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<17859
Le Président (M. Bachand) : ...toutes les
personnes présentes dans la salle de,
bien sûr, éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
procéder à l'étude volet Relations avec les
Québécois d'expression
anglaise des crédits budgétaires du portefeuille
Conseil exécutif pour
l'exercice financier 2020‑2021. Une enveloppe de 30 minutes a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, y a-t-il des
remplacements,
Mme la secrétaire?
La Secrétaire
: Oui,
M. le Président.
M. Lamothe (Ungava) sera >remplacé
par M. Poulin (Beauce-Sud); Mme Lecours (Les Plaines), par M. Skeete
(Sainte-Rose); M. Lemieux (Saint-Jean), par M. Provençal
(Beauce-Nord); M. Martel (Nicolet-Bécancour), par Mme Blais
(Abitibi-Ouest); Mme Ménard (Laporte), par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Fontecilla (Laurier-Dorion), par M. Nadeau-Dubois
(Gouin); et M. LeBel (Rimouski), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Relations avec les
Québécois d'expression anglaise
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Nous allons donc procéder aux échanges entre
les groupes d'opposition et le premier ministre par blocs d'environ quatre à
19 minutes pour permettre à chaque groupe d'opposition d'écouler
graduellement son temps de parole. Le temps d'échange inclut, bien sûr, les
questions et les réponses.
Discussion générale
M. le député de Jacques-Cartier, vous avez
maintenant la parole. Merci.
M. Kelley
: Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le premier ministre. Je veux juste
rapidement dire : On peut avoir un débat sur la gestion de la pandémie,
mais je veux juste dire merci à tout le travail que vous avez fait, aussi votre
chef de cabinet, aussi la fonction publique du Québec, parce que, je sais, c'est...
aucune personne autour de cette table n'a pensé, en 2018, qu'on va être
responsables de gérer une pandémie. Alors, je veux juste dire merci pour tout
le travail que vous avez fait.
Nous n'avons pas beaucoup de temps, alors
j'espère que je vais poser des questions courtes, puis on va avoir des réponses
pas mal courtes aussi. Et je veux commencer où nous avons terminé l'année
passée, dans l'étude des crédits. Vous avez dit, vers la fin... vous avez
commencé de parler des différents groupes des communautés d'expression
anglaise, des groupes communautaires qui existent au Québec, vous avez dit — le
Black Community Resource Centre : «...il y a une communauté noire — et
je vous cite — anglophone qui [...] a des taux de chômage élevés. Et [c'est
vrai, il y a des vrais défis].»
Alors, je veux juste... après tout le
Black Lives Matter Movement, je veux juste savoir, vous, comme premier
ministre, et vous, comme le ministre responsable pour les Communautés
d'expression anglaise, pas votre adjoint parlementaire, M. Christopher
Skeete, député de Sainte-Rose, qui fait beaucoup de travail sur le terrain,
mais vous, est-ce que vous avez parlé avec les leaders des communautés noires
anglophones pour savoir c'est quoi, leurs préoccupations et leurs enjeux et si — je
sais, ce n'est pas facile de faire ça en personne — au minimum, un
appel téléphonique avec certains leaders...
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Oui, M. le
Président. D'abord, bienvenue à tous les représentants des différents partis puis
aux fonctionnaires qui travaillent, entre autres, sur le dossier des rapports
avec les communautés anglophones.
Effectivement, les relations avec la
communauté noire et avec la communauté noire anglophone posent des défis
spéciaux — d'ailleurs, mon adjoint parlementaire a remis une aide de
150 000 $ à l'organisme Black Community Resource Centre — parce
qu'au-delà de ce qu'on fait, là, avec notre groupe pour contrer le racisme,
avec les groupes qui sont responsables de la défense des droits des
anglophones, il y a une situation qui est spéciale pour la communauté noire.
Bon, vous allez comprendre qu'avec <l'année...
M. Legault : ...parce
qu'au-delà de ce qu'on fait, là, avec notre groupe pour contrer le racisme,
avec les groupes qui sont responsables de la défense des droits des
anglophones, il y a une situation qui est spéciale pour la communauté noire.
