommateurs. Et on vous donne une chance unique, gens de
l'Opposition, de conserver un minimum de crédibilité et qu'on
passe immédiatement article par article justement pour, si vous avez des
idées positives, construc-tives, nous les soumettre pour,
peut-être, M. le Président, éventuellement les amender afin
que ce projet de loi soit satisfaisant pour la population. Je pense qu'il
l'est. Je n'ai pas de doute là-dessus. Mais, quand même, on n'a
pas la prétention d'avoir la vérité absolue. Et, dans ce
sens-là, M. le Président, il est important de passer à
l'étude article par article, justement pour décortiquer
l'ensemble du projet de loi de façon exhaustive, afin de s'assurer que
ledit projet de loi est efficace pour le gouvernement et aussi pour la
population.
Sur ce, M. le Président, un exemple concluant, je pense, c'est de
lire l'article 1 qui dit ceci: "L'article 2 de la Loi concernant l'impôt
sur la vente en détail, modifié par l'article 1 du chapitre 7 des
lois de 1990... - bon - par le remplacement du paragraphe 7°..." Là,
ça parle de prix de vente, de prix d'achat: "signifie le prix en argent,
et aussi la valeur des services rendus, la valeur réelle de l'objet
échangé, et toute considération ou prestation
acceptée par le vendeur comme prix de l'objet du contrat de vente", etc.
Alors, tout ça, M. le Président, c'est très significatif
parce que ça touche tout le monde qui achète des produits et des
services. C'est un acte qui est fait par l'ensemble de la population,
pratiquement de façon quotidienne. Et, dans ce sens-là, il est
très important qu'on passe immédiatement à l'étude
de ces articles-là, justement pour s'assurer, encore une fois, M. le
Président, que la population est bel et bien protégée.
C'est pour ça. Et je ne veux pas faire un débat de 30
minutes et partir pour faire du "filibusting" moi, là...
M. Léonard: Vous n'avez pas donné le sujet
de...
M. Farrah: Non, non.
M. Léonard: ...c'est la seule raison que vous
invoquez.
M. Farrah: Non, non, je vous tends une perche. Je vous tends une
perche pour vous sauver la face, pour vous donner un minimum de
crédibilité face à la population, pour démontrer
que vous faites un travail sérieux afin de protéger ses
intérêts. Je vous le dis encore une fois, on vous l'a dit à
plusieurs reprises, qu'on n'a pas la prétention d'avoir la
vérité absolue, M. le Président. Mais soyons au moins
sérieux
et abordons le projet de loi dans son ensemble, article par article.
Sur ce, M. le Président, c'est tout ce que j'ai à dire
pour le moment, pour l'instant, et je pense qu'il est très important de
passer le plus rapidement possible à l'article 1, tout simplement pour
étudier de façon détaillée et exhaustive ledit
projet de loi. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, avant de commencer mon
intervention, je voudrais invoquer le règlement et vous demander une
explication ou une directive. Nous avons, devant nous, un projet de loi de
nature fiscale. Comment pouvons-nous améliorer un tel projet? Parce que
c'est ce que vient de nous dire le député des
Îles-de-la-Madeleine, qu'il fallait passer le plus tôt possible
à l'étude article par article pour améliorer le projet de
loi.
Dans le cas d'un projet de loi de nature fiscale, comment peut-on
améliorer un tel projet, concrètement là, en termes
d'amendements? Il nous semble qu'il y a des problèmes à ce qu'on
amende assez facilement de tels projets de loi.
M. Farrah: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: Oui, c'est une question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Mais je... M.
Léonard: Ou de directive...
M. Farrah: Si le député de Labelle n'est pas
capable...
Le Président (M. Lemieux): L'article 199, je pense,
permet...
M. Farrah: ...d'apporter des corrections, des arguments, ce n'est
pas de notre faute, ça.
Le Président (M. Lemieux): ...190 et suivants du
règlement.
M. Léonard: 190?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. Oui, oui. 190
et suivants du règlement. Vous avez toute une procédure qui est
prévue pour... En tout cas, 196.
M. Léonard: Oui, mais dans le cas d'un projet de loi de
nature fiscale...
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est la même
chose. 196, 192, un projet de loi... Tout ça est prévu ici.
Alors, c'est... Écoutez, là! Vous allez comprendre que ce n'est
pas à moi à vous donner des conseils sur la nature des
amendements que vous avez à présenter, sur la façon de les
présenter, sur la forme.
M. Léonard: Mais on peut en présenter.
Le Président (M. Lemieux): Ah bien! Je comprends! Vous
auriez même pu amender la...
M. Léonard: À quelles conditions?
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, là! Si
j'étais de l'autre bord, vous auriez même ^ pu amender la motion
principale du député des îles. Les conditions sont toutes
là.
M. Léonard: Ça viendra, M. le Président.
Ça, ces affaires-là, ça viendra, ne vous inquiétez
pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: On y a pensé. La nuit est jeune.
M. Bourdon: Le mois de décembre commence à
peine.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Labelle, là. Je vous écoute sur la
motion.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Alors, M. le Président, le
député des Îles-de-la-Madeleine se soucie beaucoup de notre
crédibilité, mais je pense que c'est surtout quelqu'un qui ne
comprend pas la nature du dossier. Je comprends que, pour certaines personnes,
les questions d'ordre fiscal, d'ordre financier sont difficiles à
percevoir, sont difficiles à comprendre et que, lui, au bout de moins de
12 heures - moins de 12 heures - il est tanné. C'est ça que je
comprends de son attitude.
M. Farrah: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: M. le Président...
M. Farrah: M. le député de Labelle porte des
jugements, que je suis tanné... En aucune façon, je n'ai fait
mention que j'étais tanné. Je pense qu'il porte des
jugements.
M. Léonard: Ce n'est pas une question de règlement,
là.
Le Président (M. Lemieux): Non, ce n'est pas une question
de règlement, ce n'est pas aussi un propos...
M. Léonard: Je n'ai pas employé un mot
antiparlementaire. Si c'est antiparlementaire, M. le Président, je vais
le retirer.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il est blessant? Non,
non. Je pense que non. M. le député de Labelle...
Une voix: Fatigué, fatigué.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est correct, c'est
correct.
Une voix: Lassé, lassé.
Le Président (M. Lemieux): C'est correct, c'est correct.
Ce n'est pas antiparlementaire.
M. Léonard: II n'y a pas eu d'intention. Alors, M. le
Président, puis-je tout simplement dire, en termes plus
élégants, qu'il a l'air lassé. Voilà. Alors, je
voudrais rappeler les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons et
rappeler des choses qui ont été dites autour de la commission,
ici, et rappeler les événements de la dernière
année et même un peu plus loin. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous voulez qu'on protège les gens, vous
voulez qu'on les entende mais, dès hier, on voulait passer à
l'article premier.
Et je vous rappelle, je vous rappelle, que nous n'avons pas eu
l'occasion d'entendre qui que ce soit au sujet de ce projet de loi, alors qu'il
va toucher toute la population du Québec. C'est ça, la
réalité. Le gouvernement fédérai, lui, au moins, a
eu la transparence de faire discuter de son projet de loi sur la TPS durant
trois ans. Il n'est même pas encore adopté, au moment où on
se parle. Et ça fait longtemps qu'il est sur le tapis, sur la table.
Longtemps. Même avant son élection de 1988, en 1987, il a
annoncé son changement de système. Il l'a annoncé
très clairement. Il a lancé un débat, il a fourni de la
documentation, et vous voyez, M. le Président, que le ministre du Revenu
lui-même a un livre qui explique le projet du fédéral qui
doit comporter de 400 à 500 pages.
