Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mercredi 17 février 2021
-
Vol. 45 N° 120
Étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
Le Président (M.
Bachand) : Alors, bonjour à tout le monde. Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi
modernisant des dispositions législatives en matière de protection de
renseignements personnels.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) est remplacé par M. Barrette
(La Pinière); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Nadeau-Dubois
(Gouin); Mme Hivon (Joliette) est remplacée par M. Ouellet
(René-Lévesque).
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Sur ce, je vous rappelle qu'en
fonction des mesures de distanciation physique énoncées par la Santé publique
vous devez conserver votre place assise en commission. Si vous souhaitez vous
déplacer ou changer de place, un page devra désinfecter votre place. De plus,
le port du masque de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment
de prendre la parole dans le cadre de nos travaux.
Lors de l'ajournement de nos travaux, la
semaine dernière, les discussions portaient sur l'amendement proposé par le
député de Gouin à l'article 12. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
Merci, M. le Président. Content de retrouver les collègues, c'est une tradition
du mercredi maintenant pour parler de ce projet de loi important. Pardon?
Une voix : …
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
je... ... le leader adjoint a des meilleurs contacts que moi à cet égard.
Alors…
M. Caire : …
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
fais la présomption qu'il a des meilleurs contacts que moi.
M.
Caire
: …
M. Nadeau-Dubois : Mais c'est
à lui de le confirmer ou de l'infirmer. J'ai déposé un amendement quand on
s'est quittés qui porte sur une question qui est centrale, la définition de ce
qu'est une donnée sensible ou un renseignement personnel sensible. Je pourrais
refaire le plaidoyer que j'ai fait à mon amendement précédent. J'ai
précédemment fait un amendement qui avait comme objectif de préciser ce qu'est
un renseignement personnel, parce que cette définition-là, c'est ce que
beaucoup de groupes nous ont dit en consultation particulière, devait être
modernisée à l'aune des nouvelles avancées technologiques.
L'amendement que j'ai déposé la semaine
dernière et dont on discute aujourd'hui, c'est… a été rédigé dans le même
esprit, c'est-à-dire comment, comme législateurs, mettre sur pied une
définition des données sensibles qui nous permette… bien, qui dure dans le
temps et qui protège les citoyens et citoyennes. Parce qu'on le sait, les
avancées technologiques ont permis de procéder à toutes sortes de combinaisons
de renseignements personnels, à toutes sortes de traitements de ces données, ce
qui permet de générer des nouvelles données, notamment des données qui sont
sensibles…
M. Nadeau-Dubois : ...les
avancées technologiques ont permis de procéder à toutes sortes de combinaisons
de renseignements personnels, à toutes sortes de traitements de ces données, ce
qui permet de générer des nouvelles données, notamment des données qui sont
sensibles. Il y a notamment le Barreau du Québec et la Commission d'éthique en
sciences et technologies qui nous invitaient à faire ce travail-là, à préciser
de quoi est-ce que le législateur parle quand il parle de données sensibles. On
avait commencé un peu l'échange à la dernière... la dernière qu'on s'est vus,
puis le ministre et les gens qui l'accompagnent parlaient beaucoup du travail
des tribunaux, là, de la jurisprudence qui a permis de définir en partie cette
notion de renseignements sensibles.
Par contre, il m'apparaît important de ne
pas laisser complètement à la discrétion des tribunaux ce genre d'élément là
parce que c'est des éléments de définition de base de notre régime juridique de
protection des renseignements personnels. Parce que ce n'est... parce que...
bien, parce que je pense que c'est le rôle dans une société démocratique des
élus et du législateur que de mettre les bases de ce genre de concept là que
les tribunaux auront par la suite le loisir d'interpréter.
Donc, c'est l'objectif de mon amendement.
Dernier commentaire pour bien l'expliquer puis, je le répète, parce qu'on l'a
dit seulement la semaine dernière et le temps a passé, la liste que je propose,
la liste, on pourrait dire, de types de données ou de types de renseignements
personnels que je propose, elle n'est pas tirée de mon chapeau, c'est en fait
une référence aux motifs interdits de discrimination qui sont prévus à
l'article 10 de notre charte québécoise des droits et libertés de la personne.
Et le raisonnement auquel nous invitaient beaucoup de gens qui sont venus
témoigner en commission parlementaire, c'était de dire : Bien, puisque ce
sont des motifs interdits de discrimination, n'est-ce pas là une base
objective, base rationnelle sur laquelle démarrer la discussion pour définir
qu'est-ce qui est un renseignement sensible? Parce qu'en ce moment, la
définition est pour le moins générale, voire imprécise. Donc, nous avons
simplement repris les motifs interdits de discrimination qui sont à la Charte
des droits et libertés de la personne et nous y avons ajouté un élément,
c'est-à-dire les caractéristiques biométriques dans la mesure où... puis ce
n'est pas prévu à la Charte des droits et libertés de la personne, mais ça fait
partie des renseignements qui sont jugés sensibles par beaucoup de gens qui
sont venus nous voir en commission parlementaire, et c'est des gens... un type
de renseignement qui est... qu'on retrouve ailleurs dans la législation,
c'est-à-dire dans la Loi concernant le cadre juridique des technologies de
l'information.
Donc, voilà le raisonnement, M. le
Président, qui nous mène à déposer cet amendement-là. J'aimerais savoir ce que
le ministre en...
M. Nadeau-Dubois : ...en commission
parlementaire, et c'est déjà un type de renseignement qu'on retrouve ailleurs
dans la législation, c'est-à-dire dans la Loi concernant le cadre juridique des
technologies de l'information.
Donc, voilà le raisonnement, M. le
Président, qui nous mène à déposer cet amendement-là. J'aimerais savoir ce que
le ministre en pense et où il est prêt à aller pour qu'on précise ensemble. Et
je précise que la liste que je dépose est non exhaustive, hein, on dit «dont, à
titre d'exemple», donc c'est clairement une liste qui est non exhaustive.
J'aimerais savoir ce qu'il en pense et, s'il n'est pas d'accord avec moi, qu'il
serait judicieux de préciser la définition de renseignement personnel sensible
avec une liste comme celle-ci qui est non exhaustive.
Le Président (M. Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui, merci,
M. le Président. Bien, écoutez, sur le fonds, M. le député de Gouin et moi
sommes d'accord, effectivement. Ceci étant dit, quelques commentaires.
D'une part, ce n'est pas parce qu'un
renseignement peut être un motif de discrimination que ça en fait un
renseignement sensible. Par exemple, l'âge ou le sexe sont des motifs de
discrimination, mais ne sont pas considérés comme des renseignements sensibles.
Donc, l'idée de calquer les principes de la charte sont difficilement
transposables sur la définition de renseignement sensible.
Parce qu'il faut bien comprendre, M. le
Président, que l'objectif n'est pas de lutter contre la discrimination à cet
article-ci, mais bien d'établir un régime de protection qui est cohérent avec
la valeur de l'information. Et c'est pour ça, par exemple, qu'on va dire que ça
prend un consentement express, contrairement à un renseignement personnel où il
y aura des situations où le consentement peut être implicite. Dans ce cas-ci,
ça ne fonctionne pas.
Je pourrai aller plus loin et dire que,
même au niveau de la protection des systèmes d'information, la donnée qui
serait sensible devra jouir d'une protection qui est supplémentaire à, par exemple,
un renseignement qui serait peu sensible ou pas sensible du tout. Et là on se
ramasse avec... Des fois, on va se ramasser avec l'inverse de ce qu'on veut.
Et je rappelle à mon collègue qu'il y a
aussi une volonté, et je sais que, là-dessus, on est à la même enseigne, une
volonté de transparence, une volonté d'être capable de donner accès à
l'information. Et quelquefois on va se trouver avec l'effet contraire. Donc, un
renseignement qui n'est pas sensible, au sens de la définition qu'on a ici, mais
qui pourrait devenir un motif de discrimination, va donc devenir un
renseignement sensible. Et donc sa publication, qui pourrait être tout à fait
légitime, voire souhaitable, ne sera plus permise parce que là il faudra le
protéger d'une façon particulière parce qu'on aura donné cette... on aura fait
cette transposition-là qui ne se fait pas.
Et, au final, on amène quand même une
notion... Puis je peux comprendre qu'au premier abord ce n'est pas... ce n'est
peut-être pas évident, mais on avait eu cette discussion-là avec le député de
La Pinière sur des renseignements qui suscitent un haut degré d'attente
raisonnable. Ce n'est pas un concept qu'on amène avec le projet de loi n° 64. On l'avait...
M.
Caire
: ...et,
au final, on amène quand même une notion... puis je peux comprendre qu'au
premier abord, ce n'est pas... ce n'est peut-être pas évident, mais on avait eu
cette discussion-là avec le député de La Pinière sur des renseignements
qui suscitent un haut degré d'attente raisonnable. Ce n'est pas un concept
qu'on amène avec le projet de loi n° 64, on l'avait
dans le projet de loi n° 14, et 14 s'est inspiré de
ce qui se faisait aussi ailleurs dans la législation. Donc, il y a comme une
espèce de ligne directrice qui s'établit. Et c'est là-dessus où je dis au
député de Gouin que la définition, telle qu'elle est là, au niveau juridique,
en tout cas, pour avoir parlé avec nos juristes, puis aucun problème, là, je le
laisserai compléter la réponse si le député de Gouin n'est pas satisfait de la
mienne, là, sans problème, mais au niveau des juristes, la définition actuelle,
elle est satisfaisante au sens où elle précise quand même cette notion-là, et
il y a une jurisprudence qui s'établit et qui va continuer à s'établir. Et
aussi, plus tard, avec le consentement des collègues, on va permettre à la CAI
d'émettre des lignes directrices, donc de venir préciser ça par des lignes
directrices sans donner à la loi peut-être une espèce de déséquilibre dans
l'interprétation qu'il faut faire de ce qu'est un renseignement sensible. Donc,
pour ces raisons-là, je pense que la définition actuelle demeure la meilleure
option.
• (11 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : La raison
pour laquelle les intervenants qui sont venus en commission parlementaire nous
alertaient sur l'importance de préciser ce qu'est un renseignement sensible,
c'est parce qu'il y a des pratiques qui existent dans la société où des
renseignements qui, en vertu de l'amendement que je présente, seraient
considérés comme sensibles qui, actuellement, sont utilisés avec, mettons,
légèreté. On parlait la semaine dernière ou l'autre d'avant d'entreprise, et là
je sais que je prends volontairement un exemple dans le secteur privé, on est
ici dans le secteur public, le ministre me pardonnera de prendre les premiers
exemples qui me viennent en tête, des entreprises qui vont faire une
utilisation d'un renseignement de comparaison, le fait que quelqu'un est
enceinte. Et ça va être utilisé pour faire du profilage en matière de
publicité. Il y a même... et c'est documenté comme pratique, on infère à partir
de certains renseignements, notamment l'historique de navigation, qu'une
personne est enceinte, on fait du profilage commercial à cette personne-là, et
il y a même eu des cas où des entreprises modifiaient les prix pour profiter de
cette situation puis profiter du fait qu'on avait prédit, grâce à un traitement
automatisé des données, grâce à des algorithmes d'intelligence artificielle, le
fait que cette personne-là était enceinte. D'ailleurs, l'état de grossesse, là,
est mentionné explicitement dans l'amendement que je...
M. Nadeau-Dubois : ...pour
profiter de cette situation puis profiter du fait qu'on avait prédit, grâce à
un traitement automatisé des données, grâce à des algorithmes d'intelligence
artificielle, le fait que cette personne-là était enceinte. D'ailleurs, l'état
de grossesse, là, est mentionné explicitement dans l'amendement que je
présente.
Comment faire, avec ce projet de loi, pour
que ces pratiques-là soient mieux encadrées, puis même, dans l'exemple que je
donne, carrément interdites, parce qu'on devrait... Puis si c'est un motif en
vertu de la charte, si c'est un motif interdit, la discrimination, on ne
devrait pas modifier nos pratiques commerciales ou le prix qu'on présente au
consommateur en fonction de ça. Donc, comment s'assurer que les entreprises ou
les organismes publics traitent ce type de donnée là avec toute la réserve puis
la prudence que ce genre de donnée là implique par leur nature même, au-delà du
contexte puis au-delà de comment on les utilise?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: Je
vais répondre au député que je pense qu'on a... puis avec sa notable contribution,
on a déjà répondu à une partie de cette question-là, notamment en modifiant la
définition de ce que c'est, un renseignement personnel. Maintenant, on dit un renseignement
personnel, ce qui permet d'identifier une personne physique directement ou
indirectement. Donc, tout ce qui est inférence va tomber... permet l'inférence
va tomber sous le coup des renseignements personnels. Donc, il y a quand même
un régime de protection qui est assuré par le traitement des renseignements
personnels, qui va être amené par le projet de loi, qui n'existait pas, notamment,
la notion du consentement explicite pour chaque finalité.
Donc, les situations où une entreprise
pourrait collecter des renseignements personnels, d'une part, cette définition-là,
maintenant, elle est plus englobante avec les modifications qu'on a faites, et
ensuite, si je collecte des renseignements personnels sur vous, puis on a eu
cette discussion-là avec le député de LaFontaine, avec un certain humour, là,
où on s'est rendu compte... Puis j'ai vécu d'ailleurs cette expérience-là, M.
le Président, je suis allé magasiner avec mon fils, cette fin de semaine, pour
son 18e anniversaire. Mal m'en a pris, parce qu'ils vont tous magasiner dans
les mêmes boutiques, hein? Ça fait que tu as des boutiques, il n'y a personne,
puis tu as des boutiques, tu as des listes... En tout cas, bref.
Mais tout ça pour dire qu'arrivé à la
caisse pour payer un article la personne à la caisse demande l'adresse de
courriel. Je dis non. Bien non, bien non. Pourquoi? Et là de répondre : Parce
que maintenant, on n'imprime plus de factures, on les envoie par courriel. Ah! O.K.
Alors, je vous donne mon consentement si vous envoyez ça exclusivement pour la
facturation. Alors, ça, c'est une finalité qui m'a été exprimée et pour
laquelle je donne mon consentement, en disant : Si c'est pour m'envoyer une
facture, c'est parfait, mais pour toute autre utilisation, vous ne pouvez pas.
Donc, en adoptant 64, on vient de comprendre
que là, il y a un consentement pour une...
M.
Caire
:
…exprimée et pour lesquelles je donne mon consentement en disant : Si
c'est pour m'envoyer une facture, c'est parfait, mais pour toute autre
utilisation, vous ne pouvez pas.
Donc, en adoptant 64, on vient de
comprendre que, là, il y a un consentement pour une finalité. Et toute autre
finalité qui pourrait… pour lesquelles on prendrait ce renseignement-là, que
j'ai fourni, par exemple monter des listes d'appel, du télémarketing, il n'y a
pas de consentement, il n'y a pas de consentement. Mais je le rappelle, puis je
comprends l'objectif du député de Gouin, je partage son objectif, je pense que
nous nous attaquons à cette situation-là avec ce qui a été fait puis avec
d'autres articles aussi, qui sont à venir, M. le Président, là, il y aura
d'autres articles sur le consentement puis d'autres… on va parler des
évaluations relatives aux facteurs… à la vie privée, on va parler de la vie
privée par défaut, il y a d'autres mesures qui s'en viennent, M. le
député. Mais déjà, on a adressé une partie de ce problème-là, c'est-à-dire on a
mis… on met en place les premières briques d'une solution.
Ce à quoi je nous mets… ce contre quoi je
nous mets en garde, c'est qu'en donnant… en transposant l'idée de la
discrimination, dans le projet de loi, on vient de donner une notion de
renseignements sensibles à des renseignements qui, par leur nature, ne le sont
pas. Donc, il n'y aura pas d'attente raisonnable, il n'y aura pas un haut degré
d'attente raisonnable de vie privée. Donc là, on va donner comme deux
définitions contradictoires à un même renseignement. Donc, votre âge… pour
votre âge, il n'y a pas… pour le mien, oui, mais pour le vôtre, non, il n'y a
pas… non, mais, blague à part, il n'y a pas de haut degré d'attente
raisonnable, c'est un renseignement qui peut être communiqué puis pour lequel
le niveau de préjudice, par le renseignement lui-même, n'est pas nécessairement
élevé.
Par contre, ça peut être un motif de
discrimination, surtout à mon âge, surtout à mon âge, puis là je le dis très
sérieusement. Je veux dire, un homme de 55 ans qui se cherche un emploi,
ça se peut que ça soit plus difficile que pour un homme de 25 ans, puis je
dis : Homme, mais ça peut être femme. Alors, ça peut être un motif de
discrimination. Ça ne fait pas de ce renseignement-là un renseignement sensible
par sa nature.
En fait, c'est contre ça que les juristes
nous mettent en garde, et c'est la raison pour laquelle la définition que nous
mettons, dans le dernier alinéa de l'article, est une définition qui peut
sembler large, mais dans le contexte de ce qu'on est en train d'établir dans le
corpus législatif, donc en reprenant cette idée-là de degré d'attente
raisonnable en matière de vie privée, va donner finalement une définition à
travers les lignes directrices, la jurisprudence, va donner une… va
circonscrire les renseignements qui devraient être sensibles aux renseignements
qui, de par leur nature, sont sensibles.
Puis là je vais juste compléter ma
réponse, parce que le député de Gouin amène... rajoute les caractéristiques
biométriques qui, à leur face même, sont des renseignements, je dirais, même
ultrasensibles, là. On ne fera pas des catégories, là, mais c'est extrêmement…
M.
Caire
: ...aux
renseignements qui, de par leur nature, sont sensibles. Puis là je vais juste
compléter ma réponse parce que le député de Gouin amène... rajoute les
caractéristiques biométriques qui, à leur face même, sont des renseignements,
je dirais, même ultrasensibles, là. On ne fera pas des catégories, là, mais
c'est extrêmement sensible, à tel point que c'est déjà encadré. L'utilisation,
le stockage, la communication, la suppression, c'est déjà encadré dans la Loi
concernant le cadre juridique des technologies de l'information, loi qui est si
chère au coeur du député de LaFontaine, mais qui prévoit... et qu'on va
modifier d'ailleurs, hein? Dans cette loi-ci, là, on va quand même ajouter des
éléments sur la communication à la Commission d'accès à l'information et pour
laquelle la Commission d'accès à l'information a déjà des prérogatives très
importantes quant à ce qu'on peut faire avec ça.
Donc, voilà, c'est pour ça, M. le
Président, je pense que la définition actuelle peut sembler large, mais je
pense qu'elle ne l'est pas tant que ça, à cause du fait que ça suscite un haut
degré d'attentes raisonnables en matière de vie privée et qu'il y a déjà une
jurisprudence qui se met en place, qui va continuer à se mettre en place.
Puis je vous dirais aussi, pour conclure,
que, quand les commentaires... c'est que les commentaires qui ont été faits ont
été faits. La notion de permettre à la CAI d'émettre des lignes directrices
n'était pas dans le projet de loi, donc c'est une notion que nous allons amener
qui vient, encore une fois, je pense, là, permettre à la CAI d'avoir cette
souplesse et cette flexibilité pour peut-être venir préciser les zones d'ombre
qui pourraient être laissées par la définition actuelle.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de Gouin.
• (11 h 50) •
M. Nadeau-Dubois : Le ministre
dit que... prend l'exemple de l'âge pour argumenter qu'il y a peut-être, dans
l'amendement que je propose, un risque d'être trop rigide. Moi, c'est comme ça
que je comprends ou, en tout cas, pas assez flexible, ce qui est un peu deux
manières de dire la même chose. Et il me dit : L'âge, ça ne devrait pas
être considéré comme un renseignement sensible parce que ça ne suscite pas
d'attentes raisonnables... un haut degré d'attentes raisonnables en matière de
vie privée. Ça, c'est l'opinion du ministre, c'est... Dans le fond, sur quelle
base objective est-ce qu'on peut affirmer que... puis là je prends l'âge, là,
mais, tu sais, on pourrait prendre l'état civil, la couleur, sur quelle base est-ce
que le ministre dit : Ça, ça ne génère pas un haut degré d'attentes
raisonnables en matière de vie privée? Parce que moi, je pourrais dire :
Bien, il me semble que, par contre, la grossesse ou, mettons, l'origine
nationale, moi, je pourrais argumenter que, dans beaucoup de circonstances, ces
deux types d'information là suscitent un haut degré d'attentes raisonnables en
matière de vie privée. Donc, qu'est-ce qui... c'est quoi, le critère pour
discriminer, puis je le dis sans jeu de mots, ce qui génère un haut degré
raisonnable...
M. Nadeau-Dubois : …nationale,
moi, je pourrais argumenter que dans beaucoup de circonstances, ces deux types d'information
là suscitent un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie privée.
Donc, qu'est-ce qui… c'est quoi, le critère pour discriminer, puis je le dis
sans jeu de mots, ce qui génère un haut degré raisonnable, un haut degré
d'attente raisonnable et ce qui ne génère pas un haut degré d'attente
raisonnable?
M.
Caire
: En
fait, c'est parce qu'on a ici deux principes qui ne peuvent pas être confondus,
qu'on ne devrait pas confondre. Premièrement, c'est parce que le collègue
aborde ces questions-là sous la base de la discrimination. Il n'y a aucun
doute, aucun doute que l'âge, la couleur peuvent être des motifs de
discrimination. Par contre, un renseignement personnel, un renseignement
sensible, donc un renseignement personnel sensible, c'est un renseignement dont
la publication amène par exemple un préjudice grave. Donc, le fait que mon âge…
que je communique mon âge me cause un préjudice grave à l'exclusion bien sûr de
ce qu'on appelle la discrimination, qui est déjà encadrée par la Charte des
droits et libertés et qui ne doit pas être un motif. Donc, je peux communiquer
mon âge, mais ça ne doit pas faire en sorte que je suis victime de
discrimination. Je ne sais pas si le député voit la nuance. Et donc, quand on
parle d'un renseignement sensible, c'est un renseignement dont la
communication, dont l'utilisation, dont la façon de le stocker informatiquement
va amener des mesures de protection supplémentaires. Je dois avoir des
contraintes de sécurité supplémentaires sur ces renseignements-là, parce qu'ils
sont sensibles, et le fait de communiquer… le simple fait de communiquer ces
renseignements-là peut causer un préjudice grave.
Si je communique votre numéro d'assurance
sociale, on peut penser qu'il y a un préjudice grave. Si je communique votre
âge, le préjudice ne peut pas être de la même ampleur, parce que la situation
fait en sorte que… Puis toujours pas dans un contexte de discrimination. Je ne
le place pas dans un contexte de discrimination, parce que le simple fait de
communiquer votre âge ne veut pas dire que vous allez être discriminé. Ce n'est
pas automatique. Et il y a des situations où communiquer votre âge est tout à
fait pertinent. Mais les renseignements sensibles, de par leur nature, s'ils
sont communiqués, là il y a une attente… c'est ce qu'on appelle une attente
raisonnable à la vie privée. Je prends votre numéro d'assurance sociale. Bien
oui, là, c'est clair que… Je prends vos informations bancaires, numéro de carte
de crédit, le numéro CBS, la date d'expiration. Avec ça, je peux fabriquer une
fausse carte puis vous monter un solide compte de banque, là, solide compte de
banque, là, avec votre…
M.
Caire
:
…votre numéro d'assurance sociale, bien, oui, là, c'est clair que je prends vos
informations bancaires, numéro de carte de crédit, le numéro CVS, la date
d'expiration. Avec ça, je peux fabriquer une fausse carte puis vous monter un
solide compte de banque, là, solide compte de banque, là, avec votre
identifiant, mot de passe, question secrète. Si je peux accéder à vos informations
bancaires, je peux aller vous négocier un prêt de 10 000 $ en cinq
minutes. C'est un préjudice grave, avec votre âge, oui, c'est vrai,
effectivement, il pourrait avoir discrimination, mais il pourrait, ce n'est pas
automatique. Puis sinon, bien, votre âge, quel préjudice grave, je ne peux pas
vous voler votre identité juste avec l'âge, là, ce n'est pas possible, je ne
peux pas…
Alors, c'est ça, c'est pour ça que… puis,
encore une fois, là, Me Miville-Deschênes a toujours l'opportunité de cogner
dans la fenêtre, si je suis en train de dire n'importe quoi, mais la
sensibilité d'une information et le fait que ce soit…ou que ça pourrait
potentiellement être un motif de discrimination sont deux choses différentes.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
discussion très importante. Le ministre utilise l'exemple du vol d'identité,
c'est un bon exemple pour dire, de ce point de vue là, du point de vue d'un vol
d'identité, le numéro d'assurance sociale est plus sensible que l'âge, du point
de vue du vol d'identité, c'est vrai. Mais, moi, je l'invite à considérer un
autre point de vue, celui de la discrimination en disant : Si un
renseignement peut être source de discrimination et la carte de crédit, le
simple numéro de carte de crédit en soi ne peut pas être utilisé, ça ne peut
pas être utilisé pour discriminer quelqu'un, on pourrait dire le dossier de
crédit, mais le numéro de carte lui-même, là, le numéro, le CVS, la date
d'expiration, ça, en soi, ça ne peut pas avoir… ce n'est pas un renseignement
personnel, dont l'utilisation peut générer une discrimination en vertu de la
charte.
La liste que je présente, ce sont des
renseignements personnels qui, du point de vue, en effet, du vol d'identité, on
pourrait dire que c'est pas mal moins sensible que le numéro de carte de
crédit, mais du point de vue des effets discriminatoires potentiels, ils sont
beaucoup plus sensibles, je répète, du point de vue des effets discriminatoires
potentiels de ces renseignements-là. D'ailleurs, c'est pour ça que, dans le
cahier fourni par le ministre, où on explique les articles, on peut lire :
«La détermination de la sensibilité du renseignement dépend du contexte, mais
il est généralement reconnu que les renseignements relatifs à la santé, aux finances,
à l'origine raciale ou ethnique, aux convictions politiques ou religieuses, à
la vie sexuelle ou à l'orientation sexuelle d'une personne constituent des
renseignements sensibles.»
Donc, il y a à la fois les exemples que le
ministre me donne, les renseignements relatifs aux finances, et il y a aussi…
M. Nadeau-Dubois : …mais il
est généralement reconnu que les renseignements relatifs à la santé, aux
finances, à l'origine raciale ou ethnique, aux convictions politiques ou
religieuses, à la vie sexuelle ou à l'orientation sexuelle d'une personne
constituent des renseignements sensibles. Donc, il y a à la fois les exemples
que le ministre me donne, les renseignements relatifs aux finances, mais il y a
aussi… Ça recoupe quand même pas mal, en tout cas, à plusieurs égards l'amendement
que je présente, c'est-à-dire les renseignements relatifs à la santé, origine
raciale ou ethnique, convictions politiques ou religieuses.
Donc, il y a comme deux types de
raisonnements, puis je ne suis pas prêt à dire que le raisonnement que je vous
présente est sans faille, absolu, et la vérité de révélations divines, mais il
me semble qu'il y a là quand même un critère à considérer pour définir ce qui
est sensible ou pas comme renseignement. Il y a le critère d'est-ce que ça peut
permettre un vol d'identité, est-ce que ça suscite un haut degré d'attente
raisonnable en matière de vie privée? Ça, c'est un critère, puis il est
pertinent, ce critère-là. Puis c'est pour ça que mon amendement ne propose pas
d'effacer ce critère, là. Est-ce que ce renseignement-là suscite un haut degré
d'attente pour la vie privée? Et c'est un critère pertinent.
Moi, je lance l'idée, je soumets
l'hypothèse puis… je ne le fais pas juste par plaisir, là. Il y a deux
organisations crédibles qui sont venues nous en parler en commission
parlementaire. Je lance l'idée qu'un autre critère à utiliser pour définir ce
qu'est une donnée sensible, ça pourrait être les faits potentiellement
discriminatoires. Puis, ce n'est pas, quant à moi, deux critères qui
s'opposent. C'est deux critères qui sont tous les deux valides puis qui peuvent,
selon les circonstances et selon le contexte, être tous les deux utiles. Parce
que, là on… puis on peut tomber dans l'échange d'anecdotes ou d'exemples, mais,
tu sais, l'âge, il y a des circonstances, oui, ça peut être utilisé comme
donnée pour faire de la discrimination. Et donc, du point de vue de l'effet discriminatoire
potentiel, il y a une sensibilité supplémentaire à l'âge, par rapport au numéro
de carte de crédit. Le ministre, lui, a une perspective qui est différente et
que, moi, je juge complémentaire à la mienne. C'est de dire : Oui, mais du
point de vue de la vie privée, c'est plutôt le numéro de carte de crédit qui
est plus sensible que l'âge.
Donc, encore une fois, je prends le temps
de l'expliquer pour montrer que c'est deux perspectives différentes sur la
notion de sensibilité du renseignement puis moi, je… Puis, plus je discute avec
le ministre, plus ça m'apparaît clairement, il me semble que ça ne s'oppose
pas. Il me semble que c'est complémentaire et qu'il y a sans doute moyen dans le
projet de loi d'intégrer cette question-là. Puis le ministre parlait de
l'importance de… Tu sais, le ministre disait : S'il y a divulgation de
l'âge, ça a moins d'impact sur la vie privée, notamment pour un potentiel vol
d'identité, que la divulgation, par exemple, d'un numéro de carte de crédit.
L'autre réponse que j'aurais pour lui c'est qu'il n'y a personne qui dit que
les renseignements sensibles doivent être cadenassés à quintuple tour et
jamais, jamais, jamais utilisés, jamais, jamais, jamais pour rien. Je pense
qu'il y a, par exemple, plutôt un consensus sur le fait que même des données de
santé…
12 h (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : ...la
réponse que j'aurais pour lui, c'est qu'il n'y a personne qui dit que les
renseignements sensibles doivent être cadenassés à quintuple tour et jamais,
jamais, jamais utilisés jamais, jamais, jamais pour rien. Parce qu'il y a, par
exemple, plutôt un consensus sur le fait que même des données de santé, si
elles sont bien traitées, bien conservées, bien anonymisées, peuvent servir,
par exemple, à des projets de recherche. Moi, je le vois dans un contexte qui
n'est pas commercial, dans un contexte vraiment d'avancement de la connaissance
et pas dans un contexte où on veut faire du profit avec ces données-là.
On y viendra à ce débat-là en temps et
lieu, mais il n'y a personne qui dit que, par essence, les renseignements
personnels doivent être inutilisables. Mais il s'agit de dire : Puisqu'ils
sont sensibles et puisque leur utilisation peut générer des effets
discriminatoires, il faut les encadrer par un cadre juridique différent,
spécifique, notamment en matière de consentement, mais pas seulement.
Il est là, mon raisonnement. Est-ce que
l'effet discriminatoire potentiel de renseignements personnels ne devrait pas
être pris en compte dans la définition de ce qu'est un renseignement sensible?
Puis peut-être, le ministre a une partie de la réponse, peut-être que les gens
qui l'accompagnent aussi… On sait une partie de la réponse que je me demande.
Et je pose la question en toute candeur : Est-ce que les tribunaux n'ont
pas eu un avis là-dessus, notamment?
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre.
M.
Caire
: Oui, merci,
M. le Président. Bien, en fait, on revient au débat de fond qui est de
dire : La discrimination est une chose que l'on interdit par la charte des
droits et libertés, bon, différentes législations qui arrivent là-dessus. Mais,
je réitère qu'un renseignement qui peut amener à de la discrimination n'est pas
nécessairement un renseignement qui est sensible. Sensible au sens où sa simple
diffusion cause un préjudice à la personne à qui appartient le renseignement
comme tel.
Et, quand on parle d'un haut degré
d'attente raisonnable en matière de vie privée, ce qu'on dit, dans le fond,
c'est ça, c'est : Est-ce que cette information-là… Est-ce que la
communication ou une mauvaise utilisation de cette information-là amène un
préjudice important à ma vie privée? Puis, on ne parle pas de discrimination,
là. On ne parle pas de discrimination, on parle de… Et c'est là où je ramène
les exemples que j'ai donnés à mon collègue, le fait qu'on diffuse, ou le fait
que je me fasse voler ma date d'anniversaire, parce que c'est de ça dont on parle,
là, ou le fait qu'on communique dans un malheureux courriel au mauvais
destinataire ma date d'anniversaire. Est-ce qu'il y a là, pour moi, un
préjudice grave? En soi, non. En soi, non. Le fait qu'on tente d'obtenir…
M.
Caire
: …ou le
fait qu'on communique dans un malheureux courriel au mauvais destinataire ma
date d'anniversaire. Est-ce qu'il y a là pour moi un préjudice grave? En soi,
non; en soi, non. Le fait qu'on tente d'obtenir ma date d'anniversaire, je ne
sais pas pour quelle raison on pourrait faire ça, là, que ce soit diffusé ou… est-ce
qu'il y a un préjudice pour moi? Non. Bien, pas nécessairement. Je dis non. Ce
n'est pas vrai. Pas nécessairement. Ce n'est pas… En soi, le renseignement en
soi ne porte pas ce gène-là, si j'ose m'exprimer ainsi. Est-ce que je peux être
discriminé sur la base de mon âge? Oui, bien sûr. Est-ce que je peux être
discriminé sur la base que j'ai des cheveux blancs? Bien oui. Est-ce que je
peux être discriminé sur la base du fait que je suis une femme ou je suis…
j'appartiens à une minorité culturelle? Bien sûr que oui, bien sûr que oui.
Mais est-ce que ce renseignement-là en soi est porteur de préjudices quant à la
vie privée? Bien non, pas nécessairement. Donc, c'est pour ça qu'on parle de la
notion d'un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie privée.
Et là je vais amener mon collègue dans
l'autre univers, parce qu'il dit : Ça ne veut pas dire qu'on ne peut plus
s'en servir. Il a raison. Mais ça veut dire que s'en servir devient beaucoup
plus compliqué, parce qu'on ne manipulera pas des renseignements sensibles
comme on va manipuler des renseignements personnels, comme on va manipuler des renseignements
généraux. On s'entend. Je prends un exemple au hasard. Le nombre de lampadaires
au Québec, on met ça sur le site DonnéesQuébec.ca, là, c'est une donnée
ouverte. Tu sais, il n'y a pas de protection particulière à mettre autour d'une
information comme celle-là. On s'entend qu'un renseignement personnel, oups!
ça, c'est moins… tu sais, c'est… ça, on ne mettra pas ça sur le site de données
ouvertes du Québec, là, on s'entend. Puis des renseignements sensibles, on en
met une coupe de plus.
Alors, la mobilité de l'information
demeure quand même quelque chose d'important, et c'est pour ça qu'on amène la
notion de renseignements sensibles versus renseignements personnels, versus
tous les autres renseignements qu'il peut y avoir, et la protection dont ces
renseignements-là vont… dont ils vont faire l'objet va être en conséquence, va
être en conséquence. Alors, s'il n'y a pas une attente, un haut degré d'attente
raisonnable en matière de vie privée, bien, M. le Président, je veux dire…
Puis, si on va… Puis je donne un exemple, je donne un exemple à mon collègue.
On va sur la page Facebook, on met «photo de l'anniversaire de notre fils, de
notre fille, de nous-mêmes, de…» Puis cette semaine, je regardais justement sur
Twitter les bonnes fêtes dont on fait… Puis d'ailleurs je joins mes voeux à
ceux… en retard, mais bon, à ceux de mes collègues…
M.
Caire
: ...on
va sur la page Facebook, on met photos de l'anniversaire de notre fils, de
notre fille, de nous-mêmes. Puis cette semaine je regardais justement sur Twitter
les bonnes fêtes dont on fait... Puis d'ailleurs je joins mes voeux à ceux...
en retard, mais bon, à ceux de mes collègues pour le chef du troisième groupe
d'opposition. C'est sur Twitter, sa date d'anniversaire est sur Twitter. Il y
a-tu un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie privée quand on met
une information comme celle-là sur Twitter? Je pense que non. Tu sais, ça ne
peut pas difficilement être plus public que ça, là.
Alors, M. le Président, comprenez-vous
que, si on en fait un renseignement sensible, oh! là, on a un problème, là. Je
fais quoi avec ça, là? Comment je gère ça?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin. Après, j'ai le député
de LaFontaine.
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, après ça, à vous, M. le député. Désolé.
M. Nadeau-Dubois : Je pourrais
aussi prendre la décision personnelle de mettre mon code génétique entier sur
les médias sociaux puis, si je le divulgue moi-même, je le divulgue moi-même.
Je sais qu'on est capable d'avoir une conversation sérieuse là-dessus, ça fait
que restons sur des exemples... Parce que sinon, je veux dire, c'est vrai que
moi, je peux... quiconque peut diffuser n'importe quel renseignement
volontairement sur à peu près n'importe quoi. Puis, si moi, je décide de
publier l'ensemble de mes problèmes de santé, c'est toujours bien la décision
que j'ai prise, puis les gens en feront ce qu'ils veulent. Ça fait que bon.