Bon, vous allez comprendre qu'avec >l'année
qu'on vient de vivre, avec la pandémie, je n'ai pas rencontré beaucoup de
groupes au cours de la dernière année, mais mon adjoint parlementaire, député
de Laval... Sainte-Rose, de Sainte-Rose, donc, à Laval, a rencontré beaucoup de
groupes et puis me transmet... puis on se rencontre régulièrement pour
travailler sur différents changements. Mais je m'attends à ce que, aussi, le
groupe qui est sous la responsabilité de Nadine Girault et de Lionel Carmant me
remette, au cours des prochains mois, des recommandations, qu'on va appliquer
rapidement.
M. Kelley
:
Parfait, merci pour la réponse. M. le Président, j'ai un document, ça a été
fait par le West Island Black Community Association, avec plusieurs
recommandations, alors je pense que ça peut vraiment aider tout le travail que
vous faites. Alors, je soumets ça pour transmettre au premier ministre et à son
chef de cabinet, le député de Sainte-Rose, pour, tout à l'heure, votre
information.
Prochaine question, je veux maintenant
parler de gestion de la pandémie en termes des communications en anglais. Je
sais, M. le premier ministre, après que vous avez eu une discussion avec notre
ancien leader de notre formation politique, M. Arcand, puis plusieurs
groupes communautaires qui ont demandé que vous prendre la parole en anglais
pendant vos points de presse quotidiens, vous avez commencé de faire ça.
C'était très, très important. Vous savez aussi, également, qu'un document a été
envoyé à tous les Québécois, qui était juste en français. Ça a été corrigé
après, une couple de semaines après, qu'il était correct.
Mais je veux juste savoir, pour l'avenir,
s'il y a une deuxième vague, s'il y a un changement énorme avec le virus,
est-ce que des directives ont été mises en place, au ministère des Services...
excusez-moi, le ministère de la Santé et des Services sociaux pour s'assurer
que ça n'arrive pas, s'il y a un envoi massif comme ça encore, on va s'assurer
que les documents sont disponibles en anglais rapidement? Parce que, oui, c'est
sûr, beaucoup des personnes peuvent regarder en ligne, mais il y a des aînés — je
pense particulièrement à eux autres — il y a des personnes qui n'ont
pas l'accès à l'Internet chez eux, qu'il y a un besoin, vraiment, de cette information,
et, normalement, c'est les personnes les plus vulnérables à la COVID. Alors, je
veux savoir si vous avez mis en place des directives claires pour s'assurer que
ça n'arrive pas encore.
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui.
Concernant les relations puis les communications du gouvernement avec les
anglophones, il y a des lois qui existent, des règlements, et, compte tenu de
l'urgence de la pandémie, de la situation exceptionnelle, on a choisi d'aller
plus loin que ce qui est prévu dans les lois et les règlements. Bon, est-ce
qu'on le fera pour une deuxième vague? Ça dépendra de l'ampleur de la deuxième
vague. Mais une chose qui est certaine, c'est que les lois, les règles vont
être appliquées. Donc là, dans ce cas-ci, on a choisi d'envoyer des documents...
puis j'ai choisi aussi, durant mes points de presse <quotidiens...
M. Legault : ...
bon,
est-ce qu'on le fera pour une deuxième vague? Ça dépendra de l'ampleur de la
deuxième vague. Mais une chose qui est certaine, c'est que les lois, les règles
vont être appliquées. Donc là, dans ce cas-ci, on a choisi d'envoyer des
documents... puis j'ai choisi aussi, durant mes points de presse >quotidiens,
d'avoir une partie en anglais, même si ce n'était pas requis par la loi puis
les règlements. Si jamais il y avait une autre urgence de l'ampleur de ce qu'on
a connu ce printemps, bien, on va le refaire, mais ce sera au cas par cas.
Le Président (M. Bachand) :
Député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
M. Kelley
: Merci.
Merci pour la réponse. Je vais continuer sur la même thématique, mais sur un
différent jour, et ça touche les élèves anglophones. Pendant la pandémie, le ministère
de l'Éducation a commencé de produire les outils pour des enfants chez eux, à
la maison, et je pense que les capsules qui ont été faites pour Télé-Québec,
pour les enfants, bien, c'était fait juste en français, on n'a pas eu des
capsules qui étaient faites pour les élèves anglophones chez eux. Je pense que,
aussi, un petit peu, le cours en ligne pour les enseignants à TELUQ, c'est une
version en ligne, c'était seulement en français, et aussi, le matériel scolaire
à distance, le ministère a seulement fait ça en français, puis on demandait à des
commissions scolaires de traduire ça à leurs frais.