Il l'a, lui, le gouvernement fédéral, H l'a
déposé, son projet, il en a fait débattre les gens, la
population, les différents groupes intéressés. Qu'est-ce
que nous avons devant nous? Ici, jusqu'au mois de mars dernier, le gouvernement
a laissé entendre qu'il ne procéderait pas pour adopter un projet
de loi qui collerait d'une façon ou de l'autre à la TPS, laissant
sous-entendre même, à l'occasion de réponses, qu'il y avait
des problèmes constitutionnels, qu'il y avait toutes sortes de
problèmes à adopter ça et qu'en plus, sur le fond, le
Conseil des ministres n'était pas d'accord avec l'orientation du
gouvernement fédéral. Je vais en référer aux
déclarations du ministre du Revenu du temps lui-même qui se disait
en désaccord avec la TPS fédérale et tout projet
d'harmonisation avec la TPS fédérale. Je vais vous
référer à la déclaration du premier ministre, du
parti gouvernemental évidemment, votre parti, à
l'Assemblée nationale le 15 mars dernier qui a dit qu'il était
d'accord avec son ministre du Revenu et que cette taxe était
inéquitable. Enfin, il a employé des mots assez
caractéristiques: une taxe régressive, et, dans le langage des
fiscalistes, c'est très significatif le mot "régressif. Alors,
c'est ça qu'il a fait. Il a déclaré, puis il a
laissé sous-entendre qu'il n'avait pas l'intention d'embarquer
là-dedans. Le ministre des Finances, dans son discours sur le budget,
là je vais dire de façon hypocrite, a laissé entendre
qu'il y avait des problèmes majeurs. Il y en avait deux qui
commençaient à être solutionnés, mais les autres ne
l'étaient pas. Et tout le monde a bien compris qu'il n'y avait rien qui
donnait effet à quelque mesure d'harmonisation que ce soit dans le
discours sur le budget du printemps dernier. C'est ça. C'est ça
que tout le monde a compris. Personne n'a soulevé cette question
à la suite du budget. On a dit: Oui, ils y pensent, mais ça
viendra. On apprend tout à coup, en pleines vacances, le 30 août
dernier, à la faveur d'une réunion, d'une convocation
exceptionnelle de l'Assemblée nationale pas convoquée pour ces
motifs, convoquée pour, en particulier, créer la commission
Bélanger-Campeau et, tout à coup, comme par hasard, le matin, on
apprend - ou la veille ou je pense le matin - on apprend qu'il y aura une
déclaration ministérielle. Et c'est ça qui est
tombé sur la tête des contribuables. Aucun débat. Et
même, ce qui avait été sous-entendu c'est qu'il y avait des
discussions, vaguement... Au cours du mois de juillet, il y a eu un
communiqué où on a dit qu'il y avait des discussions qui
progressaient. Je pense qu'on venait d'avoir des choses qui, probablement, se
développaient. (23 heures)
Vous allez admettre qu'en termes de transparence c'est grave, qu'il n'y
en a pas de transparence dans ce dossier-là, absolument pas. Le 30
août, un lapin sort du chapeau. C'est la TPS québécoise, la
taxe de vente québécoise harmonisée, appelons ça
comme ça, la taxe de vente québécoise harmonisée
avec intention, pratiquement, d'en faire une TPS québécoise
collée à la TPS fédérale. Durant tout le reste du
temps, on a eu une courte commission parlementaire pour discuter des choses
pour, finalement, nous faire déposer un protocole d'entente qui avait
été signé, sans aucun débat, toujours sans aucun
débat et, depuis ce temps-là, rien. Rien jusqu'au 15 novembre. Le
15 novembre, dépôt d'un projet de loi avec l'intention bien
évidente de l'adopter avant Noël. C'est ça, la
réalité. Pas de débat dans le public. Quand on dit qu'on
veut
faire ça pour les gens, il faudrait peut-être les entendre
ici, les gens. On ne les a pas entendus. Et vous voulez n'en entendre aucun.
Avant même qu'on ait fait ces motions, vous aviez décidé de
ne pas les entendre et vous n'en avez accepté aucune de ces motions.
Pourtant, il y aurait eu des gens intéressants à entendre sur
cette question, sur la fiscalité.
Et là j'ai fait des exposés au ministre du Revenu, ici,
autour de la table. Je pense qu'il les a trouvés assez
intéressants pour laisser son journal de côté et
m'écouter. Il y a eu effectivement des échanges
intéressants. Au moins, on a commencé à toucher le fond
des choses. Et il s'est même engagé que, plus tard, il ferait une
commission parlementaire, après que tout le monde aura eu le bras dans
le tordeur: C'est ça, la réalité. Écoutez, moi, je
trouve que vous exagérez. Vous exagérez. C'est incroyable qu'on
enclenche une réforme de la fiscalité, comme celle qui est en
train de tomber sur la tête des Québécois, sans aborder la
question de façon publique. Ce que vous faites, c'est que vous faites du
surfing sur le débat qu'a eu le courage de poser dans le public le
gouvernement fédéral. Vous le faites en hypocrite. Là,
vous dites: On va harmoniser pour des questions de fonctionnement de caisses
enregistreuses. C'est le seul argument qu'on a entendu. Le ministre des
Finances, lui-même, a invoqué ça. Quelle que soit
l'assiette, il prend celle du fédéral. Ça, c'est une
décision majeure pour l'économie du Québec, de prendre la
même assiette que le fédéral. Il y a des implications
majeures.
On n'a pas encore parlé des gens de l'industrie du
vêtement, par exemple. L'industrie du vêtement qui, jusqu'ici,
n'avait pas de taxe de vente du Québec. Est-ce que vous allez pouvoir
exempter les acheteurs de l'Ontario de la taxe de vente du Québec? Et si
l'Ontario, elle, n'a pas de taxe de vente alors que le Québec va avoir
une taxe de vente de 7 %, 8 % l'an prochain, sur les vêtements, c'est
quoi les conséquences? Je suppose que c'est comme dans le cas du livre:
Vous n'y aviez pas pensé. Politiquement, vous n'avez rien touché
de ça. Vous n'étiez même pas au courant. Tout à
coup, les gens se lèvent et disent: Un instant. Les conséquences
sont dramatiques, 60 000 emplois directs dans l'industrie du vêtement, ou
100 000. En tout cas, des dizaines de milliers d'emplois directs dans
l'industrie du vêtement avec d'autres, indirects, qui vont être
affectés par la décision que vous prenez. Vous ne voulez
même pas... Vous ne voulez rien savoir d'eux autres. Rien. M. Shames vous
a écrit une lettre. Je n'ai pas eu copie de réponse. Rien.
Conséquences dramatiques pour l'industrie du vêtement. Vous venez
de leur enlever un avantage concurrentiel qu'ils avaient antérieurement
par le fait qu'il n'y avait pas de taxe de vente.
Vous dites: Quand on va exporter à l'étranger, on va
exempter de la taxe de vente, comme la TVA, possiblement. J'ai hâte de
voir comment vous allez faire. Mais la réalité, quand vous allez
exporter dans les autres provinces canadiennes, vous ne pourrez pas enlever
votre taxe. Est-ce que vous allez le faire? Pourrait-on le savoir? Quelles
seront les conséquences? Quelle sera la réaction de l'industrie
du vêtement? Moi, je pense que c'est une question qui se souligne. C'est
une question qui se discute. Comme vous touchez à une industrie majeure,
ce serait justement le moment de l'entendre, parce que c'est un geste que vous
posez qui va avoir des conséquences majeures sur son avenir, sur son
développement, dans une période justement où il y a des
difficultés économiques.
M. le Président, je vais souligner un autre secteur dont le
ministre ne veut, si je comprends, rien savoir des gens concernés:
l'assurance. Vous avez mis un vague paragraphe dans la déclaration
ministérielle et l'annexe sur les assurances.
Une voix: Quel article?
M. Léonard: Vous avez mis un vague paragraphe
là-dessus. Mais il faudrait entendre les gens qui vont venir dire
là-dessus ce qu'ils en ont à dire parce que vous êtes en
train de faire une double imposition. Une double imposition. Vous allez imposer
les services rendus dans le remplacement des actifs assurés et, en plus,
vous voulez taxer les primes. Et il y a des gens qui vous ont dit: II y a
là un problème vraisemblablement. Et comment ça va
être réglé? Il faudrait qu'ils viennent nous dire eux ce
qu'ils en pensent. C'est très vague. Vous n'en avez pas traité.
Aucun... Pas traité, absolument pas, dans votre discours de
deuxième lecture, ni dans vos remarques préliminaires, ici, ni
pendant les discussions que nous avions lorsque nous voulions convoquer des
groupes. Aucune remarque. Vous n'en avez pas parlé. J'ai hâte
qu'on en parle. Et il faudrait en parler avec les gens d'abord.
Alors, M. le Président, je pense que, ça, c'est un point
majeur dans le dossier et c'est une attitude qui ne se prend pas. Le ministre
pourrait écouter... Le ministre pourrait écouter. Il est en
commission parlementaire, ici, devant les élus du peuple, il est
député lui aussi. Il n'est pas juste ministre. Et le Parlement,
ça existe. Je comprends que, depuis quatre ans ou cinq ans, ça
n'a pas l'air d'être très important pour vous parce que vous
êtes arrivé directement ministre, et là vous le faites avec
plein d'arrogance à l'heure actuelle...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Savoie: Je ne pense pas qu'il peut accuser
moi-même...
M. Léonard: Qu'est-ce que je vous ai dit
qui n'est pas parlementaire, M. le Président? J'ai le droit de
parole.
M. Savoie: Vous m'avez accusé d'être hautain, ou
distant, ou de ne pas être à l'écoute, là. Ce n'est
pas ça que j'ai dit, pantoute. Je ne pense pas que c'est mon ton. Je ne
pense pas que c'est honnête.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, l'arrogance...
M. Léonard: J'ai rien dit d'antiparlementaire, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, continuez, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Alors, M. le ministre serait mieux
d'écouter, de ne pas lire son journal, de ne pas signer des papiers.
M. Savoie: Je ne fais absolument rien... Je vous
écoute.
M. Léonard: Actuellement. Mais ce que vous avez fait
depuis le début de la commission, c'est ça que vous faites.
Alors, M. le Président... M. le Président, je pense que...
M. Savoie: T'as reçu l'ordre d'être méchant.
"C'est-un ça l'affaire, là...
M. Bourdon: M. le Président, est-ce qu'il y a moyen qu'on
fasse comme en...
M. Léonard: Quelle arrogance! Franchement...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. M. le député de Labelle m'a demandé
de faire taire M. le député d'Abitibi-Est. Vous prenez la parole.
