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(Quinze heures cinquante-sept minutes)
Le Président (M. LeSage): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 134,
Loi modifiant la Loi concernant la taxe sur les carburants. Lors de
l'ajournement, nous en étions à l'article 18, le paragraphe 40.
1, et je laisse la parole au député de Labelle pour discussion.
Vous en étiez à questionner sur l'article 40. 1, M. le
député de Labelle.
Projet de loi 134
M. Léonard: 40. 1?
Une voix: Article 18.
M. Léonard: On était rendu à 18.
Le Président (M. LeSage): Alors, M. le ministre, nos
travaux sont prévus jusqu'à 18 h 30 et, si nécessaire, de
20 heures à 22 heures pour les deux projets de loi, effectivement.
M. Savoie: Bon. Allons-y, Alonzo.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: On avait des questions à poser sur
l'article 18. Il n'était pas adopté, je pense?
Le Président (M. LeSage): Exact.
Vérifications, inspections et saisies
(suite)
M. Léonard: On était au paragraphe 40. 1 sauf qu'il
n'avait pas été adopté, ni accepté.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: oui, ce qu'on m'avait expliqué, c'est
que c'était un fonctionnaire qui, lui, faisait sa déclaration
sous serment. ce n'était pas une dénonciation
générale.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Pas par une personne dans le public. Ce
n'était pas une dénonciation faite à partir d'ailleurs.
Mais ce sont des choses, quand même, qui existent, les
dénonciations faites par d'autres contribuables envers leurs
collègues et amis et voisins, etc.
M. Savoie: II n'y a pas de plus cruelle vérité que
celle de son voisin.
M. Léonard: Qu'est-ce qui arrive dans ce cas-là,
ici, si c'est fait comme ça? Il faut que ce soit repris par un
fonctionnaire qui va visiter la personne en cause, accusée, entre
guillemets...
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard:... pas accusée, mais
soupçonnée?
M. Savoie: C'est ce qu'on avait reçu comme explication de
la part du directeur des enquêtes spéciales qui disait que,
justement, l'article faisait référence à un examen
détaillé par un fonctionnaire et que c'est lui qui faisait
rapport.
M. Léonard: Est-ce que, dans ce cas-là, disons, des
déclarations comme celles-ci faites par un fonctionnaire
fédéral valent aussi pour cette loi ici, au plan de la Loi sur
l'impôt? Ce n'est pas du tout la même chose, là, on est
complètement sur...
M. Savoie: On me dit que non,
M. Léonard: Ça, là, l'article 40. 1
s'applique seulement sur la loi sur les carburants.
M. Savoie: On me dit que les recommandations d'un fonctionnaire
du gouvernement fédéral ne s'appliqueraient pas dans ce cas-ci.
On me dit que c'est un fonctionnaire...
M. Léonard: Elles ne s'appliqueraient pas? M. Savoie:
C'est ce qu'on me dit.
M. Léonard: Dans le cas de la taxe d'accise
fédérale - je ne sais pas s'ils en ont une perçue sur les
carburants, eux?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: À part la TPS?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: L'entente qui a été
signée ne touche pas ça?
M. Savoie: Pardon?
M. Léonard: L'entente qui a été
signée ne touche pas la perception des taxes sur les carburants
perçues par le gouvernement fédéral.
M. Savoie: Uniquement par la TPS.
M. Léonard: Est-ce que vous avez écho qu'ils sont
soumis aux mêmes problèmes que, vous, vous avez?
M. Savoie: Le gouvernement fédéral a ses propres
lois et ses propres méthodes de fonctionnement.
M. Léonard: non, mais, s'il y a de l'évasion
fiscale ici en ce qui concerne la taxe sur les carburants, il risque d'y en
avoir aussi sur le plan fédéral.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Léonard: Vous n'avez pas eu de contact avec vos
collègues au fédéral là-dessus?
M. Savoie: II y a des communications constantes avec le
gouvernement fédéral, oui, des échanges
d'informations.
M. Léonard: Est-ce qu'ils ont le même
problème?
M. Savoie: Oui. On fait face au même problème.
M. Léonard: Comment font-ils pour s'en sortir ou corriger
la situation? Ils n'ont pas une loi comme celle qu'on est en train
d'adopter.
M. Gingras (André): André Gingras. Finalement, les
difficultés du fédéral sont un peu différentes des
nôtres; c'est sur les importations de carburants ou sur les exportations
de carburants hors Canada. Nous, nos difficultés, bien sûr, on en
a sur les importations au Québec, les importations internationales, mais
il y en a beaucoup en ce qui concerne les échanges interprovinciaux
où une personne achète du carburant dans une province,
déclare qu'elle transfère ce carburant-là au
Québec, par exemple, donc ne paie pas la taxe dans la province
d'origine, et amène le carburant au Québec sans taxe. Et,
là, si c'est quelqu'un qui travaille au noir, enfin, en cachette, ce
carburant se disperse et on n'a pas de moyens de récupérer les
taxes.
M. Léonard: Quand on a fait les notes
préliminaires, on a distingué deux sortes de fraude ou de
contrebande: une à l'intérieur même du système
canadien et une autre série qui touchait les exportations, importations
en ce qui concerne le Canada. Est-ce qu'il y en a pour la peine en ce qui
concerne le commerce extérieur canadien, par exemple, américain
et Québec? C'est parce que, si, vous, vous avez ce
problème-là, ici au Québec, entre, disons, le Maine et le
Québec, ou l'État de New York et le Québec, et qu'il y a
des gens qui ne paient pas les taxes aux états-unis et qui entrent ici
et ne les paient pas non plus, le canada a exactement la même chose.
M. Gingras: Oui, effectivement. Le Canada a effectivement...
M. Léonard: II a le même problème que
vous.
M. Gingras: Avec moins d'ampleur parce que notre taxe, bien
sûr, s'ajoute par-dessus la taxe fédérale et c'est une taxe
qui est un peu supérieure à la taxe fédérale. Mais,
finalement, l'entreprise qui, elle, en quelque sorte, fait du trafic
international, quand elle passe aux lignes, c'est plus un problème
fédéral d'abord de déterminer si, oui ou non, c'est du
carburant qui est importé avec des droits ou encore si c'est
réellement du carburant qui est exporté du Canada, parce que,
là, il n'a pas de droit d'accise.
M. Dufour (Alain): Alain Dufour, directeur de l'observance
fiscale. Effectivement, tel que je vous en avais parlé au début,
les systèmes de fraude, ça peut comprendre une importation de
produits pétroliers, ça peut être soit une fausse
exportation de produits pétroliers (on laisse croire que le produit sort
du Québec ou de l'Ontario, cependant il est acheminé au
Québec pour vente avec les taxes) et aussi ça peut être un
produit dont on laisse croire qu'il est vendu comme huile à chauffage
alors qu'on l'utilise comme diesel au Québec. Dans tous ces
cas-là, il peut y avoir aussi de la taxe d'accise.
À votre question de savoir si c'est une partie importante des
opérations de fraude en matière de pétrole, c'est exact.
La deuxième partie en ce qui concerne: est-ce que l'accise
fédérale est organisée en ce sens-là et qu'est-ce
qu'ils font, effectivement, eux aussi ont un service d'enquêtes qui
entreprend les mêmes opérations que nous dans ce genre de
domaine.
M. Léonard: Les mêmes opérations? M.
Dufour (Alain): C'est-à-dire que... M. Léonard: Est-ce
que leurs lois...
M. Dufour (Alain): ...vous posiez la question: Est-ce que la
dénonciation au fédéral peut servir à Revenu
Québec? C'est non. En vertu de leurs lois, ils ont aussi un service
d'enquêtes spéciales et, s'ils constatent certaines de ces
infractions, eux aussi ont des fonctionnaires qui font le même travail
que nous en matière de fraude fiscale. Ce qui est sûr, c'est qu'en
vertu des ententes entre les gouvernements il y a un échange
d'informations qui fait qu'on n'intervient pas dans les mêmes
dossiers.
M. Léonard: Comme on dit de façon populaire, quand
il y en a un qui en a poigne un, l'autre le rattrape par la suite.
M. Dufour (Alain): Disons que ça évite aussi de
dépenser les énergies dans un même dossier pour rien. On
s'échange les résultats à la place.
M. Léonard: Mais c'est à ce plan-là que
l'échange se fait, au plan de la répression.
M. Dufour (Alain): C'est ça.
M. Léonard: Quant à la perception, il n'y a pas
d'entente comme celle qu'il y a eu avec la TPS. Donc, il y a deux...
M. Savoie: La TPS, c'est unique.
M. Léonard: Quelle est, si vous aviez des chiffres
à lancer, la proportion de fraudes sur le plan du commerce
international, interprovincial? Est-ce que vous avez une idée?
M. Dufour (Alain): De ce qui peut être importé par
rapport à ce qui peut...
M. Léonard: Bien. La fraude interprovinciale et la fraude
internationale.
M. Dufour (Alain): Disons qu'au début des années
quatre-vingt une forte partie des infractions ou des fraudes qu'on constatait
était un problème d'interprovincial. Avec les changements de la
loi 86 et aussi avec l'évolution du marché international, on peut
constater qu'il y a plus de fraudes au niveau international.
C'est-à-dire, au départ, on crée une situation
d'importation ou d'exportation, soit une fausse exportation où on se
doit d'intervenir là-dedans ou bien de l'importation en provenance de
l'État de New York principalement.
M. Léonard: Donc, vous avez tendance à dire
à l'heure actuelle que la fraude internationale ou la contrebande
internationale est plus importante que la contrebande interprovinciale.
M. Dufour (Alain): Bien, disons, par l'expérience qu'on a,
c'est surtout les dossiers qu'on a identifiés ces dernières
années. On a aussi identifié récemment d'autres
importations; ce qu'on n'a pas prouvé, c'est l'importation
internationale. On sait qu'elle venait d'une autre province, mais on n'a pas pu
à l'heure actuelle déterminer s'il y avait une nouvelle porte
d'entrée de produits parce qu'à toutes les fois qu'on intervient
dans ce genre de réseau là on identifie... On avait des
problèmes d'intervenants à Québec, mais on a aussi des
problèmes d'intervenants d'autres provinces où on se retrouve
avec deux, trois ou quatre intermédiaires et la source première
du produit... Récemment, on a identifié du produit venant d'une
autre province, mais ça ne veut pas nécessairement dire
qu'à la fin de l'enquête on ne déterminera pas que ce ne
sera pas une importation américaine aussi.
M. Léonard: Ah oui.
M. Dufour (Alain): Parce que nos contrôles et nos ententes
interprovinciales seront de plus en plus renforcés.
M. Léonard: Avez-vous, vous, une estimation du montant de
fraudes annuel sur le plan du pétrole?
M. Dufour (Alain): Si on parle...
M. Léonard: La contrebande des carburants.
M. Dufour (Alain): ...du genre de fraudes...
M. Léonard: Est-ce que vous avez une estimation de ces
fraudes, du montant annuel des fraudes?
M. Dufour (Alain): On parlait, au début de la commission,
d'une trentaine de millions, ce qui est probablement un minimum dans le
domaine.
M. Léonard: Votre maximum, c'est quoi?
M. Dufour (Alain): Notre maximum, ça pourrait
peut-être aller à 70 000 000 $, 75 000 000 $. On parle de 30 000
000 $, je veux dire, le reste, c'est spéculatif. On sait qu'il y a des
intervenants dans le domaine du pétrole; s'ils opéraient
continuellement, à l'année, ça pourrait aller
jusqu'à ces montants-là, sauf que je pense que ce serait plus un
chiffre réel de parler, peut-être, de 30 000 000 $ à 35 000
000 $ que de 70 000 000 $. À 70 000 000 $, il faudrait présumer
que notre organisation n'identifie pas systématiquement les bons
dossiers et je ne pense pas que c'est le cas.
M. Léonard: Dans le contexte du libre-échange,
là, avec les États-Unis, on devrait avoir plus de rapports
commerciaux. Est-ce que vous pensez que la pression va être qu'il y en
aura davantage, de la contrebande ou des tentatives de contrebande, ou qu'il y
en aurait davantage parce que je suppose qu'après avoir adopté le
projet de loi il n'y a plus personne qui va toucher à ça? Mais
est-ce que c'est une pression? Est-ce que ça augmente?
M. Dufour (Alain): Je pense que c'est sûrement une occasion
supplémentaire. C'est que plus on ouvre notre économie sur le
marché international, plus c'est facile pour quelqu'un qui serait
tenté de faire des profits avec ça de trouver d'autres
fournisseurs à la grandeur des États-Unis ou un réseau de
cheminement où ce
serait encore plus rentable de s'approvisionner. Le marché,
aussitôt qu'on l'ouvre d'une façon internationale, c'est bien
clair que ça signifie que nos entreprises sont susceptibles de
rechercher des fournisseurs à la grandeur de l'Amérique. À
partir de ce moment-là, il y a plus de chances qu'on identifie les
écarts de taxation entre les différents États afin de voir
s'il y a une possibilité de faire des profits avec ça.
M. Léonard: Bon. Ça, l'article 40.1, je suppose que
c'est le libellé général que vous avez quand le juge
intervient. Est-ce que vous le remplacez, là? Vous en remplacez un?
M. Savoie: "L'autorisation écrite d'un juge de la Cour du
Québec", c'est un mandat.
M. Léonard: C'est ça.
M. Savoie: A toutes fins pratiques, c'est ça que ça
veut dire. Bon.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 40.1 est donc
adopté. Nous appelons l'article 40.2.
M. Savoie: Alors, l'article 40.2 est introduit comme un
corollaire de l'article 40.1 et prévoit que le juge peut accorder la
saisie aux conditions qu'il indique. Alors, "aux fins de l'article 40.1, le
juge peut accorder son autorisation aux conditions qu'il indique s'il est
convaincu qu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'une infraction
à la présente loi est ou a été commise et que les
choses à saisir se trouvent à l'endroit indiqué dans la
dénonciation."
M. Léonard: C'est quoi, ces motifs raisonnables,
normalement?
M. Savoie: Bah, c'est les mêmes motifs raisonnables, les
preuves qui sont présentées devant le juge et qui sont
générales à l'émission de tout mandat. C'est
standard.
M. Léonard: Bon. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40.2 est donc
adopté. Nous appelons l'article 40.3.
M. Savoie: Alors, 40.3 prévoit les pouvoirs et obligations
du fonctionnaire ou de la personne désignée qui perquisitionne en
vertu de 40.1. Alors, "le fonctionnaire ou la personne désignée
qui perquisitionne conformément à l'article 40.1 peut saisir et
emporter, outre ce qui y est prévu, toutes autres choses qu'il croit,
pour des motifs raisonnables, constituer des éléments de preuve
de la perpétration de l'infraction décrite dans la
dénonciation. "Cette personne doit, avec diligence raisonnable, faire
rapport de cette saisie au juge qui, en vertu de l'article 40.1, a donné
l'autorisation écrite ou, en cas d'absence de celui-ci, à un juge
du même tribunal. "Le juge peut autoriser le ministre à retenir
les choses saisies s'il est convaincu qu'elles peuvent constituer des
éléments de preuve de la perpétration de l'infraction
à la présente loi et qu'elles ont été saisies
conformément au présent article."
Alors, comme vous voyez là, c'est très balisé.
M. Léonard: C'est très...? M. Savoie:
Balisé.
M. Léonard: Oui, les "motifs raisonnables". Quand il y a
eu des descentes selon la loi des mesures de guerre, on a saisi des livres;
ça, c'était des motifs dangereux. Le juge, encore, je pense qu'il
a une responsabilité judiciaire; tout à l'heure, c'était
ça, l'article 40.2, mais, à 40.1, "raisonnables", c'est
très vaste.
M. Savoie: Oui. C'est ça.
M. Léonard: C'est laissé à la
discrétion de celui qui va dans la pièce.
M. Savoie: Non, il faut que ce soit raisonnable et la notion de
"raisonnabilité" est également définie, assez bien
balisée, elle aussi. Parce qu'il ne faudrait pas voir qu'on fait du
français, là; on fait du droit et, en conséquence, le mot
"raisonnables" a fait l'objet de plusieurs analyses et par la Cour
suprême et par la Cour d'appel. Ce sont des termes qui, en apparence,
peuvent paraître très généraux, mais en
réalité ils sont très, très circonscrits.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40.3 est
adopté. Nous passons à l'article 40.4.
M. Savoie: Alors, "sous réserve d'une mainlevée
donnée par le ministre, toute chose saisie en vertu des articles 40.1 et
40.3 demeure sous la garde d'une personne qu'il désigne à cette
fin jusqu'à ce que, conformément à la section IX, elle
soit confisquée ou remise à son propriétaire". Alors,
ça reprend en gros l'article 40.4, sauf pour les modifications compte
tenu des articles précédents.
M. Léonard: La section IX, c'est laquelle, ça?
C'est quoi ça, la section IX? Ah, de la loi du ministère.
M. Savoie: Oui. Oui. De la loi sur les carburants. La section IX
sur les carburants; si vous regardez l'ancien article, c'est bien
identifié
M. Léonard: La personne à qui il peut confier ces
documents-là, c'est un bureau d'enquête, un bureau de comptables,
un bureau qui est désigné par le ministère ou un
fonctionnaire, évidemment, je suppose bien? (16 h 15)
M. Savoie: Ça peut rester au niveau du ministère,
j'imagine, et ça peut aller également à la
Sûreté du Québec, à la personne qui fait la desserte
là. Dans des lieux sûrs.
M. Léonard: C'est quoi en général, la
décision du juge: c'est la Sûreté du Québec ou chez
vous?
M. Savoie: Je ne le sais pas. Il faudrait... À un
huissier.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40. 4 est
adopté. J'appelle l'article 40. 5.
M. Savoie: "40. 5. Malgré les articles 40. 1 et 40. 3,
lorsque du carburant est saisi, le ministre peut demander à un juge de
la Cour du Québec qu'il ordonne que ce carburant soit vendu aux
conditions que ce dernier détermine. Un préavis d'au moins un
jour franc de cette demande est signifié au saisi et aux personnes qui
prétendent avoir droit à ce carburant. Toutefois, le juge peut
dispenser le ministre d'effectuer cette signification. Le produit de la vente,
moins les frais, est conservé par la personne désignée par
le ministre jusqu'à ce qu'il soit confisqué au profit du ministre
ou remis à son propriétaire. "
M. Léonard: Ça, c'est un nouvel article.
M. Savoie: Oui, effectivement. Comme le carburant est un bien
dangereux à entreposer et sujet à évaporation, le nouvel
article 40. 5 est introduit dans la loi pour permettre la vente, sur ordonnance
d'une juge, du carburant saisi avant qu'un tribunal ait à en prononcer
la confiscation ou à en ordonner la remise à son
propriétaire.
M. Léonard: Qu'est-ce que vous faisiez jusqu'ici?
M. Savoie: Probablement ça. Probablement que
c'était la pratique courante, je ne le sais pas trop.
M. Léonard: Quand vous saisissiez une charge de carburant,
vous faisiez quoi?
M. Savoie: Ce qu'on faisait à l'article 40. 5.
M. Léonard: Mais vous n'aviez pas le droit de le
faire?
M. Savoie: C'est-à-dire que, oui, on avait le droit de le
faire, sauf qu'on l'introduit dans la loi pour fermer la porte à toute
contestation de vente.
M. Gingras: André Gingras. Le carburant étant une
substance dangereuse et explosive, on ne pouvait pas se permettre, par exemple
de garder une citerne sur le côté d'une rue, sur le bord d'une
route ou dans un entrepôt. Il fallait donc en disposer, on le faisait
déjà, avec l'autorisation d'un juge. Mais, là, c'est
consigné dans la loi, avec des balises, bien sûr.
M. Léonard: "Malgré les articles 40. 1 et 40. 3",
ça enlève le caractère de "raisonnabilité" en
même temps que tout le reste, parce que le morceau s'en va avec la
peinture.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40. 5, adopté.
Nous passons à l'article 40. 6.
M. Savoie: "La chose saisie ou le produit de la vente ne peut
être retenu plus de 180 jours à compter de la date de la saisie,
à moins qu'une poursuite n'ait été intentée ou
qu'une ordonnance de prolongation n'ait été rendue. "
M. Léonard: Çava.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40. 6 est
adopté. Nous passons à l'article 40. 7.
M. Savoie: "Le ministre peut demander à un juge, avant
l'expiration du délai de rétention, une prolongation pour une
période additionnelle d'au plus 180 jours. "Un préavis de la
demande de prolongation est signifié au saisi ou aux personnes qui
prétendent avoir droit à la chose saisie ou au produit de sa
vente. "
Il s'agit d'un nouvel article encore qui prévoit une prolongation
de délai de rétention d'au plus 180 jours autorisée par un
juge à la demande du ministre.
M. Léonard: Dans ces cas-là, la chose saisie ou le
produit de la vente, ça veut dire que vous pourriez les conserver 360
jours ou à peu près, au maximum, si on pousse les délais
au maximum.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Un premier 180 jours et supposons que la
veille on décide...
M. Savoie: c'est ça. on peut demander une prolongation
pour une période additionnelle d'au plus...
M. Léonard: À quoi vous pensez dans ce
temps-là? Parce que je suppose bien que ce n'est pas le pétrole.
C'est des livres, c'est des documents, c'est autre chose?
M. Savoie: J'imagine que c'est en cas de
difficultés au niveau de la poursuite.
M. Gingras: En fait, il faut bien voir que, dans bien des cas,
ça demande une enquête spéciale et, donc, de la compilation
de documents et de la vérification comptable. Ça demande un
certain temps. Donc, les choses saisies, ça peut être un camion,
ça peut être tous les livres comptables, les factures. Si on ne
peut pas faire le travail dans les 180 jours - parce qu'on parle de crimes
économiques, ça peut aller au-delà de 180 jours - donc, on
se donne ce pouvoir de prolonger.
M. Léonard: Bon. Mais, en fait, il s'agit plus de
documents qui donnent des renseignements; ce n'est probablement pas le camion.
Le pétrole est déjà vendu, lui. On le siphonne et
terminé. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40. 7, adopté.
Nous passons à l'article 40. 8.
M. Savoie: alors, c'est la remise des biens saisis ou du produit
de la vente, lorsque la rétention n'est plus nécessaire. donc, au
maximum 360 jours.
M. Léonard: Si ce n'est pas réglé au bout de
360 jours, qu'est-ce que vous faites? Parce que disons que vous allez en cour,
ça se peut très bien que ce ne soit pas réglé au
bout de 360 jours.
M. Savoie: Bien oui.
M. Léonard: Et vous avez besoin encore des livres.
M. Savoie: Oui, mais j'imagine que ça tombe sous une autre
disposition de la loi et, à ce moment-là, on continue à
faire la rétention. C'est ça? C'est ça. Lorsque des
procédures sont intentées, elles sont intentées en vertu
du Code criminel, à ce moment-là.
M. Léonard: Ah, ici, ce n'est pas le Code... O. K. Donc,
c'est le Code criminel qui prend le relais.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Je comprends bien? Bien, lorsqu'on est au bout
des 360 jours de délai, il y a un premier délai de 180, on
redemande une autre extension de 180, on est rendu au bout de 360 jours, puis,
on dit que le ministère n'aurait pas assez de temps. Là, on me
dit que ça peut être le Code criminel qui prend le relais. Non? Il
paraît que non.
M. Dufour (Alain): Alain Dufour. Aux questions que vous posez
pour les extensions de délai, on parle au départ d'une infraction
qui est bien identifiée et cernée, c'est-à-dire un
carburant qui est illégalement transporté ou entreposé au
Québec. Pour ce genre d'enquête, 180 jours et possiblement une
période additionnelle d'une même quantité sont suffisants.
Si, dans le cours d'une enquête préliminaire, on détermine
que c'est plutôt un réseau de fraudes, ce n'est pas en vertu de la
loi sur les carburants qu'on demande un mandat de perquisition, mais en vertu
de la Loi sur le ministère du Revenu où la période de
rétention... Parce que, évidemment, faire toutes les analyses
comptables et faire toute une enquête dans un dossier d'envergure,
ça peut parfois prendre beaucoup plus de temps qu'un an. Mais, quand on
parle d'infraction sur une quantité de carburant transportée ou
entreposée au Québec, évidemment, il y a des
interrogatoires à faire, des fournisseurs à rencontrer, des
clients potentiels, sauf que c'est cerné, quand même, à des
témoignages et à certaines pièces comptables justifiant
cette transaction-là, et non pas à l'ensemble du système
comptable.
M. Léonard: O. K. Vous faites des photocopies ou, en tout
cas, c'est la loi du ministère du Revenu qui prend le relais.
M. Dufour (Alain): C'est ça.
M. Léonard: Ce n'est pas le Code criminel.
M. Dufour (Alain): C'est la Loi sur le ministère du
Revenu.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40. 8, adopté.
Nous passons maintenant à l'article 19, l'article 18 étant
adopté dans son ensemble.
M. Léonard: Bien, adopté toujours avec la
même réserve que j'ai depuis le début, pour collaborer. M.
le Président, qu'est-ce qu'il advient des articles que vous avons
suspendus la semaine dernière?
M. Savoie: On y reviendra.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons y revenir à
la fin du projet de loi.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ou aussitôt que le
ministre juge qu'il est nécessaire de le faire...
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux):... s'il est en mesure de donner
les explications requises.
M. Léonard: Ah! c'est lui qui n'est pas prêt. M.
Savoie: Ah non, je suis prêt!
Le Président (M. Lemieux): On peut y revenir tout de suite
si M. le ministre le désire, avant d'entreprendre l'étude de
l'article 19.
M. Léonard: Je pose la question, ça
m'intéresse de le savoir.
Certificats d'enregistrement et permis (suite)
Le Président (M. Lemieux): Oui, alors, il s'agissait de la
suspension des paragraphes d) et f) de l'article 30...
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...introduit par l'article 10
et des paragraphes c) et d) de l'article 31.5 introduit par l'article 10.
Alors, nous pouvons retourner a l'article 10. Il y avait donc le paragraphe d)
qui se lisait comme suit: "est débitrice de droits en vertu d'une loi
fiscale" qui avait été suspendu, ainsi que f) qui se lisait comme
suit: "n'est pas en mesure, en raison de sa situation financière,
d'assumer les obligations qui découlent de son entreprise".
M. Savoie: Au niveau de d), on parle, par le fait même, M.
le Président, des modifications dans lesquelles on remplace le texte de
d) par le texte que je vous remets.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Savoie: alors, on parle de "est débitrice de droits en
vertu d'une loi fiscale". effectivement, suite à des échanges
avec des officiers du ministère, on a convenu de dire que d) pourrait
être changé pour se lire: "omet de payer au ministre un montant
qu'elle est tenue de lui payer en vertu de l'article 1015 de ta loi sur ies
impôts, de l'article 23 ou de l'article 24 de la loi sur le
ministère du revenu", qui portent spécifiquement sur les gestes
d'un mandataire. donc, si vous êtes redevable au gouvernement, mais d'un
montant qui relève, par exemple, de l'impôt sur les particuliers,
ça ne s'appliquera pas. mais, par contre, s'il s'agit de gestes que vous
n'avez pas posés, les retenues que vous n'avez pas faites ou les
versements que vous n'avez pas faits au gouvernement du québec parce que
vous en êtes un mandataire, donc un percepteur de taxes, à ce
moment-là, on pourrait refuser d'émettre le permis, le suspendre
ou le révoquer.
M. Léonard: Ça balise beaucoup plus.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Je pense que c'est une
modification dans le bon sens.
M. Léonard: C'est beau. M. Savoie: Ça
va?
M. Léonard: Ça va. Je trouve que ça
améliore.
M. Savoie: Oui, oui, ça améliore.
Le Président (M. Lemieux): Ça touche les deux
paragraphes d), on s'entend bien?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): À l'article 31.5 aussi,
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je pense que c'était la même
chose.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous
vérifier?
M. Savoie: Oui, oui, on pourrait faire l'article 30 et,
après ça...
M. Léonard: C'est-à-dire qu'il y avait une petite
différence.
M. Savoie: ...faire l'article 31.5. Non, c'est la même
chose.
M. Léonard: Non. C'est le même paragraphe.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est
adopté? Adopté.
M. Léonard: L'amendement, oui.
Le Président (M. Lemieux): L'article 30 d) actuel: "est
débitrice de droits en vertu d'une loi fiscale" est donc remplacé
par l'article 10 modifié de la façon suivante: par le
remplacement du paragraphe d) de l'article 30 de la Loi concernant la taxe sur
les carburants par le suivant: "omet de payer au ministre un montant qu'elle
est tenue de lui payer en vertu de l'article 1015 de la Loi sur les
impôts (LR.Q, chapitre I-3), de l'article 23 ou de l'article 24 de la Loi
sur le ministère du Revenu (L.R.Q, chapitre M-31);". C'est bien
ça, M. le ministre?
M. Savoie: Je ne pense pas, non. Ça devrait être
seulement point- virgule.
Le Président (M. Lemieux): Point-virgule. M.
Léonard: Bien non. Ah oui! Point-virgule. M. Savoie: C'est
beau. Point-virgule.
Le Président (M. Lemieux): Maintenant, nous passons
à l'autre...
M. Léonard: L'article 31.
Le Président (M. Lemieux): ...article suspen-
du qui était l'article f).
M. Savoie: Bon. Alors, pour les fins de la discussion, M. le
Président, on va revoir l'article 30. "Le ministre peut suspendre,
révoquer ou refuser de délivrer un certificat d'enregistrement ou
un permis ou peut refuser de renouveler un permis à toute personne qui,
selon le cas: "f) n'est pas en mesure, en raison de sa situation
financière, d'assumer les obligations qui découlent de son
entreprise."
Effectivement, le texte paraît large, mais on m'indique que c'est
absolument nécessaire pour le fonctionnement de la loi,
c'est-à-dire qu'on veut par cette disposition s'assurer que des gens qui
se livrent à des activités de contrebande ne puissent pas trouver
de portes de sortie. Nous, notre interrogation portait sur l'impact que
ça pourrait avoir sur, par exemple, le citoyen honnête. Est-ce que
ça pourrait servir, par exemple, à l'administration, à la
bureaucratie, comme une possibilité d'intervention auprès
d'honnêtes gens, donnant naissance à des formulaires, à des
attitudes qui feraient en sorte que, finalement, ça serait
utilisé à toutes les sauces pour n'importe quel intervenant?