Puis je ne veux pas inciter inutilement, ça
fait que je vais poser une question bien, bien, bien simple, là. Tu sais, moi,
l'argument que je présente, c'est l'effet potentiellement, potentiellement, pas
assurément, pas à tout coup, pas c'est sûr que ça va être utilisé pour faire de
la discrimination. L'argument que je présente, c'est l'effet potentiellement
discriminatoire, ne devrait-il pas être un des critères qu'on utilise pour
définir un renseignement sensible? Je pose cette question-là, le ministre me
répond toujours : Oui, mais ça peut peut-être faire de la discrimination,
mais ça ne génère pas un degré d'attente... un haut degré d'attente pour la vie
privée. Puis là moi, je pourrais faire l'argument inverse puis dire : Oui,
mais ça génère un haut degré d'attente pour la vie privée, mais ça ne peut pas
créer de discrimination.
Ça fait que ce que j'essaie d'argumenter,
c'est qu'on n'a pas à choisir entre les deux puis que les deux critères peuvent
être pertinents pour définir ce qu'est un renseignement sensible. Ça fait que
moi, au lieu de me redonner les exemples qu'il m'a déjà donnés, puis là moi, je
pourrais redonner les mêmes exemples que j'ai donnés, puis là on peut danser longtemps.
Ma question, puis peut-être que les gens qui accompagnent le ministre peuvent
aussi m'aider à trouver la réponse à cette question-là, c'est : Pourquoi
évacuer l'effet potentiellement discriminatoire comme critère pour définir ce
qu'est un renseignement sensible?
M.
Caire
: Puis
je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter, là, parce que renseignement
qui peut être un motif de discrimination peut être un renseignement qui a un
caractère plus large, voire public, et donc qui n'est pas un renseignement
sensible. Puis je vais laisser Me Deschênes, avec la permission de la commission.
M. Nadeau-Dubois : Mais juste
là-dessus, mais c'est qu'il n'est pas un renseignement sensible en vertu de la
définition actuelle. Mais moi, je propose de transformer la...
M.
Caire
: ...un
renseignement qui peut être un motif de discrimination peut être un
renseignement qui a un caractère plus large, voire public, et donc qui n'est
pas un renseignement sensible. Puis je vais laisser Me Deschênes, avec la
permission de la commission.
M. Nadeau-Dubois : Juste
là-dessus, mais c'est qu'il n'est pas un renseignement sensible en vertu de la
définition actuelle. Moi, je propose de transformer la définition. Est-ce que
ça, c'est... pourquoi est-ce que cette... parce que, dans le fond, le ministre
me dit : En vertu de la définition d'un renseignement sensible selon
laquelle est un renseignement sensible ce qui génère des hautes attentes en
matière de vie privée, l'âge, puisqu'il ne génère pas des hautes attentes en
matière de vie privée, n'est pas sensible. Mais là c'est parce qu'on est en
train d'avoir un débat sur la définition même de ce qui est un renseignement
sensible, donc la réponse ne peut pas s'appuyer sur la définition que je
souhaite changer, sinon, on est condamnés à ne jamais se comprendre et ce n'est
pas ce que je souhaite.
Alors, comment on fait pour avoir le débat
sur la définition même du renseignement sensible? Puis peut-être qu'il y a des
décisions des tribunaux que je ne connais pas qui répondent à cette question-là.
Est-ce que l'effet potentiellement discriminatoire ne pourrait pas être ajouté
à ce qu'est un renseignement sensible? C'est ça, vraiment, le fond de ma
question.
• (12 h 10) •
M.
Caire
: Parce
qu'un renseignement qui a un caractère public par définition ne peut pas être
un renseignement sensible. Un renseignement sensible, c'est un renseignement
que vous allez protéger, c'est un renseignement dont vous allez tenter de
restreindre la communication. Or, le fait que je sois un homme n'est pas un renseignement
que je peux protéger. Je veux dire, c'est assez évident que je suis un homme,
donc je peux être discriminé là-dessus. C'est évident que je suis un homme d'un
certain âge. On me regarde, on le voit, ce n'est pas un renseignement que je
peux protéger. Pour des personnes qui sont membres d'une communauté visible,
bien, cette situation-là, elle est évidente. Ce n'est pas un renseignement
sensible.
Et je prenais le numéro d'assurance
sociale parce que mon numéro d'assurance sociale, il n'est pas écrit dans mon
front. Si je ne vous le communique pas, vous ne l'aurez pas. Vous ne l'aurez
pas. Le fait que je parle français, j'ouvre la bouche, c'est assez évident. Ce
n'est pas quelque chose... ce n'est pas... puis de toute façon, ce n'est pas un
renseignement que, par sa nature, je devrais cacher.
Or, la discrimination, c'est une chose, le
renseignement sensible, un renseignement dont la communication doit être
restreinte, dont la diffusion doit être restreinte, c'est une autre chose. On
parle de deux choses différentes qu'on ne doit pas mettre dans le même plat.
C'est la raison pour laquelle — puis je vais laisser
Me Miville-Deschênes compléter, il semble être impatient de nous adresser
la parole, donc avec le consentement de la commission — je comprends la
préoccupation de mon collègue, je lui dis juste qu'on met deux choses dans le
même plat qui n'ont pas d'affaire dans le même plat.
Ça ne veut pas dire que la discrimination
n'est pas quelque chose qu'on ne doit pas combattre, ce n'est pas ça, là, mais
un renseignement personnel, c'est quelque chose dont je ne veux pas qu'il soit
communiqué, d'où le principe de vie privée, ça m'appartient, c'est ma vie
privée, c'est mon jardin secret. Donc, des renseignements qui ont un caractère
public ou évident ne sont pas, par définition, des renseignements secrets qui
appartiennent à mon jardin privé, à ma vie privée. Puis je vais laisser
Me Deschênes me...
Le Président
(M. Bachand) : Donc, avec le consentement des membres,
Me Miville...
M. Caire
: ...qui
soit communiqué, d'où le principe de vie privée, ça m'appartient, c'est ma vie
privée, c'est mon jardin secret, donc des renseignements qui ont un caractère
public ou évident ne sont pas, par définition, des renseignements secrets qui
appartiennent à mon jardin privé, à ma vie privée. Puis je vais laisser
Me Deschênes me contredire.
Le Président
(M. Bachand) : Donc, avec le consentement des membres,
Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, la discussion souligne, selon moi,
l'importance de maintenir une définition contextuelle parce qu'effectivement,
dans la définition même d'un renseignement sensible, on dit que, par sa nature
ou en raison du contexte de l'utilisation, de sa communication, il suscite un
haut degré. Donc, la nature du renseignement peut faire en sorte que ça suscite
un haut degré d'attente raisonnable, mais le contexte d'utilisation n'est pas
exclu non plus. Donc, une utilisation qui aurait une finalité parce que,
souvent, la discrimination, c'est de la façon dont on utilise un renseignement
qui aurait une finalité, là, discriminatoire, bien, c'est pris en considération
au sein même de cette définition-là. Donc, l'âge d'une personne, dans certains
contextes, pourrait être considéré comme un renseignement qui suscite un haut
degré d'attente raisonnable. De là l'importance, selon moi, de conserver une
approche très contextuelle parce qu'on ne peut pas, dans une loi, dire :
ceux... ces renseignements-là vont être sensibles puis, ceux-là, ils vont l'être...
ne le seront pas parce que ça dépend des critères donnés par la Cour suprême,
des attentes de la personne, et du contexte d'utilisation notamment.
Le Président
(M. Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais demander, d'entrée de jeu, à mon
collègue de Gouin, de me pardonner parce que je vais appuyer son amendement
alors. Puis, ceci étant dit, la liste des noms... mais des fois, ce n'est pas
un gage... ce n'est pas bien reçu.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Tanguay
: Je
vais la repratiquer. M. le Président, je vais la repratiquer. Je regardais la
face du ministre, je me demandais quelle face il faisait en arrière, mais je
n'ai pas de rétroviseur. Il est caché. C'est bon.
Des voix : …
M. Tanguay
: Ah! c'est
bon, bref... et la discussion, puis effectivement c'est une discussion
importante et... puis on est au coeur de ce qu'on veut protéger. Je comprends
ce que le ministre dit lorsqu'il dit : Bien, mon âge, c'est évident, mon
sexe, et ainsi de suite.
Deux choses, j'aimerais dire oui, mais ça
revient à est-ce que ça suscite un haut degré d'attente raisonnable. Est-ce que
qu'il y a une attente raisonnable si je ne divulgue pas ma date d'anniversaire
sur les réseaux sociaux, si je garde ça privé, si... on sait que la date
d'anniversaire peut parfois être utilisée pour le vol d'identité, date
d'anniversaire. Alors, il y a tout l'aspect... puis le ministre pourra me
dire : Bien, oui, c'est pour ça qu'on l'a mis dans la loi. On va y aller
au cas par cas si l'attente... et si je mets ma date d'anniversaire pour me
faire souhaiter bonne fête par les 12 personnes qui me suivent, je la
rends publique, bien, à ce moment-là, il n'y a plus d'expectative, il n'y a
plus d'attente raisonnable. Ça, je le comprends. Par contre, dans certains cas,
il y aura une attente raisonnable, ce ne sera pas publié, puis c'est réellement
du cas par cas. Le fait de les nommer aurait eu le bénéfice de dire :
Bien, ça, notamment, ça peut... oui, c'est hautement sensible...
M. Tanguay
: ...bien, à
ce moment-là, il n'y a plus d'expectative, il n'y a plus d'attente raisonnable.
Ça, je le comprends. Par contre, dans certains cas, il y aura une attente
raisonnable, ce ne sera pas publié, puis c'est réellement du cas par cas. Le
fait de les nommer aurait eu le bénéfice de dire : Bien, ça, notamment, ça
peut... oui, c'est hautement sensible, et que l'utilisation fautive soit pour
voler l'identité ou pour discriminer... On est rendu au fruit de l'arbre
empoisonné, on peut débattre là-dessus, mais l'objectif, c'est qu'il n'y ait
pas d'arbre empoisonné, que ça ne soit pas utilisé puis détourné. Est-ce que
le ministre, puis on discutait, là, pour faire avancer les choses, parce que
c'est trop général, c'est trop vague puis qu'il y a trop, peut-être... la donne
trop facilement, puis qu'on ne peut pas généraliser sur le sexe, sur la
couleur, et ainsi de suite, le ministre ne reconnaît-il pas... Puis on est allé
chercher deux choses. L'article 10 de la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne ne comprend pas caractéristique biométrique, qui
revient dans l'amendement du collègue de Gouin, puis ce n'est pas sans raison,
c'est parce que caractéristique biométrique, on est là plus que jamais. On
parle ici des traits physiques, comportementaux, puis les systèmes
biométriques, par exemple, le visage, les empreintes digitales, la voix d'une
personne. On est là, en 2021.
Ne reconnaît-il pas que, là, on pourrait
le nommer dans une courte liste? On jase, là. Droit, à titre d'exemple... dont,
à titre d'exemple, les caractéristiques biométriques et, M. le Président,
l'autre élément qui revient, je pense que c'est dans les articles 90 du projet
de loi, des renseignements de santé. Donc, notamment des caractéristiques ou
mesures biométriques, c'est ça les mots utilisés ailleurs dans la loi, et des
renseignements de santé. Est-ce que le ministre pourrait reconnaître que ça...
Là, on commence à préciser des éléments, puis si le collègue de Gouin veut en
rajouter... Mais mon point, puis je termine là-dessus, je ne veux pas être trop
long, c'est que ça vaut la peine de nommer, dans certaines lois, du notamment,
pour qu'on ait une idée de quoi on parle. Ce n'est pas exclusif, mais ça, ça
envoie le bon signal.
Surtout qu'on va en reparler, de la Loi
concernant le cadre juridique des technologies de l'information, on vient juste
changer un 60 jours dans l'article 45 de la loi, là. Il est important, mais la
loi fait quoi, 50, 60 articles. Puis je vais lire assidument le rapport qui, de
mémoire, en page 13, dit : «Si la loi a été adoptée il y a près de 20 ans,
il faut pourtant constater que le texte n'a pas encore été intégré par une
bonne partie de la communauté juridique.» Ça revient à ce qu'on disait, que ce
soit des praticiens, des... des juges, peu importe. Alors, on va avoir un gros
ménage à faire là-dessus. Et loi d'il y a 20 ans, je viens de me rendre compte
que, crime! elle n'est pas appliquée par les praticiens, mais ils étaient
visionnaires, il y a 20 ans, on parlait, dans cette loi-là, de mesures
biométriques. Alors, O.K., peut-être qu'elle était trop jeune.
M.
Caire
: Puis
elle est d'actualité, hein, sur... Vous la lirez, là, M. le député.
M. Tanguay
: Oui, mais
il va falloir la dépoussiérer.
M.
Caire
: Mais
ce bout-là, il est solide, là.
M. Tanguay
: Ça fait
qu'elle avait les bons outils. C'est comme si on avait un outil de guerre dans
les années 60, rayon laser, mais là, on ne savait pas comment ça marchait, puis
tout ça, puis là, woups! en 2020, O.K., oui, là, on va utiliser ça. Alors, je
lance l'idée. C'est l'amendement du collègue de Gouin. On va...
M.
Caire
: …elle
est d'actualité, hein? Vous la lirez, M. le député...
M. Tanguay
: Oui, mais
il va falloir la dépoussiérer. Ça fait qu'elle avait les bons outils.
M.
Caire
: Mais
ce bout-là, il est solide, là.
M. Tanguay
: C'est
comme si on avait un outil de guerre dans les années 60, rayon laser, mais
là on ne savait pas comment ça marchait, puis tout ça. Puis là, woups! en 2020,
bien là, O.K., oui, là, on va utiliser ça.
Alors, je lance l'idée. C'est l'amendement
du collègue de Gouin, on va en disposer, mais le ministre pourrait-il, pour ces
raisons, concevoir que nous pourrions, avec le collègue de Gouin, là, puis je
ne sais pas ce qu'il en pense, d'ajouter «notamment, des caractéristiques
ou mesures biométriques et des renseignements de santé», puis on pourrait en
rajouter d'autres, faire de quoi, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M.
Caire
:
Rapidement, M. le Président, je rappelle au collègue un argument que j'ai servi
pour d'autres amendements. J'entends ce que le collègue de LaFontaine dit, il
est évident, pour moi, que les caractéristiques biométriques sont des
renseignements sensibles, que les renseignements de santé sont des
renseignements sensibles. Puis je veux juste que, comme parlementaires, comme
législateurs, on se conscientise, là, puis Me Miville-Deschênes nous a déjà mis
en garde contre ça, parce que par interprétation, on pourrait en arriver à la
conclusion que des renseignements sensibles sont les renseignements de même
nature.
Puis là je veux aller chercher un petit
peu de l'argumentaire de mon collègue de Gouin, parce qu'il est… il y a des
renseignements qui sont des motifs de discrimination et qui peuvent être des
renseignements sensibles, qui se regroupent, pas parce qu'ils sont des motifs
de discrimination, mais par le fait qu'ils sont sensibles par leur nature même,
par le fait qu'ils sont relatifs à ma vie privée et que, tu sais, dans la
théorie des ensembles, là, l'intersection fait en sorte qu'ils sont aussi des
motifs de discrimination.
Et donc, si on avait cette précision-là,
la crainte qui est exprimée… puis je vais laisser Me Miville-Deschênes
expliquer, mais c'est que l'interprétation qui pourrait être faite serait que
les renseignements sensibles doivent être de même nature, puis là on vient
peut-être d'avoir l'effet contraire de ce qu'on veut, c'est-à-dire trop limiter
la capacité du tribunal à inclure et l'amener plutôt à exclure.
Donc, je soumets ça respectueusement à la
commission. M. le Président. Avec le consentement des collègues, je laisserais
peut-être Me Miville-Deschênes élaborer sur le concept.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, bien, je pense, ça a été bien résumé, en fait,
là, de… puis vous avez compris qu'on est très…
Une voix
: …
• (12 h 20) •
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Vous aurez compris que je suis plutôt favorable au maintien de la définition
contextuelle à cause, notamment, de ce risque-là de dire : Bon, on nomme
«biométrie », on nomme «de santé », est-ce qu'a contrario puisque
c'est des renseignements qui sont de même nature… Quand même, on touche
beaucoup aux caractéristiques, là, je dirais, physiques ou physiologiques de la
personne. Là, est-ce que que, si on tombe dans les renseignements financiers,
la… comment dire, le fardeau pour démontrer qu'ils sont sensibles va être plus
important? Est-ce que ça va être plus difficile pour un organisme ou pour les
tribunaux de reconnaître d'autres renseignements sensibles? Donc, toute
énumération comporte ce risque-là, là, je dirais…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …là, est-ce que si on tombe dans les renseignements
financiers, la… comment dire? Le fardeau pour démontrer qu'ils sont sensibles
va être plus important? Est-ce que ça va être plus difficile pour un organisme
ou pour les tribunaux de reconnaître d'autres renseignements sensibles? Donc,
toute énumération comporte ce risque-là, là, je dirais.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, bien,
il y aurait lieu… puis je suis en train de réfléchir, puis effectivement c'est
un argument qui tient la route. Si vous me demandez, M. le Président, qu'est-ce
que vous voulez manger, puis je vous dis : Bien, j'aimerais ça manger des
pommes puis des oranges. Vous allez dire : O.K. il est dans les fruits,
là. Puis… je dis : Bien, notamment, comment ça? Il n'y a pas de viande? Il
n'y a pas… bien je comprends.
Par contre, y aurait-il lieu — puis
je réfléchissais à ça en vous écoutant messieurs — d'avoir une
catégorie autre? Parce que la liste pourrait me pas s'arrêter là :
caractéristiques biométriques, caractéristiques reliées à la santé, de même que
toutes autres caractéristiques intrinsèques à la personne. C'est quelque chose
qui pourrait ramasser l'ensemble de l'oeuvre de l'article 10 de la charte,
là, toujours analysé selon le contexte puis l'expectative qui découle de
source. Si je mets ma date de naissance sur mon Facebook, je n'ai plus
d'expectative, là. Alors, y aurait-il moyen, puis peut-être… je l'ai considéré,
on en a parlé, Sophie pourrait en être témoin, je dis : Sophie, on met-tu
à ça, tu sais, Revenu Québec, là, tu sais, toutes les informations financières?
On l'a considéré puis on aurait pu le mettre, puis là on toucherait pas mal à
quatre gros domaines : biométrique, santé, quelque chose qui dirait Revenu
Québec, là, parce que si vous avez, M. le Président, mon avis de cotisation,
vous avez tout, là, vous avez mon nom, mon adresse, mon numéro d'assurance
sociale, mon âge, c'est l'enfer. Alors, ça, on pourrait le mettre plus, selon
le contexte, des caractéristiques qui relèvent de l'intégrité de la personne.
On…
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, si je peux me permettre, puis je lance le… on jase, là, au
collègue, ça se pourrait-tu qu'on essaie de trop, trop bien faire? Dans le sens
où on a une définition, je pense, qui donne quand même des balises, on en
entendu Me Miville-Deschênes nous expliquer le contexte juridique, puis à
ça on va rajouter, puis je le souligne au collègue, on va rajouter, quand même,
la possibilité pour la commission de l'accès à l'information d'émettre des
lignes directrices.
Donc, éventuellement, puis mon collègue de
LaFontaine est plus expérimenté que moi en droit, mais je pense que ça ne sera
pas possible, il y aura toujours des zones d'ombre dans les lois, puis je pense
que le législateur doit être suffisamment clair dans son intention pour que les
tribunaux et ceux qui ont interprété les lois puissent le faire dans… en
respectant l'esprit de ce qu'on veut faire, puis je pense que l'esprit de ce
qu'on veut faire, il est quand même clair. La lettre de la loi nous amène, je
pense, aussi proche que possible de l'objectif, puis là on donne les moyens à
la CAI, à la Commission d'accès à l'information, on lui donne les moyens
d'émettre des lignes directrices qui vont venir préciser ces zones d'ombre là,
qu'on essaie nous de préciser en incluant dans la loi des éléments qui vont
peut-être avoir l'effet contraire de ce qu'on recherche, à savoir trop
restreindre ou orienter la définition dans une…
M.
Caire
: …CAI,
à la Commission d'accès à l'information, on lui donne les moyens d'émettre des
lignes directrices qui vont venir préciser ces zones d'ombre là qu'on essaie,
nous, de préciser en incluant dans la loi des éléments qui vont peut-être avoir
l'effet contraire de ce qu'on recherche, à savoir trop restreindre ou orienter
la définition dans une zone où la loi ne devrait pas aller.
M. Tanguay
: Vous
permettez?
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Bien, un
moment donné, il va falloir que ça soit dit à quelque part. Ça va être-tu par
un bulletin de la Commission d'accès à l'information? Parce qu'un moment donné,
il y a quelqu'un qui devra dire : En passant, là, le législateur a parlé,
à cause du «notamment», les pommes, les oranges… je n'arrive pas avec de la
viande, oui mais tu parlais de fruits. Je comprends le législateur à ce
niveau-là. Mais un moment donné, on jase aussi, là, on n'est pas en train de
renoncer à l'amendement, mais il va falloir que la Commission d'accès à l'information
le dise clairement : En passant, en vertu de l'article 12 du projet
de loi n° 64, caractéristiques biométriques, là, ça, drapeau rouge,
dossiers Revenu Québec, drapeau rouge, et dossiers Santé, drapeau… Il va
falloir que ça soit dit parce que ça, à sa face même, si vous me dites, à sa
face même : Marc, rouler à 130 sur la 20, là, c'est une vitesse
excessive, à sa face même. Tu… Je ne peux pas te dire si, selon la température,
des fois, 95, c'est excessif quand il faut mauvais. Rouler à 95 sur
la 20 quand il fait mauvais, là, c'est fou comme braque. Mais quand c'est
en plein été, beau soleil, à 95, vous allez vous faire dépasser par la
majorité. Alors c'est-tu… quoi? Mais il va falloir, au-delà de ça, mon point,
que la Commission d'accès à l'information dise : Ne cassez-vous pas la
tête, quand c'est biométrique, quand c'est Santé, quand c'est Revenu, c'est
drapeau rouge. Ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas rien faire, mais il
va falloir que ça soit dit.
M.
Caire
: C'est
sensible… C'est beau. On s'entend.
M. Tanguay
: Hautement
sensible, puis il va falloir que ça soit dit. Si vous ne voulez pas le dire là,
il va falloir que ça soit dit à quelque part.
M.
Caire
: Bien,
c'est ce que le député de Gouin disait, puis il a raison. Ce n'est pas parce
qu'on dit que c'est un renseignement sensible qu'on dit que ça ne peut plus
être utilisé pour aucune circonstance, ce n'est pas ça. Mais en même temps, il
faut être conscient que quand on dit un renseignement est sensible, on rend son
utilisation pas mal plus ardue, puis c'est ce qu'on veut à cause de la nature
du renseignement.
Mais moi, je vais laisser
Me Miville-Deschênes se… nous expliquer, peut-être, s'il y a déjà une
jurisprudence qui existe là-dessus, si les tribunaux se sont déjà prononcés. Je
sais que dans le cas des caractéristiques biométriques, la Loi concernant le
cadre juridique des technologies de l'information, sur ce volet-là, je pense
qui… elle est solide. On vient l'améliorer avec le fameux 60 jours. Mais
déjà, la CAI a un pouvoir de prescription, là. C'est ça, hein? Ils peuvent
prendre des dispositions, ils peuvent enquêter, ils peuvent interdire
l'utilisation, ils peuvent restreindre l'utilisation, ils peuvent forcer la
destruction d'une banque d'informations biométriques, donc ils ont vraiment
déjà beaucoup de pouvoirs de par la loi sur la question de l'utilisation des
marqueurs biométriques. Donc, l'inclure dans la loi, pour moi, viendrait… ça
serait redondant, dans le sens où il y a déjà une loi qui leur donne, de façon…
à la CAI, qui donne déjà des pouvoirs très, très élaborés. Puis j'invite les
collègues… c'est l'article 40, hein? 44. Merci. Merci, M. le député
de Gouin. Je constate que M. le député de Gouin l'a lu plus récemment que
moi. Mais c'est quand même très clair. On vient aussi ajouter
les 60 jours, avec la loi, où…
M.
Caire
: ...des
pouvoirs très, très élaborés. Puis j'invite les collègues... C'est l'article 40,
hein?
M. Nadeau-Dubois : 44.
M.
Caire
: 44.
Merci. Merci, M. le député Gouin. Je constate que M. le député de Gouin l'a lu
plus récemment que moi, mais c'est quand même très clair, on vient aussi
ajouter les 60 jours avec la loi, où la volonté de constituer une telle
banque doit être communiquée à CAI. Donc, il faut comprendre que c'est une obligation
de dire à la CAI : J'entends constituer une telle banque. Donc, il y a déjà...
Sur ça, il y a déjà des pouvoirs qui sont clairs, qui sont bien, bien assis,
bien établis. Puis je ne sais pas, là, puis je vais laisser
Me Miville-Deschesnes... Il y a peut-être déjà, là... Dans la
jurisprudence, il y a peut-être déjà un cadre qui se dessine, là, sur qu'est-ce
qui représente un renseignement sensible.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Juste avant, je voulais mentionner que l'exemple des
pommes puis des oranges, c'était un excellent exemple pour refléter la règle
d'interprétation.
M.
Caire
: Ça
non plus... qui disent ça.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non, mais je trouve que j'aurais dû l'utiliser
moi-même. Je vais peut-être le réutiliser. Par rapport aux renseignements
sensibles, bien, évidemment, les tribunaux ont déterminé, là, que les
renseignements biométriques et de santé étaient sensibles. La commission
d'accès, dans son rapport quinquennal notamment, donne des exemples qu'on a
déjà parlé, là, origines raciales, ethniques, croyances, renseignements
concernant la santé et la vie sexuelle, financiers, notamment ceux... bien,
ceux qui sont fournis aux fins d'impôt. Mais malgré ça, je pense qu'on s'entend
tous un peu sur qu'est-ce que... quels sont les renseignements qui sont
généralement considérés comme sensibles, mais malgré ça, je pense que c'est
important de garder une définition contextuelle qui va évoluer parce que
peut-être que des renseignements de santé pourraient... Certains renseignements
de santé pourraient être, comment dire, considérés comme non sensibles
aujourd'hui ou dans quelques années. Donc, on sait un peu de quoi on parle. La
commission a déjà quand même résumé ce type de renseignement là, les tribunaux
aussi, mais je demeure d'avis, là, que la définition contextuelle est... serait
à retenir, là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin, il vous reste
1 min 15 s.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
J'ai peu de temps, mais le collègue de LaFontaine a soit lu dans mes pensées,
soit bien écouté ce que je disais parce que... ou les deux, parce que j'avais
un deuxième amendement dans ma manche, portant sur la question des
caractéristiques biométriques pour la raison suivante. Il m'apparaît que ces
données-là, à leur face même, quel que soit le contexte, sont... puis quelle
que soit leur utilisation, puis le ministre semblait le dire, lui aussi,
tantôt, elles sont dans leur nature même des données sensibles. Je ne... Et
c'est vrai aujourd'hui. Ça me semble vrai dans l'avenir également. Pourquoi ne
pas au moins mettre... envoyer le signal? Si les tribunaux l'ont déjà dit en
plus, bien, raison de plus pour venir l'inscrire dans la loi comme législateur
et donner le la en disant : Les données biométriques, c'est, par essence
même, une donnée sensible?
Est-ce qu'il n'y aurait pas, là, un
terrain d'entente avec le ministre pour que, et j'ai l'ai... j'ai bien compris,
là, que, sans se lancer dans toute l'énumération des motifs de discrimination,
on mette au moins une espèce de plancher en disant...
12 h 30 (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : …et donner
le la en disant : Les données biométriques, c'est par essence même une
donnée sensible. Est-ce qu'il n'y aurait pas là un terrain d'entente avec le ministre
pour qu'on, j'ai bien compris, là, sans se lancer dans toute l'énumération des
motifs de discriminations, mette au moins une espèce de plancher en
disant : Les données biométriques, à leur face même, dans leur essence
même, peu importe le contexte et l'utilisation, ça, là, c'est sensible? Et ça
envoie le message aux organismes publics, dans le cas qui nous occupe, que ça,
il faut redoubler de prudence parce que c'est des données qui sont
fondamentalement sont sensibles. Je ne sais pas ce que le ministre pense de ça.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui,
bien, je ne sais pas. J'évaluerai l'amendement au libellé. Mais moi, écoutez,
là, si ça peut faire avancer le débat, compte tenu de tout ce que
Me Miville-Deschênes vient de nous dire, compte tenu de ce qu'on sait, compte
tenu d'est-ce qu'on veut prendre le risque que l'interprétation…
Le Président (M.
Bachand) : Je m'excuse de vous interrompre, on va suspendre la commission
parce que le député de René-Lévesque doit se rendre à l'Assemblée pour
enregistrer son vote.
Alors, on va suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 12 h 40)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Alors, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: M. le
Président, je vous demanderais, s'il vous plaît, une suspension quelques
instants.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait.
Alors, on suspend. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
(Reprise à 12 h 47)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît.
Merci. La commission reprend ses travaux. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement du député de Gouin? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Madame la secrétaire,
s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
:
Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement du député de Gouin
est rejeté. Merci. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Oui. M. le
Président, j'aimerais déposer un nouvel amendement. S'il n'a pas été reçu, on
peut peut-être suspendre, le temps qu'il le soit.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre. Oui, quelques instants. Merci
beaucoup. Alors, on suspend quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
M. Nadeau-Dubois : …nouvel
amendement. S'il n'a pas été reçu on peut peut-être suspendre, le temps qu'il
le soit.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre. Oui, quelques instants. Merci beaucoup.
Alors, on suspend quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. J'aimerais déposer un nouvel amendement, amendement à
l'article 12. Donc, insérer, dans le dernier alinéa de l'article 59
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels proposé par le paragraphe 3° de
l'article 12 du projet de loi et après «nature», «notamment médicale,
biométrique ou autrement intime,».
À tout seigneur, tout honneur, M. le
Président. C'est un amendement qui a été travaillé de manière, disons,
collaborative, de manière consensuelle avec les équipes du ministre, avec
l'aide également du député de LaFontaine qui nous a inspiré, voire, en fait,
proposé l'ajout du terme «notamment». Donc, un travail collégial dont
l'objectif est de venir préciser que les renseignements médicaux, biométriques
ou autrement intimes sont, quel que soit le contexte de leur utilisation, et aujourd'hui
et pour l'avenir, ils sont par nature considérés comme des renseignements
sensibles. Je pense que c'est un seuil minimal qu'il est important d'inscrire
dans la loi. C'est ce que vient faire l'amendement que nous avons préparé
ensemble, et donc j'invite mes collègues à l'adopter.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
M. Nadeau-Dubois : Et à le
commenter, bien sûr, et à le définir en discutant.
Le Président (M.
Bachand) : Intervention, M. le ministre?
M.
Caire
: Ça
va, M. le Président. Je joins ma voix à celle du député de Gouin et suis prêt à
voter cet amendement-là qui m'apparaît répondre aux prérogatives et aux
préoccupations de… qui ont été exprimées.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Évidemment, on est pour l'amendement puis on va
voter pour, mais je voudrais juste prendre quelques minutes, là, puis…
«Intime», ça vient d'où ça, «intime»? Est-ce qu'on est raccord avec le corpus?
Parce que là on est dans les renseignements personnels, on parle d'une notion
d'intime…
M.
Caire
: Je
vais laisser Me Miville-Deschênes répondre à la
question de mon collègue.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, bien, on prend vraiment une… je vous
dirais — comment dire? — une définition, en quelque sorte,
de la Cour suprême, là, qui a justement dit que ces renseignements-là, dans
l'analyse de l'atteinte à la vie privée, en vertu de la charte, que les
renseignements biométriques, médicaux et qui…
Le Président (M.
Bachand) : ...Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, bien, on prend vraiment une... je vous dirais,
comment dire, une définition, en quelque sorte, de la Cour suprême, là, qui a justement
dit que ces renseignements-là dans l'analyse de l'atteinte à la vie privée en
vertu de la charte, que les renseignements biométriques, médicaux et autrement
intimes, là, sont considérés comme des renseignements sensibles, donc.
M. Tanguay
: O.K. Vous
n'avez pas la cause?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je peux vous le transmettre, là, oui.
M. Tanguay
: O.K.
Parfait. O.K. Donc, la Cour suprême a statué récemment, j'imagine, dans les
dernières années?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Récemment? Il faudrait que je vérifie. 2012, entre
autres, 2012, là. C'est Cole, 2012 Cour suprême 53.
M. Tanguay
: Parfait.
Et nous, est-ce que c'est une nouveauté intime dans notre corpus législatif? Je
n'ai pas fait légis, là, cité, j'aurais pu, là, LégisQuébec, là, mais. Intime, je
pense que c'est la première fois qu'on intégrerait cet enseignement de la Cour
suprême.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je n'ai pas la réponse. C'est sûr qu'on se colle à
la définition de la Cour suprême. Est-ce qu'il est déjà dans le corpus? Là, il
faudrait que je vérifie.
M. Tanguay
: O.K. Non,
mais comme de quoi que des fois on peut innover. Puis vous savez, M. le
Président, que nous ne sommes pas, dans les oppositions, avares d'innovation,
alors on est heureux de pouvoir inaugurer une lancée où on va pouvoir innover,
là, «going forward».
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette : M. le Président,
je sais qu'on ne peut pas le faire, mais je peux le faire pour moi-même, je
vais souligner mon absence dans la partie préalable du débat. Je n'étais pas
là, mais je suis content de voir que mon collègue qui était là se sent
interpellé aussi par le mot. Quand je suis parti, là, pour aller parler au
salon bleu, on ne parlait pas d'intimité et là on le met.
Là, je comprends que mon collègue a posé
une question sur d'où ça vient. Mais je peux-tu avoir... on peut-u avoir un
petit peu plus de précision, là? Je comprends que la Cour suprême a rendu une
décision, donc la Cour suprême, elle, a établi une nouvelle chose. Est-ce que
je peux comprendre ça ou dois comprendre ça? Et est-ce que la Cour suprême le
définit un peu plus? Parce qu'intime, là, disons que c'est peu et beaucoup en
même temps, là. On peut-u au moins avoir un exemple, là?
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, lorsque la Cour suprême détermine s'il y a eu une fouille abusive au sens
de l'article 8 de la charte, elle fait une analyse contextuelle qui prend
en considération à la fois l'attente de la personne puis l'attente d'une personne
raisonnable, là, un critère plus objectif. Puis elle a établi, dans le fond,
que des renseignements qui tendent à révéler des détails intimes sur le mode de
vie, les choix personnels des individus sont des renseignements pour lesquels
il y a une attente raisonnable... de la vie privée.
Pour les exemples concrets, il faudrait
que je vous revienne, là. Mais c'est vraiment le lien avec la sphère
d'intimité, je dirais, là. Dans le fond, c'est un renseignement qui est lié à
la sphère de l'intimité de l'individu.
M. Barrette : O.K. Là, je ne
veux pas refaire le débat, là, je ne veux pas refaire le, disons,
45 minutes, une heure que vous avez fait, là. Mais l'intimité, ça demeure,
en partie, potentiellement, un jugement personnel...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
…la sphère d'intimité, je dirais, là, c'est un renseignement qui est lié à la
sphère de l'intimité de l'individu.
M. Barrette : O.K. Là, je ne
veux pas refaire le débat, là, je ne veux pas refaire, disons, 45 minutes, une
heure que vous avez fait, là, mais l'intimité, ça demeure, en partie,
potentiellement, un jugement personnel. Une personne peut considérer une chose
qui est intime pour elle, mais qu'une autre personne, pour la même chose, ne
considérerait pas. C'est vraiment aussi peu qu'autant… parce que plus vague que
ça, là, c'est impossible, c'est-à-dire que, moi, là, je pourrais… est-ce que je
pourrais, par exemple, devant la cour, dire à la cour : Oui, oui, une
minute, ce renseignement-là, pour moi, là, c'est très intime, là, c'est ma
fibre, là?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans les décisions de la Cour suprême, effectivement,
l'attente de la personne qui est concernée est prise en considération. Donc, le
caractère sensible ou intime du renseignement puis l'attente raisonnable, en
matière de vie privée, dépend notamment de la personne qui fait l'objet, dans
ce cas-là, d'une fouille abusive, et aussi, deuxième critère qui est plus
objectif, de l'attente d'une personne raisonnable placée dans une situation
similaire. Donc, c'est effectivement un des aspects de cette définition-là.