M. le député de Labelle, vous avez la parole.
M. Léonard: Bon. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): II va falloir que je fasse la
liste de tout ce qui est antiparlementaire. Ça va prendre un peu de
temps, mais... Allez-y!
M. Léonard: Je n'ai rien dit d'antiparlementaire, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je vais suivre
ça à la lettre.
M. Léonard: Très bien. Alors, le ministre a l'air
de se désintéresser des travaux de cette commission, à de
multiples reprises, et on pourrait en citer de multiples exemples. J'ai eu
l'occasion, cet avant-midi, de traiter d'une question: l'Assemblée
nationale a aboli le Conseil législatif. Fort bien! Ça pouvait
répondre à des besoins, mais ça impose des obligations, en
contrepartie. C'est celles d'entendre les gens beaucoup plus parce qu'il n'y a
plus personne pour parler après l'adoption d'un projet de loi. Et, quand
il y avait une deuxième Chambre, il y avait trois mois, six mois, avant
qu'un projet de loi passe à l'action. C'était de cet ordre de
grandeur. Il y avait différentes périodes.
M. Savoie: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Oui, il y avait plusieurs semaines, plusieurs
semaines.
M. Savoie: Trois, quatre semaines.
M. Léonard: Non. Le Conseil législatif avait le
droit d'examiner un projet, de le questionner, de le corriger, de proposer des
amendements et même, le cas échéant, ça retournait
à l'Assemblée nationale.
M. Savoie:...
M. Léonard: Quoi qu'il en soit, il y avait une
espèce de contrôle, de dernier droit de regard, de donné
à une deuxième Chambre sur la législation. Elle a
été abolie.
M. Savoie: Pas pour les droits fiscaux.
M. Léonard: M le Président, il répondra s'il
le veut. Il aura un droit de parole de 10 minutes. Alors, le ministre y
répondra.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est, s'il vous plaît!
M. Savoie: Oui, oui, c'est correct.
M. Léonard: Ce que ça impose, en contrepartie,
c'est qu'on entende des gens avant, au moins. Il faut qu'ils se fassent
entendre quelque part. Et que, justement, parce qu'il n'y a pas de
deuxième Chambre, il faut que les règlements, que les travaux de
la commission parlementaire soient scrupuleusement respectés et qu'on
donne la chance au coureur de venir ici se faire entendre. Sinon, il n'y a plus
rien. On va faire de la législation, ici, en cercle fermé, et il
n'y aura rien qui va se passer.
Il y a une deuxième Chambre dans la plupart des
démocraties du monde. Nous, nous l'avons abolie. Mais la contrepartie,
c'est que nos commissions parlementaires doivent être ouvertes au public,
doivent être ouvertes à nos électeurs, doivent être
ouvertes aux groupes que nous touchons par la législation - ce que vous
ne faites pas - surtout dans un projet de loi qui touche la fiscalité
des gens, qui les touche au coeur parce que c'est eux qui paient. Alors,
vous
faites ça en cachette, à la faveur d'une crise, en fin de
vacances, camouflés, un 30 août, alors que les gens ne sont pas
rentrés. Vous faites une déclaration ministérielle. Vous
vous dites: Les manchettes vont passer et puis les gens oublieront. Puis, rendu
au 15 novembre, vous déposez un projet de loi.
Je vous dis que ce n'est pas transparent, que ce n'est pas clair. J'ai
simplement cité, tout à l'heure, deux manchettes de journalistes
réputés, M. Denis Lessard et M. Normand Girard, qui titrent deux
choses qu'on pourrait qualifier de contradictoire. L'un dit: Les entreprises
paieront plus d'impôts; l'autre dit: Le fardeau fiscal des entreprises
diminue de 1 500 000 000 $. Et, lorsqu'il dit que les entreprises paieront plus
d'impôts, il mentionne un chiffre de 523 000 000 $. C'est ça qu'il
dit. Ça, c'est contradictoire! Et vous allez me dire que vous avez un
débat public éclairé à partir de renseignements, de
manchettes aussi clairement divergentes que celles-là? Ça n'a pas
de sens. C'est la confusion que vous créez, que vous maintenez. Puis je
n'ai pas vu que ça avait été changé beaucoup parce
qu'on prétend citer des chiffres du ministre des Finances
lui-même. Or, à la page 58, quand je l'ai cité tout
à l'heure - vous ignoriez même la page, M. le ministre - il y a
une ligne où l'on parle de la hausse des impôts des entreprises,
une seule ligne, et on dit que les entreprises vont augmenter leurs
impôts en 1991-1992 de 110 000 000 $, en 1992-1993 de 436 000 000 $, pour
un total, sur les deux ans, de 546 000 000 $. Mais sur une base
récurrente d'environ 436 000 000 $.
Ce qu'on ne mentionne pas c'est qu'on a remboursé... on a aboli
la taxe de vente pour les entreprises en considérant qu'il s'agissait
d'in-trants. Vous avez favorisé les entreprises. C'est une
décision économique mais personne n'a eu l'occasion d'en parler.
Personne n'a eu l'occasion d'en parler. C'est faux de dire que le débat
public a eu lieu. Vous l'avez refusé. Le seul qui a fait un débat
public sur la question, c'est le gouvernement fédéral. Puis,
à tout bout de champ, vous dites: Nous, ce n'est pas une TPS, c'est une
TVQ que nous avons. Ce n'est pas une TPS, donc ce n'est pas la même
chose. Alors, le débat public a eu lieu quand? Il va avoir lieu
quand?
Vous ne voulez même pas recevoir des groupes, ici devant la
commission, même pas recevoir des groupes. Le bras dans le tordeur, les
Québécois vont l'avoir avec ce projet de loi. C'est
terminé. Tout ce dont on va pouvoir discuter, ce sont des
conséquences de cette législation. Et là, vous voulez
fermer le débat, vous ne voulez pas entendre le Bureau d'assurance
automobile du Canada.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, allez-y.
M. Léonard: Oui, on distrait le député
des
Îles-de-la-Madeleine. Il aurait intérêt à
écouter. Je pense qu'il changerait d'idée par rapport à sa
motion, parce que je suppose qu'il a encore vraiment l'idée que la
démocratie existe au Québec et qu'elle doit être
préservée, qu'il y a encore un idéal de transparence ici.
Donc, il devrait donner l'occasion au débat de se faire et il devrait
accepter de recevoir des gens ici, ceux que nous aurions eu
intérêt à recevoir. Ce ne sont pas tous des gens qui sont
contre le projet de loi, il y a des gens, là-dedans, qui sont pour, en
autant qu'ils le connaisssent, mais on aurait pu leur poser des questions, on
aurait pu avoir des échanges. Le Conseil du patronat, très
clairement, ça aurait pu être très intéressant de le
recevoir ici. La Chambre de commerce du Québec, très
intéressant de la recevoir ici. Le Mouvement Desjardins, on en a fait la
preuve, est au coeur de l'économie québécoise et
l'imposition de la nouvelle taxe de vente du Québec va le toucher
grandement, va affecter la consommation des Québécois. Mais on ne
veut pas les voir, puis, après, ils vont prétendre qu'ils sont
transparents.
Je suis revenu dans cette Chambre depuis un an ou un peu plus et l'une
des choses qui me frappent, c'est de voir de quelle façon on camoufle
les décisions importantes, ici, à l'Assemblée nationale.
Ça, c'est impressionnant. On escamote les débats, on se cache.
(23 h 15)
Je voudrais apporter, tiens, un autre sujet dont nous aurions pu
discuter autour de la table, M. le Président - et le ministre
m'écoute - un autre sujet que nous aurions pu discuter autour de la
table, qui a été l'objet d'une clause, dans le protocole
d'entente: l'Office de la langue française, la primauté de la loi
101 et de la Loi sur les langues officielles au Canada. Ce qui est dit, dedans,
c'est la Loi sur les langues officielles qui va avoir la primauté. C'est
ça qui est dit. Regardez-le, interprétez-le...
M. Savoie: Non, ce n'est pas vrai, ça!
M. Léonard: Regardez, lisez le protocole. En cas de
différences qui arrivent...
M. Savoie: Oui, je l'ai lu et je l'ai étudié. M.
Léonard: Oui, exactement. M. Savoie: Ça, c'est faux,
ça.
M. Léonard: Et les manchettes et les journaux ont bien
rapporté ce qui en était, puis ils ont tiré la bonne
conclusion. Pas la vôtre, mais une autre conclusion.
M. Savoie: Faux.
M. Léonard: M. le Président, ce n'est pas moi qui
emploie des mots antiparlementaires.
C'est le ministre qui m'interrompt, à tout bout de champ, en
utilisant le mot "faux".
Le Président (M. Lemieux): Vous avez la parole, M. le
député de Labelle. M. le député d'Abitibi-Est, s'il
vous plaît!
M. Léonard: Alors, il faudrait qu'il retire, si jamais
c'est inscrit aux débats, là, en intercalé, il faudrait
qu'il retire ce qu'il a dit, n'est-ce pas?