Compte tenu des recommandations et des explications que j'ai reçues de
la part des hauts fonctionnaires du ministère, ce que j'ai convenu de
faire, c'est de dire que l'article f) ne pourra être appliqué que
par un sous-ministre adjoint ou un sous-ministre, c'est-à-dire le refus
de délivrer un certificat d'enregistrement, la révocation d'un
certificat d'enregistrement ou d'un permis ou l'annulation, la suspension ne
pourront être faits que sur décision d'un sous-ministre adjoint ou
du sous-ministre lui-même.
M. Léonard: Oui, mais ça, c'est une directive
interne.
M. Savoie: Ça sera à l'interne, oui.
M. Léonard: Ça peut être changé demain
matin.
M. Savoie: C'est ce que j'ai prétendu, mais il semble que
non. Il semble qu'effectivement les directives feront en sorte que ça va
demeurer la décision...
M. Léonard: Mais est-ce parce que ça ne peut pas se
mettre dans la loi?
M. Savoie: On ne veut pas le mettre dans la loi que ça va
demeurer au niveau du sous-ministre adjoint ou du sous-ministre, mais on va
s'organiser pour le tamiser bien comme il faut, là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez un
commentaire? Voulez-vous identifier, s'il vous plaît?
M. Savoie: M. Gaudry. (16 h 30)
M. Gaudry (Hubert): Hubert Gaudry, directeur de la
rédaction des lois et règlements au ministère du Revenu.
Alors, toute la question des délégations de signature est
réglée par le Règlement sur l'administration fiscale, qui
est pris en vertu de la Loi sur le ministère du Revenu. Alors, on peut
trouver, dans le Règlement sur l'administration fiscale, toutes les
délégations de signature détaillées dans l'ensemble
du ministère, par le biais de renvois aux dispostions pertinentes des
différentes lois administrées par le ministère. Alors, il
est bien certain que le sous-ministre détient, en vertu de la loi, des
pouvoirs très étendus de signer tous les documents qui peuvent
être imputés au ministre dans l'application des lois fiscales. Les
sous-ministres adjoints possèdent des pouvoirs semblables dans leur
sphère de compétence. Et tout ce qui déroge à
ça fait l'objet d'une disposition spécifique dans le
Règlement sur l'administration fiscale. Par conséquent, s'il n'y
avait aucune délégation particulière afin de signer les
documents qui vont être émis en application de l'article 30, par
exemple, à ce moment-là, ce serait la règle
générale qui s'appliquerait, c'est-à-dire que ceux qui
auraient le pouvoir de signer ça, ce serait, bien sûr, le
ministre, le sous-ministre et le sous-ministre adjoint compétent, dans
sa sphère de compétence.
M. Léonard: Oui. Ça veut dire que c'est un
décret qui peut changer ça. La réglementation, finalement,
ça passe au Conseil des ministres.
M. Gaudry: Oui.
M. Léonard: C'est un décret.
M. Gaudry: C'est exact. Et, pour pouvoir déléguer
ce genre de décision - enfin, de signature, si on veut - ou ce genre de
document à un fonctionnaire qui n'est ni sous-ministre ni sous-ministre
adjoint, il faudrait une disposition expresse dans le Règlement sur
l'administration fiscale.
M. Léonard: Pour faire ça, ici, pour appliquer
ça?
M. Savoie: Pour appliquer l'article 30 f).
M. Gaudry: À moins, là... Remarquez que je n'ai pas
vérifié ce point-là. C'est sûr qu'il peut y avoir
aussi, dans certains cas, des dispositions du Règlement sur
l'administration fiscale qui comportent des renvois avec des fourchettes, si on
veut...
M. Léonard: Oui.
M. Gaudry: ...de l'article untel à untel.
Auquel cas, évidemment, si l'article 30 devait être inclus
accidentellement parmi ces articles-là, eh bien, à la demande du
ministre, il faudra, bien entendu, à ce moment-là, modifier le
règlement pour exclure cette possibilité. Mais je ne crois pas
que ce soit le cas actuellement.
M. Léonard: en tout cas, je pense que c'est un peu pour la
protection de quelqu'un qui serait soupçonné, qui n'est pas
accuse et, finalement, il s'avère qu'il n'y a pas de cause contre lui,
il n'y a rien. à un moment donné, il y a toute une série
de choses qui se passent: il se retrouve, six mois après, il est
acquitté, mais il a tout perdu. c'est ça, le danger. on serre
tout et je comprends l'objectif qu'on vise, mais la protection du citoyen
honnête aussi, c'est important.
M. Savoie: C'est pour ça qu'on va limiter la prise de
décisions aux plus hautes instances du ministère.
M. Léonard: Oui. En tout cas, ce n'est pas inscrit dans la
loi. Enfin...
M. Savoie: On va s'organiser pour présenter des
modifications.
M. Léonard: Oui. O. K. Donc, ça reste suspendu,
c'est ça?
M. Savoie: Non, non. C'est fini, là.
M. Léonard: C'est une promesse qui vaut quoi,
là?
M. Savoie: II faut bien dire que les interrogations par rapport
à l'article f) viennent finalement, bien sûr, suite à
l'examen...
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Auparavant, ça avait échappé. Je
pense que, au niveau du ministère de la Justice, on se sentait
confortable avec le test, au niveau du Comité de législation
aussi. On n'avait pas souligné le fait que ça pouvait soulever
certaines difficultés, mais je pense que, à la relecture devant
la commission, moi-même, j'hésite beaucoup à permettre, par
exemple, à n'importe qui d'arriver et de juger le cas d'un citoyen comme
quoi il est capable d'assumer les obligations qui découlent de son
entreprise. Alors, on va faire en sorte ou je vais faire en sorte... Je peux
assurer le député de Labelle que ce sera fait, qu'on va
identifier les deux articles 30 et 31. 5 pour dire que l'article f) et son
corollaire, à 31. 5, ne seront autorisés que... Parce que je
pense que la suspension d'un permis, c'est un acte grave.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Et on ne veut pas commencer à avoir des abus,
là. Même s'il y en a rien qu'un par année, c'est
déjà beaucoup.
M. Léonard: O. K.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): On peut passer au paragraphe c)
maintenant de 31. 5 qui était aussi suspendu.
M. Savoie: C'est la même chose, M. le Président.
À 31. 5 on avait l'article c)...
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M.
Léonard: C'est corollaire.
M. Savoie:... et l'article d). Oui. L'article d) est
modifié donc.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le paragraphe f) de
l'article 30 et le paragraphe c) de l'article 31. 5 sont donc adoptés.
C'est bien ça, là? Ils sont donc adoptés.
M. Léonard: Non, un instant.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qui était
suspendu. C'est ce qu'on vient de discuter.
M. Léonard: Oui, ce qui était suspendu... Le
Président (M. Lemieux): Oui. M. Léonard:... dans le
paragraphe... Le Président (M. Lemieux): À l'article
18.
M. Léonard: Est-ce qu'on se retrouve, là? Je suis
à l'article 10...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, il y avait...
M. Léonard:... article 31. 5.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Le paragraphe d) est amendé comme l'a
été le paragraphe d) de 30, si je comprends.
Le Président (M. Lemieux): II y avait de suspendus d) et
f), on s'entend bien...
M. Léonard: Dans 30.
Le Président (M. Lemieux):... de l'article 30,
introduit par l'article 10. M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ces deux
amendements-là sont adoptés?
M. Léonard: II y a un amendement.
Le Président (M. Lemieux): II y a un amendement.
M. Léonard: Dans l'autre cas, il ne l'amende pas.
Le Président (M. Lemieux): Dans l'autre cas, il ne
l'amende pas. L'amendement est-il adopté?
M. Léonard: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est adopté.
Maintenant, nous passons à 0 de 30.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que f) de 30 est aussi
adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Bon, sur division. Et nous
passons à 31. 5...
M. Léonard: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux):... introduit par l'article 10,
paragraphed).
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est donc
adopté.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Bon. Et c) avait
été aussi suspendu.
M. Léonard: Ça, c'est le même cas que f).
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Je suppose qu'il reste comme il est.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il est donc
adopté.
M. Léonard: Donc, sur division.
Le Président (M. Lemieux): Sur division. Alors, ma
question est la suivante: Le paragraphe f) de l'article 30 est donc
adopté, le paragraphe c) de 31. 5 est adopté, est-ce que
l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division. Et
nous retournons maintenant à l'article 19 qui introduit 41.
Infractions
M. Savoie: Alors, l'article 19 est modifié pour se lire
comme suit: "Commet une infraction et est passible d'une amende d'au moins 200
$ pour chaque jour que dure l'omission, toute personne: "a) qui ne fournit pas,
en la manière et à l'époque prévues aux articles
13, 14, 15, 16. 17, 26, 27. 6, 34, 51. 2 et 52, un rapport ou autre document ou
un renseignement prévu par la présente loi ou ses
règlements; "b) qui, étant mandataire du ministre, refuse ou
néglige de percevoir la taxe prévue à l'article 2 ou le
montant prévu à l'article 51. 1, d'en tenir compte, d'en faire
rapport ou d'en faire remise. "
M. Léonard: Ça, c'est à l'article 2 de la
loi?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: L'article 2, c'est les droits, ça. Vous
commencez par une amende de 200 $?
M. Savoie: Oui, O. K. C'est ça. Excusez-moi, il y a un
amendement également a l'article 41. A l'article a), il faudrait lire
"13 à 17", non pas "13, 14, 15, 16, 17". Il faudrait lire "13 à
17".
Le Président (M. Lemieux): Vous devez avoir en votre
possession l'amendement, M. le député de Labelle. Il avait
été distribué la dernière fois
M. Léonard: Possiblement.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous
répéter l'amendement, M. le ministre, à l'article 41 et le
paragraphe visé?
M. Savoie: Alors, la modification à l'article 19, M. le
Président..
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Savoie:... c'est qu'il faudrait lire: "aux articles 13
à 17" au lieu de "13, 14, 15, 16, 17".
Le Président (M. Lemieux): Dans le paragraphe a)...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux):... M. le député
de Labelle.
M. Léonard: Pourquoi? C'est un amendement strictement de
forme.
M. Savoie: C'est ça, oui. M. Léonard: O.
K.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Alors,
l'amendement est donc adopté. Nous passons maitenant à l'article
41 introduit par...
M. Savoie: Non, non, il faut aller à l'alinéa
b).
Le Président (M. Lemieux): À l'alinéa b).
Nous avons donc un autre amendement à l'alinéa b).
M. Savoie: Non, non. Il n'y a pas d'autre amendement.
Le Président (M. Lemieux): Non? M. Savoie: Non.
Le Président (M. Lemieux): II n'y pas d'amendement au
texte anglais?
M. Léonard: Un instant! 13, 14...
M. Savoie: Ah, c'est vrai! Je l'avais lu. Je m'excuse. Vous aviez
raison.
Le Président (M. Lemieux): Alors, on va donner le temps au
député de Labelle de prendre connaissance...
M. Léonard:... 15, 16, 17. Donc, c'est l'obligation de
faire rapport. Les articles 26 et 27, c'est le cautionnement. L'article 27.
6...
Le Président (M. Lemieux): Et nous en sommes maintenant,
M. le député de Labelle, à l'amendement au texte anglais.
Nous avons amendé techniquement l'article 41 a), introduit par l'article
19, "13 à 17" et nous en sommes maintenant à un amendement
technique au texte anglais.
M. Léonard: Moi, je n'ai pas de problème
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Pas de problème?
M. Léonard: II y a juste une chose à l'article. 34.
C'est tout ce qui concerne les rapports, finalement. Ça va, l'article
a).
Le Président (M. Lemieux): Un instant! On va...
M. Léonard: Et l'article b).
M. Savoie: Ils sont en train d'amender leur amendement.
Le Président (M. Lemieux): On est sur l'article 41. Nous
avons un amendement aussi au texte anglais, à l'article 41.
M. Léonard: Quand on dit 13 à 17, ça veut
dire inclusivement?
Le Président (M. Lemieux): Oui, inclusivement.
M. Léonard: On ne le dit pas, mais c'est ça que
ça veut dire.
Le Président (M. Lemieux): Mais c'est ça. Ça
va être inclus.
M. Savoie: Là, la discussion porte à savoir: est-ce
que ça comprend...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voujez qu'on
suspende quelques minutes?
M. Léonard: Oui, ce n'est peut-être pas mauvais.
Le Président (M. Lemieux): Oui? M. Savoie:
J'apprécierais.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons suspendre
cinq minutes pour permettre la discussion.
(Suspension de la séance à 16 h 42)
(Reprise à 16 h 49)
Le Président (M. Lemieux): L'amendement adopté
à l'article 41, introduit par l'article 19 en français, n'a pas
de modification, si j'ai bien compris.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il y a les articles 13 à
17.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, 13... M.
Savoie: À 17.
M. Léonard: Cette modification-là est retenue.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: O. K. Il n'y en a pas d'autre?
M. Savoie: Non. On se demandait si, effectivement, il n'y aurait
pas une erreur de notre part en incluant l'article 14. 1. Parce que l'article
disait 13, 14, 15, 16, 17.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Alors, on a l'article 14. 1; est-ce que 13 à 17
comprend 14. 1?
M. Léonard: Effectivement. M. Savoie: C'est
oui.
Le Président (M. Lemieux): Et l'amendement à
42?
M. Léonard: Un instant.
M. Savoie: Et l'amendement à 42. Ça vient à
l'autre.
M. Léonard: C'est un autre article.
Le Président (M. Lemieux): On ne l'a pas. On ne l'avait
pas adopte, l'amendement à 42.
M. Savoie: Non, ça continue.
M. Léonard: Non. On est encore à 41.
Le Président (M. Lemieux): On est toujours à
l'article 41.
M. Savoie: On est à 41. On tourne la page et on est
à 42.
M. Léonard: Est-ce qu'il faut adopter ça aussi dans
le texte anglais? M. le Président avait soumis cette
hypothèse.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. On est dans le
texte anglais maintenant.
M. Savoie: Comment, le texte anglais? Le Président (M.
Lemieux): Non? M. Savoie: Oui. Thirteen to seventeen.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est donc... M. le
député de Labelle vient de dire que vous voulez attendre avant
qu'on passe à l'adoption de l'amendement à l'article 42; vous
voulez passer à l'adoption de l'amendement à 41.
M. Léonard: Oui, on est mieux de régler l'article
41.
M. Savoie: Oui. Là, on a réglé l'article 41;
là, on passe à l'article 42.
Le Président (M. Lemieux): On va régler l'article
41. Maintenant, l'amendement à l'article 41 est-il adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement à l'article
41 est adopté. C'est donc dire que l'article 41, introduit par l'article
19, est adopté tel qu'amendé.
Des voix: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons maintenant passer
à l'article 42.
M. Savoie: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): On s'entend.
M. Léonard: Quand on lit le projet de loi, il y a
différents niveaux d'amendes. Il y en a qui sont de 200 $, d'autres de
500 $, d'autres de 600 $, de 1 000 $, de 2 000 $, de 5 000 $. Il y a une
logique, je suppose, là-dedans. Est-ce qu'on peut avoir une explication
générale sur les étapes introduites dans ces amendes?
M. Savoie: Vous avez compris la question, M. Gingras? C'est parce
qu'on le "barouette", le pauvre M. Gingras, à gauche et à
droite.
M. Léonard: O. K. Je vais m'adresser à M. Gingras.
Dans le texte du projet de loi, vous avez toutes sortes d'amendes. Ça
commence à 200 $, il y en a à 500 $, à 600 $, à 1
000 $, à 2 000 $, à 5 000 $. Puis, là, il y a,
évidemment, l'emprisonnement. Est-ce que vous pouvez nous exposer la
logique des amendes de ces articles qui vont suivre? Parce qu'il y en a un
certain nombre: 41, 42, 43, 43. 1 etc., jusqu'à 43. 2. En tout cas, tout
ce qui touche les pénalités.
M. Gingras: En fait, les pénalités et les amendes
sont en fonction de la gravité de l'infraction commise.
M. Léonard: Oui, je comprends.
M. Gingras: c'est à peu près ça. donc, la
gradation veut que, par exemple, si vous allez à l'article 43, on a des
infractions importantes parce que volontairement des individus, par des actes
qu'ils posent, tentent d'éluder la taxe, soit en enlevant le colorant ou
soit en transportant du mazout non coloré avec des manifestes ou des
documents confirmant que c'est un mazout exempté, coloré. donc,
ce sont des infractions qu'on considère majeures et qui amènent,
qui entraînent les pénalités les plus importantes.
On a des pénalités, oui, bien sûr.
Évidemment, les pénalités sont en fonction des pertes que
peut encourir le gouvernement par ces frau-
des. Par exemple, si vous allez à l'article 42, les amendes sont
de 2000 $ à 25 000 $; ce sont des infractions qui sont de moindre
importance, mais qui peuvent, justement, par le défaut d'avoir
respecté la loi, entraîner aussi des pertes pour le
gouvernement.
M. Léonard: Quand vous prenez quelqu'un, vous lui faites
payer ce qu'il aurait dû payer, plus intérêt, plus
l'amende...
M. Gingras: Plus l'amende.
M. Léonard: ...s'il est condamné.
M. Gingras: Bien, c'est le juge qui détermine...
M. Léonard: Oui, oui, je comprends.
M. Gingras: ...dépendant s'il est condamné, le
niveau de l'amende, mais il y a des balises.
M. Léonard: Bon, une question qu'on se pose toujours quand
il y a des pénalités comme ça: Est-ce que c'est
suffisamment important pour dissuader les gens de le faire ou bien s'ils vont
le faire quand même, quitte à payer l'amende s'ils sont pris,
étant donné que le profit qu'ils vont réaliser par
ailleurs est tellement important? Qu'ils soient pris une fois sur quinze, bon,
bien, c'est leur moyenne au bâton qu'ils vont compter quant à leur
estimation du risque qu'ils prennnent, disons. Je pose la question comme
ça, là.
M. Gingras: Oui, bien, c'est une question, en fait, qui est, bien
sûr, intéressante. Tantôt, je disais que les amendes sont
à des niveaux..., ça peut aller jusqu'à 100 000 $, par
exemple, dans le cas de l'article 43. Il est certain que le risque de perdre du
gouvernement peut être au-delà de 100 000 $. Et c'est ce qui
amène, par ailleurs, des possibilités d'emprisonnement.
M. Léonard: Bien, dans les cas de récidive, je
suppose, parce que, comme il y a des gradations là-dedans, le juge
n'imposera pas l'emprisonnement dès le départ.
M. Gingras: Mais c'est laissé à la...
M. Léonard: II va l'imposer si c'est la deuxième ou
la troisième infraction, ou dans des trucs comme ça, je le
suppose.
M. Gingras: Possiblement, ça serait possible aussi. La loi
ne prévoit pas la peine d'emprisonnement au seul cas de
récidive.
M. Léonard: Non, je le sais. Mais, quand vous allez...
M. Gingras: En pratique...
M. Léonard: ...en cour, le juge, je ne veux pas
présumer de ce qu'il va décider, mais, à la
première offense, il va donner, à la première
étape, le plus bas de l'amende et, après ça, s'il y a une
deuxième condamnation, là, il va monter et, après, il peut
se ramasser en prison.
M. Gingras: Oui, mais il faut bien voir aussi... J'aimerais
ajouter que, à ces amendes-là, s'ajoute l'obligation de payer les
droits et les pénalités, par ailleurs, qui ont été
imposées.
M. Léonard: Oui.
M. Gingras: Et, donc, en plus de payer les droits, en plus de
payer une pénalité statutaire ou des pénalités pour
évasion fiscale, il y a des possibilités d'amendes
imposées par un juge et des possibilité de peines
d'emprisonnement. Donc, toutes ces...
M. Léonard: L'emprisonnement est toujours concurrent. Il
peut y avoir une amende et un emprisonnement; je sais que, dans un article,
c'est comme ça, en tout cas.
M. Gingras: C'est ça, oui.
M. Savoie: C'est dissuasif, je pense bien.
M. Léonard: Juste pour ne pas offenser, quand même,
l'un de vos collègues, M. le ministre, il reste qu'en environnement,
paraît-il que c'est courant, c'est préférable de payer la
petite amende plutôt que d'encourir les coûts que ça
prendrait pour vraiment régler le problème. C'est l'un des
problèmes majeurs.
M. Savoie: Oui. Bien, en tout cas, ça ne sera pas le cas
ici, je ne pense pas, non.
M. Gingras: J'ai quelque chose à ajouter. Me Rochon me
souligne, bien sûr, qu'il peut arriver qu'on prenne deux, trois, quatre,
cinq poursuites dans une même année contre quelqu'un.
M. Léonard: Oui.
M. Gingras: Donc, évidemment, c'est autant de fois que la
peine, l'amende peut être imposée.
M. Léonard: Quelqu'un peut faire pas mal de profit s'il ne
paie pas ses impôts et ses taxes sur une cargaison. Alors, s'il se fait
prendre une fois sur dix.
M. Gingras: Sur une citerne, c'est 7000 $ qu'on évalue
à peu près de taxes de carburant.
M. Gaudry: Hubert Gaudry, directeur de la
rédaction des lois. Je pense que la possibilité de
l'emprisonnement ici, particulièrement dans les cas de récidive,
constitue un élément dissuasif important, parce que je pense bien
que la personne qui va se trouver en prison, en plus d'avoir à payer
l'amende, ça va certainement gêner un peu son trafic, à
tout le moins. Je pense que la possibilité de se retrouver
derrière les barreaux pendant une période allant jusqu'à
deux ans, ça constitue un élément dissuasif; en tout cas,
pour une première expérience, je pense bien que ça devrait
sûrement s'avérer dissuasif.
M. Léonard: Oui. C'est moins intéressant de manger
ses oranges là que de les manger en Floride, c'est clair. Mais est-ce
que ça va vraiment être dissuasif pour des prête-noms? Parce
qu'il y en a, des prête-noms, là.
M. Savoie: Oui. C'est justement l'emprisonnement qui règle
le cas des prête-noms.
M. Léonard: L'emprisonnement.
M. Savoie: Ah oui.
M. Léonard: C'est ça que ça vise.
M. Savoie: Bien, ça pourrait viser ça
également. Si on constate qu'effectivement le prête-nom... Pour un
prête-nom, perdre de l'argent qui est endossé ou cautionné
par l'autre, c'est une chose, mais pour le prête-nom faire du temps en
prison, c'est une autre paire de manches. Alors, c'est ce qui m'a convaincu, en
tout cas, de la justesse d'introduire les notions d'emprisonnement; c'est
justement pour aller chercher les "white knights" ou les prête-noms.
M. Rochon (André): André Rochon, chef du
contentieux du ministère du Revenu. On a des cas, d'ailleurs, M.
Léonard, où des gens, justement, en matière de carburants,
en vertu de l'article 62 d) de la Loi sur le ministère du Revenu... Il y
a un gars de la région de Vic-toriaville qu'on a mis deux ans en prison
et je peux vous dire qu'on n'en entend plus tellement parler depuis ce
temps-là. Ça a vraiment un effet dissuasif d'envoyer quelqu'un
deux ans en prison, selon l'expérience qu'on a vécue. On a des
précédents, au ministère du Revenu, d'emprisonnement.
Ça a déjà été éprouvé par les
autres lois.
M. Léonard: Bon, alors...
Le Président (M. Lemieux): Bon. L'amendement à
l'article 42 est...
M. Léonard: À 42, je ne sais pas quel est
l'amendement.
M. Savoie: À l'article 42, l'amendement, c'est qu'on
laisse tomber dans e) le "la" avant le mot "lettre".
Le Président (M. Lemieux): On a un seul amendement qui
amende deux articles, 41 et 42.
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non. Oui.
M. Savoie: On a deux amendements à deux articles, les
articles 41 et 42. Non, c'est vrai, c'est l'article 19 du projet de loi. C'est
ça. (17 heures)
Le Président (M. Lemieux): On a un seul papillon.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est simplement pour indiquer
l'amendement. Écoutez...
M. Savoie: Vous avez raison, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est
adopté.
M. Léonard: C'est une correction? Où est-ce que
c'est? "Qui, contrairement...
M. Savoie: À 39.
M. Léonard: ...à l'article 39, refuse de
fournir..."
Le Président (M. Lemieux): À l'alinéa e), on
enlève le mot "la"...
M. Savoie: Devant "lettre".
Le Président (M. Lemieux): ...avant "lettre".
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, cet amendement-là
est adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Bon. Alors, l'article 42 tel
qu'amendé est adopté, introduit par l'article 19? Je vais quand
même le faire adopter dans son ensemble...
M. Léonard: Attendez un peu!
Le Président (M. Lemieux): ...pour ne pas prendre de
chance.
M. Léonard: Pourquoi? Alors, là: "Commet une
infraction et est passible d'une amende d'au
moins 2000 $ et d'au plus 25 000 $ toute personne qui contrevient
à l'article 18 [...] 23..." C'est quoi, ces articles-là?
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes à quel
endroit, M. le député de Labelle?
M. Léonard: À l'article 42.
Le Président (M. Lemieux): 42.
M. Savoie: À l'article 42 a).
Le Président (M. Lemieux): Toujours à 42 a)? Ah!
Vous les reprenez paragraphe par paragraphe?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va. L'article 42
a).
M. Léonard: l'article 23, je regarde les
pénalités, le deuxième alinéa. bon, o.k. ça,
c'est le fond du litige. obligation de tenir les registres. o.k. alors,
quelqu'un qui n'a pas son manifeste peut risquer de payer 2000 $. c'est
ça que ça veut dire. "aux articles 35 ou 36", les compteurs.
alors, m. le président, l'article a), ça va, adopté. le
paragraphe b) sur les scellés, ça va, adopté. comment
quelqu'un peut refuser de permettre la vérification
d'échantillons?
M. Savoie: Pardon?
M. Léonard: Quelqu'un qui refuse, s'il y a un mandat, s'il
y a...
M. Savoie: bien, qui te refuse ïaccès. l'inspecteur
se présente et il dit: non, non, tu ne peux pas entrer ou: non, tu ne
peux pas jouer dans ma "tank" à gaz.
M. Léonard: alors, là, il va pouvoir refuser et
l'agent ne pourra pas vérifier.
M. Savoie: C'est ça. L'agent ne pouvant
vérifier...
M. Léonard: Là, vous ne pourrez pas obtenir la
preuve du délit.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Mais vous allez lui imposer une amende.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Mais ça peut être plus
intéressant pour lui de payer l'amende que...
M. Savoie: Bien, pas pour une "tank" à gaz, non.
M. Léonard: Ça dépend. À 2000 $, oui,
mais pas à 25 000 $, ça, je suis d'accord.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Ça va pour c). Les signaux
d'arrêt sur les routes, c'est par la Sûreté du
Québec?
M. Savoie: Non, ça peut être par les inspecteurs du
ministère des Transports, par exemple.
M. Léonard: o.k. ça va. refuse de fournir le
manifeste. il l'a et il refuse de le fournir. au fond, il va refuser de le
fournir quand il ne l'a pas.
M. Savoie: bien, c'est ça ou quand il en a un faux.
M. Léonard: Est-ce que l'amende est la même quand il
fournit un faux?
M. Savoie: J'imagine que ça va être un cas
d'espèce à évaluer pour le juge. Ça va
dépendre des circonstances, des montants et de différentes
conditions entourant l'arrêt.
M. Léonard: Quel est l'intérêt de refuser de
le fournir? Est-ce qu'il y a une pénalité plus grande en le
fournissant, en fournissant un faux? C'est le même?
M. Savoie: Non, parce qu'ensuite de ça on tombe dans f),
là.
M. Léonard: Ah oui?
M. Savoie: Oui. Le gars est coincé.
M. Léonard: Donc, c'est la même chose.
M. Savoie: C'est ça, qu'il refuse ou qu'il présente
un faux.
M. Léonard: Mais vous ne ferez pas les deux
concurremment.
M. Savoie: Bien, je ne pense pas, non. Il faudrait y aller soit
sur l'un, soit sur l'autre, parce que le gars ne peut pas refuser et...
M. Léonard: Ah! Vous prenez les deux cas.
M. Savoie: Bien non. Mais le gars ne peut pas présenter un
faux document et refuser de nous présenter son document en même
temps. C'est l'un ou l'autre. Soit qu'il refuse de présenter son
document et, à ce moment-là, il tombe sous l'alinéa e). Et
f), c'est qu'il fournit un faux.
Et g), c'est s'il en fournit un qui, finalement, appartient à
quelqu'un d'autre.
M. Léonard: Donc, vous prévoyez les deux cas.
M. Savoie: On prévoit les trois cas. M. Léonard:
Quelqu'un refuse...
M. Savoie: E), f), g). Ils se lisent ensemble.
M. Léonard: O. K. M. Savoie: O. K. M. Léonard:
Ça va. M. Savoie: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): F). Nous passons maintenant
à l'article 42. 1.
M. Léonard: Donc, 42, ça va.
Le Président (M. Lemieux): On va l'adopter tout à
l'heure dans son ensemble...
M. Léonard: Ah!
Le Président (M. Lemieux):... tel qu'amendé dans
les deux versions, français et anglais, pour ne pas prendre de
chance.
M. Léonard: Ah! L'article 19. O. K. 42. 1.
M. Savoie: "Commet une infraction et est passible d'une amende
d'au moins 2000 $ et d'au plus 25 000 $ ou, malgré l'article 231 du Code
de procédure pénale, à la fois de cette amende et d'un
emprisonnement d'au plus deux ans toute personne: "a) qui contrevient aux
articles 27, 28 ou 32. 1; "b)qui fait usage d'un certificat d'enregistrement ou
d'un permis délivré au nom d'une autre personne; "c)qui obtient
ou tente d'obtenir au moyen de déclarations fausses ou trompeuses un
certificat d'enregistrement ou un permis délivré en vertu de la
présente loi. "
M. Léonard: C'est des amendes de même nature
à 42. 1.
M. Savoie: Là, c'est avec l'emprisonnement. C'est
l'élément "cute" de l'article 42. 1.
M. Léonard: "Qui contrevient aux articles 27, 28... ".
Tout à l'heure, à l'article 42, c'étaient des permis,
c'était le manifeste, tandis que, là, c'est le corps même
du délit.
M. Savoie: C'est ça. Là, c'est une peine
d'emprisonnement d'au plus deux ans.