M. Barrette : Mais là je
comprends que la réponse, M. le Président, que la notion d'intimité est liée à
une fouille, mais est-ce que c'est lié uniquement à ça? Je vais prendre un
exemple grossier, là. Ceux qui considèrent que leur adresse est intime, dans le
temps qu'il y avait des annuaires téléphoniques, pouvaient ne pas voir leur nom
et leur adresse dans l'annuaire. Bon. Là, je prends un exemple trivial, là, ça,
c'est la perception des gens vis-à-vis ce qu'ils considèrent intime. Là, on a
une notion de Cour suprême qui provient d'une fouille, bien là, je comprends,
mais à l'extérieur d'une fouille, ce que je considère intime, moi, ce que je
vais avoir… puis la question ultime, c'est : Qui a préséance sur la notion
d'intimité, c'est l'individu ou c'est la loi? Puis si la loi n'est pas claire,
ce ne sera pas l'individu? En tout cas, moi, c'est de même, là. Non, non, mais
je veux dire, maître, c'est vous le juriste, éclairez-nous, votre témoignage
sera envoyé à la Cour suprême.
Le Président (M.
Bachand) : …Me Miville-Deschênes?
M. Barrette : Oui, oui, il
faut qu'il ajoute quelque chose, M. le Président, c'est une question que je
pose là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Bien, c'est intrinsèque à cette définition-là
depuis… et aussi, effectivement, à l'analyse de la Cour suprême de prendre en
considération le point de vue de la personne. Puis je vais prendre l'exemple de
l'adresse, l'adresse d'une personne victime de violence conjugale va être
autrement plus intime pour elle, et ça va être généralement reconnu, que
l'adresse de toute autre personne. Donc, effectivement, étant donné que c'est
du cas par cas, en fonction notamment de l'attente de la personne, il y a un
aspect subjectif, là, qui est appelé à évoluer puis qui est peut-être difficile
comme ça quand on regarde la décision… la définition à cerner, là. Et ça va
être, entre autres, le rôle de la Commission d'accès, dans le cas de
l'application de cet article-là, dans ses lignes directrices, de clarifier au
mieux qu'il peut et de faire évoluer cette notion-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Compte tenu de l'heure, je suspends
les travaux jusqu'à…
13 h (version non révisée)
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...évoluer, puis qui est peut-être difficile
comme... on garde la définition à cerner, là. Et ça va être, entre autres, le
rôle de la commission d'accès, dans le cas de l'application de cet article-là,
dans ses lignes directrices, de clarifier au mieux qu'il peut et de faire
évoluer cette notion-là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 14 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 34)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
après-midi. La Commission des institutions reprend ses travaux.
Nous poursuivrons l'étude détaillée du
projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions
législatives en matière de protection des renseignements personnels.
Lors de la suspension cet avant-midi, nous serons rendus à l'étude de
l'amendement du député de Gouin.
Intervention, M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
peux peut-être laisser le temps au collègue de s'installer parce que je… même
si on avait, comment dire, composé cet amendement ensemble, je pense qu'il y a
quand même des questions pertinentes qui étaient posées, au moment où on
suspendu nos travaux, sur la définition… bien, oui, voilà, sur le sens de la
notion d'intimité, en fait, le mot «intime» qui apparaît dans l'amendement que
nous avons collégialement rédigé.
Alors, je me demandais si, pendant la
suspension, il y avait eu, je le présume, ça a été le cas, les vérifications,
peut-être, une réponse des juristes qui sont avec nous aujourd'hui, à savoir
exactement… parce que je pense que c'était des questions très pertinentes, là.
C'est quoi cette notion-là? Il y a-tu des références ailleurs? Qu'est-ce que ça
veut dire? Qu'est-ce que ça ne veut pas dire?
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui. Bon, juste un retour, dans le fond. L'article 59 définit la notion de
renseignement personnel sensible en faisant le lien avec, en fait, une
définition qui est déjà reconnue par la Cour suprême, qui dit que c'est en
raison du contexte d'utilisation qu'un renseignement ou de sa communication de
renseignement suscite un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie
privée.
Bon, il y avait un souhait de nommer
certains renseignements qui, de par leur nature, impliquent un haut degré d'attente
en matière de vie privée. Le souci qu'on avait, c'est, si on fait une
énumération, on ne voudrait pas que l'énumération de certains termes limite la
portée générale de la définition qui précède. Donc, c'était la raison pour
laquelle on proposait de dire, oui, «médicale, biométrique ou autrement
intime,». Les renseignements intimes, le terme «intime» provient… dans le
corpus…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...ne voudrait pas que l'énumération de certains
termes limite la portée générale de la définition qui précède. Donc, c'était la
raison pour laquelle on proposait de dire, oui, «médicales, biométriques ou
autrement intimes».
Les renseignements intimes, le terme
«intime» provient... Dans le corpus législatif québécois, là, il y a deux
occurrences dans la Loi sur l'impôt, mais je dirais qu'elles ne sont pas dans
le même contexte. Le terme «intime» nous provient de la Cour suprême, qui dit,
quand il considère si une fouille est abusive au sens de l'article 8 de la
charte, il considère notamment, quand il regarde le renseignement concerné, si
ça tend à révéler des détails intimes sur le mode de vie et les choix personnels
des personnes. Notamment, l'historique de navigation serait un exemple de
renseignements, un bloc de renseignements qui peut être considéré comme intime parce
qu'il révèle vraiment des choix personnels, là, de la personne concernée.
Maintenant, pourquoi cette définition-là
est pertinente, cette approche-là, qui est fondée sur la Charte canadienne puis
qui est en lien avec les fouilles et perquisitions abusives est pertinente?
Bien, dans les deux cas, on détermine que soit la fouille est abusive parce que
ce type de renseignements là suscite un degré d'attente en matière de vie
privée, et, dans notre cas, on dit : La protection doit être plus élevée, parce
que ce même type de renseignements là suscite également un degré d'attente en
matière de vie privée.
La Commission d'accès à l'information,
dans son rapport quinquennal de 2016, le dernier, à la page 87, elle-même,
quand elle recommande de prévoir un consentement exprès pour l'utilisation ou
la communication des renseignements personnels sensibles, elle nous dit que,
bon, le droit au respect de la vie privée, ça évolue en considérant
l'expectative de vie privée, et elle-même désigne... pas désigne, mais fait
référence à des décisions de la Cour suprême.
Donc, elle reconnaît, comme on le propose
dans le projet de loi, que cette approche-là, cette définition-là qui découle
de la Charte canadienne, est tout aussi, là, pertinente dans le contexte de la
Loi sur l'accès pour déterminer la sensibilité d'un renseignement et la
nécessité d'avoir un consentement...
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette : Oui, M. le
Président. Merci, parce que simplement... Ça ne me dérange pas, là, ce n'est
pas un problème, mais c'est moi qui avais la parole en finissant, et j'avais un
échange avec Me... c'est Miville-Deschênes, hein?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Exact.
M. Barrette : Ce n'est
pas Dechênes, hein, c'est Deschênes?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Deschênes.
M. Barrette : Parce que
les Miville-Dechênes que je connais, c'est des Miville-Dechênes.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Depuis plus de 300 ans.
M. Barrette : Il y en a plusieurs.
Et j'étais sur un échange, M. le Président, qui était... puis j'avais souligné
le fait que n'avais pas participé, là, à l'heure précédente, là, mais... comme
je constate que tout le monde a quand même certaines interrogations sur le sens
du mot, mais moi, je m'interroge si, à ce moment-là, il est pertinent d'ajouter
ce mot dans l'amendement en question.
Je précise ma pensée, M. le Président.
J'ai écouté ce matin ce que Me Miville-Deschênes disait et ce qu'il vient de
dire. Le fil conducteur... D'abord, le mot «intime» est un peu une espèce de
nouveauté qui vient de la Cour suprême dans notre cursus... dans notre corpus législatif — pas
cursus, mais dans le corpus législatif — il apparaît une fois dans un
autre dossier. À la Cour suprême, il y a comme un précédent. Ce n'est peut-être
pas le bon mot, là, mais ce n'est pas...
M. Barrette : …d'abord, le mot
«intime» est un peu… une espèce de nouveauté qui vient de la Cour suprême. Dans
notre cursus, dans notre corpus législatif — pas le cursus, mais dans
le corpus législatif — il apparaît une fois, dans un autre dossier. À
la Cour suprême, il y a comme un précédent, ce n'est peut-être pas le bon mot,
là, mais ce n'est pas un mot législatif d'usage courant. Et le fil conducteur
de tous les commentaires qui sont faits à date, que j'entends, là, est à
l'effet que le mot «intime» est sujet à interprétation. Il n'est pas blindé
dans sa définition. Alors, ça, moi, je me demande si ça, dans un amendement
qu'on souhaite être précis, si d'ajouter ce mot-là, qui est de nature
imprécise, est une bonne idée. Je comprends le fond, hein, puis je ne conteste
pas le fond, qui est… sur lequel on s'appuie pour arriver avec ce mot-là. Je
pense, moi, aux conséquences ultérieures.
• (14 h 40) •
Et là, ça m'amène à la question que je
pose au ministre, et potentiellement à Me Miville-Deschênes. Ce mot-là, qui est
apparemment sujet à interprétation, n'ouvre-t-il pas la porte à ce que des
individus disent, requièrent, d'une organisation privée, publique : Oui,
mais ça, pour moi, c'est intime, là, vous ne divulguerez pas ça. Alors qu'on
veut être précis dans la loi, là, et là, on amène un mot qui est sujet à interprétation,
puis là on va me répondre : Oui, il faut le prendre en contexte. Oui,
bien, moi, je vais vous répondre : Peut-être qu'à un moment donné le mot
va se ramasser devant un juge, puis le juge va dire : Ce n'était pas
clair, et puis je donne raison à la personne. Je ne veux pas empêcher qu'il y
ait une protection des renseignements personnels, là, ce n'est pas ça que je
veux faire, il ne faut pas se méprendre sur mon commentaire, mais ce mot-là,
comme il est sujet à interprétation, puis on le voit là, maintenant, est-ce
qu'il n'ouvre pas la porte à des revendications juridiques qui, elles, vont
faire des petits et faire le contraire, essentiellement, de ce que l'on veut
faire? Je reprendrai à mon compte le propos du ministre, qu'on a eu dans une
séance précédente : Est-ce que c'est un mot qui peut emprisonner certaines
données? Que la donnée, là, dans ce que l'on veut faire avec, là, on va la
paralyser — c'était le mot que le ministre a utilisé — parce
que là, c'est sujet à interprétation. Est-ce qu'on ne fait pas ça, là,
actuellement? Moi, j'ai l'impression qu'on fait ça.
Puis je termine là-dessus, M. le
Président, le ministre ou Me Miville-Deschênes va répondre, je ne suis pas du
tout contre le fond qui nous mène à proposer ça, ou qui mène le collègue de la
deuxième opposition à proposer ça, au contraire, mais n'allons-nous pas trop
loin? Ne prenons-nous pas un risque législatif inutile en introduisant un mot
de conception, disons, pas vague, là, mais, disons, insuffisamment bien cerné?
M.
Caire
:
…président.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Avant
de laisser Me Miville-Deschênes répondre, je vais quand même préciser que,
d'entrée de jeu…
M. Barrette : ...en
introduisant un mot de conception, disons, pas vague, là, mais, disons,
insuffisamment bien cerné.
M.
Caire
: M. le
Président...
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
:
...avant de laisser Me Miville-Deschênes répondre, je vais quand même préciser
que, d'entrée de jeu, j'ai invité les collègues à cette prudence à laquelle
nous convie le député de La Pinière en laissant la formulation telle que
prévue à l'article tel quel. Et c'est sous l'incitation du député de LaFontaine,
le collègue du député de La Pinière, et du député de Gouin qu'on a
travaillé cet amendement-là. Mais moi, je suis tout à fait d'accord avec le
député de La Pinière, laissons la définition telle quelle parce qu'elle
permet, justement, une interprétation des tribunaux, avec la possibilité pour
la Commission d'accès à l'information de déposer des lignes directrices. Je
pense que ça... en tout cas, moi, c'est ce que j'ai dit d'entrée de jeu, je
pense que ça fait le travail. On veut travailler puis respecter la prérogative
du législateur, donc écouter les collègues, mais là ça devient un peu
compliqué, parce que le collègue de La Pinière nous demande une chose qui
va à l'encontre de ce que le collègue de LaFontaine nous a demandé, là.
M. Barrette : Non. M. le Président,
si vous me permettez, là, je vais m'inscrire en faux là-dessus. Mon collègue...
j'étais là, là, je peux témoigner de ce que j'ai entendu, le collègue de LaFontaine
a lui aussi, tantôt, en fin de séance, exprimé ses interrogations sur la portée
de la signification du mot «intime». Bon, c'est vrai que je catalyse dans le
sens de l'amplification de l'interrogation, c'est correct, j'accepte ça, mais
ce n'est pas vrai que je suis en contradiction avec mon collègue de LaFontaine.
Il a posé lui-même cette question-là, je la pose d'une façon différenciée, on
va dire, mais ça va dans le même sens.
M.
Caire
:
D'accord. Là-dessus, je vais laisser Me Deschênes répondre...
M. Barrette : C'est un bon
point.
M.
Caire
: ...la
question sur l'aspect juridique.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans son interprétation, la Cour suprême, pour
déterminer s'il y a une attente raisonnable de vie privée ou s'il y a une
sphère d'intimité, elle considère les attentes d'une personne raisonnable...
les mêmes circonstances. Je sais que c'est un critère qui est utilisé dans
différentes interprétations, là, mais donc il y a un aspect objectif dans cette
évaluation-là qui ne peut pas simplement dépendre de l'opinion de la personne
concernée. Bon, voilà. Je vais me contenter de l'aspect juridique, je pense.
M. Barrette : Bien, voilà,
pour moi, M. le Président, c'est une belle démonstration que ça pose problème,
parce que si c'est juste ça, la réponse qui finit par «voilà», c'est parce
qu'il n'y a pas... disons qu'il n'y a pas... disons que l'argumentaire... puis
là ce n'est pas un reproche, il ne faut pas le prendre mal, là, c'est juste
que, manifestement, on ne peut pas plaider pendant une heure de temps sur le
fait que c'est blindé, cette signification-là, là. Parce que quand c'est
blindé, là, normalement, là, un juriste va pouvoir disserter pendant une heure
sur la chose.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je veux juste compléter, parce qu'en fait, je
pense que le législateur...
M. Barrette : ...il ne faut pas
le prendre mal, là. C'est juste que manifestement, on ne peut pas plaider pendant
une heure de temps sur le fait que c'est blindé, cette signification-là, là,
parce que quand c'est blindé, là, normalement, là, un juriste va pouvoir
disserter pendant une heure sur la chose.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je veux juste compléter, parce qu'en fait, je
pense que le législateur se trouver devant deux choix si on conserve cette définition-là :
premier choix, autrement intime avec peut-être une sphère d'incertitude qui est
quand même encadrée par les décisions de la Cour suprême, deuxième choix,
seulement nommer le médical, le biométrique.
Et là, pour reprendre, parce que je pense
que l'exemple était très bon, si on parle... dans l'énumération de médical,
biométrique, c'est comme si on disait : Tu ne peux pas amener de
nourriture sauf des pommes, des bananes puis des fraises. Donc là, est-ce que
c'est possible que l'interprétation de nourriture soit limitée aux fruits et
légumes? C'est possible, mais là je laisse le législateur déterminer ce qu'il
préfère entre ces deux options, dont aucune n'est peut-être parfaite.
M. Barrette : Évidemment, à ce
moment-là, M. le Président, Me Miville-Deschênes nous amène à faire un
choix entre mettre le mot ou ne pas le mettre. Ce n'est pas le législateur qui
va décider, là, de ce que le mot va décider... va vouloir dire ou non, là,
c'est on met le mot ou on ne le met pas.
M. le Président, je vais donner quelques
exemples pratiques de ma vie passée, ma vie passée étant une vie que j'ai passé
dans des débats d'accès à l'information, et vous allez trouver ça intéressant.
La question que je pose aujourd'hui, M. le Président, elle est simple :
Est-ce que ça ouvre la porte à ce qu'un individu, sur la base de... Je vais
reformuler ma question. À la case départ, on parle d'attentes raisonnables
d'une personne. O.K. Est-ce qu'il est raisonnable pour une personne de
s'attendre à ce que tel élément de sa vie qu'elle considère comme étant intime,
qu'il soit, entre guillemets, protégé, protégé dans le sens : il ne circulera
pas. Ma question, elle est là : Est-ce que ça ouvre la porte à ça? Je
postule que oui, à tort ou à raison. Je pose la question. Si c'est
potentiellement oui, je pense que c'est un mot de trop. Les autres mots dans
l'amendement, ils sont plus clairs que ça, là, c'est assez difficile. Alors, je
n'ai pas de problème avec ça. La partie intime me pose problème.
Et là je vais où je voulais aller, M. le
Président, je vais vous raconter des histoires. Moi, là, l'accès à
l'information, là, je suis là-dedans depuis 1996, O.K., à cause du monde duquel
je viens. Alors, moi, là, quand on a commencé à permettre... Le ministre, là,
lui, il le sait, il l'a entendu à peu près 50 fois, l'histoire que je vais
conter, mais pas précisément les détails qu'il va entendre. Il fut un temps,
là, au Québec, où il fallait avoir un consentement explicite pour faire
circuler une information médicale d'un pavillon à un autre, au CHU de Québec,
là, entre les cinq hôpitaux, au CHUM de Montréal. Ça a été réglé avec le temps,
ça a pris des années, O.K.? Alors, dans cette période-là,
là — écoutez bien ça, vous allez aimé ça, là — il y a des
gens qui se sont levés pour dire : O.K., j'accepte que la donnée de mon
dossier médical circule, mais pas telle donnée. Je donne un exemple très
simple...
M. Barrette : ...ça a pris des
années, O.K.?
Alors, dans cette période-là, là — écoutez
bien ça, vous allez aimer ça, là — il y a des gens qui se sont levés
pour dire : O.K., j'accepte que la donnée de mon dossier médical circule,
mais pas telle donnée. Je donne un exemple très simple. Moi, là, je n'ai aucun
problème à ce que mon dossier circule, mais moi, je veux que personne ne sache,
là, je ne veux pas que ça circule que j'ai fait une dépression majeure. Moi,
là, vous pouvez envoyer tout, tout, tout de ma donnée, là, il n'y a pas de
problème, là, mais non, non, ça, là, ça, ça reste là, je ne veux pas que ça
circule. Parce que cette personne-là, elle, considérait que ça, c'était trop
intime, c'était trop... ce n'était pas le mot que cette personne-là utilisait.
Je l'ai entendu, là, je l'ai entendu même de médecins : Moi, j'ai fait une
dépression majeure, là, puis je ne veux pas que ça circule d'un pavillon à
l'autre parce que c'est ma donnée.
Alors, ces gens-là... à ce moment-là, on a
eu ce débat-là, là, on l'a eu, ce débat-là, ça a pris, bien, bien, bien du
temps à régler. Alors, mon point, il est là, là. À partir du moment où on met
un mot qui est ouvert à interprétation, quelqu'un peut se lever, et moi, je
l'ai vécu, je ne peux pas prendre d'exemple dans d'autres domaines, mais je
pourrais en imaginer qui vont se lever puis dire : O.K., là, cette
donnée-là, là, elle intime, et mes attentes sont telles que je ne veux pas que
ça circule.
Alors, dans un discours où on parle
d'attente raisonnable, est-il possible qu'un juge dise : Oui, c'est vrai,
là, ça, c'est vrai que cette donnée-là, là, ce n'est nécessaire qu'elle
circule. Et là je vais plus loin, O.K., moi, je suis untel, je suis suivi dans
un hôpital, et là je vais dans l'autre hôpital, puis là je vais me faire
traiter, là, pour un ongle incarné. Maintenant, si je reçois le dossier du
patient, normalement, là, si c'est le dossier dans mon hôpital, le médecin qui
me suit, l'infirmière qui me suit va voir que... dans le dossier, j'ai fait une
dépression majeure, parce que ça fait partie des antécédents, et dans les
antécédents, c'est toujours, toujours écrit. Alors là, la personne va
dire : Non, non, non, regarde, moi, je m'en vais là me vais me faire
traiter pour un ongle incarné, là, vous n'avez pas besoin de savoir que j'ai
fait une dépression majeure. Bien, ça, il y a peut-être un juge qui va
dire : Non, c'est vrai, il a raison, cette information-là, elle est très
importante pour lui, elle est plus qu'intime, elle est ultra intime et donc
elle ne circulera pas.
• (14 h 50) •
Là, vous allez me dire que je tire... je
coupe les cheveux en quatre. C'est plate, là, mais c'est parce que je peux vous
donner des exemples encore plus spectaculaires de cas vécus qui ont rendu la
progression de tout ce qui est régie de l'accès à l'information difficile. Ça a
été long et pénible. Et là, aujourd'hui, on est dans un système qui marche
mieux. Y a-t-il lieu aujourd'hui de prendre un risque de revenir
potentiellement en arrière en mettant un mot qui ouvre la porte à une
interprétation et conséquemment une contestation? Ce n'est pas pire, hein? Je
peux continuer comme ça pendant une demi-heure, si vous voulez, là.
Le Président (M.
Bachand) : Bien, cela dit, pour information, il vous reste un
peu...
M. Barrette : …de revenir potentiellement
en arrière en mettant un mot qui ouvre la porte à une interprétation, et
conséquemment une contestation? Ce n'est pas pire, hein? Je peux continuer
comme ça pendant une demi-heure, si vous voulez, là.
Le Président (M.
Bachand) : Mais, cela dit, pour information, il vous reste un
peu moins de 10 minutes. Alors, M. le ministre.
M. Barrette : Donc, vous ne le
voulez pas, M. le Président.
M.
Caire
: Ceci
étant dit, on sait que le député de La Pinière est capable. Maintenant, est-ce
que c'est souhaitable? Ça, c'est une autre question.
Mais, plus sérieusement, j'entends ce que
le député de La Pinière dit. Il sait que lui et moi, on est de la même
école sur cette question-là. Dans le contexte spécifique de l'amendement, je
réitère que la partie ministérielle aurait souhaité qu'on garde l'article tel
que libellé. Le mot «autrement intime» a été ajouté à la notion de «notamment
médical et biométrique» parce que, de l'avis des juristes, on mettait la barre
trop haute, et les… et c'est même l'exemple du député de LaFontaine, qui a
parlé de… sur un repas, de dire : Bon, bien, mettons, je veux des fruits,
je veux des oranges, je veux des bananes, de dire : Bien, ça laisse
entendre que ce que je souhaite ou ce que j'entends par repas, c'est… ce sont
des fruits, donc d'avoir une interprétation trop restrictive.
Puis, je veux dire, le mieux est l'ennemi
du bien, là. Moi, je nous ai invités, comme parlementaires, à être quand même
prudents sur le fait de vouloir être trop spécifiques, pas assez spécifiques.
Moi, je… On discute. Le député de La Pinière dit : Bien, est-ce qu'on
peut enlever le mot «intime»? O.K., sauf que, si on fait ça, on dit «notamment
médical… biométrique», les juristes nous disent : L'interprétation va être
trop restrictive, ça va donner… parce qu'on va vouloir s'assurer d'avoir des
éléments interprétatifs de même nature, juridiquement. Juridiquement, ça veut
dire que, si les renseignements ne sont pas de même nature qu'un renseignement
médical et/ou biométrique, donc reliés à la personne physique, les tribunaux
pourraient interpréter qu'en dehors de ça, ce ne sont pas des renseignements
sensibles, ce qu'on ne veut pas, hein, ce qu'on ne veut pas, parce que le numéro
d'assurance sociale, on l'a dit, c'est un renseignement sensible, mais qui
n'est pas relié à des attributs physiques, et donc d'où la définition
d'«autrement intime».
Mais là, le député de La Pinière
dit : Oui, mais c'est trop large, ça pourrait vous amener à… C'est vrai,
c'est vrai. J'ai dit ça de plusieurs amendements des collègues, j'ai dit que ça
pourrait nous amener dans une zone où on exclurait ou on inclurait des choses
qu'on ne veut pas. Alors, je vais me ranger… je vais voir avec les collègues
comment eux veulent traiter l'amendement. Personnellement, je considère encore
que la définition de l'article tel que libellé, c'est encore la meilleure
option. Maintenant, là, je vous avoue que je ne sais pas trop comment traiter
ça, là…
M.
Caire
:
...alors, je vais me ranger, je vais voir avec les collègues comment eux
veulent traiter l'amendement. Personnellement, je considère encore que la
définition de l'article, tel que libellé, c'est encore la meilleure option. Maintenant,
là, je vous avoue que je ne sais pas trop comment traiter ça, là.
Le Président (M.
Bachand) :Intervention, M. le député.
M. Barrette : Oui. Moi, je...
Là, il faudrait que ... C'est une question juridique, là. C'est les juristes
qui vont répondre à ça. Moi, j'ai toujours compris, dans les textes qu'on
déposait sur le plan législatif, que le «notamment» ne qualifiait rien, il
ouvrait la porte à autre chose. Le «notamment», là...
M.
Caire
: Pas
nécessairement.
M. Barrette : Hein?
M.
Caire
: Pas
nécessairement
M. Barrette : Non, bien, la
réponse de ça, c'est oui. à bien là, les juristes, là...
M.
Caire
: Mais
si je peux me permettre, puis je vais laisser Me Miville-Deschênes le
confirmer, mais à deux reprises les juristes sont intervenus à cette commission
pour dire que quand on mettait un «notamment», ça pouvait amener une interprétation
de l'article, en fonction des éléments qui suivaient le «notamment» pour, dans
le sens où il faudrait des éléments de même nature.
M. Barrette : Cela...
M.
Caire
: Juste
pour compléter...
M. Barrette : Oui.
M.
Caire
:
Juste... et donc, de même nature, notamment, suivi de «médical» eet
«biométrique», qui sont clairement des attributs physiques, donc qui répondent
à un individu , mais dans son univers physique. La crainte que nous avions, c'est-à-dire
qu'il faudrait éviter que la cour interprète, en disant : Bon, bien voici
ce que le législateur veut, ou pense ou souhaite, c'est que des renseignements
qui sont sensibles doivent avoir une connotation qui se rattache aux attributs
physiques d'un individu.
Là, je vais laisser Me Miville-Deschênes me
contredire s'il le souhaite, mais c'est ça que j'avais compris et c'est la
raison pour laquelle on évitait d'aller dans ces eaux-là, ou alors on y allait,
en incluant un «autrement » intime, pour s'assurer de ne pas limiter à la question
des attributs physiques, l'interprétation d'un renseignement sensible.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est exactement la règle, là, ..., parfait,
c'est une règle d'interprétation qui est quand même bien connue des tribunaux.
Il y a une énumération
M. Barrette : Alors, donc, à
ce moment-là, ça vient confirmer le fait qui m'inquiète, à savoir que c'est
ouvert à une interprétation, je dirais, maximale, puis là je reviens donc au
sens où... au sens où... maximale, dans le sens de ce qu'intimité veut vouloir
dire. Et depuis le début...
M. Barrette : ...qui
m'inquiète, à savoir que c'est ouvert à une interprétation, je dirais,
maximale, puis là je reviens donc au sens où... au sens où... maximale, dans le
sens de ce qu'intimité veut vouloir dire. Et depuis le début le fil conducteur,
du moins le mien, là, c'est qu'une personne... parce que ça a été dit à
plusieurs reprises, une personne pourrait considérer... ou même un juge, qu'une
personne a raison de considérer que telle ou telle chose est plus... est vraiment
plus... elle est intime, et alors que, dans le texte qui a été amendé à date,
moi, je trouvais que c'était suffisant. Maintenant, là, ça me conforte dans ma
position.
M. Caire
: M. le
Président, je veux juste comprendre. Quand il dit : Le texte... le député
de La Pinière fait référence à quel amendement?
M. Barrette : ...par
exemple, là.
M. Caire
: Là,
c'est ça que... là, je voudrais juste qu'il précise peut-être pour qu'on ait un
référent tout le monde, là.
M. Barrette : Là, au
moment où on se... non, c'est parce que j'en ai... là, l'énumération n'est plus
là, hein, c'est ça?
M. Caire
: Non,
là...
M. Barrette : On
pourrait-u suspendre un instant, M. le Président?
Le Président
(M. Bachand) :M. le ministre, ça va?
On va suspendre quelques instants.
M. Caire
: Bien,
oui, sauf que, là, on refait les débats, là.
M. Barrette : Non, non,
non, tu vas comprendre.
M. Caire
: C'est
un peu plate.
Le Président (M.
Bachand) : On va suspendre quelques instants.
M. Caire
: Oui,
oui.
Le Président
(M. Bachand) : On verra.
M. Caire
: Bien,
oui.
Le Président (M. Bachand) :
Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 58)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 1)
Le Président (M.
Bachand) :O.K., s'il vous plaît. À
l'ordre, s'il vous plaît. O.K., les travaux vont recommencer. Alors, on est «on
the record», comme on dit. M. le ministre.
M.
Caire
: Bien,
je pense que c'est correct, M. le Président. Je ne sais pas si les réponses
qu'on a données au député de La Pinière sont à sa satisfaction, mais, si c'est
le cas, je serais prêt à voter. Personnellement, je serais prêt à voter
l'amendement.
M. Barrette : Bon, alors, M.
le Président, moi, j'ai fait mon point, là. Il n'était pas dirigé
spécifiquement vers le ministre. Il était dirigé aussi vers les collègues. Là,
on a eu les échanges qu'on devait avoir. Comme on l'a… comme on peut en
conclure, là, il y a une ouverture, là. Est-ce qu'elle est raisonnable à
l'interprétation, ou non? Bon, un juge, à un moment donné, il jugera. C'est
tout.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement du député de Gouin? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Madame la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Abstention.
La Secrétaire
:
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Abstention.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement du député de Gouin
est adopté. Donc, on revient à l'article 12, tel qu'amendé. Interventions?
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 12, tel qu'amendé? Sinon,
nous allons procéder à la mise aux voix. Madame la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour, contre,
abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Abstention.
La Secrétaire
:
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Abstention.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 12, tel qu'amendé,
est adopté. M. le député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, j'aurais un amendement à l'article 12.1. Il a déjà
été transmis au nom de la commission sur Greffier.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, il est sur Greffier. Et alors donc vous
pouvez en faire la lecture, s'il vous plaît, M. le député.
M. Ouellet : Parfait. Merci
beaucoup, M. le Président. Article 12.1 : Insérer après
l'article 12 du projet de loi le suivant : 12.1. Cette loi est
modifiée par l'ajout après…
M. Ouellet : …à
l'article 12.1. Il a déjà été transmis au nom de la commission sur
greffier.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, il est sur greffier et alors, donc, vous
pouvez en faire la lecture, s'il vous plaît, M. le député.
M. Ouellet : Parfait. Merci
beaucoup, M. le Président. «Article 12.1. Insérer après l'article 12
du projet de loi le suivant : 12.1 Cette loi est modifiée par l'ajout
après l'article 59.1 de la loi du suivant : 5.9.2 Un organisme public
ne peut communiquer un renseignement personnel à des fins lucratives pour lui
ou celui qui reçoit ce renseignement.»
Le Président (M.
Bachand) : Est-ce que?
M. Ouellet : Je peux aller à
explications? Oui.
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît, oui.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, avec cet amendement, M. le ministre, ce qu'on essaie de
faire c'est de circonscrire dans la loi cette interdiction de tout organisme
public de vendre des renseignements personnels. On a eu le débat peu avant les
fêtes et on a eu même deux discours, le ministre de la Santé pour lui c'était
une fin de non-recevoir et le ministre de l'Économie, à un certain moment, on a
pu entendre que ça serait «winner» de vendre nos informations à des
pharmaceutiques.
Donc, je ne présume pas de la mauvaise ou
de la bonne volonté des deux personnes issues du gouvernement. Je ne présume
pas non plus de la bonne ou de la mauvaise volonté des gouvernements
subséquents, mais j'ai une certitude par exemple, c'est que personne ne voudrait
voir ses données personnelles vendues à des entreprises privées à titre
commercial. Donc, je pense qu'avec cet amendement nous pourrions circonscrire
dans la loi cette interdiction qui pourrait donner beaucoup de garanties et
d'assurance aux gens du Québec, notamment quant à la valeur qu'on pourrait
donner et l'apport que pourraient représenter les renseignements personnels aux
entreprises privées. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui,
merci, M. le Président. Bien, l'amendement pose différents problèmes. Le
premier, c'est… en fait, ce n'est pas un problème, le premier c'est un état de
fait à savoir que sauf disposition législative express, il n'est pas permis de
vendre, et c'est important la notion de vente versus communiquer. Donc, il
n'est pas permis de vendre des renseignements personnels, je vous dirais même,
de façon plus large, des données du gouvernement du Québec pour un ministère ou
un organisme.
Par contre, il existe effectivement dans
différentes ententes contractuelles une possibilité que des renseignements
soient communiqués et que la finalité de ces ententes-là soit lucrative.
Hydro-Québec, SAAQ, SAQ, sont dans une disposition comme celle-là et là
l'amendement tel que libellé viendrait empêcher ça, ce qu'on ne souhaite pas,
ni le député de René-Lévesque ni moi. C'est pour ça que tel que libellé, je
veux dire, l'amendement ne nous amène pas là où on le souhaite, je pense, et au
contraire ça pourrait poser un problème sérieux pour, notamment, les
entreprises du gouvernement.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Oui, est-ce que
vous pourriez me donner un exemple? Vous faites référence à Hydro-Québec, là,
que vous me dites que si on met ça, ça va nuire ou pénaliser Hydro-Québec.
J'aimerais peut-être que vous…
M.
Caire
: Bien,
je veux dire, il peut y avoir dans des ententes contractuelles, il peut y avoir
transmission d'informations. L'entente contractuelle ayant une fin
lucrative…
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : Oui, c'est pour
nous donner un exemple. Vous faites référence à Hydro-Québec, là, que vous nous
dites que, si on met ça, ça va nuire ou pénaliser Hydro-Québec. J'aimerais peut-être
que vous...
M.
Caire
: Bien,
je veux dire, il peut y avoir... dans des ententes contractuelles, il peut y
avoir transmission d'informations. L'entente contractuelle ayant une fin
lucrative, la transmission de l'information est donc à des fins lucratives, par
extension.
C'est parce que ce que le député de René-Lévesque
ne veut pas, puis ça, qu'il me corrige si je me trompe, c'est qu'un ministère
ou un organisme prenne des informations qu'il a en sa possession, les vende.
Donc, je prends l'information, je me mets une liste de clients, une liste de...
pensons à n'importe quelle information, renseignement personnel, et là je les
vends à une entreprise de télémarketing. Là, je prends l'exemple le plus
patent, là. Bon, ce que le député de René-Lévesque ne veut pas, c'est qu'on
fasse ça. Mais ça, ça ne peut pas se faire dans le contexte actuel. À moins
d'une disposition spécifique, on ne peut pas faire ça, on ne peut pas faire ça.
Par contre, il arrive qu'Hydro-Québec, il
arrive que la SAAQ, il arrive que la SAQ vont signer des ententes, que ces
ententes-là présupposent qu'il y a des informations qui sont échangées entre
les partenaires. Le but du contrat étant lucratif, par extension, l'échange d'informations
amène cet aspect lucratif là, qui serait donc interdit par l'amendement qui est
proposé par mon collègue, ce que mon collègue ne souhaite pas. Mon collègue ne
souhaite pas nuire aux activités légitimes des entreprises de l'État et/ou des
ministères et organismes.
Ce que le collègue ne veut pas, c'est
qu'on prenne de l'information qu'on a collectée à des fins, que cette
information-là soit vendue à des tiers, et que le but de la transaction soit
l'information vendue à ce tiers-là, comme une liste de clients, comme une... Et
ça, ça, on ne veut pas ça. Et ça, ça ne peut pas se faire dans le contexte
actuel.
M. Ouellet : Dites-moi, M. le
ministre, dans ce cas-là, est-ce que le ministre de l'Économie était dans
l'erreur lorsqu'il avait affirmé qu'on pourrait vendre des données à des
compagnies pharmaceutiques ou communiquer des données à des compagnies
pharmaceutiques, qui auraient une volonté d'en tirer un bénéfice, qui serait,
au final, lucrative, là?
M.