Alors, je veux juste s'assurer qu'on
regarde nos élèves anglophones puis on regarde le contenu qui est fait et
produit par le ministère de l'Éducation, que tout est fait et tout est beau
pour nos enfants, parce que je pense que ça, c'est très important. S'il y a une
autre deuxième vague, si les élèves sont obligés de retourner chez eux, les
outils qui existent pour nos enfants francophones vont exister pour nos enfants
et élèves anglophones aussi.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui.
Écoutez, ce qui est arrivé... puis je pense qu'on est tous d'accord avec ça, on
ne pouvait pas prévoir l'ampleur de ce qui est arrivé, donc on n'avait pas
prévu donner des... ou mettre en place des capsules, pour Télé-Québec, pour les
enfants qui étaient à la maison. Notre priorité pour la rentrée, c'est vraiment
que les enfants francophones et anglophones soient à l'école. Je veux dire, on
va tout faire, sauf s'il y a un risque important pour leur santé, pour qu'ils
soient à l'école. Donc, on a, évidemment, là, réagi face à l'urgence. Si jamais
il y avait une deuxième vague aussi importante, on pourrait regarder,
effectivement, pour avoir du matériel médiatique, là, pour les anglophones,
mais là vous allez comprendre que, dans les circonstances, on n'a pas eu le
temps de le faire.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député.
M. Kelley
: Merci.
Je vais continuer sur la thématique des écoles, puis je veux parler des
commissions scolaires. Votre ministre a pris l'engagement, dans les médias, de
respecter des droits de la communauté anglophone. On a passé par un bâillon,
une décision du gouvernement et, malheureusement, on n'a pas eu la chance d'étudier
les articles qui ont touché les commissions scolaires anglophones. Mais je veux
juste savoir... On est rendus en cour, on sait qu'une première décision a été
rendue sur certains éléments, mais est-ce que vous êtes prêts de peut-être
regarder avec la communauté s'il y a une façon de régler ça hors cour, faire
quelque chose <qu'on...
M. Kelley
: ...
on
n'a pas eu la chance d'étudier les articles qui ont touché les commissions
scolaires anglophones. Mais je veux juste savoir... On est rendus en cour, on
sait qu'une première décision a été rendue sur certains éléments, mais est-ce
que vous êtes prêts de peut-être regarder avec la communauté s'il y a une façon
de régler ça hors cour, faire quelque chose >qu'on ne dépense pas
l'argent sur les avocats, mais on trouve une solution, puis, vraiment, quelque
chose de «winner-winner» pour la communauté anglophone?
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
• (10 h 10) •
M. Legault : Bon, écoutez,
vous savez très bien qu'en campagne électorale on a été très clairs, on a
répété à plusieurs reprises que les commissions scolaires, et qu'elles soient
francophones ou anglophones, disparaîtraient, seraient remplacées par des
centres de services, entre autres, où il y aurait un comité avec des représentants,
comme actuellement, de la population, des parents. On a eu des discussions avec
la communauté anglophone puis on a fait des compromis pour la communauté
anglophone. Je pense que, du côté francophone, il y avait une large majorité
des francophones québécois qui souhaitaient l'abolition des élections
scolaires. Du côté anglophone, c'est difficile à évaluer, mais il y avait une
partie de la communauté anglophone qui souhaitait garder des élections
scolaires. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait un compromis en disant :
Les représentants des parents, de la population vont continuer d'être élus par
l'ensemble de la population anglophone.
Nous, on est convaincus que la loi n° 40 est, juridiquement, bien fondée. Bon, là, il y a eu
un jugement non pas sur le fond, mais sur le fait qu'on devait suspendre la loi
temporairement, le temps de l'étudier sur le fond. Bon, nous, on n'est pas d'accord
avec cette décision-là, même si ce n'est pas sur le fond, de suspendre la loi n° 40, donc on va contester, on va aller en appel. Et nous,
on considère qu'on a déjà fait des compromis en permettant une élection
générale pour les représentants des parents.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
M. Kelley
: Et
juste une autre question sur le sujet, M. le premier ministre : Est-ce que
vous avez des inquiétudes concernant le fait que des groupes francophones hors
Québec ont décidé d'appuyer des commissions scolaires anglophones, parce qu'eux
autres craignent pour les enjeux pour leur droit, et leur droit partout dans le
pays, de garder leurs commissions scolaires?