M. le Président, c'est un gouvernement qui camoufle ses
décisions, qui refile ses factures à d'autres, qui n'aborde pas
les vrais dossiers, le fond des choses. Pourquoi ils ont des problèmes,
à l'heure actuelle, à équilibrer leur budget? Ils ne
veulent pas attaquer le fédéral mais, à tout bout de
champ, ils vont parler d'un déficit du Québec qui est bien moins
grand, en proportion, que celui qui existe au fédéral, beaucoup
moins grand. Et leurs problèmes viennent du fait que le
fédérai ne répond plus.
Fondamentalement, c'est ça. Le fédéral a
gelé les paiements de transfert; le fédéral coupe de
toutes sortes de façons. Et ils ne veulent pas le dire parce qu'ils ont
une lubie: C'est d'être fédéralistes. Alors, ils ne se
rendent pas à la réalité des choses, à la
réalité politique et bien claire: C'est que le
fédéral les a coupés, le fédéral va
continuer à les couper et, à tout bout de champ, ils vont
rappeler des vieilles affaires qui datent de 1980, dans une période
où la crise économique était beaucoup plus grave que celle
que l'on connaît maintenant. C'est ça la réalité.
Ils n'en parient pas. Alors, oui, M. le Président, le ministre souffre,
souffre... Des râlements. Ha, ha, ha! Je l'entends râler. En
réalité, il ne veut pas entendre les citoyens du Québec.
Mais, qu'il fasse attention parce qu'ils vont se rappeler de sa taxe de vente,
le 1er janvier. Ils vont se le rappeler. Lui qui vient, tout à coup, de
taxer les vêtements a partir du 1er janvier; les chaussures, à
partir du 1er janvier; les chambres d'hôtel, bientôt après.
Et puis, l'entente signée qu'il nous avait promise, le 30 août,
l'entente détaillée, n'est même pas encore signée.
Même pas signée! Parce que le ministre a dit, tout à
l'heure, qu'il connaissait son protocole, qu'il l'avait lu plusieurs fois. Or,
à l'article 5 du protocole, il est question d'une entente
détaillée, signée au plus tard le 1er décembre. Pas
fait. Ce n'est pas fait! J'en ai parié au ministre des Finances, son
collègue, H a dit: Moi, je suis sorti du dossier, vous savez, c'est le
ministre du Revenu qui l'a. Alors, quand est-ce qu'on va la connaftre? On va
discuter d'un projet de loi affecté par une entente, un protocole
d'entente signé avec le gouvernement fédéral, et puis ils
ne l'auront pas mise sur la table, ils ne l'auront pas mise sur la table! Et on
discute de ce projet de loi, à l'heure actuelle.
Le Président (M. Lemieux): Sept minutes!
M. Léonard: Mon Dieu! Le temps passe vite. C'est
souffrant, pour un ministre non transpa rent...
Une voix: Oh!
M. Léonard: ...de prendre du temps pour discuter des
questions de fond qui touchent son projet de loi. D'ailleurs, il a beaucoup de
difficultés à en discuter.
Le Président (M. Lemieux): Je ne peux pas empêcher
le ministre, de se manifester de cette façon-là. Ha, ha, ha! M.
le député de Gouin, que voulez-vous que j'y fasse. Et je peux
invoquer, je ne sais pas, moi, que...
M. Léonard: M. le Président, je pense
simplement...
Le Président (M. Lemieux): Le décorum, s'il vous
plaît, le décorum! S'il vous plaît. Oui...
M. Léonard: M. le Président, c'est exactement
ça. Ce n'est pas un ministre habitué au décorum.
Le Président (M. Lemieux): Non, s'il vous plaît! Pas
de remarques! Le décorum!
M. Léonard: Nous en avons eu différentes
manifestations, depuis que nous sommes en commission. Quelqu'un qui, à
mon sens, n'a pas beaucoup de respect pour les parlementaires que nous sommes,
ici, autour de la table.
Une voix: Oh. Ce n'est pas vrai.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre M. le
député d'Abitibi-Est, s'il vous plaît!
Une voix: C'est quoi le décorum? Le décorum,
c'est...
Une voix: II est le contraire de son prédécesseur,
je le constate, le contraire de son prédécesseur à tous
égards!
M. Léonard: Nous en avons une preuve bien tangible, au
moment où nous nous parlons. M. le Président, nous n'avons plus
de deuxième Chambre, et donc les citoyens doivent avoir l'occasion de
venir devant l'Assemblée, de venir devant la commission parlementaire.
Ils ne peuvent pas venir devant l'Assemblée. La seule chose qu'ils
peuvent faire, c'est de venir ici, devant une commission parlementaire. Le
ministre refuse. Ils passent leur projet de loi, ils signent leur protocole en
cachette, sans l'avoir mentionné, et on apprend au détour du
dépôt de ce protocole d'entente déjà signé
que, dans le budget du Québec, on avait prévu,
financièrement, les conséquences d'une telle entente.
Déjà, au mois
d'avril, on le savait et on n'en a pas parlé. C'est quoi,
ça, comme transparence?
Je comprends qu'il souffre parce que je lui rappelle des
péchés qu'il a commis, très clairement...
Une voix: Oh.
M. Léonard: ...vis-à-vis la démocratie.
Très clairement. Voilà où nous en sommes. Alors là,
il se moque. Il méprise encore les parlementaires que nous sommes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Léonard: Très clairement.
M. Savoie: Ce n'est pas moi qui méprise quoi que ce soit,
et vous le savez.
M. Léonard: Oui. Exactement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est, s'il vous plaît. Vous devez...
M. Savoie: Attendez...
Le Président (M. Lemieux): ...contribuer au maintien du
décorum.
M. Savoie: Attendez que je prenne la parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est, le maintien du décorum. M. le... Une deuxième
fois.
M. Léonard: Vous faites bien, M. le Président, de
le rappeler à l'ordre parce que c'est plutôt pénible.
Le Président (M. Lemieux): La troisième fois...
C'est une quatrième fois.
Une voix: On verra. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, très
sérieusement, le constat que nous devons faire, c'est que l'aspect le
plus important qui touche le citoyen contribuable est escamoté par tout
le processus qui nous amène ce projet de loi, qui est celui de la
fiscalité. Le ministre du Revenu va piger dans les poches du
contribuable. C'est ça qu'il fait. Il ne veut pas les entendre.
Probablement que, s'il ne veut pas les entendre maintenant, il les entendra
après, d'une autre façon. Le jugement de l'électorat, un
de ces jours, se portera sur son action, sur son manque de transparence. Vous
savez, encore une fois, par rapport à des préoccupations que nous
avons actuellement, le contribuable consommateur, c'est lui qui va payer.
Surtout celui qui est dans l'ordre de grandeur, entre 30 000 $ et 50 000 $ de
revenu, lui, il va payer beaucoup plus que les autres, proportionnellement,
beaucoup plus que les autres. Il l'a reconnu, au cours des débats, qu'il
toucherait davantage la classe moyenne. Il a dit que les riches, il n'avait pas
le moyen de s'en préoccuper, qu'ils ne paieraient pas tout de suite,
qu'au fond il savait qu'ils avaient toutes sortes de moyens pour diminuer leur
impôt, sinon de s'en exempter complètement, ce qui arrive
très souvent, même de très riches contribuables. Alors, il
admet qu'il va toucher de façon importante à la classe moyenne
dans une période de récession. Mais il ne veut pas les voir, il
ne veut pas les entendre. Il ne veut pas entendre les groupes qui les
représentent, les seuls, finalement, qui sont organisés pour
répliquer à cette attaque, à cette bombe atomique qu'il va
leur lancer le 1er janvier prochain. Vous allez voir ce qu'ils en
penseront.
Moi, je pense qu'au-delà de tout ça le sens de la
démocratie s'est émoussé de sa part.
Le Président (M. Lemieux): II lui reste trois minutes. Ha,
ha! M. le député d'Abitibi-Est, ils ont ça à la
seconde près.
M. Léonard: M. le ministre... Trois minutes? Le
Président (M. Lemieux): Trois minutes.
M. Léonard: M. le Président, je trouve que le
ministre s'agite beaucoup. Il a l'air de souffrir beaucoup. Mais je pense que
ce n'est pas lui qui doit nous faire pitié, c'est les consommateurs
qu'il va "clencher". Les consommateurs. J'ai été large quand j'ai
parlé de 30 000 $ à 50 000 $. En réalité, ses
propres tableaux démontrent qu'un célibataire de moins de 65 ans,
qui va gagner 20 000 $, va perdre. Déjà, il va perdre. Alors, ce
n'est pas gros, 20 000 $, par les temps qui courent. Ce n'est pas gros, mais il
va perdre. Donc, ça commence très tôt dans l'échelle
de gains, dans l'échelle de revenus des gens. Pourquoi le ministre ne
veut-il pas entendre l'Association coopérative d'économie
familiale? C'est des gens qui les représentent, c'est des gens qui
connaissent le dossier. Il ne veut pas. Ça aurait été une
bonne occasion de les entendre.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, une minute, M.
le député de Labelle.
Une voix: II perd 5 $, pour un célibataire.