Caire
: Bien,
au-delà du choix de mots, sur lequel on pourra effectivement avoir un débat,
l'idée de ça, c'était la recherche, c'était de parler de la recherche. Et ça,
on va le voir plus tard. Il y a des articles qui traitent de ça, dans quel
contexte, puis circonscrire l'utilisation des données pour des motifs de
recherche, puis c'est ce qu'on va faire plus tard. Parce que ça, il y a
peut-être effectivement un flou existentiel, qui mérite d'être bien cadré,
donc. Puis ça, là-dessus, je pense qu'on a déjà, dans la loi, des dispositions
qui sont intéressantes. Il y aura toujours lieu de le travailler.
Mais dans le… Mais l'idée était de dire...
M.
Caire
: …qui
mérite d'être bien cadré. Donc… puis ça, là-dessus, je pense qu'on a déjà, dans
la loi, des dispositions qui sont intéressantes, il y aura toujours lieu de le
travailler. Mais dans la… mais l'idée était de dire : Rendons disponibles
ces informations-là pour la recherche, pour faire avancer la recherche. C'était
ça qui était le plan général. Bon, ça, le choix des phrases, le choix des mots,
on pourra avoir des discussions, mais…
Puis ça, je pense que personne ne souhaite
qu'on n'empêche la recherche, je pense qu'on a tous… puis le contexte de
pandémie, ça surligne encore plus cette nécessité-là. Et ça, on va adresser
cette question-là plus tard dans le projet de loi.
• (15 h 10) •
M. Ouellet : Si je comprends
bien, M. le ministre, ce que vous me dites, c'est que l'amendement en question
pourrait restreindre, exemple, la SAQ de contracter avec une firme tierce,
justement, son programme de fidélisation. Parce que, tu sais, la SAQ a des
données à travers les transactions.
M.
Caire
: Carte
Inspire.
M. Ouellet : Carte Inspire,
c'est ça. Ça fait que si on adoptait l'amendement tel quel, ce que vous me
dites : Faisons attention. Ça serait limitatif dans le cas d'activités
lucratives comme la SAQ ou…
M.
Caire
:
Lucratives au bénéfice de l'État, on s'entend, on s'entend.
M. Ouellet : Oui, oui. Pas au
bénéfice d'un autre tiers.
M.
Caire
: Non,
non, c'est ça.
M. Ouellet : O.K. À part…
parce que, là, c'est comme des sociétés d'État, je comprends, là, c'est
peut-être le terme «public» qui est peut-être trop large. Ce qu'on cherchait
surtout à circonscrire, c'est qu'en aucun cas on puisse, dans un ministère,
vendre des données à un tiers qui pourrait les exploiter de façon lucrative.
Là, vous me dites : Faisons attention, il y a des domaines qui en ont
besoin comme la SAQ.
M.
Caire
: Non,
c'est ça, on ne les vend pas, là. Je veux être clair, là, on ne vend pas des…
M. Ouellet : On les
communique.
M.
Caire
: Dans
le cadre d'une entente contractuelle, on peut communiquer ça. C'est justement
la nuance, la subtile nuance que j'amène. On ne peut pas vendre des données à
un tiers, et la donnée étant le centre de la… L'objet de la transaction, c'est
de vendre des données à un tiers. Je prends toujours mon exemple, la RAMQ qui
décide de prendre une liste des usagers de la RAMQ puis de vendre ça à une
entreprise de télémarketing, ça ne se peut pas, puis ça ne se peut pas.
Ce qui doit être fait puis ce qui doit
être mieux encadré, c'est l'utilisation et la communication des données dans
des protocoles de recherche. Puis ça, on va le voir plus tard, on va
l'encadrer. Ce que l'amendement vise, cette finalité-là, elle existe déjà, à
savoir, on ne peut pas vendre des données à de l'entreprise privée comme nature
de la transaction, on ne peut pas faire ça. Ce que l'amendement va faire, puis
là…
M.
Caire
: ... ce
que l'amendement vise, cette finalité-là, elle existe déjà, à savoir on ne peut
pas vendre des données à de l'entreprise privée comme nature de la transaction.
On ne peut pas faire ça.
Ce que l'amendement va faire, puis là le
me répète, mais je veux juste être sûr que c'est bien clair, c'est justement de
faire en sorte que, là, dans le cadre d'une entente contractuelle qui va se
faire notamment au bénéfice d'une entreprise de l'État, donc au bénéfice de la
collectivité, là, cet amendement-là pourrait avoir pour effet de rendre ça pas
possible.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de La Pinière,
s'il vous plaît.
M. Barrette : Ah oui!
Oui, il n'y a pas de problème. Oui, oui. Bon, écoutez, ça, c'est un... Tout ce
débat-là me touche personnellement parce que c'est un dossier que j'ai piloté lorsque
j'étais dans ma fonction précédente.
M.
Caire
: Hum,
je...
M. Barrette : Pardon?
M.
Caire
: Je
sais.
M. Barrette : Oui.
Alors... Alors, je vais faire une intervention qui se veut informative tout
simplement. Je comprends le fond et l'intention de l'amendement proposé par le collègue
de René-Lévesque. Étant donné qu'on fait référence à une chose, je vais en
profiter, là, parce que, là, j'ai une tribune. Je vais l'utiliser, ma tribune.
Alors, est-ce qu'il est possible d'utiliser nos données dans un esprit lucratif
ayant des ramifications économiques globales pour le Québec? La réponse est
oui. Est-ce qu'on peut faire ça en protégeant la donnée? La réponse est aussi
oui. Et c'est ça qu'il faut comprendre, là. J'ai, moi, pendant quatre ans, et
les gens le savent, ça a été évoqué, mais ça n'a pas été retenu, j'ai effectivement
travaillé avec l'industrie pharmaceutique pour leur donner accès à des données,
mais pas comme ils voulaient. Pas comme ils voulaient. Ce que l'industrie
pharmaceutique veut, c'est de partir avec la donnée. J'ai toujours refusé ça.
Je soupçonne que le gouvernement actuel refuserait ça aussi.
M.
Caire
: Tout
à fait.
M. Barrette : Et je
soupçonne aussi que les oppositions refuseraient ça aussi.
M.
Caire
: Tout
à fait.
M. Barrette : C'est un
soupçon... C'est un soupçon...
M.
Caire
: Vous
n'êtes pas trop à risque, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Ce n'est
pas trop risqué, oui.
M.
Caire
: Vous
n'êtes pas trop à risque.
M. Barrette : Par contre,
est-il possible... Est-il possible de créer une interface, une interface qui
ferait en sorte que la donnée soit lucrativement accessible pour l'industrie en
échange, par exemple, d'investissement, ainsi de suite, je reviens là-dessus
dans un instant? La réponse à ça, c'est oui. C'est quoi, la façon de le faire?
C'est facile. On a une interface contrôlée par l'État qui répond à des questions
formulées par l'industrie. Et ça, c'est... Et c'est l'État qui gère la question,
la gestion de la donnée et la réponse. Ça reste là. Et pourquoi l'industrie
pharmaceutique veut faire ça? Parce que la donnée clinique...
M. Barrette : …interface
contrôlée par l'État qui répond à des questions formulées par l'industrie et
ça, c'est… et c'est l'État qui gère la question, la gestion de la donnée et la
réponse. Ça reste là. Et pourquoi l'industrie pharmaceutique veut faire ça?
Parce que la donnée clinique à long terme, et particulièrement la donnée
génétique, est aujourd'hui, dans l'industrie pharmaceutique, le nerf de la
guerre pour le développement et la production des médicaments.
Au moment où on se parle, je n'ai pas pu
le faire, mais en fin de mandat, là, chaque grand joueur pharmaceutique du
Québec se cherchait un «hub», permettez-moi l'anglicisme, un endroit pour
investir avec leur intelligence artificielle, leur Bengio, leur ci, leur ça et
manufacturer. Le deal était là. Et l'enjeu, c'est d'avoir accès à l'analyse de
la donnée longitudinale. Et je vais vous donner la clé de l'affaire. C'est
qu'au Québec, on a une caractéristique fondamentale, comprenez bien ce que je
vais dire, là, nous sommes le seul et unique endroit au monde, à l'exception de
la Nouvelle-Zélande, qui a une population captive. Puis elle est captive parce
qu'on ne bouge pas. Alors, si vous avez vécu aux États-Unis une fois dans votre
vie, là, bien, dans le milieu de travail où vous avez été, là, bien, les gens
venaient des 50 états. Ça… Au Québec, là, nous, on naît au Québec, puis
pour nos raisons culturelles, linguistiques et ainsi de suite, là, on vit au
Québec génération après génération après génération. Ça, là, pour l'industrie
pharmaceutique, là, ce n'est pas du bonbon, c'est Noël.
M.
Caire
: Sans
compter le régime public.
M. Barrette : Tout le monde
veut avoir ça. Puis, on a une donnée. Alors, ça, ça veut dire qu'on peut dire à
une compagnie, là : Vous allez investir chez nous, vous allez poser une
question à la base de données, c'est nous qui allons gérer la donnée puis on va
vous donner la réponse. Ça, ça se fait. Ça se monnaye, c'est rentable pour la
province, c'est rentable pour la société et c'est protecteur pour le citoyen et
c'est donc lucratif.
Alors, c'est sûr que dans un contexte
comme ça, là, si on empêche, par la finalité lucrative, de faire ça, on nuit à
la société québécoise. Et le débat là-dessus, là, a été mal fait, c'est plate,
là, mais c'est comme ça. Mais il est possible, là… Puis, là, je vais prendre
une image, là, nous sommes les serveurs de la RAMQ, là, O.K., là, il n'y a pas
une compagnie qui va entrer ici, il n'y a pas une compagnie qui va sortir d'ici
avec une clé USB avec des données ni encore un disque dur, mais la compagnie
qui va poser une question à nous, qui sommes les serveurs : O.K., on va la
traiter, votre question, là, puis voici la réponse, mais vous n'avez rien, vous
n'avez pas de données, vous n'avez pas de codes génétiques, vous n'avez pas de
dossier médical, vous n'avez pas ça mais vous avez la réponse à votre question,
par exemple. Et nous, notre valeur, on l'a utilisée pour le bénéfice de la
société.
Alors, ça, ce que je viens de raconter là,
là, on le fait pour les chercheurs mais on ne le fait pas pour l'industrie.
Mais on peut le faire en protégeant la donnée. Fin de mon éditorial. J'espère
que ça vous aura été utile.
Le Président (M.
Bachand) : Très utile. Merci beaucoup…
M. Barrette : ....utiliser pour
le bénéfice de la société.
Alors, ça, ce que je viens de raconter là,
là, on le fait pour les chercheurs, mais on ne le fait pas pour l'industrie.
Mais on peut le faire en protégeant la donnée. Fin de mon éditorial. J'espère
que ça vous aura été utile.
Le Président (M.
Bachand) : Très utile. Merci beaucoup. Interventions? M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. «Un
organisme public ne peut communiquer un renseignement personnel à des fins
lucratives pour lui ou celui qui reçoit ce renseignement.» Ce que le député de La Pinière
vient de nous exposer, c'est que ça actuellement n'existe pas. Mais ça peut
exister, c'est ça que je comprends. Et si ça peut exister, il nous a exposé de
quelle façon ça pourrait exister en ayant une interface qui nous démontre que
la donnée est maintenue et détenue par le propriétaire, mais la réponse ou le
besoin édicté par le client en question peut lui être fourni, puis ça, ça peut
être anonymisé, là. C'est ce que j'ai compris.
Je comprends, M. le ministre, que vous y
voyez un risque. Vous me dites tout à l'heure... vous m'avez dit tout à l'heure,
pardon, qu'on va traiter la partie de la recherche plus tard. Je vais être
honnête avec vous, je n'ai pas terminé toute l'élaboration et, je vous dirais, l'évaluation
de chacun, puis vous nous remettez aussi des amendements qui nous permettent
d'apprécier aussi l'évolution du projet de loi en question. Donc, j'aurais une proposition
à vous faire, de suspendre l'amendement 12.1, de faire le point jusqu'à
tant qu'on soit à la recherche, et, si effectivement, suite aux discussions que
nous aurons et à l'adoption des... pardon, des articles reliés à la recherche,
ça circonscrit ce que je cherchais à faire, bien, on revient puis on bat l'amendement
tout simplement ou je le retire. Mais je voudrais peut-être me garder
l'opportunité de le garder encore ouvert avant de voir les discussions que nous
aurions sur la partie recherche. Est-ce que ça, ça serait satisfaisant?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M.
Caire
: Bien,
dans la mesure où ça... effectivement, 12.1 n'a pas pour effet de suspendre
l'étude des autres articles, M. le député, je n'ai effectivement aucun problème
avec ça.
M. Ouellet : Donc, on
demandera le consentement pour revenir à 12.1 traiter de l'amendement, puis
après ça on... O.K.
Le Président (M.
Bachand) :Est-ce que, donc, il y a consentement,
si je comprends bien, pour suspendre l'étude de l'amendement créant le nouvel article 12.1?
Des voix : Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, nous sommes rendus à l'article 13.
M. le ministre, s'il vous plaît.
• (15 h 20) •
M.
Caire
: Oui,
merci, M. le Président. Donc, l'article 13 se lit comme suit :
L'article 60 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le troisième
alinéa, de «doit refuser de» par «ne doit pas»;
2° par la suppression, dans le quatrième
alinéa, de «par suite d'une demande faite».
Donc, l'article 60 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels est modifié afin de confirmer qu'une communication
faite en vertu de l'article 59...
M.
Caire
: …«ne
doit pas»;
2° par la suppression, dans le quatrième
alinéa, de «par suite d'une demande faite».
Donc, l'article 60 de la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels est modifié afin de confirmer qu'une communication faite en vertu de
l'article 59 de cette loi n'a pas à être précédée d'une demande.
Le Président (M.
Bachand) :Interventions? Est-ce que de… Interventions,
une fois, deux fois.
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire
:
M. Ouellet (René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 13 est adopté. M. le
député de René-Lévesque, s'il vous plaît.
M. Ouellet : C'est à mon
tour?
Le Président (M.
Bachand) : Oui.
M. Ouellet : Oui. J'aurais un
amendement à l'article 13.1, M. le Président. Il a été transmis à la
commission, je crois.
Le Président (M.
Bachand) : Il est sur Greffier.
M. Ouellet : Oui, parfait.
Le Président (M.
Bachand) : Si vous voulez en faire la lecture, s'il vous plaît,
M. le député.
M. Ouellet : Oui, c'est un
petit peu long. Article 13.1 :Insérer, après l'article 13 du projet de loi, le suivant : Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 61.1, des suivants :
« 61.2. Un établissement d'enseignement
doit, sans égard au consentement de la personne concernée, communiquer un
renseignement personnel à une personne qui a été victime, de la part de la
personne concernée, de harcèlement ou de violence à caractère sexuel au sens
de la loi visant à prévenir et combattre les
violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur
(chapitre P-22.1) ayant fait l'objet d'une plainte ou d'un signalement,
lorsque le renseignement personnel est la sanction, incluant ses détails et
modalités, ou encore l'absence de sanction appliquée à la personne concernée.
«61.3. Un établissement d'enseignement
doit communiquer à tous les membres de son comité permanent établi en
application de l'article 7 de la Loi visant à prévenir et combattre les
violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur
(chapitre P-22.1) tout renseignement qui concerne l'existence, les
détails, le traitement, l'issue et les sanctions corollaires d'une plainte,
d'un signalement ou d'un renseignement relatif à du harcèlement ou à une
violence à caractère sexuel au sens de cette loi, sans égard au consentement de
la personne visée par la plaine, le signalement ou le renseignement.
«Malgré le premier alinéa, l'identité de
la victime des comportements visés par la plainte, le signalement ou le
renseignement ne peut être communiquée au comité permanent sans le consentement
de cette dernière.
«61.4. Lorsqu'est jugée fondée la plainte,
le signalement ou le renseignement traités en application de la Loi visant à
prévenir et combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements
d'enseignement supérieur (chapitre P-22.1), l'établissement d'enseignement
peut communiquer les renseignements qui s'y rapportent, sans le consentement de
la personne concernée, dans les cas qui suivent :
«1° à un établissement d'enseignement ou à
toute personne qui y oeuvre en vue d'assurer la sécurité des étudiants et
étudiantes, des membres du personnel ou de toute autre personne fréquentant…
M. Ouellet : …l'établissement
d'enseignement peut communiquer les renseignements qui s'y rapportent, sans le
consentement de la personne concernée, dans les cas qui suivent :
«1° à un établissement d'enseignement ou à
toute personne qui oeuvre en vue d'assurer la sécurité des étudiants et
étudiantes, des membres du personnel ou de toute autre personne fréquentant cet
établissement d'enseignement;
«2° à un organisme ou une entreprise qui
fait la demande lorsque la personne concernée travaille, étudie ou fait du
bénévolat au sein de cet organisme ou de cette entreprise, ou lorsque la
personne concernée a communiqué une demande pour y travailler, étudier ou faire
du bénévolat.»
Le Président (M.
Bachand) : Vous avez des commentaires additionnels.
M. Ouellet : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Donc, cet amendement-là n'est pas le fruit du
travail de l'équipe totale de recherche du Parti québécois, il nous a été
soumis par un groupe qui a fait des représentations, notamment en déposant un
mémoire au projet de loi n° 64, Le Québec contre la violence sexuelle
est tout à fait en accord avec une lettre qui a été écrite dans la La
Presse+ le 9 février 2021 : Les victimes ont droit de savoir.
Donc, concrètement, cet amendement
pourrait permettre, à l'intérieur même de l'ouverture du projet de loi
n° 64, à corriger une aberration pour les victimes d'agression sexuelle, à
savoir que lorsqu'il y a plainte et qu'il y a sanction ou pas, les victimes
peuvent connaître si, effectivement, ça a eu lieu. C'est demandé par les
victimes et c'est demandé parce que c'est un trou à l'intérieur de la loi,
parce que ça touche exclusivement le secteur de l'enseignement supérieur. Donc,
pour nous, je pense qu'il est tout à fait approprié.
On a eu le débat lors de la commission sur
les violences sexuelles. Il y a des commissions qui se continuent pour le
tribunal spécialisé pour offrir aux victimes une façon différente de pouvoir
faire valoir leurs droits et de faire le cheminement nécessaire pour se rendre
à la plainte et avoir condamnation. Nous croyons qu'avec cette disposition ce
serait un pas supplémentaire que le législateur devrait faire, notamment sur
les campus universitaires, pour permettre aux victimes qui ont porté plainte de
connaître quelles ont été les conséquences par rapport aux gestes qu'elles ont
subits, mais à l'acte qu'elles ont fait, c'est-à-dire de porter plainte et
d'aller un peu plus loin.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions, M. le ministre?
M.
Caire
: Oui,
M. le Président. Je vais demander une courte suspension, parce que là je prends
connaissance évidemment de l'amendement qui est proposé par mon collègue puis
j'aimerais évidemment, avant de commenter, là, être capable d'en mesurer tous
les tenants et aboutissants et les impacts, là. Si vous me permettez, je
prendrais quelques minutes.
Le Président (M.
Bachand) : Juste avant de suspendre, le député de
La Pinière… la parole, s'il vous plaît.
M. Barrette : Juste une
question de directive, M. le Président. Je suis peut-être mal informé, mais
j'ai ouï-dire que peut-être que nos collègues de la deuxième opposition avaient
aussi un amendement, est-ce que c'est la même chose ou… parce que si on est
pour débattre du sujet, dans la suspension, on verra, là, c'est juste pour
faciliter les travaux, là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin, oui, allez-y.
M. Nadeau-Dubois : Nous
avions, en effet, un amendement à faire également, c'était le même. Donc, on ne
le dédoublera pas, on peut étudier celui du collègue de René-Lévesque.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Merci beaucoup. Donc, nous allons suspendre
quelques instants. Merci.
M.
Caire
:
Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
M. Nadeau-Dubois : ...nous
avions en effet un amendement à faire également. C'était le même, donc on ne
dédoublera pas. On peut étudier celui du collègue de René-Lévesque.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup.
Donc, nous allons suspendre quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 27)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 38)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît. La
commission reprend ses travaux. M. le ministre, vous avez la parole.
M.
Caire
: …on
se retrouve, là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre, vous avez la parole.
M.
Caire
: Oui.
Merci, M. le Président. Bon, plusieurs choses à dire, M. le Président. Sur le
fond, l'idée de communiquer la sentence à une victime, pour nous, c'est clair
que c'est «oui». Il n'y a pas de… évidemment, quelqu'un qui aura reçu… qui aura
fait l'objet d'une plainte, plainte qui aura été analysée, qui aura été trouvée
fondée, qui aura donné lieu à des sanctions. Que ces sanctions-là soient communiquées
à la victime, il n'y a pas d'enjeu pour nous, c'est «oui».
Un établissement d'enseignement qui
communique à ses membres. Bon, là, il y a peut-être une technicalité d'ordre,
juridique. Du sens où, ce que les juristes me disent, c'est que, communiquer,
ça implique deux organismes distincts. Donc, évidemment, un établissement qui
communique à ses membres, ce n'est pas une communication au sens juridique
qu'on peut lui donner, puis ça ne pose pas d'enjeu parce que, dans l'état
actuel des choses, ça peut se…
M. Caire
: ...les
juristes me disent, c'est que, communiquer, ça implique deux organismes
distincts. Donc, évidemment, un établissement qui communique à ses membres, ce
n'est pas une communication au sens juridique qu'on peut lui donner, puis ça ne
pose pas d'enjeu parce que, dans l'état actuel des choses, ça peut se faire. Ça
peut se faire à l'intérieur d'un même établissement. D'ailleurs, le député de
La Pinière avait bien saisi cette subtile nuance. C'est ce qui l'a amené à
changer la notion d'établissement et à permettre une communication plus large,
initiative que je que salue d'ailleurs, mais, bon, c'est un autre débat. Donc,
pour cet aspect-là, ça ne pose pas de problème, puis je vous dirais que ça
pourrait évidemment réitérer un principe qui est déjà possible.
• (15 h 40) •
Le troisième élément pose un peu plus de
problèmes du point de vue de la charte, et... puis je le dis en toute candeur
aux collègues, on n'a pas un avis formel du ministère de la Justice, mais les
juristes du ministère de la Justice ont soulevé des doutes quant au fait que
cette disposition-là pourrait passer le test des tribunaux pour la raison
simple que c'est une sanction qui est administrative, et que les conséquences
sont... pourraient être — je vais le mettre au
conditionnel — pourraient être disproportionnées compte tenu qu'on ne
parle pas ici d'un processus judiciaire au sens strict du terme où il y a eu
une accusation devant un tribunal, où il y a une présomption d'innocence, où il
y a une preuve hors de tout doute raisonnable, etc. Cet élément-là pourrait
faire en sorte que le tribunal invalide la disposition la jugeant inconstitutionnelle.
Ça, c'est... je vous donne, là, l'explication que j'en ai à ce jour.
La suggestion qui est faite par... puis
que je vous fais, que je vous transmets, c'est que la loi en question, de toute
façon, est une loi qui relève du ministère de l'Éducation qui... pour lequel un
rapport d'application doit être déposé l'année prochaine et qui devra amener
des modifications législatives. Puis je le dis, là, de façon très transparente,
je n'ai pas... je ne ferai pas une bataille épique pour qu'on ne modifie pas la
loi sur l'accès à l'information, mais il serait préférable, de l'avis des
juristes, qu'on modifie la loi particulière et qu'on mette ces dispositions-là
dans la loi particulière. Et la loi d'accès à l'information, elle, spécifie que
des renseignements peuvent être communiqués... des renseignements personnels
peuvent être communiqués lorsque c'est dans le but d'appliquer une loi au
Québec. Donc, dans le cadre de l'application d'une loi, la loi d'accès prévoit
que ces dispositions-là qui seraient intégrées dans cette loi particulière là
s'appliqueraient. Donc, cette communication-là se ferait en respect de la loi
d'accès à l'information, ce qui amènerait une logique et une... ce serait plus
logique et plus cohérent de le faire de cette façon-là, dans l'idée de
respecter le corpus législatif québécois et dans...
M.
Caire
:
...prévoit que ces dispositions-là qui seraient intégrées dans cette loi
particulière là s'appliqueraient. Donc, cette communication-là se ferait en
respect de la loi d'accès à l'information, ce qui amènerait une logique et
une... ce serait plus logique et plus cohérent de le faire de cette façon-là,
dans l'idée de respecter le corpus législatif québécois et dans l'idée aussi
que la loi d'accès à l'information et de la protection des renseignements
personnels est une loi plus générale et que la loi sur la prévention des crimes
à caractère sexuel est une loi plus particulière, et donc, ces dispositions-là
relevant de cette loi-là, elles seraient plus... il serait plus logique de les
intégrer à cette loi-là. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Intervention? M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui. Puis je
pourrai passer la parole, après ça, au collègue de Gouin. Donc, si je vous
entends bien, vous ne voyez pas beaucoup de problèmes avec la modification à
61.2 et à 61.3, à part quelques modifications, puis vous voyez un enjeu avec
61.4, dont vous faites référence avec la charte, qui pourrait effectivement
être contesté en cour et que la personne qui aurait la contestation aurait gain
de cause. C'est ce que j'ai compris.
M.
Caire
: Tout
à fait.
M. Ouellet : Ce que vous nous
invitez à faire... c'est que ces articles-là ne devraient pas, à votre avis,
être inscrits dans cette loi, mais ces mêmes libellés-là pourraient être
inscrits lors d'une autre refonte dans une autre loi, qui est celle sur, puis
corrigez-moi, là, sur l'enseignement supérieur, qui va venir...
M.
Caire
: Le
titre exact, Me Miville-Deschênes l'a, c'est la loi sur la...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Loi visant à prévenir et à combattre les violences à
caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur.
M. Ouellet : O.K. Et ça, elle
est... cette révision-là est en rédaction?
M.
Caire
: C'est-à-dire
qu'il y a un rapport d'application, la loi a été mise en application, il y a un
rapport d'application qui est attendu l'année prochaine qui va amener un
certain nombre de recommandations et qui pourrait... qui va amener la
réouverture de la loi et donc des modifications de la loi. Et ces dispositions-là
étant essentiellement reliées ou découlant directement de cette loi-là, il serait
préférable de les imbriquer dans la loi en question.
M. Ouellet : Je ne présume
pas de la mauvaise foi du gouvernement, mais je n'ai pas de certitude tant qu'à
cette réelle solution potentielle de voir le jour. Je ne sais pas qu'est-ce qui
va se passer dans un an, plein de prérogatives peuvent arriver... que cette
loi-là ne soit pas déposée, puis un nouveau cycle parlementaire puisse
commencer. Bref, je me demande, M. le ministre, bien honnêtement, si ce serait
possible quand même d'adopter ces deux dispositions-là en attendant qu'on fasse
le travail, et lorsque le travail sera fait, elle pourrait, puis on pourrait en
convenir avec les légistes, être devenue nulle parce qu'elle serait inscrite au
bon endroit. Mais je pense aux victimes, présentement, là.
M.
Caire
: M. le
Président, il y a une idée qui germe...
M. Ouellet : …quand même
d'adopter ces deux dispositions-là en attendant qu'on fasse le travail, et,
lorsque le travail sera fait, elles pourraient, puis on pourra en convenir avec
les légistes, être devenues nulles parce qu'elles seraient inscrites au bon
endroit. Mais je pense aux victimes présentement, là.
M.
Caire
: Je… M.
le Président, il y a une idée qui germe dans ma tête, c'est rare, mais ça
arrive. Si on me permettait de suspendre, je vais aller demander un conseil
juridique puis je vais peut-être avoir une proposition à faire. Mais je vais
écouter le député de Gouin avant.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, juste avant, M. le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M. Nadeau-Dubois : C'est un
dossier qu'on a suivi de près également, à Québec solidaire, et il faut être
clair sur une chose : la loi n° 151 sur la prévention des violences
sexuelles dans les établissements d'enseignement supérieur, en effet, il y a un
rapport qui est prévu, il pourrait, au conditionnel, y avoir une révision de la
loi par la suite.
Par contre, ce qui empêche, à l'heure
actuelle, aux établissements d'enseignement de divulguer l'existence d'une
sanction et la nature de la sanction aux victimes, ce n'est pas cette loi-là.
C'est la loi sur l'accès à l'information, à son article 59, qui dit, et je
cite : «Un organisme public ne peut communiquer un renseignement personnel
sans le consentement de la personne concernée.» Donc, le verrou que les
victimes nous demandent de faire sauter, il est dans la loi sur l'accès à
l'information, il n'est pas dans la loi sur la prévention des violences
sexuelles dans les établissements d'enseignement supérieur. Et là je massacre peut-être
le nom de la loi en question, j'utilise le concept de la loi.
Donc, c'est la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels qu'il faut modifier parce que c'est là qu'on dit… Parce que
l'existence d'une sanction, c'est un renseignement personnel, et, en ce moment,
l'article 59 dit aux établissements d'enseignement : Vous ne pouvez
pas communiquer ce renseignement-là, donc le régime de confidentialité
s'applique aux établissements d'enseignement supérieur. Ce que le collectif
Québec contre les violences sexuelles nous demande, voire nous implore de
faire, c'est de faire sauter ce verrou-là dans la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics, donc dans la loi qu'on est en train d'étudier en ce
moment.
C'est pour ça que je pense que, l'occasion
de régler cette injustice, nous l'avons en ce moment. Je pense qu'il ne faut
pas la laisser passer dans la mesure où, la modification législative, c'est
dans la loi qu'on est en train de modifier en ce moment qu'il faut la faire. Et
je… qui sait ce que l'avenir nous réserve, qui sait s'il y aura même une loi
pour moderniser le régime de plaintes dans les établissements d'enseignement
supérieur sur les violences sexuelles. Donc, le problème qu'il faut
résoudre, qui est un problème de transparence, là… Dans le fond, les victimes
nous disent : On porte plainte, mais vu qu'on ne sait jamais ce qu'il se
passe avec notre plainte, comment avoir confiance dans le processus? Puis ça,
pour les victimes de violences sexuelles, tu sais, c'est une règle de base, là…
M. Nadeau-Dubois : ...le
problème qu'il faut résoudre, qui est un problème de transparence, là... Dans
le fond, les victimes nous disent : On porte plainte, mais vu qu'on ne
sait jamais ce qu'il se passe avec notre plainte, comment avoir confiance dans
le processus? Puis ça, pour les victimes de violence sexuelle, tu sais, c'est
une règle de base, là. Mais pour donner confiance à ces personnes, et ce sont
en grande majorité des femmes, dans le processus, cette lettre et ce mémoire,
parce qu'ils ont également déposé un mémoire, là, le collectif Québec, sur le projet
de loi n° 64, le collectif Québec, contre les
violences sexuelles, dans leur mémoire, ils nous le disent également, là, pour
que les victimes aient confiance dans le processus, c'est ici qu'il faut
intervenir dans la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur
la protection des renseignements personnels. Puis ce qu'ils demandent dans le
fond, c'est : Faites une exception spécifique pour les établissements
d'enseignement supérieur pour rectifier l'angle mort dans le régime de plaintes
actuel. C'est leur argumentaire, j'ai essayé de le résumer pour qu'on soit tous
un peu sur le... au même niveau de compréhension d'exactement quel est l'enjeu
ici parce qu'on est plusieurs à être nouveaux dans ce projet de loi là, mais
ils ont été assez vocal, puis, oui, je pense qu'on a avantage à entendre leur
appel.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M.
Caire
: Comme
je le disais précédemment, M. le Président, si les collègues autorisent une
courte suspension, je vais tester une idée du point de vue juridique, et, dépendamment
du résultat de ma consultation, je reviendrai avec des propositions.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Alors, je suspends les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
(Reprise à 15 h 52)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui.
Alors, M. le Président, après consultation des juristes, j'ai une proposition à
faire au collègue. De la même façon qu'il y a des amendements, plus tard, qui
vont venir modifier la LGGRI, ce que je vous propose, c'est de déposer des amendements
qui vont modifier la loi sur les crimes à caractère sexuel dans les établissements
d'enseignement. À 92, on pourrait introduire dans cette loi-ci l'article 92.1,
juste avant de commencer les études sur les articles de la loi sur le privé, où
on viendrait intégrer, donc, dans la loi particulière, le principe de communication
des sanctions aux victimes, et avec... en retravaillant le libellé sur la
diffusion ou l'accès aux renseignements pour les comités.
Ça nous permettrait aussi d'aller chercher
un avis sur la constitutionnalité du troisième élément, sur les sanctions, communiquer
les sanctions. Donc, on pourrait aller chercher un avis formel, à savoir est-ce
que ça passe le test des tribunaux ou non, et on viendrait... Donc, on
n'attendrait pas qu'il y ait un rapport d'application. On le ferait, nous, ici,
dans cette commission, donc ce serait fait à la satisfaction des victimes.
Évidemment... Je vous offre évidemment qu'on collabore à la rédaction de tout
ça pour que ça se fasse à la satisfaction de tout le monde, mais dans le
respect de notre corpus législatif.
Et la loi actuelle, dans son libellé, dit
bien qu'un renseignement personnel peut être communiqué lorsque c'est dans le
cadre de l'application d'une loi. Et donc en le mettant dans l'application de
la loi en question, la loi d'accès va autoriser... Donc, le verrou dont parlait
le collègue de Gouin saute. Il n'y a plus de verrou pour communiquer le
renseignement en question, puisque c'est prévu dans une loi, et donc que, dans
le cadre de l'application d'une loi, ça peut être fait, la loi le spécifie. Et
cette loi-là, on va garder la cohérence, parce qu'on va mettre ces
dispositions-là dans la loi qui a été adoptée pour… à cette fin. Et on va le
faire maintenant. Comme ça, il n'y aura pas de flou existentiel, à savoir
est-ce que l'année prochaine on va...
M.
Caire
: …et
donc que, dans le cadre de l'application d'une loi, ça peut être fait, la loi
le spécifie, et cette loi-là, on va garder la cohérence, parce qu'on va mettre
ces dispositions-là dans la loi qui a été adoptée pour… à cette fin, et on va
le faire maintenant, comme ça il n'y aura pas de flou existentiel, à savoir
est-ce que l'année prochaine on va le faire, on ne le fera pas. On va le faire,
on va le faire dans cette commission-ci, mais en l'écrivant dans la loi qui est
prévue à cet effet. C'est la proposition que je fais aux collègues.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : On m'a…
J'ai entendu que c'est à l'article 21 du projet de loi, du projet de loi, qu'on
vient introduire l'idée selon laquelle, je cite, là : «Un organisme public
peut, sans le consentement de la personne concernée», et là, c'est ça l'enjeu
dont on discute en ce moment, là, puisqu'il est question de divulguer une
sanction sans le consentement de la personne qui serait visée par la sanction.
Donc, faisons l'hypothèse : Un professeur — puis je vais prendre
cet exemple-là parce que c'est un exemple qui est arrivé et qui arrive,
là — un professeur qui fait l'objet d'une plainte, plainte qui est
fondée, s'ensuit une sanction, et donc la volonté du collectif Québec contre
les violences sexuelles, c'est de permettre que cette sanction-là soit
communiquée à la victime, même si le professeur en question, dans l'exemple que
j'utilise, s'y oppose. Donc, je ferme la parenthèse, à l'article 21 du projet
de loi on vient introduire l'idée qu'un organisme public peut, sans le
consentement de la personne concernée, communiquer un renseignement personnel à
toute personne ou tout organisme lorsque cette communication est nécessaire
à l'application d'une loi au Québec, et lorsque
cette communication, et là, premier point, est prévue expressément par la loi.
Donc, si je comprends bien, ce que le…
M.
Caire
: Si je
peux me permettre, M. le député, si je peux me permettre…
M. Nadeau-Dubois : Bien sûr.
M.
Caire
: Nous
allons proposer un amendement qui va retirer ces dispositions-là, à l'effet que
ça soit prévu expressément, à la demande du Barreau et à la demande des ordres
professionnels. Donc, même si ce n'est pas prévu, puis le libellé actuel de
l'article 67 de la Loi sur l'accès à l'information et la protection des
renseignements personnels prévoit le premier alinéa que vous avez lu.
M. Nadeau-Dubois : Bien, en
fait, en ce moment, ça dit que ce soit prévu ou non par la loi.
M.
Caire
: C'est
ça, c'est ça. Que ce soit prévu ou non, si c'est dans le cadre de l'application
d'une loi, un renseignement personnel peut être communiqué sans le consentement
de la personne. Donc, ça, c'est la disposition actuelle. Il y a cette
disposition dans la loi, mais quand on sera rendus à l'article 21 je vous
proposerai un amendement, parce qu'à la lumière des suggestions qui nous ont
été faites, on est arrivés à la conclusion que le libellé actuel était plus
satisfaisant, donc on retirerait l'article 21. Donc, ça vient renforcer le fait
que ce le député de Gouin dit, la réponse à cette question-là, c'est oui,
compte tenu que cette communication-là, elle va être mise dans la loi que nous
amenderons ensemble, loi dont le…
M.