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, je peux comprendre qu'il y a peut-être des appuis ailleurs dans les
autres provinces, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'on a eu un appui
clair le 1er octobre 2018, et cet appui, entre autres, était pour notre proposition
d'abolir les élections scolaires. Donc, je pense que ce qui se passe au Québec
doit être décidé par les Québécois. Si les francophones des autres provinces
choisissent d'autres voies, bien, c'est leur choix, hein?
Le Président (M. Bachand) :
M. le député.
M. Kelley
:
Maintenant, je veux poser une question concernant des élections scolaires,
parce que vous avez décidé de garder ça comme un compromis. Les élections
arrivent <vite...
M. Legault : ...doit
être décidé par les
Québécois.
Si les francophones des autres
provinces choisissent d'autres voies, bien, c'est leur choix, hein?
Le Président (M.
Bachand) :
M. le député.
M. Kelley
:
Maintenant, je veux poser une question concernant des élections scolaires,
parce que vous avez décidé de garder ça comme un compromis. Les élections
arrivent >vite, c'est à la fin de septembre, puis, présentement, juste
avec la pandémie puis la rentrée scolaire, tout le travail qui doit être fait
dans le contexte d'une pandémie, c'est sûr que les commissions scolaires et, quand
même, les centres de services sont un petit peu débordés avec cette
question-là. Est-ce que, pour vous... parce que je sais que vous aimez des
propositions, est-ce que vous êtes prêt de reporter les élections en 2021 et
regarder l'option de jumeler ça avec des élections municipales? Peut-être, ça,
ça va être une façon d'augmenter le taux de participation et aussi s'assurer
que des élections sont un succès. Parce que, comme vous avez dit, c'était un
compromis qui a été fait, le comité comprend qu'ils aient des élections et on
veut s'assurer, tout le monde, que ça marche très bien puis que ça fonctionne
bien.
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Bien, M. le
Président, la proposition de jumeler le moment des élections scolaires avec les
élections municipales, c'est une proposition qui est dans l'air depuis
longtemps. Quand j'étais ministre de l'Éducation, il y avait des personnes qui
proposaient ça. Il peut y avoir des bons côtés, des mauvais côtés, on peut
mélanger, aussi, les deux élections, les deux enjeux. Je continue de comprendre
que c'est très difficile pour les commissaires, là, qui sont candidats aux
élections scolaires à bien faire connaître leur plan de match, leur programme.
Ce n'est pas simple, on parle de grands territoires, et c'est pour ça qu'on
souhaitait abolir les élections scolaires puis de concentrer les élections
autour des conseils d'établissement de chaque école, qui pourraient élire leurs
représentants, on trouve que c'est plus logique. Mais, à la demande des représentants
des groupes anglophones, on a accepté de faire un changement.
Maintenant, pour ce qui est de la date des
élections scolaires, déjà, les élections scolaires ont été reportées. Bon, vous
savez ce qui se passe avec English-Montréal, il y a des endroits où on est dus
pour un petit changement pour, au moins, une validation auprès de la
population. Donc, pour l'instant, on garde le cap sur cet automne.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député.
M. Kelley
:
Parfait, merci beaucoup. Une autre question, M. le premier ministre, c'est
concernant un projet de loi que j'ai déposé, le 590, pour rendre les cours de français
gratuits à tout le monde sur le territoire du Québec, c'est une modification à
la Charte de la langue française. Est-ce que vous êtes prêt à parler avec votre
leader parlementaire pour mettre ça sur l'agenda pour la rentrée parlementaire?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault : Écoutez,
d'abord, je veux vous féliciter, parce que je trouve que c'est un excellent projet
de loi, le projet de loi n° 590. Puis mon adjoint
parlementaire a fait la tournée de plus d'une centaine de groupes anglophones,
puis la recommandation qui revenait le plus souvent, c'est d'offrir davantage
de <cours de...
M. Legault : …parce
que je trouve que c'est un excellent
projet de loi, le
projet de
loi
n° 590. Puis mon adjoint parlementaire a
fait la tournée de plus d'une centaine de groupes anglophones, puis la
recommandation qui revenait le plus souvent, c'est d'offrir davantage de >cours
de français aux anglophones; pas aux allophones, pas aux nouveaux arrivants,
aux anglophones qui sont ici depuis longtemps. Évidemment, là, ça me fait
plaisir d'entendre ce genre de proposition, parce qu'on souhaite que le
français soit la langue officielle au Québec, qu'elle soit parlée par le plus
de personnes possible.