M. Léonard: Donc, dans le cas où vraiment il en
fait commerce, il peut être emprisonné.
M. Savoie: Bonjour la visite.
M. Léonard: Ça va, paragraphes a), b) et c).
Le Président (M. Lemieux): Nous passons à l'article
43.
M. Savoie: L'article 43 prévoit des amendes plus
substantielles lorsqu'une personne décolore ou tente de décolorer
du mazout coloré, lequel est exempt de taxe, ou fait le commerce de ce
mazout comme du mazout non coloré en percevant la taxe. Alors: "Commet
une infraction et est passible d'une amende d'au moins 5000 $ et d'au plus 100
000 $, ou, malgré l'article 231 du Code de procédure
pénale, à la fois de cette amende et d'un emprisonnement d'au
plus deux ans, toute personne: "a) qui, contrairement à l'article 20,
détruit ou enlève ou tente de détruire ou d'enlever, de
quelque manière que ce soit, le colorant ou tout autre moyen
d'identification du mazout coloré en vertu de la présente loi;
"b), qui sciemment - donc, il faut qu'il sache, il faut que ce soit fait avec
une volonté - entrepose, vend, utilise ou transporte comme du mazout non
coloré du mazout coloré en vertu de la présente loi dont
le colorant ou tout autre moyen d'identification a été
détruit ou enlevé ou a fait l'objet d'une altération de
quelque façon que ce soit. "
Dans l'ancienne loi, il y avait une amende de 2000 $ à 10 000 $,
mais ça datait d'une certaine époque. C'est tout. Alors,
là, on augmente l'amende: on la fait passer de 2000 $ à 5000 $,
le minimum. On augmente le maximum de 10 000 $ à 100 000 $ et,
l'élément "cute", on ajoute deux ans de prison.
M. Léonard: Une première question. C'est quoi,
l'article 231 du Code de procédure pénale? Tout à l'heure,
on l'a vu aussi, il était introduit dans 42. 1.
M. Savoie: Oui. Ce qu'on fait, c'est que, finalement, c'est un
nonobstant, hein?
M. Léonard: Oui. C'est un nonobstant, mais ça dit
quoi, l'article 231 ?
M. Savoie: C'est que tu ne peux pas faire de prison pour du
statutaire.
M. Léonard: Ah!
M. Savoie: L'avez-vous avec vous autres, le texte de l'article?
C'est ça. Ça va.
M. Léonard: Ça ne contrevient pas à la
Charte des droits et libertés?
M. Savoie: Non, monsieur. M. Léonard: Non.
M. Savoie: Mais ça peut toujours se plaider. 0, 10 $, puis
un avocat et tu as une opinion.
M. Léonard: Oui. Attention, là, les notaires qui
tirent une balle dans le coeur des avocats.
M. Savoie: Non, non, non. Loin de nous autres de vouloir tirer
des balles dans la direction des avocats, M. le Président.
M. Léonard: Le président va être d'accord
aussi.
Le Président (M. Lemieux): On m'a dit qu'il fallait deux
notaires pour faire un avocat. Alors, là-dessus...
M. Léonard: Un instant. Autre question.
Le Président (M. Lemieux):... est-ce que l'article...
M. Léonard: Le mot "sciemment" - "qui, sciemment,
entrepose, vend, utilise ou transporte" - est-ce que ça n'est pas un
affaiblissement important de l'article?
M. Savoie: Non. Vous voulez dire dans le sens que...
M. Léonard: Parce qu'il faut prouver que c'est
sciemment.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Comment allez-vous prouver ça?
M. Savoie: on ne veut pas mettre en prison le type qui n'est pas
au courant de ce qu'il est en train de faire, ou qui fait ça et qu'il ne
sait pas que ça a été altéré, ou qui n'a
aucun contrôle sur le fait qu'il y a eu altération. alors, c'est
tout simplement pour dire qu'il y a vraiment une notion de contrebande.
M. Léonard: C'est redondant parce que lui, si ça a
été fait alors qu'il n'était absolument pas au courant, il
va le démontrer.
M. Savoie: Oui. Je comprends votre interrogation, mais ça
relève des notions de droit administratif. Par exemple, on peut adopter
une loi dans laquelle on dit: Vous n'avez pas le droit de ramasser et de
pêcher des homards de moins de 12 onces. Même si ce n'est pas dans
votre contrôle, que vous n'avez rien à y faire, si vous en
pêchez et en ramassez quand même, bang! vous avez l'amende, quand
même. Aucun contrôle.
Par contre, lorsqu'on introduit la notion de sciemment, ce qui
correspond grosso modo à des notions de mens rea, c'est-à-dire
qu'on est conscient de ce qu'on est en train de faire... On ne veut pas, par
exemple, prendre le pauvre diable qui se promène sur la route et qui
pense qu'il est bien correct si, pour une raison quelconque, il y a eu
décoloration, mais pour des motifs qui échappent à son
contrôle.
M. Léonard: O. K. M. Savoie: O. K. ?
M. Léonard: Autre chose. Dans l'article ici, on fait
référence au mazout, à la décoloration ou à
la coloration. Est-ce qu'il y a une fraude importante là-dedans?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Tout à l'heure, on parlait d'une fraude
de 30 000 000 $; est-ce que c'est compris dans les 30 000 000 $?
M. Savoie: Est-ce que vous chauffez votre maison au mazout?
M. Léonard: Non.
M. Savoie: Non. Si vous chauffez votre maison au mazout, je pense
que le litre se vend dans l'ordre de 0, 30 $...
M. Léonard: II se vend beaucoup moins cher.
M. Savoie:... 0, 40 $. En tout cas, moi, je ne chauffe plus,
mais, dans le temps que je chauffais, je payais 0, 28 $, 0, 29 $. Et le diesel,
par exemple...
M. Léonard: La taxe était tellement
élevée.
M. Savoie: La seule différence, c'est le fait qu'il y en a
un qui est coloré et l'autre ne l'est pas.
M. Léonard: Le contribuable lui-même pouvait faire
la vidange de ses réservoirs.
M. Savoie: Facilement.
M. Léonard: Pardon?
M. Savoie: Facilement.
M. Léonard: Facilement. Encore maintenant.
M. Savoie: Ah oui. C'est pour ça qu'on
parlait des "tanks" d'essence. On a droit même de dévisser
le bouchon et d'aller voir. Pas avec une allumette, mais d'aller voir. Quoique,
avec le diesel, ce n'est pas grave, c'est moins pire. Je vais vous laisser
aller, tiens.
M. Léonard: On n'a pas d'idée du montant qui est en
cause.
M. Savoie: Ça fait partie de l'ensemble.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 19, tel
qu'amendé en version française et en version anglaise, est
adopté dans son ensemble? Vous avez bien compris. Est-ce que l'article
19, tel qu'amendé dans la version française et anglaise, est
adopté dans son ensemble? Adopté. Nous passons maintenant
à l'article 20.
M. Savoie: Alors, l'article 20, M. le Président, reprend
substantiellement les dispositions de l'article 43.1 de l'ancienne loi, sauf
qu'on y ajoute le minimum et le maximum de l'amende; évidemment, il y a
une majoration importante. Et on y inclut, évidemment, l'emprisonnement
d'au plus six mois, là. (17 h 15) "Commet une infraction et est
passible, en outre de toute pénalité prévue par ailleurs,
d'une amende d'au moins 200 $ et d'au plus 1000 $ et, en cas de récidive
dans les cinq ans, d'une amende de 1000 $ à 5000 $ et, pour une
récidive additionnelle dans ce délai, d'une amende de 5000
$à10 000 $, toute personne qui: "a) contrairement à l'article 19,
acquiert ou utilise du mazout coloré pour une fin autre que celles qui y
sont permises; "b) contrairement à l'article 19.1, a en sa possession du
mazout coloré dans un réservoir alimentant un moteur propulsif,
sauf dans les cas permis par l'article 19". Alors, c'est le cas où on
change le diesel dans le camion. "c) contrairement à l'article 21, vend
du mazout coloré dans un poste d'essence; "d) contrairement à
l'article 21.1, a du mazout coloré en stock dans un poste d'essence,
sauf si ce mazout coloré se trouve dans un réservoir ou une
citerne servant uniquement et directement à alimenter une installation
de chauffage d'immeuble; ou "e) contrairement à l'article 22, transvase
du mazout coloré dans le réservoir alimentant un moteur
propulsif, sauf dans les cas permis par l'article 19. "En plus de l'amende de
5000 $ à 10 000 $ prévue au premier alinéa pour toute
récidive additionnelle, le tribunal peut, malgré l'article 231 du
Code de procédure pénale, condamner le contrevenant à un
emprisonnement d'au plus six mois." Très sévère.
M. Léonard: Est-ce que ça touche les agriculteurs?
Les agriculteurs ont une détaxe, mais ils sont tenus de respecter
ça, quand même...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...comme tout le monde.
M. Savoie: Par contre, comme vous le dites, dans la loi sur les
carburants, pour les opérations forestières, comme pour les
opérations minières, comme pour les opérations agricoles,
il y a des prévisions spécifiques qui permettent de faire en
sorte qu'on ne paie pas la taxe sur les carburants.
M. Léonard: Avec cet article, vous pensez que la boucle
est bouclée.
M. Savoie: C'est ce qu'on me dit. On me dit, en tout cas, qu'il y
a là un incitatif pour encourager le respect de la loi.
M. Léonard: En effet, à moins qu'il y ait une forte
dévaluation du dollar.
M. Savoie: Oui, ou du prix de l'essence.
M. Léonard: II restera toujours l'emprisonnement.
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est-il
adopté?
M. Léonard: Si le ministre des Finances monte encore les
taxes, ça va créer encore une incitation additionnelle.
M. Savoie: Oui, mais, remarquez, ça va coûter plus
cher au système carcéral.
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est-il
adopté?
M. Léonard: Oui, adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
à l'article 21.
M. Savoie: On a 43.2 aussi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): On a adopté l'article
20.
M. Léonard: Ah bien, là, si M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): O.K. Alors, je repasse à
43.2.
M. Léonard: 43.2, oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Léonard: Oui, c'est ça. C'est le cas de l'amende
de 600 $ que j'avais souligné tout à l'heure.
M. Savoie: Non, tout est passé. On ne veut pas se faire
accuser d'en avoir passé des petites vites, M. le Président
Le Président (M. Lemieux): Du tout. J'ai appelé
l'article 20. L'article 20 introduit à la fois 43. 1 et 43. 2.
M. Savoie: Ce serait trop facile.
M. Léonard: Pourquoi, dans ce cas-là, c'est 600
$?
M. Savoie: C'était peut-être le 60e anniversaire.
"Commet une infraction et est passible... "
M. Léonard: Vous allez me dire: C'est trois fois 200 $,
mais...
M. Savoie: Bien non. Je ne le sais pas, moi. On va obtenir
l'information, pourquoi 600 $.
M. Gingras: C'est une question de cohérence avec le Code
de la sécurité routière qui prévoit, justement,
dans les amendes, que, si une personne circule sur les routes sans avoir un
certificat d'enregistrement requis par fa loi de la taxe sur les carburants,
c'est une amende de 600 $ à 2000 $. On a simplement harmonisé les
amendes.
M. Léonard: C'est pour faire comme les autres.
M. Savoie: C'est pour être consistant. M.
Léonard: À peu près ça.
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est-il
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est adopté.
Nous passons à l'article 21.
M. Savoie: "L'article 44 de cette loi est remplacé par le
suivant: "Toute personne qui tente d'obtenir ou obtient au moyen de
déclarations fausses ou trompeuses un remboursement en vertu de la
présente loi commet une infraction et est passible d'une amende
égale au montant qu'elle a ainsi obtenu ou tenté d'obtenir. "
Alors, ça ressemble beaucoup à l'ancien article 44. Tout
ce qu'on fait, c'est qu'on spécifie "au moyen de déclarations
fausses ou trompeuses" dans la présente loi.
M. Léonard: Quel est le remboursement? À quel
remboursement on fait référence?
M. Savoie: Le remboursement sur le diesel.
M. Léonard: O. K. M. Savoie: O. K. ? M.
Léonard: Ça va, adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 21
étant adopté, nous passons maintenant à l'article 22.
M. Savoie: Alors, l'article 22: "L'article 45. 4 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne, de la lettre
"e" par la lettre "d".
Alors, la modification proposée est de concordance avec l'article
20 du présent projet de loi pour tenir compte du fait qu'on a
transféré au paragraphe d) les dispositions prévues au
paragraphe e) de l'article 43. 1 de la loi.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 22 est donc
adopté. Nous passons à l'article 23.
M. Savoie: L'article 23: "L'article 48 de cette loi est
remplacé par les suivants: "Lorsqu'une personne est
déclarée coupable d'une infraction a la présente loi, le
ministre peut, sur requête à un juge de la Cour du Québec
présentée dans les trente jours qui suivent celui où cette
personne a été déclarée coupable, demander la
confiscation à son profit de toute chose saisie en vertu des articles
40. 1 ou 40. 3 ou du produit visé à l'article 40. 5. "Le juge
doit ordonner cette confiscation si la personne n'établit pas qu'elle
est en mesure d'acquitter le montant de l'amende, celui de toute cotisation ou
nouvelle cotisation émise en application de la présente loi ainsi
que tous les frais reliés à la saisie et à la conservation
de la chose visée par la requête. "
Le Président (M. Lemieux): C'est très clair.
M. Savoie: Ça va, M. le député? Oui?
Pensez-vous, M. le député, que les agriculteurs vont avoir de la
misère avec ça? Je ne pense pas, hein?
M. Forget: Disons que c'est clair, mais il faudrait que ce soit
plus explicite encore, je pense, pour bien comprendre. Je ne sais pas si
ça peut se faire ou bien si ça va être plus expliqué
au niveau des avenants à la loi comme telle...
M. Savoie: Oui, c'est parce que...
M. Forget: ...au niveau de la réglementation, je
dirais.
M. Savoie: Oui. Peut-être que ce qu'on pourrait faire,
c'est examiner le projet de loi vis-à-vis des dispositions
spécifiques au niveau de l'agriculture. Ce serait intéressant,
effectivement.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Prévost, merci, M. le ministre. Nous passons
à 48.1, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): Très clair, l'article
48?
Une voix: Ask a stupid question.
M. Léonard: dans quels cas vous pensez qu'il y a d'autres
personnes que le contrevenant qui peuvent demander la remise d'une chose
saisie, en tout cas, revendiquer une chose saisie?
M. Savoie: Je ne comprends pas, ià. M. Léonard:
Dans l'article 48... M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ...mais vous n'avez pas lu ce
paragraphe-là, on dit: "Quiconque, autre que le contrevenant...
M. Savoie: Ah! Je continue, oui.
M. Léonard: ...désire revendiquer une chose
saisie..."
M. Savoie: Oui. O.K. J'avais pensé y aller par
tranches...
M. Léonard: Ah bon! O.K. Ça va.
M. Savoie: ...mais on peut continuer. "Quiconque, autre que le
contrevenant, désire revendiquer une chose saisie et retenue en vertu
des articles 40.1 ou 40.3 ou le produit visé à l'article 40.5
peut en obtenir la remise en présentant à la Cour du
Québec une requête indiquant son nom et sa résidence et
alléguant sous serment la nature de son droit à la chose saisie
ou au produit."
Par exemple, on se promène dans un camion qui est loué,
qu'on remplit de mazout et on part. Evidemment, on saisit le camion. Celui qui
commet l'infraction n'est pas propriétaire du camion et, en
conséquence, il demande... On peut penser également, par exemple,
à l'entreposage qui peut se faire. Il peut entreposer chez autrui, chez
son voisin...
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: ...qui est parti en vacances.
M. Léonard: O.K. Il faut qu'il démontre sa bonne
foi.
M. Savoie: II faut qu'il démontre... M. Léonard:
Finalement, il est pris.
M. Savoie: C'est ça. C'est une procédure qui est
normale parce que ça arrive souvent, ce genre de choses là
où, par exemple, un bien saisi est revendiqué par son
véritable propriétaire.
Le Président (M. Lemieux): Ça va pour l'article
48?
M. Léonard: Oui, 48, premier paragraphe, deuxième
paragraphe, troisième paragraphe.
Le Président (M. Lemieux): Alors, passons à
l'article 48.1.
M. Léonard: O.K.
M. Savoie: "Lorsque le juge ordonne la confiscation en vertu de
l'article 48, et que le défendeur n'a pas payé dans le
délai qui lui a été accordé l'amende et les frais
auxquels il a été condamné, le ministre doit remettre au
percepteur des amendes, désigné en vertu de l'article 322 du Code
de procédure pénale, le produit de la vente moins les frais de
saisie et de conservation encourus par le ministre jusqu'à concurrence
du montant de l'amende et des frais imposés au défendeur."
M. Léonard: Vous le payez vous-même, là?
M. Savoie: Et on a une petite modification...
Le Président (M. Lemieux): Au texte anglais, je pense.
M. Savoie: Oui, au texte anglais. M. Léonard: Qui
se lit comme?
M. Savoie: Vous n'êtes pas sérieux, là!
"Where the judge orders confiscation under section 48 and defendant has not,
within the granted time, paid the fine and costs to which he was sentenced, the
Minister shall remit the proceeds of the sale to the collector of fines
designated under article 322 of the Code of Penal Procedure after deducting the
costs of seizure and preservation incurred by the Minister up to the amount of
the fine and costs imposed on the defendant".
Le Président (M. Lemieux): Votre anglais
est excellent, M. le ministre. Excellent, je vous envie. L'amendement
est-il adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 23, tel qu'amendé, est adopté
dans son ensemble?
M. Léonard: C'est courant que le ministère du
Revenu se paie sur les choses saisies avant de les remettre?
M. Savoie: Est-ce que c'est courant? Non, ce n'est pas courant.
Ça doit arriver, mais ce n'est pas courant, hein? C'est strictement
tabac, carburant.
M. Léonard: Strictement tabac et carburant?
M. Savoie: C'est ce qu'on nous dit.
M. Léonard: C'est efficace, c'est ça que ça
veut dire?
M. Savoie: Bien, ça doit. C'est parce que les montants
sont tellement énormes au niveau du tabac, puis du carburant. Je veux
dire, le coût du produit est tellement minime et il y a tellement de
taxes que le gars qui vend du tabac, puis du carburant, c'est un percepteur
d'impôts, hein.
M. Léonard: Vous seriez mieux de les intégrer
à votre ministère, finalement.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Savoie: oui. ils sont plus vus comme des... je ne sais pas si
vous vous rappelez de votre nouveau testament, lorsqu'on parle des
publicains.
M. Léonard: Des Publicains?
M. Savoie: oui. des publicains et des pécheurs. on les
regroupait souvent ensemble, les publicains et les pécheurs. alors, ici,
on fait face à des publicains.
M. Léonard: Là, vous faites référence
à tout l'empire romain, finalement. L'administration publique de
l'empire romain, c'était très personnalisé.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: II y en a qui s'enrichissaient vite
là-dedans aussi.
M. Savoie: Oui, ça allait bien. Alors, c'est ça
qu'on vise. On vise les Publicains.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur ça, pour
revenir à notre époque contemporaine, l'article 23 est
adopté...
M. Léonard: M. le Président, vous pouvez
apprécier.
Le Président (M. Lemieux):... tel qu'amendé dans sa
version anglaise.
M. Savoie: La culture, c'est comme de la confiture.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 23 est donc
adopté, tel qu'amendé, dans son ensemble. Nous passons à
l'article 24.
M. Savoie: Merci, M. le Président. "L'article 50 de cette
loi est modifié: "1° par le remplacement, dans la deuxième
ligne du paragraphe 2, des mots "procès-verbal de l'infraction" par les
mots "rapport d'infraction"; "2° par le remplacement, dans les
troisième et quatrième lignes du paragraphe 2, des mots "qui y
sont déclarés" par les mots "qu'il a constatés"; "3°
par le remplacement, dans les quatrième et cinquième lignes du
paragraphe 2, du mot "procès-verbal" par le mot "rapport".
M. Léonard: Moi, je pose la question: Pourquoi vous
remplacez le mot "procès-verbal" par "rapport"?
M. Savoie: D'accord. Les modifications à l'article 50 sont
d'ordre technique. En ce qui se rapporte au procès-verbal, elles visent
à l'uniformisation de ce terme avec le paragraphe 1, lequel utilise le
mot "rapport".
M. Léonard: Mais ce n'est pas courant à toutes les
lois du gouvernement. Le mot "procès-verbal" a un sens très
précis.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Léonard: Dresser un procès-verbal.
M. Savoie: Tout ce qu'on cherche à faire, c'est une
certaine uniformité.
M. Léonard: Vous ne vous êtes pas trompés
dans le premier article plutôt que là?
M. Savoie: Je ne pense pas, non. Je préfère le mot
"rapport" que "procès-verbal". Procès-verbal, c'est un acte
juridique qui est utilisé surtout, par exemple, par l'huissier;
lorsqu'il dresse un procès-verbal, en réalité, c'est un
rapport qu'il est en train de faire. Et je pense que, dans le nouveau Code de
procédure, vous allez voir que le mot "procès-verbal" va
être remplacé par le mot "rapport".
M. Léonard: Rapport.
M. Savoie: Rapport. Je pense que c'est parce que le terme anglais
était relatif au mot "procès-verbal". Will dress proceedings.
Proceedings,...
M. Léonard: "Proceedings", c'est le mot pour
"procès-verbal". (17 h 30)
M. Savoie: Oui, "proceedings" était souvent utilisé
pour le mot "procès-verbal". The proceedings of the 40th Annual
Convention, par exemple; en français, on traduit par "le
procès-verbal de". En réalité, ici, ce qu'on fait, c'est
qu'on dresse un rapport de ce qui s'est produit, on rapporte. Enfin, ça
aurait pu aller dans l'autre sens. Mais c'est comme la taxe de vente en
détail au lieu de la taxe de vente au détail. On va
peut-être régler ça rapidement.
M. Léonard: Juste une autre question. Les mots "qui y sont
déclarés" par "qu'il a constatés"; donc, c'est celui qui
rédige le rapport seulement dont le témoignage est requis et non
pas "qui y sont déclarés", c'est-à-dire que c'était
signé par l'autre partie. Ça, c'est un changement un peu plus de
fond. Ce n'est pas juste une question de sémantique. C'est autre
chose.
M. Savoie: Elles tiennent compte également que les faits
relatifs à l'infraction sont des faits constatés; donc, ça
peut être un procès-verbal aussi, ça peut être
constaté et non déclaré. Parce que, chez les huissiers, il
y avait souvent, tout simplement, une constatation parce qu'on constatait
l'état des biens. Enfin.
M. Léonard: Je pense que 1° et 3°, c'est vraiment
de forme; l'autre, c'est un changement, quand même, un peu plus
important. O.K.
Le Président (M. Lemieux): L'article 24 est donc
adopté. Nous passons à l'article 25.
Dispositions particulières
M. Savoie: "que bueno"? comme disait notre professeur, "que
bueno"? à quoi bon, à quoi ça sert, tout ça?
"l'article 50.1 de cette loi est abrogé."
M. Léonard: II a été mis dans l'ariicle 27
ou je ne sais plus.
M. Savoie: C'est ça, la définition
d'agent-percepteur à l'article 1.
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): L'article 25 est donc
adopté. Nous passons à l'article 26.
M. Savoie: L'article 26. "L'article 51.1 de cette loi est
modifié: "1° par le remplacement, dans les première et
deuxième lignes du premier alinéa, des mots "Tout
agent-percepteur titulaire d'un certificat d'enregistrement" par les mots "Le
titulaire d'un permis d'agent-percepteur".
M. Léonard: Là, vous exigez le permis et non pas le
certificat d'enregistrement.
M. Savoie: Non. On parle du titulaire d'un permis
d'agent-percepteur. Vous vous rappelez qu'aujourd'hui, pour être
agent-percepteur...
M. Léonard: Ah, ça lui prend un certificat.
M. Savoie: Un permis.
M. Léonard: Ça va pour celui-là.
M. Savoie: L'article 26, ça va?
M. Léonard: Le deuxième: "Le montant [...] sur
toute facture ainsi que dans les livres comptables". Mais, là, c'est
votre obligation de transparence qui revient.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Que vous auriez donc dû faire la
même chose pour la taxe de vente du Québec et la TPS!
M. Savoie: On l'a fait. On n'a pas caché nos couleurs.
M. Léonard: C'est laissé à l'entière
discrétion du vendeur.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Léonard: les consommateurs ne s'y retrouvent pas.
ça, au moins, c'est plus clair. est-ce que la taxe de vente, vous allez
aussi l'indiquer séparément, pas juste les taxes d'accise?
M. Savoie: Oui, ça va être indiqué
séparé-mont, jo pense, dans la mesure du possible.
M. Léonard: Est-ce que ça va entraîner la
modification de tous les compteurs sur les camions, les camions livreurs, les
postes?
M. Savoie: Non, je ne pense pas, non. Ça, c'est le prix
final seulement. Ça ne donne pas les nuances.
M. Léonard: Ça ne touche pas le consommateur final,
ça touche seulement ceux qui font le commerce.
M. Savoie: C'est ça, le commerce.
M. Léonard: Donc, ça touche les factures.
M. Savoie: C'est ça. Entre commerçants.
Le Président (M. Lemieux): L'article 26 est-il
adopté?
M. Léonard: Pas le consommateur. C'est les
détaillants qui vont aux consommateurs. Vous ne savez pas?
M. Savoie: Je ne vois pas comment on pourrait faire ça
autrement. Je ne vois pas comment on pourrait s'y prendre pour indiquer chacune
des taxes séparément lorsqu'on vend ça au
détail.
M. Gingras: En fait, à la section X, on parle de
l'agent-percepteur. L'agent-percepteur, dans la loi, c'est un vendeur en gros.
Ça ne peut pas être le vendeur en détail. Donc, les
obligations qui sont prévues à l'article 51. 1 sont celles du
grossiste face à ses ventes à un détaillant.
M. Léonard: À un détaillant: M. Gingras:
C'est ça M. Léonard: O. K. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 26 est donc
adopté. Nous passons à l'article 27.
M. Savoie: "L'article 51. 2 de cette loi est modifié:
"1° par le remplacement, dans les première et deuxième lignes
du premier alinéa, des mots "Tout agent-percepteur titulaire d'un
certificat d'enregistrement" par les mots "Le titulaire d'un permis
d'agent-percepteur".
M. Léonard: C'est la même chose.
M. Savoie: II s'agit de six modifications, quand même, qui
sont assez techniques, sauf pour la dernière, sur laquelle on pourrait
se pencher.
M. Léonard: "La formule prescrite" par "le formulaire
prescrit". O. K. 2°, ça va, 3° aussi, 4°, ça va,
5°, ça va, 6°...
Le Président (M. Lemieux): L'article 27, à 6°,
ça va?
M. Léonard: un instant. le ministre, avant ça,
pouvait exiger, tandis que là ça doit être remis. donc,
ça doit être fait, il n'y a plus de discrétion aucune.
qu'est-ce qui justifie ce changement-là?
M. Savoie: C'est ce que je suis en train de regarder, là.
Là, vous parlez de l'alinéa 5°? M. Léonard: Le
dernier, 6°.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez un commentaire, M. le
député de Limoilou?
M. Léonard: M. Gingras...
Le Président (M. Lemieux): Çava.
M. Savoie: Actuellement, l'agent-percepteur n'est tenu...
M. Léonard: Oui. M. Gingras voudrait intervenir.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y. Identifiez-vous.
M. Gingras: André Gingras. En fait, il y a deux
circonstances où les taxes perçues peuvent être
supérieures à celles qui ont été payées.
Dans un premier temps, ça peut être dû à ce que les
carburants vendus sont situés dans une région spécifique,
périphérique ou frontalière au moment de la vente. Donc,
le carburant a été acquis à un taux inférieur et
peut être revendu dans une région normale,
régulière, à un taux régulier; donc, ça
génère une taxe supplémentaire. L'autre circonstance,
ça peut être dû à un changement dans le budget ou les
grossistes ont en main du carburant à un taux avant le budget, qu'ils
revendent au nouveau taux après le budget advenant qu'il y a une
changement à la hausse.
M. Savoie: C'est ça. C'est qu'il n'y a plus de
discrétion, là.
M. Gingras: Non.
M. Savoie: Nécessairement, il doit remettre... Parce que,
dans l'ancienne loi, il faudrait lire: 'Toutefois, si le montant perçu
à l'égard de ce carburant est supérieur au montant qu'il a
versé en vertu de l'article 51. 1 à un agent-percepteur titulaire
d'un certificat d'enregistrement, le ministre peut exiger que la
différence lui soit remise". Là...
M. Léonard: Là, ça devient doit
remettre.
M. Savoie: Doit remettre.
M. Léonard: Alors, dans le prochain discours du ministre
des Finances, s'il monte encore d'une couple de cents, là, il veut que,
dès la minute où il prononce son discours, ce soit...
M. Savoie: Taxe.
M. Léonard:... tant de sous.
M. Savoie: C'est ça. Pas de tataouinage.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté, l'article
27?
M. Léonard: M. Gingras veut intervenir. Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gingras: andré gingras. je voudrais juste ajouter que,
de toute façon, ça se faisait déjà. parce que,
comme on a dans la loi "le ministre peut", c'est que, par exemple, pour les
agents-percepteurs, on leur transmettait des rapports de remise pour les
différences entre les taux payés...
M. Léonard: Oui.
M. Gingras: ...et les taux perçus. C'est simplement que ce
n'était pas une obligation de le faire, alors que là, dans la
loi, on l'oblige à le faire.
M. Léonard: Alors, ça va enlever une phrase dans le
discours du ministre des Finances, son discours du budget. Il n'aura plus
besoin de le dire, c'est dans la loi.
M. Savoie: C'est ça. M. Léonard: Ça
va.
Le Président (M. Lemieux): L'article 27 est donc
adopté. Nous appelons l'article 28.
M. Savoie: Alors, les modifications apportées à
l'article 51.3 sont de concordance avec la modification apportée
à l'article 27, laquelle oblige tout agent-percepteur à
être titulaire d'un permis. Le remplacement du mot "remet" par celui de
"verse" est une modification technique qui vise à respecter les
contextes juridiques propres à l'un ou l'autre de ces termes.
M. Léonard: Ça va pour 1°. Pour 2°...
Le Président (M. Lemieux): L'article 28 est adopté.
Nous passons à l'article 29.