Caire
: ...ça
vient renforcer le fait que ce que le député de Gouin dit, la réponse à cette question-là,
c'est oui, compte tenu que cette communication, elle va être mise dans la loi
que nous amenderons ensemble, loi dont le nom m'échappe moi aussi et dont vous
m'excuserez de ne pas avoir le libellé exact, mais cette loi particulière,
appelons-là la loi particulière. Donc, la communication de la sanction à la
victime, nous allons le prévoir dans la loi particulière. La diffusion ou la
communication, je ne sais pas quel terme il faut utiliser, mais en tout cas,
communication des renseignements au comité sera prévue aussi. Donc, on va venir
renforcer ce principe-là, que le comité a accès à cette information et aux
renseignements personnels inhérents à la communication.
Le dernier élément, ça va nous donner le
temps d'aller chercher un avis formel sur la constitutionnalité ou les enjeux
constitutionnels, parce que, comme législateur, on n'a pas envie de voir une
loi déboutée devant la cour parce qu'on n'aura pas respecté la charte. Donc, on
va essayer d'éviter ça. Ceci étant, on va aller chercher un avis puis on pourra
travailler collectivement comme législateur sur la base de cet avis-là. Est-ce
qu'on le fait ou non, il en reviendra à nous de le décider, mais au moins, ce
sera sur un avis juridique formel dont je vous ferai part.
Mais minimalement, dans la loi actuelle,
nous allons apporter ces deux modifications-là, et donc, dans ce sens-là,
répondre positivement à la demande qui nous est faite en toute cohérence avec
le corpus législatif qui est mis en place.
M. Nadeau-Dubois : Et là
j'essaie juste de bien cerner puis comprendre les intentions du ministre, là,
sans présumer de je suis-tu d'accord ou pas, là. Ce que le ministre nous dit,
c'est que, si on vient modifier dans la loi qui régit les plaintes en matière
de...
M.
Caire
:
...celle-là, crime à caractère sexuel.
M. Nadeau-Dubois : ...geste à
caractère sexuel, ce n'est pas des crimes, là, parce que ce n'est pas criminel,
mais des actes à caractère... tu sais, des violences à caractère sexuel, je
comprends qu'il nous dit qu'il n'y aura pas d'interaction avec la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels et que, si on vient faire, plus loin, la modification
à la loi particulière sur les violences à caractère sexuel, il n'y a rien dans
la loi actuelle sur l'accès aux documents des organismes publics ni dans la loi
bientôt modifiée qui va faire obstruction...
M.
Caire
: Tout
à fait. Puis, si je peux...
M. Nadeau-Dubois : ...à la
divulgation des renseignements aux plaignantes.
M.
Caire
: Je
peux, M. le Président...
M. Nadeau-Dubois : Moi,
c'est... dans le fond, parce que c'est ça l'objectif de l'opération, ça fait
que je veux juste m'assurer qu'on s'entend tous, qu'on a le même objectif puis
qu'on va y arriver, puis qu'il n'aura pas d'embûches juridiques ou
d'interactions qui vont faire en sorte qu'on va rater l'objectif.
M.
Caire
: On a
le même enjeu, on a le même objectif, mais on veut juste le faire au bon
endroit, de la bonne façon. Et la finalité, elle est celle que le député de
Gouin souhaite, c'est-à-dire que les victimes vont pouvoir avoir cette
information-là sur les sanctions qui auront été imposées au...
16 h (version non révisée)
M.
Caire
: …on a
le même objectif, mais on veut juste le faire au bon endroit de la bonne façon,
et la finalité, elle est celle que le député de Gouin souhaite, c'est-à-dire
que les victimes vont pouvoir avoir cette information-là sur les sanctions qui
auront été imposées à la personne qui fait l'objet de la plainte, que le comité
va avoir accès aux informations, aux renseignements personnels qui vont être
nécessaires évidemment à son travail, et éventuellement un avis qui va nous
dire si les troisièmes… le troisième élément nous donne une garantie
satisfaisante de passer le test des tribunaux ou non, et à ce moment-là, comme
législateurs, on aura une décision à prendre sur : Est-ce qu'on prend le
risque de le mettre, quitte à voir cette loi-là déboutée?
M. Nadeau-Dubois : Puis
l'enjeu potentiel anticonstitutionnalité, on s'entend, c'est pour 61… ce qui
est actuellement formulé…
M.
Caire
:
…61.4, ce qui serait le… Oui, c'est ça.
M. Nadeau-Dubois : … comme
61.4 dans l'argument du…
M.
Caire
: C'est
ça, c'est ça.
M. Nadeau-Dubois : …dans l'amendement
du collègue, là.
M.
Caire
: Oui.
Oui.
M. Nadeau-Dubois : Les deux
premiers…
M.
Caire
: Il
n'y a pas d'enjeu.
M. Nadeau-Dubois : …il n'y a
rien à l'horizon…
M.
Caire
: Non.
M. Nadeau-Dubois : …de
problème? O.K.
M.
Caire
: Non.
Non. Non. Puis on le ferait à… on ferait un 92.1.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends bien les intentions du ministre, je regarde ça.
Le Président (M.
Bachand) : Intervention, M. le député de René-Lévesque?
M. Ouellet : Je suis assez
satisfait. C'est assez complexe comme situation vécue par les victimes, c'est assez
complexe de faire des lois. Je trouve que, collectivement, je pense qu'on va
trouver la façon de satisfaire les demandes des victimes, mais que le tout se
tienne de façon cohérente pour que ce que les victimes réclament puisse être
obtenu, et ce que le législateur souhaite, c'est que ça soit facilement
compréhensible et accessible, ce serait le souhait de tous.
Donc, est-ce que c'est 81.2, 83? Rendu là,
M. le ministre, on choisira le bon moment. Mais, assurément, je ne voudrais pas
rater ce moment-là, et je pense que les autres collègues aussi, c'est
fondamental, si on réussit à faire ça dans cette loi-là. Ça a été demandé,
voulu, et je pense qu'on peut tous s'en satisfaire lorsque ça sera adopté.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Juste pour
qu'on travaille bien, tout le monde ensemble, là, j'aurais… Puis c'est l'amendement
du collègue. Je ne veux pas en décider le sort, ce sera ultimement sa décision.
Mais peut-être qu'on pourrait non pas battre, mais simplement suspendre l'amendement
pour… Je vais vous avouer, là, nous, on va vouloir rentrer en contact avec les organisations
qui représentent les victimes et qui ont fait les représentations à la
commission pour… parce que je pense que ça peut être intéressant de savoir
aussi ce que ces organisations-là en pensent, de la voie qui est proposée par
le ministre. Donc, peut-être que, pour que tout le monde se sente consulté dans
cette opération-là et écouter en premier lieu les organisations qui parlent
pour les victimes, on pourrait suspendre l'amendement. Comme ça, il reste sur
la table. On poursuit l'étude du projet de loi. On procédera à 92.1 aux modifications
proposées par le ministre, puis, si jamais il y avait imbroglio, si jamais on
ne s'entendait plus, si jamais…
M. Nadeau-Dubois : …pourrait
suspendre l'amendement comme ça il reste sur la table. On poursuit l'étude du projet
de loi, on procédera à 92.1 aux modifications proposées par le ministre, puis
si jamais il y avait imbroglio, si jamais on ne s'entendait plus, si jamais on
nous disait que c'était la mauvaise solution, bien l'amendement sera toujours
là. On pourra en redébattre et le revoter si jamais embûche il y avait en cours
de route. Je pense que ça sécuriserait notamment les organisations qui sont à
l'origine de cet amendement-là, puisque c'était leur proposition d'abord qui
nous amène à en discuter, je pense qu'on pourrait faire ça.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre
M.
Caire
: Ça ne
me dérange pas. M. le Président, je n'ai pas… compte tenu du fait que 13.1, un
peu comme on a fait à 12.1, n'interfère pas dans un article, donc on peut
continuer les études des articles. Mais je veux rassurer les collègues, je veux
rassurer les organismes, l'intention elle est ferme, puis je comprends le petit
bémol, mais pas d'enjeu.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de René-Lévesque
M. Ouellet : Après autant de
bonnes suggestions, entre leaders on a quand même développé certaines
affinités. Donc, le député de Gouin lit un peu dans ma tête.
M.
Caire
: Je
suis juste un adjoint, hein.
M. Ouellet : Et le leader
adjoint est adjoint dans ma tête présentement. Effectivement, on va suspendre l'amendement,
prendre le temps de faire les travaux, communiquer avec les groupes qui ont
préparé le mémoire pour être certains qu'on fasse un tour de roue complet. On a
la chance de régler une problématique qui avait de fâcheuses implications sur
la vie des victimes. Bien, on prend le temps de faire ça adéquatement et
correctement, et de façon collégiale. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, je comprends qu'il y a consentement
pour suspendre l'amendement créé à l'article 13.1. Consentement?
M.
Caire
:
Consentement
Le Président (M.
Bachand) : Consentement. M. le ministre, article 14.
M.
Caire
:
Merci, M. le Président. Donc, l'article 14 se lit comme suit : «Cette
loi est modifiée par l'insertion, après l'article 63.2, des suivants:
««63.3. Un organisme public doit publier
sur son site Internet des règles encadrant sa gouvernance à l'égard des
renseignements personnels. Ces règles doivent être approuvées par son comité
sur l'accès à l'information et sur la protection des renseignements personnels.
«Elles peuvent prendre la forme d'une
politique, d'une directive ou d'un guide et doivent notamment prévoir les rôles
et les responsabilités des membres de son personnel tout au long du cycle de
vie de ces renseignements ainsi qu'un processus de traitement des plaintes
relatives à la protection de ceux-ci. Elles incluent une description des
activités de formation et de sensibilisation que l'organisme offre à son
personnel en matière de protection des renseignements personnels.
«Ces règles incluent également les mesures
de protection à prendre à l'égard des renseignements personnels recueillis ou
utilisés dans le cadre d'un sondage…
M.
Caire
:
…protection de ceux-ci. Elles incluent une description des activités de
formation et de sensibilisation que l'organisme offre à son personnel en
matière de protection des renseignements personnels.
«Ces règles incluent également les mesures de
protection à prendre à l'égard des renseignements personnels recueillis ou
utilisés dans le cadre d'un sondage, dont une évaluation de :
«1° la nécessité de recourir au sondage;
«2° l'aspect éthique du sondage compte
tenu, notamment, de la sensibilité des renseignements personnels recueillis et
de la finalité de leur utilisation.
«63.4. Un organisme public qui recueille
par un moyen technologique des renseignements personnels doit publier sur son
site Internet et diffuser par tout moyen propre à atteindre les personnes
concernées une politique de confidentialité rédigée en termes simples et
clairs. Il fait de même pour l'avis dont toute modification à cette politique
doit faire l'objet.
«Un règlement du gouvernement peut
déterminer le contenu et les modalités de cette politique et de cet avis.
«63.5. Un organisme public doit procéder à
une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée de tout projet de système
d'information ou de prestation électronique de services impliquant la collecte,
l'utilisation, la communication, la conservation ou la destruction de
renseignements personnels.
«Aux fins de cette évaluation, l'organisme
public doit consulter, dès le début du projet, son comité sur l'accès à
l'information et la protection des renseignements personnels.
«Cet organisme public doit également
s'assurer que ce projet permet qu'un renseignement personnel informatisé
recueilli auprès de la personne concernée soit communiqué à cette dernière dans
un format technologique structuré et couramment utilisé.
«63.6. Le comité peut, à toute étape d'un
projet visé à l'article 63.5, suggérer des mesures de protection des
renseignements personnels applicables à ce projet, telles que :
«1° la nomination d'une personne chargée
de la mise en oeuvre des mesures de protection des renseignements personnels;
«2° des mesures de protection des
renseignements personnels dans tout document relatif au projet, tel un cahier
des charges ou un contrat;
«3° une description des responsabilités
des participants au projet en matière de protection des renseignements
personnels;
«4° la tenue d'activités de formation sur
la protection des renseignements personnels pour les participants au projet.
«63.7. Un organisme public qui a des
motifs de croire que s'est produit un incident de confidentialité impliquant un
renseignement personnel qu'il détient doit prendre les mesures raisonnables
pour diminuer les risques qu'un préjudice soit causé et éviter que de nouveaux
incidents de même nature ne se produisent.
«Si l'incident présente un risque qu'un
préjudice sérieux soit causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la
commission. Il doit également aviser toute personne dont un renseignement
personnel est concerné par l'incident, à défaut de quoi la commission peut lui
ordonner de le faire. Il peut également aviser toute personne ou tout organisme
susceptible de diminuer ce risque, en ne lui communiquant que les
renseignements personnels nécessaires à cette fin sans le consentement de la
personne concernée. Dans ce dernier cas, le responsable de la protection des
renseignements personnels doit enregistrer la communication.
«Malgré le deuxième alinéa, une personne
dont un renseignement personnel est concerné par l'incident n'a pas à être
avisée…
M.
Caire
:
«…susceptible de diminuer ce risque, en ne lui communiquant que les
renseignements personnels nécessaires à cette fin sans le consentement de la
personne concernée. Dans ce dernier cas, le responsable de la protection des
renseignements personnels doit enregistrer la communication.
«Malgré le deuxième alinéa, une
personne dont un renseignement personnel est concerné par l'incident n'a pas à
être avisée tant que cela serait susceptible d'entraver une enquête faite par
une personne ou un par un organisme qui, en vertu de la loi, est chargé de
prévenir, détecter ou réprimer le crime ou les infractions aux lois.
• (16 h 10) •
«Un règlement du gouvernement peut
déterminer le contenu et les modalités des avis prévus au présent article.
«63.8. Pour l'application de la présente
loi, on entend par «incident de confidentialité» :
1° l'accès non autorisé par la loi à un
renseignement personnel;
2° l'utilisation non autorisée par la loi
d'un renseignement personnel;
3° la communication non autorisée par la
loi d'un renseignement personnel;
4° la perte d'un renseignement personnel
ou toute autre atteinte à la protection d'un tel renseignement.
«63.9. Lorsqu'il évalue le risque qu'un
préjudice soit causé à une personne dont un renseignement personnel est
concerné par un incident de confidentialité, un organisme public doit
considérer notamment la sensibilité du renseignement concerné, les conséquences
appréhendées de son utilisation et la probabilité qu'il soit utilisé à des fins
préjudiciables. L'organisme doit également consulter son responsable de la
protection des renseignements personnels.
«63.10. Un organisme public doit tenir un
registre des incidents de confidentialité. Un règlement du gouvernement peut
déterminer la teneur de ce registre. Sur demande de la Commission, une copie de
ce registre lui est transmise.»
Alors, M. le Président, je… ce très
court et très peu substantiel article…
Le Président (M.
Bachand) : Vous avez des amendements aussi…
M.
Caire
: Oui,
j'ai des amendements. Bien, en fait, est-ce que je commence par les
explications de l'article pour ensuite présenter les amendements, M. le
Président?
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Et puis, ce qu'on va faire, après, on pourra
décider si on y va article introduit par article introduit pour être certain
qu'on puisse avoir une étude plus détaillée de l'article 14. M. le
ministre.
M.
Caire
:
Parfait, M. le Président. Donc, explication. Cet article introduit
l'article 63.2 à .10 à la Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels.
63.3 Cet article prévoit que tout
organisme public doit publier sur son site Internet des règles encadrant la
gouvernance à l'égard des renseignements personnels en plus de prévoir la forme
et le contenu de celles-ci.
63.4 Cet article prévoit qu'un organisme
public qui recueille par un moyen technologique des renseignements personnels
doit publier sur son site Internet et diffuser par tout moyen propre à
atteindre les personnes concernées une politique de confidentialité rédigée en
termes simples et clairs. Il prévoit également que toute modification à cette politique
doit faire l'objet d'un avis et que les modalités de cette politique et de cet
avis peuvent être prévues par règlement.
63.5 Cet article prévoit qu'un organisme
public doive procéder à une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée de
tout projet de système d'information ou de prestation électronique de services
impliquant la collecte, l'utilisation, la communication, la conservation, la
destruction des renseignements personnels. Aux fins de cette évaluation,
l'organisme doit consulter son comité sur l'accès à l'information et à la
protection des renseignements personnels…
M.
Caire
:
…procéder à une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée de tout projet
de système d'information ou de prestation électronique de services impliquant
la collecte, l'utilisation, la communication, la conservation, la destruction
des renseignements personnels. Aux fins de cette évaluation, l'organisme doit
consulter son comité sur l'accès à l'information et à la protection des
renseignements personnels. Il doit également s'assurer que le projet permette
qu'un renseignement personnel informatique recueilli auprès de la personne
concernée soit communiqué à cette dernière dans un format technologique
structuré et couramment utilisé.
63.6. Cet article prévoit que le comité
sur l'accès à l'information et à la protection des renseignements personnels
peut, à toute étape d'un projet de système d'information ou de prestation
électronique de services visés à l'article précédent, suggérer des mesures de
protection des renseignements personnels applicables à ce projet telles que
certaines mesures qu'il énumère.
63.7. Cet article prévoit qu'un organisme
public qui a des motifs de croire qu'il s'est produit un incident de
confidentialité impliquant un renseignement personnel qu'il détient doit
prendre les mesures raisonnables pour diminuer les risques qu'un préjudice soit
causé et éviter que de nouveaux incidents de même nature ne se produisent. Il
prévoit également que si l'incident présente un risque qu'un préjudice sérieux
soit causé, l'organisme doit, avec diligence, aviser la commission et toute
personne concernée par un renseignement personnel impliqué. Enfin, il prévoit
que l'organisme peut aussi aviser toute personne ou tout organisme susceptible
de diminuer le risque de préjudices à certaines conditions.
63.8. Cet article définit, pour
l'application des nouvelles dispositions de la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels
introduites par le projet de loi, le terme «incident de confidentialité».
63.9. Cet article prévoit que lorsqu'un
organisme public risque qu'un préjudice soit causé à une personne dont un
renseignement personnel est concerné par un incident de confidentialité, il
doit considérer notamment la sensibilité du renseignement concerné, les
conséquences appréhendées de son utilisation et la probabilité qu'il soit
utilisé à des fins préjudiciables, en plus de consulter son responsable de la
protection des renseignements personnels.
Finalement, 63.10. Cet article prévoit
qu'un organisme public doit tenir un registre des incidents de confidentialité
et que, sur demande de la Commission d'accès à l'information, une copie de ce
registre lui soit transmise. Il prévoit enfin que la teneur de ce registre peut
être déterminée par règlement du gouvernement.
Et, comme vous l'avez mentionné, M. le
Président, il y aura, à cet article, des amendements, histoire de simplifier un
peu tout ça. Donc, premier amendement que nous déposons, c'est à l'article 63.5
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels proposé par l'article 14 du projet de
loi :
1° insérer, dans le premier alinéa et
après «tout projet», «d'acquisition, de développement et de refonte»;
2° ajouter, à la fin, de l'alinéa suivant :
«La réalisation d'une évaluation des
facteurs relatifs à la vie privée en application de la présente loi doit être
proportionnée à la sensibilité des renseignements concernés, à la finalité de leur
utilisation, à leur quantité, à leur répartition et à leur support.»
Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Comme je disais tantôt…
M.
Caire
: ...La
réalisation d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée en
application de la présente loi doit être proportionnelle à la sensibilité des
renseignements concernés, à la finalité de leur utilisation, à leur quantité, à
leur répartition et à leur support.»
Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Comme je disais
tantôt, si vous êtes d'accord, on va y aller par les nouveaux articles
introduits. Donc, parce que je regarde le député de Gouin, effectivement, c'est
quelque chose. Alors, on serait... Et on votera lorsque tous les articles
introduits seront discutés. Donc, on serait à 63.3. Interventions?
M. Tanguay
: Là, M. le
Président, là, on est sur l'amendement du ministre?
Le Président (M.
Bachand) : Non. On va y aller par... Là, on a lu globalement
tous les nouveaux articles introduits, les amendements aux différents articles.
Mais, si vous êtes d'accord, on irait par chacun des nouveaux articles qui sont
introduits.
M.
Caire
: Ah! O.K.
Donc, j'ai lu prématurément l'amendement 63.5.
Le Président (M.
Bachand) : Non, ça donne l'information générale. D'ailleurs,
les amendements sont sur Greffier.
M. Tanguay
: O.K. Ça
fait que là on n'est pas sur l'amendement du ministre, là.
M.
Caire
: On
est sur 63.3.
Le Président (M.
Bachand) : Non, on va y aller par chacun des nouveaux articles
introduits, si vous êtes d'accord.
M. Tanguay
: O.K. Juste
pour ma gouverne, parce que c'est important qu'on soit à la même page, et le
secrétariat évalue à combien de temps pour l'ensemble de l'article 14?
Le Président (M.
Bachand) : On m'informe 180 minutes, excluant, bien sûr, amendements
et sous-amendements.
M. Tanguay
: O.K. Je
voudrais juste qu'on ne soit pas saucissonné une fois qu'on dit : Bon,
bien, O.K., on est prêts à passer à 63.4, puis qu'on ne dise pas : Bien
là, non... Tu sais, qu'on le prenne globalement.
Le Président (M.
Bachand) : Bien, c'est ça, c'est qu'on va y aller par les
nouveaux articles introduits, mais l'enveloppe globale demeure.
M. Tanguay
: O.K. Je
comprends.
Le Président (M.
Bachand) : La globalité à la fin.
M. Tanguay
: Puis à
63.5, là, on ira avec l'amendement du ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Exactement, exactement.
M.
Caire
: O.K.
Oui, je suis allé vite un peu sur l'amendement, je pense.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. Merci. Donc, interventions? M. le député de
LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, bien,
je peux partir le bal, M. le Président, si on peut appeler ça un bal. «Un
organisme public doit publier sur son site Internet les règles encadrant sa
gouvernance à l'égard des renseignements personnels.» Et c'est là qu'on voit...
je me rappelle de la discussion que nous avions eue à l'article 1 par
rapport à l'article 8 de la loi où on disait : Le comité prend vie à
63.3 puis à 63.5, c'est là où le comité dont on a abondamment parlé prend vie.
On dit : «Ces règles doivent être
approuvées par son comité sur l'accès à l'information et la protection des
renseignements personnels.» J'aimerais voir un peu comment le ministre voit... Parce
que, qu'on me détrompera, il y avait peut-être... si j'ai tort, c'est la
première fois qu'on parle... qu'on constitue le comité dans la loi. Il y avait
peut-être des comités informels qui se faisaient, mais là on formalise par le
comité. Donc, la rédaction n'est pas au comité, mais le comité doit approuver
cette rédaction-là. Donc, j'imagine qu'il va y avoir des minutes du comité qui
va l'approuver ou... Il faut formaliser un petit peu ça, parce que s'il
l'approuve...
M.
Caire
: Oui.
Bien, dans l'opérationnalité des choses, là, je suis un peu embêté, là, est-ce
que... Mais j'imagine que le comité va se gouverner, j'imagine, en fonction...
même s'il n'a pas d'obligation, en fonction du code Morin, là, il y a comme une
façon de procéder, il y a des minutes, il y a un secrétaire.
M. Tanguay
: Oui, mais
mon point, c'est juste, si le comité ne l'a pas approuvé, comment on pourrait
dire : Ah! le comité l'a approuvé, il ne l'a pas approuvé? Parce que le
haut responsable, il est au bat, tu sais.
M.
Caire
: Oui,
oui, oui, je comprends, je comprends.
M. Tanguay
: Alors, il
faut juste savoir...
M.
Caire
: C'est
quoi la trace pour démontrer que le comité l'a approuvé.
M. Tanguay
: Oui, pour
dire : Aïe! ça n'a même pas été... parce que, si ça n'a pas été approuvé,
il est dans le trouble.
M.
Caire
: Oui,
tout à fait.
M. Tanguay
: Alors, ça
prend une trace.
M.
Caire
: Puis
c'est une bonne question. Je ne sais pas si, Me Miville-Deschênes, dans la
pratique actuelle, s'il y a quelque chose qui vient...
M. Tanguay
: …le haut
responsable, il est au batte.
M.
Caire
: Oui,
oui, oui, je comprends.
M. Tanguay
: Tu sais,
alors, il faut juste savoir…
M.
Caire
: C'est
quoi la trace pour démontrer que le comité l'a approuvé.
M. Tanguay
: Oui, pour
dire : Aïe! ça n'a même pas été… parce que, si ça n'a pas été approuvé, il
est dans le trouble.
M.
Caire
: Oui, tout
à fait.
M. Tanguay
: Alors, ça
prend une trace.
M.
Caire
: Puis,
c'est une bonne question. Je ne sais pas si… Me Miville-Deschênes, dans la
pratique actuelle, s'il y a quelque chose qui vient définir par quel moyen le
comité doit signifier son approbation? Je comprends que l'approbation, elle est
requise par la loi, mais comment cette approbation-là doit se signifier? Il y
a-tu quelque chose dans la pratique ou…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je dirais, présentement, les comités en vertu
du règlement sont consultés sur différents projets puis je vois… dans la
pratique, ce que j'ai vu, c'est le procès-verbal, là, du comité, là, ou le compte
rendu, plutôt, là, qui fait foi de ce qui s'est passé au sein du comité lors de
la réunion, donc… Puis, c'est par ce moyen-là qu'à ma connaissance, là, il y a
des décisions qui sont prises, dont je suppose celle qui va être obligatoire,
là, c'est-à-dire d'approuver les règles de gouvernance.
M. Tanguay
: O.K., donc
il y aura des procès-verbaux de rencontres?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, procès-verbaux, des comptes rendus, du moins.
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je ne sais pas si les procès-verbaux, c'est là, mais
oui, effectivement, là, pour…
M. Tanguay
: Autrement
dit, le comité, on sait déjà, c'est formel. On sait que le comité sont trois,
sont cinq ou sont huit, on le sait. Puis, était présent à la rencontre, une
sorte de compte rendu, était présent, dans la rencontre, ces six membres là des
huit. Puis j'imagine, s'ils sont trois… je ne veux pas trop formaliser, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non, non.
M. Tanguay
: Je ne veux
pas qu'on s'enfarge dans les fleurs du tapis, mais s'ils sont trois, ils vont
dire : Bon, bien, on n'est pas assez. Sans parler de quorum. Puis, un
moment donné, quand ils vont être un chiffre substantiel, sur huit, ils sont
cinq et plus, ils vont se faire un petit compte rendu, ils vont s'envoyer ça
par courriel, puis après ça, qui ne dit mot consent. J'imagine que : Voice
le guide tel que discuté, qu'il sera publié la semaine prochaine. Puis
j'imagine, c'est ça qu'on a en tête, parce que c'est important que le haut
responsable, puis je sais que la CAI va toute préciser ça, mais qu'on laisse ce
point-là pendant une minute, ce n'est pas vain. J'imagine que ça pourrait être
minimalement ça…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, de mon expérience, il y a toujours eu, que ce
soit ce comité-là ou d'autres types de comités, là, minimalement structuré, un
ordre du jour puis un compte rendu, après, qui est validé par les membres pour
s'assurer que ça reflète bien l'objet des discussions, là.
M. Tanguay
: Parfait.
Après, M. le Président, elle dit : «Elles peuvent prendre…», donc on parle
de règles : «Elles peuvent prendre la forme [de] politique… directive ou…
guide et doivent notamment prévoir les rôles et les responsabilités des membres
de son personnel tout au long du cycle de vie de ces renseignements ainsi qu'un
processus de traitement des plaintes relatives à la protection de ceux-ci.» Il
y a beaucoup de stock dans cet article-là. Le processus de vie, est-ce 63.1 où
auquel on réfère ici où on parle de renseignements collectés, utilisés,
communiqués, conservés, détruits? Le cycle de la vie, hein, on a tous eu
des enfants qui ont écouté Walt Disney puis on a tous la chanson en tête, bien,
c'est 63.1, le «cycle de la vie».
• (16 h 20) •
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Effectivement.
M. Tanguay
: O.K., ça
c'est toujours raccord, parce que je voyais… «collecter, utiliser»... Parce
que, là, on fait... Je ne dis pas qu'on fait du neuf avec du vieux, ce n'est
pas ça, mais c'est 2006, puis, quand même, la rédaction de 2006, «du cycle de
la vie», on n'y touche pas.
M.
Caire
: Non.
Il est…
M. Tanguay
: Il est
correct?
M.
Caire
: Oui,
oui.
M. Tanguay
: O.K.
Parfait. Donc : «Elles peuvent prendre...» et ça... communiquées sur le
site Internet…
M. Tanguay
: ...je
voyais... «collecter, utiliser»... Parce que, là, on fait... Je ne dis pas
qu'on fait du neuf avec du vieux, ce n'est pas ça, mais c'est 2006, puis, quand
même, la rédaction de 2006, «du cycle de la vie», on n'y touche pas...
M.
Caire
: Non.
Il est...
M. Tanguay
: Il
est correct?
M.
Caire
: Oui,
oui.
M. Tanguay
: O.K.
Parfait. Donc : «Elles peuvent prendre...» et ça... communiquées sur le
site Internet. Donc, l'objectif, M. le ministre, c'est de faire en sorte que
les gens...
M.
Caire
:
Sachent.
M. Tanguay
:
...sachent aussi, par rapport à la collecte... pourront savoir... pourront
dire : Aïe! Moi, j'ai eu cette expérience-là avec cet organisme public là,
puis, écoute, je ne me rappelle plus quand est-ce qu'ils m'ont demandé mon consentement.
Mais là va voir... Ah! O.K., ça... ils vont pouvoir être instruits de comment
se gère...
M.
Caire
: D'une
part. Et d'autre part s'assurer aussi que l'organisme respecte les règles qu'il
se sera données à lui-même. Donc, pour la personne qui voit ses renseignements personnels
être collectés, utilisés, bon, le cycle de vie dont on parle, et qui se pose la
question : Mon Dieu! Ils pouvaient-u faire ça?, bien, non seulement il y a
la loi, mais il y a aussi les règles que l'organisme se donne quant à l'utilisation
des renseignements personnels.
M. Tanguay
: Puis
là c'est intéressant parce que, je veux dire, tout est dans tout, un peu plus
tôt, sur l'amendement du collègue de René-Lévesque du Parti québécois, on
faisait référence à la loi n° 151 sur les violences
sexuelles dans les... et à l'article 3 de cette loi-là, on exigeait et
on... c'est exigé, il y avait jusqu'en septembre 2019, que les universités,
enseignement supérieur, se dotent de politiques. Là, on est dans la même...
M.
Caire
: Dans
la même logique.
M. Tanguay
: Je
ferme la parenthèse, dans la même logique.
M.
Caire
: Tout
à fait, absolument.
M. Tanguay
: On ne
leur dit pas : Vire à gauche, vire à droite, mais : Faites de quoi
puis publiez-le.
M.
Caire
: On
le... Et l'obligation de le mettre et de le rendre public via le site Internet
de l'organisme.
M. Tanguay
: Quand
on dit : «Ces règles incluent également les mesures de protection à
prendre à l'égard des renseignements personnels requis ou utilisés dans le
cadre d'un sondage, dont une évaluation de...», je trouvais ça un peu
particulier qu'on aborde le sujet un peu, je dirais... Ce n'est pas dans le
«core business» de faire des sondages, mais on adresse le point des sondages
ici, là. Il y a un enjeu?
M.
Caire
: Oui,
puis je vous dirais que sondages, vous avez raison, ce n'est pas dans le «core
business», mais, en même temps, je vous... Puis peut-être, par extension, puis
là-dessus je ne veux pas m'avancer, mais, quand on fait une consultation aussi,
qu'on recueille des renseignements personnels, que ce soit sur le site qu'on a,
du gouvernement du Québec, il peut arriver qu'on demande aux citoyens qui y participent
des renseignements personnels. Et donc, à partir de là, bien, je pense qu'il
faut qu'on puisse appliquer la loi, même dans ce contexte-là.
M. Tanguay
: O.K. Parce
que c'est... on... C'est comme si on parlait d'un immense édifice que l'on veut
construire puis qu'on précise : Bien, je veux que dans la pièce 148
il y ait des poignées en argent. C'est comme si on mettait quelque chose de...
Je trouvais ça un peu particulier.
Question très, très générale. Ça, ça
couvre le régime des...
M. Tanguay
: ...parlait
d'un immense édifice que l'on veut construire puis qu'on précise, bien, je veux
que dans la pièce 148, il y ait des poignées en argent. C'est comme si on
mettait quelque chose de plus. Je trouvais ça un peu particulier.
Question très, très générale : Ça, ça
couvre le régime des renseignements que l'organisme a par rapport aux citoyens,
citoyennes, je dirais, justiciables, ou utilisateurs du service public, ou
bénéficiaires du service public, mais aussi aux employés de l'organisme public.
M.
Caire
: Oui.
Oui. Oui.
M. Tanguay
: Ça
s'adresse à tout ce qui s'appelle renseignements personnels, que ce soit mon
directeur technique ou Mme X dans son dossier.
M.
Caire
: Oui.
Absolument.
M. Tanguay
: O.K. Et
c'est peut-être dans un autre article, puis c'est la dernière question que
j'aurais sur 63.3, puis je vais peut-être y revenir un peu plus tard, il est
dit, à quelque part, puis excusez-moi, je l'ai peut-être manqué, ça, c'est...
Une fois que le comité l'a approuvé, c'est, avant publication, j'imagine,
envoyé à la CAI pour être adoubé, béni.
M.
Caire
: La
CAI n'a pas à l'approuver, par contre.
M. Tanguay
: Non?
M.
Caire
: Non,
ce n'est pas dans le processus.
M. Tanguay
: Elle va-tu
devoir passer à quelque part? Ce serait peut-être le fun qu'elle doive passer.
M.
Caire
: Bien,
c'est sûr que la CAI aura toujours le droit, puis c'est inhérent à sa loi, la
CAI a toujours le pouvoir de faire des vérifications, de valider, de s'assurer
que la loi est appliquée. Donc, c'est un pouvoir que la CAI a déjà, donc
évidemment, si, d'entrée de jeu, une règle allait à l'encontre de la loi, c'est
clair que la CAI a un pouvoir d'intervention.
M. Tanguay
: Oui, mais
est-ce que... puis je lance la question, puis je vais terminer là-dessus pour
l'instant, sur 63.3, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de se poser la question?
Puis si on ne le met pas dans la loi, mais qu'au moins on indique clairement la
CAI... Moi, j'aimerais ça, que la CAI les voit passer, parce qu'ils vont avoir
des ressources, et que l'on dit que l'on partage les meilleures pratiques, pour
ne pas que chacun, dans son silo, réinvente la roue aussi, à quelque part.
M.
Caire
: Oui.
J'entends le député. Ceci étant dit, je vous dirais, un peu naïvement, dans
l'objectif peut-être de protéger la CAI, parce qu'on lui en demande beaucoup,
là, on lui amène pas mal de...
M. Tanguay
: Bien, ça
va être la grosse CAI, là, qui s'en vient, là, pas la CAI...
M.
Caire
: Oui,
oui. Puis j'adore... Je ne sais pas si les gens ont vu le geste du député de
LaFontaine, mais oui...
M. Tanguay
: Non, ils
ne l'ont pas vu, c'est vous qu'ils ont vu. Ce n'est pas bon, ça.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M.
Caire
: Ça va
coûter cher. Non, mais, sérieusement, moi, je pense que le fait que la CAI ait
la possibilité, ait le pouvoir de le faire... à partir de là, je dis :
Bon, bien, laissons à la CAI le soin de décider si elle veut le faire, quand
est-ce qu'elle veut le faire, comment elle veut le faire. Puis en plus, là,
n'oublions pas, hein, la CAI va avoir le pouvoir d'émettre des lignes
directrices. Donc, elle reçoit aussi une certaine autorité dans l'encadrement,
là, qu'elle veut voir.
M. Tanguay
: On sait
comment ça va finir. Dans les crédits du ministre responsable, il va se faire
dire par les oppositions : Ils n'ont pas assez de ressources.
M.
Caire
: Ils
n'ont pas assez d'argent.
M. Tanguay
: Mettez
plus d'argent, plus de monde, c'est épouvantable, rapport...
M.
Caire
: Plein
de pouvoirs, pas de moyen de les utiliser.
M. Tanguay
: Rapport du
Vérificateur général.
M.
Caire
: Jamais
l'opposition ne va faire une affaire de même, voyons donc.
M. Tanguay
: Puis jamais
le ministre n'y donnera suite.
M.