Une voix: Oui, il perd 5 $¦
M. Léonard: Pour ce que vous en savez. Il perd 5 $,
à condition qu'il fasse sa réclamation. Ça, c'est un autre
volet qu'on connaît mal parce que les gens, les petites gens, n'aiment
pas transiger avec l'impôt. Ils ont encore plus peur de traiter avec
l'impôt que les riches qui s'exemptent d'impôt. Et, justement,
très souvent, ils sont pénalisés. Ça, c'est une
chose que vous ignorez. Qu'il y ait des organismes qui parlent en leur nom,
vous en avez peur. Vous avez peur que ça soulève des vagues.
Le Président (M. Lemieux): 15 secondes. M.
Léonard: Vous le faites en cachette. Le Président (M.
Lemieux): En conclusion.
M. Léonard: Vous déposez un projet de loi le 15
novembre. Vous évitez tout débat avec le public. Les seuls que
nous avons, c'est ce que nous avons, ici, ce soir. Et puis vous vous
apprêtez à couper les débats, à fermer la "shop",
pour éviter que ça se sache avant que ça ne soit
voté. Puis, après il va être trop tard. Ça, c'est
votre sens de la démocratie. C'est votre sens de la transparence.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Eh bien, merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Ah, merci, M. le Président! J'avais hâte.
C'était incroyable comme démagogie, comme sortie de la part du
député de Labelle, bien qu'il fallait s'y attendre. Je pense
qu'à un moment donné il sent qu'il va être obligé de
s'embarquer dans le vrai discours et attaquer de front les vrais
éléments du projet de loi que nous avons à étudier
plutôt que de discuter de grands thèmes. Le député
dans sa tirade a touché à plusieurs éléments, par
exemple, il les a touchés plus spécifiquement en faisant des
allégations sur des choses qui sont à venir. Je prends par
exemple, au hasard, ses références en ce qui concerne la vente.
M. le Président, c'a été une inquiétude que moi
aussi j'ai eue. quand j'ai vu les documents, quand j'ai pris connaissance des
documents, entre autres, de l'entente qui a été signée
entre Québec et le Canada. Et ce que j'ai fait, c'est que j'ai
appelé le président de l'Office de la langue française et
je l'ai invité à venir me rencontrer à mes bureaux
à Montréal.
La réunion a eu lieu et le président a répondu
à mes questions, mes inquiétudes, et il a été
très clair que le document en question respectait intégralement
la loi 101. Il n'y avait aucun doute. Je lui ai dit: Oui, mais on ne peut pas,
là... Il dit: Non. La phraséologie est peut-être un peu
compliquée à lire quand on est de l'extérieur mais une
bonne explication... Et ce que je propose c'est qu'effectivement le
député de Labelle rencontre M. Rondeau, président de
l'Office de la langue française, et échange avec lui pour obtenir
les éclaircissements nécessaires, afin qu'on ne s'embarque pas
sur un faux débat où il risque de perdre face encore une
fois.
Un autre élément que je tiendrais à souligner au
niveau du député de Labelle, en ce qui concerne l'adoption de ce
projet de loi, est le fait que j'ai dit au député que ce projet
de loi là n'est qu'une modification à la taxe de vente du
Québec et qu'en conséquence elle ne s'appliquera à compter
du 1er janvier qu'aux biens meubles. Mais, par contre, à compter du 1er
janvier 1992, ià, il va y avoir une nouvelle application au niveau des
services, au niveau des biens, au niveau des services qui seront offerts
à la population. Donc, ça va toucher un grand nombre de gens. Et,
à ce moment-là, pour ce projet de loi qui va introduire un
ensemble de nouveaux mécanismes, on est appelés à faire
une démarche auprès du public beaucoup plus étendue que
celle que nous avons faite au niveau des biens meubles, puisqu'on est
déjà, au niveau de la taxe de vente, présents au niveau
des biens meubles. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on modifie, 9 % à 8 %,
de 10 % sur les restaurants à 8 % pour 1991, et les modifications sont
purement mécaniques. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on s'étend un
petit peu plus au niveau de certains secteurs qui, autrefois, étaient
taxés et qui ne l'étaient plus depuis quelques années. Je
pense aux meubles, au linge. Et, bien sûr, on reconnaît les
difficultés que cela va faire naître. Mais, collectivement, on est
capables d'y faire face et, collectivement, on est capables de s'organiser
autour de ces éléments-la avec un minimum d'impact pour les
commerces oeuvrant dans ce domaine. (23 h 30)
De toute façon, et je l'ai déjà souligné,
c'est qu'il n'y a rien qui se fait à la cachette. Les organismes... Et
je vous l'ai dit, il y a une liste d'une trentaine d'organismes, écoutez
bien ça là, qui exigent du gouvernement du Québec
l'harmonisation de la taxe provinciale et l'administration. Le
député de Labelle a, tout à l'heure, dit que c'est vrai,
que ça avait du bon sens, qu'il était d'accord avec ce
principe-là, qu'il fallait, une fois qu'on avait accepté le fait
que le gouvernement fédéral intervienne au niveau de la TPS au
Québec, qu'il fallait à ce moment-là s'harmoniser, qu'il
fallait absolument empêcher que le chaos règne au niveau du
commerce dans la province de Québec. Alors, c'est ce qui s'est produit,
c'est ce que nous avons fait. Nous proposons un projet de loi. L'Opposition
utilise des mesures dilatoires que je
ne dois pas appeler "dilatoires", que je dois appeler...
Mme Caron: Particulières. M. Savoie:
Particulières... M. Léonard: Particulières.
Une voix: C'est parlementaire, "dilatoires".
M. Savoie: Voilà. Particulières. On en a
écouté quatre, ça n'a aucun bon sens. Deux des organismes
sont sur cette feuille-ci, la Chambre de commerce et puis le Conseil du
patronat. Ils arrivaient avec un cinquième qui était vraiment
l'absurde des absurdes. Alors, assez c'est assez. On leur a dit...
Une voix:...
M. Savoie: L'absurde des absurdes... Oui, absolument.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de... Allez-y.
M. Léonard: Oui. On a compris.
M. Savoie: Absurdo absurdum. C'est une citation de Caton
l'Ancien. Moi, je n'y peux rien.
C'est comme Delenda Carthago. D'ailleurs, on pourrait en parler de
Delenda Carthago.
Une voix: Ad Deum meum Christum...
M. Savoie: Bon, laissez faire. Là, je parle d'une vraie...
Vous ne m'enseignerez pas du latin, tout de même, M. le
député de Labelle...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles. M. le député de Labelle. La parole est
à vous M. le député d'Abitibi-Est. O.K. Cogito ergo sum.
Là, on continue.
M. Savoie: Delenda Carthago. Franchement, ça, c'est autre
chose.
Une voix: Descartes.
M. Savoie: Descartes... Alors, pour revenir et finalement faire
le point, très rapidement, ce que j'ai dit, c'est que ce processsus de
commission parlementaire est important, et il a parlé au début de
son exposé du bicaméralisme. Moi, ce que je lui dis, c'est: Bon,
on est prêts à se mettre au travail, là, et regarder
ça article par article. On est prêts à se mettre au boulot
et profiter, profiter des recommandations qu'ils pourront faire au niveau du
projet de loi. Là, évidemment, il est 11 h 30, c'est un peu
difficile, mais, par contre, demain matin à la première heure,
à 10 heures, on est prêts à commencer.
On vous attend, d'ailleurs, demain matin à 10 heures pour
commencer à travailler.
Le Président (M. Lemieux): On n'a pas d'ordre de la
Chambre, M. le député d'Abitibi-Est. On n'a pas d'ordre de la
Chambre.
M. Savoie: Oui. C'est ça. Mais je suis prêt à
donner mon consentement pour qu'on puisse commencer à 10 heures, en tout
temps.
Le Président (M. Lemieux): Non. Non. Il faut un ordre de
la Chambre.
M. Savoie: Non, non, mais dans le sens qu'on est prêts
à donner notre consentement pour commencer...
M. Léonard: ...l'Assemblée nationale se
réunisse.
M. Savoie: Non, non, sur consentement. Je sais que tout est
possible, sur consentement mutuel.
Le Président (M. Lemieux): Non. Non. Pars pas
là-dessus.
M. Savoie: Je m'excuse, je ne voulais pas vous donner un cours de
procédure ce soir, mais... Écoutez, là. Là, ce
n'est pas sur mon temps-là, tout ça, là.
Le Président (M. Lemieux): Non. Envoyez.
M. Savoie: En tout cas, je suis prêt à commencer
dès que possible l'étude article par article. Si on ne peut pas
le faire, on peut commencer à examiner les éléments. Vous
dites qu'il y a des points là-dedans que vous voulez souligner: Je suis
tout à fait disposé. Si à l'intérieur, par exemple,
d'un article vous voulez revenir sur l'entente générale, je ne me
suis jamais objecté à quoi que ce soit. Sauf que je trouve que
ça va être beaucoup plus intéressant, pour le
député de Pointe-aux-Trembles, pour Mme la députée,
d'arriver et de discuter de dossiers, de points spécifiques en ce qui
concerne l'article par article.