M. Léonard: Un instant.
Le Président (M. Lemieux): Non? Je pensais des fois.
Ça ne change rien.
M. Léonard: C'est la même chose.
Le Président (M. Lemieux): C'est la même chose.
M. Léonard: Pour 2°, ça va.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, l'ar- ticle 28 est
donc adopté. Nous appelons l'article 29.
M. Léonard: Adopté.
M. Savoie: "Le ministre peut allouer au titulaire d'un certificat
d'enregistrement avec qui il a conclu une entente en vertu de l'article 51 une
indemnité déterminée par règlement pour la
perception et la remise de la taxe ou du montant égal à la taxe
prévu par la présente loi ou pour la coloration du mazout."
Alors, le nouvel article 52.1 est introduit dans la loi afin de permettre au
ministre d'indemniser les titulaires d'un certificat d'enregistrement qui sont
parties à des ententes avec le ministre pour la perception et la remise
de la taxe.
M. Léonard: Ça veut dire quoi, l'indemnisation?
Jusqu'ici, ils ne l'étaient pas.
M. Savoie: Pardon?
M. Léonard: Jusqu'ici, ils ne l'étaient pas,
indemnisés.
M. Savoie: J'imagine qu'ils l'étaient, mais je ne sais pas
trop là.
M. Léonard: Alors, vous allez...
M. Savoie: J'imagine qu'ils l'étaient, indemnisés,
mais...
M. Gingras: André Gingras. Actuellement, les revendeurs,
les agents-percepteurs sous entente bénéficient d'une
indemnité qui est déjà prévue dans le contrat, dans
l'entente avec le ministre.
M. Savoie: C'est un quart de cent, c'est ça?
M. Gingras: C'est un dixième de cent du litre.
M. Savoie: Je pensais que c'était un quart.
M. Gingras: Et, finalement, compte tenu que c'est une
indemnité qui est versée à même les fonds publics,
on considère qu'il devait y avoir un pouvoir, une détermination
de cette indemnité par fa loi et par le règlement, comme
ça se fait généralement dans les autres lois.
M. Léonard: Est-ce que il y a des rapports annuels de
faits là-dessus?
M. Savoie: Par qui?
M. Léonard: Au gouvernement.
M. Savoie: Par qui là, des rapports par qui?
M. Léonard: bien, par le ministère du revenu sur
les sommes versées comme indemnités, non. ça devrait
être considéré comme une dépense.
M. Gingras: Je ne suis pas certain si ça apparaît au
rapport annuel du ministère, mais c'est une statistique qui est
connue.
M. Léonard: Pas au rapport annuel. C'est une statistique
connue.
M. Gingras: Oui.
M. Léonard: Donc, il y a des relations qu'on peut faire
entre le montant perçu et le volume vendu, plus ou moins.
M. Savoie: Bien, là, on ne s'amuse pas avec ça,
là, c'est assez...
M. Léonard: o.k. donc, ça vous permet de les
indemniser. mais avant c'était permis, puis vous introduisez ça.
vous le faisiez sans que ça sort permis? c'étaient des pratiques
administratives.
M. Gingras: Oui. André Gingras. C'est des pratiques
administratives qui datent depuis qu'on a des ententes avec les grossistes,
c'est-à-dire des années cinquante. On versait une
indemnité et on considérait que cette indemnité-là
devait être accordée en vertu d'un contrat entre le ministre et
ses agents-percepteurs qui, quand même, remplissaient un mandat que la
loi ne les forçait pas, quand même, à assumer.
M. Léonard: Là, vous les forcez. M. Gingras:
Oui. M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Nous passons
à l'article 30 et je pense qu'il y a un amendement à l'article
30, si ma mémoire est bonne.
M. Savoie: Oui, votre mémoire est assez bonne, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci du qualificatif.
M. Savoie: Évidemment, on laisse tomber le mot "la" devant
le mot "lettre". Alors, c'est un amendement de taille. "Lorsqu'une personne
transporte au Québec du carburant en vrac sans avoir en sa possession le
manifeste - on ne dit pas "la lettre", mais plutôt - ou lettre de voiture
prévu à l'article 32.1, il est présumé, en
l'absence de preuve contraire, que ce carburant est destiné à
être livré au Québec".
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement est-il
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Léonard: Mais l'article lui-même, comment... Je
ne comprends pas, dans le reste du projet de loi, on lui fait l'obligation
d'avoir un manifeste.
M. Savoie: Un manifeste. Alors, s'il n'a pas de manifeste...
M. Léonard: Alors, là, il peut être
accusé, mais on présume que ça va être livré
au Québec.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Mais ça ne lui enlève pas son
obligation.
M. Savoie: Ça crée une présomption
légale que le carburant est destiné à être
livré au québec lorsque le transporteur n'est pas en possession
d'un manifeste ou de la lettre de voiture requis. alors, les effets de
ça, par exemple, j'imagine c'est votre question-là.
M. Léonard: Oui, bien, c'est ça. Du point de vue
légal, c'est peut-être important; en cour, vous n'avez pas
à démontrer ce point.
M. Savoie: Alors, à quoi ça sert, cet article
d'apparence innocente?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Oui, je pense que c'est plus important qu'on
peut penser.
M. Gingras: André Gingras. Il faut voir que c'est un
article qui était déjà dans la loi. O.K. L'article 54
existe déjà, on l'a simplement adapté aux nouvelles
réalités...
M. Léonard: L'article 54.
M. Gingras: ...là, du permis, puis de l'obligation d'avoir
un manifeste. Cet article-là, bien sûr, nous évite d'avoir
à faire une preuve quand un individu, par exemple, n'a pas entre ses
mains le manifeste et qu'il invoque que le carburant était
destiné ailleurs.
M. Léonard: Ailleurs.
M. Gingras: Donc, ça sera à lui à faire
cette preuve.
M. Léonard: Pour renverser la présomption. O.K.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): L'article 30 est adopté.
Nous appelons l'article 31.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Alors, à l'article 31, ce sont les changements:
"la formule" pour "le formulaire", puis "constatés" pour
"déclarés".
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M.
Léonard: O.K.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 32.
M. Savoie: Ouille! Excusez-moi, M. le Président, j'ai de
la misère.
Le Président (M. Lemieux): Trop tard, la farce est
faite!
M. Savoie: Ouais, c'est tellement intéressant. "Toute
personne qui, le (indiquer ici la date d'entrée en vigueur de la
présente loi) est titulaire d'un certificat d'enregistrement
délivré en vertu de l'article 23 de la Loi concernant la taxe sur
les carburants, tel qu'il se lisait avant d'être modifié par la
présente loi, doit avant le [...] transmettre au ministre la
déclaration prévue au paragraphe b de l'article 24, tel
qu'édicté par l'article 10 de la présente loi." (17 h
45)
Alors, pour votre information, M. le Président, cet article vise
à accorder au titulaire d'un certificat d'enregistrement un délai
de 60 jours après la date d'entrée en vigueur du présent
projet de loi pour la production de la déclaration contenant l'adresse
de chacun des établissements qu'il entend exploiter ou faire exploiter
au Québec.
M. Léonard: Ça veut dire que tout le monde va
devoir remplir un formulaire.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Est-ce que le formulaire est prêt?
Est-ce que vous allez être prêts à temps?
M. Savoie: Le ministère du Revenu est toujours prêt
à temps.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 32 est
adopté.
M. Léonard: Un instant, M. le Président. Le
formulaire n'est pas prêt, si je comprends?
M. Savoie: Non.
M. Léonard: C'est parce que vous donnez 60 jours
après la date de la publication de la loi.
M. Savoie: Non, non. Ne vous inquiétez pas. Le
ministère du Revenu est un ministère compétent.
M. Léonard: Ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Savoie: C'est ce que vous êtes en train de dire.
M. Léonard: Non.
M. Savoie: Au fur et à mesure qu'on va avancer avec le
projet de loi, ne vous inquiétez pas. Les formulaires sont prêts
et on va y donner suite.
M. Léonard: Ils sont prêts.
M. Savoie: Ils vont être prêts. Ils seront
prêts.
M. Léonard: Ils sont prêts déjà.
M. Savoie: C'est parce que la loi n'entre pas en vigueur
dès qu'elle est adoptée.
M. Léonard: Non.
M. Savoie: Ah! C'est lorsqu'elle est proclamée.
Le Président (M. Lemieux): Par le
lieutenant-gouverneur.
M. Léonard: Donc, vous allez attendre, pour la
proclamation, que les formulaires soient prêts.
M. Savoie: On va attendre d'être prêts. Vous n'avez
jamais entendu ça de gros sur les formulaires du ministère. Et on
ne donne pas de directives à moins d'être prêts de l'autre
côté. Et, si c'est le cas, il va y avoir un branle-bas au
ministère, je vous l'assure.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 32 est
adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Article 33. Est-ce que
l'article 33 est adopté?
M. Savoie: C'est pour le certificat d'enregistrement. C'est la
même chose que l'article j
précédent, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, c'est la
même chose.
M. Léonard: Ici, c'est le permis? M. Savoie: C'est
ça. Excusez-moi.
M. Léonard: Là, ça va vous donner 60 jours,
si vous refusez de l'émettre.
M. Savoie: That's it. Après la date d'entrée en
vigueur du projet de loi pour la production d'une demande de permis en vertu
des dispositions à l'article 27.1 de la loi.
M. Léonard: Si je lis la dernière phrase, c'est que
déjà vous avez en tête l'idée de refuser
d'émettre des permis à certains qui l'ont actuellement;
lorsqu'ils vont venir devant vous pour demander l'émission selon la
nouvelle loi, vous allez pouvoir le refuser?
M. Savoie: Je ne sais pas si c'est ça qu'on vise. Je ne
pense pas?
Une voix: On n'a pas de tels desseins. M. Léonard:
C'est possible que ça arrive.
M. Savoie: Ce ne sont pas nos intentions, me dit-on.
M. Léonard: Pourquoi c'est écrit? M. LeSage:
II y a des sourires.
M. Savoie: Est-ce qu'ils ont l'air honnêtes, M. le
député de Hull?
M. Léonard: Je n'ai rien dit là-dessus. Je dis
juste que là c'est une disposition transitoire.
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Léonard: C'est une disposition transitoire que vous
avez ici.
M. Savoie: Oui, mais il n'y a pas de permis en circulation au
moment où on se parle. On a créé les permis dans le projet
de loi.
M. Léonard: Oui. Ce que vous dites, c'est: "Cette personne
est réputée titulaire du permis demandé jusqu'à la
date où le ministre délivre le permis - très bien - ou
transmet sa décision quant au refus de le délivrer". Ça
veut dire que, dans les 60 jours, il peut se passer quelque chose.
M. Savoie: Les gens vont faire leur demande de permis.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Alors, ils font leur demande. On émet le permis
ou on refuse d'émettre le permis.
M. Léonard: Oui, c'est ça. Là, vous allez
refuser d'émettre des permis. Vous vous gardez l'hypothèse
où vous refusez d'émettre le permis.
M. Savoie: Oui. On n'est pas obligés d'émettre un
permis.
M. Léonard: Oui, mais ce que je soumets, c'est que vous
pouvez avoir des infractions commises en vertu de l'ancienne loi et puis vous
allez refuser d'émettre le permis en vertu de la nouvelle par
l'intermédiaire d'une disposition transitoire, entre les deux lois.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on a créé...
M. Léonard: Est-ce que quelqu'un qui a fauté en
vertu de l'ancienne loi peut se voir attrapé maintenant en vertu d'une
disposition transitoire, telle que vous la rédigez? C'est ça.
M. Savoie: C'est exactement ça.
M. Léonard: Si vous le mettez là, c'est parce que
vous avez l'intention de l'appliquer.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Mais vous êtes en disposition
transitoire.
M. Savoie: Ce n'est pas une disposition transitoire.
M. Léonard: Dans les 60 jours, vous avez des cas nouveaux
qui vont se manifester et vous allez intervenir.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Vous avez quelque chose en tête? Ils en
ont un en vue, certain. Ils en ont quelques-uns en vue.
M. Savoie: Non, étant donné qu'au niveau du
certificat d'enregistrement il y a reconduction de facto.
M. Léonard: Dans le cas d'enregistrement, en haut, oui,
d'accord. Le permis?
M. Savoie: Bon. Le permis. Lorsque vous demandez un permis, vous
devez remplir les conditions à la satisfaction du ministère; vous
ne les remplissez pas.
M. Léonard: Si vous ne les remplissez pas, il n'y a pas de
problème?
M. Savoie: II n'y a pas de permis. Ça peut être
refusé.
M. Léonard: Alors, il y a des gens qui opèrent
à l'heure actuelle et qui pourraient se voir refuser leur permis?
M. Savoie: C'est exact.
M. Léonard: Ho! Les droits acquis là-dedans,
ça fait quoi?
M. Savoie: II n'y a pas de droits acquis.
M. Léonard: II n'y a pas de droits acquis? Bien, je ne
sais pas, ça me paraît...
M. Savoie: Bien, comment voulez-vous avoir un droit acquis pour
avoir des opérations frauduleuses?
M. Léonard: Bien, c'est-à-dire que, s'il a obtenu
un permis en vertu de l'ancienne loi, il me semble que ça continue et le
fardeau de la preuve vous incombe, comme ministère, jusqu'à ce
que vous ayez prouvé selon cette loi... Maintenant, vous avez le fardeau
de la preuve selon cette loi, mais celui qui avait déjà un
permis, vous ne pouvez pas tout à coup décider de ne pas le lui
donner. En fait, là, vous décidez de le lui enlever à
partir d'une loi que nous votons.
M. Savoie: Non, on ne le lui enlève pas là. M.
Léonard: Donc, les droits acquis...
M. Savoie: Là, on crée l'obligation d'avoir un
permis.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Et, là, on dit: Si tu veux continuer à
exercer telle activité, ça te prend un permis.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Fais application.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Alors, si tu rencontres les normes, tu vas avoir le
droit de continuer à opérer.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Si tu ne rencontres pas les conditions, c'est fini.
Parce que finalement c'est un privilège.
M. Léonard: Là, ça veut dire qu'il perd son
permis.
M. Savoie: II n'y avait pas de permis auparavant.
M. Léonard: II n'y avait pas de permis. Il y avait un
certificat d'enregistrement. C'était l'ancien système qui
s'appliquait.
M. Savoie: II y avait une activité, finalement, sur
laquelle on avait très peu de contrôle. Là, on impose un
contrôle et on dit: Pour faire telle opération maintenant,
ça te prend un permis.
M. Léonard: Bon, on va retourner aux conditions de
l'émission du permis.
M. Savoie: On n'a pas de difficulté avec ça,
là; c'est aux articles 30, 31.
Une voix: En totalité?
M. Léonard: Voyez-vous, 30, 31, disons 30.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Dans 30, on dit: "Le ministre peut suspendre,
révoquer ou refuser de délivrer un certificat d'enregistrement ou
un permis ou peut refuser de renouveler un permis à toute personne qui,
selon le cas: a) au cours des cinq années qui précèdent, a
été déclarée coupable d'une infraction à une
loi fiscale". Là, on vient de voir la portée de la loi à
ce stade-ci.
M. Savoie: Bien, c'est ce qu'on a annoncé, M. le
député; on ne l'a pas caché, là.
M. Léonard: Bien oui. Là, c'est de la
législation rétroactive.
M. Savoie: Mais que voulez-vous, on n'est pas pour commencer
à émettre des permis à des gens alors qu'on sait qu'ils
font de la contrebande.
M. Léonard: Non. Regardez, M. le ministre, M. le
Président...
M. Savoie: Oui. Oui. Je vous comprends, là, M. le
député de Labelle. Vous dites qu'avec l'article 31... Je
comprends ce que vous dites, mais je comprends aussi pourquoi vous vous
trompez, là. On s'est bien entendus sur les autres dispositions, je
pense qu'on a vu clair et on recherche la même chose. Et ce que j'essaie
de vous faire voir, c'est que, là, la loi sur les carburants ne vient
pas reconduire une veille loi et, tout simplement, augmenter les amendes.
Là, on dit qu'en plus du certificat tu as besoin d'un permis et il va
falloir que tu fasses application pour un permis. Bon. La loi entre en
vigueur.
Vous, vous faisiez de l'entreposage avant. Là, on dit: Viens
t'asseoir à la table et explique-nous les conditions pour lesquelles tu
veux avoir un permis pour faire de l'entreposage. Si vous ne rencontrez pas les
conditions de l'article 30, vous n'avez plus le droit de faire de l'entreposage
au Québec; on maintient votre certificat, on n'annule pas votre
certificat. Ça, c'est un droit acquis. Mais le permis pour entreposer,
là, ça, par exemple, c'est une autre paire de manches. Alors, si
vous êtes un criminel, si vous pratiquez des activités criminelles
ou si on a des doutes fondés sur la légalité, qu'on est
capables de démontrer à une juge, à ce moment-là,
on sévit: plus de permis
M. Léonard: Mais, là, écoutez...
M. Savoie: On fait le ménage.
M. Léonard: Moi, je trouve ça gros.
M. Savoie: Bien non. O.K., vous trouvez ça gros.
M. Léonard: Je trouve ça très gros parce
que...
M. Savoie: On va passer ensemble à l'article 30. Je suis
prêt à discuter de cette question avec vous. On va lire l'article
30 ensemble.
M. Léonard: Disons que vous changez les règles du
jeu. À ce stade-ci, de quelqu'un qui opérait, supposons, en toute
bonne foi avec le système actuel, là, vous exigez un permis avec
des conditions différentes.
M. Savoie: C'est-à-dire...
M. Léonard: II a tout au plus 60 jours pour se
conformer.
M. Savoie: Chaque fois que l'État intervient, c'est ce que
l'État fait. Lorsqu'on exige un permis pour la première fois, on
l'exige à certaines conditions. À titre d'exemple, les
traducteurs qui sont incorporés en vertu d'une corporation
professionnelle. Pour être membre de cette corporation professionnelle
des traducteurs, il va falloir que vous rencontriez certaines conditions; sans
cela, vous n'êtes par reconnu comme traducteur.
Alors, ici, on dit, par exemple... Et il n'y a pas d'obligation. Ce
n'est parce que vous avez été, au cours des cinq dernières
années qui précèdent, déclaré coupable
d'infraction à une loi fiscale, à la Loi sur le ministère
du Revenu, par exemple, ou une affaire comme ça. C'est "peut". Alors, si
on refuse, il faut que ce soit valable. Ça ne peut pas être parce
que vous n'avez pas déclaré votre gardienne. Il faut que ce soit
quelque chose de majeur et, à ce moment-là, on peut, pour des
motifs valables, refuser l'émission du permis.
Ça peut être, par exemple: "est contrôlée par
une personne qui, au cours des cinq années qui précèdent,
a été déclarée coupable d'une infraction";
là, c'est la question du prête-nom, ce qu'on appelle plus
précisément le "white knight". "Ne satisfait pas ou ne satisfait
plus aux conditions prévues par la présente loi et ses
règlements pour l'obtention ou le renouvellement du certificat
d'enregistrement. Est débitrice...", mais, ça on l'a
changé. "Ne respecte pas les obligations de la présente. loi ou
de la Loi sur le ministère du Revenu; n'est pas en mesure, en raison de
sa situation financière, d'assumer les obligations qui découlent
de son entreprise; a cessé ses activités ou celle pour laquelle
le permis a été délivré - là,
évidemment, a cessé ses activité, tout court - a
été titulaire d'un permis ou d'un certificat d'enregistrement qui
a été révoqué dans les 24 mois qui
précèdent la demande."
Alors, si on doit leur donner un droit acquis, on est aussi bien de tous
s'en aller chez nous, on ne fait rien ici.
M. Léonard: Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
Voyez-vous en i), par exemple, "est une personne dont l'un des administrateurs
ou officiers est ou a été administrateur ou officier d'une
corporation ou membre d'une société dont le permis ou le
certificat d'enregistrement a été révoqué dans les
24 mois qui précèdent la demande".
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: ça touche des personnes physiques, des
personnes morales, des gens qui peuvent avoir fait quelque chose dans les cinq
années qui précèdent.
M. Savoie: A une loi fiscale.
M. Léonard: Moi, je trouve qu'ici vous pourriez
émettre le permis en remplacement et, si la personne est coupable,
là, vous prenez l'article 30 et vous l'appliquez, avec les obligations
que vous avez en vertu de l'article 30. Dans l'application d'une disposition
transitoire, dire ça comme ça, vous ne vous donnez pas un droit
additionnel...
M. Savoie: Bon, O.K. Prenons un cas hypothétique où
on a, par exemple...
M. Léonard: ...de, tout à coup, tout figer parce
que les règles du jeu changent, là?
M. Savoie: Oui, je comprends. Prenons le cas hypothétique
où vous avez une station-service qui appartient, par exemple, à
un individu et ses trois enfants dont un des enfants, qui
siège sur le conseil d'administration de la station-service en
question, a été trouvé coupable d'une infraction. Je peux
vous garantir que cette personne, son permis va lui être accordé.
Il n'y a pas de motif justifiable, ce n'est pas raisonnable de refuser
l'émission du permis à ce type-là.
Vous oubliez toujours la charte. À ce moment-là, ce que
vous pouvez imaginer ne résiste pas à l'analyse. Par contre, si
on a affaire avec un groupe qui a des activités criminelles sur
lesquelles il y a un ensemble d'éléments, y compris
celui-là, on va lui refuser son permis. On fait le ménage.
M. Léonard: Alors, vous avez un liste noire
actuellement?
M. Savoie: Je ne sais pas si on a une liste noire. (18
heures)
M. Léonard: Vous n'avez pas de liste noire, mais vous avez
dans la tête certaines intentions?
M. Savoie: Je ne sais pas si on a une liste noire au
ministère. En tout cas, si on avait une liste noire, je n'aimerais pas
ce genre d'activité là. Je n'aime pas ça, des listes
noires.
M. Léonard: Bien, c'est parce que, pour intervenir
dès le début de l'application de la loi, c'est que vous avez en
tête certaines personnes physiques ou morales qui, déjà, ne
se conforment pas.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Donc, avant même que la loi soit
adoptée, vous avez l'intention d'appliquer 30, mais en vous
référant à des situations qui existent avant que la loi
soit adoptée.
M. Savoie: Dans notre système...
M. Léonard: Parce que, pour mettre ça, c'est
ça que ça veut dire.
M. Savoie:... on peut parler de la culture du ministère,
si vous voulez, de la culture même du gouvernement, je dirais. C'est que
la bonne foi se présume toujours. C'est le fondement même de nos
institutions que la bonne foi se présume. Alors, lorsqu'on dit à
quelqu'un de nous faire une demande pour aller chercher son permis, le type
nous présente sa demande. Si on soulève une objection, mais que
l'objection, évidemment, est accessoire, n'est pas un
élément principal... Si, par exemple, on pense qu'on fait affaire
à un "white knight", si, par exemple, on a un ensemble d'indices qui
nous le fait croire, il va être confronté à ce
fait-là et, à ce moment-là, les règles de pratique
de la justice administrative vont s'appliquer.
M. Léonard: Ça revient, M. le ministre, à
appliquer l'article 30 avec la procédure régulière...
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard:... et non pas à l'appliquer à
l'occasion du renouvellement d'une procédure.
M. Savoie: Non. On ne lui donnera pas un permis pour continuer
ses activités de fraude pour 24 mois. On n'est pas naïfs, non
plus.
M. Léonard: Non, je pense qu'il ne faut pas l'être,
mais je n'ai pas vu ça souvent, moi, il me semble.
M. Savoie: Et, si vous me permettez, je vais vous lire quelque
chose qui risque de vous intéresser; c'est une décision de la
Cour suprême. Je pense que celle-là, elle a été
unanime. On souligne là-dedans qu'effectivement, au niveau de
l'administration des lois fiscales, on peut se montrer un petit peu plus
sévères qu'ailleurs parce que c'est nécessaire pour que la
loi garde sa crédibilité. Et le juge qui a écrit au nom de
la majorité, je pense - c'est tout le monde, c'est unanime - dit que "le
ministre du Revenu national - parce qu'on parle d'Ottawa dans ce cas-ci - doit
disposer dans la surveillance de ce régime de réglementation de
larges pouvoirs de vérification des déclarations des
contribuables et d'examen de tous les documents qui peuvent être utiles
pour préparer ces déclarations. Le ministre doit être
capable d'exercer ses pouvoirs, qu'il ait ou non des motifs raisonnables de
croire qu'un certain contribuable a violé la loi. Des contrôles
ponctuels ou un système de vérification au hasard peuvent
constituer le seul moyen de préserver l'intégrité du... "
Il dit ça pour souligner que le ministre, finalement, pour garder une
certaine crédibilité au système d'impôt, doit
étendre ses pouvoirs un peu plus que ce qu'on trouverait ailleurs dans
d'autres lois.
Ce genre d'argumentation là, ce genre de structure là fait
partie de notre système et on doit le reconnaître. Je comprends
que vous dites: Bon, bien, là, il y a quelqu'un qui, actuellement,
exerce une activité qu'on va contrôler par un permis lorsqu'on va
arriver et qu'on va dire: Viens te présenter pour ta demande de permis,
et que ce type-là va se sentir dans une situation difficile. Il va
être gêné un peu par son passé. Il faut bien
comprendre qu'on cherche à éliminer le trafic et on ne cherche
pas à éliminer les cas douteux, mais qui se livrent actuellement
à des activités honnêtes. Il faudrait faire la
distinction.
M. Léonard: Ça, je veux bien. Moi aussi, je vais
présumer de votre bonne foi, mais il y a quand même des risques
là-dedans. Parce que quelqu'un qui fait commerce, il me semble qu'il a
pratiquement droit au renouvellement automa-
tique, c'est-à-dire pas au renouvellement, mais à
l'émission automatique de son permis en vertu de la nouvelle loi. Parce
que, là, ça voudrait dire que, du jour au lendemain, tout
à coup, quelqu'un pourrait être accusé, on pourrait
découvrir que dans les cinq années qui ont
précédé il a été coupable d'une infraction
à une loi fiscale.
M. Savoie: Oui
M. Léonard: Et ça n'a pas tellement...
M. Savoie: Mais ce n'est pas un motif justifiable ou raisonnable
pour empêcher l'émission du permis.
M. Léonard: Bien, c'est ça qui est dit à 30.
"Le ministre peut suspendre, révoquer ou refuser... "
M. Savoie: Non, c'est ça, l'affaire: "Le ministre peut".
Ce n'est pas marqué "le ministre doit"; c'est "le ministre peut" et,
lorsqu'on trouve le mot "peut", on doit faire une démonstration. On doit
dire qu'il y a là quelque chose de beaucoup plus substantiel que tout
simplement une transgression obligatoire. C'est la différence entre peut
et doit. C'est toute la différence. Si le ministre décide de
refuser l'émission du permis, il y a donc une décision. Cette
décision-là est sujette à révision. Quand c'est
doit, il doit, c'est-à-dire qu'à ce moment-là c'est
obligatoire.
M. Léonard: Quel est le recours du contribuable? Parce
que, dans tout ça, on n'a pas vu beaucoup de recours pour le
contribuable. Est-ce que c'est en vertu de la loi du ministère du
Revenu?
M. Savoie: C'est d'en appeler en vertu des dispositions de la
loi, c'est-à-dire...
M. Léonard: La loi du ministère.
M. Savoie:... en vertu de la loi sur les carburants.
M. Léonard: Mais il n'y a pas d'appel
là-dedans.
M. Savoie: Pas dans ce que vous avez dit, mais dans la loi il y
en a.
M. Léonard: Je l'ai, la loi, ici. Ils sont où, les
appels?
M. Savoie: À31. 2.
M. Léonard: Dans la loi actuelle, 31. 2.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: 31. 2.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il existe un
recours?
M. Savoie: Oui, il existe un recours.
Le Président (M. Lemieux): Et est-ce que ce
recours-là peut être au niveau de la Cour supérieure?
M. Savoie: Non, à l'interne...
Le Président (M. Lemieux): À la limite...
M. Savoie:... et, ensuite de ça, ça pourrait aller
avec un certiorari, là.
Le Président (M. Lemieux):... ça peut aller
à la Cour supérieure.
M. Rochon: Bien, en fait, ce serait une évocation...
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Rochon: André Rochon, chef du contentieux. Ce serait
une évocation; étant donné qu'on est en matière
statutaire provinciale, donc c'est révocation en vertu du Code de
procédure pénale et en vertu du Code de procédure civile.
Donc, là, il y a la révision à 31. 2 et, dans le cas
où le contribuable n'a pas satisfaction, à ce moment-là,
il y a toujours possibilité d'une requête en évocation
puisque le pouvoir qui est prévu est un pouvoir discrétionnaire
et y est donc sujet.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Savoie: M. le député de Labelle, l'article 31. 2
est dans votre cahier.
M. Léonard: Bien, je l'ai ici, 31. 2 de la nouvelle
loi.
M. Rochon: C'est la révocation.
M. Léonard: C'est juste la révocation, mais il n'y
a pas d'appel là-dedans.
M. Savoie: C'est automatique, ça, elle est de facto.
M. Léonard: Donc, c'est la loi du ministère.
M. Savoie: Non, c'est dans l'article 31. 2. Qu'est-ce que vous
avez dans vos mains, là?
M. Léonard: Non, je ne parle pas de ça.
M. Savoie: 31. 2, on l'a passé ensemble, tout à
l'heure.
M. Léonard: "31.2 La révocation [...] a effet
à compter de la date... Nonobstant [...] n'a effet qu'à
l'échéance des 15 jours suivant la signification" de l'avis.
"Cette révocation s'opère de plein droit." "Lorsque ce dernier
n'a pas fait valoir son point de vue dans les six jours de la réception
de cette dernière." Faire valoir son point de vue; s'il n'est pas
accepté, où est-ce qu'il va?
M. Savoie: Après ça, là? M.
Léonard: Oui.
M. Savoie: Après son appel dans les six jours?
Après ça, il peut aller à la Cour du Québec.
M. Léonard: La Cour supérieure. M. Savoie:
La Cour supérieure, je m'excuse. M. Léonard: II s'en
va en Cour supérieure... M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: ...s'il n'accepte pas la décision du
ministère.
M. Savoie: Si ce n'est pas jugé pour un motif raisonnable
ou... C'est ça.