Donc, déjà, on travaille. Est-ce que ce
sera par le projet de loi n° 590 ou par des cours? Mais je peux vous dire
que, pour ce qui est des objectifs, c'est la priorité numéro un que j'ai entendue,
du côté des groupes anglophones, de donner des cours de français aux
anglophones de souche, si je peux dire, là, pas seulement les nouveaux
arrivants.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Parfait. And, of course, when we do end up coming to the language
discussion, I know you have an action plan that's in the works, maybe some
modifications, these things do bring out some stresses and worries in the English-speaking
community.
Alors, avec votre
plan d'action que votre leader va déposer, votre ministre responsable de la
Langue française, est-ce que vous avez un message, pour les communautés
anglophones, concernant qu'est-ce que vous voulez faire? Parce qu'on est tous d'accord,
il y a un droit de travail en français, il faut valoriser la langue française,
mais je veux juste savoir si vous avez un message pour les communautés
anglophones, aujourd'hui.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, le Québec… Je suis en train de lire un livre, là, sur Montréal, 1933,
puis je vois comment Montréal, les entrepreneurs qui ont démarré des commerces,
il y en a beaucoup que ce sont des anglophones. Les anglophones sont au coeur
de l'histoire du Québec, puis ils ont des droits qui sont historiques, puis on
va les respecter. Les anglophones ont le droit d'avoir des services de santé en
anglais, les anglophones ont le droit d'avoir des services d'éducation en
anglais, donc tous ces droits vont être respectés.
Maintenant, il y aura toujours un défi, du
côté du français, dans une Amérique du Nord anglophone, de s'assurer que le
français demeure, entre autres, à Montréal. Donc, la loi 101 a été écrite
il y a longtemps, a besoin d'être réactualisée, c'est ce qu'on va faire. Bien,
vous avez vu un rapport, comme moi, récemment, qui disait que 60 % des
entreprises à Montréal exigent l'anglais pour les nouveaux employés. Ce n'est
pas acceptable pour moi. Puis ce n'est pas une question d'être pour ou contre
les anglophones, c'est une question de survie pour le français. Donc, je pense
qu'il y a un équilibre, mais je veux rassurer les anglophones, les droits
historiques vont être protégés. Et puis, moi, ce que j'entends, là... j'ai
rencontré, pendant, entre autres, mes vacances, beaucoup d'anglophones qui me
disaient : On est contents de ce que vous faites en éducation, en santé,
en <économie…
M. Legault : ...de
survie pour le français. Donc, je pense qu'il y a un équilibre, mais je veux
rassurer les anglophones, les droits historiques vont être protégés. Et puis,
moi, ce que j'entends, là... j'ai rencontré, pendant, entre autres, mes
vacances, beaucoup d'anglophones qui me disaient : On est contents de ce
que vous faites en éducation, en santé, en >économie. C'est ça qui sont
les priorités des anglophones au Québec.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
pour la réponse, M. le premier ministre. Je n'ai pas beaucoup de temps, alors
je vais essayer de poser deux questions.
La protection des médias anglophones du Québec,
c'est très important. On n'aime pas avoir nos nouvelles de Toronto. Je ne veux
pas que c'est CBC et CTV Toronto qui donnent, nous, des nouvelles de juste le
reste du Canada. L'information de nous, l'information ici, à l'Assemblée
nationale, est importante pour les anglophones du Québec. Alors, je veux juste
s'assurer que, dans vos plans, de continuer d'appuyer les médias des hebdos en
région, que le Montreal Gazette, le Sherbrooke Record puis tous
les autres sont pris en considération. Et je sais qu'il y a une responsabilité
pour le gouvernement fédéral, aussi, de s'assurer que CBC fait sa part ici, il
fait un excellent travail, mais il faut toujours lutter pour cette partie de la
responsabilité, le gouvernement fédéral aussi. Alors, ça, c'est un enjeu qui
est important.