Caire
: Puis jamais
le ministre ne va dire : Bien, ils ont de l'argent, ils ont de l'argent en
masse. Il n'y a pas de problème. Ça n'arrivera pas, ça.
M. Tanguay
: C'est
bon...
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Nadeau-Dubois : Merci...
M. Tanguay
: …se faire
dire par les oppositions : Ils n'ont pas assez de ressources.
M.
Caire
: Ils
n'ont pas assez d'argent…
M. Tanguay
: Mettez
plus d'argent, plus de monde, c'est épouvantable, rapport…
M.
Caire
:
…plein de pouvoirs, pas moyen de les utiliser.
M. Tanguay
: …rapport
du Vérificateur général.
M.
Caire
: Jamais
l'opposition ne va faire une affaire de même, voyons donc.
M. Tanguay
: Puis
jamais le ministre n'y donnera suite.
M.
Caire
: Puis
jamais le ministre ne va dire : Bien, ils ont de l'argent. Ils ont de
l'argent en masse, il n'y a pas de problème. Ça n'arrive pas ça.
M. Tanguay
: Mais bon…
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président…
M.
Caire
: Il
s'empêche de rire.
M. Nadeau-Dubois : …ah, non,
je ne m'empêche pas de rire, j'ai un masque alors le ministre ne peut pas
savoir si je riais, si je tirais la langue, il est complètement dans le noir à
cet égard.
J'ai une préoccupation connexe à celle de
mon collègue de LaFontaine, mais je vais y arriver par un chemin différent. À
63.4, quand il est question de la politique de confidentialité, et on va y
arriver dans quelques instants, ne me réprimander pas, M. le Président, on
donne au gouvernement le pouvoir de faire un règlement pour déterminer le
contenu et les modalités de cette politique et de cet avis.
À 63.3, quand il est question des règles
de gouvernance, on ne prévoit pas une telle habilitation réglementaire.
M.
Caire
: À 63
point?
M. Nadeau-Dubois : À 63.4, on
peut lire : «Un règlement du gouvernement peut déterminer le contenu et
les modalités de cette politique…» Donc, la politique de confidentialité et de
cet avis?
M.
Caire
: Oui
M. Nadeau-Dubois : O.K. donc
on habilite le gouvernement par règlement à…
M.
Caire
: à
standardiser
M. Nadeau-Dubois : Oui, voilà,
on le fait pour ça. À 63.3, il est question des règles de gouvernance en
matière de renseignements personnels et là on décide de ne pas donner le
pouvoir au gouvernement de procéder par règlement. Ma question : Pourquoi
est-ce qu'on le fait à 63.4 et pas à 63.3? Sous-question : Ne serait-il
pas pertinent de le faire aux deux endroits? Puisque si c'est pertinent pour la
politique de confidentialité et l'avis qui en découle, pourquoi ce ne serait
pas pertinent de le faire également pour les règles encadrant la gouvernance en
matière de renseignements personnels? Parce qu'il y a un choix qui a été fait
dans un cas, puis dans l'autre cas c'est un choix différent qui a été fait. À
moins que je lise vraiment très, très, mal.
M.
Caire
: Non,
non, mais donnez-moi 30 secondes. Tout le monde veut me parler en même
temps puis c'est…
Le Président (M. Bachand) : M. le ministre
M.
Caire
: Je
m'excuse, M. le député, parce que c'est toujours agréable de vous écouter, mais
en même temps de voir que chaque côté, tu sais, les gens se leurrent souvent.
On a deux oreilles, mais c'est comme s'ils ne comprenaient pas que c'est tout
connecté sur le même cerveau, enfin. Alors, voilà, bien, écoutez, oui, mais si
vous regardez la loi, la loi actuelle, 63.2, il y a déjà des choses qui sont
prévues qui sont en lien avec 63.3, comme nous l'expliquait d'ailleurs le
député de LaFontaine tout à l'heure…
16 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
:
...enfin. Alors, voilà.
Bien, écoutez, oui, mais, si vous regardez
la loi, la loi actuelle, 63.2, il y a déjà des choses qui sont prévues qui sont
en lien avec 63.3. Comme nous l'expliquait d'ailleurs le député de LaFontaine
tout à l'heure, avec 63.1, 63.2, c'est un peu le même principe. À 63.4, là, on
amène le fait que l'«organisme public qui recueille par des moyens
technologiques des renseignements personnels qu'il doit publier sur son
site...» Donc, là, c'est dans le contexte spécifique où on utilise des moyens
technologiques.
M. Nadeau-Dubois : Je ne suis
pas certain d'avoir compris la réponse du ministre. Parce que je lisais l'article 63.2
auquel il faisait référence, où on dit qu'«un organisme public — il y
a des exceptions — doit protéger les renseignements personnels en
mettant en oeuvre les mesures édictées à cette fin par règlement du
gouvernement»....
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Nadeau-Dubois : ...mais...
or, on le réitère à 63.4 dans le projet de loi. Je ne suis pas certain d'avoir
compris pourquoi c'est pertinent de le faire à 63.4...
M.
Caire
: Parce
que 63.4...
M. Nadeau-Dubois : ...alors
que c'est... alors que ça vient après 63.2, tout autant que 63.3 vient après
63.2.
M.
Caire
: Oui.
Mais 63.4, ce qu'on dit, c'est qu'«un organisme public qui recueille par un
moyen technologique des renseignements personnels doit publier sur son site
Internet et diffuser par tous les moyens propres à atteindre les personnes
concernées une politique de confidentialité...»
M. Nadeau-Dubois : Mais c'est
parce que, si l'argument pour ne pas l'avoir inclus à 63.3, c'est que c'est
déjà prévu à 63.2, ça... l'argument me semble...
M.
Caire
: Non,
je comprends, mais...
M. Nadeau-Dubois : Ça serait
tout aussi valide, donc, que ce n'est pas nécessaire de l'écrire à 63.4, alors
qu'il m'apparaît que, si on veut une certaine forme d'uniformisation en matière
de politique de confidentialité pour les organismes publics, pourquoi
n'aurait-on pas la même volonté d'uniformisation puis pourquoi ne pas l'affirmer
aussi clairement dans le cas des règles de gouvernance prévues à 63.3?
M.
Caire
: C'est
parce que... Non. C'est juste qu'à 63.4, vous amenez une nuance qui est le fait
que vous passez par un moyen technologique. Donc, c'est en conséquence du fait
que vous passez par un moyen technologique pour collecter des renseignements
personnels, alors que vous devez voir 63.3... Non?
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
que j'entends ce que le ministre me dit, mais moi, ce que je comprends... quand
je lis à 63.4 que le «gouvernement peut déterminer le contenu et les modalités
de cette politique et de cet avis», ce que le lis comme intention, c'est qu'il
y ait un certain cadre imposé par le gouvernement pour qu'il y ait une
uniformité puis qu'on ne se retrouve pas avec des organismes publics qui ont
des politiques de confidentialité qui n'ont rien à voir les unes avec les
autres. Alors, moi, il m'apparaît... et je trouve que c'est une bonne affaire.
Alors, je dis : Pourquoi, quand vient le temps pour les organismes publics
de publier des règles encadrant...
M. Nadeau-Dubois : …pas avec
des organismes publics qui ont des politiques de confidentialité qui n'ont rien
à voir les unes avec les autres. Alors, moi, il m'apparaît… et je trouve que
c'est une bonne affaire. Alors, je dis : Pourquoi, quand vient le temps
pour les organismes publics de publier des règles encadrant sa gouvernance à
l'égard des renseignements personnels — et on dit, on précise que ces
règles-là doivent être approuvées par son comité sur l'accès à l'information et
la protection des renseignements personnels —, pourquoi ne pas prévoir
légalement que ces règles-là, le gouvernement se donne le droit par règlement
d'en donner les… tu sais, d'en établir le cadre, par exemple? Donc, on pourrait
ajouter qu'un règlement du gouvernement peut déterminer le contenu et les
modalités de ces règles.
M.
Caire
: C'est
parce que, si vous regardez 63.2, donc on donne le pouvoir d'établir le cadre
et la protection par règlement. 63.3, c'est une… les règles encadrant la
gouvernance des données. Donc, ce pouvoir-là, vous l'avez, là. Par contre,
quand vous arrivez à 63.4, vous venez spécifier ce que ces… lorsque vous faites
une collecte de donnés par des moyens technologiques. À ce moment, là, de façon
spécifique sur la collecte en utilisant des moyens technologiques, vous pouvez
vous donner un cadre réglementaire. L'autre, c'est une gouvernance générale,
63.2… 63.1, 2 et 3 sont… s'appliquent. Puis, à 63.4, c'est parce que vous
dites : Bien là, si vous utilisez… C'est des règles de gouvernance
générale. C'est quand vous arrivez à 63.4, là, vous dites : Bien, si vous
vous connectez par un moyen technologique. On est dans un… dans une spécificité
qui peut amener un règlement propre à cette spécificité.
M. Nadeau-Dubois : C'est parce
que… Je ne veux pas qu'on fasse…
M.
Caire
: Mais,
c'est… L'objectif du collègue est atteint, là. À 63.3, on ne dit pas que le
gouvernement ne peut pas intervenir. On dit que 63.2 couvre cette
possibilité-là. Tandis qu'à 63.4, là, vous arrivez avec un moyen technologique
pour la collecte de renseignements. Donc là…
M. Nadeau-Dubois : Je ne suis
pas juriste, mais, si on le prévoit comme disposition générale à 63.2, ça
s'applique à l'ensemble des cas spécifiques.
M.
Caire
: Bien,
parce que, là, vous parlez de…
M. Nadeau-Dubois : Pourtant,
là, on vient… on vient…
M.
Caire
: C'est
parce que vous parlez de vos règles de gouvernance à 63.3. À 63.4, vous parlez
de la collecte de données par moyens technologiques. Ce n'est pas…
M. Nadeau-Dubois : Non, mais
c'est parce que la réponse que me donne le ministre, je ne la comprends pas.
Parce qu'il me dit : On n'a pas besoin de le préciser que le gouvernement
peut par règlement déterminer le contenu ou les modalités des règles de
gouvernance, parce qu'on en a déjà le pouvoir en vertu de 63.2. Bien, c'est
parce qu'en vertu de ce même argument-là, on pourrait dire : 63.4…
M. Nadeau-Dubois : …réponse que
me donne le ministre, je ne la comprends pas, parce qu'il me dit : On n'a
pas besoin de le préciser, que le gouvernement peut, par règlement, déterminer
le contenu ou les modalités des règles de gouvernance, parce qu'on en a déjà le
pouvoir en vertu de 63.2. Mais c'est parce qu'en vertu de ce même argument-là,
on pourrait dire : 63.4, c'est juste un cas spécifique sous la règle
générale, et donc le pouvoir prévu à 63.2, il existe aussi pour la politique de
confidentialité prévue à 63.4. Si le 63.2, c'est la règle générale, puis que
63.4, c'est le spécifique, ma compréhension de ce genre d'affaire-là, c'est
que, donc, on n'aurait pas besoin de le préciser, puis c'est pour ça… vient… je
ne cherche pas le trouble, je pose la question, parce que je me dis…
M.
Caire
: Non,
non.
M. Nadeau-Dubois : …si c'est
prévu là, pourquoi ne pas le prévoir ailleurs aussi, pour s'assurer que, dans
les deux cas, le gouvernement puisse uniformiser les pratiques au sein des
organismes publics?
M.
Caire
: Parce
que dans l'interprétation qu'on en fait, 63.2 couvre les cas de 63.3, puis,
dans le cas de 63.4, on parle d'une collecte par des moyens technologiques,
donc on vient le préciser.
M. Nadeau-Dubois : J'ai… O.K.
J'ai vraiment de la… Peut-être que je m'exprime mal.
M.
Caire
: Ou
moi. Mais je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter la réponse.
M. Nadeau-Dubois : Peut-être
qu'un juriste pourrait nous aider à comprendre la situation?
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. En fait, 63.3 c'est… il prévoit les règles dont
doit se doter l'organisme public pour encadrer la gouvernance, la collecte,
l'utilisation, la conservation, comment de temps je vais conserver chaque
catégorie de renseignements. Donc, avec 63.2, effectivement, il y a un pouvoir
réglementaire qui permet au gouvernement, s'il veut agir sur un de ces
aspects-là, pour limiter une collecte, une conservation, etc. Ça lui permet
d'établir un règlement qui va prévoir certaines dispositions en matière de tout
ce qui touche le cycle de vie du renseignement. Donc, on considère que c'est
possible de prévoir un règlement pour ça.
Là, quand on tombe à 63.4, c'est, dans le
fond, la politique de confidentialité, c'est qu'est-ce qui va être… quelle
information va être transmise au citoyen lors d'une collecte, quelle information
on va lui donner? Ça fait qu'on ne considérait pas que c'était une règle de
protection tant que ça, mais c'est vraiment l'information qui est communiquée à
la personne, puis, dans ce contexte-là, on trouvait nécessaire de prévoir un
pouvoir réglementaire pour qu'il n'y ait pas de doute sur le fait qu'on puisse,
dans un règlement, déterminer avec précision les renseignements ou la façon que
les renseignements sont communiqués à la personne.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Donc,
la différence, ce n'est pas tant la question du moyen technologique que le
pouvoir réglementaire qui est donné en vertu de 63.2, c'est pour ce qui a trait
à la protection des renseignements personnels, et vous me dites : 63.4, ce
n'est pas un article qui porte sur la protection des renseignements personnels,
tant que sur la communication au sujet de la protection des renseignements
personnels?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, l'information. En fait, la politique de…
M. Nadeau-Dubois : Parce que
la politique de confidentialité, je comprends que c'est la manière dont on
communique au public nos pratiques en matière de protection des renseignements
personnels, donc… mais j'ai…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …la politique de…
M. Nadeau-Dubois : C'est parce
que ça me semble ténu comme distinction, tu sais…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je comprends.
M. Nadeau-Dubois : ...la politique
de confidentialité, je comprends que c'est la manière dont on communique au
public nos pratiques en matière de protection des renseignements personnels.
Donc, c'est... Mais je...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, la politique de confidentialité...
M. Nadeau-Dubois : C'est parce
que ça me semble ténu comme distinction. C'est juste...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je comprends, mais la politique de confidentialité,
c'est vraiment... Ça contient notamment les renseignements... l'information
qu'on doit à tout prix communiquer à la personne avant de collecter. On doit le
dire à quel point je collecte, à qui je vais les communiquer. Bon, c'est à 65,
là, qu'on va voir les différentes informations qui doivent être transmises.
Donc, afin d'assurer l'uniformisation, si on le souhaite, le gouvernement
actuel, de ces politiques-là, on a mis un pouvoir réglementaire.
• (16 h 40) •
M. Nadeau-Dubois : Et
vous me dites que ça, 63.2, ne le permettait pas déjà.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, on voulait se l'assurer. Il faut être
transparent. On voulait s'assurer d'avoir ce pouvoir réglementaire là. Puis on
trouvait que c'était mieux de l'écrire plutôt que... puisque ce n'était pas nécessairement
une règle liée à l'utilisation, ou à la conservation, ou à la communication au
sein de l'organisme public, là.
M. Nadeau-Dubois : Puis
c'est les règles plus en termes de collecte. Parce que dans la politique de
confidentialité, là, il pourrait y avoir des informations relatives à ce que
vous venez de mentionner. Par exemple, si vous avez trouvé important de le
spécifier pour 63.4, ce avec quoi je suis d'accord, hein, comprenons-nous bien,
je me dis pourquoi ne pas avoir le même niveau de ceinture et bretelles à 63.3
pour que ce soit bien clair pour tout le monde que le gouvernement puisse le
faire? Et là la réponse est que 63... On ne s'en assure pas, là, parce qu'on
est déjà sûr. Mais je ne suis pas... La réponse...
Ce que je ne comprends pas de la réponse,
c'est pourquoi on est si sûr d'avoir le pouvoir réglementaire, là, et que vous
nous dites qu'on était moins sûr de l'avoir pour la politique de
confidentialité? Il me semble, on ne prend pas de chance, on écrit dans les
deux articles que le gouvernement peut, par règlement, uniformiser les
pratiques, puis on s'assure comme ça, dans les deux cas, que le pouvoir est bel
et bien là. Puis il me semble qu'il y a dans le fait de l'inclure à 63.4, il y
a comme une reconnaissance de la part du ministre que c'est pertinent de s'en
assurer. Donc, ça me questionne sur pourquoi on n'a pas eu le même niveau de...
Pourquoi on ne cherche pas à atteindre le même niveau de certitude à 63.3?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, pour être transparent, c'est que lors de la rédaction
on n'avait pas le projet, même si je maintiens qu'on pourrait le faire, mais on
n'avait pas le projet d'avoir un règlement qui encadrait vraiment les règles de
gouvernance. Donc... Puis c'est la raison pour laquelle on a... On pense qu'on
peut le faire, mais n'avait... On ne sentait pas le besoin de l'écrire
spécifiquement à 63.3 puis aussi parce que, bien, on n'avait pas le projet
parce que les règles sont... sont assez... Elles peuvent être assez disparates
puis elles peuvent être assez complètes, là. Donc, on n'avait pas de projet
réglementaire.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
Bon, bien, je comprends mieux, dans le fond, la... Je comprends mieux la... La
raison, dans le fond, c'est que vous me dites, pour ce qui est de la politique
de confidentialité, on s'enligne... Il y a une volonté d'uniformiser puis de
procéder par règlement, alors que pour...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …on n'avait pas de projet réglementaire.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bon.
Bien, je comprends mieux, dans le fond, je comprends mieux la raison, dans le
fond, c'est que vous nous dites, pour ce qui est de la politique de
confidentialité, on s'enligne, il y a une volonté d'uniformiser puis de
procéder par règlement, alors que, pour 63.3, c'est moins dans les intentions,
donc on n'a pas senti le besoin d'écrire le pouvoir réglementaire. Je prends
note de ça. Je ne sais pas s'il y a des collègues qui veulent intervenir, je
vais continuer à penser à cette question parce que, voilà, ça me fait
réfléchir.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, comme vous savez, c'est assez flexible quand
même le retour par article introduit. Donc, si vous voulez revenir sur un autre
article, il n'y a pas de problème. Alors donc, s'il n'y a pas d'autre
intervention sur 63.3…
M. Tanguay
: Oui, 63.3,
pour faire écho, juste pour appuyer ce que disait mon collègue. Le Barreau est
venu nous dire ça, à 63.3, je cite le Barreau, page 4 de leur mémoire :
«Toutefois, nous croyons qu'il est nécessaire de prévoir une habilitation réglementaire
afin de permettre au gouvernement d'adopter un règlement dictant un contenu
minimal encadrant ses règles.» …se répéter, effectivement, souvent, on va dire,
comme dans l'opposition : Bien là, le ministre prévoit trop de choses par
règlement, il est au pouvoir, mais là, rendu là, je pense que c'est de nature à
un règlement. Puis je voulais juste faire écho, M. le Président, ce que
proposait le Barreau, puis auquel… élément auquel je souscris, de le dire dans
la loi.
Le Président (M. Bachand) :
M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Tanguay
: Dans 63.4,
parce qu'on est à 63.3, on parle de rédiger «en termes simples et clairs»,
n'aurions-nous pas pu rajouter ça dans… de qualifier «termes simples et clairs»
dans 63.3 aussi ou… puis tant mieux, si c'est ça, vous allez me dire :
Bien, 63.3 vient assaisonner l'interprétation de 63.3, puis il faut que ce soit
des termes simples et clairs, mais il me semble qu'on est pas mal dans le
contexte de technologie, là, ce qui n'est pas le cas de 63.3, là.
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. En fait, la distinction, c'est que 63.4 vise à
informer la personne concernée. Donc, il y avait une importance, tout comme
lors du consentement, c'était important d'être simple et clair. 63.3, les
règles de gouvernance, c'est à l'interne, c'est les règles, dont on se dote
avec les employés notamment, pour s'assurer que la communication, la collecte,
on respecte tout ce que la loi prévoit. Donc, c'était moins nécessaire de
prévoir cette clarté-là, compte tenu qu'on ne s'adresse pas aux citoyens, oui,
on le met sur le site Internet, mais on s'adresse, en premier lieu, aux membres
de l'organisme public.
M. Tanguay
: Ah! je
n'avais pas catché ça, moi, je pensais que 63.3 était aussi dirigé vers le
public que 63.4, puis que la seule distinction, c'est que 63.4, c'était ce qui
était collecté par moyen technologique, puis 63.3, c'est toute la balance de ce
qui est détenu et collecté, qu'il reste quand même, en 2021, énormément
d'information. Je voyais un lectorat équivalent…
M. Tanguay
: ...c'est
que 63.4, c'était ce qui était collecté par moyen technologique, puis 63.3,
c'est toute la balance de ce qui est détenu et collecté, qui reste quand même,
en 2021, énormément d'informations. Je voyais un lectorat équivalent à 63.3
qu'à 63.4, autrement dit, d'où l'importance d'avoir ça en termes simples et
clairs.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, l'objectif premier de 63.3, c'est vraiment les
règles, notamment, je vais vous donner l'exemple des activités de formation,
donc c'est les règles dont on veut... Un organisme public ou une entreprise qui
se responsabilise, elle va s'assurer que la protection des renseignements
personnels s'inscrive dans les activités quotidiennes de l'organisation, puis
pour ce faire, elle va adopter des règles, notamment sur... bon, ça peut être
sur les sondages, dans le cas d'un accident de confidentialité, qui va agir à
quel moment, des règles sur la conservation. Donc, c'est des règles qui
s'appliquent au sein de l'organisation et qui visent en premier lieu le
personnel de l'organisation.
Par contre, puisque ces règles-là, c'est
quand même les renseignements personnels des citoyens, bien, de là l'obligation
de le rendre accessible sur le site Internet. Mais il faut faire une
distinction avec la politique de confidentialité, qui, elle, a comme premier
objectif d'informer le citoyen, quand on collecte ses renseignements, d'à quelle
fin je les collecte, puis les éléments de 65, là, je peux... à quelle fin je
les collecte, on donne aussi le nom du responsable de la protection des
renseignements personnels, à qui je vais les communiquer. Donc, il y a
différentes informations qu'on a l'obligation de transmettre au citoyen pour
s'assurer d'avoir un consentement éclairé.
M. Tanguay
: Est-ce
qu'il est possible, je pense que oui, mais... Nous ne pouvons pas, je crois,
exclure que des organismes collectent, autrement que par moyen technologique,
plusieurs renseignements personnels. À ce moment-là, la politique qu'ils
devraient publier serait celle du cadre de 63.3, n'est-ce pas? Première des
choses, est-ce que ça se peut, vous allez me dire, des organismes publics qui
ne collectent pas de renseignement par moyen technologique ou de façon
minimale, minoritaire?
M.
Caire
: Oui,
ça se peut.
M. Tanguay
: O.K.
M.
Caire
: Je
vous dirais presque malheureusement, mais oui, ça se peut.
M. Tanguay
: O.K.
Alors, une fois qu'on a dit ça, leur politique, il faut qu'elle s'adresse...
pas par... il faut que ce soit la politique de 63.3, à ce moment-là. Donc là,
eux autres, s'il y en a un nombre susbtantiel, il faut que je parle à mon monde
de façon simple et claire.
M.
Caire
: Mais
là on est à l'interne, là.
M. Tanguay
: O.K. Mais
la politique... Vous collectez des renseignements, je vais avoir une politique
qui va m'être adressée, si c'est par moyen technologique, à 63.4, mais si vous
collectez des renseignements, je pourrais-tu avoir, sur vote site Internet, une
politique qui va m'instruire aussi sur votre façon de gérer ça?
M.
Caire
: Bien,
en fait, la politique que l'organisme va publier, à 63.3, va être destinée
à tout le monde mais va...
M. Tanguay
: …si vous
collectez des renseignements, je pourrais-tu avoir, sur vote site Internet, une
politique qui va m'instruire aussi sur votre façon de gérer ça?
M.
Caire
: Bien,
en fait, la politique que l'organisme va publier, à 63.3, va être destinée
à tout le monde mais va définir les règles de gouvernance, donc les règles qui
vont régir l'organisme : Je vous informe de mes règles de gouvernance,
mais c'est mes règles de gouvernance qui régissent mon organisme.
M. Tanguay
:
Me Miville-Deschênes, je pense que vous voulez ajouter…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Je vais juste faire un lien, parce qu'on va y venir
plus tard, mais l'article 17 du projet de loi modifie l'article 65
qui dit lors d'une collecte, automatiquement, on doit informer la personne du
nom de l'organisme, là, pour qui la collecte est faite, les fins, caractère
obligatoire ou facultatif de la demande, les moyens par lesquels les renseignements
sont recueillis, le cas échéant, si c'est communiqué hors Québec, le cas
échéant, s'il y a… Donc, ça va être plus tard. Mais donc, aussitôt qu'il y a
une collecte, tu as une obligation d'information, mais si elle l'est par moyen
technologique, là, l'article qui s'ajoute, en quelque sorte, c'est
l'article 63.4 sur la politique de confidentialité. Mais même si on n'est
pas par moyen technologique, on a toujours une obligation d'information du
citoyen, sauf exception.
M. Tanguay
: O.K. Une
question générale. Moi, ce… fait vécu, là, j'ai envoyé par la poste, à cause de
la COVID, un avis de renouvellement. J'avais une lettre préaffranchie à la
RAMQ, Régie de l'assurance maladie du Québec. Ma carte-soleil est à renouveler.
Je ne donne pas la date précise de naissance parce que, de un, je ne veux pas
vous créer l'obligation de me souhaiter bonne fête, puis de m'envoyer un
cadeau, puis des fleurs, puis une boîte de chocolat, mais de deux, aussi, parce
que…
M.
Caire
:
Charmante attention.
M. Tanguay
: …je veux
que mon expectative de confidentialité demeure…
M.
Caire
: Un
haut degré de…
M. Tanguay
: …hautement
sensible.
Une voix
: Intime.
M. Tanguay
: Intime,
intime. Une fois que j'ai dit ça, est-ce que le traitement… puis, si le
ministre n'a pas, parce qu'il n'est pas là, dans… le traitement de mon
formulaire, et c'étaient trois, quatre questions, je cochais, cochais, cochais,
j'imagine que ça, c'est un traitement qui est automatisé, et ça, c'est un
traitement que l'on peut considérer comme un moyen technologique, ou on va
dire, ces informations-là, ce n'est pas via un moyen technologique.
M.
Caire
: Bon,
déjà, que vous soyiez obligé d'envoyer un formulaire à la RAMQ…
M. Tanguay
: À cause de
la COVID, sinon il aurait fallu que je me présente en personne.
M.
Caire
: Ce
qui n'est pas beaucoup plus rassurant, ceci étant. Bon, écoutez, un jour, un
jour on découvrira Internet. Mais, bon, en attendant, est-ce que le traitement…
Bien, d'abord, en partant, si on vous envoie un formulaire, est-ce qu'il y a
quelqu'un, à l'autre bout… Ce que vous voulez dire, c'est est-ce qu'il y a une
saisie de données qui se fait dans un…
M. Tanguay
: Ou c'est…
parce que c'est un formulaire standard puis il doit y avoir un système,
j'imagine, il n'y a pas personne qui fait ça manuel… Un scan…
• (16 h 50) •
M.
Caire
: Oui,
il y a une saisie de données qui se fait dans un système informatique, un scan.
M. Tanguay
: Puis ça,
j'imagine que c'est ça, un moyen technologique.
M.
Caire
: Bien,
en fait, l'information, je ne l'ai pas collectée par un moyen technologique,
là. Si je prends le mot «collecter» au sens propre du terme, la collecte, je ne
l'ai pas faite par un moyen technologique.
M. Tanguay
: Ce n'est
pas Internet.
M.
Caire
: La
saisie, rendue là, ce n'est plus une collecte, là…
M.
Caire
: ...un
scan.
M. Tanguay
: Puis ça,
j'imagine que ce serait un moyen technologique?
M.
Caire
: Bien,
en fait, l'information, je ne l'ai pas collectée par un moyen technologique,
là. Si je prends le mot «collecter» au sens propre du terme, la collecte, je ne
l'ai pas faite par un moyen technologique.
M. Tanguay
: Ce n'est
pas Internet. C'est...
M.
Caire
: La
saisie, rendu là, ce n'est plus une collecte, là. Mais je ne sais pas, je vais
juste valider avec Me Miville-Deschênes. Parce que dans ma perspective à moi,
si je vous demande une information, et vous me l'envoyez, ça, c'est la collecte.
Donc, je vais chercher cette information-là. Ça, ça s'est fait par un moyen
mécanique, et qui n'était pas technologique, là. Après ça, la saisie... Et je
me garderai de commenter ce que je pense de tout ça, mais ceci étant, le reste,
ça ne relève pas de la collecte.
M. Tanguay
: Moi, tant
que j'ai ma carte.
M.
Caire
: Ça
relève du traitement que je fais de l'information.
M. Tanguay
: Tant que
j'ai ma carte.
M.
Caire
: Non,
non, mais entre vous puis moi, là, M. le député, on va sur Internet, puis ça
fait pareil, là.
M. Tanguay
: Ah! oui,
c'est sûr.
M.
Caire
: Tu
sais, c'est comme... En tout cas... Mais c'est correct, je suis content que
vous m'en parliez parce que je saurai quoi faire en sortant d'ici.
M. Tanguay
: C'est bon,
O.K.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député...
M. Tanguay
: Je ne sais
pas si Me Miville... Il était invité à réagir. Sinon...
Le Président (M.
Bachand) : Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Non, mais je confirme que la collecte doit avoir
lieu sur un moyen technologique. Donc, si on collecte d'une autre façon, puis
après, on l'intègre dans une base de données, ou quoi que ce soit, 63.4 ne
s'appliquerait pas, là.
M.
Caire
: Oui,
parce que, rendu là, c'est un traitement de l'information. Ce n'est plus une
collecte. C'est la façon dont je traite l'information.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Je vais déposer un amendement. On peut suspendre, le temps de le
faire circuler?
Le Président (M.
Bachand) : Oui. On suspend quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 52)
(Reprise à 16 h 56)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Je dépose donc un amendement à l'article 4 :
Ajouter, à la suite du troisième alinéa de
l'article 63.3 proposé par l'article 14 du projet de loi, l'alinéa
suivant :
«Un règlement du gouvernement peut
déterminer le contenu et les modalités de ces règles.»
Ça fait suite à mon échange avec le ministre
un peu plus tôt. L'objectif ici est de s'assurer, oui, que le gouvernement ait
le pouvoir de dicter par règlement un contenu minimal pour encadrer les règles
qui sont prévues à l'article 63.3, notamment par volonté d'uniformisation
et pour s'assurer qu'on puisse ramener à l'ordre des organismes publics qui ne
répondraient pas aux standards minimaux en la matière. Voilà. Je n'ai pas envie
de m'étendre inutilement parce que j'en ai longuement discuté un peu plus tôt
avec le ministre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M.
Caire
: Bien,
je n'ai pas d'enjeu, M. le Président, la seule question que je me pose, c'est
sur le libellé. Est-ce qu'on le met à la fin de l'article 63.3 ou à
l'alinéa suivant, là? Je veux être sûr...
M. Nadeau-Dubois : ...je n'ai
pas envie de m'étendre inutilement parce que j'en ai longuement discuté un peu
plus tôt avec le ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. M. le ministre.
M.
Caire
: Mais
je n'ai pas d'enjeu, M. le Président. La seule question que je me pose, c'est
sur le libellé. Est-ce qu'on le met à la fin de l'article 63.3 ou à
l'alinéa suivant, là? Je veux juste être sûr qu'il va être à la bonne place,
mais sinon, moi, je n'ai aucun problème, M. le député, à ce qu'on l'ajoute là.
M. Nadeau-Dubois : Mon
intention était de le mettre à la toute de 63.3.
M.
Caire
: Oui,
mais est-ce que c'est le résultat du libellé? C'est ça, ma question. Parce
qu'on dit : Ajouter, à la suite du troisième alinéa de l'article 63.3
proposé par l'article 14, l'alinéa suivant. Le troisième alinéa, un, deux,
trois, moi, c'est... Le troisième alinéa, c'est :«Ces règlements incluent
les mesures de protection à prendre à l'égard des...» Mais les paragraphes 1°
et 2° font partie de l'alinéa, donc techniquement il serait à la fin. J'ai-tu
une bonne lecture?
M. Nadeau-Dubois : À la suite
ou à la fin, là.
M.
Caire
:
Paragraphes 1° et 2°, là, ça, ça fait partie du troisième alinéa? Donc, il
serait vraiment à la suite. Donc, parfait. Oui, oui.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Merci
beaucoup. Interventions sur 63.3 ou 63.4? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur 63.4?
M. Tanguay
: Non, c'est
correct, c'est beau. À date, là... Mais on pourra... on n'est pas forclos, tu
sais, on pourra...
Le Président (M.
Bachand) : O.K. À 63.5, on avait un amendement, donc on doit
procéder à l'étude de l'amendement avant. Peut-être, M. le ministre, si vous
pourriez relire l'amendement.
M.
Caire
: Le
relire?
Le Président (M.
Bachand) : S'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui,
M. le Président, avec plaisir. Donc : À l'article 63.5 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, proposé par l'article 14 du projet de loi :
1° insérer, dans le premier alinéa, après
«tout projet», «d'acquisition, de développement et de refonte»;
2° ajouter, à la fin, l'alinéa
suivant :
«La réalisation d'une évaluation des
facteurs relatifs à la vie privée en application de la présente loi doit être
proportionnée à la sensibilité des renseignements concernés, à la finalité de
leur utilisation, à leur quantité, à leur répartition et à leur support.».
M. le Président, peut-être quelques
explications par rapport au premier paragraphe. Donc, quand on vient, dans le
fond, préciser que... On dit actuellement, bon, «tout projet», «Un organisme
public doit procéder à une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée de
tout projet de système d'information...», cette notion-là est beaucoup trop
large, beaucoup trop large. Ça veut dire que je fais une mise à jour de mon
système, c'est un...
17 h (version non révisée)
M.
Caire
:
...bon, «tout projet»... «Un organisme public doit procéder à une évaluation
des facteurs relatifs à la vie privée de tout projet de système d'information»,
cette notion-là est beaucoup trop large. Beaucoup trop large. Ça veut dire que
je fais une mise à jour de mon système, c'est un projet, je fais une évaluation,
alors que, dans le fond, je ne viens pas modifier les fondements du système. Je
déploie, par exemple, un système de gestion à plusieurs modules. Chaque module
peut représenter un projet, mais d'un même système, pour lesquels il y aura une
évaluation.
Donc, c'est qu'on va forcer des
évaluations dans beaucoup trop de cas où ce ne sera pas nécessaire parce que,
dans le fond, l'évaluation globale aura été faite. Donc, c'est pour ça qu'on
parle d'acquisition, de développement ou de refonte. Donc, c'est pour venir
préciser, là, que, s'il y a une altération, modification significative,
changement technologique du système, à ce moment-là, effectivement, il faut
faire une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée. Mais, sinon, dans
les mises à jour, dans l'entretien de système, dans ce qui est le cycle de vie
normal d'un système, ce n'est pas nécessaire et ça devient excessif.
De plus, on vient ajouter l'alinéa :
«La réalisation d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée en
application de la présente loi doit être proportionnée», parce qu'actuellement,
M. le Président, cette notion-là, on ne la précise pas, si bien que, si je
déploie... Moi, je suis un petit organisme. Je déploie un petit système qui
collecte peu de renseignements personnels ou je suis le réseau de la santé puis
je viens complètement revoir mon dossier, la façon de gérer les dossiers des
patients de façon numérique, dans les faits, rien ne m'indique que je n'ai pas
à faire le même niveau d'évaluation.
Alors, on vient préciser que, bien non, tu
sais, c'est sûr qu'il faut, quand même, que ce soit proportionné. Si vous
faites une refonte ou la mise... le déploiement d'un système extrêmement
important qui va travailler avec énormément de renseignements personnels, voire
de renseignements sensibles, versus un petit système qui va donner des services
à la population puis qui collecte très peu de renseignements personnels, bien,
il faut que l'évaluation soit proportionnelle. Vous n'engagerez pas les mêmes
experts, vous n'aurez pas le même niveau de granularité dans l'évaluation, les
mêmes perspectives, l'évaluation des mesures de protection.
Donc, ça vient, dans le fond, dire que,
oui, on veut une évaluation dans tous les cas, mais que cette évaluation-là, il
faut quand même qu'elle soit proportionnelle à ce que vous allez faire comme
système, comme utilisation, comme collecte, comme gestion des renseignements
personnels...