M. Léonard: Six jours.
M. Savoie: Six jours.
M. Léonard: C'est six jours...
M. Savoie: Francs.
M. Léonard: ...francs. Ce n'est pas long, ça.
M. Savoie: Non. Le gars veut son permis, il ne peut plus
travailler. On n'est pas pour commencer à dire 20 jours, on n'en sortira
plus.
M. Léonard: Bien, est-ce que c'est conforme à
d'autres lois de même nature ailleurs? Il me semble que six jours, ce
n'est pas long. Le bonhomme est en vacances et il se fait signifier sa
révocation de permis pendant qu'il est en vacances.
M. Savoie: Ça, c'est facile, ça.
M. Léonard: Bien, c'est facile. Vous avez un
propriétaire...
M. Savoie: II faut que la personne soit au courant que son permis
a été révoqué; alors, c'est six jours à
compter du jours où elle a connaissance que son permis est
révoqué, pas six jours dans le vide parce qu'elle est partie en
Floride, là, ça n'a pas de bon sens. Tu n'es pas en Russie.
M. Léonard: Bien, j'espère! C'est juste
ça...
M. Savoie: Tu n'es pas en Pologne, non plus.
M. Léonard: ...dont je veux m assurer.
M. Savoie: Ce n'est pas le Parti québécois, non
plus.
M. Léonard: Non, excusez, on n'a pas de leçon
à recevoir de vous là-dessus. Ce n'est pas nous qui avons
passé la loi des mesures de guerre.
M. Savoie: Bon, bon, vous ne pouvez pas nous faire la
leçon sur quoi que ce soit, vous autres. La Charte des droits, c'est
nous autres qui l'avons adoptée.
M. Léonard: On l'a améliorée.
M. Savoie: Oui, oui, c'est ça. Vous, ce que vous voulez
faire, c'est suspendre la liberté de la presse pour faire votre
indépendance.
M. Léonard: Non.
M. Savoie: II faut avoir du front tout le tour de la
tête.
M. Léonard: Non. Ne dites pas des choses comme
ça.
M. Savoie: On va la suspendre pour deux ans, après
s'être déclarés indépendants, parce que... C'est
vrai, ça.
M. Léonard: Et vous n'avez pas de leçon à
donner.
M. Savoie: Et vous autres, non plus.
M. Léonard: Vous avez collaboré à l'adoption
de la Loi sur les mesures de guerre. Alors, quand on a fait ça, on est
capable de faire pas mal de choses.
M. Savoie: Vous vous promenez avec votre soutane et vous faites
dur en masse. Moi, j'en ai vu, des injustices, en masse, avec le Parti
québécois.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, nous
allons revenir...
M. Savoie: Ce n'est pas parce que vous dites que vous portez une
soutane que vous en portez une.
M. Léonard: Comment vous dites?
M. Savoie: J'ai dit: Ce n'est pas parce que vous dites que vous
portez une soutane que vous en avez une.
M. Léonard: Une soutane? Qu'est-ce que c'est
ça?
M. Savoie: Oui, une soutane. Oui, c'est ça, parce que vous
prêchez.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Ça, les injures du ministre
du Revenu, ça va faire!
M. Savoie: Bien non, mais c'est ça. L'indignation a sa
place.
M. Léonard: M. le ministre, ici, vous vous arrogez des
droits qui n'ont pas d'allure. Je vais juste vous le dire et je veux que ce
soit inscrit. Ça n'a pas d'allure. Vous avez en tête de
révoquer des permis à des gens qui, à l'heure actuelle,
opèrent. Vous vous donnez la discrétion de changer les
règles du jeu, par le projet de loi que vous adoptez, et d'intervenir
dans les règles du commerce. C'est ça que vous faites. Et
n'essayez pas de vous disculper. C'est ça que vous êtes en train
de faire.
M. Savoie: Je n'essaie pas de me disculper, d'aucune
façon. Je vous dis que...
M. Léonard: alors, pourquoi vous n'appliquez pas
simplement l'article 30 plutôt que d'aller jouer dans des dispositions
transitoires?
M. Savoie: c'est ça. on va émettre des permis
à des gens qui font de la contrebande, à notre connaissance. on
va arriver et on va dire: tiens, tu veux un permis?
M. Léonard: En même temps, vous appliquez l'article
30 et vous pouvez le faire.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Pourquoi vous vous donnez un autre article,
par des dispositions transitoires, pour faire ça?
M. Savoie: Non, c'est parce que le gars, il n'en a pas, de
permis. Comprenez donc. Le type qui fait de l'entreposage, actuellement, au
Québec...
M. Léonard: Vous changez les règles du jeu.
M. Savoie:... n'en a pas de permis. on crée le permis.
alors, on dit: à compter de tel jour, tu vas avoir besoin d'un permis.
viens nous voir et fais ta demande. si la personne est raisonnable...
M. Léonard: Je vois, au signe de doigt du ministre,
exactement l'attitude qu'il va avoir en appliquant cette loi-là.
M. Savoie: C'est ça. Bien, voyons donc! M.
Léonard: C'est exactement ça.
M. Savoie: Voyons donc! On n'est pas le Parti
québécois, nous autres...
M. Léonard: Non, sûrement pas, vous n'êtes pas
le Parti québécois. Ce n'est pas comme ça qu'on
agirait.
M. Savoie:... pour faire ça à du monde et dire:
Venez à nos écoles.
Le Président (M. Lemieux): C'est dans le sens de la
protection du public, M. le ministre.
M. Savoie: C'est absolument dans le sens non seulement de la
protection du public, mais de l'intégrité du permis. Une personne
qui obtient un permis va fonctionner avec son permis. On n'est pas pour
commencer à émettre des permis à n'importe qui.
M. Léonard: N'accusez pas les autres d'avoir des soutanes
parce que, là, vous en avez une vraie.
Le Président (M. Lemieux): s'il vous plaît.
M. Savoie: c'est tout simplement le gros bon sens. pensez-y deux
minutes: c'est le gros bon sens.
M. Léonard: Non. Je vous dis: Légalement, appliquez
l'article 30 si vous avez des soupçons et si vous voulez accuser
quelqu'un...
M. Savoie: Mais oui, mais ils n'en ont pas, de permis. C'est ce
qu'on fait, on applique l'article 30. Il n'y en a pas, de permis, sur le
marché. Actuellement, il y a des types qui font de l'entreposage, qui
n'ont pas de permis et qui n'ont aucun contrôle. Là, on arrive et
on dit: Ça prend un permis.
M. Léonard: M. le Président... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard:... ils ont admis, au cours d'un des articles
que nous venons d'adopter, que ça prenait parfois jusqu'à 360
jours pour monter une preuve et qu'ils avaient besoin de ces
délais-là. Et, donc, ici, à 60 jours et moins, ils
n'émettront pas un permis. Je pense que c'est ça, le
problème. Par deux dispositions... Qu'ils appliquent l'article 30, mais
pas, par ailleurs, venir, en plus, avec l'article 33 des dispositions
transitoires. Voyons donc!
M. Savoie: Ça ne fonctionne pas, votre affaire. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? Quand vous intervenez avec des
recommandations qui sont valables, je vous écoute et j'y vais. Mais, par
contre, là, on embarque dans une situation où il n'y en a pas, de
permis. Comprenez donc, il n'y en a pas, de permis, actuellement. Il y a des
types qui font de l'entreposage de produits et qui n'ont pas de permis. C'est
aussi simple que ça.
M. Léonard: Ils sont conformes à la loi
actuelle.
M. Savoie: Non, ils ne sont pas conformes à la loi
actuelle parce qu'ils font de la contrebande. Mais ils n'ont pas de permis.
M. Léonard: Donc, appliquez l'article 30
immédiatement.
M. Savoie: Bon, c'est ce qu'on dit. On dit: Ça te prend un
permis, viens. Et on applique l'article 30, c'est exactement ce qu'on fait.
Vous me dites: Appliquez l'article 30. C'est ce qu'on fait. On dit: Viens nous
voir, on va l'émettre, ton permis, on va t'en donner un permis. Remplis
le formulaire et on va t'émettre ton permis.
Maintenant, on n'est pas pour commencer à émettre des
permis à n'importe qui. Vous êtes d'accord avec moi,
là?
Le Président (M. Lemieux): m. le ministre, est-ce que
l'article 33 s'applique seulement à partir du moment où l'article
30 est appliqué?
M. Savoie: L'article 33 s'applique...
Le Président (M. Lemieux): On me fait signe que oui. C'est
le cas?
M. Savoie: L'article 33 va s'appliquer à la minute que tu
rencontres les conditions pour l'émission d'un permis.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. O.K.
(18 h 15)
M. Léonard: Bon, qu'ils appliquent 30 et non pas 33.
M. Savoie: C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce qu'ils font.
M. Savoie: C'est exactement ce qu'on fait, c'est qu'on va
appliquer 30.
Le Président (M. Lemieux): c'est ce qu'ils vont faire. ils
n'ont pas le choix. m. le directeur du contentieux, sous l'autorité de
m. le ministre, vous voulez ajouter quelque chose? oui.
M. Rochon: Tout ce que j'ai à ajouter, c'est que, s'il n'y
avait pas la disposition transitoire, en l'absence de disposition transitoire,
le jour où loi entre en vigueur, tout le monde est dans
l'illégalité.
M. Léonard: La?
M. Rochon: Tout le monde est dans l'illégalité.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
M. Rochon: II faut une disposition transitoire. On est dans une
mesure fiscale. Il faut qu'il y ait une période transitoire.
M. Léonard: Je ne parle pas de tout l'article 33. Je parle
de la fin de l'article 33: Le ministre peut refuser de le délivrer.
M. Savoie: Je sais exactement ce dont vous parlez et je sais
exactement ce que vous voulez dire et je comprends précisément
où vous vous en allez avec votre objection. Mais pensez-y deux minutes
et vous allez voir que ça ne peut pas tenir. Ça ne résiste
à aucune analyse. Là vous pensez à droits acquis, comme on
pense à une modification à un règlement de zonage. C'est
ça? Oui, oui, quand on utilise les mots "droits acquis", on pense
immédiatement...
M. Léonard: Vous ne me direz pas ce que je pense, je n'ai
pas dit un mot. Voyons donc!
M. Savoie: Je le sais. Quand ont dit les mots "droits acquis", on
pense immédiatement à un cas de règlement de zonage. On
les identifie à ces principes-là. Quand on parle de droits
acquis, c'est le cas classique. Ici, par contre, ce que vous avez, c'est des
gens qui se livrent à des activités, qui n'ont pas de permis,
d'aucune façon - parce qu'il n'y en avait pas, de permis émis
auparavant - et qui sont là et qui occupent tout simplement le
territoire. Alors, n'importe quel bouffon pourrait arriver et nous dire: Moi,
avant, je faisais de l'entreposage illégal au Québec et,
là, je veux mon permis parce que j'en faisais, de l'entreposage avant.
Alors, on va dire: Non, ça ne marche pas comme ça. Tu vas
rencontrer les conditions de l'article 30 et on va t'émettre un permis.
Le seul motif pour refuser le permis, c'est en vertu de l'article 30. Et si la
décision est de refuser pour des motifs que la personne considère
inexacts, il y a un appel dans les six jours et, là, s'il n'est pas
encore satisfait, il peut se rendre en Cour supérieure.
Le Président (M. Lemieux): M. Gaudry, sous
l'autorité de M. le ministre, vous vouliez ajouter quelque chose aux
paroles du ministre?
M. Gaudry: Oui, Hubert Gaudry. Je me dois
d'approuver ce que vient de dire M. Savoie. C'est ça que je
voulais dire, finalement. Je pense que ce qu'il faut signaler, c'est que, quand
on réfère, à 33 in fine, à la décision du
ministre de refuser...
M. Léonard: Refuser.
M. Gaudry:... c'est finalement un renvoi à l'article 30 de
la loi, à toutes fins utiles.
M. Savoie: C'est ça.
M. Gaudry: Parce que le pouvoir du ministre de refuser le permis,
il est à l'article 30. Alors, si ce qu'on considère, c'est que le
ministre devrait appliquer l'article 30, je pense que c'est ça qu'il va
faire. Il ne peut pas faire autre chose.
M. Léonard: II aurait pu mettre dans l'article même
qu'il se référait à 30. C'est ça que ça veut
dire.
M. Savoie: II le faut. On ne peut pas aller ailleurs.
M. Gaudry: Je pense que c'est forcément ça.
M. Savoie: On ne peut pas aller ailleurs. M. Léonard:
Surdivision.
Le Président (M. Lemieux): L'article 33 est donc
adopté sur division. J'appelle l'article 34.
M. Léonard: II y en un qui a des soutanes et d'autres,
c'est des sépulcres blanchis.
M. Savoie: Bien oui, bien oui. "Une infraction à la Loi
concernant la taxe sur les repas et l'hôtellerie commise avant le 1er
janvier 1991 est une infraction à une loi fiscale au sens du paragraphe
f. 1 de l'article 1 de la Loi concernant la taxe sur les carburants, tel que
modifié par l'article 1 de la présente loi. "
Alors, en raison de l'abrogation de la Loi concernant la taxe sur les
repas et l'hôtellerie, depuis le 1er janvier 1991 il est
nécessaire de pouvoir conserver les infractions à cette loi aux
fins de la définition d'infraction à une loi fiscale au sens du
paragraphe f. 1. C'est la même chose. C'est la personne qui devait
collecter la taxe pour nous, les 9 % de la loi sur les repas, notre mandataire,
et qui ne le faisait pas. Ça aussi, on va le chercher là-dessus.
Quelqu'un qui ramasse notre taxe et ne nous paie pas, c'est la même chose
que pour le tabac.
M. Léonard: Quelle date sommes-nous, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Le 28mai. M.
Léonard: Nous sommes le 28 mai 1991. Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Léonard: Et ce qui est écrit dans l'article,
c'est: "avant le 1 er janvier 1991 ".
M. Savoie: Oui. La loi est abrogée depuis le 1er janvier
1991.
M. Léonard: Oui. Ça veut dire des infractions
commises avant le 1 er janvier 1991.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Ce n'est pas rétroactif, ça, M.
le Président?
M. Savoie: Non, ce n'est pas rétroactif.
M. Léonard: Vous ne trouvez pas ça
rétroactif, vous?
M. Savoie: Non. Pensez-y deux minutes. On dit qu'une personne qui
a commis une infraction, par exemple, en vertu de la Loi sur les repas et
l'hôtellerie, bien, ça rentre dans la définition,
là, d'infraction à une loi fiscale. Mais il n'y a pas de
rétroactivité là-dedans, là. Lisez le texte.
Le Président (M. Lemieux): si je comprends bien, m. le
ministre, ce qui était une infraction avant le 1er janvier 1991 demeure
une infraction après le 1 er janvier 1991.
M. Savoie: C'est exactement ça. Sauf qu'à partir du
1er janvier 1991 la loi est abolie.
Le Président (M. Lemieux): Sauf qu'à partir du 1er
janvier... O. K. Je vous remercie, je comprends. Il n'y a pas de
rétroactivité.
M. Léonard: Ce qui se passe, finalement, c'est qu'on
revient en arrière sur cinq ans, on revient toujours à l'article
30 où on a introduit le point a) "au cours des cinq années qui
précèdent, a été déclaré coupable
d'une infraction à une loi fiscale", puis d'autres. C'est exactement
ça.
M. Savoie: Ça comprend la loi sur l'hôtellerie.
M. Léonard: C'est un projet de loi qui a des aspects
rétroactifs fondamentaux.
M. Savoie: II n'y a pas de rétro... Démontrez-moi
la rétroactivité là-dedans, là.
M. Léonard: Là, ça là,c'en
est un cas.
M. Savoie: Démontrez-moi la rétroactivité
là-dedans.
M. Léonard: L'article 30, c'est ça.
M. Savoie: L'article 30 n'est pas un article rétroactif,
là. On parle de l'article 34, là. Démontrez-moi la
rétroactivité de l'article 34. Montrez-moi-la. Elle est
où, la rétroactivité, là?
M. Léonard: L'article 30, c'est ça que ça
veut dire. SI le ministre veut l'adopter, il vivra avec.
Le Président (M. Lemieux): Alors, adopté, l'article
34? Adopté. Nous passons à l'article 35.
M. Léonard: Sur division, l'article 34.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 34 est
adopté sur division. Nous passons à l'article...
M. Savoie: Pourquoi sur division? Expliquez-moi pourquoi vous
adoptez ça sur division.
M. Léonard: On l'a adopté sur division. M.
Savoie: Pourquoi? M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, c'est le
privilège de M. le député de Labelle.
M. Savoie: Oui, oui, je comprends, c'est son privilège
là.
Le Président (M. Lemieux): Et il n'a pas à donner
de justification, M. le ministre.
M. Savoie: Mais je suis prêt à l'écouter s'il
a des motifs valables. Je suis prêt à l'écouter pour
l'article 34, là.
M. Léonard: Pour la même raison que l'article 1,
quand vous avez dit que vous élargissiez les cas pas de fraude, mais, en
tout cas, vous présumez que, parce que quelqu'un a commis une infraction
à une loi fiscale, par ailleurs, durant les cinq années
précédentes, vous sévissez maintenant. Donc, quelqu'un
qui, en 1986, a commis une infraction à une loi fiscale, vous le
rattrapez maintenant. C'est ça qui arrive.
M. Savoie: Oui, mais écoutez bien, là.
M. Léonard: c'est ça, le sens de votre projet de
loi. ça n'a pas d'allure. allez-y, vous adopterez bien les projets de
loi que vous voudrez...
M. Savoie: Ça n'a pas de bon sens, ce que vous dites, et
vous le savez. Ce qu'on dit là...
M. Léonard: Arrêtez donc de dire que ça n'a
pas de bon sens et puis expliquez-vous.
M. Savoie: Bien oui, mais je m'explique. C'est ce que je suis en
train de faire. Vous, vous me dites que, bon, là, on ajoute à
l'article 1 la loi sur la taxe sur les repas et l'hôtellerie. Bon,
à l'article 1, c'est vrai qu'on fait ça. Il est pas dans
l'article 1 parce que aujourd'hui la loi est abrogée. Ça va? Avec
la TPS, ça saute, bon. Ce qu'on dit, c'est que, si en 1989, par exemple,
vous nous avez fraudés en disant que vous avez ramassé la taxe
sur les repas et l'hôtellerie pour 900 000 $ et puis que vous ne nous
l'avez pas payée, bien, lorsque vous allez faire une demande de permis
pour dire au ministère du Revenu: Je veux être ton mandataire
encore, je veux ramasser la taxe pour toi, alors, nous, sachant fort bien qu'il
y a deux ans tu as ramassé 900 000 $ pour nous autres, puis que tu les
as empochés, que tu ne les as pas versés - c'est de l'argent, la
taxe que tu perçois pour le monde ça; pour nous autres, tu es un
mandataire - on irait dire: Oui, oui, tiens, le paquet, voici ton permis,
continue! On va dire: Non, attends une seconde, on va regarder ton dossier. Si,
par contre, l'infraction est pour 10 $, ah, bien, là, 10 $, il y a une
question de "raisonnabilité", il y a une question... Il y a des
protections pour le citoyen. C'est ça que je suis en train de vous dire.
Alors, ce n'est pas parce qu'on est de bonne foi qu'on doit être
naïf. Quelqu'un qui nous a plantés à plusieurs reprises
comme mandataire, avant de lui émettre un autre permis l'autorisant,
surtout dans le domaine du carburant et du tabac...
Le Président (M. Lemieux): C'est bon, c'est bon,
ça.
M. Savoie: ...à ramasser notre argent, on va lui poser une
question ou deux, au moins. Parce que le projet de loi ne dit pas qu'on doit
lui refuser le permis. Ce n'est pas ça que ça dit. Ça dit:
"peut". Alors, il y a de la place, là, il y a de la marge. Puis,
lorsqu'on dit "peut", tu tombes en plein dans l'article 2 de la Charte et la
Charte dit qu'il faut que ce soit raisonnable, il faut que ce soit
justifié.
Le Président (M. Lemieux): alors, l'article 34 est
adopté, donc, sur division. nous passons à l'article 35. est-ce
que l'article 35 est adopté?
M. Savoie: C'est ça. C'est ce qu'on disait tout à
l'heure, c'est que "la présente loi entrera en vigueur à la date
ou aux dates fixées par le gouvernement".
Le Président (M. Lemieux): L'article est-il
adopté?
M. Savoie: Quand les formulaires seront prêts.
Le Président (M. Lemieux): Adopté, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Surdivision.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Alors, l'article 35 est donc adopté sur division. Est-ce que le titre du
projet de loi 134, Loi modifiant la Loi concernant la taxe sur les carburants,
est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Le titre est donc...
M. Léonard: Ah, le titre.
Le Président (M. Lemieux): Le titre, oui.
M. Léonard: Ah, le titre.
Le Président (M. Lemieux): Le titre est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble du projet de loi 134, tel qu'amendé, et ayant comme titre Loi
modifiant la Loi concernant la taxe sur les carburants, est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Alors, nous allons reprendre nos travaux à 20 heures pour faire
l'étude du projet de loi 135 et nous "ajournons" nos travaux
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 27)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux pour l'étude du projet de loi 135
qui s'intitule comme suit: Loi modifiant la Loi concernant l'impôt sur le
tabac.
Projet de loi 135
M. Savoie: Alors, merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a une
déclaration d'ouverture, M. le ministre?
Déclarations d'ouverture M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Oui, M. le Président. Merci, M. le
Président. Alors, M. le Président, évidemment, dans le
cadre de la lutte contre la fraude au niveau du commerce du tabac, nous
présentons donc aujourd'hui la Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac. C'est une loi qui ressemble, à plusieurs
points de vue, à la loi qu'on a présentée cet
après-midi, la Loi modifiant la Loi concernant la taxe sur les
carburants et, effectivement, les dispositions qui y sont contenues ressemblent
en très grande partie, tant par leur approche que par leur contenu, aux
modifications qu'on a étudiées cet après-midi et la
semaine passée.
Le tabac représente pour le gouvernement québécois
des taxes de l'ordre d'environ 600 000 000 $. Il y a un montant qui nous
échappe à cause, évidemment, de la contrebande, du vol et
ce qu'on tâche de faire, c'est exercer et mettre une certaine pression
pour réduire ce volume assez impressionnant. Ça prend plusieurs
mesures. On pense, par exemple, aux déclarations que nous avons faites
dernièrement concernant l'identification des cigarettes. On pense
également aux mesures de coopération qu'on a établies avec
les États de la Nouvelle-Angleterre, avec l'Ontario et le
Nouveau-Brunswick, et on pense également aux efforts que font
actuellement les différents corps policiers au Québec pour,
justement, maintenir un contrôle sur les activités de
contrebande.
Alors, dans ce contexte-là, et, évidemment, avec un
certain accord du milieu de la production et des grossistes au niveau des
cigarettes, on présente aujourd'hui la loi qui, finalement, va donner un
peu de dents, qui va permettre, par exemple, à un inspecteur, à
un agent de police, lorsqu'il arrête un camion qui manifestement
transporte des cigarettes destinées pour le marché du
Nouveau-Brunswick et qui part de Montréal et qu'on le ramasse au
Lac-Saint-Jean, qu'il nous conte une histoire... Il va avoir beaucoup plus de
difficultés avec les dispositions de cette loi-là. Ça va
nous permettre d'exercer également un contrôle plus rigoureux sur
les entrepôts de cigarettes, surtout lorsque ces cigarettes-là ne
sont pas destinées pour vente, de par leur emballage, au Québec.
Ça va également créer, à cause des peines qui
comportent l'emprisonnement, un effet dissuasif assez important.
Vous savez qu'actuellement les fluctuations au niveau des coûts
des cigarettes varient énormément d'une province à
l'autre. Le Québec n'est ni le plus élevé, ni le moins
élevé; il se situe à peu près, plus ou moins, dans
la médiane. On peut penser, par exemple, que, compte tenu de la
légèreté d'un carton de cigarettes, compte tenu aussi du
fait qu'il y a beaucoup de taxes
sur un carton de cigarettes, il y aura un incitatif très
important pour les gens qui veulent s'embarquer au niveau de la contrebande.
Alors, ces mesures, qui s'avèrent nécessaires, ne devraient pas
du tout troubler l'occupation, ni le marché des cigarettes pour ceux et
celles qui opèrent d'une façon légitime, mais on
espère rendre la vie très difficile pour ceux qui se livrent
à des activités de contrebande.
J'imagine qu'au fur et à mesure qu'on avancera dans le projet de
loi on aura l'occasion de revenir sur la composition des différentes
taxes, les systèmes comparatifs, par exemple, avec les États-Unis
où n'il y a, à toutes fins pratiques, pas de taxes. Mais, compte
tenu aussi que les États-Unis offrent très peu de services au
public, à la population, au niveau des soins de santé en
particulier, cette situation, évidemment, ne doit pas nous guider et on
ne doit pas tenir en exemple le système américain indûment,
surtout lorsqu'on parle des taxes sur les cigarettes ou de la taxe sur les
biens. Alors, voilà, monsieur.
Le Président (M. Després): Merci, M. le ministre.
M. le député de Labelle, est-ce que vous avez des
commentaires?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Després): La parole est à
vous.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, nous avons, tout
à l'heure et la semaine dernière, étudié article
par article la loi qui concerne la perception de la taxe sur les carburants;
nous en venons maintenant au tabac. On sait qu'il y a eu une très forte
augmentation des taxes en ce qui concerne les tabacs au cours des
dernières années, l'an passé, cette année encore,
d'une part, du côté du Québec et, d'autre part, du
côté fédéral. Les deux ont taxé très
lourdement les fumeurs. Ça a l'air d'être une proie facile, dans
les circonstances actuelles, puisque ces gens-là ont
développé une accoutumance qu'ils ont beaucoup de
difficulté à réprimer. Donc, jusqu'à un certain
point, ils sont victimes de leur tabagisme, comme on dit, et cela amène
le gouvernement à intervenir assez souvent.
Il y a une forte montée des taxes et, dans le cas qui nous
occupe, la différence la plus grande est celle qui existe entre les
États-Unis et le Québec, possiblement d'autres pays, mais je
pense que c'est ça dont on parie surtout, le tabac américain.
Ça peut toucher aussi les autres provinces; dans certains cas
même, dans les autres provinces, les taxes sont plus
élevées. Au Canada, il y a beaucoup de taxes sur les tabacs.
Mais, avec les États-Unis, la différence est très grande,
elle est de plus en plus grande, et cela amène de la contrebande. Bon.
De la contrebande ou de la fraude, comme on dit, mais c'est typiquement ce
qu'on appelle de la contrebande puisqu'il s'agit de marchandises qui circulent
à travers une frontière alors que c'est un coût très
élevé.
J'ai compris, lorsque nous avons étudié le projet de loi
concernant la taxe sur les carburants, que la majeure partie de la contrebande
se faisait entre le Québec et l'international, je crois comprendre les
États-Unis. Ce n'est pas exclu que ce soit ailleurs, si je comprends
bien, mais c'est surtout avec les États-Unis qu'il y avait de la
contrebande en ce qui concerne les carburants. J'imagine donc que, compte tenu
des différences de coûts entre les États-Unis et le
Québec, la plus grande partie de la contrebande se fait avec les
Américains, du côté américain. On me corrigera si je
fais erreur, mais j'ai bien l'impression que c'est surtout ça dont il
s'agit. en ce qui concerne le commerce entre les états-unis ou les
provinces, maintenant, est-ce qu'il y a là aussi, comme ailleurs - on me
répondra, je suppose bien - des gens qui ne paient pas du tout la taxe
sur les tabacs? en d'autres termes, est-ce qu'il y a le même
phénomène qu'il y a sur les carburants où les
agents-percepteurs ne perçoivent rien ou ce qu'ils perçoivent,
ils le gardent? est-ce qu'il y a de ça aussi au québec? auquel
cas, je pense qu'on fait affaire plutôt aux fabricants ou aux producteurs
de tabac et aux distributeurs en gros. bref, j'imagine qu'on va nous expliquer
un peu comment fonctionne le système sur les échappatoires qu'il
y a en ce qui concerne la perception des tabacs.
Nous avons donc un problème, paraît-il, important. On en a
eu des échos, d'ailleurs, dans les journaux au cours de
l'été dernier, lors de la crise autochtone en ce qui concerne les
Warriors. Il était écrit dans les journaux - mot, je ne suis pas
là pour le prouver, je n'en sais rien, je rapporte ce qui se dit - qu'il
y aurait un fort trafic qui ferait qu'il y aurait des bénéfices
tirés de façon substantielle de ce trafic de cigarettes ou de
tabac, mais de cigarettes plus particulièrement, paraît-il. Alors,
je suppose qu'on va nous donner des explications si ce projet de loi est
amené à la suite de tels événements, en tout cas,
pour contrer de la contrebande qui se fait en particulier de cette
façon. Les échos qu'on a aussi, c'est que, dans la région
de Montréal, il y en aurait beaucoup qui transiterait de cette
façon. J'espère me tromper, si ce n'est pas le cas, qu'on me
corrige. Je voudrais bien l'être. alors, nous avons ce projet de loi, qui
était déjà amené pour les carburants, qui est
bâti de la même façon. regardez, il est bâti de la
même façon et je vais déplorer les mêmes choses que
j'ai déplorées dans l'autre cas. on instaure un système de
contrôle qui va être très lourd. la question qu'on peut
poser: est-ce qu'il s'agit, pour quelques contrebandiers, de toucher tout
le
monde et d'instaurer un système absolument épouvantable?
C'est toujours la question qu'on doit se poser quand on essaie d'implanter un
système de contrôle. Encore une fois, je rappellerai que les
systèmes de contrôle deviennent nécessaires quand il y a
des différences majeures pour des produits de même nature, mais
qui proviennent d'États différents, qu'il y a des taxes. À
ce moment-là, c'est ça qui incite à la contrebande.
Alors, la réaction du gouvernement, au lieu de s'interroger sur
d'autres systèmes ou d'autres sources de revenu, c'est d'appesantir ses
contrôles. Le ministère qui est tout désigné pour le
faire, en l'occurrence, c'est le ministère du Revenu. Donc, vous passez
à la casserole. Les gens du Revenu passent à la casserole, c'est
ce qu'ils font. Ce n'est peut-être pas agréable, mais c'est eux
qui ont la tâche d'aller percevoir les sous qui ont été
désignés à la vindicte du ministre des Finances dans son
discours du budget. Comme les fumeurs sont des proies faciles, entre
guillemets, bien, ils y goûtent à chaque fois. C'est ça qui
arrive.