Puis, dernière chose, c'est sur la
fonction publique. Je veux juste savoir si vous avez mis en place des
programmes, avec le secrétariat, pour augmenter le taux des anglophones dans la
fonction publique. Travailler avec McGill, travailler avec, quand même,
l'Université de Montréal, travailler avec Concordia et Bishop's University pour
faire un recrutement actif, pour chercher des anglophones, puis dire :
Vous êtes capables de travailler ici, à Québec, comme un fonctionnaire, comme
votre sous-ministre adjoint, M. Floch, que c'est possible, et une
excellente opportunité pour les anglophones du Québec.
Le Président (M. Bachand) :
10 secondes, M. le premier ministre, 10 secondes.
M. Legault : Bien,
écoutez, on a aidé les médias anglophones quand on a aidé l'ensemble des médias,
donc ça inclut les médias comme The Gazette. Puis, dans la publicité
gouvernementale qu'on a faite au cours des derniers mois, on a mis beaucoup
d'argent, puis on en a mis du côté anglophone. Je pense que ça a aidé aussi à
augmenter les revenus puis protéger l'existence de ces médias.
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup, M. le premier ministre. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
• (10 h 20) •
M. Nadeau-Dubois : Merci,
M. le Président. Je salue le premier ministre, le député du gouvernement, les
députés des oppositions, l'ensemble du personnel qui est présent.
J'ai seulement cinq minutes, alors je vais
y aller de questions brèves. Je fais confiance au premier ministre pour y aller
de réponses brèves puis je vous fais confiance à vous, M. le Président, pour
nous rappeler à l'ordre si jamais l'un de nous oublie ces règles.
J'aimerais parler au premier ministre d'un
sondage qui est sorti en mai dernier, qui indiquait que les Québécois et les
Québécoises d'expression anglaise sont considérablement plus inquiets que les
Québécois et Québécoises qui parlent français de contracter le coronavirus ou
qu'un membre de leur famille contracte le coronavirus. À l'époque, le premier
ministre s'était fait poser cette question et il avait expliqué ces
statistiques en blâmant les médias anglophones, particulièrement un journaliste
de La Gazette, qui, disait-il à l'époque, était responsable de cette
anxiété chez les anglophones du Québec. Trois mois plus tard, est-ce que le
premier ministre maintient cette explication-là? Et j'espère que non. Alors,
dans ce cas, qu'est-ce qui explique, selon lui, que les anglophones québécois
sont plus inquiets que les francophones au niveau de la pandémie <de
COVID-19...
M. Nadeau-Dubois : ...
chez
les anglophones du Québec. Trois mois plus tard, est-ce que le premier ministre
maintient cette explication-là? Et j'espère que non. Alors, dans ce cas,
qu'est-ce qui explique, selon lui, que les anglophones québécois sont plus
inquiets que les francophones au niveau de la pandémie >de COVID-19?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre.
M. Legault
: Bon,
je vais être prudent, pas faire choquer les gens autour de moi, là, mais,
écoutez, j'ai parlé d'Aaron Derfel, journaliste à The Gazette.
D'abord, je dois dire, j'adore Philip Authier, de The Gazette, qui
fait un travail extraordinaire, O.K.? Si vous regardez les tweets, O.K., ou les
articles d'Aaron Derfel, j'ai calculé au moins 10 articles différents où M. Derfel
m'accusait d'avoir menti, directement ou indirectement. Bon, évidemment que je
ne suis pas d'accord avec M. Derfel. Je pense que, de façon générale, les
articles qui sont publiés par The Gazette, qui est le journal qui
est peut-être le plus lu, sont objectifs, sont bien faits, mais je trouve que
M. Derfel, là... Puis je vous invite à aller voir les tweets de M. Derfel,
là, des six derniers mois, là, faites, un soir, l'exercice d'aller voir, puis je
pense que même les gens de l'opposition vont trouver que ça penche pas mal
toujours du côté que tout ce que fait le gouvernement n'est pas bon.
Bon, est-ce que c'est la seule raison? Non.
Probablement qu'il y a d'autres raisons qui expliquent que les anglophones sont
plus craintifs. Évidemment, les anglophones écoutent plus CNN, ils écoutent
plus les médias américains, qui sont très négatifs à l'égard de M. Trump.