M. Caire
: ...l'évaluation
des mesures de protection. Donc, ça vient, dans le fond, dire que oui, on veut
une évaluation dans tous les cas, mais que, cette évaluation-là, il faut quand
même qu'elle soit proportionnelle à ce que vous allez faire comme système,
comme utilisation, comme collecte, comme gestion des renseignements personnels.
Voilà l'objectif de cet amendement, M. le Président.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? M. le député
de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : J'ai
plusieurs questions sur 63.5 d'abord, et là j'essaie d'intégrer, au commentaire
que je souhaitais faire, l'amendement que le ministre vient de faire. Il nous
dit, dans sa version amendée... là, on est sur l'amendement, hein? Oui, c'est
ça, et je pense que c'est valide quand même comme préoccupation. L'amendement
dit : Insérer dans le premier... on veut... le ministre nous dit :
Tout projet, ça peut vouloir dire trop de choses, donc il faut que ce soient
des projets d'acquisition, de développement ou de refonte. J'entends bien ses
arguments qui m'apparaissent justifiés, là. Qu'en est-il des systèmes
existants?
M. Caire
: Est-ce
que, la question, c'est : Y a-t-il un effet rétroactif de la mesure?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
le Barreau, dans son mémoire, évoquait cette préoccupation-là en disant que
tout nouveau projet soit soumis à ces critères-là, c'est une bonne chose. Qu'en
est-il des systèmes existants? Comment est-ce qu'on s'assure qu'ils soient à
jour? Est-ce qu'il n'y a pas lieu de penser à une disposition transitoire pour
que les organismes publics analysent les systèmes d'information et de
prestation électroniques de service pour voir s'ils sont conformes aux nouvelles
exigences de la loi?
M. Caire
: En
fait...
M. Nadeau-Dubois : Parce
que, sinon, on pourrait dire : Toute nouvelle initiative, là, disons-le
comme ça, là, pour encadrer tout projet d'acquisition, de développement ou de
refonte. On va dire toute nouvelle initiative, toute... mais qu'en est-il de ce
qui existe en ce moment?
M. Caire
: Bien,
en fait, je vous dirais : la mesure va s'appliquer aux nouveaux projets,
d'une part parce que, si on avait un effet rétroactif, on parle probablement de
centaines ou voire de milliers de systèmes pour lesquels on demanderait une
évaluation, ce qui serait un travail colossal que nous n'avons, ni les
ressources financières, ni les ressources humaines, ni une ressource matérielle
pour exécuter. Soyons très, très honnête, très transparent, M. le député.
Ensuite, parce que, dans leur application
au quotidien, et dans le respect de la loi actuelle, ces systèmes-là ont été
modifiés, ont fait l'objet de mises à jour, et, dans certains cas, vont faire
l'objet d'un remplacement parce qu'on a, je vous dirais, excusez l'anglicisme,
mais on a un «legacy» quand même important, au gouvernement du Québec, qui
devra éventuellement être géré pour des nouveaux systèmes...
M.
Caire
: …et,
dans certains cas, vont faire l'objet d'un remplacement, parce qu'on a… je vous
dirais, excusez l'anglicisme, mais on a un «legacy» quand même important au
gouvernement du Québec qui devra éventuellement être géré pour des nouveaux
systèmes.
Donc, je pense que d'avoir un effet rétro
serait excessif, déraisonnable, contre-productif. Et je vais même aller peut-être
un peu plus loin, parce que je vous dirais qu'actuellement dans l'utilisation
des renseignements personnels de nos systèmes, justement parce que c'est des
systèmes qui sont implantés, qui sont déployés, qui sont utilisés, rien ne nous
indique la nécessité de procéder de cette façon-là.
Par contre, pour un nouveau système, vous
comprendrez que le principe de la nouveauté fait en sorte qu'effectivement, là,
il faut s'assurer que ces systèmes-là vont répondre aux normes que nous
implantons présentement. Et, même au niveau de la sécurité, là, des systèmes,
là, c'est plus largement que ça, puis il y a différentes notions aussi qu'on va
amener ici, pour lesquelles les technologies qui sont en place ne seraient
probablement même pas compatibles quand on parle d'avoir une sécurité à la vie
privée par défaut. Je veux dire, il y a des systèmes pour lesquels c'est
inapplicable, tout simplement.
Le Président (M.
Bachand) : …
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends les contraintes bien pratico-pratiques, là, très concrètes, là, puis
l'ampleur de la tâche que ça représenterait dans l'ensemble des organismes
publics, là.
Je me permets quand même de relancer le
ministre, parce que, tu sais, on adopte un nouveau régime de protection des
renseignements personnels, notamment parce qu'on sait que le régime actuel, il
ne protège pas suffisamment, notamment, il y a d'autres motivations, mais
notamment parce qu'il ne protège pas suffisamment les citoyens et citoyennes.
Et là on dit : Dorénavant, les organismes publics, quand vous allez avoir
des projets de système d'information ou de prestation électronique de services
qui impliquent de collecter puis d'utiliser des renseignements personnels, vous
allez devoir faire une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée. Donc,
on va, à chaque nouvelle initiative, disons ça comme ça, faire cette
évaluation-là, puis je pense qu'on a tous comme objectif que, ce faisant,
progressivement, on renforce la protection des renseignements personnels puis
de la vie privée des Québécois et des Québécoises.
Puis je sais qu'on ne peut pas penser du
jour au lendemain à ce que tous les organismes publics se… fassent une telle
évaluation, mais est-ce que... je le répète, là, moi, je parlais de
dispositions transitoires, ça fait que… mettre un certain nombre d'années, par
exemple, octroyer un…
M. Nadeau-Dubois : ...qu'on ne
peut pas penser, du jour au lendemain, à ce que tous les organismes publics
fassent une telle évaluation. Mais est-ce que... je le répète, là, moi, je
parlais de dispositions transitoires, ça fait que est-ce qu'il... on pourrait
mettre un certain nombre d'années, par exemple, octroyer un délai pour y
arriver, pour s'assurer que... Parce que les données personnelles qui sont dans
ces systèmes-là, là, les plus vieux, là, elles ne sont pas moins importantes...
M.
Caire
: Non,
mais...
M. Nadeau-Dubois : ...pour les
Québécois, Québécoises que les nouvelles données qui seront collectées par les
nouveaux systèmes. Puis les citoyens puis les citoyennes dont les données sont
stockées en ce moment ou traitées dans des systèmes du passé n'ont pas moins de
droits à la vie... Tu sais, il me semble qu'ils ont le droit à la même
protection.
• (17 h 10) •
M.
Caire
: Oui,
tout à fait.
M. Nadeau-Dubois : Puis là,
évidemment, je suis conscient que je fais un argument de principe, puis le
ministre me répondait avec des arguments plus du point de vue de : Est-ce
que c'est possible de le faire? Mais je pense que l'argument de principe, quand
même, est valide, puis je me demande s'il n'y a pas moyen de trouver une voie
de passage. Parce que les gens dont les données sont conservées dans des
systèmes qui sont plus datés, je comprends que, du jour au lendemain, on ne
refera pas l'histoire. Tu sais, ils ont le droit au même niveau de protection
que les citoyens et citoyennes dont les données vont être collectées dans les
prochaines années sous le nouveau régime, tu sais.
M.
Caire
: Oui,
oui. Mais, M. le Président, je veux être clair, là, mon argument est circonscrit
aux évaluations. Là où je suis tout à fait le député, c'est sur l'application
de la loi, là, comprenons-nous bien, là. Sur l'application de la loi, on devra
se conformer à la loi. La 63.5 nous parle des évaluations des facteurs relatifs
à la vie privée. C'est là où je vous dis : Faire des évaluations pour les
systèmes qui sont en place, qu'on connaît, donc qu'on connaît les forces, les
faiblesses, les tenants, les aboutissants, c'est là où je vous dis :
L'effort et les ressources que ça demanderait, ce n'est pas justifié.
Ceci étant dit, les dispositions de la loi
sur la protection des renseignements personnels, la communication des
renseignements personnels, l'utilisation, la destruction, ça, la loi va
s'appliquer, là. En ces systèmes, nouveaux systèmes ou systèmes futurs, la loi
va s'appliquer, là. Je veux être bien clair sur le fait qu'on... c'est
strictement sur la base des évaluations que, là, je pense qu'il serait
contre-productif d'avoir un effet rétroactif.
M. Nadeau-Dubois : Je concède
que j'ai... et pour faire l'argument de principe, j'ai élargi un peu le propos,
là. Néanmoins, en effet, sur la question spécifique de l'évaluation des
facteurs relatifs à la vie privée, pourquoi est-ce que c'est si
contre-productif que ça que de ne serait-ce que se prêter à l'évaluation pour,
par la suite, tu sais, apporter des correctifs? Tu sais, de toute façon, le
ministre concède que ça va nécessiter toute une révision des pratiques dans...
M. Nadeau-Dubois : ...pourquoi est-ce
que c'est si contreproductif que ça que de ne serait-ce que se prêter à l'évaluation
pour, par la suite, tu sais, apporter des correctifs, tu sais. De toute façon,
le ministre concède que ça va nécessiter toute une révision des pratiques dans
l'ensemble des organismes publics une fois que la loi, si elle est adoptée,
entre en vigueur.
Rendu là, en quoi le simple fait de faire
une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée pour le système existant,
c'est un fardeau si... Parce que, déjà, il va y avoir un fardeau, c'est un peu
ce que j'essaie de dire, déjà, il va y avoir un fardeau, même significatif, beaucoup
de pratiques vont devoir être revues. En quoi le fait de procéder à cette évaluation-là
serait la goutte qui ferait déborder le vase et que, là, ça deviendrait
insoutenable pour les organismes publics que de, dans un délai donné, on dise
aux organismes publics : Bien, faites ces évaluations-là dans un délai x
pour mieux connaître les forces et les faiblesses de vos systèmes? Parce que
c'est l'objectif d'une évaluation comme celle-là.
M.
Caire
: Oui.
C'est parce que dans...
M. Nadeau-Dubois : Tu sais, je
ne vois pas en quoi c'est un fardeau qui devient, là, si énergivore, si
chronophage, si coûteux en ressources, alors que, de toute façon, il y a plein
d'autres ajustements qui vont devoir être faits dans les organismes publics.
M.
Caire
: Parce
que ces connaissances-là, de par l'utilisation du système, normalement, vous
les avez, vous les connaissez, vous avez les impacts, les forces, les faiblesses,
vous les connaissez, du système. La raison pour laquelle on le fait pour un
nouveau système, c'est qu'il n'y a pas cette utilisation-là qui vient nous
donner... Là, on a l'information par la pratique, par l'utilisation, donc faire
l'évaluation va nous donner une information qu'on possède déjà. Et là on va quand
même monopoliser des ressources financières, humaines, matérielles pour faire
ces évaluations-là, pour se faire dire des choses qu'on sait déjà, qu'on
devrait savoir déjà, parce qu'on les utilise, les systèmes.
Alors qu'un nouveau système, bien, lui,
vous ne pouvez pas prétendre connaître ses impacts, parce que vous ne l'avez
pas utilisé, vous ne l'avez pas implanté... même, dans certains cas, vous ne
l'avez même pas encore développé. Alors là, vous ne pouvez pas prétendre que
vous les connaissez. Donc, c'est pour ça qu'on dit : Dans ce cas-là, vous
faites une évaluation.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de...
M.
Caire
: C'est
parce qu'il y a une notion de prévoir dans l'évaluation puis prévoir quand vous
utilisez, tu sais, c'est... Je ne sais pas si je suis clair, mais c'est parce
qu'on les utilise, les systèmes, on le sait, là, c'est quoi, les facteurs
relatifs à la vie privée puis les impacts.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Bien, je
suis le ministre, mais je suis pas mal d'accord avec mon collègue de Gouin.
Moi... puis je vais vous... très candidement, moi, je pensais qu'une fois que
la loi sera en vigueur, moi je pensais qu'il allait y avoir justement une...
M.
Caire
:
...mais c'est parce qu'on les utilise, les systèmes. On le sait, là, c'est
quoi, les facteurs relatifs à la vie privée puis les impacts.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Bien, je
suis le ministre. Puis je suis pas mal d'accord avec mon collègue de Gouin.
Moi... puis je vais vous... très candidement, moi, je pensais qu'une fois que
la loi sera en vigueur, moi je pensais qu'il allait y avoir justement une évaluation,
que les hauts dirigeants vont être notifiés de leurs responsabilités nouvelles.
Parce que là, on resserre, on resserre tous les boulons de la machine. Puis les
standards actuels... Ne serait-ce que sur l'aspect, on parle dans la... de
cycle de la vie, l'utilisation des renseignements personnels. Autrement dit,
moi, j'aimerais ça, si j'étais haut responsable... Puis comme législateur,
j'aimerais ça que le haut responsable ait l'obligation... Puis j'aurais cru que
c'est à 63.5 qu'on aurait pu le faire, à moins qu'on me dise : Non, non,
c'est... Qu'il fasse une évaluation. O.K., parfait, là, on a des standards...
là, gang, là, on a des standards bien plus sévères.
Moi, j'aimerais ça savoir qui a accès à
tel renseignement personnel, tu sais, qu'il y ait une évaluation. Parce que
souvent, dans les organisations, quand il y a des fuites, c'est parce que tout
un chacun ou trop de monde ont accès à l'information, puis, pfft! Ça part.
Comment ça? Ça vient d'où, ça? Même, dans certaines organisations policières,
ça a l'air qu'il y en a qui ont... il y en a trop qui ont accès à
l'information. Mais ça, c'est un autre dossier, puis je referme la parenthèse
parce que... Partez-moi pas là-dessus, M. le Président. C'est juste des
dossiers d'enquête puis des fiches signalétiques, pas grave. Moi, je referme la
parenthèse. Je suis ultrapétiteur. Alors... Ça fait du bien. J'en aurais pris
plus, mais ce n'est pas grave.
Alors, ceci étant dit...
M.
Caire
: Ça
s'en vient.
M. Tanguay
: Ah oui?
M.
Caire
: ...
M. Tanguay
: Il
dit : Ça s'en vient. Oups!
Mais j'aurais cru qu'il y avait une telle évaluation
parce que le haut dirigeant devrait normalement avoir l'obligation... Puis on
pourra lui donner un délai, six mois... je ne sais pas, trois mois, six mois,
pour qu'il fasse cette évaluation-là, qu'il... Parce qu'on s'entend que, le
jour... À l'heure actuelle, 100 % de tout ce qui est renseignements
personnels n'est pas touché par 63.5. Le jour de la sanction par le
lieutenant-gouverneur puis d'entrée en vigueur de la loi, 100 % de tous
les renseignements personnels ne seront pas touchés par 63.5. Peut-être que
trois mois après, ça va être 2 %, 3 %, 4 %. Peut-être qu'un an,
deux ans après, ça va être 8 %, 10 %.
Mon point... À moins qu'on me dise :
Non, c'est déjà prévu qu'il y ait... basé sur les nouvelles obligations du haut
dirigeant, qu'il y ait une sorte d'inventaire qui soit fait, nous, on a quoi.
Puis peut-être que 63.5 est peut-être trop lourd. Mais on pourrait-u avoir un
article qui dit : Dans les six mois... ça ne devrait pas être un an,
normalement, là, il faut qu'il se revire sur le 10 cents, là... le haut
dirigeant doit faire une évaluation, en regard des impératifs de la loi, de la
conformité de ces systèmes quant à la protection du cycle de la vie? Une fois
que j'ai dit ça, je lui laisserais la latitude.
Peut-être 63.5 est trop lourd, mais je
pense que le ministre me comprend. Tu sais, moi, j'aimerais ça qu'il se pose la
question. Parfait, on a ça, ça, ça, savez-vous que c'est hautement sensible?
Puis on a qualifié, à matin, «hautement sensible». Parfait. Qui a accès à ça?
J'aimerais ça qu'il... Il faut qu'il pose la question. Qui a accès à ça? Wow!
la liste est longue. Lui, là, pourquoi? Ou elle, pourquoi?...
M. Tanguay
: ...peut-être
63.5 qui est trop lourd, mais je pense que le ministre me comprend, tu sais.
Moi, j'aimerais ça qu'il se pose la question : Parfait, on a ça, ça, ça,
savez-vous que c'est hautement sensible? Puis on a qualifié ce matin hautement
sensible. Parfait. Qui a accès à ça? J'aimerais ça qu'il... Il faut qu'il pose
la question. Qui a accès à ça? Wow! La liste est longue. Lui, là, pourquoi? Ou
elle, pourquoi? Ah oui? Bon, bien, elle n'a plus accès à ça. Qu'on ressert la
patente.
M.
Caire
: Mais
j'entends le collègue, puis je ne suis pas... je ne dis pas que je suis en
désaccord. C'est juste que, quand on parle d'un système d'information, ces informations-là,
on les possède déjà. Par la pratique, on les possède déjà. Donc, le plus haut
dirigeant peut savoir ça. Comment on a géré les permissions? Comment on a géré
les excès? Comment on gère la communication? C'est quoi, les enjeux de sécurité
qu'on a avec notre système? Où est-ce qu'on stocke? Etc. Comment on stocke?
Dans quel contexte on stocke les informations? Tout ça, on le sait par la
pratique.
Ce qu'on ne veut pas avec un nouveau système,
c'est ça, c'est de dire : Bien, on va le déployer puis, par la pratique,
on verra c'est quoi les impacts sur les facteurs relatifs à la vie privée. Mais
là c'est le cas. Donc, l'information, on la possède.
Donc, si on met cette obligation-là
rétroactive, là, on va prendre des ressources humaines, financières,
matérielles, on va dire aux gens : Bon, je sais qu'on le sait, mais la loi
dit qu'on doit quand même faire l'évaluation. Et je vous dirais qu'en la
matière on ne nage pas dans l'excès, là, en termes de ressources financières,
matérielles et humaines, là, au niveau TI, là, on ne nage pas dans l'excès.
Donc, d'aller par les organismes publics
leur dire : Ce que vous avez en plus, je vais vous demander de l'utiliser
pour aller collecter une information que vous avez déjà, on veut-u ça?
• (17 h 20) •
M. Tanguay
: Mais moi,
je ne vois pas ça trop lourd, M. le Président. Quand on dit «une évaluation des
facteurs relatifs à la vie privée», si ça tient la route, ça peut ne pas
scléroser l'organisme pendant six mois, là. Je veux dire une évaluation des
facteurs relatifs à la vie privée des systèmes d'information ou de prestation
électronique, de collecte, utilisation, je lui demanderais une évaluation en
regard de la loi des facteurs relatifs à la vie privée, puis il fera son
rapport. Je ne veux même pas lui dire : Fais ci, fais ça, fais ci, fais
ça, ça me prend au moins un rapport de 150 pages. Fais l'évaluation,
déclare-toi satisfait, puis trompe-toi pas parce que tu es haut responsable
puis tu es responsable. Je lui donnerais ça. Parce que, sinon, revirez ça de
bord, M. le Président, revirez-ça, sinon, je n'ai... On est en train de dire
qu'il n'a pas l'obligation pour 100 % des données qu'il y a là.
Puis Dieu sait qu'on veut améliorer la
patente parce que le passé n'était pas garant suffisamment de l'avenir, c'est
ça que je voudrais couvrir. Parce que là on est en train de lui dire qu'il n'y
a pas d'obligation pour 100 % de ses données à l'heure actuelle.
M.
Caire
: Bien,
oui, mais en même temps, M. le Président, je réitère, là, on va aller chercher
une information qu'on possède déjà.
M. Tanguay
: Puis
peut-être qu'on gère mal, en regard de la loi...
M. Tanguay
: …l'avenir,
c'est ça que je voudrais couvrir. Parce que là on est en train de lui dire
qu'il n'y a pas d'obligation pour 100 % de ses données à l'heure actuelle.
M.
Caire
: Bien,
oui, mais, en même temps, M. le Président, je réitère, là, on va aller chercher
une information qu'on possède déjà.
M. Tanguay
: Puis peut-être
qu'on gère mal, en regard de la loi.
M.
Caire
:
Normalement, M. le Président, puis là, écoutez, je ne peux pas présumer de…
mais normalement, là, sur cette question-là… Puis d'ailleurs on avait… quand on
a adopté 14, on a amené cette notion-là d'évaluation des facteurs relatifs à la
vie privée pour les projets en développement. On était bien d'accord que… bien,
on était bien d'accord… On n'a pas abordé la question, ça fait qu'on n'était
pas ni en accord ni en désaccord, on n'a pas abordé la question de rendre ça
rétroactif.
On comprend que cette obligation-là, elle
nous oblige à nous poser la question, lorsqu'on procède à un nouveau projet, à
un projet… Puis là, justement, l'amendement vise à circonscrire un peu, là, la
notion de «tout projet», justement, parce qu'on se dit : Bien là, on ne
veut pas obliger les organismes publics à faire des évaluations relatives aux
facteurs… voyons, des facteurs relatifs à la vie privée pour tout et rien dans
les nouveaux projets. Ça fait qu'on circonscrit ça en disant : Bon, bien,
O.K. On va s'adresser juste aux projets d'acquisition… bien, juste… aux projets
d'acquisition, de développement et de refonte. Puis là le législateur viendrait
dire : Mais nonobstant ça, nonobstant le fait qu'on dit :
acquisition, développement, refonte, là, on rajouterait «et tout ancien
système». Bien non.
C'est justement… c'est parce que, ces
informations-là, on les possède. Ce qu'on veut, c'est que quand on planifie un
projet, que dans la planification de ce projet-là, les facteurs relatifs à la
vie privée, on en tienne compte et que, les impacts du projet sur les facteurs
relatifs à la vie privée, on ne les apprenne pas par la pratique, par le
déploiement, puis là on déploie le système puis on dit : Hé! Tabarouette!
Eh! c'est vrai, on n'avait pas pensé à ça. Puis là woups! il y a une faille
ici, puis il y a un problème là, puis il y a une permission qui n'a pas
d'allure là, puis… Ou il y a une communication entre deux systèmes qui ne
devrait pas se faire ou…
Alors, c'est vraiment de dire : On
veut prévoir ces impacts-là. On veut les mitiger à la genèse du projet, mais,
pour les systèmes existants, l'information, on la connaît, on le sait, là. Ça
fait que de refaire une évaluation, c'est d'aller chercher une information
qu'on connaît. Puis ça, bien, il y a un coût en ressources humaines, en
ressources financières, en ressources matérielles. Il y a un coût à payer pour
aller chercher des informations qu'on a déjà. C'est ça que moi, je lui dis, au
collègue. Écoutez, on ne peut pas faire ça, là. On est à contresens de ce que l'amendement
vise à faire parce que, justement, on se disait : L'amendement, bien non,
dans les nouveaux projets, il vise trop large. Puis là on vise encore plus
large en se disant : Bien, on va rendre ça rétroactif. Eh non!
Le Président (M.
Bachand) : …député de LaFontaine. Après ça, j'ai le député de La Pinière.
M. Tanguay
: Oui,
rapidement. Le ministre, puis on jase, là, je reviens à…
M.
Caire
: ...on
est à contresens de ce que l'amendement vise à faire parce que, justement, on
se disait, l'amendement, bien non, dans les nouveaux projets, il vise trop
large. Puis là on vise encore plus large en se disant : Bien, on va rendre
ça rétroactif. Et non.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
Après ça, M. le député de La Pinière.
M. Tanguay
: Oui, rapidement.
Le ministre, puis on jase, là, je reviens à ce que je disais, 63.5 est peut-être
trop lourd, mais je vivrais très bien avec un article qui dirait : Un organisme
public doit s'assurer de la conformité de ses systèmes d'information et de
prestation électronique de services impliquant collecte, blablabla, en regard
des obligations de la présente loi. Je lui demanderais... Je n'y dirais même
pas va te chercher une évaluation des facteurs. Il doit... L'organisme... Puis
je dirais même... Là, le ministre pourrait me dire, puis je lui donne une
partie de la réponse, le ministre pourrait me dire : Mais on l'a fait au
tout début, tout début, à l'article 8, «la personne ayant la plus haute
autorité au sein de l'organisme public veille à y assurer le respect de la
présente loi». Il pourrait dire : Il est là.
D'accord, mais j'aimerais ça que de façon
proactive on dise : En regard de la loi, une évaluation quant à la
conformité des systèmes d'information et prestation électroniques soit
effectuée. Quitte à mettre dans les six mois, hein, mais qu'il fasse une
évaluation, qu'on lui donne autrement dit, puis je termine là-dessus, au-delà
de l'obligation générale de dire : Oui, il l'a déjà, l'obligation de
s'assurer que la loi, elle est respectée, donc protéger la... Mais qu'il fasse
cette évaluation de conformité là sans lui en dire plus. Là, je lui
dirais : N'oublie pas, hein, c'est toi, la haute... Félicitations! C'est
toi, la haute autorité. Félicitations! C'est... Tu as beaucoup de
responsabilités en vertu de la loi. Fais cette évaluation de conformité là.
Puis je le sortirais de 63.5, là, pour... Je ne voudrais pas... Je ne voudrais
pas... Je ne voudrais pas paralyser rien, là, ni personne, là.
M.
Caire
: Bien,
rapidement, je veux dire, le député de LaFontaine a répondu à sa propre
question, je veux dire. Il est... Il est de la responsabilité du plus haut
dirigeant de s'assurer que la loi est appliquée et qu'elle est respectée. Donc,
sur la conformité, puis pas juste des systèmes d'information, de tous ses
processus, il va devoir s'assurer que la loi est respectée. Et donc, de lui
donner une obligation à l'égard de faire une évaluation, bien, on a un peu la
même discussion qu'on avait avec le député de La Pinière. Je ne lui dirai
pas comment il doit faire, mais je vais lui dire qu'il doit le faire. Il doit
s'assurer que la loi est respectée, que la loi est appliquée.
C'est vrai pour ses systèmes
d'information, c'est vrai pour les autres processus administratifs inhérents à
son organisation, mais dans le cas qui nous préoccupe plus spécifiquement, de
63.5, une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée dans le cas d'un
système existant ne nous apprend rien de ce qu'on connaît déjà et va coûter
quand même des efforts, des sous et des ressources. Ça fait que, tu sais, ce
qu'on veut, c'est prévoir. Ce qu'on veut, c'est dans nos nouveaux... Puis c'est
pour ça qu'on...
M.
Caire
: ...dans le cas d'un système existant ne nous apprend
rien de ce qu'on connaît déjà et va coûter quand même des efforts, des sous et
des ressources. Ça fait que c'est ce qu'on veut, c'est prévoir. Ce qu'on veut,
c'est dans nos nouveaux... Puis c'est pour ça qu'on parle, quand on parle
d'acquisitions, quand on parle de développement, quand on parle de refonte, là,
ils amènent... là, il y a des éléments de risque qui sont nouveaux, qui sont
inhérents à la nouveauté de ce qu'on est en train de faire et qui méritent
qu'on fasse une évaluation, pour s'assurer qu'on a pris compte de ça.
Mais
dans les systèmes qu'on opère depuis des années, bien on les connaît, ces
informations-là et puis, à la limite, non seulement on les connaît, mais les
correctifs ont été apportés.
Le Président (M. Bachand) :M. le
députédeLa Pinière,, s'il vous
plaît.
M.
Barrette : Si je suis à l'extérieur puis je suis les débats, je ne
peux pas comprendre ce qui se discute. Impossible.
Pour le bénéfice de ceux qui nous
écoutent, est-ce que le ministre peut nous expliquer, avec un exemple, là, en
quoi constitue l'exercice d'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée?
M. Caire : Bien,
c'est le débat qu'on a eu dans le projet de loi n° 14, M. le Président.
M. Barrette : Juste pour
rappeler aux gens exactement ce que le ministre ferait s'il avait, là, là, à
évaluer des facteurs relatifs à la vie privée pour de l'existant, une situation
existante.
M.
Caire
: Pour
un nouveau système.
M. Barrette : Non, une situation
existante.
M.
Caire
:
Excusez-moi, je ne comprends pas la question.
M. Barrette : Non, la question,
elle est très simple, là. Ceux qui nous suivent, là, l'évaluation de la vie
privée, il n'y a personne qui comprend ce que ça veut dire.
M.
Caire : Oui, bien,
ça, je peux comprendre ça. On s'est dit la même affaire dans 14...
M. Barrette : Voilà. Ça, c'est
très clair.
M.
Caire
: On
s'est dit la même affaire.
M. Barrette : Et là, actuellement,
il y a un débat sur la pertinence ou non d'appliquer cette règle-là de ce qui
est existant versus à ce qui est à venir parce que là, on est dans un article
de à venir et ça, c'était 14, puis on s'entendait là-dessus.
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Et là, aujourd'hui,
le ministre nous dit, M. le Président, que ça coûterait trop cher, ça serait
trop compliqué. Bon, je pose la question parce que, bon : Évaluer les
facteurs relatifs à la vie privée, là, ça veut dire quoi, quand à 63.5, on nous
dit que «une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée est un processus
qui sert à identifier les exigences légales à respecter et les risques en
matière collecte, d'utilisation de communication, de conservation ou de
destruction de renseignements personnels.» Quand on lit ça, on lit :
C'est les mesures à prendre pour protéger les renseignements personnels.
Alors là, on nous dit... mais quand on lit
«évaluer les facteurs relatifs à la vie privée», ça ne donne pas l'impression,
ça n'a pas une saveur de protection. On ne sent pas, là, qu'on pose un geste
pour protéger. C'est quoi, ça, les risques? C'est qu'on fait, là, exactement?
Alors, que, quand on regarde l'explication, c'est vraiment la protection. On
s'entend?
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Bon. C'est vraiment
la protection. Alors, si on dit qu'on ne peut pas le faire pour le passé, là,
on peut avoir l'impression, là, celui qui nous écoute ou celle qui nous écoute
peut avoir l'impression qu'on va avoir un régime...
17 h 30 (version non révisée)
M. Barrette : …exactement,
alors que, quand on regarde l'explication, c'est vraiment de la protection, on
s'entend…
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : …bon, c'est vraiment
de la protection. Alors, si on dit qu'on ne peut pas le faire pour le passé,
là, on peut avoir l'impression, celui qui nous écoute ou celle qui nous écoute
peut avoir l'impression qu'on va avoir un régime de protection qui va être très
bon pour le prospectif et moins bon pour le «avant». C'est juste ça. Moi, je me
mets à la place de ceux qui nous écoutent, là, puis je me dis : Coudon,
est-ce qu'on va avoir un système qui va avoir une force pour ce qui va se mettre
en place et une faiblesse pour ce qui est existant? Puis c'est important comme
question, parce que si c'est ça, la résultante, bien, ce n'est pas une bonne
nouvelle, je suis sûr que ce n'est pas ça, mais j'aimerais bien en avoir la
certitude parce que la réponse du ministre, c'est : Ce ne serait pas
compliqué faire cette évaluation-là. Bon. À la suite de ça, je veux juste finir
ma question, à la suite de ça, bien, comme les systèmes, on va dire ça comme
ça, là, comme les systèmes gouvernementaux sont là presque pour une
demi-éternité, c'est une ironie…
M.
Caire
:
Demi-éternité.
M. Barrette : …on se demande
quand est-ce que l'existant va bénéficier des mêmes règles de protection que ce
qui va être collecté dans le futur. Alors, c'est sûr qu'avec un exemple
pratico-pratique peut-être que les gens comprendraient qu'ils vont… que leurs
données dans les systèmes… comme le dit le ministre, là, les systèmes existants
vont bénéficier des mêmes niveaux de protection de données que ceux du futur,
parce que là, quand on écoute ça, là, on a l'impression que ce ne sera pas le
cas.
M.
Caire
: Bien,
oui, tout à fait, mais ce que je dis, en fait, c'est que cette évaluation-là,
puis je vais donner un exemple, parce que je crois comprendre que c'est ce que
le député de La Pinière m'invitait à faire, donner un exemple précis, on
fait du stockage de données actuellement, au gouvernement du Québec, sur des
serveurs classiques sur site. Donc, chacun a ses serveurs, collecte sa donnée,
la stocke sur site. Le gouvernement du Québec se tourne vers une nouvelle
technologie qui s'appelle l'infonuagique, donc on n'est plus sur site, on est
en mode délocalisé.
Alors, ce qu'on va faire, ce qu'on veut
faire, ce qu'on doit faire… parce que sur site, on les connaît les enjeux, on
connaît les enjeux de sécurité, le mode de stockage, les protections, les
accès, les permissions, comment on gère tout ça, à qui, selon quel régime, qui
a l'autorité de faire ça, les niveaux d'accès d'administrateur à utilisateur,
etc. On le sait ça, c'est connu, on fait ça depuis des années, puis il n'y a
pas nécessairement d'enjeu méconnu par rapport à ça. Par rapport à
l'infonuagique, là on se dit : Oh! attends un peu, ça marche comment,
cette patente-là? Ma donnée, elle s'en va où, elle voyage comment, elle est
accessible à qui, elle est gardée par qui, elle est protégée comment? Donc là,
on se dit : O.K. Là, je vais faire une évaluation des facteurs relatifs à
la vie privée parce que je dois trouver une réponse à ces questions-là. Et,
comme l'a souligné le député de La Pinière…
M.
Caire
:
...s'en va où? Elle voyage comment? Elle est accessible à qui? Elle est gardée
par qui? Elle est protégée comment? Donc là, on se dit : O.K., là, je vais
faire une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée parce que je dois trouver
une réponse à ces questions-là.
Et, comme l'a souligné le député de
La Pinière, quant à la collecte, l'utilisation, la communication, la
conservation ou la destruction de mes renseignements personnels, ça fonctionne
comment? Donc là, on s'en va dans un nouveau projet pour lesquels il y a des
inconnues et pour lesquels je dois faire une évaluation parce que, compte tenu
qu'on parle de renseignements personnels, je ne peux pas accepter qu'il y ait
des inconnues. Je dois aller chercher des réponses à ces questions-là, et c'est
là où je dois faire une évaluation.
Mais aller chercher des réponses qu'on a
déjà et utiliser des ressources humaines, financières et matérielles pour ça,
c'est là où je dis au collègue : Bien non, on ne peut pas aller là. Ce n'est
pas une bonne idée parce qu'on a les réponses à ces questions-là.
Puis, là-dessus, je salue l'intervention
du député de La Pinière, très sincèrement, parce qu'effectivement ces
questions-là qu'on se pose sont relatives à la protection qu'on va offrir à nos
renseignements personnels en regard de ce qui est dans l'explication de 63.5.
Et c'est pour ça qu'on dit : Non seulement on veut circonscrire que ce
n'est pas dans tous les projets, parce qu'il y a des projets pour lesquels
j'aurai fait cette évaluation-là, et dans le cycle de vie d'un système, bien,
les conditions ne changeront pas, la technologie ne sera pas...
Donc, mon système de stockage actuel, là,
que je fasse passer mon serveur, son système d'exploitation de la version un à
la version deux, ça ne change rien, là. Tu sais, je suis dans le même
environnement. Donc, je ne referai pas une évaluation pour ça parce que je
n'amène pas une inconnue. Je n'introduis pas quelque chose de nouveau qui amène
un élément de risque que je ne connais pas, pour lesquels je n'aurai pas fait
l'évaluation.
C'est pour ça qu'on dit que ça ne peut pas
être «tout projet». C'est pour ça qu'on dit : «dans le cas d'une
acquisition». Si c'est une acquisition, c'est sûr que je ne connais pas le
système. Bien, en tout cas, je ne le connais pas parfaitement, je ne l'ai pas
utilisé. Si je fais un développement, bien évidemment, c'est un développement,
donc c'est nouveau. Si je fais une refonte, une refonte, par définition, il y a
des chances que j'aille vers une nouvelle technologie. Et donc, là, il y a des
chances que j'amène un élément nouveau, pour lesquels je devrai aller chercher
les réponses aux questions qui sont posées.
Mais, dans le cas d'un système que j'ai
déjà ou pour lequel je fais une évolution normale du système, c'est là où c'est
trop, comme... Trop, c'est comme pas assez. C'est pour ça qu'on propose
l'amendement qu'on propose et c'est pour ça que je dis de le rendre rétroactif,
bien, ça nous amène dans un univers encore pire que «tout projet», là.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Bien, je
remercie le ministre pour sa réponse. Je pense que les gens nous comprennent
mieux, comprennent mieux. Mais ça soulève quand même une question, qui, elle,
coûte des sous aussi. Ça, ça veut dire que...
M.
Caire
: C'est
non.
M. Barrette : Oui, parce
que...
M.
Caire
: ...si
ça coûte de l'argent, c'est non.
M. Barrette : Oui, c'est
non, si ça coûte de l'argent.
M.
Caire
: Par
les temps qui courent, en tout cas, je peux vous dire que c'est pas mal ça.
M. Barrette : Donc, ça
signifie, ça, que pour être valide comme...