Alors, le système de contrôle ressemble à l'autre.
On regarde le projet de loi: toute une série d'agents, de mandataires de
l'État, finalement, avec l'imposition d'aller chercher des certificats
d'enregistrement, des permis, etc. Et, après cela, l'imposition de faire
des rapports, de faire des déclarations et tout ce qu'on veut. Ça
ne facilitera pas les choses aux commerces. Peut-être qu'on veut
arrêter les gens de fumer. Ce n'est pas clair que c'est ça. Je
n'ai pas l'impression que c'est ça, l'objectif du projet de loi,
même si les pays occidentaux se sont déjà entendus à
l'effet de refréner de façon très substantielle le
tabagisme autour des années 1979-1980 pour l'abolir ou presque autour
des années 2000.
On voit qu'année après année, chaque pays augmente
ses taxes, passe différentes législations pour rendre la vie plus
difficile aux fumeurs, restreint les lieux où ils peuvent fumer: les
endroits publics, les avions, etc. Puis, quand on regarde tout ça,
l'ensemble de la législation comme de la réglementation vise
à refréner de plus en plus le tabagisme. On a
évoqué, évidemment, les coûts sociaux, plus que
sociaux, les coûts de santé surtout qui sont liés à
ça. Alors, donc, système très lourd, très pesant,
comme dans le cas des carburants. Là, j'ai hâte de voir
l'argumentation du ministre parce qu'il ne s'agit pas de grosses "vannes", de
gros "tankers", mais de camions de cigarettes qui se vendent aussi à
l'unité, mais qui peuvent se transporter aussi par gros paquets par gros
camions-remorques. Système de contrôle lourd, coûteux pour
ceux qui vont être dans ce commerce.
Autre chose que je vais relever tout de suite parce qu'on l'a vu,
ça s'est développé au cours de l'étude du projet de
loi sur les carburants, on a des espèces d'interactions entre
différentes lois qui font que quelqu'un est presque coupable par
association. Ce n'est pas le mot qu'il faut utiliser, mais, lorsqu'on remonte
quelques années en arrière, on voit qu'on touche des gens qui ont
commis une faute antérieurement, puis qui, tout à coup, se
trouvent pénalisés trois ou quatre ans après, alors qu'au
moment où ils l'ont fait, ce n'était pas perçu comme
ça, pas du tout. Moi, c'est drôle, je trouve ça difficile
à admettre qu'on puisse être touché ultérieurement
pour des fautes commises antérieurement. Tout à coup, on
s'aperçoit qu'une pénalité surgit par le fait d'une
loi.
On nous dit que c'est pour réprimer la fraude, lutter contre le
monde interlope. Moi, je veux bien qu'on prenne des mesures, mais la loi, elle
est faite pour tous les citoyens, puis tous les citoyens sont égaux tant
qu'ils n'ont pas été trouvés coupables. Je vois mal
comment tout ça va avec notre système. Je trouve qu'on va
très loin, très, très loin. Puis, en quelque sorte, il y a
un caractère rétroactif qu'on ne peut pas ne pas souligner dans
ces deux projets de loi qui donnent, d'ailleurs, beaucoup de discrétion
au ministre, beaucoup trop à mon sens, parce que, au fond, la question
devient: Comment va-t-il l'utiliser? On peut avoir un bon gars de temps en
temps, mais aussi, des fois, des méchants, des gens qui ne sont pas
très bien, puis, l'occasion aidant, le larron s'en sert. Alors, ce sont
des choses qu'il ne faut jamais minimiser dans le droit, puis qu'il faut
baliser, à mon sens, beaucoup. Les pénalités sont
augmentées, je vois bien. Mais, quoi qu'il en soit, on perçoit
une volonté d'intervenir massivement. Et, sous prétexte de lutter
contre le monde interlope, on va toucher pratiquement tous les citoyens. En
tout cas, je trouve que ça va très, très loin, M. le
Président. C'est pour ça que nous avons voté contre le
principe de ces projets de loi. Les dernières remarques que j'ai faites
s'appliquaient moins au moment où nous en avons discuté à
l'Assemblée nationale, mais l'aspect contraignant des contrôles
très lourds qui sont imposés, en tout cas, a été
mentionné à ce moment-là. Alors, voilà ce que
j'avais dire à titre de remarques d'introduction, M. le
Président.
Le Président (M. Després): Merci, M. le
député de Labelle. Les remarques préliminaires
étant maintenant terminées, j'appelle l'article 1. M. le
ministre.
Étude détaillée
Interprétation
M. Savoie: Alors, merci, M. le Président. L'article 1.
Alors, "l'article 2 de la Loi concernant l'impôt sur le tabac,
modifié par l'article 8 du chapitre 7 des Lois [... ] et par l'article
29 du chapitre 60 des Lois de 1990, est remplacé par le suivant:
"Dans la présente loi, à moins que le contexte n'indique
un sens différent, les expressions et les mots suivants signifient:
"agent-percepteur: toute personne, à l'exclusion d'un vendeur en
détail, qui vend, livre ou fait en sorte que soit livré du tabac
au Québec; "entreposeur: toute personne, à l'exception de celle
prévue par règlement et d'un transporteur, qui au Québec
emmagasine, entrepose, détient, garde ou conserve, à quelque fin
que ce soit, du tabac dont le paquet n'est pas identifié
conformément à l'article 13. 1; "établissement: tout
endroit au Québec où l'on fabrique, met en paquet, entrepose,
distribue, vend ou fait le commerce du tabac mais ne comprend pas un
distributeur automatique; "infraction à une loi fiscale: un infraction
à la présente loi, à la Loi concernant l'impôt sur
la vente en détail, à la Loi concernant la taxe sur les
carburants, à la Loi sur les impôts ou à la Loi sur le
ministère du Revenu; "importateur: toute personne qui apporte ou fait
apporter au Québec du tabac à des fins de vente ou de livraison;
"manufacturier: toute personne qui au Québec fabrique, produit,
mélange, prépare ou met en paquet du tabac destiné
à la vente; "ministère du Revenu: le ministère du Revenu
du Québec; "ministre: le ministre du Revenu; "opérateur de
distributeur automatique: toute personne qui vend en détail du tabac au
moyen d'un distributeur automatique; "paquet: un paquet, une cartouche et tout
autre contenant de tabac; "personne", bien, c'est la même
définition que dans la loi actuelle, M. le Président; "prix de
vente, tabac, tabac en vrac", ce n'est pas modifié par le présent
projet de loi; "transporteur: toute personne qui au Québec effectue le
transport ou la livraison de tabac destiné à la vente dont le
paquet n'est pas identifié conformément à l'article 13. 1;
"véhicule: tout bien mû, poussé ou tiré autrement
que par la force musculaire humaine, notamment un bateau, un aéronef,
une locomotive sur rail et un wagon; "vendeur" c'est la même chose;
"vendeur en détail", il y a une modification: "toute personne qui, au
Québec, effectue la vente en détail de tabac; "vendeur en gros",
même chose; "vente", même chose que la loi actuelle; "vente en
détail", une petite modification: "une vente faite à une personne
pour fins de consommation par elle-même ou par toute autre personne
à ses frais et non de revente".
Alors, vous avez là, M. le Président, les
définitions dont on va voir le fonctionnement à
l'intérieur de la loi; c'est la même chose que le carburant qu'on
vient juste de voir.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: L'agent-percepteur, c'est toute personne sauf
le détaillant.
M. Savoie: "À l'exclusion d'un vendeur en détail",
c'est ça.
M. Léonard: Ça veut dire que les droits sont
perçus lors de la fabrication, mais pas de la production du tabac.
M. Savoie: On parle du grossiste.
M. Léonard: Lors de la fabrication, en usine.
M. Savoie: C'est ça, le grossiste. M. Léonard:
Le grossiste.
M. Savoie: Et également le manufacturier,
évidemment.
M. Léonard: Quelle est la distinction entre les deux? Le
manufacturier n'agit pas comme grossiste nécessairement. Alors, quand il
y a les deux qui agissent, est-ce que vous intervenez aux deux niveaux?
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Chacun paye sa partie de taxe.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'un paye pour l'autre.
M. Léonard: ii y a une entente entre les compagnies
manufacturières, parce que, au québec, il n'y a pas beaucoup de
tabac.
M. Savoie: Je ne sais pas s'il y a des ententes, là.
M. Gingras: André Gingras, directeur des taxes au
ministère du Revenu. En fait, le mécanisme d'agent-percepteur,
c'est essentiellement le même que celui qu'on retrouvait en carburant,
c'est-à-dire que le premier niveau de vente en gros, c'est
généralement le manufacturier qui revend à un grossiste en
percevant un montant égal à la taxe de ce grossiste, à
moins que le grossiste soit sous entente avec le ministère du Revenu.
Cette entente-là permet au grossiste d'acheter du tabac sans payer la
taxe de ses fournisseurs. On a le même mécanisme en ce qui
concerne les importateurs à des fins de revente, c'est-à-dire que
les importateurs doivent percevoir la taxe ou le montant égal à
la taxe sur les ventes en gros qu'ils font. Et, finalement, celui qui a
payé un montant égal à la taxe, c'est-à-dire le
revendeur, quand il vend du tabac, perçoit la taxe et
récupère à même sa vente la
taxe déjà payée à son fournisseur. Autrement
dit, la taxe payée au premier niveau se répercute ou se
reflète au niveau du consommateur.
M. Léonard: En réalité, le plus simple,
c'est quand même de percevoir au premier niveau, parce qu'il doit
être moins nombreux. Vous ne devez pas... (20 h 30)
M. Gingras: Effectivement, en matière de tabac, on a 100
personnes qui perçoivent des droits au niveau autre que la vente en
détail et qui représentent 99 % des recettes.
M. Léonard: 100 entreprises ou personnes.
M. Gingras: 100 grossistes, revendeurs. C'est ça.
M. Léonard: Dans les 100, il s'est glissé de la
fraude?
M. Savoie: Non, ce n'est pas comme ça. On pourrait
peut-être faire venir M. Dufour.
M. Léonard: Oui, peut-être expliquer comment
ça se passe, pourquoi on est obligé de légiférer
davantage.
M. Savoie: oui, oui, c'est ça. on pourrait
peut-être, à ce moment-ci, si ça vous intéresse,
entendre m. dufour et m. gingras aussi qui pourraient certainement,
allègrement, nous expliquer la nature des opérations. je pense
que ça serait important de vous donner un peu le "background" parce que
c'est important de comprendre l'arrière-scène de ces
opérations-là, comment ça fonctionne - par exemple,
lorsqu'on fabrique un paquet de cigarettes, son emballage le destine,
évidemment, au marché sur lequel il sera vendu - et le
fonctionnement de tout ça.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que vous pourriez...
M. Dufour (Alain): Alain Dufour, directeur de l'observance
fiscale. La dimension du tabac au Québec, c'est avant tout
constitué de quelques manufacturiers qui frabriquent pratiquement toutes
les cigarettes pour consommation au Québec. Normalement, pour fins de
contrôle au niveau de la taxation québécoise, dans
l'identification des cigarettes, il y a du tabac qu'on identifie normalement
rouge, c'est-à-dire le tabac qu'on est autorisé à vendre
au Québec. Si le tabac du manufacturier est destiné pour une
autre province que le Québec, à ce moment-là, c'est du
tabac qu'on identifie noir. Si le tabac est destiné pour exportation,
c'est du tabac qui est identifié différemment et au niveau de
l'emballage du paquet de cigarettes et au niveau de l'emballage du carton de
cigarettes. Habituel- lement il est identifié "in bond". Le marquage est
différent sur le ruban du paquet de cigarettes.
Le problème qu'on a au niveau du contrôle des cigarettes...
C'est, évidemment, le manufacturier au départ, la structure avec
les grossistes, c'est l'opération qu'on pourrait dire légale
d'entente avec les grossistes pour distribution sur le marché
québécois. Où survient le problème, c'est lorsque
certains individus font des commandes d'exportation, soit dans une autre
province ou bien aux États-Unis. Ce qu'on a identifié, c'est que
régulièrement le tabac destiné aux États-Unis
revenait par deux ou trois endroits au Québec ou sur les
frontières de l'Ontario pour être distribué, soit au
détail chez les différents détaillants du Québec,
soit aussi dans les réserves indiennes. C'est à ce
moment-là qu'on perd l'ensemble du contrôle sur la vente du tabac
parce que les intervenants qu'on essayait de repérer...
Évidemment, la circulation étant libre au Québec, la
défense régulière, c'était de considérer que
le tabac était en transit pour une destination autre que celle du
Québec. Si on identifie le tabac noir au Québec à un
endroit donné où il peut être soit entreposé, on
nous dit: II est en transit pour livraison en Alberta ou il est en transit pour
livraison aux États-Unis, ce qui fait que le contrôle de
l'ensemble des intervenants va faire, à un moment donné, que seul
le tabac destiné à la vente au détail au Québec va
pouvoir être reven-. du.
M. Léonard: Le dispositif qui avait été
annoncé le printemps dernier de marquer les paquets de cigarettes par
des rubans beaucoup plus larges ou, en tout cas, de changer la nature de ce
ruban, pourquoi ça n'a pas fonctionné? Pourquoi on est
obligé d'amener un projet de loi?
M. Savoie: Ça fonctionne. Ça va entrer en marche
l'année prochaine, mais c'est une mesure parmi d'autres.
M. Dufour (Alain): Ce qui avait été constaté
au niveau des infractions qu'on avait soulevées au niveau des
détaillants... Evidemment, nul n'est censé ignorer la loi, sauf
que la visibilité de l'identification faisait que, évidemment, le
détaillant qui se voit offrir des paquets de cigarettes 10 % ou 15 %
moins cher que le marché de son grossiste disait: II est arrivé
un vendeur chez nous et, moi, j'ai l'achat au moindre coût et je
n'étais pas en mesure de savoir si c'était du tabac
autorisé pour vente au Québec. Le détaillant pouvait
facilement faire une défense de bonne foi en disant: L'identification
n'était pas suffisante pour me permettre de constater que c'était
du tabac destiné à la vente au détail au
Québec.
M. Léonard: Ou du tabac importé.
M. Dufour (Alain): C'est ça. C'est une question de
visibilité.
M. Léonard: Mais, là, on est au niveau du
détail. L'essentiel du commerce ne se fait pas chez les grossistes, je
suppose; vous en avez 100, donc vous le contrôlez.
M. Dufour (Alain): Ça c'est...
M. Léonard: Ça se fait au plan du détail
beaucoup plus.
M. Dufour (Alain): Mais ce qui est sûr, c'est que
l'essentiel de l'opération, c'est le manufacturier, grossiste, vente en
détail. Le problème survient lorsqu'un acheteur, qui se dit soit
ontarien ou américain, demande d'acheter des cigarettes au
Québec. Compte tenu que, quand même, la taxe est un montant
important sur l'achat, l'une des dimensions, c'est les ententes avec le
grossiste pour éviter que les grossistes financent la taxation, le temps
de percevoir de leur client; la même dimension est valable pour les
ventes aux États-Unis ou à une autre province. On ne veut pas que
la corporation qui veut faire affaire avec un manufacturier
québécois soit obligée de supporter temporairement une
taxe importante sur sa transaction alors qu'effectivement elle est exempte de
taxes au Québec si elle est destinée, disons, aux
États-Unis.
M. Léonard: L'agent-percepteur. Dans le cas de
l'importateur, on va le voir tout à l'heure, c'est lui qui devient
agent-percepteur.
M. Dufour (Alain): Oui. M. Léonard: En fait, il
cumule les deux... M. Dufour (Alain): Effectivement. M.
Léonard: ...automatiquement.
M. Dufour (Alain): L'agent-percepteur... La personne qui, au
Québec, vend du tabac doit s'assurer de faire affaire avec une personne
autorisée; sinon, elle devient responsable de percevoir un montant
égal à la taxe. La taxe, ce sera toujours une taxe payable par le
consommateur au détaillant. Tous les autres intervenants deviennent des
agents-percepteurs, c'est-à-dire des personnes qui sont responsables de
s'assurer que, si elles l'ont payée à un tiers qui est à
l'extérieur du Québec, c'est une personne autorisée par le
ministère; sinon, ils deviennent responsables d'un montant égal
à la taxe.
M. Léonard: Agent-percepteur, ça va. Le
Président (M. LeSage): Adopté?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. LeSage): Je pense qu'on peut les passer,
M. le député de Labelle, un après l'autre.
M. Léonard: Oui, paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. LeSage): Oui, oui, passez-les paragraphe
par paragraphe, mais on adoptera l'article dans son ensemble.
M. Léonard: O.K. "Entreposeur: toute personne, à
l'exception de celle prévue..." Votre détaillant, ça
devient un entreposeur?
M. Savoie: Le détaillant, ça devient... Non.
Ça peut être tout simplement une personne qui entrepose; il n'a
pas besoin d'être détaillant.
M. Léonard: Donc, c'est une définition plus large,
mais le détaillant en est un.
M. Savoie: Le détaillant peut être un entreposeur,
oui.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): L'établissement.
M. Léonard: L'établissement, c'est tous les
endroits où il y a du tabac, si je comprends, sauf les distributeurs
automatiques. Ça va.
Infraction à une loi fiscale.
M. Savoie: L'infraction à une loi fiscale, oui, c'est la
même disposition qu'on a vue au niveau de...
M. Léonard: Oui, mais, moi, j'ai les mêmes
réticences là-dessus. Pourquoi ici, dans l'infraction à
une loi fiscale, on ne revient pas avec l'amendement que vous avez
proposé à l'article 30 d).
M. Savoie: On va y revenir et on va proposer la même
modification.
M. Léonard: Oui, mais, quand on donne cette
définition, on donne une définition très large et qui ne
touche pas juste le rôle de mandataire de l'État.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: L'infraction à une loi fiscale,
ça s'entend de tout.
M. Savoie: Oui, bien, c'est-à-dire de toute loi fiscale
énumérée au niveau de l'article et j'imagine qu'à
la toute fin vous allez avoir une disposition pour les repas et
l'hôtellerie.
M. Léonard: Parce qu'il y a toujours les mêmes
objections à faire intervenir une infraction à une autre loi dans
une loi comme celle-là.
M. Savoie: C'est ça. C'est la même objection et
c'est la même argumentation aussi. L'argumentation étant que, oui,
il faut être de bonne foi, mais, non, il ne faut pas être
naïf. J'espère que vous comprenez, là. Ce qu'on voit
là, ce sont des lois qui prévoient, par exemple, qu'une personne
peut être chargée par l'État de la perception de certaines
taxes. Ce qui est visé, c'est surtout la personne qui, pour le compte du
gouvernement, pour la population du Québec, perçoit des taxes.
C'est ce qui est visé et je ne m'attends pas, ce n'est pas du tout
l'objectif visé, qu'une personne pourrait perdre ses opérations
financières - et, là, je pense à un grossiste ou à
un manufacturier - parce que le président de la compagnie a payé
ses impôts trois mois en retard.
M. Léonard: Oui, je sais, mais ce n'est pas ça qui
est dit, hein!
M. Savoie: Oui, c'est exactement ce qui est dit. Il faut savoir
lire.
M. Léonard: eh bien, "infraction à une loi fiscale:
une infraction à la présente loi, à la loi concernant
l'impôt sur la vente en détail... ", ce n'est pas
spécifié l'article où vous désignez un
mandataire.
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard: Alors, je le lis et c'est beaucoup plus large
que ce que vous dites.
M. Savoie: C'est ça. Sauf que, lorsqu'on lit un texte
juridique, on parle, quand même... Et c'est ça qu'il faut
comprendre: un texte juridique ne se lit jamais seul; il se lit avec tout ce
qui vient avec et ce qui vient avec, c'est l'article 2 de la Charte. Il faut
bien comprendre qu'un juge, notre système judiciaire ne permettrait pas
d'enlever un permis à un grossiste qui est dans le commerce depuis 25
ans et qui opère, parce qu'il a payé ses impôts trois mois
en retard ou parce qu'il n'a pas fait son rapport d'impôt l'année
précédente. Il faut qu'il y ait un lien là et le lien est
démontré parce que, ici, on parle de la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail, de la Loi concernant la taxe sur
les carburants, de la Loi sur les impôts - et, là, il y a des
dispositions spécifiques, on avait parlé de 1015, si ma
mémoire est fidèle - et de la Loi sur le ministère du
Revenu, on avait parlé des articles 23 et 24.
M. Léonard: Mais dites-moi alors en quoi la Loi sur les
impôts désigne un mandataire qui tomberait sous le coup de cette
définition "infraction à une loi fiscale". La Loi sur les
impôts, il n'y a pas de mandataire là-dedans; alors, votre
argumentation, à mon sens, est discutable parce que, dans la Loi sur les
impôts, il n'y a aucun mandataire de désigné et il n'y a
pas de fabricant de cigarettes ou de carburant.
M. Savoie: C'est ça. Écoutez là et vous...
C'est parce que vous affirmez ça, puis ce n'est pas vrai. Il y a' les
déductions à la source, par exemple.
M. Léonard: Ce n'est pas vrai? Je pose une question.
M. Savoie: Bien non! Mais c'est ça. Vous dites: II n'y a
aucune déduction dans la Loi sur les impôts. Il y en a, les
déductions à la source, par exemple, le 4 % qui est retenu par
l'employeur, il est là et Dieu sait qu'il y en a qui, finalement,
partent avec le pot. Il agit, dans ce sens-là, comme mandataire.
Ce qu'on vise, et on le répète, on vise des gens qui
exercent des fonctions semblables à celles qu'ils vont exercer en vertu
de la loi sur les tabacs. Je comprends, là, que vous posiez la question
là-dessus et vos inquiétudes sont partagées. Je pense que
j'ai démontré amplement qu'il y a cette crainte de voir une
bureaucratie lourde, sévère, omnipotente exercer, par le biais de
la loi sur le tabac, un pouvoir total sur 100 personnes; ça fait des
craintes, je veux bien. Maintenant, c'est un peu illusoire.
Ce que j'essaie de vous expliquer, c'est que ça manque de
réalisme. La réalité n'est pas celle-là. Ce que
vous présentez comme une crainte, on en a discuté; on l'a
examiné et j'ai essayé de vous démontrer que l'article de
la loi ne peut pas se lire seul; il faut le lire avec tout ce qui va avec, avec
tout le bagage qui est transporté. Si j'avais le moindre doute du
contraire, je bifferais cette définition, je ne tolérerais pas
cette disposition dans le contexte de la loi. Je pense que je l'ai
démontré, par exemple, au niveau de l'article d) et de l'article
f) de l'article 30 qu'on a étudié précédemment
où, effectivement, c'était trop "lousse" et, bang, on l'a
précisé et, au niveau de l'article f), on a dit que ce ne serait
exercé que par des sous-ministres ou des sous-ministres adjoints, point.
C'est un peu ça.
Mais, quand vous me dites infraction à une loi fiscale, je
comprends ce que vous me dites, puis, jusqu'à preuve du contraire, je
présume que vous êtes de bonne foi, qu'effectivement c'est un
souci qui est franc. Maintenant, comme je vous l'ai dit, la loi ne survivra
pas, par exemple, à l'utilisation d'une disposition concernant un gain
de capital vis-à-vis, par exemple, la notion de mandataire du
gouvernement et qu'on refuse un permis en ce sens-là. Ça ne
résiste pas à l'analyse. Tout le monde, à un moment
donné, est en
défaut avec la Loi sur les impôts, tout le monde, à
un moment donné, est en opposition. Au moment où je vous parie,
je le suis moi-même au niveau du REER des députés. C'est
une constante, ça, avec nous autres. Alors, c'est normal. Il ne faut pas
voir des monstres où il n'y en a pas. Il faut les voir où ils
sont. (20 h 45)
Ici, ce que je tâché de vous expliquer, c'est vrai que,
pour les dispositions au niveau de la Loi sur lès impôts, le
morceau peut paraître gros, mais, lorsque vous connaissez le domaine, que
vous naviguez dans le domaine et que vous comprenez ce qui se passe, bien, vous
réalisez que, évidemment, ça vise les déductions
à la source, ça vise toutes les fonctions où,
effectivement, on doit percevoir le montant pour le compte de l'État. On
fonctionne sous un système de contribution volontaire. Nos rapports
d'impôt, c'est une déclaration volontaire. On dit combien on gagne
et on dit combien on devrait payer d'impôt et on envoie notre
chèque en même temps. C'est extraordinaire comme système.
Puis, en plus de ça, au niveau des taxes, ce n'est pas le gouvernement
qui ramasse l'argent. C'est le commerçant et, lorsqu'il perçoit
l'argent, bien, avec la TPS, la TVQ, ça fait des montants
considérables, hein? C'est 15 % de son chiffre d'affaires tous les jours
qu'il "collectionne" pour le compte de l'État et, en plus de ça,
il a le 4 % de ses employés, etc.
Imaginez le montant que ça peut représenter pour un
Canadian Tire, par exemple, qu'il "collectionne" tous les jours pour le compte
du gouvernement et il nous transfère l'argent sur une base
régulière, constante. C'est notre système. On ne vit pas
dans une dictature, on ne vit pas dans une ploutocratie, ni dans une
aristocratie. C'est une démocratie. Tout le monde y participe et tout le
monde collecte. Alors, ceux qui nous bavent, dans le sens de ceux qui prennent
l'argent et qui se sauvent, bien, lorsqu'on va parler de ramasser la taxe sur
les tabacs, on va y regarder deux fois.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Dans la loi qui est ici, l'impôt sur la
vente en détail comprend la TPS.
M. Savoie: La taxe sur le tabac ne comprend pas la TPS. La TPS,
c'est une loi fédérale.
M. Léonard: Non, mais, dans la notion d'infraction
à une loi fiscale qu'il y a ici, si le...
M. Savoie: Non. Ça, c'est la loi fédérale.
La TPS, c'est une loi fédérale.
M. Léonard: Oui, mais comme vous êtes mandataire
vous-même de la loi fédérale...
M. Savoie: Ça n'a rien à faire. On ne
"collectionne" pas en faveur de...
M. Léonard: Celle-là, vous ne l'incluez pas.
M. Savoie: Bien non. On ne marque pas des lois
fédérales là-dedans.
M. Léonard: Moi, je continue à trouver très
bizarre qu'on fasse une agglomérat de toutes ces lois et que toutes les
pénalités interviennent pour en ajouter d'autres. Je pense que
c'est du droit nouveau. Je n'ai pas vu ça très souvent. Je ne
sais pas si vous avez beaucoup d'autres lois qui sont comme ça.
Ça me paraît très gros. Je Je manifeste à
nouveau.
M. Savoie: Bien, je ne sais pas pourquoi vous trouvez ça
très gros. Si vous prenez cette attitude-là, je peux vous montrer
des lois qui sont aussi fortes, aussi puissantes, qui existent et qui
fonctionnent depuis fort longtemps. Je pense, par exemple, à l'article
14 de la Loi sur le ministère du Revenu. Une affaire absolument
incroyable. " vous ne pouvez liquider aucun bien de votre entreprise sans avoir
l'autorisation du ministère du Revenu lors d'un "shutdown". C'est
incroyable. Il y a un contrôle où, finalement, avant de liquider
vos biens, de faire une distribution de vos biens, vous devez prendre
communication avec le ministère du Revenu et nous autres, on va
vérifier dans toutes les lois pour voir si tout est correct, si tu as
payé toutes tes taxes partout et on va t'émettre un certificat
qui va te permettre de fonctionner ainsi. C'est incroyable. C'est en place et
ça fonctionne.
M. Léonard: Ça, c'est la loi créant le
ministère, avec ses pouvoirs généraux et puis les
sanctions sont à l'intérieur même de la Loi sur le
ministère du Revenu. Là, vous en avez combien
d'énumérées? Une, deux, trois, quatre.
M. Savoie: Mais ça, c'est en vertu de toutes les lois
fiscales.
M. Léonard: En dehors...
M. Savoie: Ce dont je vous parie au niveau de l'article 14, c'est
toutes les lois fiscales, toutes. Pas les quatre ou cinq qui sont ici, toutes.
Il y a des dispositions... Il faut comprendre que vous êtes dans un
mécanisme qui est hautement scientifique, qui est très
précis et qui sait exactement où il s'en va. Dans ce
sens-là, c'est pour ça que je vous dis que, lorsque vous
mentionnez, par exemple, au niveau juridique, la différence entre
sciemment, par exemple, vous avez soulevé ça, le mot
"raisonnable", vous avez soulevé ça, il ne s'agit pas là
de...
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Adopté sur division.
Le Président (M. LeSage): L'ensemble de l'article 2, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Non, non. "Importateur: toute personne qui
apporte ou fait apporter au Québec du tabac à des fins de vente
ou de livraison. " Ça comprend les cigarettes importées des
États-Unis, d'Europe, d'Amérique du Sud, des autres provinces
canadiennes?
M. Gingras: André Gingras. Les cigares de Cuba.
M. Léonard: Ah, oui, oui. O. K. Alors, un importateur. On
importe des autres provinces là. "Manufacturier", bon, ça va,
c'est le sens ordinaire. "Ministère du Revenu, ministre". Pourquoi
faites-vous une telle distinction entre un opérateur de distributeur
automatique et un détaillant?
M. Savoie: Un opérateur de distributeur automatique, c'est
une personne qui...
M. Léonard: Oui, mais c'est un détaillant.
M. Savoie: Par le biais des machines. Il va y avoir des
dispositions spécifiques pour eux. Vous allez le voir au sein de la
loi.
M. Léonard: Oui, mais, en tout cas, on pourra en discuter
au moment où on y arrivera, mais c'est parce qu'on nous donne une
définition très distincte. En fait, c'est un détaillant.
Pourquoi ce n'est pas un détaillant?
M. Savoie: c'est un détaillant aussi. c'est marqué:
"toute personne qui vend en détail du tabac au moyen d'un distributeur
automatique". c'est parce qu'il y a des dispositions spécifiques pour
eux.
M. Léonard: Ça ne répond pas à ma
question. Pourquoi en fait-on un cas particulier? À mon sens, c'est un
détaillant comme tout le monde.
M. Savoie: C'est parce que c'est la machine qui vend. Ce n'est
pas le vendeur.
M. Léonard: Oui, je le sais bien, mais c'est lui qui
opère la machine, qui l'a louée...