Le Président (M. Lemieux): O.K. J'aimerais seulement vous
dire qu'au niveau de la commission l'article 147 est assez clair: "Le leader du
gouvernement convoque, au moment prévu à la période des
affaires courantes..." Alors, je pense que ça c'est clair. C'est
l'article 147. Si on a un ordre de la Chambre, on va être ici; si on n'a
pas d'ordre de la Chambre, je n'y peux rien. Allez-y, M. le
député de...
M. Savoie: Alors, je n'ai pas terminé mon 10 minutes,
là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que son 10 minutes est
terminé?
Une voix: Huit minutes.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, huit minutes.
M. Savoie: Alors, il faudrait soustraire le temps un petit peu,
là.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. Alors, allez-y,
M. le député de...
M. Savoie: Je reprends donc, pour une énième fois,
l'importance de procéder au niveau de l'étude article par
article. On a eu droit à des exposés très boiteux et les
députés étaient gênés, vous allez en
convenir. Tout à l'heure, l'exposé qu'on a eu pour entendre, pas
la Chambre de commerce, parce que je ne veux pas me tromper, mais le Conseil du
patronat, de la part de M. Blais, ça il fallait l'entendre.
M. Bourdon: Question de règlement.
Une voix: Vous deviez être gêné, vous aussi,
hein? Parce que, ce que vous venez de dire sur l'Assemblée
nationale...
M. Savoie: Je n'ai pas terminé, puis je me fais
interrompre, là.
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de... S'il y a
des commentaires, la parole est au député d'Abrtibi-Est. Question
de règlement, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur quel article, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: D'une part, le député d'Abitibi-Esta
nommé...
Le Président (M. Lemieux): Quel article?
M. Bourdon: ...un député par son nom, M. le
Président. C'est bien convenu dans nos règles.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison.
M. Savoie: Vous avez bien raison.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison.
M. Bourdon: II voulait faire une allusion malveillante au
député de Masson, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est.:. Vous avez raison, M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Savoie: Le député de Masson. C'est parce que je
ne m'en souvenais plus. Alors, c'est le députe de Masson, hein?
M. Bourdon: C'est ça.
M. Savoie: II fallait le vivre. Et même vous, à un
moment donné, vous n'étiez pas trop confortable avec ça,
non plus. Et je vous comprends parce que finalement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Non, non, mais sérieusement... Écoutez,
il faut commencer le travail...
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que vous pourriez
rappeler au député...
M. Savoie: Non, non. Il n'était pas confortable avec
ça.
M. Bourdon: ...la pertinence? Je pense qu'il y a un
problème de pertinence.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
d'Abitibi-Est est sur son temps de parole et a un consentement pour aller
au-delà de son temps de parole. M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bourdon: Non, mais sur la pertinence. Son propos n'est pas
pertinent.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. Alors, soyez
pertinent.
M. Savoie: C'est ça. Alors, on a fait nos motions
particulières. Là, c'était le temps de commencer à
travailler. Je pense que le député des Îles-de-la-Madeleine
a été très sage en disant: On va y aller article par
article. Le président a examiné ça et il a dit qu'il
était d'accord, que ça avait du bon sens. Je pense qu'on est
prêts à commencer notre travaH. Vous ne voulez pas commencer
à ce moment-ci, à 23 h 30, je comprends ça...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: ...alors ça fait un petit peu de contestation,
mais on est prêts à commencer demain. Demain, on va commencer, on
va appeler l'article 1, puis on va examiner ça comme il se doit. Parce
que, comme vous l'avez bien souligné, étant donné que le
Conseil législatif n'est plus là, il va falloir passer et
finalement faire le
travail de ces gens bien estimés. Finalement, je pense . que ce
n'est pas trop trop non plus. Je pense qu'on avait pas mal épuisé
vos arguments et je pense que vous en apprenez plusieurs. Parce que, moi, ce
que j'ai constaté, c'est que, si je regarde les discours que vous avez
tenus au début de cette commission parlementaire mercredi
après-midi et si je regarde les discours qui ont eu lieu ce soir, il y a
eu du mouvement en sacrifice, à part ça. Ça s'est
déplacé...
M. Léonard: Comme quoi il y a eu une progression, M. le
Président.
M. Savoie: Comme quoi il y a eu une forte progression.
M. Léonard: Et vous avez aussi appris des choses au cours
de cette commission.
M. Savoie: Ah! c'est sûr que dans un échange il y a
toujours des choses à apprendre pour l'homme honnête. Maintenant,
ceci étant dit, je pense qu'on est en mesure de dire qu'on a fait le
tour du jardin un peu sur les grandes lignes. Puis, c'est vrai qu'il y a
certains éléments qui n'ont pas été
regardés, comme l'entente, des choses comme ça, mais ça va
venir quand on va être à l'intérieur de l'entente,
lorsqu'on va être rendus à l'étude article par article.
Puis, là, on va progresser ensemble et vous allez voir, M. le
Président, que, dans peut-être une autre vingtaine d'heures...
Là, ils sont d'accord avec le principe du projet de loi, ils sont
d'accord avec le fait qu'on doit s'harmoniser...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: ...ils sont d'accord avec le fait qu'il s'agit de
modifications à la taxe de vente. Je vous garantis, M. le
Président, que dans une vingtaine d'heures ils vont nous
féliciter pour le travail qu'on a fait.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Mais, mon Dieu, ils vont dire: Diantre! qu'avons-nous
fait tout ce temps-là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Ils vont dire: Mais non, M. le Président, on
aurait dû déjà faire ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: M. le Président, je pense qu'on assiste
à une bouffonnerie.
Le Président (M. Lemieux): Ça, c'est
antiparlementaire. M. le député de Pointe-aux-Trembles, c'est
antiparlementaire.
M. Savoie: C'est antiparlementaire.
Une voix: II a le droit de le faire, mais tu n'as pas le droit de
le dire.
Le Président (M. Lemieux): II y a eu un consentement pour
permettre au député d'Abitibi-Est de continuer.
M. Savoie: Non, non. Sérieusement.
M. Bourdon: Non, mais pas pour faire de mauvaises imitations, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez!
Écoutez!
M. Bourdon: II est le Dong du Ding des Finances. Ding et
Dong.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, vous pouvez
continuer avec le consentement.
M. Savoie: C'est parce que le député de Gouin avait
effectivement souligné l'importance du sens de l'humour, puisque,
effectivement, ça commence à faire du temps. Tout ça mis
de côté, je pense qu'on est entrés dans le vif du sujet,
puis j'ai hâte d'échanger avec vous sur les articles. Pensez aux
spécialistes qui nous accompagnent,...
M. Léonard: Comme les libéraux, sur la
souveraineté, ça va bien.
M. Savoie: Pensez, pensez aux spécialistes qui nous
accompagnent, là, qui sont assis, qui endurent nos histoires depuis si
longtemps et qui ont hâte, là, bon, de participer.
Une voix: ils sont payés plus cher que nous autres pour
participer.
Une voix: lis apprennent des choses sur la politique.
Une voix: Continue, continue.
M. Savoie: C'est ça. C'est ça. C'est ce que je vous
avais dit, hein? Je suis un petit peu gêné au début du
processus, hein. Mon premier discours...
M. Bourdon: C'est gênant aussi...
M. Savoie: Je vous avais dit, là, que c'était
gênant un peu de faire toute cette démarche-là. Puis, une
chance qu'il n'y a pas 6 000 000 de monde qui nous écoutent parce que
ça ferait dur en sacrifice.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: II vient de commencer à parier,
seulement, puis on en a perdu plusieurs.
M. Savoie: Non, non, mats c'est vrai. Mais, à un moment
donné, ça allait bien, hein, ce soir. On a eu de bons
échanges. C'a été - moi, je pense, en tout cas -
honnête, là, en partie. Là, il faudrait absolument qu'on
passe à la viande et qu'on commence à travailler pour de vrai,
là, pour gagner notre croûte.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la motion est
adoptée?
Une voix: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Non. Mme la
députée de Terrebonne.
Une voix: Oui? À cette heure-ci?
Une voix: Voyons, voyons, M. le Président, est-ce que vous
pouvez calmer les esprits du député de Labelle?
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas compris,
j'étais à donner la parole à Mme la députée
de Terrebonne. Mme la députée de Terrebonne, vous avez la parole
sur la motion du député des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Et non pas sur le discours du
député d'Abitibi-Est.
Une voix: Non, non. Ça, ça va.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Inquiétez-vous
pas.
M. Farrah: Donc, ce n'est pas pertinent?
Une voix: Non, non.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Elle est bonne! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas fait ce
commentaire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Mme la
députée, nous vous écoutons.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que le
député des Îles-de-la-Madeleine nous a déposé
une motion, mais il était si peu convaincu de cette motion - et c'est
à mon tour de dire qu'il avait sûrement reçu un ordre
quelconque parce qu'il n'avait absolument rien à nous dire - qu'il n'a
utilisé aucun argument. Il avait droit à 30 minutes pour tenter
de con- vaincre l'Opposition et il a utilisé à peine quelques
minutes. Il a même tenté de nous lire, de peine et de
misère, le texte du premier article et a perdu patience à la
première phrase, M. le Président. Donc, on n'a eu aucun argument
de la part du député des Îles-de-la-Madeleine, pas plus que
dans l'argumentation du ministre du Revenu. On a au moins découvert une
confusion. Le ministre du Revenu nous dit qu'il est tanné, qu'on
n'avance pas dans les débats, qu'il ne se passe rien, qu'on n'avance
pas, qu'on piétine puis, en même temps, il nous dit que
l'Opposition a fait un grand cheminement puis a avancé dans le
débat, puis que c'était intéressant...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Bravo!