M. Barrette : …nous
comprennent mieux, comprennent mieux. Mais ça soulève quand même une question,
qui, elle, coûte des sous aussi. Ça, ça veut dire que…
M.
Caire
: C'est
non.
M. Barrette : Oui, parce que…
M.
Caire
: Quand
ça coûte de l'argent, c'est non.
M. Barrette : Oui, c'est non
si ça coûte de l'argent.
M.
Caire
: Par
les temps qui courent, en tout cas, je peux vous dire que c'est pas mal ça.
M. Barrette : Donc, ça
signifie, ça, que, pour être valide comme argumentaire, ça signifie que les systèmes
en cours, là, qui ont un certain âge ou pour certains, ça signifie qu'ils ont
suivi la révolution technologique. Ça veut dire qu'ils sont à date. Moi, je
peux… Puis, là, je…
M.
Caire
: Ce
n'est pas ce que j'ai dit.
M. Barrette : Bien, c'est…
oui, c'est implicite. C'est vrai que le ministre n'a pas dit ça, M. le
Président, il a tout à fait raison, il n'a pas dit ça.
M.
Caire
: Non,
je n'ai pas dit ça. Puis, je ne le dirai pas non plus.
M. Barrette : Il a dit, même
je vais le citer : s'ils ont suivi la révolution technologique. Et évidemment…
signifiaient que, certainement, qu'ils ne l'ont pas tous suivie.
M.
Caire
: Non.
Bien, en fait… En fait…
M. Barrette : Et ça, ça veut
dire… Et là, je vais juste terminer mon commentaire, M. le Président. Ça veut
dire que les données, qui sont emmagasinées dans un système d'archivage, qui
précède ce que l'on fait aujourd'hui, pourraient technologiquement ne pas
pouvoir nous garantir les mêmes niveaux de sécurité que ce qui est à venir.
Parce que les niveaux de sécurité de ce qui est à venir
pourraient — puis, là, je mets tout ça au
conditionnel — exiger une technologie qui soit plus moderne. Là, je
vais traumatiser le ministre, puis il le sait déjà, là…
M.
Caire
: C'est
déjà fait aussi.
M. Barrette : Oui, je sais.
Mais on a des systèmes encore en DOS, là, qui sont utilisés dans certaines
sections de certains de ces ministères.
M.
Caire
: Oui,
oui.
M. Barrette : On s'entend que,
la protection de ces données-là, en DOS, par les technologies modernes est
impossible.
M.
Caire
: Je ne
commenterai pas, mais… c'est ça.
M. Barrette : Voilà.
M.
Caire
: En
fait, on a des systèmes qui sont tellement vieux que je pense qu'il n'y a plus
personne qui est capable de les hacker de toute façon.
M. Barrette : Ah! bien ça,
c'est un point de vue qui est intéressant…
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : …que même le
hackeur ne puisse pas rentrer dedans…
M.
Caire
: Le
hackeur, il se dit…
M. Barrette : …c'est quand
même intéressant.
M.
Caire
: Le
hackeur, en fait, a l'impression qu'il est face à une technologie tellement
complexe, qu'il n'a jamais vu ça. Il se dit…
M. Barrette : C'est ça. Alors,
revenons à Windows 1.0…
M.
Caire
: Oui, tout
à fait. DOS… DOS…
M. Barrette : …comme ça, on va
être… La DOS… Non, non, mais je veux dire, ça existe. Le ministre, je pense
qu'il le réalise. Mais conséquemment, il y a quand même aujourd'hui des
impossibilités. On ne peut pas dire, aujourd'hui, qu'avec l'adoption de la loi,
toutes les données dans tous les systèmes vont pouvoir être protégées au même
niveau technologique, avec le même niveau technologique.
M.
Caire
: Je
suis obligé de répondre par l'affirmative, M. le Président.
M. Barrette : Bon, c'est tout.
C'était… Merci de la franchise. C'est toujours apprécié parce que le ministre
est toujours le même, ça tombe bien. Alors, voilà. Et je comprends aussi que
refaire le passé serait une aventure milliardaire au pluriel.
M.
Caire
: Oui.
Et périlleuse.
M. Barrette : Et périlleuse,
oui.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Merci,
M. le Président. Dans les arguments du ministre, j'ai entendu à quelques
reprises : les systèmes existants, on les connaît, on les utilise. Donc,
par la pratique, on connaît comment…
M. Nadeau-Dubois : ...dans les
arguments du ministre, j'ai entendu à quelques reprises : les systèmes
existants, là, on les connaît, on les utilise. Donc, par la pratique, on
connaît comment qu'ils marchent et donc on n'a pas besoin de faire une
évaluation des facteurs relatifs à la vie privée. Moi, c'est comme ça que je synthétiserais
l'argument du ministre. J'essaie de faire honnêtement.
Mais pourtant l'histoire récente est
pleine d'exemples de dysfonctionnement. Il y a eu des cas de fuite de
renseignements importants dans certains organismes publics dans les dernières
années. Donc, on les connaît, mais on ne les connaît pas tant que ça, là. S'il
y a autant de problèmes, c'est qu'on ne les connaît peut-être pas parfaitement,
puis c'est que les vulnérabilités de ces systèmes-là, en matière de protection
de renseignements personnels puis de risques pour la vie privée, la
connaissance n'est pas si parfaite, sinon on ne ferait pas de projet de loi,
tout irait bien dans le meilleur des mondes.
• (17 h 40) •
Donc, l'argument de dire : On connaît
les systèmes parce que, par la pratique, on les utilise, donc on sait déjà tout
ce qu'il y a à savoir sur leurs forces et leurs faiblesses, donc c'est superflu
de faire une évaluation des facteurs à la vie privée... des facteurs relatifs à
la vie privée, il ne me convainc pas pleinement. Donc, j'aimerais ça que le ministre
me réponde là-dessus. Tu sais, si on les connaît si bien que ça, bien, on
devrait connaître l'ensemble de leurs vulnérabilités. On aurait dû les colmater
et il n'y aurait pas de problème.
Tu sais, si on impose cette nouvelle
obligation-là, de faire une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée,
c'est parce qu'on juge que c'est une bonne pratique à avoir quand on met sur
pied un système d'information ou de prestation de services électroniques. C'est
une bonne pratique de faire cet exercice formel officiel pour prendre la mesure
des vulnérabilités de ces systèmes-là, tu sais. Puis ça, si c'est une bonne
pratique, pour les nouvelles affaires qu'on va développer, pour les nouveaux
systèmes qu'on va mettre en place, se donner un délai qui de six mois, qui de
un an pour faire... prendre la peine de faire l'exercice pour les systèmes
existants, ça m'apparaît être une bonne idée, une bonne pratique. Et surtout,
je pense qu'on peut faire l'hypothèse que, ce faisant, on va découvrir des
choses que peut-être on ne savait pas sur les systèmes existants, puisque, si
on savait déjà tout ce qu'il y a à savoir, il n'y aurait jamais de fuite, il
n'y aurait jamais de problème.
Donc, pourquoi ne pas donner cet objectif
aux organismes publics, disons sur six mois ou un an, puis je lance des
chiffres comme ça pour alimenter la discussion, en disant : Faites
l'exercice au moins de vérifier. Puis, si on les connaît si bien, de un,
l'exercice ne sera pas si chronophage et, de deux, il pourrait quand même, cet
exercice-là, nous révéler certaines vulnérabilités...
M. Nadeau-Dubois : …sur
six mois ou un an, puis je lance des chiffres comme ça pour alimenter la
discussion en disant : Faites l'exercice au moins de vérifier. Puis, si on
les connaît si bien, de un, l'exercice ne sera pas si chronophage et de deux,
il pourrait quand même, cet exercice-là, nous révéler certaines vulnérabilités
que par la suite on colmaterait au bénéfice de tout le monde. Donc, moi, c'est
l'argument de «on les connaît» qui m'accroche, parce qu'il me semble que
si on les connaissait si bien on n'aurait pas les problèmes qu'on a eus dans
les dernières années.
M.
Caire
: En
fait, c'est parce qu'on parle de deux choses qui ne sont pas totalement les
mêmes au sens où quand on parle, par exemple, d'une vulnérabilité dans un
système d'information, ce n'est pas une évaluation des facteurs relatifs à la
vie privée qui va nous permettre de les détecter. Ce qu'on va faire à ce
moment-là et ce qu'on fait, on va se doter d'outils qui eux aussi deviennent de
plus en plus performants, on va faire des balayages, donc on va essayer de
détecter, effectivement, ces vulnérabilités-là technologiques par des
balayages, on va faire des tests d'intrusion, on va faire des simulations
d'attaques pour voir comment le système réagit. Donc, il y a un certain nombre
de choses qui sont du ressort, par exemple, du Centre gouvernemental de
cyberdéfensepour s'assurer que technologiquement nos systèmes sont
cyberrésilients.
Quand on fait une évaluation des facteurs
relatifs à la vie privée, comme on le dit, c'est vraiment au moment où comment
le système… comment on procède avec le système pour la collecte, comment le
système va travailler pour le stockage, comment le système va travailler pour la
communication. Donc, dans ce qu'il fait, là on peut faire une évaluation de
comment il va faire ça de façon, comment je dirais ça? Ce qu'il est censé faire
et dans le respect de nos lois. Est-ce qu'il respecte nos lois? Est-ce qu'il
respecte la loi sur la protection des renseignements personnels dans sa façon
de faire?
Là, je vais reprendre mon exemple, puis je
sais que le député de Gouin va être extrêmement intéressé par mon exemple. On
s'en va en infonuagique, puis on va le voir plus tard, on va regarder notre projet
de loi plus tard. Est-ce que l'infonuagique me donne la garantie que la
protection de mes renseignements personnels va respecter ma loi? Alors,
qu'est-ce qui faut que je regarde? Bon, il faut que je regarde c'est quoi le
régime législatif ou c'est quoi les ententes contractuelles, c'est quoi les
lieux de stockage, c'est quoi les politiques des entreprises en matière de
protection des renseignements personnels, etc., etc., etc. Donc, là, je suis
capable de faire une évaluation sur les facteurs relatifs à la vie privée.
Ensuite…
M. Caire
: ...les politiques
des entreprises en matière de protection des renseignements personnels, etc.
Donc là, je suis capable de faire une évaluation sur les facteurs relatifs à la
vie privée. Ensuite, technologiquement, je peux faire des... comme je vous
disais, ça, c'est vraiment ce que l'évaluation fait au regard, comme disait le
député de La Pinière, de la protection qui est garantie par la loi.
Maintenant, est-ce que le système est
robuste? Est-ce qu'il va résister à tel ou tel type d'attaques? Est-ce qu'il y
a des failles dans ses ports de communication? Est-ce que je suis capable
d'intercepter une communication, de mettre du code malicieux là-dedans, etc.,
un cheval de Troie? Ça, ce n'est pas une évaluation des facteurs relatifs à la
vie privée qui va me dire ça, c'est vraiment la pratique, c'est vraiment les
connaissances informatiques qui vont me permettre de vérifier la qualité du
système de ce point de vue là.
M. Nadeau-Dubois : Je
sais tout ça et d'ailleurs j'ai utilisé le terme «vulnérabilité» dans son sens
large, hein? Quelqu'un qui ne devrait pas avoir accès, dans l'organisme, à un
certain type de renseignements en vertu de la loi, et qui y a accès, ce n'est
pas une vulnérabilité technologique. Mais, au sens large de la notion de
vulnérabilité, c'est une vulnérabilité...
M. Caire
:
Oui,oui, je comprends.
M. Nadeau-Dubois : ...de
l'organisme public en matière de protection des renseignements personnels. Puis
c'est en ce sens-là que j'entendais «vulnérabilité» parce que je voulais
utiliser un terme général pour dire une faiblesse, en fait, en matière de
protection des renseignements personnels, puis c'est... et la faiblesse n'est
pas... elle ne peut pas... elle n'est pas nécessairement technologique, le
ministre en conviendra.
M. Caire
: Tout à
fait.
M. Nadeau-Dubois : Ça
peut être quelqu'un qui a une autorisation qu'il ne devrait pas avoir lui...
M.
Caire
:
Processus.
M. Nadeau-Dubois : Un
système qui stocke plus longtemps que ce qu'il devrait en vertu de ce qui est
possible dans la loi.
M.
Caire
: Tout
à fait, voilà. Bon exemple.
M. Nadeau-Dubois : Donc,
c'est peut-être les deux exemples que je donnerais : des autorisations
d'accès qui n'ont pas lieu d'être, du stockage qui pendant trop longtemps.
Appelons ça des faiblesses ou des vulnérabilités, des irrégularités. On peut
choisir le terme qu'on veut. Ce qui m'apparaît évident, c'est qu'on ne peut pas
exclure que, ça, ça existe, à l'heure actuelle, dans les organismes publics.
Même si les systèmes sont connus et existants...
M. Caire
: Moi, je
dirais que oui, par exemple.
M. Nadeau-Dubois : ...ça
m'apparaîtrait périlleux de faire l'hypothèse qu'il n'y a aucune de ces
faiblesses-là qui existent, à l'heure actuelle, dans aucun des systèmes
utilisés par aucun des organismes publics, là.
M. Caire
: Non,
mais...
M. Nadeau-Dubois : Ça
m'apparaîtrait vraiment téméraire même de faire une hypothèse comme celle-là.
Donc, pourquoi ne pas dire, six mois, un an après l'adoption de la loi, les
organismes publics doivent faire une évaluation des facteurs relatifs à la vie
privée pour constater que, s'il y a des fragilités ou des vulnérabilités de
l'ordre de celles dont je viens de parler, bien, qu'on puisse y remédier.
C'était l'esprit de mon questionnement, qui, en effet, n'est pas d'ordre
technologique plus que d'ordre de la protection de la vie privée. Pourquoi ne
pas le prévoir? Puis, peut-être, c'est quoi les informations que le ministre a
que, moi, je n'ai pas sur le caractère coûteux en ressources...
M. Nadeau-Dubois :
…vulnérabilités de l'ordre de celles dont je viens de parler, bien, qu'on
puisse y remédier. C'était l'esprit de mon questionnement, qui, en effet, n'est
pas d'ordre technologique plus que d'ordre de la protection de la vie privée.
Pourquoi ne pas le prévoir? Puis, peut-être, c'est quoi les informations que le
ministre a que, moi, je n'ai pas sur le caractère coûteux en ressource d'un tel
exercice… plus que qu'est-ce qu'il va déjà être coûteux dans la modernisation
de la loi qu'on fait à l'heure actuelle?
M.
Caire
: Bien,
c'est difficile d'avoir une évaluation de coût parce que… mais, on peut penser
que ça va quand même monopoliser des ressources. Ça va monopoliser du matériel,
ça va donc monopoliser des ressources financières.
Sur la question ou le commentaire de mon collègue,
oui, je pense qu'on peut relativement dire qu'au regard de ce que 63.5 prévoit,
je pense que l'état de situation, sans dire que c'est parfait, là, ce n'est pas
ça que je dis, mais de là à dire que ça nécessiterait une espèce de rétroaction
générale, pour moi, ça serait non justifié. Alors, ce qui est, actuellement, je
dirais, tout à fait justifié, c'est le regard qu'on peut poser sur nos
capacités technologiques. Ça, oui, là, c'est sûr. On vient d'en parler avec le député
de La Pinière, ça fait que je ne me dédirai pas, là. Mais, sur ce qui
relèverait de ce qu'on s'attend d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie
privée, oui, moi, je suis capable de dire au député de Gouin que je pense qu'actuellement
on remplirait les normes nécessaires, on aurait l'information… on collecterait
une information qu'on a déjà. Et, s'il y a des… et il y a des gestes à poser,
ils ne sont pas de cette nature-là.
Le Président (M.
Bachand) :Député de LaFontaine, s'il vous
plaît.
• (17 h 50) •
M. Tanguay
: Oui, juste
pour peut-être essayer de trouver une façon de trouver une voie de passage. Évidemment,
M. le Président, là, l'objet du débat, c'est l'amendement du ministre à
l'article 14, mais nous considérerions l'opportunité lorsqu'on sera rendu là,
mais mon commentaire et l'annonce que je fais s'inscrivent dans le débat puis
dans mon 20 minutes sur l'amendement du ministre pour essayer de trouver
une solution.
J'aimerais ça que le ministre réfléchisse
à la chose suivante, puis si l'on ne pouvait pas avant 63.5, à 63.4.1, juste
avant 63.5, d'avoir un article qui pourrait dire… parce que ça serait
réellement là, là, où ça serait pertinent… qui m'écoute, je sais qu'il
m'écoute, là, mais que je vais essayer de… «Un organisme public doit dans les
six mois de la sanction de la loi… s'assurer de la conformité à la
présente loi de tout système d'information ou de prestation électronique de
services impliquant la collecte, l'utilisation, la communication…
M. Tanguay
: …je vais
essayer de… Un organisme public doit, dans les six mois de la sanction de la
loi, s'assurer de la conformité à la présente loi de tout système d'information
ou de prestation électronique de services impliquant la collecte,
l'utilisation, la communication, la conservation et la destruction de renseignements
personnels, point. Je ne lui demande pas de consulter de comité, je ne lui
demande pas de faire une analyse des technologies structurées ou couramment
utilisées. Je ne lui demande pas de… Je lui demande juste que, dans les six
mois, il est dit dans la loi qu'on rehausse les standards, puis, comme disait
le collègue de Gouin, si on fait une loi, ce n'est pas parce que tout est
parfait, c'est parce qu'il y a des problèmes passés qui nous justifient de faire
avancer le Québec, mais je lui demanderais, dans les six mois, de s'assurer…
puis ça peut être un an, mais… six mois, puisque le ministre dit qu'il les
connaît, les systèmes, de la conformité des systèmes d'information et de
prestation électroniques, puis je ne dis pas comment faire, je ne dis pas
comment marcher, mais qu'il s'assure de ça. Puis si la CAI vient dire :
Eh! Vous êtes-vous assuré de ça? Oui. Parfait, trompe-toi pas. Parfait. Puis
sinon, c'est comme s'il était dédouané pour le passé. Je le sais qu'il va me
dire il y a l'article 8, on en a parlé, mais je lui donnerais une obligation
proactive de s'assurer de la conformité. Sinon, si l'obligation proactive…
Alors, j'aurai l'occasion de le proposer, le ministre pourrait dire : Non,
je vais voter contre, puis tout ça, mais je l'invite… Ce n'est pas contraignant — puis
j'apprends un mot — ce n'est pas chronophage. Puis j'ai dit, il ne
faut surtout pas que je dise : sarcophage, parce que j'aurais…
M.
Caire
: …ce
n'est pas tout à fait… surtout en regardant comme ça, ça…
M. Tanguay
: Mais peut-être
que les systèmes actuels…
M.
Caire
: Quand
tu t'appelles Caire, puis que tu te fais parler de sarcophage, là, tu commences
à le prendre personnel un peu.
M. Tanguay
: Bien, vous
avez dit 55 ans, ce matin?
M.
Caire
:
Bientôt 56.
M. Tanguay
: On est
loin de cela. Quelle date?
M.
Caire
: Mon
chum Toutankhamon.
M. Tanguay
: C'est ça.
Mais quand on regarde les systèmes informatiques actuels, peut-être qu'on
s'approche du sarcophage, mais… Alors, qu'on y pense, M. le Président, on a des
momies dans la fonction publique. À bas les momies. Alors, 63.4.1…
M.
Caire
: Hein?
M. Tanguay
: Un
organisme public doit, dans les six mois, s'assurer de la conformité des
systèmes d'information, point. C'est dit. C'est ma contribution à la planète.
M.
Caire
: Je ne
suis pas à l'aise, M. le Président. Je ne suis pas à l'aise, parce qu'il y a
des implications, là, à ce qu'on dit, à ce qu'on fait, puis à ce qu'on met dans
la loi. Puis déjà, déjà, M. le Président, là, il faut être honnête, je pense
qu'autant les organismes publics que nos entreprises privées nous appellent à
la prudence, parce qu'on amène une série de contraintes. Bon, puis il y aura peut-être
quelques assouplissements, justement, puis l'idée, c'est d'aller vers ces
assouplissements-là, parce que là, personnellement, puis je le dis en tout
respect pour les collègues, là, puis je veux être bien…
M.
Caire
: …bon,
puis il y aura peut-être quelques assouplissements, justement.
Puis, l'idée, c'est d'aller vers ces
assouplissements-là parce que, là, personnellement, puis je le dis en tout
respect pour les collègues, là, puis je veux être bien respectueux dans les…
Parce que j'entends les préoccupations des collègues puis c'est fait avec plein
de bonnes intentions puis dans l'objectif d'avoir la meilleure loi possible, je
n'en doute pas un… 30 secondes. Mais on va imposer un fardeau à nos
ministères, à nos organismes qui ne se justifie pas, là. On ne va pas améliorer
la situation, en faisant ça, on va juste leur mettre plus sur les épaules pour
pas plus de résultat dans le sens de ce qu'on veut.
Puis, c'est pour ça qu'on amène
l'amendement, c'est justement pour dire : Attendez un peu, là. Parce qu'au
départ, là, c'était tout projet, sans distinction de sexe, de race ou de
religion, «let's go», on fait une évaluation des facteurs relatifs à la vie
privée. Puis, c'est justement parce qu'on s'est rendu compte que c'était
exagéré, là, qu'on faisait des évaluations à tout vent, là, pour n'importe
quoi. Puis, nous autres, comme législateur, puis je l'ai dit dans un autre
contexte, là, puis… mais ça s'applique. Comme législateur, on peut sortir d'ici
en se disant : Hé! On a fait une bonne job, là, puis, tu sais, ça va faire
des évaluations, toi, chose, là, l'industrie de l'évaluation va être en
explosion.
Mais à la fin de la journée, on a-tu
amélioré la vie de nos concitoyens? On a-tu fait en sorte que les
renseignements personnels vont être mieux protégés? Ou on a juste pelleté un
fardeau de plus dans notre administration, dans nos organismes publics. Parce
que, comprenons-nous bien, on parle de nos organismes publics. On leur a-tu
pelleté un fardeau de plus pour pas plus de résultat? Puis, malheureusement, ma
réponse à cette question-là, c'est oui, c'est oui.
Alors, déjà, on amène la notion
d'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée qu'on avait amenée
dans 14 dans un contexte très circonscrit. Là, maintenant, on élargit
cette obligation-là peut-être trop, en fait, moi, je pense, trop. Là, on veut
ramener ça un peu en se disant : Bon, bien, O.K., acquisition,
développement, refonte, puis ça devrait couvrir pas mal toutes les situations,
puis je ne suis vraiment pas à l'aise par l'effet rétroactif, puis je ne suis
vraiment pas à l'aise par le fait que même si on le dit d'une autre façon, on
va dire à nos administrateurs : Faites des évaluations, toujours dans
l'application de la loi, là, faites des évaluations de vos systèmes actuels alors
qu'on leur dit : Tu te dois de faire appliquer la loi, tu te dois de faire
respecter la loi, c'est une obligation qu'on vient ajouter, donc à partir de
là, prends les moyens que tu veux, là, mais la loi, il faut qu'elle s'applique
et il faut qu'elle soit respectée.
Puis, tu sais, qui trop embrasse mal
étreint, là, je l'ai entendu cette semaine au bleu, là, c'est… je pense que
c'était ça, puis on pourrait rajouter la… le… l'adage le mieux est l'ennemi du
bien. Là, je pense qu'on en fait trop, là, je pense qu'on en fait trop. Je
pense que de…
M.
Caire
: …il
faut qu'elle s'applique, il faut qu'elle soit respectée. Puis, tu sais, Qui
trop embrasse mal étreint, là, je l'ai entendu cette semaine au bleu, là,
c'est… je pense que c'était ça, puis on pourrait rajouter l'adage : Le
mieux est l'ennemi du bien. Là, je pense qu'on en fait trop, là, je pense
qu'on en fait trop. Je pense que l'amendement, justement, vise à dire :
Wo! Attends un peu, là. En fait, les deux… parce qu'il y a aussi la
proportionnalité de la chose, qu'on amène, là, qui est… que les collègues ne
contestent pas, d'ailleurs, et j'en suis fort aise. Mais, moi, je pense que
dans le contexte actuel, on amène déjà une obligation, on amène déjà une
responsabilité supplémentaire, une sensibilité, une responsabilisation par
rapport au projet de système d'information, puis avec l'amendement je pense
qu'on vient circonscrire ça à la bonne étape.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, pour paraphraser dans les adages, Jean
Lapierre : Il ne faut pas être dans l'histoire : les éléphants qui
vont accoucher d'une souris morte.
Une voix : …
M. Tanguay
: Non, je me
rappelle, c'est Jean Lapierre, avec ses célèbres chroniques qu'on écoutait tous
religieusement tous les matins, puis qui donnait le ton, puis que c'était
réellement…
63.4.1, un nouvel… Mon point, c'est que,
moi, quand j'écoute ça… Si demander que les organismes se conforment à la loi,
c'est créer une obligation qu'on ne veut pas, je demande au ministre :
Qu'est-ce qu'on fait là?
M.
Caire
: Mais
ce n'est pas… On ne dit pas qu'on ne veut pas que les organismes se conforment
à la loi. On fait plus que ça, parce que, ça, c'est 8 qui l'amène, qui dit au
plus haut dirigeant : Tu fais appliquer la loi, tu fais respecter la loi
puis tu mets en place les moyens qu'il faut pour que ça soit respecté.
M. Tanguay
: Et
l'amendement touche les… Oui.
M.
Caire
: Mais,
juste, juste pour terminer, c'est parce que l'élément, ce n'est pas avec ça que
je… Je veux dire, c'est sûr que je suis en accord avec ça. C'est l'élément
d'évaluation. Donc, là, ça prend une évaluation pour tous les systèmes
d'information en regard des applications de la loi. Donc, là, là, on va créer…
D'abord, on va créer, O.K., une évaluation. Je fais quoi comme évaluation?
C'est quoi, les paramètres d'évaluation? C'est quoi, les critères? Je me base
sur quoi? Puis je la vois, là, je la vois arriver, M. le Président, là, j'ai…
je joue dans ce film-là, là. Là, ça va être, O.K., là, les ministères et
organismes, bon, O.K. J'évalue quoi? J'évalue ça comment? C'est quoi, les
critères? Comment je sais que je me conforme ou que je ne me conforme pas? Qui
décide que je me conforme, que je ne me conforme pas? Puis là on va bâtir. Six
mois? Juste le questionnaire, ça va être ça, six mois, là; juste le formulaire
d'évaluation, ça va être ça, six mois, là, puis ça va être un comité à temps
plein qui va faire ça. Puis là, après ça, qui fait l'évaluation? Ça prend quoi
comme compétences? Qui va signer ça? Qui sera responsable de ça, de cette
évaluation-là, que c'est conforme, pas conforme? Ayoye! Non, non, je… Ça paraît
simple, là, dans la loi, là, mais dans la vraie vie, là…
18 h (version non révisée)
M.
Caire
:
...comité à temps plein qui va faire ça. Puis là, après ça, qui fait l'évaluation,
ça me prend quoi, comme compétences, qui va signer ça, qui se rend responsable
de ça, de cette évaluation-là, que c'est conforme, pas conforme. Ayoye! Non,
non, ça paraît simple dans la loi, là, mais dans la vraie vie, là, ouf!
M. Tanguay
: M. le
Président, que ça peut être complexifié l'extrême, j'en suis, puis que c'est un
risque, puis que probablement que... Mais pour ne pas que ça arrive, on ne va
pas leur demander, puis ils ne le feront pas. C'est juste ça. Puis les systèmes
actuels sont ceux qui nous ont justifiés d'embarquer dans le projet de loi n° 64 puis de dire : Eh! Là, on va se mettre à niveau.
C'est aussi bébête que ça, moi, mon raisonnement : Qu'est-ce qu'on fait
là? Je repose la question.
M.
Caire
: Bien,
je redis au collègue : On amène une notion nouvelle dans le projet de loi,
là. Puis je sais que je suis tannant avec ça, là, mais pour moi, elle est
fondamentale, puis on a quand même passé pas mal de temps, puis c'était tout à
fait justifié, sur l'article 1 justement parce qu'on s'est dit : Eh! Ça,
c'est un des articles fondateurs de la loi, la loi va être accotée là-dessus,
sur ces principes-là. Puis on a pris le temps de le regarder, puis c'était
justifié, c'était correct de le faire, parce que je suis d'accord avec le député
de LaFontaine, c'est un article majeur, sur lequel il y a beaucoup de choses
qui reposent, dont ce qu'on est en train de faire là.
Le premier dirigeant, il est responsable
de faire appliquer la loi, il est responsable qu'on respecte la loi, et donc,
dans toutes ses facettes, parce que, là, on parle des systèmes d'information,
mais l'ensemble de ces processus, ce n'est pas juste des processus
d'information, même si 63.5 s'adresse aux systèmes d'information, bien, c'est
l'ensemble qui devra être conforme à la loi.
Donc, on l'a dit en partant, c'est la
première chose qu'on a affirmée puis on a... en plus, on a mis le doigt dans la
face du premier dirigeant en disant : Non seulement ça, mais c'est toi qui
est responsable de ça. Pis on a même eu un débat extrêmement pertinent sur
l'imputabilité. On s'est assuré, à micro ouvert, que tout le monde comprenait
que c'est lui qui est imputable. Ça fait que si ses systèmes échouent, bien, il
en répondra. Il en répondra.
M. Tanguay
: J'essayais
de vendre ma salade au ministre en disant : Non, c'est juste la
conformité, puis ça peut être «light», puis ça peut être... Mais là, il ne
l'achète pas, ma salade, ça fait que, là, je vais le dire de même, de toute
façon, il ne l'achète pas, ma salade, ça fait que, regarde, que le pont saute,
il sautera sur cet article-là, parce que ça va bien. On ne fera pas sauter de
pont, là.
Mais je vais le dire de même : Moi,
là, M. le Président, à la fin du débat sur le projet de loi n° 64,
je ne peux pas croire qu'il n'y aura pas d'évaluation dans nos organismes
publics des systèmes contenant des renseignements personnels, actuellement.
Moi, je ne peux pas croire ça. Puis si vous me dites : Non, non,
croyez-le, bien, je le mettrais dans la loi, mais on ne le mettra pas dans la
loi parce que ce serait impraticable, tout ça... mais je ne peux pas croire ça.
J'avais peut-être ce fol espoir...
M. Tanguay
:
...évaluations dans nos organismes publics des systèmes contenant des renseignements
personnels actuellement. Moi, je ne peux pas croire ça. Puis... Non, non,
croyez-le, mais je le mettrais dans la loi, mais on ne le mettra pas dans la
loi parce que ça serait impraticable, ça. Mais je ne peux pas croire ça. Puis
j'avais peut-être ce fol espoir, mais je ne peux pas croire ça que ça ne se
fera pas puis que ça ne sera même pas demandé, puis je leur demanderais. Puis
le ministre a sûrement raison puis je me fie sur son expérience, là, que ça
peut partir dans toutes les directions puis ça peut, dans certains organismes,
scléroser, puis ils parlent que de ça pendant un an. Bien, il y a peut-être
d'autres questions à se poser. Mais je ne peux pas croire qu'on ne va pas...
puis là, là, je n'ai plus de salade à vendre. Je dis : Hein, c'est soft,
c'est soft. Là, ce n'est pas soft, là. Je leur demanderais six mois, un an, on
peut en parler, trouver où est-qu'il est le nord puis où est-ce qu'il est le
sud, mais faites une évaluation puis assurez-vous de la conformité. Là, j'en
rajoute une couche, de toute façon, il n'ajoutera pas mon amendement. Je
demanderais une évaluation. Puis s'ils sont sclérosés, je me poserais d'autres
questions qui... du Conseil du trésor. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'amendement? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Contre.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté.
Donc... Oui, intervention, M. le député de
LaFontaine.
M. Tanguay
: Si vous
avez une minute, il est déjà écrit. Je vais quand même le déposer puis on va le
voter. Puis je pourrai réutiliser ça sur l'adoption finale. Je suis
transparent.
M.
Caire
:
Absolument.
M. Tanguay
: ...
Le Président (M.
Bachand) : Oui, oui, on va suspendre quelques instants, merci,
pour M. le député.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 18 h 25)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, j'aimerais déposer l'amendement à l'article 14
suivant : Insérer, après l'article 63.4 de la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels
proposé par l'article 14 du projet de loi, l'article suivant :
«63.4.1. Un organisme public doit, dans
les six mois de la sanction de la loi, procéder à une évaluation quant à la
conformité à la présente loi de tout système d'information ou de prestation
électronique de services impliquant la collecte, l'utilisation, la
communication, la conservation ou la destruction de renseignements personnels.»
Alors, M. le Président, je n'ai pas besoin
de... On en a parlé longuement. Moi, je pense que ce qu'on fait là, c'est, de
façon très, très, très majoritaire puis encore pour plusieurs années, par
rapport aux systèmes et aux renseignements personnels qu'ils contiennent déjà
en place à l'heure où on se parle. Je pense qu'on ne peut pas passer à côté de
l'occasion de leur dire : Vous allez faire une évaluation. Six mois,
c'est-u trop court? Ça peut être un an. Le ministre, s'il veut modifier, je
suis bien ouvert.
Mais moi, par rapport à ce qu'on fait là,
c'est... l'important, c'est qu'ils fassent l'évaluation, qu'ils trouvent une
façon de le faire. Parce que c'est ça qui nous amène autour de la table à
dire : Bien, il faut resserrer collectivement la protection des
renseignements personnels.
Puis là on est dans le domaine public.
Dans le domaine privé, il y aura d'autres débats. On ne veut pas non plus
scléroser puis paralyser nos entreprises privées. Elles auront des obligations,
mais tout ça dans un contexte autre.
Là, je suis dans le domaine public, je
leur exigerais cela. Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Intervention, M. le ministre?
M.
Caire
: Non,
bien...
M. Tanguay
: … puis là
on est dans le domaine public. Dans le domaine privé, il y aura d'autres
débats. On ne veut pas non plus scléroser puis paralyser nos entreprises
privées, elles auront des obligations, mais tout ça dans un contexte autre. Là,
je suis dans le domaine public, je leur exigerais cela. Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le ministre.
M.
Caire
: Non,
bien, M. le Président, je pense que j'ai bien fait valoir mon point sur ces
questions-là.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions sur l'amendement du député de LaFontaine?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise…x… Oui, M.
le député de Gouin, pardon.
M. Nadeau-Dubois : Quand même,
pour rendre à César ce qui appartient à César, c'est un amendement pour… que je
vais appuyer. J'avais préparé une formulation différente, mais pour atteindre
le même objectif, donc ça m'apparaît un amendement bien intéressant. J'avais…
Ça fait suite, de toute façon, aux discussions qu'on a eues tous les trois.
Alors, je vais l'appuyer.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions? Donc, nous allons
procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay
(LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Caire
(La Peltrie)?
M.
Caire
:
Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
: M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Merci.
Alors, nous sommes de retour à 63.5. M. le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Continuons
sur l'article 63.5. Dans son mémoire, le Barreau soulève une question qui
m'apparaît pertinente, celle du caractère public des évaluations des facteurs
relatifs à la vie privée. Le ministre a fait le choix, encore une fois,
lorsqu'il a rédigé le projet de loi avec son équipe, de ne pas requérir que
l'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée soit rendue publique.
Pourquoi a-t-il fait ce choix? Commençons comme ça.
Le Président (M.
Bachand) : Rapidement, M. le ministre, s'il vous plaît. Merci.
M.
Caire
: Oui,
bien, parce que, M. le Président, il y a une question… En fait, c'est une
question de sécurité, essentiellement, et par le fait que ce qu'on veut, dans
le fond, par l'évaluation, c'est de s'assurer que dans le déroulement du
projet, on comprenne les impacts relatifs à la vie privée et qu'on s'assure que
ces impacts-là sont mitigés, voire corrigés dans le projet qui est à venir.
Maintenant, de les rendre publics ne
dédouanera pas... ou de ne pas les rendre publics, je devrais dire, ne
dédouanera pas l'organisme de s'assurer qu'en…
18 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
:
...dans le projet qui est à venir.
Maintenant, de les rendre publics ne
dédouanera pas... ou de ne pas les rendre publics, je devrais dire, ne
dédouanera pas l'organisme de s'assurer qu'en fonction de l'évaluation qui aura
été faite, le système va répondre aux obligations légales qui sont imposées par
la loi et va faire en sorte qu'il y a peut-être des informations relatives à la
sécurité de l'information qui ne seraient pas rendues publiques et donc qui
seraient de nature à désavantager l'organisme public.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup, M. le ministre.
Sur ces mots, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 31)