M. Savoie: Oui, mais il n'est pas là quand la vente a
lieu. Vous allez le voir dans le projet de loi: ce n'est pas un vendeur au
détail, c'est un opérateur de distributeur, et le vendeur au
détail, c'est la machine. Tu mets l'argent dans la machine et il n'est
pas là. tu vas voir qu'au niveau légal ça implique des
nuances parce qu'il n'est pas présent lors de la vente, de la
transaction. il est absent.
M. Léonard: Ça va. "Personne". Alors, il y a une
définition particulière pour le ministère, dans cette
loi-là, d'une personne.
M. Savoie: C'était dans l'ancienne loi. Ça existait
dépuis... Parce qu'on parlait des personnes morales et des personnes
physiques. Ça peut être...
M. Léonard: Oui. Quand on dit "personne" dans une loi,
c'est personne physique et personne morale.
M. Savoie: Quand on dit "personne" dans une loi, ça
dépend de ce que la définition nous donne.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: ça va. "prix de vente ou prix
d'achat". là, on n'est pas obligé de donner spécifiquement
le montant des taxes qui sont perçues.
M. Savoie: Oùça?
M. Léonard: Dans "prix de vente ou prix d'achat".
M. Savoie: le prix de vente ne fait pas l'objet de discussion
dans ce projet de loi. il n'est ni modifié ni... il est là, c'est
tout. il n'y a pas de modification.
M. Léonard: On ne donne pas le montant de la taxe?
M. Savoie: Pardon?
M. Léonard: Ce serait peut-être un peu gênant
de donner le montant de la taxe dans le prix de vente.
M. Savoie: Non, non, du tout. Ça ne me gêne pas
pantoute.
M. Léonard: C'est quoi, 4, 20 $ le paquet, le montant des
taxes?
M. Savoie: À peu près, oui. C'est
considérable. C'est à peu près 70 % du prix de vente.
C'est moins pire qu'en Angleterre, par exemple, où un paquet de
cigarettes se vend 9 $. Je pense qu'en Suède il se vend 11 $ et ainsi de
suite. Aux États-Unis, il se vend 1, 25 $.
Le Président (M. LeSage): Çava, M.le
député de Labelle?
M. Léonard: La Suède, c'est loin d'ici, les
États-Unis sont à côté. Alors, "le tabac sous
quelque forme qu'il soit consommé, y compris le tabac à priser".
Ça existe encore, paraît-il, je n'ai jamais vu ça. C'est un
volume significatif, le tabac à priser? Est-ce qu'il y a quelqu'un ici
qui a essayé ça? Il y a le ministre, bien sûr.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle? Tabac brut en feuilles."
M. Léonard: Oui. 'Tabac brut en feuilles". Ça,
c'est la même définition.
Le Président (M. LeSage): Le "tabac en vrac".
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Transporteur".
M. Léonard: Article 13.1, je vais aller voir ça.
Ça va.
Le Président (M. LeSage): "Véhicule".
M. Léonard: O.K. Ça va.
Le Président (M. LeSage): "Vendeur".
M. Léonard: Là, c'est tout vendeur. En fait, tout
le monde est vendeur à partir du début. Le fermier qui produit le
tabac, c'est un vendeur aussi. C'est juste le grossiste?
Une voix: Le vendeur en gros.
M. Léonard: Ton fermier, il vend en gros. Ton producteur
de tabac - il y en a quelques-uns, au Québec, qui restent - c'est un
vendeur en gros. Est-ce que le mot "vendeur" inclut "producteur"?
M. Savoie: Je voudrais que ce soit clair: le mot "vendeur* ne
fait pas l'objet d'une modification dans la présente loi. Je ne sais pas
pourquoi on parle de ça. Ça ne fait pas l'objet de la loi qui est
sous étude.
Le Président (M. LeSage): Je comprends, M. le ministre,
mais ce que le député de Labelle demande: Est-ce que...
M. Léonard: Vous l'avez réécrit au complet?
M. Savoie: Non.
Le Président (M. LeSage): Non, non, il existait, M. le
député de Labelle. Mais la question qui est demandée, M.
le ministre...
M. Savoie: II existait, il est déjà en vigueur, il
est en force.
M. Léonard: L'article est réécrit au
complet, je veux dire. Alors, on l'adopte au complet.
M. Savoie: Oui. Simplement pour votre compréhension.
M. Léonard: Mais je vous pose la question: Le
producteur...
M. Savoie: C'est dans les zones grises qu'il y a des
modifications, c'est tout.
Le Président (M. LeSage): La question, M. le ministre:
Est-ce que le producteur est un vendeur?
M. Savoie: Le vendeur, c'est "le vendeur en gros de même
que le vendeur en détail", au sens de la loi.
M. Léonard: Un producteur, c'est un vendeur en gros.
M. Savoie: Ça pourrait être un vendeur en gros.
Mais, là, il serait vendeur de tabac et non pas de cigarettes.
M. Léonard: C'est un vendeur de tabac en vrac. C'est un
vendeur de feuilles de tabac, de tabac brut en feuilles. Donc, un producteur,
c'est un vendeur de tabac brut en feuilles.
M. Savoie: Vous avez répondu à votre question.
M. Léonard: Bien. J'ai pu vous éclairer, vous avez
compris.
M. Savoie: Bien, oui. C'est le "fun" se poser des questions et se
donner soi-même ses réponses.
M. Léonard: "Vendeur en détail".
Le Président (M. LeSage): "Vendeur en détail".
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): "Vendeur en gros".
M. Léonard: Bien, c'est celui-là, le vendeur en
gros. "Vente", le contrat de vente. Ça va.
Le Président (M. LeSage): "Vente: le contrat ordinaire de
vente..."
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. LeSage): "Vente en détail",
ça va?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'ensemble de
l'article est adopté? (21 heures)
M. Léonard: Sur division.
Certificats d'enregistrement et permis
Le Président (M. LeSage): Alors, j'appelle l'article 2. M.
ie ministre.
M. Savoie: Oui. L'article 2 modifie le précédent;
alors, c'est relativement facile. On change le mot "personne" par "nul" et, au
lieu du mot "émis", on introduit le mot "délivré", "en ce
moment" devient "à ce moment" et on ajoute: Tout manufacturier,
importateur, transporteur ou entreposeur a la même obligation".
Alors, le texte se lit maintenant: "Nul ne peut vendre ou livrer du
tabac au Québec à moins qu'un certificat d'enregistrement ne lui
ait été délivré en vertu de la présente loi
et ne soit en vigueur à ce moment. "Tout manufacturier, importateur,
transporteur ou entreposeur a la même obligation."
Alors, pour manufacturer, importer, transporter ou entreposer du tabac,
ça prend maintenant le certificat d'enregistrement, ce qui était
dans la loi aussi auparavant, comme quoi on ne pouvait ni vendre, ni livrer du
tabac au Québec à moins d'un certificat d'enregistrement.
Il y a un amendement, me dit-on; un amendement au texte anglais, je
suppose.
M. Léonard: C'est un peu plus tard, c'est dans 7.8. C'est
beaucoup plus loin.
M. Savoie: Alors, au niveau de l'article 2 du texte anglais...
"C'est-u" ça?
M. Léonard: Oui, mais c'est dans l'article 7.8...
M. Savoie: 7.8.
M. Léonard: ...à l'intérieur de l'article
2.
M. Savoie: Donc, qui n'est pas abordé ici.
M. Léonard: C'est très loin.
M. Savoie: Oui, oui.
Une voix: C'est beau.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Sur l'article 3?
Le Président (M. LeSage): Oui. M. Léonard:
C'est ça dont on parle.
Le Président (M. LeSage): Le paragraphe 3 de l'article 2
ou le sous-article 3 de l'article 2.
M. Léonard: attendez un peu. "cette loi est
modifiée par le remplacement de la section ii par la suivante" et,
là, on introduit toute une nouvelle section.
Le Président (M. LeSage): C'est ça.
M. Léonard: Donc, on va adopter la nouvelle section
article par article.
Le Président (M. LeSage): Exactement.
M. Léonard: C'est ça. Alors, l'article 3, ça
va.
Le Président (M. LeSage): Adopté. J'appelle donc
l'article 4. M. le ministre.
M. Savoie: L'ancien article 4 disait: "La demande pour
l'obtention de ce certificat d'enregistrement doit être transmise au
ministre". Ici, on dit, aujourd'hui: "Une personne doit, pour obtenir un
certificat d'enregistrement, "a) en faire la demande au ministre au moyen du
formulaire prescrit par ce dernier et fournir les renseignements prescrits par
règlement; "b) joindre à sa demande, en utilisant le formulaire
prescrit par le ministre à cet effet, une déclaration contenant
l'adresse de chacun des établissements qu'elle entend exploiter ou faire
en sorte qu'ils soient exploités par un tiers et fournir tout autre
renseignement prescrit par règlement; "c) fournir, le cas
échéant, le cautionnement que peut exiger le ministre en vertu
des articles 7.7 ou 7.8; "d) remplir les autres conditions et fournir les
autres documents déterminés par la présente loi ou les
règlements."
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: C'est une section complètement
nouvelle, qui est beaucoup plus détaillée que celle qu'il y avait
avant; c'est la même chose que dans le cas des carburants.
M. Savoie: C'est...
M. Léonard: À peu près la même chose,
à peu de chose près.
M. Savoie: Oui. Finalement, si vous regardez l'article 4 de
l'ancienne loi, c'est à peu près la
même chose, sauf en version moderne.
M. Léonard: Pas de l'ancienne loi, il y avait deux lignes,
même pas, une ligne et demie.
M. Savoie: C'est ça. Mais c'est la différence entre
l'ancienne méthode et la méthode moderne. Aujourd'hui, on parle
pour ne rien dire.
M. Léonard: Non. Je pense qu'il faut quand même
dire, M. le Président, que, dans l'article 4, on avait: "La demande pour
l'obtention de ce certificat d'enregistrement doit être transmise au
ministre". Là, il y a un paquet de choses qui sont jointes à la
demande d'un certificat d'enregistrement, toute une série de
renseignements. Quand on parie de la lourdeur du processus de contrôle,
on voit tout de suite que, là, ça s'instaure.
Alors, compte tenu de ces remarques, M. le Président, le
paragraphe a), ça va. Avec la remarque générale sur le
projet de loi, nous avons des objections, mais, sur le plan pratique, je vols
comment ça fonctionne. Alors, ça va, on passe à autre
chose: b), c) et d).
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 4 est
adopté, si je comprends bien, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 5. M.
le ministre.
M. Savoie: Merci, M. le Président. Alors, l'article 5,
c'est: "Le certificat d'enregistrement doit être délivré
par le ministre ou par toute autre personne qu'il autorise. Il doit être
affiché à la principale place d'affaires de son titulaire au
Québec et est incessible".
C'est exactement, je crois, les mêmes dispositions que dans la loi
sur les carburants et ça ressemble beaucoup au texte de l'ancien article
5: "et ne peut être transféré", dans l'article 5
d'autrefois. C'est intéressant.
M. Léonard: Oui. Il "est incessible." M. Savoie:
C'est ça.
M. Léonard: À chaque fois, il faut le renouveler.
Quand quelqu'un achète un commerce, qu'il y a un transfert de fonds de
commerce...
M. Savoie: C'est ça. On veut savoir avec qui on fait
affaire...
M. Léonard: ...ça doit être
renouvelé.
M. Savoie: ...à qui on autorise le privilège
d'être mandataire pour le gouvernement du Québec.
M. Léonard: Le privilège?
M. Savoie: Le privilège. C'est un vote de confiance.
M. Léonard: J'ai l'impression qu'on n'a pas les
mêmes notions parce que, moi, je pensais que la liberté de
commerce, c'était une liberté qui allait de soi, que
l'État faisait juste réglementer, mais que c'était une
liberté qui était acquise pour les citoyens. En termes de
philosophie libérale, j'ai ai une plus solide que la vôtre.
M. Savoie: C'est un privilège, aujourd'hui...
M. Léonard: Faire commerce, c'est un privilège?
M. Savoie: Non, pas de faire commerce, mais d'être
mandataire du ministère du Revenu.
M. Léonard: C'est une lourde charge que tout le monde
voudrait n'avoir pas à exercer. C'est plutôt ça.
M. Savoie: Ça fait preuve
cTévergétisme".
M. Léonard: Oui. Mais on n'a pas la philosophie
très profonde.
Le Président (M. LeSage): Ça va, l'article 5, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 5.1. M.
le ministre.
M. Savoie: "Le titulaire d'un certificat d'enregistrement doit,
avant de commencer l'exploitation d'un établissement non
mentionné à la déclaration produite en vertu de l'article
4, en informer le ministre par courrier recommandé ou certifié.
"Il doit également informer immédiatement le ministre de tout
changement ayant pour effet de rendre inexacts ou incomplets les renseignements
fournis en vertu de l'article 4 ou du présent article. "Dans le cas de
l'acquisition d'un établissement, le cessionnaire doit fournir au
ministre son nom et son adresse, l'adresse de l'établissement ainsi que
le nom et l'adresse du cédant. Dans le cas de la cession d'un
établissement, le cédant doit fournir au ministre son nom et son
adresse, l'adresse de l'établissement ainsi que le nom et l'adresse du
cessionnaire."
Alors, ce sont exactement les mêmes dispositions que dans la loi
sur les carburants, qui a fait l'objet de discussions fort enrichissantes.
Le Président (M. LeSage): M. le député
de
Labelle.
M. Léonard: alors, là, il n'y a plus rien qui peut
bouger tant que le ministre n'a pas été informé et tant
qu'il n'a pas répondu oui. c'est à peu près ça.
Le Président (M. LeSage): Alors, si je comprends bien,
l'article 5. 1 est adopté.
M. Savoie: Sur division?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. LeSage): Sur division?
M. Léonard: Je pense que c'est la lourdeur du processus,
encore une fois, parce qu'il n'y a même pas de délai. Les gens qui
peuvent faire un transfert facilement, là... Quelqu'un qui vend, une
journée, et qui fait une transaction rapide doit attendre, pour vraiment
continuer à vendre des cigarettes, que le ministre ait dit oui. C'est
ça que ça va vouloir dire.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il doit, dans un délai
raisonnable, nous aviser de la vente. C'est ça que ça veut
dire.
M. Léonard: "Doit, avant de commencer l'exploitation d'un
établissement non mentionné...
M. Savoie: C'est ça.
M. Léonard:... en informer le ministre. " Non, mais par le
fait que, dans l'article 5, vous avez dit que c'était incessible...
M. Savoie: Oui.
M. Léonard:... en réalité,
l'acquéreur ne peut pas commencer tant qu'il n'a pas son permis.
M. Savoie: C'est ça. Il ne peut pas fonctionner... . M.
Léonard: Quel délai vous lui donnez? M. Savoie:... sur
l'ancien permis.
M. Léonard: oui, mais si vous avez une transaction, tant
que la transaction n'est pas farte, vous ne pouvez pas vendre du tabac, des
paquets de cigarettes.
M. Savoie: C'est ça. C'est un mécanisme qui est
beaucoup moins compliqué...
M. Léonard: Est-ce que c'est la même chose que
dans...
M. Savoie:... que vous ne l'entendez.
Normalement, quand on fait une vente de fonds de commerce, par exemple,
au fur et à mesure que la vente avance et avant la signature de l'acte
final, les demandes pour les certificats et les autorisations, tout ça,
sont toutes faites. Et ça s'émet très rapidement. Il ne
faut pas y voir une affaire abracadabrante. Ce n'est pas un mariage,
là.
M. Léonard: Dans quel délai vous répondez,
au ministère?
M. Savoie: À une demande de certificat d'enregistrement,
là?
M. Léonard: Oui, dans le cas d'une cession comme
ça, c'est quoi, le délai?
M. Savoie: M. Gingras, dans combien de temps peut-on
émettre un certificat d'enregistrement?
M. Gingras: Ça peut être dans la journée
même de la demande.
M. Savoie: J'ai visité des bureaux - où la
dernière fois, donc? - le centre Champlain, à la basse ville, ici
à Québec. Bang, il y avait un bureau, tu faisais la demande et tu
étais enregistré tout de suite, sur ordinateur. Alors, vous voyez
là que vos craintes...
M. Léonard: c'est là où il y a un bureau.
M. Savoie: Oui, mais il y a quand même, quoi? 15 bureaux au
Québec. Il s'agit d'appeler.
M. Léonard: Mais alors qu'est-ce qui fait que, à un
moment donné, vous refusez le certificat d'enregistrement? Parce que,
moi, je vois venir le dernier article du projet de loi où vous refusez,
là. Alors, si vous émettez ça la journée
même, vous n'avez pas le temps de faire enquête, vous n'avez pas le
temps...
M. Savoie: C'est le permis. On peut émettre le permis
aussi, puis demander les informations, puis ensuite le révoquer, le
permis. Ce n'est pas ça, l'affaire.
M. Léonard: Bien, vous avez dit que ça, ce
n'était pas possible. Ça prenait l'article... Dans le cas ici, je
pense que c'est 30. Je ne me rappelle plus quel article, mais c'était 33
ou 34 dans l'autre cas.
M. Savoie: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Léonard: Donc, vous ne pouviez pas, au cas
où...
M. Savoie: Je n'ai jamais dit ça.
Le Président (M. LeSage): Vous voulez répondre
à la question, monsieur.
M. Savoie: Me Gaudry va clarifier l'article 5, pour
éliminer...
M. Gaudry: Hubert Gaudry, directeur de la rédaction des
lois. Simplement pour apporter un élément d'information, je
voudrais signaler que, dans le cas de l'article 5. 1, le titulaire d'un
certificat d'enregistrement va devoir informer le ministre, par courrier
recommandé ou certifié, dans le cas où il veut commencer
l'exploitation d'un établissement qui n'était pas
déjà mentionné dans la déclaration qu'il devait
produire pour l'obtention de son certificat. Alors, on peut voir qu'il
s'agirait ici, par exemple, d'une personne qui exploite déjà des
établissements et qui a l'intention d'ouvrir un nouvel
établissement. Alors, il aura la possibilité de commencer
à exploiter son établissement, mais pourvu qu'il en informe le
ministre par courrier recommandé. alors, dès lors qu'il a
satisfait à cette obligation-là, il a la possibilité de
commencer à exploiter son établissement. en tout cas, il nous
apparaît que c'est une exigence raisonnable que le ministre puisse
être informé du fait qu'un titulaire de certificat va exploiter un
nouvel établissement, puisqu'il faut que le ministère puisse
exercer un certain suivi sur les affaires du titulaire.
M. Léonard: Dans le cas où quelqu'un s'ouvre un
dépanneur, ça arrive tous les jours, là, il est
obligé d'avoir tous ses permis avant de commencer. Ça, c'est
long? Est-ce que il y a des exigences particulières?
M. Gaudry: Toujours Hubert Gaudry, là. Dans le cas
où la personne - je ne sais pas si c'est l'objet de votre question -
doit acquérir, devenir titulaire d'un certificat...
M. Léonard: Ou, disons, l'organise, ouvre un
dépanneur, il s'en est ouvert des tas depuis quelques
années...
M. Gaudry: II s'agirait d'une personne qui serait
déjà titulaire d'un certificat?
M. Léonard: Non, de rien, il commence.
M. Gaudry: Si ce n'est pas une personne qui est titulaire d'un
certificat, à ce moment-là, le cas va être couvert par
l'article 4.
M. Léonard: Alors, c'est un nouveau, O. K.
M. Gaudry: À ce moment-là, elle a la
possibilité de mentionner l'adresse de chacun de ses
établissements dans sa demande de certificat.
M. Léonard: Donc, en partant. Dans le cas des transferts
de fonds de commerce, on a connu, dans le temps, il y a quelques années,
des périodes très longues d'attente pour ceux qui
transféraient des permis de vente d'alcool, par exemple. On avait des
échos régulièrement que ça prenait trois mois, que
ça prenait six mois. Pour des transactions pour vente d'hôtel ou
vente de tous les établissements de cette nature, ça prenait une
longueur épouvantable. Tout était suspendu.
Ce n'est pas votre ministère qui était en cause
là-dedans; c'était la Régie des permis d'alcool dans le
temps. Ça, ce n'est pas du tout de même nature. Les exigences ne
sont pas aussi lourdes, ça se fait beaucoup plus rapidement.
M. Gaudry: Hubert Gaudry toujours. Alors, je crois que non, parce
que, si on regarde bien l'article 5. 1, on voit que l'obligation qui est
imposée au titulaire du certificat, c'est d'informer le ministre. Alors,
dès lors qu'il l'a informé, ça va. Évidemment, s'il
a déjà fourni des renseignements et que la situation a
changé de telle manière que les renseignements qui ont
déjà été fournis sont devenus inexacts ou
incomplets, alors, à ce moment-là, il a le devoir, encore
là, d'en informer immédiatement le ministre. Au fond, ce qu'on
lui impose, c'est une obligation d'informer le ministre avec diligence. (21 h
15)
Le troisième alinéa règle le cas de l'acquisition
d'un établissement. Alors, on dit: "Dans le cas de l'acquisition d'un
établissement, le cessionnaire doit fournir au ministre son nom et son
adresse". Là, on voit que c'est le cessionnaire, celui qui hérite
de l'établissement, qui doit fournir "son nom et son adresse, l'adresse
de l'établissement ainsi que le nom et l'adresse du cédant". Et,
"dans le cas de la cession d'un établissement, le cédant doit
fournir au ministre son nom et son adresse, l'adresse de
l'établissement... " C'est une obligation de fournir de
l'information.
M. Léonard: Les deux doivent informer, doivent donner les
mêmes renseignements. On collectionne le papier.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Sur division, 5. 1.
Le Président (M. LeSage): L'article 6. M. le ministre.
M. Savoie: Alors, "toute personne qui, au Québec, est un
agent-percepteur, est un importateur, est un manufacturier, est un entreposeur,
est un opérateur de distributeur automatique, est un transporteur, doit
être titulaire d'un permis
délivré à cette fin en vertu de la présente
loi, à moins d'être exemptée de cette obligation par
règlement".
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: L'opérateur de distributeur automatique
est-il tenu d'avoir un certificat d'enregistrement?
M. Savoie: Ces gens-là ont tous d'abord un certificat
d'enregistrement et, ensuite, ils obtiennent un permis.
M. Léonard: Alors, il y a six sortes de permis. C'est
ça dont on parle?
M. Savoie: Pardon?
M. Léonard: II y a six sortes de permis.
M. Savoie: Oui, c'est la même chose que l'autre projet de
loi. On vient juste de passer l'article qui disait que tu ne peux rien faire au
niveau du tabac à moins d'avoir un certificat d'enregistrement et,
deuxièmement, on dit que ça te prend des permis. Si tu veux faire
seulement une affaire, ça te prend un permis, mais, si tu veux toutes
les faire, ça te prend six permis. C'est ce qu'on dit. On
décortique les opérations et on te dit que ça te prend un
permis, de façon - et je vous le répète encore - à
aller chercher le type qui se promène sur les routes et qui dit
n'importe quoi aux agents de la police. Puis, comme il y a une
présomption de bonne foi, ça fait qu'on ne peut rien faire. Le
gars nous rit en pleine face et il continue. Là, on dit: Tu as un
permis. On dit: Si tu es honnête, tu vas avoir ton permis. Ça va
nous dire où tu vas et d'où tu viens. Tu vas avoir
été enregistré auprès du gouvernement du
Québec. C'est un contrôle. Les permis, c'est ça. C'est la
même chose que pour les carburants.
M. Léonard: Quel est le coût démission des
permis? Ce n'est pas fixé encore?
M. Savoie: Non, ce n'est pas fixé encore. Mais on avait
posé la même question au niveau des carburants et on avait que ce
n'était pas encore déterminé, mais le montant ne sera pas
élevé.
M. Léonard: C'est gratuit, c'est ça?
M. Savoie: C'est gratuit pour l'avoir. Ah oui, je m'en
rappelle.
M. Léonard: C'est ça qui avait été
dit l'autre jour.
M. Savoie: C'est ça. C'est gratuit.
M. Léonard: Vous étiez en train de dire le
contraire. Une chance que vous avez un fonctionnaire à côté
de vous!
M. Savoie: Non, j'avais dit que ce ne serait pas
élevé. Effectivement, tu vois que ce n'est pas
élevé.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M.le
député de Labelle?
M. Léonard: Ça va, en soulignant la lourdeur,
encore une fois, qui est une de nos objections les plus importantes à ce
projet de loi. Parce qu'il y a le permis, mais maintenant ce qu'il faut faire
pour l'obtenir. Article 6. 1, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): J'appelle l'article 6. 1, M. le
député de Labelle. M. le ministre.
M. Savoie: Alors, M. le Président: "Une personne doit,
pour obtenir un permis, "en faire la demande au ministre au moyen du formulaire
prescrit par ce dernier et fournir les renseignements prescrits par
règlement; "être titulaire d'un certificat d'enregistrement -
alors, vous le voyez - délivré en vertu de la présente
loi; "avoir transmis la déclaration prévue à l'article 4
et s'être conformée aux dispositions de l'article 5. 1, le cas
échéant; "désigner un agent conformément à
l'article 7. 6, si elle n'a ni résidence ni place d'affaires au
Québec; "fournir, le cas échéant, le cautionnement que
peut exiger le ministre en vertu des articles 7. 7 ou 7. 8; "fournir, le cas
échéant, l'adresse de l'établissement où elle
entend exploiter le permis; "fournir, si elle est un opérateur de
distributeur automatique, le nombre de distributeurs automatiques qu'elle
entend exploiter ainsi que l'adresse du lieu où chaque distributeur sera
placé et, le cas échéant, si elle n'en est pas
propriétaire, le nom et l'adresse de celui-ci; "remplir les autres
conditions et fournir les autres documents déterminés par la loi
ou les règlements. "
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Bon, une des choses nouvelles là-dedans
est le paragraphe g): "fournir, si elle est un opérateur de distributeur
automatique, le nombre de distributeurs automatiques qu'elle entend exploiter
ainsi que l'adresse du lieu où chaque distributeur sera placé et,
le cas échéant... ", etc. Ça, c'est lourd. Ça veut
dire qu'à chaque fois que quelqu'un veut déplacer son
distributeur, il est obligé d'en informer le ministre afin d'avoir le
permis, de modifier le
permis.
M. Savoie: C'est ça, pas à l'intérieur du
même établissement.
M. Léonard: Bien, le distributeur automatique constitue un
établissement en soi. Donc...
M. Savoie: c'est-à-dire que, s'il prend son distributeur
automatique qui était dans un hôtel, puis qu'il l'envoie dans un
autre hôtel, il nous enverra un avis à cet effet-là.
M. Léonard: II en envoie un. M. Savoie: C'est
ça.
M. Léonard: Oui, je comprends, mais ça veut dire
que c'est lourd.
M. Savoie: Ah oui, c'est lourd.
M. Léonard: est-ce que ce contrôle-là en vaut
la chandelle? un distributeur automatique, ça ne doit pas vendre pour
des milliers de dollars de cigarettes par jour.
M. Savoie: Encore une autre déclaration! Est-ce qu'on
pourrait avoir une idée du montant global des ventes par distributeur
automatique au Québec? Rien qu'au niveau de la taxe, si on ramasse 650
000 000 $ en taxe, c'est quoi le pourcentage qui provient de la vente des
distributeurs automatiques? Moi, je miserais facilement 10 %, 15 %, puis je ne
le sais pas, là.
M. Gingras: Je ne pense pas qu'on ait de statistiques sur le
montant des sommes perçues sur les ventes de tabac par machine
distributrice, sauf qu'on sait que ça peut représenter des
montants importants particulièrement dans les bars, les restaurants
où, finalement, le commerce du tabac se fait par machine distributrice,
dans les hôtels où, finalement, souvent il n'y a pas de comptoir
de vente, sinon que la vente de cigarettes se fait par les machines.
M. Léonard: o.k. mais dans quelle mesure il y a de la
fraude qui peut se faire par là? parce que vous en faites un cas bien
spécifique. il y a beaucoup de fraude qui se fait autour des
distributeurs automatiques?
M. Savoie: Bien, de la même façon qu'il se fait de
la fraude par la vente au détail, si tu prends des cigarettes qui
proviennent des activités non légales, puis que tu les mets dans
la machine.
M. Léonard: il y a beaucoup de fraudes qui se font par
là?
M. Savoie: C'est la même chose: tu vends des cigarettes sur
lesquelles il n'y a pas eu de taxe. Tu les vends avec la taxe. Alors, ça
se vend au détail, puis ça se vend également dans les
distributeurs. Ça se vend dans les deux, hein. Non?
M. Léonard: Je pose la question. Comment peut-on frauder
à partir d'une machine?
M. Savoie: Tu mets le mauvais paquet de cigarettes dedans.
M. Léonard: C'est visible.
Le Président (M. LeSage): Tu mets des cigarettes non
taxées dedans.
M. Léonard: Oui, je sais, mais ça, ça
s'inspecte facilement. Vous allez voir dedans.
Le Président (M. LeSage): S'ils ne savent pas où
elles sont, les machines, ils ne pourront pas les inspecter.
M. Savoie: Oh! M. le Président, vous venez juste d'en
dépasser plusieurs autour de la table. C'est beau, c'est exactement
ça.
M. Gingras: Je voudrais juste faire une précision. C'est
que, finalement, comme disait le ministre, la fraude qui se fait par les
machines distributrices, c'est du tabac non identifié qui est vendu dans
la machine et pour lequel le consommateur n'est pas en mesure même
d'évaluer si c'est du tabac identifié avant qu'il ait mis
l'argent dans la machine et qu'il ait reçu le paquet.
M. Léonard: II ne le voit pas, de toute façon.
M. Gingras: Pardon?
M. Léonard: On ne voit pas les paquets.
M. Gingras: On ne voit pas les paquets et, par exemple,
tantôt j'en parlais, dans les bars, évidemment, vous achetez des
cigarettes, c'est sombre. Vous enlevez le ruban déchiré et jamais
personne ne sait si le tabac était ou non identifié. Donc,
l'importance pour le ministère de connaître l'emplacement de ces
machines, c'est justement pour pouvoir faire des inspections de temps à
autre.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Et c'est un des moyens importants pris pour
frauder actuellement?
M. Gingras: Moyen important. C'est, quand même, un moyen de
distribuer du tabac non
identifié...