Mme Caron: ...puis qu'on était dans le coeur du
débat. Remarquez que, si je regarde son attitude depuis le début,
ça ne m'étonne pas tellement. Ça ne m'étonne pas
tellement et le député des Îles-de-la-Madeleine, la seule
argumentation qu'il a eue, c'est qu'il nous demandait d'arrêter les
motions particulières pour protéger la crédibilité
de l'Opposition face à la population. Bien moi, je vous avoue,
là, que je n'ai absolument pas peur de la crédibilité de
l'Opposition parce que la population, ce qu'elle nous a demandé, c'est
justement de se prononcer contre ce projet de loi là. Et ça, je
n'ai pas de problèmes avec ça. Puis la crédibilité
du gouvernement serait sérieusement mise en doute si la population du
Québec avait la chance de lire les galées de cette commission
puis de voir l'attitude du ministre. Moi, j'en suis à ma première
année comme parlementaire, mais je vous avoue que c'est la
première commission à laquelle j'assiste... Il faut dire que
j'étais habituée à la commission de l'éducation
avec l'ex-ministre de l'Éducation, et vous comprendrez mon
étonnement, hein? Je suis passée d'une échelle à
une autre! Et je suis également habituée à la commission
des institutions, avec le ministre de la Justice et de la protection du
consommateur. Donc, vous comprendrez que je suis habituée à
d'autres attitudes de la part des ministres.
Une voix: Elle tombe de haut!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Oh oui, de très haut!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: De très très haut!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Je ne pouvais pas partir de plus haut pour tomber plus
bas!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: C'est le cas de le dire! Je ne pouvais même pas
m'imaginer, M. le Président, qu'un ministre pouvait avoir cette
attitude-là, de lire les journaux, pendant que l'Opposition faisait ses
motions. C'est surprenant même qu'il se soit aperçu que nous ayons
changé d'opinion, parce que c'est ce qu'il nous dit, qu'on a
changé d'opinion. Mais c'est probablement parce qu'il faisait la lecture
des journaux...
Une voix: C'est pour ça qu'il est confus.
Mme Caron: ...parce qu'il lisait un livre en commençant
par la fin, mais ça... Peu importe, chacun a son droit de lire de la
façon dont il pense que ça peut être intéressant. Il
nous a aussi, bien sûr, servi des éclats de rire... (23 h 45)
Une voix: Gras.
Mme Caron: Ah oui. Des soupirs, des râlements, tout y a
passé, M. le Président. Il a mangé, il n'y a rien qu'il
n'a pas fait là, vraiment.
Une voix: C'est le Bérurier de l'équipe
libérale.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Puis, on vient nous dire que c'est l'Opposition qui ne
prend pas son rôle au sérieux. Bien, M. le Président, je
vous avoue que je suis complètement découragée par
l'attitude du ministre qu'on a devant nous. L'Opposition, ce qu'elle a
tenté de faire, M. le Président, c'est d'obliger ce gouvernement
à faire le travail de consultation qu'il n'a pas voulu faire avant la
présentation de son projet de loi. C'est ça qu'on a voulu faire,
rien de plus. Les motions qu'on présentait, les motions
particulières, c'était pour vous obliger à consulter tous
les gens qui étaient concernés, que vous avez refusé de
consulter. Et c'était le cas du Mouvement Desjardins, de la Chambre de
commerce du Québec, l'Association des économistes du
Québec, la Fédération des ACEF... Et quand le ministre du
Revenu nous disait: Mais oui, je les avais déjà sur ma liste,
bien c'était justement pour ça. On voulait entendre les gens des
deux côtés.
C'est ça le rôle de l'Opposition. C'est pas d'entendre
uniquement un son de cloche, c'est d'entendre les deux côtés. Et
on aurait eu d'autres personnes à rencontrer aussi, des gens qui sont
directement touchés: l'industrie de la chaussure, les manufacturiers du
meuble, le vêtement. Il aurait fallu les entendre, eux autres aussi,
parce que ça touche directement l'économie
québécoise. Mais non, le ministre n'a pas jugé bon de
faire son travail.
Comme député, dans mon comté, j'en ai fait une
opération consultation, par écrit, M. le Président: 125
personnes étaient inscrites à cette opération-là et
le résultat est assez clair. Et c'est pour ça que je n'ai pas
peur du tout pour notre crédibilité. Sur 125 personnes qui se
sont prononcées sur ce projet de loi, 123 étaient contre, M. le
Président. Je pense que c'est assez clair.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Ça ne pose vraiment pas de problème.
Une voix: C'est votre liste de membres du PQ.
Mme Caron: Aucunement, M. le Président. Parce que, comme
je crois à la démocratie et que je crois que ce gouvernement ne
consulte jamais assez, j'ai lancé, au mois d'août, une
opération consultation et j'ai demandé aux gens de s'inscrire sur
les sujets qui les intéressaient. Et les gens se sont inscrits, des gens
de toutes tendances et de toutes allégeances et je ne leur ai même
pas demandé.
Le Président (M. Lemieux): Elle va crever les yeux du
député de Labelle. O.K. allez-y, excusez. C'est parce que vous
avez passé proche, votre crayon a passé proche des yeux du
député de Labelle.
Mme Caron: Ne vous inquiétez pas, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
Une voix: Je vais vérifier avec les membres de la
commission. Vous pourriez déposer votre consultation, ça serait
peut-être intéressant.
Mme Caron: Je ne l'ai pas ici, mais je vous en ferai parvenir
copie. Donc, M. le Président, je pense qu'on est foin d'avoir fait le
tour du sujet. Au moment où le député des
Îles-de-la-Madeleine a décidé de déposer sa motion,
nous étions justement au coeur du débat, à la motion la
plus intéressante, où il y avait eu les échanges les plus
intéressants. Et c'est là que le député des
Îles-de-la-Madeleine, peut-être parce que c'était justement
un débat qui était peut-être à un niveau un petit
peu plus élevé, a décidé d'arrêter le
débat. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Trois minutes, à moins
qu'il y ait consentement pour que vous puissiez poursuivre.
M. Léonard: Moi, non plus. Vous pouvez continuer. Vous
voulez avoir un consentement? On a donné consentement au ministre, alors
vous
pourrez avoir du temps pour...
Mme Caron: Bien, je vais tout de suite commencer, M. le
Président, à vous prévenir que je considère qu'il y
a effectivement un problème, tout comme notre critique officiel, le
député de Labelle, concernant la primauté de la langue
française, la Charte de la langue française. Alors, dans le
protocole d'entente qu'on a en main entre le gouvernement du Canada
représenté par le ministre des Finances et le gouvernement du
Québec représenté par le ministre des Finances et le
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes - ils n'ont pas amené le ministre du Revenu, je les
comprends...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron: Alors, on trouve à la page 9, article 3...
Le Président (M. Lemieux): On tombe de haut!
Mme Caron: Lorsque le Québec, dans l'administration de la
TPS pour le compte du Canada, ne peut, en raison des dispositions de la Charte
de la langue française, s'acquitter de ses fonctions dans les deux
langues officielles, conformément à la Loi sur les langues
officielles, en ce qui concerne les communications écrites avec les
corporations établies au Québec - donc avec les entreprises - le
Canada et le Québec conviennent que le Canada exercera alors ses
fonctions pour assurer le respect de la Loi sur les langues officielles.
Une voix: Ils vont faire ia job...
Mme Caron: Alors, est-ce qu'on va habituer nos entreprises - qui,
jusqu'à maintenant, n'obtiennent du gouvernement du Québec que
des documents en langue française - est-ce qu'on va faire une entorse et
les habituer à recevoir maintenant de la documentation bilingue? Et
c'est extrêmement dangereux. Pour toutes ces raisons, M. le
Président, parce que je considère que nous devons protéger
notre langue et, évidemment, notre culture, vous me permettrez, M. le
Président, en raison de nos règlements de déposer un
amendement à la motion du député des
Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Lemieux): Je m'y attendais.
Motion d'amendement
Mme Caron: La motion présentée par le
député des Îles-de-la-Madeleine est amendée par
l'ajout, après les mots "projet de loi", des mots "après avoir
entendu l'Union des artistes du Québec".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: C'est quoi qu'il y a de drôle?
Une voix: Ça ne se peut pas...
Mme Caron: La culture fait toujours rire le ministre du
Revenu.
M. Léonard: Ça le fait rire, la culture.
Mme Caron: À chaque motion qu'on a parlé de
culture, le ministre du Revenu est parti à rire, M. le
Président.
Une voix: C'est parce que c'est pas la même gang.
C'était quoi ta gang?
Une voix: C'était l'Union des artistes.
Une voix: Non, non, c'est pas l'Union des artistes,
c'était quoi ta gang?
Une voix: Le cinéma. Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: C'était les propriétaires de
cinéma.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ça rentre en vigueur en 1992.