Donc, il y a probablement d'autres explications.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
J'aimerais entendre le premier ministre sur ces autres explications, parce que,
Twitter, dans mes souvenirs, il y a une très faible minorité de la population
québécoise qui est abonnée à ce réseau social. Respectueusement, ça me semble
un peu court, comme explication, de dire : Il y a quelques tweets et
quelques articles, même une dizaine, qui expliquent des statistiques aussi
fortes, puis je rappelle au premier ministre que ces statistiques-là sont
valides à Montréal et à l'extérieur de Montréal.
Le premier ministre, il le sait, je n'ai
pas besoin de lui dire, il est premier ministre de tous les Québécois et
Québécoises, même les gens, au Québec, qui parlent en anglais. Au lieu de
blâmer les médias, peut-il nous dire, dans sa gestion de crise, qu'est-ce qu'il
va faire de mieux pour la deuxième vague pour que les Québécois puis les
Québécoises qui parlent anglais soient rassurés? Parce que les dernières
statistiques qu'on a, c'est que ces gens-là ne sont pas rassurés.
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault
: Bon,
je pense bien, là, que le cochef de Québec solidaire n'est pas en train de me
proposer de parler ou de faire plus de points de presse seulement en anglais,
là. Donc, déjà, je suis allé plus loin que la loi puis les règlements en
gardant une partie de mes interventions en anglais.
Je rappelle qu'Aaron Derfel n'est pas
seulement sur Twitter, c'est le journaliste santé <du journal The Gazette...
M. Legault : ...
plus
de points de presse seulement en anglais, là. Donc, déjà, je suis allé plus
loin que la loi puis les règlements en gardant une partie de mes interventions
en anglais.
Je rappelle qu'Aaron Derfel n'est pas
seulement sur Twitter, c'est le journaliste santé >du journal The Gazette,
qui est très lu. Puis je reviens sur l'explication que je donnais tantôt. Je
suis certain que le cochef de Québec solidaire écoute CNN, écoute les médias américains,
puis parfois, avec raison, on est très durs à l'égard de la gestion de Donald
Trump, et ça inquiète la population. Ça inquiète la population américaine, ça
inquiète aussi la population québécoise anglophone qui écoute CNN et les médias
américains.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. C'est tout le temps pour ce bloc. M. le député
de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé
:
M. le Président, M. le premier ministre, chers collègues, cinq minutes, trois
questions. D'abord, est-ce que le premier ministre considère que la communauté
anglophone québécoise, considérant son poids démographique, est bien servie et
financée en matière de services de santé et universitaires?
Le Président (M. Bachand) :M. le premier ministre, s'il vous plaît.
M. Legault : Oui, je
pense qu'en matière de santé... Je regarde McGill, le CUSM, je regarde les
services qui sont donnés dans les régions plus anglophones... Bon, je pense
qu'en Outaouais il y a besoin d'un agrandissement ou d'un nouvel hôpital, je
pense qu'en Estrie il y a du travail à faire du côté des hôpitaux, mais, de
façon générale, je pense que la communauté anglophone est bien servie du côté
des services de santé.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député, s'il vous plaît.
M. Bérubé : Très bien. Je
dirais même au premier ministre que, considérant son poids démographique, elle
est très bien servie.
Alors, je vois, là, qu'il y a d'autres
projets qui sont à l'étude. Commissions scolaires, assez particulier. Alors, le
premier ministre a pris un engagement d'abolir les élections scolaires,
d'abolir les commissions scolaires, mais le problème, c'est qu'il crée deux
régimes distincts de gouvernance dans le réseau de l'éducation selon la langue.
Alors, les francophones, eux, ils ne peuvent pas élire leurs représentants,
mais les anglophones, oui, parce qu'ils sont sensibles à ça, eux. Le taux de
participation n'est pas beaucoup plus élevé, puis le premier ministre a évalué
ça, il a dit : Oui, les anglophones, ils veulent ça, on va leur donner. Donc,
deux poids, deux mesures dans notre nation. On accorde aux anglophones le droit
de choisir leurs représentants, notamment par crainte qu'ils contestent la loi — ce
qu'ils font, de toute façon — puis on dit aux francophones :
Pour vous, ce n'est pas important. Ça m'apparaît hasardeux comme jugement parce
que ça ouvre la porte à d'autres enjeux de même nature. On va pouvoir faire des
distinctions sur la base linguistique au Québec en 2020. Moi, je trouve ça très
particulier. Alors, comment le premier ministre explique que c'est bon pour les
anglophones, de choisir leurs représentants, mais pas pour les francophones?