M. Savoie: C'est ça.
M. Gingras: ...parmi d'autres.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que l'article 6.1 est
adopté, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Ça va. M. Savoie: Ouais.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 6.2. M.
le ministre.
M. Savoie: Oui. Merci, M. le Président. "Le permis doit
être délivré par le ministre ou par toute autre personne
qu'il autorise. Il doit être gardé à la principale place
d'affaires de son titulaire au Québec et une copie de ce permis doit
être affichée dans chaque établissement exploité en
vertu de celui-ci. "Lorsqu'un permis est délivré pour le
transport de tabac, son titulaire doit en conserver une copie dans chaque
véhicule utilisé à cette fin. De plus, si cette personne
ne possède aucun établissement au Québec, elle doit
conserver dans chaque véhicule une copie de chaque permis dont elle est
titulaire en vertu de la présente loi. "L'opérateur de
distributeur automatique doit afficher sur chaque distributeur, selon les
modalités prescrites par règlement, son nom et son numéro
de permis."
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Là, c'est partout, partout... Une
voix: Oui.
M. Léonard: ...les tentacules du système de
contrôle.
Le Président (M. LeSage): C'est le contrôle, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui. Là, c'est le papier qui existe et,
accessoirement, les vendeurs, les distributeurs et tout ce qu'on veut. Sur
division, M. le Président, à cause...
Le Président (M. LeSage): Parfait, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: ...des mêmes objections qu'on a
déjà eues là-dessus.
Le Président (M. LeSage): D'accord. J'appelle donc
l'article 6.3. M. le ministre.
M. Savoie: Alors, "la période de validité du permis
est de deux ans. À son échéance, le ministre ou toute
autre personne qu'il autorise le renouvelle pour la même période
sous réserve de l'article 7.2".
M. Léonard: Ah! Bien oui. Ça, c'est le gros
article.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 6.4. M.
le ministre.
M. Savoie: Merci, M. le Président. "Malgré
l'article 6.3, le ministre ou toute autre personne qu'il autorise peut
délivrer un permis temporaire d'une durée de six mois à
toute personne qui, au Québec, n'y a pas de résidence,
d'établissement ou de place d'affaires. "Ce permis peut être
renouvelé pour la même période pourvu que son titulaire en
fasse la demande, selon les modalités prévues au paragraphe a de
l'article 6.1, entre le soixantième et le trentième jours
précédant la date d'expiration du permis et qu'il satisfasse aux
autres conditions prévues à cette fin."
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Quelle sorte de permis temporaire vous
émettez? Parce que, si quelqu'un ne réside pas ici, il ne peut
que transporter du tabac ou des cigarettes qui viennent d'ailleurs. C'est quoi?
Comment pouvez-vous émettre des permis temporaires pour des gens qui
n'ont pas de résidence? Pour quelles fins?
M. Savoie: On l'oblige.
M. Léonard: Oui, mais pourquoi?
M. Savoie: Bien, c'est pour quelqu'un qui veut être au
Québec seulement pour quelques mois, pour une opération ou deux,
et il s'en va. Alors, on dit: Bon, bien, tu peux avoir un permis
temporaire.
M. Léonard: Exemple, un congrès, une convention ou
des trucs comme ça?
M. Savoie: Oui, peut-être une affaire comme ça, oui,
si ça dure plusieurs semaines.
M. Léonard: Mais avez-vous des cas que vous pouvez...
M. Savoie: Bien, une tournée régionale d'un cirque,
par exemple, des affaires comme ça.
Toutes sortes de "guidis" comme ça. Un transporteur qui a des
opérations temporaires. Des affaires comme ça.
M. Léonard: Ce sont les cas que vous visez.
M. Savoie: Bien. C'est ce à quoi je pense. Peut-être
qu'on pourrait avoir d'autres exemples. Je ne sais pas, moi.
M. Gingras: André Gingras. En fait, on vise
particulièrement les gens de l'extérieur qui viennent et
apportent du tabac à des fins de vente. Ça peut être un
importateur qui n'a pas de place d'affaires au Québec et qui, à
partir d'un commerce de l'extérieur, vient livrer du tabac au
Québec. Ça peut être un transporteur qui agit au nom d'un
revendeur de l'extérieur qui apporte du tabac au Québec. Donc,
ça se fait sur une base temporaire.
M. Léonard: Occasionnelle.
M. Gingras: II vient ici de façon temporaire et ce sont,
justement, ces gens qu'on veut viser par des permis.
M. Léonard: Coudon, on avait ça pour les carburants
aussi où c'était occasionnel. Non, ce n'est pas la même
chose, là.
M. Savoie: C'est la même chose. M. Léonard:
Oui.
M. Savoie: C'est exactement la même chose que sur les
carburants.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Alors, j'appelle 6.5. M. le
ministre.
M. Savoie: alors, m. le président, "le permis est
incessible et ne peut être utilisé que par son titulaire et pour
l'activité qui y est mentionnée".
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. LeSage): J'appelle donc l'article 6.6.
(21 h 30)
M. Savoie: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): L'article 6.5 est adopté,
M. le ministre, sur division. J'appelle donc l'article 6.6
M. Savoie: D'accord. "Le titulaire d'un permis doit, lors de la
cessation de ses activités ou lors de tout changement ayant pour effet
de rendre inexacts ou incomplets les renseignements fournis lors de la demande
ou du renouvellement de son permis, en informer immédiatement le
ministre. "Il doit également informer immédiatement le ministre
de toute fusion, vente ou cession dont il est l'objet, ainsi que de tout
changement quant à sa raison sociale."
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: À ce stade-ci, je n'ai pas d'objection
particulière, mais, quand même, j'ai une question à poser:
Un des problèmes qui ont été soulevés dans la
presse, c'est celui qui entourait le trafic de tabac, de cigarettes autour de
certaines réserves; on parle de Kahnawake. Est-ce que ce projet de loi
et les dispositions que vous prenez, en ce qui concerne les certificats
d'enregistrement et les permis les affectent et vont corriger la situation?
Le Président (M. LeSage): M. le ministre.
M. Savoie: Ça va les affecter dans la mesure où ils
font le trafic, la vente, le transport, l'entreposage, là, au
Québec.
M. Léonard: Au Québec. M. Savoie: Au
Québec.
M. Léonard: Comprenant le territoire de Kahnawake?
M. Savoie: Comprenant le territoire de Kahnawake.
M. Léonard: Vous allez faire ça comment, les
vérifications là-dessus?
M. Savoie: Probablement prendre un autre Mohawk, hein? Ha, ha,
ha!
M. Léonard: Je pense que les problèmes pratiques
associés à l'application des lois et de la réglementation,
c'est ceux-là qui posent des problèmes. Comment allez-vous faire
appliquer cette loi-là sur ce territoire-là?
M. Savoie: Bien, écoutez, on va faire comme à
toutes les autres lois du Québec. Kahnawake, c'est un problème
particulier, c'est une société en crise très profonde et
on espère qu'à l'issue de cette crise ils vont en sortir assagis
et coopératifs au niveau de l'application des lois et des
règlements du Québec. Il faut voir
Kahnawake non pas en état de stabilité et dans
l'état usuel des choses. Depuis 1974, elle vit de profondes mutations,
elle fait l'objet d'une certaine tyrannie par plusieurs démagogues
où, finalement, un conseil de bande légalement élu a de la
difficulté à gérer. Il faut donc voir ça comme une
phase transitoire, là, avec laquelle il faut composer. Alors, ça
veut donc dire que quelqu'un qui vend des cigarettes à Kahnawake, va,
évidemment, être sujet aux mêmes règles que n'importe
quel autre vendeur au Québec.
M. Léonard: est-ce que vous visez les gens de kahnawake
qui font du trafic et qui n'auraient pas de permis ou bien si ces gens vont
être astreints aussi à demander des permis?
M. Savoie: On ne vise aucun intervenant en particulier.
M. Léonard: Non, je veux dire...
M. Savoie: Personnellement, je ne crois pas que les Indiens
dirigent l'ensemble des opérations; je crois que ce sont des Blancs en
arrière des Indiens.
M. Léonard: Ah oui. Je pense que ce n'est pas ça
que j'ai dit. J'ai dit: Est-ce que toutes les dispositions qui touchent la
circulation, le transport, le commerce des cigarettes vont s'appliquer à
ce territoire comme ailleurs au Québec?
M. Savoie: Comme ailleurs au Québec, dans la mesure
où ces dispositions-là sont applicables aussi, parce que vous
savez que les Indiens ne paient pas de taxe sur les cigarettes.
M. Léonard: Je le sais. Mais ce qu'on dit couramment,
c'est, que c'est par là, quand même, que ça transite
beaucoup.
M. Savoie: C'est-à-dire que les cigarettes ne transitent
pas que par Kahnawake, elles transitent par Akwesasne d'abord.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: C'est Akwesasne qui est la porte d'entrée et,
évidemment, elles sont acheminées, j'imagine, en partie à
Kahnawake. Je ne connais pas le réseau du tout; je me demande si M.
Dufour peut nous en parler, compte tenu du fait que c'est encore un dossier
chaud. Je ne sais pas jusqu'à quel point M. Dufour peut nous transmettre
l'information.
M. Léonard: Bon. Ça, c'est une chose sur le
territoire même, mais est-ce que cela va toucher ceux qui avaient des
relations entre le territoire de Kahnawake, par exemple, et les points de
distribution en dehors? C'est là où vous visez...
M. Savoie: Oui, effectivement. Par exemple, n'importe quel camion
- que ce soit des citoyens de Saint-Régis ou pas, là, qui se
promènent sur le territoire du Québec avec un camion de
cigarettes - va être obligé d'être immatriculé, va
avoir besoin de son permis, de sa vignette et envoyé donc! Il va avoir
besoin de l'ensemble des réglementations que les autres
Québécois ont sur le territoire.
M. Léonard: Donc, on peut penser qu'une des choses que ce
projet de loi vise, c'est justement de freiner le trafic ou la contrebande de
cigarettes ou de tabac, de quelque nature que ce soit, qui tournait autour de
ces questions.
M. Savoie: Bien oui. C'est ce qu'on vous dit depuis le
début, que le but du projet de loi, c'est de freiner la contrebande. Je
comprends mal votre intervention. Le but du projet de loi, c'est justement
d'arrêter... Maintenant, il ne faudrait pas penser qu'on vise
spécifiquement un groupe d'autochtones. Ça, c'est
complètement erroné et ça démontre que...
Finalement, ils ne sont qu'une partie du problème. La même chose
se produit, par exemple, à Restigouche, avec les Micmacs, la même
chose se produit partout où il y a des communautés autochtones,
là. Évidemment, dans la grande majorité d'entre elles, les
ventes de cigarettes sont très minimes et Akwesasne et Kahnawake ont
développé un véritable commerce de contrebande. Mais il
faut voir aussi qu'il y a beaucoup de Blancs là-dedans, il y a beaucoup
de vols, de camions qui se font voler dans la nuit, qui traversent le
territoire du Québec et qui entreposent leurs cigarettes dans un hangar
à quelque part. Il y a beaucoup de gens qui transportent des cigarettes
et qui font les dépôts des États-Unis à bord de
petits avions. Il y a toutes sortes de choses qui se produisent. Tout ce qui
est imaginable ou inimaginable, les gens vont le faire pour faire une piastre,
j'imagine, en utilisant la contrebande ou les activités
illégales, si c'est payant. Alors, c'est ça, le but du projet de
loi. Je ne sais pas exactement pourquoi tu poses cette question-là. J'ai
de la misère à comprendre.
M. Léonard: Bien, je pense que, si vous ne comprenez
pas... Moi, je pose la question et vous me répondez.
M. Savoie: Bien oui, mais c'était quoi, votre question,
encore là?
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle? Sur division, l'article 6.6, ou pas?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): Ça va. L'article 6.6 est
adopté. J'appelle l'article 7. M. le minis-
tre.
M. Savoie: Alors: "Nul ne peut vendre ou livrer du tabac au
Québec à un vendeur qui n'est pas titulaire du certificat
d'enregistrement et, le cas échéant, du permis
approprié".
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. LeSage): L'article 7 est adopté.
J'appelle l'article 7.1. M. le ministre.
M. Savoie: "Aucun vendeur en détail ou agent-percepteur ne
peut acheter ni se faire livrer du tabac au Québec d'une personne qui
n'est pas titulaire d'un permis d'agent-percepteur, à moins qu'il n'ait
conclu une entente en vertu de l'article 17". C'est quoi, cette
affaire-là de "vendeur en détail" et de "vendeur au
détail"?
Le Président (M. LeSage): Ça va, l'article 7.1, M.
le député de Labelle?
M. Léonard: C'est quoi, la réponse à la
question que le ministre se pose à lui même sur "vendeur en
détail"?
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il s'agit d'un anglicisme,
"vendeur en détail". Il faudrait dire "vendeur au détail". Et ce
que j'ai constaté, c'est que, lorsqu'on a promulgué la loi, on
l'a écrit comme vendeur, c'est-à-dire la "vente en détail"
au lieu de la "vente au détail". On le multiplie, donc, et dans mon
projet de loi je vois "vendeur en détail". Puis, ça fait
plusieurs fois que je souligne le fait. En tout cas, le français, comme
vous le savez, est une langue que j'ai apprise; pour moi, j'ai toujours de la
misère avec des irrégularités, parce que je trouve qu'il y
en a beaucoup. Alors, je disais: Pourquoi est-ce que ce n'est pas "vendeur au
détail"? Alors, on me dit qu'on est en train de continuer là une
erreur, on multiplie une erreur à travers toutes nos lois.
Alors, j'ai dit: Pour corriger la situation, tout ce qu'il nous faut,
c'est un petit projet de loi dans lequel on dit: Là où on marque
"vente en détail", il faudrait que ça se lise maintenant "vente
au détail", à travers toute la legislation du Québec.
M. Léonard: On peut commencer ce soir.
M. Savoie: Bien, c'est un projet de loi que j'ai l'intention de
déposer, mais il faut étudier la question. Pardon? Oui, oui,
c'est ça. Alors, j'ai l'intention de corriger ça, M. le
député. On va faire le ménage, on va passer la balayeuse
en même temps qu'on fait le ménage à
l'extérieur.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): L'article 7.1 est adopté.
J'appelle l'article 7.2. M. le ministre.
M. Léonard: On recommence.
M. Savoie: Bon, bien, là, évidemment, M. le
Président, on reprend un discours qui a eu lieu la semaine
passée. On va le lire ensemble pour être sûrs que tout le
monde lit la même chose. Alors: "Le ministre peut suspendre,
révoquer ou refuser de délivrer un certificat d'enregistrement ou
un permis ou peut refuser de renouveler un permis à toute personne qui,
selon le cas: "a) au cours des cinq années qui précèdent,
a été déclarée coupable d'une infraction à
une loi fiscale; "b) est contrôlée par une personne qui, au cours
des cinq années qui précèdent, a été
déclarée coupable d'une infraction à une loi fiscale ou
dont l'un des administrateurs ou officiers a, au cours de la même
période, été déclaré coupable d'une telle
infraction;"
Alors, je souligne en obiter, M. le Président, ie mot
"contrôlée". "c) ne satisfait pas ou ne satisfait plus aux
conditions prévues par la présente loi et ses règlements
pour l'obtention ou le renouvellement du certificat d'enregistrement ou du
permis,"
Alors, à d), on a notre modification qui est conforme à la
modification présentée, et que je dépose à
l'instant même, M. le Président, et qui se lit donc comme suit:
Md) omet de payer au ministre un montant qu'elle est tenue de lui
payer en vertu de l'article 1015 de la Loi sur les impôts, de l'article
23 ou de l'article 24 de la Loi sur le ministère du Revenu; "e) ne
respecte pas les obligations de la présente loi ou de la Loi sur le
ministère du Revenu; "f) n'est pas en mesure, en raison de sa situation
financière, d'assumer les obligations qui découlent de son
entreprise; "g) a cessé ses activités ou celle pour laquelle le
permis a été délivré; "h) a été
titulaire d'un permis ou d'un certificat d'enregistrement qui a
été révoqué dans les 24 mois qui
précèdent la demande; "i) est une personne dont l'un des
administrateurs ou officiers est ou a été administrateur ou
officier d'une corporation ou membre d'une société dont le permis
ou le certificat d'enregistrement a été révoqué
dans les 24 mois qui précèdent la demande.
Toutefois, dans le cas des paragraphes b), e) et f), le ministre ne peut
révoquer le certificat d'enregistrement ou le permis sans l'avoir au
préalable suspendu."
Alors, dans le cas de b), e) ou f), je ne peux pas le révoquer.
Il faut d'abord qu'il y ait une suspension du permis, donc le droit pour celui
qui a été suspendu de se plaindre et, ensuite, la
révocation, s'il y a lieu.
M. Léonard: Une suspension de six jours, c'est ça?
Non? Ils ont six jours.
M. Savoie: Non, non, non. On suspend le permis, c'est six jours
après que le type en a pris connaissance.
M. Léonard: Oui, c'est ça, mais c'est suspendu, il
a six jours pour en appeler en quelque sorte au ministère.
M. Savoie: Une fois qu'il en a pris connaissance. Ensuite, on
étudie le dossier. Il y a des échanges.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle. (21 h 45)
M. Léonard: Bon. M. le Président, je pense qu'il y
a l'amendement qu'il faut traiter.
Le Président (M. LeSage): Effectivement, M. le
député de Labelle, on modifie le paragraphe d).
M. Léonard: Alors, sur l'amendement au paragraphe d), je
pense que ça balise pas mal plus que c'était; en tout cas,
ça donne raison aux objections qu'on avait soulevées. Ce n'est
pas juste n'importe quel droit; ce sont des droits comme mandataire qui doivent
être payés. C'est ça?
Le Président (M. LeSage): est-ce qu'on pourrait, m. le
député de labelle, demander au ministre de lire l'amendement, si
on veut en discuter?
M. Léonard: II l'a lu tout à l'heure. M. Savoie:
Je l'ai lu, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Vous l'avez lu? Parfait.
M. Léonard: II fait des progrès en lecture.
Le Président (M. LeSage): II est bon. Est-ce que vous
êtes en train de me dire, M. le député de Labelle, que vous
êtes d'accord avec l'amendement proposé?
M. Léonard: Écoutez, j'ai toujours les mêmes
réticences sur le fond. J'admets qu'il est mieux que ce qu'il
était avant. Il est balisé. Ça a déjà plus
de bon sens. Mais c'est adopté sur division.
Le Président (M. LeSage): L'article 7. 2, tel
qu'amendé, est adopté sur division. Je vous fais remarquer, MM.
les membres...
M. Savoie: Je serais le seul qui fais des progrès.
Le Président (M. LeSage):... qu'à l'article 2 du
projet de loi il y a une autre modification qui viendra un peu plus tard,
à l'article 7. 8, qui se retrouve également sure le même
papillon.
M. Léonard: Sur le même formulaire, la même
page.
Le Président (M. LeSage): Exactement. Alors, j'appelle
l'article 7. 3. M. le ministre.
M. Savoie: "Un avis de non-renouvellement du permis doit
être transmis au titulaire par courrier recommandé ou
certifié ou signifié à personne dans les 60 jours
précédant la date d'expropriation du permis. " D'expiration,
hein? Il y a une faute dans le texte, M. le Président. On dit "la date
d'expropriation"; il faudrait lire "la date d'expiration du permis".
Le Président (M. LeSage): À l'article 7. 3? M.
Léonard: Comment ça?
Le Président (M. LeSage): II est correct dans le projet de
loi.
Une voix: C'est dans les notes explicatives.
M. Savoie: Dans les notes explicatives. O. K. Alors, à ce
moment-là, il n'y a pas de modification.
M. Léonard: Le texte est correct.
Le Président (M. LeSage): Merci, M. le ministre.
M. Savoie: c'est la date d'expiration du permis. une faute de
transcription.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle, ça va?
M. Léonard: Oui. On a bien noté qu'à
l'article 7. 2 on a adopté l'amendement, mais l'article au
complet...
Le Président (M. LeSage): Sur division. M.
Léonard:... c'est sur division.
Le Président (M. LeSage): Exactement. C'est ce qu'on a
noté, M. le député de Labelle.
M. Léonard: L'amendement aussi, sur
division.
Le Président (M. LeSage): D'accord.
M. Léonard: Oui. Il y avait aussi certains paragraphes
où c'était vraiment sur division, en particulier, le f). Forte
division.
Le Président (M. LeSage): On ne l'a pas adopté
paragraphe par paragraphe. On a adopté l'amendement sur division et
l'article au complet sur division, qui inclut le paragraphe f). bien
sûr.
M. Léonard: Oui. J'ai des réticences quant au
paragraphe f)
Le Président (M. LeSage): Surtout au paragraphe f).
M. Léonard: Le paragraphe b) était quand même
amélioré.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 7.3 est
adopté sur division?
M. Léonard: Non
Le Président (M. LeSage): Ça va?
M. Léonard: Je n'ai pas donné de sens particulier
à...
Le Président (M. LeSage): L'article 7.3 est adopté.
J'appelle l'article 7.4. M. le ministre.
M. Savoie: Article 7.4. "La suspension d'un certificat
d'enregistrement ou d'un permis a effet à compter de la date de la
signification de la décision au titulaire. Cette signification
s'effectue à personne ou par courrier recommandé ou
certifié à la dernière adresse connue du titulaire. "Un
mode de signification différent de ceux prévus au premier
alinéa peut être autorisé par un juge de la Cour du
Québec."
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. LeSage): L'article 7.4 est adopté.
J'appelle l'article 7.5. M. le ministre.
M. Savoie: "La révocation d'un certificat d'enregistrement
ou d'un permis a effet à compter de la date de la signification de la
décision au titulaire. "Nonobstant le premier alinéa, dans les
cas prévu aux paragraphes b), e) et f) de l'article 7.2, la
révocation n'a effet qu'à l'échéance des 15 jours
suivant la signification de la décision de suspension au titulaire
lorsque ce dernier n'a pas fait valoir son point de vue dans les six jours de
la réception de cette dernière. Cette révocation
s'opère de plein droit. "Dans tous les cas, la signification de la
décision de révocation s'effectue à personne ou par
courrier recommandé ou certifié à la dernière
adresse connue du titulaire. "Un mode de signification différent de ceux
prévus au troisième alinéa peut être autorisé
par un juge de la Cour du Québec. "Le titulaire doit
immédiatement après signification retourner son certificat ou son
permis au ministre."
M. Léonard: Je reviens à la question des six jours.
Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est court, six jours? Est-ce que c'est
régulier dans les lois du ministère que ce soit un avis où
vous donnez seulement six jours à quelqu'un pour en appeler?
M. Savoie: Je m'excuse, M. le député de Labelle.
J'obtenais des vérifications additionnelles.
M. Léonard: Oui, j'en ai à la question des six
jours.
M. Savoie: Oui.
M. Léonard: Je trouve que ce n'est pas long, six
jours.
M. Savoie: C'est six jours...
M. Léonard: C'est six jours francs, je veux bien.
M. Savoie: La révocation n'a d'effet qu'à
l'échéance des 15 jours suivant la signification de la
décision. Donc, il y a la signification et, 15 jours plus tard, la
révocation prend effet. Ça, c'est s'il n'y a pas d'avis; le gars
peut recevoir son avis et ne pas contester, bang, 15 jours, ça saute.
"Lorsque ce dernier n'a pas fait valoir son point de vue dans les six jours de
la réception de cette dernière." Alors, le gars a six jours
après réception de cette dernière.
M. Léonard: Mais supposons qu'il veut aller en
défense, qu'il veut établir son dossier, ça peut exiger
beaucoup plus que six jours. Vous lui demandez de réagir simplement?
M. Savoie: Oui. Tout ce qu'on veut, c'est qu'il réagisse.
Maintenant, pour la signification, je ne crois pas qu'on puisse se retrouver
dans une situation où on signifie à quelqu'un et il n'y a
personne. Ça prend une lettre recommandée, une adresse.
Normalement, ces gens-là, pour les avis juridiques et ces
choses-là, vont élire domicile au bureau de leur avocat ou au
bureau de leur comptable ou notaire, vont avoir un petit
commerce qui fonctionne à l'année longue; donc, la
signification va se faire au lieu d'affaires.
M. Léonard: Qu'est-ce que vous faites quand vous ne pouvez
pas signifier, que vous faites deux ou trois tentatives et que vous ne
rejoignez pas la personne, ça peut toujours arriver, ou qu'elle se
dérobe?
M. Savoie: À ce moment-là, le délai ne court
pas. Il n'y a plus de 15 jours.
M. Léonard: Je ne comprends pas.
M. Savoie: Pour que les 15 jours commencent à courir, il
faut que ça soit signifié.
M. Léonard: Oui.
M. Savoie: Si on ne peut pas signifier, il n'y a pas de
délai.
M. Léonard: Ce sont des choses qui arrivent, quand
même. Il y a des gens qui évitent la signification.
M. Savoie: On va chercher la Cour du Québec qui pourrait
nous indiquer la méthode ou des choses comme ça.
M. Léonard: C'est ce qu'il y a dans l'autre paragraphe,
les modes de signification différents.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Çava.
Le Président (M. LeSage): L'article 7. 5 est
adopté. J'appelle l'article 7. 6. M. le ministre.
M. Savoie: "Une personne qui n'a ni résidence ni place
d'affaires au Québec doit désigner au ministre un agent qui
réside au Québec et fournir les nom et adresse de celui-ci. "La
signification de toute procédure à cet agent, de même que
de toute demande ou avis est réputée être faite à la
personne qui l'a désigné. ?
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle, ça va?
M. Léonard: O. K.
Le Président (M. LeSage): Ça va. L'article 7. 6.
est adopté. J'appelle l'article 7. 7. M. le ministre.
M. Savoie: "Le ministre peut exiger d'une personne qui n'a ni
résidence ni place d'affaires au Québec, comme condition de la
délivrance ou du maintien en vigueur d'un certificat d'enregistrement ou
d'un permis, un cautionnement dont il fixe le montant. "
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle? L'article 7. 7 est adopté. J'appelle
l'article 7. 8 et je vous ferais remarquer qu'il y a un amendement au
paragraphe d) dudit article. M. le ministre.
M. Savoie: "Le ministre peut exiger de toute personne, comme
condition de la délivrance ou du maintien en vigueur d'un certificat
d'enregistrement ou d'un permis, un cautionnement dont il fixe le montant en
tenant compte, s'il y a lieu, des montants que cette personne est susceptible
de percevoir, de remettre ou de payer en vertu de la présente loi dans
les six mois suivant la date à laquelle le cautionnement est
exigé ou devrait remettre ou payer en vertu de la présente loi
à l'égard des six mois précédant cette date, si
cette personne: "a) au cours des cinq années qui
précèdent, a été déclarée coupable
d'une infraction à une loi fiscale; "b) est contrôlée par
une personne qui, au cours des cinq années qui précèdent,
a été déclarée coupable d'une infraction à
une loi fiscale ou dont l'un des administrateurs ou officiers a, au cours de la
même période, été déclaré coupable
d'une telle infraction; "c) n'est pas en mesure, en raison de sa situation
financière, d'assumer les obligations qui découlent de son
entreprise; "d) est débitrice de droits en vertu d'une loi fiscale".
M. le Président, l'alinéa d) a été
modifié et je le lis: "omet de payer au ministre un montant qu'elle est
tenue de lui payer en vertu de l'article 1015 de la Loi sur les impôts,
de l'article 23 ou de l'article 24 de la Loi sur le ministère du
Revenu".
Finalement, M. le Président, le dernier alinéa: "Le
ministre peut, en tout temps, exiger un cautionnement additionnel si, à
ce moment, le montant du cautionnement fourni est inférieur à
celui qui pourrait alors être fixé selon les modalités
prévues au premier alinéa".
Et il y a une modification également au texte anglais, M. le
Président. Le texte anglais de 7. 8 doit se lire...
Le Président (M. LeSage): M. le ministre, si vous
permettez, nous allons disposer du texte français et revenir par la
suite au texte anglais.
M. Savoie: Vous pensez, vous?
Le Président (M. LeSage): Je pense que ça serait
préférable comme ça.
M. Savoie: Oui, vous pensez ça, vous.
Le Président (M. LeSage): Je pense que oui. Au paragraphe
d), il y avait l'amendement, en français aussi.
M. Savoie: Pardon?
Le Président (M. LeSage): Au paragraphe d), il y a un
amendement.
M. Savoie: Je l'ai lu, M. le Président.
Le Président (M. LeSage): Alors, on va disposer de
l'amendement.
M. Savoie: D'accord.
Le Président (M. LeSage): M. le député de
Labelle, est-ce que l'amendement est adopté?
M. Léonard: oui, c'est une amélioration, sur
division.
Le Président (M. LeSage): O. K. Est-ce que l'ensemble de
l'article 7. 8 est adopté, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Là, j'ai les mêmes
réticences qu'on avait dans l'article 7. 2. Sur division: "au cours des
cinq années qui précèdent, a été
déclarée coupable d'une infraction à une loi fiscale".
Malgré les affirmations du ministre qui dit toutes sortes de choses ici,
la réalité, ce qui est écrit, ce n'est pas aussi
balisé que ce qu'il dit. Alors, nous en sommes là. Le paragraphe
a), sur division; le paragraphe b), sur division; le paragraphe c), sur
division. Je rappelle encore l'argumentation sur, par exemple, "c) d'assumer
les obligations qui découlent de son entreprise", ça va couvrir
très, très large parce qu'il y a toutes sortes d'obligations qui
découlent de l'entreprise. Ce ne sont pas simplement des obligations
fiscales. Je pense que, au moins, il pourrait y avoir ces balises qui soient
introduites. Pour les obligations en vertu de l'article 1015, au moins sur
l'article d), il y a des choses qui ont été balisées un
peu mieux, c'est déjà plus acceptable de le rendre comme cela.
Mais tout cet article est d'une largeur qui, à mon sens, est dangereuse,
puis je ne peux faire autre chose que l'adopter sur division.
Le Président (M. LeSage): Est-ce que le texte anglais est
également adopté, la modification à l'article 7. 8?
M. Léonard: C'est quoi, l'amendement?
Le Président (M. LeSage): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Moi, je n'ai pas d'objection à
faire.
Le Président (M. LeSage): Alors, l'article 7. 8, tel
qu'amendé, est accepté sur division, de même que la
modification à l'article 7. 8.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. LeSage): Parfait. Alors, compte tenu de
l'heure, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)