Mme Caron: Donc, ce qu'on vous propose, M. le Président,
c'est de commencer à étudier le projet article par article,
après...
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais entendre les
arguments sur la recevebalité de l'amendement.
Débat sur la recevabilité
Mme Caron: Écoutez, M. le Président, c'est assez
simple. La motion du député des Îles-de-la-Madeleine nous
propose de passer à l'étude détaillée de l'article
1 et des articles suivants du projet de loi. Il a oublié d'écrire
"suivants" dans sa motion.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez que...
J'aimerais vous relire peut-être la motion du député des
Îles-de-la-Madeleine qui dit bien: Passer immédiatement à
l'étude détaillée - souvenez-vous de la décision
que j'ai rendue - de l'article 1 et des autres articles du projet de loi. Et
vous ajoutez - je m'attendais à un amendement mais pas à
celui-là... La motion présentée par le
député des Îles-de-la-Madeleine a été
amendée par l'ajout, après les mots "projet de loi",
"après avoir entendu l'Union des artistes".
Mme Caron: Oui...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes bien consciente
que...
Mme Caron: Nous allons passer immédiatement à
l'étude après avoir entendu l'Union des artistes.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Immédiatement
après avoir entendu l'Union des artistes, nous devrions procéder
à l'étude de l'article 1. C'est bien ça que vous vouliez
me dire?
Mme Caron: C'est bien ça, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est bien ça. Je
vais vous entendre là-dessus. Je veux vous entendre là-dessus,
sur la recevabilité.
Mme Caron: Alors, M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Lemieux): Pensez au vieux principe de
droit qui dit qu'on ne peut pas faire indirectement ce qui est... On ne peut
pas faire directement ce qui est interdit... Non. On ne peut pas faire
indirectement ce qu'il est interdit de faire directement. C'est ça.
Pensez à ça, au niveau de votre amendement.
Mme Caron: On est prêt à procéder à
l'étude du projet de loi, immédiatement après avoir
entendu l'Union des artistes. Ça ne contredit aucunement sa motion. Nous
ajoutons une étape avant de commencer. On n'a pas mis une série
d'étapes. On n'a pas mis: "Après avoir entendu l'Union des
artistes...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cette étape
est de la même... J'aimerais vous poser une question, Mme la
députée. Est-ce que cette étape est de la même
nature que les motions préliminaires qui avaient été
faites préalablement?
Mme Caron: Pas du tout. On désire entendre l'Union des
artistes. Et nous sommes prêts à commencer après.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Hull, j'aimerais vous entendre sur la
recevabilité.
M. LeSage: M. le Président, moi, je...
Mme Caron: D'ailleurs, M. le Président, on ne l'a pas
invoqué en vertu de l'article 244, hein?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull.
M. LeSage: M. le Président, je ne suis pas en accord avec
l'amendement pour une simple raison, c'est qu'il me semble qu'en droit un
amendement à une motion principale ne doit pas modifier le sens de
la...
Le Président (M. Lemieux): Non, sur la
recevabilité.
M. LeSage: C'est ce dont je parle.
Le Président (M. Lemieux): Sur le sens, ça va.
M. LeSage: Je parle de l'amendement proposé, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. LeSage: Un amendement à une motion principale ne doit
pas modifier le sens de la motion principale. Et, à mon avis, la motion
principale est pour procéder immédiatement à
l'étude du projet de loi article par article. Et si on dit qu'on va
entendre, ou qu'on veut proposer d'entendre, une autre ou plusieurs personnes
ou plusieurs organismes avant de procéder à l'étude
article par article, eh bien, on contrevient au sens premier de la motion
principale.
Une voix: M. le Président.
M. Farrah: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: M. le Président, c'est très clair, en
vertu de l'article 197, et je lis l'article: "Les amendements doivent concerner
le même sujet que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de
son principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou
à remplacer des mots."
Ici, il va une décision, M. le Président:
"Conformément à l'article 197, un amendement ne peut aller
à rencontre du principe de la motion principale. Un amendement ne vise
qu'à retrancher, ajouter ou à remplacer des mots. Si un
député n'est pas d'accord avec une motion, il doit voter contre.
Seul l'auteur d'une motion peut en proposer le retrait, conformément
avec l'article 195." Alors, c'est nettement, M. le Président, à
rencontre du principe, comme le mentionnait mon collègue de Hull. Et,
à ce point de vue, M. le Président, c'est totalement irrecevable
comme motion.
M. Boisclair: M. le Président, sur la recevabilité,
je vous inviterais à consulter les décisions qui ont
été rendues par le président de l'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Lemieux): Lequel?
M. Boisclair: ...M. Saintonge, qui, à plusieurs reprises,
sur des propositions d'amendement à des motions déposées
par l'Opposition officielle - je pense particulièrement à la
motion du mercredi. Souvenez-vous de la motion concernant l'abolition de la TPS
sur le livre, ou d'autres motions sur la question constitutionnelle, où
le président a élaboré un certain nombre de
critères dont on doit tenir compte dans l'évaluation de la
recevabilité d'un amendement à une motion.
Je vous invite, M. le Président, juste avant de rendre votre
décision, à consulter ce critère-là pour être
bien sûr que vous appliquiez les mêmes règles qui
s'appliquent au salon bleu.
M. Farrah: M. le Président, si vous le permettez-Le
Président (M. Lemieux): Mme la députée de Rousseau
aussi vous vouliez...
Mme Caron: De Terrebonne.
Le Président (M. Lemieux): De Terrebonne, pardon.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense qu'il y a un
argument du député de Hull. Il nous dit qu'il ne veut pas
recevoir une série d'organismes. La motion est très claire. Nous
demandons d'entendre un seul organisme. Nous n'avons pas demandé de
passer à l'étude de l'article 1 du projet de loi après
avoir entendu plusieurs organismes. On a précisé un seul
organisme, M. le Président. Donc, on ne change aucunement le principe de
la motion du député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Bourdon: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Pointe-aux-Trembles, allez-y.
M. Bourdon: M. le Président, d'une part l'amendement de la
députée de Terrebonne n'invoque pas l'article 244. Donc, on n'en
est plus aux motions préliminaires. Elle se situe parfaitement dans la
logique de la proposition du député des
Îles-de-la-Madeleine. Quel est le sens de la motion du
député des Îles-de-la-Madeleine, M. le Président?
C'est de mettre fin aux motions préliminaires pour passer à
l'étude article par article du projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): Je ne vous comprends pas.
M. Bourdon: La motion dit: Immédiatement, et l'amendement
dit: Après avoir entendu un organisme. Donc, on clôt la partie qui
concerne les motions préliminaires. Ce n'est pas une motion
préliminaire que vous avez devant vous,
M. le Président, elle n'est pas formulée en vertu de
l'article 244 et tout ce que ça ajoute,...
Le Président (M. Lemieux): Je ne comprends pas son
raisonnement.
M. Bourdon: ...c'est de dire: Le député des
Îles-de-la-Madeleine est là, il est fatigué, il veut qu'on
passe à l'étude article par article. On dit: Soit, on passe
à l'étude article par article, mais, avant, on entend un seul
organisme.
Le Président (M. Lemieux): Mais je veux seulement vous
rappeler quelque chose, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes bien conscient
que c'est une motion préliminaire que j'ai devant moi, là?
M. Bourdon: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non, ce n'est pas une motion
préliminaire, ça?
M. Bourdon: Elle n'est pas en vertu de l'article 244, celle que
vous avez devant vous. C'est une motion en vertu d'un autre article...
Le Président (M. Lemieux): Pas en vertu de l'article 244,
mais c'est une motion préliminaire.
M. Bourdon: Bien oui, mais pas en vertu de l'article 244.
Le Président (M. Lemieux): Bien oui! mais,
M. le député de Pointe-aux-Trembles, s'il vous
plaît, c'est bien un amendement que j'ai devant moi.
M. Bourdon: C'est un amendement à la motion que vous avez,
laquelle n'est pas en vertu de l'article 244.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, je comprends. Je
me comprends, M. le député.
M. Bourdon: Je comprends que les débats sont
peut-être plus courts quand vous êtes seuls entre libéraux,
mais nous, ce qu'on dit, c'est que ce qu'on a sur la table comme motion
préliminaire n'est pas fait en vertu de l'article 244...
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, je vais
entendre les arguments du député des Îles-de-la-Madeleine.
Ça va, je comprends votre point de vue. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Bourdon: M. le Président, j'avais corn-
mencé à parler sur la recevabilité.
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, continuez.
M. Bourdon: Je voudrais bien continuer. Le processus est plus
lent quand l'Opposition est là, évidemment. Mais le
député des Îles-de-la-Madeleine nous dépose une
motion qui n'est pas une motion en vertu de l'article 244.
Le Président (M. Lemieux): Mais c'est une motion
préliminaire, pareil.
M. Bourbeau: Et elle a comme effet, sa motion, de dire: On ne
reçoit plus de propositions préliminaires en vertu de l'article
244. Et elle dit: On passe immédiatement...
Une voix: M. le Président, il est minuit passé.
Le Président (M. Lemieux): II est minuit. Alors, nous
allons ajourner nos travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)