Le Président (M. Bachand) :
M. le premier ministre.
M. Legault : O.K.
D'abord, moi, je suis quelqu'un de très pragmatique, je regarde les faits puis
j'essaie d'écouter la population. Quand on regarde les élections scolaires du
côté francophone, le taux de participation est autour de 5 %. Quand on
regarde le taux de participation du côté anglophone, il est autour de
20 %. Donc, il y a quand même une réalité qui est <différente...
M. Legault : ...
d'abord,
moi, je suis quelqu'un de très pragmatique, je regarde les faits puis j'essaie
d'écouter la population. Quand on regarde les élections scolaires du côté
francophone, le taux de participation est autour de 5 %. Quand on regarde
le taux de participation du côté anglophone, il est autour de 20 %. Donc,
il y a quand même une réalité qui est >différente.
Quand on parle avec les groupes impliqués,
il y a une majorité de francophones qui ne souhaitent pas d'élections
scolaires, puis il y a une majorité, je pense, d'anglophones qui souhaitent des
élections scolaires. Donc, moi, je pense que le rôle d'un gouvernement, c'est
d'écouter la population, puis on donne aux francophones ce qu'ils veulent, on
donne aux anglophones ce qu'ils veulent. Moi, je ne vois pas pourquoi le chef
du PQ s'opposerait à ça.
Le Président (M. Bachand) :
M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé
:
Je pense que ce que le premier ministre dit aux francophones, c'est qu'il fait
l'évaluation qu'une majorité de représentants de la communauté anglophone
demandent ça, mais une très forte majorité des anglophones ne vont pas plus
voter aux élections scolaires. Alors, lui, il fait le choix, pour accommoder la
communauté anglophone... puis c'est bon pour vous de choisir vos représentants,
mais pas pour les francophones.
Autre dossier. Sa ministre présidente du
Conseil du trésor a dit, ce matin, que les dossiers qu'on retrouvait au projet
de loi n° 61, le défunt projet de loi n° 61,
c'était négociable. Alors, je vais lui parler du collège Dawson, collège
anglophone le plus populeux au Québec, près de 8 000 étudiants. Et là ils
ont fait une demande — et le seul cégep qui a réussi à s'inscrire
dans le projet de loi n° 61, c'est le collège Dawson — pour
l'agrandissement de 800... qui permettra l'accueil de 800 étudiants de plus.
Alors, je vais lui citer son ancien
collègue Joseph Facal, avec qui il a eu l'occasion d'échanger, notamment aux
origines de la Coalition avenir Québec. Il considère qu'on finance notre propre
assimilation, que les transferts linguistiques, dans un écosystème fragile à
Montréal, font en sorte de favoriser le passage d'étudiants francophones dans
un cégep anglophone, et c'est encouragé par un symbole très fort, qui est celui
de choisir le collège Dawson dans ces circonstances. Le Mouvement Québec
français, Joseph Facal, l'ensemble des chercheurs sérieux sur ces questions-là,
on partage la même opinion que le premier ministre envoie un message inquiétant
sur les transferts linguistiques. Alors, je lui pose la question : Est-ce
qu'il veut maintenir cette priorité-là pour le collège Dawson? Est-ce qu'il
considère qu'il y ait davantage de francophones qui aillent étudier en anglais
à Dawson, à Montréal?
Le Président (M. Bachand) :
C'est 10 secondes, M. le premier ministre, désolé.
M. Legault : O.K. Bien,
M. le Président, j'ai été au Parti québécois, puis c'est un sujet qui ne fait
pas l'unanimité. Est-ce que les francophones devraient avoir le droit d'aller
au cégep en anglais? Je sais qu'il y a beaucoup de péquistes qui pensent que
oui, il y en a d'autres qui pensent que non. Est-ce qu'il devrait y avoir un
équilibre, une limite? Ça va faire partie de ce qu'on va regarder avec le
projet de loi qui va être déposé par le ministre.
Documents déposés
Le Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Cela dit, en terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition ainsi que deux documents dont a fait état la
cheffe de l'opposition officielle, hier, à la séance de mercredi.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
11 h 30, où elle va entreprendre l'étude du volet Lutte contre
l'homophobie et la transphobie des crédits budgétaires du portefeuille de
Justice. Nous serons à la <salle Pauline-Marois. Merci, tout le monde,
merci...
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